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Même si vous avez fait le choix de poursuivre vos études supérieures dans le cadre
d'un lycée, il faut vous convaincre qu'en entrant en hypokhâgne, vous entrez du même coup
dans la vie estudiantine.
Etre un étudiant, — et non plus seulement un élève — c'est prendre en mains ses
propres études, et donc devenir autonome quand, jusque-là, vous attendiez de vos
professeurs ou de l'institution scolaire qu'ils fixent pour vous le rythme, les méthodes et les
objets de vos travaux.
Certes, l'avantage des classes préparatoires, c'est qu'elles maintiennent en partie le
cadre scolaire et continuent donc de vous apporter conseils et appui dans l'organisation de
votre travail. Pour autant, ce qui doit l'emporter pour travailler dans l'esprit qui est celui de
ces classes — et en philosophie plus encore que dans les autres disciplines —, c'est la
curiosité intellectuelle, le goût de la lecture, l'intérêt pris aux idées, la réflexion constante
(et donc aussi le retour critique sur vos propres pensées).
La meilleure façon de vous préparer dès à présent aux deux années qui vous
attendent, c'est donc de développer, de cultiver cette curiosité, ces goûts, ces intérêts. En
donnant la priorité à ceux qui se sont trouvés déjà éveillés dans les années qui précèdent et
qui font que vous regrettez de ne pas avoir pu vous intéresser de plus près à tel courant
littéraire ou artistique, à telle question débattue dans le domaine éthique ou politique, à
telle question plus proprement philosophique.
Et si rien, en ces matières, n'a jusqu'ici sollicité votre attention, alors il est grand
temps d'ouvrir les yeux et les oreilles et de vous passionner pour les idées contemporaines
et les questions du temps, quel qu'en soit le domaine : droit, mœurs, art, religion, réflexion
sur la science, questions de société, etc.
Le premier conseil qu'il convient de vous donner est donc de lire : la presse (par
exemple les pages « débats » des grands quotidiens ou les dossiers constitués par tel ou tel
hebdo sur quelque grande question). Plus encore : des journaux ou des revues, mensuels ou
bimestriels, comme Le Débat, Esprit, Le monde diplomatique, le Magazine littéraire, Sciences
humaines, etc. Vous pouvez, dans le même esprit, vous intéresser de plus près aux
émissions culturelles d'une chaîne comme Arte ou prendre l'habitude d'écouter France
culture (98.00 FM). Mais vous pouvez aussi très bien saisir l'occasion des vacances pour
prendre enfin le temps d'aller au musée ou de visiter une exposition (quand ceux-ci seront
rouverts...).
Vous pouvez aussi chercher en librairie, dans des collections de poche, des livres qui
vous permettront de vous initier à des courants théoriques, critiques, esthétiques,
philosophiques, dont vous avez éventuellement entendu parler et que vous aimeriez
connaître d'un peu plus près : approfondir votre information sur la psychanalyse, la
sémiotique, comprendre ce que l'on a appelé le structuralisme, vérifier ce que l'on entend
par « bioéthique », etc.
Il convient, de ce point de vue, de ne pas vous laisser arrêter par les barrières
disciplinaires. L'une des missions de la khâgne est précisément de les mettre en question :
la lecture approfondie de Proust (A la recherche du temps perdu) vous aidera à mieux
réfléchir sur le temps, en philosophie. Vous intéresser au théâtre ou à la danse
contemporaine présente un intérêt pour qui veut réfléchir sur le corps. Lire quelque article
sur l'architecture contemporaine peut alimenter des réflexions sur la forme, etc.
Et surtout, vous pouvez dès à présent choisir de lire quelques textes dans votre
manuel « Lire les philosophes » de G. Chomienne : il s’agit d’œuvres complètes courtes ou
de parties cohérentes d’ouvrages, ce qui constitue une excellente introduction à la lecture
philosophique. Il sera disponible à la bibliothèque du lycée.
Bref : n'oubliez surtout pas que la curiosité, loin d'être un vilain défaut, est au
contraire une grande vertu. En cette période de vacances, n'hésitez pas à butiner : ouvrir,
feuilleter telle revue ou tel livre, en bibliothèque ou en librairie, pour découvrir des
domaines et des thèmes dont vous n'aviez pas idée et qui pourraient vous passionner.
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Cela dit, il convient de vous soucier plus proprement de ce que l'on attend de vous en
philosophie, en considérant cette fois la discipline dans son sens strict.
Quel que soit le rapport que vous avez entretenu avec cette discipline en terminale, il
est prudent de ne pas se séparer de son ou de ses manuels. Il est conseillé de retravailler les
chapitres du cours qui vous ont plus particulièrement intéressé ou que vous n'avez pas eu
le temps d'approfondir. De relire d'un œil neuf les œuvres préparées pour l'oral. Partant
du principe qu'il vaut mieux approfondir ce que l'on sait déjà que de multiplier sans
cesse les objets nouveaux.
Vous avez aimé qu'on vous parle de Nietzsche en terminale ? Profitez-en pour le lire...
On a évoqué Jonas et son Principe responsabilité ? Lisez donc Le concept de Dieu après
Auschwitz (éd. Rivages poche). Platon vous a intrigué, tout en vous restant un peu
hermétique ? Lisez tranquillement, pour le plaisir, un dialogue comme le Ménon ou le
Gorgias ! Vous avez entendu parler de Kierkegaard et ne savez rien de lui ? Lisez au moins
l'article que lui consacre l'Encyclopedia universalis, et procurez-vous l'un de ses textes.
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Pour ceux qui souhaitent, pour finir, une bibliographie plus clairement indicative et un
peu plus consistante, voici quelques-uns des textes par lesquels vous pouvez commencer.
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE :
Pour disposer d'un outil de travail qui couvre toute l'histoire de la philosophie, on
peut conseiller : De la Renaissance à la postmodernité, de Gilbert Hottois (Debœck
Université).
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