rfgenealogie.

com

N° 265

Comment intégrer
ACTES et PHOTOS
à votre généalogie

AVRIL I MAI 2023 GENEANET CARTES ANCIENNES

La nouvelle présentation des résultats
L 17662 - 265 - F: 6,90 € - RD
ANCÊTRES ESCLAVES
Des ressources utiles à vos recherches
DOM : 7,60 € • BEL/LUX : 7,50 € • CAN : 11,99 $CA • N. CAL./S : 990 XPF
Les sites incontournables
FORMATIONS
Les diplômes universitaires
 Voici enfin un guide
NOUVEAU LES ARCHIVES qui rassemble toutes

MILITAIRES
le s i n fo r m a t i o n s
pour remonter
méthodiquement
Les fonds d’archives et lieux de recherche et efficacement le
pour enrichir la mémoire militaire de vos ancêtres parcours militaire de
vos ancêtres à partir
des fonds nombreux
e t v a r i é s à vo t re
disposition.

Service historique de la Défense

Fonds et lieux de recherche

complémentaires

Des profils particuliers

✂
✂
BON DE COMMANDE à55800
renvoyer à : La Revue française de Généalogie – CDE – 10 avenue Victor-Hugo, CS 60051
Revigny-sur-Ornain – Tél. 03 29 70 56 33 – Fax 03 29 70 57 44 – www.rfgenealogie.com
À découper ou photocopier Code ARFG0140

Nom .......................................................................................................................................... Oui, je désire recevoir ........... exemplaire(s) du hors-série

Prénom .................................................................................................................................. Les Archives militaires, au prix unitaire de 11 €
Adresse ................................................................................................................................. + 2,99 € * de participation aux frais d’envoi

........................................................................................................................................................
MODE DE RÈGLEMENT
Code postal
❏ par chèque ci-joint, à l’ordre de La Revue française de Généalogie
Ville ........................................................................................................................................... ❏ par carte bancaire n°
E-mail ...................................................................................................................................... Date d’expiration Signature :
CVC (uniquement pour CB)
J’accepte de recevoir par e-mail : (trois chiffres au verso de votre carte)

• les informations et offres de La Revue française de Généalogie : ❏ oui ❏ non

• les offres des partenaires de La Revue française de Généalogie : ❏ oui ❏ non * Tarif France métropolitaine. Autres destinations, consultez www.rfgenealogie.com/la-boutique
 remarquable

La tenue des registres paroissiaux et d’état civil a toujours obéi à des normes strictes.
Ce que nous prenons parfois pour des curiosités ou des anomalies découle la plupart
du temps de mesures spécifiques. Comme ici, avec cet avis informant de l’allongement
du délai de déclaration des naissances (avis visible au musée Carnavalet, à Paris).
Depuis l’instauration du Code civil, ce délai était fixé à trois jours après l’accouchement
(cinq jours depuis 2016). Le maire du 4e arrondissement informe ses administrés que
ce délai est porté à un peu plus de deux semaines. Des circonstances exceptionnelles
l’imposent. Et ce n’est pas le maire qui prend la liberté de déroger à la règle. Il applique
les termes d’une circulaire du Gouvernement provisoire. Le cadre de cette dérogation est
strict. Elle concerne les naissances survenues depuis le 18 février 1848, permettant de les
déclarer jusqu’au 8 mars 1848. Car entre-temps trois jours de révolution ont secoué Paris.
De la manifestation du 22 février à l’abdication du roi Louis-Philippe et la proclamation
de la Deuxième République, le 24. En temps normal un père, dont la femme aurait
accouché dans la nuit du 18, aurait eu jusqu’au 22 au matin pour aller faire la déclaration
en mairie. Mais ce jour-là, il a peut-être hésité à sortir de chez lui ou, au contraire, il a
rejoint un cortège. L’ancien 4e arrondissement se situait au cœur de Paris, sur la rive droite, VOS
correspondant grosso modo à la partie est de l’actuel Ier arrondissement, du Louvre au PHOTOS
quartier des Halles. La manifestation du 22, mêlant ouvriers et étudiants devant la Chambre Une représentation généalogique
des députés, s’est déplacée à la suite d’échauffourées vers l’église Saint-Roch. Le lendemain originale, une réunion de famille
tous les quartiers de Paris étaient en ébullition, additionnant morts et blessés. extraordinaire, un document
d’archives exceptionnel, une image
Ironie de l’Histoire, ces actes enregistrés tardivement, mais en toute légalité, sont partis
très parlante… Adressez-nous vos
en fumée dans les incendies de mai 1871. Et en juillet 1871, une autre loi a, elle, invalidé photos (en haute résolution,
des actes d’état civil reçus dans les délais légaux mais par une administration jugée non 300 dpi) exclusivement
légitime, celle de la Commune de Paris (du 18 mars au 28 mai 1871). Contraignant ainsi par courriel : rfg@martinmedia.fr
les citoyens à accomplir de nouvelles démarches. Jérôme Malhache © Charles Hervis

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 3

 édito

Retour aux sources

Avec une recherche généalogique facilitée par
la profusion de bases de données nominatives et
d’archives en ligne, nous pourrions avoir la tentation
de remonter toujours plus vite et toujours plus loin
nos branches familiales, au risque de nous perdre : une
homonymie, un terme mal déchiffré ou une date mal
estimée peuvent vite nous mener vers des contrées
étrangères à notre histoire. Nous pourrions aussi
avoir la tentation de nous satisfaire des informations
trouvées en ligne, au risque de reproduire des erreurs
à foison. Notre vrai défi ne serait-il pas justement
de prendre le temps nécessaire et de nous poser les
bonnes questions afin d’établir un travail le plus
crédible possible ?
Depuis plusieurs années, les logiciels et sites Internet
ont perfectionné leur outil de saisie en ce sens : nous
pouvons facilement intégrer des documents d’archives, magazine
mentionner des références, enrichir un arbre avec des
portraits et ainsi partager une généalogie bien sourcée 10 grand angle
(nous en détaillons la méthode dans ce numéro, en Les formations universitaires à la généalogie
page 50). Évidemment, vérifier et associer chaque
individu ou évènement à un acte représente un travail
colossal… mais salutaire. 14 interview Cédric Dolain • Président de Généalogistes de France
D’autant plus que tous les actes ne se valent pas : nous « Notre métier est en train de changer »
privilégierons ainsi un acte de mariage, établi à partir
de documents officiels et rédigé en la présence des 16 lu, vu, entendu
intéressés, leur permettant de réagir à une erreur, au En direct de Belgique • Échos du monde
contraire des actes déclaratifs, comme l’acte de décès ou Les chevilles ouvrières des archives | Gérard Chaslin,
le recensement de population, aux informations parfois
magasinier aux Archives de Paris
approximatives.
Les dossiers des réfugiés espagnols bientôt numérisés
Et même avec toutes ces précautions, rien n’est moins
sûr. Les actes d’état civil ignorent parfois les aléas de
la vie familiale ou le mystère de certaines naissances. 21 dans la bibliothèque
Il faut alors lire entre les lignes… et relativiser le bien-
fondé d’une généalogie, pour que la recherche reste un 23 agenda
plaisir.

Charles Hervis
Rédacteur en chef
@CharlesHervis
rfgenealogie.com

N° 265
rfgenealogie.com

N° 265

POUR NOUS CONTACTER Comment intégrer

ACTES et PHOTOS
à votre généalogie

Rédaction 346 rue Saint-Honoré, 75001 Paris

AVRIL I MAI 2023 GENEANET CARTES ANCIENNES
La nouvelle présentation des résultats Les sites incontournables

Comment intégrer
L 17662 - 265 - F: 6,90 € - RD
ANCÊTRES ESCLAVES FORMATIONS
Des ressources utiles à vos recherches Les diplômes universitaires
DOM : 7,60 € • BEL/LUX : 7,50 € • CAN : 11,99 $CA • N. CAL./S : 990 XPF

ACTES et PHOTOS
à votre généalogie
Administration, abonnements, commandes
10 av. Victor-Hugo, CS 60051, 55800 Revigny-sur-Ornain AVRIL I MAI 2023

Tél. 03 29 70 56 33 • Fax : 03 29 70 57 44
GENEANET CARTES ANCIENNES
La nouvelle présentation des résultats Les sites incontournables
L 17662 - 265 - F: 6,90 € - RD
ANCÊTRES ESCLAVES FORMATIONS
Des ressources utiles à vos recherches Les diplômes universitaires
DOM : 7,60 € • BEL/LUX : 7,50 € • CAN : 11,99 $CA • N. CAL./S : 990 XPF

rfg@martinmedia.fr • www.rfgenealogie.com

RFGenealogie

4 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I

 sommaire

méthodes & ressources boîte à outils

24 grand angle 50 grand angle
Un ancêtre esclave aux Antilles, Intégrer les médias à votre généalogie
en Guyane ou à La Réunion
55 bien s’organiser
30 les cas pratiques de Jean-Louis Beaucarnot Comment modéliser un réseau familial ?
La tribu de Joseph
58 lu, vu, entendu
34 bon à savoir Geneanet : une nouvelle présentation des résultats
Les cartes anciennes et sites incontournables
62 les noms de famille par Pierre-Gabriel Gonzalez
38 paléographie
Moulins 1503
66 petites annonces
40 repères historiques
Horlogerie française : trois siècles d’effervescence

44 un ancêtre, une histoire

Paul Lingueglia et l’appel du large

47 lu, vu, entendu

Fondateur René-Louis Martin (sur une idée de Bernard Oudin) Directeur de publication Arnaud Habrant • La Revue française de Généalogie est éditée par MARTIN FR

Rédacteur en chef Charles Hervis Conseiller à la rédaction Jean-Louis Beaucarnot Ont participé à ce numéro MEDIA SAS au capital de 153 000 € - 55800 Revigny-sur-
Pierre-Valéry Archassal, Gabriel Audisio, Jean-Yves Baxter, Jean-Louis Beaucarnot, Isabel Canry, Marie Cappart, Ornain • Tous droits de reproduction (même partielle) et
Philippe Christol, Christien Duic, Yann Guillerm, Pierre-Gabriel Gonzalez, Jérôme Malhache, Guillaume de Morant, de traduction réservés. © 2023 • Commission paritaire
0128K 82575 – N°ISSN 0222-6782 • Dépôt légal à parution • Imprimerie Corlet
Tony Neulat, Véronique Tison, Frédéric Ville Correctrice Emmanuelle Dechargé PAO Carole Battaïni Couverture
Roto, Ambrières-les-Vallées (53). Imprimé en France / Printed in France • Origine
© Photo DR Diffusion MLP Vente au numéro et réassort Geoffrey Albrecht Responsable marketing- du papier : Perlen (Suisse). Taux de fibres recyclées : 58 %. Papier issu de forêts
partenariat Sabrina Seghir Publicité Anat Régie : tél. 01 43 12 38 15, directrice de publicité : Marie Ughetto, gérées durablement, certifié
courriel : m.ughetto@anatregie.fr • PEFC. Eutrophisation : 6 g / T. •

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 5

 Le guide incontournable pour vos recherches
dans les Archives départementales

€
19 x 3 0 cm • 9,90
80 pages •

Département par département

108 fiches pratiques pour réussir vos recherches
sur place en salle de lecture ou devant votre ordinateur !
✂
✂
BON DE COMMANDE à55800
renvoyer à : La Revue française de Généalogie – CDE – 10 avenue Victor-Hugo, CS 60051
Revigny-sur-Ornain – Tél. 03 29 70 56 33 – Fax 03 29 70 57 44 – www.rfgenealogie.com
À découper ou photocopier Code ARFG0103

Nom .......................................................................................................................................... Oui, je désire recevoir ........... exemplaire(s) du hors-série

Prénom .................................................................................................................................. Les archives départementales en 108 fiches pratiques
Adresse ................................................................................................................................. au prix unitaire de 9,90 €+ 2,99 € * de participation aux frais d’envoi

........................................................................................................................................................

Code postal MODE DE RÈGLEMENT

Ville ...........................................................................................................................................
❏ par chèque ci-joint, à l’ordre de La Revue française de Généalogie
❏ par carte bancaire n°
E-mail ......................................................................................................................................
Date d’expiration Signature :
J’accepte de recevoir par e-mail : CVC (uniquement pour CB)
(trois chiffres au verso de votre carte)
• les informations et offres de La Revue française de Généalogie : ❏ oui ❏ non
• les offres des partenaires de La Revue française de Généalogie : ❏ oui ❏ non * Tarif France métropolitaine. Autres destinations, consultez www.rfgenealogie.com/la-boutique
 sur le web
Les racines vendéennes de Marie-Rose
Tessier, nouvelle doyenne des Français
La nouvelle doyenne des Français, Marie-Rose Tessier, âgée
de 112 ans, affiche des racines 100 % vendéennes. Que
nous enseignent les arbres en ligne déposés sur Geneanet ?
www.rfgenealogie.com/racines-marie-rose-tessier
Vaucluse : pose de la première pierre
du futur pôle Archives et Patrimoine
Dans le Vaucluse à Avignon, le futur bâtiment devant
accueillir les Archives départementales et le pôle
Archéologie, baptisé pôle des Patrimoines ou Memento,
a déjà sa première pierre. Ce projet va permettre aux
Archives de quitter le Palais des Papes pour un lieu plus
adapté en 2025.
www.rfgenealogie.com/vaucluse-premiere-pierre
Mémoire de la Seconde Guerre mondiale
dans l’Essonne
Le département de l’Essonne a réalisé dix vidéos sur
la Seconde Guerre mondiale, à partir de témoignages
d’habitants et d’images anciennes. Elles sont aujourd’hui
accessibles à tous sur le site des Archives.
www.rfgenealogie.com/seconde-guerre-mondiale-
essonne
Décès du généalogiste professionnel
Frédéric Deleuze
Le généalogiste professionnel Frédéric Deleuze est décédé
le 26 février dernier à Madagascar, à l’âge de 55 ans.
www.rfgenealogie.com/deces-frederic-deleuze
Quand les Archives du Morbihan
reconstituent le chartrier du château
de Kerguéhennec
Les archives du château de Kerguéhennec passent et
repassent aux enchères, au gré des vicissitudes de l'histoire.
Dernier épisode en date, dans le cadre de la dispersion
Aristophil, les Archives du Morbihan ont préempté le
chartrier de ce monument, afin de tenter de le reconstituer.
www.rfgenealogie.com/chartrier-chateau-kerguehennec
Spirou dans la tourmente de la Shoah
Pour célébrer les 100 ans des éditions Dupuis, une
exposition se tient jusqu’à fin août au Mémorial de la Shoah,
à Paris, qui confronte les aventures du héros de bande
dessinée Spirou aux documents historiques qui ont permis
d’écrire les derniers tomes de ses aventures.
www.rfgenealogie.com/spirou-tourmente-shoah
Cartographie et expositions interactives
pour l’histoire de Metz
Les Archives de Metz ont créé "METÆ", un outil
cartographique pour découvrir l’histoire de la ville et
accéder en ligne à de nombreux documents numérisés.
www.rfgenealogie.com/metae-archives-metz
rendez-vous rfg
formation
avril-mai 2023
Focus sur les archives en ligne
Pierre-Valéry Archassal et Sophie Boudarel vous guident dans les arcanes
des archives en ligne. En avril, découvrez les ressources et les méthodes de
recherche dans la Salle des inventaires virtuelle des Archives nationales ;
en mai, adoptez les bons outils et réflexes pour améliorer vos recherches
dans les archives en ligne, grâce à une toute nouvelle formation.
Au programme : une heure de cours en direct par semaine, via votre
ordinateur ; possibilité de poser vos questions aux intervenants et de
visionner la vidéo a posteriori que vous soyez présent ou non le jour-
même.
Détails du programme et inscription :
> sur www.rfgenealogie.com/formations
> par téléphone au 03 29 70 56 33
énigme
du 1er au 30 avril 2023
Le hameau
Vous êtes très nombreux à tester vos connaissances avec les énigmes proposées
par Jean-Louis Beaucarnot. En voici une nouvelle, entièrement résoluble en ligne :
recherchez le nom du hameau où est a vu le jour le sosa n° 96 d’Éloïse Julie
FRISTOT, née elle-même à Pau (64), le 22 février 1906.
Les démarches de recherches et l’identité des généalogistes qui auront relevé le défi
seront publiées dans le prochain numéro.
Rappel de l’énigme et formulaire de réponse :
> sur www.rfgenealogie/enigme
événement
jusqu’au 30 juin 2023
Le numéro des lecteurs
Pour célébrer son 45e anniversaire, La Revue française de Généalogie vous invite à
participer à l’élaboration du sommaire. Le principe est simple : suggérer un sujet
d’article qui pourrait intéresser l’ensemble des lecteurs, que cela soit une source
d’archives, un profil d’ancêtre particulier, un lieu de recherche, une question technique
relative à une base de données ou une application (logiciel, site Internet), une
personnalité à rencontrer, une question contemporaine soulevée par la généalogie…
ou tout autre idée qui vous viendrait en tête.
Il vous suffit de compléter le formulaire avant le 30 juin 2023. Nous solliciterons nos
spécialistes et les articles seront publiés dans le numéro 271, daté avril-mai 2024.
Présentation du projet et formulaire :
> sur www.rfgenealogie/45 ans
Les bonnes adresses
Pour rappel, la rédaction a déménagé il y a un an. Vous pouvez à présent nous
adresser vos courriers, témoignages et commentaires à l’adresse suivante :
La Revue française de Généalogie, Martin Média, 346 rue Saint-Honoré, 75001 Paris
Pour vos commandes et abonnements, rien ne change.
Vos courriers sont à envoyer à l’adresse suivante : La Revue française de Généalogie,
Martin Média, 10 avenue Victor-Hugo, CS 60051, 55800 Revigny-sur-Ornain
Si vous préférez le numérique, contactez-nous via :
> Le courriel : rfg@martinmedia.fr
> Le site Internet : www.rfgenealogie.com
> La boutique en ligne : https://boutique.rfgenealogie.com
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 7
 courrier des lecteurs
Sieur du Fay
Michel Charleux
V otre dossier « Et si vous aviez un ancêtre
noble ? » m’apporte des compléments
pour mes recherches, dont, à titre d’exemple,
je vous propose de partager les surprises qui
furent les miennes…
Il s’agit de la généalogie de mon épouse,
dont la mère est née dans une famille rurale
de l’ouest de la Seine-et-Oise portant le
patronyme Descaves. Rien de bien original
dans la recherche des actes aux AD des
Yvelines, de l’Eure, de l’Oise, jusqu’au
moment où je trouve dans le registre
paroissial de Saint-André-de-l’Eure, en date
du 12 octobre 1693, le mariage de Nicolas
Descaves et Marie-Madeleine Lecointe.
Les présents à la cérémonie signent
lisiblement l’acte, ce qui n’était pas courant
à l’époque. Nicolas est dit « sieur du Fay »
(ce qui n’implique pas une quelconque
noblesse), son père non présent qui
a donné son autorisation par écrit se
prénomme lui aussi Nicolas, il est écuyer
et seigneur du Fay, information plus
intéressante.
Le plus surprenant est à partir de la
10e ligne : le certificat de publication
des bans est « légalisé par Monsieur
Lefèvre d’Ormesson vicaire général de
Monseigneur l’éminentissime Cardinal
Janson Forbin Evêque Conte de Beauvais
paire (sic) de France Commandeur des
Ordres du Roy signé Lefêvre d’Ormesson
et à laquelle légalisation est apposée
les cachet et armes de mondit Seigneur
le Cardinal ». Que vient faire dans une
bénédiction nuptiale ordinaire l’intervention
d’un cardinal dont je découvre vite qu’il était
de haut rang, proche de Louis XIV, qui lui a
confié plusieurs missions d’ambassadeur ?
Un début de réponse vient plus loin
lorsqu’on apprend que la mère du marié
est Damoiselle Marie de Monceau Dauxy
(ligne 22) : son titre marque une origine
noble, et il est aisé de trouver dans Gallica
et ailleurs des informations sur la famille de
Monceau d’Auxy (La Chesnaye Des Bois la
fait débuter au XIIe siècle).
Arrivé à ce point et en excluant a priori
toute noblesse de Nicolas Descaves, je ne
peux que tenter de remonter dans la noble
généalogie de Marie de Monceau d’Auxy,
ce qui ne va pas s’avérer aisé car les sources
se perdent dans les diverses branches de
la famille. Miraculeusement, c’est Louis XIV
8 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
qui apporte la solution irréfutable dans un
arrêté du 30 août 1700 réglant en appel
la succession de « Messire Charles Dalbert
Dailly, Duc de Chaulnes, Pair de France,
Chevalier de nos Ordres, Gouverneur de la
Province de Guyenne » (sur Gallica, Journal
du Palais) : la succession précédemment
établie était contestée en appel par
plusieurs personnes, dont « Nicolas
Descaves, seigneur du Fay & autres lieux,
& Dame Marie de Monceaux sa femme ».
Suit l’ascendance familiale de celle-ci :
elle est « fille & héritière de Gabriel de
Monceaux, qui estoit fils de Messire Guy
de Monceaux & de Dame Suzanne de
Soyecourt, laquelle estoit cousine germaine
de Dame Charlotte d’Ailly duchesse de
Pequigny, mère dudit defunt sieur duc de
Chaulnes… » (suivent deux générations
pour Suzanne de Soyecourt).
À partir de Guy d’Auxy-Monceaux, marié
en 1587 à Suzanne de Soyécourt, les
documents disponibles (Père Anselme,
Casimir de Sars, La Chesnaye des Bois,
etc.) permettent de remonter jusqu’à
Hugues Capet en totalisant dans l’arbre
ascendant douze rois capétiens-directs,
deux Capétiens-Valois, ainsi que sept rois
d’Angleterre… De nombreuses familles
nobles sont en effet présentes dans l’arbre,
par le biais d’innombrables mariages croisés
ayant nécessité une dispense papale !
Référence de l’acte de mariage : BMS
Saint-André-de-l’Eure (27) 1683 – 1721,
8 MI 3475, vue 102/377.
Référence du Journal du Palais (arrêté de
Louis XIV, page 950) : https://gallica.bnf.fr/
ark:/12148/bpt6k9822848h.f972 ___
Et si vous aviez un ancêtre noble ?, La Revue française
de Généalogie n° 264, février-mars 2023.
VOS
COMMENTAIRES
Adressez-nous vos
réactions, commentaires,
idées, découvertes…
à La Revue française
de Généalogie,
346 rue Saint-Honoré,
75001 Paris
ou par courriel :
rfg@martinmedia.fr
Les pièges de l’Insee (la suite)
Jean-Jacques Rémy-Cabot
(avec la contribution d’Éric Montariol)
J
e vous remercie d’avoir publié mon courrier, mais il
manque la seconde partie. Je ne suis pas certain que les
lecteurs vont comprendre le piège annoncé. Et dans l’absolu
cela prouve l’inverse.
Si, selon le fichier des décès établi par l’Insee, Jeanne Calment
n’est plus notre doyenne absolue et est détrônée par Thérèse
Cartoux, pour 44 jours supplémentaires (ndlr : voir le Courrier
des lecteurs du précédent numéro), la consultation en ligne de
l’acte de naissance de ladite Thérèse Riperine CARTOUX permet
de constater, en marge, qu’elle est bien décédée un 2 mai, mais
en 1973 ( et non en 2013 comme indiqué par l’Insee), soit à
l’âge de 84 ans. Son acte de décès, le n°65, a été rédigé le 5 mai
1975 à L’Isle-sur-la-Sorgue (84). Jeanne Calment reste bien notre
doyenne. Dans ce cas comme dans bien d’autres, le mieux est
d’aller à la source. ___
La sœur cadette de Pierre César
Céline Lecomte
P our trouver les date et lieu de décès de la sœur de Pierre
César, je n’ai pas fait exactement la même démarche que
celle proposée dans votre solution. En fait, en tapant “marie césar”
“lantières” dans Google, cela m’a donné une fiche de réintegration
des Lorrains en 1893 où elle était domicilié à Lezoux. Recensement
de Lezoux fait, je l’ai trouvé bonne sœur chez les Filles de la Charité
jusqu’en 1901. Ayant épuisé toutes mes sources (trois semaines de
recherche partout), j’ai fini par demander aux sœurs si elles avaient
un dossier sur elle. Et j’ai enfin eu la réponse.
J’avais également trouvé les recensements de Pélussin et Lyon.
J’avais également le parcours de son frère, de sa tante et de son
beau-père, mais effectivement aucune piste par là. ___
La Sœur de César, La Revue française de Généalogie n° 264, février-mars
2023.
Catégorie rectifiée
Ghislain Crassard
J
e vous remercie de votre article qui met en lumière
mon parcours et mes passions d’une manière tout à fait
intéressante, en tout cas je l’espère pour vos lecteurs.
Pour autant, je me vois contraint de vous demande de faire
paraître un rectificatif, car au-delà de quelques imprécisions sans
conséquence, je ne peux me permettre dans mes attributions de
ne pas apporter ce rectificatif : je ne suis pas Chevalier de Grâce
et de Dévotion mais Chevalier de Grâce Magistrale de l’Ordre
Souverain de Malte. ___
La double vie de l’éditeur-libraire, La Revue française de Généalogie n° 264,
février-mars 2023.
 OPTIMISEZ vos recherches
sur Geneanet
NOUVELLE ÉDITION

Geneanet, c’est le portail Internet

aux 6 milliards d’individus référencés,
3 millions de membres,
950 000 arbres généalogiques…
Mais connaissez-vous bien
toutes les possibilités
de recherche qu’il propose ?

✂
✂
BON DE COMMANDE à55800
renvoyer à : La Revue française de Généalogie – CDE – 10 avenue Victor-Hugo, CS 60051
Revigny-sur-Ornain – Tél. 03 29 70 56 33 – Fax 03 29 70 57 44 – www.rfgenealogie.com
À découper ou photocopier Code ARFG0138

Nom .......................................................................................................................................... Oui, je désire recevoir . . . . . . . . . . . exemplaire(s) du hors-série

Prénom .................................................................................................................................. Geneanet Mode d’emploi, au prix unitaire de 11 €
Adresse ................................................................................................................................. + 2,99 €* de participation aux frais d’envoi

........................................................................................................................................................

Code postal MODE DE RÈGLEMENT

Ville ...........................................................................................................................................
❏ par chèque ci-joint, à l’ordre de La Revue française de Généalogie
❏ par carte bancaire n°
E-mail ......................................................................................................................................
Date d’expiration Signature :
J’accepte de recevoir par e-mail : CVC (uniquement pour CB)
(trois chiffres au verso de votre carte)
• les informations et offres de La Revue française de Généalogie :
❏ oui ❏ non
* Tarif France métropolitaine. Autres destinations, consultez www.rfgenealogie.com/la-boutique
• les offres des partenaires de La Revue française de Généalogie :
❏ oui ❏ non
 magazine
grand angle

Les formations universitaires

à la généalogie
DIPLÔMES. Deux universités proposent des une première formation en généalogiecelle du Mans. D’après Ghislain Baury,
formations à la généalogie validées par un en 2010, raconte Isabelle Ortéga, laprofesseur agrégé d’histoire, ils ren-
responsable pédagogique du pôle contrent aussi un réel succès : « On
diplôme universitaire (DU) : celles du Mans et de Généalogie de la filière Histoirecroule littéralement sous la demande
de Nîmes. Chacune vise un public varié allant de l’université de Nîmes. En 2023, pour nos deux formations généalogiques.
du simple curieux cherchant à perfectionner nous en sommes à trois diplômes dif-C’est sans doute parce que nous proposons
ses pratiques jusqu’au futur professionnel tout à distance. Et notre formation est
férents répartis sur cinq sessions par
soucieux de s’établir et ouvrir son cabinet. an. » Au programme : Généalogie et vraiment conçue pour être suivie entière-
Histoire des familles, Approfondis- ment chez soi ». Là aussi, les parcours,
Les inscriptions sont ouvertes. Histoire et Généalogie familiale et
sement en généalogie, Installation du

A 
Professionnalisation à la généalogie,
généalogiste professionnel. Ces trois
vec plus de dix ans d’expé- formations, validées par un diplôme sont sanctionnés par un DU.
rience, l’université de Nîmes universitaire (DU), se déroulent surLes deux universités ont développé
fait figure de pionnière dans deux niveaux poursuivant les mêmes
place ou à distance et peuvent accueillir
l’enseignement et le développement jusqu’à 115 étudiants par an, pour buts : alors que leur premier DU, sorte
de programmes d’études en généalo- environ 300 candidatures reçues. d’initiation à la généalogie familiale,
gie. Remportant un beau succès, la est conçu pour un large public qui n’a
fac a multiplié ses offres en quelques L’autre université qui dispense des pas forcément vocation à venir tra-
années. « Nous avons commencé avec cours de généalogie depuis 2015 est vailler dans le secteur, le deuxième

Caractéristiques des formations universitaires généalogiques

Formations Université du Mans Université de Nîmes
Diplôme délivré DU DU DU DU DU DU
Histoire et Professionnalisation Généalogie et Généalogie Approfondissement Installation
Généalogie Familiale à la généalogie Histoire des Familles et Histoire en généalogie du généalogiste
des Familles professionnel
Type de formation À distance À distance En présentiel À distance À distance En présentiel
Public visé/ Licence en histoire, M1 en histoire, Sur dossier Sur dossier Sur dossier Sur dossier
diplôme requis géo ou droit. géo ou droit.
Reprise d’études : Reprise d’études :
pas de condition, lettre pas de condition,
de motivation lettre de motivation
Dates Septembre à juin Septembre à juin Début janvier 2 sessions : Début janvier Une semaine
fin septembre en avril
et début
janvier
Inscriptions du 9 mai au 9 juin 2023 du 9 mai au 9 juin 2023 mi-sept à mi-oct mi-avril à mi-janvier à mi-janvier à
mi-mai mi-février mi-février
Nbre d’élèves/promo ? ? 30 30 15 10
Coût (1)
Formation initiale (sans in- Formation initiale (sans Étudiants Unîmes Public non Tout public : 900 € Tout public :
terruption d’études) : 680 € interruption d’études) : (formation initiale) : financé : 900 €
Reprise d’études : 2 250 € 680 € 150 € 1 300 €
Financement conventionné : Reprise d’études : Public non financé Public
3 150,50 € 2 250 € (formation à titre financé :
Financement personnel) : 1 500 € 1 700 €
conventionné : 3 150,50 € Public financé
(formation continue) :
1 900 €
(1) Les prix d’inscriptions sont examinés et votés par les instances universitaires chaque année. Ils peuvent donc évoluer en cours d’année.

10 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I

DU est davantage conçu comme pro- « Nous tournons autour d’une centaine coup de candidatures de personnes qui
fessionnalisant. « Au Mans, notre DU d’étudiants, parce que nous opérons une ont regardé des émissions de téléréalité
Professionnalisation à la généalogie est sélection rigoureuse des dossiers et nous et qui s’imaginent qu’ils vont devenir
montons une liste d’attente longue comme
plus récent, il a ouvert à la rentrée 2021- millionnaires rapidement grâce à cette
2022. C’est notre 2e promotion, poursuit le jour, précise Isabelle Ortéga. Malgré formation ou quelque chose comme ça ».
Ghislain Baury. Nous avons déjà une cela, certains étudiants se désistent. Cela La richesse et la diversité des candida-
soixantaine de candidatures pour une arrive, puisque nous sélectionnons les tures montrent bien le grand écart qui
vingtaine de places. Mais certaines sont personnes au premier semestre, y compris peut exister entre la demande et l’offre.
déjà plus ou moins réservées : les titu- pour des formations qui commencent au « Il y a énormément de profils différents :
laires du DU Généalogie, qui ont un projetsecond semestre. Quand il s’est passé du avec certains candidats, on sait que ça
professionnalisant y sont prioritaires, temps entre le moment de la sélection et va marcher, avec d’autres, on se doute
ainsi que les titulaires du DU Généalogie le début de la formation, certains ont que cela n’ira pas plus loin, notamment
et Histoire des familles de l’université parfois changé d’idée. Ce phénomène avec les profils qui cherchent autre chose
de Nîmes. Et puis, chaque année nous touche toutes les universités ». que ce qu’on a à leur offrir, souligne le
avons une ou deux places réservées à des L’année dernière, l’université du Mans professeur. Si on les accepte, ils seront
généalogistes professionnels qui veulent a reçu 191 candidatures pour sa for- déçus et nous serons embêtés parce qu’ils
mation en généalogie familiale, qui ne
se certifier. Ils sont déjà en en activité pro- vont nous demander des choses qu’on ne
fessionnelle, mais ils veulent un diplôme compte que 24 places. « Il faut éplu- pourra pas leur donner ». La sélection
universitaire. Nous ne recevons pas énor- cher les demandes, explique Ghislain n’est toutefois pas si rigoureuse quant
mément de candidatures de ce type, mais Baury, car il y a pas mal de quiproquos aux diplômes requis. Il n’y a même pas
nous n’avons pas de raison de les refuser.sur le contenu des cours de la part des d’exigence de diplôme pour les gens en
Tout ça nous laisse en tout quatre ou cinqétudiants. Certains s’imaginent qu’on reprise d’études. « On a déjà eu des gens
places disponibles, pas plus ! » va leur apprendre la généalogie de A à Z, qui n’avaient pas le bac. L’un des majors
mais nous ne sommes pas généalogistes. d’une des premières promotions était un
On n’enseigne pas la généalogie dans le retraité qui avait eu le certificat d’étude et
Une sélection à l’entrée DU, mais on y apprend des bases de la puis toute une carrière administrative et
Les deux interlocuteurs insistent sur le recherche en histoire et l’utilisation des beaucoup d’activités associatives. C’était
travail de sélection effectué à l’entrée. sources historiques. Nous recevons beau- celui qui s’intéressait le plus, qui

Benoît Sourd, ex-journaliste devenu successoral

Il y a un an, Benoît Sourd, 32 ans, était journaliste, adjoint au chef
d’édition d’un hebdomadaire de Haute-Savoie. Aujourd’hui, il est
généalogiste successoral, salarié d’une entreprise de recherche
d’héritiers à Beaune (Côte-d’Or). Au terme d’un parcours
de reconversion exemplaire, l’ex-journaliste a rendu sa
carte de presse, a obtenu son diplôme universitaire de
généalogie de l’université du Mans, est sorti major de
sa promotion, a été embauché à la suite d’un stage
et se passionne pour son nouveau métier. « Je suis
chercheur généalogiste, j’ai obtenu la dérogation
pour consulter l’état civil de moins de 75 ans et
j’écume les archives en faisant toutes sortes de
recherches pour de la généalogie foncière notamment ».
Benoît Sourd est multidiplômé : alors qu’il était étudiant
en histoire, il a tenté le concours de l’IUT de journalisme de
Lannion (Finistère) pour l’obtenir en 2014. Après ses études de
journalisme, il a fini son master en histoire à l’étranger, en Suisse.
Ensuite, il a été recruté comme journaliste à Thonon-les-Bains. Il
est resté en poste six ans. « L’investigation, les enquêtes locales,
tout cela m’a beaucoup plu. Mais au bout de quelques années,
j’avais envie de vivre une autre expérience. J’ai cherché quelque
chose qui avait du lien avec mon expérience, mon parcours. J’ai
découvert la généalogie successorale avec des émissions à la
télévision. J’ai trouvé que cela aurait du sens, le fait de travailler sur
des sources historiques ferait le trait d’union entre le journalisme et
ma formation en histoire. »
Se renseignant sur le métier, il pousse des portes, fait la
rencontre de plusieurs généalogistes successoraux,
dont un en Suisse qui lui présente son métier et le
convainc. « Par hasard, j’ai lu dans la RFG un article
sur les formations à la généalogie, notamment
celle du Mans. J’ai candidaté, j’ai été pris pour une
session à distance qui a démarré fin 2021 et s’est
terminée en juin 2022. Cela m’a beaucoup plus. »
Au moment de chercher un stage, il rappelle les
entreprises successorales déjà contactées. « L’étude
LP Généalogie à Beaune m’a aussitôt accepté pour un mois et
demi et m’a recruté directement en CDI à l’issue du stage ».
La formation ? Dans son cas, elle a été indispensable : « J’estimais
être relativement paré au métier en matière de recherche de
sources, avec mon habitude des recherches aux archives, mais
j’étais moins à l’aise sur un autre terrain où je savais que j’avais des
lacunes, celui du droit, de l’héritage, des successions. La formation
m’a donné une base, même si je suis bien conscient qu’en DU, on
n’a pas le même niveau qu’en master. Et clairement, ce stage m’a
permis d’être embauché ». ___

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 11

 magazine
grand angle

Céline Souef, documentaliste devenu archiviste

Ancienne élève de la première promotion du diplôme universitaire
de Nîmes, Céline Souef l’a suivie pour le plaisir de progresser en
généalogie, sans de trop fortes arrière-pensées de reconversion
professionnelle. Mais de fil en aiguille, cette titulaire d’un master
en Documentation se retrouve aujourd’hui archiviste, responsable
du service des Archives du rectorat de Reims ! « J’avais un
métier tourné autour de la documentation numérique,
je travaillais avec un site Internet et des bases de
données, quand un poste s’est libéré. C’était à la fois
de la documentation et des archives. Mon diplôme
universitaire m’a permis de postuler avec pour
argument que même si je n’avais pas de diplôme
d’archiviste, avec la généalogie, j’avais réussi à
connaître les fonds, à savoir les utiliser. »
Sans doute grâce à son diplôme et sûrement aussi par
ses compétences professionnelles, Céline a été recrutée.
« C’est un service d’archives intermédiaires, donc on travaille avec
les services des rectorats et on verse certaines parties de nos fonds,
quand les durées d’utilité administrative sont atteintes ».
Passionnée de généalogie, elle s’était posée un temps la question
d’en faire son métier. Mais compte tenu des contraintes de la
profession et qu’en plus, il était difficile d’en vivre, ce rêve de
devenir généalogiste familiale en est resté un : « Cela supposait
de faire des recherches dans des dépôts d’archives et donc de
se déplacer. Ce qui est difficilement compatible avec une vie de
famille et de jeunes enfants ».
Clairement, Céline a choisi l’université de Nîmes pour des raisons
de coût : « J’ai dû comparer les deux universités et financièrement,
c’était Nîmes que je pouvais payer, parce que je n’avais pas
de droit à la formation pour payer à ma place. Je l’ai
financé personnellement. Et c’était aussi le fait qu’on
pouvait faire cette formation à distance, parce que
j’habite dans la Marne et à l’époque, j’avais déjà
ma fille et j’attendais mon fils. Encore une fois, pour
les questions de déplacements, c’était compliqué.
J’ai dû me rendre une seule fois à Nîmes pour les
examens finaux ».
Pour elle, l’utilité de la formation est indéniable : « Une
formation, c’est utile, oui, mais cela dépend quand même
de ce que l’on veut faire, notamment si on veut travailler dans le
secteur, c’est indispensable. Cela m’a servi indirectement, en me
faisant découvrir le monde des archives en profondeur. Moi qui
ai commencé à faire de la généalogie à 15 ans, j’ai passé le DU
beaucoup d’années plus tard et il y avait plein de choses que je ne
connaissais pas, de nouvelles sources, alors peut-être que je n’avais
pas eu la curiosité avant ». ___

posait le plus de questions et qui
finalement a le plus profité de la forma-
tion. Tout ça sans objectif professionnel,
simplement pour se perfectionner pour
des raisons personnelles ».
Des profils très variés
Au Mans, le DU Histoire familiale
est conçu pour des amateurs qui tra-
vaillent sur leur propre généalogie,
des bénévoles des cercles de généa-
logie ou des associations d’érudits.
C’est un public en majorité en reprise
d’études au milieu d’une carrière pro-
fessionnelle. Il y a peu d’étudiants en
formation initiale et quelques retraités.
Pour le deuxième DU qui vise la pro-
fessionnalisation, la moyenne d’âge
baisse, il y a plus d’étudiants, plutôt
issus des formations juridiques.
L’université de Nîmes liste quant à
elle divers publics, un peu comme un
inventaire à la Prévert… Sa formation
en généalogie familiale est notam-
ment destinée aux professionnels des
archives et de la généalogie, aux ama-
teurs d’histoire familiale, aux étudiants
d’histoire et de droit (niveau bac+2).
Elle peut aussi s’envisager comme une
formation continue pour les juges des
tutelles, les curateurs et tuteurs des
personnes majeures protégées, les
employés d’études notariales, les anima-
teurs dans les résidences de personnes
âgées… Le DU professionnalisation
cible évidemment de futurs pros qui
souhaitent s’installer.
Quant aux origines géographiques des
candidats, les deux formations généa-
logiques ratissent large, celle à distance
encore plus. « Nous avons aussi bien des
français métropolitains, que des étudiants
d’outre-mer, des Français de l’étranger et
aussi des étrangers francophones. Ce n’est
pas facile de faire comprendre à certains
que si la formation a lieu à distance, elle
suppose un important travail personnel
qui se réalise en service d’archives. C’est
donc aux étudiants de déterminer leur
propre projet, charge à eux de trouver un
projet qui est gérable en une année avec
des fonds d’archives qui leur sont acces-
sibles », détaille Ghislain Baury. Il faut
en effet disposer d’un fond d’archives
non loin de son domicile, sinon le travail
personnel est impossible.
L’opportunité des stages
Dans l’ensemble, la généalogie exer-
cée comme profession est un domaine
complexe qui nécessite des qualités
multiples. Il est important d’avoir une
compréhension approfondie des sources
historiques et de savoir comment ana-
lyser et interpréter ces informations.
Dans les bases dispensées par les deux
universités, on trouve les mêmes incon-
tournables. Un bon professionnel doit
savoir jongler entre les sources archi-
vistiques (état civil, archives militaires,
fiscales, cadastre, etc.), savoir aussi
lire les documents anciens, retracer
des parcours individuels et écrire une
histoire familiale, retracer l’histoire
d’une propriété (Le Mans). À Nîmes,
les objectifs pédagogiques s’articulent
autour de la méthode généalogique,
l’histoire sociale, le droit de la famille,
le latin, pour appréhender les textes
les plus anciens, la paléographie, l’hé-
raldique et l’anthroponymie.

