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SOINS INFIRMIERS EN

GÉRIATRIE
3° ANNÉE

ANNÉE 2012 -2013

NOTES DE COURS ÉLABORÉES PAR IMMACOLATA VACCARO


- TABLE DES MATIÈRES :

1. LE VIEILLISSEMENT : - INTRODUCTION
- CAUSES
- CONSÉQUENCES

- THÉORIES

2. LES STRATÉGIES DU BIEN-ÊTRE MENTAL : - LA SANTÉ PHYSIQUE


- L’ ACTIVITÉ MENTALE
- L’ACTIVITÉ SOCIALE
- LE RÔLE INFIRMIER
3. LE VIEILLISSEMENT DES SENS : - LA VUE - L’OUIE

-L’ODORAT -LE GOÛT

-LE TOUCHER

4. LE VIEILLISSEMENT DES APPAREILS : - CARDIO-VASCULAIRE

-RESPIRATOIRE

-LOCOMOTEUR

-URINAIRE

5. LE TOUCHER - MASSAGE

6. LES TOILETTES : - AU LIT

-À L’ÉVIER

-LES DOUCHES

-LES BAINS

7.LES INFECTIONS : - LES FACTEURS DE RISQUES

-LES DIFFÉRENTS TYPES

-LA PRÉVENTION

8. LES TROUBLES PSYCHOLOGIQUES

9. LES ANÉMIES

10. LA CHIRURGIE ET LA PERSONNE ÂGÉE

11.LA MÉDICATION

12.LA DOULEUR ET LA P.A.

13. LES SOINS PALLIATIFS

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1. LE VIEILLISSEMENT
INTRODUCTION :
Depuis quelques décennies, notre population ne cesse d’augmenter en même temps qu’elle continue de
vieillir. Le pourcentage des personnes âgées s’accroît, tandis que la société de consommation glorifie la
jeunesse éternelle. Le culte de la beauté envahissant nos écrans, nous sommes baignés d’images dans
lesquelles les marques du vieillissement doivent être traquées et combattues avec des promesses de
fontaine de jouvence et de longévité sans pareille. Ainsi, la super mamie sautant à l’élastique dans une
publicité nous fait rêver d’une vieillesse dans laquelle nous resterions en possession de toutes nos facultés.
La vieillarde ,percluse de douleurs et enfermée dans sa détresse, que nous soignons en institution nous
révèle une autre facette de la vie qui inéluctablement dans son évolution peut entraîner usure, pertes,
handicaps et mort.

Le vieillissement « cet ensemble de phénomènes qui marque l’évolution d’un être vivant vers la mort »
(Larousse) est un processus physiologique et naturel qui s’impose à tous. Cependant, il existe de nombreuses
variantes individuelles et de multiples facteurs qui l’influencent. Dès lors que chacun de nous sommes plus
ou moins sensibles à tel environnement, tel vécu, telle situation, telle maladie, telle infection, nous vieillirons
tous différemment avec nos limites, nos particularités, nos adaptations.

Il n’existe donc pas UNE personne âgée dont nous pourrions décrire les mécanismes et l’avancée en âge
mais DES personnes âgées, toutes différentes dans leurs parcours. Les personnes âgées constituent une
population très HÉTÉROGÈNE qu’il convient d’approcher de manière multidimentionnelle avec un regard
renouvelé, observateur et ouvert aux mille et une facettes de l’humanité vieillissante.

Les infirmiers, les infirmières doivent être capables de relever ce défi comme celui de participer au débat
public autour des soins de santé pour assurer la qualité de la prise en charge des personnes âgées qui seront
dans l’avenir toujours plus nombreuses à souffrir de maladies chroniques et de handicaps.

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CAUSES ET CONSÉQUENCES :

La longévité est la durée maximale de la vie observée pour une espèce donnée.

Elle est de 122 ans pour l’espèce humaine ! Dans la décennie qui vient, les prévisions nous annoncent de
plus en plus de centenaires. Alors qu’au siècle dernier, on était vieux à 45 ans, il est aujourd’hui de bon ton
d’évoquer l’âge de la maturité pour les quarantenaires avec l’espérance d’années supplémentaires à vivre
dans l’épanouissement professionnel et la retraite active. Il est courant de parler du troisième âge et du
quatrième âge. Le troisième âge caractérisant les 65 – 75 voire 80 ans pour les femmes et englobant les
retraités dynamiques dont la majorité est peu concernée par les problèmes de fragilité et de handicaps. Le
troisième âge caractérise les plus de 75 – 80 ans, cette catégorie regroupe les personnes âgées les plus
touchées par la perte d’autonomie et les problèmes de santé invalidants. L’espérance de vie des femmes
reste en moyenne un peu plus élevée que celle des hommes (5 à 7 ans). Sur l’autre versant
démographique, à moins d’un nouveau et spectaculaire baby boom, le petit nombre d’enfants en moyenne
par famille ne permet pas d’atteindre un équilibre et nous aboutissons à une équation où il y a toujours
plus de personnes âgées pour de moins en moins de jeunes. Les causes de cette situation démographique
peut se résumer par :

- La baisse de fécondité,

- L’allongement de la durée de vie par la diminution de la mort infantile


(lutte contre les maladies infectieuses, épidémies) et la diminution de la
mortalité des adultes (progrès dans les traitements des maladies cardio-
vasculaires et des cancers dès les années 70).

- L’amélioration des conditions socio-économiques et d’hygiène ainsi que


des programmes de prévention.

Les conséquences de cet état de fait sont multiples.

D’ordre économique quand il s’agit d’envisager le système de pensions et les besoins sanitaires.

D’ordre familial quand on songe au soutien intergénérationnel et à la prise en charge de la personne âgée
par ses enfants ou ses proches.

D’ordre sociologique quand on regarde le paysage sociétal dans ses possibilités d’évolution, de recherche
technologique et scientifique.

D’ordre humain quand on observe notamment les phénomènes de violence vis-à-vis des personnes
vieillissantes ou encore des attitudes de rejet voire d’âgisme (l’âgisme pouvant être apparenté au racisme
et toute forme de discrimination, de stéréotypes négatifs à l’encontre des personnes âgées).

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Depuis un siècle dans nos contrées, le nombre des maisons de repos et de soins « poussent comme des
champignon » et les listes d’attente pour y accéder sont parfois très longues, ce qui suppose d’énormes
difficultés dans les situations d’urgence quand la personne en perte d’autonomie grave ne peut
subvenir à ses besoins et n’a personne dans son entourage qui puisse y suppléer. On peut ainsi observer
des modalités dans lesquelles une personne est placée très loin de sa région avec perte totale de tous
ses repères ou d’autres dans lesquelles les familles chargées d’assumer à la fois leurs enfants, leur
travail et leurs parents âgés s’épuisent et craquent.

LES THÉORIES DU VIEILLISSEMENT :


La vieillesse est encore appelée SÉNESCENCE en opposition à la SÉNÉLITÉ qui caractérise le vieillissement
pathologique.

En effet, le vieillissement est normal et s’accompagne de changements physiques et comportementaux


prévisibles qui surviennent chez tous dans un processus qui n’épargne personne. Cependant, on peut
parler de vieillissement réussi lorsque les modifications liées à l’âge n’atteignent jamais le seuil de
l’insuffisance d’organes permettant de garder ainsi une autonomie dans la vie quotidienne malgré les
ralentissements et les limites inhérentes à la vieillesse.

Diverses théories se disputent le devant de la scène :

La théorie biologique ou le phénomène de HAYFLICK :


Les cellules ne peuvent âtre divisées qu’un certain nombre de fois (50 à 60), ce qui conduit
immanquablement à l’épuisement du potentiel de division cellulaire et à l’usure de l’organisme. Mais, il
existe des différences inter-individuelles dans lesquelles on peut remarquer que tous ne sont pas égaux
face à l’usure de tel ou tel organe, ce qui est expliqué notamment par des théories génétiques. Un sujet
aurait une fragilité plus marquée pour tel ou tel système sooit que cela soit inscrit sur son matériel
génétique , soit que l’accumulation de déchets métaboliques endommage la synthèse d’ADN (Théorie de
l’usure).

La théorie de l’histoire environnementale :


Rayons de soleil, carcinogènes industriels, traumatismes, infections… joueraient un rôle dans le
processus du vieillissement (facteurs secondaires plus que primaires mais importants à connaître
pour le soignant dans les campagnes de prévention).

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La théorie de l’immunité :

Les défenses contre les corps étrangers diminueraient avec l’ âge entraînant une augmentation de la
sensibilité aux maladies comme le cancer et aux infections comme aux maladies auto-immunes (arthrite
rhumatoïde, allergies à des facteurs environnementaux …)

La théorie neuro-endocrinienne :
Il y aurait dans le vieillissement un ralentissement de la sécrétion de certaines hormones qui ont un impact
sur les sécrétions contrôlées par le système nerveux comme par exemple le temps de réaction nécessaire
pour accepter, intégrer et réagir à un stimulus ( ralentissement de comportement interprété souvent à tort
comme surdité, manque de connaissance, de coopération, de compétences, voire de l’agressivité !).

Les infirmiers, les infirmières peuvent maintenir leur vigilance par rapport à ce phénomène pour
développer patience, réduction de leurs exigences et attentes, langage articulé lentement et

« laisser le temps… ».

La théorie psycho-sociale :

Les changements d’attitude et de comportement dans la vieillesse pourraient trouver leur origine dans ce
que la personne a vécu dans une société donnée, à un moment donné, dans son histoire de vie particulière
et unique notamment dans les phases les plus précoces (petite enfance…). Beaucoup de choses peuvent
être réactivées durant la vieillesse et les soignants être compréhensifs et démunis devant une personne
dont ils connaissent si peu l’histoire qu’ils interprètent à tort leurs propos ou attitudes comme : « à côté de
la plaque, ils perdent la tête, ils affabulent… ». L’histoire des personnes révèlent parfois de manière
inattendue par l’intermédiaire de la famille ou à l’occasion d’un moment durant lequel la personne
s’exprime plus clairement que les propos qui nous apparaissent à première vue hors sens , prennent
justement tout leur sens lorsqu’on les replace dans le contexte vécu par la personne mais si souvent
ignorés par nous qui l’approchons.

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La théorie de la personnalité :

Cette théorie s’intéresse aux aspects de la croissance psychologique. Notamment développée par Jung qui
voyait dans la dernière étape de la vie un temps où l’individu fait l’inventaire de son parcours soit un temps
pour regarder en arrière plutôt qu’en avant. Pendant ce processus de réflexion, l’adulte âgé découvre
souvent que la vie lui fourni une série de choix qui une fois faits le conduisent dans une direction qui ne
peut plus être modifiée. Des regrets peuvent naître par rapport à certains aspects mais beaucoup de sujets
âgés peuvent aussi exprimer un sentiment de satisfaction face à ce qui a été accompli. D’autres auteurs
comme Neugarten notent que l’intériorité est une caractéristique du vieillissement et identifie huit
schémas d’ajustement. Parmi eux, le fait que le vieillissement sain dépendrait non pas de la quantité
d’activité sociale de la personne mais de la façon dont elle est satisfaite. Il est essentiel pour les infirmiers,
les infirmières travaillant avec les personnes âgées de les aider à identifier ce qui fût porteur de sens et
réussi comme les activités sociales actuelles qui pourraient encore être vécues dans ce sens (y compris la
fréquentation d’une autre personne dans l’amitié ou dans l’amour, ce qui redonne un élan à la vie. Ces
sentiments persistants jusqu’au dernier souffle, sachons-le !).

La théorie des tâches développementales :

Les tâches développementales sont des activités et des défis que la personne doit accomplir à des étapes
spécifiques de sa vie pour atteindre un vieillissement réussi.
Erickson décrit les tâches fondamentales du grand âge comme étant celle où on est capable de regarder sa
vie comme une vie vécue avec intégrité. Si elle ne peut pas y arriver, la personne âgée risque d’être
perturbée par des sentiments de regrets et de désespoir.

La théorie du désengagement et théorie de l’activité :

Ces deux théories s’opposent. Pour la première, les personnes âgées se mettraient en retrait de la vie
sociale et trouveraient leur bénéfice dans le fait que cela leur donnerait du temps pour réfléchir sur les
réalisations de leur vie et pour accepter leurs désirs non comblés heureuses de voir leurs responsabilités
assumées par la jeune génération.
Pour l’autre au contraire, pour vieillir de façon réussie, il faut rester actif. Ainsi l’occasion de jouer un rôle
significatif dans la vie de ceux qui sont importants pour soi serait une composante essentielle du bien-être
de l’adulte vieillissant. Et, en effet, nous entendons souvent des personnes âgées dire avec tristesse voire
désespoir : « Je ne sers à rien, …Je suis un poids…. ». Nous nous penchons pour cette théorie de l’activité
dans laquelle garder une activité physique et mentale serait impératif pour maintenir la qualité de vie du
sujet vieillissant. En maison de repos, veiller à maintenir des contacts et des activités avec les enfants et
petits-enfants : un jeu, une histoire à raconter, une recette à partager ou avec les autre résidents, pouvoir
apporter son aide, aider à faire un repas… sont autant d’éléments à susciter et à préserver !

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La théorie de la continuité :

Elle met l’accent sur le fait que les traits fondamentaux de la personnalité restent inchangés, voire
accentués au cours du vieillissement. La personne qui apprécie la compagnie et une vie sociale active ne va
pas tout à coup trouver son bonheur dans l’isolement et la méditation. Celle qui a toujours apprécié la
solitude, et a eu un nombre limité de sorties et d’activités, ne va pas apprécier tout à coup de devoir
partager ses repas avec des individus inconnus et bruyants. Celle qui a l’habitude d’avoir le contrôle et de
prendre ses propres décisions, n’abandonnera pas facilement ce rôle simplement parce qu’elle vieillit. De
surcroit, la personne qui a été manipulatrice ou agaçante dans ses relations interpersonnelles pendant ses
jeunes années ne va pas soudain développer une approche différente avec l’âge. Une connaissance et une
compréhension des schémas de personnalité et de fonctionnement antérieurs peuvent donner un
éclairage bien nécessaire pour une prise en charge adéquate et réussie…

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2. LES STRATÉGIES DU BIEN-ÊTRE MENTAL POUR UN
VIEILLISSEMENT HEUREUX :

INTODUCTION :
Certaines théories font l’hypothèse que les personnes âgées qui vieillissent le mieux sont celles qui en
restant actives résistent au rétrécissement de leur monde social. Elles maintiennent ainsi des
activités de l’âge moyen, le plus longtemps possible : marche en groupe, clubs divers, voyages, vélo
et autres. Ensuite, si elles doivent en abandonner l’une ou l’autre, elles trouvent des substituts : jeux
de cartes, petits soupers, planter des fleurs, collectionner des objets ect… Comme le disait un vieil
homme : « Je préfère m’user que rouiller ». Une étude réalisée entre 1971 et 1983 aux States sur
3000 personnes âgées de 65 à 84 ans, a montré que ceux qui étaient à risques de ne pas bien vieillir
étaient : « ceux qui avaient une santé qu’ils trouvaient mauvaise, dont le conjoint était décédé, dont
l’état mental était compromis de quelque façon, qui développaient un cancer et étaient forcés de
prendre leur retraite à cause de problèmes de santé ».

Le bien-être mental, le « moral » fait entrevoir le vieillissement avec un regard plus fort et plus
serein. Ce bien-être mental peut être influencé par :

- La santé physique,

- L’activité physique,

- L’activité mentale,

- L’activité sociale,

- Le soutien social.

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3. LE VIEILLISSEMENT DES SENS

INTRODUCTION :
Beaucoup de personnes âgées ont des problèmes sensoriels avec les modifications normales dues à l’âge.
Ces modifications ne surviennent pas à la même vitesse ou au même moment pour chacune et peuvent ne
pas apparaître de façon évidente. En tous cas, il faut garder à l’esprit que les troubles sensoriels influent
considérablement le mode de vie, la perception négative du vécu, les interactions sociale, la capacité de
répondre au danger, la faculté à interpréter les informations, à créer de nouvelles rencontres et peut
accélérer grandement l’évolution vers la dépendance.

Il arrive fréquemment que les personnes âgées présentant des difficultés au niveau de la vision ou de
l’audition, s’isolent, ne s’aventurent plus en hors de chez elles de peur de ne plus pouvoir interagir
efficacement avec les autres ou de ne plus pouvoir lire des signaux autrefois très lisibles risquant de se
mettre en danger ou de se déplacer sur un terrain accidenté et de chuter. Si elle présente des troubles
auditifs, elle répondra de façon inadéquate dans une conversation, ce qui l’embarrassera et l’amènera à ne
plus parler !

