Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Résumé : L’alternance codique dans une classe de langue étrangère a toujours été sujette à
controverse. En effet, si certains chercheurs considèrent que sa présence dans le discours des
enseignants ou celui des apprenants témoigne d’une incompétence linguistique, d’autres y
voient une ressource efficace au service de la communication pédagogique et demandent
même à ce qu’elle soit didactisée.
Au Maroc, ce sujet n’a pas fait l’objet de directives officielles claires. Ce flou va donner lieu à
des pratiques enseignantes très hétéroclites basées essentiellement sur des convictions
personnelles et le degré de compétence en français de chacun. Cette situation sera examinée
ici, en tenant compte du fait que le recours à une langue pour en enseigner une autre relève
parfois de stratégies pédagogiques dont l’objectif est de garantir la communication au sein de
la classe. D’autres fois, il cible la dimension didactique et se fixe comme objectif la
transmission du savoir.
Mots-clés : alternance codique, alternances tremplins, alternances relais, langue source,
langue cible.
Abstract: Code switching in a foreign language classroom has always been controversial. If
some consider its presence both in the discourse of teachers and in that of learners as an
indication of linguistic incompetence, the others see it as an effective resource in the service
of pedagogical communication and even ask that it be didactised. In Morocco, code switching
has not been the subject of clear official directives. This vagueness has given rise to very
heterogeneous teaching practices based essentially on personal convictions and the degree of
competence in French of each one. This situation will be examined here, taking into account
the fact that the use of one language to teach another is sometimes part of pedagogical
strategies whose objective is to guarantee communication within the class. Other times, it
targets the didactic dimension and sets itself the objective of transmitting knowledge.
Keywords: code switching, springboard switching, relay switching, source language, target
language.
143
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
ﻣﻠﺨﺺ
ﻓﻤﻦ اﻟﺒﺎﺣﺜﯿﻦ ﻣﻦ ﯾﺮى ﻓﯿﮭﺎ ﺗﻌﺒﯿﺮا.ﻟﻄﺎﻟﻤﺎ ﻛﺎن اﻟﺘﻨﺎوب اﻟﻠﻐﻮي ﻣﻤﺎرﺳﺔ ﻣﺜﯿﺮة ﻟﻠﺠﺪل داﺧﻞ ﻓﺼﻮل ﺗﻌﻠﻢ اﻟﻠﻐﺔ اﻷﺟﻨﺒﯿﺔ
ﻓﻲ ﺣﯿﻦ ﯾﺮى ﺑﺎﺣﺜﻮن اﺧﺮون أن اﻟﺘﻨﺎوب اﻟﻠﻐﻮي ﻣﻮرد.ﻋﻦ ﻋﺪم اﻟﻜﻔﺎءة اﻟﻠﻐﻮﯾﺔ ﺳﻮاء ﺗﻌﻠﻖ اﻷﻣﺮ ﺑﺎﻷﺳﺘﺎذ أو اﻟﻤﺘﻌﻠﻤﯿﻦ
.ھﺎم ﯾﺴﺎﻋﺪ ﻓﻲ اﻟﺘﻮاﺻﻞ اﻟﺒﯿﺪاﻏﻮﺟﻲ اﻟﺼﻔﻲ وﯾﻄﺎﻟﺒﻮن ﺑﺎﻋﺘﻤﺎده ﻓﻲ ﻣﻨﮭﺠﯿﺔ اﻟﺘﺪرﯾﺲ
ﻟﻢ ﯾﺨﻀﻊ ھﺬا اﻟﻤﻮﺿﻮع ﻟﺘﻮﺟﯿﮭﺎت رﺳﻤﯿﺔ ﺻﺮﯾﺤﺔ ﻣﻤﺎ أدى إﻟﻰ ظﮭﻮر ﻣﻤﺎرﺳﺎت ﺗﻌﻠﯿﻤﯿﺔ ﻏﯿﺮ،ﺑﺎﻟﻨﺴﺒﺔ ﻟﻠﻤﻐﺮب
