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OCEAN- ATMOSPHERE –CLIMAT

Licence Sciences de la Mer et de l’Environnement


A compléter par les prises de notes en cours et TD
Nicolas THOUVENY
Professeur Aix-Marseille Université – OSU-Institut Pythéas
2020/2021

Introduction sur le réchauffement climatique global

1. La Terre sur son orbite


1.1. Rotation
1.2. Révolution
1.3. Lois de Képler
1.4. Paramètres orbitaux : Excentricité, obliquité, précession

2. Energies et forces à la surface de la Terre (mécanismes et bilans)


2.1. Energies reçues par la surface terrestre : moteurs du climat
- Irradiance solaire
- Effet de serre
2.2. Accélérations centrifuge et de Coriolis

3. Cycle de l'eau
3.1. Répartition des eaux dans les réservoirs terrestres
3.2. Changements d'états de l'eau
3.3. Cycle hydrologique
3.4. Origine de l'eau à la surface de la Terre

4. Cycles de l'Oxygène et du Carbone


4.1. Composition de l’atmosphère
4.2. Photosynthèse – respiration et origine de l’oxygène
4.3. Cycle du carbone, gaz carbonique et acide carbonique
4.4. Bilans des échanges et réservoirs de carbone

5. Structure et dynamique de l'Atmosphère


5.1. Structure de l’atmosphère
5.2. Instabilités atmosphériques
5.3. Circulation atmosphérique générale
5.4. Accération de Coriolis et mouvements atmosphériques

6. Structure et dynamique de l'Océan


6.1. Composition de l’eau océanique
6.2. Dynamique de l’océan
-Gradients latitudinaux de chaleur et courants océaniques

1
-Salinité, structures thermohaline, circulation thermohaline
6.3. Marées océaniques: mécanismes et effets

7. Couplages atmosphère-Océan

7.1. de l’échelle locale à l’échelle régionale (tempêtes tropicales)

7.2. De l’échelle régionale à l’échelle globale :


- Courants et climat (Gulf stream et Europe ; Labrador et Amérique Nord)
- Ocsillation Nord Atlantique (NAO)
- La Mousson et le climat de l’Inde et de l’Asie;
- L’oscillation australe et le système El Nino-La Nina (ENSO)

8. Variabilité du climat

8.1. Observations directes de la variabilité du climat.


-Variabilité temporelle mesurée à l’échelle du dernier siècle (T°, niveau
de la mer) ;
-Evolution à l'échelle historique: optimum médiéval et petit âge glaciaire .

8.2. Causes des variations du climat à diverses échelles de temps


- Variations de l’irradiance solaire totale :
-activité solaire (taches) (décénnie à millenaire)
-position de la terre sur son orbite (103 – 105 ans)
- Variations naturelles de l’effet de serre (104 – 106 ans).
- Variations de volume et de répartition des glaces polaires (104-105 ans)
- Changements de la géographie liés à la géodynamique (106 ans)

9. Perturbation anthropique de l'effet de serre, conséquences et


perspectives : cf cours introductif le réchauffement climatique global
( causes et conséquences). Voir le diaporama figures et textes .

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1. La Terre sur son orbite

1.1. Rotation
Les pôles géographiques sont les deux seuls points d’une planète, situés aux antipodes
l’un de l’autre, desquels on peut observer sur une durée de 24 heures la voûte céleste,
invariante en composition (astres visibles), tourner autour d’un point fixe situé sur un axe
perpendiculaire au sol. Conventionnellement le pôle Nord est situé dans l’hémisphère qui est
tourné vers le haut dans la représentation du système solaire et le pôle Sud est situé dans
l’hémisphère opposé, aux « antipodes ».
L’ « axe de rotation » est un segment de droite joignant virtuellement les pôles
géographiques. Dans le référentiel des étoiles, son orientation est considérée comme fixe à
court terme*: au Nord il pointe en direction de l’étoile Alpha de la Petite Ourse, dite «étoile
polaire ». L’axe de rotation est incliné de 23° 26’ ( 23,5° en arrondissant) par rapport à la
normale au plan de l’écliptique (plan de révolution de la Terre autour du soleil.

* à long terme, l’axe de rotation est animé d’oscillations d’amplitudes et de périodes variées: périodes
« décennales » pour les faibles amplitudes (fractions de degré) à période multimillénaires pour les fortes
amplitudes (dizaines de degrés). Ceci en raison des hétérogénéités de forme et de composition de la Terre et des
interactions avec les astres du système solaire (surtout la Lune qui est l’astre le plus proche, donc le plus
perturbateur).

Sens de rotation : vue d’au-dessus du pôle Nord la terre tourne dans le sens inverse des
aiguilles d’une montre (sens anti-horaire). Vue d’au-dessus pôle Sud, la terre tourne dans le
sens des aiguilles d’une montre (sens horaire). La voute céleste, vue de la terre, tourne dans
les sens indiqués ci-dessus. Vues au-dessus de l’équateur, les surfaces terrestres défilent de
gauche à droite c’est à dire de l’Ouest vers l’Est.

Durée de rotation : jour sidéral et jour solaire

Classiquement le jour, ou journée, est l'intervalle de temps qui sépare le lever du coucher du
Soleil ; c'est la période entre deux nuits, pendant laquelle les rayons du Soleil éclairent le ciel.
Son début (par rapport à minuit heure locale) et sa durée dépendent de l'époque de l'année et
de la latitude. Attention : selon cette définition, le jour dure 6 mois aux pôles.

Mais par extension, le jour ou journée est la durée du jour et de la nuit consécutive, donc
l'intervalle de temps qui sépare un instant t de son équivalent le lendemain t+24 h au même
endroit. Le jour est donc une unité de temps qui vaut 86 400 secondes. Symbole : j ou d (du
latin diurnus).

Mais on doit distinguer

- jour solaire, temps mis par la Terre pour faire un tour sur elle-même par rapport au Soleil
(temps séparant deux passages consécutifs du Soleil au-dessus d’un méridien donné). Cette
durée combine la rotation de la Terre sur elle-même et le déplacement de la Terre sur son
orbite. Il y a 365 ou 366 jours (année bissextile) dans une année.

- jour sidéral, temps mis par la Terre pour faire un tour sur elle-même, par rapport à une
étoile (point fixe) (temps séparant deux passages consécutifs d'une même étoile au-dessus
d’un méridien donné. Un jour sidéral dure 23 heures, 56 minutes et 4,09053 secondes. Une
année contient environ UN jour sidéral de plus que de jours solaires.

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À cause de la dissipation d'énergie que produisent les marées, la vitesse de rotation de la Terre diminue. La durée
du jour augmente au rythme d'environ 2 millisecondes par siècle. Voici 100 millions d'années, l'année durait 380
jours (cycles mesurés sur des coraux fossiles). La Lune s'éloignant de la Terre, le taux d’allongement des jours
diminue et diminuera en raison de la réduction de l’effet de la lune sur la marée (fonction de carré de la distance
Terre-Lune).

