Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Turcan-Verkerk Anne-Marie. Le Prosimetrum des Artes Dictaminis médiévales (XIIe-XIIIe s.). In: Archivum Latinitatis
Medii Aevi, tome 61, 2003. pp. 111-174;
doi : https://doi.org/10.3406/alma.2003.1813;
https://www.persee.fr/doc/alma_0994-8090_2003_num_61_1_1813;
9 D’après les relevés de B. Pabst (cf. p. 269, n. 198 p. 271 : «Es ist keine Stelle
bekannt, wo ein prosimetrisches Werk des Mittelalters von einem anderen mittelalter¬
lichen Autor als ‘prosimetrum’ bezeichnet würde», et encore p. 273).
10 Avant B. Pabst, voir les exemples cités par U. Kindermann, Satyra. Die Theorie
der Satire im Mittellateinischen. Vorstudie zu einer Gattungsgeschichte, Nürnberg,
1978 (Erlanger Beiträge zur Sprach und Kunstwissenschaft, 58), p. 21 sqq: satira
semble avoir été réservé par les commentateurs à Sénèque, Martianus et Boèce
(ibidem, p. 22 et p. 30).
11 J. Ziókowski pense que le terme satura était devenu ambigu au moyen âge, à
cause du glissement de sens vers la « satire » au sens moderne : satura ne désignait pas
nécessairement un texte formé d’une alternance de prose et de vers, et de tels textes
n’étaient pas nécessairement satiriques (la référence principale aurait dû être à ce
propos U. Kindermann, Satyra...), mais les textes cités par Kindermann montrent bien
que satura / satira, au IXe comme au XIIe siècle, désigne régulièrement trois grands
paradigmes du «prosimètre» (Sénèque, Martianus, Boèce), et que les différentes
acceptions du terme sont parfaitement connues et assumées au moyen âge ; en outre,
J. Ziókowski ne semble pas conscient du fait que prosimetrum est certainement une
création médiévale (J. Ziókowski, The Prosimetrum in the Classical Tradition, dans
Prosimetrum. Crosscultural Perspectives on Narrative in Prose and Verse, cur.
J. Harris - K. Reichl, Cambridge, 1997, p. 45-65 [p. 45-48]).
114 ANNE-MARIE TURCAN VERKERK
12Les Rationes dictandi éditées par L. Rockinger, p. 9-28, pouvaient passer pour
l’exemple le plus ancien tant qu’elles étaient attribuées à Albéric du Mont-Cassin, mais
la datation de ce texte dans les années 1138-1143 et leur attribution à Bernard de
Bologne ont changé les données du problème.
13 B. Pabst pense, avec raison je crois, que possumus dicere pourrait signifier
qu’ Hugues est le créateur du terme (p. 270) ; en tout cas, on n’en trouve aucune trace
avant lui.
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMIN1S MÉDIÉVALES 115
14 Bourgain, Qu'est-ce qu'un vers au Moyen Age?, dans BEC , 147, 1989,
P.
p. 231-282 (p. 232 n. 7), ne retient que cette définition, sans la commenter.
15 B. Pabst, p. 270, n. 195 ; quem peut subir un allongement devant habui dans le
premier vers.
16 Tout en analysant correctement ce texte ( Das von ihm benutzte Beispiel, eine
Art Mischprosa aus unvollständigen Hexametern und prosaischen Abschnitten (...)»),
B. Pabst continue manifestement de penser que le terme forgé par Hugues de Bologne
correspondait en fait au « prosimètre » (p. 270). Il passe ensuite directement, par un
116 ANNE-MARIE TURCAN VERKERK
saut un peu anhistorique, au «De competenti dictaminum et grata scientia... », qui par
son renvoi à Boèce semble lui donner raison (cf. infra ) ; B. Pabst s’appuie là sur l’idée
que le monde des dictatores était étroit, ce qui lui confère à ses yeux une certaine
unité : mais la réalité était bien différente. Le traitement du prosimetrum dans les artes
dictaminis montre justement la diversité des écoles et l’importance de la chronologie.
B. Pabst dépend d’une bibliographie ancienne (comme l’ont souligné plusieurs recen¬
sions, par exemple D. Shanzer, dans Speculum , 71/3, 1996, p. 749-752, et P. Dronke,
dans MIJb, 31/1, 1996, p. 155-159) ; pour Yars dictandi, il s’en tient, pour l’essentiel,
au recueil ancien de L. Rockinger et à la mise au point de H. J. Beyer, Die Frühphase
der «Ars dictandi», dans SM, 18/2, 1977, p. 19-43, ce qui limite son propos, faute de
sources (B. Pabst, p. 269-273 ; P. Dronke, Verse with Prose From Petronius to Dante.
The Art and Scope of the Mixed Form, Harvard University Press, Cambridge [Mass.] -
London, 1994, p. 2, s’est encore moins penché sur le problème ; les artes dictaminis
n’entraient pas dans la revue de U. Kindermann, Laurentius von Durham, Consolatio
de morte amici. Untersuchungen und kritischer Text, Diss. Erlangen - Nürnberg, 1969,
p. 56-82, ni dans celle de K. Friis-Jensen, Saxo Grammaticus as Latin Poet. Studies in
the Verse Passages of the Gesta Danorum, Roma, 1987 [Analecta Romana Instituti
Danici. Suppl. XIV], p. 28-63). Or de nombreux textes ont été mis au jour depuis les
années 1970, en particulier à Münster jusqu’à la parution d’un répertoire analytique des
premières productions de Yars dictaminis jusqu’en 1200 (F. J. Worstbrock - M. Klaes
- J. Lütten, Repertorium der Artes dictandi des Mittelalters. Teil I : Von den Anfängen
bis um 1200, München, 1992 [Münstersche Mittelalter-Schriften 66] ; voir les additions
proposées par E. J. Polak, dans Arbitrium, 1997, p. 24-26), grâce à E. J. Polak,
Medieval and Renaissance Letter Treatises and Form Letters. A Census of Manuscripts
Found in Eastern Europe and the Former U.S.S.R., Leiden - New York - Köln, 1993,
et A Census of Manuscripts Found in Part of Western Europe, Japan, and the United
States of America..., Leiden - New York - Köln, 1994 (University of California, Davis.
Davis Medieval Texts and Studies, 8-9), et M. Camargo, auteur de nombreuses éditions
critiques (dernièrement: M. Camargo, Medieval Rhetorics of Prose Composition. Five
English Artes Dictandi and Their Tradition. Edited with Introductions and Notes,
Binghamton - New York, 1995 [Medieval & Renaissance Texts & Studies 115]).
17 La connaissance des quantités était sans doute plus répandue qu’on ne le croit
au moyen âge. Ainsi, on s’aperçoit de plus en plus que les clausules métriques de la
prose d’art antique étaient connues et pratiquées par certains auteurs M. Cupiccia,
:
Clausole quantitative e clausole ritmiche nella prosa latina della Spagna visigotica,
dans Filologia mediolatina, 8, 2001, p. 25-110, et surtout W. Blümer, Arnulf von
Lisieux und der lateinische Prosarhythmus im Hochmittelalter, dans MIJb, 37/2, 2002,
p. 257-275.
LE PROSIMETRUM DES ARTES D1CTAMINIS MÉDIÉVALES 117
comme une séquence (4p 5p 6p) 18. Le parallélisme entre ces deux
commata de 4p5p6p obéit lui-même, à deux rimes près, au principe
de responsion des strophes qui fait la séquence 19 Le seul commen¬.
ita scripta sunt ut cantentur: quae autem non ita scripta sunt, non cantemus. (...) ne
quae cantanda sunt in modum prosae et quasi in lectionem mutemus, aut quae ita
scripta sunt ut in ordine lectionum utamur, in tropis et cantilenae arte nostra prae¬
sumptione vertamus. (§ xrv, PL 66 col. 954A). Voir F. Gégou, Son, parole et lecture au
Moyen Age , dans Mélanges de langue et de littérature du Moyen Age offerts à Temo
Sato, Nagoya, 1973, p. 35-40 (Cahiers d’études médiévales, numéro spécial).
