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Introduction
Cet ouvrage destiné à servir de support à tous ceux qui désirent mener des
ateliers de théâtre auprès d’enfants africains, montre que ce travail ne
repose pas sur de grandes exigences matérielles et peut être mené dans
toutes les écoles d’Afrique. Cependant, ceux qui auront pour mission de
mettre en place ce genre d’atelier devront d’abord acquérir de vraies
compétences d’animateur.
La mise en activité des élèves lors des séances de dynamisation demande
une connaissance très complète des méthodes et techniques du théâtre. Ce
savoir peut et doit être acquis de manière plus approfondie dans des
ateliers destinés à ce genre de formation.
Dans le contexte purement scolaire, en tant qu’instituteur, il est une
passerelle entre les élèves et le savoir. Il exerce sa compétence et son
autorité. Il connaît ses élèves dans le cadre de leur facultés d’apprentissage,
d’assimilation, de réflexion et d’investissement des connaissances acquises.
Mais en tant qu’animateur, il a une autre fonction. Il est le complice et le
provocateur, le perturbateur et le révélateur. Il ne se préoccupe pas
seulement de « savoir » mais de « savoir être ». Il met au grand jour
les facultés de chacun, il aide l’enfant à surmonter ses frustrations, à
reconsidérer la langue, à la manipuler avec distance et souplesse.
En pratiquant le travail d’atelier, l’instituteur devient aux yeux de l’enfant
un maître qui tente de dépasser le simple stade de la notation et qui laisse
une place privilégiée à l’imaginaire et qui respecte leur valeur propre et
celle de leur environnement.
Il apprend à mieux connaître les élèves, à parfaire sa pédagogie pour l’éveil
de qualités d’apprentissage insoupçonnées, à utiliser les énergies, à recréer
les enthousiasmes pour établir une nouvelle relation entre les élèves et
l’école.
Le fait que l’instituteur soit l’animateur peut présenter bien d’autres
avantages :
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Ainsi, même s’il n’a pas de très bonnes notes, il est reconnu par le maître
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L’animateur : présentation
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Danse, théâtre, cinéma, arts plastiques, littérature
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Association de loi 1901 située à la Courneuve – France
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Institut national de formation et de recherche sur l’éducation permanente – situé à
Montreuil – France.
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Association de loi 1901 située à Paris.
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Les séances de dynamisation sont basées sur les techniques du théâtre et contri-
buent au développement de la personnalité. Ces techniques prennent en compte : le
travail de la voix, le maintien, l’intégration dans le groupe, l’écoute des partenaires, le
déblocage de l’imagination, la capacité à communiquer gestuellement et oralement,
l’acceptation de la critique, les jeux de scènes, le dialogue. Ces séances réactivent
l’énergie, la vitalité momentanément en sommeil.
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Je me suis, par la suite, interrogé sur l’effet que les techniques du théâtre
pourraient avoir sur les adolescents. Je me suis dit que les pratiques
théâtrales pouvaient aider ces jeunes à trouver en eux de nouvelles
ressources pour créer une passerelle entre le monde de l’enfance et la vie
adulte. J’ai donc créé des ateliers au sein de différents lycées et collèges de
Paris et de sa banlieue, et plus récemment au Sénégal7, parfois, dans le
cadre d’« itinéraires de découverte » inclus dans le programme scolaire et
conduit la plupart du temps par des professeurs de Français.
Les ateliers de théâtre animés dans le cadre scolaire diffèrent des ateliers
liés à la formation socio-professionnelle, dans le sens où ces premiers sont
susceptibles de créer une passerelle plus confortable entre l’élève et le
monde scolaire. L’enfant améliore les liens qui existent entre les autres
élèves, les professeurs et lui-même.
Dans l’enseignement classique, la découverte du monde permet l’ouverture
sur soi-même, par les pratiques du théâtre ; la découverte de soi incite
l’individu à s’ouvrir sur le monde. Pour ceux qui ne trouvent pas leur place à
l’école, les séances de dynamisation doivent les amener à renouer avec les
études, à mieux s’intégrer dans l’univers scolaire par l’émergence d’une
nouvelle « humanitude ».
7
L’expérience du théâtre dans les collèges et lycées montre à quel point l’enseignement
peut se faire à plusieurs niveaux, et qu’il peut être complémentaire avec l’ensei-
gnement scolaire.
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L’établissement dispose actuellement de trois ateliers de théâtre: Français, Wolof,
Anglais.
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Benjamin Jules-Rosette
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Village de pêcheurs situé sur la petite côte à quarante kilomètres au sud de Dakar.
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Méthodologie
Les enseignants établissent un échange, une communication à partir de
thèmes qui composent l’environnement des enfants. C’es thèmes sont :
l’école, la famille, la pêche (qui est la principale activité des villageois), le
village, la santé, les fêtes, les cérémonies. Les enfants sont tenus de
s’exprimer en Français, les mots ou les expressions qu’ils ne comprennent
pas sont traduits en wolof.
