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M1-E3A Module 432 – TP4 Université Paris Saclay

TP n° 4 : Etude d'un oscillateur quasi-sinusoïdal

À la fin de la séance, la préparation ainsi que le compte-rendu des manipulations devront être
rendus. Il faut donc rédiger la partie préparation avant la séance de TP.

Ce TP a pour but d’aborder l’étude des oscillateurs quasi-sinusoïdaux au travers d’un exemple
très simple : l’oscillateur à pont de Wien.
Les oscillateurs quasi-sinusoïdaux sont très souvent utilisés dans les montages d'électronique
analogique. Ainsi, un oscillateur local est souvent nécessaire pour la démodulation (réception
hétérodyne ou autre), et indispensable pour effectuer un changement de fréquence (ou mélange).
Les qualités d’un oscillateur quasi-sinusoïdal sont principalement caractérisées par la pureté
spectrale (ou caractère monochromatique) du signal dérivé et par sa stabilité en fréquence.
Au regard de ces deux critères, le montage à pont de Wien n’est pas un bon oscillateur
quasi-sinusoïdal. Cela écrit, sa structure permet d’illustrer de façon très simple les propriétés de ce
type de circuits.

1. Méthode d’étude d’un oscillateur quasi-sinusoïdal

Un oscillateur est un système bouclé instable et non-linéaire :

 l'instabilité est nécessaire pour qu'une oscillation prenne naissance,


 la non linéarité, qui existe dans tout système physique, devient prépondérante quand
l'amplitude des oscillations augmente et limite cette amplitude.

1.1. Approximation des petits signaux - stabilité

Lorsque le système est mis sous tension, les signaux qui peuvent apparaître sont de petite
amplitude et on peut supposer son fonctionnement linéaire (approximation des petits signaux). On
étudie alors sa stabilité en utilisant les critères que l'on connaît :
Considérons le système bouclé décrit par le schéma-bloc de la Figure 1.

e + s
A(p)
-

B(p)

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Figure 1 : Schéma-bloc d'un système bouclé simple

Sa fonction de transfert H(p) est donnée par :

s( p) A(p)
H ( p)= =
e( p) 1+A ( p) B( p)
où A(p) et B(p) sont les fonctions de transfert des deux blocs, fonctions de la variable de Laplace p.

Si cette fonction de transfert H (p) possède un pôle complexe p0 = 0 + j0, elle a aussi le pôle
complexe conjugué p0* = 0 - j0.

Dans ces conditions, on peut mettre dans l'expression de H(p) le terme suivant en facteur :

1 K ω0
K =
p +σ 2 +ω 2−2 σ 0 p ω 0 ( p−σ 0 )2 +ω
2
0 0 02

On en déduit que dans la réponse temporelle du système à une impulsion de bruit (modélisée par
un Dirac : réponse impulsionnelle), il existe un terme de la forme  : 1

K σ0 t
f (t )= e sin ω 0 t
ω0
Le système répond donc à cette impulsion de bruit par une sinusoïde dont l'enveloppe est
croissante (système instable) on décroissante (système stable) selon que  est positif ou négatif.

Si le pôle est réel, la réponse est purement exponentielle, croissante ou décroissante selon le
signe de ce pôle.
On retrouve donc le critère fondamental sur la stabilité des systèmes : c'est le signe de la partie
réelle des pôles de la fonction de transfert du système qui définit la stabilité. Les autres critères
s'en déduisent, en particulier la méthode de Nyquist que l'on utilisera ici.
La condition limite (limite entre stabilité et instabilité) est rencontrée lorsque la partie réelle du
pôle est nulle. S'il est complexe, il est alors imaginaire pur de la forme p 0 = j0 et la réponse à une
impulsion de bruit est une sinusoïde d'amplitude constante et de pulsation 0.

Cette limite définit le critère de Barkhausen.

