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Chapitre 1 Boucle à verrouillage de phase

Chapitre 1
La boucle à Verrouillage de Phase
Phase Locked Loop (PLL)

1. Principe de la boucle à verrouillage de phase

La boucle à verrouillage de phase (P.L.L. Phase Lock Loop) est un système qui permet
d’asservir la phase d’un oscillateur local à celle d’un signal extérieur (techniquement, il est,
en effet impossible de fabriquer deux oscillateurs ayant des phases instantanées
rigoureusement identiques ou même ne dérivant pas l’une par rapport à l’autre). On trouve les
PLL dans la plupart des systèmes électroniques usuels : synthétiseur de fréquence, récepteur
de télévision, téléphones cellulaires… En général, elle se présente sous forme de circuit
intégré (4046 par exemple…). Cependant, par la suite, nous essayerons de réaliser les
différents blocs qui la composent par des éléments discrets afin d’en comprendre le principe.
Le schéma de principe est donné sur la figure 1.

Figure 1 : Structure de la PLL

La PLL est donc composée des éléments suivants:


* L’oscillateur contrôlé en tension donne un signal dont la fréquence varie en fonction de la
tension de commande v(t) appliquée sur son entrée. La fréquence varie linéairement autour de
sa valeur libre fo avec une pente k0 définie par :
var iation de la pulsation du signal de sortie
k0 = exprimé en radians/V.
var iation de la tension de commande
* La fréquence de l’oscillateur est comparée avec une fréquence de référence (consigne) grâce
à un comparateur de phase (Ou exclusif, comparateur phase - fréquence, pompe de charge)
* Le comparateur de phase fournit à sa sortie une tension u(t) alternative dont la valeur
moyenne v donnée par un passe-bas est proportionnelle au déphasage entre ve et vs. Il est
caractérisé par un gain souvent noté kd défini par :
valeur moyenne de la tension de sortie
kd = exprimé en Volt/Radian.
dephasage entre les signaux d ' entrée

1.1 Réalisation d’un oscillateur commandé en tension

Un oscillateur contrôlé en tension ou VCO (Voltage Control Oscillator) est un


dispositif permettant de générer un signal dont la fréquence est variée par l’intermédiaire
d’une tension de commande. Plusieurs réalisations sont possibles on propose le plus simple à
réaliser : le dispositif reprend le principe du montage composé d’une bascule de Schmitt et
d’un intégrateur mais on s’arrange pour que la charge et la décharge du condensateur soit une
fonction linéaire d’une tension de commande VC. Le schéma électronique est celui de la
figure 2.

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Figure 2 : Schéma électronique du VCO

Le premier amplificateur opérationnel (AO1) fonctionne en régime linéaire (rétroaction sur


l’entrée inverseuse). C’est un intégrateur à courant constant. On a:
V
V2 = − 1 t (1)
τ
Le deuxième amplificateur opérationnel (AO1) fonctionne en régime de saturation
(rétroaction sur l’entrée non inverseuse). C’est un comparateur à hystérésis non inverseur. On
indique succinctement son principe de fonctionnement. Le schéma est repris sur la figure 3a.

Figure 3 : Schéma de la bascule (a) et fonction de transfert (b)

L’amplificateur opérationnel étant supposé parfait, on a i1 = i2 soit :


R V + R 1V3
V+ = 2 2 (2)
R1 + R 2
L’amplificateur opérationnel fonctionnant en saturation, on étudie successivement les deux
cas de figure afin de prévoir le fonctionnement de ce comparateur.
Si V+ ≥ 0 :
Comme V- = 0, l’amplificateur opérationnel sera en saturation positive (V3=VSAT) et le
potentiel V+ devient :
R V + R1VSAT
V+ = 2 2 (3)
R1 + R 2
Pour avoir V+≥0, il faut que:
R
V2 ≥ − 1 VSAT (4)
R2
Si V+ ≤ 0 :
Comme V- = 0, l’amplificateur opérationnel sera en saturation négative (V3=-VSAT) et
le potentiel V+ sur la borne non inverseuse devient :
R V − R 1VSAT
V+ = 2 2 (5)
R1 + R 2
Pour avoir V+≤ 0, il faut que :

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R1
V2 ≤ VSAT (6)
R2
Le montage présente donc une hystérésis comme le montre la figure 3b.
La tension d’entrée étant généralement inférieure à ±VSAT, ce comparateur ne pourra
fonctionner comme tel que si R1<R2.

