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GEOPOLITIQUE ECS1 1 MODULE II – Thème 3 – CHAPITRE 8

THEME 3 – Les défis du développement et les enjeux d’un monde durable

Chapitre 8 – La question de l’eau


Approfondissement – Frederic Lasserre, « La Syrie, archétype des guerres de l’eau à venir ? », Conseil québécois d’études
géopolitiques [en ligne], 2019

Introduction : La gestion de l’eau, une question ancienne, un enjeu géopolitique récent

Ö Document 1 – Hymne à Hâpy


Ä Hymne à Hâpy, dieu de la crue, qui était récité ou chanté au début de la saison de la crue à l’époque du Moyen
e e
Empire égyptien (III -II millénaire avant notre ère). En 14 strophes.

Rappel : L’Egypte actuelle, comme à l’époque des pharaons, est un pays désertique qui ne dispose que d’une
seule source d’approvisionnement en eau, le Nil. Cela explique le rôle central que jouait ce fleuve et le rôle qu’il
joue encore (tensions entre l’Egypte et les pays amont sur l’utilisation des eaux du Nil). Longtemps, la crue du Nil a
été interprétée comme un « don de Hâpy » : en effet, la crue qui s’observe en Egypte (située en aval) survient en
plein été, à un moment de l’année où il ne pleut pas dans cette région. Ce phénomène s’explique par les pluies
importantes de printemps dans la partie amont du Nil bleu, dont les Égyptiens ne connaissaient pas l’existence. Ils
voyaient donc arriver de l’eau en plein désert, chaque année, et pensaient que c’était une opération divine…
D’autant plus qu’en se retirant, le Nil laissait un engrais naturel : le limon. Depuis la construction du barrage
d’Assouan dans les années 1960, ce rythme n’existe plus.

Ö Mise en perspective historique :


è Contexte : Egypte pharaonique, empire dont la survie dépend du Nil, et de sa crue qui survient chaque année,
inonde les cultures et enrichie la terre (limon).
è Approche religieuse de la crue : le dieu Hâpy, donne aux hommes la vie par l’intermédiaire du fleuve è
construction d’une société théocratique.
è Aujourd’hui, connaissance de la raison de la crue : pluie toute l’année sur les hauts plateaux soumis à un
climat équatorial (Lac Victoria en Ouganda, source du Nil blanc) à laquelle s’ajoutent les pluies tropicales de
printemps des hauts plateaux éthiopiens (Lac Tana, source du Nil bleu) pour former la crue. Les croyances
égyptiennes nous semblent bien naïves… pourtant ce texte est d’une actualité brûlante.

« Si l’on réduit les pains d’offrande des dieux, des millions d’hommes sont perdus ! »
Ä Les conséquences d’un manque d’eau sont toujours les mêmes : « des millions d’hommes sont
perdus ». L’eau reste une ressource essentielle que l’on ne sait toujours pas fabriquer. Mais on sait aujourd’hui
que ce n’est pas la réduction des « pains d’offrande » (c’est à dire de cesser de faire des cadeaux aux dieux)
qui peut être la cause de sa disparition…

Ö Enjeu actuel : On sait aujourd’hui que l’eau n’est pas un « cadeau divin », c’est une ressource dont la quantité est
définie sur la planète, et dont la répartition dépend d’une organisation systémique : le cycle de l’eau. Le
problème n’est donc plus de faire apparaître l’eau par des prières, comme croyaient le faire toutes les civilisations
anciennes, mais d’en contrôler la gestion, c’est à dire gérer les flux, pour éviter de déséquilibrer le système.
Cet impératif est d’autant plus important que la croissance de la population et des activités augmente la pression sur
les ressources.

Ressource renouvelée mais limitée et inégalement répartie à l’échelle mondiale, l’eau constitue t-elle un enjeu
propice à la mise en place d’une gouvernance mondiale ou au développement de nouvelles formes de conflits ?

Après avoir établit la nécessité de préserver la ressource par l’évaluation de sa disponibilité, il faut envisager l’eau
comme un enjeu géopolitique majeur et original.

