Vous êtes sur la page 1sur 11

44200_Volume4-3 Page 1720 Jeudi, 12.

février 2009 2:38 14

Tableau 200.1. Événements conduisant au décès de 419 patients et imputabilité de


l’anesthésie totale/partielle (53/366) [4]
200
Respiratoires 32/98 Hypovolémies 20/104
Cardiaques 0/160
COMPLICATIONS Infarctus myocarde 0/106 Anesthésiques 14/8 Absolue 15/50
PÉRIOPÉRATOIRES Choc cardiogénique 0/97
Anémie 0/39
Voies aériennes 15/18
Accès impossible 14/2
Hémorragie 7/42
Relative 5/52
M. Genestal, Th. Seguin, F. Vallée Ciment 0/23 Trachée 12/7 Allergie 3/11
Arrythmie 0/19 Larynx 2/2 Bloc sympathique 2/27
Hypoxie 0/14 Inhalation 2/37 Anesth régionale 2/25
Métabolique 0/13 Œdème poumons 1/0 Anesth générale 2/0
La période périopératoire englobe les phases pré-, per- et posto- Infection 0/13 Sepsis 0/1
pératoires. L’épidémiologie descriptive et analytique de la mortalité
et de la morbidité périopératoires distingue les complications impu- à l’anesthésie. Les difficultés techniques liées au contrôle des voies
tables à l’anesthésie, à la chirurgie, à la pathologie du patient et aériennes et l’inhalation du contenu gastrique sont des problèmes
d’origine inconnue [1, 2]. Selon l’indice de gravité simplifié II majeurs. Dans cette étude, le respect des procédures prophylactiques
(IGS II), un patient est chirurgical s’il a été opéré une semaine avant de l’inhalation est insuffisant, notamment en obstétrique et surtout
ou après son admission en réanimation [3]. Les complications pério- en chirurgie abdominale urgente.
pératoires font l’objet d’une démarche qualité et d’une analyse Dans l’étude réalisée en France en 1978-1982 [5], les événe-
systémique [4]. ments respiratoires sont responsables de 55,2 % des complications
totalement imputables à l’anesthésie (90 sur un total de 163). Les
COMPLICATIONS LIÉES difficultés techniques liées au contrôle des voies aériennes et l’inha-
lation du contenu gastrique représentent 25 % des complications de
À LA TECHNIQUE ANESTHÉSIQUE l’induction. Pendant la phase de réveil, la dépression respiratoire au
cours de la première heure postopératoire est responsable de 70 %
Ces complications sont classées en complications directement des complications de cette période. Sur les 163 complications totale-
imputables aux techniques d’anesthésie générale ou d’anesthésie ment imputables à l’anesthésie, 15 sont mortelles et 10 conduisent à
locorégionale et en complications indirectes liées à une malposition des séquelles neurologiques lourdes. Sur ces 25 complications, 22
opératoire par installation incorrecte sur la table d’intervention. sont d’origine respiratoire. Ces résultats ont conduit à la promulga-
Seules sont abordées les complications qui entraînent une prolonga- tion du décret du 5 décembre 1994 sur la sécurité en anesthésie. Ce
tion de la durée d’hospitalisation et une prise en charge en décret impose des normes de monitorage peropératoire, le passage
réanimation. Les problèmes exceptionnels liés à l’utilisation de en salle postinterventionnelle et instaure l’utilisation de la capno-
certains agents anesthésiques sur des terrains particuliers (porphyries graphie et de l’oxymétrie de pouls. De fait, l’hypoxie de la phase de
hépatiques par exemple) sont exclus. réveil qui était fréquente en 1978-1982 a disparu en 1999 [4]. De
même la mortalité par classe d’âge et par classe ASA a régressé entre
COMPLICATIONS DE L’ANESTHÉSIE GÉNÉRALE les 2 enquêtes [4]. Une troisième étude intitulée « trois jours d’anes-
thésie en France » réalisée en 1996 [6] fait apparaître une
MORBIDITÉ MAJEURE LIÉE À L’ANESTHÉSIE GÉNÉRALE augmentation de l’âge des patients opérés. En 1996, les opérés de
plus de 75 ans représentent 13,6 % de l’échantillon contre 8 % en
La première étude nationale française a été réalisée par
1980. Les patients ASA III à V représentent 12 % en 1996 contre 6 %
l’INSERM de 1978 à 1982 [5]. Elle concerne les premières 24 heures
en 1980. Aux États-Unis [7] comme en France [4] la mortalité
per- et postopératoires suivant un acte d’anesthésie réalisé par un
d’origine cardiaque partiellement imputable à l’anesthésie passe au
médecin anesthésiologiste ou sous sa surveillance dans un bloc
premier plan.
opératoire. Sur un échantillon représentatif de 13 200 anesthésies, la
mortalité totalement imputable à l’anesthésie en 1978-1982 est de
RÉACTIONS ALLERGIQUES PERANESTHÉSIQUES
7,6 sur 100 000. Une deuxième étude nationale française concerne
l’année 1999 [4]. Elle est réalisée à partir d’un échantillon de 4 200 Les réactions anaphylactiques peropératoires sont des réactions
certificats de décès. La période étudiée est étendue aux 3 premiers d’hypersensibilité de type I IgE-dépendantes selon la classification
jours postopératoires. En 1999, la mortalité totalement imputable à de Gell et Coombs. La réexposition à un antigène spécifique entraîne
l’anesthésie est de 0,69 pour 100 000 (intervalle de confiance à 95 %, la libération massive par les mastocytes tissulaires et les basophiles
0,22-1,2 pour 100 000), soit 1 décès pour 145 500 anesthésies, soit circulants de médiateurs tels que l’histamine, les prostaglandines, les
10 fois moins qu’en 1978-1982. La mortalité partiellement impu- leukotriènes, les protéoglycanes, les protéases. Il en résulte broncho-
table à l’anesthésie est de 4,7 pour 100 000 (3,1-6,3 pour 100 000) constriction, vasodilatation, œdème inflammatoire et coagulation
[4]. Au total, la mortalité totalement et partiellement imputable à intravasculaire disséminée. Il s’agit de réactions inattendues, indé-
l’anesthésie est de 5,4 pour 100 000 (3,7-7,1). Elle augmente avec pendantes de la dose qui peuvent survenir dès la première
l’âge et la classe ASA. La mortalité est minimale pour la classe d’âge exposition à un agent utilisé au cours de l’anesthésie ou de l’acte
16-39 ans soit 0,52 (0,24-0,93) et maximale pour les patients âgés de opératoire en raison de la réactivité croisée de l’agent incriminé avec
plus de 75 ans soit 21,00 (8,3-34). La mortalité augmente avec la de nombreuses molécules médicamenteuses, de l’alimentation ou de
classe ASA : 0,4 pour la classe ASA I (0,12-0,81), 5,0 pour la l’environnement. Les réactions anaphylactoïdes partagent avec
classe ASA II (1,6-9,1), 27,0 pour la classe ASA III (12,0-44,0), 55,0 l’anaphylaxie les mêmes signes cliniques mais en diffèrent par le fait
pour la classe ASA IV (1,1-130,0). L’événement aboutissant au décès que la libération de médiateurs des mastocytes et/ou des basophiles
survient dans 42 % des cas dans les 24 premières heures, dans 35 % ou l’activation du complément est directe et non immuno-médiée
des cas entre 24 et 72 heures, et dans 23 % des cas après 72 heures. [8]. On distingue 4 classes de gravité clinique : des signes cutanés
L’événement conduisant au décès survient pour 12 % des patients isolés (I) à l’inefficacité circulatoire, arrêt cardiaque et/ou arrêt respi-
décédés durant la phase d’induction de l’anesthésie, pour 26 % ratoire. L’étude française réalisée en 1999-2000 dans 40 centres
pendant l’entretien de l’anesthésie, pour 22 % pendant le réveil et d’allergoanesthésie a répertorié 789 patients survivants ayant
pour 40 % après le réveil. Les événements conduisant au décès sont présenté des réactions anaphylactiques ou anaphylactoïdes peropé-
d’ordre cardiaque, hypovolémique et respiratoire (tableau 200.1). ratoires [9]. Tous les patients ont bénéficié du même protocole
Les décès d’origine cardiaque sont dûs principalement à une insuffi- d’investigation : documentation clinique, dosage de la tryptase
sance coronarienne et à une ischémie periopératoire aggravées par sérique et de l’histaminémie plasmatique au moment de la réaction,
une anémie. L’hypovolémie avec hémorragie et anémie apparaît tests cutanés à tous les médicaments utilisés durant l’anesthésie 6 à
comme un facteur important de mortalité par choc hypovolémique 8 semaines après l’incident et inconstamment dosages des IgE spéci-
ou insuffisance coronarienne. Cette étude met en évidence une fiques aux ammoniums quaternaires et au latex. Le diagnostic
absence ou un retard de transfusion en rapport avec des réticences à d’anaphylaxie repose sur la positivité des tests cutanés et/ou des IgE.
l’utilisation du sang et à une faible diffusion des dispositifs de À défaut, la réaction est anaphylactoïde. Dans ce collectif, on a
surveillance de l’hémoglobine. Les événements respiratoires demeu- recensé 66 % de réactions anaphylactiques et 44 % de réactions
rent les causes les plus fréquentes de mortalité totalement imputable anaphylactoïdes. Comme dans les autres études, les curares (58 %
44200_Volume4-3 Page 1721 Jeudi, 12. février 2009 2:38 14

