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PAGE DE GARDE

ECOLE NATIONALE D’architecture de marrakech


2019-2020

Revitalisation des anciens itinéraires caravaniers du MaroC:


cas de « Marrakech - Essaouira »

TPFE réalisé par : DIWANE Karim.

Travail encadré par : Mr EL HOUDA Rachid.

Jury composé de : Mr EL HOUDA Rachid.


Mr SIDI HIDA Hassan.
Mr CARBONELL Jose Manuel Torres.
Mr TAYYIBI Abdelghani.
REMERCIEMENTS :

La réalisation de ce travail de mémoire n’a été possible qu’a travers les efforts de plusieurs
personnes qui ont pris la peine de me guider dans mes recherches et ce document leur est dédié. Mes
remerciements les plus sincères au cadre administratif de l’École Nationale d’Architecture de
Marrakech ainsi qu’à Monsieur le Directeur Abdelghani Tayyibi qui n’a cessé de multiplier ses efforts
pour faciliter le travail de ses étudiants de 6 ème année dont je fais partie.

Je remercie également le corps professoral qui a accompagné mon travail à savoir Mr SIDI
HIDA Hassan, Mr CARBONELL Jose Manuel Torres, et plus particulièrement mon encadrant Mr EL
HOUDA Rachid qui a réussi à me sensibiliser aux aspects les plus subtiles, et les plus importants, de
mon sujet de recherche.

Les remarques et l’expertise de ces différents profils ont tout d’abord rendu possible, puis
grandement enrichi mon travail ainsi que ma perception et compréhension du sujet dans son cadre
global.

Mes remerciements sont également adressés aux nombreux professeurs et intervenants qui ont
participé à ma formation tout au long de mes années d’études au sein de l’ENAM.

Finalement je remercie ma famille, qui n’a jamais cessé de croire en moi.

Revitalisation des itinéraires caravaniers du maroc :


cas de « Marrakech - essaouira »

table des matières

résumé ........................................................................................................................ 10
-11

préambule .................................................................................................................... 13

introduction : Problématique, Méthodologie et Echelle de travail ............................ 16-


19

SECTION 01 : La caravane entre symbolique et relation avec


l’architecture

chapitre 1 : Définitions et relation avec l’architecture .............................................. 21

Terminologie relative à la caravane chamelière ............................................................


22
Composition et fonction de la caravane chamelière .....................................................
25
Terminologie des architectures relatives au voyage caravanier ....................................
29
Caravane et Architecture : une interdépendance essentielle ....................................... 31

chapitre 2 : L’expérience du voyage sur les itinéraires caravaniers ......................... 35

Le voyage au ralenti ....................................................................................................


36
La caravane chamelière : une véritable ville ambulante ...............................................
41
L’errance : une façon de vivre l’espace .........................................................................
45
Une architecture à l’image du périple ..........................................................................
55

chapitre 3 : Historique des itinéraires caravaniers du Maroc ................................... 58

Origines et développement du réseau caravanier du Maroc ........................................ 60


La caravane chamelière : un vecteur d’idées ................................................................
65
Les dernières caravanes chamelières du Maroc ............................................................
69
Les causes du déclin de la caravane chamelière au Maroc ...........................................
76

Benchamark : Kafila, la caravane culturelle et scientifique ................... 85-89

SECTION 02 : Revitalisation d’itinéraire caravanier et projet


architectural

chapitre 4 : Itinéraire caravanier étudié : Cas de « Marrakech - Essaouira » ................ 92

Localisation de la zone d’étude ....................................................................................