1.2. Révolution
La révolution de la Terre autour du Soleil se fait sur une trajectoire faiblement
elliptique (presque circulaire) contenue dans un plan dit « plan de l’écliptique ». Elle dure 365
jours ¼, ce qui justifie l’addition tous les 4 ans d’un jour supplémentaire (29 février).

La révolution des planètes est régie par les 3 lois de Képler (1571-1630) :

-1ère loi : les planètes tournent autour du soleil sur des orbites elliptiques. Le degré d’ellipsité
de l’orbite varie d’une planète à l’autre.

-2è loi : en vertu du principe de la gravitation universelle, la ligne joignant le soleil à une
planète balaie des surfaces égales en des durées égales. Lorsque la distance Terre-Soleil
diminue, la vitesse de la Terre sur son orbite augmente : la distance parcourue en un temps t
donné augmente. Inversement lorsque la distance Terre-Soleil augmente, la vitesse de la Terre
sur son orbite diminue : la distance parcourue pendant le même temps t, diminue.
La surface balayée par la ligne Terre-Soleil en un temps t étant constante, les saisons ont donc
des durées variables: actuellement pour l’hémisphère Nord Hiver= 89 j ; Automne=89j 19h ;
Printemps : 92 j 20h ; Eté : 93 j 15h. Inverser cet ordre pour l’hémisphère Sud.

-3è loi : le carré de la période de révolution est proportionnel au cube de la distance moyenne
planète-soleil r : T2 = k * r3

Autrement dit : plus une planète est loin du soleil, plus son temps de révolution est long. Non
seulement parce que la trajectoire est plus longue, mais aussi parce la vitesse de déplacement
de la planète est plus faible. En effet, il y a équilibre entre attraction gravitationnelle (exercée
par le soleil) et la force centrifuge due à la révolution de la planète. Par contre plus une
planète est proche du soleil, plus elle subit l’attraction du soleil et plus sa rotation est lente
(jour planétaire plus long).

1.3. Paramètres orbitaux et variations à long terme

Trois paramètres orbitaux, variant de façon périodique, règlent l’insolation (W/m2 ) reçue
par la Terre selon la latitude et la saison. Leurs périodicités majeures ont été récemment re-
calculées par Berger (1973, 1977), puis par Laskar (1990). Elles sont présentées ici par ordre
de période décroissante.

1.3.1. L’excentricité
La terre tourne autour du soleil sur une orbite elliptique, dont le soleil est un des 2 foyers
(points fixes servant à tracer l’ellipse au moyen d’ une ficelle).
L’excentricité e est la mesure du degré d’aplatissement de l’ellipse:
a et b étant respectivement le demi-grand axe et le demi-petit axe de l’ellipse,
e = (a2 – b2)/a
ou : e = c/a avec c = moitié de la distance entre les foyers : e = [F1,F2] / 2 a
ou encore : e = O-soleil / O-périhélie, O étant le centre de l’ellipse.
Valeurs limites: e varie de 0 (orbite circulaire) à 0.0607 (6,07 %) (orbite la plus elliptique).

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Valeur actuelle : e = 0.0167 : a = 149,6 106 km. Le soleil étant un des foyers de
l’ellipse, les extrémités du grand axe définissent des distances Terre-Soleil différentes :
périhélie (le + proche): 147,1 106 km → radiation = 351 W.m-2 (~ 550 W.m-2 en été 90°S.)
aphélie (le + éloigné): 152,1 106 km → radiation = 329 W.m-2 (~500 W.m-2 en été 90°N.)
Périodes de variations de e : e varie de 0 à 0.0607 avec des périodicités principales
T1= 413 000 ans, T2 = 136 000 ans et T3 = 95 000 ans : T2 et T3 sont souvent confondues en
une périodicité unique voisine de 100 mille ans.

1.3.2. Inclinaison de l’axe de rotation par rapport au plan de l’écliptique.


La rotation de la Terre s’effectue autour d’un un axe incliné par rapport au plan de
l’écliptique. L’inclinaison de l’axe s’exprime par rapport à la perpendiculaire au plan de
l’écliptique » c’est l’obliquité de l’écliptique . Elle vaut 23° 26’ (~ 23,5°).
C’est la raison d’existence des saisons. En effet, la terre en tournant autour du soleil sur une
ellipse (révolution) en un an (365 jours), conserve l’orientation de son axe de rotation dans la
même direction de l’espace. L’obliquité détermine, pour une latitude donnée et pour une
position donnée de la terre sur son orbite, la hauteur du soleil au-dessus de l’horizon lors de
son passage au Zénith (sommet de sa trajectoire) et règle l’angle d’incidence des rayons
solaires. Elle détermine la latitude maximale à laquelle les rayons solaires sont
perpendiculaires au sol lorsque l’axe est incliné vers le soleil (au solstice d’été) ; c’est la
latitude des tropiques (23,5° N et S respectivement). De même, elle détermine la latitude
maximale à laquelle le rayonnement solaire atteint le sol tangentiellement (donc à
l’horizontale) lorsque l’axe est basculé à l’opposé du soleil (solstice d’hiver) cerles polaires
(lieux de points 90 - 23,5 = 66,5° N et S).

En simplifiant, la terre passe par les quatre situations (saisons) suivantes.


Attention : le référentiel global est l’hémisphère Nord, mais l’hémisphère sud est en situation opposée.

1) axe de rotation (et plan de l’équateur) orientés en direction du soleil. C’est le solstice d’été;
l’hémisphère Nord bénéficie d’un ensoleillement maximum et l’hémisphère sud d’un
ensoleillement minimum (hiver).

2) axe de rotation contenu dans un plan perpendiculaire à la direction terre-soleil Le plan de


l’équateur contenant le rayonnement solaire, ce rayonnement y est perpendiculaire au sol. En
tous les points de la terre, la durée du jour est égale à celle de la nuit : ce sont les équinoxes.
Celui qui suit le solstice d’été est l’équinoxe d’automne (h.n).

3) axe de rotation (et plan de l’équateur) orientés dans la direction opposée à celle du soleil.
C’est le solstice d’hiver: l’hémisphère Nord bénéficie d’un ensoleillement minimum et
l’hémisphère sud d’un ensoleillement maximum (été).

4) axe de rotation contenu dans un plan perpendiculaire à la direction terre-soleil (idem 2).
L’équinoxe qui suit le solstice d’hiver est l’équinoxe de printemps (h.n.).

L’obliquité détermine les contrastes d’insolation entre hiver et été (saisonniers) et entre hautes
et basses latitudes (latitudinaux). Comme elle varie dans le temps avec une période de 41 000
ans (elle passe donc par ses valeurs maximale (24°30’ ou 24,5°) et minimale (22° 06’, ou
22,1°) tous les 20 500 ans) elle a un effet majeur sur le climat global et module la capacité des
hautes latitudes de conserver des calottes glaciaires.