ﺳﻨﺤﺎول ﻣﻦ ﺧﻼل ھﺬا.ﻣﺘﺠﺎﻧﺴﺔ ﺗﺴﺘﻨﺪ أﺳﺎﺳﺎ ﻋﻠﻰ اﻟﻘﻨﺎﻋﺎت اﻟﺸﺨﺼﯿﺔ ﻟﻜﻞ ﻣﺪرس ودرﺟﺔ ﺗﺤﻜﻤﮫ ﻓﻲ اﻟﻠﻐﺔ اﻟﻔﺮﻧﺴﯿﺔ
اﻟﺒﺤﺚ ﻓﺤﺺ ھﺬه اﻟﻮﺿﻌﯿﺔ ﺑﺎﻋﺘﺒﺎر اﻟﺘﻨﺎوب اﻟﻠﻐﻮي اﺳﺘﺮاﺗﯿﺠﯿﺔ ﺗﮭﺪف إﻟﻰ ﺿﻤﺎن اﻟﺘﻮاﺻﻞ اﻟﺼﻔﻲ ﺗﺎرة ﻛﻤﺎ أن ﻟﮭﺎ
.أھﺪاﻓﺎ دﯾﺪاﻛﺘﯿﻜﯿﺔ ﻣﻦ ﺧﻼل ﺗﻮظﯿﻔﮭﺎ ﻟﻨﻘﻞ اﻟﻤﻌﺮﻓﺔ ﺗﺎرة أﺧﺮى
اﻟﻜﻠﻤﺎت اﻟﻤﻔﺎﺗﯿﺢ
. اﻟﻠﻐﺔ اﻟﮭﺪف، اﻟﻠﻐﺔ اﻟﻤﺼﺪر، ﺗﻨﺎوب ﻟﻠﻤﻌﺮﻓﺔ، ﺗﻨﺎوب ﻟﻠﺘﻮاﺻﻞ،اﻟﺘﻨﺎوب اﻟﻠﻐﻮي
Introduction
La situation sociolinguistique au Maroc est complexe. Elle se
caractérise par la coexistence de plusieurs variétés que les locuteurs maîtrisent
à des degrés divers et inégaux. Les plus importantes sont l’amazigh avec ses
trois variétés, le français et l’arabe, notamment dialectal. Cette situation donne
lieu à des phénomènes de contact de langues dont le plus saillant est
l’alternance codique appelée aussi code-switching.
Cette pratique langagière définie comme étant « l’usage de deux codes
dans un même énoncé » (Ziamari, 2013, p.13), est devenue une réalité dans le
paysage linguistique marocain. Elle n’est pas l’apanage d’une tranche d’âge
particulière ou le propre d’un groupe social précis. Ziamari souligne à cet effet
que « le code-switching dépasse largement l'utilisation individuelle et est
pratiqué au plan sociétal. (…) Il est utilisé par les différentes catégories sociales
et plus particulièrement par les jeunes. » (Ziamari, 2013, p.13) De surcroît, ce
phénomène linguistique touche pratiquement tous les domaines et passe
souvent inaperçu, car il est intégré dans les comportements linguistiques des
locuteurs. Néanmoins, sa présence dans le secteur de l’enseignement suscite
encore une polémique. Il s’agit plus précisément de la place que peut occuper
une langue première dans les classes de l’enseignement des langues étrangères.
Cette problématique s’accentue davantage au Maroc compte tenu des
choix effectués au niveau de sa politique linguistique. En effet, l’élève
marocain se trouve dès son plus jeune âge en face de trois langues différentes.
L’enseignement est dispensé en arabe standard alors que la langue française
est apprise dès la première année du primaire en tant que matière enseignée.
144
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
145
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
questionnements suivants :
• Quelles sont les fonctions de l’alternance codique dans une classe de FLE
à l’école primaire ?
• Quels sont les types de l’alternance codique dans une classe de FLE ?
• S’agit-il d’un acte conscient qui relève de stratégies didactique ou
communicative, ou d’un simple glissement inconscient d’une langue à
l’autre ?