12 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I

 Roxanne Simon, généalogiste familiale en toute liberté
Étudiante en Histoire à l’université de Nîmes, Roxanne Simon s’est
retrouvée avec six mois à tuer entre deux formations. « Un peu par
hasard et parce que je faisais des recherches à titre personnel, j’ai
relevé ce défi de me former à la généalogie, juste pour me caser. Ça
tombait bien, le DU commençait à ce moment-là, pile pour
boucher un trou dans mon cursus universitaire, raconte-
t-elle. En licence d’Histoire, le prof nous avait fait une
initiation à la recherche et comme ça m’avait plu, il me
disait d’attendre une année et qu’il me promettait
d’ouvrir un master à Nîmes, donc il fallait que je
m’occupe en attendant l’ouverture du master ». La
promesse n’a pas été tenue, le master n’a jamais
ouvert ! Mais Roxanne a fait le DU de généalogie et
histoire des familles.
« J’ai bien aimé, parce que la généalogie, je connaissais un
peu, j’en faisais sur mon temps libre. Mais on ne va pas se mentir :
le DU ne m’a pas beaucoup appris, quelques astuces et quelques
conseils, mais pas beaucoup plus. Mais j’ai fait de belles découvertes
avec l’histoire du droit, l’héraldique, la paléographie. L’histoire des
familles, c’est très intéressant. Il y avait aussi un professeur de droit
qui nous a apporté des tuyaux que les historiens n’ont pas ».
À l’époque, elle n’envisageait absolument pas de devenir
généalogiste professionnelle et pensait simplement peaufiner ses
connaissances en généalogie, un peu comme un hobby qu’on a la
chance de pouvoir approfondir. « Je ne voulais pas du tout en faire
mon métier, parce que j’imaginais cela pas du tout rentable ». Mais
les choses ont pris une autre tournure : « C’est un peu le hasard qui a
fait que je me suis installée comme généalogiste familiale. À la fin de
mon master de recherches, je me destinais à faire ma thèse et je me
suis retrouvée enceinte de mon fils. Comme maman isolée, j’ai tout
arrêté, mes études et puis j’ai cherché comment gagner ma
vie en étant indépendante ». À l’évidence, la généalogie
familiale s’est imposée comme le seul moyen de rester
à la maison et s’occuper de son fils. « Je me suis
installée en 2019, c’était vraiment un coup de poker,
car ce n’était pas un projet de longue date, c’est
vraiment le sort qui a fait que je me suis installée et
en fin de compte je ne le regrette pas. Ce métier me
permet beaucoup de liberté ». Ne pouvant se déplacer
trop souvent, Roxanne qui est installée dans la périphérie
de Nîmes dans le Gard, délègue souvent des recherches
à d’autres collègues. « Ça me convient bien, parce que j’ai une vie
familiale à côté, je travaille à mi-temps ».
C’est elle qui a dû payer sa formation : n’étant pas boursière, elle a
payé ces 600 euros, ce qui pour son budget serré d’étudiante, lui
avait semblé très cher. Avec quelques années de recul, elle pense
que suivre une formation n’est pas vraiment indispensable avant de
s’installer comme généalogiste : « Il y a d’autres moyens d’acquérir
cette expérience, je suis aussi dans les milieux associatifs de la
généalogie et je rencontre des personnes qui sont largement plus
qualifiées que moi. Après, il faut être un peu autodidacte, pouvoir
lire les textes anciens, etc. » ___

La question des débouchés se pose
inévitablement, car la capacité d’em-
bauche du secteur est reconnu comme
quasi absente chez les généalogistes
familiaux (à moins de monter son
propre cabinet) et assez faible chez les
généalogistes successoraux. Ghislain
Baury préfère être franc :
« Au début en tous cas, le DU Généalogie
familiale du Mans n’était pas vraiment
conçu pour avoir des débouchés pro-
fessionnels. Très peu d’étudiants ont
d’ailleurs vraiment un projet. Mais on
a vu par la suite que pas mal s’étaient
installés comme généalogistes familiaux.
J’ai repéré plusieurs études généalogiques
actives lancées par d’anciens étudiants
du DU et qui ont l’air de vivre de cette
activité à 100 %. D’autres, mais c’est
plus rare, ont trouvé des emplois chez les
entreprises du secteur, par exemple chez
Geneanet. Mais ce DU n’est pas vrai-
ment conçu comme professionnalisant.
C’est pour ça qu’on a lancé le DU Projet
d’installation pour être plus professionna-
lisant et notamment viser la généalogie
successorale. On n’a pas encore d’enquête
précise, mais on a eu déjà trois embauches
faites autour de stages en deux ans, ce qui
n’est pas mal. Il y a un réel besoin chez les
généalogistes successoraux, évidemment,
contrairement à la généalogie familiale où
le marché de l’emploi n’ouvre pas beaucoup
de perspectives autres que l’installation
en indépendant. À un moment, il y a eu
des demandes d’emploi assez importantes,
suite à la loi qui a obligé les banques et
les assurances à rechercher les titulaires
de comptes en déshérence. »
Isabelle Ortega de l’université de
Nîmes va dans le même sens. « Mais
tout dépend vraiment de leur bagage,
de ce qu’ils ont fait avant ou bien feront
après. De plus en plus de nos étudiants
ont des masters, des thèses, etc. Certains
rentrent dans les cabinets, ça dépend
vraiment de leur cursus ». Effectuer un
stage en généalogie dans le cadre des
études peut s’avérer pour certains, une
véritable opportunité. « Faire un stage
est extrêmement positif, même s’il n’est
pas nécessaire pour obtenir le DU. Il y a
des gens qui se casent, certains restent
dans les entreprises en CDI ». Réguliè-
rement des cabinets de généalogie
contactent l’une ou l’autre des uni-
versités pour réclamer des stagiaires.
Sans conteste, la demande est là. ___
Guillaume de Morant
 @g2morant
CLIQUEZ SUR
• Le Mans Université
Courriel : genealogie.familiale@univ-lemans.fr
Site Internet : www.univ-lemans.fr
Inscription : https://ecandidats.univ-lemans.fr
• Unîmes Université
Courriel : genealogie@unimes.fr
Site Internet : https://formations.unimes.fr
Inscription : https://ecandidat.unimes.fr ___

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 13

 magazine
interview
« Notre métier
est en train de changer »
Cédric Dolain
Président de Généalogistes de France
SUCCESSIONS. Une nouvelle circulaire ministérielle est entrée en vigueur
en début d’année afin de faciliter le travail des généalogistes professionnels.
C’est l’occasion de faire un point sur la situation et l’image de la profession
avec Cédric Dolain, président de Généalogistes de France.
Qu’apporte la nouvelle circulaire
relative à la procédure d’accès à
l’état civil par les généalogistes
professionnels ?
Cette circulaire a été renouvelée, non
pas parce qu’elle arrivait à échéance,
mais simplement parce que l’environ-
nement extérieur de la profession de
généalogiste a beaucoup évolué ces
dernières années et qu’il était néces-
saire de la faire coller aux réalités de
notre métier.
Elle prévoit par exemple une extension
de la durée de dérogation de deux à
quatre ans. Cela veut dire que lors-
qu’un professionnel se voit accorder
par le ministère de la Justice une déro-
gation pour consulter l’état civil de
moins de 75 ans, cette autorisation est
désormais valable quatre ans. Il fallait
désengorger les demandes auprès des
tribunaux, puisque le parquet de Paris
doit systématiquement donner son
autorisation.
CLIQUEZ SUR
• Circulaire relative à la procédure d’accès aux
actes et registres de l’état civil datant de moins
de soixante-quinze ans par les généalogistes
professionnels : https://francearchives.gouv.fr/fr/
circulaire/DGPA_SIAF_2022_011
• Interview intégrale à lire sur www.rfgenealogie.
com/cedric-dolain-2023 ___
14 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
Pourquoi est-ce si important que
les généalogistes successoraux
puissent travailler en dehors des
délais de consultation ? Car il y a
parfois d’autres moyens d’arriver
à retrouver les gens…
Il y a parfois d’autres moyens, mais la
La circulaire prend également mieux source-mère des généalogistes succes-
en considération l’essentiel de nos soraux, c’est l’état civil. Notre travail
missions. C’était sous-entendu, mais consiste à croiser continuellement un
maintenant c’est écrit : nous inter- certain nombre de sources, mais la
venons certes dans le cadre d’un finalité de notre mission, c’est quand
mandat confié par un notaire ou toute même de retrouver les gens qui sont
personne ayant un intérêt direct et vivants et de justifier leurs droits dans
légitime, mais également dans le cadre une succession. Donc évidemment, l’état
de la loi Eckert sur les assurances-vie civil de moins de 75 ans est absolument
et les comptes en déshérence et aussi impératif, parce qu’au-delà de l’identi-
dans le cadre des successions vacantes fication des personnes, nous devons
qui ont été confiées au service des aussi certifier qu’il n’y a pas d’autres
Domaines. Cette circulaire est davan- héritiers. Avoir les bons héritiers, oui,
tage en adéquation avec les textes de mais il faut aussi avoir tous les héritiers.
loi et la réalité de notre pratique. Nous engageons notre responsabilité
pour assurer une dévolution succes-
Cette circulaire s’adresse-t-elle sorale à la fois exacte, exhaustive et
exclusivement aux généalogistes identifiée. Trouver un héritier est
successoraux ? une chose, mais s’assurer qu’il n’y
Non, elle s’adresse aux généalogistes ait personne d’autre, c’est un travail
professionnels, car les généalogistes considérable qui n’est pas toujours
familiaux, en marge de leur activité mesurable de l’extérieur.
principale, peuvent eux aussi être
concernés. Quand la loi dit qu’un Les émissions de télévision, les
mandat de recherche peut être donné reportages sur les généalogistes
par toute personne ayant un intérêt successoraux contribuent-ils
direct et légitime, cela les concerne à redorer l’image de votre
aussi, même si 90 % de leurs missions profession écornée il y a quelques
portent sur des actes plus anciens années par des affaires de faillites
consultables sans délai. Mais ils ou d’abus de dominance ?
peuvent aussi faire des recherches Ces émissions de télé ont montré la
sur des collatéraux et retrouver des réalité de notre profession dans sa
contemporains par exemple dans des globalité. Cela a suscité un véritable
dossiers de changement de nom, ils engouement, on a beaucoup de can-
ont parfois besoin aussi de produire didatures après chaque diffusion, car
ces actes-là et de pouvoir les consulter. ces émissions donnent à voir la réalité
de notre travail et aussi ses difficul-
tés, notamment dans les dossiers qui
peuvent nous envoyer à l’étranger (qui
sont de l’ordre d’un dossier sur trois).
Notre métier est en train de changer,
c’est l’occasion aussi de le montrer.
Sur l’image de notre profession,
vous faites référence à des histoires
anciennes, qui avaient, je le rappelle,
mobilisé toute la profession. Donc je
ne crois pas qu’au final l’image de la
profession, ait vraiment été écornée
par ces affaires. En revanche, elles ont
appelé de la part de la profession une
réaction qui ne s’est pas fait attendre.
Pendant cinq ans, nous avons pris des
mesures pour que de telles actions ne se
reproduisent pas et elles ne se sont pas
reproduites. Ces faits appartiennent
heureusement à une histoire désormais
révolue avec des faiblesses en termes
de contrôle, des faiblesses en termes
d’assurance et des faiblesses en termes
de déontologie et d’éthique. Et c’est
pour ça que nous avons mis l’accent,
ces derniers mois, sur la déontologie
et sur l’éthique, de manière à mieux
accompagner les professionnels dans
leur comportement. Le contrôle des
comptes existe depuis cinq ans, il est
exercé par KPMG qui s’assure qu’il n’y
ait aucun dysfonctionnement. Pour une
profession non réglementée, ces efforts
ont porté leurs fruits. Les membres de
Généalogistes de France, qui représente
95 % de la profession de généalogiste,
ont pris des engagements très forts, ils
sont contrôlés. Après voilà, malheureu-
sement on ne peut pas non plus parler
au nom de ceux qui ne font pas partie
de Généalogistes de France. Quelques-
uns font un peu de bruit évidemment,
puisqu’ils sont en dehors du circuit.
Est-ce que votre garantie
professionnelle joue fréquemment
dans le cas notamment où
des héritiers auraient été oubliés ?
L’avantage de faire appel à un généa-
logiste membre de Généalogistes de
France, c’est précisément qu’il a des
garanties, tant en assurance respon-
sabilité civile professionnelle qu’en
garantie financière. Nous bénéfi-
cions du concours de notre courtier
en assurance qui est également celui
du notariat, LSN (la sécurité nou-
velle), avec qui nous avons retravaillé
l’ensemble de nos contrats depuis
plusieurs années. Cette garantie est
actionnée régulièrement, mais cela
reste tout à fait marginal : nous trai-
tons plus de 16 000 dossiers par an,
l’assurance en responsabilité civile
professionnelle est actionnée quatre
ou cinq fois par an, et pas forcément
d’ailleurs sur une erreur de dévolution.
Nous pouvons affirmer que jamais les
personnes que nous retrouvons ne
pourront être inquiétées alors que le
généalogiste est intervenu.
Généalogistes de France
en chiffres
Cette union de syndicats regroupe environ 95 %
des professionnels de la généalogie. Elle comporte
120 membres, dont 18 généalogistes familiaux
purs. Généalogistes de France délivre 520 cartes
professionnelles permettant de demander des
dérogations de consultation de l’état civil. Environ
1 000 personnes en France travaillent dans ce secteur
d’activité. Chaque année 16 000 à 18 000 dossiers
sont traités permettant de redistribuer 1 milliard
d’euros à 160 000 héritiers retrouvés par
l’intervention de généalogistes. Le chiffre d’affaire
de la profession est estimé à environ 170 millions
d’euros en 2021. ___
Il y a toujours du contentieux
au sujet de vos honoraires…
Sur les 160 000 personnes contrac-
tuellement liées chaque année avec
nos structures, nous avons à peine une
centaine de demandes de médiation. Et
toutes les demandes ne concernent pas
nos honoraires. On a pris l’initiative
de mettre en place le médiateur de la
généalogie pour l’ensemble de notre
secteur. C’est quelque chose qui fonc-
tionne bien et ça nous permet surtout
de faire une grande différence entre
les professionnels qui sont membres
de Généalogistes de France et ceux qui
n’en sont pas. Il n’y a pas de profession
parfaite.
En revanche, il y a un cercle vertueux à
créer et c’est pour ça que tout ce travail
sur la déontologie a été fait. Cela fait dix
ans qu’on a une charte déontologique.
On a pu la renouveler, la rendre plus
lisible. On a créé un code d’éthique
destiné à guider les comportements
de nos membres. On a créé un référent
éthique qui va pouvoir apporter des
réponses en toute indépendance. On
a une commission nationale d’éthique
composée de professionnels. Après,
tout n’est pas parfait, je le conçois. Il
y a encore beaucoup de travail, mais en
tout cas, on donne les moyens de faire
en sorte qu’il y ait le moins de problèmes
possible. Et la réalité nous donne un
autre éclairage : en 20 ans d’expérience,
je me suis aperçu que les gens sont
finalement assez peu cupides. Ce qui
les intéresse c’est surtout le lien qu’ils
peuvent avoir avec le défunt et d’autres
membres de la famille, c’est d’avoir aussi
des réponses sur leur propre histoire
personnelle. Donc, finalement, sur cette
question des honoraires, il y a des gens
pour qui c’est vraiment important et
souvent d’ailleurs et c’est toute la force
de la liberté contractuelle, ils peuvent
négocier au plus juste avec le généa-
logiste. Il vaut mieux un bon accord,
en toute transparence que de rester
comme ça dans une certaine aigreur
en disant « ça m’a coûté trop cher ».
Mais c’est assez rare. On a assez peu de
réclamations. Plutôt des questions sur
« où est enterré le défunt ? Qu’est-ce
qu’on peut faire pour le défunt ? » ___
Propos recueillis
par Guillaume de Morant
 @g2morant
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 15
 magazine
lu, vu, entendu

ÉCHOS DU MONDE

• ALLEMAGNE Les Allemands sont le portail officiel des Archives l’État italien sont en ligne et donnent epaveldas : http://epaveldas.lt
très attachés aux livres des familles polonaises a été rétabli fin janvier : accès à 1 500 inventaires océrisés, • UKRAINE La lutte est aussi
locaux et il en sort régulièrement. www.szukajwarchiwach.gov.pl plus de 50 000 photographies, culturelle : malgré l’état de guerre, les
Ces livres créés bien souvent à partir • USA les bénévoles du Vietnam 150 000 dossiers, 100 000 documents Archives annoncent la réouverture de
des registres paroissiaux sont une Veterans Memorial Fund (VVMF) ont et des milliers de dessins techniques, leurs salles de lecture au public, sur
référence non négligeable dans le mis en ligne le portrait de chacun des affiches et registres : https:// rendez-vous (inscription par mail ou
domaine de la généalogie. Il en existe plus de 58 000 militaires américains tecadigitaleacs.cultura.gov.it téléphone). La plupart des documents
environ 4 000 en Allemagne dont morts pendant la guerre du Viêt • VATICAN L’ensemble de la des réserves ne sont cependant
1 000 sont accessibles via https:// Nam, dans le cadre du projet Wall of série archivistique de 170 volumes pas communicables compte tenu
ofb.genealogy.net • PAYS-BAS Le Faces, dont la réalisation a pris plus de contenant les demandes d’aide des contraintes de sécurité liées
site néerlandais WieWasWie contient deux décennies : www.vvmf.org/ adressées à Pie XII par des Juifs aux alertes et l’absence régulière
actuellement 230 millions de données Wall-of-Faces • ALLEMAGNE Les de toute l’Europe, après le début d’électricité (!). Sont concernés les
personnelles. De nombreuses archives archives municipales de Sarrebruck des persécutions, est désormais sites de Volyn, Archives audiovisuelles
municipales et régionales ont mis leurs ont recherché les données des Juifs accessible sur Internet : www. et électroniques, Zhytomyr, Kiev et
collections à disposition sur ce site. qui vivaient dans la Sarre, qu’elles aient vatican.va/roman_curia/ Riwne, le CSAML (Archives centrales
Outre les registres paroissiaux et les été victimes de l’holocauste ou non. secretariat_state/sezione-rapporti- d’État-Musée de la littérature et de
actes d’état civil, vous pouvez y trouver Ces données ont été compilées dans stati/archivio-storico/serie-ebrei/ l’art), Vinnytsia, Transcarpathie, Ivano-
également des archives notariales, des un livre commémoratif numérique que serie-ebrei_it.html • PAYS-BAS Frankivsk, Kirovograds, Lviv, Poltava,
recensements, des registres militaires : vous pouvez retrouver en français : En 2025, les Archives nationales des Ternopil, Khmelnytsia, Cherkasy et
www.wiewaswie.nl • POLOGNE https://gedenkbuch.saarbruecken. Pays-Bas publieront les dossiers de Tchernivtsi • AUSTRALIE Vaste
Bloqué depuis le 7 novembre de/fr • ITALIE Les nouvelles archives 300 000 personnes soupçonnées plateforme, en accès gratuit, d’archives
dernier pour les utilisateurs étrangers, numériques des Archives centrales de d’avoir collaboré avec les Allemands numériques de la Bibliothèque
après la Seconde Guerre mondiale nationale d’Australie, Trove est
(en partant du principe que la plupart largement utilisé par des milliers de
des personnes concernées seront chercheurs, d’universitaires et de
Quand Alzheimer décédées d’ici là) • PAYS-BAS Les curieux, pour atteindre 20 millions
mène à Louis XIV Archives municipales de Súdwest-
Fryslân, aux Pays-Bas, ont numérisé
de visites chaque année : https://
trove.nla.gov.au Mais son avenir
Le docteur Jan-Cédric Hansen est gériatre à Pacy-sur-
et transcrit (dans une orthographe est en suspendu à une nouvelle
Eure (27). Lorsqu’un patient vient le consulter pour la maladie actuelle pour aider leur lecture) plus décision du gouvernement fédéral,
d’Alzheimer dont il souffre, il ne sait pas encore quelle d’une centaine de documents anciens son financement n’étant assuré
découverte généalogique incroyable il va faire. En effet, le provenant des plus anciennes archives que jusqu’en juillet 2023, selon
fils du patient avait fait réaliser un test ADN dit « récréatif » de Stavoren, documents datant de son directeur général, qui souligne
et il proposa au praticien de l’étudier pour y rechercher la période comprise entre 1480 et que son budget, d’un montant
d’éventuels indicateurs prédisposant à la maladie. En croisant 1580 : https://detiid.nl/archieven de 5 millions de dollars par an,
les gènes du fils du malade avec des bases de données • LITUANIE Vilnius a célébré le est alimenté au goutte-à-goutte.
existantes, le médecin se rendit compte que certaines 25 janvier son 700e anniversaire ; plus Prochaine étape : l’adoption d’un
séquences correspondaient à l’ADN des descendants des rois exactement, il s’agit de la première budget complémentaire en mai, à
mention écrite de la ville, dans une quelques semaines de l’échéance
de France.
lettre en latin envoyée en 1323 • CHINE Un arbre généalogique
Le professeur Alan James, du Kings College de Londres, au pape et aux villes de Lübeck, manuscrit datant de la dynastie Ming
qui s’est intéressé plus précisément à la question affirme Stralsund, Brême, Magdebourg, (1368-1644) a été découvert dans
aujourd’hui que « l’analyse génétique a établi [que le patient] Cologne par le Grand-duc de Lituanie la province de Hebei, dans le nord
est un descendant du Grand Dauphin, le fils de Louis XIV, ce Gediminas et invitant marchands et de la Chine, plus précisément chez
qui veut dire qu’il est certainement dans la lignée de Louis XV, artisans de tous les pays à s’établir en un villageois de la ville de Shiliting,
donc un lignage direct par les pères ». Lituanie. Tout au long du XIVe siècle, dans la ville de Shahe. Ce manuscrit
des églises et monastères avaient contient l’arbre généalogique de la
Une découverte qui redistribuerait les cartes si la monarchie commencé à s’implanter et un certain famille Ren, ainsi que les règles et
existait toujours car l’homme en question, qui souhaite nombre de documents ont été rendus rituels de la famille entre la dynastie
garder l’anonymat, passerait devant le Comte de Paris, actuel accessibles par le nouveau E-Reading Ming et les années 1920. Les experts
prétendant au trône, qui n’est pas issu de la lignée mâle aînée Room (salle de lecture virtuelle) : pensent que cette collection de six
des Bourbon. Le docteur Hansen, quant à lui, poursuit ses https://eais.archyvai.lt/repo-ext/ volumes a été écrite pour la première
travaux et se félicite qu’ils puissent aboutir à mieux déceler start ; en pratique, les registres fois en 1520. ___
les cas d’Alzheimer qui pourraient être d’ordre génétique ou paroissiaux (commençant en 1599) Jean-Yves Baxter, Isabel
familial. ___ P-V.A. renvoient vers le site classique rénové Canry et Philippe Christol

16 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I

EN BREF
Chronophoto,
un jeu addictif
L’interface du jeu Chronophoto
est d’une sobriété qui rappelle les
premiers pas d’Internet mais cela
n’altère pas son aspect totalement
addictif. C’est un jeu qui se joue en
cinq manches. Pour chacune, une
photo s’affiche au-dessus d’une échelle
chronologique qui va de 1900 à 2020.
Il s’agit de placer le curseur sur l’année
de prise de vue. Pour y parvenir, il
faut bien connaître un peu l’histoire
nationale et internationale et surtout
observer les détails de l’image. Plus
votre réponse est proche de la vérité,
plus vous marquez de points. À l’issue
des cinq manches, le total de vos
points s’affiche, ainsi que l’ensemble
des réponses et de vos estimations.
Il n’y a rien à gagner, si ce n’est l’envie
irrépressible de recommencer à jouer.
Le seul regret est de ne pas trouver
de commentaires sur les indices ni de
contextualisation des photos dans les
réponses.
www.chronophoto.app/game.html
Éduquez l’IA avec
les Archives de Belfort
Les Archives municipales de Belfort
lancent un appel à bénévoles pour
amorcer un projet de transcription des
délibérations municipales en utilisant
l’intelligence artificielle (IA). Il s’agit
de transcrire quelques premières
pages afin d’initier la machine à
l’écriture du scribe et qu’elle devienne
autonome pour les travaux suivants.
C’est la société française Teklia, celle-
là même qui œuvre pour Socface
de transcription des recensements
français de 1836 à 1936, qui gère le
projet en partenariat avec la ville de
Belfort. Les logiciels de reconnaissance
automatique des écritures manuscrites
qu’elle développe s’appuient sur cette
fameuse phase d’apprentissage pour
laquelle l’intervention humaine est
indispensable. Chacun peut participer
à distance et l’engagement bénévole
sera utile bien au-delà des seules
archives belfortines.
www.belfort.fr/culture/archives/
devenir-contributeur-3006.html
Les kits ADN
ne sont plus expédiés en France
MyHeritage et 23andMe n’envoient plus de kits ADN en France depuis le
1er janvier de cette année. Jusqu’ici, ces deux plus importants fournisseurs de
kits salivaires passaient pourtant allégrement la frontière, bravant l’interdit
et profitant d’un vide juridique. Seuls l’Américain FT-DNA et le Britannique
Living DNA semblent encore accepter des clients français.
On ne sait pas ce qui a poussé ces deux gros pourvoyeurs d’analyses ADN
à renoncer au marché hexagonal (ils n’ont pas répondu à nos sollicitations).
Interrogée, la direction de la Concurrence et des Fraudes indique
ne pas avoir spécifiquement agi contre ces deux entreprises. Il est
plus probable que MyHeritage et 23andMe ont reçu une lettre de
la Cnil tout comme Ancestry Irlande. Cette dernière entreprise a pu
se dédouaner facilement : elle n’a jamais envoyé de kit en France.
Ce revirement a cependant d’importantes conséquences
financières. En effet, on estime au bas mot à environ 100 000 kits
le marché de l’ADN en France chaque année. ___ G.M.
EN DIRECT DE BELGIQUE
Le nouvel habillage visionneuse qui apportent un meilleur Étude sur la sigillographie
généalogique des AGR confort de lecture et, d’autre part, la namuroise
Le nouveau site généalogique des possibilité de télécharger les actes. Spécialiste en sigillographie, René
Archives Générales du Royaume est Peu de changement en revanche Laurent est l’auteur de plusieurs
en ligne. Pour en utiliser les ressources, pour la recherche dans les bases de publications en la matière. Son nouvel
vous avez le choix entre la consultation données nominatives puisque la base ouvrage sur Les moulages de sceaux
des actes en ligne et l’interrogation de données de noms et prénoms des échevins de Namur (XIIIe-XVIIe s.)
du moteur de recherche des index indexés n’a pas évolué, restant à rend hommage à Albert Huart (1882-
de noms de personnes et d’actes 1964) qui dépouilla l’ensemble des
42 millions de noms au total.
(l’ancienne rubrique Rechercher fonds du comté sous l’Ancien Régime,
https://genealogie.arch.be
des personnes du site précédent). pour y décrire tous les sceaux qu’il
Sélectionnez ensuite la localité, sans BelgicaPeriodicals océrisé rencontrait. En vente aux Archives de
possibilité de bilinguisme sauf pour BelgicaPeriodicals dispose de l’État à Namur, au prix de 6 €.
Bruxelles (ce qui reste dommage 161 titres numérisés de revues et
quand on sait que les noms de lieux parutions périodiques ; qui couvrent
Cours de paléographie et
peuvent être littéralement traduits près de trois siècles, puisqu’ils vont de d’analyse de documents
dans les actes), et le type d’acte que Les Archives de l’État à Louvain
1741 à nos jours. Seuls les documents
vous désirez consulter. Notez bien proposent, du 20 avril au 1er juin 2023,
publiés jusqu’à l’année 1918
qu’il vous faudra cocher à chaque une série de six cours de paléographie
(et certains titres plus récents qui font
fois toutes les cases si vous désirez et d’analyse des documents, pour faire
exception) sont librement accessibles
prendre tous les types d’actes en découvrir diverses sources de l’Ancien
en ligne. La grande nouveauté de
considération. Selon vos choix Régime (actes notariés, registres
ce début d’année, c’est la possibilité scabinaux, comptes, registres censiers
(naissances, mariages, décès ou la
offerte par BelgicaPeriodicals et féodaux, sources ecclésiastiques).
possibilité de sélectionner tous les
actes), une liste déroulante vous d’effectuer une recherche plein texte Ces cours interactifs, pour
proposera tous les registres sur dans ses fonds. Il peut s’agir d’un 15 personnes au maximum, nécessitent
base des critères demandés et vous patronyme, d’un nom de lieu ou d’un une connaissance de base pratique en
proposera également à droite de la simple mot-clé. Dans les résultats, le paléographie. Tarif : 90 €.
colonne un lien vous menant vers le terme recherché est surligné, facilitant Renseignements auprès de Laura
registre sélectionné. immédiatement la lecture et la Hemelings au 0495 56 14 42 ou laura.
Deux grandes améliorations vérification qu’il s’agit bien du sujet qui hemelings@historiesvzw.be ___
sont à remarquer : d’une part les intéresse le chercheur. Pierre-Valéry Archassal
fonctionnalités de la nouvelle www.belgicaperiodicals.be et Marie Cappart
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 17
 magazine
lu, vu, entendu

LES CHEVILLES OUVRIÈRES DES ARCHIVES

Gérard Chaslin, magasinier aux Archives de Paris
Savez-vous précisément ce qui se
passe dans un dépôt d’archives, entre
le moment où vous demandez un docu-
ment et celui où il arrive entre vos
mains ? L’exploration des coulisses,
à la rencontre des acteurs de cette
institution (un directeur et une prési-
dente de salle, dans les deux précédents
numéros), nous conduit ce mois-ci
dans les magasins.
Empli d’une très subtile odeur, prove-
nant de la dégradation des composants
chimiques du papier, ce vaste ensemble
de rayonnages est incessamment par-
couru par des chariots lourdement
chargés. Des chariots poussés par des
pelotons de travailleurs de l’ombre, mal
connus et quelquefois même mal consi-
dérés, jusqu’à être parfois tenus, par
certains chercheurs, pour responsables
des difficultés qu’ils rencontrent. En
suivant l’un d’eux dans son travail, c’est
tout un univers en même temps que
toute une organisation, aussi technique
que complexe, que l’on va découvrir.
Un univers bourré de DIMAB et de
Cauchard (lire ci-dessous), avec gares
de triage et GPS, que notre mentor va
nous permettre d’explorer.
Ce mentor se nomme Gérard Chaslin,
homme discret âgé de 60 ans, assez
trapu, au look un rien sérieux, mais
souriant derrière ses lunettes à large
monture marron. Originaire du Mor-
bihan, il a atterri aux Archives de Paris
en janvier 1985, qui étaient alors ins- que le premier s’installe au poste
tallées quai Henri IV, avant d’investir « prêt », pour remettre au chercheur
un bâtiment flambant neuf en 1990, le document demandé, accompagné
Porte des Lilas. de sa fiche suiveuse (lire ci-dessous),
sans oublier de biper, au préalable, à la
fois cette fiche et la carte du lecteur ; le
Un roulement hebdomadaire second se positionne au poste « retour »,
La journée d’un magasinier commence auquel le lecteur rendra le document.
à 9 h, avec la préparation de la salle
(réintégrer les derniers documents
de la veille, démarrer les ordinateurs,
vérifier les postes…). Une demi-heure
plus tard, c’est l’ouverture au public. L’épopée d’une fiche-suiveuse
Chacun prend son poste, selon un plan- En commandant une cote sur le terminal de la salle de
ning très précis, basé sur un roulement lecture, le lecteur génère une fiche informatique, qui
hebdomadaire entre les différentes
arrive sur l’imprimante du « petit dépôt », sous la forme
tâches. Chaque magasinier effectue
d’un document au format A4, comportant deux volets :
trois demi-journées de magasinage
pour sept consacrées à d’autres tâches : • un volet blanc, sur lequel est porté le nom
recherches souvent effectuées pour du lecteur, la cote du document, assorti de sa
des administrations, dans des archives géolocalisation : numéro de l’étage, du magasin,
foncières ou judiciaires, consistant à de la travée et de la tablette. Volet destiné à
trouver le document, par exemple un accompagner le document, de sa sortie du magasin à
jugement de divorce, à le scanner et à le sa réintégration, pour se terminer dans un bac jaune ;
communiquer, avec ici des possibilités • un volet rose, qui servira de fantôme, en prenant la
de télétravail ; traitement de fonds en place du document retiré. ___
souffrance, récolements, étiquetages,
reconditionnement, travaux informa-
tiques ; déplacements à l’extérieur,
vers les sites annexes dont celui de
Villemoisson, à 30 km.
Les cinq agents affectés à la demi-jour-
née de magasinage se répartissent ainsi :
• deux agents restent au guichet de
liaison, appelé le « petit dépôt ». Tandis

DIMAB et Cauchard
Les documents d’archives sont conservés dans des contenants en
cartons normalisés, permettant de garantir leur longue conservation,
nommés en référence aux noms des sociétés les fabriquant :
• grande boîte beige, le DIMAB mesure grosso modo 30 x 30 x 35 cm.
D’une capacité d’environ un tiers de m3, cette boîte peut peser, pleine,
jusqu’à 15 kg ;
• la boîte Cauchard, noire et plus petite, fermée par une cordon de tissu,
mesure environ 30 x 10 x 28 cm et peut peser, pleine, jusqu’à 5 kg.
Les DIMAB sont aujourd’hui en voie de diminution, leurs contenus étant
peu à peu répartis entre plusieurs Cauchard. ___