28 Et ce, que le texte soit d’abord oral, comme dans les traditions africaines ou
turques, ou d’abord écrit, comme dans le moyen âge latin.
29 K. Reichl - J. Harris, Introduction..., p. 7-8.
120 ANNE-MARIE TURCAN VERKERK
rains. De nos jours, les livres pour enfants, destinés à une réception
uniquement auditive, pédagogiques au sens le plus fort du terme en
même temps qu’ils agissent sur le plan intuitif et inconscient dont
la langue est la poésie, pourraient en fournir le meilleur exemple.
Ce prosimetrum est la langue des littératures non écrites, dans
l’histoire de l’individu comme dans celle des civilisations. Aussi le
point de vue le plus utile pour nous n’est-il pas celui des latinistes,
mais des spécialistes de littératures qui nous semblent plus
exotiques, auxquelles on peut trouver de passionnantes introduc¬
tions dans le recueil Prosimetrum. Crosscultural Perspectives. L.
Haring, à propos des traditions africaines, fait ainsi d’emblée la
distinction entre texte écrit et texte oral, montrant que la question
du «prosimètre» ne peut se poser de la même façon pour l’un et
l’autre ; comme chez Hugues, la distinction principale entre prose
et vers s’opère au niveau de la performance : la prose serait parlée
(pars vero profertur prosaice ), le vers serait chanté30 (pars versi¬
fice ... profertur ), cette distinction n’étant pas pertinente au niveau
de l’écrit, puisque les procédés employés et la structure de la
phrase ne sont pas différents. Si L. Haring peut écrire «African
artistic practice, in fact, undermines the whole notion of ‘prosime¬
trum’ »31, c’est parce que cette pratique correspond parfaitement à
la notion de prosimetrum telle qu’elle avait été énoncée dans le
premier quart du XIIe siècle, mais non pas à celle de « prosimètre ».
Il est d’ailleurs amusant que des africanistes, cherchant à traduire
graphiquement l’éventail des modulations de cette «hybridization
of ‘verse’ and ‘prose’ », ne fassent pas autre chose que ce qu’a
proposé F. Ohly pour traduire graphiquement les recherches de la
prose d’art médiolatine, utilisant en particulier les ressources de
l’alinéa, de la ponctuation, des capitales32. Cela rapproche évidem¬
ment, pour un européen, cette écriture orale du vers typographique.
pour les plus célèbres, voir l’analyse strophique de certains passages des sermons de
Bernard de Clairvaux par J. Leclercq, étude citée infra, n. 107 ; cf. aussi R. Baron,
Etudes sur Hugues de Saint-Victor, Desclée de Brouwer, 1963, chapitre IV (Le style de
Hugues de Saint-Victor, p. 91-120).
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 121
33 Ce vers provient d’une célèbre satire (cf. v. 2 composui satyram, carmen per
saecula clarum, où satyra désigne bien un poème dans la veine des satiriques latins,
sans aucune allusion au « prosimètre ») contre les moines simoniaques (éd. MGH
Libelli de lite, 3, p. 700-701, v. 5). Erlangen UB 396 f. 48 donne aussi une variante du
vers suivant : Dura cibaria que per agrestia rura legebat. Sans parler de prosimetrum ,
Albéric du Mont-Cassin évoquait déjà dans le De rithmis l’existence de vers ryth¬
miques obéissant aussi aux lois de la poésie métrique : Alii sunt in quibus cum certo et
determinato numero sillabarum etiam longitudo et brevitas est prospecta. Quod est
apertius dicere: rithmi pariter sunt et metra (éd. H. H. Davis, The ‘De rithmis’ of
Alberic of Monte Cassino : A critical Edition, dans MS, 28, 1966, p. 198-227 [p. 208,
§ U).
122 ANNE-MARIE TURCAN VERKERK
34 D. Norberg mentionne ce type de vers dans son Introduction ..., p. 106, comme
un vers rythmique dont les accents sont «liés ... de la même manière que dans les
modèles quantitatifs». Ici, nous avons un véritable hexamètre, mais qui s’offre à
l’oreille comme une poésie purement rythmique.
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 123
Les Auree gemme ont une attitude plus radicale. AGB 4-6
reprend le début de la définition d’Hugues de Bologne, de même
qu ’AGO 26-30, mais toutes deux s’abstiennent soigneusement de la
moindre allusion au prosimetrum, se contentant d’une distinction
entre prosaicum et metricum. Contrairement au mètre, qui est
enfermé dans le carcan de la mensura, la prose se définit par ses
possibilités d’extension: Prosa est prolixa locutio absque lege
metri composita. Dicitur autem prosa apo tou poson, hoc est a
prolixitate verborum. Non enim certo numero pedum et syllabarum
constringitur, sed quantum vis convenienter extenditur (AGB 7-8).
Cette définition, reprise dans AGW 21-22, est absente d 'AGO. Le
genus mixte disparaît donc totalement de la définition des genres,
à moins qu’il ne faille voir dans cette «prolixité» une allusion à la
prose prolixe encore en vogue au début du XIIe siècle, la prose
rimée.
38 Sur ces deux directions prises par Yars dictandi française, la première
représentée par les grands maîtres Orléanais, la seconde par des traités plutôt liés
à Tours et par maître Gaufridus, F. J. Worstbrock, Die Frühzeit der Ars dictandi in
Frankreich , dans Pragmatische Schriftlichkeit im Mittelalter. Erscheinungsformen und
Entwicklungsstufen , cur. H. Keller - K. Grubmüller, München, 1992 [Münstersche
Mittelalter-Schriften 65], p. 131-156, en part, sa conclusion p. 154.
39 (...) dictaminum aud metricum aud ricmicum aud prosaicum, metricum est lite
ralis edicio que certis mensuris pedum seu temporum distinguitur et dicitur a metros
quod est mensura, ricmicum est literalis dictio certo numero sillabarum concordans et
dicitur a ricmos quod est numerus, prosaicum est literalis ed. legem metrorum
respuens; longa congruaque continuatione procedens proson enim longum dicitur;
huius pars est epistula, epistula dicitur ab epi quod est supra et stolon quod est missio
quoniam supra vocem deferentis missa, epistula est oratio ex constitutis sibi partibus
mentem delegantis insinuans (Paris BNF lat. 15170 f. 20v).
40 (...) Due sunt species dictaminis. metricum et prosaicum, metricum est in quo
observatur correptio et productio sillabarum. quale est virgilianum et Ovidianum et
cetera, prosaicum est ubi ratio metri non observatur, quale est tullianum. gregorianum.
salustianum. et aliorum prosaice scribentium, prosaici dictaminis multe sunt species.
decretum, preceptum. privilegium, omelia, epistule et plures alie Pretermissis aliis
agamus de epistula (Paris BNF lat. 15170 f. 16). Texte également cité par J. J. Murphy,
La retorica nel Medioevo. Una storia delle teorie retoriche da s. Agostino al Rinasci¬
mento (trad. italienne de Rhetoric in the Middle Ages , Berkeley - Los Angeles, 1974),
cur. V. Licitra, Napoli, 1983 (Liguori Editore, Nuovo Medioevo 17), n. 66 p. 260-261,
d’après L. Delisle, Notice sur une «summa dictaminis» jadis conservée à Beauvais ,
dans Notices et extraits.., 36/1, 1899, p. 171-205 (p. 179).
