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Inspecteur Mame Ibra BA IDEN Guédiawaye

La crise scolaire au Sénégal

INTRODUCTION
I-DE L’ÉCOLE COLONIALE A L’ÉCOLE NATIONALE
I-1/ La crise de Mai 1968
I-1-1/ Le casus belli
I-1-2/ Le dénouement de la crise de 1968
I-1-3/ Des problèmes économiques graves
I-2/ La crise scolaire sous le régime de Abdou Diouf: de 1980 à 2000
I-2-1/ Les Etats généraux de l’éducation et de la Formation (EGEF) de 1981
I-2-1-1/ Les propositions acceptées
L’ajustement de l’université
Année invalide au niveau des universités (1993-1994)
Les conditionnalités de la banque mondiale
Le recrutement des élèves-professeurs de l’école normale
La gestion des conflits par les gouvernements de l’alternance
La naissance du syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), en avril 2000.
L’audience de la controverse
La bataille autour de l’indemnité de recherche documentaire
La bataille autour de l’indemnité de recherche documentaire
Accords entre l’Etat et le cadre unitaire des syndicats
Ecoles privées
Recommandations
Inspecteur Mame Ibra BA IDEN Guédiawaye

INTRODUCTION
Il est rare de voir au Sénégal, depuis belle lurette, une année scolaire stable. D’une année à une autre
on assiste aux manifestations des étudiants ou des élèves inquiets ou angoissés ou bien aux revendications
syndicales déclenchées par les professionnels enseignants et récemment par les inspecteurs de
l’enseignement. Les ondes de choc secouent fortement le système éducatif sénégalais qui semble s’installer
dans une sorte de chienlit si bien que souvent pour décrire ce phénomène on utilise l’expression « crise du
système éducatif ».
Par ailleurs, Etat et parents d’élèves assistent impassiblement à la prise en otage des apprenants. Les
enseignants retiennent les notes, boycottent les examens de fin d’année, grèvent lourdement le quantum
scolaire. Les élèves et les étudiants manifestent parfois violemment leurs désarrois, leurs psychoses face aux
conditions d’apprentissage qui ne cessent de se détériorer et face à leurs lendemains qui paraissent sombres.
Quant aux syndicats, ils brandissent les mêmes plateformes et s’offusquent du manque de volonté étatique,
crient aux scandales à chaque fois que des réformes sont imposées et s’insurgent du peu de considérations
accordées aux enseignants. Bref, les différents acteurs se rejettent dos à dos leurs responsabilités liées aux
perturbations et à l’impasse dans lesquelles l’école se trouve.
Pendant ce temps, on assiste à une baisse du niveau des élèves, la détérioration drastique de l’image de
l’école publique qui se répercutent dans l’accentuation de la pauvreté et le mal développement.
En même temps, l’école évolue au rythme de la société. Les périodes de troubles, de contestations
politiques (mai 1968, lendemain ou veille des élections), de crises ou moroses économiques (crise des
années 1970, dévaluation du francs CFA) coïncident aux crises scolaires les plus aiguës. Empiriquement, la
corrélation est établie entre crise scolaire et crise de société poussant certains spécialistes à affirmer que
plutôt que de s’intéresser à l’institution elle-même, il faut soigner le mal par sa racine en réformant « la
société ».
En ce sens, il convient pour élucider cette problématique de se demander :
Quelles sont les manifestations de la crise de l’institution scolaire ?
Quelles sont les soubassements de cette crise ?
Quelles sont les solutions ?

