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L
e présent document est un recueil d’études de cas (scénarios ou mises en situation) qui mettent en jeu
des décisions que des personnes doivent prendre tous les jours et qui nécessitent la compréhension de
certains concepts biologiques. Conçue en vue de compléter une partie de la troisième édition du manuel
Biologie, de Campbell et Reece, chaque mise en situation vous fournit une occasion d’appliquer les notions
de biologie que vous étudiez en classe à un problème de la vie courante.
Votre enseignant pourrait utiliser les études de cas de plusieurs façons dans votre classe : en travail personnel,
dans un cours ou en laboratoire; vous pourriez les travailler seul ou en équipe. Le travail d’équipe pourrait
vous donner un aperçu du travail des scientifiques, car les études scientifiques réelles nécessitent souvent un
travail de collaboration. Même si vous ne prévoyez pas devenir spécialiste d’une science, il est important de
comprendre la façon dont les scientifiques travaillent afin de mieux saisir les questions biologiques qui nous
influencent comme citoyens.
Peu importe la façon dont votre enseignant aura choisi d’utiliser ce document, nous vous proposons ici des
conseils généraux et un aperçu de l’apprentissage par étude de cas.
De retour à la maison depuis un peu plus d’un mois après une saison de travail de terrain au
Guatemala, Éric ressent à nouveau un malaise. Son colocataire l’emmène à la clinique médicale. Lui
et Éric sont inquiets et croient qu’Éric a un nouvel épisode de paludisme qu’il a contracté pendant
son voyage.
« Comment puis-je avoir ces symptômes à nouveau ? demande Éric au médecin résident, le doc-
teur Welty. J’ai terminé les médicaments que l’on m’a prescrits au Guatemala et je me sentais bien.
— Je ne sais pas sur pourquoi vous vous sentez encore mal, répondit le docteur Welty. Nous
aurons besoin d’une prise de sang pour pouvoir déterminer de quelle souche est le microorganisme.
En attendant, essayons un autre médicament. Je vais changer votre traitement pour la chloroquine.
Vous savez, le paludisme est l’une des maladies infectieuses les plus fréquentes dans le monde. J’ai
des contacts à l’Agence de la santé publique du Canada qui pourraient être intéressés par votre
rechute. Puis-je leur transmettre votre dossier médical ? — Je me demande si je peux attraper le
paludisme d’Éric », se demande le colocataire en feuilletant un magazine dans la salle d’attente.
Auteurs du cas : Ethel Stanley et Margaret Waterman, « Investigative cases and case based learning
in biology », version 1.0, dans Jungck and Vaughan (dir.), BioQUEST Library VI, San Diego: Academic
Press, 2001.
2. Par où commencer ?
Commencez par trouver l’objet de l’étude de cas. Lisez le cas en entier pour avoir une idée de l’histoire et des
questions abordées. Si vous travaillez en groupe, faites lire le problème à voix haute par un équipier pendant
que les autres suivent en silence. Cette façon de faire peut paraître un peu bizarre, mais cela aide tout le monde
à se concentrer sur le cas.
Ce dont semble parler le cas : Le paludisme, ce qui le cause, pourquoi peut-il y avoir des rechutes,
comment le traiter et quel est son mode de transmission.
Quels aspects sont abordés ? Le mode de fonctionnement des médicaments antipaludéens, la
rechute d’Éric, les taux d’infections paludiques dans le monde, le rôle de l’Agence de la santé
publique du Canada.
Servez-vous de l’analyse de cas pour faire une séance de remue-méninges. Vous pouvez vous reporter aux mots
et aux phrases que vous avez soulignés dans la mise en situation pour vous aider à organiser cette séance. Vous
pouvez réaliser cette étape seul, par contre l’expérience montre que de meilleurs résultats sont obtenus
lorsqu’elle est faite en groupe.
Utilisez « Le malaise d’Éric » comme exemple. Voici quelques questions soulevées par des étudiants qui ont
travaillé avec ce cas.
Tableau S/BS
• Le paludisme est transmis par les moustiques. • Pourquoi Éric était-il au Guatemala ?
• On trouve la maladie dans les régions chaudes et • Quelle est la prévalence du paludisme dans le monde,
humides. au Guatemala, au Canada ?
• La maladie n’est pas fréquente au Canada. • Quel rôle l’Agence de la santé publique du Canada
• La maladie peut être traitée par des médicaments. (ASPC) joue-t-elle ?
• Il est possible de s’en remettre. • Quel type de microorganisme cause le paludisme ?
• Il est possible d’avoir une rechute (lu dans le cas). • Le colocataire d’Éric a-t-il raison de s’en faire ?
• Le paludisme est causé par un microorganisme. • Qu’est-ce que la chloroquine ? Est-ce un médicament
• L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) relève sans danger ? Quel est son mode d’action ? Est-ce
du Ministre de la Santé du Canada. qu’il y a des risques liés à son utilisation ?
• Plusieurs personnes meurent du paludisme chaque • Quels autres médicaments sont prescrits ?
année. • Comment prévenir le paludisme ?
• Est-ce que tous les moustiques transmettent le
paludisme ? Quelles sont les souches d’organismes
liées au paludisme ? Est-ce que le médecin a agi
correctement en changeant la médication sans avoir
plus d’information ?