Le bloc multiplieur a pour but de rendre la tension V1 que l’on intègre dépendante d’une
tension continue. On a en sortie :
V1 = ± k Vcom VSAT (7)
On suppose que le condensateur est initialement déchargé et que la sortie du bloc AO2 est par
exemple en saturation positive :
V1 = + k Vcom VSAT (8)
En injectant cette expression dans l’équation (1) on obtient:
k Vcom VSAT
V2 = − t (9)
τ
La tension V2, initialement nulle, se met à diminuer jusqu’à atteindre la condition définie dans
l’équation (4) ; le bloc AO2 bascule alors et sa sortie passe en saturation négative. Partant de
t=0, le basculement a lieu l’instant t1 lorsque :
k Vcom VSAT R
V2 = − t1 = − 1 VSAT (10)
τ R2
Soit :
R τ
t1 = 1 (11)
R 2 k Vcom
En poursuivant le raisonnement précédent avec maintenant V1 = − k Vcom VSAT on a :
k Vcom VSAT
V2 = V2 ( t1 ) + ( t − t1 ) (12)
τ
Partant de t=t1, le basculement a lieu l’instant t2 lorsque :
R k Vcom VSAT R
V2 = − 1 VSAT + ( t 2 − t1 ) = 1 VSAT (13)
R2 τ R2
On peut comprendre facilement que l’intervalle de temps (t2-t1) correspond à la moitié de la
période. On obtient finalement :
k R2
fs = Vcom (14)
4τ R 1
La fréquence est une fonction linéaire de la tension de commande. Si on prend Vcom=V0+u(t),
alors on :
f s = f 0 + k '0 u ( t ) (15)
k R2
Avec k '0 = et f 0 = k '0 Vcom .
4τ R 1
Les signaux obtenus sont fournis sur la figure 4.

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Figure 4 : Evolution temporelle des signaux V2 et V3 de la figure 3.

Aux fréquences plus élevées, on utilisera un oscillateur à transistors à circuit LC de type


Hartley, Colpitts ou Clapp. La fréquence doit être stabilisée par un quartz ou un résonateur
céramique.
La variation de fréquence est obtenue par l’adjonction d’une diode à capacité variable
(varicap ou varactor) en parallèle sur le circuit oscillant. Un exemple d’oscillateur basé sur ce
principe est donné sur la figure 5.

Figure 5 : Oscillateur LC à base de transistor bipolaire

Dans tous les cas l’oscillateur est régit par l’équation générale :
ωs = ω0 + k 0 u ( t ) (16)

1.2 Comparateur de phase

Ce circuit doit fournir un signal v(t) image de l’écart de phase entre les deux signaux
d’entrée, lorsque la boucle est verrouillée. Il existe différents comparateurs de phase suivant la
nature des signaux d’entrée rectangulaires ou sinusoïdaux. L’une des méthodes consiste à
utiliser un multiplieur analogique (figure 6) et de se servir d’un filtre passe bas.

ve(t)
k u(t)
vs(t)
Figure 6 : Utilisation d’un mélangeur

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Si les tensions d’entrée sont: v e ( t ) = Vem Sin (ωe t + ϕe ) et vs ( t ) = Vsm Sin (ωs t + ϕs ) ; la tension
de sortie du mélangeur s’écrit alors :
kV V
u ( t ) = em sm [cos[(ωe + ωs ) t + ϕe + ϕs ] + cos[(ωe − ωs ) t + ϕe − ϕs ]] (17)
2
Si la PLL est verrouillée on a ωe=ωs donc u(t) devient:
kV V
u ( t ) = em sm [cos[(2ωe ) t + ϕe + ϕs ] + cos[ϕe − ϕs ]] (18)
2
Le filtre passe bas permet d’éliminer la composante de pulsation 2ωe et on obtient :
k Vem Vsm kV V
u (t ) = [cos(ϕe − ϕs )] = em sm cos(ϕ) (19)
2 2
D’où la caractéristique (figure 7):

Figure 7 : Caractéristique de transfert du mélangeur

Cette caractéristique est linéaire au voisinage de ϕ=π/2. Si on pose ϕ=π/2+θ on aura :


kV V kVem Vsm
u ( t ) = em sm [sin (θ )]≅ θ = kd θ (20)
2 2
La tension u(t) pouvant être négative ou positive mais le paramètre kd dépend des amplitudes
des signaux d’entrée et la caractéristique n’est pas parfaitement linéaire.