I°/ LES MANIFESTATIONS DE LA CRISE SCOLAIRE


I-1 De l’École coloniale à l’École nationale
Sans doute en raison de cette priorité accordée à l’économie, mais également parce qu’ils ne
présentaient probablement aucune urgence impérative, les secteurs dits sociaux que sont l’éducation, la santé
et l’habitat n’ont pas fait, pendant toute la première décennie de l’indépendance, l’objet de sollicitude
particulière. Dans le cas de l’école, cette “négligence” procède d’autres facteurs, car en effet, lorsqu’il
accédait à l’indépendance en 1960, le Sénégal était doté, par l’ancienne puissance colonisatrice, d’un
système d’éducation moderne, ancien et couvrant l’ensemble du territoire national ; ses différents ordres
d’enseignement étaient relativement développés.
En 1960, le taux de scolarité avait atteint, selon une étude de la Banque Mondiale (1984), 36 %. Le
Sénégal s’est appuyé sur son passé. Cependant, il n’avait pas alors été tenu compte que l’école coloniale
servait des intérêts propres à la puissance colonisatrice. Il a donc manqué au début de l’indépendance :
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une politique d’éducation définissant de manière précise les principes et les finalités, les objectifs et les
programmes, les horaires et les structures, les modes d’organisation (organigramme) et les examens, les
concours et les diplômes, de l’école sénégalaise nationale ;
Sur cette question des principes, orientations et objectifs de l’École coloniale, voir Maurice Delafosse (cité
par Abdou Moumouni (1964) qui écrivait :
De même qu’il nous faut des interprètes pour nous faire comprendre des indigènes, de même, il nous faut
des intermédiaires, appartenant aux milieux indigènes par leur origine et au milieu européen par leur
éducation, pour faire comprendre aux gens du pays et pour leur faire adopter cette civilisation étrangère
pour laquelle ils manifestent, sans qu’on leur puisse en tenir rigueur, un misonéisme bien difficile à
vaincre” (souligné par nous ; in Bulletin de l’Éducation en AOF, n° 3,juin 1917). L’École coloniale a, bien
entendu, connu des modifications, mais l’esprit, les objectifs et les intérêts qu’elle servait sont demeurés
sensiblement les mêmes.
les résultats et les performances de l’école ne sont pas à la mesure des efforts fournis : un quart du budget
national est consacré à l’éducation, à la formation et à la culture mais au début de l’application du 3ème plan
de développement économique et social, moins du tiers des enfants en âge scolaire entrent à l’école
primaire ;
 des disparités profondes subsistent entre les régions et si, dans le Cap-Vert, le taux de scolarité
approche 60 %, dans les régions de Tambacounda et de Diourbel, il n’atteint pas 15 % ;
 les redoublements atteignent des proportions alarmantes : le taux de redoublement s’élève à 17 % et
avoisine 40 % dans les CM ;
 depuis 1958, les effectifs de l’enseignement primaire ont progressé régulièrement et presque triplé,
alors que le pourcentage d’admission à l’entrée en 6ème n’a cessé de décroître ; de 39,2 %
en 1961, il est descendu à 17 % en 1967. Le seul maintien de ces deux tendances aura pour effet, à court
terme, de jeter dans la rue des milliers de jeunes ;
Le Ministère de l’Éducation Nationale, ne mentionnent les textes réglementaires officiels organisant l’école
qu’à partir de 1967 (loi n° 67-51 portant statut de l’enseignement privé, tome 2, p. 451.)
Les grèves des élèves et des étudiants de 1968 et 1969 ont revêtu au Sénégal une ampleur sans précédent.
Leurs causes profondes ainsi que leurs effets et implications politiques ont permis de percevoir à quel point
une école inadaptée pouvait être une source de danger.

I-1 Les perturbations liées aux revendications des élèves et des étudiants
La crise de Mai 1968
Le casus belli
Au début de l’année universitaire 1967-1968, le gouvernement prit la décision de fractionner les
bourses d’études et de réduire le nombre de mensualités payables de 12 à 10. Les difficultés financières
réduisaient sa marge de manœuvre.
 Augmentation du nombre d’étudiants (1400 sénégalais sur un total de 4000 étudiants) ;
 suppression de la première partie du baccalauréat ;
 sélection rigoureuse à l’entrée à l’université ;
Le 26 mai 1968 par la radio, le ministre de l’éducation nationale, fit savoir qu’il était dans l’impossibilité de
surseoir aux mesures annoncées.
Le 27 mai 1968, l’union démocratique des Etudiants sénégalais (UDES) et l’Union des Etudiants de (UED)
déclenchèrent une grève à durée indéterminée avec boycottage des examens. La grève fut massivement
suivie. Le 29 mai, la police encercla le campus universitaire et réprima le mouvement de protestation des
étudiants avec violence.
Le bilan officiel fit état d’un mort « l’étudiant Salamon Khoury » et de 80 blessés. Six cent étudiants
sénégalais furent internés au camp Archinard sous la garde de l’armée nationale jusqu’au 09 juin 1968.
Le dénouement de la crise de 1968
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Le 31 mai, 1968, les syndicats de travailleurs, toutes tendances confondues, déclenchèrent une grève
générale illimitée. Les émeutiers occupèrent la rue toute la journée.
Le 06 juin 1968, le ministre de l’Education nationale et celui de l’Intérieur furent démis de leurs fonctions.
L’apaisement ne devait intervenir qu’avec les accords tripartites du 12 juin 1968. Le SMIG fut augmenté de
15% et le mandat des députés écourtés et rendus gratuits.
Parmi les mesures prises l’école sénégalaise est régie par la loi d’orientation 71-036 du 03 juin 1971.

