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Université d’Angers - LPA

CH V Dynamique des Fluides Réels


1 - Généralités
Etudier l’écoulement d’un fluide réel revient à résoudre l’équation de
Navier-Stokes.
Mais en pratique, cette équation ne peut se résoudre analytiquement
qu’en posant des hypothèses simplificatrices.

Notamment, on va devoir distinguer deux grands types d’écoulement :

en régime laminaire ou en régime turbulent

colorant

laminaire transitoire turbulent


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M M
z
x
   
vM  uMex  vMey  wMez
uM  vM  0 uM(t ), vM(t )  wM(t )
 
vM  wMez uM t  uM t  0
wM wM

laminaire
turbulent

t t

En régime laminaire, on pourra En régime turbulent, on devra


généraliser l’équation de Bernoulli utiliser des relations empiriques
en introduisant la notion de pertes de généralement déterminées
charge dues à la viscosité. expérimentalement
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Comment caractériser le régime d’un écoulement ?

 c’est le résultat des travaux d’O. Reynolds :


Il a réalisé une étude systématique du régime d’écoulement en
fonction des différents paramètres intervenant dans le problème :
débit, viscosité, géométrie de la conduite...

Il a ainsi montré que la transition du régime laminaire au régime


turbulent ne dépend pas séparément
de chacun des paramètres mais d’une
seule grandeur les regroupant tous.
 le nombre de Reynolds
vD vD
Re  
 
 : masse volumique []=M.L-3
 : viscosité []=M.L-1.T-1
 : viscosité cinématique []=L2.T-1 [Re]=0
v : vitesse[v]=L.T-1
D : diamètre [D]=L
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 Le nombre de Reynolds est donc une grandeur sans dimension.


 La transition d’un régime laminaire à un régime turbulent
s’observe pour Re  2000 = Rec (nombre de Reynolds critique)

laminaire turbulent Re
0 Rec On peut étendre le domaine où le
régime est laminaire au delà de Rec,
à condition de prendre certaines
précautions (éviter les perturbations)

 En tout état de cause, on sait que l’écoulement est laminaire si


son nombre de Reynolds est inférieur à 2000 (quelles que soient
les perturbations subies par le système).
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2 - Ecoulement laminaire & Pertes de charge


régulières
Partons de l’équation de Navier-Stokes obtenue pour un fluide
newtonien incompressible :
 
dv  
  p   v   g
dt
Pour un écoulement stationnaire, on a :
 
dv v     1  2   
  (v )v  (v )v  2 v  v(v )
dt t
0
1
 2      
D’où :
2
 v   v(v )  p   v   g
 1 2      
(2 v )   v(v )  p   v  (  gz )
 1 2    
( p   gz  2 v )   v   v(v )
  
  v  2  v  
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 1 2   
( p   gz  2
v )   v  2  v
Projetons cette égalité vectorielle le long d’une ligne de courant :
     
(p   gz  1 2

v ).dses   v  2  v .dses
2

  
(v).es  0
 
v // v
 1 2   
 (p   gz  2 v ).dses   v.dses

Puis projetons sur chacun des 3 trois axes d’un repère cartésien :

     1 2
dses  dxex  dyey  dzez  x ( p   gz  2
 v )dx   v x dx
 (.)  (.)  (.)   
(.)  ex  ey  ez   ( p   gz  12 v 2 )dy   v y dy
x y z  y
      ( p   gz  1 v 2 )dz   v dz
v  v x ex  v y ey  v z ez z
 z 2
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 1 2
 x ( p   gz  2
v )  v x
 
Soit :  ( p   gz  12 v 2 )  v y
 y
  ( p   gz  1 v 2 )  v
 z 2 z

Supposons alors que l’écoulement laminaire s’effectue suivant l’axe x.


Dans ces conditions, on a :
v x  v
  
v v y  0  v  vex et si on pose : p   gz  12 v 2  Pt
v  0
 z
 Pt charge
 x   v (pression totale)
 P Pt ( x, y , z )  Pt ( x )
  t0 
 
dP
 y  t   v
 Pt  0  dx
 z
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dPt  2v 2v 2v 


 v    2  2  2 
dx  x y z  0 0
 v x v y v z
Mais d’après l’équation de continuité : v  0    0
x y z
v x v
 0 0
x x
dPt  2v 2v 
D’où :    2  2   Cte (x, y , z )
dx  y z 
P t

fonction fonction
de x de y et z

On peut en déduire que la charge v
varie linéairement avec la distance
x
parcourue par le fluide.
dPt on peut déjà supposer que
 Cte  0 que la charge diminue avec
dx la progression de l’écoulement.
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Pt
Pt 1  Pt 2  Pt
Pt1
Pt
Pt2 dPt Pt 2  Pt1 Pt
 
dx x2  x1 x2  x1
dPt
x  Pt   ( x2  x1)  0
x1 x2 dx
dPt Cte  0
Pt1  Pt 2  ( x2  x1 )
dx
dPt
 p1   gz1  1
2
v12  p2   gz2  12 v22  ( x2  x1 )
dx
pression totale pression totale perte de charge
en (1) en (2) régulière
Pt  0