41 II semble qu’en France, en particulier dans les milieux ligériens, on ait préféré
la simple bipartition prosaicum / metricum (cf. G. C. Alessio, Bene Fiorentini Cande¬
labrum..., p. 332; pour ne prendre qu’un exemple inédit, les autres étant plus acces¬
sibles, on la trouve dans une ars orléanaise du milieu du XIIIe s. inc. Quoniam tam
veteres quam moderni..., dans Paris BNF lat. 1093 f. 81v, premières lignes de la
première colonne).
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 127
species dictaminum.
Or l’Archivio di stato de Plaisance conserve aujourd’hui dans un
petit manuscrit qui semble de la fin du XIIe siècle une ars dicta
minis , peut-être liée à l’activité de ce maître de Plaisance (qu’il en
soit l’auteur ou qu’il l’ait utilisée), inc. Ut congruam doctrinam
dictaminum habere valeamus... 45 On y trouve cette définition des
trois types de dictamina , qui curieusement élimine le dictamen
rythmique :
Dictamen ita dividitur, dictaminum. aliud est prosaicum, aliud est metricum.
aliud prosimetricum. prosaicum dictamen illud, quod fit sine ulla considera
cione longitudinis et brevitatis, solummodo, et dicitur prosaicum apo toi 46
proson. id est a prolixitate verborum. Veluti dictamen salustii et ciceronis.
Metricum dictamen est illud, quod fit cum consideracione longitudinis et brevi¬
tatis. et dicitur metricum a metron, id est a mensura quia certo numero pedum
et sillabarum constringitur. Sicuti dictamen ovidii. et virgilii. prosimetricum
dictamen est illud, quod partim fit cum consideracione longitudinis et brevi¬
tatis. et partim non. Vt dictamen boetii de consolacione. et dictamen porsperi
[s/c]. De metrico autem et de prosimetrico. nichil ad presens negotium Sed de
prosaico agamus (Piacenza Arch, di Stato, Diversorum Volumen Mp. 155
[XII ex] f. 1 47).
45 L’idée de Congrua doctrina apparaît dès l’incipit de Vars du Vat. lat. 2776.
46 Signe que le texte copié ici portait une transcription du grec, toy.
54 Sur ce lien avec Thomas de Capoue, dont il sent bien qu’il n’est pas exclusif, cf.
G. C. Alessio, Postilla per Arsegino , dans Storia e cultura a Padova nell’età di
Sant’Antonio , Padova, 1985 (Fonti e ricerche di Storia ecclesiastica Padovana, 16),
p. 325-341 (p. 334-336).
55 Citation partielle (sans les exemples) par P. Marangon, La «Quadriga» e i
«Proverbi» di Maestro Arsegino. Cultura e scuole a Padova prima del 1222, dans
Quaderni per la storia dell’ Università di Padova, 9-10, 1976-1977, p. 1-44 (p. 25).
56 P. Marangon ( ìbidem , p. 26) ne suppose un lien entre Hugues de Bologne et
Arseginus que faute de connaître les allusions des artes dictaminis antérieures au genre
mixte.
132 ANNE-MARIE TURCAN-VERKERK
60 Ch. Faulhaber, Las retóricas hispanolatinas medievales (s. XIII -XV), dans
Repertorio de historia de las Ciencias eclesiásticas en España, 1, Salamanca, 1979
(Instituto de Historia de la Teología Española. Corpus scriptorum sacrorum Hispaniae.
Estudios 7), p. 11-65 (p. 15-18), présente ce manuel comme la première ars dictandi
écrite en Espagne, et la situe à Palencia à cause des lieux cités dans le formulaire de
lettres qui la précède dans le manuscrit unique, mais reconnaît qu’il s’agit d’un traité
sous influence française. Peut-être pourrait-on dire plutôt qu’il s’agirait de l’un des
premiers traités d 'ars dictaminis lus en Espagne ?
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 135
65 Dans Paris BNF lat. 8653, le terme rithmicum est transformé lors de sa première
apparition en rictimetricum, un mot-valise nouveau formé sur le modèle de prosime¬
tricum . Malheureusement, il ne s’agit sans doute que d’un lapsus de copiste, le terme
n’apparaissant pas dans les quelques autres témoins que j’ai pu consulter — il n’en est
pas moins intéressant.
66 Des trois grands maîtres bolonais du premier quart du XIIIe siècle, Boncom
pagno da Signa, Bene da Firenze et Guido Faba, Bene est le seul à développer la défi¬
nition des différents types de dictamen.
67 G. C. Alessio, Bene Florentini Candelabrum..., p. XXVIII-XXIX.
69 Candelabrum , III, 3, éd. G. C. Alessio, p. 89. Les trois genera font l’objet de
développements en III, 4-20. D’après l’ensemble de la classification, G. C. Alessio
pense que Bene tient la notion de genus mixtum de Thomas de Capoue (éd., notes au
livre III, p. 331) ; la formulation est vague.
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 137
S’il n’est pas rare de lire que tout mètre est rythme70, il me
paraît moins banal de voir assimilés l’un à l’autre les énoncés
prosaïque, métrique et rythmique. Cette affirmation est développée
par la suite, en relation étroite avec le prosimetricum. Après avoir
défini la prose par l’absence de nombre et la liberté d’extension, le
rythme selon deux acceptions, l’une antique et l’autre
« moderne » 71, Bene s’attache à la définition du dictamen métrique.
Dans ce long développement parfois un peu mordant72, il montre
que tout dictator doit connaître la métrique, ne serait-ce que pour
prononcer correctement le latin, et conclut: Ambulat in tenebris
errando clericus omnis; Qui sine metrorum lege legenda legit 13 .
Suit un paragraphe sur le mélange des trois species , qui constitue
l’exposé le plus développé que je connaisse sur le prosimetricum :
Quare predicte species quandoque comisceantur.
Causa maioris delectationis quandoque predicte species admiscentur, quia
consonat et redolet melius iunctura bonorum, quia gratior est flos cum flore,
color cum colore1 4 ; unde potest dici prosimetricum dictamen, ut boetii, vel
74 Ces vers (cf. H. Walther, Proverbia, n° 3199) sont également cités dans le
Candelabrum III, 1, 16 (éd. Alessio, p. 91 ; ... colore color ed., color cum colore dans
trois témoins), mais à propos de la poésie rythmique.
138 ANNE-MARIE TURCAN VERKERK
prosyrithmicum velut in sermonibus, vel potest dici trimembre, scilicet cum ille
tres species in aliquo tractatu concurrunt (Venezia Bibi. Naz. Marciana
Lat. XI, 7 [4506] f. 3 coi. 2).
75 Voir les textes cités par U. Kindermann, Laurentius ..., p. 63, 66, 73, 78. Sans
parler de prosimetrum, Jean de Garlande exprimera cette idée en termes de variatio :
Variatio materie in prosa fit per versus, ut in presenti dictamine, aut variatur materia
per nuditatem Cupidinis, que materie adaptatur (éd. T. Lawler, chap. V, 1. 174-176, à
la suite d’un exemple de Littere scolastice contenant une pièce de 5 distiques
élégiaques).
76 Je note chez Laurent de Durham le mot admixtio pour parler du « prosimètre » :
... crebra versuum admixtione dulcescet (d’après la citation qu’en fait P. von Moos,
Consolatio. Studien zur mittellateinischen Trostliteratur über den Tod und zum
Problem der christlichen Trauer, München, 1971 [Münstersche Mittelalter-Schriften
3/2], Anm. 1101).