18 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I

Là aussi, le magasinier bipe la fiche,
avant de le déposer sur les étagères de
triage, selon les étages, pour les docu-
ments venus de l’intérieur, ou selon les
annexes, pour ceux venus de l’extérieur
(avec deux navettes par semaine entre
Paris et Villemoisson et une navette
entre Paris et Saint-Denis) ;
• deux agents assurent les « levées »,
en réceptionnant les fiches suiveuses,
qu’ils trient, en fonction des étages,
chacun des huit étages ayant sa spé-
cialité : ainsi le quatrième, les cartes et
plans, le troisième l’état civil (avec la
collection de l’Archevêché) et la série DQ
(Enregistrement et successions). Numé-
rotés de 1 à 8, ils sont généralement
divisés en quatre magasins, numérotés
en conséquence (ainsi pour le huitième :
8.1, 8.2, 8.3 et 8.4), où les documents
sont conservés sur des rayonnages, avec
des travées et des étagères. C’est dans
ces labyrinthes que nos magasiniers
partent récupérer les documents avec
un chariot, à raison d’un départ toutes
les dix fiches ou, les jours calmes, toutes
les 10 minutes et suivant le principe de
toujours commencer par l’étage le plus
élevé pour ensuite descendre et, lors de
la prise du document, de lui associer la
partie blanche de la fiche suiveuse tout
en déposant la partie rose à sa place.
De retour au guichet, ils effectuent la
« mise en case », consistant à déposer
la fiche suiveuse dans celle des 60 cases
correspondant à celle des 60 places de la
salle de lecture qu’occupe le demandeur.
Chaque levée demandant entre 20 à
30 minutes (le temps d’attente du lecteur
oscillera donc entre 20 et 30 minutes).
• le cinquième agent est chargé de la
réintégration des documents dans
les magasins. Aux Archives de Paris,
un agent prénommé Rodolphe aime
cette tâche et la remplit à lui seul à la
perfection.
Un métier dur et ingrat
Si vous comptez bien : chaque magasi-
nier assure environ sept allers-retours
entre la salle et les magasins par
demi-journée, ce qui fait largement plus
de 2 km, chiffre passant à 6 ou 7 pour
le réintégrateur. Et les documents pou-
vant aller du simple dossier papier de
quelques grammes à l’énorme DIMAB
de 15 kilos, chacun porte en moyenne
300 kilos par jour ; le réintégrateur à lui
Le CV
Né à Ploërmel, en plein cœur de la Bretagne, Gérard
Chaslin a connu une scolarité difficile « du fait que
j’étais gaucher », qui le conduira vers une formation
d’ajusteur, un emploi en usine et, malheureusement,
le chômage. Sa carrière de magasinier, il la doit à un
élu local : « il m’a proposé de m’aider à trouver un
job à Paris. Au bout de quelques jours, il m’a dit que
si porter des livres ne me faisait pas peur, je pouvais
préparer ma valise ». Voilà comment, à 22 ans, il a
atterri aux Archives de Paris, qui étaient alors quai
Henri IV. De là, il est passé à l’Hôtel Saint-Aignan,
dans le Marais, où l’état civil reconstitué avait été
transféré, pour se retrouver en 1988 de nouveau
quai Henri IV et préparer le déménagement des
archives vers la Porte des Lilas.
Pour rejoindre son lieu de travail, ce père de famille
– et grand-père depuis six mois – quitte chaque
matin son domicile de Fontenay-sous-Bois vers
8 h pour une demi-heure de trajet dans sa Renault
Captur hybride. Il y rentre vers 18 h 15, après
une journée de travail, entrecoupée d’une pause
déjeuner, prise avec ses collègues au restaurant
collectif, occasion de parler boulot mais aussi
d’autres sujets, étant pour sa part branché ciné,
musées et lectures, grand fidèle chaque mercredi
du Canard Enchaîné. ___
seul une tonne par semaine. Ce métier
dur n’épargne pas les lombaires et vaut
les conseils réguliers d’un ergonome. Un
métier surtout ingrat, qui mérite donc
d’être connu… et reconnu. Recruté sur
annonce ou sur concours, travaillant
avec le statut d’AASM (Agent d’accueil,
de surveillance et de magasinage), il est
toujours demandé au magasinier d’être
capable de porter des poids avec, lors de
l’entretien préalable à l’embauche, une
mise en situation dans les magasins.
Rémunéré environ 1 400 €, en début
de carrière. Ce métier, Gérard Chaslin
l’aime « car celui qui l’exerce reste toujours
à la disposition du public et a la satisfac-
tion de l’aider. En effet, c’est souvent vers
nous que le chercheur se tourne, lorsqu’il
ne trouve pas le document qu’il recherche
dans le Cauchard qui lui a été remis. Le
magasinier a toujours le nez dans les
fonds. Il connait quasiment le contenu
de chaque DIMAB ! ».
Ces presque quarante ans passés aux
Archives ont fait de Gérard Chaslin
le témoin d’une évolution. Avec bien
sûr, aux Archives de Paris comme ail-
leurs, la relativisation des demandes
généalogiques d’état civil, du fait de la
numérisation et d’Internet, bien que
la situation archivistique particulière
de la capitale continue à nécessiter la
consultation de collections non numé-
risées, à commencer par celle dite de
l’Archevêché, alors que tous les fonds
d’état civil numérisés ont été évacués
vers le dépôt annexe de Villemoisson.
Mais une évolution étonnante à tous les
niveaux, au point qu’il avoue être fier de
l’avoir connue et vécue. « Je peux dire qu’à
mes débuts, on travaillait encore comme au
XIXe siècle et que je travaille aujourd’hui au
XXIe siècle : Quai Henri IV, les documents
étaient déplacés dans des monte-charge,
où les personnels n’avaient pas leur place,
ce qui les faisait monter et descendre toute
la journée des escaliers. On demandait
aux magasiniers de simplement maîtriser
l’alphabet et de connaître les magasins par
cœur, pour pouvoir trouver et classer les
documents, alors qu’aujourd’hui, on exige
au minimum la maitrise de l’outil informa-
tique et les documents sont géolocalisés.
C’est un peu comme pour les chauffeurs
de taxis, qui devaient autrefois connaître
par cœur les rues et les sens uniques et qui
aujourd’hui travaillent au GPS ». ___
Jean-Louis Beaucarnot
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 19
 magazine
lu, vu, entendu
Les dossiers des réfugiés
espagnols bientôt numérisés
Aline Angoustures
Cheffe de la mission Histoire et Exploitation des archives à l’Ofpra
L’Ofpra annonce la numérisation
des documents concernant les
exilés espagnols. Quels types
de documents sont concernés ?
C’est une demande de l’Espagne qui, en
octobre 2022, a adopté une nouvelle
loi sur la mémoire démocratique. Elle
comporte d’importantes dispositions
sur les archives de l’exode espagnol,
sur la protection des fonds et leur
centralisation.
L’Ofpra dispose d’environ 140 000
dossiers de réfugiés espagnols, qui
sont majoritairement des Républi-
cains. Leur protection comme réfugiés
commence en 1945 et prend fin entre
1979 et 1981, après la démocratisation
de l’Espagne.
Il y a deux étapes dans notre projet : la
première, c’est de numériser le fichier
manuel, un fichier papier, qui com-
prend environ 200 000 fiches (il y a
plus de fiches que de dossiers pour
différentes raisons). C’est une sorte
de table alphabétique avec les noms
et prénoms des protégés, quelques
informations et surtout les numéros
qui renvoient aux dossiers eux-mêmes ;
dans un second temps, le projet vise
à numériser les dossiers eux-mêmes.
C’est un périmètre beaucoup plus large,
puisque il y a quand même 140 000
dossiers contenant chacun une tren-
taine de documents en moyenne.
Que contiennent ces dossiers ?
Chaque dossier a quasiment sa propre
composition, mais systématiquement
vous avez un formulaire de demande
de protection ou de demande d’asile
(cela a souvent changé de forme, mais
c’est cette demande qui assurait la
saisine de l’Ofpra ou de l’Office cen-
tral pour les réfugiés espagnols). Ce
formulaire est suivi d’une carte de
réfugié, lorsque la personne obtient le
statut, puis d’un certificat de réfugié
20 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
(ce document comporte une photo).
Comme ces cartes de réfugiés étaient
renouvelées tous les trois ans, puis
tous les cinq ans, vous obtenez une
jolie collection, car pour obtenir la
nouvelle carte, les réfugiés devaient
renvoyer l’ancienne à l’Ofpra. On voit
les gens évoluer, vieillir, les familles
se composer, s’agrandir, puisque
figurent les mariages et les naissances
des enfants. On les voit aussi s’inté-
grer avec les professions exercées.
Comme l’Ofpra avait des fonctions
quasi consulaires, il établissait tous
les documents sauf le passeport, qui
était du ressort des préfectures. Donc
ces documents sont plus riches que
ceux des consulats, avec l’état civil
bien sûr, mais aussi des documents
pour aider à l’intégration et cela pen-
dant des années : des attestations de
coutume pour dire quelle est la loi appli-
cable, souvent des originaux d’actes
de naissance, d’acte de mariage qui
restent au dossier et beaucoup de cor-
respondances, car les gens écrivaient
beaucoup. On y trouve aussi quelques
éléments sur l’engagement politique
puisque pour les Espagnols, au début
en tout cas, l’instruction du dossier de
protection était fondée sur la produc-
tion d’une attestation d’appartenance
à un parti ou un syndicat en exil.
Les fichiers seront-ils indexés ?
Oui, tout sera indexé, les devis sont
lancés. Comme les fichiers sont tapés
à la machine, l’oscérisation est assez
fiable. Il existe d’ailleurs déjà une
base de données, créée après l’infor-
matisation de l’Ofpra en 1989, mais
cette indexation est très partielle,
avec juste le nom, le prénom, la date
de naissance. Or, les Espagnols aime-
raient avoir le lieu de naissance, la
date d’entrée en France ; de son côté,
l’Ofpra aimerait bien avoir aussi la
dernière date du dossier, parce que
cela conditionne la communicabilité.
D’autres champs seront donc indexés
pour enrichir tout ça.
De quelle manière ces fichiers
seront-ils mis à disposition ?
Pour l’instant, l’idée est d’avoir une
copie qui sera remise au centre de la
Mémoire démocratique de Salamanque
(qui centralise toutes les archives sur
la guerre civile et la répression), où
les chercheurs pourront les consulter
et où les familles pourront demander
des copies. Il y a un projet de mettre en
ligne certaines informations – pas les
fiches entières – parce que les autorités
espagnoles sont dans cette démarche
de retrouver les victimes : beaucoup de
familles recherchent leurs parents, leurs
ancêtres qui ont disparu à cette époque
et qui peuvent très bien se trouver dans
une fosse commune, mais peut-être
aussi partis en exil. Donc les Espagnols
aimeraient qu’on puisse chercher par
le nom de famille, la date de naissance
et le lieu de naissance.
En France, quelle exploitation de
ce fichier sera faite par l’Ofpra ?
C’est trop tôt pour le dire, mais si on
a les éléments qui nous permettent
comme les Espagnols de mettre en ligne
des informations nominatives avec une
base de données, nous n’excluons pas
de le faire. Il existe des solutions d’accès
sur inscription, les données peuvent
être présentes sur une base, mais non
indexées par les moteurs de recherche
de type Google. ___
Propos recueillis
par Guillaume de Morant
CLIQUEZ SUR
• Interview intégrale sur www.rfgenealogie.com/
ofpra-numerisation-dossiers-exil ___
 magazine
dans la bibliothèque
Retrouver ses ancêtres
protestants
Mener des recherches
généalogiques sur des ancêtres
protestants s’avère souvent très
complexe, surtout entre 1685 et
1787, période pendant laquelle,
suite à la révocation de l’édit de
Nantes, la religion réformée a été
interdite en France, condamnant ses
fidèles à vivre dans la clandestinité
– avec le Désert et ses registres – ou
à s’expatrier, avec ce que l’on a
appelé la « fuite des élites ». Voilà
pourquoi un guide spécifique,
comme celui que vient de rédiger
Justine Berlière, est absolument
indispensable.
Très bien conçu, il expose
parfaitement la problématique,
Trois questions à
Marianne Péchereau
L’opus d’Archives & Culture
consacré aux ancêtres portugais
(lire ci-dessus) a été confié à
Marianne Péchereau, jeune
généalogiste professionnelle
lusophile.
Qui êtes-vous ?
Originaire de l’Île de Ré, j’ai fait des
études d’histoire de l’art, à Poitiers,
avant de bénéficier d’une bourse
d’étude Erasmus, qui m’a permis
de passer trois ans à l’université de
Coimbra, au Portugal, expérience
qui a fait basculer ma vie, tant
je suis tombée amoureuse de
ce pays, de son patrimoine et
de ses habitants. À mon retour,
mon diplôme en poche, je me
suis mariée – je suis mère de trois
avec les données historiques et
l’évolution du statut des Protestants
(édit de Nantes, dragonnades,
Désert, pays du Refuge) et les
particularismes régionaux, pour
présenter, non pas une méthode,
mais les sources d’archives,
numérisées et classiques, avec
notamment actes religieux, actes
notariés, etc. De quoi comprendre
et gérer au mieux les situations
rencontrées et pouvoir travailler,
à condition de ne pas s’attendre
à progresser en quelques clics et
d’accepter, souvent, de se déplacer,
pour remonter les lignées familiales
protestantes françaises ou pour
travailler sur les Réformés français
établis à l’étranger. À noter une
bonne sitographie, listant de
nombreux sites Internet.
enfants – mais n’ai jamais cessé d’y
retourner régulièrement, tout en
passant bien sûr une licence de
portugais.
Je me suis ensuite retrouvée
documentaliste en collège et
lycée et c’est mon intérêt pour les
vieux papiers et des archives, qui
m’a donné l’idée, voilà quelques
années, de devenir généalogiste
professionnelle. En 1997, j’avais
commencé par faire ma propre
généalogie, ce qui m’avait
passionnée. Alors que l’on disait
mes Péchereau vendéens, je les
ai remontés jusqu’au début des
années 1600 sur mon île natale,
comme la majorité de mes
ancêtres, face à quelques Sarthois
et Mayennais, dans ma famille
maternelle. Ainsi, depuis 2015
donc, je suis généalogiste familiale,
à Poitiers.
Pourquoi ce livre ?
Après avoir suivi une licence
professionnelle de Généalogie
successorale à l’université de
Justine Berlière, Archives & Culture,
février 2023, 64 pages, 12 €,
ISBN : 978-2-35077-424-4
Retrouver ses ancêtres
portugais
Un livre très attendu, par de plus en
plus de Français ayant des ancêtres
portugais, qui se voient confrontés
à des conditions de recherches
évidemment très particulières. Ce
guide, très complet, leur apportera
beaucoup d’informations et de clés,
en leur exposant les particularismes
historiques et anthroponymiques
de ce pays, avec une transmission
des patronymes y obéissant à des
scénarios fort complexes, voisins
des doubles patronymes espagnols
mais souvent plus déroutants
encore.
Corte, en Corse, j’ai effectué un
stage dans une étude de Poitiers
où, évoquant bien sûr ma passion
pour le Portugal, j’ai appris que la
profession restait bien démunie
face aux recherches dans ce
pays. C’est ainsi que j’ai pensé à
conjuguer mes deux passions, en
me spécialisant. Je me suis fait
connaître par des publicités dans
la RFG, un site Internet et une page
Facebook et les clients sont arrivés,
avec de nombreux descendants
des Portugais établis en France,
qui, faute d’avoir questionné
leurs parents ou grands-parents
aujourd’hui souvent décédés, ne
savent rien de leur famille et me
demandent de les aider à retrouver
leurs origines et éventuellement
leurs cousins restés au pays.
Ce sont parfois des jeunes qui
à notre premier contact sont
amusés ou émus d’entendre leur
nom prononcé à la portugaise…
Plusieurs fois par an, je pars donc
travailler là-bas et j’ai peu à peu
appris à maîtriser la méthode et
Il présente dans le détail l’accès et
les contenus des actes d’état civil
et surtout des actes paroissiaux,
exemples et traductions à l’appui,
montrant que leur recherche peut
parfois être menée en ligne, avec là
aussi des exemples. Il n’oublie ni les
autres archives (notariales, militaires,
recensements… etc.), ni la presse,
ni les cas des nobles et des Juifs,
tout en consacrant judicieusement
quelques pages, également très
utiles, aux recherches au Brésil et
dans l’ancien empire colonial.
Le livre qui manquait, par une
généalogiste professionnelle, qui
a su en faire sa spécialité (lire son
interview ci-dessous).
Marianne Péchereau, Archives & Culture,
mars 2023, 64 pages, 12 €, ISBN : 978-2-
35077-428-2 
les sources. De là, l’idée de ce livre,
après y avoir été encouragée par
Jean-Louis Beaucarnot.
Comment avez-vous travaillé ?
Aucun livre n’existant en France sur
le sujet et celui que l’on trouve au
Portugal étant plus théorique que
pratique, j’ai voulu combler ce vide,
à l’attention des luso-descendants,
de France ou d’ailleurs. J’ai voulu
construire un ouvrage pratique,
clair et précis, permettant
notamment de surmonter les
difficultés spécifiques, les unes
quant aux constants changements
des prénoms et surtout des noms
de famille, les autres quant aux
conditions de recherches sur place,
qui sont un peu celles que l’on
connaissait autrefois en France.
J’ai profité de mon expérience et
de la documentation que j’avais
engrangée au cours de mes années
de recherches. J’espère y être
parvenue.
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 21
 magazine
dans la bibliothèque
70 ans de protection des réfugiés
Cet ouvrage ouvre les archives de
l’Ofpra (Office Français de Protection
des Réfugiés et Apatrides), en
évoquant les diverses communautés
ou minorités de réfugiés politiques,
ayant successivement bénéficié
de son aide, depuis sa création
en 1952 et celles des générations
précédentes (Russes, Arméniens,
Allemands, Espagnols, Chiliens,
Guinéens, Kosovars…) avec
exemples de parcours, parfois
célèbres, comme Aznavourian ou Noureev. Bel ouvrage, sans
équivalent, superbement illustré et documenté.
Patrie perdue, Pays d’asile. L’ofpra, 70 ans de protection des réfugiés, Julien Boucher,
Aline Angoustures et Sophie Pegliasco, Ofpra / Éditions Loubatières, septembre
2022, 208 pages, 25 €, ISBN : 978-2-86266-805-5
présumés coupables. Le résultat
sur les étagères est un livre passionnant, duquel il
est difficile de s’extraire une fois
◗ Meurtres à la Une
Utilisant abondamment des qu’on a plongé dans l’une de ces
vingt affaires qui s’étalent de 1900
archives de la police criminelle et
à 1914 comme le vampire du Bois
des articles de la presse d’autrefois,
de Boulogne, le trio des Apaches
Pierre Piazza a imaginé Meurtres
belges ou les bandes du Sebasto
à la Une, un magnifique album
et de la Turbigue. Et au-delà des
relié de 256 pages. Il raconte ainsi
crimes eux-mêmes, on découvre au
avec moult détails les affaires
fil des pages les principaux débats
criminelles qui ont défrayé la
sociétaux et politiques que le crime
chronique à Paris et ses alentours
a suscité durant cette période.
en 1900. Car si la presse « people »
Meurtres à la une. Le quotidien du crime à
de notre époque est gorgée de
Paris en 1900, Pierre Piazza, La Martinière,
tels faits divers, c’est à partir de
janvier 2023, 256 pages, 34,50 €,
la fin du XIXe et du début du XXe ISBN : 979-10-401-1299-0
siècle qu’ils commencent à être
abondamment exploités par ◗ Marie-Antoinette Roux-
certains journalistes. Il y avait donc Bazin, du Pin au Manitoba
beaucoup de matière disponible (1877-1958)
pour alimenter et illustrer cet Cet ouvrage est le troisième
ouvrage, entre la presse à grand volet d’une trilogie romanesque,
tirage qui fournissait à ses lecteurs entreprise par une passionnée
une grande quantité de détails sur d’histoire et d’écriture, qui sait
les affaires et la police scientifique mettre son talent au service de
qui documentait les assassinats l’histoire d’une famille, racontée
commis à Paris et ses alentours à partir des vies de trois femmes
en figeant les scènes de crime
ayant vécu au Pin, paisible village
par la photographie métrique, du bocage bressuirais, dans les
en élaborant des clichés d’une Deux-Sèvres, en plein cœur de
multitude de traces et d’indices, ou ce que l’on a nommé la Vendée
encore en mobilisant des portraits militaire. Il vient après un premier,
à des fins d’identification des consacré à Jacquette Blanchard
22 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
(1731-1804), et un deuxième,
consacré à l’épouse du petit-fils de le conseil des lecteurs
cette dernière, Théotiste Brémond Le chapitre manquant
(1790-1871), deux humbles
meunières, confrontées à l’histoire
et à l’évolution de la société.
Il a pour héroïne Marie Antoinette
Roux épouse Bazin (1877-1958),
native du Pin, qui émigrera avec
sa famille au Canada, d’où elle
reviendra à plusieurs reprises
entretenir les liens avec sa famille
restée en France. Biographie très
romancée, mais subtilement, avec
une réelle maîtrise des règles de
l’art, ce troisième tome est quant à
lui complété par les apports de la
mémoire et des archives familiales. La plupart des auteurs de
Monique Guérin-Simonnaud, Éditions généalogie, surtout les anciens,
Pays & Terroirs, octobre 2022, 286 pages, déclinent leur arbre familial suivant
22 €. Même pagination et même prix pour le fil du temps. La vie intime
les deux autres titres, tous disponibles sur des personnes importe peu. Du
le site de l’auteure : www.moniqueguerin.
patchwork de vies dispersées, la
jimdofree.com
chronologie, ici, se déroule peu
◗ Épousailles, cousinades, à peu. L’œil tutélaire est celui de
voisinades entre paysans l’illustre ancêtre, Angélique Brulon,
née Duchemin, première femme
du Haut-Poitou décorée de la Légion d’honneur
Ouvrage de généalogie pure,
pour ses exploits militaires et
consacré aux études généalogiques
lointaine ascendante de l’écrivaine.
menées par l’auteure sur sa famille,
Grâce au récit, le lecteur
les Bussereau, méthodiquement
accompagne les descendants
étudiés dans toutes leurs branches,
d’Angélique, dans leurs espoirs,
toutes concentrées dans la région
leurs doutes, leurs peines, leur vie...
de Châtellerault, et d’abord
Il y a quelque chose de lumineux
à Pouthumé. Recherches très
dans ce roman-biographie ; est-ce la
complètes, menées dans l’état civil
lumière de l’Algérie, terre d’accueil,
et d’autres sources archivistiques,
qui se reflète dans l’écriture ?
avec un constant regard sur
D’un bout à l’autre, on est
l’environnement social, villageois,
accroché, oubliant les recherches
professionnel et sur le contexte
généalogiques solides qui en
historique. Tout est parfaitement
constituent la trame.
sourcé, avec de nombreuses
Patrick Maris
reproductions de documents,
Anne-Claude Iger, L’harmattan, octobre 2022,
mais est malheureusement très
300 pages, 26 €, ISBN : 978-2-14-028285-0
desservi par une mise en page et un
découpage lourds et extrêmement
fouillis et un manque cruel d’index,
qui empêchera les chercheurs VOS LIVRES
travaillant sur ces régions et familles PRÉFÉRÉS
de pleinement profiter de cet Un ouvrage de référence,
un roman coup de cœur…
énorme somme d’informations. Le
Envoyez-nous, en quelques
curieux sous-titre enfin : Réalités et
lignes, les raisons pour lesquelles
fictions généalogiques, conduit à vous le conseillez aux
se demander, si fiction il y a, où elle généalogistes (en précisant le
commence et se termine… titre, l’auteur et l’éditeur
Françoise Bussereau-Plunian, L’Harmattan, de l’ouvrage) par courriel :
novembre 2022, 348 pages, 36 €, rfg@martinmedia.fr
ISBN : 978-2-14-026373-6
 magazine
agenda

Mauguio (34) 6 rue Emile Bordier, 49100 Angers,

1-2 avril 2023
19es Rencontres généalogiques
et historiques de Mauguio.
Cercle généalogique de Languedoc,
section Mauguio-Carnon,
Lot. Montplaisir, 32 rue des Foulques,
34130 Mauguio-Carnon,
www.cglanguedoc.com
Bazoches-les-G. (45)
1-2 avril 2023
Généal’expo « Histoires de
maisons et de leurs habitants ».
Dans les Ouches, c/o Annick Decoux,
9 allée des Jardins,
45480 Bazoches-les-Gallerandes,
www.dans-les-ouches.fr
Saint-Chély-d’Apcher (48)
2 avril 2023
Rencontres généalogiques
d’Aubrac.
Cercle lozérien de généalogie,
tél. : 06 33 91 49 26, https://clg48.fr
Paris (XIXe)
6 avril 2023
Conférences sur les
« Recherches sur les familles
de meuniers et les moulins »
aux Archives de Paris.
La France généalogique,
12 rue Vivienne, 75002 Paris,
www.cegf.org
Cap à l’Ouest http://agena49.org
Blavozy (43)
Vertou (44)
19-20 mai 2023
En 2023, c’est le retour de la biennale
généalogique de Vertou (44). Une Rencontres généalogiques
soixantaine d’exposants généalogiques et au centre socio-culturel.
historiques, principalement de la région, Généalogie 43, c/o Brigitte Dumas,
14 route de Chaland, 43700 Coubon,
vous y attendent. Tél. : 04 71 09 64 17,
Après avoir abordé la vigne, l’écriture, www.geneal43.com
les jouets, l’école, la Sèvre, cette édition
aura pour thème le cirque, avec la Alligny-en-Morvan (58)
présentation de maquettes, surprenantes 27-28 mai 2023
parfois, et d’objets liés à cette activité. « Assistance publique
La désormais traditionnelle exposition de & généalogie : des ressources
photographies anciennes sera cette fois consacrée à la famille. à découvrir » : visite du musée
des nourrices, rencontres
1er et 2 avril 2023
De 10 h à 18 h, à la salle Sèvre et Maine.
auteurs et associations,
Contact : Association généalogique vertavienne, tél. 02 40 13 82 50, conférences.
www.agv44.org Cercle généalogique et historique
Nivernais – Morvan, BP 813, 24 rue
de Vertpré, 58008 Nevers Cedex,
www.cghnm.fr
Paris (XIXe)
Biganos (33) Gravelines (59) 1er juin 2023
15 avril 2023 30 avril 2023
Conférences sur « Les Archives
Forum de généalogie, Salon de l’Édition historique nationales d’outre-mer » aux
à l’occasion des 30 ans du régionale et de la Généalogie. Archives de Paris.
Cercle généalogique du bassin Généalogie Association Gravelines,
2 chemin du Guindal, 59820 Gravelines, La France généalogique,
d’Arcachon et pays de Buch. 12 rue Vivienne, 75002 Paris,
tél. : 03 28 23 96 55, https://
CGBAPB, Centre culturel Pierre gagravelines.wixsite.com/geneagag www.cegf.org
Dignac, 1 avenue des Chênes, 33115
Le Pyla-sur-Mer, https://sites.google. Chaumont (52) Guebwiller (68)
com/site/bassindarcachongenealogie 2 mai – 6 juin 2023 2 juin 2023

Saint-Brieuc (22)
11 avril 2023
Conférence « Chasseur
d’héritiers » aux Archives
des Côtes-d’Armor.
Centre généalogique des Côtes-
d’Armor, 3 bis rue Bel Orient, 22000
Saint-Brieuc, tél. : 02 96 62 89 00,
www.genealogie22.bzh
Mauzé-sur-le-M. (79)
12 avril 2023
Atelier de généalogie.
Société mauzéenne Histoire et
Généalogie, 2 place de la Mairie,
79210 Mauzé sur le Mignon,
tél. : 06 85 04 98 64,
www.histoiregeneamauze.fr
Bessan (34)
15 avril 2023
Forum de généalogie.
LaGuilde2Bessan, Patrimoine et
Traditions, Muriel Lacroix,
tél. : 06 61 94 68 94, courriel :
laguilde2bessan@yahoo.fr
Les Lilas (93)
15 avril 2023
8e Journéalogique des Lilas
« Remonter le temps » avec
4 conférences.
Racines du 93, 35 place Charles
de Gaulle, 93260 Les Lilas,
http://racinesdu93.fr
Chambray-lès-Tours (37)
20 avril 2023
Atelier « les outils numériques :
le site Web et le blog » (au local
et à distance).
Centre généalogique de Touraine,
12 rue de l’Hippodrome,
37170 Chambray-lès-Tours,
https://tourainegenealogie.org
Le Pontet (84)
22-23 avril 2023
Salon de généalogie.
Cercle généalogique de Vaucluse &
terres adjacentes, École Sixte-Isnard,
31 avenue de la Trillade, 84000
Avignon, www.cgvaucluse.org
Cinq cours d’initiation à la
généalogie le mardi à 18 h aux
Archives départementales.
Centre généalogique de Haute-Marne,
Maison des Associations,
Pôle Rostand, 24 rue des Platanes,
BP 70175, 52000 Chaumont,
tél. : 03 25 31 19 73,
www.actes52.fr/52genealogie/
Saint-Brieuc (22)
9 mai 2023
Conférence « Les soldats
bretons de Napoléon » aux
Archives des Côtes-d’Armor.
Centre généalogique des Côtes-
d’Armor, 3 bis rue Bel Orient,
22000 Saint-Brieuc,
tél. : 02 96 62 89 00,
www.genealogie22.bzh
Angers (49)
13-14 mai 2023
Rencontre généalogique
et 50 ans de l’A.Gen.A.
Association généalogique de l’Anjou
(A.Gen.A.), Hôtel de Livois,
Conférence sur « Les archives
d’Alsace ».
CRHF, 5 place Saint-Léger,
68500 Guebwiller, tél. : 03 89 62 12 40,
www.crhf.net/fr/
Montpellier (34)
4 juin 2023
Salon de généalogie
de l’Occitanie.
Union généalogique d’Occitanie
historique, Maison des associations,
Place des Anciens combattants
d’Algérie, 11000 Carcassonne,
www.ugoh.fr
VOS
RENDEZ-VOUS
Un salon, une exposition, une
conférence, une formation…
Adressez vos annonces (avec
vos coordonnées) par courriel :
rfg@martinmedia.fr
ou publiez-les sur notre site
Internet : www.rfgenealogie.
com/agenda

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 23

 méthodes & ressources
grand angle

Un ancêtre esclave aux Antilles,

en Guyane ou à La Réunion
OUTRE-MER. Même si la démarche semble plus complexe, redonner une identité (Anom), à Aix-en-Provence, où se
et reconstruire une généalogie est salutaire d’autant plus quand un ancêtre était retrouve le fonds du Dépôt des Papiers
esclave. Pour atteindre votre objectif, vous aurez recours à des sources d’archives Publics des Colonies (DPPC) créé en
1776 à Versailles. Ce fonds renferme
communes à toute recherche et spécifiques à ce profil. Vous consulterez des bases des duplicatas de l’état civil (troisième
de données nominatives composées avec engagement par des particuliers, des exemplaire après celui de la mairie et
associations ou des institutions. Présentation des références utiles à votre recherche. du greffe), du notariat, des recense-
ments, des greffes, des hypothèques

P 
et peut compenser la perte des docu-
endant longtemps, les descen- ments originaux en outremer suite à
des incendies, des catastrophes natu-
Du Code noir dants d’esclaves ne cherchaient
pas à retracer leur histoire relles, l’humidité... Le notariat et les
à l’abolition familiale, craignant de raviver des recensements ont été microfilmés, et
sont consultables au Caran, à Paris.
souvenirs douloureux ou ignorant
Aux Antilles françaises, à travers Le généalogiste aborde généralement
même que cela était possible. Mais
une soixantaine d’articles, le l’esclavage via un acte de mariage qui
désormais, comme tout Français, ils
Code noir a institutionnalisé se passionnent pour la généalogie, qui renvoie à un acte d’affranchissement.
l’esclavage en 1685, soit environ se démocratise et offre des ressources Ce dernier est un acte officiel d’état civil,
50 ans après le début de la souvent gratuites sur Internet. Les l’équivalent d’un acte de naissance ou
colonisation et la déportation des célébrations du 150e anniversaire de de baptême, qui n’était pas systémati-
premiers Africains. Il s’inspirait l’abolition de l’esclavage, les actions quement établi pour un esclave. Il faut
de précédentes ordonnances d’associations culturelles, les publica- ensuite distinguer l’émancipation géné-
locales. Il n’a été appliqué qu’en tions d’historiens, ont certainement rale de 1848 et les affranchissements
1723 aux Mascareignes (La joué aussi en faveur de cet intérêt. auparavant.
Réunion, Maurice) colonisées Les documents concernant l’escla-
plus tardivement. En 1794, seules vage sont conservés principalement Les registres spéciaux en 1848
la Guyane et la Guadeloupe ont aux Archives départementales ou Lors de l’abolition, vu le nombre très
connu la première abolition de territoriales (AD) ultramarines et important des nouveaux libres, des
l’esclavage, qui est rétabli en aux Archives nationales d’outremer registres spéciaux d’état civil sont
1802 par Bonaparte. Au Congrès
de Vienne en 1815, la traite est
officiellement abolie, mais elle
Les registres spéciaux de 1848
se poursuit illégalement jusque Nombre Nom des Nombre Registres Indexation
Territoire Lacunes
dans les années 1830. À partir d’individus registres de registres en ligne en ligne
de 1832, avec la monarchie
Saint-Pierre +
de Juillet, de nombreuses Registres
Martinique 74 447 107 Fort-de-France AD Anchoukaj
d’individualités
mesures sont prises en faveur en partie
des affranchissements. En 1848, Anom
Registres des 7 des (Marie-
la seconde abolition concerne Guadeloupe 87 087 76 Anchoukaj
nouveaux libres 34 communes Galante) +
cette fois l’ensemble des colonies AD
et 250 000 nouveaux libres. Registres des Aucune
Guyane 12 252 15 Aucun Manioc
Au total, sur 200 ans, environ nouveaux libres (complet)
1,5 million d’Africains ont 31 registres AD (St Denis, St Pierre,
Registres
été déportés par les négriers La Réunion 60 651 spéciaux 37
dont Saint-Paul
AD
St Paul) + Famille
en grande esclave à Bourbon
français. ___ patronymiques
partie (Relevés Nourigat)

24 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I

 POUR APPROFONDIR

Retrouver un ancêtre esclave De l’acte de mariage au registre spécial : un exemple en Martinique

ou engagé (Antilles, Guyane,
Dans cet acte de mariage en 1860 au Lamentin, la mariée
La Réunion), Christian Duic, 2
Marie Claire Carthagel est dite âgée de 37 ans, soit née
Archives & Culture,
en 1822, constaté par acte du 23 mars 1849, qu’il faut
octobre 2021,96 pages, 12 €,
rechercher dans les registres spéciaux d’individualités, et
ISBN : 978-2-35077-395-7 ___
non dans les registres de naissance 1 .
Le site Anchoukaj facilite la recherche avec le numéro
ouverts dans chaque commune, sous d’article 2180 2 .
la responsabilité des maires et de leurs Le registre est conservé aux AD en série E dépôt 14/E33.
délégués. Ils portent des noms dif- Selon les communes et territoires, l’acte d’individualité est
férents selon les territoires (voir le pré-imprimé, en tableau, ou complètement manuscrit 3 . ___
tableau page précédente).
Chaque individu y est identifié par son 1
prénom, son lieu de naissance (terme
générique « Afrique » pour le déporté
ou commune précise pour le natif de la
colonie, dit créole), son âge ou année
de naissance, le nom de ses parents
(10 % dits inconnus pour les déportés,
14 % de couples mariés ou non, 76 %
de mères célibataires), son numéro de
matricule d’esclave (créée en 1839 et
détruite après 1848) et parfois le nom
de l’ancien maître ou de l’habitation 3
(propriété). Enfin, un patronyme lui
est attribué, alors qu’il n’en avait pas
auparavant (voir l’encadré « Les patro-
nymes des affranchis »). Les familles
sont généralement regroupées, sinon
frères et sœurs peuvent ne pas porter
le même patronyme. L’opération dure
deux à trois années, avec quelques
rajouts pour des oubliés jusqu’à 30 ans
plus tard !
Ces registres spéciaux ont été tenus
jusqu’à deux ou trois exemplaires (mai-
rie, greffe, DPPC), mais pas toujours, si
bien que des lacunes sont définitives,
surtout à La Réunion pour 50 % des Les patronymes des affranchis
nouveaux libres. À part la Guyane, Lors de l’abolition de 1794, aucun patronyme n’est attribué aux nouveaux libres, contribuant
ils sont disponibles sur Internet. à créer de très nombreux homonymes. L’ordonnance du 12 juillet 1832 précise que « le
Ils ont été indexés par les archives,
maître, en affranchissant son esclave, pourra lui donner un nom qui sera transmis à ses
des associations ou des particuliers.
Quelques actes d’individualité per- enfants ; à défaut, il y sera pourvu par l’arrêté d’affranchissement ». Peu suivie aux Antilles, cette
mettent d’établir la généalogie d’une ordonnance est rappelée en 1836. Les patronymes doivent provenir du calendrier grégorien
famille sur parfois quatre ou cinq ou de personnages connus de l’histoire ancienne, parfois déjà utilisés pour dénommer les
générations, du feu patriarche né esclaves. Ils s’inspirent aussi du caractère de l’individu, de la faune, de la flore, de métiers et
quelque part en Afrique vers 1750 outils, de régions, villes et noms d’habitants, des jours et mois du calendrier... Ils ne doivent
ou 1760 jusqu’au petit dernier, né à distinguer qu’une seule famille par commune. En 1848, en attribuer des milliers est un
la veille de l’abolition. véritable casse-tête pour les maires et les délégués. L’anagramme est alors fréquemment
utilisée, à partir surtout de patronymes existants (Nitram pour Martin, Lurprate pour Perault...),
Les affranchissements et de prénoms (Cirederf pour Fréderic, Douared pour Édouard). Quelques noms africains sont
avant 1848 adoptés. Contrairement à une idée reçue, les noms dégradants sont plutôt rares. Les affranchis
Les procédures pour les affranchisse- avant 1832 prennent pour patronyme le prénom de leur mère ou de leur père. ___
ments ont évolué avec le temps

