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8/4/2020 Les Indiens des frontières coloniales - Introduction.

oduction. Les frontières coloniales de l’Amérique australe hispanique, XVIe siècle/temps présent - Presses uni…

Presses
universitaires
de Rennes
Les Indiens des frontières coloniales | Luc Capdevila,
Jimena Paz Obregón Iturra, Nicolas Richard

Introduction. Les
frontières
coloniales de
l’Amérique australe
e
hispanique, XVI
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siècle/temps
présent
Jimena Paz Obregón Iturra, Luc
Capdevila et Nicolas Richard
p. 9-24

Texte intégral
1 En quoi l’Amérique australe serait-elle traversée par des
« frontières coloniales » jusqu’au XXe siècle ? La définition de
frontière appliquée à un territoire comprend deux notions. La
première est politique  : elle repose sur l’idée de limite et de
séparation marquant une différence entre deux espaces –
limite en l’occurrence entre le monde colonial et le monde non
colonisé. La seconde est géographique  : elle correspond à la
notion de front, c’est-à-dire une zone transitive, un lieu plus ou
moins étendu de transformations, de mouvements, de
déplacements, de chevauchements induits par le choc entre
deux masses – ici ce serait entre l’espace colonial et l’espace
non colonisé.
2 De fait, si la conquête de l’Amérique par les Européens s’est
concrétisée par leur prise de possession rapide de territoires
répartis sur l’ensemble du continent, dès le milieu du XVIe
siècle les Espagnols en particulier se heurtèrent à des limites
qui marquèrent le pas de l’expansion coloniale, notamment
dans les régions australes1. Les limites étaient celles imposées
par des peuples amérindiens qui refoulèrent les conquérants
ou résistèrent à leur avancée. Elles furent aussi
environnementales. Des milieux étaient difficiles à pénétrer ou
à contrôler, d’autres étaient très éloignés des grandes voies de
circulation. De sorte qu’au début du XIXe siècle, une grande
partie des terres américaines était restée à l’écart de
l’expansion européenne. Le XIXe siècle marque en fait la fin du
processus de colonisation des terres amérindiennes, qui se
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prolonge encore au XXe siècle dans les espaces les plus


difficiles d’accès, telles la forêt amazonienne ou la brousse du
Chaco habitées par d’innombrables groupes de chasseurs
cueilleurs horticulteurs.
3 Dans la très longue durée des espaces mouvants ont ainsi
formé les nébuleuses de points de rencontre entre la
colonisation occidentale et les terres amérindiennes. «  La
frontière  » marque la limite entre ces deux espaces. C’est le
lieu où se font face l’autonomie indienne et le pouvoir colonial.
Mais cet espace ne correspondait pas à une limite radicale.
C’était une zone poreuse faite d’échanges, de circulations, de
négociations, de conflits : un espace frontalier en somme, avec
toute sorte de dégradés et demi-teintes. Le cadre régional du
Cône sud constitue un observatoire privilégié permettant de
travailler à partir des frontières qui transcendent les limites
administratives des empires hispano-portugais, puis
nationales des républiques. Jusque tard au XIXe siècle les
limites entre États mettaient en scène une fiction
cartographique en total porte-à-faux avec la géopolitique
amérindienne.
4 Or la question des frontières coloniales en Amérique australe
hispanique a d’abord été étudiée dans le cadre plus ou moins
étanche des historiographies nationales. Il existe d’excellents
travaux retraçant l’histoire de la « frontière mapuche » au sud
du Chili, celle de la « frontière chiriguano » dans l’est bolivien
ou de la «  frontière guaykuru  » au Paraguay. Mais jusqu’à la
fin des années 1990-2000 les études d’ensemble étaient rares2,
et ce en dépit de l’unité historique de mouvement qui
correspond à ces différents territoires. Il en a résulté souvent
une sorte d’«  illusion nationale  » qui conduisait à faire de
chaque frontière avec les territoires indiens un cas d’exception,
un épiphénomène censé être caractéristique et contribuant à la
spécificité nationale des pays concernés – notamment au Chili
– alors que ces espaces présentent des similitudes frappantes,
marquées par des unités de conjoncture. Surtout, ces
approches «  nationales  » ont eu pour conséquence de
subordonner l’histoire des populations indiennes à celle des

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républiques, comme si l’histoire mapuche était soluble dans


l’histoire chilienne, ou l’histoire chiriguano dans l’histoire
bolivienne.
5 Il est ainsi important de suivre les anthropologues et les
historiens du Cône sud réunis dans cet ouvrage en travaillant
avec eux ces questions à deux échelles. Celle de la macro-
histoire régionale, en ceci qu’il est important de banaliser ces
espaces frontaliers dans la longue durée en montrant en quoi
ils constituent un élément normal et omniprésent de l’histoire
régionale, et comment ils évoluent selon une même dynamique
historique qui n’est pas spécifique à tel ou tel pays. Ensuite,
l’échelle des peuples et de la micro-histoire, en ceci que les
frontières concernent des sociétés indiennes en elles-mêmes
consistantes et susceptibles d’une histoire particulière. Il s’agit
ainsi d’étudier en quoi les expériences indiennes de la frontière
s’articulent en un même mouvement historique, qui n’est pas
soluble dans une seule histoire nationale.
6 À l’étendue régionale du cadre spatial correspond le choix de la
longue durée. Il s’est produit certes une rupture historique et
politique au moment des indépendances, entre l’effacement
des empires péninsulaires et l’émergence des républiques, puis
des États-nations. D’un régime à l’autre, les relations entre
sociétés créoles et mondes indiens ont également
profondément évolué. Si le processus de conquête et de
colonisation de l’Amérique australe s’est poursuivi pendant
quatre siècles, il s’est profondément renouvelé après
l’émergence du cadre républicain et plus encore avec
l’affirmation d’un projet national. Mais on pourra également
observer une longue période de transition qui commence à la
fin de la période impériale, marquée par une monarchie
éclairée dont les réformes tendaient à assouplir les castas
(castes), à libéraliser le commerce, à laïciser les indiens, et qui
se poursuit jusqu’au milieu du XIXe siècle républicain avec la
continuité pragmatique ou l’inertie de certaines pratiques
impériales dans les relations avec le monde indien. C’est
pourquoi le choix a été fait de proposer ce recueil de textes sur

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les frontières coloniales du XVIe au XXIe siècle à l’échelle


régionale du Cône sud hispanique.
7 L’unité de mouvement qui anime ces frontières peut être
comprise selon trois moments ou phases principales.

