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À la découverte du romantisme !

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Le romantisme est un vaste mouvement artistique qui s’impose en France durant la


première moitié du XIXème siècle, entre 1800 et 1850.

Le romantisme se construit en opposition au classicisme.

C’est un mouvement littéraire qui prône l’exaltation des sentiments, de la sensibilité et


la recherche de la liberté.

I – Le contexte historique du romantisme (1800-1850)


 ◊ Des origines anglaises et allemandes


Le Romantisme n’est pas né en France. C’est un courant artistique qui apparait en


Allemagne et en Angleterre à la fin du XVIIIème siècle.

En réaction contre l’influence classique française, les anglais et les allemands


remettent au goût du jour les légendes et traditions populaires de leur pays.

En France, le romantisme se développe vers 1760 avec La Nouvelle Héloïse et Les


rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau. On parle de
sentimentalisme ou de pré-romantisme : ces ouvrages prônent la sensibilité et
l’expression des sentiments, en opposition avec le rationalisme des Lumières qui ne
valorisait que la raison, les connaissances et le jugement.

Au tout début du 19ème siècle, Chateaubriand et Mme de Staël considèrent aussi que
le rationalisme des Lumières bride le cœur, l’imagination et les sentiments et diffusent les
idées du romantisme.

Le romantisme commence à s’imposer en France avec le succès des Méditations (1820)


de Lamartine.

◊ Une réflexion sur l’art et le sublime


A la fin du 18ème siècle, Kant réfléchit à l’art et au sublime. L’art ne doit plus imiter
servilement la nature mais il doit partir de la beauté naturelle pour accéder au sublime.

Dans la Critique de la faculté de juger (1790), Kant oppose le beau au sublime : est
sublime ce qui dépasse le pouvoir de la représentation, ce qui est illimité, infini.

Ces réflexions sur l’art nourrissent le romantisme qui est une recherche perpétuelle de
sublime.

◊ Des espoirs politiques déçus

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Sur le plan historique, La France connaît une période agitée.

A la révolution française de 1789 succède des années de Terreur  puis des guerres
napoléoniennes. Les jeunes gens sont exaltés : ils rêvent de gloires et de trajectoires
individuelles sublimes et fulgurantes.

Le calme revient au moment de la Restauration (1815-1830) puis de la Monarchie de


juillet (1830-1848) qui ressemble à un coup d’état déguisé avec une réduction des
libertés.

Les rêves de gloire et de révolution sont détruits et laissent place à la désillusion et à la


mélancolie : c’est le Mal du siècle, ce sentiment d’échec, d’ennui et de
désenchantement décrit par Musset dans la Confession d’un enfant du siècle (1836).

II – Les principes du romantisme


 ◊ Le culte du moi et l’expression des sentiments


Le Romantisme valorise l’expression des sentiments et de la sensibilité comme Victor


Hugo dans les Contemplations (1856).

Le « moi » n’est plus analysé comme dans le classicisme : il est exalté, libéré d’où de
nouvelles formes artistiques comme les journaux intimes ou le succès d’œuvres lyriques
comme les Méditations poétiques (1820) de Lamartine.

Le Romantisme montre l’individu et son monde intérieur, ses épanchements, ses


émotions et ses aspirations.

 ◊ Le mal du siècle ou la mélancolie


Mais la réalité ne se plie pas toujours aux aspirations romantiques. Les rêves de gloire et
de sublime sont souvent déçus et mènent à des sentiments douloureux : la nostalgie, la
mélancolie, la tristesse.

C’est ce que les Romantiques appellent le Mal du Siècle, un mal de vivre issu de la
déception des promesses non tenues par la Révolution française, très bien décrit par
Musset dans Confessions d’un enfant du siècle (1836).

 ◊ La recherche de l’ailleurs

Insatisfait, souffrant du Mal du siècle, les artistes romantiques recherchent l’ailleurs.

Ils se tournent vers le passé : le Moyen-Âge est ravivé Notre-Dame de Paris de Victor
Hugo, Musset dépeint la Renaissance italienne dans Lorenzaccio, Alexandre Dumas
écrit des romans historiques comme Les trois Mousquetaires.

Les romantiques se tournent aussi vers la nature, les voyages ou le rêve, l’exotisme.

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Ils rêvent de contrées plus exotiques comme dans les Orientales (1829) d’Hugo ou
entrent dans une communion mystique avec la nature (voir par exemple
« Crépuscule » de Victor Hugo).

 ◊ Un goût pour le mystère et le fantastique


Le mouvement romantique exacerbe le fantastique, le mystère, le surnaturel.

On parle de roman gothique ou de « Romantisme Noir» avec des oeuvres comme


Frankenstein de Mary Shelley (auteur anglais), Pauline d’Alexandre Dumas, Chimères de
Nerval (voir l’analyse de « El desdichado« ) ou le succès de La Vénus D’Ille de Prosper
Mérimée.

Les auteurs romantiques sont fascinés par le difforme (Notre-Dame de Paris de Victor
Hugo), les monstres (L’homme qui rit de Victor Hugo), le morbide (avec Baudelaire dans
Les Fleurs du Mal).