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 139
tion de ce nouveau terme montre que Bene voit dans prosa non pas
la poésie rythmique, comme ce pouvait être le cas chez Hugues de
Bologne, mais bien la prose. Pour les textes faisant alterner prose,
poésie métrique et poésie rythmique, il adapte ( vel potest dici ) un
adjectif existant, trimembre . Peut-être n’est-ce pas un hasard qu’au
lieu de choisir un adjectif comme triplex ou trinus, il ait opté pour
un terme évoquant un monstre à trois corps78 autant que techni¬
quement connoté, puisqu’il peut être utilisé à la même époque pour
indiquer le nombre de vers formant la strophe d’un poème ryth¬
mique79. Si trimembre traduit bien l’unité d’un texte formé de trois
éléments différents, et désigne donc un «prosimètre» au sens
moderne du terme, prosyrithmicum semble plutôt s’inscrire dans la
tradition du prosimetrum originel.
La précision velut in sermonibus est en effet particulièrement
intéressante, car l’insertion de pièces rythmiques dans la prose ne
semble pas particulièrement caractéristique des sermons: B. Pabst
en tout cas n’en a pas mentionné un seul dans son relevé des
prosimètres utilisant des formes rythmiques 80. En revanche, alors
que l’usage de la prose rimée n’était pas propre à la littérature
p. 388.
84 Suggestion prudente de G. C. Alessio, Bene Florentini Candelabrum...,
p. XXIX-XXX.
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 141
85 Citation d’après F. Di Capua, Fonti ed esempi per lo studio dello «stilus Curiae
Romanae» medioevale, Roma, 1941, p. 83-84 (Testi medievali 3). Voir le texte mis en
ligne par S. M. Wight, Medieval Diplomatie and the (Ars dictandi \ Los Angeles, 1998,
sur le site de Scrineum à l’Université de Pavie (http://dobc.unipv.it/scrineum/wight).
86 Ed. T. Lawler, chap. V 1. 450 et suivantes. Nous nous en tenons à cette édition,
beaucoup plus fiable que les restitutions de M. Plezia (M. Plezia, Quattuor stili moder¬
norum. Ein Kapitel mittellateinischer Stillehre , dans Orbis Mediaevalis [Mel.
A. Blaschka], Weimar, 1970, p. 192-210 [p. 195]), qui donne ici ... et ad intelligentiam.
142 ANNE-MARIE TURCAN VERKERK
87 Au XIVe siècle, on retrouve sous la plume de Thomas de Todi O.S.A. des règles à
l’usage du sermocinator (le mot est alors tout à fait positif) pour la rédaction de sermons
en prose rimée et rythmée. Prima regula : ritimus sic debet esse formatus quod quadam
sui dulcedine et delectacione auditorum allidat aures. Ces règles détaillent des tech¬
niques très précises quant à la longueur des mots, la longueur des cola , la répartition des
rimes ; elles exigent une isosyllabie totale, une répartition des accents identique dans
tous les cola, des rimes implacables (voir le texte édité et commenté non sans humour
par L. Bourgain, Les sermons latins rimes au Moyen Age , dans Mémoires de la Société
nationale d’Agriculture, Sciences et Arts d’Angers , nouvelle période t. 22 [1880],
Angers, 1881, p. 215-231 [p. 220-227] d’après Paris BNF lat. 15965 ; cf. Th.-M. Char
land, Artes praedicandi. Contribution à histoire de la rhétorique au Moyen Age, Paris
Ottawa, 1936 [Publications de l’Institut d’études médiévales d’Ottawa 7], p. 92-93). Si
l’on peut souligner la continuité avec les pratiques du XIIe siècle, comme le fait l’abbé
Bourgain, c’est un complet retournement que, dans la théorie, on fasse passer avant le
contenu le principe de plaisir... L. Bourgain cite ensuite une ars sermocinandi de la
même veine contenue dans le même manuscrit, du franciscain Astazius (flor. 1352
1368 ; il s’agit de l’abrégé d’une œuvre plus ample : cf. Charland, p. 27-28), qui fait de
la forme le premier souci du prédicateur, y compris dans la citation de l’Ecriture sainte :
Verba Scripture sacre debent esse ornata et poni curiose, ut allidant audientes, et ut sint
magis solliciti ad audiendum et intelligendum eorum informacionem et ad ea avidius
retinenda. Lui aussi donne en exemple de véritables strophes qui ne se distinguent nul¬
lement de la poésie rythmique (extraits ibidem , p. 227-231).
88 Lui qui parlait, à propos de la prose rimée si fréquente dans les sermons du
XIIe siècle, de « goût dépravé » et de « rimes qui font rougir » : L. Bourgain, La chaire
française au XIIe siècle d’après les manuscrits , Paris-Bruxelles, 1879, p. 225-232.
89 Haec tria proxima genera exornationum, quorum unum in similiter cadentibus,
alterum in similiter desinentibus verbis, tertium in adnominationibus positum est,
perraro sumenda sunt cum in veritate dicimus (...) et non modo tollitur auctoritas
dicendi, sed offenditur quoque in eiusmodi oratione, propterea quod est in his lepos et
festivitas, non dignitas neque pulcritudo. (...) Quomodo igitur, si crebro his generibus
utemur, puerili videbimur elocutione delectari (...).
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 143
90 Cet aspect du problème, qu’il est impossible de développer ici, est détaillé dans
A.-M. Turcan-V., Forme et réforme..., première partie, à paraître.
91 Le proverbe ne fait référence qu’aux trois sens les plus nobles (vue, ouïe,
Sed potest queri an metricum sit prosaycum: videtur enim quod sic, quia
metricum semper resolvitur in prosaicum, ut arma virumque cano, id est, cano
arma et virum; hoc autem non est aliud quam precedens, et patet quod
secundum hunc ordinem est prosaycum ; ergo metricum est prosaycum, ergo
iste species non sunt divise nec diverse. Si dicat hoc, scilicet cano arma
virumque, alium [sic : sous-entendre versum ?] esse quam arma virumque cano,
ergo duo dictamina faciebat poeta, et sic virgilius prosimetricum faciebat
dictamen. [S]i vero dicat istud quod est resolutum esse tale dictamen quod
[auctor] non fecit, maius inconveniens sequitur, scilicet aliquod dicta[men]
esse quod a nullo compositum est, quia non ipse auctor nec ali[us] illud
composuit, ergo: nemo. Soll[uti\o [?] potest dici quod eadem oratio est
metricum dictamen et prosaycum, non tamen prosaycum est metricum, sicut
eadem vox est nomen et verbum, non tamen nomen est verbum. Nam alia est
hec consideratio, et alia illa. Et sic poeta duo dictamina componebat. Sed ad
unum principaliter intentionem suam dirigebat. Sicut aliquis scribendo hoc
nomen roma, scribit hoc nomen amor, quamvis hoc non intendat. Vel potest
dici quod est quoddam naturale dictamen in quod omnia dictamina resolvuntur
et hoc pertinet ad expositorem tantum et numquam ad compositorem, quod
proprie. dicit[ ur] ordinatio constructionis et non dictamen. Vel potest dici quod
metricum dictamen ad ordinationem reductum nichilhominus est metricum
quamvis tali ordine metrum non faciat. Nam qui prius illud composuit
respectum semper habuit ad iuditium pedum et sillabarum et versuum (Venezia
Bibi. Naz. Marciana Lat. XI, 7 [4506] f. 3 coi. 2).
Derniers avatars
Omnis dictaminis seu locutionis apud nos tria sunt genera : Prosaicum, rith¬
micum, metricum. Ex quibus tribus quandoque efficitur mixtum, quod habet
fieri ex duobus, vel trium commixtione (éd. W. Kronbichler, p. 28).
Tamen scolasticus Maguntinus vel causa urbanitatis , vel causa novitatis, vel
causa iactantie mihi quandoque scripsit litteras satis prolixas a primo verbo
salutationis usque ad finem littere versibus conscriptas inexcepte (éd.