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1) Contrastes saisonniers: une forte obliquité favorise l’insolation des hautes latitudes de l’hémisphère orienté
vers le soleil (inso d’été) au détriment de l’insolation de l’hémisphère orienté à l’opposé du soleil (inso
d’hiver). L’écart d’insolation entre l’été et l’hiver pour un même hémisphère détermine la saisonalité.
2) Contrastes entre hautes et basses latitudes: une forte (faible) obliquité favorise (défavorise) l’insolation
d’été des hautes latitudes, donc elle réduit (augmente) le contraste entre les insolations d’été respectives des
pôles et de l’équateur. Faire le raisonnement inverse pour l’insolation d’hiver : forte obliquité = plus grand
contraste entre insolation d’hiver des pôles et de l’équateur; faible obliquité = plus faible contraste entre les
insolations d’hiver des pôles et de l’équateur.

1.3.3. Précession des équinoxes


L’axe de rotation terrestre suit un mouvement oscillatoire, dit de précession
astronomique, dessinant un double cône autour de la perpendiculaire au plan de l’écliptique.
avec une période de 26 000 ans. Actuellement pointant vers l’étoile alpha de la petite Ourse, il
pointe au cours du temps d’autres directions: voici 13 000 ans (1/2 T de précession), il visait
l’étoile de la Lyre située de nos jours en été à la verticale de nos latitudes (45°). L’ellipse
orbitale est de plus animée d’un glissement autour du soleil responsable du changement de
position de son foyer (effet de « Hullahoop »).
Précession astronomique et effet Hulla hoop se combinent en une « précession des
équinoxes » qui consiste en un glissement des saisons par rapport aux points de référence de
la révolution terrestre : c’est le périhélie qui est la référence de détermination de l’angle .
Les périodicités sont de 19 500 et 23 000 ans soit une moyenne de ~21 000 ans).

Illustration : la configuration « axe tourné à l’opposé du soleil » (configuration hiver) se


produit actuellement en position « périhélie ». Elle se produira dans 10 500 ans ans en
position « aphélie ».
Pour caractériser la précession des équinoxes, on se réfère à longitude du périhélie, angle
entre le périhélie et le point vernal , intercept de la demi-droite Terre-Soleil, et de l’orbite
terrestre au moment de l’équinoxe de printemps (21 Mars) (le point vernal est donc dans
l’alignement de la position de la Terre à l’équinoxe d’automne).
L’index de précession des équinoxes, p = e sin  influe sur le contraste saisonnier et sur
le contraste inter-hémisphérique car il règle la distance Terre-Soleil au moment des
solstices.

Actuellement le passage à la position la plus proche du soleil (le périhélie) a lieu lors de
l’hiver de l’hémisphère Nord, exactement le 3 Janvier.

EXCENTRICITE :

6
OBLIQUITE

PRECESSION ASTRONOMIQUE

7
Résultat de la précession des équinoxes : la figure suivante présente la situation 10 500 ans,
avant et après aujourd’hui: le passage au périhélie avait (aura) lieu en été de l’hémisphère
Nord (vers le 3 Juillet) ; le passage à l’aphélie avait (aura) lieu en hiver de l’hémisphère Nord
(3 janvier).

8
2. Energies et forces à la surface de la Terre

La répartition de l'énergie reçue à la surface de la Terre se fait par l'intermédiaire de


mouvements atmosphériques et océaniques, sous l'influence des forces liées à la gravitation et
à la rotation du système Terre. Ces mécanismes sont donc responsables du climat global.

2.1. Energies
Max Planck en 1900 trouva empiriquement une loi de rayonnement en accord avec les
mesures expérimentales réalisées jusque-là, qui donne naissance à la mécanique quantique : il
suppose que la lumière, et le rayonnement électromagnétique en général, n'est pas absorbée et
émise de manière continue, mais de manière discrète, par paquets ou quanta (appelés
photons).
La valeur d’un quantum d’énergie (en Joules) transporté par une radiation dépend de sa
fréquence f (en Hertz), elle même étant proportionnelle à sa longueur d’onde (en m):
f = C / C étant la vitesse de la lumière 300.108 m.s-1)
E = h . f = h.C /(avec h = cste de Planck = 6,626 10-34 J.s

La capacité d'absorption et la capacité d'émission de rayonnement thermique d'un


corps sont considérées comme proportionnelles pour toutes les longueurs d'ondes. Un corps
noir est un corps hypothétique qui absorbe (ou émet) tout le rayonnement qu'il reçoit, quelle
que soit la longueur d'onde. Sa capacité d'absorption prenant la plus grande valeur possible, sa
capacité d'émission prend également la plus grande valeur possible. Un corps réel ne peut pas
émettre plus de rayonnement thermique qu'un corps noir, car celui-ci représente une source de
rayonnement thermique idéale. Comme son spectre ne dépend d'aucun autre paramètre que de
la température (en particulier, il ne dépend pas des propriétés du matériau), le corps noir est
une source de référence utilisée dans de nombreux cas.

Loi de Stefan-Boltzmann, la puissance par unité de surface (W.m -2) rayonnée par un « corps
noir » (corps qui absorbe, ou émet, toute l’énergie qu’il reçoit ou fabrique), est liée à sa
température de surface T (K): M = e.  * T4
M puissance/surface (W/m2) ; e (émissivité) = 1 pour les corps noirs (sans dimension)
 cste de Stefan-Botzmann = 5,67 10-8 W.m-2.K- 4 ; T la température de surface du corps noir;
Exemple pour la Terre :
-240 W/m2 (Rayonnement UV+vis.+IR proche, absorbé et rendu (IR lointain): T app.= -18°C
-390 W/m2 correspondent à la T° moy. Réelle = 15° C
Pour le soleil, la valeur M =1370 W.m-2 permet de calculer la T° à sa surface : 5780 K
(cf aussi application à la Terre en TD III )

2.1.1. Irradiance solaire totale et puissance moyenne reçue

L’irradiance solaire totale (IST) est la puissance moyenne reçue par un disque de 1m2 placé
hors de l’atmosphère perpendiculairement aux rayons du soleil. Elle est souvent appelée
constante solaire, mais elle varie dans le temps et l’espace en fonction de la distance Terre-
Soleil (variable selon la position de la Terre sur l’orbite elliptique) et de façon quasi-
négligeable en fonction de l’activité solaire (cf chapitre 8.2.) et.

9
IST = 1370 W.m-2 [Rappel: 1Watt = 1 Joule/sec (P puissance= W travail / t temps ] est contenue
dans un rayonnement composé d’ultraviolets (longueur d’onde ()= 0,2-0,4 m), de lumière
visible ( = 0,4-0,7 m) et d’infrarouge proche ( = 0,7 -4 m).
De rayon moyen 6375 km, la terre oppose au rayonnement solaire un hémisphère qui
reçoit l’énergie du disque plat de même rayon (surface 1,27676 1014 m2). Ce disque capte
donc une puissance totale de 1,27676 1014 m2 x 1370 W.m-2 = 1,75 1017 W.
Si l’on considère que cette puissance totale est en réalité répartie sur la totalité de la surface
terrestre (4 r2 = 5,11 1014 m2), la puissance moyenne reçue est donc :
1,75 1017W / 5,11 1014m2 = 342 W.m-2
Cette valeur est une moyenne. Elle ne prend aucun compte des changements de latitude et de
saison ; or en un site donné et à un instant donné, l’énergie reçue dépend de l’angle
d’incidence déterminé par la latitude du site et la saison.