1. L’eau : une ressource précieuse et convoitée


1.1. Vue d’ensemble des ressources planétaires

1.1.1. Abondance et rareté

Ö Document 2 – Les ressources en eau sur la planète


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Le volume d’eau sur la terre est constant : il est d’environ 1,4 milliards de km . Cette abondance, s’observe par
le fait que les océans couvrent 71% de la surface de la planète. Mais cette eau est salée, et donc quasiment
inutilisable, sauf à mettre en œuvre d’importantes ressources d’énergie.
Les ressources en eau douce, qui ne représentent que 2,5% du total, sont majoritairement stockées sous forme
de glace en montagne et aux deux pôles. Elles sont donc difficilement exploitables. L’eau souterraine est elle
aussi en majorité difficilement exploitable et la partie exploitable se résume aux nappes phréatiques et à l’eau
libre de surface, c’est à dire l’eau dite « superficielle » qui ne représente qu’1% du volume total d’eau douce
sur la terre.
3
Alors que l’eau apparaît abondante, l’eau douce disponible représente moins de 200 000 km sur les 1,4 milliards,
3
soit moins de 0,15% de la ressource totale. Sur ces 200 000 km , la quantité maximale effectivement utilisable
3
se situe entre 10 000 et 15 000 km , soit 0,07% du total. Dépasser ce niveau de prélèvement risquerait en effet
de déstabiliser le système.
Loin d’être abondante, l’eau n’est pas pour autant rare, et le volume global, même représentant une faible part de
l’eau disponible, est suffisant. Le problème fondamental est plus posé par sa répartition.

1.1.2. Une répartition très inégale

La disponibilité de la ressource en eau varie énormément sur la planète selon des déterminants physiques
et climatiques. On observe globalement que les réserves varient selon un gradient latitudinal et continental :
on peut ainsi opposer les zones tropicales sèches continentales aux côtes occidentales tempérées océaniques.
Mais la ressource varie aussi selon l’altitude (capacités naturelles de stockage en haute montagne) et la nature
du sous-sol (milieux karstiques qui permettent le stockage souterrain). Quelques données permettent de
comprendre ces inégalités :
• Les milieux arides et semi-arides ne reçoivent que 6% des précipitations mondiales et seuls 2% des
écoulements de la planète y sont observés.
• Les bassins hydrographiques des vingt plus grands fleuves concentrent la moitié des flux d’eau douce de
la planète en ne couvrant pourtant que 20% de la surface terrestre.
• Dix pays se partagent à eux seuls les deux tiers de la ressource totale en eau douce.
Cette répartition naturelle n’a de sens que si on la rapproche de la répartition de la population. On constate
alors que le croisement des deux informations renforce les inégalités puisque de fortes densités se retrouvent
dans des régions arides ou semi-arides : Moyen-Orient, Afrique saharienne, Asie centrale et du Sud.

Ö Document 3 – Carte : répartition géographique des ressources en eau disponibles par habitant au début des années
2000
Ä L’observation de la carte montre que si les apports naturels sont déterminants (continent américain bien
pourvu), la densité de population créé les conditions de vulnérabilité (Chine), de stress (Inde) ou de pénurie
(Maghreb, Machreq et Arabie). Il n’y a pas de vulnérabilité dans les déserts peu peuplés : Australie.

Comme pour toutes les ressources, le problème ne réside pas dans la quantité totale disponible mais dans
l’utilisation qui en est faite. L’eau étant peu transportable, les inégalités sont d’autant plus forte que les
variations de la population les accentuent : les régions les plus exposées au stress hydrique et à la pénurie
sont aussi celles qui connaissent une forte croissance de la population :
• L’Asie rassemble ainsi environ 61% de la population mais ne dispose que de 36% des ressources
utilisables. A l’inverse, l’Amérique possède 26% des ressources pour seulement 7% de la population.
3
• 20% de la population mondiale vit avec des disponibilités en eau supérieures à 10 000 m /an/hab. alors
3
que 10% ne dispose que de 1 000 à 2 000 m /an/hab.
Avec la croissance de la population, les tensions sur l’eau vont s’accentuer et certaines régions sont déjà
dans une situation inquiétante : en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, la disponibilité moyenne dépasse
3
difficilement les 1 000 m /an/hab. Au problème des ressources, s’ajoute celui de l’accès à l’eau, qui fait intervenir
la dimension économique.

1.1.3. Un accès inégal aux ressources

L’un des éléments essentiels en matière d’eau n’est pas tant le volume de ressource brute par habitant, que la
capacité à mobiliser la ressource au moment et à l’endroit requis. Les conditions naturelles et physiques sont
loin d’être le seul déterminant des conditions d’accès à l’eau d’un pays.
Le lien existant entre le niveau de financement d’infrastructures hydrauliques et la disponibilité effective de
l’eau par habitant est évident. Raisonner en usage mondial de l’eau par habitant permet d’établir que la
disponibilité reste en grande partie l’expression du fossé entre pays riches et pays pauvres. C’est ce que le PNUD
dans son rapport sur le développement humain de 2006 a nommé le « Water gap » ou « fossé hydraulique ».

