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Dilemme éthique

UE 1.3 S4 : Législation, éthique, déontologie

Bruneau Emeline

Chabroux Adeline

Gachet Marine Lalande Séverine

Saint-Vil Sandia Lejart Virginie


2
Déclaration sur l’honneur du non-plagiat

Nous soussignons, BRUNEAU Emeline, CHABROUX Adeline, GACHET Marine et SAINT-


VIL Sandia.
Inscrites à l’examen conduisant à la délivrance du Diplôme d’Etat infirmier
Au titre de la session 2022.

Certifient sur l’honneur que l’examen de nos travaux écrits joints à cette délivrance sont des
travaux que nous n’avons ni recopié ni utilisé des idées ou des formulaires tirées d’un
ouvrage, article, mémoire, en version imprimée ou électronique, sans mentionner
précisément leur origine et que les citations intégrales sont signalées entre guillemets.
Nous déclarons être informé(es) que dans le cas où un plagiat serait constaté dans un de
nos travaux écrits, celui-ci conduirait à la nullité de l’examen et serait passible de sanctions
pénales, conformément à l’article L 331-3 du Code de l’éducation et à la loi du 23 décembre
1901 sur les fraudes dans les examens et concours publics.

Fait à Chambray-les-Tours, le 25/05/2022

Signature :

Bruneau
Chabroux
Gachet
Saint-Vil

3
Sommaire

1. Description de la situation ............................................................................................................ 5


2. Questionnement ............................................................................................................................ 8
3. Question de départ ........................................................................................................................ 9
4. Analyse de situation...................................................................................................................... 9
4.1 D’un point de vue juridique................................................................................................... 9
4.2 D’un point de vue des chartes ............................................................................................. 13
4.3 D’un point de vue déontologique ........................................................................................ 17
4.4 D’un point de vue moral, spirituel, religieux et philosophique ........................................... 21
4.5 D’un point de vue éthique ................................................................................................... 24
4.6 D’un point de vue expérientiels........................................................................................... 25
5. Scénari ........................................................................................................................................ 26
6. Argumentation des points positifs et perfectibles du travail de groupe ...................................... 28
7. Bibliographie / Webographie / Sitographie................................................................................. 30

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1. Description de la situation

Étudiante en 2ème année de soins infirmiers. Nous sommes le 22 mars à 15h, j’effectue
la prise des paramètres vitaux de Mme L qui est à J3 de son hospitalisation en cardiologie
en soins intensifs suite à un arrêt cardio-respiratoire.

[Mme L. vit seule en rez-de-chaussée. Elle est autonome, cependant elle ne sort plus de
chez elle depuis 2 semaines parce qu’elle est sujette à plusieurs chutes enregistrées par la
présence verte. De ce fait, pour l’aider à l’entretien de sa maison, elle a une aide-ménagère
2 heures par semaine. Elle a 2 fils, un qui vit dans la région et l'autre en région parisienne.
Elle n’a pas écrit de directives anticipées, ni de personne de confiance. Elle n’est ni sous
tutelle, ni sous curatelle.]

Le matin du 20 mars 2022, Mme L., âgée de 93 ans, est tombée à son domicile. Une
présence verte a été installée chez elle au vu des nombreuses chutes réalisées ces derniers
jours. Lors de celle-ci, Mme L. a appuyé sur la présence verte déclenchant l’intervention des
secours. Les pompiers, premiers arrivés sur place, ont retrouvé la patiente consciente au
sol. Soudainement l’état de Mme L. se dégrade et elle fait un arrêt cardio-respiratoire. Les
pompiers et le SMUR appelé en renfort, ont procédé à la réanimation d’urgence. En effet,
le massage cardiaque associé à 1 choc électrique externe par le défibrillateur semi-
autonome1 ont réussi à faire repartir son cœur. Des marbrures présentes au niveau des
genoux et une saturation à 95 % ont nécessité la mise en place de 4L d’oxygène. L’ECG
réalisé sur place montre un bloc auriculoventriculaire complet (BAVc)2 et un QRS large avec
un retard gauche. Un traitement par un b stimulant a été débuté. Durant le trajet, Mme L. a
eu une dose de morphine pour diminuer la douleur.

Mme L. est entrée en service d’urgence cardiologique et soins intensifs à 10h. Sur le plan
clinique, Mme L. était confuse, agitée et désorientée. Sur le plan hémodynamique, elle était
instable : elle était hypertendue avec une tension à 177/74 mmHg, en bradycardie avec une
fréquence cardiaque à 40 battement/minute et une saturation à 98% sous 4L d’oxygène en
masque à haute concentration. Le médecin a prescrit un bilan biologique complet, un ECG,
une ETT et a maintenu l’antalgique de palier III et un benzodiazépine. L’ECG réalisé par

1
Le défibrillateur semi-automatique (DSA) est un défibrillateur automatisé qui analyse le tracé cardiaque d'une
personne en arrêt cardio-respiratoire et évalue si un choc électrique externe est ou non nécessaire.
2
Le Bloc auriculo-ventriculaire complet est une interruption de la conduction électrique entre les oreillettes et
les ventricules. Cette interruption affecte la capacité du pompage du cœur et peut conduire à l’arrêt cardiaque.
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l’externe a montré un bloc auriculo-ventriculaire complet avec un échappement de l’onde
QRS. En l’absence de l’échappement de l’onde QRS, le bloc auriculaire aurait pu conduire
à une mort subite. L’infirmière a réalisé le prélèvement du bilan biologique à 11h30. Le
médecin a prescrit le maintien du β-stimulant3. L’ETT, réalisé à 11h45 par l’interne de service,
a montré une valve aortique calcifiée mais difficilement évaluable du fait de son bloc
auriculo-ventriculaire complet et une fraction d’éjection du ventricule gauche de 40%. Le
bilan biologique montre une hypokaliémie, une troponine élevée et les proBNP élevés. Le
médecin a prescrit un maintien des β-stimulants et l’introduction de potassium. Un scanner
cérébral a été réalisé ne montrant aucun signe de focalisation (expression permettant
d’identifier un signe neurologique). Au vu des troubles du rythme de la patiente, une
intervention pour une pose de pacemaker a été envisagée pour le mardi 22 mars. L’équipe
médicale a prévu d’en discuter avec les fils, car pour faire la pose de pacemaker les
paramètres hémo-dynamique de Mm L. ainsi que son activité électrique doivent se
stabiliser.