On peut aussi utiliser un OU exclusif comme le montre la figure 8. Il présente l’avantage de la


simplicité mais ne fonctionne que pour des signaux carrés.

Figure 8 : Utilisation d’un XOR comme comparateur de phase

Les chronogrammes des signaux sont fournis sur la figure 9. La porte OU exclusif permet de
détecter le déphasage entre les signaux d’entrée ve(t) et vs(t) et le filtre passe bas permet
d’avoir la valeur moyenne de la tension u(t).

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Figure 9 : Signaux d’entrée et de sortie du comparateur

2. Fonctionnement de la PLL

• Pour décrire le comparateur de phase réalisé avec un multiplieur, nous avons fait l'hypothèse
que le signal d'entrée de la boucle et le signal de sortie du V.C.O. avaient des variations de
phase proches. Pour que cela soit vrai, il est nécessaire que la boucle soit verrouillée, c'est à
dire que la fréquence du signal d'entrée prenne une valeur comprise dans une plage étroite qui
dépend des éléments qui la composent.
• La plage qui permet au système de s'accrocher est appelée plage de capture (plage
d'accrochage, "acquisition range"…). Elle dépend principalement de la fréquence de coupure
du filtre passe-bas.
• Une fois que la boucle est accrochée, la plage de fréquence qui lui permet de rester dans cet
état est appelée plage de verrouillage (plage de poursuite, plage de maintien, tracking range,
lock range…). Cette plage dépend principalement de la zone de fréquence dans laquelle le
V.C.O. et le comparateur de phase se comportent linéairement. Elle doit être plus large que la
plage d'accrochage, sinon la boucle ne peut pas fonctionner.

2.1 Capture.

• On suppose que la boucle n'est pas accrochée. On rapproche progressivement la fréquence fe


du signal d'entrée de la fréquence centrale du V.C.O. f0. Dès que fe rentre dans une plage de
fréquence [f0-fcap , f0+fcap], la boucle va s'accrocher et la fréquence de sortie du V.C.O. va
atteindre fe après un régime transitoire caractérisant la dynamique de la boucle.
• La boucle n'est pas encore accrochée.
Si fe<f0-fc, le V.C.O. oscille à f0. En effet, dans ce cas, le signal d'entrée présente les
fréquences f0-fe et f0+fe qui sont toutes les deux supérieures à fc ce qui fait que le signal en
sortie du passe-bas est nul, d'où une fréquence f0 en sortie de l'oscillateur.
On aurait pu raisonner en faisant décroître la fréquence d'entrée à partir d'un état où la boucle
n'est pas accrochée ce qui aurait fait apparaître le caractère particulier de la fréquence f0+fc.
• La boucle s'accroche: état permanent atteint par le système.
Lorsque fe va rentrer dans la plage [f0-fcap , f0+fcap], il va apparaître une tension non nulle en
sortie du filtre passe-bas, ce qui va faire évoluer la fréquence de sortie de l'oscillateur.