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 25

 méthodes & ressources
grand angle
(voir l’organigramme ci-des-
sous), avec quelques variations de
dates et de justificatifs selon les ter-
ritoires. Selon le Code noir, un simple
acte de désistement (de propriété)
devant notaire ou un testament suf-
fit. À partir de 1713, le maître doit
déclarer (ou plutôt demander) l’affran-
chissement dans un registre spécial
(voir l’encadré « Les déclarations d’af-
franchissement »). Après l’agrément
du gouverneur, une patente (ou titre)
de liberté est délivrée à l’affranchi
Les déclarations
d’affranchissement
Dans les déclarations
d’affranchissement, le maître
expose sa motivation (bons
services rendus en général),
et les moyens de subsistance
qu’il accorde, car l’affranchi ne
doit jamais rester à charge de
la colonie, qui craint et combat
le vagabondage. La donation
comprend en général une
parcelle de terre, une somme
d’argent, et/ou quelques
esclaves. Ceux-ci sont parfois
apparentés à l’affranchi, qui peut
les affranchir plus tard à son tour
selon ses possibilités financières.
La majorité des affranchis sont
des femmes, des enfants, des
domestiques ou artisans, des
mulâtres issus de pères blancs.
Un déporté africain à la pioche
(cultivateur) est plus rare. ___
26 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
avec transcription dans les registres
du greffe et, à partir de 1794 à La
Réunion, dans les tout nouveaux
registres de l’état civil. De 1766 à
1831, une importante taxe est due
par le maître, parfois 500 ou 1500
livres pour un affranchi, si bien qu’il
est difficile d’émanciper toute une
famille sans user de stratégies. Avec la
monarchie de Juillet, des publications
sont obligatoires dans le Bulletin offi-
ciel de la colonie pour la déclaration
du maître sur trois numéros consécu-
Principales formalités
d’affranchissement avant 1848
Acte de désistement Déclaration (demande)
Testament d’affranchissement
Origine – 1848 1716-1848
Approbation
du gouverneur
Patente dans
les registres du greffe
1713-1831
La Réunion
uniquement
Approbation du
gouverneur
Transcription
dans l’état civil
1794-1848
tifs, puis pour l’arrêté du gouverneur
en son Conseil privé. Cet arrêté est
ensuite retranscrit dans les registres
de l’état civil du domicile, parmi les
actes de naissance des libres, avec
tables annuelles et décennales tenues
différemment selon les colonies. La
procédure dure a minima six mois,
pour permettre d’éventuelles contes-
tations.
Grâce à toutes ces étapes, les lacunes
d’une collection peuvent être com-
pensées facilement entre 1830 et
1848 (voir le tableau ci-contre sur
« Les documents sur les affranchisse-
ments avant 1848 »). Les documents
sont conservés surtout aux AD dans
les différentes séries E (état civil,
notaires), K (documents officiels), B,
L et U (justice), et parfois aux Anom
dans les fonds du DPPC et de la série
Géographique (SG). Seuls quelques-
uns sont en ligne et ont été indexés,
notamment sur le site Nos ancêtres
esclaves guadeloupéens qui a rappro-
ché les données du Conseil privé, des
Publication de déclaration publications officielles et de l’état civil !
au bulletin officiel X 3
1832-1848
Pour la période avant 1830, le cher-
cheur doit souvent se contenter des
actes notariés. Cependant, La Réunion
dispose d’une collection presque com-
plète de registres d’affranchissements
Rapport du procureur
depuis 1730 dans plusieurs séries (C°,
au Conseil privé
1832-1848 B, L, M, W).
L’état civil des esclaves
Publication de l’arrêté
au bulletin officiel
L’esclave n’ayant qu’un seul nom (ou
1832-1848 prénom), les nombreux homonymes
étaient distingués avec le nom du
maître, qui était systématiquement
mentionné dans tous les actes. Un
homonyme sur une même habitation
était distingué avec un surnom, tel que
Pompée gros et Pompée petit. Pour
les affranchissements avant 1848,
le maître est normalement connu.
Pour l’abolition de 1848, il est men-
tionné dans les registres spéciaux en
Guadeloupe et en Guyane, parfois
à La Réunion, mais pas du tout en
Martinique. Deux pistes sont possibles
pour contourner le problème :
• rechercher dans les actes d’état civil
peu après 1848 le domicile, qui cor-
respond souvent à celui de l’ancien
maître, car le nouveau libre ne le quitte
pas immédiatement ;
Les documents sur les affranchissements pas dans les registres de catholicité.
Même avec la création de l’état civil
point d’interrogation. Pour les affran-
chis avant 1832, le prénom est plutôt
avant 1848 (hors notaires et état civil) en 1792, les naissances ne sont pas utilisé comme patronyme.
Où trouver Document Indexation toutes déclarées. La législation est plus
Document
les originaux en ligne en ligne contraignante à partir des années 1830.
Au-delà de l’état civil
4 registres pour
Mais le maître préfère parfois envoyer
Déclaration Martinique, un billet écrit au maire, que se déplacer L’état civil étant lacunaire ou imprécis,
AD (série E ou il est nécessaire à un moment d’utiliser
d’affranchis- 1 pour Guade- Non à la mairie ou d’y envoyer son régisseur.
E-DEPOT)
sement loupe, 2 pour La Il ne se presse pas, déclarant parfois d’autres sources, qui permettent aussi
Réunion le même jour plusieurs naissances des d’en savoir plus sur son ancêtre. Les
Nos ancêtres semaines après. L’enfant suit toujours la esclaves étant considérés comme biens
esclaves condition de sa mère, si l’un des parents mobiliers, au même titre que du bétail,
Partiellement sur
Publications AD (série K), guadeloupéens. ils se transmettent généralement au
Gallica, Google est libre et l’autre esclave. Il appartient
officielles Anom, BnF Famille esclave
Livres, AD... toujours au maître de la mère, si le sein des familles, et apparaissent
à Bourbon (Rele-
vés Nourigat) maître du père est différent. Mais bien nominativement dans les inventaires
Nos ancêtres souvent, la mère est célibataire et le après décès, les contrats de mariage,
Registres du AD (série K), Anom pour père ne peut reconnaitre son enfant les legs. Il faut donc s’intéresser aux
esclaves guade-
conseil privé Anom (SG) Guadeloupe
loupéens qu’une fois affranchi. Les mariages mariages et décès des propriétaires,
AD (séries B, L, sont rares, et les noms des parents n’y et donc à leur généalogie. Les esclaves
Patente de U, W) sont généralement pas mentionnés. sont achetés soit à des négriers, en
Non Non
liberté Anom (fonds Aux Antilles et en Guyane, l’état civil théorie avant 1815 seulement, soit
DPPC) des esclaves semble toujours avoir été à des particuliers bien souvent sous
tenu dans des registres séparés des seing privé. Ils sont aussi inclus dans
Blancs. Il a subi de lourdes pertes, et les ventes d’une habitation, dont ils
est conservé surtout à partir d’une représentent souvent plus de 50 %
Les registres de catholicité ordonnance de 1833, imposant des de la transaction. Les recherches sont
et d’état civil des esclaves doubles exemplaires (commune, classiques dans les minutes notariales,
greffe), aujourd’hui aux AD ultra- l’enregistrement, et parfois les procé-
Plus ancien Registres marines. En revanche, à La Réunion, dures judiciaires pour adjudications.
Territoire Indexation en ligne
acte d’esclave en ligne esclaves et Blancs étaient réunis dans Des annonces sont aussi publiées dans
les mêmes registres sous la Compagnie les journaux locaux, avec quelquefois
Symbole de l’amitié
des Indes jusqu’en 1770, parfois même une liste d’esclaves. Toutes ces listes
(Carbet uniquement)
Martinique 1747 AD jusqu’en 1794 selon les paroisses, et peuvent mentionner les âges, les ori-
Nos ancêtres esclaves
martiniquais (en cours) en trois exemplaires (commune, greffe, gines ethniques, les professions, l’état
Nos ancêtres esclaves DPPC), dont un aujourd’hui aux Anom. de santé, et le prix. Les relations fami-
Guadeloupe 1715 AD Curieusement, la Révolution impose liales y sont souvent explicites, car les
guadeloupéens
des registres séparés pour les esclaves, enfants impubères ne peuvent pas être
Manioc (1 fichier PDF vendus séparément de leurs parents.
Guyane 1834 Non (AD) tenus d’abord en un seul exemplaire.
par commune)
Pour tous les territoires, les mises en Les recensements présentent aussi
iledelareunion-archive ligne entre AD et Anom se complètent des listes nominatives. Ils sont tenus
(plus de 120 000 actes
La Réunion 1689 AD & Anom plutôt bien, à part quelques années annuellement dès le début de la colo-
relevés, mais non
terminé) perdues définitivement ou oubliées à nisation dans un but fiscal, par tête
la numérisation. d’esclave, sous forme de registres par
Différentes initiatives ont permis commune et de feuilles par propriété.
d’indexer les registres des AD, voire Au fil des ans, les informations sont
• rechercher entre 1839 et 1848 des Anom (voir le tableau ci-contre de plus en plus précises, jusqu’à men-
les naissances, qui mentionnent le sur « Les registres de catholicité et tionner la taille, la nature des cheveux
numéro de matricule d’esclave, à rap- d’état civil des esclaves »). Au niveau (crépus, plats, bouclés), et même des
procher des registres spéciaux, ainsi national, les sites Filae (relevés com- tatouages. À La Réunion, les AD pos-
que le nom du maître. plets) et Geneanet (relevés contributifs) sèdent une très belle collection dans
Si un grand nombre d’esclaves est indexent uniquement les registres des plusieurs séries (C°, C, L, M), quelques
resté célibataire et sans descendance, Anom, donc à part La Réunion, n’y registres du XVIIIe siècle étant en ligne.
en raison notamment du manque de apparaissent que les libres de couleur. Sur le site Famille esclave à Bourbon,
femmes, la reconstitution des familles Le patronyme étant obligatoire dans l’historien Gilles Gérard a relevé tous
est souvent délicate. Malgré les recom- les bases de données, Filae a indexé les noms d’esclaves par commune dans
mandations du Code noir, les esclaves, les esclaves avec NON DENOMME, et les feuilles à la veille de 1848, et a tenté
surtout les déportés, ne sont pas tous iledelareunion-archive avec ESCLAVE, un rapprochement avec les patronymes
christianisés, donc n’apparaissent tandis que Geneanet recommande le dans les registres spéciaux.

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 27

 méthodes & ressources
grand angle
Pour les autres territoires, il
faut plutôt consulter les fonds privés
aux AD (série J) aussi bien ultrama-
rines que métropolitaines en raison
des déplacements des descendants
des maîtres, aux Anom (série APOM),
voir au Caran (série AP). Des registres
des Anom sont en ligne sur le site de
FamilySearch.
Mais comme pour tout ancêtre, rien
de tel qu’une affaire judiciaire pour
en savoir plus. Or, des esclaves s’en-
fuyaient des habitations, pour vivre
libres en « marronnage » dans les mon-
tagnes et endroits inaccessibles. Ils
étaient plusieurs centaines par an, mal-
gré les risques de fouet, de mutilations
et de peine de mort en cas de récidives
et de captures par des chasseurs de
tête. Le maître devait d’abord décla-
rer l’absence de son esclave dans des
cahiers spéciaux, qui étaient transcris
dans les journaux, avec le signalement
le plus précis possible. Les documents
administratifs et judiciaires peuvent
être nombreux aux AD (principale-
ment séries M et U), et permettent
d’entendre la parole du fugitif et ses
motivations. Un esclave marron est
toujours mentionné dans les recense-
ments et autres listes de notaires, car
il est toujours censé appartenir à son
maître, même après 20 ans d’absence.
À ce jour, seul un relevé de marrons a
été effectué, pour la Guyane, à partir
de la Feuille guyanaise, et des cahiers
de déclaration. Il est disponible sur
le site Manioc. Des procès ont aussi
été intentés contre des maîtres et des
régisseurs pour maltraitance, parfois
très médiatisés à la veille de l’abo-
lition de 1848. Un esclave étant un
investissement important, il était
toutefois préférable de le maintenir
en bonne santé.
Remonter à l’Afrique
L’arrivée dans la colonie peut être
estimée à partir du baptême d’adulte,
l’apparition sur les recensements
annuels, les comptes des proprié-
tés... Le nom du navire négrier est
en revanche difficile à connaître, car
les esclaves, ou plutôt captifs, y sont
embarqués anonymement. C’est uni-
quement pendant la traite illégale
dite interlope (1815-1831), que des
28 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
listes nominatives sont établies pour toires à l’étranger, visibles sur Internet.
les navires arraisonnés. Les déportés Ils donnent deux résultats principaux.
ne sont ni rapatriés, ni réellement D’abord une liste de cousins, très
libres, car ils sont engagés de force fiable, mais dont l’importance dépend
pendant sept ans dans l’atelier colo- du nombre de clients de la société.
nial ou nègrerie du roi, avec d’autres Les arbres généalogiques n’étant pas
esclaves, sans réelle distinction. Les tous établis et publiés, et les pour-
listes se retrouvent aux Anom (série centages d’ADN partagé n’étant pas
géographique) et aux AD (séries C, souvent élevés, retrouver un ancêtre
M, U...). commun n’est pas évident. Le second
La région d’origine peut être déter- résultat est une carte de répartition
minée à partir du nom ou surnom ethnique, dont la fiabilité dépend du
africain, quelques fois conservé. À ce nombre de panels de référence sur
titre, le site Symbole de l’Amitié dispose l’Afrique, dont le record est actuelle-
d’une base de Béninois déportés depuis ment détenu par la société britannique
le XVIIe siècle, selon les traditions Living DNA. Une origine européenne
orales, pour tenter un rapprochement peut aussi être découverte en raison de
avec des noms antillais. L’ethnie est lointains métissages. Toutefois, avec
parfois aussi explicitement donnée à la recombinaison aléatoire, qui fait
travers la nation (ou caste à La Réu- perdre à chaque génération 50 % des
nion) dans les inventaires après décès, chromosomes du père et de la mère,
les recensements, les déclarations de une région peut être sous ou surrepré-
marronnage... Toutefois, les territoires sentée. Bref, les résultats peuvent être
correspondants sont parfois très éten- très sensiblement différents selon les
dus sur plusieurs pays actuels. sociétés et les membres d’une fratrie.
Bien qu’interdits en France, les tests Ils doivent conduire le chercheur à
ADN autosomes offrent de nouvelles beaucoup de prudence. ___
possibilités via des sociétés-labora- Christian Duic
CLIQUEZ SUR
Services d’archives
• Anom : www.archivesnationales.culture.gouv.fr/anom/fr
• AD de la Martinique : www.patrimoines-martinique.org
• AD de Guadeloupe : www.archivesguadeloupe.fr
• AD de La Réunion : www.departement974.fr/sites-culturels/index.
php/Archives/présentation-archives/documents-en-ligne.html
• AD de Guyane : http://archives.ctguyane.fr (inventaires uniquement) 
Sites et bases de données
• Anchoukaj : www.anchoukaj.org
• Nos ancêtres esclaves guadeloupéens :
https://nos-ancetres-esclaves-guadeloupeens.webnode.fr
• Nos ancêtres esclaves martiniquais :
https://nosancetresesclavesmartiniquais.webnode.fr
• Manioc : www.manioc.org
• Symbole de l’amitié : https://symbole-amitie.com
• Famille esclave à Bourbon :
https://familleesclave.pagesperso-orange.fr
• Ile de La Réunion Archives : http://iledelareunion-archive.com
• FamilySearch (recensements des colonies françaises) :
www.familysearch.org/search/catalog/505671
• Filae : www.filae.com
• Geneanet : www.geneanet.org ___
 Le mariage
du XVI au XIX siècle e e

• Quatre siècles d’Histoire autour

d’un thème majeur en généalogie.

• Des méthodes et ressources

supplémentaires pour avancer
dans vos recherches généalogiques.

• Tous les rites et croyances à l’époque

de vos ancêtres.

Profitez de 20% de réduction

pour l’achat du pack
Naissance-Mariage-Mort
les trois thèmes qui guident
le généalogiste !
✂
✂
BON DE COMMANDE à55800
renvoyer à : La Revue française de Généalogie – CDE – 10 avenue Victor-Hugo, CS 60051
Revigny-sur-Ornain – Tél. 03 29 70 56 33 – Fax 03 29 70 57 44 – www.rfgenealogie.com
À découper ou photocopier Code ARFG0107

Nom ..........................................................................................................................................
Prénom ..................................................................................................................................
Adresse ..................................................................................................................................
........................................................................................................................................................
❏ Je désire recevoir . . . . . . . . . . . . . . . . exemplaire(s) du hors-série
Le mariage au prix unitaire de 8,90 €
❏ Je désire recevoir . . . . . . . . . . . . . . . . exemplaire(s) du pack 3 hors-séries
Naissance-Mariage-Mort au prix unitaire de 19,90 € au lieu de 25,80 €
+ 2,99 €* de participation aux frais d’envoi, soit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . €

Code postal MODE DE RÈGLEMENT

Ville ...........................................................................................................................................
❏ par chèque ci-joint, à l’ordre de La Revue française de Généalogie
❏ par carte bancaire n°
E-mail .....................................................................................................................................
Date d’expiration Signature :
(uniquement pour CB)
J’accepte de recevoir par e-mail : CVC
• les informations et offres de La Revue française de Généalogie : ❏ oui ❏ non (trois chiffres au verso de votre carte)

• les offres des partenaires de La Revue française de Généalogie : ❏ oui ❏ non * Tarif France métropolitaine. Autres destinations, consultez www.rfgenealogie.com/la-boutique
 méthodes & ressources
les cas pratiques de Jean-Louis Beaucarnot
La tribu de Joseph
TRISAÏEUL. La présente énigme s’intéresse à l’oncle Joseph ou plutôt à son
sosa n° 16, avec de maigres indices : une date, un prénom, une descendance
succincte… Une nouvelle fois, il va falloir jouer avec le formulaire de recherche
des bases de données et vérifier dans les archives en ligne pour remonter
la généalogie avec perspicacité.
U 
ne vieille parente, interrogée
peu de temps avant son décès,
a donné quelques informa-
tions dans une lettre, dont celle-ci :
« Nous avions un oncle Joseph, décédé
assez jeune dans les années 1950, qui
vivait en région toulousaine, avec ses
enfants : au moins deux, une fille et un
fils, Lucienne et Édouard Joseph, nés lui
vers 1934/35 et elle vers 1940/42. Sa
femme, Simone, y est décédée en 1995,
mais était native de la région de Nantes ».
Elle ajoute être sûre de la date 1995,
qui a été l’année de son opération
au genou, qui l’avait empêchée de se
rendre aux obsèques… Le présent cas
pratique consiste à remonter la lignée
des ancêtres patrilinéaires de cet oncle,
jusqu’à son trisaïeul (son sosa n° 16,
né en 1786), dont vous devez trouver
les nom et prénom du parrain.
Difficile de démarrer une recherche,
à partir de ces seules lignes bien
floues, posant d’emblée la question
de savoir si Joseph était le prénom
de l’oncle en question ou son nom
de famille, comme l’identité donnée
au fils le fait envisager. Difficile de
travailler, à partir des deux années
précises connues : tant avec celle de
1995, pour le décès d’une Simone, en
région toulousaine, peut-être épouse
(ou veuve ou divorcée) d’un homme
nommé ou prénommé Joseph, que
celle de 1786, année de naissance d’un
homme, peut-être nommé JOSEPH,
en un lieu totalement inconnu.
Toutes les recherches tentées, à partir
de ces données, restent vaines, tant sur
Geneanet, et dans sa bibliothèque, que
sur Filae ou encore directement sur Goo-
gle. Que ce soit pour trouver un porteur
du patronyme JOSEPH époux d’une
Simone (ou Simonne), pour trouver
30 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
1
une Lucienne ou un Édouard JOSEPH, situations (vous pouvez ainsi déci-
fils d’une Simone (1) ou pour trouver le der d’exclure les résultats provenant
décès ou l’avis de faire-part d’un nommé d’une base personnelle, par exemple
JOSEPH, à Toulouse, porteur d’un des votre propre arbre en ligne ou celui
prénoms de Lucienne, d’Édouard ou de d’un autre chercheur) ou d’une base
Simone (ou Simonne), pour laquelle générale (ainsi celle des fichiers de
nous disposons d’une année précise. décès de l’Insee) ;
• soit de limiter les résultats à un iden-
tifiant, en l’occurrence donc, à celui
Recherche restreinte aux des fichiers de décès de l’Insee, qui
fichiers de décès de l’Insee est colgnecminsee 1 .
En fait, la seule façon de dépasser ce cap Via le moteur de recherche de Geneanet,
difficile est de mener une recherche dans on recherche les décès de personnes
les fichiers des décès de l’Insee (2). Avec prénommées Simone (en choisissant
ici la grande difficulté de ne pas avoir bien sûr de travailler avec variantes, pour
de nom de famille, ce qui empêche de obtenir les Simonne) 2 , décédées dans
travailler sur Filae, dont le formulaire le département de la Haute-Garonne
de recherche exige d’entrer au moins en 1995 (en sélectionnant évènement :
deux caractères (3) dans la case Nom de décès entre 1995 et 1995) 3 .
naissance. Dans notre situation, on ne Cette requête apportant 96 résultats,
peut donc interroger les fichiers des on peut décider de limiter la recherche
décès que via Geneanet, dont une des à la région toulousaine, évoquée par la
grandes forces, souvent signalée, du for- vieille dame dans sa lettre, en élargis-
mulaire de recherche, est de permettre sant aux lieux voisins, avec d’abord un
de travailler sans nom de famille (4). Le rayon de 15 km autour de Toulouse 4 ,
travail sera ici facilité, en mode Premium, quitte à passer ce rayon à 30 km en cas
par l’utilisation du filtre Limitation par d’insuccès. Cette formule ramène le
identifiant, filtre peu utilisé, permettant : nombre des résultats à 72 5 , que l’on
• soit d’exclure un identifiant, ce devra alors étudier un par un, dans
qui peut être utile dans certaines l’espoir de trouver une ou plusieurs
personnes nées à Nantes ou dans la
Loire-Atlantique.
(1) En entrant pour cela le prénom de la mère, sur Geneanet ou Filae. On peut aussi éventuellement procéder
(2) Réunissant les décès enregistrés en France, depuis 1970/71, de personnes différemment, en ne donnant pas la
nées en principe après 1890/91 : voir leur description détaillée dans notre n° 248 priorité aux patronymes typiquement
(page 30).
(3) Une formule à connaître consistera à utiliser des caractères jokers. Ainsi, entrer de la région ou d’aspect peu breton
la séquence ?*CA*, permettra, en saisissant éventuellement d’autres données (ainsi SUBRA, LAFFITTE…) ou en
dans les autres champs, d’obtenir aussi bien des résultats au nom de DELACA-
VALLERIE qu’aux noms de LACAVALLERIE et CAVALLERIE.
regardant au contraire d’abord ceux
(4) Le formulaire permet de travailler sans entrer de nom de famille pour l’indivi- dont les patronymes fleurent mani-
du principal, comme il permet aussi de n’entrer qu’un prénom (avec ici l’ouver- festement bon la Bretagne (comme
ture d’intéressantes possibilités de travail, déjà signalées dans notre numéro 149,
page 35, sur la fréquence des prénoms au fil des temps) ou de n’entrer ni nom, L’HOSTIS). Mais on éliminera sur-
ni prénom, pour ne saisir qu’un nom de lieu, nom de département ou de com- tout les personnes nées après 1920,
mune, avec ici d’autres possibilités mal connues d’interrogations. Ainsi, entrer qui n’ont pu avoir un enfant né en
un nom de commune et un nombre minimal d’individus, permettra notamment
d’identifier les patronymes les plus fréquents de la commune, quitte à limiter la 1934/35, soit 42 résultats. Ils nous
recherche, en ajoutant sur une fourchette chronologique. livrent in fine deux « candidates » :
 canton, avec au total six cantons, on
doit passer par le répertoire annuel,
dans lequel les identités sont données
par ordre abécédaire puis par cantons,
avec ainsi, à partir de la vue 20/151, les
nouveau-nés dont le nom comme par la
lettre G, énumérés du 1er au 6e canton,
2 avec la personne recherchée, répertoriée
en vue 23, avec l’acte n° 448, dans le
registre du 4e canton, registre dans
lequel on le trouve en vue 77/160.
Cet acte nous donne sa filiation (fille
de mère célibataire, avec mention mar-
ginale de légitimation par mariage) et
comporte surtout, en biais et difficile à
lire, une mention de mariage : « mariée
4
à Alger, le 6 octobre 1939, avec Jean Henri
CORBERAND ». Sauf à ce que d’autres
3
3 mentions (mentions d’autre mariage ou
de divorce) n’aient pas été reportées,
cette première candidate semble devoir
être éliminée, pour plusieurs raisons :
• son mari ne se nomme ni ne se pré-
nomme Joseph (sauf, bien sûr, à être
5 prénommé ainsi dans la vie courante)
et l’interrogation des fichiers de l’Insee
ne livre qu’un Jean Henri CORBE-
RAND, décédé à Toulouse, en 1976,
et donc pas dans les années 50 ;
• elle s’est par ailleurs mariée en 1939,
alors que la nôtre a eu un fils en 1934
ou 35 (qui pourrait toutefois être né
avant son mariage) ;
• le couple figure dans huit arbres en
ligne de Geneanet (dont un disant le
mari Saint-Cyrien), aucun ne donnant
d’enfants ressemblant à ceux connus.
On recherche alors le second acte de
naissance, dans l’état civil numérisé de
Frossay, où on le trouve sans peine en
6
vue 7/13, mais sans aucune mention
marginale. L’acte dit cette Simone fille
de Joseph Constant Gustave BRIAND,
45 ans, chef éclusier, et de Désirée
Ernestine BIRAUD, 40 ans. Serait-elle
• Simone Marie Marcelle GAUTHIER, de ces deux Simone sont accessibles en celle recherchée ? Non seulement on n’a
née le 21 juin 1912, à Nantes et décé- ligne (5), sur le site des Archives dépar- plus d’autre candidate, mais par ailleurs
dée le 3 décembre 1995, à Toulouse ; tementales de la Loire-Atlantique, site l’absence de toute mention, alors qu’on
• Simone Louise Marcelle Rose sur lequel les actes de naissance sont devrait avoir au moins celle du décès
BRIAND, née le 14 juillet 1909, à Fros- disponibles jusqu’en 1922. – puisque les mentions marginales de
say (44) et décédée le 5 juin 1995, à Pour le premier acte, à Nantes, on est décès ont été instaurées en 1945 – peut
Castenet-Tolosan (31). immédiatement renvoyé sur le site des laisser supposer un ou plusieurs oublis.
Archives municipales de Nantes, qui Passant alors sur Geneanet, on
L’acte de naissance de Simone annonce proposer des actes de nais- trouve le couple des parents sur un
Ignorant au cours de quel mois de sances jusqu’en 1920. Mais les registres arbre en ligne, celui d’Edwige Huré
l’année 1995 notre vieille informatrice de la ville de Nantes étant tenus par (Edwige1406), le disant marié à Rezé
avait reçu sa prothèse de genou, on (5) Sachant qu’on ne saurait espérer les trouver sur Filae, qui a limité ses indexa- en 1896 et lui donnant six enfants 6 ,
regarde alors si les actes de naissance tions, pour les actes de naissance, à l’année 1900. dont un Édouard et une

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 31

 méthodes & ressources
les cas pratiques de Jean-Louis Beaucarnot

Lucienne, tous deux nés à Fros-

que Simone se serait mariée deux fois, concluants, avec deux soldats, mort en
say et décédés à Toulouse, qui pourraient
ou est-ce à dire que son mari aurait 1914 et 1920. En revanche, sur Filae,
avoir été les parrain et marraine des
été un M. LÉON, prénommé Joseph ? on obtient un résultat supplémentaire,
deux enfants connus, justement pré- Ou aurions-nous affaire à un Léon avec un enfant recensé en 1911 à Ville-
nommés ainsi. JOSEPH, comme pourrait le laisser franche-de-Lauragais (en vue 6/43),
supposer le texte de départ, citant mais dont les données le concernant
Le couple reconstitué « Lucienne et Édouard Joseph » ? La sont volontairement cachées, parce que
Cet arbre donne enfin et surtout à recherche sur un Léon JOSEPH (après trop récentes 7 , l’enfant en question
Simone un mari ayant pour patronyme 1885 et en Haute-Garonne) donne sur devant être né après 1900.
LÉON et non JOSEPH… Est-ce à dire Geneanet moins de 20 résultats, non On doit donc consulter le docu-
ment original, en ligne sur le site
des Archives départementales de la
Haute-Garonne, où on le voit bel et bien
nommé Léon JOSEPH, fils d’un couple
Léon JOSEPH/Marie BARRAU et né
en 1903 dans cette même commune
de Villefranche-de-Lauragais, dont
on trouve sur le même site l’état civil
numérisé jusqu’en 1912. On y consulte
donc cet acte, dans le fichier numérisé
1903/1907, que la table annuelle des
7 naissances (en vue 43/223) nous dit en
date du (?) octobre. Trouvé en vue 33, il
comporte deux mentions marginales 8 ,
l’une disant ce Léon JOSEPH décédé à
Toulouse le 26 mai 1955 – date corres-
pondant bien aux données de départ
« décédé dans les années 50 » – et une
autre le disant marié à Gardouch (31)
le 2 avril 1927 avec… Simone Louise
Marcelle Rose BRIAND !
Le fameux oncle Joseph est donc
identifié. Il ne reste qu’à remonter sa
généalogie jusqu’à son sosa n° 16, soit
son arrière-arrière-grand-père, porteur
en principe du patronyme JOSEPH (6)
et donc né en 1786, dont il nous faut
trouver le parrain.

Une remontée généalogique

On travaille d’abord sur le père de Léon
(sosa n° 2), prénommé Léon lui aussi,
cultivateur à Villefranche-de-Lauragais,
marié avec Marie BARR(E)AU, dont on
trouve, en menant une « recherche par
individu », l’acte de mariage, célébré au
même lieu le 27/10/1896, référencé
sur Geneanet, alors qu’il est absent de
Filae, où l’on ne trouve curieusement
pour cette commune que des actes de
naissance. De ce fait, on doit donc
8 (6)  Rappel : la numérotation dite « Sosa » ou plus précisément « Sosa-Stradonitz »
veut que la personne dont on étudie la généalogie reçoive le n° 1, son père le
n° 2, sa mère le n° 3, son grand-père paternel le n° 4, sa grand-mère paternelle le
n° 5, son grand-père maternel le n° 6, sa grand-mère maternelle le n° 7, le père
de son grand-père paternel le n° 8, etc. Le nunémo d’un père est ainsi toujours
le double de celui de son fils ou de sa fille ; celui d’une mère, le double + 1 ;
celui d’une épouse est celui du mari + 1 et les numéros des ancêtres porteurs du
patronyme sont des puissances de 2.

32 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I

 9

mener les recherches sur l’état civil Généalogie agnatique Né de père

en ligne sur le site des AD31, avec cet
de Léon Joseph et de mère inconnus
acte de mariage JOSEPH/BARREAU,
en 1896 (vue 157/205), disant ce sosa À ce stade, la recherche ne pourra
n°2 né à Vallègue (31) en 1872, fils de Joseph (B.) (sosa n° 16) être menée que de façon classique, et
Pierre JOSEPH, tourneur de chaises (7) ° 18-10-1786 Toulouse (31) donc à tâtons à travers les archives, en
x 1-04-1818 Juzes (31) Jeanne SIVIAL travaillant sur celles des paroisses de
– qui est donc le sosa n° 4 – et de Marie
RAMADE. Toulouse, consultables non pas sur le
On ne trouve aucun couple JOSEPH/ site des Archives départementales de
Pierre JOSEPH (sosa n° 8) la Haute-Garonne mais sur celui des
RAMADE sur Geneanet ni Filae, mais ° 1821 Juzes (31)
le mariage recherché sera là encore x 1844 Juzes (31) Jeanne THENERA Archives municipales, sachant que l’on
trouvé, de façon classique, dans découvrira que la ville rose comptait
les tables décennales de la com- autrefois neuf paroisses catholiques,
Pierre JOSEPH (sosa n° 4) plus des hospices religieux et des
mune de naissance du fils (Vallègue, ° 1847 Juzes (31)
14/11/1871 ; vue 92/113) : Pierre x Marie RAMADE
paroisses extérieures.
JOSEPH, né à Juzes (31) en 1847, est Une nouvelle fois, on doit remonter
dit fils d’un autre Pierre JOSEPH (sosa les manches pour dépouiller, en pre-
Léon JOSEPH (sosa n° 2) nant les paroisses les unes après les
n° 8) et de Jeanne THOMÉRA (en fait ° 14-11-1871 Vallègue (31)
THENERA, sur l’acte de naissance de autres, les actes de baptêmes d’octobre
x 27-10-1896 Villefranche-de- 1786. On finit par trouver notre acte
son fils, consulté via Filae). Lauragais (31) Marie BARR(E)AU
Sur Filae, on trouve le mariage dans les registres de Saint-Nicolas,
JOSEPH/TENERA, avec lui prénommé dans celui de ses treize registres « bap-
Léon JOSEPH (sosa n° 1) têmes, mariages » couvrant la période
en effet Pierre, mais elle prénommée ° 11-10-1903
Marie (sic), unis en 1844 à Juzes. 1783/1788, en vue 142. Le troisième
Villefranche-de-Lauragais (31) acte, en haut de la page de droite est
Lui, né dans cette même commune x 2-04-1927 Gardouch (31)
en 1821, y est dit « fils de Joseph (B) Simone Louise Marcelle Rose BRIAND l’acte recherché 9  : « Joseph, fils de père
et de SIVIAL Jeanne », avec donc, pour † 26-05-1955 Toulouse (31) et mère inconnus, né au rapport de la veuve
le sosa n°16, une curieuse identité, Cazeneuve, sage-femme, le 18 octobre
retrouvée également dans l’acte de 1786, a été baptisé le 20 dudit ». Cet
naissance du sosa n° 8, sur Filae. acte, qui n’explique pas le futur ajout
Couple JOSEPH (B.) / Jeanne SIVIAL Toulouse le 18 octobre…. 1786 (comme du « B. », nomme bien sûr les parrain
retrouvé sur Geneanet et Filae (avec ici attendu) et « fils naturel », sans indi- et marraine de notre sosa n° 16 « qui
nom de la mère transcrit SIBIAL (8)). cation de filiation ni autre précision, n’ont su signer, de ce requis », le premier
Marié à Juzes, le 1er avril 1818. Acte ce qui laisse supposer qu’il s’agit d’un se prénommant logiquement… Joseph
(en vue 87/99) disant l’époux né à enfant trouvé. et se nommant CAZAUX. La réponse
à fournir était donc Joseph CAZAUX.
Avec mes remerciements à Lucienne et
Pascal, qui m’ont soumis les données de
Bravo cette énigme, que j’ai passé un week-end
Félicitations à tous ceux qui ont tenté de résoudre cette énigme exposée à résoudre. Sans oublier Edwige Huré,
sur notre site Internet en février et bravo à ceux qui ont brillamment réussi à qui a beaucoup travaillé sur les familles
relever en défi en trouvant la réponse exacte : Viviane Aubourg, Véronique de Frossay, pour sa complicité. ___
Auvinet, Michèle Berre, Sylviane Berthier, Richard Bocci, Candice Bourada,
(7) Le « tourneur de chaises », aussi appelé « tourneur en chaises », était le fabri-
Renaud Bourdin-Grimaud, Sylvie Daydé, Corinne Decabane, Sandrine Faure- cant de chaises en bois, dont les pieds et barreaux étaient façonnés sur un tour. 
Mayol, Claude Gérard, Alain Le Goff, Marie-Christine Leclère, Céline Lecomte, (8)  Non à cause d’une mauvaise lecture, mais du fait que dans le sud-ouest, les
lettres B et V étaient autrefois couramment employées l’une pour l’autre, comme
Annie Metivier, Pierre Millard, Philippe Morel, Robert Naulin, Claude Chantal avec SUPERVIELLE (pour « super ville », désignant le lieu « au-dessus de la ville »),
Pietre-Sauviat, Roland Rateau, Mathieu Santerne, Émilie Sarraute. ___ souvent rencontré sous la forme SUPERBIELLE, ou comme avec les patronymes
BERGÈS et VERGÈS.

