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Fiche outil

Prendre la parole en public



 Fiche outil
Situation de communication, p. 168

A. Une activité qui fait peur


Gorge nouée, bouche sèche, mains moites et tremblantes… Pour beaucoup, prendre la
parole en public relève du parcours du combattant. Cette peur, lorsqu’elle est modérée, est
pesante mais pas invalidante. En revanche, lorsque le trac se fait plus intense et se transforme
en « glossophobie », ceux qui en sont atteints se retrouvent comme enfermés, incapables de
surmonter la terreur qui les paralyse. Pourtant, les experts sont formels : il existe des solutions
pour en finir avec cette angoisse.

D’après en ligne https://www.lexpress.fr/styles/psycho/


glossophobie-comment-gerer-la-peur-de-parler-en-public

B. Quelques moyens pour vaincre sa peur


On prend conscience que la peur de parler en public est « normale », qu’elle est largement
répandue, qu’elle touche tous les milieux sociaux, tous les niveaux de responsabilité.
On se fait une image correcte de son public : il est extrêmement rare que les auditeurs
soient à priori malveillants vis-à-vis d’un orateur. On éteint « Radio critiques » et on se pose
les bonnes questions : qu’est-ce qui prouve que l’on n’est pas performant(e) ; pourquoi
est-on certain(e) que l’on va nous critiquer ; si notre meilleur(e) ami(e) bégayait en pareille
situation, le (la) jugerions-nous incompétent(e) ; chercher ses mots, rougir, perdre ses
moyens… est-ce mortel ? Être intimidé(e), cela arrive à tout le monde. L’objectif : cesser de
croire qu’il faut réaliser une performance parfaite ou avoir un self-control émotionnel absolu.
On cesse de croire que ceux (celles) qui sont bon(ne)s à l’oral le sont de façon innée. S’ils (Si
elles) semblent à l’aise, c’est parce qu’ils (elles) ont tant travaillé qu’ils (elles) ont pu éliminer
une partie du stress. De tout temps, les grands orateurs ont répété leurs discours. Démosthène
(Grèce, 384-322 A.C.N.), le plus célèbre d’entre eux, était surnommé « le bègue ». Loin de se
décourager, il s’est contraint à parler avec des cailloux dans la bouche et devant la mer !
On s’assure que l’on maitrise le fond de son intervention : mieux on aura préparé son
exposé, plus on l’aura répété (et parfois mémorisé), et plus grandes seront les chances de
réussir sa prestation.
Les experts sont unanimes : une bonne respiration est un gage à elle seule d’une plus
grande sérénité et donc d’une intervention réussie. Il faut bannir la respiration du haut du
corps, haletante et superficielle. En revanche, inspirer en gonflant le ventre, lentement, puis
expirer doucement, comme si on soufflait sur une bougie en veillant à ne pas l’éteindre, est
extrêmement efficace. Cette respiration doit devenir un réflexe et pour cela, faire partie
du quotidien. Autrement dit, quelques minutes de respiration en pleine conscience tous les
jours sont plus efficaces qu’une heure ponctuellement, juste avant le grand oral.
On prend conscience de ses appuis, on ancre ses pieds dans le sol, ce qui permet de se
sentir plus solide. On appuie ses mains sur la table ou le pupitre. On prévoit une tenue
vestimentaire dans laquelle on est à l’aise, qu’il s’agisse de confort et/ou d’apparence.

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On pense positivement. On se rappelle que, si l’on est là, sur le point de parler à un
auditoire, c’est qu’on a quelque chose à lui apporter.
On démarre lentement. Souvent, lorsque parler en public est une épreuve, on n’a qu’une
envie : en finir le plus rapidement possible, quitte à réciter notre discours au pas de charge.
Sauf que parler vite, alors que l’on est dans un état d’anxiété, a toutes les chances d’aggraver
les balbutiements et de perdre l’auditoire. Il ne faut donc pas avoir peur du silence et
s’efforcer de parler à un rythme plus lent qu’à l’accoutumée. Ce qui permet, en outre, de
reprendre sa respiration à un moment où l’on en a plus que jamais besoin.
Si, malheureusement, on a raté une intervention orale, il ne faut jamais rester sur cette
expérience. On fait le point sur les raisons de cet accident de parcours pour le transformer
en expérience positive. On se rappelle la phrase de Mandela : « Je ne perds jamais. Soit je
gagne, soit j’apprends. »
D’après en ligne https://www.lexpress.fr/styles/psycho/
glossophobie-comment-gerer-la-peur-de-parler-en-public

C. Les composantes de la communication orale


Les spécialistes de la communication orale s’accordent pour y distinguer trois composantes :
le verbal, le paraverbal et le non-verbal.