Le 21 mars à l'aube, il y a eu une récidive de BAVc avec plusieurs torsades de pointe. Les
torsades de pointe sont des arythmies définies comme des tachycardies ventriculaires
(fréquence cardiaque souvent > 160 bpm)

Sur le plan clinique, elle était toujours confuse, agitée et désorientée, c’est pourquoi une
contention a été prescrite par le médecin. Cependant, lors du passage de l’infirmière pour
l’évaluation de la douleur, elle a été capable d’exprimer une douleur à 6/10 sur l’échelle
numérique.

Le 21 en milieu de matinée, une réunion entre médecins (médecin chef, médecin du service
et les internes) a eu lieu avec la cadre de service, afin de décider s’il faut réanimer Mme L.
en cas de nouvel arrêt cardiaque. Après discussion, l'équipe médicale a décidé que la
réanimation serait considérée comme de l’acharnement thérapeutique. Il est prévu que le
médecin en discute avec les fils. A 12h, lors du passage de l’infirmière pour l’évaluation de
la douleur, elle a été capable de nouveau d’exprimer une douleur à 6/10 sur l’échelle
numérique. Suite à cela, le médecin a prescrit une majoration de la morphine ainsi qu’une

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Le β-stimulant. un traitement d’urgence cardiaque qui permet d’augmenter la fréquence cardiaque de Mm L.,
d’améliorer la vitesse de conduction électrique auriculo-ventriculaire et d’augmenter la force contractile du
myocarde.

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diminution du benzodiazépine. La patiente est orientée et calme donc l’équipe a pu la
décontentionnée. A 20h, elle a exprimé une douleur à 0/10 sur l’échelle numérique.

Le 22 mars à 15H, je fais la surveillance de cette patiente avec ma tutrice. Pendant qu’elle
consulte la planification de soin sur le DPP, je frappe à la porte et j’entre dans la
chambre. Une fois entrée, j’active la présence et laisse la porte en partie ouverte pour ma
tutrice. Je salue Mme L. J’observe qu'elle est endormie et le son de ma voix l’avait
légèrement réveillée. Je me suis présentée et lui ai demandé comment elle allait. Mme L.
m’a souri. J’étais surprise, par apports aux transmissions je m’attendais à être face à une
patiente agitée. La patiente n’était pas totalement consciente. Sur le plan clinique elle était
calme, en état de somnolence, non agitée mais réceptive à ma présence car elle me
regardait et me souriait. Sur le plan hémodynamique, elle est en hypertension avec une
pression artérielle à 194/84 mmHg, elle est en bradycardie à 54 bpm, une saturation à 95%
pourcent sous 4L d’oxygène.

A 16h, le médecin du service s’est entretenu avec l'un des fils de Mme L, celui qui vit dans
la région. Des explications ont été faites au fils sur la possibilité d’arrêter les traitements
visant à accélérer le cœur pour se diriger vers des soins de confort. Une pose de pacemaker
est envisageable mais cela semble discutable au vu de l’altération de l’état général de Mme
L. Ces explications ont été comprises par le fils et il rejoint l’avis de l’équipe médicale. Celui-
ci est contre l’acharnement thérapeutique. Le fils a également évoqué une notion de perte
d’autonomie de la patiente au vu de ses chutes régulières à la maison. Elle avait de plus en
plus de difficultés à répondre à ses besoins fondamentaux seule.

À 18h, au vu de la situation d’urgence, le fils habitant la région parisienne a rencontré le


médecin. Celui-ci a donné les mêmes informations qu’au premier fils. Il évoque un souhait
de maintenir la continuité des soins notamment la prise du β-stimulant. Il souhaite que si
l’état de sa mère se stabilise, une pose de pacemaker soit réalisée. Il comprend bien la
situation et accepte la non-réanimation en cas de nouvel arrêt cardiaque.

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2. Questionnement

• Comment être sûre que Mme L. n’est réellement pas en capacité de se prononcer ?

• Les droits de Mme L. ont-ils vraiment été respectés ?

• L’agitation, la confusion et la désorientation seraient dus au changement


d’environnement et non d’un trouble cognitif ?
• Cette agitation, cette confusion ne proviendraient ils pas des effets secondaires des
traitements ?
• Ces fils sont-ils les mieux placés pour prendre cette décision ?
• A-t-elle une personne de confiance ?
• Est-elle veuve ?
• Pourquoi l’équipe pluridisciplinaire n’a pas recherché l’avis, le consentement, les
désirs de Mme L. ?
• Son âge n’a-t-il pas influencé la décision ?
• Toutes les options possibles ont-elles été envisagées ?
• A-t-on vraiment entamé la discussion avec la patiente ?
• Faudrait-il envisager un bilan neuropsychologique ?
• A-t-on une notion de GIR (Groupe Iso Ressource) chez cette dame ?
• Sachant qu’elle n’est ni sous tutelle, ni sous curatelle et qu’elle gérait tout chez elle,
en quoi ne pourrait-elle pas prendre sa décision ?
• Faut-il prendre en compte le coût d’un pacemaker au vu de son âge ?
• A-t-elle des directives anticipées ?
• Ses fils sont-ils capables de prendre une telle décision ?
• Quel âge ont les fils ?
• Ont-ils compris l’état général de leur maman ?
• Avaient-ils compris la pathologie ?
• Le médecin influence-t-il le choix des fils ?
• Le médecin à t-il parler réellement avec la patiente ?
• A-t-elle une croyance ?
• L’implication du médecin peut-il influencer le choix des fils sur l’état d’urgence de leur
mère ?

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3. Question de départ

En quoi l’état d’agitation, de confusion, de désorientation de la patiente peut-il


influer sur la recherche de consentement ?

4. Analyse de situation

4.1 D’un point de vue juridique

• Code de la Santé Publique : Article L1110-5 Version en vigueur depuis le 04


février 2016

Modifié par LOI n°2016-87 du 2 février 2016 - art. 1

« Toute personne a, compte tenu de son état de santé et de l'urgence des interventions que
celui-ci requiert, le droit de recevoir, sur l'ensemble du territoire, les traitements et les soins
les plus appropriés et de bénéficier des thérapeutiques dont l'efficacité est reconnue et qui
garantissent la meilleure sécurité sanitaire et le meilleur apaisement possible de la
souffrance au regard des connaissances médicales avérées […]

Les actes de prévention, d'investigation ou de traitements et de soins ne doivent pas, en


l'état des connaissances médicales, lui faire courir de risques disproportionnés par rapport
au bénéfice escompté. »

Au regard de la situation :

La patiente a le droit de recevoir le traitement le plus bénéfique c’est-à-dire qu’elle a


le droit de se voir poser un pacemaker. L’équipe médicale avait envisagé cet acte dans un
premier temps. Dans un second temps, l’équipe médicale a estimé que la pose du
pacemaker entrainait plus de risque pour la patiente notamment le risque d’arrêt cardiaque
au vu de son âge et de son état clinique.

