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Marsollier, C. (2012). Investir la relation pédagogique.

Repères pour l'éthique de


l'enseignant. Lyon : chronique sociale.

les normes communes à notre société, sous le guidage des maîtres et des Chapitre 3
ATSEM et dans le jeu des interactions collectives avec leurs pairs. Pour
Pierre Bourdieu, l'habitus (langage, normes, valeurs, etc.) des enfants des
milieux dits favorisés étant en affinité avec celui des enseignants, en va­ Renforcer les domaines
lorisant le capital culturel des enfants des classes dominantes, l'École fe­
rait plus qu'intégrer socialement ses élèves, elle agirait comme une ins­
de compétences relationnelles
tance au service du maintien ou du renforcement de la position sociale des des enseignants
classes dominantes (« reproduction sociale ») d'une génération à l'autre.
Hypothèse que Raymond Boudon considère comme un effet pervers d'une
accumulation de choix individuels rationnels, puisque pour lui, la scolarité Ce n'est pas parce que les choses sont
est surtout caractérisée par tout « un ensemble de points de bifurcation » difficiles que nous n'osons pas,
(choix des filières, de la langue, des options au collège, seconde à option, c'est parce que nous n'osons pas que les
de la première, puis des études postbac : fac ou grandes écoles) qui néces­ choses sont difficiles.
sitent de la part des familles d'opérer des stratégies individuelles d'après
les informations dont elles disposent en termes d'avantages, de contraintes Sénèque
financières et de coût cognitif pour leur enfant et de la qualité des rapports
qu'elles entretiennent avec les enseignants48 . Agir en professionnel de l'éducation suppose pour un enseignant, qu'au­
Dans ce processus d'intégration sociale, les difficultés de communication delà de la maîtrise de compétences didactiques, il dispose d'habiletés
entre parents d'origine modeste et enseignants illustrent d'une part, les iné­ psychosociales lui permettant de créer des conditions de communication
galités de considération et les préférences subjectives que ces derniers peu­ constructives dans l'ensemble des situations qu'il est amené à rencontrer,
vent parfois manifester dans lesfeed-back destinés à leurs élèves à travers la tant du point de vue de la relation individuelle à l'élève que du point de sa
fréquence des regards, des sourires, des félicitations ou des interrogations49, relation au groupe-classe.
et d'autre part, la difficulté de comprendre les attentes des enseignants à Ces conditions de communication visent quatre fonctions distinctes et com­
leur égard. plémentaires :
- créer un climat de classe propice aux interactions constructives entre élè­
ves et à leurs apprentissages ;
- s'adapter à la spécificité de chacun des différents moments qui rythment
et ponctuent un cours ou une séance pédagogique ;
- asseoir son autorité tout en apportant son soutien aux élèves qui en mani­
festent le besoin, eu égard à l'hétérogénéité de toute classe ;
- motiver et valoriser les élèves de manière à leur permettre de réussir et de
renforcer chez chacun d'eux l'estime de soi.

La création d'un climat positif d'échanges


et d'apprentissage
Simple, naturelle pour certains enseignants et complexe voire impossible
pour d'autres, la création d'un climat de classe serein et véritablement pro­
48. Cléopâtre Montandon et Philippe Perrenoud, Entre parents et enseignants, un dialogue impossible,
pice à une communication et à un engagement constructif des élèves est
Peter Lang, 1988. devenue une des difficultés principales d'exercice du métier, notamment
49. Régine Sirota, L'École primaire au quotidien, PUF, 1988. devant les comportements incivils d'un nombre croissant d'élèves.

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