2.2 Plage de verrouillage.

Après avoir appliqué un signal de fréquence compris dans la plage de capture, on vient de voir
que la sortie de l'oscillateur se retrouvait, après un état transitoire, à la même fréquence mais
déphasée par rapport à l'entrée.
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Nous allons maintenant faire varier lentement la fréquence fe. Nous supposerons par exemple
qu'elle augmente (le raisonnement serait identique pour une diminution…).
• Si on fait augmenter fe, on va finir par rencontrer la plage de fonctionnement non-linéaire du
V.C.O., représentée dans notre cas par la fréquence fmax. Au-delà de cette fréquence, le
V.C.O. est incapable de répondre à l'ordre qui lui est donné. Dans ce cas, la boucle décroche
et la fréquence du V.C.O. revient à la valeur f0. En effet, l'état fe=fmax est instable. Dès que le
système est poussé au-delà de fmax, le filtre passe-bas permet de récupérer un signal vs(t) de la
forme :
v( t ) = k d sin[2π(f e − f max ) t + cte] (21)
Ce signal est nul en valeur moyenne ce qui fait que la fréquence du V.C.O. ne reste pas à fmax,
mais retombe à f0. On définit ainsi la plage de verrouillage la plus large possible.
• Cependant, la non linéarité du comparateur de phase peut elle aussi provoquer le décrochage
de la boucle (la tension en sortie du comparateur de phase à multiplieur est bornée, ce qui va
limiter la plage de variation de tension en entrée du V.C.O. et donc la plage de fréquence en
sortie de ce dernier). Si on demande à la boucle de s’accrocher sur une fréquence qui
n’appartient pas à cette plage, elle en sera incapable…Dans ce cas, la plage de capture
dépendra des caractéristiques du comparateur de phase et du gain du V.C.O..

2.3 Exemple

Pour faciliter la compréhension nous supposons un filtre passe-bas de gain unité ne


laissant passer que les fréquences inférieures à fc et élimine les fréquences supérieures à fc
comme le montre la figure 10.
fs
fmax
f0
fmin
vmi vma v
Figure 10 : Fonction de transfert du filtre Figure 11 : Caractéristique du VCO

Pour fixer les idées prenons fmin=2kHz, f0=10kHz, fmax=18kHz, fc=1kHz, Vmin=- 2V et Vmax=2V
puis étudions les grandeurs fs=ωs/2π, ϕ et V en fonction de la fréquence du signal d'entrée
fe=ωe/2π . La relation fréquence -tension du VCO devient fs=10+4V (en kHz) dans le domaine
linéaire.
Nous supposons dans un premier temps que fe croît très lentement de quelques Hz vers
quelques dizaines de kHz. Il nous faut distinguer plusieurs domaines de fréquences :
Le comparateur de phase fournit un signal u(t) formé de deux composantes :
- l’une de fréquence basse (fe-fs) qui pourra être dans certains cas dans la bande
passante du filtre (0<f<1kHz)
- l’autre de fréquence haute (fe+fs) qui est toujours >> 1KHz donc rejetée par le
filtre.
Faisons varier fe à partir de 1500 Hz :
1) fe<f0-fc=9kHz
Supposons par exemple fe=1.5kHz, quelle est alors la fréquence possible pour le VCO ?
Comme le VCO ne peut pas descendre en dessous de 2kHz, seul deux cas sont imaginables.
Soit fs=fmin=2kHz soit fs=f0.

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Si le VCO oscille à 2kHz, en sortie du multiplieur on récupère deux composantes alternatives,