2.1.2. Orientation de l’axe de rotation terrestre et saisons

Au passage du soleil au zénith (sommet de sa trajectoire à midi), l’angle d’incidence î,


du rayonnement solaire, et son angle complémentaire, h (hauteur du soleil au-dessus de
l’horizon) sont déterminés par la latitude du point considéré et par la saison.

Cas particulier de l’équateur et définition de la déclinaison du soleil.


La déclinaison du soleil est l’angle entre la direction Terre-Soleil (direction du
rayonnement solaire) et la perpendiculaire au sol à l’équateur. Elle varie de + 23,5° (solstice
d’été de l’H.N : soleil au dessus du tropique Nord ) à - 23,5° (solstice d’hiver de l’H.N. ;
soleil au dessus du tropique Sud), passant par la valeur 0 aux deux équinoxes.

Calcul de l’incidence et de la hauteur du rayonnement


A toute latitude, l’incidence du rayonnement à midi d’un jour donné se calcule en
soustrayant de la latitude L du site la déclinaison D du soleil ce même jour:
Incidence î = L – D.
Note 1 : la latitude est positive dans l’hémisphère Nord et négative dans l’hémisphère Sud.
Note 2 : L’incidence est positive si le soleil est positionné dans la moitié sud du ciel (cas des
régions situées au Nord du tropique Nord) et elle est négative si le soleil est positionné dans la
moitié Nord du ciel (cas des régions situées au Sud du tropique Sud).

Hiver froid – Eté chaud


En raison des saisons, pour un point considéré, deux paramètres varient dans le temps :
1) l’incidence du rayonnnement solaire (donc la hauteur du soleil) ; 2) la durée quotidienne
d’ensoleillement. Etant donné que la terre tourne sur elle-même selon cet axe oblique, la
durée d’ensoleillement est maximum pour un hémisphère donné lorsque cet hémisphère est
orienté vers le soleil. Il fait donc plus chaud en été qu’en hiver à la fois parce que soleil est
plus haut (incidence minimum) et parce que le site considéré est éclairé plus longtemps
(jusqu’à 24 h le jour du solstice d’été au pôle Nord).

2.1.3. Traitement du rayonnement selon l’incidence. (cf TD II et TD III)


Deux faisceaux identiques de puissance Q et Q’ traversant l’espace. A leur arrivée sur
la surface de l’atmosphère, puis à la surface de la Terre, les quantités reçues par m 2 seront très
différentes aux points a et a’. En effet, plusieurs modifications sont imposées par l’angle
d’incidence. La figure étudiée présente le cas particulier des équinoxes (21 Mars et 23
Septembre) où le rayonnement solaire est perpendiculaires au sol à l’équateur (incidence

10
nulle). Pour les autres cas il faut se reporter à la méthode de calcul de l’incidence selon la
latitude du site et la déclinaison du soleil à l’équateur.

1) le faisceau Q’ balaie une surface plus grande que le faisceau Q (la distance M’N’
est supérieure à la distance MN). La puissance par unité de surface (m 2) est donc plus faible
en a’ qu’en a. S0 étant la surface balayée par un rayonnement qui lui est perpendiculaire, si
le rayonnement arrive avec un angle d’incidence î (donc une hauteur h), la surface balayée
devient S = S0 / cos i (ou S= S 0/sin h). La puissance P0 se répartit donc sur une surface plus
grande et la puissance P’0 par unité de surface est donc plus faible :
P’0 = P0 . cos i ou (P’0 = P0 . sin h)

2) L’énergie réfléchie par l’atmosphère (nuages) et par la surface terrestre (continents


et océans) est d’autant plus forte que l’angle d’incidence est fort. (la réflexion par
l’atmosphère n’est pas représentée sur le schéma).

3) l’épaisseur atmosphérique (b’a’) traversée par Q’ est plus grande que celle
traversée par Q (ba) ; ceci entraîne une plus forte absorption d’énergie, donc l’énergie
atteignant a’ est plus faible que celle atteignant a.

En résumé : l’énergie arrivant au sol en a’ se répartit sur une plus grande surface que celle qui
arrive en a ; donc l’énergie normalisée est plus faible, elle subit plus de réflexion (par la
surface ET par l’atmosphère) et elle subit plus d’absorption par l’atmosphère.

Bilan de la variation spatio-temporelle de l’insolation


Ce bilan peut être fait pour un point de latitude donnée en comparant selon la saison,
les puissances, reçue à la surface de l’atmosphère, réfléchie et absorbée.
Les tableaux suivants fournissent un exemple de valeurs de puissances reçues au niveau du
sol à Dijon (47° de latitude) en hiver (21/12) et en été (21/06) ‘(extrait de Saisons et
Mouvements de la Terre ; Editions Belin).

Tableau 1 : Pourcentages de puissance lumineuse réfléchie ou absorbée lors de la traversée


de l’atmosphère selon la hauteur du soleil au dessus de l’horizon
Solst. HIVER (21/12 à midi) Solst. ETE (21/06 à midi)
Hauteur du soleil 20° 66°
Incidence 70° 24°
Pr réfléchie (% de P0) 15 6
Pa absorb. atmosp. (% de P0) 23 18
Ps reçue par le sol (% de P0) 62 76

Tableau 2 : Puissance lumineuse absolue reçue par l’atmosphère (P0), réfléchie ou absorbée
lors de la traversée de l’atmosphère selon la hauteur du soleil au dessus de l’horizon.
A 47° de latitude le 21 décembre à midi un faisceau de 1 m 2 arrive avec une incidence de 70°;
il balaie donc une surface de 2,9 m2 ; d’où P0= 1370/2,9 = 470 W. Le 21 juin le même faisceau
balaie une surface de 1,1 m2 ; d’où P0 = 1370/1,1 = 1250 W.
Les valeurs de puissance réflechie et absorbée sont calculées avec les % du tableau ci-dessus.
Solst. HIVER (21/12 à midi) Solst. ETE (21/06 à midi)
Hauteur du soleil 20° 66°
Incidence 70° 24°
P0 reçue surface de 470 1250
l’atmosphère

11
Pr réfléchie 70,5 75
Pa absorb. Atmosp 108 22.5
Ps reçue par le sol 291 950
2.1.4. Chemins et transformations subies par l’énergie solaire

Selon un scénario moyen, les 342 W.m-2 se distribuent de la manière suivante:

1) 102 unités sont directement réfléchies vers l'espace (82 unités par les nuages et les
particules atmosphériques; 19 unités par la surface terrestre). On définit l'albédo qui est le
quotient de l'énergie réfléchie sur l'énergie reçue. Pour la Terre, l'albédo moyen est de :
102/342 = 0,2982.
Localement l’albédo dépend du pouvoir réflecteur des surfaces et de l'angle d'incidence des
rayons. La nature des surfaces détermine leur teinte (sombre = faible albédo; claire= fort albédo). Glaciers,
banquises et neige présentent un albédo maximum (d’autant plus fort que l’angle d'incidence, lié à la latitude est
fort); les surfaces couvertes de végétation (couleur sombre) ont un faible albédo (d’autant plus faible que l’angle
d'incidence, lié à la latitude, est faible).