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 33

 méthodes & ressources
bon à savoir
Les cartes anciennes
et sites incontournables
ORIENTATION. La généalogie constitue une merveilleuse opportunité
de voyager dans le temps et dans l’espace. Mais encore faut-il se repérer sur
les terres de nos aïeux et savoir localiser les différents villages et hameaux
mentionnés dans les registres. Voici quelques cartes anciennes et sites
incontournables pour vous aider.
Pour se repérer
La carte de Cassini
Cette carte du XVIIIe siècle est la
première carte topographique et
géométrique du royaume de France.
Réalisée entre 1756 et 1787 par la
dynastie de cartographes Cassini, elle
est composée de 180 feuilles acco-
lées et aquarellées. Elle présente un
niveau de détail renversant puisqu’elle
répondait à ces objectifs : « mesurer
les distances par triangulation et assu-
rer ainsi le positionnement exact des
lieux » ; « mesurer le Royaume, c’est-à-
34 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
Carte de
Cassini.
Extrait de la
feuille 144
(Rodez)
répertoriant
les nombreux
villages et
hameaux du
secteur. © Gallica
dire déterminer le nombre innombrable
de bourgs, villes et villages semés dans
toute son étendue » ; « représenter ce qui
est immuable dans le paysage ».
Objectifs atteints ! Il suffit de consulter
cette carte et de la comparer à un plan
contemporain pour s’en convaincre.
Villes, villages, hameaux, églises, mou-
lins, routes, cours d’eau, bois et collines
y sont minutieusement répertoriés et
localisés, à l’échelle 1/86 400.
Elle peut être consultée sur de nom-
breux sites dont Géoportail et Gallica :
• Géoportail si vous souhaitez basculer
aisément de la carte de Cassini vers
d’autres cartes plus récentes. Néan-
moins, la résolution de numérisation
n’est pas exceptionnelle et certains
noms de hameaux sont pixellisés voire
difficiles à lire. www.geoportail.
gouv.fr/donnees/carte-de-cassini
• Gallica si vous souhaitez consulter la
carte avec une résolution optimale et
la télécharger en haute définition (cf.
encadré Télécharger une carte en HD
dans Gallica) : https://gallica.bnf.
fr/html/und/cartes/france-en-
cartes/la-carte-de-cassini
À savoir : la carte de Cassini couvre
l’ensemble du territoire français de
l’époque, ce qui explique l’absence de
la Corse, du comté de Nice et de la
Savoie, et à l’inverse, la présence de
quelques villes belges, luxembour-
geoises et allemandes.
L’Atlas de Trudaine
Méconnu des généalogistes, L’Atlas de
Trudaine n’en est pas moins intéres-
sant. Il s’agit d’un atlas des routes de
France, constitué entre 1745 et 1780
sur ordre de Daniel-Charles Trudaine,
directeur des Ponts et Chaussées, et
composé de plus de 3 000 planches
manuscrites magnifiquement aqua-
rellées. Comme son nom l’indique, il
ne couvre pas tout le territoire mais
seulement les villes et villages aux
abords des routes de l’époque. Si l’un
des villages de vos aïeux était situé à
proximité d’une grande voie de com-
munication (moins de 4 km) – ce qui
peut notamment être déterminé grâce
à la carte de Cassini – cet atlas mérite
toute votre attention ! Comme l’illustre
l’image ci-contre, il est d’une précision
impressionnante, qui relève presque
du plan cadastral, tout en étant net-
tement plus ancien ! De fait, cet atlas
est dix fois plus précis que la carte de
Cassini grâce à son échelle 1/8574,
allant jusqu’à localiser précisément
certains bâtiments majeurs ou isolés
 (châteaux, métairies, moulins, usines,
Comment télécharger une carte en HD sur Gallica ? calvaires, etc.).
Cet atlas est consultable sur le site
Option 1 : si vous utilisez les navigateurs Chrome ou Firefox
Archim : www2.culture.gouv.fr/
1) Téléchargez le plugin IIIF Download via www.geolib.fr/tool/iiif documentation/archim/atlasde-
2) Installez-le dans votre navigateur. Lorsque vous serez ensuite sur une page de Gallica qui trudaine.htm
contient une image téléchargeable, le bouton du plugin s’allumera en rouge. Une carte de France permet d’iden-
3) Cliquez alors sur le plugin pour télécharger l’image en HD au format JPG ou TIFF. tifier les secteurs géographiques
Option 2 : via l’API Gallica potentiellement couverts par cet atlas
Rendez-vous sur l’API Gallica à cette adresse : http://api.bnf.fr/api-iiif-de-recuperation-des- (en rouge). En effet, plusieurs régions
images-de-gallica
en sont exclues : Bourgogne, Pro-
vence, Languedoc, Bretagne, Alsace,
Cliquez sur le bouton GET 1 en-dessous de la
1 Corse et autres zones frontalières.
section API Image Requests. Vous pouvez ensuite cliquer sur une
Cliquez sur le bouton Try it out 2 . partie de cette carte pour accéder à
Copiez-collez l’identifiant ark du document la liste des plans correspondants.
2
souhaité dans la première case 3 (cet Hélas, la navigation sur le site n’est
identifiant est indiqué dans le bloc En savoir pas des plus aisées et l’identification
plus à gauche du document). de la carte souhaitée n’est pas des
Saisissez f1 dans la case Vue 4 . 3 plus immédiates… Pour y parvenir, je
Saisissez full dans la case Region pour
5 vous conseille de recourir au CTRL+F
indiquer que vous souhaitez télécharger plutôt qu’au moteur de recherche
l’image en entier. 4 qui ne semble pas très coopératif.
Pour ce faire, une fois sur la liste des
Saisissez full dans la case Size pour récupérer
6
notices, pressez CTRL+F puis sai-
l’image dans la plus haute définition possible.
sissez certains mots-clés précis tels
Saisissez 0 dans la case Rotation 7 pour ne pas que : nom de ville, de village, de chef-
pivoter l’image (sinon saisir 90 pour la pivoter 5
lieu de canton ou encore de fleuve,
de 90° dans le sens des aiguilles d’une montre). ceci afin d’identifier rapidement les
Sélectionnez Native dans le menu déroulant notices (et donc cartes) susceptibles
Quality 8 pour récupérer l’image dans la plus 6 de vous intéresser. Attention : pensez
haute définition possible. à réitérer l’opération sur les pages de
Sélectionnez le format à l’aide du menu résultats suivantes si la zone com-
déroulant  9 : par exemple, image/jpg. porte plus de 100 notices. Par ailleurs,
7
Cliquez sur le bouton bleu Execute. il est regrettable que la résolution
des images soit si faible car certains
Ouvrez une page de votre navigateur web et
noms de lieux sont parfois illisibles.
copiez-collez le lien indiqué dans la section
Vous pouvez néanmoins faire une
Request URL. 8
demande de reproduction d’un plan
L’image s’affiche alors et vous pouvez 9 aux Archives nationales via la Salle
l’enregistrer via un clic droit ! ___ des inventaires virtuelle. Pour ce faire,
notez précieusement la cote présente
en première ligne de la notice de la
carte. Les Archives nationales vous
transmettront alors un lien afin de
télécharger gratuitement l’image avec
Atlas de
Trudaine pour une résolution époustouflante.
la généralité À savoir : les cartes sont orientées selon
de Montauban. l’axe de la route principale (générale-
Extrait de ment présenté horizontalement) et
la carte du non sur les points cardinaux, ce qui
chemin royal peut perturber !
de Villefranche
à Caylus. La carte d’état-major
Archives
nationales, cote Cette carte est exécutée par le Dépôt
CP/F/14/8489, de la Guerre au XIXe siècle, sur plus de
support n° 34. 50 ans (de 1827 à 1880 environ), d’où
© Archim son nom. Elle succède ainsi à

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 35

 méthodes & ressources
bon à savoir

la carte de Cassini tout en la cations généalogiques. Pour accéder Villefranche-de-Rouergue (12)

complétant précieusement car : à ce plan, rendez-vous sur Géoportail.
• elle couvre tout l’Hexagone, y compris à travers six cartographies
le comté de Nice, la Savoie et la Corse ;
• elle intègre les évolutions du terri- Le plan cadastral
toire (réseau routier, urbanisation, napoléonien
déforestation) ; Poursuivons notre zoom sur le terri-
• elle est deux fois plus précise puisque toire français afin d’atteindre le niveau
les relevés sont réalisés au 1/40 000. de finesse ultime : le bâtiment. Cette
Elle est composée de 273 planches opération est rendue possible grâce
imprimées en couleur suivant le pro- au cadastre napoléonien dont l’échelle
cédé lithographique, avec courbes est de 1/1 250 pour les zones bâties et
de niveau et estompage, à l’échelle 1/2 500 pour les zones rurales. Institué
1/80 000. par la loi du 15 septembre 1807, il ne
Vous pouvez la consulter sur le site sera achevé qu’en 1848. Il permet de
Géoportail à cette adresse : www. visualiser et localiser tous les bâtis de la
geoportail.gouv.fr/donnees/carte- commune, à l’époque de sa confection,
de-letat-major-1820-1866 et constitue ainsi un précieux allié pour
À savoir : certaines feuilles sont égale- reconstituer l’histoire d’un village ou
ment en ligne sur Gallica (notamment d’un bâtiment. Par ailleurs, son extrême
la région alsacienne et pyrénéenne) granularité permet d’identifier des
et peuvent donc être téléchargées en
toponymes introuvables sur les cartes
haute définition.
précédemment citées.
Nombre d’Archives départementales
Le plan IGN ont numérisé ces plans. Vous pouvez
Le plan IGN, également appelé Top 25 donc généralement les consulter sur
du fait de son échelle au 1/25 000, leurs sites Internet.
est la carte la plus précise et la plus
actuelle disponible. Troisième et dernier
Le plan cadastral rénové
né, il succède aux cartes de Cassini et
d’état-major avec un niveau de détail
(actuel) le même niveau d’informations. Il
inégalé. À partir de 1930, le cadastre napo- peut être consulté sur :
À savoir : depuis le 1er janvier 2021, léonien, du haut de ses 100 ans, • Cadastre (gouv) : https://cadastre.
la version numérique du plan IGN est nécessite d’être rajeuni. Le cadastre data.gouv.fr/map
libre et gratuite. Vous pouvez donc actuel, dit rénové, est alors constitué. • Géoportail : www.geoportail.gouv.
réutiliser les cartes comme bon vous Il repose sur le même principe que fr/donnees/parcelles-cadastrales
semble pour vos recherches et publi- le cadastre napoléonien et fournit
Pour comprendre
Au-delà de la localisation d’un topo-
nyme, les cartes anciennes peuvent
vous aiguiller dans vos recherches
dans les fonds d’archives. En effet, il
n’est pas toujours aisé de rattacher
la paroisse de ses ancêtres à une cir-
conscription administrative d’Ancien
Régime telle qu’un diocèse, une pro-
vince, un parlement, une généralité
ou une élection. De nombreuses cartes
du XVIIe ou XVIIIe siècle, numérisées
dans Gallica offrent des clés de com-
préhension. En voici une sélection :
Plan cadastral • Carte des diocèses (évêchés et arche-
napoléonien vêchés) de 1674 : https://gallica.bnf.
de Villefranche-
fr/ark:/12148/btv1b84909650/f1
de-Rouergue.
Cote : AD 12,
• Carte des diocèses (évêchés et arche-
3P 300-1 7. vêchés) de 1695 : https://gallica.bnf.
© AD 12. fr/ark:/12148/btv1b53052891n/f1

36 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I


« La France analysée par Gouvernemens, Parlemens, Généralités et
Archevechés ». 1762. © Gallica.
• Carte des ressorts des parlements,
généralités et archevêchés de 1762 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/
btv1b84955440/f1
• Carte des provinces de 1724 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/
btv1b5971735h/f1
• Carte des provinces, diocèses et géné-
ralités de 1724 : https://gallica.bnf.
fr/ark:/12148/btv1b5971736x/f1
• Carte des provinces et généralités
de 1773 : https://gallica.bnf.fr/
ark:/12148/btv1b8494474g/f1
La difficulté à superposer juridictions
actuelles et anciennes est exacerbée à
Paris. Quel chercheur d’ancêtres pari-
siens ne s’est pas trouvé confronté à ces
questions : de quelle paroisse dépend
la rue de mes ancêtres (dont le nom
a peut-être changé depuis) ? De quel
arrondissement ancien dépend cette
même rue ? Plusieurs ressources de
la BnF permettent d’y voir plus clair :
• L’application Jadis de la BnF permet
d’accéder à une multitude de cartes de
Paris de 1760 à 1994 et de les com-
parer aisément : https://bnf-jadis.
github.io
• La sélection des plans de Paris par
Gallica : https://gallica.bnf.fr/html/
und/cartes/cartographier-paris-
plans-generaux-de-la-capitale-
du-xixe-et-xxe-siecle Cliquez en
particulier sur la sélection des plans
des divisions administratives.
• Le plan des circonscriptions des
paroisses de Paris de 1786 : https://
gallica .bnf.fr/ark :/12148/
btv1b53062351d/f1
• Le même plan pour l’année 1800 :
https://bibliotheques-specia
lisees.paris.fr/ark:/73873/
pf0000855738/0001/v0001
• Le même plan pour l’année 1861 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/
btv1b53085578s/f1
• Une carte superposant anciens et
nouveaux arrondissements :
https://bibliotheques-specialisees.
paris.fr/ark:/73873/pf0000856530
À savoir : le plan de Turgot, réalisé
entre 1734 et 1739 vaut également
le détour. Vous pouvez le consulter
en haute définition sur Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/
Plan_de_Turgot ___
Tony Neulat
Une multitude d’autres cartes
Des centaines de milliers de cartes anciennes,
essentiellement locales, pourraient venir compléter
cette liste de plans incontournables. Voici quelques
pistes pour dénicher de nombreuses pépites
supplémentaires :
• Le fabuleux site Old Maps Online qui référence
et propose une multitude de cartes anciennes en
lien avec le lieu saisi dans le moteur de recherche :
www.oldmapsonline.org
• La collection virtuelle de cartes de David Rumsey
qui comprend près de 5 000 cartes anciennes sur la
France : www.davidrumsey.com
• Gallica : le site met à disposition plus de 180 000
cartes de toutes natures. Dans un premier temps,
vous pouvez restreindre votre recherche à la
sélection proposée par Gallica, qui propose un
accès soit chronologique soit géographique :
https://gallica.bnf.fr/html/und/cartes/la-
france-en-cartes Dans le cas d’une recherche
géographique, pensez à filtrer sur la date (siècle)
d’édition dans le menu à gauche des résultats.
• Plus généralement, la BnF conserve un fonds
riche de 800 000 cartes. Patience et assistance
s’imposent si vous souhaitez y accéder !
• Le Centre d’onomastique des Archives nationales,
situé au premier étage du Caran, dispose de
plusieurs séries cartographiques telles que
les cartes des anciens diocèses de France au
1/200 000, des cartes des diocèses de Limoges,
Béziers et Laon, des cartes du territoire de la Haute-
Garonne, des cartes cantonales par département
du XIXe siècle, la carte des triangles de la Corse de
1773 à 1790 qui complète avantageusement la
carte de Cassini… et bien sûr, les cartes classiques
telles que la carte de Cassini, l’Atlas de Trudaine ou
la carte d’état-major.
• Le Service historique de la Défense détient
également une collection riche de plus de
33 000 cartes et plans du XVIe au XIXe siècle,
scindées en deux ensembles : l’Atlas géographique
classé par zones géographiques (France : cotes
J 10A et J 10C) et l’Atlas historique classé par règne
ou régime (série L). Ce fonds sera notamment
intéressant si vos ancêtres ont vécu près de zones
de conflit.
• Les Archives départementales conservent
également, sans surprise, de nombreuses cartes
anciennes. Certaines archives les ont numérisées et
les mettent à disposition sur leur site Internet. ___
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 37
 méthodes & ressources
paléographie

Moulins 1503
RENOUVEAU. Cela fait maintenant plusieurs
années que je vous propose des textes anciens
et leur transcription. Pour animer quelque peu
cette rubrique paléographie, je vous convie
à un nouveau défi : la transcription du texte
présente cinq erreurs volontaires, que je vous
invite à trouver. La solution vous sera donnée
dans le prochain numéro.
ristiques de cette ancienne écriture,
à commencer par l’absence de ponc-
tuation et d’accentuation. Il en résulte
un emploi de grosses lettres qui pour-
raient être interprétées comme des
capitales. Ce serait un tort. En effet
considérons à la première ligne les
noms propres, que nous doterions
aujourd’hui d’une majuscule initiale :
« Jehan » paraît bien se conformer
à notre usage. Mais le patronyme
l’aigrette soit isolée du jambage, cas le
plus fréquent (« Turreau », « somme » l.
1) ou liée à lui (« Jehan » l. 1, « ce » l.
8). La forme du ’d’ est remarquable,
régulièrement tracé en delta, avec
une haste le plus souvent bouclée,
que l’on repère au premier coup d’œil
tant le plein est appuyé, mais ce n’est
pas toujours le cas comme on le voit
avec « des » (l. 3).

C 
e passage, bref extrait d’un
livre de comptes du Conseil de
ville de Moulins (03), est daté
du 11 janvier 1502, c’est-à-dire 1503
selon notre comput actuel. L’écriture
est soignée, ce qui n’est pas étonnant
puisqu’il s’agit d’un document public :
les lettres sont bien formées ce qui
rend le texte bien lisible. Pourtant le
scribe est un professionnel de l’écri-
ture. Comme tel, au lieu de produire
un tracé filiforme devenu illisible par
le mouvement rapide et la ligature des
lettres entraînant leur déformation,
l’auteur, tout en liant les lettres, a pris
le temps et le soin de bien les former.
Document certainement rédigé non pas
sur le moment ou sous la dictée mais au
calme et à tête reposée. Nous voici face
à une graphie encore médiévale mais
en français, langue déjà bien diffusée
en Bourbonnais, du moins chez les
élites également latinistes. Quant aux
abréviations, elles sont relativement
nombreuses : huit dans même pas huit
lignes. Elles sont des plus classiques :
bien sûr la conjonction « et », tantôt
intégralement écrite (l. 1, 5, 7) tantôt
remplacée par un signe abréviatif, une
des « notes tironiennes » (l. 2) ; « dits »
placé en fin de mot et réduit à un ’d’
dans « dessusd » (l. 7) ; « sols » réduit
à un ’s’ initial (l. 8) alors qu’il est entiè-
rement écrit plus haut « solz » (l. 2).
Usage des majuscules
Nous pouvons, grâce à une lecture
aisée, faire une petite révision en
retrouvant les principales caracté-
« Duplat » qui suit n’en comporte pas
et pas davantage « simon », dont le ’s’ Lettres multiformes
à crosse initial est identique à celui Bonne occasion aussi de revoir les
de « somme » (l. 1), ni le patronyme lettres multiformes, notamment le
« Turreau ». D’ailleurs, pour nous en ’r’ et le ’s’, qui toutes deux pouvaient
persuader, pourquoi les mots « jour » s’écrire sous trois formes différentes.
et « janvier » (l. 6) prendraient-ils une Examinons d’abord le ’r’. Nous le
majuscule ? N’en doutons pas. À cet trouvons d’abord sous son ancienne
égard, l’usage de cette époque n’était graphie du « r roulé », qui se rapproche
pas le nôtre. Remarquons aussi que les du ’o’ sauf que, en principe et à la diffé-
jambages des lettres qui en comportent rence de ce dernier, la boucle n’est pas
plusieurs ne sont pas différenciés. fermée mais reste ouverte vers le haut.
Ainsi rien ne distingue ’u’, ’n’, ’v’, ’m’. Il est parfaitement lisible en position
Prenons l’exemple de « Simon » (l. 1) : finale dans les deux mots successifs
nous lisons quatre jambages iden- « pour avoir » (l. 2) ou encore dans
tiques en composition et à nous de « jour » (l. 6) et « pour » (l. 8). Mais
restituer le ’i’ suivi du ’m’ ; ou encore, il est également présent en compo-
pour lire le mot « janvier » (l. 6), com- sition, comme dans « farines » (l. 3)
portant cinq jambages, il nous revient ou dans « faire » (l. 4). La seconde
de les distinguer en ’n’, puis ’v’ puis forme du ’r’ est dite « à rebrousse-
’i’. Notons que, conformément à ment ». Nous le trouvons dans le
l’usage, quand le mot se termine par premier ’r’ de « Turreau » (l. 1). Mais
un ’n’, le dernier jambage de cette il se présente plus souvent développé,
lettre plonge pour se terminer sous la ce que nous pourrions prendre pour
ligne : « Jehan » et « Simon » (l. 1), ce une majuscule, au début des mots
qui permet de le distinguer du ’u’ en « réparé » (l. 2), « russeau » (l. 3) et
position finale : « russeau » (l. 3). Le « rendu » (l. 7). Enfin sa troisième
’e’, toujours à aigrette, se lit bien, que forme, celle que nous utilisons pour
TRANSCRIPTION
1 À
 Jehan Duplat et Simon Turreau la somme
de vingt solz et pour avoir ovré et réparé le
russeau estant au-dessoubz des farines
pour faire évacuer les eaulx comme appartient
5 par mandement donné et signé desdits eschevins
dacté du XIme jour de janvier mil Vc et deux
et quictance des dessusdits, le tout cy rendu
pour ce... XX solz

38 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I

la minuscule manuscrite, se trouve
dans le second ’r’ de « Turreau » (l. 1).
Quant au ’s’, nous repérons facilement
le « s à crosse » par son trait appuyé
qui dépasse de beaucoup la ligne et se
trouve aussi bien en position initiale
qu’en composition mais jamais en
position finale : « Simon » et « somme »
(l. 1), « sols » (l. 2), « dessoubz » (l. 3),
« signé » (l. 5), etc. Le « s croisé » en
revanche se trouve seulement à la fin
d’un mot : « des farines » (l. 3), « les »
(l. 4), « des » (l. 7). Quant à la troisième
forme, le « s à double aigrette », le
scribe l’a ignorée.
Nettoyage du ruisseau
Il s’agit du salaire versé sur ordre des
échevins de la ville de Moulins à deux
ouvriers pour le curage et les répara-
tions d’un ruisseau afin de rétablir
l’écoulement normal des eaux. La
somme totale est de vingt sols soit
une livre tournois et donc dix sols à
chacun. Le temps nécessaire à cette
opération n’est pas précisé. Néanmoins
vu les gages ordinaires et courants
des manœuvres à cette époque, ces
hommes ont pu travailler d’une à deux
semaines. Le salaire leur a été payé
puisque le document comptable précise
qu’ils en ont donné quittance. Remar-
quons que les chiffres et nombres
sont exprimés soit en toutes lettres
(« vingt » l. 2, « mil » et « deux » l. 6)
soit en chiffres romains (« XI » et « V »
l. 6) : les chiffres arabes, mais en réa-
lité indiens, n’ont pas encore gagné
la partie.
La langue n’empêche nullement la
compréhension de ce texte. Tout au
plus signalons quelques particulari-
tés : l’emploi du ’z’ au lieu du ’s’ pour
le pluriel ainsi dans « solz » (l. 2),
« dessoubz » (l. 3) avec ici la réminis-
cence de l’origine latine (sub signifiant
« sous ») ; en revanche le scribe a bien
écrit « dessus » (l. 7). Et si nous conti-
nuons à écrire « vingt » comme nous le
trouvons l. 2, n’oublions pas que le ’g’
s’explique par son origine latine viginti.
Mais il n’est pas possible d’expliquer
ainsi le ’c’ de « dacté » (l. 6) ou le ’c’ de
« quictance » (l. 7).
En revanche deux termes posent
problème. Le premier est dû à la pre-
mière lettre du mot « farines » (l. 3)
dont le tracé est peu orthodoxe. Il
est vrai qu’il pourrait se lire égale-
ment « farmes » mais le terme n’est
pas répertorié en moyen français,
pas plus que « garines » ou « garmes »
si l’on optait pour un ’g’ également
étrange. Que peut donc signifier l’ex-
pression « au-dessous des farines » ?
J’ai émis l’hypothèse qu’il pouvait
s’agir soit d’un entrepôt de farine
soit d’un toponyme. Ma tentative
d’information auprès des archives de
la ville de Moulins n’a donné aucun
résultat. Je m’en tiens donc, faute
de mieux, à cette lecture… jusqu’à
preuve du contraire. Le second terme
problématique est « russeau » (l. 3).
En toute rigueur il se lit « risseau »,
car un seul jambage est lisible entre
le ’r’ et le ’s’, mais ce terme n’est pas
répertorié. En revanche est attesté
« russeau » pour ruisseau. J’ai donc
retenu cette lecture, supposant soit
l’effacement du second jambage soit
une erreur du scribe.
On le voit, même un texte de quelques
lignes peut être exploité de bien des
façons et nous être utile par son écri-
ture mais aussi par les difficultés ou
énigmes qu’il peut nous offrir.
Gabriel Audisio
RAPPEL
• Pour renvoyer à une ligne, ce dernier mot est abrégé
en ’  l.’ suivi du numéro de la ligne. Ainsi « l. 5 » signifie :
ligne 5.
• La transcription du texte développe les abréviations
qu’il contient. Pour en faciliter la lecture, les lettres
ajoutées qui, en manuscrit sont soulignées, se trouvent
ici en rouge pour en rendre le repérage plus aisé.
Cote : Archives
communales,
Moulins (03),
285, f° 16
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 39
 méthodes & ressources
repères historiques
Horlogerie française :
trois siècles d’effervescence
TEMPS. Après une production artisanale, l’âge d’or de l’horlogerie française
débute à la fin du XVIIIe siècle et perdure jusqu’au XXe siècle, notamment en
Franche-Comté. Après les horloges monumentales, on produit des montres,
des horloges de parquet.
D 
ès le Moyen-Âge, des horloges
monumentales à poids moteur
sont installées, d’abord dans
les clochers du Saint-Empire romain
germanique dont la cathédrale de
Strasbourg (1354), puis en France à
Paris au Palais de la Cité (1370), dans
les cathédrale de Troyes (avant 1379),
Sens (1379), Angers (1384), Chartres
(avant 1392), à Rouen (Gros Horloge)
(1389), etc. Au XVIIe siècle, la plupart
des grands édifices sont équipés. Le
but est de décompter les heures de
travail et de pause : les horloges sont
donc indissociables des cloches.
Blois, Lyon et Paris
Les horloges d’appartement appa-
raissent dès le XIVe siècle, la montre
dès le XVIe siècle, notamment en France
dans des ateliers à Blois, Lyon et Paris,
favorisée par les déplacements de la
cour. Blois est un centre horloger impor-
tant du XVIe au XVIIIe siècle avec jusqu’à
trente-cinq maîtres horlogers en 1659.
Lyon compte une centaine d’horlogers
à la fin du XVIe siècle. Du XVIe au XVIIIe
siècle, l’horloge diminue en taille et
grandit en esthétique. Les montres
sont alors réservées aux plus riches.
À la fin du XVIe siècle, des montres de
fantaisie, luxueuses, sont portées à la
ceinture ou au cou, pour les « mon-
trer ». La deuxième moitié du règne de
Louis XIV est marquée par une pénurie
d’horlogers due à une demande forte
et à l’émigration protestante, dont de
nombreux horlogers, vers l’Angleterre
ou la Suisse, suite à la révocation de
l’Édit de Nantes (1685).
40 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
L’horlogerie est alors surtout pari-
sienne, favorisée par la cour :
manufacture éphémère d’horlogerie
fondée en 1718 à Versailles par Henri
Sully, horlogers du roi tels Julien Le
Roy (1686-1759), Jean-Antoine Lépine
(1720-1814), Pierre-Augustin Caron de
Beaumarchais (1732-1799). En 1740,
Jean-André Lepaute (1720-1787) crée
à Paris une entreprise d’horloges
publiques, qui équipe le Luxembourg,
Horloge de le jardin des Plantes, les châteaux de
cheminée, Bellevue et des Ternes. Son frère, son
époque Louis
fils et ses neveux continueront. À Paris
XVI. © Christie’s
Images / Bridgeman toujours, Ferdinand Berthoud (1727-
Images 1807), maître horloger dès 1753, est
plus connu pour ses horloges marines,
Jean-Antoine Lépine (1720-1814),
horloger du roi, est lui à l’origine de
la montre plate à la fin du XVIIIe siècle
et Abraham Bréguet fonde en 1775
sa Maison d’horlogerie, perfectionne
les montres perpétuelles (automa-
tiques) et invente des échappements,
etc. Tous trois commercialisent des
modèles prestigieux. 180 horlogers
sont présents à Paris dix ans avant la
Révolution. Peu sauveront alors leurs
têtes, à l’exception de Charles Le Roy.
Paris cesse de dominer l’horlogerie
française.
Dès le XVIIIe siècle se développe une
horlogerie plus populaire, notamment
en Franche-Comté et en Savoie, boos-
tée par l’horlogerie suisse, qui, partie
de Genève, s’est déjà étendue au Jura
suisse mais manque encore de main
d’œuvre. Vers 1770, Voltaire ouvre
la Manufacture royale des montres
de Ferney (Ain), dans la banlieue de
Genève, pour y accueillir des hugue-
nots français revenus de Genève suite
à des conflits avec les Genevois de
souche. L’entreprise périclite à partir
de 1792 à la mort de Voltaire.
Établisseur et paysans
À Besançon, l’industrie de la
montre-bijou est florissante dès le
second tiers du XVIIe siècle, portée par
des artisans horlogers fabriquant les
pièces à la main. C’est alors que des
horlogers suisses, bannis dans leur
pays, mais accueillis et aidés financiè-
rement par le nouveau gouvernement
révolutionnaire français, installent
leurs ateliers à Besançon. Le Genevois
Laurent Mégevand (1754-1814) y
arrive en 1793 avec quatre-vingts
confrères, pour établir la Fabrique
d’horlogerie, signant le vrai démarrage
de l’horlogerie franc-comtoise. Dès lors
en effet, l’établissage déjà pratiqué en
Suisse s’installe à Besançon, dans le
val de Morteau, à Montbéliard ou sur
le plateau de Maîche. Un établisseur,
souvent bisontin ou suisse, donne à
des ouvriers travaillant à domicile
(paysans éleveurs montagnards lors
de leurs périodes creuses en hiver ou
citoyens venus de Suisse) différents
composants de montres à réaliser. Cela
ne nécessite qu’un outillage manuel
modeste et un apprentissage som-
maire. L’établisseur assemble ensuite
les pièces de la montre, la contrôle
et la commercialise, voire ne fait que
commercialiser (marchand-horloger).
En 1860, Besançon compte 3 186
ouvriers horlogers, surtout suisses,
mais entraînant petit à petit des Bison-
tins à leur suite. Besançon devient la
capitale française de l’horlogerie lors
de l’Exposition internationale de 1860.
En 1866, elle produit 98 % des montres
en métaux précieux en France, avec
alors plus de 305 000 montres, puis
400 000 en 1875. En 1875, l’horlogerie
occupe 5 150 personnes : un tiers à
l’assemblage et deux tiers à la fabrica-
tion ou à l’ornementation (monteurs
de boîtes, émailleurs, graveurs-guillo-
cheurs, polisseurs, etc.). Le Haut-Doubs
fabrique peu de montres à cette époque,
mais réalise l’essentiel des composants
pour une clientèle bisontine et sur-
tout helvétique, chaque village étant
spécialisé dans la fabrication d’un
composant : échappement à cylindre
à Charquemont, roues de cylindre à
Bonnétage et aux Fontenelles, boîtes
à Damprichard et à Charmauvilliers,
balanciers et plantages d’échappements
à Villers-le-Lac, etc.
Les ateliers sont alors exception-
nels, le travail se faisant à domicile.
À Besançon, c’est dans la vieille ville et
le quartier de Battant. Une seule pièce
suffit, bien éclairée pour travailler de
petits composants. Des aménagements
en parties hautes sont parfois encore
visibles pour ce « travail à la fenêtre » :
grands vitrages dans les combles,
rehaussement d’étages, comme à la
maison Savoye (1863-1864). Même
chose dans des fermes et maisons de
bourgs du Haut-Doubs ou du Jura. Fin
XVIIIe – début XIXe siècle, s’implante
aussi une industrie de l’outillage pour
horlogers à Montécheroux ou aux Gras
(Haut-Doubs).
La comtoise
Alors que la fabrication d’horloges monumentales est attestée dans
le Haut-Jura dès la seconde moitié du XVIIe siècle, dès le XVIIIe siècle
arrive l’horloge de parquet : une pendule sur pied avec balancier
dans un boîtier et souvent sculptures dans la partie haute. C’est
la « Comtoise », même si d’autres régions ont eu leurs
horloges de parquet : horloge lanterne en Bretagne, horloge
Saint-Nicolas en Normandie.... Dans le Jura, les horloges
les plus anciennes de « type Mayet », du nom d’un père et ses
fils à l’origine de l’activité, datent de la fin du XVIIe siècle. Elles
n’avaient d’abord qu’une aiguille, puis deux à partir de 1720,
celles à une aiguille subsistant jusqu’en 1780.
Les premières comtoises sont artisanales, réalisées,
indépendamment de la Suisse voisine, par des paysans-horlogers
des villages de Morbier, Bellefontaine ou Foncine, dont certains
auparavant cloutiers maîtrisaient le forgeage. À la fin du XVIIIe
siècle, ils produisent 4 000 mécanismes par an, vendus par des
colporteurs. À partir de 1755, les cadrans des comtoises sont
émaillés, d’abord importés de Suisse, puis réalisés à Morez.
De petites usines horlogères voient le jour dans les années 1820,
notamment au bord de la Bienne. Elles produisent cette fois des
pièces mécaniquement grâce à l’énergie hydraulique. Les comtoises
s’embellissent en effet de couronnements dorés, de balanciers avec
lentilles bombées, puis peintes, émaillées, ornées de décors... Citons
la fabrique d’accessoires en laiton estampé construite au milieu du
XIXe siècle à Morbier par Pierre Paget. L’établissage, favorisé par
ces usines, fait travailler des paysans-horlogers qui ne réalisent
plus d’horloges complètes mais reçoivent des pièces fournies
par des établisseurs et effectuent telle passe de la fabrication,
essentiellement la mise en cage des roues dentées et leviers.
Des ouvriers spécialisés « finissent » ensuite et les établisseurs
commercialisent. On fabrique dans les années 1850 plus de 150
000 pièces par an.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle s’érigent des
établissements spécifiques à l’horlogerie (comtoises ou
monumentales) : Prost Frères (1863), Girod avec trois usines et
Cochet (milieu XIXe siècle), Odobey Cadet (1860-1866), à Morez ;
Collin (1859-1860), Château Père et Fils (1887), à Foncine-le-Haut ;
Cretin-l’Ange (1877) à Morbier. En 1861-1865, l’arrondissement
de Saint-Claude notamment (dont Morez et Morbier) compte
cinq fabriques d’horloges employant 849 personnes directement
(ouvriers) ou en sous-traitance (paysans-horlogers). Le travail
spécialisé et rationalisé abaisse le coût des comtoises qui
s’exportent en France et dans le monde, avec des techniques
commerciales novatrices : négociants confiant leurs horloges
une année à l’essai, distribution par des « rouliers » (voituriers)
de la région du Grandvaux et de Morez. À la fin du XIXe siècle,
le marché est saturé, l’horlogerie est relayée par la lunetterie ou la
Meuble réalisé
par Pierre production de carillons, avec deux usines Odo à Morez (1936 et 1950), les
Courtois. maisons Romanet (1951) et Girod à Morbier. ___
© Le Bouvet n°149
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 41
 méthodes & ressources
repères historiques
Atelier d’horlogerie à Charquemont dans le Doubs avec ses grands vitrages dans les combles.
© Sonia Dourlot / Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine, 2015
Usine, paternalisme…
et syndicats
Dès la fin du XVIIIe siècle, après l’An-
gleterre, les Pays-Bas ou la Suisse,
l’horlogerie française s’industrialise.
L’usine de Frédéric Japy (1749-1812)
ouvre à Beaucourt (Territoire de Bel-
fort) en 1771 et compte 500 ouvriers
en 1806 produisant 12 734 ébauches
ou blancs (1) par mois, grâce à des
machines-outils, tout en confiant
encore certaines opérations à des hor-
logers travaillant à domicile. Dans le
Faucigny (Haute-Savoie) où la tradi-
tion horlogère par établissage avec les
Genevois remonte à 1715, à Morteau
(Doubs), Saint-Nicolas-d’Aliermont
(Seine-Maritime) sont produits des
milliers de mouvements pour hor-
loges de Saint-Nicolas, pendules de
(1) Mouvements de montre incomplets : ponts,
platine, fusée, barillet…
42 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
Où retrouver trace de ses ancêtres horlogers ?
Archives d’entreprises :
• Musée Bréguet
• Archives nationales du monde du travail
à Roubaix : https://archives-nationales-
travail.culture.gouv.fr/
• Inventaire des fonds d’archives du
Musée du temps à Besançon : https://
memoirevive.besancon.fr/editorial/
page/22c6b89d-8d46-4aa3-b708-
4d7e91b6fd3b et https://www.
mdt.besancon.fr/wp-content/
uploads/2021/06/Liste-des-fonds-
darchives-consultables.pdf.
Presse généraliste et d’annonces légales
Registre des habitants en Suisse romande :
mentions d’orfèvre, orologeur (horloger)
Archives départementales (AD) :
• Actes d’état civil (NMD) et recensements
(AD, série M) : mentions très fréquentes
d’horloger, plus rares de fabricant
cheminée, pendulettes, puis réveil.
Saint-Nicolas-d’Aliermont compte
vingt-sept ateliers d’horlogers en 1789,
Morteau onze fabriques en 1876.
Alors que la formation se fait exclu-
sivement jusqu’ici par apprentissage,
des écoles d’horlogerie se créent : à
Morteau dès 1835 (fermée en 1850) ;
à Cluses en 1848 sous le nom d’École
royale d’horlogerie, devenue lycée
technique en 1860 ; à Morez en 1855
pour la fabrication de montres, fermée
en 1862, mais avec une nouvelle École
pratique d’industrie et section grosse
horlogerie en 1895 ; à Besançon en
1862 sous le nom d’École municipale
d’horlogerie, nationalisée en 1891,
puis en 1933 avec la nouvelle École
nationale d’horlogerie évoluant en
lycée polyvalent.
À la fin des années 1880, surproduction,
délaissement de l’école d’horlogerie
de Besançon, concurrence technique
suisse, taxe française sur les bijoux
rendant les « montres-bijoux » fran-
çaises plus chères font disparaître des
milliers d’emplois. Apparaissent alors
machines-outils et usines qui néces-
sitent machines à vapeur et moteurs
d’horlogerie (patron d’usine), peintre en
cadrans, finisseur, visiteur en horlogerie (qui
met en service ou remet en état des produits
d’horlogerie), émailleur, voiturier, monteur
ou polisseur de boîtes, etc. Recensements
de 1906 à 1936 : mention patron, ouvrier ou
employé avec pour les ouvriers le nom de
l’employeur.
• série B ou E : inventaires après décès
• série F : acquisitions, dons et fonds
d’archives privés
• série J : archives privées issues de
dons, legs ou achat depuis 1944. Fonds
d’entreprises et syndicats horlogers
notamment
• série U (justice) : procès, constitutions et
dissolutions de sociétés
Archives nationales : actes notariés,
accidents du travail, procès, apprentissage,
écoles d’horlogerie, etc. ___
électriques. La production repart avec
635 980 articles produits à Besançon
en 1900 et 3 000 ouvrier(e)s en 1910.
L’industrialisation marque le pay-
sage, avec ses usines d’abord : fabrique
d’ébauches d’Hippolyte Parrenin à
Villers-le-Lac (1876-1877), Grande
Fabrique (1880-1881) d’Elie Belzon
à Morteau pour sa montre à cent
sous, manufactures et ateliers de
Besançon (SA Horlogerie de Besan-
çon, Geismar, Lipmann, Sarda, Lévy,
Piguet, Ulmann, Kummer, Sociétés
générales des monteurs de boîtes d’or,
et d’argent…). L’horlogerie, ce sont
aussi des maisons patronales et des
cités-ouvrières. À Beaucourt, sept
maisons patronales subsistent ainsi
que plusieurs cités ouvrières d’entre
1850 et 1930, comptant quelques
dizaines de maisons : cités Pierre Japy,
du Chatelot, du Temple, Eugène Bor-
nèque ou Ducrot. Outre la concurrence
helvétique, Besançon doit affronter
la fabrication complète dans le Haut-
Doubs (Villers-le-Lac, Morteau…),
suite à la fermeture des frontières de
la Suisse aux importations de 1892 à
1895, en représailles au protection-
nisme douanier français.
Côté social, le syndicat des ouvriers
horlogers se monte en 1905 à Besan-
çon en plus d’un syndicat des monteurs
de boîtes (grèves de 1891, 1898 et
1899 contre la machinerie) supplanté
en 1907 par l’Union ouvrière de la
boîte de montre. Les patrons se dotent
eux du Syndicat de la fabrique d’horlo-
gerie de Besançon, à côté du Syndicat
des patrons monteurs de boîtes en or
et d’un autre pour l’argent.
La Grande Guerre généralise la
montre-bracelet, répandue sur le front.
La demande militaire en montres dope
la production helvétique (pays neutre),
avec une crise de surproduction après
le conflit entraînant l’installation
dans les années 1920 de Zénith,
Boss, Universo à Besançon, et Gerber
Frères, Girardot à Morteau. La crise
des années 1930 fait disparaitre une
quarantaine d’entreprises à Besançon,
sans compter Villers-le-Lac, Charque-
mont... L’horlogerie s’adapte avec des
usines modernes : Sarda (1930-32),
Frankowski, Seguin (1936), Dodane
(1939) à Besançon. Mais aussi des
ateliers d’assemblage de montres y
compris dans des habitations dans les des constructions d’usines à Besançon
années 1930 à Morteau, Villers-le-Lac, ou dans le Haut-Doubs. Mais l’horloge-
Charquemont, etc. rie va quasi disparaître dans le dernier
Entre 1944 et 1977, la production hor- quart du XXe siècle, avec l’arrivée de
logère française est multipliée par six, la montre à quartz et la concurrence
le nombre de salariés par deux, avec du sud-est asiatique... ___
Frédéric Ville
Chronologie horlogère POUR ALLER PLUS LOIN
XIVe siècle
Horloges monumentales Livres, articles, sites Internet
• Buffard, François. L’horlogerie comtoise et ses
➜
1492
Ressort en spirale et première montres horlogers. Association horlogerie comtoise, 2019,
160 p. Une mine pour le généalogiste, avec les
➜
1582 noms des paysans-horlogers, ouvriers, négociants,
Premières montres à complications
émailleurs, maîtres de forges et inventeurs qui ont
➜
Fin XVIIe siècle fait l’horlogerie du Jura. Nombreuses illustrations
Balancier spiral à ressort plus précis, et sources généalogiques (état civil, recensements,
d’où nouvelle aiguille des minutes correspondances…).
➜
1740 • Favereaux, Raphaël. Besançon : l’horlogerie dans
Première montre de poche avec boîte la ville. Lieux Dit, 2022, 96 p.
à musique
• Favereaux, Raphaël, Poupard, Laurent. L’industrie
➜
Milieu du XVIIIe siècle horlogère à Besançon et dans le Haut-Doubs.
Remontoir (retend le ressort) 2019, pp. 10-25. Disponible : https://fr.calameo.
➜
1770 ou 1777 com/read/005413985a31950394a52
Montre perpétuelle par Abraham-Louis • Judet, Pierre. Horlogerie et horlogers du Faucigny
Perrelet
(1849-1934). PUG, 2000, 488 p.
➜
1810 • Marquis, Lionel. « Histoire de l’horlogerie
Montre-bracelet par Abraham Bréguet, française ». In : Nos ancêtres Vie & métiers n° 59,
démocratisée par la Grande Guerre.
Jusque-là, montres portées au gousset, janvier-février 2013, pp. 27-82
petite poche du gilet
• Olivier, Jean-Marc. Des clous, des horloges et des
➜
lunettes. Les campagnards moréziens en industrie
1842
Remontoir à couronne (sans clef) (1780 - 1914). CTHS, 2004, 608 p.
par Adrien Philippe
• Poupard, Laurent. L’horlogerie du Haut-Jura :
➜
histoire, architecture et production. 2011, pp.
Milieu XIX siècle
e
Démocratisation de la montre 71-86. Disponible : https://www.persee.fr/doc/
(prix en baisse, horaires stricts d’usine acths_1764-7355_2011_act_129_5_1893
ou des trains)
https://lepetitpoussoir.fr/lexique : lexique de
➜
1865 l’horlogerie
Montre suisse Roskopf à 20 francs
http://horlogerie-comtoise.fr/ : Association
➜
1881 horlogerie comtoise
Montre à cent sous Elie Belzon
à Morteau Musées français dédiés
➜
Années 1930 Musée Frédéric Japy à Beaucourt (90), du temps à
Fin de la montre à gousset Besançon, d’horlogerie et du décolletage à Cluses
➜
(74), horloger à Lorris (45), d’horlogerie à Morteau
1952
Premières montres électriques (25) et Saint-Nicolas d’Aliermont (76), d’horlogerie
Bréguet à Paris, Paul-Dupuy à Toulouse ; Atelier et
➜
1969 musée d’horlogerie mécanique à Entraigues-sur-la-
Première montre à quartz par Seiko
(Japon), suivie de la Beta 21 (Suisse)
Sorgue (84), Maison des horloges à Charroux (03).
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 43
 méthodes & ressources
un ancêtre, une histoire

Paul Lingueglia
et l’appel du large
VOYAGES. Un dossier conservé aux Archives
nationales d’outre-mer a permis à notre lecteur
Bernard Ricci de découvrir le parcours de son
ancêtre Paul Lingueglia, marin du XIXe siècle
dont le souvenir – faussé - était resté vivace
dans la mémoire familiale.

