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2.

Actif Net Comptable Corrigé (ANCC)


La méthode de l’actif net comptable corrigé (ANCC) se fonde sur les données comptables
patrimoniales de l’entreprise à évaluer : la valeur de l’entreprise est égale à la somme des
éléments qui constituent le patrimoine de l’entreprise, qu’ils soient comptabilisés ou non,
exprimé en valeur actuelle au jour de l’évaluation.
L’ANCC étant égal à la valeur financière des capitaux propres, cela rend nécessaire un
retraitement du bilan de façon à corriger les valeurs comptables pour les porter en valeurs
réelles.
Le terme « retraitement » dans le cadre d’un processus d’évaluation d’entreprise signifie qu’on
procède à des retraitements pour tenir compte des distorsions entre les règles comptables (coût
d’entrée, coût historique, valeur nette comptable…) et la réalité économique (valeur actuelle,
valeur de réalisation) du patrimoine de l’entreprise à évaluer.
Il faut donc procéder à un travail de retraitement des différents postes du bilan : ce retraitement,
largement pratiqué par les experts privés est désormais unanimement admis en utilisant les
références ou les techniques les mieux adaptées à la nature du bien (prix du marché, indices
spécifiques, comparaison). L’analyse des postes du bilan permet d’apporter un certain nombre
de corrections à la valeur comptable, de telle façon que la détermination de l’actif net comptable
corrigé consiste à constituer l’actif réel et le passif exigible réel qui seront substitués à l’actif et
à l’endettement comptable de la première méthode.
En vue de procéder à leur évaluation les actifs sont classés en deux catégories :
▪ Les biens non destinés à l’exploitation, c’est-à- dire les actifs destinés à être revendus
ou non nécessaires à l’exploitation, sont évalués à leur valeur de marché à la date de
l’évaluation ou, en l’absence de marché, à leur valeur nette probable de réalisation, et
ce déduction faite de l’imposition de la plus-value
▪ Les biens destinés à l’exploitation sont évalués à leur valeur d’utilité pour l’entreprise
évaluée. Celle-ci correspond au prix qu’elle aurait accepté de payer si elle avait acquis
ces éléments séparément, compte tenu de l’usage qu’elle compte en faire.

L’ANCC est calculé de la façon suivante :


ANCC = Valeur corrigée des actifs - Valeurs corrigée des dettes
ANCC = ANC + retraitements d’actifs et de passifs ± fiscalité différée
= ANC + plus-values latentes – moins-values latentes ± fiscalité différée

2.1. Principaux retraitements et corrections portant sur les postes du bilan


A. Les immobilisations incorporelles

Le traitement des valeurs incorporelles (fonds commercial, clientèle, brevet, licence, marque)
diffère selon que celles-ci pourraient ou non faire l'objet d'une évaluation à part. C'est-à-dire
selon que celles-ci pourraient ou non faire l'objet d'une évaluation fragmentaire.
En effet, si elles possèdent une valeur par elles même, elles peuvent alors être vendues
séparément et elles sont comprises soit dans le goodwill si elles ne figurent pas au bilan, soit
dans l'actif net comptable corrigé si elles y figurent.

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B. Les immobilisations corporelles
Les immobilisations corporelles pourraient être évaluées selon deux approches : l'expertise
directe ou le calcul économique. Autrement dit, ces immobilisations sont retenues à leur valeur
de marché, ou à défaut sont évaluées par application de coefficients publiés par l'administration
ou des indices traduisant l'évolution des prix.
Généralement, le terrain est évalué par expertise directe (valeur sur le marché). Sa valeur est
déterminée indépendamment de la construction.
La valeur des constructions est égale à la valeur de leur coût de remplacement. Ce coût ne peut
pas être déterminé facilement s'il n'existe pas un marché.
Les matériels et outillages sont évalués à leur valeur du marché. Dans le cas échéant,
l'évaluateur pourrait se référer à un marché d'occasion où ils sont commercialisés des biens
similaires.
Le matériel de transport est évalué en se référant à un marché d'occasion.