2) 240 Unités sont absorbées par le système Terre:


81 unités par l'atmosphère;
159 unités par la surface terrestre (océan et continent).
Mais à court terme (échelle annuelle à séculaire) la terre a un budget énergétique constant :
elle ne se refroidit pas et ne se réchauffe pas significativement car elle rend la totalité de
l'énergie qu'elle reçoit. L'absorption est donc momentanée: les 240 unités absorbées sont re-
émises sous forme de rayonnement infrarouge lointain (4 à 100 m).
Le bilan énergétique global est nul: 342 unités reçues = 102 réfléchies (U.V. + visibles +
I.R.) + 240 absorbées (transformés en I.R. thermiques) puis rendues sous forme d'I.R. lointain.

La loi de Stefan permet de calculer la T° à la surface de la Terre : T° = 255 K = -18°C!


Or la T° moyenne à la surface terrestre est de 15°C. Un écart de 33°C doit donc être expliqué.

2.1.5. Effet de serre.


Certains gaz, dits « à effet de serre » (G.E.S.) absorbent les rayons I.R. provenant du
soleil ou re-émis par la Terre et s'échauffent, re-émettant un rayonnement peu énergétique
(I.R. lointain) dans toutes les directions.

Rappel (l’eau dans tous ses états, cours cycle de l’eau et TD):
Dans l'atmosphère, l'énergie est stockée et transmise sous 3 formes :
-Energie thermique provoque l’augmentation de T° de l’air
-Energie latente pompée lors de l’évaporation et contenue dans la vapeur d’eau jusqu’à
restitution (à l’air) lors de la condensation.
-Energie potentielle : énergie cinétique des masses d'air en mouvement vertical.

Un flux descendant de rayonnement I.R. lointain de 340 W.m -2 est mesurable par des
capteurs tournés vers le ciel. Il s’ajoute au flux de 159 W.m -2 (UV + Visible + IR proche) reçu
et absorbé par les surfaces continentales et océaniques.

La surface terrestre traite ces flux de la manière suivante (bilan révisé régulièrement).

12
1) La chaleur absorbée par les surfaces terrestres est transmise, par convection et transfert
d’énergie cinétique, aux basses couches de l'atmosphère: 25 W.m -2 se transforment ainsi en
énergie potentielle qui participe à la convection atmosphérique.
2) l’énergie consommée par l’évaporation et l’évapotranspiration (via la photosynthèse) est
contenue dans la vapeur d’eau (elle est dite « latente » car elle est en réserve). La
condensation de la vapeur d’eau ayant lieu en altitude, cette énergie est restituée à l’air
d’altitude sous-forme de chaleur (énergie thermique) : 82 W.m-2.

3) Emission de rayonnement infra-rouge lointain (grande longueur d’onde) par les surfaces
(continent + océan) vers le ciel : 392 W.m-2 dont 240 W.m-2 rayonnent vers l’espace, à travers
deux voies: 208 W.m-2 traversent une atmosphère riche vapeur d’eau et nuages et 32 W.m -2
sortent « directement » par la « fenêtre atmosphérique » (air sec au-dessus des zones
désertiques).
Il reste donc dans l’atmosphère 152 W.m-2 (392 – 240) de rayonnement I.R. lointain qui
échauffe des gaz dits « à effet de serre », ce qui fabrique de la chaleur.
Ces 152 W.m-2 s’ajoutent à l’énergie contenue dans l’atmosphère: absorbée (81 W.m -2) +
énergie latente (82 W.m-2) + énergie cinétique (25 W.m-2), constituant ainsi un rayonnement
total de 340 W.m-2 (I.R. proche + lointain), mesurable en absence de rayonnement solaire
direct.

En conclusion: Ce mécanisme est équivalent à celui d'une serre qui laisse entrer UV, visibles
et I.R. proche (240 W/m2) et s’oppose à la sortie immédiate des I.R. lointains. L’énergie qui
entre (240 W/m2) et qui est restituée à l’espace permet de calculer une T° apparente de -18°C
(loi de Stefan-Boltzmann). La différence entre cette T° théorique et la T° réelle des basses
couches atmosphériques (+15°C, qui permet la présence d’eau liquide) est de 33°C ; elle est
due à l’interaction du rayonnement infra-rouge avec les gaz à effet de serre.

Conséquences sur la structure et la dynamique de l’atmosphère (cf chapitre 6).


Dans les basses couches la T° atmosphérique diminue avec l’altitude car on s’éloigne
des surfaces terrestres qui irradient la chaleur. La différence de T° entre basse atmosphère et
haute atmosphère crée un déséquilibre thermique qui déclenche et entretient la convection
atmosphérique, ce qui réduit l’écart de T° : sinon la T° au sol serait de 60°C. La convection
caractérise la "troposphère" (sphère du mouvement) ; au-dessus, les gradients de T° sont
insuffisants pour entretenir la convection ; la chaleur passe par conduction dans une
atmosphère à faible pression et stratifiée en couches: la stratosphère (cf structure de
l’atmosphère).

Comparaison avec d'autres planètes:


A la surface de Mars, la T° est de -55° à -40°C, l'effet de serre est limité en raison de
la très faible densité de l'atmosphère (1/100 de la P atm terrestre) et ce malgré une
composition dominée par le CO2. Sans effet de serre la T° de surface de Mars serait -60°C. Il
existe des indices de présence de glace dans les sols polaires et de présence d'eau liquide
dans le passé (canaux) donc la supposition que les T° ont pu être supérieures à 0°C. Un plus
fort effet de serre dans le passé, aurait été favorable à l'eau liquide et à l'apparition possible
de certaines formes de vie?Mars serait donc un modèle de planète tellurique dont l'arrêt de
l'effet de serre a entraîné la baisse de T° et le piégeage de l'eau sous–forme de glace.
A la surface de Vénus, la T° est de 460°C, l'atmosphère de CO2 est 100 fois plus dense que
l'atmosphère terrestre (donc 104 fois celle de Mars). Sans effet de serre la T° de vénus serait
de -20°C (plus proche du soleil que Mars, mais son albédo est plus fort).

13
2.1.6. Autres énergies
Les énergies non-liées au soleil et à l’effet de serre sont négligeables ; il s’agit
principalement de :
- Energie géothermique produite par les désintégrations radioactives dans le manteau
et la croûte, ainsi que par la cristallisation du noyau. Le gradient géothermique de 25 à 30°C
de la croûte entretient un flux de chaleur de 0,05 W. m-2.
Cette énergie, évacuée de façon très inégale dans le temps et l'espace peut avoir une contribution fondamentale
lors de crises de l’histoire de la Terre, ou même actuellement dans certaines régions (volcanisme,
hydrothermalisme). La libération d'énergie par le volcanisme est localisée en des régions où le flux de chaleur est
beaucoup plus fort.