Notre travail se situe, donc, à la croisée des chemins entre la
sociolinguistique et la didactique. En effet, les travaux menés par les
sociolinguistes ont un impact sur la réflexion didactique du fait que la
communication en salle de cours est considérée comme une forme particulière
des interactions sociales. L’échec ou la réussite d’un dispositif éducatif dépend,
entre autres, de la prise en considération des facteurs sociolinguistiques relatifs
à chacune des langues en contact (représentations des groupes sur les langues
en présence, le statut de chaque langue, les pratiques linguistiques, etc.) Le
terme socio-didactique défendu par certains chercheurs comme L. Dabène
vise à montrer l’importance des repères sociolinguistiques dans l’apprentissage
langagier.
147
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
148
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
149
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
150
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
mais une obligation voire une réalité à ne pas nier. Cette réalité déclenche des
pratiques linguistiques originales dont l’alternance codique. C’est pourquoi
Louise Dabène a insisté très tôt sur l’étude du fonctionnement de ce
comportement langagier qui commence depuis longtemps à envahir
l’enseignement des langues. «[…] On tend de plus en plus à considérer le parler
bilingue comme unensemble original dont il eut être plus bénéfique d’étudier le fonctionnement
que de repérer les déviances ou les insuffisances par rapport aux normes standards des langues
concernées.» (L. Dabène, 1994, p.87)
Dans cette optique, plusieurs démarches se sont développées pour
mieux intégrer les langues que les élèves ont dans leurs répertoires
linguistiques pour mieux saisir le fonctionnement de la langue à enseigner. Il
s’agit particulièrement de l’éveil aux langues et l’analyse contrastive : la
première démarche vise à faire travailler les apprenants sur plusieurs langues
alors que la deuxième a pour but d’établir des comparaisons rigoureuses entre
la langue cible et la langue source.
151
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
152
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
interlocuteurs ont basculé vers la langue arabe. Il s’agit pour eux d’un acte de
pratique religieuse. Quand une personne éternue, il lui est recommandé de
louer Dieu en disant« alḥamdu lillah » qu’on peut traduire par louange à Dieu.
Conséquemment, il devient une obligation pour les autres de prier Dieu pour
qu’il soit miséricordieux avec lui : yarḥamuka allah. Et lui-même finit par prier
pour eux : yuhdikum allah wayusliḥ ba:lakum (que Dieu soit miséricordieux
avec vous et vous guide sur le droit chemin)
Cet exemple d’alternance codique est souvent rencontré chez les
enseignants du français. Il s’agit pour eux d’une éducation sur les principes de
l’Islam. Et il n’est pas permis de laisser passer ces occasions sans rappeler aux
apprenants la formule canonique correspondante. Seulement, il faut souligner
aussi que l’importance de ces pratiques diffère selon les convictions des
enseignants et leur rapport avec la religion; il arrive qu’un professeur ne prête
pas une grande attention à son éternuement ou à celui de l’autre alors qu’un
autre arrête toute action pour reprocher à l’un de ses élèves le fait qu’il n’a pas
loué Dieu.
Dans tous les exemples cités plus haut, le passage du français à l’arabe
dialectal est motivé par l’apparition de mots ou expressions relevant du
domaine religieux et fortement ancrés dans la culture marocaine. Véronique
Castellotti appelle ce genre de changement de répertoire linguistique
l’alternance de distribution complémentaire. Celle-ci «renvoie plus à un schéma du
type : il y a des choses qu’on fait dans une langue, il y en a d’autres qu’on fait dans l’autre
et il n’y a pas nécessairement reprise dans l’autre de ce qui a été fait dans l’une» V.
