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Les corrections à apporter aux données comptables

Les actifs et passifs doivent être corrigés en substituant aux valeurs comptables les valeurs réelles (ou
les justes valeurs) correspondantes. La juste valeur est définie par les normes IFRS (voir ci-dessus §
1.4) comme « un montant pour lequel un actif pourrait être échangé, un passif éteint, ou un
instrument de capitaux propres attribué entre des parties bien informées et consentantes dans le
cadre d’une transaction effectuée dans des conditions de concurrence normale » Les corrections
portent essentiellement sur les actifs et passifs fictifs, les immobilisations incorporelles, corporelles,
financières, les valeurs mobilières de placement.
a) Les actifs et passifs fictifs
Un certain nombre de postes du bilan comptable (en normes françaises), inscrits à l’actif ou au passif,
ne correspondent pas à la définition de d’un actif (au sens des articles 211-1 al 1. et 212-1 du PCG) :
Article 211-1 al. 1. Un actif est un élément identifiable du patrimoine ayant une valeur économique
positive pour l’entité, c’est-à-dire un élément générant une ressource que l’entité contrôle du fait
d’événements passés et dont elle attend des avantages économiques futurs.
Article 212-1 al. 1. Un passif est un élément du patrimoine ayant une valeur économique négative
pour l’entité, c’est-à-dire une obligation de l’entité à l’égard d’un tiers dont il est probable ou certain
qu’elle provoquera une sortie de ressources au bénéfice de ce tiers, sans contrepartie au moins
équivalente attendue de celui-ci. L’ensemble de ces éléments est dénommé passif externe.
L’ensemble de ces postes (frais d’établissement, frais d’émission des emprunts, primes de
remboursement des obligations, différences de conversion actif et passif) ne doivent pas être pris en
compte dans l’évaluation des actifs et des passifs.
b) Les immobilisations incorporelles
Il y a lieu d’analyser séparément les immobilisations incorporelles non identifiables et les
immobilisations incorporelles identifiables.
Les immobilisations incorporelles non identifiables ne feront pas l’objet d’une évaluation,
puisqu’elles ne sont pas « vendables » et n’ont aucune valeur individualisable. Toutefois, lorsqu’il
sera fait une évaluation globale de l’entreprise, la valeur des immobilisations incor- porelles non
identifiables viendra s’ajouter aux valeurs des actifs et passifs identifiables sous forme de goodwill
(ou sur valeur) – voir ci-après § 4.3).
Les immobilisations incorporelles identifiables (brevets, logiciels, droit au bail, frais de
développement, etc.) doivent être évaluées à leur juste valeur, soit à la valeur vénale, lorsqu’il existe
un marché, où à la valeur d’usage (ou valeur d’utilité), selon la définition du PCG ou des IFRS (voir ci-
dessus § 1.4) c’est-à-dire la valeur des avantages économiques futurs attendus de son utilisation et
de sa sortie, laquelle est généralement déterminée en fonction des flux nets de trésorerie attendus.
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EXEMPLE
Un brevet d’invention acquis 50 000 € doit être utilisé durant 10 ans. On estime que l’utilisation de
brevet dégagera un flux annuel de trésorerie de 10 000 € durant dix ans. Si l’on tient compte d’un
taux d’intérêt (taux d’actualisation) avant impôt de 5 %, la valeur d’usage (ou d’utilité) du brevet peut
1 – 1, 05–10
être estimée à 10 000 × ------------------------------------------------------ = 77 217 €.
0, 5
c) Les immobilisations corporelles
Comme pour les immobilisations incorporelles, les immobilisations corporelles peuvent être
évaluées, soit à la valeur vénale, soit à leur valeur d’usage (ou d’utilité).
d) Les contrats de crédit-bail
Dans les comptes sociaux, conformément à l’article 331-7 du PCG, les biens « acquis en crédit-bail »
ne figurent pas à l’actif du bilan. Ils ont pourtant une valeur.
Supposons qu’une entreprise a fait « l’acquisition », le 1er janvier N–4, d’un matériel d’une valeur de
150 000 €. La durée de vie estimée de ce matériel est de 15 années (valeur résiduelle : 6 000 €). Le
contrat prévoit une redevance payée en début d’exercice durant 10 ans de 20 000 € et une option
d’achat de 10 929 €. Le taux implicite du contrat (taux d’intérêt de l’emprunt qu’aurait dû faire
l’entreprise pour financer le bien) aurait été de :
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EXEMPLE
1 – 1, 08–10
8 % (150 000 = 20 000 × ------------------------------------------------------- × 1,08 + 10 929 × 1,08–10).
0, 08
Au 31 décembre N, la valeur comptable du matériel aurait été de 150 000 – (150 000 – 6 000) × 5/
15) = 102 000 €.
À la même date, le montant de l’emprunt restant à rembourser peut être estimé à 150 000 – 20 000
1,084 – 1
– (20 000 – 130 000 × 8 %) × − = 86 741 € auxquels il faut ajouter les intérêts courus, soit
0,08
86 741 × 8 % = 6 939 €, soit au total 93 680 €.
Si l’on considère que la valeur du bien en crédit-bail est égale à sa valeur comptable, il y aura lieu de
considérer pour le bien en crédit-bail un actif de 102 000 € et un passif de 93 680 € (ou une valeur
nette du bien en crédit-bail de 102 000 – 93 680 = 8 320 €).
e) Les grosses réparations
Il peut arriver que l’entreprise comptabilise ses remises en état en charges en comptabilisant
préalablement des provisions (option offerte par l’article 321-14 du PCG). Une grosse réparation qui
vient d’être effectuée doit être considérée comme un actif lors d’une évaluation, car elle augmente la
valeur du bien qui vient d’être remis en état.
f) Coûts de démantèlement
L’article 321-10 du PCG stipule que le coût d’acquisition d’une immobilisation corporelle doit
comprendre « l’estimation initiale des coûts de démantèlement, d’enlèvement et de restauration du
site sur lequel elle est située, en contrepartie de l’obligation encourue, soit lors de l’acquisition, soit
en cours d’utilisation de l’immobilisation pendant une période donnée à des fins autres que de
produire des éléments de stocks. Dans les comptes indivi-