- Energie cinétique liée à la rotation, produite par la rotation de la Terre, cette énergie
de 2 W.m-2 est dissipée par le frottement des masses d'eau sur les plateformes continentales
lors des mouvements de marées. Cette dissipation cause à long terme un ralentissement de la
rotation de la terre.

Bilan (W.m-2)
Puissance solaire (hors Albédo): 240
Puissance de l’effet de serre: 152
Puissance recyclée par les sous-systèmes 107
(e. latente, e. potentielle, e. photosynthèse)
Energie cinétique de rotation (dissipée par friction) 2
Energie géothermique (flux de chaleur interne): 0,05
Energie réfléchie par la lune + énergie des marées 0,02
Puissance crée par les activités humaines
(hors contribution à l’effet de serre): industrie, transport… 0,02

Ces contributions fournissent donc l'énergie aux systèmes atmosphérique et océanique


et conditionnent le climat et ses variations à court terme. A plus long terme les variations de
la position de la Terre sur son orbite ainsi que les variations de l'orbite lui-même, influencées
par le jeu des attractions gravitationnelles des planètes et du soleil sont prépondérantes sur la
détermination de la quantité de chaleur reçue (insolation globale) ainsi que sur sa répartition
(saisonnalité).

2.2. Accélérations associées à la masse et à la rotation de la Terre

Trois accélérations agissent sur les masses d’air et masses d’eaux présentes dans
l’environnement terrestre externe ; elles déterminent l’intensité, les directions et les sens des
mouvements de brassage par l’action des forces qu’elles exercent sur les masses de matière
solide, liquide ou gazeuse (F = m ).

2.2.1. Accélération gravitationnelle ( cf cours de physique du secondaire et de L1).


La masse de la Terre Mt attire vers son centre, situé à une distance r de la surface,
toute masse m entrant dans son champ gravitationnel : Poids (force exercée) P = m (G . Mt/r2)

14
G étant la constante de gravitation universelle (6,67428 10-11 m3.kg-1s-2)
Les autres effets gravitationnels sensibles sont exercés par le soleil et les planètes du
système solaire, notamment par la lune (directement observable sur les masses océaniques
(marées). Voir cours de L2 L3 Géophysique (Gravimétrie et Géodésie) pour compléments et
précisions.

2.2.2. Accélération centrifuge


Engendrée par la rotation de la terre, elle s'exerce perpendiculairement à l'axe de
rotation et vers l’extérieur. Elle est proportionnelle au carré de la vitesse angulaire et à la
distance entre le point considéré et l'axe de rotation. Or cette distance r sur une sphère varie
avec le cos de la latitude  .
 =  . r.cos  maximale à l'équateur (cos 0° = 1) et nulle au pôle (cos 90° = 0).
e
2

La composante verticale de l’accélération centrifuge, qui s’oppose à l’accélération


gravitionnelle, est  2. r.cos2 , et sa composante horizontale, qui attire les objets en
=
ev

direction de l’équateur terrestre est eh= 2. r.cossin 

La résultante des accélérations gravitationnelle et centrifuge est l’accélération de la


pesanteur, g, qui est inférieure, ou égale, à l’accélération gravitationnelle, et légèrement
déviée vers l’équateur par la composante horizontale de l’accélération centrifuge sauf aux
pôles et à l’équateur où cette composante horizontale est nulle).

2.2.3. Accélération de Coriolis (cf aussi TD IV)

Tout point en déplacement rectiligne à une vitesse v, sur un plan animé d’une rotation
autour d’un axe, à une vitesse angulaire , est soumis à une accélération C, qui est
proportionnelle à la vitesse v et à la vitesse angulaire du plan : C = 2 v.
L’accélération concerne les composantes de mouvement perpendiculaires à l’axe de rotation,
et s’exerce dans une direction perpendiculaire à la direction du déplacement, et dans le sens
opposé au sens de rotation du plan.
Donc seul le déplacement dans un plan perpendiculaire à l'axe de rotation est soumis à
l'accélération de Coriolis. Or, sur terre la majorité des déplacements se font sur des plans
obliques par rapport à l’axe de rotation (sauf aux pôles). On ne doit donc considérer que la
composante de déplacement qui est perpendiculaire à l’axe de rotation de la terre v.sin 
La généralisation de la formule à la surface de la sphère est : C = 2 v sin  donc maximale
au pôle (sin 90° = 1) et nulle à l'équateur (sin0°=0).

Pour un observateur placé au-dessus du pôle Nord, la rotation de la Terre est anti-horaire ou
vers sa gauche. L’accélération de Coriolis s’exerce donc vers la droite de la trajectoire. Un
déplacement du pôle Nord vers l'équateur (centrifuge) est donc dévié vers l'Ouest et un
déplacement de l'équateur vers le pôle Nord (centripète) est dévié vers l'Est. Un déplacement
aller-retour pôle nord– équateur - pôle nord est donc affecté d’une rotation horaire (tourne à
droite).
Dans l’hémisphère sud, le sens de rotation relatif à l’observateur étant inversé (pour un
observateur situé au-dessus du pôle Sud, la Terre tourne dans le sens horaire ou vers la
droite), l’accélération de Coriolis s’exerce donc vers la gauche : un déplacement du pôle Sud
vers l’équateur (centrifuge) est donc dévié vers l’Ouest et un déplacement de l'équateur vers le

15
pôle Sud (centripète) est dévié vers l'Est. Un déplacement aller-retour pôle sud – équateur -
pôle sud est donc affecté d’une rotation anti-horaire (tourne à gauche).

2.3. Conclusion

L'énergie à la surface de la Terre est due essentiellement à la radiation solaire et à


l'effet de serre, qui alimentent les énergies thermique, latente et potentielle de l'atmosphère,
ainsi que les énergies thermique et potentielle de l'océan. Plusieurs accélérations interviennent
sur le système et influencent la circulation des fluides en surface:

1) la gravitation terrestre active la convection; les gravitations lunaire et solaire fournissent


l'énergie des marées (atmosphériques, océaniques et terrestres).

2) La rotation de la Terre implique une énergie (Energie cinétique, dissipée par les frottements
des masses d’eau sur les plates-formes continentales lors des marées) et 3 accélérations
(gravitationnelle, centrifuge et de Coriolis) qui, appliquées aux masses d’air et d’eau,
engendrent des forces qui dévient les trajectoires de ces masses. Les mouvements se font en
3D (selon X, Y et Z, respectivement vers le Nord, vers l’Est, et vers le bas), les masses d’air
et d’eau animées de mouvements (resp. vents et courants) sont affectées par les 3
accélérations. La pesanteur et sa contrepartie (poussée d’Archimède), animent les
mouvements verticaux, l’accélération centrifuge influe sur les mouvements verticaux et
horizontaux (vers l’équateur), et l’accélération de Coriolis affecte toutes les composantes de
mouvements perpendiculaires à l’axe de rotation de la Terre.