94
Objectif de l’analyse .......................................................................................................
96
Méthodologie d’analyse ..................................................................................................
96
Stratégie de revitalisation de l’itinéraire caravanier .................................................... 97

chapitre 5 : Diagnostic de la zone d’étude ................................................................. 98

Relevés et repérages clés au sein de la zone d’étude ............................................... 100-


109
chapitre 6 : Définition et revitalisation de l’itinéraire caravanier
« Marrakech - Essaouira » .........................................................................................
110

bIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................
116-119

tABLE DES MATIères ................................................................................................... 122-


127

PROJET ARCHITECTURAL : caravansérail ...................................................... 120

RESUME :

[ FR ] Le Maroc fut autrefois sillonné par un réseau extensif de pistes et itinéraires dites
caravanières, relatives aux caravanes chamelières qui liaient les différentes régions du Maroc au reste
du continent africain, et à travers lui, au monde tout entier. Cette infrastructure précieuse dépendait des
différents relais de nature architecturale parsemés sur le territoire et qui servaient de haltes aux
voyageurs. Cette relation d’interdépendance a pendant longtemps garantit non seulement le succès de
la pratique caravanière mais aussi le développement d’une véritable architecture du voyage. Les
Ksours, Kasbahs, marabouts et autres structures architecturales furent aussi engrainés dans
l’infrastructure caravanière que la caravane en elle-même. Aujourd’hui la caravane n’est plus, et son
déclin a inévitablement précipité des centaines de joyaux architecturaux qui vivaient de cette pratique
dans l’oubli et la décrépitude la plus totale. Le but de ce travail de mémoire est de faire revivre la
pratique caravanière pour non seulement remettre ces relais architecturaux perdus au gout du jour,
mais aussi pour redécouvrir une façon différente, plus humaine et plus significative, de voyager.
Pour ce faire, ce travail se base sur des sources anciennes et des itinéraires réels ainsi qu’une
analyse poussée de la zone « Marrakech-Essaouira » pour y recréer un itinéraire caravanier
authentique qui s’adapte à son environnement. Un projet architectural de caravansérail vient appuyer
cet itinéraire en s’insérant en tant que halte majeur au sein du trajet.

[ ENG ] Morocco was once crisscrossed by an extensive network of so-called caravan trails
and routes, relating to camel caravans that linked the different regions of Morocco to the rest of the
African continent, and through it, to the whole world. This precious infrastructure depended on the
various architectural relays dotted around the area and which served as stops for travelers. This
interdependent relationship has for a long time guaranteed not only the success of caravanning but also
the development of a true architecture of travel. The Ksours, Kasbahs, marabouts and other
architectural structures were as engrained in the caravan infrastructure as the caravan itself. Today the
caravan is no more, and its decline inevitably precipitated hundreds of architectural gems that lived
from this practice into oblivion and utter decrepitude. The goal of this work of thesis is to revive the
practice of « caravanning » to not only bring these lost architectural relays up to date, but also to
rediscover a different, more human and more meaningful way of traveling.

To achieve this, this work is based on ancient sources and real itineraries as well as an
in-depth analysis of the «Marrakech-Essaouira» area to recreate an authentic caravan itinerary that
adapts to its environment. An architectural caravanserai project supports this route by fitting in as a
major relay within the route.

AR ----------------------------------------------
PREAMBULE :

Nul ne peut nier que le voyage aujourd’hui est infiniment plus facile que celui qu’ont connu
nos ancêtres. Ceci est une évidence compte tenu de la vitesse à laquelle évoluent les moyens de
transport. Il est facile aujourd’hui de parcourir des milliers de kilomètres en l’espace d’une journée.
Que ce soit sur quatre roues, ou quasiment dans les airs, le ressenti reste le même : une succession de
paysages cadrés par une vitre, de temps en temps parsemée par des architectures égarées sur la route.
Souvent les seuls arrêts que l’on se permet ne sont pas pour s’imprégner du lieu sur lequel on s’arrête
mais pour essayer de reprendre la route le plus vite possible.