Les perceptions sensorielles, nous permettent d’apprécier notre environnement et de l’appréhender de


manière à lui répondre ou à y faire face. Par exemple, cela signifie : apprécier des paysages, de la musique,
prendre part à une discussion, à un repas agréable, participer à des loisirs, être touché par un être aimé,
sentir les odeurs des fleurs et du printemps, bénéficier des caresses du soleil sur sa peau… En outre, les
perceptions sensorielles agissent aussi comme système de sécurité et nous aident à nous protéger : sentir
l’odeur du brûlé, les rayons nocifs du soleil de midi, la sécheresse buccale et la sensation de soif, la moto
qui arrive à toute allure, le goût qui permet notamment de détecter si une nourriture est avariée ou non…

Gardons-nous de minimiser l’impact d’une baisse de l’acuité visuelle, auditive, gustative, olfactive et
cutanée. Quand lire sans lunettes devient impossible, reconnaître un visage à l’œil nu, il est impératif de
fournir des soins ophtalmiques de qualité, de veiller à l’administration correcte de collyre, de relever les
plaintes et d’y remédier au plus tôt pour préserver le maximum du capital visuel. Il faut repérer les lunettes
sur ou dans la table de nuit, les laver tous les jours et les placer sur le nez du patient. Prévoir des visites
régulières chez le spécialiste pour les résidents en M.R. fait partie du nursing !

Au niveau des prothèses auditives, il faut prévoir le change des piles tous les 15 jours, s’organiser avec la
famille : c’est un acte de soin ! Après la toilette du visage, ne pas hésiter à fournir au patient ses lunettes,
ses prothèses grâce auxquelles il pourra nettement mieux communiquer !

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En ce qui concerne la bouche et les dents, il faut bien comprendre combien il est important pour la
personne âgée d’avoir des prothèses bien ajustées, une cavité buccale propre et exempte de résidus,
mycoses, aphtes et autres altérations. Pour pouvoir profiter des repas, retrouver le plaisir de manger et de
savourer les saveurs, il faut bien une bouche en bon état. Il y va de la satisfaction d’un des besoins vitaux !
De surcroit, pour entrer en relation, une haleine fétide est un obstacle majeur… Pensons-y et osons
prendre l’initiative d’un bain de bouche, d’un brossage de dents, d’une mise en place des prothèses
dentaires en priorité dans l’ordre des soins d’hygiène. Il est bien plus aisé pour la personne de bavarder
quand elle sent sa bouche fraiche que si elle la sent pâteuse et nauséabonde.

En ce qui concerne les senteurs, déjeuner dans une chambre qui véhicule des odeurs de transpiration et de
selles n’est guère affriolant et suscite d’avantage la nausée que l’appétit. Déjeuner avec une protection
mouillée ou souillée est inadmissible. Il faut rafraichir le patient ; le mettre au sec est un minimum avant
de lui proposer à manger. Aérer, trouver un endroit plus confortable qu’un environnement qui sent
mauvais et prendre soin des fleurs… après la toilette, quelques gouttes de parfum, de déodorant peuvent
s’avérer souverain et remonter le moral en même temps que la fringale. Odorat et goût étant liés, le repas
sera d’autant plus bénéfique si les effluves d’une nourriture appétissante passe par là ! Enfin, manger le
nez bouché ou avec le souffle court, est un vrai travail de titan : il faut veiller à l’alléger en administrant au
préalable au repas gouttes nasales voire rinçage au L.P. et, aérosol. Installer le patient confortablement en
position bien assise, lui laver les mains si nécessaire : personne n’aime manger après être passée sur la
chaise percée et s’être souillé les mains en s’essuyant !

En ce qui concerne le toucher, vous trouverez tout un chapitre sur cette approche relationnelle
indispensable à l’humanité qu’elle soit souffrante ou bien portante. Des schémas de toucher-massage vous
seront en outre proposés et des exercices pratiques réalisés en classe.

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LE VIEILLISSEMENT DES SENS :

1. LA VUE :

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De nombreuses modifications anatomiques surviennent avec l’âge au niveau de l’œil.

La précocité de leur apparition et leur importance sont fonction de l’hérédité et de


l’environnement.

Elles sont responsables d’une baisse de la fonction visuelle.

LES PAUPIERES :

Les modifications du tissus cutané (perte d’élasticité, atrophie cutanée) peuvent


entrainer :

✓ Un entropion :

Il correspond à une bascule à l’intérieur du bord ciliaire inférieur mettant en


contact les cils avec la cornée. Ce qui entraine une irritation permanente. Son
traitement est chirurgical.

✓ Un ectropion :
Il correspond à une bascule en dehors du bord ciliaire inférieur. Il en résulte
une irritation répétée de la conjonctive palpébrale et un larmoiement par
éversion en dehors du point lacrymal inférieur. Le traitement est chirurgical.

✓ Un blépharo-chalazis :
Il constitue un plis recouvrant la marge palpébrale et pouvant obturer la fente
palpébrale.

L’ORBITE :
La graisse qui tapisse l’orbite diminue, donnant l’impression que les yeux sont
enfoncés dans les orbites. Cette énophtalmie peut s’accentuer d’un degré de
ptosis (chute de la paupière).

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LES GLANDES LACRYMALES :
Leur atrophie progressive est responsable d’une sécheresse oculaire qui
explique les picotements ou brûlures souvent ressentis par les personnes âgées
et l’apparence terne de l’œil. Le traitement médical consiste à instiller plusieurs
fois par jour des larmes artificielles.

LA CONJONCTIVE :
La dégénérescence des fibres élastiques sont responsables de la penguecula.
C’est une masse en relief de coloration jaunâtre qui siège près du limbe dans
l’ouverture de la fente palpébrale.

LA CORNEE :
L’âge est responsable de :
✓ Une diminution de transparence.
✓ Un astigmatisme
Il est dû à une perte de l’élasticité de la cornée qui tend à devenir plus
sphérique.
✓ Un arc sénile ou gérontoxon
Il est constitué de dépôts lipidiques et n’a pas toujours de rapport avec
l’hypercholestérolémie.

LA SCLERE :
Des taches jaunâtres apparaissent, contrastant avec le blanc de la sclère
normale. Il s’agit des plaques hyalines séniles localisées.

L’IRIS :
Il s’amincit, s’atrophie et se dépigmente. Il en résulte :
✓ des granulations brunâtres à sa surface,

LA PUPILLE :
L’iris s’amincissant et s’atrophiant, il en résulte :
✓ un liséré papillaire irrégulier et décoloré.
✓ Un myosis qui est le rétrécissement du diamètre pupillaire et qui diminue la
quantité de la lumière parvenant à la rétine.
✓ Une moins bonne efficacité des réponses de contraction et de dilatation
pupillaire aux changements d’éclairage.

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L’ANGLE IRIDO-CORNEEN :
Le glaucome survient lorsqu’il y a obstacle à l’écoulement de l’humeur aqueuse
secrétée par le corps ciliaire. L’hypertension intra-oculaire qui en résulte peut
entrainer une cécité définitive par souffrance rétinienne.

LE CRISTALLIN :
C’est la lentille située entre l’iris et le corps vitré.
Il subit des modifications touchant les trois propriétés nécessaires à une
bonne vision : l’élasticité, la focalisation et la transparence.
✓ Perte progressive du cristallin :
Vers 45 ans l’élasticité diminue jusqu’à perdre la capacité
d’accommodation vers 60 ans. La personne âgée éprouve des difficultés
à voir de près. C’est la presbytie qui est corrigée par le port de lunettes
convexes pour lire.
✓ Modification de la perception des couleurs :
C’est en rapport avec le jaunissement du cristallin. Cette modification n’a
pas d’incidence sur la fonction visuelle.
✓ Opacification :
Le cristallin a tendance à s’opacifier avec l’âge ; ce qui entraine une
baisse progressive de l’acuité visuelle. On parle de cataracte sénile.
Seul le traitement chirurgical est efficace.

LE CORPS VITRE :
C’est un corps visqueux transparent. Sa modification entraine une liquéfaction
du milieu responsable de l’éblouissement à la lumière et des corps flottants. Ils
se manifestent par des taches sombres, mobiles et parasitent la vision d’un ou
des 2 yeux. Ces « mouches volantes » sont surtout présentes lorsque la
personne regarde un support clair.

LA RETINNE :
Elle est le siège de lésions dégénératives et de lésions d’origine vasculaires
avec pour conséquence la dégénérescence maculaire.
Le traitement se fait par laser.
Le décollement de la rétine :phosphènes (éclairs lumineux) et perte
progressive de l’acuité visuelle. Le traitement est chirurgical.

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2. L’OUIE :

Les modifications morphologiques touchent les structures de la chaine auditive et


particulièrement l’oreille interne.
Elles surviennent progressivement et sont également dues à d’autres facteurs comme
l’exposition au bruit, des facteurs génétiques, toxiques ou vasculaires.
→ oreille interne : - réduction de production de cérumen,
- épaississement et sclérose du tympan.
→ oreille moyenne : - accroissement de la rigidité des osselets,
- ostéoporose des osselets.
→ oreille interne : - perte des propriétés contractiles des cellules ciliées externes,
- dégénérescence des cellules sensorielles cochléaires et
vestibulaires,
- altération des structures de soutient.

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→ voies et centres nerveux de l’auditions :
- atrophie du nerf auditif,
- perte neuronale,
- altération des connections synaptiques.

Les troubles fonctionnels :


→ presbyacousie : c’est un déficit de perception irréversible en rapport avec la
sénescence de l’oreille interne. Elle est considérée comme l’un des premiers
handicaps des personnes de plus de 70 ans. Elle peut être détectée dès l’âge de
30 ans sur les audiogrammes, mais elle n’entraîne pas de gêne décelable avant
50-60 ans.
La presbyacousie est caractérisée par :
- une atteinte de la perception des sons aigus,
- une gêne dans le bruit ( difficulté à comprendre la parole ),
- une moins bonne perception des consonnes amenant la personne
à accuser les jeunes de « ne pas articuler ».
Cet état va avoir des répercussions sociales et psychiques avec isolement
progressif.
La moins bonne compréhension entraîne des incompréhensions et des
malentendus parfois pris pour des troubles de la mémoire ou du jugement.
La P.A. sera coupée progressivement de son environnement en n’entendant plus
l’eau couler du robinet, le bruit des pas…

Elle n’osera plus quitter son domicile de peur de ne pas entendre la voiture qui
arrive.
La communication avec son entourage se limitant au strict minimum, elle aura
tendance à refuser les réunions familiales ou amicales. Cette absence de
stimulation peut favoriser l’apparition d’une détérioration intellectuelle et/ ou
une dépression.
Le traitement est essentiellement représenté par la prothèse auditive qui
comprend un boitier avec un récepteur, un amplificateur et un embout
auriculaire par lequel le son amplifié parvient au tympan.
Il existe plusieurs sortes de prothèses dépendant de l’esthétique et de son prix.

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→ les acouphènes :
Ce sont des sensations auditives anormales comme des bourdonnements, des
sifflements… Ils peuvent être déclenchés par certaines situations mais ils
peuvent aussi être permanents, représentant alors une gêne majeure dans la vie
quotidienne.

→les vertiges :
Le vieillissement de la fonction d’équilibration ,qui fait intervenir le système
labyrinthique et vestibulaire, est responsable d’une presby-vestibulie.
Elle se traduit par des troubles de l’équilibre avec sensation d’instabilité
survenant surtout à la marche. Ces sensations sont source d’angoisse et limitent
la personne âgée dans ses déplacements. Une rééducation vestibulaire par des
kinésithérapeutes spécialisés a des résultats encourageants et permettent à la
personne âgée de reprendre confiance en elle.

3. L’ODORAT :

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→Modifications morphologiques :
Avec l’âge, nous pouvons observer :
- une atrophie des organes olfactifs,
- une augmentation du nombre de poils dans les narines,
- une diminution des sécrétions des muqueuse rhino-
pharyngées.

→ Modifications fonctionnelles :
- baisse de l’olfaction :
- épistaxis :
- sensation d’écoulement postérieur :
- sensation d’obstruction nasale :

4. LE GOUT :

> Les papilles gustatives :


Leur nombre diminue et elles peuvent être atrophiées. Les récepteurs du goût
diminuent et des troubles de l’ouverture des pores gustatifs (dus à des
carences en Ni, Zc, Cu,) sont fréquents chez la P.A.

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> Les glandes salivaires :
Le parenchyme salivaire va se scléroser et se calcifier.
Le système sécrétoire va subir une baisse de la sécrétion salivaire ainsi que des
substances tampons, des amylases et des immunoglobulines A.

> Les dents :


Avec l’âge, les dents sont amenées à chuter ; des prothèses dentaires
permettront de les remplacer. Le port de ces prothèses est bénéfique au
niveau nutritionnel car il permet de se nourrir correctement mais il a aussi un
rôle esthétique non négligeable sur le plan social.
L’adaptation à ces prothèses n’est pas toujours facile, ce qui explique qu’une
majeure partie de celles-ci se retrouvent dans le tiroir de la table de nuit des
P.A.

➢ Les troubles du sens gustatif :


On peut observer des hypoagueusies avec diminution du seuil de perception de
la saveur salée ou sucrée.
L’amer et les autres saveurs persistent mais de façon variable d’une personne à
l’autre. En fait, peu de personnes âgées se plaignent de ne pas pouvoir déceler
le goût des aliments ; mais, ces modifications du goût expliquent la tendance
vers les plats sucrés ou à ajouter du sel.

➢ La sécheresse buccale :
Peu gênante si elle relève de la sénescence mais invalidante si elle relève d’un
traitement (antihypertenseur, antidépresseur, neuroleptique…).
La sécheresse buccale associée à un e acidité buccale va favoriser la
prolifération des germes ; augmentant ainsi le risque de survenue de caries
dentaires et de candidose.

➢ La dysphagie :
La sénescence est porteuse d’une détérioration de la déglutition.
Le risque principal est celui des fausses routes en cours d’alimentation.

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5. LE TOUCHER :

Les modifications qui surviennent au cours du vieillissement au niveau du système


vasculaire et neurologique (diminution en nombre et atrophie des terminaisons
nerveuses) retentissent sur la perception de la température (chaud, froid) de la
douleur, de la pression.
Ce manque de sensation peut être responsable de blessures avant que la personne
âgée n’en prenne conscience.
➢ Diminution du taux de renouvellement de l’épiderme ;
➢ Réduction de l’épaisseur de l’épiderme, avec disparition des papilles dermiques
qui se traduisent par la diminution des invaginations dans le derme, phénomène
responsable d’ampoules sous l’effet des forces de cisaillement ;
➢ Réduction du nombre de mélanocytes de l’épiderme, responsable d’une
diminution de la protection contre le rayonnement ;
➢ Réduction du nombre de cellules de Langerhans (immunité de la peau) ;
➢ Diminution du nombre de vaisseaux et d’annexes ainsi que des fibroblastes dont
la capacité biosynthétique et proliférative est diminuée ;
➢ Réduction des sécrétions sudorales et sébacées ;
➢ Altération des fibres élastiques.

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La peau est exposée à de multiples facteurs susceptibles d’accélérer le
processus naturel du vieillissement. Il existe deux types de vieillissement :

➢ Vieillissement « intrinsèque » :
Il est de nature chronologique et génétique et il survient sur les régions non
exposées au soleil.
Les modifications de la peau protégée du soleil sont subtiles : fines rides,
xérose (sécheresse cutanée), laxité, proliférations bénignes épithéliales.
- rides : elles résultent d’une perte d’élasticité des structures dermo-
hypodermiques.
- Kératoses séborrhéiques : c’est un épaississement épidermique avec des
kératocites chargés de mélanine. La coloration varie du beige clair au brun.

- Angiome sénile : ils correspondent à une dilation de capillaires de la papille


dermique. C’est une lésion rouge vif qui ne s’efface pas à la pression. Ces
angiomes séniles apparaissent sur les lèvres, ces taches bleutées sont
surélevées. Ils peuvent être traités par cryothérapie ou chirurgie mais le
risque de récidive est présent.
- Lacs sanguins séniles : ce sont des petites néoformations
pseudotumorales, de la taille d’un pois, de coloration violacée, de
consistance molles ou élastique.
- Purpura sénile de Bateman : ce sont des taches purpuriques spontanées, ou
survenant après un choc. Elles sont surtout localisées au dos de la main.
Elles disparaissent spontanément après quelques jours mais elles peuvent
réapparaître.
- Cicatrices stellaires : elles sont localisées au niveau du dos des mains et
des avant-bras. Elles sont de couleur blanche. Elles correspondent à
« des déchirures » du derme sans brèche épidermique.