Ö Document 4 – Carte : L’Indice de Pauvreté en Eau (IPE) dans le monde


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L'Indice de pauvreté en eau (IPE) est calculé en fonction des ressources en eau, mais aussi de l’accès à l’eau ou
de la protection de l’environnement. Cet IPE met en exergue le fait que les pays qui souffrent le plus d’une
pauvreté en eau sont les pays les plus pauvres. Certains pays ont un IPE très faible (moins de 47 sur 100 qui
indique une « pauvreté critique »), alors que leurs ressources sont importantes : La République centrafricaine
3
dispose ainsi de plus de 15 000 m /an/hab. mais présente un IPE inférieur à 47. Singapour présente l’extrême
inverse et frappe par son exceptionnelle capacité de mobilisation de l’eau en territoire aride. Israël et la Jordanie,
qui disposent d’un niveau de ressources naturelles par habitant proche ne connaissent pas du tout la même
pauvreté en eau (moyenne pour Israël, forte pour la Jordanie)
Ces exemples prouvent que l’essentiel réside dans la capacité de mobilisation des États. Il convient donc de
dresser une cartographie du monde qui dissocie la pénurie physique d’eau de la pénurie économique d’eau,
pour reprendre les termes employés par l’Institut International de Gestion des Ressources en Eau qui a mis au
point la carte suivante :

Ö Document 5 – Carte : Pénurie physique et pénurie économique de l’eau


Ä La carte distingue :
• Les régions en bleu qui prélèvent moins de 25% des ressources disponibles pour satisfaire les
besoins de leur population.
• Les régions en rouge et orange font face à une pénurie physique de l’eau qui indique des
prélèvements supérieurs au seuil de durabilité : + de 75% des ressources sont prélevées. A plus de
60% on considère ce danger comme imminent. Cela signifie que ces régions épuisent leurs réserves
pour satisfaire les besoins de leur population (sans toujours y parvenir d’ailleurs).
• Les régions en violet connaissent une pénurie économique de l’eau qui indique une situation où
moins de 25% des ressources sont utilisées mais avec une insatisfaction de la demande d’eau qui
se traduit par une malnutrition, un état sanitaire insuffisant, etc… Dans ce cas, l’eau existe mais le réseau
est insuffisant pour l’acheminer de façon sécurisée jusqu’aux populations.

A ces problèmes de disponibilité, qui combinent déterminisme naturel, dynamique démographique et


niveau de développement, s’ajoute une évolution de la consommation qui correspond à la diffusion de nouvelles
pratiques, en lien avec le processus de mondialisation.

1.2. Les évolutions de la consommation

1.2.1. Modèles et conflits d’usages

Les usages de l’eau sont multiples :


• La consommation domestique représente 8 à 10% de la consommation totale. C’est une part qui
augmente lentement en raison de l’urbanisation et de la modification des pratiques domestiques.
• Les activités industrielles consomment environ 20% de l’eau utilisée, en augmentation aussi du fait de
l’industrialisation. L’eau est essentielle à de nombreux processus industriels : 1kg d’acier nécessite ainsi
80 l d’eau pour sa production, mais il faut 1 250 l pour 1kg d’aluminium et 8 600 l pour produire une carte
mémoire.
• L’agriculture est de loin l’activité la plus gourmande en eau avec environ 70% de la consommation
mondiale. Cette part est en diminution alors que les surfaces irriguées ont doublé dans le monde depuis
un demi siècle : elles ne représentent pourtant que 20% des terres cultivées.
Selon les économies des pays, cette répartition des usages permet de définir des « modèles » d’utilisation de
l’eau.

Ö Document 6 – Carte : Différents « modèles » d’utilisation de l’eau dans le monde

Si la répartition évolue aux dépens de l’agriculture, les demandes augmentent dans tous les domaines : alors qu’ils
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étaient d’un peu moins de 4 000 km en 2000, on prévoit la croissance des prélèvements à plus de 5 200 km
en 2025. Cette croissance s’explique par :
• Les transformations de l’agriculture : augmentation des surfaces irriguées, développement de
l’élevage (1 300 l d’eau pour un kg de blé mais 15 500 l pour un kg de viande de bœuf). La modernisation
des techniques d’irrigation apparaît donc indispensable.
• Le développement de l’hydroélectricité, et son corollaire, la construction de barrages, explique la
croissance des besoins pour l’industrie car ils représentent la plus grande partie de l’eau consommée
(stockage et évaporation). Le développement des industries polluantes dans les PED, de façon
souvent anarchique pendant le décollage industriel, complète ce tableau.
Le développement des besoins économiques explique la multiplication des conflits d’usage, notamment dans
les zones de contact rural/urbain. Ces conflits d’usage nécessitent une gouvernance qui n’existe souvent pas
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dans les pays en développement, ce qui explique la dégradation de la situation hydrique. Au problème de la
quantité, s’ajoute aussi le problème de la qualité.
Enfin, la croissance des besoins domestiques ne réduit pas le fossé très important qui sépare les pays nantis
des pays où la population n’a qu’un accès précaire à une eau de mauvaise qualité.