W. Kronbichler, p. 165 [Quo ydy ornate littera sit apud nos scribenda]).
99 L’usage du vers dans la lettre semble être une privauté à manier avec précaution :
c’est ainsi que Bernard de Bologne, après avoir présenté dans sa Summa une série de
salutationes en vers léonins, précise Hec vel his similia delectationis causa plerumque
mandare consuevimus, his presertim quos versus non ignorare cognoscimus. He
quoque salutationes non indiscrete inter amicos, propinquos, socios, familiares ordinis
utriusque mutuantur [mittuntur P] iuxta congruitatem personarum et varietates nego¬
tiorum (d’après Vaticano Pal. lat. 1801 f. 13 et 13v ; cf. Poitiers BM 213 f. 5 v et Savi
gnano 45 f. 15-15v). On notera que la salutatio en vers est de l’ordre du jeu littéraire
destiné aux happy few, car Bernard semble penser qu’on peut glisser un vers dans une
épître à l’insu de son destinataire : ses exemples sont d’ailleurs passibles d’une lecture
rythmique et prosaïque, qui ne les différencie pas fondamentalement de nombre de
salutationes rimées des XIe-XIIe siècle (C. D. Lanham, « Salutatio » Formulas in Latin
Letters to 1200: Syntax, Style, and Theory, München, 1975 [Münchener Beiträge zur
Mediävistik und Renaissance-Forschung 22], p. 45-48, qui n’utilise pas Bernard de
Bologne).
100 Détails dans Forme et réforme..., seconde partie, à paraître.
101 Faut-il comprendre que graphiquement aussi la lettre était écrite versibus, c’est
à-dire avec des alinéas comme dans les témoins du Speculum humanae salvationis ,
chaque comma formant un versus ?
150 ANNE-MARIE TURCAN VERKERK
Prosimetrum et « prosimètre »
102 Pas plus que Jean deGarlande, pour qui ce procédé relève de la variatio : cf.
supra, n. 75. Pour l’alternance de prose et de vers dans les épîtres médiévales et le lien
de ce procédé avec les relations affectives, voir les exemples et la bibliographie cités
par P. von Moos, Die Epistolae duorum amantium und die säkulare Religion der Liebe.
Methodenkritische Vorüberlegungen zu einem einmaligen Werk mittellateinischer Brief¬
literatur , dans SM, 44, 2003, p. 1-115 (n. 149 p. 48-49), et supra, n. 99, où l’on voit
que Bernard de Bologne réserve précisément cette alternance aux lettres privées, aux
lettres d’amitié.
103B. Pabst, p. 15 n. 39, fait remarquer que les éditeurs des MGH en particulier
ont trop souvent présenté comme de la poésie rythmique des passages en prose rimée
serrée observant l’isocolie: aussi n’admet-il comme poésie rythmique, dans ses
analyses de prosimètre, que les passages construits selon une forme très réglementée,
de préférence alternante. Cf. le cas du CB 65, exposé supra.
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 151
107 Pour transmettre une plénitude de contenu, c’est pourquoi on l’a utilisée pour
faire parler Dieu : voir les réflexions de F. Ohly, Textkritik..., p. 183 et p. 219 en parti¬
culier. Si l’on suit l’analyse d’U. Eco, Il segno della poesia e il segno della prosa, dans
Prosimetrum e spoudogeloion, Università di Genova, Facoltà di Lettere, 1982 (Pubbli¬
cazioni dell’Istituto di Filologia Classica e Medievale 78), p. 9-28, cette prose poétique
est donc bien avant tout une prose, puisque le contenu est premier, et de ce fait la forme
la plus élevée de l’écriture littéraire. Elle n’a rien de commun avec le ronronnement
mécanique de certaines proses limées, dans lesquelles la recherche facile d’assonances
systématiques semble primer sur le sens. Dès les années 1150, Y Aurea gemma gallica,
écrite en prose rimée, met en garde contre cette dérive : Hoc etiam sollerti vigilantia
observandum est, ut non solum verborum consonantia, set significationis ipsius
secundum rationem eorum attendatur consequentia (éd. S. M. Wight, § 1.13); une
remarque exceptionnelle, mais due à un auteur qui, rompu aux exercices stylistiques,
s’intéresse avant tout aux contenus (voir le classement des lettres par loci, annoncé en
1.51). Cette plénitude du sens traduite par celle du style musical qu’est la prose
poétique a été particulièrement mise en lumière chez Bernard de Clairvaux par
J. Leclercq, Sur le caractère littéraire des sermons de S. Bernard, dans SM, ser. 3a,
7/2, 1966, p. 701-744 (en particulier p. 722, p. 738-739 «les strophes célèbres sur le
nom de Marie », et la conclusion), réimpr. dans Id., Recueil d'études sur saint Bernard
et ses écrits, t. Ili, Roma, 1969 (Storia e Letteratura, 114), IV, p. 163-210.
152 ANNE-MARIE TURCAN VERKERK
tius, MGH Quellen zur Geistesgeschichte des Mittelalters, 2, 1958, p. 85, en particu¬
lier n. 1.
109L’hymne du livre III, 5 sur le meurtre du petit enfant par Rotiland (éd. K. Mani¬
tius, p. 173), pour ceux qui, dans le manuscrit Paris BNF lat. 7761 (XI) f. 32 r et v,
l’ont neumé par deux fois (voir l’appendice à l’édition par N. Fickermann), commen¬
çait à «qui te clausis ianuis... », proposition considérée encore comme de la prose par
l’éditeur.
110 Savoir si la Rhetorimachia est un «prosimètre» est un autre problème;
D. Schalier lui conteste cette qualité, que lui reconnaît en revanche B. Pabst:
D. Schaller, Zu neueren Arbeiten über die prosimetrische Literatur des Mittelalters ,
dans DA, 54/2, 1998, p. 613-621 (p. 616).
111 J’analyse ailleurs la fin de la vie de saint Morand BHL 6019, présentée par
Conrad Janninck dans AA SS3 juin I, p. 344, comme une hymne rythmique, dont les
rimes forment une tirade avec la prose rimée très serrée qui précède : en fait, cette
prose est parsemée de vers « avant-coureurs », dont beaucoup sont purement quantita¬
tifs ( Forme et réforme..., seconde partie, à paraître). Sur ces fins de vitae versifiées, voir
B. Pabst, p. 1022 sqq. Cf. les réflexions de P. Dronke sur la Vita S. Ruperti d’ Hilde¬
garde de Bingen et la façon dont elle est copiée, sans solution de continuité, avec les
hymnes (P. Dronke, recension du livre de B. Pabst, dans MIJb, 31/1, 1996, p. 159).
112 Pour la prose d’art rimée, voir les réflexions de F. Ohly, Textkritik..., p. 176 et
passim, sur ces textes ensevelis dans le sommeil de l’oubli. Combien de belles au bois
dormant attendent-elles leur prince? D’autres exemples sont commentés par P. Bour
gain, La compositio et T équilibre de la phrase narrative au onzième siècle , dans Latin
Culture in the Eleventh Century. Proceedings of the Third International Conference on
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 153
défini comme une prose «prosodique» 113, une prose, certes, mais
qui, rythmée par des césures, une répartition des accents et des
effets spéculaires de rimes et de cadences analogues à ceux de
formes plus réglementées, ou même épousant certaines structures
de la poésie quantitative, s’apparente à la poésie: ce qui explique
qu’elle ait été rangée par Hugues de Bologne dans le metricum , et
que Conrad de Mure la juge encore l’équivalent de formes
métriques ou rythmiques venant relayer la simple prose. P. Dronke
aurait donc pu utiliser le témoignage de Conrad de Mure pour justi¬
fier son idée que, dans la Cosmographia d’Aethicus Ister, les
tirades de quasi-vers étaient l’équivalent des parties versifiées d’un
«prosimètre» plus classique114. Exclure de la catégorie des
« prosimètres » des textes médiévaux faisant usage par moments
d’un style suprêmement ambigu et raffiné témoigne sans doute
d’une certaine incompréhension de l’esthétique littéraire médié¬
vale, friande de polyvalence et destinée à un public familier de la
lecture à plusieurs niveaux, qu’il s’agisse de la forme ou du sens.