1. Le verbal, c’est le discours, les mots et les phrases que l’on utilise

1.1. Les mots

On privilégie un vocabulaire simple et, si l’on est contraint d’utiliser des mots
appartenant à un lexique spécialisé, on veille à ne pas en abuser et à les définir et/ou
à les exemplifier.
Par ailleurs, on attire l’attention des auditeurs sur ces mots en ralentissant le débit
et/ou en les répétant. Il faut savoir que l’oral tolère les répétitions beaucoup plus
que l’écrit et que, dans certains cas, elles sont même recommandées.

Exemples Analyse
1) Le pédiatre allemand Peter Winterstein 1) L’émetteur estime que l’expression
a montré que la télévision affecte la soulignée peut être problématique pour
capacité de représentation des enfants. ses destinataires. Par conséquent, il prend
Comprenez par là qu’elle diminue leur la peine d’annoncer qu’il va l’éclairer :
faculté d’imagination. Comparons deux « Comprenez par là ». De cette manière,
bonshommes dessinés par deux enfants de il ne perd pas les destinataires pour
six ans. Le premier de ces enfants regarde lesquels cette expression pourrait être
la télévision de manière raisonnable. Son incompréhensible ou trop abstraite. Ensuite,
bonhomme est proportionné et détaillé. Le il la reformule et l’exemplifie. Il n’hésite pas à
second regarde beaucoup la télévision. Son répéter certains mots.
bonhomme ne respecte pas les proportions
et est très simplifié.

2) En 1435, à Florence, l’architecte Alberti 2) L’émetteur estime que l’expression


édicte les règles de la perspective soulignée peut être problématique pour ses
géométrique. La perspective géométrique destinataires. Par conséquent, il la répète et
est un système qui permet de représenter la définit.
une portion de la réalité sur un plan, comme
un mur ou un tableau.

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1.2. Les phrases

Les phrases les plus intelligibles sont courtes et à la voix active. Il semble que
l’auditeur type ait du mal à traiter des phrases de plus de 15 mots.

Attention !
Si une phrase courte est plus intelligible qu’une phrase (trop) longue, une suite de phrases courtes
sans liens sémantiques explicites entre elles est plus difficile à comprendre qu’une phrase plus
longue, mais bien structurée.

Elles sont de préférence actives.


Elles ne comportent pas d’« écrans » ni d’écrans trop longs.

On appelle « écran » un groupe de mots qui s’intercale entre deux (groupes de) mots qui
dépendent l’un de l’autre, comme le verbe et son sujet ou le verbe et ses compléments.
Un écran trop long nuit évidemment à l’intelligibilité immédiate du message.

Dans le même ordre d’idées, on évitera à l’oral de commencer une phrase par une
longue épithète détachée.
Elles sont variées (neutres ou emphatiques ; déclaratives ou interrogatives…).

Exemples Analyse
1) 1)
Source écrite
Premier ensemble construit, se composant de Cet énoncé ne compte qu’une seule phrase,
deux énormes pierres plantées verticalement sur très longue, et commence par une apposition
lesquelles repose horizontalement une troisième interminable.
dalle, le dolmen fait son apparition en Europe Il présente donc deux défauts majeurs qui nuisent
à la fin de l’âge néolithique, au 3e millénaire à son intelligibilité par le destinataire auditeur
A.C.N., donnant naissance à un art nouveau : qui, contrairement à ce qui se passe dans la
l’architecture. communication écrite, n’a pas la possibilité de
relire.

Dolmen situé dans le comté de Down en Irlande.

Réécriture pour l’oral


Le dolmen est le premier ensemble construit La réécriture de cet énoncé a consisté à utiliser
apparu en Europe. Il se compose de deux des phrases courtes et à supprimer l’écran que
énormes pierres plantées verticalement sur faisait la longue apposition du début.
lesquelles repose horizontalement une troisième
dalle. Le dolmen fait son apparition en Europe à
la fin de l’âge néolithique, au 3e millénaire A.C.N.
Avec lui, un art nouveau est né : l’architecture.