C. Les immobilisations à statut juridique particulier


Les biens acquis en crédit-bail, dans la mesure où ils ne figurent pas à l'actif du bilan, doivent
être pris en compte pour la différence entre leur valeur d'usage, d'une part, et les sommes restant
à rembourser les concernant (capital + intérêts actualisés au taux moyen des prêts bancaires à
moyen terme ou à long terme).
Exemple :
Un contrat de crédit-bail prévoit, pour un bien d’équipement d’une valeur d’utilité de 400 000
DT à l’origine, le paiement d’un loyer annuel de 80 000 DT sur 4 ans, et une option d’achat
de 10 000 DT en fin de contrat.
La durée d’utilisation du bien est de 5 ans et le taux d’intérêt de 5 %.

D. Les immobilisations financières


Les titres de participation ne sont pas évalués directement mais au travers des éléments d’actif
et de passif identifiables des filiales qu’ils représentent, selon la même méthodologie que celle
appliquée à l’entreprise en cours d’évaluation.

E. Placement en titres immobilisés


Les autres titres immobilisés du portefeuille sont évalués à leur valeur de marché, qui, pour les
titres cotés, est généralement égale au cours de Bourse, ou à la moyenne pondérée des cours
constatés et en neutralisant les fortes variations ponctuelles.

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F. Les stocks
Les stocks sont évalués à leur prix de marché mais avec quelques précautions. En effet, les
stocks doivent être corrigés de la surévaluation ou de la sous-évaluation éventuelle. La
surévaluation résulte de la situation des éléments de stock invendables au prix auquel ils ont été
comptabilisés, alors que la sous-évaluation concerne des éléments de stocks dont le coût de
revient actuel est supérieur au coût d'achat ou de production ou dont l'achat a été enregistré au
coût partiel.

G. Les créances clients


Les créances clients sont retenues en principe pour leur valeur au bilan dans la mesure où leur
date de recouvrement est souvent assez proche (valeur au bilan coïncide avec la valeur actuelle
des créances).
H. Liquidités et équivalent de liquidités
Les liquidités et équivalents de liquidités sont repris à leur valeur vénale.

D'une manière générale, l'ANCC est égal à l'ANC augmenté :


• Des plus values latentes sur les actifs,
• De l'économie d'impôt qui résulte des moins values latentes et des provisions
complémentaires à constituer
• De la part de surestimation des provisions qui, comptablement, pourrait être reprises.
Diminué des éléments suivants :
▪ Des éléments incorporels non susceptibles d'une évaluation fragmentaire
▪ Des moins values latentes sur les actifs,
▪ De l'impôt latent sur les plus values ajoutées ainsi que sur les subventions
d'investissement
▪ De l'impôt latent sur les provisions surestimées
▪ De la part des risques insuffisamment couverts et qu'il conviendrait de provisionner

1.1. La prise en compte de la fiscalité


D’une manière générale, il est admis :
- Qu’un bien immobilisé à l’actif du bilan est nécessaire à l’activité de la société n’a pas
vocation à être vendu ; la valeur recherchée étant la valeur d’utilité du bien pour l’entreprise, il
n’y a pas lieu de tenir compte d’un impôt latent ;
- En revanche, si le bien immobilisé et revalorisé n’est pas nécessaire à l’exploitation (la
société peut envisager de le céder sans nuire au bon déroulement de son activité), il est possible
de déduire l’impôt latent.

1.2. La valeur mathématique intrinsèque de l’action


Après avoir calculé l’actif net comptable corrigé, on dégage une valeur mathématique
intrinsèque ou corrigée de l’action, cette dernière est déterminée par la formule suivante :

Valeur mathématique intrinsèque de l’action = ANCC/Nombre d’actions

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Application 2 :

Le directeur de la société « STA » vous demande d’évaluer son entreprise en se basant sur la
méthode de l’actif net comptable corrigé. Il vous dispose des informations suivantes :

Bilan au 31 /12/ N (en milliers de dinars)


ACTIFS MONTANTS CAPITAUX PROPRES MONTANTS
ET PASSIFS
Immobilisations Incorporelles 22000 Capital social 100000

Immobilisations Corporelles 100000 Réserves 35000


Amortissements (25000)
75000 Résultat de l’exercice 55000
Immobilisations Financières 48000
Charges à répartir 10000 Provisions pour charges 25000
Écarts de conversion 10000
Stocks 95000 Dettes Financières 20000
Provisions (15000)
80000 Dettes D’exploitation 100000
Clients 102000
Provisions (2000) Dettes Hors exploitation 15000
100000
Liquidités 5000

Total 350 000 Total 350 000

1ère Partie :
À partir du bilan ci-dessus, calculer l’actif net comptable, sachant que :
- Les immobilisations Incorporelles comprennent les frais préliminaires qui sont de
l’ordre de 1000.
- Les dividendes à verser sont de 30000.
- L’écart de conversion est lié à une créance client.
- Le taux d’impôt sur les sociétés est de 30%.

