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Chapitre I : Généralités sur les phénomènes de propagation.
Ce phénomène d’éparpillement des ondes par les bords que l’on appelle diffraction, concerne aussi
bien les ondes électromagnétiques que les ondes mécaniques (ondes sonores, ondes à la surface de
l’eau ...). Bien que découvert au XVIIe siècle pour la lumière, il faudra attendre les travaux minutieux
de Fresnel au début du XIXe siècle pour obtenir une première théorie quantitative, la théorie
d’Huygens-Fresnel.
Au XVIIIe siècle, l’idée défendue par Newton selon laquelle la lumière serait constituée de corpuscules
plus ou moins déviés par des forces agissant aux voisinages des obstacles, est assez répandue dans la
communauté scientifique. Et quand au début du XIXe siècle, Thomas Young apportent des éléments
en faveur d’une description ondulatoire de la lumière, nombreux encore sont les tenants de la théorie
corpusculaire qui restent sur leur position. C’est véritablement Fresnel qui, à travers sa théorie de la
diffraction, apportera une pièce majeure à cette nouvelle théorie de la lumière en train de naître. Ce
chapitre en expose les concepts.
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Chapitre IV : Diffraction ( principe d’Huygens Fresnel ) Optique physique et lasers
I. Principe d’Huygens-Fresnel
1.Phénomène de diffraction
Le terme diffraction apparaît la première fois dans l’ouvrage du père jésuite Grimaldi 1. Grimaldi constate qu’au
contour des obstacles ou au bord d’un trou la lumière subit un éparpillement, qui ne peut pas s’expliquer par les
lois de l’optique géométrique, et appelle ce phénomène, diffraction. Ses expériences consistent à réaliser un
petit trou dans un de ses volets laissant passer ainsi un faisceau conique de lumière blanche, puis à présenter
dans le trajet un obstacle opaque. En observant l’ombre projeté sur un écran placé plus loin, il remarque :
Phénomène de diffraction
Tout écart à la propagation rectiligne de la lumière, qui ne peut s’expliquer ni par une réflexion, ni par une
réfraction, consiste en de la diffraction.
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Chapitre IV : Diffraction ( principe d’Huygens Fresnel ) Optique physique et lasers
L’étude de ces phénomènes demande beaucoup de soin. De nos jours, leur observation est grandement facilitée
grâce à la démocratisation des lasers, sources d’une grande cohérence temporelle et spatiale (Fig. 1).
Fig. 1– Diffraction par une bille. Notez l’existence de franges équidistantes dans la zone d’ombre, de franges non
équidistantes en dehors, ainsi que d’une tache centrale, la tache de Poisson.
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Chapitre IV : Diffraction ( principe d’Huygens Fresnel ) Optique physique et lasers
2. Principe d’Huygens
En 1690, Christian Huygens présente dans son Traité de la lumière, une description ondulatoire de la lumière. Il
propose le principe suivant :
À partir de ce principe, Huygens justifie les lois de l’optique géométrique. Il retrouve la loi des sinus relative à la
réfraction :
et interprète l’indice de réfraction comme l’inverse de la vitesse de propagation. À l’instar de Fermat avec son
principe de moindre temps, Huygens conclut que la lumière se propage moins vite dans les milieux réfringents. Il
faudra attendre 1849 pour confirmer ce résultat.
1. Elle ne permet pas d’accéder à l’intensité lumineuse, mais juste au front d’onde vue comme enveloppe des
ondelettes.
2. De surcroît elle ne fait pas intervenir la longueur d’onde. D’ailleurs Huygens voit la lumière plus comme des
ondes de choc que comme une vibration. Aussi, la forme de la surface d’onde obtenue par la construction
d’Huygens derrière un obstacle est-elle identique quelle que soit la taille de l’obstacle, ce que contredisent
clairement les faits.
L’époque d’Huygens est largement dominée par une vision mécaniste du monde. Newton, à la fin de son ouvrage
Optiks (1704), évoque l’hypothèse que la lumière soit une pluie de particules subissant des forces lors de la
rencontre avec un milieu matériel. Cette théorie balistique aura une grande influence sur les physiciens du XVIIIe
siècle. Ainsi, les idées d’Huygens restèrent inexploitées pendant plus d’un siècle. Il faudra attendre les travaux de
Fresnel pour donner au principe d’Huygens un caractère prédictif en très bon accord avec la réalité.
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3. Le principe d’Huygens-Fresnel
L’énoncé de ce principe comporte 2 parties :
A) La lumière se propage de proche en proche. Chaque élément de surface atteint par celle-ci se comporte à son
tour comme une source secondaire (fictive) qui réémet des ondelettes dont l’amplitude est proportionnelle à cet
élément de surface.