• Code de la Santé Publique : Article L1110-5-1Version en vigueur depuis le 04


février 2016

Création LOI n°2016-87 du 2 février 2016 - art. 2

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« Les actes mentionnés à l'article L. 1110-5 ne doivent pas être mis en œuvre ou poursuivis
lorsqu'ils résultent d'une obstination déraisonnable. Lorsqu'ils apparaissent inutiles,
disproportionnés ou lorsqu'ils n'ont d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, ils
peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris, conformément à la volonté du patient et,
si ce dernier est hors d'état d'exprimer sa volonté, à l'issue d'une procédure collégiale définie
par voie réglementaire. »

Au regard de la situation :

La patiente n’ayant plus la capacité de donner son avis, une réunion collégiale doit
être entrepris.

• Code de la Santé Publique : Article L1110-4

« En cas de diagnostic ou de pronostic grave, le secret médical ne s'oppose pas à ce que


la famille, les proches de la personne malade ou la personne de confiance définie à l'article
L. 1111-6 reçoivent les informations nécessaires destinées à leur permettre d'apporter un
soutien direct à celle-ci, sauf opposition de sa part. Seul un médecin est habilité à délivrer,
ou à faire délivrer sous sa responsabilité, ces informations. »

Au regard de la situation :

Le médecin a le droit de transmettre des informations sur l’état général de la patiente à


ses enfants.

• Code de la Santé Publique : Article L1111-6 Version depuis le 01 octobre 2020

Modifié par Ordonnance n° 2020-232 du 11 mars 2020 - art. 3


« Toute personne majeure peut désigner une personne de confiance qui peut être un parent,
un proche ou le médecin traitant et qui sera consultée au cas où elle-même serait hors d'état
d'exprimer sa volonté et de recevoir l'information nécessaire à cette fin. Elle rend compte de
la volonté de la personne. Son témoignage prévaut sur tout autre témoignage. Cette
désignation est faite par écrit et cosignée par la personne désignée. Elle est révisable et
révocable à tout moment. »

• Code de la Santé Publique : Article L1111-4 Version en vigueur depuis le 01


octobre 2020

Modifié par Ordonnance n° 2020-232 du 11 mars 2020 - art. 2

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« Toute personne prend, avec le professionnel de santé et compte tenu des informations et
des préconisations qu'il lui fournit, les décisions concernant sa santé. »

Au regard de la situation :

La patiente prend la décision après avoir reçu toutes les informations des possibilités
(pose de pacemaker, arrêt de la réanimation, arrêt des soins, …). Seulement, la patiente
n’a jamais été informé de son état.

« Toute personne a le droit de refuser ou de ne pas recevoir un traitement. Le suivi du


malade reste cependant assuré par le médecin [...] Le médecin a l'obligation de respecter
la volonté de la personne après l'avoir informée des conséquences de ses choix et de leur
gravité. Si, par sa volonté de refuser ou d'interrompre tout traitement, la personne met sa
vie en danger, elle doit réitérer sa décision dans un délai raisonnable. Elle peut faire appel
à un autre membre du corps médical. L'ensemble de la procédure est inscrit dans le dossier
médical du patient.

Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et
éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment. »

Au regard de la situation :

« La patiente n’a pas pu exprimer de souhait sur la poursuite ou non dans sa prise
en charge, elle n’a pas eu l’opportunité de consulter un autre médecin. Le consentement de
la patiente n’a été demandé à aucun moment dans la prise en charge.

Lorsque la personne est hors d'état d'exprimer sa volonté, aucune intervention ou


investigation ne peut être réalisée, sauf urgence ou impossibilité, sans que la personne de
confiance prévue à l'article L. 1111-6, ou la famille, ou à défaut, un de ses proches ait été
consulté. »

Au regard de la situation :

La famille de la patiente a effectivement pu prendre la décision d’arrêt des soins

« Lorsque la personne est hors d'état d'exprimer sa volonté, la limitation ou l'arrêt de


traitement susceptible d'entraîner son décès ne peut être réalisé sans avoir respecté la
procédure collégiale mentionnée à l'article L. 1110-5-1 et les directives anticipées ou, à
défaut, sans que la personne de confiance prévue à l'article L. 1111-6 ou, à défaut la famille
ou les proches, aient été consultés. La décision motivée de limitation ou d'arrêt de traitement
est inscrite dans le dossier médical. »
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Au regard de la situation :

La patiente ne pouvant pas donner son consentement, une procédure collégiale n’a
pas été réalisée dans les règles c'est-à-dire pas la présence d'un médecin extérieur au
service et l’équipe paramédicale n’y a pas participé.

« Le consentement, mentionné au quatrième alinéa, de la personne majeure faisant l'objet


d'une mesure de protection juridique avec représentation relative à la personne doit être
obtenu si elle est apte à exprimer sa volonté, au besoin avec l'assistance de la personne
chargée de sa protection. Lorsque cette condition n'est pas remplie, il appartient à la
personne chargée de la mesure de protection juridique avec représentation relative à la
personne de donner son autorisation en tenant compte de l'avis exprimé par la personne
protégée. Sauf urgence, en cas de désaccord entre le majeur protégé et la personne
chargée de sa protection, le juge autorise l'un ou l'autre à prendre la décision. »

Au regard de la situation :

La patiente n’a pas de protection juridique mais celle-ci si considérée dans


l’incapacité cognitive de donner son avis a le droit d’exprimer ses souhaits ce qui n’a pas
été réalisé auprès de Mme L.

• Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, article 1 :

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »

Au regard de la situation :

Mme L. en tant qu’être humain à des droits.

• Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948, article 3 :

« Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. »

Au regard de la situation :

La patiente est libre de faire les choix qu’elle veut par rapport à sa personne.