P 
aul Lingueglia naît le 25 avril
1816 dans le port de Santo
Stephano al Mare, dans la
province d’Imperia du royaume de
Piémont-Sardaigne, fils de Joseph
et de Maria Cecilia Cunio. Seize ans
plus tard, il se marie dans le village
de Triora qui se trouve dans les mon- Dossier de
Paul Lingueglia
tagnes à une trentaine de kilomètres aux Archives
de son village natal. Son épouse se nationales
nomme Catarina Revello, elle est âgée d’outre-mer.
de 24 ans. Pourquoi se marie-t-il aussi © Bernard Ricci

L’auteur
Passionné depuis toujours par l’Histoire,
Bernard Ricci a longtemps pensé que la
guerre de 1914-1918 avait épargné sa famille,
puisque nul n’en parlait. « Puis un jour ma
grand-mère, née en 1912, sort son livret de
famille où je découvre qu’elle est pupille
de la Nation. Voilà comment j’ai commencé
la généalogie dans les années 1990 ! », raconte notre lecteur,
informaticien de profession et aujourd’hui jeune retraité à Toulon.
Si la grand-mère n’évoque pas le souvenir de son père mort en 1915,
c’est qu’elle ne l’a pas connu ; sa mère remariée par nécessité, la
petite fille a été élevée par sa grand-mère. Elle parle en revanche
beaucoup de son arrière-grand-père Paul Lingueglia, figure tutélaire
de la famille, dont le souvenir lui a été transmis par son aïeule.
« Chassé par sa famille de son Italie natale après une violente
dispute avec son père pour des raisons ignorées de ma grand-
mère, il avait posé ses valises avec son épouse à Toulon au
milieu du XIXe siècle. Ecumant les mers, tout à la fois pirate et
contrebandier, sa vie mystérieuse n’attendait que mes recherches »,
explique Bernard Ricci.
L’acte de décès de son premier fils en 1879 indique qu’il est marin,
absent sans nouvelles. Les actes de décès de ses deux autres
fils en 1891 le disent maître de port à Mayotte en Chine (sic). « À
l’issue de mes premières investigations, le mystère concernant sa
vie est donc loin de s’éclaircir, poursuit le généalogiste amateur.
Mes recherches ultérieures et un brin de chance me permettent
de localiser son décès à Saïgon en 1872 puis celui de son épouse
en 1869 à Mayotte. Ces découvertes n’apportent toutefois aucun
éclairage sur la vie de Paul Lingueglia jusqu’en 2021, quand mes
recherches me mènent aux Archives nationales d’outre-mer, à
Aix-en-Provence et à la découverte de son dossier d’employé du
ministère des Colonies. »
De son vivant, Paul Lingueglia eut des démêlés avec
l’administration, dus entre autres à une confusion avec son oncle
homonyme. Pour le chercheur d’ancêtres, c’est du pain bénit : un
dossier fourni, qui donne à voir le parcours non pas du corsaire
fantasmé mais d’un marin aventurier passé par la Martinique et
Mayotte avant de mourir à Saïgon en 1872 à 53 ans, ce que ses
enfants et petits-enfants n’ont jamais su. ___ V.T.

44 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I

jeune ? Selon l’acte de mariage, il est
déclaré orphelin mais aucune trace du
décès de ses parents n’a été trouvée
avant son mariage.
Le mardi 4 février 1835, naît à Triora
leur premier enfant, Joseph. Il est
temps pour Paul de commencer une
nouvelle vie avec sa femme et son
jeune enfant. Il prend la route de la
France, vraisemblablement en direc-
tion de la ville de Marseille où réside un
de ses oncles. Paul va trouver du travail
en tant que marin, à bord de navires
marchands. Pendant une dizaine d’an-
nées, il va sillonner le monde sur divers
bateaux basés à Marseille, Bayonne ou
encore Le Havre :
• le 13 avril 1842, « le capitaine du brick
“Alez Keilm”, certifie que le nommé Lin-
gueglia Paul a fait un voyage à Jaffa
en qualité de second à mon bord et sa
conduite a été très bonne et je lui délivre
le présent certificat » (1) ;
• le 10 juin 1845, « le commandant du
brick Français “Lise chérie” certifie que
le nommé Lingueglia Paul a navigué
avec moi en qualité de maître d’équipage
pendant l’espace de 16 mois faisant le
cabotage sur les côtes d’Afrique. Je n’ai
eu qu’à me louer de sa conduite pendant
le temps qu’il a servi sous mes ordres ».

Premiers problèmes
avec l’administration
En 1844, Paul s’engage dans la marine
royale française, ce qui signifie beaucoup
de temps passé sur les quais de la ville
de Toulon où il s’installe avec sa famille.
Les dix années qui suivent, il accomplit
son travail au sein de la marine royale,
nationale puis impériale, en donnant
satisfaction à ses supérieurs : le 5 sep-
tembre 1847, « le lieutenant de vaisseau,
chargé du détail, certifie que le nommé
Paul Lingueglia, matelot de 3e classe a
rempli pendant tout son séjour à bord
de la frégate “l’infernal”, les fonctions de
gabier de misaine et de patron du canot
major avec zèle et aptitude et qu’il a mérité
pour sa bonne conduite et sa capacité, de
passer à la 2e classe de matelot lors du
désarmement du navire ».
1) Les citations sont extraites du dossier de person-
nel de Paul Lingueglia aux Anom, cote EE.1298.
Témoignage En 1855, Paul quitte la marine natio-
rendant nale et rentre en métropole pour
compte occuper un emploi de pilote puis de
de l’acte maître de port. Le 30 novembre 1861,
d’héroïsme de
il est nommé maître de port à Fort-
Paul Lingueglia
de-France en Martinique et se trouve
en 1868.
ainsi de nouveau séparé de sa famille.
© Bernard Ricci
En 1866, le Conseil général de la Mar-
tinique décide que le poste de maître
de port sera supprimé à partir du 1er
janvier 1867. Paul est obligé de rentrer
en France dans l’attente d’un nouveau
poste. Le 16 avril 1867, il débarque à
Cherbourg où il apprend qu’il passe en
demi-solde et le bureau du ministère
des Colonies lui retient son livret de
travail pour l’envoyer à Paris. Arrivé
à Toulon, il ne peut toucher sa solde,
le bureau de Toulon refuse de la payer
car il n’est pas en possession de son
livret de travail… Premiers problèmes
avec l’administration coloniale.
Acte de bravoure
et maladies à Mayotte
Le 28 juillet 1867, il est nommé maître
de port à Mayotte. Il demande et
obtient l’autorisation de s’y rendre avec
sa femme. En novembre, Paul et son
épouse s’embarquent pour Mayotte,
laissant à Toulon leurs trois garçons,
Joseph âgé de 32 ans, Baptistin Marius
âgé de 19 ans et Joseph Marius qui
a 17 ans. Les deux derniers encore
mineurs sont confiés à la veuve Duprat,
âgée de 55 ans.
Arrivés à Mayotte, Paul et son épouse
s’installent à Dzaoudzi, petit village
en face de Mamoudzou, la

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 45

 méthodes & ressources
un ancêtre, une histoire
principale ville de l’île. Ce séjour
est l’occasion d’un acte d’héroïsme,
dont un témoignage est consigné
dans le dossier : « Le 26 juillet 1868
vers 6 heures ¼ du matin, on retournait
de Dzaoudzi où j’avais été appelé pour
affaires de service au 4e quartier. J’ai
coulé avec la pirogue que je montais avec
trois autres individus dont un garde de
police, entre Dzaoudzi et la pointe Choa.
Aperçu aussitôt par le maître de port,
M. Lingueglia qui s’est immédiatement
jeté dans une embarcation pour nous
sauver. J’ai été recueilli par lui avec mes
autres compagnons ».
Malheureusement, la suite est plus
dure. Paul et son épouse tombent
gravement malades. Le 19 février
1869, Catherine Revello décède en
son domicile de Dzaoudzi. Quant à
Paul, le rapport de la commission de
santé en date du 25 septembre 1869
est assez explicite : « Monsieur Lingue-
glia Paul, âgé de 52 ans, Maître de port
à Mayotte où il sert depuis 2 ans. Il est
anémié et considérablement amaigri par
suite de plusieurs atteintes de fièvre avec
état bilieux qui depuis trois mois surtout
se sont succédé avec plus de fréquence.
De plus, pendant son dernier séjour à
l’hôpital, il a été atteint d’angine pseudo
membraneuse qui a contribué à l’affaiblir
davantage et l’a mis actuellement hors
d’état de faire un service actif. En consé-
quence, la commission de santé estime
qu’il est urgent d’envoyer Lingueglia en
France à la 1ère occasion pour y jouir d’un
congé de convalescence. »
Le 20 novembre 1869, Paul Lingueglia
débarque à Marseille. Il est immé-
diatement examiné par le conseil de
santé : « Nous, membres du conseil de
santé, certifions que le nommé Lingue-
glia, maître de port, adressé au conseil
par M. le commissaire aux revues, est
atteint d’anémie paludéenne endémique
à Mayotte et qu’il a besoin d’un congé de
convalescence de deux mois. »
Confondu avec son oncle
Ses problèmes avec l’administration
vont alors connaître un nouvel épisode.
Alors qu’il se présente au bureau des
soldes de Toulon, il apprend qu’au-
cun dossier n’existe à son nom ! Et
le revoilà reparti dans son combat
avec l’administration. Encore une
46 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
fois, le voici sans ressource. Après
avoir poussé maintes portes, écrit de
nombreuses lettres, il apprend qu’il
a été confondu avec Jean Antoine
Lingueglia, décédé, qui se trouve être
un des fils de son oncle.
Le 6 février 1870, à la fin de son congé
de convalescence, il se présente à la
visite du conseil de santé, lequel
déclare qu’il y a lieu de le mettre en
observation à l’hôpital. Paul refuse d’y
entrer en déclarant que sa santé est
entièrement rétablie et qu’il se trouve
prêt à reprendre immédiatement du
service actif, même dans une colonie
dangereuse. Mais point de poste de
maître de port à l’horizon. Le 18 juin
1870, l’administration, peut-être sous
la pression d’amiraux ayant connu Paul
au début de leur carrière militaire,
transmet une lettre de signalement
au ministre des Colonies :
« Mis en ½ solde mais appelé Antoine
(son oncle décédé depuis 2 ans) donc
pas de ½ solde accordée, Paul Lingueglia
expose qu’il y a huit mois qu’il est sans
emploi pour cette erreur de nom et qu’il
est sans ressource ayant dépensé toutes
ses économies pour se nourrir.
Il vous supplie de ne pas le laisser dans
la misère et lui accorder une place
quelconque soit en France, soit dans
les colonies ou de lui donner la ½ solde
qu’on lui avait allouée et que l’erreur de
nom l’a empêché de jouir.
Il n’a aucunement démérité et a toujours
rempli les emplois qui lui ont été confiés
à la satisfaction de ses chefs comme en
témoignent les pièces qu’il a eu l’honneur
de vous adresser : ses nominations de
pilote et de maître de port et un certificat
mentionnant qu’en diverses occasions il
a eu le bonheur de sauver la vie à vingt-
deux hommes.»
Décédé à Saïgon à 53 ans
La réponse signée du contre-amiral
directeur du personnel du port de
Toulon est envoyée le 7 juillet sui-
vant : « En réponse à sa note du 1er juillet
courant relative au maître de port Lin-
gueglia, j’ai l’honneur de faire à M. le
directeur des colonies que je donne mon
adhésion à la mesure proposée en faveur
de ce marin, c’est-à-dire, son admission
temporaire à la division de Toulon sous
réserve expresse que le sieur Lingueglia
sera appelé à remplir le premier emploi
vacant de maître de port dans les colonies.
Il est peu probable que le sieur Lingueglia
refuse l’avantage exceptionnel qui lui est
accordé et en autorisant son admission
immédiate l’on évitera toute communi-
cation ultérieure à son sujet. ».
Un poste se libère à Saïgon en
Cochinchine française. Le 8 juillet
1872, le décès de Paul Lingueglia,
maître de port à Saïgon, âgé de 53 ans,
est déclaré à la mairie de cette ville.
Un des témoins étant infirmier major
de première classe, on peut affirmer
sans grand risque que Paul est décédé
à l’hôpital militaire de la ville sans
doute suite à un réveil de la maladie
contractée à Mayotte.
Sept ans plus tard, dans l’acte de décès
de son fils, Joseph Marius, rédigé le
21 février 1879, il est indiqué que
son père Paul Lingueglia est absent,
sans nouvelle de son dernier domicile
connu. Dans celui de son dernier fils
survivant, Baptistin Marius, rédigé
le 21 août 1891, on lit que le père est
maître de port domicilié en Chine. Ces
mentions nous font comprendre que
ses enfants ne furent jamais informés
du décès de leur père, dernier manque-
ment de notre belle administration
coloniale.
Ayant secouru pendant sa vie plus
d’une vingtaine de personnes suite
à des naufrages, une demande fut
rédigée afin qu’il obtienne la Légion
d’honneur. La requête ne fut pas accep-
tée, Paul ayant encore une nouvelle
fois été confondu avec son oncle… ___
Bernard Ricci
avec la collaboration de
Véronique Tison
VOS
HISTOIRES
Retracez le parcours ou
un évènement vécu par un ancêtre
de votre choix, documents à l’appui,
et adressez-nous ces découvertes
familiales par courriel :
rfg@martinmedia.fr
 méthodes & ressources
lu, vu, entendu
EN BREF
Mieux connaître la guerre
d’Algérie dans la Loire
À l’occasion du 60e anniversaire de la
signature des accords d’Évian, les Archives
de la Loire proposent différentes ressources
issues de leurs fonds pour mieux connaître
l’histoire de ce conflit, dont notamment
un guide des sources qui recense les
documents conservés par le service, relatifs
à la Guerre d’Algérie (1954-1962).
Un dossier pédagogique intitulé Loire-
Algérie : histoires croisées a également
été conçu comme une exposition virtuelle.
La numérisation des documents en haute
définition permet un agrandissement et
une lecture faciles. Des définitions, des
biographies et de courtes explications
accompagnent chaque document.
En complément de ces riches informations,
une exposition baptisée En guerre d’Algérie.
Récits partagés se visite jusqu’au 16 juin
2023 et propose un parcours autour des
mémoires et de l’histoire de la guerre
d’Algérie dans le bassin stéphanois et plus
largement dans la Loire.
https://archives.loire.fr
Dossiers de cheminots du PLM
en ligne sur Geneanet
Ce sont près de 70 000 dossiers individuels
de cheminots ayant travaillé pour le compte
des chemins de fer de la célèbre compagnie
« PLM » qui sont désormais consultables
sur Geneanet. Ces dossiers de personnels
couvrent une période allant des origines
du Paris-Lyon-Méditerranée (vers 1850)
jusqu’à la nationalisation des chemins de
fer, en 1937. Chaque fiche indique l’état
civil et surtout le parcours professionnel des
employés. Ces archives précisent également
les gratifications… ou les punitions dont les
cheminots ont été l’objet.
Tous les noms des personnes mentionnées
dans ce fonds (qui est malheureusement
loin d’être exhaustif), sont trouvables via
une simple recherche depuis la page
d’accueil de Geneanet, via son moteur de
recherche avancée ou le formulaire dédié.
Notez que les noms des femmes sont
souvent suivis de celui de leur mari, ce qui
explique la présence de nombreux noms
« doubles ».
www.geneanet.org/fonds/recherche-
evenement/121/le-fichier-des-chemins-
de-fer-du-plm
Une base patronymique
des agents des douanes
Les registres du personnel conservés
par le musée national des Douanes ont
commencé à être dépouillés en 1984 et,
grâce à l’ensemble des bénévoles, le centre
de documentation a pu développer son
fichier patronymique pour répondre aux
nombreuses demandes de recherches
généalogiques. Toutes ne trouvent pas
encore de solution car non seulement
l’ensemble des registres n’est pas encore
dépouillé, mais il faut savoir également que
le musée ne conserve qu’une sélection de
ces archives.
À ce jour, la base répertorie néanmoins
déjà plus de 100 000 noms d’agents des
douanes des brigades et bureaux en poste
du XVIIIe au XXe siècles dans différentes
directions de France. La recherche s’effectue
librement en ligne à partir d’un simple
patronyme.
www.musee-douanes.fr/genealogie/
rechercher-dans-la-base-patronymique
La Vendée en chiffres
de 1800 à 1940
Dénombrements, listes nominatives,
états statistiques, mercuriales et autres
enquêtes... les Archives de Vendée ont mis
en ligne l’inventaire de la sous-série 6 M qui
concerne toutes ces données chiffrées. Mais
ce n’est pas seulement la population qui
est mise en chiffres, la sous-série 6 M traite
également de l’organisation économique du
département. On peut y suivre, par exemple,
les prix pratiqués sur les marchés (céréales,
légumes, bois, charbon, fourrages, viandes),
qui donnent de précieux indicateurs pour
mesurer l’évolution du niveau de vie de nos
ancêtres.
On trouve également sous la cote 6 M des
états statistiques des moulins et minoteries,
établis à l’origine pour contrôler les stocks et
veiller au ravitaillement de la population, mais
qui servent aux généalogistes pour mieux
connaître leurs ancêtres meuniers... Grâce à
la numérisation de plus de 2 000 vues, il est
notamment possible de consulter en ligne un
état statistique et nominatif des boulangers
du département au cours de la période.
Ces statistiques agricoles sont complétées
par d’autres relatives aux industries,
manufactures, prisons, hôpitaux, sociétés de
secours mutuels...
L’inventaire complet s’utilise à partir
de l’arborescence située à gauche de
l’écran. Les rubriques suivies d’une icône
représentant un appareil photo sont celles
qui comportent des documents numérisés.
En dehors de ces documents consultables
à distance, l’inventaire complet permet de
préparer une visite en salle de lecture grâce
au repérage des cotes intéressantes.
https://etatcivil-archives.vendee.fr/f/
recensement/tableau/?
Les nouvelles années
calvadosiennes
C’est un formidable travail qui a été fourni par les
Archives départementales du Calvados à l’occasion
du franchissement de la nouvelle année. Comme
dans la plupart des départements, l’état civil s’est
élargi d’un an de plus pour la consultation sur leur
portail avec dorénavant les naissances accessibles
jusqu’en 1922, les mariages jusqu’en 1947 et les
décès jusqu’en 1997. Attention néanmoins, c’est la
date de clôture du registre qui compte. Lorsqu’un
registre contient les trois catégories d’actes (dans les
petites communes par exemple), c’est la catégorie
des naissances qui fixe le délai de communicabilité
de l’ensemble du registre.
Mais ce sont aussi les répertoires des notaires
du département qui deviennent consultables en
ligne jusqu’en 1922 et, mieux encore, la presse
jusqu’à 1952, soit 8 500 vues supplémentaires
grâce auxquelles vous lirez notamment Liberté, Le
Lexovien libre, La Voix du Bocage, La Renaissance
du Bessin et Paris-Normandie.
Pour celles et ceux qui s’intéressent plus
particulièrement à l’histoire des maisons et des
lieux, les Archives du Calvados ont également
poussé en ce début d’année la consultation en ligne
des matrices cadastrales jusqu’à 1972 inclus.
Et pour être complet, rappelons que les
recensements de population sont disponibles
jusqu’en 1946, dernière année où le recensement
fut exhaustif et obligatoire. ___ P-V.A.
https://archives.calvados.fr
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 47
 méthodes & ressources
lu, vu, entendu
Matricules
de la Révolution
et du Consulat
Après avoir mis en ligne les
registres de contrôles de
troupes d’Ancien Régime (1682-
1793), Mémoire des hommes
vient de publier sur son site
1 676 registres matricules de
la Révolution et du Consulat.
Ils commencent aux premières
levées de volontaires, en 1791,
et vont jusqu’à la constitution puis
la dissolution des demi-brigades
(1793-1803). Certains registres
des bataillons de volontaires
ayant été conservés et poursuivis
malgré le changement de
dénomination des unités, la
période globale couverte va
de 1747 à 1839.
Ces registres matricules
enregistrent les signalements des
sous-officiers et soldats (nom,
date et lieu de naissance, noms
des parents, taille…), les dates de
leur incorporation et leurs grades
successifs, les motifs de sortie et
les campagnes réalisées pendant
la durée de leur service. Comme
ceux des précédentes collections,
ils sont ouverts à l’indexation
collaborative. ___ P-V.A.
www.memoiredeshommes.sga.
defense.gouv.fr/fr/arkotheque/
navigation_facette/index.
php?f=regmatricule
48 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
ARCHIVES EN LIGNE
Aisne : état civil complété
Le complément des tables décennales de
l’état civil est désormais disponible en ligne
sur le site des Archives de l’Aisne pour la
période 1883-1972.
https://archives.aisne.fr/archive/
recherche/etatcivil/n:11
Alpes-Maritimes :
retour à la normale
Les documents numérisés des Archives
des Alpes-Maritimes sont de nouveau
accessibles en ligne après la cyber-attaque
qui avait contraint le département à fermer
le site en janvier.
www.basesdocumentaires-cg06.fr
Plus de 3 000 cartes postales
drômoises
Déjà forte de 20 000 documents, la catégorie
Images des archives numérisées de la Drôme
s’enrichit, grâce aux dons et achats réguliers,
dont 3 606 cartes postales anciennes. Le
formulaire de recherche est commun à
toutes les sous-séries iconographiques ; si
vous souhaitez ne consulter que les cartes
postales, il faut donc commencer par
chercher seulement par cote en indiquant
30 Fi dans le champ adapté.
https://archives.ladrome.fr
Haute-Garonne : de nouveaux
outils pour le cadastre
Depuis plusieurs années, les plans du
cadastre napoléonien sont en ligne sur le
portail des Archives de la Haute-Garonne.
À ces documents fondateurs, qui remontent
aux années 1805-1839, viennent d’être
ajoutés les plans du cadastre dit « rénové »,
Registre du
allant de 1931 jusqu’en 2004. Il s’agit donc
3e bataillon de
volontaires des de deux « photographies géographiques »
Vosges, dit de du territoire départemental séparées d’un
Mirecourt, cote siècle car pendant la période 1840-1930,
GR 16 Yc 546. les tracés n’ont jamais été actualisés.
© Capture Mémoire Et si le cadastre napoléonien est complet
des hommes
en ligne, les plans rénovés de certaines
communes manquent encore à l’appel,
ils viendront s’ajouter au fil du temps, après
leur versement par les centres des impôts
fonciers et leur numérisation.
Les tables de correspondance viennent
également d’être mises en ligne, elles sont
indispensables pour réaliser un travail de
comparaison et de suivi entre les deux plans
cadastraux car elles permettent de connaître
la nouvelle référence d’une parcelle lors
du passage entre le cadastre napoléonien
et le cadastre rénové. Elles ont été établies
uniquement pour les communes rénovées
par voie de mise à jour (référence de
parcelle commençant par une lettre simple)
et si votre commune n’est pas présente, cela
signifie qu’elle a été rénovée par voie de
renouvellement ou de réfection (référence
de parcelle commençant par une double
lettre), auquel cas il n’existera pas de table
de correspondance. Il est également
possible que la table de correspondance
soit manquante, car l’ensemble des tables
de correspondance conservées par les
centres des impôts fonciers a été versé et
toutes ont été numérisées.
Enfin, troisième nouvelle collection en ligne
concernant le territoire, les procès-verbaux
de délimitation des communes de la Haute-
Garonne, remontant au début du XIXe siècle,
aident à bien comprendre les délimitations
de chacune d’entre elles. La collection n’est
pas exhaustive.
https://archives.haute-garonne.fr/
archive/recherche/cadastre/n:111
Gironde : les compléments
de Bordeaux Métropole
Dans les collections d’état civil, les Archives
de la métropole de Bordeaux ont mis
en ligne de nouveaux registres : il s’agit
notamment de quatorze volumes pour
l’année 1921 (naissances, mariage, décès
et tables annuelles) concernant la ville de
Bordeaux elle-même et de six registres des
années 1920 et 1921 pour Le Bouscat.
Dans la rubrique dédiée aux recensements,
ce sont sept nouveaux registres qui font
leur apparition en 2023 : ils concernent la
population de Pessac, pour les années 1836
à 1936.
https://archives.bordeaux-metropole.fr
Premières hypothèques
du Morbihan
Les Archives du Morbihan ont mis en ligne
1 024 registres des hypothèques, pour
les bureaux de Lorient et de Ploërmel,
de l’an VII à 1955. Il existait quatre bureaux
de conservation des hypothèques dans
le Morbihan : Lorient, Ploërmel, Pontivy et
Vannes. Les registres du bureau de Pontivy
seront numérisés au second semestre
2023 et ceux de Vannes suivront. Sur la
page d’accueil des hypothèques, une carte