 ◊ La recherche de la liberté

Le Romantisme est épris de liberté :

♦ D’un point de vue formel, les romantiques veulent libérer l’écriture des règles
traditionnelles qui étouffent l’imagination et la sensibilité.

Par exemple, le théâtre romantique refuse les règles classiques des trois unités (unité de
lieu, de temps, d’action) comme Musset dans Lorenzaccio (1834), Victor Hugo dans
Hernani (1830) ou Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand (1897). C’est la création du
drame romantique théorisé par Victor Hugo dans la préface de Cromwell.

Le Romantisme favorise le mélange des genres dans une même pièce. Victor Hugo,
dans La Préface de Cromwell préconise de mêler le sublime et le grotesque.

♦ La quête de liberté s’étend à la vie : des auteurs romantiques comme Lamartine et


Victor Hugo s’engagent en politique pour les libertés. Victor Hugo par exemple est
célèbre pour son combat contre la peine de mort exprimée dans Le Dernier Jour d’un
condamné (1828).

Le peintre Eugène Delacroix représente parfaitement cette soif de liberté des


romantiques dans « La liberté guidant le peuple » :

« La liberté guidant le Peuple », Delacroix

III – Les caractéristiques de l’écriture romantique


 ◊ Le registre lyrique

Le registre lyrique est le registre par excellence du mouvement romantique. Il permet


l’exaltation des sentiments, l’expression des émotions comme la mélancolie.

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Par exemple :

“J’ai perdu ma force et ma vie,


Et mes amis et ma gaieté;


J’ai perdu jusqu’à la fierté

Qui faisait croire à mon génie.”

(Musset, « Tristesse » , 1840)

Analyse : Dans « Tristesse », le registre lyrique exprime la mélancolie. Le poète


transcende ce mal de vivre grâce à la foi et à la poésie.

 ◊ Le registre épique

Le registre épique est également fréquent dans les écrits romantiques. Il exalte l’énergie,
la force, le sublime et met en exergue des trajectoires individuelles extraordinaires.

“Détrompe-toi. Je suis une force qui va !


Agent aveugle et sourd de mystères funèbres


Une âme de malheur faite avec des ténèbres !


Où vais-je ? je ne sais. Mais je me sens poussé

D’un souffle impétueux, d’un destin insensé.”

(Victor HUGO, Hernani, Acte III, scène 4, 1830)

Dans cette réplique, Hernani demande à Doña Sol qu’il aime de ne plus le voir. Le
registre épique montre la force qui l’entraîne et le sublime de sa destinée.

 ◊ L’antithèse

L’antithèse est une figure de style qui met en valeur des contrastes, des contradictions.
Elle est fréquemment utilisée pour dépeindre l’âme tourmentée et irrationnelle des
romantiques.

 ◊ L’hyperbole

L’hyperbole permet d’exalter les sentiments, les forces du mal, de glorifier l’artiste,
d’approcher du sublime. Par exemple, dans cette hyperbole, Victor Hugo suggère la
toute-puissance de la mort sur le destin des hommes.

“« Ce n’était qu’un sanglot sur terre, en haut, en bas” »

(Victor HUGO, Les Contemplations, « Mors »)

IV – Les principaux auteurs et œuvres romantiques


Le romantisme s’est exprimé dans tous les genres littéraires : essais, poésie mais aussi
le roman et le théâtre qu’il a profondément renouvelés.

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◊ Théâtre

Il faut d’abord retenir la Préface de Cromwell (1827) de Victor Hugo car il s’agit d’un
véritable manifeste du drame romantique.

(Il ne s’agit pas d’une pièce de théâtre mais d’une préface).


Victor Hugo y dénonce les règles du théâtre classique, le caractère artificiel de


l’alexandrin classique pour proposer un théâtre plus libre et plus vivant.

Les drames romantiques célèbres sont Hernani et Ruy Blas de Victor Hugo,
Lorenzaccio de Musset.

◊ Roman
Le romantisme s’exprime avec une grande diversité dans le genre romanesque. On peut
retenir René et Atala de Chateaubriand, Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, Le
Rouge et le noir de Stendhal.

Stendhal est un romancier qui se situe à la croisée du réalisme et du romantisme. Julien


Sorel, le héros du Rouge et le Noir est un héros fougueux, enthousiaste, qui voue un
culte à Napoléon mais dont la sensibilité ne sera pas reconnue par la société
sclérosée dans laquelle il évolue (voir la fiche de lecture du Rouge et le Noir).

◊ Poésie
La poésie romantique met en avant les thèmes de l’amour, de la nature, et des
sentiments dans une tonalité souvent lyrique.

Très riche, elle foisonne de métaphores, hyperboles, oxymore qui mettent en relief la
sensibilité, les tourments et la subjectivité.

La poésie romantique est particulièrement bien représentée par Victor Hugo dans Les
Contemplations ou Les Châtiments, par Musset dans Les Nuits et par Lamartine dans
Méditations poétiques.

Par exemple, dans « Le Lac », Lamartine utilise l’espace du lac pour exprimer la
nostalgie de la jeunesse et le souvenir des amours mortes  :

“Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !


Suspendez votre cours :



rapides délices
Laissez-nous savourer les

Des plus beaux de nos jours !”

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