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Chez l'Homme, le vieillissement est un processus complexe, lent et progressif, qui implique divers facteurs
biologiques, psychologiques et sociaux. Ces facteurs sont en partie génétiques (vieillissement intrinsèque), et
pour partie liés à l'histoire de vie de chacun (facteurs externes de vieillissement, acquis ou subis). Le
vieillissement de certaines cellules commence dès la naissance, voire in utero. Chez l'Homme, par convention,
on parle de vieillissement à partir d'un certain âge (l’âge « mûr »), avant de différencier le 3e âge (65 – 89 ans)
du 4e âge ou grand âge (> 90 ans). Sur le plan médical, les définitions chronologiques sont reléguées au second
plan au profit de celles tenant compte du niveau de dépendance du sujet âgé.
Définition
Il existe plusieurs définitions du « vieillissement », selon l'approche dans laquelle on se place.
L'ensemble des phénomènes d'affaiblissement des fonctions physiologiques liés au vieillissement d'un
organisme vivant constituent la sénescence (formé sur le mot latin : senex, « vieillard »).
L'état pathologique résultant de la sénescence est la sénilité. On peut aussi parler du vieillissement
(éventuellement prématuré) d'un organe (la peau exposée aux UV par exemple).
On parle aussi d'une « société vieillissante » pour désigner la période durant laquelle le nombre de
personnes âgées croît, à la suite de l'augmentation de l'espérance de vie et à la diminution des taux de
natalité (inversion de la pyramide démographique dans certains pays tels l'Allemagne ou l'Estonie),
observés sur presque toute la planète. Ce vieillissement de la population est devenu un sujet, socialement,
politiquement et biologiquement préoccupant, qui explique une gérontologie biologique et sociale en plein
essor, au moins dans les pays riches. Sur le plan sociologique, les chercheurs cherchent à montrer que le
vieillissement est un construit social. Les définitions chronologiques sont aussi placées au second plan pour
mettre en avant le mode de vie de la personne âgée ou du senior. Les chercheurs des sciences humaines et
sociales abordent notamment les aspects culturels du vieillissement et les rapports de pouvoir sociaux, par
exemple à travers la notion d’« âgisme » qui désigne la discrimination vis-à-vis des personnes âgées 2.
Au regard de l'état civil, le vieillissement ou les âges de la vie sont quantitativement donnés par
le calendrier dont le repérage diffère d'une culture à une autre ;
1. socialement, l'âge est un indice de vieillissement ne renseignant pas sur le nombre de jours restant à
vivre (qui croît dans la plupart des pays non en guerre3) ;
2. une approche plus physiologique, permise par les progrès des moyens d'investigation médicaux cherche
à estimer le vieillissement physique des organes et notamment du cerveau, par exemple par une perte
progressive de neurones et l'appauvrissement en synapses, qui est dans le déroulement observé de la vie
du corps humain (c'est-à-dire sans maladie) ;
3. le psychologue et le gérontologue ou le sociologue s'intéressent aussi au vieillissement subjectif (tel que
vécu par la personne, parfois davantage perçu que réel), avec diverses attributions de sens au
vieillissement4.
Vieillissement normal
Le vieillissement est un phénomène dont les retentissements biologiques, psychologiques et sociaux sont
étroitement liés.
Aspects neurologiques
Le premier aspect est peut-être la dégradation continue de cent milliards de neurones à la naissance. La masse
du cerveau diminue, graduellement et sûrement, d'environ 10 %, durant toute la vie, par la mort des neurones qui
ne se produit pas au même rythme et aux mêmes régions chez toutes les personnes. Cette perte a lieu surtout
dans les couches externes associatives, laissant intactes les parties internes, responsables des actes réflexes qui ne
dépendent pas de l'apprentissage.
Elle se situe principalement dans le cortex cérébral, responsable de la motricité, la pensée et les sens. Mais, la
perte du poids cérébral, avec l'âge, est moins significative que l'appauvrissement en qualité et en quantité des
connexions neuronales ou synapses qui permettraient à un neuropathologiste, dans sa dissection et son
observation, de déterminer l'âge, à partir de la richesse en synapses. La plasticité ou labilité des synapses
signifient que ces connexions neuronales se font, se défont et se refont à l'usage et à n'importe quel âge. Le
cheval de bataille de Jean-Pierre Changeux, neurobiologiste, est cette « plasticité synaptique » où les circuits
neuraux se font par des activités d'apprentissage et se défont par inactivité. Le dispositif cérébral s'use quand on
ne s'en sert pas5. Freud a longtemps considéré qu’il y avait dans la vieillesse, une barrière qui excluait les sujets
âgés du champ psychothérapeutique, en raison d’un défaut de plasticité des processus psychiques, « ses
successeurs s’orientent différemment, soulignant au contraire, les capacités surprenantes de plasticité psychique
y compris chez certains vieillards, dès lors que le sujet âgé se déprend des effets du discours négativiste
sociétal »6.
Aspects psychologiques du vieillissement
S’il est difficile de distinguer les modifications psychologiques directement induites par le vieillissement, de
celles accompagnant parfois les conséquences de celui-ci (Ninot, 2004[réf. incomplète]), certains changements se
dégagent comme affectant la dimension cognitive et émotionnelle dans le cadre du vieillissement normal.
D’un point de vue psychanalytique, le vieillissement est un « processus évolutif ou par crises7 qui traduit
l’impact psychique des détériorations d’un organisme mature8 ». Pour le sujet âgé, il s’agira « d’intégrer ce à
quoi le confronte le fait de vieillir, quant à son désir, quant au rapport au temps et à la mort7 ».
« Ce travail psychique, conscient et inconscient, débute lors de la crise du milieu de la vie, lorsqu’apparaissent
les premières défaillances et limites corporelles. À chaque fois, il s’agit d’une rude mise à l’épreuve spéculaire
du narcissisme et la qualité de ce dernier est un des facteurs du bien vieillir. Le vieillissement remet en jeu
l’identité (avec un travail du Moi intense), active de nombreux processus de deuil (d’objets certes mais aussi de
soi-même) et oblige à faire avec la castration (l’humour et les sublimations sont essentiels) 7
Aspects biologiques et physiologiques
Il existe un âge biologique (ou épigénétique) qui est différent de l'âge véritable, et cet âge peut varier selon les
cellules et les organes (il est beaucoup plus élevé dans les cellules ayant subi certains stress environnementaux 9).
Deux marqueurs (ou biomarqueurs10) sont connus concernant le vieillissement et l'âge biologique des gènes :
1. le raccourcissement des télomères
2. la méthylation de l'ADN, qui altère l'épigénome. Steve Horvath, généticien et biostatisticien à
l'Université de Californie de Los Angeles a montré qu'il existe un vieillissement épigénétique, c'est-à-
dire que des gènes non altérés peuvent en vieillissant voir leur expression altérée par des ajouts de
groupements méthyle (méthylation) sur l'ADN. Sur cette base, Horvath a développé
un algorithme (librement disponible) qui prédit avec une précision de +/- 3 à 5 ans l'âge d'une
personne, rien que d'après l'observation de deux sites de méthylation sur son ADN. Plus le profil de
méthylation est complet, plus l'âge peut être donné avec précision
Notes et références