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Les séances se sont déroulées au rythme de deux fois par semaine, sur une
période de six mois. Durée de chaque séance : 2 h.
L’atelier de théâtre est composé d’une vingtaine d’enfants qui ont été
sélectionnées par leur instituteur. Agés entre neuf et quatorze ans, ils sont
issus des classes de CE1, CE2, CM1.
Les deux premiers mois ont été consacrés au travail d’expression écrite. Ce
travail porte sur la description de l’environnement de l’enfant, sur son
village :
1) situer le Sénégal par rapport aux autres pays d’Afrique,
2) situer le village de Toubab Dialaw à l’intérieur du Sénégal,
3) quelles sont les ethnies qui vivent à Toubab Dialaw ?
4) quelles sont les activités des villageois ?
5) quels sont les personnalités du village ?
6) à quelle occasion interviennent-elles ?
7) écrire l’histoire du village.
Dans cette première partie les enfants décrivent leur cadre de vie. Ils
intègrent leur village dans le pays tout entier, avant d’arriver à exprimer les
spécificités de leur environnement. En dessinant leur propre localité, les
enfants s’intègrent dans un champ pédagogique plus sécurisant.
Non seulement l’enfant recrée, mais il s’empare de son univers, il le
découvre également grâce aux recherches faites quant à l’histoire du
village. Par cela, l’enfant se place dans un espace-temps plus complexe et
plus riche.
En racontant la vie et l’histoire du village, l’enfant devient dépositaire de
son passé, de son présent, ce qui constitue une base réelle pour la
construction de l’avenir. Même si ce travail n’est pas lié à une pensée
imageante et ne relève pas de l’échange immédiat (mais s’apparente plutôt
à un travail scolaire), il constitue une base importante de travail qui sera
par la suite exprimée de manière orale et sous forme ludique.
Toute connaissance acquise donne à l’enfant les clefs pour s’ouvrir sur le monde.
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Il est important de noter que dans le cadre scolaire, l’écrit, mieux adapté à
l’étude, domine largement l’oralité. Aussi, l’atelier de théâtre doit-il aider l’enfant
à adopter l’écrit sans que celui-ci l’amène à renier l’apport traditionnel, mais
contribue à le lui faire intégrer.
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D’une manière générale, les enfants ne souffrent pas du regard des autres,
ils ont pleine confiance en eux et le manifestent à travers l’intensité sonore
de la voix. Ils vivent le jeu théâtral comme un défi et s’exécutent avec
fierté.
Ce n’est donc pas sur l’intégration de l’enfant dans le groupe que le travail
d’atelier doit porter, mais sur sa capacité à mettre en avant ses spécificités et à
se démarquer du groupe tout en lui restant solidaire. L’enfant doit prendre
conscience d’une part de la richesse des valeurs traditionnelles commu-
nautaires, et d’autre part de ses valeurs propres, notamment en créant de
nouveaux types de médiation qui fonctionnent alors comme une relance dans
les rapports humains.
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Aujourd’hui, le griot célèbre plus la richesse et la naissance.
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Cette forme d’exercice est efficace tant elle rattache un travail difficile et laborieux à
de la fierté et de la joie. « Le rythme fait émerger une conscience commune ».
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1 - Exercices de respiration
- expirer l’air déjà dans les poumons en creusant bien le ventre,
- aspirer lentement par le nez en remplissant d’abord le bas de l’abdomen,
- expirer par la bouche en relâchant très lentement.
2 - Exercices de concentration
- se tenir debout, immobile,
- fermer les yeux,
- ne plus penser à rien,
- fixer sa pensée sur un point de son corps,
- respiration lente et profonde.
4 –Travail de décontraction
- Bâillement,
- Rire,
- Etirement des bras,
- Rotation du cou de droite à gauche puis de gauche à droite,
- Etirement des jambes.
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7 – L’improvisation
L’improvisation est dégagée de toute contrainte imposée par l’existence
d’un texte. Elle met l’enfant en situation de simulation. Elle permet
l’expression de l’imaginaire. Bien que l’animateur fixe lui-même les thèmes
sur lesquels se feront les improvisations, ce sont les « acteurs » qui
proposent différentes variations sur ces thèmes.
L’improvisation est révélatrice des potentialités des intervenants, elle
permet de mesurer la dimension esthétique et créative de chacun.
Dans ce type d’exercice, l’enfant se crée une ouverture par lui-même, il se
débat avec ses gestes, son vocabulaire (parfois répétitif), ses pensées qu’il
veut absolument défendre. Les enfants s’insèrent dans le jeu, l’un après
l’autre, (sur la demande de l’animateur) et apportent un point de vue
nouveau au dialogue auquel les autres doivent répondre.