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2) 2)
Source écrite
Vers le milieu du XIXe siècle, une partie de la classe La source écrite comporte des phrases passives
politique est émue par la situation des enfants qui présentent notamment le désavantage d’être
exploités par les industriels. Les premiers débats plus longues que les phrases actives. Il suffit de
sont ouverts par les députés et les sénateurs. comparer la réécriture pour les mesurer.
Un projet de loi ayant pour but de limiter cette
exploitation est âprement discuté par les politiques.

Réécriture pour l’oral


Vers le milieu du XIXe siècle, la situation des
enfants exploités par les industriels émeut la
classe politique. Les députés et les sénateurs se
mettent à débattre. Ils discutent âprement d’un
projet de loi pour limiter cette exploitation.
3) 3)
Source écrite
Pendant des siècles, l’enfant a été considéré comme Cet énoncé est composé de deux phrases dont
une force de travail au même titre qu’une autre. la seconde est très longue. À part le marqueur
À la campagne, il était employé aux travaux des d’enchâssement « étant donné que », il n’y a pas
champs, travaux très pénibles étant donné que l’on d’autres explicitations des relations sémantiques.
ne disposait pas de machines agricoles ; en ville, il Il présente donc deux défauts majeurs qui nuisent
travaillait avec ses parents artisans, selon un rythme à son intelligibilité par le destinataire.
journalier quasi identique à celui des adultes.

Réécriture pour l’oral


Pendant des siècles, on a considéré l’enfant comme La réécriture a consisté à transformer la seconde
une force de travail au même titre qu’une autre. phrase en plusieurs phrases plus courtes. Par
Premier cas de figure : il vivait à la campagne. ailleurs les relations sémantiques qui existent
On l’employait alors aux travaux des champs qui entre les informations ont été explicitées par :
étaient très pénibles. Pourquoi ? Parce que l’on ne – des expressions marquant une suite (premier
disposait pas de machines agricoles. Second cas de cas de figure…) ;
figure : il vivait en ville. Il travaillait alors avec ses – une question / réponse ;
parents artisans. Et son rythme de travail journalier – une anaphore (« alors »).
était quasi identique à celui des adultes.
4) 4)
Sources écrites
– Vous n’êtes pas sans savoir que le changement Les phrases affirmatives sont les plus intelligibles.
climatique est une menace réelle pour la La double négation est une formule qui complique
planète et ceux qui y vivent. l’intelligibilité de l’énoncé1.
– Ne pensez-vous pas qu’il est impossible de
rester passif devant les désordres climatiques ?
– Donald Trump ne peut pas ne pas réagir aux
nombreuses critiques dont il est l’objet.

Réécriture pour l’oral


– Vous savez fort bien que le changement
climatique est une menace réelle pour la
planète et ceux qui y vivent.
– Pensez-vous qu’il soit possible de rester passif
devant les désordres climatiques ?
– Donald Trump doit réagir aux nombreuses
critiques dont il est l’objet.
1 Attention ! On entend de plus en plus fréquemment « Vous n’êtes pas sans ignorer »
pour « vous n’êtes pas sans savoir ». Si cette dernière expression est correcte et
signifie « vous savez », la première dit exactement le contraire de ce que l’on croit
dire en l’utilisant. En effet, elle signifie « vous ignorez, vous ne savez pas. » Prendre la parole en public 131
2. Le paraverbal, c’est tout ce qui est relatif à la voix

2.1. La respiration

Elle est extrêmement importante, puisqu’elle règle le volume, les pauses, le débit et
l’intonation de la voix. Comme dit plus haut, la respiration abdominale (par le ventre)
est de nature à libérer du stress, contrairement à la respiration par la poitrine qui, plus
courte et plus rapide, augmente les tensions.

2.2. Le volume de la voix

L’orateur débutant ou mal à l’aise parle souvent trop bas. On l’entend mal et le public
doit consentir à de gros efforts pour continuer à l’écouter. Il faut donc adopter un
volume sonore suffisant, mais… éviter de tomber dans l’excès inverse. Un volume trop
élevé est très désagréable pour ceux qui écoutent.

2.3. Le débit (la vitesse à laquelle on parle)

Il est capital. Trop rapide, il manifeste la nervosité de l’orateur et donne l’impression


que ce dernier a envie d’en finir au plus vite. Trop lent, il peut agacer. Tout est donc
dans la mesure.

Par ailleurs, un débit trop constant peut être lassant. Il faut donc le faire varier. Les
passages clés du texte à dire seront prononcés plus lentement que les autres. On y
ménagera davantage de pauses.