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4.2 D’un point de vue des chartes

• Charte de la personne hospitalisée, Chapitre 2 :

« Les établissements de santé garantissent la qualité de l’accueil, des traitements et des


soins.

Lorsque les personnes sont parvenues au terme de leur existence, l’établissement met tout
en œuvre pour leur assurer une vie digne jusqu’à la mort. À cet égard, la prise en compte
de leur volonté est essentielle. »

Au regard de la situation :

La volonté de madame L. n’a pas été prise en compte.

• Charte de la personne hospitalisée, Chapitre 4 :

« Un acte médical ne peut être pratiqué qu’avec le consentement libre et éclairé du


patient. [..] aucun acte médical ne peut être pratiqué sans le consentement de l’intéressé.
Lorsque la personne n’est pas en état d’exprimer sa volonté, sauf urgence ou impossibilité,
le médecin ne pourra réaliser aucune investigation ni traitement sans avoir consulté au
préalable la personne de confiance, la famille ou, à défaut, un de ses proches. »

Au regard de la situation :

Aucun consentement n’a été recueilli. Son état n’a pas été évalué. De ce fait sa
famille a été contactée et consultée sans elle.

« Il doit être éclairé, c’est-à-dire que la personne doit avoir été préalablement informée des
actes qu’elle va subir, des risques fréquents ou graves normalement prévisibles en l’état
des connaissances scientifiques et des conséquences que ceux-ci pourraient entraîner. »

Au regard de la situation :

La patiente n’a pas été informée. Il n’y a pas eu de communication avec elle.

« En fin de vie (c’est-à-dire lorsque la personne se trouve « en phase avancée ou terminale


d’une affection grave et incurable »), dès lors que la personne, dûment informée des
conséquences de son choix et apte à exprimer sa volonté, fait valoir sa décision de limiter
ou d’arrêter les traitements, celle-ci s’impose au médecin. »

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Au regard de la situation :

La patiente n’a pas été consultée quant aux conséquences de son état de ce fait, elle
n’a pas pu faire part de son avis pour la suite.

« Lorsqu’une personne est hors d’état d’exprimer sa volonté, qu’elle soit en fin de vie ou
non, et que les actes de prévention, d’investigation ou de soins apparaissent inutiles,
disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, le médecin
peut prendre la décision de les limiter ou de les arrêter. Cette décision ne peut cependant
être prise qu’après concertation avec l’équipe de soins et dans le cadre d’une procédure
collégiale. Le médecin ne prend en effet sa décision qu’après consultation d’au moins un
autre médecin avec lequel il n’entretient aucun lien hiérarchique. Par ailleurs, il prend en
compte les souhaits précédemment exprimés par la personne quant à sa fin de vie. Cette
volonté doit être recherchée. ”

Au regard de la situation :

Il n’y a pas eu de volonté recherchée auprès de madame L. et la réunion pour discuter


de son état ne s'est faite qu’entre l’équipe sans procédure collégiale.

« Lors de son admission, toute personne hospitalisée majeure est systématiquement


informée de la possibilité qui lui est offerte de désigner une personne de confiance. Cette
désignation est effectuée par écrit et vaut pour toute la durée de l’hospitalisation, à moins
que le patient n’en décide autrement. Elle est révocable à tout moment »

Au regard de la situation :

On n’a pas demandé à la patiente si elle souhaitait désigner une personne de


confiance.

« Les directives anticipées témoignent en effet de la volonté d’une personne, alors que celle-
ci était encore apte à l’exprimer et en état de le faire. Toutefois, les directives anticipées
n’ont pas de valeur contraignante pour le médecin. Celui-ci reste libre d’apprécier les
conditions dans lesquelles il convient d’appliquer les orientations exprimées par le patient
dans ce document compte tenu de la situation concrète et de l’éventuelle évolution de l’état
de l’art médical. »

Au regard de la situation :

Dans ce cas, nous ne savons pas si la patiente à des directives anticipés. Nous ne
lui avons pas demandé.
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• Charte éthique et accompagnement du grand âge, Chapitre 2 :

« Favoriser l’expression par la personne de l’ensemble de ses potentialités. Se préoccuper


de l’effectivité de ses droits. Préserver le plus possible son intégrité, son bien-être, son
confort et ses intérêts, tout en réduisant au maximum les restrictions éventuelles à l’exercice
de ses libertés. »

Au regard de la situation :

Madame L. n’a pas eu ses droits respectés. Elle n’a pas pu s’exprimer. On ne l’a pas
laissé libre de choisir sa prise en soin.

• Charte éthique et accompagnement du grand âge, Chapitre 3 :

« Être à l’écoute de ce que la personne sait, comprend et exprime. L’informer de façon loyale,
adaptée et respecter ses décisions. S’assurer de son consentement ou, à défaut, de son
assentiment. Tenir compte de son histoire, de sa culture et de ce à quoi elle attache de la
valeur. »

Au regard de la situation :

La patiente n'a pas été écoutée. Elle n’a pas été informée de son état, on ne sait pas si elle
comprenait vraiment ce qu’il lui arrivait. De ce fait son consentement n’a pas été recueilli.
Seule sa famille a eu les informations et a été appelée pour prendre une décision pour la
suite des soins.

• Charte éthique et accompagnement du grand âge, Chapitre 7 :

« Faire en sorte que chacun puisse bénéficier, jusqu’au terme de son existence, de la
meilleure qualité de vie possible. Permettre aux personnes qui le souhaitent d’indiquer à
l’avance leurs préférences et leurs volontés. »

Au regard de la situation :

Alors que l’état clinique de madame L. était instable, elle n’a pas eu la possibilité
d’indiquer ses préférences et ses volontés.

• Charte de la personne âgée dépendante, article 4, Vie sociale et culturelle :

« Toute personne âgée en situation de handicap ou de dépendance conserve la liberté de


communiquer [...] et de participer à la vie en société. »

Au regard de la situation :

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Même si actuellement la patiente est en situation de handicap elle devrait garder le
droit de communiquer or on ne l’a pas écouté. On ne lui a pas laissé le choix de choisir ses
projets pour la suite, pour sa vie en société.

• Charte de la personne âgée dépendante, article 9, Accès aux soins et à la


compensation des handicaps :

« Toute personne âgée en situation de handicap ou de dépendance doit avoir accès aux
conseils, aux compétences et aux soins qui lui sont utiles. »

Au regard de la situation :

La patiente n’a pas eu accès aux conseils concernant sa pathologie afin de savoir les
différentes options qu’elle avait. Elle ne pouvait donc pas avoir accès aux compétences et
aux soins qui aurait pu lui être utile.