Complications périopératoires 1721

des cas), le latex (17 %) et les antibiotiques (15 % principalement les thermie, acidose mixte, hypercapnie, myoglobinurie. Leur survenue
bétalactamines) sont les agents le plus souvent rencontrés [8-9]. inappropriée doit faire évoquer le diagnostic d’HM et instaurer le
Dans l’étude française, les colloïdes représentent 4 % des réactions traitement d’urgence. La prise en charge initiale de la crise
(principalement les gélatines), les hypnotiques 3,4 % (principale- comprend l’alerte, le concours de tous les personnels disponibles (de
ment le propofol), les morphiniques 1,3 %, divers 1,3 % [9]. Les l’ordre de 5 personnes), l’arrêt immédiat du ou des agents déclen-
prélèvements pour dosage de la tryptase sérique et l’histaminémie chant(s), l’hyperventilation en oxygène pur à 2-3 fois la ventilation-
plasmatique doivent être réalisés très précocement dans l’heure qui minute, la dépose des évaporateurs, la purge des circuits, le traite-
suit la réaction. Au cours des réactions allergiques peropératoires, ment par dantrolène. On administre une dose initiale de 2,5 mg/kg,
l’élévation de la tryptase sérique (protéase libérée par les mastocytes) et l’on prépare indépendamment une dose supplémentaire pour
supérieure à 25 μg/l, a une sensibilité de 64 % et une spécificité de pouvoir rapidement compléter l’administration à 5 mg/kg. L’effica-
89 %. L’histaminémie plasmatique supérieure à 9 nm a une sensibi- cité est jugée sur la réduction des arythmies, de la tachycardie, de la
lité de 75 % et une spécificité de 51 %. La prise en charge rigidité, de la température et de l’hypercapnie. L’administration du
médicamenteuse immédiate spécifique des réactions sévères repose dantrolène est poursuivie par paliers de 1 mg/kg supplémentaires,
sur l’adrénaline, l’hydrocortisone et les antihistaminiques H1-H2 ou jusqu’à l’obtention de l’amendement des signes. Les crises rapide-
H1-H2. Les patients doivent être transférés en réanimation même en ment prises en charge ont cédé dans 95 % des cas à l’administration
cas d’évolution immédiate favorable, car l’évolution est souvent de 5 mg/kg, mais dans certains cas plus de 10 mg/kg ont été néces-
biphasique avec aggravation secondaire dans les 48 heures saires. Il est mis en place un cathéter artériel, veineux central et
suivantes. Dans un modèle de choc anaphylactique à l’ovalbumine vésical. La chirurgie est suspendue de façon temporaire ou définitive.
chez le rat, Dewachter met en évidence un profil hémodynamique Les examens complémentaires immédiats aidant au diagnostic et au
de type distributif avec un débit cardiaque conservé et une vasocons- traitement initiaux sont : gazométrie artérielle, gazométrie veineuse
triction musculaire sévère précoce par stimulation du système (mêlée, centrale ou profonde qui est le meilleur témoin de l’hyper-
nerveux sympathique. Parallèlement, il existe une hypoxie muscu- métabolisme.), kaliémie, myoglobinurie. On prélève au titre
laire majeure avec défaillance énergétique cellulaire, chute de la d’examens de référence de base : enzymes musculaires (CK, aldolase,
pression tissulaire en oxygène, accumulation de lactate et déplétion LDH, transaminases), myoglobinémie, hémostase, myoglobinurie.
en pyruvate. Le choc anaphylactique se présente comme un choc Une dose initiale de dantrolène supérieure à 4 mg/kg impose la
distributif sans inhibition de la consommation d’oxygène [10]. Cette poursuite de la ventilation artificielle. Les troubles du rythme répon-
physiopathologie de l’anaphylaxie expliquerait l’échec d’une réani- dent en général au traitement de l’acidose et de l’hyperkaliémie. Les
mation cardiovasculaire bien conduite chez des patients traitements associés ont pour objectif de prévenir l’hypovolémie et
préalablement en état de bonne santé apparente. En conclusion, de contrôler l’acidose métabolique en utilisant le bicarbonate de
tous les patients présentant des réactions allergiques peropératoires sodium isotonique et le NaCl à 0,9 %. On associe le refroidissement,
doivent faire l’objet d’une enquête allergoanesthésique dans un le traitement de l’hyperkaliémie aiguë, le maintien d’une diurèse
centre référencé. Le signalement systématique de l’agent responsable alcaline. Le Ringer lactate et les inhibiteurs calciques sont formelle-
et son éviction sont les seuls moyens de prévention des accidents ment contre-indiqués [13]. L’évolution postopératoire se déroule en
anaphylactiques sévères et mortels. En cas de réaction allergique réanimation pendant au moins 36 heures en raison du risque de
peranesthésique survenant avant le début de l’intervention, celle-ci recrudescence de la crise. La température centrale est monitorée et
doit être reportée de quelques semaines dans l’attente des résultats un traitement d’entretien par le dantrolène est systématiquement
du bilan allergologique. administré sur la base minimale de 4 mg.kg–1.j–1IV (1 mg/kg toutes
les 6 heures) pendant au moins 48 heures suivi d’un relais oral.
HYPERTHERMIE MALIGNE PERANESTHÉSIQUE Toutes les 6 heures on surveille jusqu’à normalisation : gaz du sang,
CK, kaliémie, calcémie, myoglobinémie et urie, hémostase. La récur-
L’hyperthermie maligne (HM) de l’anesthésie est un désordre rence de l’HM survient chez 20 % des patients dans un délai de
hypermétabolique des muscles striés d’origine pharmacognétique 13 heures en moyenne après la crise initiale. Elle survient plus
qui est déclenché par l’exposition aux anesthésiques volatils fréquemment chez les patients musclés et/ou lorsque les premiers
halogénés et/ou aux curares dépolarisants chez des patients porteurs signes apparaissent plus de 150 min après l’induction anesthésique
de mutations le plus souvent sur le récepteur à la ryanodine de type I [14]. La mortalité de la crise d’HM reste supérieure à 5 % (contre
(RyR1). La majorité des myopathes porteurs de la Central Core Disease 80 % autrefois) en dépit d’un diagnostic précoce et d’un traitement
et de la Multi-Minicore Disease sont également des patients HM immédiat par dantrolène. En cas d’évolution défavorable, il est
susceptibles [11]. Les anesthésiques en cause sont l’halothane, recommandé de prélever du sang pour un diagnostic génétique.
l’isoflurane, l’enflurane, le sévoflurane, le desflurane, l’éther, le Sinon, le patient est adressé secondairement à un centre de référence
trichloréthylène et le cyclopropane. Les curares dépolarisants en de l’HM qui réalise les biopsies musculaires, les tests de contracture
cause sont la succinylcholine (suxaméthonium) et le décamétho- in vitro, le phénotypage et le dépistage familial des individus suscep-
nium. Les autres agents utilisés en anesthésie (protoxyde d’azote, tibles d’HM [11, 12, 15]. L’utilisation de succinylcholine chez les
anesthésiques intraveineux, morphiniques, curares non dépolari- myopathes peut se compliquer d’hyperkaliémie [11].
sants, anesthésiques locaux, néostigmine) peuvent être administrés
sans risque chez des personnes susceptibles d’HM. L’HM est une COMPLICATIONS DE L’ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE
complication potentiellement léthale dont le pronostic dépend de
l’arrêt immédiat de l’administration du ou des agents déclenchant(s) MORBIDITÉ MAJEURE LIÉE À L’ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE
et de l’utilisation immédiate de dantrolène intraveineux [12-13].
L’incidence de l’HM est de 1/50 000 à 1/5 000-10 000 anesthésies Les anesthésies locorégionales ALR reposent sur le blocage par
alors que la prévalence de la maladie génétique est de 1/3 000 [11]. l’injection d’anesthésiques locaux AL des voies nociceptives prove-
L’hérédité est de type autosomique dominant. La physiopathologie nant du site opératoire. Le bloc sensitif des AL est associé
repose sur la libération massive de calcium par le réticulum sarco- obligatoirement à un bloc sympathique et à un bloc moteur plus ou
plasmique musculaire strié en présence d’activateurs exogènes. Il en moins présent. On distingue d’une part, les anesthésies périmédul-
résulte une élévation incontrôlée du calcium myoplasmique qui laires APM représentées par les rachianesthésies (RA avec injection
active les processus biochimiques liés à l’activation musculaire avec dans l’espace sous-arachnoïdien dit intrathécale) et les anesthésies
augmentation de la consommation d’oxygène, de la production de péridurales (APD avec injection dans l’espace péridural) et d’autre
CO2, hyperthermie et déplétion en ATP, puis perte de l’intégrité part, les blocs nerveux périphériques correspondant aux blocs tron-
musculaire avec hyperkaliémie et rhabdomyolyse. L’HM peut culaires et plexulaires. L’ALR intraveineuse repose sur l’injection
survenir à tout moment au cours de l’anesthésie ou dans la phase de intraveineuse d’AL au niveau d’un membre vidé de son sang et sous
réveil. Les signes les plus précoces sont la tachycardie, l’élévation de garrot artériel. Les APM entraînent un bloc sympathique étendu
la pression télé-expiratoire du CO2 en dépit d’une augmentation du prédominant sur le secteur veineux et responsable d’une diminution
débit ventilatoire, la rigidité musculaire et le spasme massétérin isolé du retour veineux, du débit cardiaque et dans 15 à 50 % des cas
après l’injection de succinylcholine. Bien que l’hyperthermie soit d’une hypotension artérielle. L’atteinte des fibres cardioaccélératrices
souvent un signe tardif, la température centrale doit être monitorée se traduit par une bradycardie. Le retentissement hémodynamique
chez tout patient bénéficiant d’une anesthésie générale, pendant au devient significatif si le bloc dépasse T11 et majeur au-dessus de T6
moins 20 minutes. Les signes d’HM ne sont pas spécifiques : tachy- ou lorsqu’une anesthésie générale est associée. Le risque de bloc
cardie, tachypnée, rigidité, spasme massétérin, arythmies, instabilité sympathique est plus important chez les hypertendus. Le bloc
de la pression artérielle, cyanose-marbrures, arrêt cardiaque, hyper- sympathique peut être responsable d’un arrêt circulatoire. Ces
44200_Volume4-3 Page 1722 Jeudi, 12. février 2009 2:38 14

1722 Affections et leurs traitements

complications ont conduit la SFAR à contre-indiquer les APM chez doit être administré, même tardivement avant l’abandon des
les patients à risque hémodynamique : état de choc, décompensa- manœuvres de réanimation [22, 23]. Les lésions neurologiques
tion cardiaque, hypovolémie absolue et/ou relative, chirurgie à sévères secondaires aux ALR sont de type traumatique, hémorra-
risque hémorragique, patients âgés, patients ASA III ou IV [16]. gique, septique ou secondaires à la neurotoxicité des AL. Dans
Toutes les ALR exposent au risque de toxicité locale et/ou systémique l’étude prospective française de 1994, on relève 34 complications
des AL et au risque traumatique et/ou septique de la ponction au graves (atteintes radiculaires, paraplégie, syndrome de la queue-de-
niveau des structures avoisinantes. Les APM utilisant les AL sont cheval) soit une incidence de 3,3/10 000 [18]. Ces complications
grevées d’un risque supplémentaire d’arrêt cardiaque par bloc surviennent soit dans le cadre d’une difficulté technique (ponction
sympathique, de rachianesthésie totale, d’un risque de complica- ou injection douloureuse), soit lors de RA utilisant de la lidocaïne
tions neurologiques locales sévères (hématome périmédullaire, abcès hyperbare à 5 %. Dans l’étude française de 1998-1999 [19], les RA
péridural, méningite), d’un risque de neurotoxicité locale des AL et/ avec la lidocaïne ont un risque de lésions nerveuses périphériques et
ou des adjuvants (syndrome d’irritation radiculaire dit neurologique de syndrome de la queue-de-cheval bien plus élevé (14,4/10 000)
transitoire, syndrome de la queue-de-cheval) et d’un risque de que les RA avec la bupivacaïne (2,2/10 000). Le syndrome neurolo-
brèche durale. Enfin, l’utilisation périmédullaire de morphiniques gique transitoire (syndrome douloureux des membres inférieurs)
pour l’analgésie expose au risque de détresse respiratoire des opiacés dans les heures qui suivent une RA est 7 fois plus élevé avec la lido-
[16]. La base de données des plaintes enregistrées par l’American caïne qu’avec un autre AL [24]. Ces observations ont conduit la SFAR
Sociéty of Anesthésiologists (ASA) de 1980 à 1990 recense 1 055 affaires à contre-indiquer la lidocaïne dans les RA [16]. Dans l’étude de 1998-
concernant principalement les APM [17]. Il est colligé 200 arrêts 1999 [19], les blocs nerveux périphériques se compliquent de lésions
cardiaques avec décès ou séquelles neurologiques lourdes lors d’APM nerveuses 12 fois dont 9 utilisant un stimulateur.
contre 15 lors de blocs périphériques. La majorité des arrêts cardia-
ques lors des APM (84 %) concerne une RA programmée ou MÉNINGITES, ABCÈS ET HÉMATOMES PÉRI- ET SOUS-DURAUX SECONDAIRES
secondaire à une injection accidentelle intrathécale d’AL prévus AUX ANESTHÉSIES PÉRIMÉDULLAIRES
pour une APD; 143 arrêts cardiaques concernent une APM dans un
contexte chirurgical non obstétrical, 57 une APM obstétricale; Une étude rétrospective suédoise concernant les APM des
12 arrêts cardiaques sont secondaires à une toxicité systémique des années 1990-1999 recense 127 complications neurologiques sévères
AL par injection intraveineuse accidentelle. Les conséquences des avec une incidence globale de 1/25 000 aussi bien pour les RA que
arrêts cardiaques présentent le même degré de gravité que le les APD obstétricales. Ces complications sont plus fréquentes pour
contexte soit obstétrical (femmes jeunes, ASA I ou II) ou non (âge les APD en chirurgie orthopédique. Les hématomes périduraux
moyen 53 ans, dont 25 % ASA III ou IV). Le travail prospectif surviennent avec une incidence de 1/3 600 pour les femmes âgées
d’Auroy et al. [18] rapporte les complications sévères observées lors bénéficiant d’une prothèse de genou alors qu’elle est de 1/200 000
de 103 730 ALR réalisées pendant une période de 5 mois en 1994 par pour les APD obstétricales [25]. Les hématomes périduraux sont
736 médecins anesthésistes expérimentés [18]. Les complications révélés par une douleur dorsale et/ou un déficit moteur des membres
sévères imputables totalement ou partiellement à l’ALR sont au inférieurs voire une paraplégie, des troubles de la sensibilité, sphinc-
nombre de 89 soit une incidence de 1/1 162. Les arrêts cardiaques tériens et/ou une radiculopathie. Les signes apparaissent dans un
peropératoires sont observés 32 fois dont 26 au cours d’une RA et 3 délai de 6 heures à 3 jours après l’intervention (médiane 24 heures,
au cours d’un bloc nerveux périphérique; 7 arrêts circulatoires sont extrême 15 jours) ou après l’ablation du cathéter péridural. Le
mortels dont 6 au cours d’une RA et 1 au cours d’un bloc périphé- diagnostic repose sur l’IRM. Dans un but préventif, la SFAR a publié
rique, 25 récupèrent sans séquelle. Les arrêts circulatoires sont des recommandations concernant l’utilisation des anticoagulants et
précédés d’une bradycardie. Des convulsions généralisées, imputa- antiagrégants [16]. L’incidence des méningites purulentes après APM
bles à la toxicité systémique des AL, sont observées chez 26 patients. est estimée à 1/100 000 [26]. Les signes apparaissent entre 8 heures
Elles sont précédées par des acouphènes et des dysesthésies péribuc- et 8 jours après la ponction durale (médiane 24 heures) [25]. Le
cales et linguales. Elles surviennent préférentiellement sur des blocs syndrome méningé (fièvre, céphalées, raideur de la nuque) est franc
nerveux périphériques. Une étude prospective française a été réalisée ou frustre et doit être différencié des céphalées banales d’une brèche
en 1998-1999 pendant 10 mois à partir des déclarations de durale. Les bactéries cultivées sont le plus souvent des germes sali-
487 anesthésiologistes volontaires signalant les événements indési- vaires (streptocoques) ou cutanés (staphylocoques) [27]. Les abcès
rables majeurs et les procédures régionales effectuées pendant la périduraux surviennent dans un délai compris entre 2 jours et
même période [19]. Sur un total de 158 083 ALR, 56 complications 5 semaines (médiane 5 jours) après l’insertion du cathéter. Fièvre,
majeures imputables aux ALR sont observées (3,5/10 000) dont douleur dorsale, syndrome déficitaire doivent faire pratiquer une
10 arrêts cardiaques. Les arrêts cardiaques surviennent le plus IRM [25]. Les staphylocoques sont les bactéries le plus souvent
souvent après RA (2,7/10 000) et une fois après un bloc plexulaire rencontrées. La chirurgie décompressive peut être nécessaire en cas
lombaire postérieur. Les arrêts cardiaques concernent 9 fois la d’hématome ou d’abcès péridural. Les hématomes sous-duraux aigus
chirurgie non obstétricale et 1 fois l’obstétrique. Les décès sont au ou chroniques ont été rapportés dans la littérature [28]. Ils sont rares
nombre de 4 : 3 décès surviennent tardivement au cours d’une RA (40 cas décrits) et s’observent après RA, plus rarement après APD
(> 40 min après l’injection intrathécale) chez des patients âgés avec brèche accidentelle de la dure-mère. Leur délai d’apparition est
(> 80 ans) bénéficiant d’une chirurgie de prothèse de hanche et en général de quelques jours mais est variable de quelques heures à
1 décès au cours du bloc plexulaire lombaire postérieur. Les arrêts quelques mois. La symptomatologie est dominée par l’installation de
cardiaques sont précédés d’une bradycardie. Les défaillances respira- céphalées tenaces et persistantes. L’attention doit être attirée par le
toires sans arrêt cardiaque (n = 7) sont observées 5 fois après APM et caractère non positionnel de ces céphalées (contrairement à un
2 fois après bloc plexulaire lombaire postérieur. Le tableau clinique banal syndrome post-ponction lombaire) et leur aggravation secon-
correspond à une rachianesthésie totale avec analgésie haute (> T2) daire. Devant un tel tableau, dans un contexte d’anesthésie
et mydriase bilatérale précédant la détresse respiratoire. Les convul- médullaire récente ou semi-récente, il faut réaliser un examen tomo-
sions généralisées sans arrêt cardiaque surviennent plus souvent densitométrique cérébral. Le pronostic dépend de la précocité du
après un bloc nerveux périphérique (6 fois sur 8) qu’après une APM. diagnostic.
La toxicité systémique des AL est responsable de complications
neurologiques (signes fonctionnels subjectifs et/ou objectifs, convul-
sions, coma, dépression respiratoire) et/ou de complications
COMPLICATIONS
cardiaques (badycardie avec élargissement des complexes QRS, LIÉES AUX MALPOSITIONS OPÉRATOIRES
tachycardie ventriculaire, torsade de pointe, fibrillation ventricu-
laire, collapsus, asystolie). La cardiotoxicité est plus importante pour La perte de conscience et/ou de la sensibilité liée à l’anesthésie
la bupivacaïne, intermédiaire pour la lévobupivacaïne et moindre empêche l’opéré de ressentir la gêne ou la douleur occasionnée par
pour la ropivacaïne. Des cas cliniques d’asystolie et/ou de collapsus une mauvaise installation sur la table d’opération. Les mécanismes
souvent précédés de convulsions sont rapportés pour tous les AL. lésionnels sont multiples : étirements et compressions à l’origine de
Une émulsion lipidique à 20 % (Intralipid) est recommandée par lésions directes ou indirectes secondaires à une ischémie. Tous les
certains auteurs comme antidote à la toxicité systémique des AL en tissus peuvent être concernés. Les facteurs favorisant la survenue de
association avec les mesures de réanimation habituelles [20, 21]. La ces complications sont bien identifiés : anomalies anatomiques
posologie initiale recommandée est de 2 ml/kg suivie si nécessaire préexistantes, troubles de l’hémostase, neuropathie infraclinique,
d’une perfusion à 0,5 ml.kg–1.min–1jusqu’à un maximum de 4 ml/kg. obésité ou maigreur et durée de l’intervention. La fréquence exacte
En cas d’arrêt cardiorespiratoire, le traitement par Intralipid 20 % de ces complications posturales est mal connue.
44200_Volume4-3 Page 1723 Jeudi, 12. février 2009 2:38 14