Cette façon moderne de parcourir le territoire et de vivre l’espace est, d’un point de vue
humain et sensoriel, non pas une progression mais une régression. C’est une pratique qui met en avant
la destination au profit de l’expérience du voyage en lui-même. Le voyageur d’aujourd’hui, en faisant
un trajet de quelques centaines de kilomètres, va certainement parcourir un territoire débordé de
culture et de points d’intérêts tant naturels qu’architecturaux qui, autrefois, étaient aussi importants
que la destination elle-même.

Certains de ces points d’intérêts d’une valeur patrimoniale, culturelle et historique inestimable
demeurent à l’abandon sur des anciens sentiers de voyage qui aujourd’hui ne sont plus. Le voyageur
va également cultiver et entretenir une relation particulière avec l’espace et le temps durant ces longs
voyages, il va apprendre à se connaitre lui-même et à construire sa personne.

C’est à travers cette réflexion là que j’ai choisi d’explorer, à travers les sources historiques
disponibles, ce concept de voyage du passé qui sera approché d’une façon non seulement humaine et
spirituelle, mais aussi historique, territoriale et architecturale. C’est en suivant les traces de ceux qui
nous ont précédés et leurs pratiques que l’on va essayer de se réconcilier avec une partie de nous-
même, disparue avec les caravanes, sous les sables du désert.

KARIM DIWANE

INTRODUCTION : PAGE DE GARDE

L’homme est une créature sociale. Sa nature l’oblige à être dépendant du groupe. L’individu
qui ne s’attache pas au groupe se met face au danger que représente l’inconnu. Plusieurs pratiques
sociales découlent de ce sens de communauté et de groupe. Le besoin de se protéger a créé des
structures sociales comme les tribus, le besoin d’organiser cette vie sociale a créé les villages et
fortifications. Un autre besoin que connait l’homme est celui de se déplacer. Les motifs qui le poussent
à entreprendre une telle action sont divers. Cela peut simplement être le goût du profit et du
commerce. Des pèlerinages ou autres circuits spirituels relatifs à la foi de l’individu. Des obligations
sociales et communautaires, mais aussi des inspirations artistiques et professionnelles. Quelle que soit
son motif, les hommes ont là aussi rapidement dû se protéger de l’inconnu, en se déplaçant en groupe.
Un des dispositifs mis au point à cet effet par le génie humain ne fut autre que la caravane.
Ces colonnes d’hommes et de bêtes ont sillonné l’orient et l’occident, et ce faisant, ont laissé
des traces de leur passage. La caravane a pendant des siècles été un des seuls moyens qu’avaient les
différentes localités des nations du monde d’avoir toute sorte de contact l’une avec l’autre. Et ce fut
aussi un moyen prisé par les voyageurs pour parcourir l’espace et arriver à leur destination, si
destination il y a.

Le Maroc aussi fut au cœur de cette pratique. En effet, il fut, pour la plus grande partie de son
histoire, un véritable carrefour caravanier. Nombreuses sont les cités marocaines qui ont comme
origine un noyau caravanier ou une oasis par laquelle passaient ces caravanes. Dans ce sens-là,
l’essence du voyage est profondément ancrée dans l’âme du Maroc et celles de ses habitants. Le
vocabulaire du voyage, du pèlerinage, de la découverte et de l’exploration a toujours été familier aux
oreilles des marocains. Ce dernier porte une signification profonde et une place non négligeable dans
l’imaginaire collectif.
Il est évident que le voyage à bord d’une caravane est une expérience intemporelle unique qui
pousse l’homme à réfléchir et à contempler l’existence et le sens d’être véritablement là, à l’instant
présent. Une caravane évolue souvent dans l’inconnu et l’insécurité la plus totale. Sa vitesse l’oblige à
avancer très lentement et peut parfois passer des semaines voire des mois à parcourir des distances qui
aujourd’hui nous paraissent insignifiantes. Sur ces itinéraires caravaniers, il existe des relais, des forts,
des ksours et des caravansérails. Du bâti. Soit, de l’architecture. Cette dernière est capitale dans le
cheminement d’une caravane car ce n’est que dans l’enceinte d’une bâtisse qu’un caravanier
est réellement à l’abri de la nature et des hommes. Ce n’est que la qu’il peut souffler, faire reposer ses
bêtes et réfléchir à la route, passée et future.