Dans le système de la Figure 1, les pôles p0 = j0 de H(p) satisferont ce critère s'ils satisfont la
condition suivante où GBO est le gain en boucle ouverte :

A(j0) B(j0) = GBO(j0) = -1

Cette équation complexe donne en général deux conditions qui doivent être vérifiées
simultanément.
1
Sous l’effet d’une perturbation d’une autre forme, la forme du signal est plus complexe. Néanmoins, l'exemple d'un Dirac
perturbateur illustre bien le problème de la stabilité du système.

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Le critère de Barkhausen est utilisé dans les deux cas suivants :

 pour établir les conditions aux limites de l'oscillation, le système étant représenté dans
l'approximation des petits signaux,
 pour étudier le régime établi de l'oscillateur, le système étant représenté dans
l'approximation du premier harmonique.

1.2. Approximation du premier harmonique - régime établi


Lorsque l'amplitude des oscillations augmente, les non-linéarités du système interviennent, ce
qui peut avoir pour effet de déformer l'oscillation ou de limiter leur croissance.
Un régime stabilisé peut être atteint, pour lequel une oscillation d'amplitude constante, plus ou
moins déformée par rapport à une sinusoïde, se maintient. Les effets des non-linéarités étant
prépondérants, il n'est plus en général possible d'appliquer les outils du linéaire, sauf si on peut
linéariser le système, c'est-à-dire le décrire par un système linéaire équivalent. C'est le cas de
l'approximation du premier harmonique.
Cette approximation s'applique si au moins en un point du circuit considéré l'oscillation reste
sinusoïdale, soit parce qu'il existe un élément sélectif qui privilégie le fondamental (le premier
harmonique) du signal déformé , soit parce que la non linéarité ne déforme pas le signal, ce qui est
2

le cas dans le dispositif avec contrôle de gain étudié ici.


Dans le cadre de cette approximation, on remplace les composants non linéaires par des
composants linéaires équivalents, cette équivalence étant définie par la fonction de transfert qui est
le rapport entre le premier harmonique du signal éventuellement distordu à la sortie du composant
et le premier harmonique du signal d'entrée . 3

Cette équivalence n'est en général valide que pour une amplitude donnée du signal, c'est-à-dire
que la fonction de transfert du système linéaire équivalent change de valeur pour chaque valeur de
l'amplitude du signal. C'est le cas pour le montage étudié ici.
Le critère de Barkhausen permet alors d'étudier de façon simple les propriétés du montage en
régime stabilisé. En effet, puisque par hypothèse l'amplitude de l'oscillation est constante, le
système linéaire équivalent au système réel (non-linéaire) satisfait ce critère dans les conditions du
régime stabilisé.

2
C'est ce cas qui est envisagé dans les exemples du cours.
3
En effet, on ne s'intéresse qu'à ce premier harmonique puisque l'on suppose que l'amplitude des harmoniques de rang supérieur, s'ils
existent, est fortement atténuée par un élément sélectif.

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2. Préparation

2.1. Le montage

Il est constitué par (cf. Figure 2) :

 un pont de Wien associant un dipôle R - C série à un dipôle R // C parallèle, d'entrée VS et
de sortie VF,
 un amplificateur à gain contrôlé associant un amplificateur opérationnel (AO) et deux
résistances R1 et R2. On contrôle le gain de cet amplificateur par l'intermédiaire de la
résistance R1 (ou par celle de R2). Dans un premier temps dans ce TP, cette résistance
aura une valeur constante (réglable) permettant d'obtenir le comportement instable
souhaité. Dans un deuxième temps, on mettra en œuvre un système bouclé de contrôle
automatique de la valeur de la résistance afin d'améliorer la stabilité de l'amplitude des
oscillations.

VE
Pont de Wien
+
VS VF
R
-
C

R2 R C
R1

Figure 2 : Schéma de l'oscillateur à pont de Wien.