Complications périopératoires 1723

LÉSIONS NERVEUSES PÉRIPHÉRIQUES ophtalmologique; elle est inférieure à 1 % pour les manifestations
cliniquement significatives [35]. Les conjonctivites et les ulcérations
L’analyse de dossiers médico-légaux dans le cadre de l’ASA cornéennes sont les plus fréquentes. Elles sont liées à l’association
closed claims study (groupe d’experts de la Société américaine d’anes- d’une posture à risque (décubitus ventral et latéral), d’une mauvaise
thésie chargé d’étudier les dossiers médico-légaux transmis par les occlusion palpébrale, d’une abolition des réflexes cornéens de protec-
compagnies d’assurance) révèle que les neuropathies périphériques tion et d’une diminution des sécrétions lacrymales sous anesthésie
représentent aux États-Unis la deuxième cause de plaintes avec 16 % générale. Leur fréquence exacte est difficile à apprécier : Batra et Bali
du total des actions intentées (3 533 plaintes étudiées entre 1985 [36] rapportent une incidence de 44 % en chirurgie générale
et 1996) [29]. Le nerf cubital est le plus fréquemment atteint (34 % lorsqu’un test à la fluorescéine est réalisé à titre systématique alors
des lésions nerveuses ayant fait l’objet de poursuites médico-légales que seulement 3 % des patients sont symptomatiques. La survenue
aux États-Unis). Les atteintes du plexus brachial sont en deuxième d’une cécité monoculaire définitive par compression oculaire est
position (24 % des cas). L’incidence des paralysies cubitales, isolées exceptionnelle, mais dramatique [35]. Une compression trop intense
ou intégrées dans le cadre plus général des atteintes du plexus et prolongée du globe oculaire est responsable d’une neuropathie
brachial, est particulièrement élevée après chirurgie cardiaque. Après optique ischémique. Lors d’une compression externe inappropriée du
ce type de chirurgie, la fréquence de ces lésions liées à un écartement globe oculaire, l’hypotension peropératoire favorise la survenue
excessif du sternum, varie de 2 à 20 % en fonction des études d’une ischémie rétinienne en diminuant la pression de perfusion au
publiées. Au niveau des membres inférieurs, le nerf péronier niveau de la rétine. Les principales étiologies des compressions
commun est le plus fréquemment lésé. En effet, maintenu contre le oculaires posturales sont, soit la malposition du masque anesthésique
col du péroné par une aponévrose inextensible, il est vulnérable par lors d’une anesthésie réalisée sans intubation, soit la mauvaise posi-
compression directe à ce niveau. La découverte d’une neuropathie tion de la tête sur un support en décubitus ventral ou en position
postopératoire doit faire réaliser un électromyogramme bilatéral assise. Mais l’ischémie rétinienne peut survenir en décubitus latéral
précoce qui sera répété au bout de trois semaines car les signes de sur l’œil déclive.
dénervation ne sont complets qu’après ce délai. La comparaison des
deux examens permet de rapporter ou non les lésions à un trauma- COMPLICATIONS LIÉES
tisme peropératoire.
AU TYPE D’INTERVENTION
LÉSIONS NERVEUSES CENTRALES
Toute intervention est un acte traumatique susceptible de se
Les lésions nerveuses centrales sont rares mais dramatiques. Des compliquer d’un accident hémorragique, infectieux, thromboembo-
infarctus cérébraux peuvent être liés à une compression ou une lique ou de lésions des structures avoisinantes. Le syndrome
lésion des vaisseaux cervicaux lors d’une hyperextension du cou d’embolie gazeuse est également une complication potentielle.
associée à une rotation axiale de la tête. Les lésions prédominent Certains types d’intervention sont grevés de complications spécifi-
dans le territoire vertébrobasilaire. Des lésions artérielles (athérome ques et/ou plus fréquentes et/ou plus graves concernant le
ou dysplasie) ou de cervicarthrose pourraient favoriser ces accidents réanimateur polyvalent. Un choix a été effectué parmi les complica-
[30]. Les lésions médullaires posturales se rencontrent essentielle- tions chirurgicales. La prise en charge de ces complications présente
ment lors de la chirurgie en position assise. Elles sont liées à une deux volets : une réanimation symptomatique, non spécifique des
hyperflexion exagérée de la tête et sont responsables d’une quadri- défaillances d’organes et un traitement étiologique, spécifique de la
plégie flasque [31]. Ce type d’atteinte est beaucoup plus rare lors complication. Ce traitement fait intervenir le plus souvent plusieurs
d’une chirurgie en décubitus ventral; elle est alors associée à une disciplines : médicales, chirurgicales et de radiologie intervention-
atteinte préexistante du rachis cervical. Une paraplégie a été décrite nelle. La prévention est fondamentale et passe par la connaissance
après une installation prolongée en hyperlordose [32]. Le méca- des circonstances de survenue et des facteurs de risque. La mortalité
nisme associerait une réduction de la taille du canal lombaire à une est élevée et dépend du terrain et du nombre des défaillances
ischémie médullaire par gêne du retour veineux cave inférieur. multiviscérales.

RHABDOMYOLYSES
CŒLIOCHIRURGIE
Les rhabdomyolyses posturales surviennent après le maintien
prolongé d’une position non physiologique et/ou favorisant une Les complications surviennent le plus souvent au moment de la
gêne au retour veineux, une hypoperfusion et une ischémie muscu- création du pneumopéritoine ou bien à l’introduction des instru-
laires. Ces rhabdomyolyses posturales sont essentiellement décrites ments chirurgicaux. Elles se manifestent en peropératoire ou en
après position gynécologique, de lithotomie, genupectorale et après postopératoire. On différencie les accidents liés au geste opératoire et
décubitus latéral. Dans ce cadre, les principaux facteurs favorisants ceux liés à l’insufflation de CO2.
sont une durée d’immobilisation supérieure à 3 heures et des antécé-
dents d’éthylisme chronique. L’obésité aurait une action mécanique ACCIDENTS LIÉS AU GESTE OPÉRATOIRE
directe [33].
Les accidents liés au geste opératoire sont décrits aussi bien en
LÉSIONS CUTANÉOMUQUEUSES ET OSTÉOARTICULAIRES chirurgie digestive que gynécologique. Leur incidence est évaluée
entre 1 et 3 % [37]. On distingue les lésions vasculaires et les perfora-
Des lésions cutanées peuvent se développer au niveau des tions digestives.
points d’appui des reliefs osseux sur la table d’opération, quelle que La lésion d’un gros vaisseau (aorte, veine cave inférieure, vais-
soit la posture chirurgicale. Elles sont favorisées par l’hypothermie, seaux iliaques) peut entraîner une situation urgente de choc
l’hypotension artérielle, l’utilisation de vasoconstricteurs et l’exis- hémorragique par hémopéritoine. Un hématome rétropéritonéal
tence d’un terrain débilité (dénutrition, artériopathie, atteintes peut se constituer de façon plus insidieuse et retarder le diagnostic.
neurologiques). Ces lésions cutanées peuvent évoluer en escarres Les hématomes de paroi peuvent également se développer mais sont
délabrantes. L’appareil génital chez l’homme, les seins chez la en principe moins graves. Les chirurgies du reflux gastro-œsopha-
femme, les orifices de stomie digestive et les cartilages auriculaires gien et des hernies hiatales sont responsables d’hémomédiastin. Les
sont des zones particulièrement exposées à ces lésions de compres- perforations gastro-intestinales sont responsables de tableaux septi-
sion posturale Une flexion cervicale extrême, associée à une ques graves par pleurésie purulente et médiastinite (chirurgies du
intubation orotrachéale, provoque parfois un œdème responsable reflux gastro-œsophagien et des hernies hiatales) ou par péritonite
d’une macroglossie par blocage de la circulation lymphatique et (chirurgies digestive, biliaire, gynécologique).
veineuse de la face [34]. Cette complication est favorisée par l’emploi
d’un packing. L’extension de cet œdème à la totalité de la région ACCIDENTS LIÉS À L’INSUFFLATION DE CO2
cervicale peut s’accompagner d’une détresse respiratoire aiguë impo-
sant une réintubation, voire une trachéotomie en urgence. On distingue deux situations : la diffusion extrapéritonéale du
CO2 et l’embolie gazeuse. La conséquence commune de la diffusion
COMPLICATIONS OCULAIRES extrapéritonéale de CO2 est une hypercapnie aiguë dont les effets
cardiocirculatoires peuvent être mal tolérés. Le CO2 peut diffuser
Les atteintes oculaires posturales sont très rares. Leur incidence a dans le secteur sous-cutané ce qui représente un incident en général
été récemment évaluée sur 60 000 patients en chirurgie non sans gravité. La résorption est spontanée. La diffusion peut être pleu-
44200_Volume4-3 Page 1724 Jeudi, 12. février 2009 2:38 14