l'une à 0.5kHz l'autre à 3.5kHz. La composante à 3.5kHz est éliminée par le filtre passe-bas,
par contre la composante à 0.5kHz est transmise. Cette hypothèse ne tient pas, en effet la
tension de commande du VCO n'est pas continue et par conséquent aucun état stable n'est
obtenu.
Par contre si le VCO oscille à la fréquence fs=f0 le multiplieur donne deux composantes, l'une
à 11.5kHz et l'autre à 8.5kHz. Ces deux composantes sont éliminées par le filtre, la tension de
commande du VCO est donc nulle et stable. C'est précisément les conditions requises pour
que le VCO oscille à f0.
2) fmax=18kHz>fe>f0-fc=9kHz
La situation précédente demeure si fe reste inférieure à 9kHz, c'est à dire f0-fc. En effet dès que
fe passe par 9kHz, il apparaît en sortie du filtre passe-bas une composante de fréquence
inférieure à 1kHz qui vient modifier la fréquence du VCO. La fréquence du VCO se déplace
vers la fréquence fe. L'allure du transitoire est compliquée, par contre il est facile de
comprendre pourquoi le VCO vient se caler à fs=fe.
Prenons par exemple fe=9.5kHz, quand fs=fe=9.5kHz, en sortie du multiplieur on obtient une
composante continue égale à (k Vem Vsm/2)cos(ϕ) et une composante alternative égale à
(kVemVsm/2)cos(2ωet-ϕ), seule la composante continue passe à travers le filtre et stabilise la
fréquence du VCO, en effet 2fe=19kHz est supérieure à fc=1kHz. La phase ϕ est telle que
(kVemVsm/2)cos(ϕ)=v avec :
v − v min
v = (f e − f 0 ) max (22)
f max − f min
Dans l'exemple choisi on a v=-0.125V.
La fréquence (f0-fc) est appelée fréquence basse de la plage de capture. Pour fe supérieure à
(f0-fc), on dit que le VCO est verrouillé. On peut maintenant se poser la question suivante :
jusqu'à quelle fréquence le VCO reste-t-il verrouillé ?
3) fe>fmax=18kHz
La fréquence fs du VCO reste égale à fe si le filtre passe-bas peut générer une tension continue
qui assure la stabilité du VCO. La limite est atteinte pour fe=fmax=18kHz. En effet au-delà de
cette fréquence il n'y a plus de composante continue stable disponible en sortie du filtre passe-
bas.
Prenons par exemple le cas où fe=18.5kHz, comme le VCO ne peut pas dépasser la fréquence
de 18kHz, on peut être tenter de dire que le VCO oscille à 18kHz. Si tel est le cas, en sortie du
multiplieur on obtient deux composantes alternatives, l'une à 0.5kHz, l'autre à 36.5kHz. La
composante à 0.5kHz est transmise par le filtre passe-bas, mais comme il s'agit d'une tension
alternative la fréquence du VCO ne peut rester à 18kHz. La seule solution qui donne une
tension continue stable en sortie du filtre passe-bas correspond à fe=f0. En effet pour cette
situation, la sortie du filtre passe-bas est nulle et c'est précisément la condition requise pour
que le VCO continue à osciller à f0.
La fréquence fmax est appelée fréquence haute de la plage de verrouillage.
On pourrait reprendre le même raisonnement pour le cas des fréquences décroissantes de
quelques dizaines de kHz vers quelques Hz. On arriverait aux résultats suivants.
Pour cette PLL on dira que :
- La plage de capture est de 9 kHz à 11 kHz.
- La plage de verrouillage est de 8 kHz à 19 kHz.
L’expérience peut se résumer par les courbes de la figure 12.

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Figure 12 : Plage de capture et plage verrouillage

La plage de verrouillage est la plage de fréquences à l'intérieur de laquelle on peut faire varier
la fréquence du signal d'entrée de la boucle sans qu'il y ait décrochage de fs par rapport à fe.
Supposons les tensions d'entrée et de sortie données par :
v e ( t ) = Vem Cos[ωe t + φe ( t )] et vs ( t ) = Vsm Cos[ωs t + φs ( t )]
Après multiplication des deux signaux dans un multiplieur de gain k et filtrage, on obtient :
v( t ) = k d Cos[(ωe − ωs ) t + (φe ( t ) − φs ( t ))] (23)
V V
Où k d = k em sm ce qui indique que la tension v est comprise entre –kd et +kd.
2
D'autre part, la pulsation de sortie du VCO est liée à la tension de sortie du filtre par:
ωs = ω0 + k 0 v( t )
On en déduit :
ω0 − k 0 k d < ωs ( t ) < ω0 + k 0 k d (24)
Cette relation limite donc les fréquences d'entrée à une bande dite plage de verrouillage de
largeur ∆fv = 2 k0 kd/2π.
Il apparaît que la plage de verrouillage correspond, par le biais de k0 et kd, aux limites
technologiques des éléments suivants: saturation du comparateur de phase, saturation des
amplificateurs, limitation en fréquence du VCO.