Il reste alors à caractériser le gradient de pression totale


dPt .
dx
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3 - Ecoulement de Poiseuille
Considérons l’écoulement laminaire d’un fluide dans une conduite
cylindrique, de rayon R, posée à l’horizontale :
r  
z  v  v ex  v r  v  0
 y
v Dans ces conditions, on peut
x écrire :
dPt
  v
dx
Par ailleurs, l’équation de continuité impose :
0
 1  1 v v x v x v
v  0  (r v r )   0   0
r r r  x x x
0
Et la géométrie du système est telle qu’il y a symétrie de
révolution :
 v
0  0 Donc, finalement : v(x, r ,  )  v(r )
 
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Par conséquent, le Laplacien s’exprime comme :

1   v  1  2v  2v 1   v 
v  r  2 2
 2
 r 
r r  r  r  x r r  r 
0 0

Et il s’en suit :
dPt 1   v 
 r   C te  A
dx r r  r 

fonction fonction
de x de r

Il est alors possible d’en déduire le profil de vitesse v(r)


par simple intégration :

1   v  A d  dv  A dv A r2
r   r  r  r  B
r r  r   dr  dr   dr  2
dv Ar B A r2
    v(r )   B ln r  C
dr 2 r  4
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A r2
v(r )   B ln r  C Constantes à déterminer à l’aide
 4 des conditions aux limites

Au contact des parois de la conduite, en r = R, le fluide est


immobile : 2
AR
v(R)  0   B ln R  C  0
 4
Sur l’axe de la conduite, en r=0, la vitesse est nécessairement
de valeur finie :
v(0)    B ln 0  C    B0

A R2 A
D’où : B  0 et C   v(r )   (R2  r 2 )
 4 4
 profil de vitesse
R v(r ) parabolique

x Remarque : pour avoir v(r)>0  r<R,


il faut que A<0
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A
 v(r )   (R2  r 2 )
v(r ) 4
R
dPt
x avec A 0
dx

La pression totale (la charge)


diminue avec la progression du fluide
Calcul du débit volumique à
travers une section du tube :

dqv  v(r )dS où dS  2 rdr r

R A R
2 2
dr
0 
 qv  v(r )2 rdr  
4
2

0
(R  r )rdr

R
A  2 r2 r4  A R4 A 4 dPt D
qv  2  R    2   R où A  et R 
4  2 4 0 4 4 8 dx 2

  dPt  4
 qv    D
128   dx 
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On peut alors définir une vitesse


qv
moyenne de l’écoulement : vm 
S
Par ailleurs, si l’on considère une conduite de longueur L, la perte de
charge totale s’exprime :

1  dP  R v(r )
t
Pt  Pt1  Pt2 
  dx dx
2 x1 x2 x
Cte
 dPt  1  dPt   dP 
 Pt   
 dx  2
d x  
 dx 
( x1  x2 )  Pt   t L
 dx 
-L
Remarque : on constate que la perte de charge est proportionnelle à la
distance parcourue  on dit que la perte de charge est régulière.

Or, on a trouvé l’expression du débit :


  dPt  4
qv    D
128   dx 
 Pt 4
 qv  D il s’agit de la formule de Poiseuille
128  L
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On peut encore exprimer la perte de charge totale en fonction du


débit ou de la vitesse moyenne de l’écoulement :

qv  v mS 
Pt 4

D
S  D2 4
 Pt  128  Lv m  128  Lv m
128  L  D4  D4

32  Lv m
 Pt 
D2
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4 - Coefficient de perte de charge


Il est d’usage d’exprimer la perte de charge en fonction de la pression
cinétique de l’écoulement dans la conduite : 1 2
2
vm

32  Lv m  32  Lv m 2 1 2
Dans ce cas : Pt  2

 2
  v m
2 2
D  D v m 

64  L 64  L 64 L L
   
D2vm v mD D Re D D

Donc, pour un écoulement laminaire dans une


coefficient sans
conduite, on a : dimension
L 1 2
Pt    2 vm
D
64
où   est le coefficient de perte de charge régulière.
Re
Remarque : ceci n’est valide que pour Re<2000.
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On peut alors généraliser l’équation de Bernoulli :

L3 singularités
A D1 D2
D3
L1 L4
L2 D4 D5
PtA  pA  gz A  1 v A2 D6 B
2

PtB  pB  gzB  1 vB2 L5


2
L6
L1 L2 L6
Pt  1 1
2
v12  2 1
2
v22    6 1
2
v62  pertes de charge singulière s
D1 D2 D6

PtA  PtB  Pt


Li 1 2 pertes
 pA  gz A  1
2
v A2  pB  gzB  12 vB2   i  v i 
i Di 2 singulières

équation de Bernoulli généralisée


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Li 1 2 pertes
pA  gz A  1
2
v A2  pB  gzB  12 vB2   i  v i 
i Di 2 singulières

Remarque : cette équation reste valable même si l’écoulement n’est


pas laminaire (Re>2000) ; la seule différence réside en l’expression
du coefficient de perte de charge régulière qui doit être déterminé
expérimentalement ou tiré d’abaques (  64/Re).