16
3. Le cycle de l'eau

La présence d’eau liquide est la condition nécessaire à l'apparition et au maintien de la


vie. Elle constitue en effet le support essentiel de transport d’éléments nutritifs entre
l’environnement et les organismes vivants. Les deux tiers de la surface terrestre sont
recouverts d'eau, mais celle-ci présente une teneur en sel qui la rend non-consommable par les
organismes vivant en milieu aérien. L’homme vit souvent dans des environnements dont les
ressources d’eau sont faibles et fragiles, ce qui oblige à des efforts permanents d’exploitation,
de gestion de l’eau, et de préservation de sa qualité.

3.1 Répartition des eaux dans les réservoirs terrestres.

RESERVOIR Volume %(eau totale) %(eau douce)


(1012 m3)
Océans 1 350 000 97,3
Glaces 29 000 2,1 77,1
Eaux souter. 8 400 0,6 22,33
Lacs+ Riv. 200 0,014 0,532
Atmosphère 13 0,001 0,035
Biosphère 0,6 0,00001 0,0016
TOTAL 1 387 613,6
*L'eau marine (salée) est largement majoritaire.
*Seule la fraction la moins profonde des eaux souterraines est accessible; il s’agit d’aquifères de sub-surface
connectées aux lacs et rivières. L'eau des sols (eau intersticielle) et de l'atmosphère (vapeur) n’est pas
directement exploitable.
* La seule eau consommable est celle contenue dans les lacs et les rivières et correspond à 0,5% de l'eau douce
terrestre (soit 0,014 % de l'eau totale).
Remarque: Le volume total d'eau à la surface de la terre est quasi-constant: les seules pertes sont dues à la
dissociation de molécules d'eau par les U.V. dans la stratosphère (vers 50 km d'alt.), suivie de la fuite d'atomes
d'hydrogène échappant à la pesanteur.

3.2. Changements d'état de l'eau

La température et la pression ambiantes à la surface de la Terre permettent le maintien


de l’essentiel de l’eau à l’état liquide. Mais le cycle hydrologique concerne aussi les phases
solides et gazeuses stockées dans différents réservoirs: calottes glaciaires et atmosphère. Entre
0 et 100°C, une partie de l'eau est à l’état de vapeur, invisible, mélangée aux autres gaz de
l'atmosphère.
Température et pression déterminent la concentration maximale de vapeur d’eau dans
l’air (cf chapitre 5 et TD5). En résumé, l’air chaud peut contenir plus de vapeur d’eau que
l’air froid et l’air à faible pression peut contenir plus de vapeur d’eau qu’à forte pression. Les
variations de T° et P contrôlent donc la condensation de la vapeur d’eau des masses d’air et
l'évaporation des masses d’eau. Par exemple, si une masse d'air saturée en vapeur d'eau est
soumise à une diminution de T° ou à une augmentation de pression, une partie de la vapeur
d'eau se condense en gouttelettes fournissant selon leur concentration et leur masse des
précipitations. La condensation a lieu lors de la rencontre (front) d'une masse d’air chaud
(humide) et d’une masse d’air froid (sec), ou lors de l’ascension d'une masse d'air chaud et
humide qui change sa température.

17
L’EAU DANS TOUS SES ETATS (cf aussi TD : humidité et instabilité)

Extrait de http://www.pensifs.com/techniques/eau-generalites-proprietes.php

Diagramme des trois états de l'eau, selon la pression et la température, en échelle log10: Nous nous trouvons sur
la ligne 105 car la pression atmosphérique moyenne est de 101 325 Pascal. A ce niveau, les températures de
congélation et d'ébullition de l'eau sont de 0°C et de 100°C.
Le diagramme est approximatif pour la température de congélation :.la barre verticale se situe à 0,01 et non à
0°C.

Ainsi la pression atmosphérique terrestre permet à l'eau d'exister sous forme liquide, pour une gamme de
température fréquente sur la majeure partie du globe terrestre, avec une T° d'ébullition largement supérieure aux
températures terrestres.

A des pressions inférieures à celle du point triple: 610 Pascals, il n'y a ni congélation ni ébullition: elles sont
remplacées par la sublimation. La glace se transforme en vapeur, et vice-versa, comme sur la planète Mars où la
pression (variable selon la saison) est en moyenne de 700 Pascals. Il peut cependant y avoir sublimation, même à
de fortes pressions.

La fusion de l'eau consomme 334.000 Joules par kg, qu'on appelle chaleur latente de fusion. Il en faut environ 8
fois plus pour la vaporisation: la chaleur latente de vaporisation vaut 2.503.000 Joules par kg. Ces énergies sont
restitués lors des passages inverses: condensation et gel. Il fait donc plus doux par temps pluvieux et le gel peut
arrêter la chute des températures vers les valeurs négatives.

La condensation d'un litre d'eau dégageant 2.5 Méga Joules, on peut calculer qu'une précipitation de un
centimètre de pluie sur un kilomètre carré libère dans l'air plusieurs milliards de Joules sous forme d'énergie
thermique). La sublimation nécessite la somme des chaleurs latentes de fusion et de vaporisation, soit 2.837.000
Joules par kg. Contrairement à ce qu'on pense généralement, le gel ne se passe pas forcément à 0°C. La
congélation nécessite la présence d'une substance présentant une ressemblance avec la maille cristalline
élémentaire de la glace. L'eau peut donc exister liquide, dite surfondue, à des températures largement négatives,
au-delà de -40°C. D'où : 1) la résistance au gel des plantes et des animaux et 2) l'existence de nuages remplis
d'eau liquide même à des températures auxquelles il devrait y avoir congélation.

18
3.3. Le cycle hydrologique

Les moteurs du mouvement, les trajets et les quantités d'eau constituent le cycle
hydrologique. Le "temps de résidence" des éléments est le temps qui sépare le moment de
leur entrée dans un réservoir du moment de leur sortie de ce réservoir vers un autre.
(temps de résidence = volume du réservoir/ taux d'échange).

Le mouvement de l'eau est assuré par 2 moteurs:


l'énergie solaire 1) chauffe l’eau (énergie thermique), 2) provoque l'évaporation et charge
l'air en vapeur d'eau (énergie latente), et 3) anime la circulation atmosphérique (énergie
potentielle):
l’accélération de la pesanteur provoque la précipitation des gouttes d'eau et son écoulement
en surface; elle règle aussi l’ascension des masses d’air.

L’air chargé en vapeur d'eau, passant en ascension, est décomprimé car la pression
atmosphérique diminue avec l’altitude, donc son volume augmente et sa température diminue
(application de la loi des gaz parfaits). Le gradient de température varie de 6° à 10° C/km
selon le taux d’humidité (voir TD). Le refroidissement entraîne d’abord la condensation de la
vapeur d’eau en gouttelettes, ce qui entraîne d’abord la formation de nuages, puis, si la
dimension des gouttes augmente, les précipitations.
La majeure partie des précipitations (4/5) se produit au-dessus des océans. Une
fraction de la vapeur d’eau (1/5) est transportée vers les continents et subit des variations de P
et T° qui entraînent sa condensation puis sa précipitation (pluie, neige).