Formation des frontières indiennes


8 Sur les différents théâtres, ces frontières se sont formées de
façon plus ou moins simultanée pendant les dernières
décennies du XVIe siècle et les premières du XVIIe siècle. Elles
correspondent en général à un rééquilibrage des forces dû à
l’appropriation par les indiens d’éléments techniques ou
conceptuels dont le maniement avait fait la force des premiers
conquistadores. Ce fut le cas du cheval  : il est en ce sens
frappant de constater comment au Chili, et dans les régions de
la Plata, la formation de ces frontières a résulté de la
constitution de groupes indiens cavaliers. Il en fut de même
avec le fer et les fortifications  : on pense à la description des
«  forts  » Chané de l’Alto Paraguay effectuée par Sánchez
Labrador3  ; ou à la «  guerre des pukaraes  » menée par les
indiens du centre du Chili lors de la fondation de Santiago par
Pedro de Valdivia4. On observe une adaptation des stratégies
militaires, qui a consisté dans l’articulation entre guerre de
guérilla et batailles rangées, au cours desquelles les armées
araucano-mapuches mobilisaient des milliers de guerriers. Ce
rééquilibrage tient aussi à une récupération démographique et
sociétale des peuples indiens à la suite des violences de la
première «  conquête  » et à un épuisement relatif des forces
colonisatrices. L’expansion coloniale a ainsi marqué le pas,
subissant par endroits des revers militaires qui l’obligèrent à
céder des territoires initialement conquis. Au Chili, le
«  désastre de Curalaba  » (1598) a scellé le sort de l’ensemble
des forts et des villes situés au sud du fleuve Bío-Bío, à
l’exception de l’île de Chiloé. L’image se répète dans les régions
de la Plata  : destruction de Concepción del Bermejo (1631) et
évacuation du Chaco austral5  ; destruction de Santiago de
Jerez (1599) et abandon des provinces de l’Itatín. Elle se

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reproduit aussi dans le piémont des Andes orientales  : échec


de l’expédition du vice-roi Toledo au pays Chiriguano (1574)6.
9 Par conséquent, ces frontières se sont imposées à l’expansion
espagnole et l’ont bornée tout au long de la période coloniale.
10 On observera que par endroits la colonisation occidentale s’est
estompée sur les lignes de démarcation qui avaient été jadis
celles de l’empire inca. Cet échec commun s’est produit à l’orée
des terres basses, face à des peuples habitant souvent loin des
centres de pouvoir, dans des contrées aux accès malaisés où
survivre était difficile pour des étrangers.
11 Selon les circonstances, ces frontières prirent des formes
juridiques et institutionnalisées  : la couronne espagnole prit
acte de la frontière mapuche, tout comme elle le fit avec la
frontière chiriguano. En d’autres lieux, elles prirent la forme
de marches d’empire de l’espace colonial, soit des zones de
micro-tractations permanentes, de tensions et d’échanges non
institutionnalisés. En deçà de la démarcation, la couronne
espagnole imposa les «  deux républiques  »  : Espagnols et
indiens furent régis par des lois spécifiques et différentielles.
La législation indienne protégeait effectivement les indiens,
l’assujettissement faisant d’eux des sujets du roi sur un mode
mineur en tant que subalternes. Néanmoins, les
cloisonnements coloniaux éclatèrent ou débordèrent de plus
en plus en raison de l’ampleur des métissages et de la diversité
des conjonctures, a fortiori dans les espaces frontaliers où le
brassage et les contradictions étaient intenses.
12 Au-delà de la frontière coloniale se déployaient des mondes
bigarrés et complexes dont le principal point commun était le
refus d’aliéner leur souveraineté aux exigences d’allégeance et
de soumission des autorités coloniales. Ces différents groupes,
parfois des peuples, conservaient par ailleurs leur liberté
politique les uns par rapport aux autres7, et les guerres purent
se déployer tout autant entre eux en interne que contre les
Espagnols, à leur tour alliés à d’autres indiens. Il ne saurait y
avoir de corrélation étroite entre les groupes résistant à
l’avancée coloniale et des structures sociopolitiques non
étatiques. En effet, bien des groupes de ce type ont été plus ou

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moins rapidement soumis. Il n’y a nonobstant aucun cas dans


les Amériques australes, ni ailleurs dans les Amériques, d’un
État qui aurait affronté avec succès l’expansion coloniale
occidentale. Cet au-delà du colonial dit tierra adentro, a été
l’objet d’une législation d’exception implacable pour les
rebelles refusant leur incorporation dans le cadre impérial  :
ainsi l’interdiction de l’esclavage indien tombait dès lors que
les insoumis avaient porté atteinte à l’une des deux majestés
Dieu et Roi.
13 Lorsque nous pointons le regard sur les indiens des frontières
coloniales nous laissons de côté une immensité de
conjonctures qui échappent à l’emprise de la pression
coloniale. Aussi nous envisageons surtout ceux qui furent en
interaction plus ou moins directe avec le monde des blancs et
dont on peut saisir les traces dans les sources conservées. Plus
les indiens échappent à la poussée coloniale, dans les confins
ou les zones refuges, plus ils se dérobent également aux
historiens et aux anthropologues. C’est seulement en
s’approchant du contemporain que les outils de l’histoire orale
et de l’anthropologie permettent de saisir cet au-delà du
colonial, cette tierra adentro, par bien des aspects
insaisissable pour le passé lointain, même si l’archéologie y
contribue grandement. Comme le signale avec justesse Arturo
Leiva dans ses travaux sur la frontière araucano-mapuche au
XIXe siècle, autant parmi les Chiliens que parmi les indiens
certains étaient beaucoup plus frontaliers que d’autres8.
L’emplacement territorial occupé vis-à-vis de la démarcation,
c’est-à-dire le lieu occupé au sein de l’espace frontalier, avait
des implications fortes sur le type et la densité des interactions
établies entre les groupes indiens et les implantations
coloniales. Il ne s’agit nullement d’une simple distinction
binaire entre relations pacifiques versus affrontements
guerriers  : la proximité pouvait par exemple faciliter le
commerce mais mettre également à portée de main le vol et le
pillage. De surcroît, comme l’ensemble des positions
frontalières était mouvant dans le temps, les agencements se
remaniaient et se restructuraient en permanence.

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Gestion des frontières indiennes


14 Dès le XVIe siècle, l’administration espagnole dut gérer ces
zones plus ou moins nettes, plus ou moins institutionnalisées,
qui séparaient l’espace colonial des territoires indiens
«  libres  ». Dans ces circonstances deux types d’implantation
s’offraient aux autorités coloniales : les forts et les missions9.
15 Sur le volet militaire, ces territoires étaient généralement
gardés par une ligne de fortifications de nature variable  : au
nord du Paraguay des «  villages  » militarisés et soutenus par
Asunción protégeaient la « frontière guaycurú » ; au Chili une
armée régulière d’environ deux mille hommes, en cas de
besoin renforcée par des milices espagnoles et indiennes. Des
périodes dites défensives, qui se limitaient à éviter que les
territoires déjà contrôlés soient mis en péril par des incursions
indiennes, alternaient avec d’autres plus offensives,
affaiblissant les groupes insoumis par des déprédations
ponctuelles ou par la mise en place d’implantations à visée
plus durable.
16 Les missions avaient également un caractère défensif. La
gestion des frontières indiennes était assumée par différents
ordres religieux : le jésuite Luis de Valdivia théorisa au Chili la
«  guerre défensive  » et une certaine «  reconnaissance  » de la
frontière mapuche10. Plus généralement, aux XVIIe et XVIIIe
siècles, le front missionnaire jésuite se déploya le long des
frontières indiennes de l’espace colonial  : parmi les
Chiriguanos et la Chiquitanía  ; tout le long de la frontière
chaquéenne de Tucumán à Santa Fe, ainsi qu’au sud de Buenos
Aires et jusqu’au Nahuel Huapi en Patagonie  ; au nord du
Paraguay avec les fondations de l’Itatín et de l’Alto Paraguay ;
au Chili sur le Bío-Bío, Chiloé et Valdivia. Ces missions étaient
censées pacifier la frontière et normaliser les échanges. Elles
dessinèrent des zones d’exception juridique à l’intérieur de
l’espace colonial : les indiens des missions étaient exempts de
l’encomienda, ils pouvaient être armés, et la tutelle vaticane a
pu servir de rempart aux abus des administrations locales.
17 Enfin, ces zones frontières donnèrent lieu à des formes de
médiation politique originales. Il s’agit en particulier des
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«  parlamentos  » à travers lesquels LES autorités coloniales