L’aisance des enfants en matière d’improvisation est assez remarquable, ils
parviennent à se mettre facilement dans une situation de défi où il faut
coûte que coûte ne jamais capituler. Mais la confrontation tourne parfois à
l’affrontement, l’enfant doit alors trouver suffisamment de ressources
intellectuelles pour éviter que l’affrontement ne durcisse.
De temps à autre, l’animateur doit réguler le jeu qui peut partir dans tous
les sens y compris dans les affrontements physiques. Mais il est important
de souligner qu’aucun enfant ne reste muré dans le silence.
Récapitulatif :
Pendant les improvisations les enfants doivent :
- se placer dans une situation fictive,
- développer leurs capacités d’écoute, leur sens de l’observation,
- deviner les intentions de leurs interlocuteurs,
- apprendre à maîtriser leurs émotions,
- intérioriser et extérioriser des sensations, des sentiments,
- provoquer des retournements de situation.
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Ces textes figurent en annexe à la fin de cet ouvrage.
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Après plusieurs séances, les enfants en avance sur les horaires de répétition se
faisaient répéter les textes entre eux, ayant compris l’importance de l’utilisation du
temps. Leur implication constante est à l’image de l’implication de l’animateur.
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Séance 1
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Se référer aux explications des pages 17 et 18.
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Pour la plupart d’entre eux, c’est le père qui a choisi leur prénom qui est le plus
souvent celui d’un membre de la famille vivant ou décédé. Rappelons qu’en Afrique
l’enfant perpétue la présence des ancêtres par le prénom et le nom qui reviennent
de génération en génération.
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Les métiers mimés : pêcheur au filet, marchand, artisan ferrailleur, couturière, bou-
langère.
16
Footballeur ou homme/femme politique.
17
En imitant les gestes qu’il fait chaque matin, l’enfant crée une gestuelle qui lui est
très familière. Ces gestes de la vie de tous les jours exposés ici devant les autres
sont là pour affirmer que la communication peut s’établir à travers des gestes
simples mais ils ne sont plus des gestes ordinaires, mais rendus importants du fait
qu’ils permettent de communiquer.
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Cette improvisation qui a pour thème : le mariage forcé18 a pour but également
de faire comprendre aux enfants que le conseil de famille intervient pour les
décisions importantes. Sachant qu’en Afrique les réunions de toute sorte
servent avant tout à préserver et à consolider les liens communautaires.
Cette improvisation a été faite en français puis en wolof pour permettre aux
enfants d’aller plus loin dans l’argumentation.
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Le mariage forcé est encore très ancré en Afrique
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Séance 2
4 - Exercice d’improvisation
Le thème : le développement au village et ses conséquences21.
L’ histoire : Monsieur Cissé, un homme riche, a demandé au chef du
village de lui attribuer un terrain pour construire un supermarché où il
vendrait, entre autres, du poisson congelé. Le chef du village, les
notables, les habitants doivent prendre une décision à ce sujet.
19
Très court texte dramatique écrit par l’animateur à partir de l’improvisation faite par
les enfants dans une séance précédente.
20
Les enfants devront apprendre les répliques pour la séance de la semaine suivante.
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Ici, l’animateur a voulu mettre les enfants en face d’une situation que risque de
rencontrer leur village qui est depuis deux ou trois ans en pleine mutation.
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22
Le chef du village est le plus haut dignitaire dans le village.
23
Les notables sont également des personnalités très importantes et les décisions
doivent se prendre avec leur agrément.
*
24
En Afrique la sagesse de la personne âgée est toujours très reconnue, elle est donc
très respectée par les plus jeunes. On tient compte de son avis dans les décisions
importantes.
25
Beaucoup de femmes exercent cette activité dans le village de Toubab Dialaw.
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En raison de leur jeune âge, les enfants ont du mal à s’exprimer l’un après
l’autre, la discussion devient alors cacophonique, incontrôlée. Mais l’animateur
ne les a pas arrêtés pour autant. Lorsqu’il l’a estimé utile, il a fait introduire dans
le jeu une tierce personne censée mettre un peu d’ordre, pour permettre à
chacun de trouver d’autres arguments et relancer l’improvisation.
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Séance 3
Les enfants s’affirment davantage dans les réponses qu’ils apportent car les
interrogations sont claires.
26
texte écrit par l’animateur à partir de l’improvisation des enfants.
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Dans l’Afrique traditionnelle, la jeune fille n’est nullement associée à la procédure
matrimoniale. Elle subit. On se contente juste de l’informer de son destin.
28
Dans l’Afrique Traditionnelle, le lien de parenté est omniprésent, il est la base de
toutes les relations. Tous les adultes ont un droit de regard et d’éducation sur les
enfants quels qu’ils soient. Il peut s’agir d’adultes extérieurs à la famille.