1.2.2. Les politiques d’offre

Alors que les grands ouvrages ont été fortement décriés depuis des années, notamment pour des motifs
environnementaux, ce type de solutions reste prôné dans le discours des représentants du secteur privé,
mais aussi plus généralement des membres de la communauté internationale de l’eau. C’est une réponse à
l’urgence dans laquelle se trouve aujourd’hui une partie du monde car elle permet d’augmenter dans des
proportions colossales l’offre d’eau dans des zones où le besoin se fait croissant.
De nombreux projets de transferts massifs d’eau existent à l’échelle du globe, certains étant même très anciens.
Beaucoup sont en sommeil, pour des raisons financières ou des considérations diplomatiques. La plupart
de ces projets consistent à opérer une dérivation des eaux d’un fleuve par la construction d’un canal
(« pipe ») pour alimenter une zone ou augmenter le débit d’un autre fleuve ou le niveau d’une étendue d’eau.
Exemples : Transfert des eaux du Yangzi vers le Huang He, transfert des eaux des fleuves sibériens (Ob) vers
l’Asie centrale, canal pour alimenter la mer Morte depuis la mer Rouge…

Ö Document 7 – Carte : Projets de transfert des eaux du Yangzi


Ä La route orientale est en fait le « Grand canal », construit il y a environ 2500 ans, qui a été aménagé avec des
écluses pour remonter l’eau vers le Nord depuis 2013. La route centrale a été mise en œuvre en 2014. La route
occidentale est un projet colossal (creusement du plateau tibetain) qui n’a pas débuté.

Ö Document 8 – Carte : Projets de transfert des eaux de l’Ob vers l’Asie centrale
Ä Le coût de ce projet, imaginé à l’époque soviétique, est estimé à environ 30 milliards de dollars, non débloqués
à l’heure actuelle. Avec l’indépendance des républiques d’Asie centrale, le projet est aussi bloqué par des
différends diplomatiques.

Ö Document 9 – Carte : Projet de « canal de la paix », alimentant la Mer Morte avec les eaux de la Mer Rouge
Ä La Jordanie a lancé les premiers travaux en 2013 mais le projet est ralenti par des difficultés financières et
diplomatiques. Les pays engagés dans le projet (Israël, Jordanie, Autorité palestinienne), et le nom du projet
illustrent la notion d’hydro-diplomatie, terme inventé par le fonctionnaire libanais Fadi Comair qui voit dans le
nécessaire partage de l’eau un moyen d’améliorer les relations entre les États.

Ces projets gigantesques mobilisent des sommes considérables, en investissement, en fonctionnement et en


énergie, dont on peut se demander si elles ne permettraient pas de conduire des politiques de rationalisation
tendant à améliorer la disponibilité de l’eau déjà présente et ainsi d’éviter que le problème ne se reproduise. Car
ces projets ne permettent pas toujours d’apporter des réponses définitives. En Chine du Nord, le mode
d’utilisation de l’eau surtout en termes d’irrigation agricole et la forte croissance de Pékin explique le retour de la
pénurie malgré la mise en place de transferts massifs…

Autre solution pour accroitre les ressources, la technologie du dessalement d’eau de mer (ou désalination ou
désalinisation) est souvent présentée comme un des plus grands espoirs de répondre au défi de la rareté de l’eau.
On estime à 39 % la part de la population mondiale vivant à moins de 100 kilomètres d’une côte alors que 42
villes de plus d’un million d’habitants ne disposant pas de ressources suffisantes en eau douce se situent
sur le littoral. De ce fait, le dessalement de l’eau de mer est devenu une technologie très importante dans le
développement de l’accès à l’eau car il représente une véritable opportunité pour aider à la résolution de la crise.

Ö Document 10 – Carte : Capacité de dessalement de l’eau de mer dans le monde en 2013


e e
Israël et la plupart des États de la péninsule arabique, ainsi que l’Espagne (4 mondiale) et les Etats-Unis (3
en volume bien qu’absents sur la carte), sont les principaux producteurs et utilisateurs d’eau dessalée au monde.
La Chine vient d’ouvrir quatre stations de dessalement pour des villes de plus de 250 000 habitants, et il
semblerait qu’elle ait décidé d’opter en faveur d’une grande et massive expansion de la production d’eau
dessalée au cours des décennies à venir.
Bien que la production d’eau dessalée ne dépasse pas 0,5 % de la consommation mondiale d’eau douce, le
dessalement d’eau de mer est aujourd’hui utilisé dans 120 pays. La production progresse de 10 % par an.
Cette technique pose cependant deux types de problèmes environnementaux :
• les conséquences des rejets en mer d’eau sur-salées, parfois chargée de chlore et de résidus de
cuivre sont encore mal évaluées ;
3
• la consommation énergétique requise est importante : 2KWh/m . Cela conduit à rejeter du gaz à effet
de serre. L’usine de Carboneras en Espagne consomme un tiers de l’énergie utilisée en Andalousie.
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L’usine d’Ashkelon en Israël est construite à proximité d’une centrale thermique à charbon. Cela oblige
aussi à sacrifier une partie du littoral.