Cependant, l’évolution de Yars dictaminis et de la perception
des formes littéraires portait de plus en plus à considérer les styles
eux-mêmes comme des types de textes assez rigides plutôt que
119 Par exemple, on ne trouve qu’une tripartition chez Jean de Limoges (XIII2 ou
ex.) : Dictaminum prima partitio tripartita est ; sunt enim dictamina metrica, rhythmica
et prosaica, quorum duo preambula grammaticae seu musicae speculationi subsistunt,
sed tertium bipartitur in dictamen immobile et quietum, quod librorum scriptoribus est
indultum, et mobile, quod usualiter epistolare vocatur (éd. C. Horváth, p. 7).
120 Ed. E. J. Polak, 1. 123-124, p. 66.
122 Sur cette dépendance, E. Heller, Die Ars dictandi des Thomas von Capua...,
n. 5 p. 46.
123 Ed. P. O. Kristeller, Un' «Ars Dictaminis» di Giovanni del Virgilio, dans IMU,
4, 1961, p. 181-200 (p. 193-194).
124 L’anonyme va détailler les terminationes rythmées, qu’il décrira à l’aide du
vocabulaire de la poésie métrique — les « spondées » désignant tous les mots de deux
syllabes, qu’il s’agisse de pyrrhiques, de spondées, d’ïambes ou de trochées, les
«spondées et demi» les trissyllabes paroxytons (molosse, bacchée, antibacchée,
amphibraque), les « dactyles » les trissyllabes proparoxytons (tribraque, dactyle,
anapeste, amphinacus = crétique) — et commence ainsi sa présentation de la prose
rythmée : In hoc vero dictamine litteratorio, quod nec est ex toto prosaycum, nec ex
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 157
* *
toto metricum, sed utrumque participat, omni dictione dissillaba dicimus utendum pro
spondeo... Texte cité d’après Paris BNF lat. 11384 f. 95, signalé par N. Valois, Etude
sur le rythme des bulles pontificales , dans BEC, 42, 1881, p. 161-198 et 257-272
(p. 164-165, n. 1 p. 165). Il s’agit d’un traité d 'ars dictaminis très complet,
commençant au f. 93 : De congrua situatione parcium dictaminis Inc. Quoniam de
litterarum dictamine negocium presens agitur. Quid sit dictamen et modus dictaminis
videatur, secundum quod in hoc loco sumitur..., assorti de très nombreux exemples et
d’un formulaire qui semble d’origine cistercienne, se terminant au f. 225 sur une
formule en français (brève allusion de Ch. H. Haskins, Studies in Mediaeval Culture,
New York, 19652, p. 34 n. 4 ; le témoin provient peut-être de Fontenay : A. Bondéelle
Souchier, Bibliothèques cisterciennes dans la France médiévale. Répertoire des
abbayes d'hommes , Paris, 1991 [DER], p. 110).
125 Cf. P. Klopsch, Prosa und Vers..., p. 18 sqq.
129 Remarque de P. Klopsch, Prosa und Vers..., p. 18, reprise par B. Pabst puis
J. Ziókowski (p. 57).
158 ANNE-MARIE TURCAN VERKERK
130 bestimmt kein Dummkopf » : D. Schaller, dans DA, 54/2, 1998, p. 614. Texte
«
cité et expliqué par B. Pabst, p. 291 et 292.
131 Sur T évanescence» des frontières entre prose et vers au moyen âge, voir les
132 Cf. G. Constable, Three Studies in Medieval Religious and Social Thought. The
Interpretation of Mary and Martha. The Ideal of the Imitation of Christ. The Orders of
Society, Cambridge, 1995, n. 230 p. 306 et p. 336.
133 Sur le caractère interchangeable de la prose et des vers, qui requièrent une
même formation, sont pratiqués dans les mêmes genres littéraires, avec les mêmes
contenus, appartiennent tous deux à la même catégorie du dictamen (etc.),
cf. P. Klopsch, Einführung in die Dichtungslehren des lateinischen Mittelalters , Darm¬
stadt, 1980, p. 70-73 en particulier. Sur les vies de saints en vers et leurs rapports avec
les textes en prose, ou en prose d’art, voir les analyses de F. Dolbeau, Un domaine
négligé... (supra, n. 131).
160 ANNE-MARIE TURCAN-VERKERK
134 U. Eco, II segno della poesia e il segno della prosa..., qui analyse les raisons
pour lesquelles « la poesia va sempre a capo prima della fine del foglio ».
135 Voir les remarques de P. Bourgain, Qu'est-ce qu’un vers..., p. 254 sqq.
Albéric du Mont-Cassin
f <Breviarium>
Entre 1077 et 1080 environ. Traité général de rhétorique appliquée. Je nomme
ainsi, selon d’anciennes habitudes, l’ensemble composé d’un Breviarium
proprement dit correspondant à une première semaine de cours (P. Ch. Groll,
Teil II, p. 25-49), d’ instructions pour la rédaction» {epistulae formatae ,
privilèges, actes des puissances séculières, salutationes ), et d’ annexes»
{inusitatae orationes, vitia orationis, exornationes) ; le De rithmis a fait
l’objet d’éditions séparées ; 1 Ars dictandi est jointe à ce corpus dans les
9
Ed. P. Ch. Groll, Das Enchiridion de prosis et de rithmis des Alberich von
Montecassino und die Anonymi Ars dictandi , Diss. dact. Freiburg i.
Breisgau, 1963, Teil II, p. 25-100.
f <Ars dictandi>
Avant la mi 1085 (F. J. Worstbrock, dans Repertorium , p. 15-16). Worst
brock (1989) a démontré l’attribution de ce texte à Albéric, et l’a réédité,
après Groll, avec une dédicace différente. C’est le premier traité de rhétorique
strictement appliquée à la rédaction des lettres que nous ayons conservé. 4
témoins.
Ed. P. Ch. Groll, Das Enchiridion ..., Teil II, p. 101-108; F. J. Worst¬
brock, Die Anfänge der mittelalterlichen Ars dictandi , dans FM S, 23,
1989, p. 1-42 (texte p. 32-37).
Adalbert de Samarie
Hugues de Bologne
Henricus Francigena
On ne sait rien de lui.
f Aurea gemma
1119-1124, Pavie.
Texte inédit, consulté dans Erlangen UB 396 (a. 1294) f. 47-54v et Paris
BNF nal 610 (XII) f. 27-36v (mutilé) ; quelques modèles de lettres ont été
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 163
<Traité Lombard>
Compilation des traités d’Adalbert de Samarie et Hugues de Bologne.
Texte inédit, consulté dans Wien ÖNB 2507 f. 7v-13; cf. aussi Vaticano
Vat. lat. 1358 (XIII) f. 104 105 v (J. Lütten, dans Repertorium, n° 36),
présenté jusqu’à présent comme un témoin d’Adalbert de Samarie et
Hugues de Bologne.
Après 1125 (H. J. Beyer ); vers 1130 (J. Lütten, p. 147). 1 témoin, Praha
Statni Knihovna XXIII E 29 (Lobkowitz 480) (XII, Weissenau) f. 88v-95.