• Charte Alzheimer, maladies apparentées, éthique & société, Chapitre 1.2, 1.4, 2.2,
2.3, 2.8

1.2 « Les soignants et l’entourage s’interdisent de classifier les attitudes de la personne


malade uniquement en fonction de sa pathologie, reconnaissent son juste droit à s’exprimer
et l'acceptent comme tel chaque fois qu’un comportement ne constitue pas un trouble évalué
médicalement comme pathologique. Les capacités de la personne doivent être soutenues
afin d’être préservées aussi longtemps que possible. Les professionnels s’engagent ainsi à
l’inviter à participer activement à chaque acte de son quotidien pour se maintenir dans ses
engagements et préserver ses possibles. »

1.4 « La parole et l’expression de la personne sont recherchées, et les professionnels initient


toute forme d’action et de dispositifs pour les favoriser. »

2.2 « S’impose l’exigence de rechercher ses souhaits et d’en faciliter l’expression, de


privilégier son autonomie d’action et de décision tout en tenant compte de ses capacités
préservées et de ses difficultés, à ré évaluer afin de respecter ses possibilités. Pour cela et
autant que nécessaire, les capacités de la personne malade doivent être évaluées,
réévaluées selon des méthodologies avérées, et le champ de ses possibilités exploré sans
a priori. »

2.3 « La personne malade doit pouvoir bénéficier d’une autonomie d’action et de décision,
tenant compte de ses capacités cognitives, physiques et psychiques. Dans ce contexte,
savoir accepter un risque réfléchi et concerté est justifié. Seules les précautions

16
indispensables selon les recommandations de bonnes pratiques, doivent être
préconisées. »

2.8 « La famille et les proches, les professionnels de l’aide et de l’accompagnement


juridique sous toutes ses formes doivent s’efforcer de rechercher, favoriser et entendre
l’expression, y compris non verbale, des choix et des désirs de la personne. Ils se doivent
de respecter, chaque fois que possible, ses préférences et admettre ses refus. »

Au regard de la situation :

La charte Alzheimer est spécifique à la région Ile de France. Elle a été créée pour
permettre une meilleure prise en soins des personnes atteintes de trouble cognitif. Madame
L. n’est pas atteinte de cette pathologie mais le fait qu’elle soit agitée, confuse et désorientée
(symptômes pouvant intervenir dans la maladie d’Alzheimer) a fait que l’équipe ne s'est pas
entretenue avec elle. Malgré la présence de ses troubles, Mme L. aurait pu exprimer ses
souhaits dans la mesure du possible et être entendue.

4.3 D’un point de vue déontologique

• ARTICLE R.4127-3 du code de la déontologie médicale

« Le médecin doit, en toutes circonstances, respecter les principes de moralité, de probité


et de dévouement indispensables à l’exercice de la médecine. »

Au regard de la situation :

Le médecin en ne recherchant pas le consentement de la patiente et en ne respectant


pas le protocole de réunion collégiale, ne respecte pas le principe de moralité.

• ARTICLE R.4127-32 du code de la déontologie médicale

« Dès lors qu’il a accepté de répondre à une demande, le médecin s’engage à assurer
personnellement au patient des soins consciencieux, dévoués et fondés sur les données
acquises de la science, en faisant appel, s’il y a lieu, à l’aide de tiers compétents. »

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Au regard de la situation :
Le médecin n’a pas consulté de spécialiste pour diagnostiquer le niveau de
cognition. Le médecin a-t-il les compétences pour évaluer le niveau de cognition.

• ARTICLE R.4127-35 du code de la déontologie médicale

« Le médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille une information
loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose. Tout
au long de la maladie, il tient compte de la personnalité du patient dans ses explications et
veille à leur compréhension. »

Au regard de la situation :
Le médecin ne lui a pas donné d'informations sur son état.

« Toutefois, lorsqu’une personne demande à être tenue dans l’ignorance d’un diagnostic ou
d’un pronostic, sa volonté doit être respectée, sauf si des tiers sont exposés à un risque de
contamination. »

Au regard de la situation :
La patiente peut être tenu dans l’ignorance concernant son état seulement en sa
demande. Mme L. n’a jamais demandé à être tenu dans l’ignorance.

« Un pronostic fatal ne doit être révélé qu’avec circonspection, mais les proches doivent en
être prévenus, sauf exception ou si le malade a préalablement interdit cette révélation ou
désigné les tiers auxquels elle doit être faite. »

Au regard de la situation :
La patiente n’a pas exprimé la non-divulgation d’informations à ses enfants.

• ARTICLE R.4127-36 du code de la déontologie médicale

« Le consentement de la personne examinée ou soignée doit être recherché dans tous les
cas »

18
• Article R4312-14 Code de la déontologie infirmière

« Le consentement libre et éclairé de la personne examinée ou soignée est recherché dans


tous les cas. Lorsque le patient, en état d’exprimer sa volonté, refuse le traitement proposé,
l'infirmière respecte ce refus après l’avoir informé de ses conséquences et, avec son accord,
le médecin prescripteur. Si le patient est hors d’état d’exprimer sa volonté, l’infirmier ne peut
intervenir sans que la personne de confiance prévue à l’article L. 1111-6, ou la famille, ou à
défaut, un de ses proches ait été consulté. L’infirmier appelé à donner des soins à un mineur
ou à un majeur protégé s’efforce, sous réserve des dispositions de l’article L. 1111-5, de
prévenir ses parents ou son représentant légal et d’obtenir leur consentement. En cas
d’urgence, même si ceux-ci ne peuvent être joints, l’infirmier donne les soins nécessaires.
Si l’avis de l’intéressé peut être recueilli, l’infirmier en tient compte dans toute la mesure du
possible »

Au regard de la situation :

Le consentement de Mme L n’a jamais été recherché.

• ARTICLE R.4127-37 du code de la déontologie médicale

« En toutes circonstances, le médecin doit s’efforcer de soulager les souffrances du malade


par des moyens appropriés à son état et l’assister moralement. Il doit s’abstenir de toute
obstination déraisonnable et peut renoncer à entreprendre ou poursuivre des traitements
qui apparaissent inutiles, disproportionnés ou qui n’ont d’autre effet que le seul maintien
artificiel de la vie. »

Au regard de la situation :
Le médecin a décidé de renoncer à la réanimation en cas d'arrêt cardiaque.