La relation qui lie architecture, caravane et voyage est ainsi complexe et profonde. Ce
mémoire a pour but d’explorer chacun de ces trois concepts, et de les réconcilier de façon originale et
sensible. Comment fut la vie de ces hommes et femmes pour laquelle la caravane était la seule fenêtre
sur le monde ? Comment peut-on comprendre cette expérience caravanière ? Et finalement, est-il
possible de la refaire revivre, à travers l’architecture et l’aménagement de l’espace ?
Figure 01. Une caravane de chameaux dans le désert.

PROBLEMATIQUE:

Ma problématique s’articule autour de deux volets principaux. L’un est architectural et


culturel. L’autre est humain et spirituel.

Le volet architectural et culturel se matérialise sous forme d’une infrastructure caravanière


ancienne, riche et complexe qui existe aujourd’hui au Maroc. En effet les caravanes ont sillonné le
pays du nord au sud, reliant la méditerranée aux confins des étendues sahariennes, et l’est à l’ouest,
liant l’Ifriqiya et l’orient dans un sens plus général à l’océan atlantique. Ces caravanes représentaient
le poumon spirituel, social et économique d’une grande partie du pays.
Les itinéraires qu’empruntaient ces caravanes passaient par plusieurs points de grand intérêt
culturel et architectural. Ces Ksours, ces forts, ces kasbahs, ces caravansérails et ces oasis faisaient
office de points de relai et de repos sur la route et profitaient grandement de l’activité de ces axes de
transport. Aujourd’hui le voyage caravanier n’est plus, et ainsi un grand nombre de ces objets
architecturaux d’une grande valeur architectonique et culturelle sont tombés en décrépitude. Est-il
possible de redonner une seconde vie à ces architectures à travers la réactivation de ces itinéraires
caravaniers ?

Dans un autre sens qui se veut plus humain, le voyage caravanier est profondément ancré dans
l’inconscient marocain et dans la mémoire collective. Il a été présent pendant des siècles et a subi une
coupure brutale avec l’avènement des modes de transports modernes. Or ces derniers, bien que
différents, amputent le voyage d’une grande partie de son essence. L’expérience de soi face à
l’immensité du cosmos et la profonde humilité qui émane de ce lent voyage fut perdue. Est-il possible
aujourd’hui, à travers la revitalisation de certains de ces itinéraires caravaniers, de suivre les traces des
anciennes caravanes d’antan et de se reconnecter avec le voyage de façon plus humaine et sensible ?

Méthodologie

Afin de mener notre recherche a bien, nous allons procéder avec une méthodologie à
dimensions et échelles différentes. Le but de cet angle de recherche est de couvrir l’itinéraire
caravanier choisi dans différents contextes : territorial, architectural et social. Les différentes étapes à
travers lesquelles on va mener notre recherche sont :

1. Analyse globale du voyage caravanier et de son vecteur. (contexte général, historique,


spécificités et caractéristiques, évolution à travers le temps). Nous nous baserons sur des sources
bibliographiques historiques pour présenter le cadre général de la recherche effectuée.
o Cadre historique et territorial dans lequel s’inscrit la recherche
o Historique de cette pratique
o Relation avec l’architecture