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6 - Travail de prononciation
L’animateur doit :
• noter les expressions que les enfants ont du mal à retenir et à
prononcer,
• à la fin de la séance, par un autre exercice de diction gymnique,
faire répéter ces expressions de manière chantée31.
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Dans l’Afrique traditionnelle les mariages s’effectuent de famille à famille, plus que
d’un individu à l’autre.
30
La jeune fille a inventé cette chanson sur demande de l’animateur. Il est important de
préciser que dans l’Afrique traditionnelle le griot crée la littérature orale, à partir
d’histoires vécues.
31
Nous avons constaté que les enfants mémorisaient mieux les répliques lorsqu’ils le
disaient sous une forme rythmique.
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Moyen de décontraction finale pour les enfants.
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Séance 4
2 – Répétition
Les enfants ayant appris leur texte tout au long de la semaine, ils ont
pu commencer les répétitions de la pièce « la décision ».
a) Travail de prononciation
Une fois de plus, les enfants répètent les phrases ou les mots qu’ils
ont du mal à prononcer. La diction gymnique est alors réutilisée. Les
mots et expressions difficiles à prononcer et à retenir sont dits
musicalement et répétés plusieurs fois.
33
En Afrique, les enfants apprennent à devenir adulte en accompagnant leur père ou
leur mère dans leur différentes activités, y compris dans les réunions.
34
Au Sénégal, on répète trois fois le nom de son interlocuteur pour le saluer. A travers
lui c’est toute sa famille, tout son clan que l’on salue.
35
Chaque élément introduit dans l’espace-jeu (décor ou accessoires) prend naturel-
lement de l’importance. Pour M. Cissé, chapeau, attaché-case, veste, s’imposent en
tant que symboles de réussite sociale et de modernité.
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Les femmes sont les piliers de la société africaine traditionnelle, elles jouent un rôle
très important dans la vie sociale, politique, artistique, spirituelle.
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Le fait que les femmes entrent en dernier souligne d’autant plus l’importance du rôle
qu’elles vont jouer dans la décision. Face au nombre de jeunes filles qui sont
venues (de leur propre gré) grossir le rang des comédiennes, l’animateur a
découpé, réajusté les répliques, afin que chacune ait un bout de réplique. Ce qui
donne à la pièce une tonalité démultipliée, nuancée, rythmée. La force qui s’en
dégage est celle d’une unité. Le « nous » domine au détriment du « je ». La moindre
scène individuelle devient un jeu (« je ») collectif.
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Le bâton symbolise la vieillesse mais «le comédien » va l’utiliser comme un élément
de force et de rassemblement. Il va sans cesse refaire l’unité du groupe en
dessinant un arc de cercle avec l’objet. Il est le socle de la communauté et doit donc
rester solide et intègre. Il doit savoir intervenir au bon moment sans jamais faiblir
dans le ton et dans son déplacement.
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Bien qu’impatient de jouer son rôle, chacun attend son temps de parole
tout en mémorisant ses gestes, ses déplacements.
De répétition en répétition, Les enfants vont prendre conscience que le
phénomène théâtral ne peut avoir lieu que grâce à leur jeu, à un
investissement total et entier de la part de chacun. Ils vont comprendre
que chaque geste, chaque mot et chaque intonation possède un
caractère spécifique. Il doivent se rendre compte de l’influence que cela
peut avoir au niveau de la discussion.
3 - Improvisation :
Les enfants doivent imiter des animaux. Il s’agit d’un petit oiseau blessé
et de trois lapins coquins et vagabonds qui viennent à son secours.
L’animateur a demandé aux enfants de constituer des petits groupes de
quatre, qui joueront l’un après l’autre.
Les participants doivent simplement adopter le comportement des
animaux (cris, attitudes, gestuelle).
cet exercice, ayant trait à la vie naturelle, a été utilisé comme intermède entre
deux phases de répétition pour permettre aux enfants de se libérer l’esprit
des exigences du travail de répétition, pour qu’ils retrouvent la notion de jeu,
le but étant de détendre l’atmosphère et de permettre une meilleure reprise
du travail.
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Séance 5
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Chez l’enfant sénégalais la notion de responsabilité est acquise très tôt, notamment
dans le champ familial où les plus grands doivent faire preuve de responsabilité à
l’égard des plus petits, l’animateur a tenu à ce que les enfants, l’un après l’autre (pas
forcément dans la même séance), jouent le rôle de l’animateur. Pour cela, chaque
enfant doit bien exécuter l’articulation des mots ainsi que les gestes, pour servir de
modèle aux autres.
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4 - Exercice d’improvisation :
Les animaux
Exercice similaire à celui proposé dans la séance précédente.