Si « Le malaise d’Éric » vous a été présenté dans le cadre d’un chapitre sur les microorganismes, les
questions au sujet de l’organisme causant le paludisme seraient primordiales à approfondir.
D’autres questions qui ne sont pas liées aux sujets du plan de cours, mais que vous trouvez intéres-
santes, peuvent aussi êtres retenues, comme « Comment fonctionne la chloroquine ? ».
Vous vous apercevrez que certaines de vos questions seront abordées dans les investigations qui accompagnent
le cas. Vous pourriez aussi avoir des questions que le texte n’aborde tout simplement pas. Votre enseignant
pourrait vous suggérer d’approfondir votre question sous forme d’article, de présentation devant la classe,
d’une expérience en laboratoire, etc.
« Un des plus grands défis en biologie est de cerner les questions appropriées les plus productives
qui peuvent être étudiées avec les moyens techniques disponibles. Vous avez probablement beau-
coup d’expérience pour résoudre des problèmes qu’on vous soumet, comme ceux qui se trouvent à
la fin des chapitres des manuels de référence. Toutefois, si on vous demandait de vous rendre au
laboratoire ou sur le terrain et d’élaborer une question de recherche, vous vous apercevriez qu’il est
souvent difficile de le faire sans en avoir l’expérience… »
The BioQUEST Library IV : A note to the student, College Park, University of Maryland Press, 1996.
ÉTAPE D. Quelles références ou ressources vous aideraient à explorer les questions ou à y répondre ?
Peu importe les questions que vous investiguez, vous aurez probablement besoin de chercher et d’utiliser des
ressources pour vous aider à formuler des réponses convaincantes. Il est important de développer l’habitude
de se faire une idée générale de l’endroit où vous pourriez trouver des réponses à vos questions. Ces ressources
peuvent inclure vos manuels de référence, d’autres références de la bibliothèque, des simulations informa-
tisées, des résultats de laboratoire ou de terrain, des articles, des données publiées, des cartes, des courriels, des
prospectus, des entrevues avec des experts, des catalogues d’expositions, etc. Soyez créatifs, mais rappelez-vous
que vos données n’ont que la crédibilité de vos sources.
• Chercher de nouvelles sources de données (références supplémentaires, entrevues, données publiées, etc.).
• Concevoir une investigation qui se base sur une expérience de laboratoire, en changeant les variables
indépendantes ou en mesurant d’autres paramètres que ceux qui sont proposés.
Voici trois investigations possibles pour « Le malaise d’Éric » :
1. Utilisez une simulation pour examiner les hypothèses portant sur le contrôle des moustiques qui trans-
portent les microorganismes causant le paludisme. Des moustiques non vecteurs peuvent êtres introduits
pour entrer en compétition avec les moustiques vecteurs.
2. Utilisez des outils de génomique et le PlasmoDB (base de données de séquences de gènes appartenant à
plusieurs espèces de Plasmodium) pour comparer les gènes de souches résistantes et sensibles (non résis-
tantes) de Plasmodium falciparum.
3. Imaginez une expérience pour tester l’efficacité du contrôle des populations de moustiques par des Poissons
qui se nourrissent de larves de moustiques.
« Vous serez confronté à une question importante en recherche : Comment savoir que vous avez
la “bonne” réponse ? À quel moment la recherche est-elle terminée ? Les scientifiques n’ar-
rivent pas à une réponse définitive ; habituellement, on abandonne la recherche pour plusieurs
raisons, incluant le manque de temps, le manque de ressources et, de manière plus importante,
lorsque l’équipe de recherche est “satisfaite” des conclusions obtenues, c’est-à-dire lorsque la
solution est “utile” à quelque chose. »
The BioQUEST Library IV : A note to the student, College Park, University of Maryland Press, 1996.
Quand vous vous sentez prêt à présenter vos conclusions, souvenez-vous que vous devez d’abord convaincre
les autres de la valeur de votre méthodologie et de vos données. Pensez à votre auditoire quand vous préparez
le matériel accompagnant votre présentation, comme :
• une affiche scientifique ;
• une publicité demandant des actions politiques ;
• une vidéo présentant les problèmes au public ;
• un prospectus contenant des recommandations ;
• un rapport de consultants (dans le cas des jeux de rôles) ;
• une production artistique, telle une bande dessinée, qui révèle les problèmes ;
• le plan d’une nouvelle approche technologique pour résoudre un problème ;
• un rapport scientifique destiné à des groupes locaux ou régionaux ;
• une nouvelle étude de cas pour appuyer vos découvertes.
« La recherche n’est pas terminée, peu importe le nombre d’expériences que vous avez réalisées,
peu importe combien de casse-têtes vous avez résolus, tant que vos pairs, en dehors de votre équipe
de recherche, sont convaincus de l’utilité de vos résultats. La persuasion est un processus social et un
aspect dont vous devrez tenir compte pour pouvoir comprendre la nature des théories scientifiques
et des changements de paradigmes. La communication au sein de la communauté scientifique est un
processus actif rempli de controverses et de débats. La science productive implique l’ouverture à la
critique des méthodes et des conclusions tirées par une équipe de recherche. La controverse et le
débat sont importants pour la création et l’acceptation des nouvelles connaissances scientifiques. »
The BioQUEST Library IV : A note to the student, College Park, University of Maryland Press, 1996.