L’opinion nationale s’émut ; les autorités religieuses et les notabilités, les partis politiques comme la société
civile appelèrent au dialogue et à la modération.
Des problèmes économiques graves
Au même moment, des problèmes économiques graves se posaient à la Nation sénégalaise. Ces difficultés
ont été à l’origine de l’élaboration et de l’application, dès 1979, d’un plan de redressement économique et
financier, suivi par la suite, d’autres plans : nouvelle politique agricole (1984), nouvelle politique
industrielle (1985), plan d’ajustement structurel (1988), etc.
8 SUDES : Syndicat Unique et Démocratique des Enseignants du Sénégal. À la suite d’une profonde crise
(1981-1984), ce Syndicat a éclaté, donnant naissance a un autre Syndicat, l’Union démocratique des
enseignants du Sénégal (UDEN).

La crise scolaire le sous le régime socialiste : des années 1980-2000


En 1980, c’est le boycott des examens par les enseignants. Ainsi, dès le début 1980, « le mouvement des
« maîtrisards chômeurs » avait constitué le premier symptôme de la « prolétarisation » des diplômés du
supérieur, mais également du déclin des unions nationales qui apparaissent comme des appendices des
formations partisanes en concurrence sur le campus. Ensuite dans la seconde moitié des années 1980, la
mobilisation d’enseignants contre l’instauration du double –flux dénoncé comme une formule tendant à
instaurer un système d’enseignement à deux vitesses sont le fait de minorités qui tentent de ranimer le
mouvement syndical.
Dans une déclaration rendue publique en décembre 1980, le SUDES indiquait l’ampleur des sanctions qui
se sont abattues sur ses militants entre juin et décembre 1980 :
— suspension de 38 enseignants en juin 1980 ;
— rétention de l’intégralité du salaire de 110 enseignants en juillet et août ;
— révocation de 23 enseignants en septembre ;
— suspension de 38 enseignants en septembre ;
— affectation d’office de 500 instituteurs en octobre ;
— licenciement de 51 enseignants en octobre ;
— mutation d’office de 200 professeurs en novembre et décembre.

Les Etats généraux de l’éducation et de la Formation de 1981


Abdou Diouf a débuté en 1981 sa présidence par la résolution d'une importante crise scolaire, en organisant
les "états généraux de l'éducation". A travers les décrets n° 81-624 du 24/6/1981 portant création des États
généraux et le décret n° 81-625 du 24/6/1981 il institue la commission nationale d’étude, de concertation et
de suivi des États généraux La propagande gouvernementale promettait alors la fin de tous les problèmes
répertoriés, l'instauration d'une "nouvelle école" plus juste, mieux adaptée aux réalités sénégalaises etc.
Au bout de quatre (04) journées de travaux, les EGEF devaient aboutir à la conception et à la définition
d’une École nouvelle, nationale et sénégalaise, démocratique et populaire, laïque mais intégrant les
dimensions, spécifiques de notre réalité socio-culturelle, notamment sa dimension religieuse. Et la
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convergence des conclusions et recommandations ainsi que l’unanimité et la satisfaction des différents
participants, ont été traduites par le Ministre de l’Éducation nationale dans son allocution de clôture :
Le Gouvernement réaffirma, dès le mois de février 1981, et à la suite des engagements pris par le Ministre
de l’Éducation nationale, sa volonté et sa détermination à appliquer et à exploiter “loyalement et
intelligemment” les résultats des États généraux ; puis il créa la Commission Nationale de Réforme de
l’Éducation et de la Formation (CNREF), chargée “d’exploiter les conclusions, propositions et
recommandations des États généraux de l’Éducation approuvées par le Gouvernement, en vue de leur
exploitation concrète”
Elle sera démocratique, populaire et laïque.