\ Aurea gemma dite «d’Oxford» (AGO)
AGO tire son nom du principal témoin, Oxford Bodl. Libr. Laud. Mise. 569
(837) (XII-XIII, France) f. 178v-190. 1132-1136 ou 1126-1135 (H. J. Beyer) ;
1130-1143 (J. Lütten, p. 148). Traité caractérisé par la présence de la déd. 3
d’Adalbert et d’emprunts à Henricus Francigena.
Ed. H. J. Beyer, Die Aurea Gemma’. Ihr Verhältnis zu den frühen Artes
dictandi , Diss. Bochum, 1973. Ed. synoptique des différentes rédactions
p. 60-132, histoire de la recherche sur les Aureae gemmae p. 24-27, étude
des manuscrits p. 40-48.
% <Summa>
Remaniement et systématisation des Rationes dictandi , transmis sous des
titres divers. Deux rédactions presque contemporaines (1144-1145), dont
l’une est centrée sur Faenza (réd. A) et l’autre intéresse toute la Romagne et
un peu la Vénétie (réd. C), la troisième étant une adaptation française datant
de 1160 environ (réd. B); le noyau de la théorie reste néanmoins stable
(sommaire avec incipit chez M. Klaes, 1990, p. 214-215). 8 manuscrits
complets et 6 fragmentaires. Plusieurs traités dérivés.
Texte inédit à l’exception de quelques extraits (cf. M. Klaes, dans Reper¬
torium, n° 7, p. 28-29), consulté entre autres dans Vaticano Pal. lat. 1801
,
(XII ex) f. 1-51, témoin de la réd. A, Poitiers BM 213 (XII) f. 1-32, témoin
de la réd. B, et Savignano di Romagna Accademia dei Filopatridi 45,
témoin de la réd. C.
de Bologne, peut-être le Guido souvent cité dans les exemples (M. Klaes,
1990, p. 231, et dans Repertorium , p. 39). 4 témoins, dont 2 complets.
Texte inédit, consulté dans Mantova B Com. A II 1 (XII2) f. 73-122v et
Zaragoza BU 225 (olim 41) (XIII) f. 54-64 ; certains des modèles de lettres
ont été édités ou analysés par H. Kalbfuss, Eine Bologneser Ars dictandi
des XII. Jahrhunderts, dans Quellen und Forschungen, 16/2, 1914, p. 1-35
(p. 14-35) ; sommaire et incipit donnés par M. Klaes, 1990, p. 226-227.
Ed. et trad. S. M. Wight, Medieval Diplomatie and the (Ars dictandi ’, Los
Angeles, 1998, en ligne sur le site de Scrineum à l’Université de Pavie
(http://dobc.unipv.it/scrineum/wight).
Albert d’Asti
%Flores dictandi
Datés traditionnellement de 1148-1153, sans doute vers 1153-1154
(F. J. Worstbrock, dans Repertorium , n° 4). 1 témoin.
Texte inédit, consulté dans Paris BNF nal 610 (XII) fol. l-25v; début du
prologue éd. par Haskins, Studies, p. 184 — F. J. Worstbrock en signale
des extraits dans une compilation anonyme (#Primo igitur ut sériât a...,
cf. J. Lütten, dans Repertorium, n° 40).
Entre 1160 et 1171, France (M. Camargo, p. 163). Ecrit sans doute par quel¬
qu’un qui avait fréquenté, à Tours ou dans les environs, Bernard Silvestre,
166 ANNE-MARIE TURCAN VERKERK
lat. 8314).
«Erudiendorum instructioni... »
Avant 1181. Traité d’origine française imitant très largement les Rationes
dictandi 1 témoin. Cf. J. Lütten, dans Repertorium , p. 132.
.
Pierre de Blois
Auteur d’une collection de lettres très diffusée, dont la première version date
de 1184 ca.
Bernard de Meung
Maître dont on ne sait presque rien. Les modèles de lettres rattachés à son
nom concernent presque autant Paris que la région orléanaise. Il s’inspire de
l’école bolonaise du dictamen , mais confère à Y ars dictaminis un tour décidé¬
ment praticien qui fait son originalité et son succès (Ch. Vulliez). La
« Summa bernardine », ensemble de textes rattachés à Bernard de Meung mais
dont certains ont peut-être été rédigés par des disciples du maître, se compose
d’une ars dictandi théorique, un recueil de cartae , et deux formulaires de
lettres au contenu variable. 44 témoins de la Summa , dont 26 transmettent le
traité théorique (Ch. Vulliez).
ï <Flores dictaminum>
Titre variable. Le texte se présente avec deux incipit différents. La version Al
de Ch. Vulliez, inc. Ad doctrinam dictaminum accedentes..., est la plus
répandue (9 témoins), elle est datable de 1186 au plus tôt ; témoin principal :
Agen BM 4. La version B, inc. Ad doctrinam dictaminum accessuri..., peut
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 167
être plus ancienne (les noms cités donnent une fourchette 1159-1181), est
beaucoup moins diffusée.
Texte inédit, consulté entre autres dans Paris BNF lat. 15170, témoin de la
forme A, et Agen BM 4, témoin de la forme Al ; éd. partielle L. Delisle,
Notice sur une «summa dictaminis» jadis conservée à Beauvais, dans
Notices et extraits..., 36, 1899, p. 171-205 (Agen BM 4 est peut-être à
identifier avec un ms. à Beauvais au XVIIIe s.) — l’étude la plus complète
sur la Summa bernardina est celle de Ch. Vulliez, Des écoles de V Orléa¬
nais..., t. II, p. 554-674; cf. J. Lütten, dans Repertorium, n° 9, p. 43-62,
avec la bibliographie antérieure.
Transmundus
Après avoir fait carrière dans la chancellerie pontificale (il signe des actes de
1185 à mars 1186), Transmundus est entré à Clairvaux; Magister Gaufridus
le mentionne en 1 188. A la présentation assez compliquée de S. J. Heathcote
(dans Analecta cisterciensia, 21, 1965, p. 35-109 et 167-238), A. Dalzell
substitue une histoire plus claire de la transmission de ses Introductiones.
T[ La réd. I ( Ysagoge dictaminum ad epistolas componendas secundum magi¬
vallensi monacho et quondam romane curie notano ), qui ne fait aucune allu¬
sion aux théories françaises du dictamen , est transmise par 4 témoins, tous
variants ; dans le manuscrit le plus complet (Montpellier BISM 302 = B), le
texte a fait l’objet de remaniements, en France (peut-être est-ce l’œuvre de
Transmundus lui-même, à Clairvaux). Cette première version pourrait dater
des années 1180.
il La réd. II (Introductiones transmundi , sedis apostolicae protonotarii, de
arte dictandi) est largement augmentée, en particulier d’éléments sur le
cursus dans le style Orléanais, et de larges passages démarqués de Y Ars
dictandi aurelianensis ; elle est divisée en deux, un cours élémentaire et un
cours avancé. Cette révision pourrait être due à Transmundus, après 1206.
Certaines additions successives ne peuvent remonter à l’auteur. 10 témoins,
texte stable. C’est ce texte qu’édite A. Dalzell.
Ed. A. Dalzell, Introductiones dictandi by Transmundus. Text edited and
translated with annotations , Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval
Studies, 1995 (Studies and Texts 123).
Texte inédit, dans Piacenza Arch, di Stato Diversorum Volumen Mp. 155
(XII ex) un cahier, f. 1 reprod. par A. Riva, La Biblioteca capitolare di
S. Antonino di Piacenza ..., pi. XLIV, notice p. 226-227 ; je n’ai pas encore
eu la possibilité d’étudier l’ensemble du témoin.
Texte inédit, consulté dans Zaragoza BU 225 (olim 41) (XIII in) f. 64v-65v
(Faulhaber indiquait les f. 64v-68v parce qu’il incluait dans l’œuvre le
formulaire de lettres qui suit).