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duels, ces coûts font l’objet d’un plan d’amortissement propre tant pour la durée que le mode ».
Ces coûts de démantèlement doivent par ailleurs faire l’objet d’une provision. S’il y a lieu de
considérer que la provision est un passif dont il faut tenir compte lors d’une évaluation, il n’en est pas
de même du coût non amorti intégré dans la valeur comptable de l’immobili- sation corporelle.
g) Titres de participation
Les titres de participation représentent une quote-part des actifs et passifs d’une filiale ou autre
participation. Il y a lieu, lors d’une évaluation d’entreprise, d’évaluer d’abord la filiale ou une autre
participation afin de déterminer la valeur que représentent à l’actif les titres de participation.
h) Les autres titres immobilisés et valeurs mobilières de placement
Les autres titres immobilisés doivent être évalués à leur juste valeur, c’est-à-dire, soit à leur valeur
vénale (cours de bourse par exemple), soit à une valeur d’usage ou d’utilité c’est-à-dire une valeur
tenant compte des flux de trésorerie (intérêts ou dividendes) dégagés par le titre.
i) Prêts et emprunts
Les prêts (actifs) et emprunts (passifs) peuvent être actualisés notamment si leur taux d’intérêt
nominal est très différent du taux d’actualisation (coût du capital) utilisable pour l’évaluation (pour la
notion de coût de capital voir ci-après § 4.1).
Supposons un emprunt de 100 000 € remboursable en bloc dans 10 ans, au taux de 3 % l’an. Le taux
d’actualisation à prendre en compte est de 5 %. On peut ainsi évaluer la valeur réelle de l’emprunt à
0,05
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EXEMPLE
– 10 1 – 1,05–10
+ 100 000 × 3 % × --------------------------------------------------- = 84 556 €.
100 000 × 1,05
3.2 La prise en compte de la fiscalité différée et latente
Selon les opérations, les fiscalités différées et latentes sur les plus-values d’éléments d’actif sont
prises (ou ne sont pas prises) en compte.
En théorie, la fiscalité (notamment celle sur les plus-values de biens identifiables) devrait toujours
être intégrée dans les calculs mais devrait être actualisée. En fait, si la date de décaissement est très
lointaine, cette valeur actualisée est faible. Aussi, en pratique, préfère- t-on ne tenir compte de la
fiscalité différée (ou latente) que si la probabilité d’arrivée de l’événement dans une période
rapprochée est élevée.
Vous avez été appelé à évaluer la société Daniel. Vous avez constaté une plus value sur un immeuble
300 000 €. Théoriquement, il faudrait tenir compte, si le taux de l’impôt est de 33 1/3 % d’une
fiscalité différée sur la plus-value de 300 000 × 33 1/3 % = 100 000 €. Mais l’immeuble ne sera pas
vendu de suite puisque c’est celui qui supporte l’activité de l’entreprise. Vous estimez que la vente de
cet immeuble pourrait être effectuée dans vingt ans : au taux d’actualisation de 5 %, le montant
actualisé de la fiscalité différée serait donc de 100 000 × 1,05–20 = 37 689 €, soit loin de la valeur de
100 000 €.
Si l’opération ne se traduit pas par un changement de structure juridique des sociétés en présence
(cas de la prise de participation par exemple), on ne tiendra compte que d’une
EXEMPLE
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fiscalité réduite à la prise en charge de l’actif fictif, aux provisions réglementées et subven- tions
d’investissement ainsi que sur la cession d’actifs non nécessaires à l’exploitation.
Si, par contre, l’opération se traduit par un changement de structure juridique des entre- prises en
présence générateur d’un effet fiscal (cas des fusions par exemple), on tiendra compte (dans ce cas)
également de la fiscalité différée sur la cession des biens (amortis- sables) nécessaires à
l’exploitation.
On pourra même, dans certaines hypothèses, par exemple lorsqu’après l’absorption d’une société il
est envisagé d’en céder les éléments qui composent son actif, tenir compte de toute fiscalité différée.
Aussi, dans toute étude d’évaluation, il est indispensable d’analyser quelle fiscalité différée ou latente
doit être prise en compte : cette analyse est chaque fois différente selon le cas.
Les études proposées conduisent généralement à quatre hypothèses de prise en compte des impôts
différés ou latents :
a) On peut ne tenir compte d’aucune fiscalité différée ou latente.
b) On peut tenir compte de la fiscalité différée sur actif fictif, sur provisions réglementées et sur
cessions d’actifs non nécessaires à l’exploitation.
c) On peut tenir compte de toute fiscalité différée (y compris sur celle relative à la cession de biens
amortissables nécessaires à l’exploitation).
d) On peut tenir compte de toute fiscalité différée et latente.

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