négociaient des traités avec les indiens d’au-delà de la
frontière. Y émergèrent des figures aux itinéraires singuliers,
typiques de ces territoires de l’entre-deux, qui œuvrèrent
souvent comme médiateurs entre des mondes en tension11.
18 Les logiques coloniales des frontières indiennes évoluèrent
sensiblement dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle à
travers la refonte du système colonial imposée par les
Bourbons. L’expulsion des jésuites et le déclin du système
missionnaire qui assurait la médiation aux frontières en furent
le signe le plus visible. La politique affichée de peuplement, la
décentralisation administrative, la libéralisation du commerce
donnèrent lieu dans les espaces frontaliers à des politiques
plus «  ouvertes  » de tractation, et à une liberté accrue de
circulation et d’échanges.

Dépassement ou résorption des frontières


indiennes à l’époque républicaine
19 Les indépendances nationales ne changèrent pas
immédiatement cette donne. Le Chili, l’Argentine, la Bolivie, le
Paraguay indépendants continuèrent de reconnaître
l’existence, sinon juridique du moins empirique, de ces
frontières, et à pactiser avec les autorités indiennes. En
général, les guerres d’indépendance permirent d’établir de
nouveaux traités, les différents groupes indiens s’impliquèrent,
de part et d’autre, dans la nouvelle donne géopolitique.
Souvent, dans un premier temps, pour empêcher leur
ralliement à la cause espagnole, les nouvelles autorités
républicaines ont conforté les pactes issus de l’époque
coloniale. À l’échelle du sous-continent, le premier quart du
XIXe siècle fut traversé par le cycle guerrier des
indépendances, tandis que les régions du Río de la Plata
vécurent un état de guerre – «  civile  » – quasi permanent
jusque tard dans les années 1850-186012. À l’état de guerre
correspondaient la fragilité des institutions des États naissants
et leur faiblesse démographique. Les républiques se
réduisaient généralement à des pôles urbains reliés par des
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fleuves et des chemins. Les villes rayonnaient avec plus ou


moins d’intensité sur des populations rurales métisses
dispersées.
20 En effet, au milieu du XIXe siècle une grande partie des
territoires de l’Amérique australe n’était pas du ressort réel des
jeunes républiques. Du nord au sud  : le Grand Chaco, la
Pampa, la Patagonie, l’Araucanie, la Terre de Feu, étaient
peuplés et dominés par les communautés amérindiennes.
Celles-ci ne vivaient pas isolées du monde colonial. Dans ces
territoires une présence créole ou migrante diffuse s’articulait
aux réseaux d’échanges amérindiens – colonies, comptoirs,
exploitations13. De même, dans les villages indiens vivaient des
blancs et des métis, captifs, déserteurs, migrants  ; tandis que
les grands caciquats (chefferies) se dotaient d’une
administration naissante et entretenaient une correspondance
diplomatique d’échelle régionale qui constituait leurs
archives14.
21 Jusque dans les années 1850, ces immenses morceaux du Cône
sud filèrent les jours en dehors de tout contrôle des
républiques. Le monde indien était profondément
hétérogène15  : diversité des cultures, diversité de civilisation,
depuis les groupes de collecteurs horticulteurs du Chaco, aux
chasseurs pêcheurs de Terre de Feu, en passant par les grandes
chefferies de cavaliers pasteurs et par certains agriculteurs de
la Patagonie-Araucanie au Piémont andin de l’Isoso. Ces
sociétés, répétons-le, n’étaient pas isolées de tout. Elles étaient
insérées avec plus ou moins d’intensité dans les circuits
d’échange interamérindiens transandins, et bi-océaniques,
avec les sociétés créoles – elles-mêmes métissées16. Au début
du XIXe siècle, l’usage des langues indiennes restait courant
dans le monde blanc et la présence indienne n’était pas
exceptionnelle dans les villes du Cône sud.
22 L’équilibre démographique, technologique et institutionnel
relatif entre les jeunes républiques et les chefferies indiennes
au cours de la première moitié du XIXe siècle, conduisit les
États, et les pouvoirs régionaux, à conserver la pratique
politique des pactes avec les «  nations  » indiennes de la

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frontière qui remontait à la colonie espagnole. Accords,


alliances, traités firent que les indiens de la frontière
participèrent pleinement aux développements de la
géopolitique régionale, tandis qu’un certain
«  multiculturalisme  » – certes conçu comme une étape –
nourrissait les pratiques et les sensibilités de la première
génération des élites politiques qui pensèrent « la nation » et
participèrent à l’organisation des États à cette époque17.
23 Les relations entre le monde indien et les sociétés étatiques
basculèrent de manière systématique au cours de la seconde
moitié du XIXe siècle. Les situations politiques des républiques
du Cône sud étaient stabilisées. Les États étaient désormais
dotés d’institutions beaucoup plus efficaces et puissantes.
Dans les campagnes, la croissance démographique et
l’expansion économique amplifiaient l’expansion territoriale
des éleveurs de bovins et d’ovins. Déjà entre 1815 et 1821 plus
de 800 000 ha avaient été distribués sur la frontière traversant
le río Salado – le fleuve, situé à cent-cinquante kilomètres au
sud-ouest de Buenos Aires, marquait la transition avec la
Pampa indienne –, la surface exploitée par les blancs avait de
ce seul fait été accrue de 23  % dans la région18. Dans le
territoire correspondant à la république orientale de
l’Uruguay, les communautés indiennes disparurent en tant que
telles dans les années 1830, selon une volonté politique
affirmée et des procédés qui ouvraient cette nouvelle période :
déplacement des populations, trafic et séparation des femmes
et des enfants pour les fondre, à travers les familles créoles,
dans l’État national19. Dans la seconde moitié du XIXe siècle les
élites dominantes orientèrent le développement des
républiques vers le modèle de l’État-nation unitaire20,
percevant dans la présence indienne un élément d’archaïsme
du mal américain.
24 Le rapport de force était désormais très défavorable au monde
amérindien. Les républiques organisées disposaient d’armées
dotées des nouvelles technologies de l’époque (train, fusil à
répétition)  ; les investisseurs internationaux, notamment
britanniques et français, étaient demandeurs pour exploiter