1724 Affections et leurs traitements

rale par communication acquise ou congénitale. La diffusion est des épanchements pleuraux. Les complications spécifiques différen-
parfois médiastinale dans la chirurgie du bas œsophage et dans ce cient la lobectomie de la pneumonectomie.
cas le gaz diffuse en direction de l’extrémité céphalique. La commu-
nication est également possible avec le sac péricardique. Il se LOBECTOMIE
constitue alors un pneumopéricarde. L’embolie gazeuse percœliosco-
pique [38] s’explique par trois mécanismes. Il peut s’agir d’une La torsion pulmonaire résulte d’une rotation d’un lobe pulmo-
injection accidentelle de CO2 dans un vaisseau artériel ou dans la naire autour de son axe bronchovasculaire. C’est le cas du lobe
paroi utérine ou au travers d’une blessure veineuse (l’élévation de la moyen restant après lobectomie supérieure droite. Il faut y penser
pression intra-abdominale, au-dessus du niveau des pressions devant une atélectasie ou une masse intrathoracique associée à une
veineuses, explique la pénétration de CO2 en l’absence de collapsus douleur thoracique parfois sévère. La réintervention s’impose pour
veineux). Il peut y avoir accumulation du gaz dans le système porte, éviter la nécrose du parenchyme.
avec relargage secondaire des bulles lors de la décompression abdo-
minale ou de la mobilisation. Ce mécanisme explique certaines PNEUMONECTOMIE
embolies tardives.
La pneumonectomie peut être grevée de multiples complica-
L’introduction d’un embole dans le secteur veineux conduit au tions. L’apparition rapide d’un épanchement dans la cavité de
cœur droit et à la circulation pulmonaire. Les conséquences hémo- pneumonectomie doit faire suspecter, dans un contexte de
dynamiques peuvent être gravissimes : HTAP, cœur pulmonaire aigu, défaillance circulatoire, un hémothorax qui peut refouler le
shunt droit-gauche et embolie paradoxale et arrêt cardiaque par médiastin et comprimer le cœur. Une thoracotomie d’hémostase en
désamorçage. urgence est indiquée. Dans un contexte septique différent, il faut
Le diagnostic clinique chez le patient anesthésié repose sur penser à la constitution d’un pyothorax. L’apparition d’une fistule
l’association de manifestations hémodynamiques (troubles du bronchopleurale est une complication grave et secondaire le plus
rythme cardiaque, collapsus avec pression veineuse centrale élevée, souvent liée à une rupture du moignon bronchique. Les signes sont
décès foudroyants par désamorçage du cœur) et respiratoires (désa- variables et dépendent de la taille de la fistule et de la présence ou
daptation du respirateur, troubles de l’hématose). Le dépistage non d’un drain thoracique dans la cavité résiduelle de pneumonec-
peropératoire repose sur plusieurs techniques. Le monitorage indi- tomie. En l’absence de drain, les risques sont le pneumothorax sous
rect des paramètres ventilatoires apparaît très aléatoire dans la tension et l’inondation massive du poumon restant. Le traitement
détection des emboles de CO2. Toute modification brutale de la impose la mise en place rapide d’un drain thoracique et la reprise
PetCO2 est évocatrice : une élévation témoigne d’une élimination chirurgicale pour fermeture du moignon. Il peut nécessiter la venti-
accrue de CO2, une diminution témoigne d’une embolie pulmonaire lation à poumon séparé.
massive avec baisse du débit cardiaque et augmentation de l’espace Certaines pneumonectomies nécessitent l’ouverture du péri-
mort. On peut avoir une modification biphasique de la PetCO2 : carde pour faciliter l’accès aux gros vaisseaux. Des cas de luxations et
augmentation (élimination accrue) puis diminution (choc et hernies cardiaques à travers l’orifice péricardique sont décrits dans la
augmentation de l’espace mort). Le Doppler précordial constitue le littérature, responsables d’un dysfonctionnement cardiaque gravis-
meilleur examen de dépistage, simple d’utilisation et de faible coût. sime. Elles peuvent survenir immédiatement sur table opératoire
Les mesures préventives sont primordiales. Elles ont permis de après le passage du décubitus latéral au décubitus dorsal ou bien
réduire le risque d’embolie gazeuse. Elles consistent à réaliser des plusieurs heures voire plusieurs jours après la chirurgie. On peut être
tests de bon positionnement de l’aiguille lors de sa mise en place et à confronté à d’autres problèmes cardiocirculatoires : des troubles du
utiliser du CO2 pour le pneumopéritoine. Elles reposent sur l’auto- rythme cardiaque lors de l’ouverture du péricarde, une HTAP respon-
matisation des insufflateurs, le monitorage du niveau de pression du sable d’une décompensation cardiaque droite, une réouverture du
pneumopéritoine à 20-25 mmHg. Ce risque est, malgré tout, foramen ovale avec shunt droit-gauche et une mauvaise tolérance
augmenté chez les patients présentant des antécédents de chirurgie d’une surcharge hydrosodée à l’origine d’un œdème pulmonaire.
abdominale. L’œdème pulmonaire aigu post-pneumonectomie (OPPP) [39]
En cas d’accident avéré, le traitement comporte l’arrêt immé- est une complication grave dont l’incidence est évaluée à 3,6 % et la
diat de l’insufflation et la vidange du pneumopéritoine, l’arrêt du mortalité voisine de 100 %. Il peut s’agir d’un œdème pulmonaire de
protoxyde d’azote s’il est utilisé dans le protocole anesthésique. La pression et/ou d’un œdème pulmonaire de perméabilité. L’œdème
ventilation en oxygène pur est recommandée ainsi que l’hyperventi- de pression est favorisé par l’augmentation du flux de filtration tran-
lation qui en augmentant le gradient entre CO2 dissous et l’embole sendothélial (sur poumon unique), par la diminution de la clairance
favoriserait son élimination. La position de Durant, associant Tren- lymphatique interstitielle et par la positivité du bilan hydrosodé
delenburg et décubitus latéral gauche abaisse le niveau de la périopératoire. L’œdème de perméabilité a été démontré par le
chambre de chasse du ventricule droit et permet de piéger l’air au monitorage périopératoire des pressions pulmonaires et par un
niveau de la pointe du ventricule droit. Si un cathéter central est en tableau clinique et biologique de SDRA sur poumon unique. Les
place, il est légitime d’essayer d’aspirer l’embole. Le massage données autopsiques révèlent le plus souvent un sepsis pulmonaire
cardiaque externe s’impose en cas d’incompétence myocardique, dans un contexte de surinfection ou d’inhalation. Les tumeurs
d’autant qu’il permet le fractionnement des emboles de volume évoluées favorisent ce syndrome ainsi que la reprise de thoraco-
important. La mise en place d’une circulation extracorporelle a été tomie. L’enquête étiologique est fondamentale. La fibroscopie
proposée avec succès pour un cas rapporté dans la littérature. Les bronchique en urgence permet d’éliminer une fistule du moignon et
antiagrégants plaquettaires à faible dose restent préconisés afin de réaliser des prélèvements microbiologiques notamment bactério-
d’éviter la cohésion des bulles par les amas de plaquettes et de logiques et mycologiques.
globules blancs. On doit lutter précocement contre l’œdème cérébral Le traitement préventif consiste en la maîtrise des facteurs
et prévenir les crises comitiales. L’oxygénothérapie hyperbare n’est concourant à l’augmentation du débit cardiaque et des pressions
pas dénuée d’intérêt notamment lorsqu’une embolie cérébrale est pulmonaires : excès de remplissage vasculaire, emploi inapproprié
suspectée. Elle reste discutée car le fort gradient de pression entre de catécholamines, hyperthermie, douleur, désadaptation de la
une bulle de CO2 et le sang favorise une résorption rapide du gaz. ventilation mécanique, hauts niveaux de pression ventilatoires et
Cette considération doit être mise en balance avec le risque inhérent décubitus latéral sur le poumon restant. Les options thérapeutiques
à un éventuel transport du patient. de l’OPPP sont celles du SDRA. Il faut obtenir un bilan hydrique
négatif (diurétiques ou hémofiltration en présence d’une insuffi-
sance rénale). La ventilation mécanique est optimisée pour contrôler
CHIRURGIE THORACIQUE le niveau des pressions et éviter tout baro- et volotraumatisme du
poumon restant. Une PEP est proposée pour recruter les alvéoles
La chirurgie thoracique touche l’appareil respiratoire et le pulmonaires. Pour certains, la ventilation non invasive au masque
médiastin riche en structures vasculaires et nerveuses. La chirurgie est une bonne alternative à tenter. Le monitorage invasif par sonde
d’exérèse ampute la fonction respiratoire. La pneumonectomie de Swan-Ganz permet de stabiliser l’état cardiocirculatoire et
expose de plus à des perturbations hémodynamiques. La chirurgie d’évaluer le retentissement hémodynamique de la PEP et de la titrer.
thoracique est donc pourvoyeuse de nombreuses complications Le monoxyde d’azote a été proposé en raison de l’HTAP. Le décubitus
d’autant plus qu’elle s’adresse le plus souvent à des patients débi- ventral n’est pas réalisable d’emblée car le médiastin n’est pas fixé.
lités. Les complications bronchopulmonaires sont au premier plan La thérapeutique anti-infectieuse probabiliste est instituée en fonc-
avec des atélectasies, des pneumopathies, des fistules bronchiques et tion du contexte. L’OPPP est une complication rare et grave. Sa
44200_Volume4-3 Page 1725 Jeudi, 12. février 2009 2:38 14