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➢ Vieillissement extrinsèque :
Il est en rapport avec l’environnement, surtout avec l’exposition aux rayons
solaires (U.V.) et qui prédomine sur les régions photo-exposées et chez les
sujets de phototype clair.
- elastose : elle se traduit par une peau uniformément grossière, rugueuse,
jaunâtre. La peau devient lâche, parcourue de rides et de sillons.
- Aspect tacheté : il est du à une hyperpigmentation. Citons comme exemple les
taches solaires qui apparaissent dur le dos de la main et des avant-bras. Leur
coloration va du beige à brune et dont la forme peut être ronde ou ovale. Citons
aussi les lentigos solaires qui sont présents sur les zones ayant été fortement
exposées dans le passé. Ils se présentent comme des taches planes, au niveau des
épaules…

Les mécanismes du vieillissement intrinsèque et extrinsèques ne diffèrent pas


fondamentalement, le second apparaît comme une amplification du premier.
A côté des aspects cliniques du vieillissement cutané, il faut souligner les dermatoses
fréquemment observées chez la personne âgée.

modification des phanères


La croissance unguéale (des ongles) diminue avec l’âge, et s’accompagne d’un amincissement de la
plaque unguéale qui devient plus fragile et friable.
Les glandes sudoripares diminuent en nombre et leur sécrétion en qualité. Ce phénomène accentue
encore plus la perturbation de la régulation thermique.
Le nombre de glandes sébacées n’est pas modifié mais leur volume augmente. La production de cire
et de sébum diminue ce qui ne fait qu’accentuer la diminution de l’élasticité cutanée.
Les corpuscules de Pacini ainsi que ceux de Mesmer, qui sont des structures responsables de la
sensation de pression et de toucher léger, diminuent en nombre. La baisse de ces éléments qui
permettent habituellement de prévenir le patient d’éventuelles agressions cutanées, prédispose le
vieillard aux blessures. Ce phénomène explique également pourquoi les personnes âgées sont moins
habiles pour effectuer certaines manipulations fines.
La baisse du nombre de mélanocytes explique le grisonnement des poils et des cheveux. Néanmoins,
l’hérédité joue un rôle important dans ce phénomène. En ce qui concerne les poils et les cheveux
(calvitie), leur nombre diminue un peu plus chaque année.

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4. LE VIEILLISSEMENT DES PRINCIPAUX APPAREILS

A. L’APPAREIL CARDIO-VASCULAIRE :

MODIFICATIONS DU CŒUR :

Au niveau des oreillettes, les parois vont s’amincir et leur diamètre va augmenter,
provoquant ainsi une dilatation des cavités. Ceci explique la survenue des troubles du
rythme auriculaire chez la personne âgée.

Les ventricules vont subir une hypertrophie pariétale globale et progressive du myocarde.
Cette hypertrophie est visualisée à l’échographie cardiaque mais elle ne donne aucun signe

Les myocytes (cellules du myocarde) s’hypertrophient mais leur nombre diminue. Le liquide
interstitiel sera aussi modifié et provoquera une rigidité myocardique.

Au niveau des valves, se présenteront une calcification des anneaux mitral et aortique et
du tissus collagène avec pour conséquence une perte de la souplesse des valves. Ceci
explique la présence de souffles mitroaortiques chez la personne âgée.

Les cellules du nœud sinusal diminuent avec l’âge.


Le faisceau de Hiss va se fibroser et son fonctionnement sera donc altéré.

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MODIFICATIONS VASCULAIRES :

La structure et le fonctionnement artériel vont être modifiés.


L’hypertension est fréquente chez la personne âgée et risque de provoquer d’autres
modifications.
A l’âge de 20 ans, « le vieillissement » des artères constitue l’ « artériosclérose »
physiologique. L’intima subit un épaississement et se fibrose. La média s’amincit et perd de
son élasticité. L’adventice se fibrose. Ces modifications aboutissent à des artères rigides,
le diamètre artériel diminue et provoque des calcifications.
Ce vieillissement est précoce au niveau des artères coronaires et plus précoce au niveau des
membres inférieurs qu’au niveau des membres supérieurs. Les artères cérébrales
vieillissent les dernières.
Certains facteurs peuvent aggraver l’athérosclérose : c’est le cas des lipides, du tabac,
l’obésité, l’hypertension et le diabète. Des dépôts lipidiques se forment à la jonction intima-
média de la paroi artérielle et on parle alors d’athéro-sclérose.
Le vieillissement provoque une perte d’élasticité de la paroi veineuse et provoque donc une
dilatation et stase veineuse ; ce qui favorise l’apparition de varices. La personne a une
sensation de lourdeur au niveau des membres inférieurs et présente des oedèmes qui
disparaîtront si les jambes sont surélevées.

B. L’APPAREIL RESPIRATOIRE :

La personne âgée présente une forme en tonneau de la cage thoracique et cela est du à
l’accentuation de la cyphose dorsale.
La cage thoracique est plus rigide et moins expansive car les cartilages costaux se
calcifient et les muscles respiratoires s’atrophient. La force contractile est par conséquent
diminuée.

Les fonctions respiratoires présentent des modifications au niveau du nez, des


bronches et des alvéoles.

Le poumon devient flasque et plus dispensible. Les canaux alvéolaires et les bronchioles se
dilatent, cela est du à la diminution du nombre d’alvéoles et de la surface alvéolaire utile.

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L'hypersécrétion de mucus nasal se traduit par un écoulement nasal (rhinorrhée) qui
entraîne une diminution de la perméabilité des fosses nasales, ce qui oblige la personne âgée
à respirer par la bouche. Ceci à une incidence sur le fonctionnement respiratoire : la
muqueuse nasale ne retient plus les impuretés de l'air inspiré et la respiration par la bouche
entraîne la sécheresse des muqueuses de tout l'arbre bronchique.

Le système trachéo-bronchique subit une modification de ses structures qui aboutit à une
obstruction plus ou moins importante des bronches et bronchioles, d'où une diminution de la
quantité d'air arrivant aux alvéoles avec pour conséquence une moins bonne oxygénation du
sang.

▪ Cette obstruction va s'aggraver à la moindre infection,


provoquant alors une insuffisance respiratoire : le sang étant moins oxygéné, le teint
devient plus terne, l'essoufflement augmente.

Au niveau alvéolaire il existe une distension des alvéoles par perte d'élasticité ce qui
occasionne une baisse de la ventilation alvéolaire, avec deux conséquences : une plus grande
vulnérabilité de l'appareil respiratoire aux infections, une moins bonne oxygénation du sang.

Effets du vieillissement physiologique

- sécheresse des muqueuses de tout l'arbre bronchique ;

- une plus grande vulnérabilité de l'appareil respiratoire aux infections, le sang étant moins
oxygéné le teint devient plus terne, jusqu'à une couleur violine ; l'essoufflement augmente.

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C. L’APPAREIL LOCOMOTEUR :

Le vieillissement du muscle squelettique se traduit au plan histologique par une


diminution de la densité en fibres musculaires, au plan anatomique par une réduction de la
masse musculaire (+/- 35 % de 20 à 70 ans) et au plan fonctionnel par une diminution de la
force musculaire ( la ½ à 80 ans par rapport à 20 ans !). Les membres inférieurs sont le plus
touchés, ainsi que les muscles du bassin.
Le vieillissement osseux se caractérise par la réduction de la densité minérale osseuse ou
ostéopénie (principalement chez la femme sous l’effet de la privation oestrogénique de la
ménopause) et par la diminution de la résistance mécanique de l’os.
Le vieillissement du cartilage articulaire se caractérise essentiellement par la diminution de
son contenu en eau, la réduction du nombre de chondrocytes et la modification de sa
composition en glycosaminoglycanes.

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Ces modifications génèrent un amincissement du cartilage et une altération de ses
propriétés mécaniques à l’origine d’une fragilité, accentuée par l’existence d’ostéophytes
marginaux. Ce qui explique la fragilité osseuse, la fréquence des tassements vertébraux et
des fractures du col du fémur.
L’ostéoporose est une accentuation pathologique de ce phénomène.
L’arthrose est une pathologie de l’articulation.
L’âge est responsable d’un ralentissement de l’influx nerveux des nerfs sensitifs et
moteurs ; ce qui provoque une réponse musculaire plus lente et une fatigue plus rapide.
La motricité automatique s’altère plus que celle volontaire.

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D. L’APPAREIL URINAIRE :

Les reins sont l'objet d'un ralentissement fonctionnel : la perfusion sanguine du rein est
égale à 20% de celle du jeune de 20 ans et la filtration à 80 ans, baisse de 50%. Il s'en suit
une accumulation de déchets, l'urée sanguine augmente. La capacité du rein à éliminer les
déchets, (ou Clairance, Clearance de «to clear», nettoyer) baisse de 30% environ et on doit
en tenir compte pour adapter les doses des médicaments à élimination rénale.

La miction, chez l'homme, débute plus lentement, le jet n'a plus la même vigueur et n'en
finit plus de se terminer.

La femme passe plus rapidement que l'homme à l'incontinence à cause des grossesses qui
ont entraîné une descente de la vessie (cystocèle).

Les problèmes de dépendance, au niveau de l'élimination urinaire n'affectent pas toutes les
personnes âgées, mais les transformations physiologiques liées au vieillissement peuvent
contribuer à la formation de tels problèmes lorsque certains facteurs sont présents. Parmi
ceux-ci, notons les transformations physiologiques de l'appareil locomoteur ainsi que
certains facteurs environnementaux. Lorsque les changements de l'appareil locomoteur
réduisent la mobilité d'une personne âgée, la fonction d'élimination urinaire peut en être
affectée. Des WC trop éloignées ou un environnement inconnu augmentent de beaucoup la
probabilité d'un problème de dépendance dû aux circonstances et non au vieillissement.

L'hydratation inadéquate des personnes âgées favorise l'apparition de problèmes urinaires.


Une quantité insuffisante de liquide diminue la production d'urine dans la vessie réduisant
par le fait même la stimulation nerveuse sensitive au niveau de la vessie, ce qui a pour effet
de rendre la personne incontinente. Une quantité suffisante d'urine (de 300 à 350 ml) est
nécessaire pour distendre les parois de la vessie et déclencher les influx sensitifs qui
entraînent une sensation de vessie pleine et le besoin d'uriner.

Certains médicaments peuvent causer de la rétention avec une incontinence par


regorgement, ou diminuer la sensation du besoin d'uriner et la capacité de se rendre aux
toilettes, tandis que les diurétiques augmentent la fréquence et le volume de l'urine.

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5. LE TOUCHER MASSAGE

DÉFINITION :

Le Toucher-massage est une intention bienveillante qui prend forme grâce au toucher et à
l’enchaînement de gestes sur toutes parties du corps, qui permet de détendre, relaxer, remettre en
forme, rassurer, communiquer ou simplement procurer du bien-être, agréable à recevoir et qui plus
est pratiquer ( J.Savatofski : pratiquer le toucher-massage 1998 )

Il rappelle qu’il ne suffit pas de savoir faire mais il implique un savoir-être qui est l’essentiel de la
relation aux soins.

Or, le concept du Toucher-massage rappelle justement le lien intime qui existe entre les qualités au
toucher – actions informelles, intuitives, relationnelles, mais aussi présence et écoute bienveillante-
et le massage – gestuelle plus élaborée aux multiples effets bienfaisants.

Le Toucher-massage définit un type de démarche, d’attitudes, de gestes ; une façon de faire et d’être. Le
Toucher-massage ne s’intéresse pas directement aux muscles et tendons, mais à la personne dans sa globalité.
Cette approche se distingue donc totalement de la kinésithérapie (axée sur la récupération fonctionnelle) dans
la forme, dans la finalité et par les techniques utilisées.

Cette démarche est davantage « attitude » que technique, humaine que mécanique, elle fait appel aux qualités
d’empathie et de bienveillance, que nous souhaiterions tous pouvoir exprimer et vivre au quotidien.

BUTS :

Grâce à des gestes simples et naturels, le Toucher-massage offre aux soignants la possibilité
d’améliorer la qualité de leurs soins et de leurs relations avec les soignés.

Quel que soit le service dans lequel vous exercez, à l’hôpital ou à domicile, le Toucher-massage
vous permet d’accompagner les soins, et donc de mieux soigner, car il calme, rassure, détend…
tout en instaurant une relation plus authentique et plus humaine.

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° s’investir et s’affirmer dans une attitude bientraitante ;

o utiliser le toucher pour une communication différente

(communication non verbale) ;

o être en mesure de mieux accueillir et d’accompagner la

souffrance, la détresse liée à la maladie ;

o savoir relaxer un corps tendu par le stress ou l’anxiété.

« PRENDRE LA MAIN » tiré du « toucher apprivoisé » JOËL SAVATOFSKI

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6. LES TOILETTES :

INTRODUCTION :

Tout en gardant le concept de Joël Savatofski, nous allons aborder les différentes toilettes.

Prenons en compte la personne âgée dans sa globalité. Ce concept repose sur la « manutention

relationnelle » et « vivre et mourir debout ». Concepts déposés en 1983 !

Ces concepts reposent sur le fait qu’en accompagnant les personnes âgées en sollicitant leur
participation aux gestes de leur vie, les soignants peuvent réduire le taux de grabataires de plus de
la moitié !

BUTS DES TOILETTES :

- l’hygiène
- la communication verbale et non verbale
- la réhabilitation
- la prévention des dégradations
- le confort du patient et du soignant
- l’économie

1° but : l’hygiène :

C'est par définition, l'objectif de la toilette, souvent le seul enseigné. Or les protocoles classiques enseignés sont

très peu respectés dans la réalité.

De même, nous savons que dans un lavage, si le savonnage permet de décoller les particules
souillées de la peau, seul le rinçage permet leur évacuation. En réanimation, l'eau de la cuvette est
changée en moyenne 3 fois, 2 fois en chirurgie orthopédique, souvent une seule fois dans les autres
services, et parfois jamais. Comment, dans ces conditions, pouvoir rincer le patient autrement
qu'avec de l'eau savonneuse ?

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2° but : la communication verbale :

Ceci est normal, car la communication humaine obéit à certaines règles. L'émetteur (ici le soignant),
envoie un message verbal (par exemple bonjour), vers un récepteur, le patient. Mais en même
temps, l'émetteur attend une réponse, en temps réel, pour continuer sa conversation. Ce retour
s'appelle le "feed back", c'est à dire nourrir en retour.

retour.

Pour continuer une communication, il est normal, d'attendre une réponse. La plupart du temps, la
réponse est non verbale, c'est à dire une mimique, une simple expression de compréhension. Dans
une communication entre un patient et le soignant, ces communications non-verbales représentent
plus de 80% du total des communications. Si le patient est incapable d'envoyer un feed back, une
réponse verbale ou non verbale, alors très rapidement la communication verbale du soignant
s'arrête.

Il ne faut pas culpabiliser car le silence est naturel. Mais comment l’accepter ? Comment supposer
qu’il s’agit d’une démarche d’aide ? Si le silence est naturel, sachons bien que la parole est
professionnelle et qu’elle se travaille. Nous devons nous entrainer à avoir des communications du
style « Madame, je vais vous laver le visage ». Nous devons prévoir et décrire nos gestes ( « je
vous lève le bras… »). Cela peut paraître évident et pourtant, il faut s’entraîner. En décrivant ainsi
les gestes, la parole peut devenir automatique.

Parfois il faut utiliser une communication « directive » : « lever le bras, monsieur ». S’il n’y a pas
de réponse, il faut attendre 2 à 3 secondes et répéter ce même ordre. S’il n’y a toujours pas de
réponse, il faut reformuler : « monsieur, mettez le bras en l’air ».

3° but : la communication non-verbale :

Il s’agit du toucher : la sécurité des mobilisations, la douceur des manipulations sont indispensables
au soignant et au patient.

Plus un patient est difficile, plus nos gestes risquent d’être inadaptés, en contradiction avec ce que
nous voulions faire. D’où l’utilité de former les soignants au toucher tendresse.

Dans ce toucher si particulier, la douceur tient le rôle principal. C'est pourquoi nous supprimons les
saisies en pince, qui non seulement font mal, provoquent des hématomes sur les avant bras des
patients âgés, et même parfois des plaies; mais aussi sont très agressives sur le plan psychologique.
Avez vous déjà vu des amoureux se balader en se tenant par le poignet. Jamais. Mais chaque fois
que dans votre vie quelqu'un vous a pris par le poignet, en "pince", cela été pour vous punir. La
mémoire de ces punitions liées aux saisies est profondément inscrite dans notre cerveau limbique,
siège de toutes les émotions, de tous les souvenirs liés a un état corporel.

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4° but : la réhabilitation :

Nous n'avons pas le droit de faire un geste à la place d'un patient, sauf bien sur pour des raisons
psychologiques, médicales ou humaines prioritaires. Tout simplement parce que le mouvement,
c'est la vie. Tout ce qui vit bouge. Le mouvement est indispensable à la création et la conservation
de la santé.