 Les propositions acceptées


Ce projet de réforme introduisait ainsi une rupture radicale et qualitative, une révolution, à la fois
pédagogique et sociale, dans le système éducatif sénégalais et dans la société elle-même. Mais, est-il
réalisable ? Quelle position le Gouvernement a-t-il adoptée à son égard ? Le vendredi 18 janvier 1985, au
cours d’une conférence de presse, le Ministre de l’Éducation nationale a apporté des réponses à cette
dernière question, en distinguant les mesures acceptées par le Gouvernement et celles qui ne peuvent l’être.
Les mesures acceptées sont :
 Le principe d’une École nationale, démocratique et populaire ;
 l’intégration, dans le système éducatif, des structures non formelles, éléments de démocratisation de
l’éducation et instruments de développement culturel, économique et social ;
 la création de l’éducation spéciale des jeunes handicapés et inadaptés et son intégration dans le
système éducatif ;
 la rentabilisation des structures existantes par la création des classes multigrades et des classes à
double flux ;
 la réorganisation des structures administratives, des filières de l’Université et de la recherche
scientifique et technique en vue d’une rentabilisation optimale des moyens disponibles ;
 le code de déontologie et toutes les propositions concernant les personnels de l’École nouvelle afin
de revaloriser de façon significative la fonction enseignante et d’assurer une formation de qualité ;
 la structuration générale du système selon l’organigramme qui détermine les trois niveaux : cycle
fondamental, cycle secondaire et professionnel et enseignement supérieur
 l’intégration de l’école au milieu selon la conception de l’enseignement polyvalent ;
 l’introduction de l’éducation religieuse mais dans le respect de la laïcité et du caractère multi
religieux de l’État ;
 l’introduction et la promotion des langues nationales dans l’École nouvelle ;
 la reconnaissance de l’importance et la promotion de la langue arabe dans le nouveau système ;
 la création d’un fonds spécial de l’éducation.
Cependant, le Ministre rappelle que ces propositions acceptées s’inscrivent dans un processus et selon une
programmation rationnelle. Aussi, ne faut-il pas s’étonner si, sur certains points particuliers, les premières
étapes de la réforme pourront paraître par trop prudentes à certains.
 Les propositions non acceptées
 Le décrochage du statut des enseignants de la fonction publique ;
 l’augmentation cumulée des indemnités de logement, d’enseignement et de fonction ;
 la suppression de l’enseignement privé ;
 la réouverture des internats des établissements scolaires ;
 la distinction, dans l’organigramme, entre le cycle secondaire général et le cycle secondaire
technique ; la suppression immédiate des examens et concours
Il faut cependant reconnaître que, malgré les pénuries et la crise, le budget alloué à l’Éducation nationale
demeure toujours le plus élevé ; il atteint pour l’exercice budgétaire (1990/1991) 60 446 802 000 CFA,
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représentant le double de celui alloué au Ministère des Forces armées, qui vient immédiatement après par
l’importance de son budget, qui est de 30 452 960 000 CFA
Le CNQP a été créé le 18 février 1983, dans le cadre de la mise en œuvre des conclusions et
recommandations des EGEF dans le domaine de la formation professionnelle. De 1986 à l’an 2000, 13
promotions sont sorties du CNQP, avec un taux moyen de réussite au CQP de l’ordre de 80%, soit en tout
760 diplômés, toutes spécialités confondues, dont 63 jeunes filles inscrites en mécanique automobile et en
électrotechnique notamment. Les stages de perfectionnement, systématisés depuis 1990, occupent en
moyenne 475 agents des entreprises pendant 32.286 heures, chaque année
 En 1988, ce doux rêve n'est plus à l'ordre du jour. L'éducation Nationale est toujours l'un des
ministères les plus sensibles et les conditions de travail des étudiants se sont détériorées. En 1988, le
Sénégal connaît des mouvements de grève ayant conduit à une année blanche après cinq mois de
blocage. Ces perturbations sont surtout liées à une année électorale.
 L’ajustement de l’université
Dans les années 1990, les mobilisations vont continuer. C’est autour de la question de l’emploi des
normaliens et du recrutement des volontaires dans la fonction publique que s’amorce un nouveau cycle de
luttes.
La réforme de l’université dernière en date dans l’enseignement supérieur sénégalais, n’a pas encore
fini de produire divers changements. Cette réforme s’inscrit dans un contexte de crise économique dont les
cycles ont été ponctués par la mise en œuvre des programmes d’ajustement structurels (PAS) conduits tout
long des années 1980 par l’Etat, de concert avec le fond monétaire international et la banque mondiale. An
début des années 1990, commence donc au Sénégal la génération des programmes sectoriels visant la santé,
l’environnement et l’éducation.
Le cadre général de la réforme a été donc défini par la concertation nationale sur l’enseignement supérieur
(CNES) en 1992-1993, au terme de 14 mois de travaux qui ont réuni 400 délégués provenant de divers
secteurs. Toutefois, en marge de la CNES et amont de cette démarche, le gouvernement et la banque