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 169
Thomas de Capoue
Etudes à Vicenza (selon E. Heller, mais cf. H. M. Schaller, dans DA, 21,
1965, p. 387 ; sur la biographie de Thomas de Capoue, p. 371-394). Card, de
Sainte-Sabine en 1216, il dirige de fait la chancellerie pontificale, à laquelle
il appartenait sans doute déjà auparavant (H. M. Schaller, p. 388), peu avant
la mort d’innocent III (juillet 1216) ; il perd cette direction sous Honorius III,
mais demeure actif à la chancellerie, f 1239. Il faut distinguer la <Summa
dictaminis>, important recueil de lettres constitué après la mort de Thomas,
de l’<Ars dictandi>, traité théorique.
<Ars dictandi>
Entre 1200 et 1210, traité sous influence bolonaise, utilisé à la chancellerie
pontificale jusqu’à la mort de Thomas. 48 témoins vus par l’éd., 7 utilisés.
Ed. E. Heller, Die Ars dictandi des Thomas von Capua. Kritisch erläu¬
terte Edition, dans Sitzungsberichte der Heidelberger Akademie der
Wissenschaften. Philosophisch historische Klasse , 1928-1929, 4. Abhand¬
lung, en ligne sur le site de l’Archivio della latinità italiana del Medioevo
(ALIM), http://www.uan.it/alim/index.html.
Arseginus
Début du XIIIe s., avant 1230 ca. Parmi les œuvres antérieures, les plus
proches sont celles de Bernard de Meung et le De competenti dictaminum et
grata scientia..., immédiatement antérieur et provenant du sud de la France.
Dans le manuscrit, Yars dictandi proprement dite est précédée d’un formu¬
laire (éd. par A. M. Barrero García, dans Anuario de historia del derecho
español, 46, 1976, p. 671-711) contenant des références à Toulouse, Sens,
mais aussi au studium de Palencia — d’où le nom de Yars — et suivie de
règles métriques sur la longueur des syllabes initiales, de règles sur les
accents, et de quatre lettres mentionnant Toulouse. 1 témoin, Barcelona Bibl.
de Catalunya 776 (XIII1) f. 1-6 (formulaire) et f. 6v-9v (ars).
BONCOMPAGNO DA SlGNA
Palma
1198-1199. 6 témoins.
% Rhetorica novissima
Ecrite sans doute pour la majeure partie à Venise, parution à Bologne en 1235.
Destinée aux étudiants de droit civil et canon. 3 témoins utilisés par l’éd.
Ed. A. Gaudenzi, dans Bibliotheca Iuridica Medii Aevi, 2, Bologna, 1892,
p. 249-297, mise en ligne par S. M. Wight (cf. supra).
Bene de Florence
f Candelabrum
La rédaction s’est échelonnée de 1220 à 1226 (G. C. Alessio, p. XXIX
XXX). 18 témoins utilisés par l’éd.
Ed. G. C. Alessio, Bene Florentini Candelabrum, Padova, 1983
(Thesaurus Mundi. Bibliotheca scriptorum latinorum mediae et recentioris
aetatis 23).
Jean de Garlande
Vers 1195 - 1 1272, il enseigne à Paris à partir de 1213 ca. Œuvres poétiques,
grammaticales et rhétoriques, lexicographiques (voir le bilan de C. Jeudy,
dans Dictionnaire des Lettres Françaises. Le Moyen Âge, cur. G. Hasenohr -
M. Zink, Paris, 1992, p. 779-780).
ï Parisiana poetria
Ecrite vers 1220, elle aurait été révisée entre 1231 et 1235 (T. Lawler).
6 témoins.
Pons le Provençal
Maître actif dans le 2e quart du XIIIe siècle. Auteur d’une Summa dictaminis ,
d’une Summa de constructione (manuel de grammaire), d’un Epistolarium et
d’un De libellis qui le complète. Il existe trois états de Y Epistolarium : le
dernier, Orléanais, est daté de 1252; un état toulousain date sans doute du
début de la carrière de Pons, peut-être toulousain lui-même, on peut situer à
Paris un état intermédiaire (d’après Ch. Vulliez, Des écoles de T Orléanais...,
t. II, p. 707-716; je n’ai pas vu la thèse d’Ecole des Chartes inédite
d’H.-G. Le Saulnier de Saint-Jouan, Paris, 1957).
f Summa dictaminis de competenti dogmate (titre donné par l’auteur)
1238-1243 ca, peut-être à Paris (Ch. Vulliez, p. 714). 19 témoins cités par
Ch. Vulliez.
Texte consulté dans Paris BNF lat. 8653 f. 2-7 ; éd. d’extraits par Ch. Fier
ville, Une grammaire latine inédite du XIIIe siècle, extraite des manuscrits
n° 465 de Laon et n° 15462 (fonds latin ) de la Bibliothèque nationale,
Paris, 1886, p. 175-177.
Gaufridus de Everseley
(Cumseselz, Cumeselz, lectures fautives pour Everseley ?)
Anglais, clerc au service d’ Alfonse X de Castille et d’Edouard Ier d’Angle¬
terre; diplomate et notaire, f 1283.
ï <Ars epistolaris omatus>
Entre 1267 et 1275, à la cour d’Alphonse X. Le titre est tiré de l’inc. du livre
I. L’auteur annonce un livre V, pratica epistolaris ornatus , que nous n’avons
LE PROSIMETRUM DES ARTES DICTAMINIS MÉDIÉVALES 173
Conrad de Mure
Ed. W. Kronbichler, Die summa de arte prosandi des Konrad von Mure,
Zürich, 1968.
Jean de Limoges
Identifié par son éditeur comme un abbé cistercien de Zirc (1208-1218) passé
ensuite chez les Franciscains ; il semble qu’en réalité ce maître séculier,
devenu cistercien, n’ait écrit que dans la seconde moitié du XIIIe siècle
(cf. R. Aubert, dans DHGE, fase. 156-157, 1998, col. 230-231).
f Libellus de dictamine et dictatorio syllogismorum
Il fait allusion à Aristote, ce qui doit le situer dans la deuxième moitié du
XIIIe s. ; le seul nom de lieu cité dans les modèles est Paris (plusieurs
mentions du studium parisiense). 1 témoin complet connu de l’éd., Troyes
BM 893 (XIII?)138.
Ed. C. Horvath, Johannis Lemovicensis abbatis de Zirc 1208-1218 Opera
omnia, t. I, Veszprém, 1932 (Libri de Zirc 2), p. 4-68.
138 E. J. Polak en décrit un autre témoin, Bruges BP 381 (XIII) f. 5-16, où l’ou¬
vrage porte ce titre : Liber de dictamine et dictatorio sigillo.
174 ANNE-MARIE TURCAN VERKERK
Jacques de Dînant
Ses œuvres sur le dictamen sont transmises en corpus par Roma Bibl. Ange¬
lica D.8.19 (516) (XIV, Italie). Certaines ont été mises en ligne sur le site de
l’Archivio della latinità italiana del Medioevo (ALIM),
http://www.uan.it/alim/index.html.
ì[ Summa dictaminis
Ecrite entre 1282 et 1295, probablement à université de Bologne
(E. J. Polak, p. 15 et p. 19).
Ed. E. J. Polak, A textual Study of Jacques de Dînant* s Summa dictaminis,
Genève, 1975 (Etudes de philologie et d’histoire), p. 61-131.
Tl Ars dictaminis
Vers 1320. 1 témoin, Napoli BN XIII G 33 (XV1) f. 61-67, texte mutilé de la
fin.
Ed. P. O. Kristeller,
Un* «Ars Dictaminis» di Giovanni del Virgilio, dans
IMU, 4, 1961, p. 181-200 (texte p. 193-200).