2ème Partie :
Quelle serait la valeur de l’actif net comptable corrigé sachant que :
- Un immeuble acquis depuis le 02/01/N-2 et dont la valeur marchande est de 10000 alors
que sa valeur d’origine s’élève à 45000. L’immeuble est amorti linéairement sur 5 ans.
- La valeur des immobilisations incorporelles sur le marché est de 20% supérieure à la
valeur comptable.
- Les stocks n’ont pas été assez provisionnés, une provision supplémentaire de 10000 est
nécessaire.
- Les dettes d’exploitation ont une valeur réelle de 85000.

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2. Les méthodes hybrides (le goodwill)
2.1. La notion du goodwill

L’entreprise peut avoir une valeur supérieure à celle de l’ensemble de ses éléments actif et
passif corrigés (ANCC). Le fait que l’entreprise vaille plus que la somme des éléments qui la
composent est la résultante de différents facteurs :
- Le savoir-faire
- L’expérience
- La clientèle de l’entreprise
- L’image de marque
- L’avancée technologique
- Le droit au bail
- L’implantation commerciale.
Chacun de ces facteurs est difficile à évaluer en lui-même. Par contre, chacun donne une valeur
supplémentaire à l’entreprise.
Si on ne peut évaluer directement cette survaleur on constate par contre le bénéfice qu’elle
génère, calculé comme la différence entre la capacité bénéficiaire et le rendement annuel du
placement sans risques des mêmes fonds investis. Ce surprofit appelé aussi « rente du
goodwill » va permettre de calculer le goodwill.
La rente ou surprofit générée par le goodwill sera calculé comme suit :

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𝑹 = 𝑪𝑩 − 𝒊 × 𝑪

CB : capacité bénéficiaire
C : Capital engagé (montant des capitaux investis) qui est calculé soit par l’ANCC, soit par la
VSB (valeur substantielle brute) et soit par la CPNE (capitaux permanents nécessaires à
l’exploitation).
i : rémunération normale du capital (taux sans risque).
Nous pouvons donc écrire :
Valeur de l’entreprise (VE) = ANCC + GW

Le goodwill est calculé comme la somme des rentes actualisées :

𝒏
(𝑪𝑩 − 𝒊 × 𝑪)
𝑮𝑾 = ∑
(𝟏 + 𝒕)𝒏
𝒕=𝟏

Si la rente est constante au cours du temps :


𝟏 − (𝟏 + 𝒕)−𝒏
𝑮𝑾 = (𝑪𝑩 − 𝒊 × 𝑪)
𝒕
Si l’horizon de temps est l’infini :
(𝑪𝑩 − 𝒊 × 𝑪)
𝑮𝑾 =
𝒕

2.2. La valeur substantielle brute (VSB)


La méthode de la valeur substantielle brute consiste à évaluer l'ensemble des biens et des
dépenses nécessaires à l'exploitation de l'entreprise quel qu'en soit le propriétaire.
C'est l'ensemble des actifs d'exploitation augmenté des autres éléments qui n'appartiennent pas
à l'entreprise mais qui sont contrôlés par cette dernière et destinés durablement à l'exploitation.
Il s'agit principalement des biens en leasing, en location ou utilisés à titre de prêt.

Valeur substantielle brute (VSB) =


+ Valeur corrigée des immobilisations nécessaires à l’exploitation inscrites à l’actif
+ Valeur corrigée des actifs courants (y compris les liquidités)
+ Valeur corrigée des biens mis à disposition non inscrits à l’actifs (crédit-bail, biens
prêtés ou loués)
+ Effets escomptés et non échus (EENE)

2.3. Les Capitaux Permanents Nécessaires à l’Exploitation (CPNE)


Les capitaux permanents nécessaires à l'exploitation représentent le montant des capitaux à long
terme indispensables au fonctionnement normal de l'entreprise.
Ils intègrent, outre les immobilisations d’exploitation, le besoin en fonds de roulement
opérationnel de l’entreprise.