Chez le patient âgé, la conservation de l'intelligence sensori-motrice doit être aidée par le soignant
au cours de la toilette. Donner un gant au patient pour qu'il se lave le visage n'est pas seulement un
entraînement physique, mais aussi un moyen pour le patient de conserver la base de l'intelligence.

L'aide totale, par l'absence de mouvement orienté (les praxies), enferme le patient dans la paresse
neurologique, puis la dégradation intellectuelle.

Le système locomoteur: La calcification nécessaire à la solidité osseuse et la nutrition des


cartilages dépendent de la mise en pression des os. La verticalisation, grâce à l'effet de la pesanteur,
permet cette mise en pression de la majorité des os du corps. Pour les patients allongés, seule
l'action des muscles au cours du geste permettra la mise en charge des articulations utile à la
calcification.

Le système circulatoire: Il existe trois systèmes de remise en pression du sang veineux: La pompe
veineuse plantaire, d'abord, qui lors de la marche chasse le sang stocké dans la voûte plantaire vers
la jambe. Le massage des veines, ensuite, par l'action des contractions musculaires qui, de
contractions en contractions, ramène le sang vers le coeur droit, l'action de la respiration enfin qui
par l'augmentation de la pression abdominale continue le travail des deux autres systèmes.

5° but : prévention des dégradations corporelles :

Une toilette doit aussi prévenir certaines dégradations corporelles. Depuis des décennies
maintenant, la prévention des escarres fait partie du rôle des soignants. Les résultats sont là: une
diminution très importante du nombre des plaies, mais surtout de leur gravité.

Le patient peut avoir des escarres. La douche prévient largement les escarres, sans doute à cause de
la vasodilatation réflexe qu'elle provoque. L'indication de douche est donc une prescription
infirmière qui entre dans le cadre de la prévention des escarres. Le rôle des AS et des infirmières est
donc fondamental, et celui de la toilette déterminant.

6° but : le confort du soigné :

La toilette, enfin doit répondre à un désir de confort du patient. Etre bien lavé, bien rasé,
confortablement vêtu seront les exigences des patients de demain. Le respect de la pudeur nous
semble aussi fondamental. Les chambres communes, l'absence chronique de paravent, ne répondent
pas à ces besoins.

De nombreux soignants affirment que les personnes âgées n'aiment pas la douche. Des études (CEC
1999) ont été menées et le résultat est plutôt surprenant ! 56% des personnes interrogées aimeraient
bénéficier d’une douche au moins 1X/semaine.

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7° but : le confort du soignant :

Il ne faut pas oublier enfin le confort du soignant, qui nous paraît indissociable de celui du patient.
Comment effectuer une toilette correcte sur un lit trop bas? Avec un soignant mal installé,
travaillant sur un lit trop bas, en long séjour, le massage préventif dure en moyenne entre 20 et 30
secondes au lieu des 5 à 10 minutes prévues dans les protocoles. L'arrivée dans les services des lits
à hauteur variable apparaît donc comme un facteur d'amélioration de la qualité de soin.

Parmi tous ces buts, n’oublions pas l’aspect économique ainsi que l’évaluation et l’évolution.

Différents types de toilettes :

-Toilette au lit:

C'est la toilette de loin la plus répandue, c'est encore souvent la seule enseignée, c'est à dire avec
un ou des protocoles, un entraînement.

La douche au lit:

Encore très rare, la douche au lit est un fabuleux outil qui est arrivé sur le marché en 1998.

- Les bains : Le bain en baignoire traditionnelle tend à disparaître pour les patients grabataires.
Les difficultés de manutention en sont sans doute un des causes principales. Souvent maintenant
les bains sont réservés à des patients dont l'état nécessite une immersion longue dans des bains à
visée thérapeutique (traitements de la peau).

De plus en plus de services s'équipent de baignoires modernes, souvent à hauteur variable, parfois
à jets et à bulles.

Baignoire à hauteur variable. Elle s'adapte à la taille des patients


(qui ne glissent plus), et à celle des soignants: Le confort est assuré.

- les douches:

En hôpital, la douche est souvent proposée à des personnes autonomes, c'est à dire se
débrouillant seules, alors que la douche est un formidable outil de réhabilitation, par l'effort de
verticalisation qu'elle demande. L'organisation des toilettes apparaît ainsi comme un outil de la
démarche de soin, préservant au maximum une "image de soi" positive.

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- les toilettes debout au lavabo:

En très grand développement depuis une dizaine d'années avec l'arrivée des concepts
gérontologiques dans le soin. Elles remplacent de plus en plus la toilette au lit pour des patients
semis- grabataires, favorisant une aide partielle qui oriente le soin vers la recherche de
l'autonomie. Réalisée dans un espace privée, elle démédicalise le soin en institution. Le patient fait
ainsi la toilette devant un miroir, et garde ainsi une identité propre, relié au temps qui passe...

Malgré les quelques possibilités proposées, la toilette au lit reste celle qui est privilégiée en
institution, il est temps que nous prenions les choses différemment et tenons compte de la
personne et adoptons la toilette à son degré d’autonomie : n’oublions-pas que ce n’est pas parce
qu’il s’agit d’une personne âgée qu’elle n’en reste pas moins une personne à part entière.

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7. LES INFECTIONS :

INTRODUCTION :
De plus en plus, en milieu hospitalier, que ce soit à l'hôpital ou en clinique d'ailleurs, l'utilisation des
techniques de surveillance des patients comme les cathéters urinaires, la mesure de la pression
veineuse centrale, l'implantation de prothèses, les perfusions etc. sont des techniques
favorisant l'apparition des infections hospitalières. Il en est de même de certains traitements utilisés
par voie intraveineuse surtout quand ceux-ci sont de longue durée (voie d'abord centrale).
On ne le répétera sans doute jamais suffisamment, les antibiotiques utilisés pour n'importe quelle
raison peuvent avoir un effet désastreux à long terme. Il faut comprendre que les micro-organismes
sont de plus en plus résistants à tous les antibiotiques mêmes les plus récents. C'est la raison pour
laquelle il est nécessaire de procéder tout d'abord à une recherche de sensibilité de façon à ne pas
utiliser n'importe quel antibiotique (utilité de l'antibiogramme). Sinon on voit apparaître une sélection
de souches hospitalières multirésistantes pouvant se transmettre de patient à patient.
Les maladies infectieuses sont fréquentes chez le sujet âgé car outre une polypathologie fréquente, le
système immunitaire est moins performant. De plus, une simple bronchite peut faire basculer un
équilibre instable vers une pathologie mettant en jeu le pronostic vital.
Les infections bactériennes sont pour 50% sur les voies respiratoires, 25% urinaires, 17% cutanées et
4% digestives.
Parallèlement au traitement antibiotique, il faut assurer une grande vigilance vers les maladies
associées chroniques qui risquent de se décompenser et assurer une nutrition et une hydratation
suffisante.

En dehors des tableaux typiques, l’infection du sujet âgé peut être latente ou plus fréquemment
atypique. L’infection peut se cacher derrière des signes fonctionnels non spécifiques, qui égarent et
retardent le diagnostic, tels que la notion de chutes à répétition, l’incontinence, l'état confusionnel,les
signes gastro-intestinaux et l'anorexie.
D'autre part, la fièvre est inconstante du fait d’une altération de la régulation thermique et d’une
diminution des cytokines pyrogènes tel que l’interleukine 1. Les états infectieux qui sont fréquemment
apyrétiques chez les sujets âgés sont les pneumonies (10%), la tuberculose neuro-méningée (20%),
l'abcès du cerveau (50%), les infections urogénitales, les septicémies et les endocardites.
L'absence de fièvre ne permet donc pas d'éliminer le diagnostic d’une infection chez
les personnes âgées.

DÉFINITION :
Une infection nosocomiale désigne une infection contractée au cours d'une hospitalisation, infection
qui n'existait pas auparavant ni, d'ailleurs, durant les 48 premières heures à l'hôpital. Plus
généralement le terme nosocomial est employé pour une maladie contractée lors d'une
hospitalisation dont le synonyme est infections hospitalières.

N. GERIATRIE I.H. 5 I. VACCARO Page 62


PHYSIOPATHOLOGIE :
On observe avec l'âge une modification de la flore saprophyte.
La diminution de l'acidité gastrique et des défenses cutanéomuqueuses favorisent la colonisation par
des espèces pathogènes.
Cette colonisation est favorisée par l'alitement, les maladies récurrentes, la polymédication et la vie
en institution. Le portage d'entérobactéries au niveau de l'oropharynx augmente avec l'âge des sujets.
L'état de la denture conditionne en grande partie l'écologie buccale, un mauvais état dentaire favorise
la pullulation des anaérobies. L’absence de denture chez les personnes âgées, favorise la
prédominance des staphylocoques et à un moindre degré des entérobactéries.
Les perturbations physiologiques digestives et les affections du tube digestif (hypochlorhydrie,
réduction de la motilité digestive, néoplasie, résection gastrique) ne modifient pas de manière
significative l’absorption.
L’alimentation et l’utilisation fréquente des médicaments antiacides (anti H2
et inhibiteurs de la pompe à proton) restent les principales causes de la diminution de l’absorption.
Mais l’absorption varie aussi en fonction des apports en vitamines, fer et Zinc.
Il convient donc de prescrire les antibiotiques à distance des repas.
La diminution de la masse musculaire peut entraîner une réduction de la diffusion lors d’injections
intramusculaires.
L’hypo-albuminémie, qui touche 50 % des personnes âgées, entraîne une augmentation de la fraction
libre des antibiotiques, majore le volume de distribution et modifie l’élimination l’altération
physiologique et pathologique des fonctions hépatiques marquée par une réduction de la masse et du
débit sanguin hépatique entraîne une modification des anti-infectieux métabolisés et éliminés par voie
biliaire.
La réduction des activités enzymatiques est aggravée par la dénutrition fréquente à cet âge. Cet effet
concerne les macrolides, les cyclines, la rifampicine, les quinolones.
L’élimination rénale concerne de nombreux antibiotiques. Cette excrétion dépend de la filtration
glomérulaire, de la sécrétion tubulaire et du flux sanguin qui sont diminués chez le sujet âgé.
La fonction rénale doit être ainsi contrôlée et surveillée. Son état peut imposer des modifications de
la posologie ou de l’intervalle d’administration. La baisse de la filtration glomérulaire n'est souvent pas
corrélée avec une augmentation de la créatinémie, la masse musculaire étant réduite chez la personne
âgée. La formule de GAULT et COCKROFT permet de calculer la clairance de la créatinine et mieux
adapter la posologie des antibiotiques.
Clairance créatinine :

(140 - âge) x poids


0,85 (pour la femme) X Créatinémie (μmol/l)

Par le biais d’un déséquilibre de la flore digestive, les antibiotiques peuvent être responsables de colite
à Clostridium difficile après traitement par ampicilline ou céphalosporine ou de colite ulcéreuse à
Klebsiella oxytoca après traitement par amoxicilline.

N. GERIATRIE I.H. 5 I. VACCARO Page 63


DIFFÉRENTES SORTES D’INFECTION :
Les infections les plus fréquemment contractées sont :
- les infections urinaires (bien que leur nombre soit en baisse par rapport au passé).Il existe des
facteurs de risque en relation étroite avec les infections urinaires ce sont :
- Le sexe féminin, la durée du sondage urinaire, l'absence d'antibiotique systématique.
- Les pneumonies.
- Les septicémies (infections généralisées graves dues à la dissémination dans le sang de germes
pathogènes à partir d'un foyer primitif comme un abcès).
- Les infections des plaies chirurgicales.

MOYENS DIAGNOSTIQUES :

- L'analyse de sang met en évidence le nombre de globules blancs.

- L'hémoculture est une technique de laboratoire dont le but est de mettre en évidence la
présence ou l'absence de micro-organismes (bactéries entre autres) dans le sang. Le but de
l'hémoculture est d'identifier les germes responsables (bactéries) et donc de mettre en
évidence les antibiotiques actifs contre ces germes. Pour cela les microbes sont mis dans un
milieu de culture adapté à leur croissance.
L'antibiogramme élaboré à la suite des résultats de l'hémoculture est le tableau indiquant le
degré de sensibilité du germe aux différents antibiotiques. Pour la réalisation d'une
hémoculture, il faut environ 20 ml de sang provenant d'une veine (le plus souvent au pli du
coude).
Le prélèvement de sang doit être effectué dans des conditions d'asepsie (sans microbe)
rigoureuses. Celui-ci est recueilli dans deux flacons différents. Le premier est appelé flacon
aérobie car il contient de l'oxygène et est enrichi en gaz carbonique. Le deuxième flacon est
appelé anaérobie (il ne contient pas d'oxygène). Parfois le prélèvement est effectué au
moment d'un frisson, ce qui peut être le signe du passage d'une bactérie dans le sang.

- Un examen cytobactériologique des urines (ECBU).

- Un dosage des transaminases (enzymes du foie).

- Un examen des crachats, des selles ou d'autres liquides de l'organisme (recherche de


Clostridium difficile).

- Une hypophosphorémie correspondant à une baisse du taux de phosphore dans le sang est
parfois due à une perfusion de glucose. Ceci entraîne une baisse des capacités de défense
des globules blancs et consécutivement une maladie nosocomiale. Des médicaments utilisés
contre les ulcères estomac (antiacides) peuvent être à l'origine d'une diminution du taux de
phosphore dans le sang.

- Une radiographie du thorax.

N. GERIATRIE I.H. 5 I. VACCARO Page 64


FACTEURS DE RISQUE CHEZ LA P.A.
- alitement
- dépendance
- incontinence urinaire
- lésions cutanées
- sonde (nasogastrique, urinaire…)
- cathéter
- antibiothérapie

PRÉVENTION DE L’INFECTION CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE :

- Un nombre suffisant de salle de bains et de douches (un lavage fréquent des mains entre chaque
patient, désinfection avec les solutions antiseptiques contenant de l'eau et de l'alcool afin de
diminuer le risque d'infection nosocomiale transportée par les mains : manuportée).
- Un meilleur comportement du personnel hospitalier, surtout des médecins qui doivent donner le
bon exemple.
- Une éducation du patient et du personnel hospitalier suffisante.
- Un isolement des personnes âgées quand cela est possible.
- Un isolement septique des patients qui sont susceptibles de propager l'infection.
- Un isolement dans une unité spéciale pour les patients suspectés de porter des bactéries
multirésistantes comme c'est le cas par exemple pour le staphylocoque doré qui résiste à la
méticilline. Des entérobactéries qui sécrètent des bêtalactamases dont le spectre est étendu
(BLSE).
- Un isolement pour les patients atteints de tuberculose en attente d'un traitement efficace…
- Un isolement protecteur pour les individus qui sont infectés facilement.
- Une utilisation rationnelle et normale des antibiotiques dans un hôpital en pratiquant une
surveillance de la résistance aux antibiotiques régulièrement.
- Une limitation des gestes et des traitements susceptibles de favoriser la survenue de maladies
hospitalières telle qu'un sondage urinaire, l'utilisation d'antiulcéreux (médicaments destinés à
prévenir ou traiter les ulcères de l'estomac et du duodénum), l'utilisation d'antibiotiques sur une
longue période et à large spectre, les médicaments destinés à diminuer l'acidité gastrique et donc
augmentant la résistance des bactéries.
- La surveillance des services techniques (buanderie, cuisine, ventilation,...).
- Un programme de vaccination adapté.

N. GERIATRIE I.H. 5 I. VACCARO Page 65


DIFFICULTÉS DE LA PRÉVENTION DES INFECTIONS EN GÉRIATRIE :

En raison des modifications du système immunitaire liées à l'âge et de carences nutritionnelles


fréquentes, les personnes âgées sont des sujets à risque élevé de maladies infectieuses. La sémiologie
des infections est très souvent atypique chez le sujet âgé et les signes et symptômes sont plus discrets
que chez l'adulte jeune. Cette présentation clinique atypique peut être à l'origine d'un retard
diagnostique et thérapeutique qui alourdit le pronostic des maladies infectieuses chez des malades
particulièrement fragiles. La possibilité d'une infection débutante doit donc être systématiquement
évoquée chez un malade âgé dont l'état clinique se détériore rapidement, même en l'absence de fièvre.
La recherche d'un syndrome inflammatoire biologique et le recours rapide à des examens
complémentaires simples, orientés par les données de l'examen clinique, permettent d'étayer
l'hypothèse infectieuse dans les cas difficiles. Le traitement des maladies infectieuses doit être adapté à
la situation clinique et aux résultats des prélèvements bactériologiques qu'il faut essayer d'obtenir
systématiquement en raison de la forte prévalence d'infections dues à des bactéries multirésistantes
chez les personnes âgées.

