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LES CONTOURS DE LA COMMUNICATION SOCIALE

(Cours du Docteur François Marc MODZOM)

Ce cours a pour objectif pédagogique de faire comprendre clairement le


champ d’application (ou domaine de définition) de la communication sociale, en
évitant la confusion avec les autres formes de communication.

A- Les nuances entre l’Information et la Communication

Avant d’aller plus loin dans nos échanges, je voudrais m’assurer de la


bonne différenciation entre la notion d’information et celle de communication.
De la confusion entre ces deux notions découlent souvent des quiproquos
théoriques, sources de nombreuses incompréhensions.

L’information, nous l’avons déjà relevé, se déroule à sens unique, entre un


émetteur A et un récepteur B, sans effet retour ou feed-back. Par exemple, les
informations servies à un public à travers un radiojournal n’attendent pas une
réaction dudit public. Même si ces informations suscitent des réactions, ces
réactions ne sont ni indispensables, ni même nécessaires pour l’accomplissement
de la tâche en question. C’est pourquoi l’on a tendance à qualifier l’information
de « totalitaire » et de « tyrannique », car, à priori, la seule « vérité » qui compte
est celle de l’auteur de ladite information. Celle-ci est donc plus ou moins subie
par le public, qui n’a pas d’autre choix que de la consommer. Il n’y a donc pas
égalité entre l’émetteur et le récepteur. La relation entre les deux est verticale.
Pour que l’équilibre soit rétabli, il faudrait susciter la réaction du récepteur.
C’est cette réaction qui donne corps et sens à la notion de communication. La
communication est donc un échange plus ou moins équilibré entre l’informateur
et l’informé, entre l’émetteur et le récepteur.

B- L’invalidité du « tout communicationnel »


En évoquant très sommairement la notion du tout communicationnel de
l’Ecole de Palo Alto dans le cours introductif, je voulais vous faire percevoir la
grande complexité que revêt la notion de communication. En effet, pour l’Ecole
de Palo Alto, puisque « tout est communication », tout fait sens en matière de
communication : une voiture garée en travers de la route, une fourmi dans un
verre de lait, un œuf cassé sur le trottoir, une femme qui rit seule en route, etc.
Le problème avec l’Ecole de Palo Alto, c’est que le sens d’un élément de
communication peut varier d’un sujet à un autre. Le binôme encodage-décodage
est inexistant, et peut donc créer des confusions dans l’interprétation du
message. Par exemple, la voiture garée en travers de la route peut signifier
« attention, il ne faut pas avancer car la route n’est pas bonne plus loin ». Mais
elle peut aussi signifier « je suis en panne, aidez-moi » ou encore « arrêtez-vous
pour que des braqueurs vous attaquent ». La fourmi dans un verre de lait peut
signifier (moi, la fourmi, je me suis noyé », ou « moi, le verre qui contient ce
lait, ne suis pas propre », ou encore « moi, le lait que contient ce verre de lait, je
suis empoisonné ». L’œuf cassé sur le trottoir peut être tombé accidentellement
d’une alvéole portée par un enfant imprudent, mais il peut aussi révéler une
pratique traditionnelle ou mystique. Enfin, la femme qui rit en marchant seule
peut être une folle, une personne normale qui se souvient d’une histoire drôle,
ou une férue des TIC écoutant une scène amusante d’un film à l’aide
d’écouteurs invisibles. Ce mode de communication polysémique, que l’on peut,
certes, retrouver dans toutes les scènes de la vie réelle, n’est pas dans notre
champ d’observation.

Nous évacuons également de notre champ d’autres modes de


communication tels que la communication onirique (à travers les rêves), la
communication phatique (qui consiste à mettre sur la même longueur d’ondes
deux personnes ou groupes de personnes à travers, par exemple, l’expression
« allo » pour établir une conversation téléphonique), la communication poétique
ou romantique (qui appelle le partage de la même sensibilité ou intuition entre
les êtres communicants), la communication mystique (à travers les esprits), la
communication technologique (par exemple entre deux machines grâce à une
adresse ip, ou encore, plus globalement, le réseau internet), etc.

C- Le champ d’application de la communication sociale

La communication qui nous intéresse ici est la communication sociale,


celle qui se déroule entre deux individus ou groupes d’individus, au travers de
moyens naturels, traditionnels ou technologiques. Les moyens naturels
concernent par exemple les voix et les gestes humains, les expressions faciales,
etc. Les moyens traditionnels s’appliquent par exemple à des instruments tels
que le tamtam d’appel, le tambour, le balafon, le langage de la fumée chez les
Indiens d’Amérique, etc. Les moyens technologiques, enfin, s’appliquent aux
moyens de communication modernes que sont la radio, la télévision la presse
imprimée, la presse en ligne et autres nouveaux médias tels que les médias
sociaux. Ces moyens de communication technologiques feront l’objet d’une
attention particulière pendant nos échanges. On les appelle encore « mass
medias », ou moyens de communication de masse. Grâce aux prouesses
technologiques, ils s’adressent à un nombre très élevé de personnes, encore
appelées cibles, destinataires ou récepteurs. Leurs spécificités, avantages et
inconvénients feront l’objet de notre prochain cours.

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