Capitaux permanents nécessaires à l’exploitation (CPNE) =

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+ Valeur corrigée des immobilisations nécessaires à l’exploitation inscrites à l’actif
+ Immobilisations en crédit-bail
+ Grosses réparations (cas des dépenses à engager pour un service durable des
immobilisations)
+ Besoin en Fonds de Roulement (BFR)

2.4. Capacité Bénéficiaire


La définition du bénéfice économique dépend de capital engagé retenu. Il s’agit d’une mise en
harmonie, d’exprimer le bénéfice généré par le capital engagé.

Résultat net comptable


Résultat exceptionnel (élimination pour revenir à un résultat courant) +/-
Impôt sur les bénéfices (pour revenir avant IS) +
Charges et produits des éléments hors exploitation (élimination) +/-
Dotations aux amortissements des actifs fictifs +
Compléments d’amortissements issus des valeurs d’utilité -
Résultat courant avant impôt =
Impôt sur les bénéfices -
Résultat de l’ANCC d’exploitation (CB) =

Résultat courant avant impôt


Amortissements des biens pris en crédit-bail, loués ou prêtés -
Redevances de crédit-bail et loyers +
Intérêts sur dettes financières +
Intérêts sur dettes d’exploitation +
Résultat VSB avant impôt =
Impôt sur les bénéfices -
CB de la VSB =

Résultat VSB avant impôt


Intérêts sur dettes d’exploitation -
Résultat CPNE avant impôt =
Impôt sur les bénéfices -
CB de CPNE =

2.5. Autres méthodes de détermination du Goodwill


A. Méthode Indirecte (Méthode des Praticiens)
Cette méthode considère la valeur de l’entreprise comme la moyenne arithmétique de la valeur
de l’actif net comptable corrigé (ANCC) et de la valeur de rentabilité ou de rendement (VR).

𝑨𝑵𝑪𝑪 + 𝑽𝑹
𝑽𝑬 =
𝟐
La valeur de rendement égale à :

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𝒄𝒂𝒑𝒂𝒄𝒊𝒕é 𝒃é𝒏é𝒇𝒊𝒄𝒊𝒂𝒊𝒓𝒆 𝑪𝑩
𝑽𝑹 = =
𝒕𝒂𝒖𝒙 𝒅′𝒂𝒄𝒕𝒖𝒂𝒍𝒊𝒔𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒊

i est le taux d’actualisation retenu à l’infini et correspondant dans ce cas au taux de placement
financier.
𝑪𝑩 − 𝒊 × 𝑨𝑵𝑪𝑪
𝑮𝑾 =
𝟐𝒊

B. Calcul du Goodwill par la Méthode Directe (méthode Anglo-Saxonne)


C’est une méthode proche de celle de la rente sauf que le superprofit est capitalisé à l’infini. Le
GW sera donc exprimé par l’une des trois formules suivantes :

(𝑪𝑩𝑨𝑵𝑪𝑪 − 𝒊 × 𝑨𝑵𝑪𝑪)
𝑮𝑾 =
𝒕
(𝑪𝑩𝑽𝑺𝑩 − 𝒊 × 𝑽𝑺𝑩)
𝑮𝑾 =
𝒕
(𝑪𝑩𝑪𝑷𝑵𝑬 − 𝒊 × 𝑪𝑷𝑵𝑬)
𝑮𝑾 =
𝒕
La valeur de l’entreprise est égale à :
𝑽𝑬 = 𝑨𝑵𝑪𝑪 + 𝑮𝑾
C. Méthode de l’Union des Experts Comptables Européens
Selon cette méthode, l’actif économique à rémunérer comprend le goodwill et la VSB.

𝟏 − (𝟏 + 𝒕)−𝒏
𝑮𝑾 = [𝑪𝑩 − 𝒊(𝑽𝑺𝑩 + 𝑮𝑾)]
𝒕

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