• ARTICLE R.4127-37-1 du code de la déontologie médicale

« Lorsque le patient est hors d’état d’exprimer sa volonté, le médecin en


charge du patient est tenu de respecter la volonté exprimée par celui-ci dans des directives
anticipées. »
19
Au regard de la situation :
La patiente n’avait pas de directives anticipées

• ARTICLE R.4127-37-2 du code de la déontologie médicale

« La décision de limitation ou d’arrêt de traitement est prise par le médecin en charge du


patient à l’issue de la procédure collégiale. Cette procédure collégiale prend la forme d’une
concertation avec les membres présents de l’équipe de soins, si elle existe, et de l’avis
motivé d’au moins un médecin, appelé en qualité de consultant. Il ne doit exister aucun lien
de nature hiérarchique entre le médecin en charge du patient et le consultant. L’avis motivé
d’un deuxième consultant est recueilli par ces médecins si l’un d’eux l’estime utile.
Lorsque la décision de limitation ou d’arrêt de traitement concerne un mineur ou un majeur
protégé, le médecin recueille en outre l’avis des titulaires de l’autorité parentale ou du tuteur,
selon les cas, hormis les situations où l’urgence rend impossible cette consultation. »

Au regard de la situation :
La procédure collégiale n’a pas été respectée car toute l’équipe soignante (Infirmier/e,
aide-soignant/e) et le médecin sans rapport hiérarchique n’étaient présents lors de la
réunion.

• ARTICLE R.4127-37-3

« Le recours à une sédation profonde et continue, ainsi définie, doit, en l’absence de volonté
contraire exprimée par le patient dans ses directives anticipées, être décidé dans le cadre
de la procédure collégiale prévue à l’article R. 4127-37-2. »
« En l’absence de directives anticipées, le médecin en charge du patient recueille auprès
de la personne de confiance ou, à défaut, auprès de la famille ou de l’un des proches, le
témoignage de la volonté exprimée par le patient. »

Au regard de la situation :
En l’absence de directives anticipées rédigées par la patiente, le médecin a recueilli
le consentement auprès de la famille.

20
• Article R4312-13, Code de la déontologie infirmière :

« L’infirmier met en œuvre le droit de toute personne d’être informée sur son état de santé
dans le respect de ses compétences professionnelles. »

Au regard de la situation :
Le patient n’a pas été informé de son état de santé.

• Article R4312-10, Code de la déontologie infirmière

« L’infirmier agit en toutes circonstances dans l’intérêt du patient. Ses soins sont
consciencieux, attentifs et fondés sur les données acquises de la science. Il y consacre le
temps nécessaire en s’aidant, dans toute la mesure du possible, des méthodes scientifiques
et professionnelles les mieux adaptées. Il sollicite, s’il y a lieu, les concours appropriés. »

Au regard de la situation :
L’infirmière a agi dans l'intérêt du patient en lui administrant les traitements
nécessaires et effectuer les surveillances, mais il n’y avait aucunes donnés scientifiques
pour que l'équipe puisse déterminer d'une capacité cognitive réduite.

4.4 D’un point de vue moral, spirituel, religieux et philosophique

• Communication verbale :

Selon Bruno Joly : « La communication, c’est l’action de communiquer, de transmettre,


d’informer. Cette fonction désigne l’étude générale du langage sous trois aspects :

• l’expression (celui qui utilise ce type de communication cherche à communiquer une


intention, une émotion, un état de conscience) ;
• la représentation (donne des informations sur les événements, re transmet un savoir) ;
• l’action sur autrui (cherche à convaincre, à séduire, à influencer autrui, transmet des
ordres, intime des interdictions). »

• Communication non verbale :

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La communication non verbale désigne tous les éléments d'un échange qui n'ont pas
un lien direct avec la parole. La discipline est étudiée en psychologie, partant du principe
que notre corps fait parfois passer des messages plus forts que nos mots.

« La communication est indispensable, jamais suffisante »

Yvon Rivard

• État d’agitation :

L’agitation est définie, selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles


mentaux (DSM 5), comme « une activité motrice excessive associée à un état de tension
intérieure. L’activité est en général improductive et stéréotypée.

"Ceux qui sont pour la liberté sans agitation sont des gens qui veulent la pluie sans orage.”
Mark Twain

• État de confusion :

La confusion, quant à elle, est un trouble aigu, transitoire de l'attention, de la cognition


et de la conscience, habituellement réversible et très fluctuant. Les causes comprennent
presque toutes les affections, ou médicaments.

• Consentement :

Le consentement doit être "libre et éclairé". Cela signifie qu’il ne doit pas être obtenu
sous la contrainte. Le patient doit donner son consentement après avoir reçu préalablement
du médecin une information claire, complète, compréhensible et appropriée à sa situation.

“La volonté absolue ne consent pas au mal ; mais la volonté y consent dans la mesure où
elle craint, par refus, de tomber dans un plus grand malheur.” Dante.

• Corps-objet :

Le corps objet réduit l’individu a l’état inerte de chose. Cette notion considère
l’individu que par apport à l’espace qu’occupe son corps excluant toute dimension humaine.

22
• Corps-sujet :
Le corps sujet, renvoie à considérer l’individu dans son entier. Cette notion permet
d’engager la dimension sociale, psychoaffective, environnementale, et identitaire de l’être
humain.

« L’être humain ne se limite pas à un corps objet – une forme de machine – sur lequel on
peut appliquer son savoir et ses techniques aussi brillants, aussi sophistiqué, aussi
spectaculaire soit-il. C’est l’être en tant que tel, en tant que corps sujet, celui qui a besoin
de sens » Walter HESBEEN

• Selon la religion :

Chaque religion diffère mais chacune d’elle n’est pas pour un acharnement
thérapeutique. Si la vie est arrivée à terme, il faut arrêter tout type de soin et laisser la
personne finir sa vie comme elle doit être finie.

• Conclusion :

L’état d’agitation, symptôme souvent présent dans des pathologies entraînant un


déclin des fonctions cognitives, a été retenu par l’équipe soignante comme un obstacle à la
compréhension de la situation. L’analgésique de palier III, l’hypnotique mais aussi la non-
information de la patiente ont pu entraîner cet état d’agitation, de confusion et de
désorientation entravant la recherche de consentement.