Il nous reste alors à étudier les pertes de charge dues aux


singularités...
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5 - Pertes singulières - Théorème de Bélanger


Considérons l’écoulement d’un fluide incompressible dans une conduite
horizontale présentant un élargissement brusque, ce qui constitue une
singularité :

S1
zone de
stagnation S2

Dû à son inertie, le fluide ne suit pas complètement les changements


brusques de direction : il se crée des zones de turbulences où il y a
dissipation d’énergie. Ces zones, où le fluide est globalement stagnant,
sont responsables de pertes de charge singulières.
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v2

v1
P2
P1
x

S1
volume de
contrôle S2

On choisit un volume de contrôle sur lequel on applique le théorème


d’Euler.
On supposera que sur une même section (en amont et en aval du
rétrécissement) les vitesses et pressions sont uniformes  on néglige
donc les pertes de charge régulières au cours du rétrécissement.

Dans ces condition, par projection sur l’axe x, on obtient :

qm (v2  v1 )  projection sur x de la résultante des forces exercées


sur le volume de contrôle.
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v2

v1
P2
P1
x

S1
volume de
contrôle S2

qm (v2  v1 )  projection sur x de la résultante des forces exercées


sur le volume de contrôle.
 poussée en amont :  P1S1
 contre-poussée en aval :  P2S2
 poussée de la paroi verticale sur la partie stagnante du fluide :
 P(S2  S1 ) où P  P1 (lois de l’hydrostatique)

 qm(v2  v1 )  P1S1  P2S2  P1(S2  S1 )  (P1  P2 )S2


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v2

v1
P2
P1
x

S1
volume de
contrôle S2

qm(v2  v1 )  (P1  P2 )S2

Or, le fluide étant supposé incompressible, on doit avoir conservation


du débit massique :
qm  v1S1  v2S2
Par conséquent : qm(v2  v1 )  v2S2 (v2  v1 )  (P1  P2 )S2

 P1  P2  v22  v1v2  P2  1
2
v22  12 v22  v1v2  12 v12  12 v12
1
2
(v1  v2 )2
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v2

v1
P2
P1
x

S1
volume de
contrôle S2

 P1  1
2
v12  P2  12 v22  12 (v1  v2 )2
perte de charge
due à la singularité

Exprimons cette perte de charge en fonction de la pression cinétique


dans la conduite amont :
2
1  (v  v )2  1   S1  2
2 1 2 
2  1
v  v1   1
2
v12 1  S1 S2 
 S2 
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v2

v1
P2
P1
x

S1
volume de
contrôle S2

Finalement, on obtient :

P1  1
2
v12  P2  12 v22  12 v12K

nombre sans dimension : K  (1  S1 S2 )2


coefficient de perte de charge singulière
due à un élargissement brusque
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On peut ainsi compléter l’équation de Bernoulli généralisée :


L3 singularités
A D1 D2
D3
L1 L4
L2 D4 D5
D6 B

L5
L6
Li 1 2
pA  gz A  1
2
v A2  pB  gzB  12 vB2   i 2
v i   K j 1
2
v 2j
i Di j

coefficients de perte de charge singulière associés à


chaque singularité rencontrée au cours de l’écoulement

Listons quelques singularités typiques...


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S2
Elargissement brusque S1
Coude brusque

2
K  (1  S1 S2 ) 
K  sin2   2 sin4
2

Rétrécissement brusque Sc S2 Coude arrondi



K  (1   1)2 D R
  Sc S2
K 


0,131  1,847D R 
72

S1 S2
Divergent Convergent S2
2
 K  1   1 sin 
2
K  1  S1 S2  sin   Sc

Entrée brusque Entrée progressive


Entrée d’une canalisation
K  0,5 K  0,04
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6 - Pertes de charge en régime turbulent


En régime turbulent, le profil de vitesse dans une conduite
cylindrique n’est plus parabolique : à cause des turbulences, les
vitesses sont uniformisées sur un large domaine. On observe
cependant une brusque variation de vitesse au voisinage des parois.

écoulement laminaire écoulement turbulent


64  
Re  2000    Re  2000    f  Re, 
Re  D

On peut donc toujours utiliser l’équation de Bernoulli généralisée,


mais les coefficients de perte de charge régulière  devront être
déterminés expérimentalement, ou bien tirés d’abaques ou de lois
empiriques.
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Diagramme de Moody :

coefficient de perte
de charge régulière

64

Re

nombre de Reynolds rugosité relative


des parois de la conduite

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