Cette fois-ci, il s’agit d’un oiseau blessé et de trois petits chats
vagabonds qui, en voyant l’oiseau, jouent avec lui dans le but de le
dévorer, mais l’intervention d’un gros chien va sauver l’oiseau.
L’animateur a procédé comme lors de la séance précédente, c’est-à-
dire, la formation de petits groupes de cinq et passage de chaque
groupe.
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Séance 6
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3 - Improvisation :
La jeune fille et l’oranger
Indications données par l’animateur : Une jeune fille demande à un
oranger la permission de cueillir ses fruits40. L’’arbre refuse car en
période de sécheresse les hommes négligent de l’arroser.
Les intervenants ont bien mesuré la distance qui séparent les hommes
des arbres : à savoir les seconds sont les instruments de survie des
premiers, cependant les premiers n’hésitent pas à abattre les seconds.
Débat :
L’animateur a, par la suite, posé des questions aux enfants sur les
rapports de l’homme et de la nature. Tous ont mis en avant la cruauté
de l’homme, et ont insisté sur le fait que l’arbre a eu raison d’exprimer
un refus très profond quant à l’idée de partager ses oranges avec la
jeune fille. Ils ont également fait la remarque qu’en effet les singes
(évoqués dans l’improvisation), étaient plus pacifiques que les hommes
de ce fait qu’ils méritaient bien que l’arbre leur donne les oranges.
40
Autrefois, en Afrique, les hommes parlaient aux arbres avant de leur couper les
branches, illustration parfaite d’une symbiose qui existait entre l’homme et la nature.
Arbres et animaux faisaient partie de la dynamique sociale des africains.
41
Le texte transcrit très rapidement a été distribué aux enfants le lendemain, ainsi ils
ont pu l’apprendre pour la séance d’après.
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Séance 7
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Personnage de l’arbre
- le glissement naturel de l’enfant dans le « personnage » de l’arbre
donne un effet plus évident encore au texte,
- l’enfant a conscience que c’est le sort de l’arbre qu’il défend, il le fait
sentir par la solidité du ton qu’il adopte,
- ses mots sont simples, clairs, « lisibles », « verdeur » de ses paroles,
- l’arbre fait de ses fruits un bien propre, il adopte ici une attitude
typiquement humaine,
- la compassion du public pour l’arbre devient alors naturelle.
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4 - Chants et danses
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Séance 8
4 – Chants et danses
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3 - Improvisation
L’histoire : Le fils aîné parti vivre en France depuis 5 ans est de retour
au village. Pour fêter son retour, sa mère veut tuer la seule chèvre
qu’elle possède. Le père, lui, refuse que la chèvre soit tuée car celle-ci
procure du lait à toute la famille. Mais le fait de sacrifier cette chèvre est
pour la mère un signe de grande joie et de profonde affection pour son fils.
42
Ici, les enfants n’expriment pas vraiment de critique, du moins jamais ils n’oseraient
remettre en question le travail de l’animateur par respect pour celui-ci, néanmoins ils
donnent facilement leur avis sur ce qui leur paraît important.
43
Les enfants ont joué dans une salle de leur école et aussi dans l’auditorium du Cours
Sainte Marie de Hann situé à Dakar. L’animateur a pensé qu’il serait valorisant pour
les enfants de jouer à Dakar, la plupart d’entre eux ne connaissant pas la grande ville
et la prestigieuse école Sainte Marie de Hann.
41
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L’animateur a pu constater que les enfants ayant acquis une certaine expérience
du théâtre grâce aux séances antérieures, ont bien maîtrisé leurs émotions, ont
su, chacun à leur tour, apporter le contrepoids qu’il faut au problème posé, ils se
sont efforcés de mettre de la clarté dans leurs phrases et de respecter le temps
de parole des uns et des autres.
Ainsi, cette improvisation a pu servir de test pour bien évaluer les progressions
de chaque enfant en matière d’écoute, de réplique, de sociabilité.
44
L’hospitalité est si ancrée au Sénégal qu’il arrive que des voisins ou des membres de
la famille s’invitent à des repas sans prévenir et sans qu’on puisse leur refuser ce
repas.
42
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Séance 10
Pour cette séance faite le même jour que la représentation, les enfants ont
fait d’entrée de jeu une répétition générale dans la salle où doit avoir lieu le
spectacle.
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5 - Repos
7 - Les enfants se lavent, mettent des habits neufs, font leur prière
9 - Entrée des parents, des invités et des autres élèves dans la salle
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Conclusion
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ANNEXES
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Le mariage
Fatou
Bonjour maman, Daouda m’a dit que tu veux me parler.
La mère
Oui, je voudrais te parler de quelque chose qui te concerne et nous
concerne tous !
Fatou
Je t’écoute maman…
La mère
Voilà Fatou, tu viens d’avoir quinze ans, et ton père et tes oncles se sont
réunis, ils pensent qu’il est grand temps pour toi de te marier.