La patiente a pu communiquer avec l’équipe soignante lors de l’évaluation de sa


douleur. Cette communication pourrait remettre en question l’hypothèse d’un déficit cognitif
éventuel de Mme L. De ce fait, la recherche de consentement auprès de Mme L. n’a pas
été réalisée. De plus, aucune information n’a été recueillie sur ses valeurs, sa religion et ses
volontés. Par conséquent, l’information de l’état de la patiente a été réalisée auprès de ses
fils qui sont à ce jour les seules personnes ressources. En outre, il est important de
rechercher un consentement éclairé ou des directives anticipées potentiellement abordées
avec ses fils.

Dans l’urgence de la situation, la décision médicale de non-réanimation a été


décidée, cependant d’un point de vue moral, la personne concernée doit être la seule à faire
un tel choix. De plus, lorsqu’une décision doit être prise, il est important que la personne
concernée soit consciente, consentante et ait la capacité de communiquer son accord ou
non.

23
4.5 D’un point de vue éthique

• Principe d’autonomie :

L’autonomie de la personne malade repose sur la liberté de prise de décision


concernant sa santé. Pour que ce principe soit possible, il faut que la patiente reçoive une
information loyale concernant son état de santé, c'est-à-dire, qu’elle connaisse et
comprenne les bénéfices et les risques encourus en cas de d’arrêt de la réanimation. En
effet, dans la situation, Mme L. n’a pas reçu d’information concernant son état de santé. De
plus, on se pose énormément de questions sur sa réelle incapacité à donner son
consentement. Il est notamment important de souligner qu’elle n’est sous aucune protection
juridique avant l’incident ce qui montre qu’elle a l'entièreté de ses facultés décisionnelles.

• Principe de Bienfaisance :

Il s’agit du principe qui prend en compte l’ensemble des actions qui peuvent être
réalisées pour le bien-être des personnes.

Sachant que notre patiente a été contentionée pour agitation, désorientation et confusion.
Elle est à présent décontentionnée, mais ne risque-t-elle pas de repartir dans ses troubles
si on lui explique son état ? Ne vaut-il pas mieux la laisser dans l’ignorance et en parler
plutôt avec ses 2 fils ? Ne risquons-nous pas de majorer à nouveau son angoisse ? Son
état est-il vraiment lié à de l’angoisse ? N'était-il pas lié au manque d’informations ? Doit-on
tenter de rentrer en communication avec elle autrement qu’uniquement pour la douleur ? Au
vu de son état ne serait -il pas pertinent de lui proposer de faire ses directives anticipées ?

• Principe de justice

Le principe de justice renvoie à l’équilibre dans les relations humaines. Il est défini par
la reconnaissance et le respect des droits de chacun. Ainsi la justice veille à ce que les
droits de chaque individu soient respectés avec équité.

24
Mme L. considérée en tant que “malade” (terme utilisé par le code de la santé publique) n’a
pas eu l’opportunité de donner son accord intrinsèque concernant l’arrêt de la prise en
charge de la réanimation.
L’accord extrinsèque à Mme L a été privilégié. Dans le cadre du code de la santé publique,
il est considéré comme juste de cesser toute obstination déraisonnable de soins. D’autre
part, est-il juste de ne pas respecter les droits de Madame L. en la privant de la possibilité
de s’exprimer et de faire valoir ses droits comme tout « individus » (terme utilisé par la dé-
claration universelle des droits de l’homme).

• Principe de non-malfaisance

Il se définit comme l’obligation de ne pas nuire ni de blesser autrui. Il est important


de faire attention à l’autre.
Au regard de la situation, ce principe est en quelque sorte biaisé. C’est-à-dire que lorsque
le médecin donne son avis sur la situation et propose une non-réanimation lors d’un second
arrêt cardio-respiratoire, celui-ci envisage et laisse le choix de poser un pacemaker pour un
potentiel prolongement de la vie. Mais lorsqu’il propose ces tels choix, ce n’est pas envers
Madame L. mais bien envers ses fils qui seront décisionnaires. Pourtant, Madame L. a
exprimé une douleur évaluable à 6/10 donc une conscience est présente. Cependant, le
médecin ne la consulte à aucun moment. Serait-ce de la non-malfaisance ?
Le médecin prescrit un hypnotique pour calmer une agitation ou encore un antalgique de
pallier 3 pour soulager une potentiel douleur. Il la comprend, l’apaise et lui permet de mieux
se sentir.
Ce principe se résume à ne pas faire souffrir autrui et les proches qui l’entoure.

4.6 D’un point de vue expérientiels

Au cours d’un stage en EHPAD je m’occupe de madame M. Cette résidente à des


troubles cognitifs, des troubles du comportement qui font qu’elle peut mordre, pincer et cra-
cher et des hallucinations. Ce matin-là, je viens la voir afin de réaliser ses soins d’hygiènes.
Aujourd'hui madame M est particulièrement agitée : elle me dit que quelqu’un la regarde par
la fenêtre et ne veux pas être déshabillé. Je ferme les rideaux et lui assure que je serai la
seule à la voir. Elle se détend un peu et après négociation elle accepte que je réalise sa

25
toilette mais désire rester en pyjama. Je lui propose donc d’en choisir un propre dans son
armoire sachant que nous sommes dimanche et que donc il n’y a pas d'impératifs. Durant
le soin, je chante avec elle et elle se détend. A la fin de mon soin, en sortant de la chambre,
j’explique la situation à l’aide-soignant qui travaille avec moi. Mais celui-ci n'est pas d'accord.
Il dit “qu’il faut absolument l'habiller", alors il rentre dans la chambre et l'habille de force.

Cette situation pourrait arriver dans n’importe quelle relation de soin et pose de sérieuses
questions sur le respect des désirs de la personne ainsi que sur la recherche du consente-
ment de la personne dans la réalisation des soins quels qu’ils soient.

5. Scénari

• Scénario 1 :

Re discuter avec le médecin pour adapter le protocole de traitements afin de diminuer son
état d’agitation, de confusion et de désorientation pour entrer en communication avec elle.

Bénéfices :

• Que madame L. soit plus éveillée.


• Que la patiente se sente écoutée et valorisée.
• Créer une relation de confiance entre la patiente et l’équipe soignante.
• Que la patiente ait une meilleure communication.
• Que Mme L puisse exprimer ses souhaits concernant son devenir.