mondiale négociant les bases du PDRH2. Dans ce rapport la BM propose au gouvernement plusieurs un
vade mecum en plusieurs axes : une programmation stratégique pour la mise en œuvre de la réforme, un
contrôle de l’expansion quantitative.
A la rentrée d’octobre 1994, le gouvernement met en place un organe ministériel, le Programme
d’Amélioration de l’Enseignement Supérieur (PAES). Les syndicats d’enseignement contestent la
procédure. Au refus du gouvernement succèdent différentes formes de protestations de la communauté
universitaire ; et ce courant janvier 1995, les grèves générales ponctuées de violence et de violation de
franchise universitaire.
Dès la rentrée 1994-1995, la révision des textes fondateurs de l’université que sont les lois de 1967 et 1970
(la loi 1967-45 du 13 juillet 1967 et la loi 70-1135 du 13 octobre 1970) qui dessaisissent l’université
publique, et partant les écoles nationales du privilège exclusif de l’enseignement supérieur. Le résultat est
spectaculaire.
En 1994, de 04 établissements privés d’enseignement supérieur ils passent à 31 en 1999 et à 48 en 2004.
 L’invalidation de l’année au niveau des universités (1993-1994)
En 1993, les grèves ayant conduit à une invalidation de l’année au niveau des universités (1993-1994)
 Les conditionnalités de la banque mondiale
Ces mesures de restriction budgétaires imposent toujours au gouvernement du Sénégal de recruter des
« volontaires » ou des vacataires en lieu et place de titulaires, ce qui correspond à une politique délibérée de
« déqualification du métier d’enseignants ». Ces choix correspondent à un souci de diminuer les coûts
unitaires de la scolarisation. Les volontaires ont été initialement privés de l’exercice du droit syndical et des
droits sociaux (congé de maladie et de maternité). Le salaire de base de l’enseignant est fortement revu à la
baisse (50000FCFA contre 100.900FCFA) ; il passe du double à la moitié.
 Le recrutement des élèves-professeurs de l’école normale
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A compter de 1997, ils n’ont plus été recrutés de façon automatique à la sortie de leur formation : seuls 50
d’entre d’eux sur 300 ont eu un poste cette année. En réaction ces normaliens se sont mobilisés au sein de
l’association des stagiaires et des élèves professeurs de l’école normale. Leur répertoire d’actions a
comporté des sit-in et une grève de la fin menée en décembre 1997. Malgré les promesses faites en 1998 par
le ministre de l’éducation André Sonko, ils vont se retrouver de plus en plus à chômer. Au cours de la
campagne électorale de 2000, leur nombre atteint 500.
En réaction à cette condition de précarité qui leur a été faite, les volontaires se sont regroupés sous le couvert
d’une amicale et ont pu obtenir le droit d’avoir accès à un statut de « maîtres contractuels ». Puis l’amicale a
évolué sous la forme syndicale.
La gestion des conflits par les gouvernements de l’alternance :2000-2008
Aucun répit n’est accordé au gouvernement de l’alternance.
La naissance du syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), en avril 2000.
Le SELS a ainsi obtenu en janvier 2001, une augmentation de salaire et le reclassement de 225 maîtres
contractuels dans le corps des instituteurs et des instituteurs adjoints.
Du côté des étudiants, la dernière grande mobilisation, a eu lieu au début de l’année 2001, avec l’affaire
Bala Gaye. A l’origine, les étudiants, au début du mois de janvier, se sont mobilisés en réaction à l’annonce
de l’augmentation des frais d’inscription pour la rentrée 2001(5000F à 35000FCFA). Dans leur plateforme,
ils ont réclamé l’attribution de bourse ou, à défaut, une aide ainsi que la diminution du prix de la restauration
des chambres universitaires. Les événements ont pris un cours dramatique le 31 janvier : un étudiant Bala
Gaye a été tué par balle au cours d’une manifestation.
Le ministre de l’enseignement supérieur Madior Diouf a dû démissionner, remplacé par un autre
universitaire Libasse Diop. Suite à son entrevue avec les étudiants de l’UED, le 12 février, le président
Wade a accordé une enveloppe de 800 millions pour satisfaire les revendications des étudiants.
En 2005/2006, le seul point d’achoppement (sur les soixante revendications posées par l’intersyndicale)
était l’indemnité de logement.
L’audience de la controverse
Le 25 juillet 2006, le Président de la République recevait en audience l’intersyndicale pour résoudre la
question brûlante de l’indemnité de logement, on le voyait en journal télévisé à la Radio Télévision
Sénégalaise (RTS) clamer haut et fort : « Castro, on se connaît vous et moi ; nous étions ensemble dans
l’opposition… »
 Du côté du Cusems, les enseignants du moyen et du secondaire ont vite levé le mot d’ordre de grève
(entamé plus d’un an plutôt) lorsque le gouvernement leur a proposé une augmentation salariale qui
varie entre 60.000 F et 70.000F répartis en quatre ans de 2007 à 2010.
 L’intersyndicale qui avait repris la grève depuis février-mars 2007 n’a pas hésité de suspendre son mot
d’ordre qui suivait son 4ème plan d’action, lorsque le Président de la République a décidé d’engager le
gouvernement à consentir une indemnité ponctuelle de 7 milliards avant le 31 décembre 2007.