Fatou
Me marier ? Mais je vais encore à l’école ! Non, je ne veux pas me marier…
La mère
Fatou, ma fille, tu ne peux pas aller contre la décision de ton père.
Fatou
Maman, je respecte beaucoup mon père et je vous aime tous les deux, mais
moi, je veux continuer à aller à l’école.
La mère
Tu dois exécuter la volonté de ton père, Fatou, c’est comme ça que nous
avons toujours vécu. Une jeune fille ne met pas en avant ses désirs.
Fatou
Maman, Je veux aller à l’école, et le moment venu je veux choisir moi-
même le garçon avec qui je me marierai.
La mère
Fatou, si ces mots arrivent aux oreilles de ton père il risque de se fâcher, tu
dois te marier quand ton père et tes oncles l’ont décidé, ce sont nos
traditions. Attends, je vais dire à Daouda d’appeler ta grande sœur et ta
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La tante
Tu as demandé à nous voir, qu’est-ce qui se passe ?
La mère
Fatou prétend qu’elle est trop jeune pour se marier. J’ai beau lui répété que
c’est la volonté de son père, elle refuse de se soumettre à ce que nous
avons décidé pour elle.
La soeur
Fatou, tu dois écouter notre père, tu lui dois obéissance ! Une fille est
destinée à se marier et à avoir des enfants, tu le sais depuis toujours.
Fatou
Je ne veux pas me marier, ce que je veux c’est aller à l’école, trouver du
travail et vous aider à vivre.
La tante
C’est vrai qu’une fille doit obéir à son père, mais pour ce genre de décision,
il faut quand même tenir compte de son avis. Les temps ont changé, les
jeunes filles d’aujourd’hui veulent elles-mêmes choisir leur mari.
La mère
Awa, je sais que les temps changent, mais dans notre village c’est encore le
chef de famille qui décide de ce genre de chose. Elle doit obéir à son père.
Fatou en se levant
Elle improvise une chanson en wolof à la manière des griottes. La chanson
raconte qu’elle veut continuer à aller à l’école pour trouver un métier plus
tard, et épouser un garçon qu’elle aura elle-même choisi...
Awa
Oui, bien sûr que nous ne voulons pas perdre nos traditions, mais Fatou est
brillante, c’est une excellente élève. Je pense que ce qui est bon pour elle,
c’est qu’elle continue d’aller à l’école. Nous-mêmes, nous ne savons ni lire,
ni écrire, demain notre village ne sera plus un village, parce que les choses
auront beaucoup changé, et si nos enfants n’apprennent pas, s’ils ne savent
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A Paper Prepared for the African Arts Education Conference 2001 in South Africa
pas compter, que vont-ils devenir ? Fatou doit avoir des enfants, je suis
bien d’accord,mais comment fera-t-elle pour les nourrir ?
Ecoute, je vais aller voir ton mari. Je vais lui parler, je sais qu’il m’écoutera
car je suis sa grande soeur. Je te propose même que Fatou vienne à la
maison et que je m’occupe d’elle pendant quelques temps. Le temps pour
elle de voir plus clair. Elle est tellement bouleversée.
La mère
Je te remercie Awa de ta générosité. Moi, je suis d’accord pour qu’on
attende un peu et qu’elle aille vivre chez toi, mais avant tout, il te faudra
convaincre mon mari.
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A Paper Prepared for the African Arts Education Conference 2001 in South Africa
La décision
Le chef du village est assis sur une natte. Son fils est près de lui. Aidé d’un
bâton un Vieux arrive pour lui parler. Il s’assied près de lui sur le tapis.
Le Vieux Sage
Assalamalekoum !
Le Chef du Village se lève. Il serre la main du vieux à la manière des
Africains.
Malekoum Salam !
Le vieux répète trois fois le nom du chef du village,le chef répète trois fois
le nom du vieux
Le Vieux Sage
Comment va la famille ?
Le Chef du Village
Elle va bien ? Très Bien !
Le Vieux Sage
Dis-moi, as-tu entendu parler d’un certain Monsieur Cissé qui est là dans le
village pour dit-on ouvrir un commerce ?
Le Chef du village
Oui… L’autre jour je l’ai vu, et il m’a parlé de cette histoire. D’ailleurs, j’ai
demandé aux notables de venir aujourd’hui, pour voir si on doit lui accorder
un terrain. Monsieur Cissé aussi sera des nôtres. Et toi, aussi je te remercie
de rester car nous avons besoin de tes conseils, toi le plus vieux d’entre
nous.
Sur ces dernières paroles, les trois notables arrivent saluent le chef du
village et le vieux sage.
Les trois ensemble
Assalamalekum !
Le chef du village et le vieux
Malekum Salam !