Tout comme la musique, l’expression orale a besoin de silence. Les pauses permettent
à l’orateur de respirer, aux destinataires d’assimiler ce qu’ils absorbent.
Il existe deux sortes de pauses : les brèves (/) et les longues (//).
Pour la plupart, elles sont commandées par la ponctuation du texte à dire (aux
points correspondent des pauses longues, aux virgules des pauses brèves).
Cependant, celui qui parle peut en ajouter : soit pour respirer, soit pour insister.
Mais il ne peut pas les introduire n’importe où dans la phrase. C’est le sens / la
syntaxe qui doit le guider.

Attention !
Des pauses mal placées et/ou trop nombreuses donnent l’impression que l’orateur est perdu,
hésitant ou peu sûr de ce qu’il dit. En outre, ces pauses inopportunes se transforment souvent en
« euh », ce qui, à la longue, est très agaçant.

2.4. L’accent d’insistance

L’orateur appuie sa voix sur un mot, une expression pour les mettre en évidence.

2.5. Le ton

Il permet de manifester ses sentiments (peur, joie, tranquillité, enthousiasme,


dégout…).
Il introduit de la variété et maintient l’attention du public. Avec l’accent d’insistance, il
rend le discours expressif.

2.6. L’articulation

Elle est capitale, elle aussi. Si celui qui parle n’articule pas, on ne peut le comprendre.

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3. Le non-verbal englobe les expressions du visage, la façon de se tenir,
les mouvements de tête, des yeux, des mains, etc.

3.1. La posture

La posture est très importante. En effet, le corps en dit long sur l’état d’esprit de celui
qui parle. L’excès de mouvements est perturbant pour le public. Il trahit un malaise
(nervosité) tout comme d’ailleurs une posture figée. Il faut retenir les conseils suivants.
Debout ou assis, il faut se tenir droit, les épaules bien dégagées. La respiration se fait
plus aisément et c’est tout bénéfice pour la voix. De plus, parler le dos courbé, la
tête rentrée, est peu engageant pour le public.
Debout, il ne faut ni se déhancher ni garder les mains en poche ou les bras croisés.
Debout, il ne faut pas rester statique : il convient de bouger un peu, mais sans excès,
car, si on se déplace constamment, on fatigue son auditoire.
Si on se réfère à un support, il faut le faire explicitement, en le désignant d’un geste.

3.2. Le regard

Il est capital, puisqu’il est le lien entre celui qui parle et ceux à qui il s’adresse. Il faut
donc regarder son public. Par politesse d’abord et parce qu’un regard fuyant nuit à la
communication. De plus, en regardant l’auditoire, on peut voir comment il réagit et, s’il
le faut, s’adapter à ses réactions.
Il faut éviter de regarder toujours la même personne ou le même groupe d’auditeurs.
Les autres pourraient se sentir exclus de la communication et, du coup, ne plus prêter
attention à l’orateur.

D. L’aide-mémoire
Lorsque l’on prend la parole en public, un aide-mémoire peut s’avérer bien utile. Comme son
nom l’indique, l’aide-mémoire soulage la mémoire de l’orateur en lui évitant d’apprendre son
texte par cœur.
Il n’existe pas en soi de bon ou de mauvais aide-mémoire. Le meilleur pour chacun est celui qui
l’aide vraiment au moment où il prend la parole. On pourra dès lors choisir d’en élaborer un
sous la forme :
d’un plan ;
d’un schéma ;
d’un texte comportant éventuellement des surlignements ;
d’une suite de mots-clés…
Si l’on choisit de garder sous les yeux le texte complet de son exposé, le danger est grand
d’avoir envie de le lire, ce qui ne donnera pas aux auditeurs l’illusion d’une parole spontanée.

E. Le support de communication
Certains exposés ne se limitent pas à la seule prise de parole et sont accompagnés d’un support
de communication qui peut être une affiche, un diaporama… En aucun cas, ce support ne doit
être limité à une fonction « décorative ».
Si l’orateur a recours à l’un ou l’autre support, il doit donc impérativement en assurer la gestion.
Cette gestion se manifeste notamment dans :
l’occupation de l’espace : l’orateur doit se placer en fonction de ce support en veillant à ne
pas en gêner la vue ;
les propos de l’orateur, qui doit se référer au support au cours de son exposé ;
la posture et les gestes de l’orateur, qui animera ces références au support.

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