Construction des pratiques littéraires dans l'Histoire
o Christine Ferlampin-Acher Tél : 02.99.14.15.59
christine.ferlampin-acher@univ-rennes2.fr
L'axe 3 est composé de :
La spécificité de cet axe consiste dans l’approche du fait littéraire comme
pratique esthétique inscrite dans le champ social (compris au sens large de modèles et de valeurs culturels) dans une perspective diachronique (Moyen Âge, XVIIIe et XX-XXIe siècles).
Par « constructions », on entend les stratégies textuelles mises en œuvre
pour obtenir une dignité et/ou un impact social du littéraire. La littérature du Moyen Âge se constitue par la promotion du français face au latin comme langue du savoir, par la légitimation d’une « publicité » de la parole dans la poésie lyrique comme dans le théâtre profane ou religieux, par le biais d’un engagement idéologique et d’une récupération mythique dans le cas de la littérature arthurienne. La littérature de femmes au siècle des Lumières investit un domaine dominé par le masculin au XVIIIe siècle ; la littérature au tournant du XXIe siècle est confrontée à une « perte de maîtrise » (Roland Barthes), c’est-à-dire à la remise en cause de son autorité culturelle au profit d’autres disciplines ou secteurs médiatiques.
Les modalités d’investissement du champ social par le littéraire ou
inversement du social dans la littérature constituent notre domaine d’études : investissement et détournement de modèles extra-littéraires (réinvestissement subversif des modèle religieux et historiques dans la fiction arthurienne, inclusion du savoir encyclopédique, appropriation de démarches et de compétences exogènes – psychanalyse, ethnologie, sociologie – tout au long du XXe siècle), inscription du littéraire dans la société avec les pratiques théâtrales médiévales et avec les manipulations idéologiques induites par la littérature arthurienne, engagement politique, éthique, religieux, scientifique avec les textes d’éducation des femmes ou la littérature encyclopédique, implication de l’écrivain contemporain dans la collectivité, depuis la posture prestigieuse du maître à penser jusqu’à celle plus humble du médiateur de paroles, via celles du témoin privilégié et de l’écrivain engagé. La recherche littéraire croise ici l’histoire des idées (dans son sens le plus large).
Cependant on sait que les pratiques littéraires cherchent aussi à se
construire comme champ autonome et autosuffisant : réécritures des modèles textuels dans le jeu de la translatio médiévale ou de l’intertextualité moderne, pratique de l’auto-réflexivité, revendication d’une autonomie de la fiction (roman arthurien, romans modernes ou de l’après- modernité) et d’une subjectivité toujours problématique. Ces stratégies visant à construire une autosuffisance du texte ont assez souvent été étudiées. Le projet est ici d’analyser, paradoxalement, leur historicité. Il s’agit dans cette perspective d’explorer la manière dont le texte construit une représentation de sa propre pratique à travers son esthétique et sa dimension métatextuelle, à partir d’un état donné de la littérature, des mentalités, de l’histoire. On s’intéressera dans cette perspective au statut du texte, aux figures de l’auteur, dans son émanation à la fois textuelle et historique (à travers par exemple le clerc, la femme de lettres, le romancier, l’historien, le sujet problématique) et parallèlement au problème des lecteurs/auditeurs/spectateurs.
Liste des membres permanents du CELAM participant à cet axe