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ces espaces en sécurité (élevage ovin et bovin, canne à sucre,


coton, essences forestières, salpêtres…)  ; les masses de
migrants fuyant la misère de l’Europe industrielle
commençaient à regarder vers les ports du Cône sud  ;
Santiago, Buenos Aires n’admettaient plus par ailleurs leur
absence concrète de souveraineté sur des territoires qu’elles
considéraient comme étant de leur ressort. Au Chili, comme en
Argentine, à partir des années 1860, les gouvernements
favorisèrent l’immigration et la colonisation européenne des
terres correspondant à leurs «  frontières  » qu’ils qualifiaient
désormais d’«  intérieures  ». Ils cessèrent progressivement la
politique des pactes avec les amérindiens. Désormais les États
ne traitaient plus avec des chefs « indigènes ».
25 Après 1860 les grands caciquats furent généralement soumis
par la force militaire  : campagnes menées par le Paraguay au
nord sur le pays guaycurú (1844-186421)  ; «  pacification de
l’Araucanie » entre 1861 et 188322 ; « campagne du désert » de
la Patagonie argentine (1878-188523)  ; conquête du Chaco
argentin (1870-191724)  ; avancée de l’armée bolivienne sur les
terres chiriguanos dans le piémont andin qui aboutit à la
répression de Kuruyuki25 en 1892 – des indiens «  amis  »
participant, au sein ou au côté des armées régulières, à toutes
ces opérations de guerre. Les cas de transition réunissent les
populations indiennes de l’ancienne province d’Atacama –
atacama, aymara, collas – conquises puis « nationalisées » par
le Chili à la suite à la guerre du Pacifique (1879-188326) ; ainsi
que les populations du Mato Grosso méridional, « aldeadas »
lors de la grande «  guerre du Paraguay  » (1864-1870), tout
comme celles de la bande riveraine du Chaco austral
mobilisées puis broyées par l’effort de guerre argentin27.
Conjointement, l’extension des fronts de colonisation
aboutissait à l’absorption progressive des espaces habités par
les groupes de collecteurs : la Terre de Feu entre la fin du XIXe
et le début du XXe siècle où se sont produites de véritables
« chasses à l’indien », qui étaient encore pratiquées en d’autres
territoires jusqu’à il y a peu28  ; le Chaco boréal au cours du
premier XXe siècle29.

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26 Cette période correspond au basculement d’un monde. Des


peuples entiers disparurent en raison de la violence militaire,
des chocs sanitaires, de la réorganisation des territoires, du
métissage induit par le processus de conquête30. Le choix
politique de la colonisation avec des migrants européens, celui
d’une économie prédatrice, d’un modèle national unitaire
étaient voulus, organisés, planifiés par les élites au pouvoir.
Certes l’idée de concevoir un monde multiculturel et de
maintenir un espace à la négociation avec les groupes
amérindiens existait dans certains milieux qui annonçaient les
courants indigénistes. On l’observe magnifiquement à travers
le témoignage du colonel Mansilla31. Commandant dans la
province de Córdoba en 1870, il partit à la rencontre du
cacique Mariano Rosas afin de consolider un accord de paix et
d’amitié qui avait été signé avec les indiens ranqueles. Le
parlement argentin finalement ne ratifia pas le traité. Mansilla,
publia aussitôt son témoignage pour faire découvrir à ses
compatriotes argentins la profonde humanité du monde indien
de la frontière et plaider pour une coexistence pacifique. Mais
à cette époque ce courant de sensibilité était minoritaire.
27 Cela étant, l’asymétrie des relations avec ces mondes indiens
différait selon les cultures nationales des républiques et la
densité des sociétés que l’on commençait à qualifier
d’indigènes. Dans la tradition de la politique des
«  parlements  » avec un monde araucan-mapuche hiérarchisé
dans ses relations de frontière, l’État chilien a maintenu, voire
a renforcé un pouvoir politique mapuche qui s’est incarné dans
la présence très précoce, dès les années 1920, d’élus mapuches
dans les instances de pouvoir32. Mais l’émergence d’une élite
politique indigène au sein des organisations politiques et des
institutions de la république n’a pas connu d’équivalent au
cours du premier XXe siècle chilien en Terre de Feu ou dans le
nord andin  : à ce titre le cas des Mapuches chiliens s’avère
singulier. La république bolivienne avait restauré le statut
d’indien à l’initiative du général Santa Cruz dès 1831 afin de
rétablir le tribut, ce qui conduisit à «  recastifier  » la société.
Pour ce faire, la république donna l’usufruit de «  terres

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publiques  » aux communautés33. Dès lors, le pouvoir rétablit


également l’institution de représentant des communautés, les
apoderados, en capacité d’intervenir en leur nom auprès des
magistrats. De sorte qu’au début du XXe siècle, notamment
dans les terres basses de colonisation récente, des chefs
indigènes étaient reconnus par les représentants de l’État.
Mais ils ne circulaient pas dans les sphères de pouvoir de la
république, à la différence des élus mapuches au Chili. En
Argentine le processus de nationalisation avait été rapide et
brutal. Néanmoins, au début du XXe siècle, il existait toujours
des «  réserves  » dans le Chaco et en Patagonie. Comme en
Bolivie des leaders indiens jouaient les intermédiaires entre les
autorités argentines et les communautés, mais ils demeurèrent
à l’écart du jeu politique républicain. Car, ce qui est encore
souvent qualifié de processus de «  modernisation  » ou de
«  nationalisation  » a participé aussi d’un processus de
colonisation. Les territoires conquis sur les espaces indiens
fonctionnaient comme des colonies de peuplement et des
colonies d’exploitation. Si ces territoires étaient souvent placés
dans une position subalterne au sein du territoire national, les
populations désormais dites « indigènes » (indígenas) étaient
à leur tour généralement subalternisées. En Argentine, les
territoires dits « nationaux » correspondaient précisément à la
Terre de Feu, Patagonie et Chaco, ils dépendaient directement
du ministère de l’intérieur. Des organismes spécialisés – telle
la Direction générale des territoires nationaux depuis 1912 – y
étaient chargés des relations avec les indiens. Ces territoires
échappaient de facto aux provinces. À ce titre jusque dans les
années 1950, ils ne relevèrent pas des institutions
républicaines habituelles mais constituèrent un état
d’exception dans l’ordre républicain. De même, le Chaco
devenu paraguayen en 1935 était considéré comme une zone
militaire encore dans les années 1980. À partir de 1936, date
de la création du Patronato indígena, les indiens du Chaco
étaient censés être placés sous la protection du ministère de la
défense. Conjointement le statut d’indigène qui avait été
supprimé au Paraguay en 1848, était de facto rétabli, certes

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dans un nouveau contexte « républicain ». En Araucanie, pour


leur part, les terres communautaires des «  reducciones  »
résultèrent de l’octroi aux vaincus, par l’État chilien, de titres
d’usufruit sur une faible partie de leur territoire d’origine. De
surcroît les regroupements et les relocalisations imposées
furent considérables afin d’ouvrir les terres ainsi dégagées à la
colonisation nationale et étrangère.
28 Au début du XXe siècle toutes les frontières indiennes du Cône
sud étaient absorbées, broyées par les États-nationaux. De
sorte qu’un siècle après l’abolition de l’ordre colonial d’ancien
régime au moment des indépendances, émergeaient, avec les
formes nouvelles des cadres républicains, des colonialismes
internes, marquant l’achèvement du processus de conquête.