2.2. Etude du démarrage des oscillations

Le montage étudié est celui de la Figure 2. On considère ici que R1 et R2 sont constants. Le gain
de l'amplificateur opérationnel est supposé très grand et indépendant de la fréquence. Enfin, on se
place dans le cadre de l'approximation des petits signaux pour étudier le démarrage des oscillations.
Questions :

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1. Identifier la chaîne d’action et la chaîne de filtrage et représenter l’ensemble sous la forme du


schéma-bloc d’un système linéaire bouclé en explicitant A (action) et B (réaction). En posant
 = RC, montrer que le gain en boucle ouverte GBO est :

( )
GBO ( p )=− 1+
R2 τp
R1 1+3 τp + τ 2 p 2

2. Tracer le diagramme de Bode de GBO, en module et phase. Faire apparaître les asymptotes sur le
diagramme de Bode en amplitude. Préciser la fréquence centrale f0 du filtre GBO, sa bande
passante f et son facteur de qualité Q. Compte tenu de la sélectivité du pont de Wien (le
facteur de qualité d'une cellule de filtrage à quartz dépasse 1000), l'approximation du premier
harmonique vous paraît-elle justifiée ? A quel nœud du montage peut-on recueillir une tension
"quasi-sinusoïdale" ?
3. Appliquer le critère de Barkhausen pour trouver la condition limite (égalité) portant sur R 1/R2 et
la fréquence des oscillations.
4. Déterminer directement la place des pôles de la fonction de transfert en boucle fermée. En
déduire à quelle condition sur les grandeurs du montage le système est stable ou non.
5. Mettre en œuvre le critère de Nyquist pour trouver dans quel domaine doit se trouver la valeur
4

du rapport R1/R2 pour qu'une oscillation prenne naissance dans le circuit. Comparer au résultat
de la question 5.
6. Que se passe-t-il une fois que les oscillations ont démarré ? En particulier, quel phénomène
limite en pratique l’amplitude des oscillations ? Conclure sur le caractère stable ou instable de
l'amplitude des oscillations compte tenu de la sélectivité du pont de Wien employé.

2.3. Limitation de l’amplitude des oscillations par contrôle actif de gain

Plutôt que de laisser l'amplificateur opérationnel introduire une non-linéarité incontrôlée qui
distordrait le signal, on préfère contrôler le gain de l'amplificateur constitué par l'amplificateur
opérationnel, attaqué sur son entrée non inverseuse, et le pont R 1 - R2. Ce contrôle est fait par
l'intermédiaire de R1 dont la valeur va dépendre de l'amplitude de l'oscillation.
L’idée est la suivante :

 si l’amplitude de l’oscillation augmente, le gain A de la chaîne doit diminuer,


 si l’amplitude de l’oscillation diminue, le gain A de la chaîne d’action doit augmenter.

4
S'il a déjà été vu en cours…

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Pour cela, R1 est constitué par une résistance fixe R 1' en série avec la résistance drain - source
RDS(X) d'un transistor à effet de champ (cf. Figure 3), où X représente l'amplitude des oscillations
du signal quasi-sinusoïdal :

R1 = R1' + RDS(X)

R1'
R1

D G
S
RDS(X)

Figure 3 : Montage avec contrôle de gain.

On choisit d’utiliser un transistor à effet de champ à jonction (JFET) à canal N (composant :


2N4416). Les caractéristiques (IDS ; VDS) typiques d'un JFET à canal N sont rappelées sur la Figure
4. Si VDS est suffisamment faible en valeur absolue, le transistor, entre drain et source, se comporte
comme une résistance, dont la valeur, donnée par l'inverse de la pente de la caractéristique, dépend
de VGS. C'est cette dépendance que l'on exploitera pour effectuer la commande de RDS. De plus,
c’est à partir de l’amplitude des oscillations que l’on doit tirer une tension VGS adéquate.

IDS
VGS = 0

VGS < 0

0 VDS

Figure 4 : Caractéristique schématique d'un JFET canal N et extrait de la documentation du 2N4416.

Pour cela, on envisage un étage détecteur d’amplitude (seule l’amplitude de l’oscillation compte
ici, pas sa fréquence), de la forme suivante :

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V1 Rd Cd V2

Figure 5 : Montage détecteur d'amplitude.