CONCLUSION :

La pathologie infectieuse demeure une cause de mortalité et de morbidité importante chez le


sujet âgé, du fait d'une symptomatologie clinique souvent trompeuse, du retard diagnostic, de
l'iatrogénicité sur un terrain fragile (polypathologie, dénutrition) et du déficit immunitaire.

C'est dire l'importance d'une prise en charge médicale et sociale de la personne âgée malade, afin
d'éviter des complications qui peuvent être lourdes de conséquences pour le malade et la société.

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8. TROUBLES PSYCHOLOGIQUES

INTRODUCTION :

Les personnes âgées sont moins enclines à se faire soigner pour troubles mentaux que les adultes.
Les professionnels de la santé doivent donc reconnaître les difficultés associées aux troubles mentaux,
les évaluer, soutenir la personne dont la fonction cognitive et émotionnelle sont perturbées et la diriger
vers un spécialiste ; collaborer avec lui.
Un examen complet peut révéler un trouble physique ou mental réversible.

LA DÉPRESSION :

La dépression, une maladie fréquente chez les seniors

Moins de 10% des personnes âgées (65 ans et plus) souffrant d'une dépression sont diagnostiquées
en tant que telles. Les personnes âgées dépressives doivent être prises au sérieux et traitées avec
autant de soins que les plus jeunes. Ceci d’autant plus qu’il s’agit d’une maladie fréquente: la
dépression touche 15% des 65 ans et plus et jusqu’à 40% des personnes âgées en maison de repos.

Une dépression masquée

Le diagnostic de dépression chez la personne âgée est difficile à poser. La dépression a en effet
souvent tendance à se manifester par un ralentissement des fonctions intellectuelles ou des plaintes
corporelles (somatiques) plutôt que par une réelle tristesse. Ces symptômes peuvent évoquer un
vieillissement normal, occulter la possibilité d'une dépression et rendre le diagnostic
particulièrement difficile.

Des traitements efficaces contre la dépression

Contrairement à une idée reçue, les traitements médicamenteux de la dépression, les


antidépresseurs, sont aussi efficaces chez la personne âgée que chez les plus jeunes. Il ne faut donc
pas hésiter à consulter en cas de suspicion de dépression, quel que soit l'âge et le contexte. Le
soutien de l'entourage est important. La sortie de la dépression se fait plus efficacement si
l'isolement de la personne âgée peut être levé par la famille, les amis ou l'entourage.

La dépression, une maladie aux conséquences graves

La dépression est responsable, chez la personne âgée, d'une augmentation de la mortalité. Elle est
en effet associée à une évolution plus péjorative de certaines maladies et à une augmentation des
tentatives de suicide. La dépression nécessite donc un traitement.

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Echelle de Dépression Gériatrique de Yesavage
Forme abrégée en 15 items.

NB : Cocher la réponse, le score est entre les crochets [0] [1]

Q 1 : Etes-vous dans l'ensemble satisfait de votre vie ? Oui [0] Non [1]

Q 2 : Avez-vous renoncé à nombre de vos activités et intérêts ? Oui [1] Non [0]

Q 3 : Avez-vous le sentiment que votre vie est vide? Oui [1] Non [0]

Q 4 : Vous ennuyez-vous souvent ? Oui [1] Non [0]

Q 5 : Etes-vous de bonne humeur la plupart du temps ? Oui [0] Non[1]

Q 6 : Avez-vous peur qu'il ne vous arrive quelque chose de mauvais ? Oui [1] Non [0]

Q 7 : Etes-vous heureux(se) la plupart du temps ? Oui [0] Non [1]

Q 8 : Vous sentez-vous souvent faible et dépendant ? Oui [1] Non [0]

Q 9 : Préférez-vous rester chez vous, plutôt que de sortir et faire quelque chose de Oui [1] Non [0]
nouveau?

Q 10 : Estimez-vous avoir plus de troubles de la mémoire que la plupart des gens ? Oui [1] Non [0]

Q 11 : Vous dites vous qu'il est merveilleux d'être vivant en ce moment ? Oui [0] Non [1]

Q 12 : Vous sentez-vous inutile tel que vous êtes aujourd'hui ? Oui [1] Non [0]

Q 13 : Vous sentez-vous plein d'énergie ? Oui [0] Non [1]

Q 14 : Avez-vous l'impression que votre situation est désespérée ? Oui [1] Non [0]

Q 15 : Croyez-vous que la plupart des gens soient plus à l'aise que vous ? Oui [1] Non [0]

"Compter 1 pour : Non" aux questions 1, 5, 7, 11, 13 - "Oui" aux autres questions Score score/15

Normal 3 +/- 2

Légèrement dépressif… 7 +/- 3

Très dépressif………. 12 +/- 2

Voici quelques conseils pour soigner une personne âgée dépressive:

• Invitez là à sortir: les effets de la dépression sont moins sévères lorsque le corps et l'esprit

restent actifs. Proposez lui de faire ensemble les activités qu'elle apprécie: promenades,

peintures, musées, cinéma, tout ce qui offre une stimulation physique ou mentale.

• Organisez des activités sociales: organisez des sorties de groupe, allez visitez des amis ou

d'autres membres de la famille ou inscrivez là dans centres d'activités dédiés aux

personnes âgées afin de lutter contre l'isolement et la solitude. Montrez- vous insistant

N. GERIATRIE I.H. 5 I. VACCARO Page 68


sans toutefois forcer la main: les personnes dépressives se sentent souvent mieux

lorsqu'elles sont en compagnie d'autres personnes.

• Préparez des repas équilibrés: Assurez-vous que la personne âgée mange sainement avec

une alimentation composée de fruits, de légumes et de protéines à tous les repas.

• Encouragez-là à suivre son traitement: il y a souvent un risque de rechute dans la

dépression lorsque le traitement est arrêté trop. Vous devez donc vous assurer que la

personne que vous suivez respecte son traitement. Si ce traitement s'avère inefficace,

consultez un médecin pour envisager des soins différents.

• Assurez-vous que tous les médicaments sont pris comme il faut: rappelez à la personne

malade qu'il faut éviter toute consommation d'alcool ou abus d'autres substances pendant

les soins.

• Surveillez les signes de volonté suicidaire: recherchez immédiatement de l'aide si vous

suspectez la personne que vous aimez de vouloir se suicider.

L’ALZHEIMER :

Définition

La maladie d'Alzheimer est une atteinte chronique, d'évolution progressive, d'une partie du
cerveau, caractérisée par une altération intellectuelle irréversible aboutissant à un état
démentiel.
La dégénérescence nerveuse inéluctable, due à la diminution du nombre de neurones avec
atrophie du cerveau et présence de "plaques séniles", caractérise biologiquement cette maladie.

Causes

Les origines de la maladie d'Alzheimer demeurent inconnues. On a avancé de nombreuses


théories, mais aucune d'entre elles n'est totalement ni satisfaisante ni vérifiée.

L'hypothèse neurochimique repose sur une diminution du taux d'un enzyme, la choline-acétyl-
transférase. Ce déficit entraînerait une diminution de l'acétylcholine (neurotransmetteur : élément

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transmettant l'information d'une cellule nerveuse à une autre) dans différentes zones
du cerveau (cortex et hippocampe), mais il n'explique pas la dégénérescence nerveuse.
L'hypothèse génétique repose sur l'existence d'antécédents familiaux de la maladie chez 15 % des
sujets atteints. Dans ces familles, on constate d'autre part une augmentation de la probabilité de
naissance d'un enfant trisomique 21 (mongolien), mais ceci n'est pas expliqué.
L'hypothèse moléculaire. On a aussi évoqué un virus ou autres structures protéiniques (prion), par
analogie avec la maladie de Creutzfeldt Jakob, une maladie cérébrale rare atteignant certaines
personnes âgées. Toutefois, s'il existe un agent infectieux responsable de la maladie d'Alzheimer, il
aurait besoin d'un certain contexte génétique, immunitaire ou toxique pour s'exprimer.
L'hypothèse immunologique repose sur la diminution globale du nombre de lymphocytes
circulants (globules blancs responsables de l'immunité) et la présence accrue d'auto anticorps
(anticorps dirigés contre ses propres tissus). Toutefois, ces perturbations sont fréquentes avec
l'âge en dehors de toute démence.
L'hypothèse ischémique. Une hypothèse basée sur une réduction du débit sanguin cérébral
(ischémie cérébrale), de l'oxygénation du sang et de sa difficulté à capter le glucose a été avancée.
L'hypothèse toxique repose sur l'augmentation du taux d'aluminium dans le cerveau. Mais on a
remarqué que, chez les dialysés, le taux d'aluminium parfois 5 fois supérieur à celui retrouvé dans
la maladie d'Alzheimer ne donnait pas de dégénérescence nerveuse.
L'hypothèse des radicaux libres repose sur le fait que le vieillissement est dû, en partie, aux effets
destructeurs de ceux-ci. Elle fait actuellement l'objet de nombreuses recherches.

Symptômes

Au départ, les symptômes sont discrets, banals et différents d'une personne à l'autre. Leur
importance s'aggrave généralement avec le temps.

Les troubles de la mémoire sont les plus caractéristiques d'entre eux. Progressivement, ils
touchent les faits anciens (incapacité du malade à évoquer les faits importants de sa vie), les
connaissances de la vie professionnelle, l'apprentissage culturel.
Le malade atteint d'Alzheimer continue tout de même à reconnaître ses proches et lui-même
quand il se regarde dans un miroir.
Les troubles du comportement, relativement précoces, ne sont souvent remarqués que
tardivement : l'indifférence et la réduction de l'activité sont une réaction du malade à ses troubles
de mémoire ; un syndrome dépressif peut les accompagner.
Des troubles du caractère (irritabilité, idées de persécution) peuvent également apparaître.
L'aphasie (troubles du langage) passe généralement inaperçue au début : le malade cherche ses
mots, et utilise fréquemment des mots passe-partout.

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Par la suite, l'aphasie ne fait plus aucun doute : le malade présente une incohérence verbale, avec
inversion ou substitution de syllabes ou de mots.
Des troubles sévères de la compréhension du langage apparaissent.
Une difficulté à effectuer des gestes (dyspraxie), pourtant très simples, s'installe : tenir une
fourchette, mettre des chaussures, s'habiller deviennent peu à peu des activités presque
impossibles, sans qu'il y ait de paralysie.

Traitement

L'essentiel du traitement repose sur la prise en charge du malade par ses proches dans un
premier temps, puis une aide à domicile sera incontournable.
Le but recherché est l'autonomie par le maintien à domicile des malades le plus longtemps
possible. Il ne faut envisager l'hospitalisation qu'à la phase ultime de la maladie.

Un déficit en folates (vitamine B9) ou en vitamine B12 semble accroître le risque de maladie
d'Alzheimer chez les personnes âgées. C'est la conclusion d'une étude suédoise publiée dans
Neurology.
La cause de la maladie d'Alzheimer n'étant pas connue, il n'existe, à l'heure actuelle, aucun
traitement préventif ou curatif.

Mais il existe des médicaments qui agissent sur les symptômes en les atténuant et en ralentissant
l'évolution de la maladie, ce qui améliore la qualité de vie du malade et de son entourage. Il est
recommandé de traiter la personne le plus précocement possible.

Les anticholinestérasiques

ont pour but de compenser les carences en acéthylcholine du cerveau.


Ce neurotransmetteur est impliqué dans la mémoire et son taux est fortement réduit chez les
malades atteints d'Alzheimer.

Il existe trois médicaments de ce type en Belgique : l'Aricept, l'Exelon et le Reminyl, qui bénéficient
d'un remboursement après accord du médecin conseil de la mutualité.

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Les trois phases de la maladie d'Alzheimer

La phase initiale : stade léger

À cette phase, la personne est généralement consciente du diagnostic et est capable de participer à des
décisions concernant les soins futurs.

Parmi les symptômes courants, on note des oublis bénins et des problèmes de communication comme
trouver le mot juste ou suivre une conversation. Certaines personnes poursuivent leurs activités tandis
que d'autres ont tendance à devenir passives et à se replier sur elles-mêmes. La personne atteinte peut
également être frustrée par ses pertes de capacités. Elle deviendra peut-être anxieuse ou déprimée. Il est
donc important de surveiller son bien-être émotif.
Cette période s'étend sur une durée de deux à quatre ans.

Capacités touchées Symptômes typiques

• oublis bénins
• difficulté à assimiler de nouvelles informations et à suivre
des conversations
• difficulté à se concentrer ou attention limitée (ex :
Capacités
problème dans la gestion du budget)
mentales
• problèmes d'orientation comme perdre son chemin ou ne
pas suivre la bonne direction
• difficulté à communiquer comme trouver le mot juste

• sautes d'humeur
Humeur et émotions
• dépression

• passivité
Comportements • retrait d'activités habituelles
• agitation

Capacités physiques • légers problèmes de coordination

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La phase intermédiaire : Stade modéré

Au cours de cette phase, on note une détérioration plus grande des capacités mentales et physiques de la
personne. Les pertes de mémoire s'aggravent et elle en vient à ne plus se souvenir de son histoire
personnelle et à ne plus reconnaître sa famille et ses amis. La plus grande confusion et la perte du sens de
l'orientation dans l'espace et dans le temps exigeront qu'on l'aide pour de nombreuses tâches
quotidiennes comme s'habiller, se laver, aller aux toilettes.
Durant cette phase, certaines personnes deviennent agitées et font les cent pas ou errent. Face à la perte
de ses capacités, la personne atteinte de la maladie peut réagir de nombreuses façons. Par exemple, elle
pourrait moins participer aux activités ou répéter continuellement les mêmes gestes ou mots. Il peut être
utile de s'informer davantage au sujet de la maladie et d'élaborer des stratégies pour faire face à ces
situations.

Capacités touchées Symptômes typiques

• les pertes de mémoire continuent


• la personne oublie progressivement son passé
Capacités mentales
• elle ne reconnaît plus ses amis et sa famille
• elle perd l'orientation dans le temps et l'espace

• changements de personnalité
• confusion
• méfiance
• sautes d'humeur
Humeur et émotions
• colère
• tristesse/dépression
• hostilité
• anxiété/appréhension

• de moins en moins capable de se concentrer


• agitation (fait les cent pas, erre)
• répétition
Comportements • hallucinations
• agressivité
• comportements sans inhibition
• passivité

• a besoin d'aide pour les tâches quotidiennes (par ex., s'habiller, se


laver, aller aux toilettes)
• difficulté à dormir
Capacités physiques
• fluctuations de l'appétit
• difficultés de langage
• difficulté à se situer dans l'espace

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9. L’ ANÉMIE :

INTRODUCTION :

L’anémie est très souvent rencontrée en gériatrie et insuffisamment traitée car trop souvent banalisée ou
interprétée faussement comme une conséquence physiologique du vieillissement. Une valeur abaissée
d’hémoglobine chez le sujet âgé doit ainsi toujours être considérée comme pathologique. En effet, elle
constitue un facteur de mauvais pronostic fonctionnel et vital. Elle est aussi à l’origine d’une perte de
qualité de vie et de limitations fonctionnelles. Ses symptômes peuvent être importants quoique peu
spécifiques, comme l’asthénie, souvent retrouvée mais fréquemment multifactorielle.

DÉFINITION :

L’anémie est définie par la baisse de l’hémoglobine. Les valeurs seuils définies par l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) en 1968 restent généralement admises : Hb < 130 g/l pour l’homme et < 120
g/l pour la femme adultes. L’anémie est fréquente chez le sujet âgé de plus de 65 ans vivant en
communauté, avec une prévalence estimée à 11% chez l’homme et 10,2% chez la femme. Au-delà de 85
ans, sa prévalence dépasse 20%.

Taux d'hémoglobine normal


Hommes : de 14 g/100 ml à 16 g/100 ml
(ou de 140 g/L à 160 g/L)
Femmes : de 12 g/100 ml à 14 g/100 ml
(ou de 120 g/L à 140 g/L)

SYMPTÔMES

Ses manifestations cliniques dépendent essentiellement de la diminution de la capacité du sang


à transporter l’oxygène et de l’augmentation compensatrice du débit cardiaque.
On observe les symptômes suivants :
􀂾 PÂLEUR de la peau et du teint, surtout visible au niveau des paumes des mains, à la
conjonctive palpébrale (membrane tapissant la face interne des paupières), aux lèvres
et aux ongles.
􀂾 SYMPTÔME SUBJECTIFS : Fatigue inexpliquée, faiblesse, perte d'énergie,
somnolence, vertiges, céphalées, bourdonnements d’oreille, mouches volantes,
tendance aux syncopes, parfois irritabilité.
􀂾 ESSOUFLEMENT : fonction respiratoire augmente d’amplitude et de rythme.
􀂾 TACHYCARDIE : le coeur bat plus vite pour faire circuler l’oxygène

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TYPES D’ANÉMIE :
Beaucoup d’études se sont penchées sur l’étiologie des anémies du sujet âgé, et en particulier le National
health and nutrition examination survey III (NHANES III) aux Etats-Unis.On peut schématiquement diviser
les anémies en trois groupes de taille équivalente, selon la «règle des trois tiers» :

• Anémies nutritionnelles dues à des déficits en fer, en acide folique et/ou en vitamine B12.
• Anémies inflammatoires (Anemia of chronic disease) ou liées à l’insuffisance rénale
chronique.
• Anémies d’origine indéterminée. Ce dernier groupe n’est pas homogène et inclut
probablement un certain nombre de syndromes myélodysplasiques non recherchés, et
d’anémies d’étiologie mixte. Une combinaison de facteurs liés au vieillissement
physiologique ou non pourrait aussi y contribuer (déclin physiologique de la fonction
rénale avec l’âge, altération de la sensibilité des cellules souches à l’érythropoïétine (EPO),
diminution des hormones stéroïdiennes sexuelles, polymédication, comorbidités comme
l’hypothyroïdie, épuisement des cellules souches hématopoïétiques liées à l’âge, etc.).