Castellotti, 2001, p.51)
ü «yallah», un mot polysémique omniprésent dans le discours
des enseignants du français
Toujours en relation avec ces éléments culturels qui poussent les
professeurs du français à basculer à la langue arabe, nous avons remarqué tout
au long de notre corpus que le mot «yallah» revient à plusieurs reprises dans
le discours de tous les enseignants. Il est une routine même chez ceux qui
défendent l’idée qu’il faut activer uniquement la langue cible pendant
l’enseignement du français langue étrangère. Ce vocable, appartenant au
lexique religieux, est fortement ancré dans le discours des professeurs et
remplit plusieurs fonctions à visée communicative. Nous présentons à présent
154
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
de la part du professeur qu’ils ne vont pas être punis plus tard: (yallah
malkum ẖayfin?) traduit comme : pourquoi vous avez peur ? (matẖafūš asayid
almufatiš ǧa ġir baš iglas m‘ana šwiya): M. l’inspecteur n’est là que pour
assister quelque temps.
ü L’alternance codique pour sanctionner
Plutôt que de transmettre un contenu, l’arabe dialectal sert surtout aux
enseignants à sanctionner ou faire part de leur énervement devant une panne
collective, une erreur récurrente ou un comportement jugé comme déplacé.
Dans ces moments de mécontentement, plutôt que d’avoir comme souci la
compréhension du message par son interlocuteur, le locuteur cherche à
extérioriser des sentiments forts. De ce fait, il se crée une distance
psychologique par rapport à la langue étrangère et le sujet se sent plus à l’aise
dans sa langue maternelle.
Les séances enregistrées nous ont permis de remarquer que le glissement
vers la langue source est motivé par une situation qui a suscité la colère du
maître. Une humeur qui le pousse à faire appel «au mot le plus accessible» (M.
Causa, 2002, p.35). Par exemple, dans un moment d’énervement, les
professeurs recourent au mot « ḥmar » qui veut dire littéralement âne.
L’enseignant fait appel ici à l’imaginaire collectif des marocains par l’utilisation
d’un terme fortement connoté. En effet, il le traite d’âne, mais c’est l’idiotie et
l’obstination afférentes à cet animal qui sont visées.
L’introduction d’un mot ou d’une expression en dialecte marocain
dans un discours monologué où la langue matrice est majoritairement le
français dépasse la signification propre de ce mot ou de cette expression. Elle
introduit à cet endroit précis du discours tout le complexe de sentiments et
d’émotions qui y sont associés. Les actes de mise en garde, voire même de
menace, de reproche et aussi d’insulte que l’enseignant peut exprimer
traduisent un changement d’humeur dont la force ne peut être traduite que
par le recours à la langue maternelle. A ce titre, Nedjma Cherrad rappelle que
« la langue étrangère objet d’enseignement/apprentissage est perçue comme neutre, alors que
la langue maternelle permet l’expression des sentiments » (N. Cherrad, 2011, P. 375).
maîtriser son groupe classe. La liberté et l’autonomie des élèves prônées par
les pédagogies actives s’opposent diamétralement à l’anarchie. Il s’agit de
principes qui garantissent à tous les apprenants d’exprimer leurs points de vue
et de participer activement à la construction de leurs apprentissages sans
aucune crainte. Par ailleurs, le respect de l’autre est obligatoire. Il arrive tout
de même que le professeur perde le contrôle de sa classe, ce qui nuit
au processus de l’enseignement/apprentissage. Ces moments surviennent
souvent quand il est question pour les apprenants de réaliser une tâche et
surtout quand il s’agit d’un travail de groupe. À ce moment, l’enseignant est
appelé à rétablir l’ordre. Les stratégies mises en place diffèrent d’un maître
à l’autre. Elles vont d’un simple rappel à l’ordre verbalement au changement
total de la méthode adoptée. Les énoncés s’inscrivant dans cette fonction sont
omniprésents dans notre corpus.
Après avoir lu et expliqué la tâche à réaliser en français, les enseignants
enquêtés n’hésitent pas à faire appel à l’arabe dialectal pour demander aux
apprenants de travailler en silence ou de se conformer au règlement intérieur
de la classe. Les alternances codiques à ces moments sont le plus souvent
intra-intervention segmentale ou unitaire. Il s’agit leplus souvent de mots ou
d’expressions de type «skat» (silence), «ẖdam o skut» (travaille en silence),
«malna ‘la had ḍṣara» (pourquoi ces bêtises), «bla bsala» (sans faire de bêtises),
«lbsala la» (pas de bêtises), «bla sḍa‘» ( sans bruit), «šwiya dlma‘qul», etc.