permet de savoir de quel bureau dépend
une commune et un tableau téléchargeable
en PDF reprend également la liste de toutes
les communes et des bureaux afférents.
https://patrimoines-archives.morbihan.fr
Les Archives de Lorient
ajoutent des années
En ce premier trimestre 2023, les Archives
municipales de Lorient offrent un beau
cadeau aux généalogistes en mettant en
ligne, pour les communes de Lorient et
Keryado, les registres de naissances et de
mariages jusqu’à l’année 1947 et les registres
de décès jusqu’en 2015 inclus pour la
commune de Lorient. Ces actes numérisés
rejoignent les collections plus anciennes d’état
civil ainsi que l’intégralité des registres de la
paroisse Saint-Louis de Lorient (1705-1792).
https://archives.lorient.bzh/4DCGI/
Web_RegistresLance/ILUMP9189
Hérault : Fiches de décès
et enregistrement
Les fiches des décès (qui remplacent depuis
1969 les tables de successions et absences)
ont été mises en ligne par les Archives de
l’Hérault jusqu’en 1972. De plus, le nouveau
formulaire de recherche permet d’interroger
l’ensemble des fonds de l’enregistrement
pour la période 1789-1987.
https://pierresvives.herault.fr/
Rhône : décès lyonnais de 1997
Les tables et les actes de décès de l’année
1997 sont dorénavant disponibles sur le
portail des Archives municipales de Lyon.
www.fondsenligne.archives-lyon.fr/v2/
ac69/etatcivil.html
Deux-Sèvres et Vienne : matri-
cules militaires jusqu’en 1940
Les Archives des Deux-Sèvres et de la
Vienne ont mis à disposition en ligne les
registres matricules militaires de 1922 à
1940, dont la consultation est réservée aux
internautes identifiés avec France Connect.
https://archives-deux-sevres-vienne.fr/n/
recrutement-militaire/n:228
Vendée : le minutier
de Saint-Jean-de-Monts
Les actes du minutier ancien de Saint-Jean-
de-Monts ont été numérisés et mis en
ligne par les Archives de la Vendée pour la
période 1740-1777.
http://recherche-archives.vendee.fr/
archives/archives/fonds/FRAD085_
NOTAIRESCANTONSAINTJEANDE
MONTS/view:fonds
Hauts-de-Seine : matrices
cadastrales et états de section
Les plans du cadastre, c’est utile pour
retrouver des biens immobiliers, mais
les matrices et les états de section, c’est
indispensable pour en identifier les
propriétaires. C’est ainsi que plus de
170 000 fichiers concernant les matrices
et états de section cadastraux sont arrivés
sur le site Internet des Archives des Hauts-
de-Seine. Ces registres couvrent dans un
premier temps les communes suivantes :
Antony, Asnières-sur-Seine, Bagneux, Bois-
Colombes, Boulogne-Billancourt, Bourg-la-
Reine, Chaville, Chatenay-Malabry, Chatillon,
Clamart, Clichy, Colombes. Les fichiers
concernant les autres communes seront
progressivement mis en ligne.
Les matrices listent les propriétaires
et indiquent les parcelles qui leur
appartiennent ; les états de section font le
chemin inverse en listant les parcelles et
en précisant leur propriétaire. La recherche
généalogique peut donc être réalisée dans
les deux sens, selon que l’on cherche quels
étaient les biens d’un ancêtre ou à qui
appartenait telle ou telle maison ou terre.
https://archives.hauts-de-seine.fr/
archive/resultats/cadastre/plan/
n:94?type=cadastre
Jusqu’en 1922
• Eure-et-Loir. Les registres d’état civil sont
désormais disponibles en ligne sur le portail
des Archives d’Eure-et-Loir jusqu’en 1922
inclus et ce pour l’ensemble des communes
du département, ainsi que l’instrument de
recherche de la sous-série 2 X qui concerne
les bureaux de bienfaisance et d’assistance
entre 1800 et 1940.
https://archives28.fr
• Loire-Atlantique. L’année 1922 des
registres d’état civil est désormais accessible
sur le site des Archives de Loire-Atlantique.
https://archives-numerisees.loire-
atlantique.fr/v2/ad44/registre.html
Relevés de marins
morts en mer
Vous avez un ancêtre marin et vous
ne trouvez pas son décès ? La liste à
laquelle travaille sans relâche le Cercle
généalogique du pays de Caux vous
apportera peut-être la
réponse. Depuis quelques
mois, les bénévoles ont
entrepris d’établir une liste
de marins décédés loin de
chez eux (en mer, à l’hôpital,
ou autres lieux) entre 1694
et 1951 pour les quartiers
de Dieppe et Fécamp.
Cette liste, qui peut
aussi concerner d’autres
quartiers, est classée
par ordre alphabétique
et indique la date du
décès, le nom du bateau,
les nom, prénom et
profession du marin, ainsi
que son quartier d’origine.
Elle évolue sans cesse et vous pouvez
la télécharger librement au format PDF.
Certaines de ses lignes sont surlignées en
vert : elles concernent des marins pour
lesquels il existe un article détaillé sur les
circonstances du décès dans les archives
du Cercle généalogique du pays de Caux.
Ces détails sont en revanche réservés
aux adhérents. La consultation du blog
de l’association reste, elle, accessible à
toutes et tous. ___ P-V.A.
www.geneacaux.fr
• Loire. Les naissances de l’année 1922 sont
en ligne pour environ 300 communes ainsi
que les matricules militaires de la classe
1922 sur le site Internet des Archives de la
Loire.
https://archives.loire.fr/n/archives-
numerisees-en-ligne/n:90
• Mayenne. Les actes d’état de 1922
sont arrivés sur le portail des Archives de
la Mayenne pour certaines communes,
notamment Azé, Bouère, Laval, Mayenne et
Château-Gontier.
https://archives.lamayenne.fr/archives-
en-ligne/etat-civil-search-form.html. ___
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 49
 boîte à outils
grand angle
Intégrer les médias
à votre généalogie
DOCUMENTER. Avec des photos, actes,
archives sonores ou vidéo, vous enrichissez
votre généalogie : ces médias servent à la fois
à sourcer vos travaux et à rendre encore plus
concrète votre histoire familiale. Voici la méthode
pour les intégrer à vos arbres généalogiques
dans Filae, Geneanet, Généatique et Heredis.
L 
es médias ont toujours fait partie
intégrante de nos généalogies :
hier il s’agissait de photocopies
d’actes qu’on classait dans des pochettes
transparentes, aujourd’hui les médias
sont numériques et intégrés à nos logi-
ciels ou aux plateformes d’hébergement
d’arbres en ligne. C’est pourquoi nous
vous proposons de faire un point sur ces
médias, leur intérêt, leur place et leur
maniement dans ces nouveaux outils.
C’est quoi un média
et ça sert à quoi ?
Un média généalogique, c’est, bien sûr,
une archive sous forme numérique,
qu’il s’agisse d’un acte d’état civil, un
document notarié, une fiche matricule,
un extrait issu de l’Enregistrement
ou des hypothèques, une coupure de
presse, etc. Cela peut-être aussi un por-
trait d’ancêtre, une photo de mariage
ou de groupe, l’image d’une sépulture
dans un cimetière, voire celle d’une
mairie, d’une église ou de fonds baptis-
maux... Mais au-delà des images fixes,
il peut s’agir aussi de sons provenant
de témoignages oraux recueillis avec
un smartphone, ou encore de vidéos
familiales, anciens films numérisés ou
enregistrements récents. Sans oublier
des documents mis en forme sous Word
ou transformés en PDF.
Si les médias sont indispensables à
nos généalogies, c’est avant tout parce
qu’ils constituent des supports pour
avérer ce que nous affirmons dans nos
50 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
recherches. Pour qu’ils deviennent
des sources véritables, il ne faut pas
oublier d’indiquer l’origine de chacun
des médias ni de les dater. Ainsi, pour
un acte paroissial numérisé que l’on
intègre à la fiche d’un ancêtre, il est
nécessaire de préciser de quel registre
il est extrait, de dire où se trouve ce
registre et, au mieux, de donner un
permalien vers la page s’il s’agit d’ar-
chives en ligne (idem pour une coupure
de presse ou une archives autre qu’état
civil). De même, pour une photo de
mariage, il faut en indiquer la date
(qui sera utile pour estimer l’âge des
participants inconnus) et, idéalement,
le lieu de prise de vue, tout comme
pour une vidéo familiale.
Médias d’individus
et médias d’évènements
Ainsi, on peut distinguer deux types
de médias : ceux relatifs à un individu
et ceux relatifs à un évènement. Cette
distinction est très importante car elle
va permettre de placer au bon endroit
chaque média dans sa généalogie. Il
faut donc s’interroger à chaque nou-
veau média recueilli. Un contrat de
mariage numérisé, par exemple, est
typiquement lié à un évènement et
non pas à un individu car il concerne
plusieurs personnes : les futurs époux,
leurs parents et tous les témoins cités.
Il serait donc aberrant d’intégrer un
contrat de mariage dans une fiche et
une seule, il faut le rattacher à l’évè-
nement lui-même, lequel évènement
est partagé entre tous les participants.
C’est aussi valable pour la photo
d’un caveau collectif : il ne faut pas
la placer dans une fiche individuelle
mais bien en regard de l’évènement
« inhumation », sachant que plusieurs
inhumations pourront faire référence
à la même photo de tombe.
La différence est plus subtile pour les
photos de personnes. Le portrait de
l’arrière-grand-père posant fièrement
dans le studio du photographe est
bien sûr à rattacher à l’individu et à lui
seul. Mais dès lors qu’il y a plusieurs
personnes sur une image, il faut de
préférence lier celle-ci à un évène-
ment, comme les photos de mariage,
les photos scolaires ou de groupes de
conscrits.
Pour faire simple, à part les portraits
individuels ou le témoignage enregis-
tré ou filmé d’une personne seule, bien
peu de médias sont liés aux individus,
la plupart d’entre eux concernent des
évènements et doivent être partagés.
Et plus vous aurez créé d’évènements
pour intégrer les médias, plus votre
généalogie sera documentée et pré-
cise. Maintenant que nous avons fait
le point sur les médias et clarifié la
place qu’ils doivent occuper, voyons
comment les intégrer aux deux princi-
paux sites d’hébergement d’arbres en
ligne, Filae et Geneanet, ainsi qu’aux
deux principaux logiciels, Généatique
et Heredis.
Les médias dans Filae
Filae accepte comme médias des
fichiers JPG, PNG, DOC et PDF. Le
stockage sur les serveurs du site et
le nombre de médias sont illimités
mais les fichiers doivent chacun peser
moins de 5 Mo. Si vous importez une
généalogie par Gedcom et que vous
ajoutez ensuite des documents à votre
arbre, ceux-ci seront conservés lors
des mises à jour ultérieures avec un
nouveau Gedcom.
Il existe quatre méthodes pour ajou-
ter des documents aux individus. La
première consiste à cliquer dans le
volet de saisie sur le bouton ou
sur + Document dans la fiche puis sur
Ajouter un document et enfin sur Photos
ou fichiers 1 . Une fenêtre apparaît,
permettant d’y glisser un ou plusieurs
fichiers depuis votre ordinateur. Il est
aussi possible de cliquer sur le bouton
Sélectionner des photos ou des fichiers
pour ouvrir l’explorateur de votre
ordinateur afin de sélectionner un ou
plusieurs fichiers avant de cliquer sur
le bouton Ouvrir. La fenêtre Transfert
des données apparaît 2 et il est encore
possible de glisser des fichiers avant
de cliquer sur le bouton Enregistrer.
L’ajout d’une photo de profil est aussi
possible en cliquant sur le cercle qui
contient les initiales de la personne.
Comme précédemment, vous glissez
ou sélectionnez une image au format
JPG ou PNG. Lorsque l’opération est
terminée, un écran apparaît afin de
centrer une zone carrée sur le visage.
Vous glissez cette zone en maintenant
le bouton gauche de la souris et vous
agrandissez ou diminuez la zone en
tirant sur les plots présents sur les
bords. Grâce à cette fonctionnalité,
vous pouvez sélectionner une photo
de groupe et ne garder que le visage de
la personne. Lorsque la zone est bien
positionnée, cliquez sur Enregistrer.
La troisième méthode consiste à ajou-
ter des fichiers à des événements. Dans
le volet de saisie ou la fiche, cliquez
en dessous de l’événement désiré, sur
le bouton + Sources 3 . Vous pourrez
ajouter ainsi le ou les fichiers de votre
choix comme expliqué plus haut. Que
vous ayez choisi d’ajouter un fichier
par le bouton ou en cliquant sur
le cercle des initiales, dès que vous
avez validé le transfert, une fenêtre
de modification apparaît. Vous devez
obligatoirement préciser un titre et
saisir éventuellement des informations
complémentaires. Vous pouvez aussi
cocher ou décocher Définir comme photo
1 de profil ou encore des événements liés :
Filae indiquera alors qu’une source est
présente. Enfin, trois boutons sont
présents afin de supprimer, d’annuler
ou d’enregistrer vos choix.
Filae offre aussi une quatrième voie
pour ajouter des médias à son arbre,
directement à partir des archives
numérisées indexées nominativement
2 qui sont accessibles par le moteur de
recherche et par les suggestions sur
votre arbre. Lorsque l’archive numéri-
sée est affichée à l’écran, vous cliquez
sur le bouton Confirmer si c’est une
suggestion. Si vous l’avez trouvée par le
moteur de recherche, vous cliquez sur
Importer dans mon arbre avant d’obtenir
deux écrans pour sélectionner la per-
sonne souhaitée. Si l’individu concerné
par l’archive n’est pas dans votre généa-
logie, il faut choisir un proche. Vous
glisserez alors la personne à impor-
ter sur le bouton adéquat indiquant
le lien de parenté avant de cliquer
sur Importer les données. S’affiche
alors l’écran d’import des événements
comme pour les suggestions, il suffit
de glisser l’événement à droite sur
+ Nouvel événement ou s’il existe déjà,
1
sur celui à mettre à jour afin d’associer
l’archive. Enfin, cliquez sur J’ai terminé.
3 Tous les médias de votre généalogie
sont rassemblés et visibles dans Filae
en cliquant sur Documents. Grâce à
l’icône crayon, vous pouvez modifier ou
supprimer un fichier. Dans le volet de
saisie, le trombone sur « Documents »
indique que des médias sont présents,
tandis que dans la fiche, vous visualisez
le nombre 4 . Les documents liés à
un événement apparaissent dans la
chronologie avec le nombre de médias
et une vignette 5 .
4 5
CLIQUEZ SUR
Filae : www.filae.com 
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 51
 boîte à outils
grand angle
Les médias
dans Geneanet
L’import des médias peut se réaliser
sur Geneanet de manière manuelle
ou automatisée. En effet, le logiciel
Geneanet Upload permet d’envoyer
toutes vos images sur le serveur en
même temps que votre Gedcom, à
condition d’avoir réalisé au préalable
un export des médias depuis votre
logiciel 1 . Les images présentes sur
votre ordinateur sont ainsi transfé-
rées et sauvegardées sur Geneanet.
Lors d’une mise à jour, seules les
nouvelles images seront envoyées
et, comme pour Filae, lorsque vous
envoyez un nouveau Gedcom pour
remplacer votre arbre sur Geneanet,
les médias préexistants ne seront ni
perdus ni détachés des fiches, même
si les informations que ces dernières
contiennent ont été modifiées. En
revanche, si vous avez supprimé une
fiche qui intégrait des médias, ceux-ci
vont se retrouver orphelins et Geneanet
va vous proposer, à l’issue de l’import
du nouveau Gedcom, de les rattacher
à d’autres fiches.
Pour intégrer manuellement des
médias, il est possible de passer par la
rubrique Mes documents de l’onglet Ma
généalogie ou directement depuis une
fiche individuelle dans votre arbre 2 .
En choisissant Mes documents, lorsque
l’on clique sur Envoyer des médias, une
liste déroulante s’affiche pour choisir
le type de média à ajouter et il suf-
fit ensuite de sélectionner le fichier
depuis son disque dur. La dernière
fonction de la liste, Créer un document
multi-pages rassemble en un groupe
unique plusieurs éléments épars, ce
qui est très pratique lorsque plusieurs
images forment un tout autour d’un
évènement. Les formats autorisés
sur Geneanet sont JPG, PNG, BMP,
GIF et PDF.
Lorsqu’ils sont importés selon cette
méthode, les médias sont placés
dans le dossier des documents mais
ne sont pas encore reliés à des fiches
individuelles 3 . Il convient donc de
cliquer sur chacun pour l’ouvrir dans
une sur-fenêtre dont la barre d’outils
située à gauche de l’écran comporte
quatre choix : identification, infor-
mations, outils et transcription.
52 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
L’identification permet de rat-
tacher l’image à une personne
1
figurant dans votre arbre grâce
au bouton Identifier. C’est éga-
lement dans cette rubrique que
le bouton Vignette permet de
tracer un cadre sur la photo
pour sélectionner, par exemple,
un individu sur une photo de
groupe afin de l’identifier.
L’onglet Informations donne le
permalien de l’image, le titre
2
3 faite concerne le portrait, c’est-à-dire
4 la barre d’outils des registres en ligne
de la photo (qui est en fait le nom
qu’elle avait sur votre ordinateur avant
d’être téléchargée), le type d’image
sous lequel vous l’avez importée et
précise si elle est privée ou non. En
cliquant sur Modifier, vous pouvez
changer le titre et le type de l’image,
la rendre privée et ajouter une date,
un lieu et un éventuel commentaire.
Les Outils, quant à eux, donnent accès
à des fonctions de rotation ou de reca-
drage de l’image et permettent de la
télécharger ou de la supprimer. L’onglet
Transcription, enfin, ouvre un champ
dans lequel il est possible de saisir
du texte, utile lorsque l’image est un
document manuscrit.
Le défaut principal de la gestion des
médias par Geneanet, c’est le faible
niveau de qualification de chacun
d’entre eux. Ils sont en effet tous reliés
uniquement à des fiches individuelles
et non pas à des évènements. En bas de
la fiche d’un ancêtre, on trouve donc
en vrac toutes les photos ajoutées,
qu’il s’agisse d’actes d’état civil, de
feuilles de recensement, d’actes nota-
riés, etc. La seule distinction qui est
l’image principale qui s’affiche pour
un individu. Il est possible d’en choi-
sir un (et un seul) depuis les médias
importés ou de l’importer directement
à la bonne place à partir de l’ajout
manuel des médias depuis une fiche
individuelle (Édition > Envoyer des
médias > Ajouter un portrait).
Enfin, Geneanet permet de relier à une
fiche de votre arbre des documents
présents sur le site. Photos d’actes,
de monuments aux morts, de sépul-
tures, tous les types de médias issus
des projets collaboratifs et même les
images présentes sur les arbres d’autres
internautes : tout peut être relié à vos
propres fiches. Il suffit de créer le pont
à partir de l’icône en forme d’arbre sur
ou grâce au menu déroulant Plus d’op-
tions des cimetières et monuments 4 .
CLIQUEZ SUR
Geneanet : www.geneanet.org
Geneanet Upload :
www.geneanet.org/product/
upload
Les médias
dans Généatique
Généatique permet d’ajouter des
médias sans limites. Vous gérez vos
choix en cliquant dans le menu sur
Préférences > Préférences pour cette
généalogie > Gestion des médias 1 . Le
stockage des documents est géré par
défaut par le logiciel, c’est-à-dire qu’ils
seront copiés dans un dossier. Si vous
êtes expert, vous pouvez cocher Vos
médias restent à l’emplacement choisi
mais attention aux modifications que
vous apportez dans vos dossiers ! Vous
indiquez si vos médias sont renommés
ou non par le logiciel ainsi que le for-
mat des noms. Deux outils permettent
de rechercher les médias non trouvés
et de les restructurer pour prendre en
compte vos nouveaux choix.
Trois méthodes différentes permettent
d’ajouter des médias dans Généatique.
Pour chacune, sachez que vous pouvez
sélectionner plusieurs images à la fois
en maintenant appuyée la touche CTRL
de votre clavier enfoncée avant de
2 comme le livret de famille. Dans l’on-
cliquer sur chaque média. La première
façon passe par l’onglet Médias 2 qui
vous donne la possibilité de visualiser,
d’ajouter, de modifier et de supprimer
3 5
des fichiers. Si vous souhaitez ajouter
la photo d’une personne, cliquez sur le
bouton Photos et portraits 3 puis choi-
sissez le fichier sur votre ordinateur ou
utilisez les autres possibilités offertes :
webcam, scanner ou réseaux sociaux 4 .
Vous sélectionnez le répertoire avant
de cliquer sur l’image et enfin sur le
bouton Ouvrir. Si vous avez choisi
que Généatique nomme les images, un
écran intermédiaire apparaît afin de
personnaliser le nom. Cliquez ensuite
sur Enregistrer.
Toujours dans Médias, cliquez sur
le bouton Événements, actes et docu-
ments 5 pour associer un fichier à
un événement. Les formats possibles
sont nombreux JPG, PDF, DOC,
AVI… L’ajout s’effectue comme pour
les portraits, puis s’affiche un écran
permettant de choisir un événement
existant ou à créer, de saisir une source
ou de retoucher une image grâce à
l’icône en haut. Selon votre souhait,
cliquez sur Enregistrer ou Enregistrer
et éditer l’événement ce qui permet de
compléter la saisie (note, personnes
citées…). Lorsque vous cliquez avec
1 le bouton droit de votre souris sur
une image dans l’onglet Médias, des
fonctionnalités complémentaires appa-
raissent : la retouche, l’édition pour
ajouter ou modifier la date et le lieu, le
déplacement pour changer l’ordre des
médias, la suppression. Vous pouvez
aussi Définir comme image par défaut
pour les photos et portraits afin de
choisir ainsi l’image qui apparaît dans
la fiche et l’arbre.
Généatique permet également d’ajou-
ter des médias via l’onglet Essentiel,
en cliquant sur un événement puis
à gauche sur le bouton Ajouter une
illustration. Dans l’onglet Complet,
cliquez sur un événement puis sur
l’icône Ajouter une photo. La méthode
est ensuite identique à l’onglet Médias.
Le fichier sera associé automatique-
ment à l’événement choisi.
Dans le logiciel, les médias peuvent
aussi trouver leur place dans les notices
sur des patronymes, les lieux et les pro-
fessions 6 . Les images de ces notices
illustrent les arbres et les documents
glet Notices, cliquez sur le bouton
puis choisissez le type et saisissez un
mot clé. Cliquez alors sur Suivant afin
de saisir un texte puis de nouveau
sur Suivant afin d’ajouter des images.
Sélectionnez une catégorie comme
blason ou carte postale, le bouton
Ajouter une image ouvre l’explorateur
Windows afin de sélectionner le fichier
et l’importer avec le bouton Enregistrer.
Sachez enfin que si vous utilisez la
fonction Archives et bases icône, vous
4 pouvez réaliser une capture d’écran
grâce à l’icône présente en haut de
l’écran. Celle-ci sera ensuite impor-
table comme un média événement. La
fonction est pratique pour des petits
actes mais veillez à zoomer le plus
possible avant de faire votre capture.
N’oubliez pas non plus de bien cocher
les options proposées afin d’inclure
images et notices si vous ne voulez
pas perdre tous les médias !
6
CLIQUEZ SUR
Généatique :
www.geneatique.com
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 53
 boîte à outils
grand angle
Les médias
dans Heredis
La gestion des médias est très élaborée
dans le logiciel Heredis. Ils peuvent
être attachés aux individus, aux évè-
nements, aux sources et aussi aux
éléments du dictionnaire 1 . Il convient
donc de prendre le temps de réfléchir
à une méthode avant de commencer à
les intégrer. Comme nous l’avons dit en
préambule, un portrait sera naturelle-
ment attaché à l’individu et apparaîtra
en regard des informations essentielles
le concernant (nom, prénom, profes-
sion, titre, etc.). Mais Heredis va plus
loin puisqu’une place est aussi prévue
sur chaque fiche individuelle, en regard
des informations sur le conjoint, pour
mettre une photo où apparaissent
les deux individus ensemble, comme
une photo de mariage ou de famille
avec les enfants. Et il suffit d’insérer
une seule fois la photo à sa place pour
qu’elle apparaisse automatiquement
sur les fiches de chacun des conjoints.
En ce qui concerne les actes, le mieux
est de les intégrer dans les sources 2 ,
lesquelles sont rattachées aux évè-
nements et non pas aux individus
eux-mêmes. Prenons l’exemple d’un
baptême, en créant l’évènement et
en renseignant la date et le lieu, il
convient également d’indiquer une
source. S’ouvre alors une fenêtre pour
indiquer les références de la source et
c’est ici qu’on ajoutera la copie de l’acte.
Tout cela formera donc un ensemble
cohérent et vérifié. Pour ce qui est du
média attaché à l’évènement lui-même,
on préfèrera donc choisir la photo
de l’église où eut lieu le baptême ou
celle des fonds baptismaux. Comme
les médias sont regroupés dans un
dictionnaire spécifique 3 , il suffit de
les importer une seule fois pour les
réutiliser ensuite sur plusieurs fiches
sans surcharger le logiciel. Ainsi, repre-
nant l’exemple précédent, la photo de
l’église pourra être employée autant
que nécessaire pour tous les évène-
ments qui s’y sont déroulés, baptêmes,
mariages et cérémonies d’enterrement.
L’ajout des médias dans Heredis peut
se faire de trois manières. La première
consiste à faire une copie d’écran sur
un site d’archive par exemple et de
la coller directement à sa place dans
54 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
1
Heredis. Dans ce cas, le logiciel crée
automatiquement un répertoire avec
une copie de l’image sur le disque
dur pour la conserver. La deuxième
méthode permet de sélectionner une
photo sur votre ordinateur et de la
rattacher là où vous voulez dans le
logiciel de généalogie. Dans ce cas,
l’image restera à sa place d’origine
sans être recopiée dans un répertoire
spécifique de Heredis. Attention donc
aux modifications que vous pourriez
apporter à vos dossiers car si l’image
originale n’est plus là où le logiciel la
cherche, seule une copie basse défini-
tion apparaîtra dans vos fiches (mais il
sera toujours possible ultérieurement
de rechercher les médias manquants et
de les rattacher à partir de leur nouvel
emplacement, tant qu’ils n’ont pas été
2 supprimés définitivement de votre
disque dur). La troisième et dernière
méthode d’intégration d’une image
passe par le fameux dictionnaire, pour
utiliser une photo précédemment
importée.
De puissants outils de retouche des
photos sont également intégrés à
Heredis pour recadrer ou améliorer
une image, ainsi qu’un module d’iden-
tification qui permet de sélectionner
des parties d’une photo, par exemple
les têtes des protagonistes sur une
image de groupe. Le portrait de chaque
personne identifiée va ensuite se pla-
cer automatiquement sur la fiche de
3 chacun 4 .
Alors, quelle que soit la solution que
vous ayez choisie pour gérer votre
généalogie, vous n’avez maintenant
plus aucune excuse pour ne pas y asso-
cier des médias et surtout les intégrer
et les gérer comme il se doit pour amé-
liorer la fiabilité de vos travaux. ___
Pierre-Valéry Archassal
@PV_Archassal
4 Yann Guillerm
@Yann2229
CLIQUEZ SUR
Heredis :
www.heredis.com
 boîte à outils
bien s’organiser
Comment modéliser
un réseau familial ?
REPRÉSENTATIONS. Quoi de plus naturel,
pour un généalogiste, que de représenter
son environnement familial sous forme d’arbre
généalogique ? Oui mais cela suppose de
connaître précisément les liens de parenté
et les filiations. Comment faire lorsque
ce n’est pas le cas ? Voici trois propositions.
A 
u cours de mes recherches
généalogiques, lors de la
phase exploratoire, je ressens
régulièrement le besoin de « coucher
sur le papier » mes découvertes, mes
hypothèses ou mes intuitions, tant
pour y voir plus clair que pour orienter
mes prochaines étapes. La modélisa-
tion de réseaux familiaux en est un
parfait exemple. Elle peut s’avérer très
utile dans trois cas de figure :
• lors de la recherche et l’analyse des
liens de parenté éventuels entre plu-
sieurs familles homonymes d’un même
secteur géographique, en particulier
à des époques reculées ;
• lors de la reconstitution des relations
familiales entre plusieurs personnes
connectées les unes aux autres sur
des réseaux sociaux, dans le cas d’une
généalogie contemporaine ;
• lors de l’analyse de ses « matchs »
génétiques afin d’identifier les liens
de parentés croisés et les ancêtres
communs à plusieurs personnes, par
triangulation ou « clusterisation ».
Dans tous les cas, la matérialisation
visuelle de toutes ces relations est
essentielle pour tirer des conclusions.
La démarche sera systématiquement
la suivante :
1) choisissez un point de départ (un
ancêtre, un cousin, un match géné-
tique) dont le réseau familial (parents
proches, parrains et marraines,
témoins, correspondances géné-
tiques…) est visible ou identifiable ;
2) analysez son réseau familial via
les archives, les réseaux sociaux, ses
correspondances génétiques suivant
le cas de figure ;
3) représentez son réseau (lui et ses
relations familiales connues) à l’aide
d’un cercle, d’une toile d’araignée ou
d’un « cluster » ;
4) analysez ensuite les relations de
chaque membre de son réseau (qui
constituent donc les contacts au
2e degré de votre point de départ)
afin de retrouver des noms familiers
ou récurrents, des liens de parenté
éventuels avec votre point de départ et
des « nœuds ». Les « nœuds » sont les
personnes, idéalement au 1er degré du
point de départ, qui apparaissent à de
multiples reprises au sein des contacts
au 2e degré, donnant l’impression que
le réseau converge vers elles ;
5) ajoutez sur votre graphique, au fur
et à mesure, ces nouvelles relations
au 2e degré ;
6) focalisez ensuite vos recherches sur
les « nœuds » et « clusters ».
Illustrons cette démarche quelque peu
abstraite et les options de modélisation
à l’aide de cas concrets.
Pour rattacher les différentes familles Neulat résidant à Beauregard, dans le Lot, prenons un ancêtre
de départ (Guillaume Neulat dit Pagé) pour repérer les parrains et marraines de ses enfants et
représenter ainsi son réseau familial. © Capture Geneanet et AD46.
Sous forme de cercle
Imaginons que l’on cherche à rattacher,
si possible, les différentes familles
Neulat résidant à Beauregard (46)
au début du XVIIe siècle. Les registres
paroissiaux ne sont pas assez anciens
pour remonter d’une génération de
manière classique grâce aux actes
de mariage. Procédons comme suit,
en appliquant la démarche générale
précédente :
1) prenons comme point de départ
Guillaume Neulat dit Pagé († 1681),
cordonnier à Beauregard ;
2) analysons les parrains et marraines de
ses enfants grâce aux actes de baptême ;
3) représentons son réseau sous forme
de cercle (cf. image page suivante) :
une case pour chaque foyer Neulat
et un trait lorsqu’il y a une relation
parrain/marraine entre deux foyers.
4) analysons ensuite les actes de
baptême des enfants des différents
parrains et marraines (2e degré) afin
d’identifier de nouvelles relations voire
des liens de parenté explicitement
mentionnés ;
5) ajoutons sur le cercle les nouveaux
foyers et nouvelles relations identifiés
et poursuivons ainsi de proche
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 55
 boîte à outils
bien s’organiser
Représentation, à l’aide du logiciel Cytoscape, des relations croisées parrains/filleuls
entre plusieurs foyers Neulat de Beauregard (46) au début du XVIIe siècle. Les familles
sont désignées par leurs surnoms ou origines. Les relations sont matérialisées par des
traits plus ou moins épais en fonction du nombre de relations.
en proche, en tournant de foyer
en foyer, afin de reconstituer le réseau
familial global ;
À l’issue de cette enquête, quelques
liens de parenté délicatement sau-
poudrés permettront peut-être de
reconstituer l’arbre généalogique. À
défaut, nous pouvons ensuite focaliser
nos recherches dans des archives com-
plémentaires (notariales par exemple)
sur les foyers qui présentent les rela-
tions les plus entremêlées.
Pour renforcer le caractère visuel de
votre modélisation graphique, vous
pouvez (comme sur l’image ci-dessus) :
• situer les foyers les plus entremêlés
les uns à côté des autres ;
• augmenter la taille des foyers
(« nœuds ») qui totalisent le plus de
relations interfamiliales ;
• augmenter l’épaisseur des traits entre
deux familles proportionnellement au
nombre de relations parrains/filleuls.
Le logiciel gratuit Cytoscape (cf.
encadré) permet de le faire automati-
quement à l’aide du diagramme Degree
sorted circle layout.
Sous forme de toile
Imaginons, cette fois-ci, que l’on
cherche à reconstituer un arbre des-
cendant contemporain à l’aide des
réseaux sociaux. Au cours de la phase
56 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
Représentation d’un réseau sous forme de toile
d’araignée à l’aide du logiciel Cytoscape. Seules
les initiales des personnes sont indiquées pour
des questions de confidentialité.
Le logiciel Cytoscape
Cytoscape offre de nombreuses possibilités de
modélisation de réseau. Pour cela, vous pouvez :
• soit élaborer directement votre réseau dans l’outil en
créant des nœuds (nodes), i.e. les personnes, et des
relations (edges) entre elles à l’aide d’un clic droit ;
• soit en important un fichier Excel (ce que je
recommande).
Pour ce faire, il suffit de préparer un fichier Excel
avec trois colonnes : Nœud source (i.e. personne 1) /
Nœud cible (i.e. personne 2) / Type d’interaction,
puis de l’importer en sélectionnant : File > Import >
Network from file.
Une fois votre réseau importé, vous pouvez
sélectionner la manière de le représenter à l’aide
de l’onglet Layout. De nombreuses représentations
sont proposées. Voici mes préférées : Prefuse force
directed ; Edge-weighted Spring Embedded ;
Degree circle sorted (image ci-dessus, à gauche).
Vous pouvez ensuite paramétrer la manière d’afficher
les relations (couleur, épaisseur, trait en pointillé, etc.)
pour matérialiser la force d’une relation (pourcentage
d’ADN partagé par exemple) ou sa proximité (parent/
enfant vs cousin germain par exemple).
Même si Cytoscape n’est pas toujours intuitif, il offre
de multiples fonctionnalités très intéressantes. À
tester donc ! Ce logiciel est gratuit mais il n’existe
qu’en version anglaise.
https://cytoscape.org ___
exploratoire, consistant à naviguer au
sein du réseau étudié en sautant de
relation en relation, la représentation
sous forme de toile d’araignée (cf. image
ci-dessus) est, de mon point de vue, la
plus simple et la plus intuitive. Pour
cela, vous pouvez procéder comme suit :
1) munissez-vous de la plus grande
feuille possible (A3 voire A2) et notez
au centre le cousin ciblé ;
2) notez tout autour de lui ses connais-
sances familiales identifiées (à partir de
leur nom), en veillant à laisser un cer-
tain espace entre chaque connaissance
et lui mais aussi entre les connais-
sances entre elles. Symbolisez chaque
relation par un trait ;
3) Analysez ensuite le profil d’une de
ses connaissances et notez ses connais-
sances familiales nouvelles ainsi que
ses relations avec des connaissances
familiales déjà identifiées ;
4) analysez la page d’une seconde
connaissance, d’une troisième, etc.
Assez rapidement, le maillage fami-
lial se dégagera et certains îlots se
détacheront peut-être. Si votre feuille
s’apparente à un plat de spaghettis,
c’est que vous avez bien travaillé !
Vous pouvez alors le reconstituer
proprement, soit à la main, soit
informatiquement avec Powerpoint
par exemple, soit à l’aide du logiciel
Cytoscape.
Sous forme de « cluster »
Prenons un autre exemple lié à la
généalogie génétique. Imaginons
que l’on cherche à rattacher plusieurs
parentés ADN. Il existe une autre
modélisation possible d’un réseau
particulièrement intéressante. Il s’agit
de représenter les différentes per-
sonnes connectées entre elles sous
la forme d’un tableau à double-entrée
(cf. image ci-dessous). La réalisation
d’un tel tableau est très simple et
peut être réalisée à la main ou dans
un tableur de type Excel. Il suffit de
lister toutes les personnes identifiées
au sein du réseau en attribuant une
ligne par personne, ce qui constitue
la première colonne du tableau. Une
fois la liste complète, recopiez-la en
colonne en respectant le même ordre.
Vous disposez à présent d’un tableau
carré dans lequel vous pouvez jouer à
la bataille navale : « la personne de la
troisième ligne est-elle en relation avec
la personne de la septième colonne ? ».
Si c’est le cas, vous pouvez compléter
la case G3 du tableau, soit en y insé-
rant une coche, une croix ou en la
coloriant. Si ce n’est pas le cas, vous
pouvez l’indiquer avec un signe tel que
« - » ou « 0 » ou une autre couleur (je
ne recommande pas de la laisser vide
car vous ne saurez pas si cette case est
Représentation du réseau précédent sous forme de cluster.
sans relation ou en attente d’analyse
de votre part).
Ce type de modélisation présente plu-
sieurs avantages :
• elle est très simple à mettre en œuvre
et ne nécessite aucun outil spécifique ;
• elle est compacte ;
• elle peut être enrichie aisément
(il suffit d’ajouter des lignes et des
colonnes) ;
• elle offre la possibilité de préciser
la nature de la relation, qui peut être
indiquée dans la case à l’intersection
entre les deux personnes en ques-
tion. Ainsi, dans le cas d’une analyse
génétique, vous pouvez indiquer le
pourcentage d’ADN partagé entre les
deux personnes, comme dans l’image
proposée. Dans le cas d’une analyse
de relations parrains/filleuls, vous
pouvez renseigner leur nombre d’après
les actes de baptême.
Le tableau peut être colorié auto-
matiquement à l’aide d’une mise en
forme conditionnelle dans Excel, en
fonction de la nature de la relation.
Dans l’exemple proposé, la case est
coloriée selon une échelle allant du
rouge (minimum) au vert (maximum)
en fonction du pourcentage d’ADN en
commun entre deux matchs.
Cette représentation permet d’iden-
tifier des « clusters », c’est-à-dire des
noyaux durs de relations qui sont
presque toutes connectées entre elles,
et même des sous-clusters. Pour que
ces îlots ressortent encore davantage,
vous pouvez réorganiser parallèle-
ment l’ordre des lignes et des colonnes
pour rapprocher les unes des autres
les personnes visiblement très inter-
connectées.
À savoir : MyHeritage a développé
un outil très puissant de ce type,
dénommé « Auto Clusters », qui
génère automatiquement une telle
représentation pour toutes ses cor-
respondances génétiques. Il permet
ainsi de visualiser en un clin d’œil ses
différents clusters et de les rattacher à
une branche de sa famille (si le lien de
parenté n’est pas trop éloigné), selon le
principe suivant, généralement vérifié :
si plusieurs de mes cousins sont tous
cousins entre eux, alors, c’est que nous
descendons tous d’un même ancêtre.
Vous l’avez, je l’espère, constaté à tra-
vers ces exemples : la représentation
graphique de vos découvertes, en phase
exploratoire, peut considérablement
vous aider à prendre de la hauteur et
à orienter vos recherches, voire à tirer
des conclusions. Trois cas d’usage, trois
représentations, chaque représentation
pouvant être associée à chaque cas
d’usage… Il ne vous reste plus qu’à
faire votre choix ! ___
Tony Neulat
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 57
 boîte à outils
lu, vu, entendu
Geneanet :
une nouvelle présentation des résultats
Une refonte du moteur de recherche de
Geneanet, et surtout de la présentation
des résultats, améliore considérable-
ment l’analyse et l’utilisation des
données issues des arbres et des dif-
férentes bases. Le but recherché est
d’améliorer la lisibilité des données
et d’optimiser leur utilisation en
fonction des besoins spécifiques de
chaque utilisateur. Car plus les bases
grossissent, plus il est difficile de sélec-
tionner les résultats pertinents après
une recherche.
Le premier changement, et de taille,
consiste à rassembler en une seule
ligne les différentes informations
qui concernent un individu dans une
source. Auparavant lorsqu’il existait
pour un individu issu d’un arbre des
détails sur sa naissance, son mariage
ou son décès, chaque information
faisait l’objet d’une ligne au sein des
résultats. Désormais, c’est l’individu
lui-même qui constitue une ligne, et
toutes les informations le concernant
sont regroupées dans cette ligne avec
des petits pictogrammes en face de
chaque évènement quand il existe :
naissance, union et décès, mais aussi
domicile, dans le cas des recensements
par exemple 1 . Bien sûr, un même
individu continue d’apparaître dans la
liste des résultats autant de fois qu’il
58 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
est présent dans différentes sources
(arbres ou collections).
En tête de chaque ligne de résultats,
les icônes ont aussi été revues et
améliorées pour plus de lisibilité et
d’identification du type de résultat, en
privilégiant les miniatures d’images.
Quand l’individu est doté d’une photo
dans un arbre, c’est celle-ci qui appa-
raît à la place de l’icône. De même,
quand il s’agit d’un résultat issu d’une
collection avec images comme, entre
autres, l’indexation des registres ou
les photographies de sépultures, c’est
cette image qui s’affiche en tête de
ligne 2 . L’origine des informations est
également indiquée de manière plus
explicite pour savoir d’un coup d’œil à
quel type de collection la donnée appar-
tient et donc évaluer sa fiabilité 3 .
Dans la colonne de gauche de la page
de résultats, de nouveaux filtres font
également leur apparition comme
la « limitation par évènements » qui
1
10
7
6
5 9
8
permet de restreindre les données à
celles qui contiennent une informa-
tion sur la naissance, le mariage ou le
décès de l’individu 4 . Très utile quand
un ancêtre apparaît mille fois dans
Geneanet mais seulement deux ou trois
fois avec l’information sur son décès :
avec le nouveau filtre vous éliminez
en un clic toutes les réponses qui ne
vous sont pas utiles. Un autre nouveau
filtre, par Type d’individu, sélectionne
quant à lui, soit tous les individus d’un
arbre, soit uniquement les porteurs
de sosa 5 lorsque vous effectuez une
recherche dans les Arbres en ligne 6 .
Pour ce qui est des tris, il est toujours
possible d’organiser les résultats par
pertinence 7 (c’est l’option de base par
défaut) ou par nom, prénom, année,
proximité ou identifiant 8 et, doré-
navant, plusieurs tris successifs sont
 FACEBOOK
Dans le formulaire de recherche
Archives du Pas-de-Calais
Pour le formulaire de recherche avancée, les changements se situent d’abord Pour commencer 2023 en beauté, les
dans sa présentation avec une ligne bleue qui vient souligner le champ actif 1 Archives du Pas-de-Calais ont lancé
celui dans lequel on est en train de saisir des informations. Sur le plan des leur page Facebook. Vous y retrouverez
fonctionnalités, il devient possible de lancer simultanément une recherche sur toutes les actualités et les projets, y
plusieurs lieux à la fois en utilisant le bouton Ajouter un autre lieu 2 . ___ découvrirez les métiers et les coulisses
de l’institution et échangerez avec des
archivistes passionnés. Cette page donnera
également aux internautes l’occasion de
plonger dans près de mille ans d’histoire
du Pas-de-Calais à travers les fonds
archivistiques. Déjà près d’un millier
1 d’adeptes ont cliqué sur J’aime !
www.facebook.com/profile.php?
id=100088180586727

Identification de personnes
sur des photos de mariage
2 Ce groupe a pour but d’identifier les
personnes sur des photos anciennes afin
que ces personnages ne tombent à tout
jamais dans l’oubli. Chacun peut participer
en envoyant ses propres photos (groupe
privé – 11 527 membres).
www.facebook.com/
groups/2626653584310505

cumulables. On peut, par exemple, ment les résultats de la Bibliothèque Généalogie

trier les résultats d’une recherche
d’abord par année, puis par proxi-
mité c’est-à-dire par éloignement de
la commune de recherche quand vous
en avez indiqué une et que vous avez
élargi à un périmètre géographique 9 .
Enfin, il devient également possible
d’inverser le tri quand il est unique,
c’est-à-dire, par exemple pour l’année,
de classer du plus ancien au plus récent
ou inversement 10 .
Un seul regret face à toutes ces nou-
veautés, le déplacement de la rubrique
Aller plus loin, qui comprend notam-
11
de Geneanet, en bas de page 11 alors
qu’auparavant ce cartouche figurait en
haut de la page de résultats.
L’utilisation des nouveaux filtres et du
cumul de tris est réservée aux membres
Premium. ___
Pierre-Valéry Archassal
CLIQUEZ SUR
Geneanet : www.geneanet.org
Alpes-de-Haute-Provence
Le département des Alpes-de-Haute-
Provence n’avait jusqu’à présent pas de
groupe généalogique dédié sur Facebook.
C’est maintenant réparé pour que les
généalogistes amateurs puissent trouver
des infos utiles, demander de l’aide,
poser des questions auxquelles un autre
membre aurait la réponse (groupe privé –
38 membres).
www.facebook.com/
groups/1161455681185308
Descendientes de franceses
en Argentina y Uruguay
L’immigration française a été très importante
en Uruguay et Argentine, on l’évalue
à 300 000 migrants, dont la moitié est
revenue en France. Ce groupe est destiné
à renouer les liens et aider les descendants
de français en Argentine, qu’ils soient venus
du Béarn, du pays Basque, de l’Aveyron,
de la Savoie et autres. Groupe en espagnol
(groupe public – 5 841 membres).
www.facebook.com/
groups/30591194303

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 59

 boîte à outils
lu, vu, entendu

EN BREF
La Martinique de retour sur la toile
Rendues inaccessibles après la mort de Flash Cinq nouveaux dépôts
et à la suite d’un problème technique, les pages rejoignent FranceArchives
numériques des Archives de la Martinique Très régulièrement, de nouvelles archives
manquaient énormément depuis de longs mois viennent enrichir le portail FranceArchives,
au Web généalogique. Le nouveau portail des comme celles de l’Essonne qui ont récupéré
archives territoriales va combler ce manque par dévolution les archives de l’ancienne
puisque les généalogistes vont y retrouver les Seine-et-Oise correspondant au territoire
archives numérisées de l’ancien site dès la page départemental actuel. Les Archives de
la Loire viennent aussi d’apporter leur
d’accueil, dans la rubrique Archives numérisées
données à l’agrégateur, une contribution
du menu Rechercher.
très riche quand on sait qu’elles conservent
Une base nominative (non exhaustive) est également en ligne, où vous 37 kilomètres linéaires de documents. Les
pouvez rechercher les noms et prénoms indexés avec leurs images archives de la période moderne (1800-
numérisées associées issus des registres d’individualités (1848 à 1880), 1940) et les archives privées d’entreprise
des registres matricules militaires (classes 1889 à 1921) et des actes occupent aussi une place toute particulière
d’affranchissements (1830 à 1848). Sans les images associées, retrouvez aux Archives de la Loire, qui reflète
également des noms et prénoms d’environ 7 045 individus disparus l’importance de l’histoire industrielle du
pendant les éruptions de la montagne Pelée en 1902. département. Les Archives de Compiègne
Un service d’indexation collaborative devrait également être mis en place et son agglomération, créées en 2018,
prochainement, pour augmenter les bases nominatives. ___ P-V.A. rejoignent également le portail. Les
www.patrimoines-martinique.org Archives municipales et communautaires
de Poitiers, pour la période postérieure à
1870, et celles d’Arles, qui couvrent une
période allant du XIIe siècle à nos jours,
Une application pour identifier participent, elles aussi, à l’effort collectif de

les photos de groupes

valorisation de leur patrimoine archivistique
en arrivant maintenant sur FranceArchives,
Daniel Travers, président du Cercle généalogique de l’est de l’Ille-et-Vilaine, a dont l’adresse a récemment été modifiée
développé une application aussi simple qu’efficace pour identifier des individus pour lui donner une identité davantage
sur les photos de groupe. Elle est accessible à tous, adhérents ou non, sur le site gouvernementale.
Internet de l’association. https://francearchives.gouv.fr
Le principe est simple : chacun peut
contribuer avec les photos en sa
Guide sur les Européens
possession, du moment qu’il s’agit de en Algérie
mariages, groupes scolaires, conscrits, Le Centre Roland Mousnier, dépendant du
etc. et qu’elles ont été prises dans CNRS, vient de publier un guide numérique
l’est de l’Ille-et-Vilaine. Le CGE 35 sur les Européens en Algérie (1830-1962).
les numérise en haute définition et La page d’accueil de ce guide gratuit en ligne
applique un cadre virtuel sur chaque propose d’accéder directement à la liste des
visage. La photo est mise en ligne avec sources en fonction de leur localisation ou de
les premières indications connues à parcourir le guide par thématiques :
propos des personnes figurant dans • Enregistrer et comptabiliser la population ;
le groupe et les visages des inconnus • Naissance d’une population ;
peuvent être identifiés par tous les internautes. Au fil de la reconnaissance des • Encadrer la société.
personnes, une base de données se construit et chacun peut y chercher un nom ou Chacune de ces thématiques est très
un prénom pour retrouver un ancêtre ou un cousin. Si des individus apparaissent fouillée, divisée en sous-rubriques et tous les
sur plusieurs photos, leur visage s’affiche dans une suite chronologique et d’un clic chercheurs devraient y trouver l’orientation
il est possible d’accéder à la photo originale. qu’ils souhaitent. De la géographie
L’application de Daniel Travers fait forcément rêver tous les généalogistes qui de l’implantation aux établissements
aimeraient retrouver leur arrière-grand-mère jeune fille sur la photo de mariage pénitentiaires en passant par les cultes,
d’une cousine encore inconnue... C’est aujourd’hui possible dans le secteur du le commerce et les personnels des
CGE 35 et on ne peut que souhaiter le développement du même service dans administrations, rien n’a été oublié.
d’autres régions où d’autres associations devraient reprendre l’outil que son auteur https://europalg.huma-num.fr/s/guide-
est prêt à mutualiser. ___ P-V.A. des-sources
www.cge35.fr/groupes