Des histoires de « frontière »


29 À la fin du XIXe siècle le jeune professeur d’histoire Frederick
Turner développa dans une série de conférences et d’articles sa
thèse de l’impact de la frontière sur l’histoire des États-Unis34.
En écho à Tocqueville, il percevait en particulier dans «  la
frontière  » l’espace neuf où se construisaient l’individualisme
et la démocratie étatsunienne. Ses travaux furent l’objet de
controverses tout au long du XXe siècle, notamment en raison
de sa lecture ethnocentrée. Dans une série de textes publiés à
partir des années 1910 Herbert E. Bolton étudia la primauté de
la colonisation hispanique sur le versant ouest-méridional de
la frontière étatsunienne35. L’historiographie de la frontière
nourrie des études dites « indiennes » et du « grand-ouest » a
mis par la suite la focale sur la globalité de ces espaces en
travaillant les porosités, les circulations, la complexité des
acteurs et de leurs interactions, dont l’enquête récemment
traduite de Richard White sur Indiens, empires et républiques
dans la région des grands lacs entre 1650 et 1815 présente au
lecteur francophone un des travaux les plus aboutis36.
30 Ces dernières années les travaux de Frederick Turner ont
également été discutés en Argentine, et ce d’autant plus que
dans la seconde moitié du XIXe siècle certains dirigeants, tels
Domingo Sarmiento ou Nicolás Avellaneda, virent dans
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l’expérience expansionniste états-unienne une source


d’inspiration pour la république.
31 La conviction que les prétendus bienfaits de la « civilisation »
devaient être imposés aux indiens gagnait du terrain à mesure
que grandissait la convoitise pour leurs territoires. Au Chili,
parmi les élites la discorde résidait sur les moyens et les coûts,
humains et financiers, qu’aurait impliqués l’occupation
d’espaces restés jusqu’alors sous contrôle indien  ; le credo
civilisateur était quant à lui amplement partagé. Jorge Pinto a
repéré dans la presse de l’époque ces positions divergentes tout
en montrant combien elles coïncidaient dans l’objectif final  :
soumission politique et mise en valeur économique ; il montre
également à quel point les historiens chiliens les plus
prestigieux de l’époque pesèrent dans le combat politique  :
après un début d’occupation négociée, le triomphe de l’option
militaire la plus dure finit par s’imposer, mettant un point final
à l’indépendance indienne du sud chilien37.
32 En Argentine, dans un premier temps l’analyse turnerienne fut
considérée comme non opératoire par les chercheurs, car la
frontière pampéenne avait connu d’autres développements
qu’aux États-Unis. Ainsi Roberto Cortés Conde fit valoir que la
frontière s’était maintenue jusque tard au XIXe siècle près du
littoral océanique de Buenos Aires, et que par ailleurs dans cet
espace les densités démographiques étaient faibles et «  la vie
sociale  » très réduite38. Les études de frontière argentines
connurent un développement important dans les années 1980,
l’article fondateur de Turner fut d’ailleurs alors traduit39. Deux
grands courants scientifiques convergents ont été les moteurs
de ce renouvellement historiographique et de
l’internationalisation de la recherche. Il s’agit d’une part de
l’histoire économique et sociale rurale, impulsée notamment
par Juan Carlos Garavaglia40. Il s’intéressait aux campagnes
paraguayennes, celles de la province de Buenos Aires et de la
Pampa, du XVIe aux XIXe siècles, dans lesquelles il observait
un monde complexe où se mêlaient et se confrontaient paysans
agriculteurs, éleveurs, grands propriétaires, indiens et métis
ibéro-américains. De ce fait pour Garavaglia, la différence

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entre la frontière nord-américaine et celle des provinces de la


Plata ne repose pas sur la pression démographique qu’il vérifie
forte et précoce dans la Pampa, mais sur l’inertie des
hiérarchies sociales issues de l’ancien régime hispano-
colonial : dans les régions de la Plata l’expansion coloniale s’est
faite au profit de la très grande propriété41. L’autre grand
courant scientifique est né du rapprochement entre les études
ethnologiques et historiques qui favorisa l’émergence des
recherches sur l’histoire de la frontière comme espace colonial
hybride et dynamique42. Les renouvellements thématiques à
l’échelle des régions de la Plata portent autant sur les quatre
siècles d’histoire des sociétés de frontière et des mondes
indiens, sur la construction des catégories sociales coloniales,
la déconstruction des représentations et des discours, celle du
processus de colonisation, la question foncière, l’histoire du
travail, la construction de l’altérité.
33 Au cours des années 1980, il se produisit au Chili un
renouveau historiographique connu sous le nom d’«  estudios
fronterizos  » dont le chef de file incontestable est l’historien
Serge Villalobos. Resté en pleine activité jusqu’à aujourd’hui, il
a été au centre de nombreuses polémiques. Que ce soit dans le
sillage de Villalobos ou bien en franche opposition à ses
approches, on observe que le regain d’intérêt pour ces
questions s’est maintenu depuis une trentaine d’années et a
engendré des travaux de grande qualité.
34 L’étude de l’ensemble de ces processus a donc donné lieu à un
nombre considérable de travaux en langue espagnole et si,
dans un premier temps, les approches exclusivement
nationales ont été prépondérantes, elles laissèrent également
la place à des approches croisées43. Le tour des points à
approfondir et les nouvelles questions qui se profilent à
l’horizon sont loin d’être épuisés, en particulier dans leurs
dimensions comparatives. Il nous importe de souligner ici que
ces recherches qui n’ont pas toujours bénéficié d’une bonne
diffusion en espagnol ont été peu traduites en langue française
et demeurent difficiles d’accès aux lecteurs non
hispanophones. Les rares textes à avoir été publiés en français