2. Analyse Bibliographique : Après le stade général qui sert à établir les différents axes de
recherches et le contexte dans lequel ils évoluent, nous traiterons le sujet à l’aide de sources
bibliographiques différentes selon la vision avec laquelle la caravane est perçue. Ces auteurs, issus
d’époques médiévales, modernes et contemporaines présentent l’exploration du pays, avec le même
vecteur qu’est la caravane, sous différents angles :
o Historique : Les auteurs médiévaux qui ont écrits sur le Maghreb utilisent un langage très
narratif dans lequel le trajet de la caravane, donc l’expérience personnelle de l’écrivain, est mis en
premier plan par rapport à l’environnement parcouru.
o Géographique : Nombreuses sources qui datent de l’époque du Protectorat traitent le Maroc
et le voyage en tant qu’expédition scientifique commissionnée par l’état, souvent cartographiée et
analysées. Et donc mettent en avant le relief et le terrain parcouru et la cartographie des lieux
o Social : Beaucoup d’écrits récents quant à eux ont un regard social, critique et analytique sur
les trajets

des grands explorateurs du passé. Ils nous livrent des observations d’ordre humaines et sociologiques
plus pertinentes que leurs antécédents.
En utilisant des écrits issus de ces trois différentes catégories d’auteurs, on pourra non
seulement vérifier la validité des dires de l’un par rapport à l’autre, mais aussi confirmer les différents
itinéraires qui sont référencés dans les ouvrages et donc, les représenter de façon plus précise et les
revitaliser en prenant en compte les différentes dynamiques sociales qui sont en jeu dans ce genre
d’environnement. Le but étant de croiser ces sources bibliographiques et utiliser les différentes
perspectives de chacune pour éclairer les zones d’ombres que laissent forcément les autres. Cette
phase nous permettra d’avoir une idée précise de la zone dans laquelle se fera notre intervention
architecturale.

3. Déterminer un itinéraire caravanier précis à revitaliser à travers les sources bibliographiques.


Cela sera fait à l’aide d’un travail de référencement des différentes cartes avec leurs différentes
échelles de représentation. Les témoignages d’explorateurs comme Charles de Foucault et Louis-
Gentil ainsi que leur cheminement précis seront marqués sur carte, et comparées à la carte de la région
entre Marrakech et Essaouira. Un travail de recherche sera donc réalisé, avec en

premier lieu, le trajet exact des anciens caravaniers, en deuxième lieu, des cartes à l’échelle 1/50 000
qui représentent un relevé topographique datant du protectorat, et finalement une carte satellite de
l’état des lieux actuel. Ces trois cartes à même échelle seront ensuite superposées, et les traces des
itinéraires anciens seront marquées puis développées à l’aide d’un processus graphique 2D.
Cette étape est le résultat de l’analyse bibliographique et historique des anciens itinéraires
caravaniers.

4. Développement de l’itinéraire caravanier choisi. Après avoir identifié les points d’intérêts
naturels, architecturaux et urbains sur les cartes de la région, l’itinéraire caravanier ancien sera réactivé
et développé pour offrir une expérience authentique, confortable et sûre aux voyageurs. Ce travail sera
entièrement fait graphiquement à l’aide de plans, coupes et schémas explicatifs de cheminement.
Il ne s’agit pas seulement de localiser un ancien itinéraire caravanier et le réactiver, mais bien
d’améliorer l’expérience de voyage à l’aide d’aménagements architecturaux (haltes, hébergement …)

5. Choix du site du projet architectural en fonction des résultats d’analyse (itinéraire développé).
Un site de projet sera choisi dans le chemin

de l’itinéraire caravanier qui a


été revitalisé. Le choix du site architectural est relatif aux différentes haltes qui seront placées et
figurera au milieu de l’itinéraire entre Marrakech et Essaouira, il est censé être un point de relai
majeure marquant la moitié du cheminement.
La méthodologie de travail utilisée dans cette recherche utilise une échelle d’étude qui va du
macro au micro. Les grandes orientations des caravanes et l’histoire de leurs itinéraires sont des
considérations territoriales qui vont être restreintes par la suite à un aménagement d’itinéraire régional
pour au final être concentrées dans un projet architectural.