Complications périopératoires 1725

prévention est fondamentale et passe par une bonne connaissance dines, de thromboxane A2 et d’endothéline. L’importance de la
des facteurs de risque. réaction dépend du niveau du clampage et de sa durée. Le déclam-
page aortique est responsable d’un syndrome d’ischémie-reperfusion
avec libération de substances vasoplégiantes responsables d’un
CHIRURGIE VASCULAIRE collapsus immédiat, de radicaux libres oxygénés, d’un facteur
dépresseur myocardique et de micro-agrégats. Les organes cibles sont
CHIRURGIE VASCULAIRE RÉGLÉE le poumon (les médiateurs responsables de l’HTAP et de l’œdème
Les complications de la chirurgie vasculaire sont dominées par pulmonaire sont le thromboxane A2, les PNN, les radicaux libres
l’infarctus du myocarde qui survient aussi bien après la chirurgie de oxygénés et les micro-agrégats), le rein (insuffisance rénale aiguë par
l’aorte qu’après une chirurgie périphérique. La fréquence de choc hypovolémique, rhabdomyolyse), la moelle, le cœur (facteur
l’ischémie myocardique peropératoire est très élevée, variant de 40 à dépresseur myocardique) et le tube digestif (ischémie digestive,
70 % selon les auteurs et les moyens utilisés pour la dépister. Ces translocation bactérienne, bactériémie, endotoxinémie, choc
épisodes d’ischémie myocardique sont corrélés à la survenue septique). La prévention périopératoire du SDMV passe par une
d’infarctus. stabilité hémodynamique constante, l’utilisation d’héparine au
La reprise chirurgicale après endartériectomie carotidienne est moment du clampage [42]. Lors du clampage sus-cœliaque, le
le fait de la survenue d’un accident vasculaire cérébral postopératoire mannitol (0,2 g/kg) est utilisé comme protecteur pulmonaire pour
dont le pronostic est généralement sombre ou la survenue d’un ses effets antioxydants, d’inhibition de la synthèse du thromboxane
hématome expansif, responsable d’une compression trachéale. et de diminution du nombre de PNN dans le poumon. Le déclam-
La chirurgie réglée de l’aorte est pourvoyeuse de souffrance page sus-cœliaque entraîne une acidose métabolique significative.
d’organes d’origine ischémique. Elle peut être corrigée par l’apport de bicarbonate de sodium. L’alca-
L’ischémie rénale est responsable d’insuffisance rénale aiguë linisation et l’utilisation de mannitol protègent le rein de la
avec une incidence de 2,4 %. rhabdomyolyse secondaire au syndrome d’ischémie-reperfusion.
Cette prévention implique également le maintien permanent de la
L’ischémie médullaire par atteinte de l’artère d’Adamkewicz est
perfusion hépatosplanchnique selon les mêmes principes appliqués
responsable de paraplégie postopératoire. Cette artère s’abouche
en chirurgie aortique réglée.
habituellement au niveau de l’aorte thoracique basse ou lombaire
haute et dans 25 à 50 % des cas au niveau de l’aorte sous-rénale. Ces Ces patients, en milieu de réanimation, doivent bénéficier d’un
paraplégies surviennent préférentiellement après clampage aortique monitorage hémodynamique préventif par cathétérisme cardiaque
thoracique prolongé, mais sont également décrites après clampage droit pour optimiser l’état cardiocirculatoire et la ventilation méca-
de l’aorte abdominale sous-rénale en raison de ses variantes anato- nique ainsi que d’un tonomètre gastrique et/ou sigmoïdien pour
miques. Le risque d’une atteinte médullaire irréversible augmente dépister l’ischémie digestive. Le sevrage de la ventilation mécanique
dramatiquement au-delà d’une durée de clampage supérieure à n’est envisagé qu’après stabilisation hémodynamique, rétablisse-
30 minutes. La région rectosigmoïdienne est menacée de nécrose ment de la perfusion tissulaire, normalisation de la diurèse et du
ischémique en raison de la ligature de l’artère mésentérique infé- taux de lactates sériques, diminution du gradient de pression muco-
rieure. Elle peut aboutir à une péritonite. La tonométrie artériel en CO2 inférieur à 8 mmHg et correction d’une anémie.
sigmoïdienne per- et postopératoire permet de dépister précocement
l’ischémie muqueuse et de proposer une réintervention. La stratégie CHIRURGIE DIGESTIVE
thérapeutique actuelle, préventionnelle d’une ischémie digestive,
consiste à corriger l’hypovolémie et à améliorer le transport en Les patients hospitalisés en milieu de réanimation en postopé-
oxygène en phase préopératoire; Boyd a montré la supériorité de la ratoire d’une chirurgie digestive sont susceptibles de développer une
dopexamine, par rapport à la dobutamine, dans cette indication et candidose systémique ou profonde. Le tube digestif est le principal
sa meilleure tolérance cardiaque [40]. Par ailleurs, il est démontré foyer primaire du Candida. L’antibiothérapie à large spectre favorise
que la dopexamine protège la fonction rénale chez les patients subis- la colonisation ou la candidose digestive. Tous les facteurs altérant la
sant une reconstruction aortique [41]. Les surinfections de prothèse barrière digestive favorisent la translocation de Candida. Cette trans-
apparaissent le plus souvent tardivement et aboutissent à des abcès location constitue le mécanisme principal des candidémies. Ces
périprothétiques ou à une fistule aortodigestive. candidémies sont responsables de tableaux septiques graves [43]. Les
facteurs, altérant la barrière digestive, sont représentés par la
CHIRURGIE VASCULAIRE URGENTE chirurgie elle-même en particulier sus-mésocolique, la perforation
d’un organe creux, un lâchage de suture, un traitement anticancé-
La revascularisation d’un membre ischémique réalise un reux par radiothérapie, un état de choc responsable d’une ischémie
syndrome d’ischémie-reperfusion pouvant être responsable d’une digestive, un SDMV. L’attitude préventive, de ces complications
insuffisance rénale aiguë postopératoire par rhabdomyolyse et d’un fongiques, consiste en un dépistage hebdomadaire des foyers
syndrome des loges. L’insuffisance rénale aiguë survient d’autant primaires de colonisation : cutané, urinaire et surtout digestif
plus que la fonction rénale préopératoire chez ce type de patient est (bouche, selles). La mise en évidence d’une colonisation digestive
souvent altérée. La prévention passe par la réalisation d’une diurèse importante impose, au minimum, une décontamination digestive
alcaline forcée avec pH urinaire supérieur à 6,5 et un volume horaire par une suspension orale d’amphotéricine B, la surveillance de son
d’au moins 200 ml. Cette diurèse peut être obtenue par une perfu- efficacité par des prélèvements répétés et pour certains un traitement
sion de solutés alcalinisants. En cas de diurèse insuffisante, le antifongique systémique visant le Candida species trouvé [43]. Par
furosémide n’est pas indiqué car il acidifie les urines. Il convient ailleurs, chaque type d’intervention possède ses complications
alors d’utiliser le mannitol ou l’acétazolamide. Les apports hydro- propres.
sodés sont à adapter en fonction de l’âge, du terrain et de
l’hypovolémie secondaire à la constitution d’un troisième secteur au ŒSOPHAGECTOMIE POUR CANCER DU TIERS MOYEN OU INFÉRIEUR
niveau des muscles lésés. DE L’ŒSOPHAGE
Les tableaux de défaillances multiviscérales sont plutôt le fait de
la chirurgie urgente de fissuration et de rupture d’anévrysmes aorti- Cette intervention associe laparotomie et thoracotomie droite
ques. La plupart des séries rapportent des taux de mortalité voisins et expose au risque d’une décompensation respiratoire dont les
de 50 %. Les facteurs de survie sont l’âge inférieur à 70 ans, la stabi- mécanismes sont essentiellement de deux ordres : soit un sepsis par
lité hémodynamique périopératoire et le siège rétropéritonéal de la bronchopneumopathie nosocomiale ou par fistule œsotrachéobron-
rupture. Les facteurs de risque de mortalité sont l’âge supérieur à chique ou œsopleurale, soit un SIRS avec SDRA (incidence de 10 à
80 ans, le sexe féminin, l’hypotension persistante peropératoire, 30 %). L’agression pulmonaire est le fait de la libération de cytokines
l’importance du saignement estimé par l’hématocrite (inférieur à (TNFα et IL-1) [44], de thromboxane et de leucotriène [45]. Les
25 %) et les besoins transfusionnels (transfusion de plus de 15 culots facteurs favorisant la survenue de cet œdème de perméabilité
globulaires). Le SDMV est secondaire d’une part, au choc hémorra- (7e jour postopératoire en moyenne) sont les antécédents de taba-
gique qui précède l’intervention et d’autre part, à l’intervention elle- gisme et de bronchopneumopathie chronique obstructive, une
même. En effet, clampage et déclampage aortiques sont responsables chirurgie œsophagienne par thoracotomie responsable d’une contu-
d’un syndrome inflammatoire avec réponse systémique ou SIRS [42]. sion pulmonaire peropératoire et une inhalation postopératoire
Le clampage aortique provoque principalement l’activation du silencieuse.
système rénine-angiotensine, du complément, des plaquettes, des L’apparition d’un chylothorax est une complication rare de
polynucléaires neutrophiles (PNN) et la libération de prostaglan- l’œsophagectomie [46]. L’incidence rapportée varie de 0,5 à 10 %. Il
44200_Volume4-3 Page 1726 Jeudi, 12. février 2009 2:38 14

1726 Affections et leurs traitements

est secondaire à des lésions peropératoires du canal thoracique. Deux UROLOGIE :


attitudes thérapeutiques s’opposent : conservatrice et radicale. L’atti-
tude conservatrice propose un drainage pleural non aspiratif et une
RÉSECTION ENDOSCOPIQUE DE LA PROSTATE
nutrition de type entéral dans le cadre d’un épanchement de faible
abondance ou de type parentéral exclusif si l’épanchement est abon- La résection endoscopique de la prostate est certes séduisante
dant. Les mesures visant à réduire la production de chyle consistent par la réduction de la durée d’hospitalisation et du temps de conva-
en un apport nutritionnel pauvre en lipides (exclure les triglycérides lescence, mais n’est pas dénuée de complications. Une étude
à chaînes longues) et dans l’emploi de somatostatine. Le temps de rétrospective portant sur près de 4 000 patients rapporte une morta-
cicatrisation moyen du canal thoracique est de 35 à 62 jours selon lité de 0,2 %, une morbidité peropératoire de 7 % et postopératoire
les études. L’attitude radicale est basée sur la ligature ou la réparation de 18 %.
chirurgicale du canal thoracique. Les arguments en faveur d’un geste
chirurgical sont la dénutrition et l’immunodéficience qui peuvent HÉMORRAGIES ET TROUBLES DE LA COAGULATION
résulter d’une perte prolongée (au-delà d’une semaine) et importante
de chyle. Cette complication est également rencontrée en chirurgie Des troubles de la coagulation post-lavage non spécifiques, à
thoracique après curage ganglionnaire médiastinal. type d’hypercoagulabilité ou au contraire hémorragique par coagulo-
pathie de consommation, fibrinolyse ou coagulopathie de dilution,
DUODÉNOPANCRÉATECTOMIE CÉPHALIQUE sont décrits. Un saignement important est retrouvé dans moins de
1 % des cas lors de cette procédure. La prostate hypertrophiée est
Il s’agit de l’exérèse de la tête du pancréas et de son cadre richement vascularisée. Le saignement peropératoire n’est pas négli-
duodénal. La duodénopancréatectomie céphalique nécessite des geable et difficilement évaluable car le sang est dilué dans une
anastomoses de reconstruction et de dérivation biliodigestives. Le grande quantité de liquide de lavage. La prostate libère un activateur
risque d’apparition de fistules est important (digestives, biliodiges- du plasminogène qui active la fibrinolyse par le biais de la plasmine.
tives, gastriques). Comme pour toute chirurgie intéressant les voies D’autres auteurs suggèrent que la fibrinolyse est secondaire à une
biliaires, la pancréatite aiguë postopératoire sur le pancréas restant coagulation intravasculaire disséminée déclenchée par l’absorption
est une complication rare et de pronostic grave. systémique de tissu prostatique riche en thromboplastine.