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relèvent d’auteurs ayant travaillé ou travaillant en France  : la


plupart de ces publications étant issues de thèses
universitaires ou concentrées sur des études de cas.
35 L’ambition de cet ouvrage est de remplir cette lacune en
donnant visibilité à un ensemble d’études nées des nombreux
échanges qui se sont tenus ces dernières années à Rennes.
Certains chercheurs y ont en effet séjourné durablement en
tant que professeur invité sur la Chaire des Amériques, IDA-
Rennes44. D’autres sont venus ponctuellement au cours des
rencontres organisées dans le cadre du programme ANR
«  Indiens dans la guerre du Chaco  » et des séminaires du
master Histoire et relations internationales (Rennes2/IEP
Rennes). Signalons également que le programme Ecos Sud-
Chili « formes du colonialisme républicain » en cours45 permet
de poursuivre la réflexion autour du raccordement entre le
colonial impérial et le colonial républicain, et sur
l’anéantissement militaire quasi simultané de territoires
indiens libres. L’ensemble de ces travaux est ainsi le fruit d’un
questionnement scientifique partagé  : au delà de la diversité
des terrains, des périodes et des approches, leur publication
est l’aboutissement d’un cheminement commun.
36 L’ouvrage réunit trois ensembles thématiques de recherche. Le
premier se déploie autour des systèmes classificatoires des
altérités fabriqués par le monde colonial en raison de son
entreprise hégémonique : ainsi les ennemis rebelles, ces autres
dérangeants qu’il s’agissait de soumettre, de déporter ou de
détruire  ; ou bien ces autres plus dociles et disciplinables,
incorporés de force ou en tant qu’alliés subalternes (Giudicelli,
Obregón Iturra). Dans les espaces frontaliers mieux contrôlés,
des catégorisations juridico-sociales situaient
hiérarchiquement groupes et individus, tentant d’imposer un
ordre colonial dans des processus de métissage qui
débordaient de toutes parts l’édifice en construction
(Farberman).
37 Le deuxième ensemble se situe à l’époque républicaine,
principalement au XIXe siècle, scellant l’encerclement
progressif, puis la défaite militaire des derniers groupes

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indiens souverains. Pour la république argentine deux aspects


cruciaux sont envisagés dans une perspective comparative et
un temps long : l’enjeu que représenta la captation des armées
indiennes dans les conflits internes qui déchiraient la nouvelle
nation en construction (Ratto) et le devenir des terres qui, sous
la domination coloniale hispanique, avaient été reconnues aux
indiens (Teruel). Une fois les «  déserts  » peuplés d’indiens et
les terres «  mal exploitées  » sous contrôle, il s’agissait de
mettre en valeur et de «  moderniser  » la nouvelle manne.
Dompter une nature inexpugnable en vue de son exploitation
économique incita à rendre navigable le fleuve Bermejo dont
les rives étaient peuplées majoritairement par des groupes
Tobas. Les échecs répétés tinrent à la difficulté même de
l’entreprise de navigation comme aux conjonctures et aux
intérêts contradictoires alors en jeu (Lagos et Santamaría). La
colonisation étrangère, pensée comme une autre clé de
civilisation, modernisation et progrès, ajouta de nouveaux
paramètres à des situations culturelles déjà bien complexes,
tendues par l’occupation militaire et l’encadrement des indiens
vaincus. En s’installant sur les territoires indiens, les colons
tentèrent d’y recréer leur propre legs culturel d’origine, les
écoles communautaires leur permirent d’y faire perdurer leur
langue et leur religion (Zavala Cepeda).
38 Le dernier ensemble de textes s’attache au cas très singulier du
Chaco boréal qui connaît la poursuite jusqu’en plein XXe siècle
d’un état de choses rejoignant par bien des aspects le plus
classique des colonialismes de l’époque impériale. Les
perspectives historiques et anthropologiques convergent pour
donner la mesure des transformations profondes mises en
branle par la guerre du Chaco. Sortir des épopées nationales
permet de se mettre à l’écoute des mémoires indiennes et de
tracer les destins tragiques des médiateurs indiens qui se sont
mis au service des armées nationales le temps de la guerre
(Capdevila, Richard). La relocalisation à Asunción del
Paraguay, au sortir du conflit, des Maká du Grand Chaco et
leur reconversion dans l’industrie du tourisme, montre avec
subtilité et précision tout à la fois l’ampleur des

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accommodements et la force des continuités dont peuvent


faire preuve les sociétés indiennes dans leurs rapports aux
sociétés étatiques qui les annexèrent et les englobèrent sans
réussir pour autant à les dissoudre (Braunstein).
*
39 Cet ouvrage collectif n’aurait pu voir le jour sans les soutiens
indispensables à son édition. Nous tenons à remercier les
efforts convergents et complémentaires du groupement
d’intérêt scientifique (GIS) Institut des Amériques de Rennes
qui impulse une politique résolue en vue de la valorisation des
recherches américanistes menées en Bretagne, ainsi que le
CERHIO UMR 6258, le programme ANR «  Indiens dans la
guerre du Chaco  » et le programme Ecos Sud-Chili «  Formes
du colonialisme républicain » pour les moyens scientifiques et
financiers apportés à la mise en valeur des travaux traduits de
l’espagnol. Nous remercions Martin Siloret pour le soin
apporté à son travail de traduction ainsi que pour la révision
des textes issus d’une première version en espagnol. Nous
remercions également Aurélie Hess dont le travail
cartographique ouvre une voie d’intelligibilité fondamentale à
des lecteurs non familiarisés avec la géographie des espaces
frontaliers dont il est ici question.

Notes
1. L’Amérique australe, Amérique méridionale des anciens, Cône sud
aujourd’hui correspondent aux territoires situés au sud du bassin
amazonien et des plateaux andins. C’est-à-dire, en général, le Chili,
l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay, le piémont oriental bolivien, et à la
marge le sud brésilien. Les limites politiques entre les deux empires
espagnol et portugais, qui trouvent leur origine dans le traité de Tordesillas
(1494), correspondent également à des marches impériales colonisatrices
structurant ces territoires. Néanmoins, dans la longue durée, les politiques
à l’égard de ces marches ont été très différentes et posent d’autres
problèmes. C’est pourquoi nous avons décidé de centrer ce volume sur les
frontières coloniales de l’Amérique australe hispanique.
2. À ce titre on citera en langue française les pages que Nathan WACHTEL
consacre à la mie en regard entre la frontière de guerre chichimèque et
araucane, dans La vision des vaincus. Les Indiens du Pérou devant la
Conquête espagnole, Paris, Gallimard, 1971, p.  283-299  ; ainsi que

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«  Marges et frontières de l’Amérique ibérique  », dans BERNAND C. et