Risques :

• Un temps d’adaptation est nécessaire.


• Difficultés à trouver le bon protocole.
• Que la patiente soit trop douloureuse, confuse et agitée pour répondre de façon
objective.

26
• Scénario 2 :

Entretien entre le fils, le médecin et la patiente. Voir pour IQ COD (questionnaire


d’évaluation du déclin cognitif d’un proche âgé auprès d’un informateur). Cet entretien sera
programmé sur un temps prévu et adapté à tous.

Bénéfices :

• Permettre une meilleure compréhension pour les fils de l’état de leur mère.
• Que toutes les personnes présentes (les fils et la patiente) aient les mêmes
informations claires et précises sur la situation.
• Créer une relation de confiance entre l’équipe soignante, les fils et madame L.
• Reconnaître la patiente comme une personne à part entière.
• Permettre à tout le monde de s’exprimer.

Risques :

• Que la patiente soit trop douloureuse, confuse et agitée pour répondre de façon
objective.
• Que leurs souhaits ne soient pas partagés et que cela crée un conflit.
• Que l’entretien n'ait pas lieu au vu de l'instabilité clinique de la patiente.
• Que la patiente reste mutique.

• Scénario 3 :

Entretien entre le médecin, l’infirmière et la patiente. Ce temps serait prévu dans la journée
pour l’informer sur l’évolution de sa pathologie, son état. Dans un second temps, évaluer
son état cognitif grâce à différents tests (exemple : MMSE). L’infirmière jouera le rôle de
médiatrice entre le médecin et la patiente (exemple : adaptation du vocabulaire médical).

Bénéfices :

• Relation de confiance entre la patiente et l’équipe soignante.


• Reconnaissance de la patiente (valorisation, considéré en tant que personne à part
entière).
• Amélioration de la communication et écoute entre le personnel soignant et Mme L.
• Meilleure connaissance de l’état cognitif de Mme L.

27
Risques :

• Que la patiente n’aille pas dans le sens de la décision de l’équipe (pas de


réanimation).
• Que la patiente reste mutique.
• Que la patiente ait une altération de son état cognitif.

• Scénario 4 :

Bilan neuro-psycho. Celui-ci serait effectué par un neurologue, un psychologue ou encore


une orthophoniste.

Bénéfices :

• Relation de confiance avec les soignants.


• Être en capacité de connaître l’état cognitif de la patiente.
• D’avoir éventuellement son consentement.

Risques :

• Ne pas avoir le temps de faire le bilan au vu de l’urgence.

• Que le résultat contredit le diagnostic médical.

6. Argumentation des points positifs et perfectibles du travail de


groupe

• Ressources :
• Bonne dynamique de groupe ;
• Adeline a déjà réalisé ce partiel, ce qui nous a permis de comprendre
plus vite les demandes potentielles de ce partiel ;
• Travail régulier, toujours à l’heure ;
• Bonne écoute de tout le groupe ;
• Entre-aide très importante.

28
• Contraintes :
• Difficultés en lien avec la description de la situation, nous avons dû
retourner sur le lieu de stage pour avoir des informations complémentaires.
• Difficulté dans la rédaction de la question de départ car la situation était
complexe et pleins de questionnements émergeaient et ont nécessité
d’aller consulter une formatrice.
• Il a été nécessaire de dégager du temps personnel supplémentaire pour la
finalisation du dossier.

• Proposition d’axes d’amélioration :

• Faire un meilleur recueil de données


• Diminuer le nombre de support de rédaction (un support par personne)

29
7. Bibliographie / Webographie / Sitographie

American Psychological Association, (2015). Diagnostic and Statistical Manual of Mental


Disorders. American Psychological Association.
https://psyclinicfes.files.wordpress.com/2020/03/dsm-5-manuel-diagnostique-et-statistique-
des-troubles-mentaux.pdf
Dante A., (2013). La divine comédie. Editions Dervy.

Espace éthique Ile de France, (2018). Charte Alzheimer, maladies apparentées, éthique et
société. https://www.espace-ethique.org/sites/default/files/180726_charte_alzheimer.pdf

Espace éthique Ile de France, (2021). Charte éthique et accompagnement grand âge.
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/2021_charte_ethique_grand-age_web.pdf

Hesbeen W. (2007). Prendre soin à l’hôpital. Elsevier Masson.

Huang J., (2021). Syndrome confusionnel. Le Manuel MSD.


https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-neurologiques/syndrome-
confusionnel-et
démence/confusion#:~:text=La%20confusion%20est%20un%20trouble,toutes%20les%20
affections%2C%20ou%20médicamentss/syndrome-confusionnel-et-
d%C3%A9mence/confusion#:~:text=La%20confusion%20est%20un%20trouble,toutes%2
0les%20affections%2C%20ou%20m%C3%A9dicaments.

Joly B., (2009). Chapitre 1. Présentation de la communication. La communication. (p. 7-10).


De Boeck Supérieur. https://www.cairn.info/la-communication--9782804159740-page-
7.htmm

Ministère de la Santé, (2022). Code de la Santé Publique. Légifrance - Droit national en


vigueur - Codes - Code de la santé publique (legifrance.gouv.fr).
Ministère des Solidarité et de la Santé, (2006). Charte de la personne hospitalisée.
https://solidarites-sante.gouv.fr/systeme-de-sante-et-medico-social/parcours-de-sante-vos-
droits/modeles-et-documents/article/la-charte-de-la-personne-hospitalisee

Ministère des Solidarité et de la Santé, (2007). Charte des droits et des libertés de la
personne âgée en situation de handicap ou de dépendance. https://solidarites-

30
sante.gouv.fr/ministere/documentation-et-publications-officielles/guides/article/charte-des-
droits-et-des-libertes-de-la-personne-agee-en-situation-de-handicap

Richard Y., (1991). Les silences du corbeau. Edition du Boréal


Twain M. (1916). The War Prayer (La prière de la guerre). Harper’s Monthly.

Verdoux H. (2018). Agitation et délire aigus. La revue du praticien. Item 346.


https://www.larevuedupraticien.fr/article/agitation-et-delire-
aigus#:~:text=L'agitation%20est%20d%C3%A9finie%2C%20selon,en%20g%C3%A9n%C
3%A9ral%20improductive%20et%20st%C3%A9r%C3%A9otyp%C3%A9e.

31

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