1.2.3. Réexaminer la gestion de l’eau : la gestion par la demande

Malgré les solutions que la gestion par l’offre propose, dès lors qu’elles peuvent être coûteuses et provoquer des
dégâts environnementaux, il s’avère nécessaire de repenser la ressource pour basculer d’un modèle de l’offre à
un modèle de gestion de la demande pour répondre aux défis que constituent l’eau potable,
l’assainissement, l’alimentation et l’environnement.
Le modèle de développement de la ressource en eau emprunté à Anthony Turton, expert sud-africain des
questions d’eau, fait état de trois phases de développement :

Ö Document 11 – Schéma : Modèle de développement de la ressource en eau


Ä Le schéma de Turton montre que le développement des sociétés conduit obligatoirement à une gestion du
problème de l’eau par la demande :
• Dans un premier temps, la ressource est facilement disponible et des grands travaux de mobilisation
de la ressource ne sont pas nécessaires. Cela correspond au temps de la « gestion par l’offre ».
• Puis il devient nécessaire de produire de la ressource, à l’aide de barrages et de transferts d’eau
pour l’essentiel. C’est ce stade dit de « l’efficience de la production » qu'ont connu des régions comme
l’Ouest des États-Unis, l'Australie ou l’Afrique du Sud entre les années 1930 et les années 1970-1980.
• Enfin, la ressource produite n’est plus elle-même suffisante. Elle coûte trop cher à produire, le déficit
devient structurel et provoque de trop grands dommages à l’environnement. Les pays se trouvent alors
confrontés à cette situation où il devient nécessaire de changer les paradigmes de la gestion de
l’eau en passant de la gestion de l'offre à la gestion de la demande. C’est le temps de « l’efficience
de l’allocation ».

Il existe de réels gisements d’économies d’eau. Il semble qu’à la surface de la terre, sans augmenter l’offre en
eau et par une simple régulation des demandes, les actuelles ressources soient suffisantes pour satisfaire
toutes les demandes.
Ces réformes de la demande prennent le double visage d’une lutte contre les gaspillages et d’une réforme des
usages. Outre qu’elles sont politiquement difficiles à conduire et effectuées sous contraintes diverses, ces
réformes sont susceptibles d’engendrer des bouleversements majeurs des sociétés qu’il est nécessaire de
maîtriser si l’on ne souhaite pas qu’à des risques d’instabilité en succèdent d’autres.
Mais, à terme, seules des politiques de cette nature pourront diminuer les tensions autour de l’eau et
garantir, tant la satisfaction des besoins primaires des hommes que la stabilité géopolitique de certaines régions.

2. L’eau : enjeu géopolitique majeur


L’eau a toujours été associée au pouvoir, sous des formes variées selon les cultures et les traditions. Des sociétés
archaïques à la Provence de Marcel Pagnol (L’eau des collines, 1963), celui qui détient l’eau détient le pouvoir.
Dans son ouvrage paru en 1957 intitulé Le Despotisme oriental, Karl Wittfogel énonce une théorie de l'émergence
des civilisations fondée sur la peur de la vulnérabilité au climat, qui contraindrait les hommes à accepter l'autorité
de ceux qui sont capables techniquement de maîtriser les fleuves, de canaliser les eaux, d'irriguer et donc de
nourrir la population.
Or, la tendance à considérer l’eau comme un révélateur de pouvoir et un facteur de puissance conduit les États à
mener des politiques de façon isolée, ne considérant l’eau qu’au regard de leurs propres volontés sous contraintes
internes. Un tel comportement est générateur de tensions voire de conflits, les États voisins se trouvant acculés à
faire face aux conséquences réelles, supposées ou potentielles de décisions unilatérales. En ce sens, l’eau est
clairement un facteur de conflits.
Pourtant, dans la théorie constructiviste, l’option de la guerre pour l’eau est fortement improbable car il existe un
intérêt à coopérer et que l’histoire est jalonnée d’exemples où les différends ont pu être dépassés lorsque l’eau a été en
jeu. L’université de l’Oregon a ainsi mis en lumière que depuis plus de mille ans, les cas de coopération sont deux
fois plus nombreux que ceux de conflits. Ces constatations semblent accréditer l’idée d’une « hydro-diplomatie ».
L’eau constituerait donc un facteur de négociation et de coopération entre les États, qui bénéficieraient directement
de la résolution des différends liés à l’eau : augmentation des bienfaits économiques et des bienfaits liés à la stabilité
politique. Ce n’est donc pas seulement l’eau que la coopération permet de partager. Cette vision relève d’une analyse
économique : l’utilisation solidaire et coopérative d’un cours d’eau permet de tirer plus de bénéfices qu’une
utilisation unilatérale et exclusive. L’utilisation partagée d’une ressource permet une optimisation de l’usage qui en
est fait pour tous les États riverains.
Si des tensions sur l’eau existent, l’hypothèse d’une multiplication des « guerres de l’eau » semble donc peu probable.
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2.1. Les problèmes de gouvernance autour de l’eau