B) L’amplitude complexe de la vibration lumineuse en un point M est la somme des amplitudes complexes des
vibrations produites par toutes les sources secondaires.
Remarques :
a) Les sources fictives sont cohérentes : les ondes émises par ces sources secondaires interfèrent donc entre elles.
b) Le phénomène de diffraction intervient dans des domaines de la physique autres que l’optique. Nous pensons
aux ondes électromagnétiques radioélectriques et à la diffraction des électrons sur les cristaux. Elle est une
signature de la nature ondulatoire d’un phénomène.
c) Le principe de Huygens-Fresnel est une approximation de la solution rigoureuse au problème de diffraction
donné par la résolution de l’équation d’onde.
d) Soient une source ponctuelle monochromatique et la surface d’onde à l’instant . Nous avons vu que, dans
un milieu homogène et isotrope, est une sphère de rayon .
La surface d’onde ′ à un instant ultérieur + est alors l’enveloppe des surfaces d’ondes centrées sur les points
précédents et de rayon .
e) Une onde sphérique engendre ainsi une onde sphérique, une onde plane engendre une onde plane, etc.
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Construction de Huygens
La construction de Huygens a été complétée par l’hypothèse de Fresnel selon laquelle, il peut y avoir des
interférences entre les différentes ondelettes. Autrement dit, la figure de diffraction observée résulte de
l’interférence des ondes émises par l’ensemble des sources secondaires uniformément répartie sur le diaphragme
diffractant. 9
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4. Domaine de l’étude :
Soit une onde monochromatique tombant sur un diaphragme plan. On suppose la longueur d’onde est très
inférieure aux dimensions de cette ouverture.
La source de la lumière et l’écran d’observation sont placés à distance finie par rapport à (D).
Les ondes incidentes et diffractées sont donc sphériques.
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Il s’agit alors de décrire la répartition d’intensité lumineuse sur un écran placé à grande distance de la pupille
diffractante, théoriquement à « l’infini ».
La source de la lumière et l’écran d’observation sont placés à distance finie par rapport à (D).
Les ondes incidentes et diffractées sont donc planes.
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Dans ce qui suit, on supposera que la source lumineuse (ponctuelle, monochromatique) est à l’infini. L’écran D,
percé de l’ouverture T, est normal au faisceau incident. Calculons l’intensité diffractée à l’infini par T dans une
direction α.
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Calcul de l’amplitude diffractée- Intensité
Chaque point de l’écran (E) reçoit la superposition d’une infinité de vibrations issues des points M de l’ouverture T.
L’intensité lumineuse au point P dépend donc de la direction α et de la forme de l’ouverture T.
Si l’ouverture est uniformément éclairée, la vibration en un point M est 0 ω où 0 est nul en dehors de
l’ouverture. Choisissons comme origine des phases, la phase au point P due à la vibration issue du point O pris
comme origine.
La vibration produite en P par l’élément de surface dS centré autour du point M est :
dE E0 expj( t )dS
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Avec :
x y
;
f f
Donc :
2
f ( u ) d E E 0 e x p (j t) e x p j ( x y ) d S
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L’amplitude en devient :
f ( u ) E (P ) S
dE
2
f ( , ) E 0 ex p (j t)
ex p j
( x y ) d xd y
D’où l’intensité :
2
I( , ) E E . E f ( , ). f ( , )
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L’amplitude de la vibration diffractée par l’ouverture a été établie en supposant que l’amplitude 0 est la même
en tous les points de T. On peut généraliser ceci en supposant qu’il y a à la fois variation d’amplitude et de phase.
Ces deux effets peuvent être représentés par une fonction (x, y) = (x, y) (x, y) où (x, y) est
identiquement nul en dehors de l’ouverture T.
(x, y) (x, y) caractérisent les répartitions d’amplitude et de phase sur l’ouverture T.
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2. Approximation de Fraunhofer
L'intégrale (*) permet en principe de calculer la distribution d'amplitude dans tout plan situé à une certaine distance
de la source. Mais le calcul explicite de l'intégrale est en général ardu, voire impossible, même pour des
diaphragmes de forme simple, si l'on ne procède pas à certaines approximations. La difficulté vient du fait que la
distance r = MP ne varie pas linéairement avec les positions des points M et P dans leurs plans respectifs.
Supposons un diaphragme plan (S). Choisissons l'origine O en un point quelconque de celui-ci. Notons (Oz) l'axe
normal au plan, (x,y) les coordonnées du point source M dans le plan du diaphragme, (X,Y) celles du point P dans le
plan d'observation.