 Cette année 2007-2008 a été particulièrement éprouvante pour l’école sénégalaise. Les résultats aux
différents examens parlent d’eux-mêmes : 42 % au Bac, moins de 25,26 % au BFEM. Le CFEE qui ne
peut, en aucune manière, occulter, la quasi-année blanche vécue par les élèves du cycle élémentaire en
2007-2008.
 La bataille autour de l’indemnité de recherche documentaire
Grâce à une médiation du chanteur Youssou Ndour, le président de la République a reçu, le vendredi 10
avril 2009 en audience, les syndicats d’enseignants du Sénégal. Et le président Wade de promettre, entre
autre, la tenue prochaine d’un Conseil présidentiel sur l’Education.
Grâce justement à la médiation de l’artiste compositeur, le président de la République a accordé une
audience à l’Intersyndicale, au Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels), à l’Union des enseignants
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du Sénégal (Ues), au Duel (Directoire unitaire de l’élémentaire) et au Collectif des syndicats
d’enseignement.
 Accords entre l’Etat et le cadre unitaire des syndicats
A quelques jours des examens de fin d’année, l’Etat a trouvé un terrain d’entente avec le Cadre unitaire des
syndicats d’enseignants (CUSE). L’année scolaire perturbée par les nombreuses grèves des enseignants est
ainsi sauvée de justesse par un protocole d’accord signé hier entre le gouvernement sous la présidence du
Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, et les syndicats d’enseignants du CUSE.
La question de l’Indemnité de Recherche Documentaire (IRD) ou prime scolaire est réglée pour les deux
prochaines années au niveau du préscolaire et de l’élémentaire. L’indemnité mensuelle est de 15000 fcfa
pour l’année 2009 à compter du mois de juin. Une somme qui va passer à 20000f et 25000f respectivement
en 2010 et 2011.

Tableau n°1-Evolution des indicateurs enseignement élémentaire : 2000-2007


résultats 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
TBA 79,3% 73 76 87,8 93,2 93,6 99 103,3
TBS 68,3 73,1 73,4 75,7 79,8 81,8 82,8 86
TBS/F 63 68,9 70,1 74,7 80,1 82,8 85 89,2
TBS/G 73,5 77,2 76,6 76,7 79,6 80,9 80,8 83
TA 36,3 45 45,6 47,2 48,2 53,2 50 55,7
Indice parité F/G 0,89 0,91 0,97 1 1,02 1,02 1,07
Part du privé 10,6 11,2 11 10,9 11,2 11,6 12,4 12,38
dans les effectifs
Sources statistiques division SS/DPRE/ME