Ce recours à la langue source dans ce type de situations peut émaner de
la conviction des enseignants que le fait de transmettre des valeurs aux
apprenants diffère catégoriquement de leur instruction. Dans ce sens, il faut
préciser que certaines des expressions citées supra, comme exemple de
changement de code pour rétablir l’ordreet donc pour transmettre certaines
valeurs, sont profondément ancrées dans la culture marocaine et sont de ce
fait presque intraduisibles. Ainsi, l’expression šwiya dlma‘qul ne peut en aucun
cas être traduite en français par «un peu de sérieux» car le terme
«dlma‘qul» porte en lui toutes les valeurs que la culture marocaine prône. Il est
à la fois l’honnêteté, l’intégrité, la responsabilité, le sérieux, etc. Et de ce fait,
ce vocable est très fréquent dans nos discours moralisateurs.
2- Les alternances codiques tremplins
157
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
158
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
159
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
160
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
mot en langue cible qui présente des difficultés est explicitement défini en
langue source mais en l’introduisant avec un verbe métalinguistique «ya‘ni» qui
veut dire signifie. D’un autre côté, la phrase «chaftu fl‘arabia anahu qa:bil lisarf
machi bḥal al ism walḥarf» contient une alternance de type parler bilingue
puisque on est passé d’un code à un autre comme s’il s’agit d’une
communication monolingue. En revanche, le dernier énoncé n’est que la
répétition en arabe standard d’une partie de la conjugaison formulée en
français comme nous l’avons expliqué plus haut, ce qui le fait inscrire dans
l’alternance des activités de reprise. Le recours à l’alternance codique par le
professeur dans cette séquence est motivé par son désir de vouloir partir du «
déjà-là » (Castellotti, 2001, P. 80), c'est-à-dire des compétences acquises dans
une autre langue pour assoir de nouveaux apprentissages dans la langue
étrangère. Le mélange de codes constitue donc une véritable stratégie
d’enseignement.
Sur un autre plan, nous avons remarqué que la langue source des élèves
peut être utilisée uniquement pour expliquer et clarifier le fonctionnement
interne du système grammatical de la langue étrangère. Cette fonction peut
être explicitée à travers la séquence suivante :
Extrait de conversation
P : conjuguez le verbe « se laver » au présent de l’indicatif. E1 : je me lave
P : Très bien. Un autre. E2 : tu te laves.
P : Bien. Un autre. E3 : il se lave.
P : Oui.
E4 : Nous lavons.
P : Est-ce que c’est juste ? Qu’est ce qu’il a oublié ? E5 : se
E4 : Nous se lavons
P : Attention. Le pronom réfléchi « se » maḥsub ‘la alfi‘l ẖaṣna nṣarfu:h m‘a ḍami:r ( le
pronom réfléchi « se » fait partie du verbe, il doit être conjugué avec le pronom personnel).
- Alors qu’est-ce qu’il faut dire?
E4 : nous nous lavons
Il s’agit, dans cet extrait, d’un cours de conjugaison de 5ème année
primaire. La leçon porte sur les verbes pronominaux. La langue cible est
dominante dans l’échange. L’alternance codique apparaît seulement au niveau
du sixième tour de parole de l’enseignant. Il s’agit pour lui d’apporter des
161
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
162
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
langue source. Ce raccourci est beaucoup plus important dans les niveaux
inférieurs où les élèves viennent de commencer l’apprentissage du français.
Ainsi, dans la troisième année de l’école primaire, même les numéros de pages
sont donnés en arabe comme le montre l’extrait suivant.
Extrait de conversation
P : vous avez terminé ? EEE : oui monsieur.
P : prenez le livre, page rab‘a usti:n (page soixante-quatre). (Écriture du chiffre sur le
tableau noir).
-Vite, vite, qu’est-ce que vous voyez sur l’image ?
163
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
164
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
ü Les articles :
165
Revue Didactica Vol. 1, N°1, 2023, ISSN 2820-7629
166