Les trois notables serrent la main du Vieux en répétant trois fois le nom
Vieux, celui-ci fait de même pour chaque notable, puis c’est au tour du chef
du village.
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A Paper Prepared for the African Arts Education Conference 2001 in South Africa
Le chef du village
Je suis heureux que vous soyez là… je pense que Monsieur Cissé ne va pas
tarder à arriver. Mais en attendant, je peux déjà vous exposer les faits !
Voilà, monsieur Cissé est venu me voir l’autre jour pour me dire qu’il veut
ouvrir un grand magasin d’alimentation ici dans notre village. Je lui ai dit
que moi-même, je ne suis pas contre, mais il faut que je me concerte avec
les conseillers et les habitants.
1er notable
Combien nous offre-t-il pour l’implantation de son magasin ?
Le Chef du village
Il est prêt à nous donner beaucoup d’argent…
2ème notable
Je pense que notre village a besoin d’un grand commerce, ça va contribuer
à son développement.
3e notable
Moi, je pense qu’il faut voir les conséquences que cela peut avoir sur le
village. N’oubliez pas que les habitants vivent surtout de petits commerces,
notamment les femmes.
Monsieur Cissé arrive.
Monsieur Cissé
Assalamalekum !
Les autres
Malekum Salam !
Monsieur Cissé serre la main de chaque personne présente en disant son
nom trois fois. Chaque personne lui répond en répétant son nom, trois fois.
Monsieur Cissé
Je suis heureux de vous trouver tous là. Alors, avez-vous pris une décision ?
3e notable
Moi je pense qu’un grand commerce ici peut tuer la vie de notre village.
Monsieur Cissé
Mais je suis prêt à vous donner l’argent qu’il faut ! Et n’oubliez pas que
j’installerai des réfrigérateurs pour conserver les aliments, et avec ça, il n’y
aura pas de problème d’hygiène.
1er notable
Comme vous le voyez ce n’est pas un homme qui vient les mains vides… et
puis, il dit des choses très réfléchies…
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A Paper Prepared for the African Arts Education Conference 2001 in South Africa
3e notable
Moi, je dis que ce commerce n’est pas bon pour nous…
Le chef du village
Pourquoi dis-tu ça ? Il ne se passe jamais rien ici ! Pour une fois que
quelqu’un veut faire quelque chose, pourquoi s’y opposer ?
Le vieux sage
Ce n’est pas s’y opposer, mais nous ne pouvons pas accepter une décision
de cette manière… c’est trop rapide… Je me souviens dans mon enfance,
lorsque les gens devaient prendre une décision, ils discutaient beaucoup
avant… Aujourd’hui, on ne prend plus même plus la peine de se parler. Je
pense qu’il faut laisser parler les femmes. D’ailleurs elles sont là, elles
attendent !
Le Chef du Village fait un signe à son fils pour qu’il aille appeler les femmes. Trois
femmes arrivent.
Le fils arrivant près des femmes
Bonjour les femmes, mon père vous demande de venir.
Les femmes
Assalamalekum !
Tout le monde répond.
Malekum Salam !
Le chef du village
En se tournant vers une des femme.
Thiome, nous voulons avoir ton avis sur un sujet très important pour notre
village. Tu sais déjà de quoi, il s’agit ! Monsieur Cissé voudrait ouvrir un
grand magasin d’alimentation au village. Qu’est-ce que vous les femmes,
vous avez à dire !
Thiome
Ce magasin, nous les femmes nous sommes contre !
1er notable
Et pourquoi vous êtes contre ? Vous ne savez même pas ce qu’il nous
propose !
2ème femme
Ce qu’il propose, nous savons que ce n’est pas bon pour nous. Il va vendre
du poisson, et nous on gagne notre vie en vendant du poisson. C’est comme
ça que nous pouvons nourrir nos enfants. Je vous le dis, si vous laissez ce
monsieur ouvrir son magasin, ça fera notre malheur.
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Monsieur Cissé
Vous pourrez travailler dans mon magasin…
3ème femme
Nous on veut pas travailler dans ton magasin. Nous on veut vendre notre
poisson. Tous les toubabs ou les africains qui vivent ici, et qui ont de
l’argent vont venir dans ton magasin et nous, qu’est-ce qu’on va devenir ?
1er notable
Vous les femmes, vous ne pensez qu’à vous, et jamais au village et à son
développement !
1ère femme
Le développement ? Tu vois bien ce que ça donne. Les gens qui vivent Là-
bas à Dakar, ont encore plus faim que nous. Nous, c’est notre poisson qui
nous aide à vivre et c’est tout ce que nous avons !
Le vieux sage
En marchant derrière le dos des personnes présentes.