La plage de capture est la plage à l'intérieur de laquelle les deux signaux se synchronisent.
Pour la déterminer, on suppose au départ le signal d'entrée non verrouillé et sa pulsation telle
que : ωe < ω0 − k 0 k d
D'autre part, on suppose v=0 soit ωs=ω0 quand la boucle n'est pas verrouillée. On considère
que le filtre passe bas est parfait de bande passante fc telle que : fc< k0 kd/2π.
Si on augmente progressivement la pulsation d'entrée à partir d'une valeur ωe inférieure à
ω0 − k 0 k d , le verrouillage ne pourra s'effectuer que si :
ωe − ω0 < 2πf c soit ωe > ωs − 2πf c c'est à dire si le filtre laisse passer la composante de
pulsation ωe-ω0.
La composante variable v modifie alors la pulsation ωs du VCO de telle sorte que l'écart
ωe − ω0 diminue. La tension v présente donc une fréquence de battement qui diminue et tend
vers une valeur continue lorsque ωe=ωs : la boucle est alors verrouillée.
Si ωe continue à augmenter, le verrouillage se maintiendra jusqu'à ce que ωe atteigne la limite
ω0 + k 0 k d .
De même, si on diminue ωe de façon progressive à partir d'une valeur supérieure à ω0 + k 0 k d ,
la capture aura lieu lorsque:
ωe − ω0 < 2πf c soit ωe = ωs + 2πf c .

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Si we continue à diminuer, le verrouillage se maintiendra jusqu'à ce que ωe atteigne la limite


ω0 − k 0 k d .
La plage de capture est donc : 2∆fcap = 2 fc.

En résumé :
* En l’absence de signal injecté à l’entrée de la boucle, ou si la fréquence du signal injecté est
en dehors de la plage de fonctionnement du VCO, la boucle est dite non verrouillée et fs=f0
* Si on injecte dans la boucle un signal de fréquence fe voisin de f0, la PLL se verrouille et on
aboutit au bout d’un temps bref à un état stable caractérisé par fs=fe
* Une fois la boucle verrouillée ou accrochée, la fréquence d’entrée peut varier dans la plage
de verrouillage sans que cette boucle ne décroche et on a toujours fs=fe
* Si la fréquence d’entrée sort de la plage de verrouillage, la boucle décroche et on revient à la
situation d’une boucle non verrouillée (à éviter dans la pratique !)

3. Schéma fonctionnel de la PLL

3.1 Mise en équation

Un signal de la forme v(t) = V sin(φ(t)) permet de définir la phase instantanée φ(t) et la


dφ( t )
pulsation instantanée par : ω( t ) =
dt
1 dφ( t )
Et la fréquence instantanée f ( t ) =
2π dt
φ(p)
Dans le domaine de Laplace on a: ω(p) = p φ(p) et f (p) = p

Chaque bloc est représenté par son schéma fonctionnel. On suppose que le comparateur est un
OU exclusif ou un mélangeur dont le schéma fonctionnel est celui de la figure 13. La fonction
de transfert du filtre est F(p).

Figure 13: Schéma symbolique du comparateur

Le schéma bloc de la PLL, en grandeur phase, est donc celui de la figure 14.

Figure 14: Schéma symbolique de la PLL

La fonction de transfert de la chaîne directe s’écrit :

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kdk0
A (p) = F(p) (25)
p
C’est également la fonction de transfert en boucle ouverte.
La fonction de transfert de la chaîne retour est unitaire B(p)=1. La fonction de transfert en
boucle fermée est :
A ( p) k d k 0 F(p)
H (p) = = (26)
1 + A(p) p + k d k 0 F(p)
Pour un filtre de premier ordre de constante de temps τ=RC et de fonction de transfert
F(p)=1/(1+τ p), la fonction de transfert H(p) devient :
k dk 0 1
H (p) = = (27)
p(1 + τp) + k d k 0 1 + p + τp
k dk 0 kdk0

3.2 Stabilité de la PLL

La fonction de transfert en boucle fermée est identifiable à la forme générale:


1
H (p) = 2 (28)
1+ 2m p +p 2
ωn ωn
kdk0 1
Avec ωn = et 2 m = (29)
τ τ kdk0
La stabilité est d’autant plus sur que m est élevé c'est-à-dire kd, k0 et τ sont faibles.
L’étude de la stabilité peut également être réalisée à partir de la fonction de transfert en
boucle ouverte T(p).