ÉTIOLOGIE :

• Le déficit en fer, seul ou en combinaison avec une carence en acide folique et/ou en vitamine
B12, est responsable de presque 20% de toutes les anémies du sujet âgé. Il n’est
qu’occasionnellement lié à une carence en apport, la majorité des cas étant dus à une perte
sanguine gastro-intestinale (œsophagite, gastrite, ulcère gastro-duodénal, angiodysplasies,
polypes prémalins et cancer colique). La cause est identifiable par un bilan endoscopique chez la
majorité des patients. La difficulté repose cependant sur le diagnostic de déficit en fer chez le
sujet âgé. Celui-ci est basé sur un fer sérique et une saturation de la transferrine abaissés et une
ferritine basse. La distinction entre une anémie inflammatoire ou par déficit en fer est souvent
délicate. La ferritine augmente avec l’âge et avec certaines pathologies liées à l’âge. Une
concentration entre 50 et 100 μg/l peut être retrouvée dans les deux cas. L’évaluation du fer
colorable dans la moelle osseuse reste un indice important mais invasif. Le dosage du récepteur
soluble de la transferrine (RTf) est souvent utile. Son taux circulant est inversement
proportionnnel aux stocks tissulaires de fer et son augmentation est prédictive d’un déficit en
fer. L’index du RTf (rapport RTf/log(ferritine)) semble offrir la meilleure distinction entre une
anémie ferriprive et inflammatoire.
• Les carences en vitamine B12 et en folates sont extrêmement fréquentes chez le sujet âgé (10-
24% et 5-10% respectivement, 10% de déficit combiné), mais leur déficit n’est que rarement à
l’origine de l’anémie macrocytaire. Il est possible que ces carences vitaminiques contribuent à
l’anémie modérée, habituellement normocytaire du sujet âgé.

N. GERIATRIE I.H. 5 I. VACCARO Page 75


• L’anémie inflammatoire (Anemia of chronic disease) est caractérisée par un fer bas, une
saturation de la transferrine élevée et une ferritine normale ou haute. Ces anomalies résultent
d’une diminution de l’absorption intestinale de fer et de la recirculation du fer via les
macrophages sous l’effet de l’hepcidine, un polypeptide d’origine hépatique. La production
d’hepcidine est supprimée en cas de déficit en fer et augmentée en cas d’inflammation, ce qui
fait de celle-ci un bon moyen distinctif entre ces deux entités.
• L’anémie est une complication très fréquente de l’insuffisance rénale chronique. Sa cause
principale est un déclin progressif de la production rénale d’EPO.
• Surtout chez la personne âgée, plusieurs causes d’anémie peuvent coexister. Un diagnostic
retenu n’en exclut pas d’autres à rechercher. Il pourrait de surcroît exister des anomalies de
l’hématopoïèse propres au vieillissement, expliquant au moins en partie les anémies d’origine
indéterminée.

COMPLICATIONS :L’anémie est un facteur de mauvais pronostic fonctionnel et vital :

• Le risque de mortalité est élevé en cas d’anémie chez le sujet âgé vivant en communauté,
indépendamment de ses comorbidités. Une augmentation progressive de la mortalité est
observée pour des valeurs d’hémoglobine inférieures à 140 g/l. Une étude communautaire
portant sur près de 1000 patients de > 85 ans a montré un taux de mortalité de 1,6 chez la
femme et 2,29 chez l’homme pour les patients anémiques par rapport aux non-anémiques.
• L’anémie est aussi un facteur de risque d’hospitalisation (toutes causes confondues) et de
longue durée de séjour en cas d’hospitalisation
• L’anémie, même modérée, est un facteur de risque indépendant d’incapacités
fonctionnelles et son impact sur la qualité de vie est reconnu. En milieu hospitalier, le
potentiel de récupération est moindre pour les patients anémiques.
• La prévalence de l’anémie est plus importante chez le sujet âgé dément (47% vs 35% chez
le non-dément). L’anémie semble même majorer le risque de démence dans une
population âgée avec ou même sans troubles cognitifs préexistants.
• Le risque de chute et de récidive de chute est aussi augmenté dans la population âgée
communautaire, institutionnalisée ou hospitalière. Le risque de complications
traumatiques (fractures, traumatisme crânien) est également augmenté, de manière
directement proportionnelle au degré d’anémie. La correction de l’anémie pourrait donc
être un facteur de prévention des chutes du sujet âgé. Par ailleurs, des taux d’hémoglobine
de < 140 g/l chez l’homme et < 130 g/l chez la femme seraient des facteurs prédictifs
d’ostéoporose.
• Le pronostic vital et/ou fonctionnel des sujets âgés souffrant d’insuffisance cardiaque et de
maladie coronarienne est directement et significativement lié aux valeurs d’hémoglobine.

N. GERIATRIE I.H. 5 I. VACCARO Page 76


TRAITEMENT

La prise en charge de l’anémie consiste à traiter sa cause sous-jacente, à rechercher de manière


active et extensive. Les carences identifiées doivent être substituées, les lésions digestives
traitées. La place de la transfusion sanguine dépend de la présence d’un saignement actif ou non,
de la rapidité d’instauration de l’anémie et des comorbidités. En dessous d’une valeur
d’hémoglobine de 70 g/l, la transfusion est indiquée mais ne l’est pas pour des valeurs > 100 g/l.
La stratégie reste controversée pour les valeurs intermédiaires. Le seuil de transfusion devrait
toutefois être considéré à partir de 80-90 g/l, en particulier chez le sujet > 65 ans et en présence
de comorbidités cardiaques ou respiratoires qui peuvent conduire à une tolérance diminuée de
l’anémie.

CONCLUSION

La prévalence de l’anémie est très élevée dans la population gériatrique. Même modérée, une
valeur abaissée d’hémoglobine ne doit jamais être considérée comme une conséquence inévitable
du vieillissement car elle est associée à un certain nombre d’impacts cliniques négatifs et à une
augmentation de la mortalité, indépendamment de son étiologie.

> L’anémie doit toujours être considérée comme pathologique


> L’anémie est associée à de multiples effets cliniques négatifs, notamment en termes de
fonctionnalité, et à une augmentation de la mortalité
> La recherche de son étiologie doit être active afin de permettre un traitement ciblé.

N. GERIATRIE I.H. 5 I. VACCARO Page 77


10. L’ANESTHÉSIE ET LE PATIENT ÂGÉ :
INTRODUCTION :
Les modifications anatomiques et physiologiques liées au vieillissement sont susceptibles de
modifier la pharmacocinétique et la pharmacodynamique de certains médicaments anesthésiques
et analgésiques. D’autres facteurs sont également à prendre en considération : les pathologies
associées, l’alimentation, et l’état nutritionnel, l’interaction éventuelle avec des médicaments.
Ceux-ci peuvent notamment interférer avec la fixation protéique, entraîner une activation ou une
inhibition enzymatique. En fait, un des problèmes majeurs dans la gestion du grand vieillard est la
prévalence de la polymédication.
L’absorption médicamenteuse est très légèrement réduite. Il existe une augmentation du pH
gastrique qui peut altérer la solubilité des comprimés et l’ionisation de certains médicaments.
La masse maigre, la densité osseuse et l’eau totale sont diminuées alors que la masse grasse
augmente, ce qui a pour influence de prolonger l’effet des médicaments liposolubles tels que les
benzodiazépines. Ces médicaments, très souvent arrêtés en préopératoires, peuvent en revanche
entraîner un sevrage en postopératoire ou, lors de leur réintroduction, potentialiser l’effet des
morphiniques et risquer ainsi des effets indésirables potentiellement délétères. Le volume de
distribution des médicaments se modifie avec une augmentation de ce volume pour certains
agents tels que les bêtabloquants (avec un risque de sous-dosage), ou un volume plus faible pour
d’autres agents tels que la digoxine, hydrosoluble, et donc un risque plus élevé de surdosage.
Certaines protéines, telles que l’albumine, ont leur concentration qui diminue avec l’âge, alors que
celle de l’alpha-1-glycoprotéine augmente. La morphine est fixée pour 35 % aux protéines
plasmatiques, essentiellement à l’albumine. Dans ce cas, la fraction libre tend à augmenter, ce qui
accroît l’efficacité de l’opiacé chez le sujet âgé. En revanche, les besoins théoriques en lidocaïne
augmentent, car ce médicament est fixé essentiellement à l’alpha-1-glycoprotéine acide.
Il existe fréquemment une altération des fonctions hépatiques et rénales chez le sujet d’un âge
avancé. Le débit sanguin hépatique diminue par la baisse du débit cardiaque, ce qui aboutit à un
allongement de la vie d’élimination des médicaments à fort coefficient d’extraction hépatique tels
que la kétamine. De même, la morphine, le sufentanil, la naloxone, la lidocaïne et la bupivacaïne
sont caractérisés par un coefficient d’extraction hépatique élevé (> 0,7), ce qui, en fonction de
l’importance de la diminution du débit sanguin hépatique, peut avoir une incidence significative
sur l’élimination de ces agents. Les réactions de métabolisme hépatique de type 1 (oxydation,
réduction, hydrolyse) sont perturbées chez le sujet âgé. La taille du foie diminue avec l’âge et
passe d’une fraction constante du poids corporel de 2,5 % à 50 ans à une valeur de 1,9 % à 90 ans.
La réduction de la filtration glomérulaire limite les capacités d’élimination rénale des médicaments
hydrosolubles tels que la morphine. On assiste par conséquent à une prolongation des effets de la
morphine, d’autant que son volume de distribution diminue, que les capacités d’élimination de ses
métabolites diminuent. Il est donc licite de réduire significativement les doses de morphine afin de
réduire les risques de surdosage et d’opter pour le titrage.
Enfin, les patients âgés sont plus sensibles à l’effet de nombreux médicaments tels que les
benzodiazépines, les morphiniques, les antidépresseurs tricycliques. Les sujets âgés répondent
mieux et plus longtemps à l’action de ces médicaments. Cette sensibilité accrue peut s’expliquer
par les modifications pharmacocinétiques décrites précédemment, mais aussi par une
modification de la réactivité de l’organe cible notamment par le biais des récepteurs. Ces
perturbations doivent inciter le prescripteur à se tourner vers la titration dans les situations aiguës
telles que la période postopératoire immédiate. Ce principe pharmacologique tend à réduire les
risques de surdosage.

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CONSULTATION D’ANESTHÉSIE
L’évaluation préopératoire du patient âgé est l’étape primordiale de la prise en charge anesthésique.
Cette consultation a pour buts de qualifier l’état physiologique du patient, de préciser ses
comorbidités par la réalisation d’examens complémentaires ciblés, de connaître avec précision son
traitement personnel.
L’état physiologique comporte différents aspects tels que la présentation clinique (le patient fait-il
son âge ?, existe-t-il des signes de dénutrition ?), l’autonomie (évaluée en utilisant l’échelle de Katz ),
la possibilité de se déplacer et le statut neuropsychologique (syndrome démentiel par le Mini-Mental
State ou recherche d’un syndrome dépressif…).
L’interrogatoire et l’examen physique visent à préciser les conditions de ventilation et d’intubation
potentiellement plus difficiles que chez le sujet jeune, compte tenu de l’édentation fréquente, de la
raideur du rachis cervical et permettent d’évaluer le capital veineux périphérique (pouvant indiquer
dans quelques cas la pose d’une voie veineuse centrale en préopératoire).
D’un point de vue biologique, la qualification d’une insuffisance rénale avec ses conséquences sur
l’élimination des agents anesthésiques, analgésiques et l’utilisation d’anticoagulants est
incontournable et aussi importante que la recherche d’anomalies hématologiques (anémie …).
Le traitement personnel en recherchant également toute automédication concernant jusqu’à un tiers
des patients, et tous les traitements « hors médecine conventionnelle ». La polymédication est donc
un problème majeur en particulier lié au risque élevé d’interactions avec les agents anesthésiques et
analgésiques. Les médicaments les plus prescrits sont les antibiotiques, les médicaments à effets
cardio-vasculaires (agents antiplaquettaires, les inhibiteurs du système rénine-angiotensine, les
bêtabloquants), les antalgiques, les benzodiazépines et les médicaments à visée intestinale. La
tendance actuelle concernant le traitement personnel des patients est à la poursuite de la plupart
des traitements pour éviter notamment tout effet rebond potentiellement délétère (bêtabloquant,
statine…) ou tout déséquilibre de traitements chronique (antihypertenseurs, antidiabétiques oraux,
traitements antiparkinsoniens…).
Les recommandations actuelles sont de suspendre temporairement certains traitements à visée
cardio-vasculaire pouvant interférer avec les agents anesthésiques ou avec la chirurgie, tels que les
inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les sartans, les agents antiplaquettaires ou antivitamines K, les
traitements neuropsychiques tels que les IMAO.
Au terme de cette étape, le médecin anesthésiste doit pouvoir définir une stratégie de prise en
charge, en informer le patient et/ou ses proches des risques anesthésiques spécifiques voire de
récuser un patient pour lequel la synthèse de l’ensemble de ces éléments comporte une balance
bénéfice-risque défavorable. Cette stratégie concerne le choix du type d’anesthésie (anesthésie
générale versus anesthésie locorégionale périmédullaire ou périphérique), du monitorage
hémodynamique, de la stratégie d’épargne sanguine ou transfusionnelle, de la stratégie de prise en
charge de la douleur, de l’orientation postopératoire (séjour en réanimation, soins intensifs voire
ambulatoire…), et des possibilités de réhabilitation postopératoire.

COMPLICATIONS :

Le délire aigu constitue chez le sujet âgé une des complications postopératoires les plus fréquentes.
D'une manière générale, l'incidence des DCPO précoces chez les sujets de plus de 60 ans opérés de
chirurgie majeure est estimée à 25,8% au septième jour, et 9,9% à trois mois de l'intervention.
L'étiologie des DCPO est multifactorielle, associant des facteurs prédisposants et des facteurs
précipitants de nature iatrogène qui apparaissent au cours de la période postopératoire.

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La dysfonction cognitive postopératoire (DCPO), complication fréquemment observée chez la personne
âgée opérée, est associée à une augmentation de la morbidité et une prolongation de la durée
d'hospitalisation.Le stress peropératoire chez la PA représente une situation à haut risque de
décompensation cognitive. La DCPO peut prendre alors différentes formes cliniques. Le délire aigu (ou
syndrome confusionnel) en constitue la forme la plus spectaculaire, précoce et transitoire. Les
dysfonctionnements cognitifs prolongés se manifestent de façon plus torpide et persistent bien au delà
de la fin de l'hospitalisation. Enfin, les délires surajoutés à une démence préexistante.

Diagnostic

Les critères diagnostiques du délire sont précisément décrits dans le DSM (Diagnostic and Statistical
Manual of Mental Disorders manual).

Parmi les tests globaux, le MMS (Mini Mental State Exam), le plus connu et le plus utilisé, est basé sur
12 items. L'AMT (Abbreviated Mental Test) est un test très simplifié coté sur dix points et réalisable en
une minute au lit du patient. Il convient parfaitement au dépistage systématique des dysfonctions
cognitives à la consultation d'anesthésie. Ainsi, un score inférieur à 8/10 indique un déficit cognitif. En
postopératoire, une diminution de 2 points ou plus par rapport au score préopératoire signe
l'apparition d'un délire.

