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Publié le 19.05.2017
Edouard Philippe, député-maire du Havre, membre des Républicains et proche d’Alain Juppé, avait été officialisé au poste de
Premier ministre lundi 15 mai. Deux jours plus tard, après un report de 24 heures afin de vérifier les situations fiscales des
différentes personnalités choisies, son gouvernement a été rendu public par Alexis Kohler, nouveau secrétaire général de
l’Elysée.
Comme prévu, cet exécutif est à l’image de la nouvelle donne politique qu’Emmanuel Macron s’emploie à constituer, faisant
donc fi du clivage gauche/droite et incorporant des hommes et des femmes issus de la “société civile” , c’est-à-dire n’étant
actuellement pas élu(e)s.
Parmi les principaux “poids lourds” du gouvernement Philippe, figurent trois proches soutiens du nouveau président dont
l’engagement pendant la campagne est récompensé. Il s’agit de Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, nommé à l’Intérieur,
de François Bayrou, président du MoDem, qui devient garde des Sceaux, et de Richard Ferrand, député et secrétaire général
d’En Marche, qui obtient le portefeuille de la Cohésion des territoires.
Au sein de cette équipe gouvernementale, qui comporte deux eurodéputées, huit ministres conduiront une action à forte
dimension européenne :
Baron du Parti socialiste, ancien maire de Lorient et ancien député du Morbihan, celui qui est
également président de la région Bretagne (un poste qu’il devra quitter en raison du non-cumul des
mandats) a rallié Emmanuel Macron au détriment de Benoît Hamon, candidat du PS, pendant la
campagne présidentielle. Fort d’un solide bilan à la Défense, où il était apprécié des forces armées,
il y a conclu plusieurs contrats d’armement avec des pays comme l’Australie, l’Inde ou le Qatar
d’une valeur totale de plus de 81 milliards d’euros.
Au sein du gouvernement d’Edouard Philippe, M. Le Drian aura donc la charge d’un nouveau portefeuille international. Au
Quai d’Orsay, il succède à Jean-Marc Ayrault et Laurent Fabius. Comme son titre l’indique - pour la première fois, la France a
un “ministre de l’Europe” - les affaires européennes sont appelées à être l’une de ses priorités, en accord avec le
positionnement très pro-européen d’Emmanuel Macron. Il devrait à cet égard œuvrer à la relance du couple franco-allemand
(il est favorable à plus de coopération en matière de défense) et de la construction européenne, jouer un rôle important dans
les négociations du Brexit, et être particulièrement occupé par les dossiers syrien et ukrainien. En définitive, il doit apporter au
nouveau président toute son expérience et ses réseaux sur le plan international. Il l’accompagnera notamment au prochain
sommet du G7 en Sicile le 27 mai.
Engagée en politique depuis plus de 30 ans, députée européenne depuis 1999 et bras droit de
François Bayrou depuis qu’elle a été sa directrice de cabinet au ministère de l’Education
(1993-1997), Marielle de Sarnez est nommée ministre en charge des Affaires européennes. Sa
nomination au gouvernement, qui n’était pas une certitude, s’explique principalement par sa
proximité avec M. Bayrou et surtout son parcours très européen. Vice-présidente de l’Alliance des
démocrates et libéraux au Parlement européen, Marielle de Sarnez est également l’un des
fondateurs du Parti démocrate européen, qui regroupe plusieurs formations centristes
européennes.
Ministre de plein exercice alors que ce portefeuille fait le plus souvent l’objet d’un secrétariat d’Etat, Mme de Sarnez, qui
succède à Harlem Désir, travaillera en collaboration étroite et sous la tutelle du président de la République, qui entend
s’impliquer personnellement sur les questions européennes, et Jean-Yves Le Drian, nommé ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères. Son expérience au Parlement européen, où elle s’est spécialisée sur les questions de commerce international, de
culture et d’éducation (elle a notamment contribué à la création du programme Erasmus Mundus) devrait faciliter son entrée
en fonction. Parmi les dossiers les plus brûlants, celui du Brexit est appelé à occuper une grande partie de son temps. A cet
égard, Marielle de Sarnez devrait se rendre à Bruxelles dès le 22 mai, pour un Conseil des ministres dédié à cette question.
Avec Edouard Philippe, Premier ministre, Bruno Le Maire sera l’autre figure importante des Républicains au sein du
A Bercy, M. Le Maire aura pour missions de favoriser l’environnement des entreprises, de traiter des
dossiers industriels délicats comme ceux de Whirlpool, de Tati ou encore des chantiers navals de Saint-Nazaire, et de
s’attaquer au chantier de la fiscalité. Germanophile, le nouveau ministre de l’Economie devrait également travailler étroitement
avec son homologue allemand, actuellement Brigitte Zypries. S’agissant des finances publiques, celui qui s’est déclaré “contre
l’assistanat” sera regardé de près par Bruxelles. Il aura en effet à faire respecter la promesse d’Emmanuel Macron de respecter
le seuil des 3% de déficit.