Les problèmes de gouvernance autour de l’eau touchent à deux problématiques fondamentales :


• La reconnaissance du droit à l’eau potable et à l’assainissement. Engagée lors de la conférence de Mar
del Plata en 1977 ou le principe est pour la première fois évoqué, ce droit a été reconnu le 28 juillet 2010 :
l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté sous l’impulsion de la Bolivie, la résolution n°64-292 sur le
droit de l’Homme à l’eau et à l’assainissement reconnaissant ce droit en ces termes « le droit à l’eau potable
et à l’assainissement est un droit de l’homme, essentiel à la pleine jouissance de la vie et à l’exercice de
tous les droits de l’homme ». Ce droit couvre des problématiques sociales et de développement, et intervient
notamment pour trancher les problèmes posés par la « marchandisation de l’eau ». (Cf. film : Tambien la lluvia,
2011)
• L’émergence d’un droit international des eaux transfrontalières.
Pour réduire les risques de conflits interétatiques, l’application d’un droit international sur les eaux
partagées est essentielle. Cependant, la principale préoccupation des pouvoirs publics en matière de gestion
de l’eau a longtemps été la navigation. L’aspect environnemental n’est apparu qu’au début des années 1970.
Le droit international de l’eau a donc été forgé par des doctrines et des accords qui ont évolués.
Trois grandes doctrines se sont développées sur le partage ou l’absence de partage d’eaux transfrontalières :
§ La première est celle de la souveraineté territoriale absolue, qui postule que chaque Etat est
souverain pour l’utilisation des cours d’eau qui traversent son territoire. C’est la doctrine
Harmon, développée par le juge Judson Harmon qui a donné son nom à cette doctrine dans le litige
opposant les États-Unis et le Mexique pour les eaux du Colorado. La Turquie se réfère encore à cette
théorie, qui in fine nie le caractère international du cours d’eau. Plus globalement, cette doctrine est
généralement privilégiée par les États d’amont qu’elle avantage.
§ La deuxième est la doctrine de l’intégrité territoriale absolue qui stipule que les États doivent laisser
les cours d’eau poursuivre leur cours. Cette doctrine est plutôt privilégiée par les États d’aval qui
sont tributaires des États d’amont.
§ La troisième est la doctrine de la première appropriation : le premier Etat à avoir mis en valeur la
ressource est celui à qui elle appartient. C’est la position que les États-Unis tenaient face au Canada
(qui est incohérente avec la doctrine Harmon que les Etats-Unis utilisent vis-à-vis du Mexique), c’est
celle qu’avancent des États comme Israël ou comme l’Égypte. Cette doctrine est souvent mobilisée
par les États contigus.

La Convention d’Helsinki de 1992 garantie un usage équitable des ressources en eau. Elle a été complétée par la
Convention de New York de 1997 sur l’utilisation des cours d’eau internationaux à des fins autres que la
navigation. C’est le seul instrument juridique des Nations unies de portée mondiale à inciter à la coopération entre les
États riverains. Mais les textes de ces Conventions n’ont toujours pas été ratifiés par suffisamment d’Etats pour être
opposables et la coopération passe encore par des accords régionaux, le plus souvent signés dans le cadre des
bassins versants des fleuves transnationaux.

Ö Document 12 – Carte : Traités signés par grands bassins versants transnationaux

Les risques de conflits sur l’eau naissent donc de la raréfaction de cette ressource, accentuent des tensions
existantes, et trouvent difficilement des résolutions car la gouvernance internationale est encore insuffisante
sur ce sujet. Cela explique l’existence de pratiquement une vingtaine de conflits sur l’eau dans le monde, tels que les
recense Virginie Raisson dans son Atlas des Futurs du Monde.

Ö Document 13 – Carte : Dépendance hydrique et conflits


Ä Relever un exemple pour chaque continent et faites des recherches pour approfondir et mieux maîtriser vos
exemples.

2.2. L’eau : enjeu économique. L’exemple de l’Amérique du Nord

Ö Document 14 – Les transferts massifs d’eau en Amérique du Nord. Réalités et projets continentaux.

Contexte :

Le Canada dispose de 9% des réserves renouvelables d’eau douce du monde. Les Etats-Unis connaissent des
situations ponctuelles de stress hydrique (Arizona, Nouveau Mexique) et effectuent des prélèvements largement
supérieurs aux capacités de renouvellement dans les grandes plaines : la nappe d’Ogallala – une des plus
grande réserves d’eau au monde qui couvre, dans le sous-sol, une région qui va du Dakota du Sud au Texas – se
vide 14 fois plus vite qu’elle ne se remplit en raison des prélèvements agricoles des grandes plaines.