Contexte territorial et échelle géographique de la recherche

Mon sujet de recherche est vaste et peut être perçu comme un thème qui traite du territoire
uniquement. Cependant, ma démarche méthodologique s’efforce d’étudier le thème sous différentes
échelles de travail, sans omettre l’échelle architecturale qui est une des bases du projet de fin d’études,
et qui sera traitée dans le dernier chapitre du mémoire.
Pour essayer de matriser le sujet et ses vastes perspectives, j’ai utilisé
trois échelles d’étude différentes qui

interviennent séparément au sein de différents chapitres du mémoire, et parfois se chevauchent pour


donner des éclaircissements si besoin. Ces échelles et la façon avec lesquelles elles sont introduites
sont :

o Echelle territoriale : C’est une échelle globale qui va concerner la caravane en tant que
concept, pour expliquer ses déplacements, son histoire, ses trajets et sa dynamique. Cette échelle a
pour but d’introduire des éléments théoriques pour la compréhension de la fonction et étendue
géographique de la caravane.

o Echelle régionale : C’est une échelle qui intervient entre la partie théorique et la partie
pratique. Son but est d’effectuer un zoom sur la zone de recherche globale et passer à l’échelle de la
région dans laquelle sera entreprise l’analyse du site traversé par l’itinéraire caravanier choisi et
revitalisé. Cette échelle permet la localisation exacte sur plan de tous les points d’intérêts
architecturaux, naturels, et culturels que compte la zone étudiée. Leur emplacement est capital pour
déterminer le cheminement du trajet caravanier ainsi que ses dimensions, extensions requises et autres
modifications et développements qui seront apportés à l’itinéraire de base (haltes, projet architectural,
aménagements …)

o Echelle architecturale : C’est une échelle de détail qui intervient au dernier chapitre du
mémoire dans lequel il est question de choisir un site pour le projet architectural détaillé requis par le
cahier TPFE. Ce site sera compris au sein de l’itinéraire caravanier que l’on aura revitalisé.
Figure 02. Schema explicatif des différentes échelles de travail

De cette façon, quand le niveau de détail permis par chaque échelle territoriale devient
insuffisant pour aller de plus en plus dans le détail du projet, une autre échelle plus petite et plus
précise prend le relai au sein de celle qui la précède et vient ainsi la compléter.

OBJECTIFS :

L’objectif de cette recherche est d’essayer, à travers l’analyse des sources historiques, témoignages et
écrits de déterminer un itinéraire caravanier ancien et de le revitaliser ainsi que le développer en
utilisant l’architecture et l’aménagement du territoire. Ce projet a pour but de repartir sur les
traces des anciennes caravanes à travers leurs itinéraires authentiques pour réconcilier l’homme avec
un voyage humain, sensible et spirituel qui a pour but de le faire réfléchir et expérimenter une autre
façon de vivre l’espace et de parcourir le territoire, cela tout en valorisant les éléments à fort intérêt
architectural et culturel qui figurent sur l’itinéraire.

Le projet architectural quant à lui viens s’intégrer dans cette dynamique et cherche à rendre
cette expérience plus confortable, accessible et authentique.

La finalité de cette recherche reste d’essayer faire redécouvrir les expériences et ressentis que
provoquent le voyage en caravane à travers l’architecture tout en évitant de dénaturaliser le trajet, ou
de le faire tomber dans le service touristique générique qui n’est ni authentique, ni durable.
CHAPITRE 1 :
DEFINITIONS ET RELATION AVEC L’ARCHITECTURE

terminologie relative à la caravane chamelière

o Caravane: Une caravane est un convoi de marchands, de voyageurs ou de pèlerins, qui, faisant route
à travers une contrée difficile ou peu sûre, se groupent pour diminuer les risques. Les caravanes ont été
utilisées principalement dans les zones désertiques. Le stéréotype de la caravane reste celui de la
caravane de nomades du Sahara, constituée d’une longue file de dromadaires, faisant halte dans les
oasis et les caravansérails.1
Etymologie du mot : L’origine du mot remonte au terme de l’ancien français du XIIème siècle :
carvane qui signifie « troupe de voyageurs (en Orient) », ce terme a été emprunté à la faveur des
croisades au mot perse « karwan » qui veut dire « file de chameaux, troupe de voyageurs ». Le mot n’a
commencé à réellement se répandre qu’à partir du XVIème siècle pour prendre le sens qu’il a
aujourd’hui.2