Enfin, Bruno Le Maire sera également appelé à porter le projet de réforme de la zone euro du nouveau président. Ce dernier
souhaite en effet doter la zone euro d’un budget propre, d’un ministre de l’Economie et des Finances et d’un Parlement. A cet
égard, l’expérience acquise en matière de négociations européennes par le nouveau patron de Bercy lors de son passage au
ministère de l’Agriculture ne lui sera pas de trop pour convaincre l’ensemble des Etats membres d’adhérer au plan français.
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Eurodéputée depuis 2009, élue sous les couleurs du MoDem, Sylvie Goulard fait partie des soutiens
de la première heure d’Emmanuel Macron. Diplômée de l’ENA, conseillère de Romano Prodi de
2001 à 2004 lorsque ce dernier était président de la Commission européenne, et ancienne
présidente du Mouvement européen France, son parcours est donc très largement européen. Au
Parlement européen, elle est rapidement devenue l’une des députées les plus en vue, maîtrisant
parfaitement ses dossiers et se montrant à même de bâtir de larges consensus.
Polyglotte, elle parle couramment anglais, allemand et italien, Mme Goulard, qui était davantage
attendue aux Affaires étrangères ou à l’Economie, devrait également contribuer au rapprochement
du couple franco-allemand : la défense étant l’un des domaines pour lesquels les deux pays entendent intensifier leur
coopération au cours des années à venir. D’autant que ses relations sont excellentes avec Ursula von der Leyen, sa désormais
homologue allemande. La nouvelle ministre des Armées est en outre appelée à travailler en étroite collaboration avec le
président de la République, qui entend affirmer sa position de premier responsable en matière de défense. Elle doit d’ailleurs
être à ses côtés lors de sa visite aux troupes françaises au Mali, le 19 mai, et lors du sommet de l’OTAN le 25 mai.
Gouvernement : 8 ministres au cœur des dossiers européens - Touteleurope.eu https://www.touteleurope.eu/vie-politique-des-etats-membres/gouvernement-8-ministres-au-coeur-d...
Principal représentant de la “société civile” au sein du gouvernement Philippe, Nicolas Hulot est une
figure majeure de l’écologie. Candidat malheureux de la primaire des Verts en 2011 - il avait été
battu par Eva Joly - pressenti pour l’élection présidentielle 2017, l’ancien présentateur d’Ushuaia
doit faire partie des “poids lourds” de l’équipe d’Emmanuel Macron. Il obtient à cet égard le titre de
“ministre d’Etat” .
Décrit comme une “prise de guerre” importante pour l’exécutif, il aura pour mission de muscler
l’action du nouveau président en matière environnementale, un thème qu’il n’a que peu évoqué
durant la campagne. A cet égard, la présence de M. Hulot au sein du gouvernement est
certainement assortie de marges de manœuvre étendues, car ce dernier avait, jusqu’ici, toujours refusé de s’engager au sein
de l’exécutif.
Une partie de son travail sera de maintenir et renforcer l’impulsion européenne en faveur de l’écologie et de mettre en œuvre
les accords de Paris sur le climat, qu’il avait personnellement contribué à rendre possible de par sa position d’envoyé spécial
du président Hollande pour la protection de la planète de 2012 à 2016. Nicolas Hulot sera également très attendu sur la
question des perturbateurs endocriniens, la France étant en pointe en vue de leur classification au niveau européen, puis de
leur interdiction comme s’y est engagé Emmanuel Macron.
Au ministère du Travail, Mme Pénicaud aura la charge délicate de mettre en œuvre la réforme du
marché du travail qu’Emmanuel Macron prévoit pour cet été et par ordonnance. Très appréciée des patrons et respectée par
les syndicats qui lui reconnaissent une culture du dialogue social, ces atouts lui seront indispensables pour affronter ce sujet
explosif. A celui-ci s’ajoutera notamment la question de la révision de la directive européenne régissant le détachement des
travailleurs, centrale dans l’optique de lutter contre le dumping social au sein de l’UE. Le dossier se trouve actuellement entre
les mains du Parlement européen et des négociations à couteaux tirés sont attendues d’ici la fin 2017 entre la France, associée
à la plupart des pays d’Europe occidentale, et les Etats membres de l’Est.
Sénateur du Cantal, membre du Parti radical de gauche et avocat de profession, Jacques Mézard a été choisi
pour le portefeuille de l’Agriculture. Ce dernier s’était prononcé très tôt dans la campagne en faveur
d’Emmanuel Macron, qu’il qualifiait de “candidat du renouveau” . Très bon connaisseur du milieu agricole, il
aura à s’adresser à une profession en plein désarroi et qui se sent largement abandonnée par les pouvoirs
publics. Une grande partie de son action se déroulera également à Bruxelles où est décidée la Politique
agricole commune, dont la France est la première bénéficiaire. A l’image de ses prédécesseurs, M. Mézard pourrait avoir des
relations difficiles avec ses homologues favorables à davantage de libéralisation.
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