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Questions :
1. Quel doit être le sens de variation de R DS en fonction de X pour pouvoir envisager un contrôle
actif de gain (écrire le nouveau gain A de la chaîne d’action de l’oscillateur en fonction de R 1',
R2, et RDS(X)) ?
2. Quel est succinctement le fonctionnement physique d’un transistor JFET ? Rappeler les
différents régimes de fonctionnement possibles du transistor. Tracer sur un même graphe la
caractéristique ID = ID(VGS) en régime source de courant et le réseau ID = IDS(VDS) paramétré en
VGS en y indiquant les différents régimes. Rappeler l’équation approchée de la caractéristique de
transfert ID = IDS(VGS) en régime source de courant en fonction de deux paramètres V T et IDSS que
vous définirez.
3. Comment fonctionne le montage détecteur de crête décrit ci-dessus ? V1 étant une tension
sinusoïdale de fréquence f, comment choisir quantitativement Rd et Cd pour effectuer une
détection de la valeur crête ?
4. Comment assurer un contrôle automatique du gain A à l'aide d'un montage analogue à celui de
la figure 5 ? Indiquer le schéma du montage complet de l’oscillateur avec contrôle actif de gain.

3. Travail expérimental

3.1. Gain en boucle ouverte

Donner à R et à C des valeurs raisonnables et normalisées pour obtenir une fréquence


d'oscillation f0 comprise entre 1 et 2 kHz. Précisez la valeur de f 0 que vous avez choisie. Tracer le
diagramme de Bode du gain en boucle ouverte G BO. Comparer ce tracé expérimental à celui obtenu
dans la préparation, en particulier du point de vue de la bande passante et du facteur de qualité.

3.2. Oscillateur sans le contrôle de gain

Construire le montage de la Figure 2 où R2 est une résistance fixe et R1 une résistance que vous
pouvez ajuster (potentiomètre) pour passer au delà de la limite de stabilité.
Vérifiez que vous obtenez des oscillations, mesurez leur fréquence et leur amplitude en fonction
de R1. Observez les formes d'onde de VE et de VS . Commentez vos observations.

3.3. Etude du transistor à effet de champ et du contrôle de gain

Le JFET utilisé est le 2N4416. Son brochage vu de dessus est donné sur la Figure 6. Pour
indication, la valeur typique de sa tension de seuil V T est d'environ –3 V. De plus, si l'on exprime le
courant de drain en régime source de courant sous la forme suivante :

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( )
2
V
I Dsc =I DSS 1− GS
VT

le courant IDSS vaut alors typiquement 10 mA.

Vue de dessus

Boîtier D ATTENTION :
VGS  0 et VDS > 0

2N4416
Figure 6 : Brochage du JFET utilisé.

1. Proposer un montage très simple à deux sources de tension continues variables permettant de
relever IDS en fonction de VDS à VGS constant. Vous effectuerez ce relevé pour plusieurs valeurs
de VGS compatibles avec VT, et vous porterez l’ensemble sur un même graphe IDS = IDS(VDS)
paramétré en VGS. Il va de soi que, pour chaque valeur de V GS, seule compte une petite zone à
VDS « faible ». Inutile donc de relever le réseau complet de courbes à VGS constant.
2. Déduire de ces mesures, la dépendance de R DS (déduite à VDS  0) en fonction de VGS. Vous
noterez vos valeurs dans un tableau et tracerez la courbe R DS = RDS(VGS). Comparer votre
résultat à l’expression approchée suivante :
VT
R DS=−

( )
V GS
2 I DSS 1−
VT

3. En déduire les valeurs de Rl' et des composants du montage de redressement - filtrage qui


génère VGS à partir de la tension de sortie (R2 a la même valeur que précédemment).
4. Remplacez R1 par l'association R1' - RDS que vous avez calculée. Vérifiez que vous obtenez des
oscillations, mesurez leur fréquence et leur amplitude, observez la forme d'onde et commentez.
Pouvez-vous régler l'amplitude de l'oscillation ? Dans quelles limites ? Commentez.

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