GRUZINSKI S., Histoire du Nouveau Monde. Les Métissages (1550-1640),
Paris, Fayard, 1993.
3. SÁNCHEZ LABRADOR J. (SJ), El Paraguay católico, 2 vol.  , Buenos Aires,
1910 [1676].
4. LEÓN L. La merma de la sociedad indígena en Chile central y la última
guerra de los promaucaes, 1541-1558, Twentythree, Institute of
Amerindian Studies, University of St Andrews, 1991.
5. Sur le Chaco austral voir VITAR B., Guerra y misiones en la frontera
chaqueña del Tucumán (1700-1767), Madrid, CSIC, 1997.
6. Pour une vision sur la longue durée des frontières chiriguano voir
SAIGNES T., Ava y Karai. Ensayos sobre la frontera chiriguano (siglos XVI-
XX), La Paz, Hisbol, 1990.
7. Cf. CLASTRES P., La Société contre l’État : Recherches d’anthropologie
politique, Paris, Éditions de Minuit, 1974  ; et Recherches d’anthropologie
politique, Paris, Le Seuil, 1980. Notamment « Archéologie de la violence :
la guerre dans les sociétés primitives », p. 171-207 et « Malheur du guerrier
sauvage », p. 209-248.
8. LEIVA A., El primer avance a la Araucanía : Angol 1862, Temuco,
Ediciones de la Universidad de la Frontera, 1984.
9. NACUZZI L. et LUCAIOLI C. (dir.), Fronteras. Espacios de interacción en las
tierras bajas del sur de América, Buenos Aires, Publicaciones de la SAA,
2010, p. 10.
10. DÍAZ BLANCO J. M., Razón de Estado y Buen Gobierno. La Guerra
Defensiva y el imperialismo español en tiempos de Felipe III, université de
Séville, 2010.
11. Il s’agirait des « tipos fronterizos » dans la terminologie de Villalobos :
« Tipos fronterizos en el ejército de Arauco » (VILLALOBOS R. S., Relaciones
fronterizas en la Araucanía, Santiago, Ediciones de la Universidad de la
Frontera, 1982, p.  176-221). Pour le sud argentin, une douzaine de
biographies de l’entre-deux sont compilées par MANDRINI R. (éd.), Vivir
entre dos mundos. Las fronteras del sur de la Argentina. Siglos XVIII y
XIX, Buenos Aires, Taurus, 2006. Pour une approche comparative des
frontières indiennes dans l’ensemble de l’empire hispanique, voir MANDRINI
R. J. et PAZ C. (dir.), Las fronteras hispanocriollas del mundo indígena
latinoamericano en los siglos XVIII-XIX. Un estudio comparativo,
Neuquén/Bahía Blanca/Tandil, 2003. Voir aussi l’approche comparée de
LÁZARO ÁVILA C., Las fronteras de América y los « Flandes Indianos »,
Madrid, CSIC, 1997.

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12. RABINOVICH A., La société guerrière. Pratiques, discours et valeurs


militaires au Río de la Plata, 1806-1852, thèse de doctorat d’histoire, Paris,
EHESS, 2010.
13. CORONATO F., Le rôle de l’élevage ovin dans la construction du territoire
de la Patagonie, thèse de doctorat de géographie sociale, Paris,
AgroParisTech, 2010.
14. VEZUB J. E., Valentín Saygüeque y la Gobernación Indígena de las
Manzanas. Poder y etnicidad en la Patagonia septentrional (1860-1881),
Buenos Aires, Prometeo, 2009 ; PAVEZ OJEDA J., Cartas mapuche siglo XIX,
Santiago, Ocho Libros/CoLibris, 2008.
15. MANDRINI R., La Argentina aborigen. De los primeros pobladores a
1910, Buenos Aires, Siglo XXI, 2008.
16. PINTO RODRÍGUEZ J., La formación del Estado y la nación y el pueblo
mapuche. De la inclusión a la exclusión, Santiago, DIBAM, 2003, p. 37.
17. Pour l’Argentine, cf. QUIJADA M., «  ¿ Qué nación  ? Dinámicas y
dicotomías de la nación en el imaginario hispanoamericano del siglo XIX »,
dans GUERRA F. X. et QUIJADA M. (dir.), Imaginar la Nacion/Cuadernos de
Historia Latinoamericana, AHILA, no 2, 1994, p.  15-51  ; pour le Chili, cf.
PINTO RODRÍGUEZ J., La formación del Estado y la nación y el pueblo
mapuche. De la inclusión a la exclusión, op. cit.
18. GARAVAGLIA J. C., Les hommes de la Pampa. Une histoire agraire de la
campagne de Buenos Aires, 1700-1830, Paris, Éditions de l’École des
hautes études en sciences sociales et de la Maison des sciences de l’homme,
2000, p. 409.
19. VIDART D., El mundo de los charrúas, Montevideo, Ediciones de la
Banda oriental, 2006.
20. QUIJADA M, « ¿ Qué nación ? Dinámicas y dicotomías de la nación en el
imaginario hispanoamericano del siglo XIX », art. cit. En français, QUIJADA
M., «  Ancêtres, citoyens, pièces de musée  ; anthropologie et construction
nationale en Argentine (seconde moitié du XIXe siècle) », dans LEMPÉRIÈRE
A., LOMNÉ G., MARTINEZ F. et ROLLAND D. (dir.), L’Amérique latine et les
modèles européens, Paris, L’Harmattan, 1998, p. 243-274.
21. ARECES N., « La frontera entre Mato Grosso y Concepción. De tierra de
Indios Bárbaros a espacio militarizado y colonizado  », Cuadernos de
Historia, Córdoba, no 6, 2004, p.  41-70  ; COSTA M, «  Les Guaikurú et la
guerre de la Triple Aliance  », dans RICHARD N., CAPDEVILA L. et BOIDIN C.
(dir.), Les guerres du Paraguay aux XIXe et XXe siècles, Paris, CoLibris,
2007, p. 205-219.
22. PINTO RODRÍGUEZ J. (dir.), Araucanía y Pampas : Un mundo fronterizo
en América del Sur, Temuco, Ediciones Universidad de La Frontera, 1996 ;

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BENGOA J., Historia del pueblo mapuche : Siglo XIX y XX, Santiago du
Chili, Ediciones Sur, 1985.
23. WALTHER J. C., La Conquista del desierto : Síntesis histórica de los
principales sucesos ocurridos y operaciones militares realizadas en la
Pampa y Patagonia, contra los indios (1527-1885), Buenos Aires, Eudeba,
Col. Lucha de Fronteras con el Indio, 1980 [1948] ; Academia Nacional de
la Historia [Arg.] (éd.), Congreso Nacional de Historia sobre la Conquista
del Desierto, Buenos Aires, Academia Nacional de la Historia, 4 vol. , 1980
[Celebrado en General Roca, 6-10 noviembre 1979].
24. FONTANA L. G., El Gran Chaco, Buenos Aires, Solar, 1977 [1881] ; SCUNIO
A., La Conquista del Chaco, Buenos Aires, Círculo Militar, 1971 ; PUNZI O.,
Historia de la conquista del Chaco, Buenos Aires, Vinciguerra, 3 vol. , 1997.
25. COMBÈS I., Etno-historias del Isoso. Chané y chiriguanos en el Chaco
boliviano (siglos XVI a XX), La Paz, Fundación Programa de Investigación
Estratégica en Bolivia & Lima, Institut français d’études andines, 2005  ;
PIFARRÉ F., Los Guaraní-Chiriguanos 2 : Historia de un pueblo, La Paz,
Centro de Investigación y Promoción del Campesinado, 1989.
26. DÍAZ A., «  Aymaras, peruanos y chilenos en los andes ariqueños  :
resistencia y conflicto frente a la chilenización del norte de chile », Revista
de Antropología Iberoamericana, Madrid, vol.  1, no 2, 2006  ; PALACIOS
RODRÍGUEZ R., La chilenización de Tacna y Arica : 1883-1929, Lima,
Editorial Arica, 1974, préface de Jorge Basadre.
27. RICHARD N., CAPDEVILA L. et BOIDIN C. (dir.), Les guerres du Paraguay
aux XIXe et XXe siècles, Paris, CoLibris, 2007. Voir aussi, BARBOSA P. (np),
«  Guerres, frontières et territoires : “aldeamiento” guarani », thèse en
cours, Paris, École des hautes études en sciences sociales.
28. JAULIN R., La Paix blanche : introduction à l’ethnocide, Paris, UGE, 2
vol. , 1974 ; TICIO E., Misión : Etnocidio, Asunción, Comisión de Solidaridad
con los Pueblos Indígenas/RP ediciones, 1988  ; BARTOLOMÉ M. A., El
Encuentro de la Gente y los Insensatos. La Sedentarización de los
cazadores Ayoreo en el Paraguay, Asunción, Instituto Indigenista
Interamericano/CEADUC, vol. 34, 2000.
29. RICHARD N. (dir.), Mala Guerra. Los indígenas en la guerra del Chaco
(1932-35), Asunción, Museo del Barro/Servilibro/CoLibris, 2008.
30. LAVALLÉ Bernard, introduction à Ébelot Alfred, La guerre dans la
Pampa. Souvenirs et récits de la frontière argentine, 1876-1879, Paris,
L’Harmattan, 2000.
31. MANSILLA L. V., Une excursion au pays des Ranqueles, Paris, Christian
Bourgois, 2008 [1870, Buenos Aires], préface de Juan Carlos Garavaglia.