SEPSIS INTRA-ABDOMINAUX POSTOPÉRATOIRES SYNDROME DE RÉSECTION TRANSURÉTRALE DE LA PROSTATE


L’incidence des sepsis intrapéritonéaux postopératoires (TURP SYNDROM)
d’origine bactérienne, est de 2 à 3 %. Il s’agit d’un épanchement De façon moins connue et plus spécifique, la littérature
intra-abdominal libre (péritonite) et/ou d’une ou plusieurs collec- rapporte des observations cliniques rassemblées sous la dénomina-
tions (abcès). Les lésions viscérales trouvées sont de deux types : tion de TURP syndrom [50-51] Ce syndrome correspond à l’ensemble
lâchage d’anastomose ou perforation d’un organe creux. En des manifestations cliniques et métaboliques liées au passage du
l’absence de lésions, on incrimine une contamination peropératoire liquide d’irrigation vésicale (à base de glycocolle) dans la circulation.
ou une translocation bactérienne. Le diagnostic positif est difficile. La résorption peut se faire par effraction de plexus veineux vésico-
Les signes cliniques et les examens biologiques sont peu spécifiques. prostatiques donnant un tableau clinique aigu. La résorption, à
Sur le plan morphologique, deux examens sont contributifs : la partir de l’espace sous-péritonéal par rupture de la capsule prosta-
tomodensitométrie et l’échographie abdominale au lit du patient. tique ou plus rarement à partir de la cavité péritonéale par une
L’échographie est particulièrement intéressante pour les collections brèche vésicale, est responsable d’un tableau clinique plus progressif.
pelviennes. L’analyse, de ces examens, est souvent difficile et l’expé-
rience du radiologue est un élément déterminant [47]. La physiopathologie repose sur l’apparition d’une hypona-
trémie aiguë de dilution, d’une hyperammoniémie et sur la toxicité
Le traitement consiste en une réanimation symptomatique non
propre du glycocolle. Le glycocolle est métabolisé dans le foie avec
spécifique des défaillances d’organes et une antibiothérapie empi-
production d’ammoniac, de sérine et d’alanine ainsi que des acides :
rique efficace. La tomodensitométrie abdominale permet de discuter
les indications de reprise chirurgicale ou de drainage percutané des glycolique et glyoxylique. L’hyponatrémie aiguë, l’hyperammo-
épanchements collectés. Dans les situations graves de SDMV avec ou niémie, le glycocolle et ses métabolites sont responsables d’une
sans choc septique, l’intervention d’urgence s’impose et améliore le encéphalopathie de gravité variable : dysesthésies cutanées, troubles
pronostic [47]. La voie d’abord doit permettre une exploration visuels, agitation, nausées, vomissements, crises comitiales et coma
complète de la cavité péritonéale, pour préciser la cause du sepsis, et [52]. Le syndrome complet gravissime, associant détresse respira-
pour effectuer une toilette péritonéale après prélèvement de l’épan- toire, choc cardiogénique, œdème cérébral et insuffisance rénale, est
chement et/ou de la collection pour étude bactériologique. Le lavage exceptionnel.
péritonéal continu postopératoire est plus discuté [48], voire aban- Le diagnostic positif repose sur les circonstances de survenue.
donné [47]. La chirurgie est indiquée en présence d’une péritonite En effet, l’incidence du TURP syndrom s’élève significativement de
généralisée associée ou non à une collection localisée et en présence 0,7 % à 2 % si la résection dure plus de 90 minutes et de 0,8 % à
d’une ou plusieurs collections non accessibles au drainage. Pour les 1,5 % si le poids de tissu réséqué est supérieur à 45 grammes. Il
collections accessibles, le drainage percutané est une technique inté- repose également sur un tableau clinique essentiellement neurolo-
ressante. Dans cette situation, une surveillance tomodensitomé- gique, parfois de surcharge volémique pouvant aboutir à un tableau
trique est préconisée ainsi que la mise en place d’un système d’œdème aigu du poumon et de choc cardiogénique. On observe
d’irrigation-lavage. Le liquide ponctionné est adressé au laboratoire parfois une oligoanurie ou une anurie par hémolyse aiguë ou par
de bactériologie. formation de lithiase oxalocalcique. Des anomalies biologiques sont
L’antibiothérapie probabiliste doit avoir un spectre large et présentes : une hyponatrémie, une hypoprotidémie, une hypo-
cibler les bacilles à Gram négatif (BGN) résistants, les cocci à Gram osmolarité avec trou osmolaire élargi traduisant la présence du
positif et les anaérobies [47, 49]. Elle peut être orientée par l’examen glycocolle et une hyperammoniémie. Certaines équipes dosent le
direct du prélèvement, l’état clinique du patient et doit être diffé- glycocolle et ses métabolites (sérine, glycolate et glyoxylate) dans le
rente de l’antibiothérapie préalable. Une association d’antibiotiques sérum et parallèlement dans le LCR. L’hémolyse aiguë est rare depuis
est nécessaire pour couvrir la totalité des germes. Pour les BGN et les l’utilisation d’une solution d’irrigation moins hypotonique. Une
anaérobies, on utilise soit les carbapénèmes, soit les associations insuffisance rénale et une CIVD sont parfois observées.
ticarcilline-acide clavulanique ou pipéracilline-tazobactam. Les Le traitement est avant tout préventif. Il faut sélectionner les
aminosides sont fréquemment associés car ils permettent d’accroître patients (temps de résection inférieur à 90 minutes, poids de tissu
la vitesse de bactéricidie sur les BGN. Si un staphylocoque doré résis- réséqué inférieur à 45 grammes). L’amélioration de la technique
tant à la méticilline est évoqué, on prescrit un glycopeptide. Cette chirurgicale a permis une réduction de l’incidence du syndrome :
antibiothérapie sera modifiée par la suite sur les données de l’anti- soluté moins hypotonique et utilisation de résecteur à double
biogramme du ou des germes retrouvés. Dans les prélèvements courant pour éviter les hyperpressions vésicales responsables d’extra-
peropératoires, les levures sont isolées dans 2 à 39 % des cas selon les vasation du liquide d’irrigation. Le contrôle de la hauteur des poches
séries. Certains auteurs préconisent un traitement antifongique d’irrigation ne dépassant pas 60 cm permet de réguler la pression
systématique. Il semble raisonnable de débuter une thérapeutique dans la loge prostatique. La détection précoce peropératoire repose
antifongique chez les patients à risque (antibiothérapie à large sur l’utilisation d’une anesthésie locorégionale, sur le calcul systéma-
spectre, SDMV, chirurgie sus-mésocolique, malades immunodé- tique des entrées-sorties du liquide de lavage et dans l’avenir, sur la
primés, perforation gastrique duodénale ou jéjunale). détection d’éthanol expiré (l’éthanol est mélangé à la solution de
44200_Volume4-3 Page 1727 Jeudi, 12. février 2009 2:38 14

Complications périopératoires 1727

glycocolle utilisée). Le diagnostic de TURP syndrom motive l’arrêt de destruction du surfactant. Au niveau cérébral, des nécroses en
la procédure chirurgicale. mosaïque peuvent entraîner un infarctus cérébral diffus. Les lésions
Le traitement spécifique dépend de la natrémie et de l’état prédominent au niveau de la substance blanche avec des lésions
neurologique et circulatoire. Dans tous les cas, on recherche un bilan ischémiques, des lésions de démyélinisation et un piqueté hémorra-
hydrique négatif en raison de l’intoxication par l’eau. Une restric- gique diffus. Au niveau cutané, le purpura pétéchial résulte d’une
tion hydrique est alors proposée. Lors d’accidents aigus avec mani- obstruction vasculaire avec fragilité capillaire. Au niveau oculaire,
festations d’hypervolémie, on associe des diurétiques de l’anse. Le d’une part on recherche le purpura dans les culs-de-sac conjoncti-
mannitol a également été proposé en raison d’une excrétion rénale vaux par éversion des paupières et d’autre part, on surveille le fond
de sodium moindre. En cas d’hypernatrémie sévère (115-120 mmol/ d’œil. Les aspects typiques sont l’œdème papillaire, les exsudats
l), d’hypo-osmolarité inférieure à 230 mosml/l et/ou de signes floconneux et les hémorragies en flammèches. Les lésions du fond
neurologiques de gravité (crises comitiales), et en l’absence d’insuffi- d’œil peuvent être retardées et leur persistance permet un diagnostic
sance rénale, on perfuse du sérum salé hypertonique en évitant une rétrospectif 10 à 15 jours après l’événement embolique. Les signes
correction trop rapide qui pourrait entraîner une myélinolyse cliniques généraux et biologiques les plus fréquents sont un
centropontine. En présence d’une insuffisance rénale, l’hémodialyse syndrome inflammatoire systémique, une thrombopénie et une
corrige les désordres hydroélectrolytiques et élimine le glycocolle et anémie persistante, parfois avec une note d’hémolyse intravasculaire
ses métabolites toxiques. Le traitement étiologique peut comporter modérée.
un geste chirurgical sur une rupture capsulaire ou vésicale, égale- Dans un contexte traumatique, toutes les fractures fermées
ment l’évacuation du liquide d’irrigation pour éviter la pérennisa- peuvent être à l’origine d’un syndrome d’embolie graisseuse. Les frac-
tion des symptômes liée à l’absorption chronique de la solution tures du fémur, du tibia, du bassin sont le plus souvent incriminées. Le
d’irrigation. L’existence de formes graves justifie une hospitalisation syndrome d’embolie graisseuse concerne 0,5 à 2 % des patients
en milieu de réanimation par la nécessité d’une ventilation méca- porteurs de fractures des os longs. Les fractures des vertèbres et des
nique prolongée, d’une réanimation métabolique et pour la gestion côtes (notamment au décours de manœuvres de compression thora-
d’un état de choc dont la complexité peut nécessiter un monitorage cique) peuvent également en être responsables. Les embolies
par cathétérisme cardiaque droit. graisseuses médullaires sont secondaires au passage de macroglobules
lipidiques dans les veines drainant le membre lésé. La lésion osseuse
TURP SYNDROM CHEZ LA FEMME crée un gradient de pression extra-intravasculaire. Toute mobilisation
du foyer fracturaire favorise la migration que ce soit lors de la réduc-
Ce syndrome est également décrit chez la femme au décours de tion de la fracture ou de façon intempestive. Il est donc recommandé
résections endoscopiques de fibromes utérins [53]. Les circonstances d’immobiliser tous les foyers fracturaires dès la prise en charge initiale
de survenue sont identiques. Les solutions d’irrigation utilisées, pour du patient.
bien visualiser l’endomètre et évacuer les débris, sont hypotoniques La pratique de l’enclouage centromédullaire précoce des frac-
(glycocolle 1,5 %, sorbitol 3 %). Les pressions d’irrigation sont tures du fémur et du tibia a été encouragée par les bons résultats
élevées pour contrôler le saignement. Pendant l’intervention, des fonctionnels, la diminution des complications d’immobilisation
veines utérines sont ouvertes favorisant ainsi l’absorption du prolongée (maladie thromboembolique, infections nosocomiales,
produit. Plus la chirurgie est longue, plus la surface réséquée est troubles trophiques) et la simplification du nursing. Toutefois, cet
importante, plus le risque de female TURP syndrom est grand. enthousiasme doit être tempéré par la survenue de cas sporadiques
d’embolies graisseuses fulminantes peropératoires ou postopéra-
ORTHOPÉDIE ET TRAUMATOLOGIE toires immédiates. L’échocardiographie transœsophagienne peropé-
ratoire a démontré la réalité du passage des emboles graisseux dans
Les chirurgies orthopédiques et traumatologiques sont domi- les cavités cardiaques droites lors de l’introduction du guide
nées par le souci constant de prévention de la maladie d’alignement, lors de l’enclouage et surtout au cours de l’alésage du
thromboembolique et de l’infection du site opératoire. Le syndrome fût diaphysaire. La série prospective de Pell concerne 24 adultes [55]
d’embolie graisseuse et le syndrome embolique de l’implantation du victimes de fractures du fémur et/ou du tibia bénéficiant d’un
ciment peuvent être à l’origine de complications vitales conduisant enclouage centromédullaire verrouillé selon la technique de Gross et
le patient en réanimation. Kempf dans les 24 heures suivant le traumatisme. L’échocardiogra-
phie transœsophagienne peropératoire permet de distinguer
SYNDROME D’EMBOLIE GRAISSEUSE 3 groupes de patients. Le premier groupe est asymptomatique (14/
24) et concerne des patients porteurs pour la plupart de fractures
En chirurgie orthopédique, le syndrome d’embolie graisseuse a fermées du tibia. Le deuxième groupe (6/24, patients monofracturés
été mis en évidence au cours de différentes procédures : alésage, dont 3 fractures du fémur et 3 fractures du tibia) se caractérise par le
insertion de clous et de queues de prothèses cimentées ou non, passage de petites quantités de matériel échogène de 1 à 10 mm de
ostéotomies de raccourcissement ou d’élongation, ablation de diamètre sans symptomatologie clinique. Les emboles surviennent
prothèses, ostéosynthèse rachidienne et greffe osseuse [54]. Le dans les 10 secondes suivant le début de la réduction de la fracture,
syndrome d’embolie graisseuse postchirurgie orthopédique résulte durant la mise en place du guide et surtout lors de l’alésage et de
de l’obstruction des vaisseaux par des emboles de graisse d’origine l’enclouage. Le troisième groupe (4/24, patients polyfracturés avec
médullaire. Sur le plan anatomopathologique, la coloration par le des fractures bilatérales des fémurs et des tibias) se caractérise par des
noir Soudan ou l’huile rouge révèle une obstruction vasculaire par embolies massives de matériel échogène. Les emboles sont de petite
des dépôts de graisse entourés par des cellules de l’hématopoïèse, des taille (1 à 10 mm de diamètre) et de grande taille (de 1 à 8 cm de
éléments sanguins circulants notamment plaquettaires et du maté- diamètre). Les emboles de grande taille correspondent aux phases
riel fibrinocruorique. Les lipides embolisés sont toxiques pour d’alésage et d’enclouage. Trois patients sur quatre développent un
l’endothélium et les pneumocytes de type II. Il en résulte une activa- syndrome clinique d’embolie graisseuse compliqué pour l’un, d’un
tion plaquettaire, la libération de substances vasoactives, une agres- décès 72 heures plus tard et pour l’autre, d’un SDRA. Chez le patient
sion inflammatoire et une perte de l’intégrité capillaire avec décédé, l’alésage s’est compliqué d’une hypotension artérielle avec
hémorragies, œdème et micro-infarctus. Les emboles sont surtout hypoxémie et chute du CO2 de fin d’expiration. L’alésage a
pulmonaires et aussi systémiques surtout par l’intermédiaire d’un déclenché le passage dans les cavités cardiaques droites d’une quan-
foramen ovale resté ouvert ou redevenu perméable à la faveur de tité massive d’emboles, qui s’est poursuivi pendant 20 minutes après
l’hypertension artérielle pulmonaire. Les localisations systémiques l’interruption de l’alésage. Une insuffisance cardiaque droite aiguë
les plus fréquentes sont cérébrales, oculaires et cutanées, mais tous s’est installée avec ouverture d’un foramen ovale perméable et
les organes peuvent être le siège d’emboles graisseux et un syndrome embolisation systémique. L’autopsie a mis en évidence des globules
de dysfonction multiviscérale peut être observé. Les emboles grais- graisseux dans la microcirculation pulmonaire et systémique,
seux peuvent être visualisés par échocardiographie transœsopha- notamment rénale et cardiaque.
gienne lors de leur passage dans les cavités cardiaques droites. De L’alésage et/ou l’enclouage fémoral centromédullaire entraîne
même, la migration des emboles graisseux au niveau des vaisseaux (nt) un pic sérique d’interleukine-6 [56]. La série de Giannoudis
du cou peut être détectée par l’exploration Doppler. inclut 32 patients victimes de fracture de la diaphyse fémorale
Les formes cliniques fulminantes d’embolie graisseuse sont (isolée ou associée) encloués précocement dans les 12 heures suivant
mortelles. Au niveau pulmonaire, l’embolie graisseuse peut être le traumatisme. Quinze patients sont alésés, dix-sept sont encloués
responsable d’un SDRA gravissime avec dépôts de membranes sans alésage. Tous les patients présentent un syndrome inflamma-
hyalines intra-alvéolaires, hyperperméabilité alvéolocapillaire et toire systémique lié à l’agression traumatique. Dans ce contexte,
44200_Volume4-3 Page 1728 Jeudi, 12. février 2009 2:38 14