Tableau 1. Définition du délire : classification DSM


(Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders manual)
• Diminution de la capacité à maintenir l'attention aux stimuli externes
• Désorganisation de la pensée se manifestant par un discours incohérent ou
divaguant
• Au moins deux des critères suivants :
o trouble de la conscience, difficulté à rester éveillé lors d'un entretien,
o anomalies de perception : erreurs d'interprétation, illusions,
hallucinations,
o perturbations du cycle veille-sommeil,
o désorientation dans le temps et l'espace,
o augmentation ou diminution de l'activité psychomotrice,
o troubles de la mémoire : impossibilité de retrouver des événements
passés, des noms propres ou communs
• Symptomatologie fluctuante sur de courtes périodes au cours de la journée
ou de la nuit

Tableau 2. Test mental abrégé (AMT) (chaque bonne réponse est


cotée 1 point)
1 - Âge
2 - Heure (à 1 heure près)
3 - Adresse de l'hôpital (à redemander à la fin du test)
4 - Année en cours
5 - Nom de l'hôpital

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6 - Reconnaissance de deux personnes présentes
7 - Date de naissance
8 - Année de la première guerre mondiale
9 - Nom du président de la République
10 - Compter à rebours de 20 à 1

Tableau 3. Facteurs prédisposant à une dysfonction cognitive postopératoire et


repérables à la consultation d'anesthésie
• Âge > 70 ans
• Démence avérée ou déficit cognitif méconnu
• Antécédent de DCPO lors d'une intervention précédente
• Prise chronique de benzodiazépines, de morphiniques
• Alcoolisme chronique
• Niveau d'éducation faible
• Perturbations métaboliques (natrémie, kaliémie, glycémie)

POINTS ESSENTIELS
· Après 85 ans, un patient sur deux est classé ASA 3 à 5.
· Le vieillissement physiologique se caractérise par une altération des réserves fonctionnelles
des organes. Ceux-ci ne peuvent plus faire face à une augmentation brutale des besoins. L'âge
chronologique joue probablement un rôle chez le grand vieillard dans l'évolution des états
morbides. Le bilan préopératoire doit donc évaluer les capacités d'adaptation restantes de
l'organisme.
· Les grands vieillards reçoivent souvent de très nombreux médicaments, qui exposent à des
risques d'interactions.
· La pharmacocinétique et la pharmacodynamie des médicaments de l'anesthésie sont
modifiées chez le grand vieillard. La prudence commande de minorer les posologies, d'utiliser
des médicaments de délai et de durée d'action courts, de les titrer et de monitorer leurs effets.
· Dans une population générale, il n'y a pas d'avantage décisif à utiliser une technique
d'anesthésie générale plutôt qu'une technique d'anesthésie rachidienne, et inversement.
· L'anesthésie ambulatoire est possible chez le grand vieillard autonome et/ou entouré.
· L'analgésie postopératoire est souvent insuffisante chez les grands vieillards. Elle doit
répondre aux mêmes impératifs de prescription (minoration des posologies, titration,
monitorage) que les autres médicaments de l'anesthésie.
· Les troubles cognitifs et les états d'agitation sont fréquents dans la période postopératoire.
Ils doivent faire rechercher une cause immédiatement curable. Ils doivent faire l'objet de
mesures préventives.

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· L'âge lui-même est un facteur de risque de troubles cognitifs postopératoires.
· L'objectif principal de la prise en charge médico-chirurgicale du grand vieillard est le retour
rapide à une autonomie optimale dans un environnement connu.

INDICATIONS À L’ANESTHÉSIE :

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11. LE PATIENT ÂGÉ ET LA MÉDICATION :

INTRODUCTION :

Les personnes âgées sont réparties entre deux groupes : les personnes âgées et les personnes très
âgées. A fur et à mesure qu’elles avancent en âge, les personnes sont confrontées à des changements
physiques et psychologiques et par conséquente, elles se voient ingérer plusieurs médicaments. Non
seulement elles prennent des molécules diverses, mais elles doivent éventuellement prendre des
traitements qui vont contrer les effets secondaires causés par ceux-ci.
La polymédication se justifiant par un oubli et où la personne, pour combler cet oubli, va prendre le
double de la dose ; alors que cela est inutile voire dangereux.
La personne âgée doit non seulement prendre des traitements curatifs mais aussi des traitements
préventifs. Les carences alimentaires, une biologie négative, une douleur, des problèmes neurologiques
(ex : maladie d’Alzheimer), les effets secondaires des autres médicaments, l’absorption intestinale et
l’excrétion rénale diminuée, sont autant de facteurs qui vont « pousser » la personne vieillissante à
reprendre un deuxième antalgique trop vite alors qu’elle n’a encore digéré le premier. C’est là qui
s’ensuit un problème d’intoxication médicamenteuse.
Il est donc de notre ressort de veiller à être attentif à donner les bons médicaments, au bon moment et
d’essayer d’éviter la pomymédication.

Quel que soit le profil de risque potentiel ou avéré des classes thérapeutiques utilisées,
un bilan clinique et biologique minimal doit être réalisé régulièrement chez toute personne
âgée polymédiquée.
Il comprend notamment :
*au plan clinique, la surveillance :
- du poids,
- de la pression artérielle (recherche d’une hypotension orthostatique),
- de la fréquence cardiaque ;
*au plan biologique, la surveillance :
- du ionogramme sanguin (notamment recherche d’une dyskaliémie),
- de la créatininémie (une créatininémie normale n’exclut pas une éventuelle
insuffisance rénale),
- de la clairance de la créatinine (ml/min) évaluée par la formule
de Cockcroft & Gault :
Clairance de la créatinine = (140 - âge en années) x poids (en kg)
0,81 x créatininémie (μmol/l)
Femme = clairance de la créatinine x 0,85

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OBJECTIFS

● Argumenter les facteurs qui interviennent lors d.une décision thérapeutique chez
un malade donné
● Argumenter l'absence de prescription médicamenteuse et l'introduction ou l'arrêt
d'un médicament
● Expliquer les facteurs améliorant l'observance thérapeutique lors de la prescription
initiale et de la surveillance
● Identifier les sujets à risque et en déduire les principes d'adaptations thérapeutiques
nécessaires
● Identifier les principales associations médicamenteuses responsables d'accidents et leurs
modalités de prévention
SPECIFIQUE :
● Citer et expliquer les conséquences de la polymédication.
● Citer les situations cliniques devant faire évoquer une pathologie iatrogénique
et les principales classes médicamenteuses qui en sont responsables.
● Lister en les explicitant les facteurs qui concourent à augmenter le risque
iatrogénique chez le sujet âgé.
● Décrire les modifications des différentes phases de la pharmacocinétique et de
la pharmacodynamique des médicaments accompagnant l'avancée en âge et les
conséquences potentielles pouvant en résulter.
● Énumérer les principales interactions médicamenteuses à redouter chez le sujet
âgé.
● Répertorier les critères pouvant optimiser le rapport bénéfice / risque des
prescriptions médicamenteuses chez le sujet âgé.

MODIFICATIONS PHARMACOCINETIQUES ET PHARMACODYNAMIQUES LIÉES À


L’ÂGE.

Pharmacocinétique: Ce que l’organisme fait au médicament


Pharmacodynamique: Ce que le médicament fait à l’organisme

ABSORPTION
Diminution de la vidange gastrique.
Augmentation du pH gastrique.
Diminution de la motilité gastrointestinale.
Diminution du flux sanguin splanchnique.
Diminution de l'efficacité des systèmes de transport actifs.

MÉTABOLISME
Diminution du métabolisme hépatique des médicaments à forte extraction hépatique.
Diminution de la masse hépatique.
Diminution du débit sanguin hépatique.

DISTRIBUTION ET TRANSPORT
Diminution du compartiment hydrique.
Augmentation de la masse grasse.
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Diminution de la masse maigre ou musculaire.
Diminution de l'albuminémie.

EXCRÉTION RÉNALE
Diminution du flux sanguin rénal.
Diminution de la filtration glomérulaire.
Diminution de la sécrétion tubulaire.
Diminution de la réabsorption tubulaire.

MODIFICATIONS DE L’ABSORPTION ORALE


Elles résultent :
- d’un allongement du temps de la vidange gastrique,
- de l'augmentation du pH gastrique,
- de la diminution de la surface digestive,
- de la diminution de la motilité gastro-intestinale,
- de la diminution du flux sanguin splanchnique,
- de la diminution de l’efficacité de certains systèmes de transport actifs.
En théorie, ces modifications physiologiques pourraient retentir sur la vitesse d’absorption et la
quantité de médicament absorbée. En fait, ces modifications ont des effets opposés rendant
compte de l'absence de modification de la biodisponibilité de la majorité des drogues chez la
personne âgée

Effets secondaires Amélioration de la


Polymédication qualité de vie

Principe de précaution du traitement chez le sujet âgé

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12.LA DOULEUR CHEZ LE SUJET ÂGÉ
En médecine d’urgence, la douleur est insuffisamment prise en charge chez le sujet âgé.
• Son intensité est mal ou peu évaluée, les antalgiques morphiniques sont souvent sous-utilisés et
à des doses inadaptées.
• Les modifications physiologiques et pharmacologiques chez le sujet âgé sont à prendre
en compte dans la stratégie thérapeutique.
La douleur est très fréquente chez la personne âgée : dans une étude portant sur 97 patients âgés
de 65 à 101 ans, ces personnes âgées présentent au moins une douleur dans 71% des cas.
La douleur physique, à l'instar de la douleur morale, est banalisée et trop souvent assimilée au
grand âge.
La personne âgée éprouve une difficulté encore plus importante que l'adulte à décrire la douleur.
Les douleurs chez la personne âgée ne sont pas isolées mais surviennent souvent dans un contexte
d'incapacités motrices et mentales rendant aléatoire la communication de la plainte. L'expression
de la douleur est différente chez la personne âgée par rapport à l'adulte.
Il apparaît souvent une lassitude des soignants devant les plaintes répétitives et multiformes,
devant la difficulté à obtenir un soulagement, devant les changements de plaintes lorsqu'un
symptôme a été soulagé.

MODIFICATIONS PHYSIOLOGIQUES
SYSTÈME NERVEUX
• Diminution de la quantité et de l’efficacité des neurotransmetteurs.
• Diminution de la conduction nerveuse, donc de la réponse sympathique et des fibres motrices
et augmentation du seuil nociceptif.
• Diminution progressive des fonctions cognitives, de la vision et de l’audition, ce qui induit
des troubles de compréhension (techniques d’analgésie), de communication (évaluation de la
douleur) et coordination (réduction de la mobilité).
Voir aussi les modifications traitées dans les chapitres précédents.

LOCALISATION DE LA DOULEUR :

Les localisations sont : - articulaires dans 70% des cas,


- de céphalées dans 25% des cas,
- de douleurs lombaires dans 20%,
- dans 60% des cas, les lombalgies existent depuis plus de dix ans.
- les pansements de plaies traumatiques ou de pression, irritations médicamenteuses.

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CONSÉQUENCES DE LA DOULEUR :

Les conséquences de ces douleurs, surtout quand elles sont durables, sont importantes :
- l'anxiété,
- la dépression,
- la régression,
- l'isolement social,
- les troubles du sommeil et de l'appétit,
- les troubles de la marche et les chutes,
- la perte d'autonomie,
- le recours plus important et plus coûteux aux services de soins.
- Le risque des effets secondaires des médicaments antalgiques, et surtout analgésiques, est
plus grand chez la personne âgée

LES PALIERS DE LA DOULEUR SELON L’OMS :

PALIER 1 : Douleurs faibles à modérées

En gériatrie le paracétamol est privilégié (500 mg toutes les 4 heures ou 1 g toutes les 8 heures).
Les AINS sont réservés aux douleurs de type inflammatoire avec une prescription d'un protecteur
gastrique type inhibiteur de la pompe à protons.
Dans ce cas la fonction rénale et la tension doivent être surveillés ( ++ si patient sous diurétique ).

PALIER 2 : Douleurs modérées à intenses

• La codéine et paracétamol-codéine. La dose utile est répartie en des prises toutes les 4 heures. La
constipation sera systématiquement prévenue par une prescription. Les nausées, vomissements,
somnolences sont assez rares. A noter que 100 mg de codéine correspondent à 10 mg de
morphine.
• Le dextropropoxyphène généralement associé au paracétamol. Les EI sont les mêmes que ceux de
la codéine. La répartition posologique se fera toutes les 4 à 6 heures.
• le tramadol . Sauf insuffisance rénale, la posologie initiale est de 100 mg/j puis la posologie
adaptée au résultat obtenu avec une dose maximale de 400 mg/J. Les EI sont les mêmes (mais
moins fréquents) que ceux de la codéine.

PALIER 3 : douleurs intenses à très intenses Les produits du palier 3 ne sont pas réservés aux
douleurs de fin de vie. C'est l'intensité de la douleur qui justifie leur utilisation.

• La morphine à libération immédiate. On peut utiliser la solution de chlorhydrate de morphine en


ampoules (1 ml = 10 mg de morphine) associée à un sucre ou un jus de fruit, l'Actiskénan (gél 5, 10,
20 et 30 mg).
La posologie initiale recommandée est de 2,5 à 5 mg toutes les 4 heures avec un intervalle minimal
de 8 heures entre deux majorations de doses (+ 25 à 50 %). Pour éviter une prise nocturne, il est
licite de doubler une dose de début de nuit. La prise suivante se fera alors 8 heures plus tard.
• La morphine à libération prolongée. Elle représente la forme la plus commode (Moscontin). Chez
le patient âgé, la dose initiale sera généralement de 10 mg toutes les 12 heures. Si une morphine à
libération immédiate a été utilisée pour rechercher la dose nécessaire, on répartit la même dose en
2 prises espacées de 12 heures.

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• Morphine par voie sous-cutanée. Lorsque la voie orale n'est pas possible, on peut utiliser
la voie SC toutes les 4 heures.
Le passage de la voie orale à la voie SC nécessite de diviser la dose par deux.
• Le fentanyl transdermique . Le Durogésic (opiacé agoniste de la morphine) se présente en
patchs dosés à 25, 50, 75 et 100 µg). Son délai d'action est de 12 à 16 heures et sa durée
d'action est de 72 heures. Si nécessaire, le patient peut bénéficier d'un morphinique
d'action immédiate entre 2 doses ou en début de traitement.
• Le chlorhydrate d'hydromorphone. Le Sophidone (gel à 4, 8 et 16 mg) est une alterntaive
à la morphine en cas d'intolérance ou de résistance. Elle est efficace 12 heures et 4 mg de
Sophidone sont équivalent à 30 mg de morphine ce qui sous entend que seul des patients
recevant 60 mg de morphine peuvent bénéficier d'un relais par ce produit.
• Le chlorhydrate d'oxycodone. L'Oxycontin (10, 20, 40 et 80 mg) est un agoniste opioïde
dont l'indication est limitée aux douleurs chroniques d'origine cancéreuse. les prises
d'Oxycontin sont espacées de 12 heures. 10 mg correspondent à 15 mg de morphine.
Rappel : La prescription d'un opiacé est établie en toutes lettres sur une ordonnance
sécurisée et au maximum

• 28 jours pour les morphines orales à libération prolongée (Moscontin, ), le Durogésic,


l'Oxycontin
• 14 jours pour les morphines à libération immédaite (Actiskénan, solution de chlorhydrate
de morphine)
• 7 jours pour les morphines injectables.

LES CO-ANTALGIQUES
Leur utilisation associée aux antalgiques est parfois majeure.

• Le traitement des troubles digestifs : nausées, constipation +++


• Les corticoïdes. Ils sont très efficaces pour certaines douleurs osseuses inflammatoire,
infiltrations tumorales ou métastasiques (hépatiques,..).
• Les antispamodiques
• Les myorelaxants
• Les anxiolytiques et antidépresseurs
• Le froid, le chaud.
• Les massages, la physiothérapie
• Les techniques de relaxation...

LES DOULEURS NEUROGENES


Elles sont plus difficiles à traiter.
Elles n'ont pas d'horaire mécanique ou inflammatoire et sont le plus souvent associés à des
fourmillements, brulures, troubles de la sensibilité. Elles peuvent être soit continues (brulure,
broiement) soit paroxystiques (en décharges électriques) plus ou moins déclanchées par un
stimulus modéré (toucher, froid, ...)

Les étiologies les plus fréquentes sont les neuropathies diabétiques, toxiques, alcooliques, les
douleurs postzostériennes, les membres fantômes, les compressions nerveuses profondes, les
lésions des plexus.

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LES MEDICAMENTS

• Les antidépresseurs. Les tricycliques sont les plus efficaces sur les douleurs continues.
ANAFRANIL ( clomipramine ) 10 à 150 mg/J par paliers de quelques jours
Chez la personne âgée, leur utilisation peut être limitée par les effets secondaires
(Hypotension, bouche sèche,somnolence,..) et les contre-indications (Glaucome, adénome
de la prostate). Les doses initiales seront toujours faibles et le plein effet antalgique
demande 10 à 15 jours.