Objectif sectoriel Indicateurs 2006 2007


Universalisation Taux de redoublement 11% 9%
de l’achèvement Taux de réussite au CFEE 69,43% 55,93%
du cycle Taux d’achèvement 50 55,7%
Taux d’abandon 12 9,2
Taux de transition CM2/6ème 50,20% 60,11%
Ratio manuels/élève 1ère étape 1,2 1,5
Ratio manuels/élève 2ère étape 1,9 2
Ratio manuels/élève 3ère étape 2,3 2,5
Sources statistiques division SS/DPRE/ME

DIPE
STATISTIQUE
TYPE COMMU PRIVE PRIVE PRIVE
PUBLIC Total
NAUTAIRE CATHOLIQUE FRANCO ARABE LAÏC
CLASSE PRESC. 8 8
CTP 3 3
GARDERIE 6 1 23 57 87
MATERNELLE 2 2
Total 17 1 23 57 2 100

2-La composante qualité


L’objectif de cette composante est d’améliorer la qualité des apprentissages. Elle concerne :
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- l’appui au pilotage déconcentré du PDEF qui couvre : le suivi de l’exécution des budgets de
fonctionnement des écoles et établissement, l’appui à la mise en œuvre des PLDE, PDDE, et PRDE,
le suivi du pilotage de l’enseignement élémentaire
- Le développement des projets d’écoles et d’établissement qui couvre l’initiation à la lecture,
l’éducation spéciale (intégrative) les initiatives visant la réduction des redoublements et abondons
- Le développement des ressources humaines qui couvre la formation initiale et continuée des
enseignants
- Le développement des programmes manuels scolaires et matériels didactiques (tous niveaux
d’enseignement)

Ecoles privées
 Absence de projet d’école ;
 Ecole à l’état embryonnaire ;
 Difficultés de la directrice à assurer la gestion pédagogique des enseignants ;
 Difficultés à rencontrer le maire ;
 insuffisance du suivi encadrement des maîtres ;
 Insuffisance de l’encadrement pédagogique (01visite/mois) ;
 relations timides avec les clefs ;
 Exiguïté du bureau du directeur qui abrite au la bibliothèque ;
 Instabilité du personnel enseignant qui se renouvelle chaque année ;
 Inexistence des documents administratifs officiels (registre matricule des élèves et enseignants,
cahier de monographie)
 Absence de contrôle pédagogique ;
 Mauvaise planification des enseignements apprentissages ;
 Concurrence déloyale des écoles privées ;
 Les rencontres de l’équipe pédagogique ne sont pas systématisées ;
 Difficulté dans la gestion matérielle ;
 Problèmes financiers récurrents ;
 Problèmes d’espaces ;
 Absence d’une aire de jeux ;
 Faible implication dans les séminaires organisés par l’IDEN ;
 Manque d’informations sur le fonctionnement des CLEF ;
 Difficulté dans le suivi des maîtres sur les innovations ;

Recommandations
 Accentuer le contrôle pédagogique ;
 Renforcer les moyens logistiques de l’IDEN afin que les districts soient plus fonctionnels ;
 Multiplier les sessions de formation en didactique ;
 Renforcement des liens avec les CLEF ;
 Prise en charge des secteurs privés et des autres ordres d’enseignement ;
 Sensibiliser les opérateurs du privé sur les normes et conditions d’autorisation d’une école ;
 Veiller à ce que les écoles privées alignent leurs personnels au salaire du privé pour devenir plus
attractif.
 Mettre en place des projets d’école de la 4ème génération
Inspecteur Mame Ibra BA IDEN Guédiawaye
Conclusion
Depuis les indépendances, l’espace scolaire connait une crise cyclique liée à des facteurs conjoncturels et
structurels. Il apparait nettement que la politique a pénétré l’école d’autant plus que les crises les plus
graves surviennent durant les années électorales (1988, 1993, 2000) et que certains syndicats sont loin
d’être neutres. Egalement, les ajustements structurels (années 1990) où on cherche à appliquer « le moins
d’Etat mieux d’Etat », la dévaluation du franc CFA (janvier 1994) ont mis de l’huile sur le feu. Au-delà de
ces raisons objectives, les perturbations interviennent souvent à la suite d’une rupture du dialogue entre les
différents acteurs (Etat, partenaires sociaux, élèves et étudiants). La gestion efficace du système éducatif
nécessite qu’une meilleure attention soit accordée à la concertation et une amélioration des conditions des
enseignants et des apprenants. Les écoles privées sont pour l’instant épargnées mais faudrait-il qu’elles
dorment dans leur laurier ?

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