o Itinéraire caravanier: Les routes ou itinéraires caravaniers font référence aux cheminements
qu’empruntaient ces caravanes durant leurs expéditions. Ces itinéraires pouvaient s’étendre sur
plusieurs centaines de kilomètres et liaient plusieurs points appelés relais dans lesquels ces caravanes
faisaient escale. Ces cheminements n’étaient en aucun cas fixes et il leur arrivait souvent de changer
en fonction de nombreux facteurs qui vont de la couleur politique de la région qu’ils traversent, les
conditions naturelles et météorologiques, ainsi que la sûreté du chemin emprunté.

o Commerce transsaharien: Le commerce transsaharien désigne le commerce entre les pays


méditerranéens et l’Afrique subsaharienne, tout particulièrement l’Afrique de l’Ouest, à travers le
Sahara. Ce commerce fondé sur les caravanes n’a pris son essor qu’à partir du VIIe siècle1 et a connu
son apogée du XIIIe siècle jusqu’à la fin du XIXe siècle, date après laquelle l’essor du commerce
maritime long des côtes ouest-africaines a mis un terme à la nécessité pour l’Europe et l’Afrique du
Nord de traverser le désert afin d’entrer contact avec toute une partie de l’Afrique sub-saharienne. La
plupart des produits vendus par cette dernière était l’or, les esclaves et l’ivoire. 3 Le caravanier fait
partie, de façon générale, de la caravane et connait très bien la région, le terrain, les itinéraires et le
danger.

1 Définition caravane, dictionnaire de l’académie française. Consulté 02/2020

2 CNRTL : Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales. Consulté 02/2020

3 Bernard NANTET « Histoire du Sahara et des Sahariens : Des origines à la fin des grands empires africains
» Ibis Press - 2008. p20
o Infrastructure caravanière: L’infrastructure caravanière fait référence aux réseaux complexes de
routes et ( IMAGE PERDUE Figure 04. Une caravane chamelière. Par Studio Ckeip + IMAGE PERDUE
Figure 05. Carte montrant les différents itinéraires caravaniers d’Afrique du Nord. Mustapha NAIMI - « La dynamique des
(Points d’eaux, cités caravanières, cités-relais, architectures qui facilitaient
Alliances Ouest Sahariennes » )
le déplacement dans le territoire …).

Tous les dispositifs, y compris l’oasis visible dans la Fig 07, font partie d’une seule et même
infrastructure qui est orientée, partiellement ou complètement, sur les échanges et voyages
caravaniers.

L’infrastructure caravanière fait donc référence non seulement aux itinéraires et routes qui
traversent le territoire, mais aussi aux différents points de liaisons, quelle que soit leur nature, dans
lesquels les caravaniers doivent s’arrêter pour se reposer, à savoir les relais (haltes).
Les pistes sont souvent presque invisibles à ceux qui n’ont pas l’habitude de les pratiquer et
demandent aux voyageurs, en particulier les caravaniers qui font office de guides, une connaissance
parfaite du terrain et de l’itinéraire. Elles sont rarement pavées ou marquées, et ne sont définies que
par la fréquence de passage des caravanes qui les empruntent et qui laissent donc, de légères traces au
sol.