• Les anti-épileptiques.
Pour les douleurs paroxystiques, chez le personne âgée, le RIVOTRIL est souvent utilisé
en une prise ( 5 à 20 gouttes le soir)
En cas d'échec, la DEPAKINE (acide valproïque) à la dose de 20 mg/kg/J est préférée au
TEGRETOL (Carbamazépine) .
Le NEURONTIN (gabapentine) est intéressant dans le traitement des douleurs
postzostériennes (100 mg à 900 mg/j).

• Les traitemens locaux . Aux anesthésiques locaux ( EMLA), on pourra rattacher la


mésothérapie

• La neurostimulation

• La chirurgie. En dehors de la névralgie faciale, ses indications sont encore limitées.

• Les techniques de contre-stimulation : chaud, froid.

• Les techniques comportementales méritent d'être tentées : relaxation, hypnose,


sophrologie,…

LA DOULEUR LORS DES SOINS D’ESCARRES :

La douleur n’est pas proportionnelle à la taille de l’escarre. De plus, l'inconfort positionnel est
parfois plus douloureux ou pénible que le soin proprement dit. L'escarre serait très douloureuse
lorsque les récepteurs nociceptifs des fibres A delta et C sont intacts ou peu détruits (lésions
superficielles) et peu douloureuses si les lésions sont profondes et nécrotiques . La zone
périlésionnelle est souvent le site d'une intense inflammation, aggravée par la colonisation
bactérienne fréquente, source de douleurs non négligeables. La réapparition de la douleur (en
particulier lors des pansements) marque l'apparition d'un bourgeonnement local, signe d'une
bonne cicatrisation. Au contraire, la persistance d'une certaine insensibilité locale témoigne d'un
passage à la chronicité.

D’autres mesures complémentaires telles que installation confortable, nettoyage de la plaie par
lavage, choix de pansements permettant l’espacement des soins et choix des moments des soins

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avec le patient permettent de minimiser le phénomène douloureux. L'approche non
médicamenteuse revêt ici une grande importance.

Dans les cas où une procédure antalgique est nécessaire, il faut s'assurer :

- que la procédure antalgique a été correctement effectuée et réalisée. Entre autres, il faut vérifier
que, en fonction du délai d'efficacité du traitement choisi, le moment séparant son administration
de la réalisation de l'acte est optimum.

- qu'en cas d'antalgie insuffisante durant le geste, une procédure antalgique de secours a été
prévue. Une antalgie qui se révèle inadéquate durant un geste peut nécessiter la suspension ou le
report du geste.

- que la prévention des suites douloureuses éventuelles du geste a été anticipée.

Enfin, l'association de plusieurs moyens thérapeutiques, médicamenteux et non médicamenteux


est de règle.

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13. LES SOINS PALLIATIFS :
DEFINITION

« Les soins palliatifs cherchent à améliorer la qualité de vie des patients et de leur famille, face
aux conséquences d’une maladie potentiellement mortelle, par la prévention et le soulagement de
la souffrance, identifiée précocement et évaluée avec précision, ainsi que le traitement de la
douleur et des autres problèmes physiques, psychologiques et spirituels qui lui sont liés.
Les soins palliatifs procurent le soulagement de la douleur et des autres symptômes gênants,
soutiennent la vie et considèrent la mort comme un processus normal, n’entendent ni accélérer ni
repousser la mort, intègrent les aspects psychologiques et spirituels des soins aux patients,
proposent un système de soutien pour aider les patients à vivre aussi activement que possible
jusqu’à la mort, offrent un système de soutien qui aide la famille à tenir pendant la maladie du
patient et leur propre deuil, utilisent une approche d’équipe pour répondre aux besoins des
patients et de leurs familles en y incluant si nécessaire une assistance au deuil, peuvent
améliorer la qualité de vie et influencer peut-être aussi de manière positive l’évolution de la
maladie, sont applicables tôt dans le décours de la maladie, en association avec d’autres
traitements pouvant prolonger la vie, comme la chimiothérapie et la radiothérapie, et incluent les
investigations qui sont requises afin de mieux comprendre les complications cliniques gênantes et
de manière à pouvoir les prendre en charge. » Définition de l’OMS de 2002.

LA DOULEUR :

L’analyse de la douleur comprend une évaluation :

• de ses causes ;
• de ses mécanismes (douleur organique par nociception ou neurogène,
douleur psychogène, douleur mixte) ;
• de sa topographie, l’utilisation d’un schéma précisant les zones
douloureuses peut permettre d’éviter les manipulations intempestives ;
• de son intensité, par l’interrogatoire, l’examen clinique et éventuellement
par un outil validé et/ou connu (pour le patient capable de communiquer,
auto-évaluation à l’aide d’une échelle visuelle analogique ou numérique ou
verbale simple ; chez le malade incapable de communiquer, observation des
postures, du faciès, des gémissements, de l’attitude antalgique, de la
limitation des mouvements ou utilisation d’une échelle Doloplus ) ;
• de son retentissement sur le comportement quotidien et l’état
psychologique du patient et de son entourage (il est recommandé de
rechercher systématiquement une dépression et/ou une anxiété qui
nécessitent une prise en charge spécifique).

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Le traitement antalgique

Le premier temps du traitement antalgique est de rassurer le patient sur l’engagement de l’équipe
soignante à faire le maximum pour soulager sa douleur.
Les antalgiques non spécifiques et des mesures coantalgiques sont à associer à un traitement
étiologique quand ce dernier est possible.

Conformément aux préconisations de l’OMS, il est recommandé de privilégier la voie orale,


d’administrer les antalgiques de manière préventive et non au moment de la survenue de la
douleur, d’individualiser le traitement, de réévaluer régulièrement ses effets (au minimum
quotidiennement jusqu’à obtention d’une antalgie efficace), d’informer le patient et son
entourage des effets indésirables possibles du traitement, de mettre à leur disposition des moyens
permettant d’y faire face et d’utiliser les antalgiques selon la stratégie en trois paliers.

LA PEUR

La peur de mourir est un sentiment typiquement humain. La vie s'organise autour de cet axe : la
fin. On sait que toute chose prendra un jour fin sous la forme actuelle qu'on connait. Cette peur
peut devenir angoisse démesurée.

LES BESOINS DE LA PERSONNE EN FIN DE VIE

􀂃 des besoins physiques, en particulier des symptômes insuffisamment soulagés, tels que la
douleur ou des difficultés respiratoires.
􀂃 des besoins psychologiques : la perspective d’une mort prochaine est source de nombreuses
préoccupations : peur de souffrir, crainte d’un acharnement thérapeutique ou d’être une
charge pour son entourage ; les personnes malades ont également besoin de recevoir des
réponses claires à leurs questions, d’être impliquées pleinement dans les décisions et de savoir
qu’elles ne seront en aucun cas abandonnées.
􀂃 des besoins sociaux : en fin de vie, maintenir ou renforcer les liens avec les proches revêt une
importance fondamentale de même que savoir que ceux-ci seront soutenus après leur mort;
beaucoup de patients ont également besoin d’un soutien dans des démarches d’ordre
financier et/ou administratif (obtention d’une rente AI, testament, etc.) et d'activités créatives
ou récréatives.
􀂃 des besoins spirituels : être soutenu dans la prise de conscience de ce qui est, pour eux, essentiel
et porteur de sens malgré la maladie ; pouvoir bénéficier de l’accompagnement d’un
représentant religieux de leur choix.
􀂃 la gestion des symptômes tels que la douleur, la dyspnée, les nausées, peur, tristesse, fatigue,
etc.
􀂃 déterminer soi-même l’organisation de la dernière phase de vie
􀂃 la sécurité : les personnes concernées connaissent le réseau de soins palliatifs et sont capables
de planifier en avance.
􀂃 le soutien apporté aux proches.

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ACCOMPAGNEMENT DU PATIENT MOURANT

LE DEUIL

Tout changement implique une perte, une rupture plus ou moins traumatisante, dont il est impérieux
de faire le deuil pour s’en libérer vraiment, et avancer dans sa vie.

Le Dr Elisabeth KUBLER-ROSS, en assistant de très nombreux patients atteints de maladie en phase


terminale, a analysé ce processus, avec précision et a répertorié 8 étapes.

Les huit étapes sont les suivantes :

1 – le déni
« Non, ce n’est pas possible, ce n’est pas vrai ». C’est une façon de se protéger.

2 – le marchandage.
Dans cette phase la personne recherche une solution, un compromis, un arrangement pour faire
reculer l’inévitable.

3 – la colère devant l’impossibilité d’y parvenir. L’ identité professionnelle, sociale, affective, est
touchée, les valeurs sont bousculées.
La réaction de colère est une étape nécessaire à la conduite du changement.
Elle peut être tournée contre l’autre – rejeté, accusé, voire haine – et contre soi même :
culpabilisation.

4 – la tristesse.
La perte devient réelle, présente.
L’énergie diminue. Les larmes arrivent. Le système de défense s’effondre peu à peu.

5 – La dépression.
Plus forte que la tristesse, c’est l’abattement, le renoncement, l’isolement, le mutisme.

6 – La prise de conscience
C’est une réaction de survie après avoir été « au pied du mur », après avoir touché le fond…..

7 - L’acceptation
C’est une étape où émergent des mouvements d’ouverture, de curiosité, d’intérêt, de nouveaux
objectifs.
C’est une ère de renouveau.

8 – Le déclic.
Le changement, est vécu de manière positive, constructive.
La confiance, l’enthousiasme, l’énergie, la détermination sont au rendez vous, avec de nouveaux
projets ! C’est la phase de l’engagement.

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ACCOMPAGNEMENT DES PROCHES

L’accompagnement de la famille et de l’entourage du malade fait aussi partie des soins palliatifs.
En effet, la survenue d’une maladie grave et évolutive provoque fréquemment des
questionnements, des angoisses et des souffrances chez les proches de la personne atteinte.
Les proches ont alors besoin d’être soutenus dans leur douleur, qu’elle soit
d’ordre affectif, psychologique, spirituel ou autre.
Un proche
Les équipes soignantes, les associations de bénévoles d’accompagnement, les associations de
malades par l’intermédiaire de personnes spécifiquement formées, sont présentes pour répondre
à ces besoins, par exemple sous forme d’entretiens individuels et/ou de groupes de parole.
Par ailleurs, dans la démarche palliative, les proches ont un rôle particulièrement important : ils
participent à leur mesure, ils témoignent de leur connaissance
de la personne, ils expriment leurs avis et leurs interrogations.

Il existe également des dispositifs téléphoniques qui permettent de poser des questions, d’obtenir
une écoute et des informations.
Pour les personnes qui le souhaitent, un congé d’accompagnement de solidarité familiale a été
instauré en 1999. Il permet à un membre de la famille ou à une personne qui exerce une activité
salariée et partage le domicile du malade, de bénéficier d’un temps de congé d’une durée
maximale de trois mois (renouvelable une fois) pour accompagner ce proche malade. Le salarié
peut se renseigner auprès du service des ressources humaines de son entreprise pour connaître
les démarches à suivre et demander ce congé.
Des aides financières (sécurité sociale, mutuelles, fondations spécialisées) peuvent également être
demandées pour faire face à des difficultés liées à la maladie.

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BILBLIOGRAPHIE :

LIVRES :

- GÉRONTOLOGIE, GÉRONTOPSYCHIATRIE ET SOINS INFIRMIERS, R. Maulias, S. Maulias, C.


Vaudet, ED. Lamarre, Paris.
- CHIRURGIE CLINIQUE : TECHNIQUE ET PRATIQUE, M. Henry, J. Thompson, ED DeBoek
Université, Bruxelles, 2004.
- HUMANITUDE, Y. Gineste, J. Pellissier, ED Armand Collin, Paris 2007.
- LE TOUCHER APPRIVOISÉ, J. Savatofski, P. Prayer, ED Lamarre 2002.
- L’INFIRMÈRE ET LES SOINS AUX PERSONNES ÂGÉES, J. Berlin, Amalberti, A.M. Beguin, ED
Masson Paris, 2005.
- NOUVEAUX CAHIERS DE L’INFIRMIÈRE : HYGIÈNE, S. Girot, H. Gomila, M.Letteurt ? I. Pividori,
ED Masson 2005.
- NOUVEAUX CAHIERS DE L’INFIRMIÈRE : GÉRONTOLOGIE, GÉRONTOPSYCHIATRIE, M.P.
Hervey, M.B. Malitor, V. Beguin, L. Chahbenderian, S. Farah, ED Masson 2005.
- NOUVEAUX CAHIERS DE L’INFIRMIÈRE : SOINS AUX PERSONNES ÂGÉES, M.P. Hervey, M.B.
Malitor, V. Beguin, L. Chahbenderian, S. Farah, ED Masson 2005.
- RÉPEROIRE COMMENTÉ DES MÉDICAMENTS,
- VADEMECUM CLINIQUE, DU DIAGNOSTIC AU TRAITEMENT, V. Fattorusso, O. Ritter, ED.
Masson 2006.
- VIEILLIR EN INSTITUTION, C. Deliat, A. Casagrande, ED. John Libley, 2005.

BROCHURES :

- LA MALADIE D’ALZHEIMER, dialogue et santé 2010.


- LA MALTRAITANCE DES PERSONNES ÂGÉES, respect seniors, 2010.
- LA VIEILLESSE : MIEUX LA CONNAÎTRE POUR MIEUX LA RESPECTER, respect seniors 2010.
- LES SOINS PALLIATIFS, mutsoc 2009.
- MIEUX COMMUNIQUER AVEC LES PERSONNES ÂGÉES DÉSORIENTÉES, mut soc 2009.
- SENIORS : LE SEXE, C’EST BON POUR LA SANTÉ !
- POINTS DE REPÈRES POUR PRÉVENIR LA MALTRAITANCE, Ministères de la Communauté
Française, 2008.

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FINALITÉS DE L’UNITÉ DE FORMATION :

Cette unité de formation participe aux finalités particulières :

- Permettre aux étudiants d’acquérir les connaissances en sciences infirmières ainsi qu’ une
méthodologie qui aideront à suivre l’évolution de sa discipline.

Plus précisément, cette U.F. vise à rendre l’étudiant capable de :

- Prendre en charge un ou plusieurs patients en vue de leur dispenser des soins infirmiers
dans les services de médecine, chirurgie, psychiatrie et gériatrie ainsi que dans les services
extra-hospitaliers en utilisant les outils méthodologiques propres au savoir infirmier ;

- Participer à la gestion des soins infirmiers au sein de l’équipe ;

CAPACITÉS TERMINALES :
Pour atteindre le seuil de réussite, l’étudiant prouvera qu’il est capable :

- Effectuer une démarche en soins dans le cadre de la prise en charge globale d’un patient
dans toutes les situations hospitalières générales et extra-hospitalières, en ayant recours
aux diagnostics infirmiers et problèmes traités en collaboration ;

- Organiser sur le plan théorique les soins dispensés aux patients et d’apporter une
justification satisfaisante de ses choix ;

- Appliquer les techniques de soins infirmiers en respectant les principes d’hygiène, de


sécurité, de confort et d’asepsie requis.

Pour déterminer le degré de maîtrise, il sera tenu compte de la capacité de l’étudiant de :

- Justifier la pertinence de ses choix et de sa démarche ;

- Valoriser ses acquis théoriques et pratiques ;

- S’adapter face à toute situation, quelle que soit la circonstance.

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-

- OBJECTIFS :

AU TERME DE L’APPRENTISSAGE, L’ÉTUDIANT SERA CAPABLE DE :

- Identifier les incidences du vieillissement sur la sphère socio-économique et familiale.

- Identifier les différentes théories sur le vieillissement.

- Énumérer ses propres représentations du vieillissement, ses craintes face au fait


inéluctable de vieillir et les conséquences que cela peut entraîner lors de la rencontre avec
le sujet âgé.

- Définir les particularités du vieillissement dit « normal » ou sénescence au niveau des sens
et des grands systèmes.

- Connaître et commenter les composantes d’un vieillissement heureux.

- Définir les pathologies apparaissant dans le cadre du vieillissement et caractérisant le


vieillissement dit « pathologique » ou sénile : les démences, les dépressions, les suicides,
les infections, les anémies, l’aphasie, la douleur…

- Connaître la médication en lien avec les pathologies évoquées.

- Identifier et analyser les particularités de la médication chez la personne âgée : la


surveillance, l’éducation, les risques de l’auto et de la polymédication.

- Déterminer les particularités de la chirurgie gériatrique.

- Déterminer et analyser les circonstances d’apparition des chutes, leurs risques et comparer
les moyens de prévention.

- Expliquer et utiliser les échelles d’évaluation de Norton, Katz, algoplus, doloplus…

- (Expliquer et utiliser le pictogramme d’autonomie.)

Analyser des situations cliniques en tenant compte de toutes ces connaissances pour en dégager
les symptômes, les complications, les risques, le rôle infirmier, les diagnostics infirmiers et les
problèmes traités en collaboration.

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