1728 Affections et leurs traitements

l’enclouage centromédullaire précoce constitue une deuxième agres- cathéter de Swan-Ganz ou semi-invasif par échocardiographie
sion inflammatoire. Un patient de la série décède d’un SDRA transœsophagienne (ETO). L’ETO, en plus de l’évaluation hémody-
secondaire à une embolie graisseuse 33 heures après l’acte opéra- namique, permet de visualiser le matériel embolique. Tous les
toire. Il était porteur d’une fracture bilatérale fémorale et avait patients opérés ont des emboles visibles dans les cavités cardiaques
bénéficié d’un enclouage centromédullaire précoce bilatéral avec droites avec ou sans retentissement hémodynamique. La taille des
alésage. Il était indemne de contusion pulmonaire. Le profil biolo- emboles n’est pas corrélée au degré de retentissement hémodyna-
gique de ce patient se caractérise par des concentrations sériques très mique [60]. L’intérêt du monitorage hémodynamique est de corriger
élevées d’interleukine-6 et d’élastase en préopératoire et secondaire- une hypovolémie qui participe à l’insuffisance circulatoire,
ment à la chirurgie. Il pourrait exister un facteur de susceptibilité d’authentifier l’HTAP et d’évaluer son retentissement cardiaque,
individuelle vis-à-vis du risque d’embolie graisseuse fulminante. d’optimiser les traitements pour rétablir rapidement la pression de
Dans un modèle expérimental de choc hémorragique et de contu- perfusion des organes. En postopératoire, la réanimation est
sion chez la brebis, l’enclouage avec ou sans alésage entraîne une symptomatique : stabilisation de l’état circulatoire et correction de
hyperperméabilité alvéolaire. L’alésage est un facteur de gravité l’hypoxémie. L’abandon du ciment dans les arthroplasties doit
supplémentaire. La mise en place de plaques ne génère pas cette permettre de diminuer l’incidence de cette complication. Par contre,
complication [57]. la pratique des vertébroplasties avec injection de méthacrylate dans
Les bases actuelles de la prévention du syndrome d’embolie le corps vertébral de vertèbres fracturées amène à la publication de
graisseuse sont la réduction et l’immobilisation précoces des frac- nouveaux cas.
tures, l’optimisation de la réanimation symptomatique et de
l’analgésie. De fait, l’incidence des embolies graisseuses post-trauma- NEUROCHIRURGIE
tiques a diminué. Toutefois, l’indication de l’enclouage précoce en
première intention de toutes les fractures d’un polyfracturé doit être POSITION ASSISE ET EMBOLIE GAZEUSE
discutée en particulier en cas de fracture fémorale diaphysaire bilaté-
rale. Cette discussion doit tenir compte de l’association ou non à La position assise facilite la chirurgie de la fosse postérieure.
une lésion pulmonaire préopératoire qui doit être recherchée par la Cette position peut induire une instabilité hémodynamique et la
tomodensitométrie thoracique (contusion et/ou pneumopathie survenue d’une embolie gazeuse (EG). La présence d’une brèche
d’inhalation et/ou embolie graisseuse) et/ou par la mise en évidence veineuse et d’une pression négative à ce niveau, en raison du
d’une hypoxémie liée à un shunt intrapulmonaire. La discussion gradient de pression qui existe entre la tête et l’oreillette droite en
doit porter sur la stratégie chirurgicale de l’immobilisation position assise, favorise l’EG [61]. L’incidence est variable selon la
fracturaire : précoce ou différée, en un ou deux temps, enclouage ou sensibilité des techniques de détection employées : de l’ordre de 25 à
non, alésage ou non. En cas d’apparition peropératoire de signes 50 % avec le Doppler précordial et de 76 % avec l’échographie
d’embolie graisseuse (hypotension artérielle, cœur pulmonaire aigu, transœsophagienne (ETO).
hypoxémie et/ou chute du CO2 en fin d’expiration), l’intervention Les répercussions circulatoires vont de quelques bulles asympto-
doit être immédiatement interrompue et une réanimation sympto- matiques détectées par ETO jusqu’au blocage mécanique de l’artère
matique entreprise. Pour prévenir le syndrome d’embolie graisseuse, pulmonaire et même du ventricule droit. Des répercussions respira-
les gestes bilatéraux en chirurgie orthopédique programmée sont toires peuvent apparaître de façon différée postopératoire sous la
déconseillés par la plupart des auteurs. forme d’un œdème pulmonaire de type lésionnel [62]. L’HTAP,
responsable d’une inversion du gradient de pression entre les deux
SYNDROME EMBOLIQUE DE L’IMPLANTATION DU CIMENT oreillettes, favorise l’ouverture du foramen ovale et la survenue
d’embolies paradoxales. Elles se traduisent au niveau cardiaque par
L’arthroplastie, avec implantation d’une prothèse cimentée, est une ischémie myocardique et au niveau cérébral par des convul-
une intervention fréquente particulièrement chez le sujet âgé. Le sions, un retard de réveil ou un déficit neurologique focalisé.
syndrome embolique, qui survient au moment de l’implantation du L’incidence de ces embolies paradoxales est d’autant plus élevée que
ciment et de l’insertion de la prothèse, associe hypotension arté- l’EG est grave [63].
rielle, hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) et hypoxémie [58]. La détection peropératoire fait appel à différentes techniques
Le syndrome est la conséquence hémodynamique d’une embolie de [64]. L’ETO est la plus sensible mais sa réalisation n’est pas toujours
moelle osseuse, de graisse, de ciment (particules de méthylmétha- facile au bloc opératoire et nécessite un opérateur entraîné. Le
crylate), de matériel fibrinocruorique et d’air. L’embolisation est Doppler précordial semble le mieux adapté et le plus sensible après
secondaire à une élévation de la pression intramédullaire avec chasse l’ETO. Il se place entre les 3e et 6e espaces intercostaux droits. Il
du contenu médullaire vers le système vasculaire. Le syndrome est décèle des bulles de l’ordre de 0,5 ml sans répercussion clinique. La
sans rapport avec la présence sérique et d’éventuels effets toxiques détection d’une augmentation des pressions pulmonaires, par
du monomère méthylméthacrylate [59]. cathéter de Swan-Ganz pendant l’intervention, est un argument en
Les conséquences hémodynamiques sont celles d’une HTAP faveur de la survenue d’une EG. Ce cathéter permet, par là même,
avec insuffisance ventriculaire droite aiguë responsable, par le d’évaluer le retentissement de l’HTAP sur le cœur droit et le cœur
phénomène d’interdépendance ventriculaire, d’un dysfonctionne- gauche. La diminution du CO2 en fin d’expiration est un élément
ment du ventricule gauche : trouble du remplissage puis trouble de supplémentaire pour l’EG, mais son interprétation est rendue diffi-
la fonction systolique avec baisse du débit cardiaque, diminution de cile en présence d’une défaillance circulatoire.
la perfusion coronaire et donc ischémie myocardique. Les accidents La prévention préopératoire consiste à réaliser une ETO systé-
peropératoires rapportés sont des arrêts cardiaques brutaux, des matique et à contre-indiquer les patients porteurs d’un foramen
collapsus, des troubles de la conduction cardiaque, des embolies ovale perméable. Pendant l’intervention, il est recommandé de
systémiques paradoxales. Ce syndrome est transitoire, la récupéra- placer une voie veineuse centrale et de surveiller la PVC. Il faut
tion est habituellement rapide avec normalisation des pressions corriger toute hypovolémie qui augmenterait le gradient de pression.
pulmonaires en moins de 24 heures. Concernant les emboles grais- La mise en place d’une PEP n’est pas indiquée car elle diminue le
seux, le phénomène de passage, à travers les vaisseaux pulmonaires retour veineux et ne ferait qu’aggraver l’instabilité hémodynamique
vers la circulation centrale, explique la réversibilité de l’HTAP et la secondaire à la position assise. Il faut éviter l’usage du protoxyde
présence de graisse dans le cœur, les reins et le cerveau. Ce phéno- d’azote qui pourrait augmenter la taille des bulles.
mène permet d’expliquer les syndromes confusionnels observés En cas d’EG grave, il faut ventiler le patient à 100 % d’oxygène.
après ce type de chirurgie. Le chirurgien doit appliquer des compresses mouillées sur le champ
Les accidents graves surviennent sur une population à risque opératoire pour supprimer la brèche. Pour traiter l’insuffisance
élevé. Deux facteurs de risque sont à prendre en compte : une HTAP ventriculaire droite, il faut supprimer l’air. Il peut être aspiré par la
préalable qui limite la réserve cardiopulmonaire (cœur pulmonaire voie veineuse centrale et les bulles peuvent être fragmentées par un
chronique) et une insuffisance coronaire. La prévention de ces acci- massage cardiaque externe. La table opératoire doit pouvoir se
dents graves passe par le dépistage des patients à risque élevé et le remettre en position horizontale rapidement pour supprimer le
choix de la technique chirurgicale en conséquence : prothèse gradient de pression tête-cœur. Enfin, d’après la conférence de
cimentée ou non, intervention uni- ou bilatérale. Le lavage du consensus de médecine hyperbare (Lille, 1994), l’oxygénothérapie
contenu médullaire à haute pression et à haut-débit, pour réduire la hyperbare est fortement recommandée (recommandation de type 1)
charge embolique, est proposé par certaines équipes. Il est important dans le traitement de l’embolie gazeuse quelle que soit sa symptoma-
de surveiller les patients à risque élevé : pression veineuse centrale tologie. Son efficacité est inversement proportionnelle au délai de sa
au minimum, mais surtout monitorage hémodynamique invasif par mise en œuvre.
44200_Volume4-3 Page 1729 Jeudi, 12. février 2009 2:38 14