Mes amis ! vu la situation, il faut que nous trouvions un compromis. Les
femmes, elles veulent continuer leurs activités, et je les comprends. car
dans le magasin de Monsieur Cissé Il n’y aura pas du travail pour tout le
monde. Sinon, il faudra compter sur nos enfants qui ont quitté le village et
qui travaillent en ville, mais la plupart du temps ils nous oublient. Nous
devons nous en sortir par nous-mêmes. Les femmes que proposez-vous ?
4ème femme
Nous voulons continuer à vendre notre poisson qu’on va acheter aux
pêcheurs… Ce monsieur-là, s’il va voir les pêcheurs, ils ne voudront plus
nous les vendre au prix habituel…
Thiome
Nous, on n’a rien contre toi… ni contre le développement, mais la vie risque
de devenir encore plus dure pour nous et nos enfants.
3ème femme
Si tu construis ton magasin, il faut que tu achètes le poisson avec nous et
non avec les pêcheurs.
Le chef du village
Qu’en pensez-vous Monsieur Cissé ?
Monsieur Cissé
Moi, je voudrais les acheter au prix que proposent les pêcheurs….
Les 4 femmes en même temps
Alors, tu ne restes pas ici.
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1er notable
Ce n’est pas vous les femmes qui devez prendre des décisions pour le
village. C’est nous, c’est nous les notables qui décidons pour le village !
Le Vieux sage
Je suis triste de voir que vous n’arrivez pas à vous entendre. Autrefois,
quand il s’agissait de prendre une décision, on le faisait dans le souci de
satisfaire tout le monde. Toute la communauté devait en tirer partie… mais
la vie a bien changé. Je pense que les femmes ont trouvé la solution. Il faut
que M. Cissé leur achète le poisson qu’elles-mêmes auront acheté aux
pêcheurs… comme ça, tout le monde sera satisfait.
2ème notable
Vieux, tu as bien parlé… Moi aussi, je suis d’accord avec la décision des
femmes !
Tous les autres
Eh bien, nous aussi on est d’accord !
Le chef du village
Eh bien Monsieur Cissé, c’est à vous maintenant de réfléchir sur ce qui vient
d’être décidé. Nous pourrons nous revoir la semaine prochaine.
Tout le monde se salue.
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Un arbre en colère
Fatou arrive devant un grand oranger Elle essaie de cueillir un fruit. L’arbre se met
à gronder. Fatou retire sa main et recule.
Fatou
Bonjour arbre !
L’arbre
Bonjour !
Fatou
Je suis venue cueillir quelques oranges pour les amener au village.
L’arbre
Cueillir des oranges ? Il n’en est pas question !
Fatou
Et pourquoi ne me laisses-tu pas cueillir les oranges ?
L’arbre
Parce que depuis plusieurs jours j’ai soif, il n’y a pas eu une seule goutte de
pluie et vous les humains vous ne daignez même pas m’arroser… et vous
voulez que je vous donne mes oranges ?
Fatou
Je prends juste quelques oranges, rien que pour moi et mes enfants.
L’arbre
tu n’auras aucune orange, ou alors il te faudra m’arroser tout le temps. Je
veux dix litres d’eau par jour !
Fatou
Dix litres d’eau ?
L’arbre
Si tu veux que mes fruits soient juteux il faudra beaucoup m’arroser.
Fatou
Arbre, ne soit pas dur avec nous, on a besoin de manger au village.
L’arbre
Et moi, j’ai besoin de boire… D’ailleurs, tu ne devrais pas rester là car les
singes vont bientôt arriver.
Fatou
Les singes ?
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L’arbre
Oui, les singes… eux aussi adorent manger des oranges.
Fatou
mais si tu les laisses manger tes fruits, il n’y aura plus rien pour nous !
Pourquoi fais-tu ça ?
L’arbre
Parce que les singes, eux, ne nous coupent pas les branches à moi et à mes
frères. Vous les hommes vous nous tuez et vous nous transformez en
charbon.
Fatou
Le charbon, quel charbon ? Nous, on utilise le gaz pour faire cuire nos
aliments.
L’arbre
Vous nous tuez, pour en faire du charbon et vos maisons, parfois vous nous
tuez pour rien parce que vous les hommes vous ne savez que tuer.
Fatou
C’est d’accord, arbre, je viendrai t’arroser tous les jours, mais ne demande
pas autant d’eau. Je ne pourrai porter que cinq litres d’eau.
L’abre
Alors, tu n’auras droit qu’à cinq oranges !
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Africalia
UNESCO
Editions Le Carbet
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Bibliograhie
Enseigner avec aisance grâce au théâtre, 2ème édition - Gérard Quentin, Chronique
sociale – 2004
L’invention des ateliers d’écriture en France, Isabelle Rossignol – Ed. l’Harmattan – 1996
Guide des méthodes de travail – Nouvelle édition – Michel Coéffé – Dunod - 1993
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