Observation :
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Les infrastructures sont essentiellement nationales : le Canada fait des prélèvements importants au Nord-Est alors
que les Etats-Unis font des prélèvements au Sud-Ouest, dans une logique de détournement le long de la frontière
mexicaine. Aucune coopération n’apparait.
Pourtant, les projets sont transcontinentaux (tracés des dérivations) ce qui implique une coopération. L’échelle doit
aussi nous amener à envisager des coûts colossaux engagés dans une logique de gestion par l’offre.

Eléments de compréhension de la situation :


Alors que le Canada exportait de l’eau dès les années 1980 vers les Etats-Unis, les perspectives d’exportations
massives d’eau pour répondre à la demande des Etats-Unis avait soulevé de fortes oppositions au Canada à
l’entrée en vigueur de l’accord de libre échange en 1989 (ALENA). Dès 1991, la province de Colombie britannique,
puis en 1999, l’Etat fédéral canadien ont décrété un moratoire sur les exportations d’eau.
Ce moratoire est considéré comme illégal par les Etats-Unis en raison du traité de libre-échange. Mais les
organisations canadiennes hostiles au commerce de l’eau font valoir que l’ALENA concerne les produits de l’activité
économique, alors que l’eau est une ressource naturelle épuisable è dimension morale : l’eau est-elle un bien
commun ou un bien commercial ?
Le projet North American Future 2025 inclue la question des « transferts d’eau » dans un projet trilatéral (Canada-
Etats-Unis-Mexique), qui vise à créer les contours d’une intégration économique renforcée dans le cadre de
l’ALENA. Mais ce projet est remis en cause par la renégociation globale de l’accord par Donald Trump (USMCA).

Conséquences :
On observe une translation des pénuries du Nord vers le Sud :
• la sécheresse menace de réduire de près de 40% les capacités d’un aquifère texan stratégique qui
fournit de l’eau à deux millions de personnes, et va tarir l’aquifère d’Ogallala, la plus grande réserve
d’eau souterraine des Etats-Unis, qui assure lui l’alimentation de huit Etats américains.
• s’ajoutent les menaces multiples qui pèsent sur les dix plus grands fleuves américains : pollution
par les eaux usées, effluents agricole, barrages inutiles… La Santa Fe au Nouveau Mexique, en dépit
d’un projet de restauration colossal, ne délivre plus qu’un filet d’eau la majeure partie de l’année…
• la réduction de l’approvisionnement du Mexique par le Colorado en raison des prélèvements
massifs états-uniens est un problème majeur : seule 7% de l’eau du Colorado pénètre au Mexique,
dans une région pourtant en forte croissance économique (Maquiladoras) et démographique, et qui
produit majoritairement pour les Etats-Unis. Un comble !

La translation Nord-Sud est construite dans un contexte où le rapport de force n’est pas équitable ce qui risque de
conduire à une redistribution continentale surtout favorable aux Etats-Unis tout en perturbant l’ensemble de
l’équilibre nord-américain. Ce risque est résumé par la position canadienne exprimée dans le cadre de la
Commission mixte internationale chargée d’encadrer les négociations :

« Avant d'examiner les risques de nous voir dépossédés, il faut rappeler premièrement que l'exportation
massive, en termes écosystémiques, ne constitue pas une solution viable. Il n'y a pas, en tant que tel, de
surplus d'eau dans un écosystème (...) Les grands débits sortant des Grands Lacs procurent un apport
en eau douce nécessaire à des lieux de pêche aussi éloignés que le golfe du Maine"

Commission mixte internationale, 1999

Pour chacun des trois pays, trouver un accord est un impératif économique… mais si celui-ci était signé, il
conduirait à une marchandisation de l’eau (position étatsunienne : l’eau est un bien marchand), et remettrait en
cause l’idée d’un bien commun à l’humanité (position canadienne).

2.3. L’eau : enjeu stratégique. L’exemple de l’Asie centrale

Ö Document 15 – Carte : Rapport de force amont-aval sur les bassins du Syr-Daria et de l’Amou-Daria

L’Asie centrale est le théâtre depuis plus de cinquante ans d’un conflit parmi les plus persistants de la planète
pour l’utilisation de l’eau des deux fleuves Amou Daria et Syr Daria, qui alimentent tous deux la mer d’Aral. La
distribution géographique très particulière des ressources en eau met ces pays en état de forte dépendance les
uns vis-à-vis des autres. Aucun d’eux ne peut gérer ses ressources hydrologiques sans négocier avec ses
voisins sur la manière de le faire. A part le Kazakhstan, faiblement mais équitablement pourvu en eau et
richesses énergétiques, on peut tracer une ligne de partage entre :