Complications périopératoires 1729

DIABÈTE INSIPIDE ET CHIRURGIE HYPOPHYSAIRE [18] Auroy Y, Narchi P, Messiah A et al. Serious complications related to regional
anesthesia : results of a prospective survey in France. Anesthesiology 1997, 87
La fréquence de survenue du diabète insipide est variable selon (3) : 479-486.
[19] Auroy Y, Benhamou D, Bargues I et al. Major complications of regional anes-
les séries, les opérateurs et les techniques opératoires [65]. Il survient thesia in France. The SOS regional hotline service. Anesthesiology 2002, 97
le plus souvent durant les 24 premières heures postopératoires, mais (5) : 1274-1280.
il peut apparaître parfois de façon plus retardée de quelques jours [20] Weinberg G. Lipid Infusion resuscitation for local anesthetic toxicity : proof
of clinical efficacy. Anesthesiology 2006, 105 (1) : 7-8.
voire semaines. Il est le plus souvent transitoire. Il n’apparaît que [21] Foxall G, McCahon R, Lamb J et al. Levobupivacaine-Induced seizures and
pour une perte d’environ 75 % de la sécrétion d’hormone cardiovascular collapse treated with Intralipid. Anaesthesia 2007, 62 (51) :
antidiurétique. 516-518.
[22] Rosenblatt MA, Abel M, Fischer GW et al. Successful use of a 20 % lipid emul-
Il s’agit d’une polyurie hypotonique et inadaptée. Il se définit sion to resuscitate a patient after a presumed bupivacaine-related cardiac
par l’association d’une diurèse horaire supérieure à 100 ml/h, une arrest. Anesthesiology 2006, 105 (1) : 217-218.
[23] Litz RJ, Popp M, Stehr SN et al. Successsfull resuscitation of a patient with
densité urinaire inférieure à 1 005 et une natrémie supérieure à ropivacaine-Induced asystole after axillary plexus block using lipid Infusion.
142 mmol/l. Le dosage de l’osmolalité urinaire et plasmatique est Anaesthesia 2006, 61 (8) : 800-801.
utile chaque fois que le diagnostic est difficile. Il faut le différencier [24] Zaric D, Christiansen C, Pace NL et al. Transient neurologic symptoms (TNS)
following spinal anaesthesia with lidocaine versus other local anaesthetics.
des polyuries osmotiques et d’entraînement. Les polyuries osmoti- Cochrane Database Sys Rev 2007.
ques ont une densité urinaire élevée supérieure à 1 010. Elles sont le [25] Moen V, Dahlgren N, Irestedt L. Severe neurological complications after
fait de l’utilisation de substances osmotiquement actives employées central neuraxial blockades In Sweden1990-1999. Anesthesiology 2004, 101
(4) : 950-959.
en neurochirurgie telles que le mannitol, des produits de contraste [26] Aromaa U, Lahdensuu M, Cozanitis D. Severe complications associated with
iodés et/ou de l’hyperglycémie. L’association d’un diabète sucré et epidural and spinal anesthesia in Finland 1987-1993. A study based on insu-
d’un diabète insipide pose un problème diagnostique qui ne se rance claims. Acta Anesthesiol Scand 1997, 41 : 445-452.
[27] Baer ET. Post-dural puncture bacterial meningitis. Anesthesiology 2006, 105
résout qu’après correction de la glycosurie. (2) : 381-393.
Les polyuries d’entraînement sont le plus souvent iatrogènes, [28] Jack T. Post-partum intracranial subdural haematoma. A possible complica-
liées à une charge hydrique excessive. La densité urinaire est basse, tion of epidural analgesia. Anaesthesia 1979, 34 : 176-180.
[29] Cheney FW, Domino KB, Caplan RA et al. Nerve injury associated with
mais la natrémie est inférieure à 140 mmol/l. Une épreuve de restric- anesthesia : a closed claims analysis. Anesthesiology 1999, 90 (4) : 1062-1069.
tion hydrique arrête la polyurie. [30] Gould DB, Cunningham K. Internal carotid dissection after remote surgery.
Iatrogenic complications of anesthesia. Stroke 1994, 25 (6) : 1276-1278.
Le traitement comprend deux parties : le traitement substitutif [31] Wilder BC; Hypothesis : the etiology of midcervical quadriplegia after opera-
hormonal et une réanimation hydroélectrolytique. La desmopres- tion with the patient in the sitting position. Neurosurgery 1982, 11 (4) : 530-
sine (Minirin) est le traitement de choix par voie nasale ou sous- 531.
[32] Amoiridis G, Wohrle JC, Langkafel M et al. Spinal cord infarction after
cutanée. La posologie est adaptée au débit et à la densité urinaire. surgery in a patient in the hyperlordotic position. Anesthesiology 1996, 84
Elle est de l’ordre de 2 à 6 μg/24 heures en deux prises. La polyurie (1) : 228-230.
est responsable d’un déficit en eau qu’il faut compenser. Soit le [33] Ferreira TA, Pensado A, Dominguez L et al. Compartment syndrome with
severe rhabdomyolysis in the postoperative period following major vascular
patient est conscient et exprime sa soif, le déficit est alors compensé surgery. Anesthesia 1996, 51 (7) : 692-694.
par les boissons. Dans le cas contraire, il est compensé par les perfu- [34] Kawaguchi M, Sakamoto T, Onishi H et al. Pharyngeal packs can cause
sions. Pour éviter toute erreur dans les apports, il est nécessaire massive swelling of the tongue after neurosurgical procedure (letter). Anesthe-
siology 1995, 83 (2) : 434-435.
d’avoir un recueil fiable des urines. Le sondage vésical est parfois [35] Roth S, Thisted RA, Erickson JP et al. Eyes injuries after nonocular surgery. A
nécessaire. Il faut s’aider de la pesée quotidienne du patient, répéter study of 60965 anesthetics from 1988 to 1992. Anesthesiology 1996, 85 (5) :
les bilans sanguins : natrémie, densité urinaire, osmolalité et 1020-1027.
[36] Bakra YK, Bali IM. Corneal abrasions during general anesthesia. Anesth Analg
s’assurer de l’absence de glycosurie. La correction du déficit doit se 1997, 56 (3) : 363-365.
faire lentement en évitant toute variation brutale de la natrémie par [37] Mac Cordick C, Lecuru F, Rizk E et al. Morbidity in lapaoscopic gynecological
surgery. Results of a prospective single-center study. Surg Endosc 1999, 13 : 57-
l’emploi d’un soluté hypotonique dépourvu de sel tel que le glucosé 61.
à 2,5 %. La survenue d’une inflation hydrique n’est pas rare par un [38] Delafosse B, Cottin V, Motin P. Embolie gazeuse en chirurgie endoscopique :
apport inadapté alors que le diabète insipide cesse. Une restriction monitorage et prévention. Encyclopédie Médico-Chirurgicale. Traité d’Anesthésie
Réanimation. Elsevier, Paris 1994, 36-568-A-10.
hydrique s’impose alors ainsi que la suspension du traitement [39] van Der Werff YD, van Der Houwen HK, Heijmans PJM et al. Postpneumo-
substitutif. nectomy edema. A prospective analysis of incidence and possible risk factors.
Chest 1997, 111 (5) : 1278-1284.
[40] Boyd O, Lamb G, Mackay CJ et al. A comparaison of the efficacy of dopexa-
mine and dobutamine for increasing oxygen deliver y to high-risk surgical
patients. Anaesth Intensive Care 1995, 23 : 478-484.
RÉFÉRENCES [41] Welch M, Newstead CG, Smyth JV et al. Evaluation of dopexamine hydro-
chloride as a renoprotective agent during aortic surger y. Ann Vasc Surg 1995,
[1] Lunn JN. Preventable anesthetic mortality and morbidity. Report of an inter- 9 (5) : 488-492.
national symposium. Anaesthesia 1985, 40 : 79-84. [42] Gelman S. The physiopathology of aortic clamping and unclamping. Anes-
[2] Cohen MM, Duncan PG, Pope WD et al. The Canadian four-centre study of thesiology 1995, 82 (4) : 1026-1060.
anaesthetic outcomes : II. Can outcomes be used to assess the quality of anes- [43] Vincent JL, Anassie E, Bruining H et al. Epidemiology, diagnosis and treat-
thesia care. Can J Anaesth 1992, 39 : 430-439. ment of systemic Candida infection in surgical patients under intensive care.
[3] Le Gall JR, Lemesshow S, Saulnier F. A new simplified Acute Physiology Score Intensive Care Med 1998, 24 : 206-216.
(SAPS II) based on a European/North American multicenter study. JAMA [44] Katsuta T, Saito T, Shigemitsu Y et al. Relation between tumor necrosis factor
1993, 270 : 2957-2963. alpha and interleukine 1 béta producing capacity of peripheral monocytes
[4] Lienhart A, Auroy Y, Pequignot F et al. Survey of Anesthesia-related mortality and pulmonary complications following œsophagectomy Br J Surg 1998, 85 :
in France. Anesthesiology 2006, 105 (6) : 1087-1097 548-553.
[5] Tiret L, Desmonts JM, Hatton F et al. Complications associated with anaes- [45] Schilling MK, Gassmann N, Sigurdsson GH et al. Role of thromboxane and
thesia-a prospective survey in France. Can Anaesth Soc J 1986, 33 : 336-344. leukotriene B4 in patients with acute respiratory distress syndrome after
[6] Auroy Y, Laxenaire M, Clergue F et al. Anesthésies selon les caractéristiques oesophagectomy. Br J Anaesth 1998, 80 : 36-40.
des patients, des établissements et de la procédure associée. Ann Fr Anesth [46] Theaker NJ, Brady PW, Fisher MM. Postoesophagectomy mediastinal chylo-
Reanim 1998, 17 (11) : 1311-1316. thorax causing upper airway obstruction misdiagnosed as asthma. Chest
[7] Cheney F. The American Society of Anesthesiologists Closed Claims Project. 1997, 111 (4) : 1126-1128.
What have we learned, how has it affected practice and how will it affect [47] Montravers P, Lepers S, Popesco D. Réanimation des sepsis intra-abdominaux
practice in the future ? Anesthesiology 1999, 91 : 552-556. après intervention chirurgicale. Presse Med 1999, 28 (4) : 196-202.
[8] Hepner DL, Castells MC. Anaphylaxis during the perioperative period. Anesth [48] Milla B, Guillon F. Traitement chirurgical des péritonites. Med Mal Infect 1995
Analg 2003, 97 (5) : 1381-1395. (Spécial) : 134-143.
[9] Mertes PM, Laxenaire MC, Alla F, Groupe d’études des réactions anaphylac- [49] Chalfine A, Carlet J, Dazza FE. Traitement antibiotique des péritonites. Med
toïdes peranesthésiques. Anaphylactic and anaphylactoid reactions occuring Mal Infect 1995 (Spécial) : 127-133.
during anesthesia in France in 1999-2000. Anesthesiology 2003, 99 (3) : 536- [50] Tauzin-Fin P, Sanz L. Le syndrome de résection transuréthrale de prostate.
545. Ann Fr Anesth Reanim 1992, 11 : 168-177.
[10] Dewachter P, Jouan-Hureaux VM, De Talance N et al. Anaphylactic shock : a [51] Jensen V. The TURP syndrome. Can J Anaesth 1991, 38 (1) : 90-97.
form of distributive shock without inhibition of oxygen consumption. Anes- [52] Mahul P, Molliex S, Auboyer C et al. Role neurotoxique du glycocolle et de ses
thesiology 2005, 103 (1) : 40-49. dérivés au cours de la résection transuréthrale de la prostate. Ann Fr Anesth
[11] Rosenberg H, Davis M, James D et al. Malignant hyperthermia. Orphanet J Reanim 1993, 12 : 512-514.
Rare Dis 2007, 2 (21) : 1186-1256. [53] Agraharkar M, Agraharkar A. Posthysteroscopic hyponatremia : evidence for
[12] SFAR 2007. Hyperthermie maligne de l’anesthésie. http://www.sfar.org a multifactorial cause. Am J Kidney Dis 1997, 30 (5) : 717-719.
[13] MHAUS 2007. Emergency therapy for malignant hyperthermia. http:// [54] Estebe JP. Des emboles de graisse au syndrome d’embolie graisseuse. Ann Fr
www.mhaus.org. Anesth Reanim 1997, 16 : 138-151.
[14] Burkman JM, Posner KL, Domino KB et al. Analysis of the clinical variables [55] Pell AC, Christie J, Keating JF et al. The detection of fat embolism by transoe-
associated with recrudescence after malignant hyperthermia reactions. Anes- sophageal echocardiography during reamed intramedullar y nailing : a study
thesiology 2007, 106 (5) : 901-906 of 24 patients with femoral and tibial fractures. J Bone Joint Surg Br 1993, 75-
[15] European Malignant Hyperthermia Group. http://www.emhg.org B : 921-925.
[16] SFAR 2006. Les blocs périmédullaires chez l’adulte. Recommandations de [56] Giannoudis PV, Smith RM, Bellamy MC et al. Stimulation of the inflamma-
pratique clinique. http://www.sfar.org tory system by reamed and reamed nailing of femoral fractures. An analysis
[17] Lee LA, Posner KL, Domino KB et al. Injuries associated with regioal anes- of the second hit. J Bone Joint Surg Br 1999, 81-B : 356-361.
thesia in the 1980s and 1990s. A closed claims analysis. Anesthesiology 2004, [57] Pape HC, Bartels M, Pohlemann T et al. Coagulopathy response after femoral
101 (1) : 143-152. instrumentation after sevre trauma in sheep. J Trauma 1998, 45 : 720-728.
44200_Volume4-3 Page 1730 Jeudi, 12. février 2009 2:38 14

1730 Affections et leurs traitements

[58] Byrick RJ. Ciment Implantation syndrome : a time limited embolic pheno- [62] Frimm DM, Wollman L, Evans AB et al. Acute pulmonary edema after low-
mena. Can J Anaesth 1997, 44 (2) : 107-111. level air embolism during craniotomy. J Neurosurg 1996, 85 : 937-940.
[59] Elmaraghy AW, Humeniuk B, Anderson GI et al. The role of methylmeta- [63] Mammoto T, Hayashi Y, Ohnishi Y et al. Incidence of venous and paradoxical
crylate monomer in the formation and haemodynamic outcome of air embolism in neurosurgical patients in the sitting position : detection by
pulmonary fat emboli. J Bone Joint Surg-Brit 1998, 80 (1) : 156-161. œsophageal echocardiography. Acta Anaesthesiol Scand 1998, 42 (6) : 643-647.
[60] Berman AT, Parmet JL, Harding SP et al. Emboli observed with use of transoeso- [64] Porter JM, Pidgeon C, Cunningham AJ. The sitting position in neurosurger y :
phageal echocardiography immediately after tourniquet release during total a crucial appraisal. Br J Anaesth 1999, 82 : 117-128.
knee arthroplasty with cement. J Bone Joint Surg-Amer 1998, 80 (3) : 389-396. [65] Rocchiccioli C, Szekely B, Fischler M. Chirurgie de l’hypophyse. Encyclopédie
[61] Ravussin P, Boulard G. Anesthésie-réanimation en neurochirurgie. Encyclo- Médico-Chirurgicale. Traité d’Anesthésie Réanimation. Elsevier, Paris 1997 : 36-
pédie Medico-Chirurgicale. Traité d’Anesthésie Réanimation. Elsevier, Paris 1993, 614-A-10.
36-613-B-10.

Vous aimerez peut-être aussi