Exprimons la distance r en fonction des coordonnées :
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L'approximation de Fraunhofer revient donc à linéariser les variations de la distance r = MP en fonction des
coordonnées du point source M. Elle peut encore s'écrire vectoriellement :
Notes :
- L'approximation de Fraunhofer n'implique pas celles de Gauss : l'angle d'observation peut être grand.
- Quand l'approximation de Fraunhofer n'est plus valable, on réintroduit le 3e terme de l'équation précédente,
tout en le considérant comme petit devant 1 : c'est l'approximation de Fresnel.
. 18
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3. Diffraction par une ouverture rectangulaire:
On intègre la relation précédente sur une ouverture rectangulaire de largeur 2 et de longueur 2 en remarquant
que les variables X et Y sont indépendantes ( l’origine est prise au centre de l’ouverture).
La lentille L est placée tout près de l’écran ( ) pour que tous les rayons diffractés par l’ouverture soient
recueillis par cette lentille. Le centre O de l’ouverture est situé sur l’axe principal ' de la lentille.
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d) Les franges secondaires de diffraction sont deux fois moins larges que la frange centrale et beaucoup moins
lumineuses.
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La lumière diffractée s’étale pratiquement sur ′ car le facteur ( ) pratiquement nul dès que l’on s’écarte
de l’axe ′ et égal à 1 sur cet axe.
En effet, La tache centrale est comprise entre =− = + c’est-à-dire compris entre − /2 et /2 .
C’est donc bien le rapport / qui pilote la diffraction. Plus est petit, plus la tache principale de diffraction, c’est-
à-dire la tache centrale est grande. De plus, l’éclairement de l’écran n’est pas uniforme : autour de la tâche centrale
existent des tâches secondaires, moins larges et moins lumineuses. 22
Chapitre IV : Diffraction ( principe d’Huygens Fresnel ) Optique physique et lasers
5. Diffraction par deux fentes identiques :
Le phénomène de diffraction est à la base même des interférences d’Young puisqu’il permet le recouvrement des
faisceaux après le passage des deux ouvertures, qu’il s’agisse de trous ou de fentes diffractantes. En supposant :
• Les deux ouvertures identiques, distantes de 2 ,
• Une diffraction isotrope, c’est à dire que chaque onde transporte la même intensité lumineuse dans toutes
les directions du demi-espace situé à droite des ouvertures.
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Chapitre IV : Diffraction ( principe d’Huygens Fresnel ) Optique physique et lasers
Les fentes sont de largeur 2 , leurs centres sont distants de 2a. On obtient l’amplitude diffractée en un point P de
l’écran par intégration :
2
f (u ) E 0 ex p j t ex p j ( y )dy
fentes
ab 2
ab
2
f (u ) E 0 ex p j t ex p j ( y )dy a b ex p j ( y ) d y
ab
2 a y 2 b y
f (u ) 4 b E 0 ex p j t co s( ). sin c ( )
f f
L'intensité résultante est donc :
2 a y 2 2 b y
I(u ) I 0 co s ( 2
). sin c ( )
f f
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Cette expression est composée de deux facteurs, le premier représente le phénomène des interférences obtenu
par les fentes d’Young et le second la figure de diffraction. Nous avons donc obtenu des franges d’interférence
modulées par le phénomène de diffraction.
Remarque:
Pour retrouver l’image d’interférences décrite dans le chapitre sur les « Interférences », il faut que la diffraction soit
suffisamment importante, de façon à ce que la fonction sinus cardinal ait ses premiers zéros rejetés très loin de .
Dans ce cas, on reste dans le pic central (qui est très étalé) et on ne voit pas la décroissance lente de l’enveloppe.
On considère ainsi que la largeur des fentes tend vers zéro. 25
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6. Diffraction par plusieurs fentes identiques :
On cherche à généraliser le cas précédent à fentes éclairées sous incidence normale par un même point source
pour le même dispositif. Tous les points du plan des fentes sont en phase. Les fentes sont très fines de manière à
ce que seule la diffraction due à la largeur soit significative.
Les fentes fines ont pour largeur 2 et sont équidistantes de 2 . La contribution de la fente à la vibration
résultante en s'écrit : () ( )
La contribution des fentes est donc :
N
f p (u ) ex p j (m k a ) sin c (k b )
m 0
L'intensité en est :
2 Nk a 2 ay
sin ( ) sin ( N )
2 f
Ip I0 sin c 2
(k b ) I sin c 2 (k b )
2 k a 2 ay
0
sin ( ) sin ( )
2 f
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Répartition de l'intensité
Le tableau suivant montre l’évolution des franges lorsqu’on considère cinq fentes , quinze fentes et un grand
nombre de fentes .
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