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Nicolas Poussin, Le massacre des Innocents, huile sur toile, 1625-29, 147x171, musée Condé,
Chantilly.
L’œuvre :
Description formelle :
Cette œuvre de grand format (147x171) présente au premier plan trois personnages : un soldat vêtu
de rouge qui lève son épée au dessus d’un bébé immobilisé au sol et une femme à genou, accrochée
au flanc gauche du soldat et tentant d’empêcher l’acte meurtrier. Son visage exprime la terreur et sa
bouche ouverte laisse échapper un hurlement de douleur.
Au second plan, une deuxième mère s’enfuit emportant sous son bras le cadavre d’un enfant.
La scène est campée dans un décor épuré : une large colonne, située à gauche stabilise la verticalité
de la composition. Le sol au premier plan nous fait directement entrer dans la scène. A l’arrière plan,
on aperçoit une façade de temple greco-romain.
Sujet de l’œuvre :
Cette toile illustre un épisode précis de la Bible : le « Massacre des Innocents ». Le roi Hérode,
furieux que les mages ne reviennent pas l’informer du lieu où se trouve le jeune Jésus, ordonne à ses
soldats de tuer tous les enfants de moins de deux ans présents dans le royaume. L’artiste représente ici
l’instant tragique de la mise à mort d’un bébé, sa mère implorante tentant de le soustraire au soldat.
Toute la composition est construite de manière à concentrer le regard sur le visage de la mère vêtue
de jaune et à déclencher un grand émoi chez le spectateur.
Pour créer cette émotion, Nicolas Poussin répartit les trois personnages principaux autour de deux
grandes diagonales ascendantes. L’une dirigée vers la gauche, démarre du corps de la mère située au
sol, se poursuit sur le buste du soldat et se termine dans la main meurtrière et l’épée (ligne rouge).
L’autre dirigée vers la droite, débute par l’enfant à terre, remonte le long de la jambe du soldat, passe
sur le visage de la mère et aboutit sur la femme éplorée vêtue de bleu (ligne jaune).
Ces deux lignes se croisent au centre de la toile, sur la bouche hurlante de la mère. Nicolas Poussin a
donc construit sa composition afin que le cri, la terreur et l’émotion que dégage cette œuvre, prennent
toute leur puissance et deviennent LE sujet du tableau.
seront deux lignes directrices de la technique propre à Poussin, qu’il nommera ainsi : « l’expression
des passions» et « le choix des modes ».
L’Italie à cette époque n’est pas unifiée, chaque province ayant sa propre situation politique. A
Rome, qui se distingue par sa place de capitale des arts, le pape Urbain VIII Barberini (1623) mène
une politique active de mécénat artistique. Les chefs-d’œuvre de l’antiquité font l’admiration de
toute l’Europe et il est naturel pour les artistes, toutes disciplines confondues, de venir faire leur
apprentissage dans la « cité éternelle ». Les grandes commandes émanent donc des cercles politiques
publics mais également des collectionneurs privés issus de grandes familles telles que Dal Pozzo, ou
Barberini.
Trophime Bigot, Le repas d’Emmaüs, huile sur toile, 1ère moitié du XVIIe siècle, 121x173, musée
Condé, Chantilly.
Le style baroque avec la peinture de Pierre de Cortone ou encore le sculpteur Bernin trouve son
expression la plus parfaite dans ce début du XVIIe siècle (par exemple : 1624, le Bernin réalise le
baldaquin de Saint-Pierre de Rome).
Très admirée en son temps, cette toile continua à influencer les artistes au cours des siècles. Pablo
Picasso étudia en détail cette composition pendant sa période méditerranéenne (1920-1922). On
retrouve par exemple la femme debout au second plan du Massacre des Innocents dans Guernica,
célèbre toile de Picasso qui elle aussi représente une synthèse d’un massacre moderne et un cri.
Pablo Picasso, Guernica, huile sur toile, 1937, 351 x 782, Musée Reina Sofia, Madrid.
Détails :