• le sud-est regroupant deux pays « amonts » (Kirghizstan et Tadjikistan) qui possèdent la quasi-
totalité des sources d’eau mais sont dépourvus en gaz et en pétrole (par contre grands producteurs
d’énergie hydro-électrique),
GEOPOLITIQUE ECS1 8 MODULE II – Thème 3 – CHAPITRE 8

• le sud-ouest, avec deux pays « avals » (Ouzbékistan et Turkménistan) riches en pétrole et en gaz,
mais n’ayant pas ou très peu de sources d’eau (malgré d’énormes besoins pour irriguer les immenses
surfaces couvertes de cultures de coton et de riz).
Les champs de coopérations économiques sont nombreux et apparemment logiques, les uns possédant l’or
bleu, les autres l’or noir. Mais ce serait sans compter avec la complexité du grand jeu géopolitique régional
dans lequel les ressources en eau sont utilisées non seulement pour l’irrigation et la production d’électricité, mais
aussi comme moyen de pression politique sur les pays voisins.

On comprend mieux la complexité de la situation en schématisant les deux bassins versants.

Ö Document 16 – Schéma : L’eau, une ressource convoitée en Asie centrale

Le découpage politique est complexe car il est issu de l’époque soviétique : par exemple, sur le bassin du Syr
Daria, le Tadjikistan est à la fois en position aval et amont par rapport à l’Ouzbékistan. L’histoire commune des
Républiques d’Asie centrale en fait des « républiques sœurs » si bien que les Etats ne se perçoivent pas en conflit
les uns avec les autres. Ils multiplient les traités de coopération, les réunions internationales au cours
desquelles ils n’oublient jamais de réaffirmer l’amitié indéfectible qui lie leurs pays. Sur le papier, les accords de
gestion transfrontalière semblent fonctionner, mais, sur le terrain, pratiquement aucun quota n’est respecté,
ce qui crée des tensions à toutes les échelles : de la parcelle, du district ou de l’Etat.

Cet écart entre les engagements pris et la réalité du terrain explique les nombreux désastres écologiques
(pollution des nappes, des rivières, des lacs et des mers, assèchement et désertification) dont la disparition de la
mer d’Aral est le symbole. L’Asie centrale paye l’héritage communiste (bureaucratie, corruption) mais aussi son
incapacité à faire respecter aux pays amont les engagements pris. Une nouvelle fois, la question de la
gouvernance de l’eau est au cœur du sujet et on constate que si la pénurie d’eau ne conduit pas nécessairement
à la guerre, elle peut produire un désastre pour les populations et l’environnement.

Conclusion : Pour conclure sur le thème de l’eau, on peut revenir à l’Égypte pour montrer l’enjeu civilisationnel que
représente l’eau. Longtemps puissance régionale dominante, l’Egypte a pu préserver sa source civilisationnelle et
confirmer ainsi, à travers les siècles, qu’elle était bien « un don du Nil », comme l’avait écrit Hérodote au Ve siècle av.
J.C. Pourtant, la rapide croissance de l’Ethiopie, et l’affaiblissement égyptien ont modifié le rapport de force régional ce
qui s’est traduit par un déplacement du pouvoir hydraulique de l’aval (Egypte), vers l’amont (Ethiopie). L’accord signé en
1959, très favorable à l’Egypte qui recevait plus des trois-quart de l’eau du Nil, est remis en cause de facto par les
prélèvements importants réalisés par l’Ethiopie, fragilisant l’Egypte dont la population devrait atteindre 150 millions
d’habitants d’ici 2050 alors que le pays est déjà en situation de pénurie (699m3/hab/an soit sous le seuil de 1000).
Souvent évoquée comme un stock, alors que c’est un flux, perçue comme une ressource attachée aux territoires
nationaux, alors qu’elle est à la fois mobile et indifférente aux frontières politiques, l’eau est un enjeu éminemment
géopolitique. Enjeu de civilisation qui nécessite une coopération à l’échelle régionale, la géopolitique de l’eau doit même
être envisagée à l’échelle mondiale pour être comprise dans toute sa complexité. La décomposition internationale du
processus de production qui conduit à délocaliser les activités industrielles consommatrices d’eau et le land grabbing
(achat de terres à l’étranger pour cultiver) qui conduit à délocaliser la consommation d’eau agricole, ne permettent plus
de raisonner en terme de consommation réelle (eau consommée sur le territoire) mais de consommation virtuelle (eau
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consommée de façon indirecte par la consommation d’ensemble sur un territoire). Ainsi, la France, importe 1 221m
d’eau virtuelle par habitant, parfois aux dépens de pays en pénurie, alors que c’est un territoire richement pourvu. C’est
donc une « révolution bleue » qui doit s’opérer pour répondre au défi de la raréfaction des ressources et éviter la crise,
déjà visible dans certains pays en développement : cette révolution doit être politique et globale, pour éviter que l’eau ne
soit plus source de coopération mais qu’elle devienne uniquement source de conflit.

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