o Relai caravanier: Un relai caravanier est une étape ou les caravanes qui sont sur l’itinéraire peuvent
s’arrêter pour se reposer et se préparer à reprendre la route. Elles sont typiquement situées à une
journée de marche et peuvent être soit de nature architecturale (Kasbahs, Ksours, villages, cités
caravanières …) ou paysagère (point d’eau, vallée …).
Les caravaniers peuvent parfois rester plusieurs jours voir plusieurs semaines dans
une seule et même halte, en préparation pour la période propice au voyage ou pour s’adonner
à des activités économiques. ( IMAGE PERDUE Figure 06. Tours décorées dans l’Oasis de Skoura
( Dadès ). Par D. Jacques-Meunier. Extrait de « Sur l’Architecture du Tafilalet et de Sijilmassa »)

o Caravanier: Un caravanier est une personne qui conduit les animaux d’une caravane. Le terme fait
aussi référence d’une façon plus globale aux personnes qui voyagent au sein d’une caravane. pistes
caravanières ainsi qu’aux différents relais associés à cette pratique.

o Circuit spirituel: Un circuit spirituel, également appelé voyage spirituel ou initiatique, est un
cheminement entrepris par des voyageurs dont le but est principalement le développement personnel,
la croissance personnelle et spirituelle ainsi que la rencontre et découverte de soi. Il peut avoir un
caractère religieux ou spirituel. Ce circuit traverse souvent des sites de grande valeur et intérêt
spirituel.

o Cité caravanière: Une cité caravanière est une ville ou village qui représente un lieu de passage pour
les caravanes, et en vit. Certaines, de par leurs tailles et leur importance, ont attiré les caravanes qui les
ont incorporés dans leurs routes.
D’autres furent créées sur les itinéraires caravaniers pour faire office de relai et trouvent donc
leur origine dans la pratique du voyage caravanier en lui-même. 4
Figure 07. Oasis de Ouarzazate 1929. Collection Armand LAFITE.
Les grandes cités marocaines antérieures au commerce caravanier, ont commencé a faire
office de relais très prisés par les caravanes de toutes sortes selon leur fonction et position
géographique. Les cités comme Marrakech, ou encore Oujda ont connu un essor spectaculaire en tant
que carrefours caravaniers situés sur des routes majeures. D’autres sites étaient
tellement bien positionnés et se trouvaient à une bonne distance de marche de nombreux autres relais
caravaniers qu’ils ont été utilisés pour l’édification d’un nombre de haltes pour les caravanes.
Certaines se sont transformées en des cités caravanières importantes aux enjeux énormes. Le meilleur
exemple pour un tel cas reste la capitale du Tafilalet, fondée et utilisée par les berbères Ibadites dès le
8eme siècle en tant que grande cité caravanière
nier tout aussi important.5

Le besoin accru en certaines marchandises ainsi que l’abondance en d’autres a créé une
balance d’échange dans lequel les commerçants et caravaniers marocains fournissaient en majorité en
l’occurrence du blé, des dattes et autres denrées alimentaires ainsi que

4 CNRTL : Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales. Consulté 02/2020

5 Abitbol Michel. Le Maroc et le commerce transsaharien du XVIIe au début du XIXe siècle.. In: Revue de
l’Occident musulman et de la Méditerranée, n°30, 1980. pp. 5-19.
Figure 08. Caravane campant au dela des remparts de la ville d’Oujda. Collection Idéale PS

l’artisanat et les tissus. Ces marchandises étaient échangées contre du sel, dans la région du Sahel, et
de l’or, minerais et esclaves dans de la boucle du Niger. 6
Les caravanes ont sillonné le territoire dans tous les sens, véhiculant hommes, marchandises, cultures
et idées dans ce que l’on nomme sous le vocable de commerce caravanier. Bien que la recherche du
profit est déclenché cette pratique, il n’en est pas moins que ce commerce désigne aussi un échange
culturel et idéologique complexe.
. ( IMAGE PERDUE Figure 09. Ruines de la ville antique de Sijilmassa»)

composition et fonction de la caravane chamelière: ( PAGE 25 )

6 ibid. p12

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