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Profil des loueurs, revenus, petites mains… comprendre le système Airbnb 11/08/2017 23)11

Profil des loueurs, revenus, petites mains…


comprendre le système Airbnb
« Le Monde » a enquêté sur ceux, toujours plus nombreux, qui font de la location de court terme
leur activité à l’année.

LE MONDE | 04.08.2017 à 16h32 • Mis à jour le 05.08.2017 à 14h59 | Par Isabelle Rey-Lefebvre (/journaliste/isabelle-rey-
lefebvre/) , Maxime Ferrer (/journaliste/maxime-ferrer/) , Audrey Travère et Laura Motet (/journaliste/laura-motet/)

Siège d’Airbnb à San Francisco, en 2016. GABRIELLE LURIE / REUTERS

Arrivée discrètement au début de 2011 à Paris , la plate-forme de locations saisonnières est


devenue, six ans plus tard, incontournable de l’offre touristique française. Au point d’être aujourd’hui
constamment sous le feu des critiques, des hôteliers d’abord, qui jugent cette concurrence déloyale,
mais aussi des pouvoirs publics. Ces derniers accusent Airbnb d’inciter les propriétaires à sortir leur
bien du marché locatif pour le proposer à l’année sur le marché bien plus juteux de la location de
courte durée. Des accusations que la plate-forme californienne réfute, sans pour autant accepter de
donner son chiffre d’affaires ni la part de revenu généré par les hébergeurs louant à l’année.

Afin d’enquêter sur les utilisateurs de Airbnb, Le Monde a étudié plus de 144 300 annonces
réparties dans vingt villes françaises, soit 36 % du total des annonces françaises sur Airbnb. Parmi
ces offres, une sur cinq est aujourd’hui émise par un multipropriétaire, parmi lesquels on trouve un
certain nombre de professionnels. On est loin, dans ces cas, de l’image sur laquelle communique
Airbnb : un propriétaire s’absentant pendant un certain temps de son logement – le temps de
vacances par exemple – et se décidant à le proposer en location. L’enquête que nous avons réalisée
en collaboration avec les rédactions allemande de la Süddeutsche Zeitung, belge de De Tijd,
néerlandaise de Trouw.nl et le journaliste d’investigation suisse François Pilet permet de lever en
partie le voile sur un marché dont l’opacité profite surtout aux gros loueurs, dans les grandes villes
comme dans les stations balnéaires.

Paris pèse à elle seule pour 43 % des annonces de logements

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entiers proposés dans les dix plus grandes villes françaises


En cinq ans, Airbnb a su s’imposer sur le marché de la location de courte durée, d’abord à Paris,
puis dans les grandes villes françaises. Après avoir conquis les stations balnéaires, la plate-forme
californienne souhaite maintenant se développer dans les zones rurales.

Paris reste néanmoins une importante source de profits pour Airbnb. La capitale aurait rapporté à
l’entreprise américaine entre 8 millions et 18 millions d’euros pour le seul mois de juin.

Lire : Paris et les hypercentres des grandes villes, le business lucratif d’Airbnb en
France (/les-decodeurs/article/2017/08/04/paris-et-les-hypercentres-des-grandes-villes-le-business-lucratif-d-airbnb-en-
france_5168623_4355770.html)

Plus de 2 200 euros par mois en moyenne pour les hébergeurs


louant à l’année
Qu’ils soient professionnels ou non, certains hébergeurs ont fait d’Airbnb leur principale source de
revenus. Une partie d’entre eux ne met à la location qu’un seul appartement – souvent un studio –
tout au long de l’année. D’autres deviennent de véritables agences, gérant parfois plus de
120 logements.

Une activité pas toujours légale, la location d’un logement plus de cent vingt jours par an étant
réglementée, particulièrement dans les grandes villes.

Lire (en édition abonnés) : Multipropriétaires, hébergeurs à l’année : les gagnants du


système Airbnb (/les-decodeurs/article/2017/08/04/multiproprietaires-hebergeurs-a-l-annee-les-gagnants-du-systeme-
airbnb_5168473_4355770.html)

Concierges, blanchisseurs, dépanneurs, les grands oubliés du


système Airbnb
Si les multipropriétaires vivent très bien de la location sur Airbnb, les petites mains qui s’activent
entre deux voyageurs ne récupèrent qu’une partie infime des bénéfices.

Pour trouver des clients, certains précaires passent par des agences, comme Bnbsitter. Chaque
prestation, check-in, check-out, petit ménage, est facturée 20 euros, sur lesquels la start-up prélève
6 euros. Avec les 14 euros restants, le concierge doit couvrir l’ensemble de ses charges sociales,
assurance, smartphone, transports …

Lire (en édition abonnés) : Ces petites mains vouées à « améliorer l’expérience du
voyageur » (/societe/article/2017/08/04/ces-petites-mains-vouees-a-ameliorer-l-experience-du-voyageur_5168488_3224.html)

Législation : le point de repère des « 120 jours » pour les


particuliers
L’engouement pour Airbnb a poussé les Etats à légiférer . En 2014, la loi ALUR (accès au logement
et urbanisme rénové) définit les contours de la législation actuelle, limitant à moins de cent vingt
jours par an la location de sa résidence principale. En 2016, la loi pour une République numérique
modifie le cadre réglementaire pour autoriser les villes de plus de 200 000 habitants à obliger tous
les hébergeurs à s’enregistrer en mairie. Des dispositions peu contraignantes au regard du droit

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international .

Lire : Locations saisonnières : que dit la loi ? (/les-decodeurs/article/2017/08/04/locations-saisonnieres-


que-dit-la-loi_5168615_4355770.html)

Airbnb France : « Depuis juin 2016, nous avons distribué


1 milliard d’euros aux hôtes »
Emmanuel Marill, directeur général de la filiale française et belge, a accepté de répondre aux
questions du Monde concernant la stratégie de développement de l’entreprise, ses revenus et ses
rapports – souvent tendus – aux pouvoirs publics.

Lire (en édition abonnés) : Emmanuel Marill, directeur général d’Airbnb en France :
« Halte au fantasme de la professionnalisation » (/les-decodeurs/article/2017/08/04/emmanuel-marill-
directeur-general-d-airbnb-en-france-halte-au-fantasme-de-la-professionnalisation_5168612_4355770.html)

Airbnb a aussi conquis les autres capitales européennes


Ailleurs en Europe , une part importante des hébergeurs louent leur logement plus de soixante jours
par an. Ils représentent 42 % des annonces aux Pays-Bas , 40,1 % en Belgique , 35,2 % en
Allemagne , 33,2 % en France, 32,8 % en Suisse et dans le monde entier.

Les multipropriétaires ne sont pas en reste : en France, comme dans les dix plus grandes villes
allemandes, près d’un hôte sur cinq (18 %) est un multipropriétaire.

Les législations pour contrer la professionnalisation des hébergeurs sur Airbnb se développent de
plus en plus. Sans systématiquement être suivies d’effets. Dans les Flandres belges, le journal De
Tijd a estimé que 85 % des annonces ne respectaient pas les lois régionales. Depuis le mois d’avril,
celles-ci obligent les hébergeurs à s’inscrire auprès de leur mairie et à faire figurer leur identifiant sur
leur annonce.

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