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32. FOERSTER R. et MONTECINOS S., Organizaciones, líderes y contiendas


mapuches (1900-1970), Santiago, éd. CEM, 1988.
33. DEMÉLAS M.-D., L’invention politique, Bolivie, Équateur, Pérou au XIXe
siècle, Paris, ERC, 1992.
34. TURNER F. J., « The significance of the Frontier in American History »
(1893), The Frontier in American History, New York, 1920, p. 1-38.
35. À titre d’exemple: BOLTON H. E., The Spanish borderlands: a chronicle
of old Florida and the Southwest, New Haven, Yale University Press, 1921.
36. WHITE R., Le Middle Ground. Indiens, empires et républiques dans la
région des grands lacs, 1650-1815, Toulouse, Anarchasis [1991], 2009.
37. PINTO RODRÍGUEZ J., La formación del Estado y la nación y el pueblo
mapuche. De la inclusión a la exclusión, op. cit.
38. CORTÉS CONDE R., «  Algunos rasgos de la expansión territorial en
Argentina en la segunda mitad del siglo xix  », Desarrollo Económico,
vol. 8, no 29, 1968, p. 4.
39. Dans CLEMENTI H., La frontera en América : una clave interpretativa
de la historia americana, Buenos Aires, Leviatán, 2 vol. , 1985-1986.
40. En français, lire GARAVAGLIA J. C., Les hommes de la Pampa. Une
histoire agraire de la campagne de Buenos Aires, 1700-1830, op. cit.
41. GARAVAGLIA J. C., Les hommes de la Pampa. Une histoire agraire de la
campagne de Buenos Aires, 1700-1830, op. cit., p. 411.
42. Cf. les études de Thierry Saignes sur les Chiriguanos ainsi que les
études de Juan Carlos Garavaglia pour le bassin de la Plata, de James
Schofield Saeger pour le Chaco, de Kristine L. Jones pour la Patagonie-
Araucanie, dans SALOMON F. et SCHWARTZ S. (dir.), The Cambridge History of
the Native Peoples of the Americas, vol.  III  : South America, part. 2,
Cambridge, Cambridge University Press, 1999.
43. Outre des travaux déjà cités, nous pensons à la compilation de : BADIERI
S. (dir.), Cruzando la Cordillera. La frontera argentino-chilena como
espacio social, Neuquén, Universidad Nacional del Comahue, 2001.
44. La Chaire des Amériques permet le séjour à Rennes d’une demi-
douzaine de professeurs invités par an (<http://www.ida-rennes.org/>).
45. Programme ECOS-Sud-CONICYT 2009 – C09H01 (2010-2012) –
Formes du colonialisme républicain dans le Cône sud. Analyse comparée
des occupations du Chaco, de la Terre de feu, de l’Araucanie et d’Atacama
(1850-1950), Rennes 2/IEP de Rennes/Université du Chili.

Auteurs

https://books.openedition.org/pur/110067 24/27
8/4/2020 Les Indiens des frontières coloniales - Introduction. Les frontières coloniales de l’Amérique australe hispanique, XVIe siècle/temps présent - Presses uni…

Jimena Paz Obregón Iturra


Anthropologue, enseignant
chercheur à l’Institut d’études
politiques-Sciences Po-
Rennes/ERIMIT EA4327.
Du même auteur

Des Indiens rebelles face à leurs


juges, Presses universitaires de
Rennes, 2015
Les Indiens des frontières
coloniales, Presses universitaires
de Rennes, 2011
Le 11 septembre chilien, Presses
universitaires de Rennes, 2016
Tous les textes

Luc Capdevila
Historien, enseignant chercheur au
CERHIO UMR 6258/université
Rennes 2.
Du même auteur

Une guerre totale, Paraguay,


1864-1870, Presses
https://books.openedition.org/pur/110067 25/27
8/4/2020 Les Indiens des frontières coloniales - Introduction. Les frontières coloniales de l’Amérique australe hispanique, XVIe siècle/temps présent - Presses uni…

universitaires de Rennes, 2007


Les hommes transparents,
Presses universitaires de
Rennes, 2010
Les Bretons au lendemain de
l'Occupation, Presses
universitaires de Rennes, 1999
Tous les textes

Nicolas Richard
Anthropologue, enseignant
chercheur à l’Institut de recherches
archéologiques du Musée Le Paige
de San Pedro de
Atacama/université catholique du
Nord (Chili).
Du même auteur

Les Indiens des frontières


coloniales, Presses universitaires
de Rennes, 2011
Les hommes transparents,
Presses universitaires de
Rennes, 2010

https://books.openedition.org/pur/110067 26/27
8/4/2020 Les Indiens des frontières coloniales - Introduction. Les frontières coloniales de l’Amérique australe hispanique, XVIe siècle/temps présent - Presses uni…

Chapitre V. La danse du captif.


Figures nivaclé de l’occupation
du Chaco in Les hommes
transparents, Presses
universitaires de Rennes, 2010
Tous les textes
© Presses universitaires de Rennes, 2011

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Référence électronique du chapitre


ITURRA, Jimena Paz Obregón ; CAPDEVILA, Luc ; et RICHARD, Nicolas.
Introduction. Les frontières coloniales de l’Amérique australe hispanique,
XVIe siècle/temps présent In  : Les Indiens des frontières coloniales :
Amérique australe, XVIe siècle-temps présent [en ligne]. Rennes : Presses
universitaires de Rennes, 2011 (généré le 08 avril 2020). Disponible sur
Internet  : <http://books.openedition.org/pur/110067>. ISBN  :
9782753568099. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.110067.

Référence électronique du livre


CAPDEVILA, Luc (dir.) ; OBREGÓN ITURRA, Jimena Paz (dir.) ; et
RICHARD, Nicolas (dir.). Les Indiens des frontières coloniales : Amérique
australe, XVIe siècle-temps présent. Nouvelle édition [en ligne]. Rennes  :
Presses universitaires de Rennes, 2011 (généré le 08 avril 2020).
Disponible sur Internet  : <http://books.openedition.org/pur/110043>.
ISBN : 9782753568099. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.110043.
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