Figure 15 : Schéma fonctionnel de la PLL avec pulsation comme variables

3.3 Temps de réponse

Supposons qu’on applique un échelon de fréquence à l’entrée de la boucle. La


fréquence du signal d’entrée passe donc brusquement de fe1 à fe2. C’est le cas par exemple
d’un signal logique modulé FSK dont la fréquence passe de fe1 pour le niveau logique ‘0’ à la
fréquence fe2=fe1+∆fe pour le niveau logique ‘1’. La fréquence du VCO passe de la fréquence
fs1=fe1 à la fréquence fs2=fe2 après un transitoire. En utilisant les fréquences comme paramètres
du schéma fonctionnel on obtient :
∆f 1
f s ( p) = e (30)
p 1 + 2 m p + p2
ωn ω2n
Dans le cas ou m<1, on obtient la solution suivante:

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 1   1 − m2 
f s ( t ) = ∆f e 1 + e −mωn t Sin (φ + ωn t 1 − m 2 ) avec φ = Actg   (31)
 − m 
2
 1− m 
L’allure de fs(t) est donnée sur la figure 16:

Figure 16 : Réponse à un échelon de fréquence

4. Applications de la PLL

4.1 Démodulation d’amplitude

Le gros problème lorsqu’on utilise une détection synchrone pour démoduler un signal
modulé en amplitude est de créer localement un signal de même fréquence que la porteuse et
en phase avec celle-ci. Une PLL permet de résoudre ce problème.
Schéma de principe (figure 17):

Figure 17 : Détection synchrone

4.2. Applications en modulation de fréquence :

La production d’un signal modulé en fréquence (FM) se heurte à deux exigences


contradictoires à savoir : La bonne stabilité de la porteuse f0 et une excursion en fréquence
autour de f0 suffisante.
La boucle à verrouillage de phase (figure 18) permet d’atteindre ces deux objectifs
simultanément :

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Figure 18 : Modulation FM utilisant la PLL

Le fonctionnement est le suivant :


* La PLL est accrochée sur un oscillateur à quartz fournissant un signal de fréquence f0
* Le signal modulant est superposé au signal de commande v à l’entrée du VCO
* La fréquence de coupure fc du filtre passe-bas sera choisie très basse, par exemple fc=0,1Hz
La boucle est alors efficace vis-à-vis des dérives lentes du VCO, mais incapable de réagir
devant des variations rapides de la fréquence de sortie causées par le signal modulant.

La démodulation d’un signal FM peut aussi se réaliser simplement à l’aide d’une PLL
(figure 19). La sortie utile de cette structure se trouve alors à l’entrée du VCO :

Figure 19 : Démodulation FM avec PLL

Pour un signal modulé en fréquence, l’erreur n’est sauf cas particulier pas nulle, mais reste
faible pour une boucle dont le filtre est bien calculé.
La fréquence de sortie suit donc d’assez près la fréquence d’entrée, et la tension à l’entrée du
VCO variera donc comme la fréquence. On récupère donc à l’entrée du VCO une image assez
fidèle du signal modulant.

4.3 Applications à la synthèse de fréquence

Le synthétiseur de fréquence (figure 20) permet de produire, à partir d’un oscillateur à quartz
de référence de fréquence fr, un signal dont la fréquence peut varier par pas et dont la stabilité
est la même que celle de l’oscillateur pilote.

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Figure 20 : Synthétiseur de fréquences

Les relations entre les fréquences sont simples puisque la boucle assure l’égalité des
fréquences à l’entrée du comparateur de phase :
f/N = fr/M soit f = N.fr/M
Le pas de la synthèse est défini par le diviseur R et vaut fr/M et la fréquence de sortie peut être
modifiée simplement en programmant une autre valeur du diviseur.

4.4 Contrôle de la vitesse de rotation d'un moteur

La vitesse de rotation d'un moteur peut être contrôlée au moyen d'une boucle à
verrouillage de phase, le schéma de principe est donné à la figure 21.
La fréquence ft du signal en sortie de la dynamo tachymétrique est proportionnelle à la vitesse
de rotation vm du moteur; ft=k vm . En régime stationnaire, la fréquence ft est égale à la
fréquence fe du signal de contrôle : ft=fe d'où vm= fe/k. La vitesse de rotation du moteur est
directement proportionnelle à la fréquence fe.

Figure 21 : Contrôle de la vitesse d’une machine électrique

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Ahmed CHITNALAH Faculté des Sciences et Techniques Marrakech

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