60 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I


L’intérêt méconnu des pages
« Communes » de Geneawiki
Geneawiki comporte une section
Régionalisme où chaque commune de
France est répertoriée avec quantité
d’informations la concernant :
• Histoire de la commune, contenant
d’éventuels faits divers, son blason, son
histoire administrative ;
• Patrimoine communal : église, châteaux,
bâtiments remarquables, ponts, portes, etc. ;
• Démographie, avec l’évolution du nombre
d’habitants au fil du temps ;
• Photos éventuelles ;
• Personnalités notables avec la liste des
maires, des notaires et des curés ;
• Informations pratiques avec horaires
d’ouverture de la mairie, état des
dépouillements des registres paroissiaux,
archives notariales, etc. ;
• Bibliographie.
Bien sûr, les données ne sont pas encore
exhaustives pour chacune des communes
de France car, selon le principe « wiki », c’est
à chacun d’apporter ses connaissances et
compléter ou corriger les informations.
Nous avons donc tous un rôle à jouer pour
alimenter la notice des communes que
nous connaissons. Il suffit pour cela de créer
son compte gratuit et, une fois connecté,
d’utiliser la fonction « modifier » pour
enrichir le contenu ou corriger des erreurs.
Geopatronyme
Ce qui est d’ores-et-déjà complet, ce sont intégré à Filae
les ressources généalogiques disponibles Geopatronyme a disparu du paysage numérique.
sur Geneanet car le portail généalogique a
Mais sa base de données de localisation des
soigneusement alimenté Geneawiki pour
patronymes des personnes nées en France entre
créer des liens directs depuis les pages
Communes vers chaque dépouillement ou 1891 et 1991 n’est pas pour autant perdue. Elle
document numérisé. Facile donc de savoir est à présent intégrée à Filae, qui gérait jusqu’à
ce qui existe pour faciliter nos recherches présent Geopatronyme. Son intérêt essentiel est
généalogiques à partir de nos lieux de permettre de localiser les foyers de naissances
d’investigation de prédilection. pour un patronyme et d’indiquer le nombre de
https://fr.geneawiki.com/index.php? naissances par tranches chronologiques (1891-
title=Portail:Régionalisme 1915, 1916-1940, 1941-1965 et 1966-1990),
par départements et par communes.
Une vidéothèque
pour bien utiliser Geneanet
Sur sa chaîne YouTube, Geneanet a déjà
mis à disposition une centaine de vidéos
sur des thèmes divers. Une sélection de
quarante vidéos didactiques, classées en
cinq catégories est directement intégrée à
Geneanet, dans une rubrique dédiée :
• Bien débuter ;
• Découvrir nos services ;
• Trucs & astuces de recherche ;
• Participer à des projets ;
• Indexer en ligne.
Les films sont présentés avec un ou deux
liens : l’un pour les consulter (il suffit aussi de Pour utiliser le nouveau service sur Filae, il suffit
cliquer sur l’image) ; l’autre, le cas échéant, de lancer une requête sur un nom de famille
pour accéder directement au service dans le champ unique de recherche. La carte qui
concerné. s’affiche à droite sur la page de résultats montre
www.geneanet.org/videos la densité des naissances pour ce patronyme par
départements. L’affichage change quand on clique
sur les boutons de périodes situés sous cette

Filae :
carte. En cliquant sur un département, vous lancez
automatiquement une recherche sur ce patronyme

suggestions par source

dans les bases Filae pour le département en
question : c’est cela l’interconnexion des bases. Et
pour retrouver les précieuses données spécifiques
à la base Geopatronyme, il suffit de cliquer sur le
Dès lors que votre arbre est en ligne sur Filae, le site explore l’ensemble de ses
lien intitulé Voir le détail par départements et par
bases (archives numérisées indexées, relevés associatifs d’actes, autres arbres)
communes situé sous les résultats chiffrés dans la
à la recherche d’événements nouveaux qui pourraient compléter vos propres
recherches. Il peut s’agir d’un acte à relier, de l’enfant d’un couple à ajouter, partie gauche de la page de résultats. Une nouvelle
d’ancêtres nouveaux pour compléter votre ascendance, etc. L’ensemble de ces page s’affiche avec la liste des départements et
suggestions est rassemblé dans la rubrique éponyme de la barre de navigation le nombre de naissances pour chacun, puis, en
située en haut de l’écran. Dans l’onglet nommé Par source, des menus déroulants cliquant sur un département, c’est la liste des
servent de filtre aux suggestions, par sources (arbres et/ou documents), statut (à communes qui apparaît, indiquant le nombre de
vérifier, confirmé, rejeté, ignoré) ou par individus (tous ceux présents dans l’arbre naissances de porteurs de ce patronyme. Là encore,
ou seulement les ascendants directs). Un champ permet même de rechercher vous pouvez adapter votre recherche avec les
une source spécifique. On peut donc passer en revue toutes les suggestions de cartouches de périodes disponibles au-dessus des
manière très organisée, par exemple en privilégiant les sources les plus sûres résultats. Service gratuit et ouvert à tous, même sans
comme les actes numérisés avant d’aller vers celles à vérifier comme les arbres
abonnement Premium. ___ P-V.A.
d’autres généalogistes. ___ P-V.A.
www.filae.com/nom-de-famille
www.filae.com

I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 61

 boîte à outils
les noms de famille par Pierre-Gabriel Gonzalez

ANGIBAULT
Demande de Pascale Fabre Un nom entré dans l’Histoire : Bagatelle
Pour ceux qui l’auraient oublié, le nom commun
Remontons le temps de quinze siècles : au
bagatelle vient de l’italien bagatella, « chose de
milieu du premier millénaire, chaque chef de
peu de valeur », puis « amourette » et enfin par
guerre germanique portait un surnom per-
euphémisme « amour physique », « relation charnelle
sonnel. Par exemple, Angel-bald (composé
légère ». Bagatelle est aussi le titre d’un roman à
de ango, « pointe de l’épée » et de bald, « au-
succès de Maurice Denuzière paru en 1981 et le
dacieux »). Ce surnom originel avait un sens
nom d’un parc d’attractions situé en Ile-de-France.
symbolique qui s’est perdu au fil des temps
Petit retour en arrière, le 12 novembre 1906, c’est
quand il fut adopté par les descendants des
dans le parc de Bagatelle situé dans le Bois de
familles gallo-romaines. La christianisation
Boulogne près de Paris que le Brésilien Santos-
aidant, latinisé en Angelvaldus, ce nom de
Dumont réussit à faire voler une drôle de machine
baptême s’est transformé à son tour à par-
sur une distance de 220 mètres à la vitesse de
tir du XIVe siècle en patronyme héréditaire,
40 km/h. Comme patronyme, Bagatelle est très
c’est-à-dire transmis par le père de généra-
rare, moins de 10 foyers en France, il est seulement
tion en génération, sous la forme Angilba-
signalé en Côte-d’Or. ___
ld, puis sous la forme régionale Angibault.
Fréquence et localisation : le patronyme Roman à succès : Bagatelle de Maurice Denuzière,
éditions JC Lattès, 1981. © DR
Angibault compte 95 foyers en France de
nos jours. Il se montrait déjà présent dans
le Loir-et-Cher et l’Indre-et-Loire à la fin du
XIXe siècle, départements auxquels il faut d’une chapelle », un petit édifice religieux saint Genevieve /avoit jadis faite por grand de-
ajouter le Loiret, la Sarthe et l’ensemble de la enfermant les trésors des églises, des mo- vocion » (XIV siècle).
e

région Ile-de-France à la fin du XXe siècle. ___ nastères, des châteaux ou des villes. Ce n’est Fréquence et localisation : le patronyme
CHAPARD 
Demande d’Alain Chapard
Abonné à la RFG depuis plusieurs années,
ce lecteur s’interroge : « à partir d’un couple
d’ancêtres du début du XVIII siècle (Pierre
e du XXe siècle. À signaler quelques foyers de ce
Chapart et Henriette Jonchère de Sologne), j’es-
saie de retrouver les porteurs des noms Chapard,
Chapart, Chappart qui sont tous cousins en
Sologne. Le suffixe change au fil des registres
paroissiaux et de ceux de l’état civil et/ou au ha-
sard des communes. Par contre, je n’arrive pas
à faire de lien avec les grosses communautés de
ces noms identifiées dans la Loire, le Loiret ou
l’Essonne. » 
Nous sommes en présence d’un surnom évo-
quant l’ancien français cape, chape, du latin
populaire capella, « manteau à capuchon ».
Ce nom commun fut tout d’abord employé
pour désigner le manteau de saint Martin
de Tours, précieuse relique du saint homme,
l’évangélisateur et le protecteur des rois de
France depuis le IVe siècle. Par extension,
c(h)apelle désignait le trésor royal et l’oratoire
du Palais-Royal qui l’abritait. Toujours par
extension, l’ancien français chapel(a)in, s’est
appliqué à l’homme « qui avait la charge
que par la suite que ce nom désigna un lieu Chapard compte 110 foyers en France de
de culte isolé ou non, mais toujours de taille nos jours. Il se montrait bien présent dans
modeste, comme dans cet extrait d’un texte la Loire et le Rhône à la fin du XIXe siècle,
ancien : « Une povre chapelette que madame départements auxquels il faut ajouter le
Bas-Rhin et l’ensemble de la région Ile-de-
France, notamment dans les Yvelines à la fin
nom dans le Loiret, l’Eure-et-Loir, le Calva-
dos, en Dordogne, dans le Lot, en Haute-Sa-
voie, dans le Jura, en Côte-d’Or. La forme
proche Chapart, 130 foyers en France, est
portée dans l’Eure-et-Loir, le Loiret, le Cher,
etc. L’autre forme proche Chapar compte
10  foyers en France, présents notamment
dans les Pyrénées-Atlantiques. ___
CORNIER
Demande de Jean Conio
Les premiers porteurs de ce nom de famille
habitaient probablement dans une partie
de forêt ou sur un terrain en forme de coin,
ou bien dans un bourg, et plus précisément
dans la maison située au coin d’une rue, celle
qui faisait un angle. De l’ancien français cor-
nier, cornière, « qui fait le coin », comme dans :
Chape ecclésiastique, fin XIXe siècle. « Et pareillement fust partie une tour corniere
© Archives PGG qui estoit assez puissante, et ne peut cheoir

62 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I

tous jours, pour le mur de la ville auquel elle se
apuya » (XIVe siècle).
Fréquence et localisation : le patronyme
Cornier compte 675 foyers en France de nos
jours. Il se montrait bien présent en Saône-
et-Loire, dans le Jura, en Seine-Maritime à
la fin du XIXe siècle, départements auxquels
il faut ajouter le Rhône, l’Ain, la Haute-Savoie
et l’ensemble de la région Ile-de-France à la
fin du XXe siècle.  graphique le montre très présent dans les
Différentes formes patronymiques :
• Corniou, 50 foyers en France, Côtes-d’Ar-
mor, Manche, Seine-Maritime ;
• Cornez, 60 foyers en France, Nord, Pas-de-
Calais, Aisne ;
• Cornière, 260 foyers en France, Seine-Ma-
ritime, Manche, Orne, Vendée ;
• Cornerie, 10 foyers en France, Haute-
Vienne ;
• Corniot, 40 foyers en France, Aube, Yonne ;
• Corniaud, très rare, moins de 10 foyers
en France, Charente-Maritime, Loire-Atlan-
tique, etc.
Cas particulier : le nom de famille Cornichon,
45 foyers en France, (Cantal, Cher, Indre),
semblerait à rapprocher de l’ancien français
cornichon, « petite corne », comme dans : « Les
chamois s’accrochent leurs cornichons contre les
rochers… » (XVIe siècle). Par contre, la relation
avec le petit concombre vert, et à plus forte rai-
son une forme péjorative en découlant semble
totalement exclue car ce nom commun semble
être apparu trop tardivement (XVIe siècle). ___ jours. Il se montrait déjà bien présent dans
DEVER
Demande de Gérard Dever
Avec ce patronyme, nous sommes en pré-
sence d’un ancien surnom au sens originel
mal défini. Il semblerait issu du moyen néer-
landais ever, « sanglier ». Fréquence et loca-
lisation : le patronyme Dever (« le fils d(e)
Ever ») compte 50 foyers en France de nos
jours. Il se montrait déjà bien présent dans
le Nord, la Manche à la fin du XIXe siècle, dé-
partements auxquels il faut ajouter l’Aube,
les Ardennes, le Calvados et l’ensemble de la
région Ile-de-France à la fin du XXe siècle.
Formes patronymiques proches : Devers,
180 foyers en France, Saône-et-Loire, Ain,
Charente ; Devert, 130 foyers en France,
Landes, Gironde ; de Verd, de Vert, très
rares, moins de 10 foyers en France et aussi
Ever, également très rare, moins de 10 foyers
en France, présent dans le Morbihan.
Formes patronymiques proches :
• Evrard, issu de la vieille forme germa-
nique Eber-hard (composée des racines eber,
sanglier et hard, dur, fort) : avec 3 730 foyers,
soit environ 10  000 personnes, ce patro-
nyme occupe le 331e rang des noms les plus
fréquents en France. Sa répartition géo-
Hauts-de France et en Ile-de-France.
• Euvrard, 500 foyers en France, Doubs,
Saône-et-Loire, Côte-d’Or, Haute-Saône ;
• Evras, 150 foyers en France, Loir-et-Cher ;
• Evrat, 50 foyers en France, Nord, Yonne,
Nièvre ;
• Evert, 20 foyers en France, Nord, Meur-
the-et-Moselle, etc.
Noms de localités aux formes proches :
Evrange, Eberbach, Ebersviller (Moselle) ;
Ebersheim, Eberbach (Bas-Rhin), etc.
L’Histoire a gardé mémoire d’Evrard, cé-
lèbre ermite du pays de Trèves en Alle-
magne au VIe  siècle : le monastère qu’il y
fonda resta longtemps un important lieu
de pèlerinage. ___
DONY
Demande de Gilbert Dony
Fréquence et localisation : le patronyme
Dony compte 245 foyers en France de nos
le Nord et l’Est à la fin du XIXe siècle, dépar-
tements auxquels il faut ajouter la Drôme, le
Vaucluse, la Gironde et l’ensemble de la ré-
gion Ile-de-France à la fin du XXe siècle.
Nous sommes en présence d’un ancien sur-
nom d’origine, à rapprocher de noms de
domaine Odiniacum, cf. trois noms de lieux-
Publicité pour les vêtements Dony à
Clermont-Ferrand. © Archives PGG
VOS
DEMANDES
Pierre-Gabriel Gonzalez répond
gratuitement aux demandes des
organisateurs de cousinades et des lecteurs,
curieux de connaître l’histoire de leur
noms de famille : l’origine étymologique,
la localisation, la fréquence, les différentes
variantes, les personnages célèbres…
Adressez votre demande (avec vos
coordonnées) à La Revue française
de Généalogie, 346 rue Saint-Honoré,
75001 Paris ou par courriel :
rfg@martinmedia.fr
dits « Dony » : commune de Novillars dans
le Doubs, commune de Saint-Marcel-lès-Va-
lence dans la Drôme et de Laix dans la Meur-
the-et-Moselle. ___
GESVRET
Demande par Internet
Un peu plus de 30 foyers en France (dont 25
en Bretagne, notamment en Ille-et-Vilaine),
pour ce patronyme dont l’origine semble à
chercher dans un nom de lieu-dit. Dans ce
cas, il serait à rapprocher de la quinzaine de
« Gesvres », « Le Gesvres » de Loire-Atlantique
et même du château de « Gesvres-le-Duc »,
commune de Crouy-sur-Ourcq en Seine-et-
Marne. Nous retrouvons avec ces noms des
formes d’anciens noms de domaines, à rap-
procher du nom de la comme de Gesvres en
Mayenne, dont l’origine s’explique par celui
de son fondateur un Germain nommé Givara.
Formes patronymiques proches et toutes
très rares, moins de 10 foyers en France :
Gesvre, Gesvres, Gevrese, Gevret, Ge-
vrest ; Gevresse, etc.
Cas particulier : Gevrey, 195 foyers en France,
Bourgogne, Ile-de-France. Ce nom nous ra-
mène vers la dénomination d’un grand vin de
Bourgogne particulièrement apprécié. D’après
Gevrey (-Chambertin), dans sa première
forme : « le domaine ayant appartenu au co-
lon Romain Gabrius », à rapprocher de Gabriel
(en hébreu Gebher-El, « L’Homme de Dieu »),
L’Histoire : depuis le XVIe siècle, la famille des-
cendant de Louis Potier, seigneur de Tresmes
et de Gesvres s’est illustrée au service de la
monarchie. Son fils aîné, René, est duc et pair
de France, son cadet, Léon, gouverneur de Pa-
ris, laisse un fils François-Bernard qui se dis-
tingue pendant la campagne d’Alsace
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 63
 boîte à outils
les noms de famille par Pierre-Gabriel Gonzalez

(sous les ordres du grand Turenne). présent dans les Vosges à la fin du XIXe siècle, Griboval, 180 foyers en France, Pas-de-Ca-
Son fils, Louis-Léon, gouverneur d’Ile-de- département auquel il faut ajouter la Haute- lais, Nord, Seine-Maritime, noms de lieux-
France, est le père de Louis-Joachim, né en Marne et l’ensemble de la région Ile-de- dits du Pas-de-Calais, commune de Boisjean,
1733, qui meurt sur l’échafaud en 1794, sans France à la fin du XXe siècle. et dans la Somme, sur celle de Bouillancy…
laisser de descendance. ___ Première piste, un nom de localité ou de lieu- voire aussi Grebonval, 195 foyers en France,
dit, comme pour Grisveaux, patronyme Seine-Maritime, Somme, hameau de la com-
GRISVAL très rare, moins de 10 foyers en France. mune de Lisbourg dans le Pas-de-Calais. ___
Deuxième piste  : une forme d’un vieux
Demande de Nicole Gérard nom de personne germanique, comme pour PENON
Cette lectrice nous écrit : «  Grisval est mon Grisvard, 115  foyers en France, Vosges,
Meurthe-et-Moselle et Grisward, 20 foyers Demande de Martine Casseron
nom de jeune-fille et je suis née le 25 janvier
1946 à Hadol dans les Vosges, mes parents et en France, Vosges. L’absence de formes an- Cette lectrice s’interroge sur l’origine de son
grands-parents aussi. » ciennes attestées ne nous permet pas d’aller nom de jeune-fille.
Deux pistes pour expliquer l’origine de ce plus avant. Il est difficile de connaître l’origine de cet an-
nom de famille qui compte 30 foyers en Il existe d’autres formes patronymiques cien surnom, cependant nous savons que l’an-
France de nos jours. Il se montrait déjà bien proches : cien français penon désignait une sorte de dra-
peau, un étendard, une forme de bannière que
le chevalier attachait à sa lance. Le penon dif-
Une histoire de masques férait de la bannière en ce que qu’il était long et
qu’elle était carrée (source : Frédéric Godefroy,
Héritière de traditions très
Dictionnaire de l’ancienne langue française et de
anciennes, la fête chrétienne de la
tous ses dialectes du IXe au XVe siècle).
mi-carême ouvrait autrefois la porte
Fréquence et localisation : le patronyme Pe-
aux « mascarades » (le temps des
non compte 675 foyers en France de nos
masques)... Remontons le temps :
jours. Il se montrait déjà bien présent dans
au XVIe et au XVIIe siècles, à la
le Calvados et l’Oise à la fin du XIXe siècle,
tombée de la nuit, des hommes
portant des masques parcouraient
départements auxquels il faut ajouter l’Isère
les rues des villes, souvent armés de
et l’ensemble de la région Ile-de-France à la
bâtons et d’épées, faisant porter par
fin du XXe siècle.
leurs valets des torches allumées et
À rapprocher aussi de Penet, Pénet, 620 foyers
Enfants travestis à la mi-carême en 1926 accompagnés par des ménétriers
en France, Nord, Pas-de-Calais, Isère, Rhône ;
à Nantes. © Archives PGG Peney, 45 foyers en France, Haute-Saône, Ain ;
avec tambourins, hautbois et vielles.
S’arrêtaient-ils devant une porte ? Dès le premier appel, les domestiques devaient Penez, 135 foyers en France, Nord. ___
ouvrir et laisser entrer la troupe. Les « masques » faisaient alors danser les hôtes du logis
et prenaient place autour d’une table couverte de mets qu’ils avaient le droit d’engloutir PLUME
sans vergogne... Oubliés pendant la Révolution de 1789 et la Première République, Demande de Vincent Damien
les « masques » réapparaissent en 1815, avant d’être de nouveau interdits sous Louis-
Philippe. Oscar Havard, l’auteur des Fêtes de nos Pères le déplore : « Autrefois, aux jours D’anciens surnoms de marchands de plumes
populaires, gentilhommes, bourgeois et paysans venaient danser de joyeuses rondes. (- et plus précisément du duvet d’oies desti-
Après 1830, chaque catégorie sociale se claquemura chez elle, plus de fêtes où se né à garnir coussins, édredons et matelas -),
coudoiaient (étaient au coude à coude) tous les éléments de la société française. » pourraient expliquer l’origine de ces noms
de famille. Autre piste, l’ancien surnom d’un
Malgré la proximité de formes, il est difficile de rapprocher des patronymes à ces
adolescent «  sans poils sur le visage  », de
traditions : le gascon et le normand mascar, « tâcheté de noir », par évocation du
pelage des bovins ont donné les patronymes Masque, 10 foyers en France, Loiret ;
l’ancien français plumet, « imberbe », comme
Masquet, 25 foyers en France, Charente ; Masquer, 25 foyers en France, Gironde,
dans : « Laquelle femme dist à Jehan de Fer qu’il
Lot-et-Garonne ; Masques, moins de 10 foyers en France, Gironde, Charente-
estoit un garson plumet et qu’il avoit grand tort
Maritime. Même difficulté pour les patronymes Masquelier, 420 foyers en France,
de l’avoir ainsi boutee » (XIVe siècle).
Nord, Pas-de-Calais, Var ; Masquillez, très rare en France… Ils évoquent un ancien
D’autre part, un ancien surnom - au sens
nom de métier, du flamand, maskelier, « boucher », la plus ancienne référence
premier difficile à déterminer aujourd’hui
écrite concerne Mahiu la Maceclier, cité à Tournai dans l’actuelle Belgique au début
- issu du vieux français plumail, « plumet »,
du XIIIe siècle. D’autre part Masquelin, 70 foyers en France, Nord ; Masschelein, « panache », « ornement de casque », semble
80 foyers en France, Nord, semblent issus du vieux nom germanique Mascelinus. ___ également possible, comme dans : « Tous les
princes si firent leur devoir / Bien, acoustrez cha-

64 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I

cun a son pouvoir / Avoient plumailz fichez en
leur heaulme » (XVe siècle).
Fréquence et localisation : le patronyme
Plume, Plumé compte 335 foyers en France
de nos jours. Il se montrait déjà bien présent
dans les Alpes de Haute-Provence, le Nord, la
Vienne à la fin du XIXe siècle, départements
auxquels il faut ajouter l’Indre-et-Loire et
l’ensemble de la région Ile-de-France à la fin
du XXe siècle
Différentes formes patronymiques : Plu-
met, 260 foyers en France, Nord, Oise, Eure,
Charente-Maritime ;  Plumel, 100 foyers
en France, Drôme, Hautes-Alpes, Indre-et-
Loire ; Plumey, 70 foyers en France, Aube,
Normandie ; Plumas, 125 foyers en France,
Mayenne, Sarthe ; Plumat, 40 foyers en
France, Nord, Pas-de-Calais, etc. On signale
40 foyers Plumart, Nord ; 50 foyers Plu-
mard, notamment dans la Sarthe.
Signalons de nombreux lieux-dits dans toute
la France comme «  Plumet  », «  La Plume  »,
« Le Plumas », « Les Plumarats », sans oublier
le pittoresque « L’Oie-Plumée », commune de
Meilhards en Corrèze. À leur origine, des lieux
arides « dé-plumés » ou d’anciens poulaillers
abandonnés. 
Formes patronymiques composées : Plume-
cocq, 140 foyers en France, Plumecoq,
30 foyers en France, tous très présents dans
les Hauts-de-France. Dans le même esprit :
Plumegeau, Plumejeaud, très rares en
France, moins de 10 foyers en France dans le
sens premier de « (celui qui) plume (le) coq »,
ou de «  plume gau ou jau  » (du latin galus,
« coq », cf. les « gallinacés »), parfois dans le
sens populaire de « pilleurs de poulaillers ».
À signaler les non moins curieux « plume oi-
seaux » qui ont donné les patronymes Plu-
mauzille, Dordogne et Plumozille, au total
Plumet
Plumas Plumey
Plumozille
Plume
Famille de noms
Le Printemps est là, les Jeune poussent…
Le renouveau de la nature a donné naissance à des
noms de famille qui évoquaient à la fois le printemps
et la jeunesse. Commençons avec Avril, ancien nom
de baptême donné à un enfant né ou trouvé au mois
d’avril, du latin aprilis, issu du grec Aphrô, « déesse
Aphrodite » qui a donné l’ancien français avril et
l’occitan abril, mois du printemps et de la floraison.
Fréquence et localisation : avec 2 600 foyers, soit
environ 5 700 personnes, le patronyme Avril occupe
le 698e rang des noms les plus fréquents en France
et se montre bien présent dans la partie ouest de la
France et en Rhône-Alpes. Restons dans cet esprit
de renouveau avec une cure de jouvence. Pour cela,
remontons au latin juventus qui a donné l’ancien
français juvene, jovene, « peu avancé en âge », mais
Portrait d’un jeune homme du
XVIII siècle. Hôtel des ventes
e aussi « nouveau marié », « dernier né d’une famille »,
de Clermont-Ferrand. © Photo PGG « vif », « ardent », mais encore « tendre », voire « naïf »...
Une série de surnoms d’hommes jeunes, de frères
cadets, de jeunes gens vigoureux sont devenus des noms de famille. Les plus nombreux
de ces patronymes qui en sont issus sont les Lejeune, qui, avec 5 800 foyers, occupent
le 211e rang des noms les plus fréquents en France et se situent principalement dans les
Hauts-de-France et en Ile-de-France. Viennent ensuite les patronymes Jeune, 290 foyers
en France, Doubs, Rhône, Gard ; Jeunet, 350 foyers en France, Jura, Doubs, Côte-d’Or ;
Jeunon, 40 foyers en France, Saône-et-Loire ; Jeunot, 170 foyers en France, Doubs,
Drôme ; Jeunesse, 120 foyers en France, Bas-Rhin ; Lajeunesse, 180 foyers en France,
Aisne, Somme, etc. ___
20 foyers en France, notamment en Corrèze. « mâles » puis s’est transmis par les hommes
À rapprocher dans ce cas des lieux-dits cor- dans les générations suivantes.
réziens « Plumoiseau », commune de Juillac Pour mémoire : popularisé par saint Ro-
et « Plumausel » sur celle de Saint-Salvadour. bert, fondateur de l’abbaye de la Chaise-
___  Dieu au XIe siècle, le patronyme Robert,
avec 24 700 foyers soit environ 70 000 per-
ROBINETTE sonnes  (!) occupe le 9e rang des noms les
plus fréquents en France. Il se montre très
Demande de Marie-Thérèse Bérieau. présent en Normandie, en Bretagne, en Gi-
Nous sommes en présence d’une variante ronde, dans le Rhône et la Loire, dans les
diminutive du nom de baptême Robert de- Bouches-du-Rhône, etc. À son origine, le
venu nom de famille à partir du XIVe siècle. vieux germanique Hrod-berht, composée des
Elle découle des formes patronymiques racines hrod, « illustre » et berht, « célèbre »,
Robin (13  420 foyers en France, partagés d’abord surnom d’un chef de guerre. 
entre l’Ouest et la région Rhône-Alpes) et Notons que le 46e président américain, Jo-
Robinet, 1  840 foyers en France, présent seph Robinette Biden Jr., né en 1942, était le
en Champagne, Ardennes, Lorraine et en fils de Joseph R. Biden, Sr. et de son épouse
Ile-de-France. Arrivons-en à Robinette, Catherine Eugenia Biden, née Finnegan. Sa
40 foyers en France (Aisne, Côtes-d’Armor), grand-mère paternelle, Mary Elizabeth Bi-
ancien surnom de la « Robinette », la femme den, née Robinette, descendait de huguenots
d’un dénommé Robinet. Ce surnom a été en français ayant émigré en Angleterre puis en
un premier temps transféré à ses enfants Pennsylvanie. ___
I avril I mai 2023 I RFG n° 265 I 65
 boîte à outils
petites annonces
prestations professionnelles
◗ Ardennes : base à consultation gra-
tuite (BMS, NMD, + 47 000 notaires
dont tous CM \1810). www.racine-d-
ardennes.com. Eff. ttes rech. généa.
A. CHAPELLIER, 08090 Warnécourt
Siret 379 023 773 00011.
◗ Italie  : toute recherche généalogique.
Valerio Diotallevi, GenealogieItalie@gmail.
com – Siret 823 561 451 00027.
◗ Hispagena : recherches généalogiques
et héraldiques Espagne-Aquitaine.
Blasons espagnols et français. Devis
gratuits. M-Francine BARRAN-DOUIN,
La Prioulette, 47700 Fargues-s/O. Tél. :
06.76.41.69.38. hispagena@wanadoo.fr
Siret 435 159 363 00017.
◗ Rech. généal. et hist. France Dom-Tom
Belgique. Sabine MARONNIER, Généal.
fam. 13 route de Germignan, 33160
St-Aubin-de-Médoc. Tél. : 06.37.23.41.79.
Siret 495 193 542 000 18.
◗ Rech. généalogiques, historiques 59, 62
en France. Paléographie (depuis XVe  s.).
Actes & Co, 38 Le Lansbergues, 62500
Tilques. Tél.  : 06.71.17.87.63, contact@
actesandco.com – Siret 439 708 991 00021.
2 3
✂
votre petite annonce
66 I RFG n° 265 I avril I mai 2023 I
 
◗Nantes (SCEC+CADN), 44, 85, 49, 37 + 
◗Rech. pers. ayant la même photo pour  
◗Rech. x Arsène Louis CAILLER x Louise
retrouver trois sœurs NIVEAU. École La
56 : eff. ttes rech. genea. – Julien LOZELLI, RICHARD  / 1930 Claye-Souilly (77).
Saunière (Creuse) fin XIXe s. Les trois
contact@juloz.fr - 07.68.52.86.06 – Siret Écrire à la revue sous le n° 1373.
839 348 851 000 16. sœurs étant nées entre 1889 et 1898.
Possibilité élèves de 1894 à 1903.  
◗Rech. dates et lieux ° x Jean DE MARSA
◗Toutes rech. généalogiques. Dépl. Contact : chrispierre2@orange.fr 2 x 1626 St-Antonin-Noble-Val (82).
AD35 22 29 44 50 53 56. Analyse de Contact : wisnieswski.eric@gmail.com
correspondances ADN. www.dessine- ◗Rech.   souvenirs sur collège de jeunes
moi-un-arbre.com -  02.99.78.13.78  - filles Sidoine Apollinaire Clermont-  
◗Rech. copies date et lieu ° Jeanne
info@dessine-moi-un-arbre.com  Ferrand (63) entre 1950 et 1966. LUBERT x 29-01-1725 Mios (33).
Membre UPro-G - Siret 429 308 778 00027 Contact : danieboisson@gmail.com Contact : wisnieswski.eric@gmail.com
divers  
◗Rech. informations sur date et lieu de
 
◗Rech. dates ° † de mon grand-père
baptême de Yannick DAUFART entre
◗ Ardennes. Vente revues et livres maternel officier de la marine Max
juillet 1964 et novembre 1965. Tél. :
anciens et récents. Plus de 3 800  réf. Louis FLIESS ° Kiel (Allemagne), père
02.51.10.26.86.
indexées. www.racine-d-ardennes.fr de deux enfants avec ma grand-mère
Clara STRAUSS : ma mère ° 1913 et  
◗Rech. date et lieu ° x † des ascen-
demandes
ma tante ° 1915, domiciliés Rue de la dants de Pierre TEMPEZ ° 14-01-1766
 
◗Rech. rens. sur la femme âgée Chaine à Strasbourg (67) à ces dates.
Bouquemaison (80), à savoir Pierre
à gauche. Photo prise en 1921 à Contact : Armande Andlauer, 124 rue
TEMPEZ † 21-10-1796 Bouquemaison
Portsmouth (G.-B.). Contact : alain de la Pilaterie, 59700 Marcq-en-Baroeul.
à 70 ans x Marie Marguerite DUSEVAL.
malacher@orange.fr 1
Alain TEMPEZ, 3 impasse du Chanvre,
 
◗Rech. rens. sur cette photo prise vers 28260 Gilles.
1
1941-1943 orphelinat grand région
lyonnaise. Quelle congrégation ? Lieu ?  
◗Cherche à identifier les personnes et
Écrire à la revue sous le n° 1671. 3 le lieu de cette photo. Peut-être famille
DODO en Woëvre (Lorraine). Contact :
 
◗Rech. rens. sur Barbe KELCH ° michel_pillet@yahoo.fr 4
BAZANOV 25-04-1872 Irkoutsk (Russie)
4
† 12-11-1959 Ste-Geneviève-des-Bois
(91). Contact : n.choplain@gmail.com
Formulaire et règlement à adresser à RFG, Petites Annonces, 346 rue Saint-Honoré, 75001 Paris, avant le
30 avril 2023 pour une parution dans le n° 266 Facture justificative souhaitée : à préciser. Merci de tout écrire en CAPITALES.
£ Prestations professionnelles
£ Services divers
10 € la ligne de 35 signes
£ Demandes d’entraide
£ Recherches de cousins
£ Offres entre particuliers
£ Domiciliation à la revue : + 5 €
£ Image : + 5 €
1,50 € la ligne de 35 signes
 Optimisez vos recherches
dans les bases de données

25 sites Internet
incontournables
décortiqués et expliqués

• Description des bases et intérêt

pour vos recherches • Méthodes et
astuces • Cas pratiques • Tarifs

Ancestry • FamilySearch •
Archives nationales • Filae • Gallica •
Geneanet • Grand Mémorial •
Mémoire des hommes • MyHeritage •
et plus encore...

Fini les blocages dans les bases de données,

vous y trouverez sûrement vos ancêtres ! ✂
✂ à renvoyer à : La Revue française de Généalogie – CDE – 10 avenue Victor-Hugo, CS 60051
BON DE COMMANDE 55800 Revigny-sur-Ornain – Tél. 03 29 70 56 33 – Fax 03 29 70 57 44 – www.rfgenealogie.com
À découper ou photocopier Code ARFG0120
OUI, je désire recevoir . . . . . . . . exemplaire(s) du hors-série
Nom .................................................................................................................................................................. Les 25 meilleures bases de données
Prénom ........................................................................................................................................................... au prix unitaire de 9,90  + 2,99 * de participation aux frais d’envoi
Adresse ..........................................................................................................................................................
MODE DE RÈGLEMENT
................................................................................................................................................................................
❏ par chèque ci-joint, à l’ordre de La Revue française de Généalogie
Code postal
❏ par carte bancaire n°
Ville ....................................................................................................................................................................
Date d’expiration Signature :
E-mail .............................................................................................................................................................. (uniquement pour CB)
J’accepte de recevoir par e-mail :
CVC
(trois derniers chiffres du n° figurant
• les informations et offres de La Revue française de Généalogie : ❏ Oui ❏ Non au verso de votre carte)
• les offres des partenaires de La Revue française de Généalogie : ❏ Oui ❏ Non * Tarif France métropolitaine. Autres destinations, consultez boutique.rfgenealogie.com
Rendez-vous dès maintenant sur :
4 GUIDES 4 GUIDES
HORS-SÉRIE
OFFRES
D’ABONNEMENT

Formule Essentiel Formule Duo

1 an = 6 nos + 1 no spécial
1 an = 6 nos + 1 no spécial
+ l’accès aux versions numériques 3e
pour 42,90€ au lieu de 52,40€ sur tablette pour 51,90€
ÉDITION

Formule Formule Intégral

100 % Numérique Vos numéros au format papier
Accès illimité au site RFGenealogie.com + accès intégral au site RFGenealogie.com

pour 59€ pour 69€ au lieu de 111,40€

GENEANET MODE D’EMPLOI

MODE D’EMPLOI
• Comment trouver ses ancêtres

DOM : 12 E • BEL : 12 E • N. CAL/S : 1430 cfp • POL/S : 1530 cfp

Rendez-vous sur

L 17663 - 68 H - F: 11,00 € - RD
• Les meilleures astuces de recherche

Boutique.rfgenealogie.com
• Comment partager sa généalogie
• Les avantages de Geneanet Premium
• Les relevés et projets collaboratifs

HORS SÉRIE
OFFRES Les bases de données en libre accès

D’ABONNEMENT

Formule Essentiel Formule Duo

1 an = 6 nos + 1 no spécial 1 an = 6 nos + 1 no spécial
pour 39€ au lieu de 45,30€
+ l’accès aux versions numériques 3e
sur tablette pour 47€ ÉDITION

Formule Formule Intégral

100 % Numérique Vos numéros au format papier
Accès illimité au site RFGenealogie.com + accès intégral au site RFGenealogie.com
LES 25 MEILLEURES BASES DE DONNÉES

pour 59€ pour 69€ au lieu de 104,30€

Les 25 meilleures
bases de données
Ancestry • Archives nationales • Archives nationales
d’outre-mer • Capedia • Croix-Rouge • FamilySearch • Filae

Rendez-vous sur
L 17663 - 59 H - F: 9,90 € - RD
• FranceArchives • FranceGenWeb • Gallica • GeneaBank •
Geneanet • Geneaservice • Geneatique.net • Grand Mémorial CAN 16,50 $ cad

Boutique.rfgenealogie.com • Heredis Online • Hôtel des Invalides • INSEE • Médaillés

militaires • Mémoire des hommes • MémorialGenWeb
• MyHeritage • OFPRA • Roglo • Sainte-Hélène
I RFG I Numéro spécial Les 20 meilleures bases de données I 1

pour réussir vos recherches

pour retrouver vos ancêtres sur Internet
pendant la guerre

Boutique.rfgenealogie.com