Ce cours a pour objectif pédagogique de faire comprendre clairement le
champ d’application (ou domaine de définition) de la communication sociale, en évitant la confusion avec les autres formes de communication.
A- Les nuances entre l’Information et la Communication
Avant d’aller plus loin dans nos échanges, je voudrais m’assurer de la
bonne différenciation entre la notion d’information et celle de communication. De la confusion entre ces deux notions découlent souvent des quiproquos théoriques, sources de nombreuses incompréhensions.
L’information, nous l’avons déjà relevé, se déroule à sens unique, entre un
émetteur A et un récepteur B, sans effet retour ou feed-back. Par exemple, les informations servies à un public à travers un radiojournal n’attendent pas une réaction dudit public. Même si ces informations suscitent des réactions, ces réactions ne sont ni indispensables, ni même nécessaires pour l’accomplissement de la tâche en question. C’est pourquoi l’on a tendance à qualifier l’information de « totalitaire » et de « tyrannique », car, à priori, la seule « vérité » qui compte est celle de l’auteur de ladite information. Celle-ci est donc plus ou moins subie par le public, qui n’a pas d’autre choix que de la consommer. Il n’y a donc pas égalité entre l’émetteur et le récepteur. La relation entre les deux est verticale. Pour que l’équilibre soit rétabli, il faudrait susciter la réaction du récepteur. C’est cette réaction qui donne corps et sens à la notion de communication. La communication est donc un échange plus ou moins équilibré entre l’informateur et l’informé, entre l’émetteur et le récepteur.
B- L’invalidité du « tout communicationnel »
En évoquant très sommairement la notion du tout communicationnel de l’Ecole de Palo Alto dans le cours introductif, je voulais vous faire percevoir la grande complexité que revêt la notion de communication. En effet, pour l’Ecole de Palo Alto, puisque « tout est communication », tout fait sens en matière de communication : une voiture garée en travers de la route, une fourmi dans un verre de lait, un œuf cassé sur le trottoir, une femme qui rit seule en route, etc. Le problème avec l’Ecole de Palo Alto, c’est que le sens d’un élément de communication peut varier d’un sujet à un autre. Le binôme encodage-décodage est inexistant, et peut donc créer des confusions dans l’interprétation du message. Par exemple, la voiture garée en travers de la route peut signifier « attention, il ne faut pas avancer car la route n’est pas bonne plus loin ». Mais elle peut aussi signifier « je suis en panne, aidez-moi » ou encore « arrêtez-vous pour que des braqueurs vous attaquent ». La fourmi dans un verre de lait peut signifier (moi, la fourmi, je me suis noyé », ou « moi, le verre qui contient ce lait, ne suis pas propre », ou encore « moi, le lait que contient ce verre de lait, je suis empoisonné ». L’œuf cassé sur le trottoir peut être tombé accidentellement d’une alvéole portée par un enfant imprudent, mais il peut aussi révéler une pratique traditionnelle ou mystique. Enfin, la femme qui rit en marchant seule peut être une folle, une personne normale qui se souvient d’une histoire drôle, ou une férue des TIC écoutant une scène amusante d’un film à l’aide d’écouteurs invisibles. Ce mode de communication polysémique, que l’on peut, certes, retrouver dans toutes les scènes de la vie réelle, n’est pas dans notre champ d’observation.
Nous évacuons également de notre champ d’autres modes de
communication tels que la communication onirique (à travers les rêves), la communication phatique (qui consiste à mettre sur la même longueur d’ondes deux personnes ou groupes de personnes à travers, par exemple, l’expression « allo » pour établir une conversation téléphonique), la communication poétique ou romantique (qui appelle le partage de la même sensibilité ou intuition entre les êtres communicants), la communication mystique (à travers les esprits), la communication technologique (par exemple entre deux machines grâce à une adresse ip, ou encore, plus globalement, le réseau internet), etc.
C- Le champ d’application de la communication sociale
La communication qui nous intéresse ici est la communication sociale,
celle qui se déroule entre deux individus ou groupes d’individus, au travers de moyens naturels, traditionnels ou technologiques. Les moyens naturels concernent par exemple les voix et les gestes humains, les expressions faciales, etc. Les moyens traditionnels s’appliquent par exemple à des instruments tels que le tamtam d’appel, le tambour, le balafon, le langage de la fumée chez les Indiens d’Amérique, etc. Les moyens technologiques, enfin, s’appliquent aux moyens de communication modernes que sont la radio, la télévision la presse imprimée, la presse en ligne et autres nouveaux médias tels que les médias sociaux. Ces moyens de communication technologiques feront l’objet d’une attention particulière pendant nos échanges. On les appelle encore « mass medias », ou moyens de communication de masse. Grâce aux prouesses technologiques, ils s’adressent à un nombre très élevé de personnes, encore appelées cibles, destinataires ou récepteurs. Leurs spécificités, avantages et inconvénients feront l’objet de notre prochain cours.
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