L'eau précipitée suit divers trajets:


A tout stade l'évaporation intervient, rendant de l'eau à l'atmosphère.
1) Absorption par les êtres vivants et rejet par l'évapo-transpiration ou la respiration (tps résid.
en secondes, minutes ou heures).
2) Ecoulement en surface jusqu'à l'océan, direct (tps résid. en heures, jours), ou indirect via les
bassins lacustres (tps résid. en jours, mois, années).
3) Infiltration dans les sols, puis dans les formations géologiques; constitution du stock d’eaux
souterraines (nappes phréatiques) (tps résid. en décennie, siècle, millénaires).
4) A basse T° (hautes latitudes ou hautes altitudes) stockage de la neige ou de la glace dans
les calottes, glaciers ou névés. (tps résid. en année ou million d’années).

Bilan annuel Evaporation-précipitation (en 1012 m3 /an, attention figure en 1013 m3 /an)
OCEAN CONTINENT Ocean+continent
Precipitation + 370 +90 460
ECOULEMENT + 30 -30
(vers l'océan)
Evaporation + 400 +60 460

Pour l’ensemble du globe la quantité évaporée annuellement est égale à la quantité précipitée.
L'évaporation de l’eau océanique alimente seulement le tiers des précipitations sur les
continents. Les 2 autres tiers sont évaporés (ou évapotranspirés des surfaces continentales).
Un tiers de l’eau précipitée ruisselle vers l’océan et constitue l’essentiel de l'eau douce
utilisable (30 1012 m3 /an).

19
La surface de la Terre étant (4 R2) de 511 1012 m2 (dont 66 % de surface océanique et 33%
de surface continentale) on peut calculer :

Pmoy. = E moy. = 460 1012 m3/an= 0,9 m/an


511 1012 m2

Océan: P= 1,1 m/an E= 1,19 m/an


Continent P= 0,53 m/an E= 0,35 m/an

Le quotient « volume d’eau océanique / flux (évaporation+précipitation) » est le « temps de


résidence moyen » de l'eau dans l’océan: Trés.= 1 350000 1012 m3/400 1012 m3 /an = 3400 ans.
Remarques : La quantité d'eau utilisée par la végétation (absorption et évapo-transpiration) est 2 fois supérieure à
la quantité d’eau d'écoulement. Dans les pays développés, la consommation humaine dépasse 1/3 du volume des
des eaux de ruissellement.

3.4. Origine de l'eau liquide à la surface terrestre

Ailleurs que sur Terre, l’eau existe sous forme de glace (comètes, surface de Mars),
mais aucune trace d’eau liquide n’est actuellement visible. L’eau liquide de la surface
terrestre peut avoir deux origines.
-Origine « interne » (volcans, geysers et sources juvéniles) : la vapeur d’eau et les gaz (HCl,
CO2, Cl2, H2S, SO2) contenus dans le manteau auraient été expulsés par l’activité volcanique.
L’activité volcanique actuelle ne peut être considérée comme responsable de la production du
volume d’eau disponible à la surface de la Terre.
1) parce que les gaz volcaniques actuels présentent des affinités chimiques avec la croûte, pas
avec le manteau.
2) l’émission de telles quantités d’eau par une activité régulière mais ralentie, telle que
l’actuelle, aurait nécessité de très longues durées, or l’abondance d’eau liquide a été très
précoce: les plus vieilles roches sédimentaires datent de 3,86 Ga.
3) Les exigences écologiques « apparentes » des organismes fossiles suggèrent que l'océan et
l'atmosphère ont eu des compositions quasi-constantes depuis au moins 580 Ma.
L’eau et les gaz auraient donc été émis avant. On suppose que cela s’est produit lors du 1er
milliard d’années) par dégazage brutal du manteau sur une Terre encore très chaude.

REMARQUE: Le volume du manteau terrestre (9 10 20 m3) étant 650 fois supérieur au volume des eaux de
surface, il suffirait que sa teneur en eau atteigne 0,15%, pour qu’il contienne encore l’équivalent de ce volume.

-Origine extra-terrestre : les comètes -qui ont fréquemment percuté les planètes lors du
premier milliard d’années- sont constituées de glace et de roches hydratées (par exemple
chondrites carbonées). Elles peuvent donc avoir largement contribué à l’apport d’eau à la
Terre.

3.5. Le cycle hydrologique général

Le cycle hydrologique externe, animé par l'énergie solaire, fait intervenir l'eau comme
agent de transport. Les eaux de précipitation érodent les roches, transportent le matériel
dissous dans les sols et dans les cours d'eau. Le tout, transporté dans l'océan participe
(complété par les contributions volcaniques) à la composition chimique des masses d'eaux
marines et des stocks particulaires qui décantent au fond des bassins océaniques formant les
sédiments.

20
Les temps de résidence des éléments sont très variables, ils dépendent de la masse
volumique de l'élément et de la possibilité d'association avec des substances dissoutes :
carbonates, matière organique. (Exemples: Fe: 140 ans; CaCO3: 8 Ma; Na : 260 Ma).

Au cycle de surface à court terme, s'ajoute le cycle de profondeur qui agit à l’échelle des temps
géologiques animé par l’énergie interne: l'eau et les substances dissoutes entrent dans la composition des roches
sédimentaires (eau intersticielle) ou magmatiques (hydratation des minéraux), qui sont engagées dans le cycle
pétrologique de la croûte et du manteau. L'eau pourra soit être expulsée lors de la compression des roches
sédimentaires, soit contribuer à la fusion partielle des roches du manteau et revenir à la surface avec les
magmas (dégazage de vapeur d'eau par le volcanisme); soit encore être réintégrée dans le manteau terrestre.

4. Composition de l’atmosphère, cycles de l’oxygène et du Carbone

4.1. Composition de l’atmosphère

La composition de l’atmosphère naturelle et sèche (hors vapeur d’eau) est largement


dominée par l’azote (78%) et l’oxygène (21%). L’Argon (gaz neutre) représente moins de 1%
et le dioxyde de carbone à peine 0,03%. D’autres gaz existent à l’état de traces. Certains sont
neutres donc totalement sans importance, mais d’autres sont sensibles au rayonnement infra-
rouge : ce sont les gaz à effet de serre (G.E.S). Les G.E.S. naturels de l'atmosphère terrestre
sont dans l’ordre de concentration décroissante: la vapeur d’eau (H 20 vap), le dioxyde de
carbone (CO2), le méthane (CH4), l’Ozone stratosphérique (O3) et l’oxyde nitreux N2O.
D’autres gaz, tels que l’ozone troposphérique et les chlorofluorocarbones (CFC) ont une
origine artificielle (anthropique).
Les contributions relatives de ces gaz à l’effet de serre sont : H20 vap : 60% ; CO2 : 26% ; O3 :
8% et CH4 + N2O = 6%.
Bien entendu la contribution de la vapeur d’eau est très variable selon sa teneur dans
l’atmosphère : forte en région équatoriale humide et faible en région polaire sèche. Donc la
contribution relative des autres gaz varie aussi : plus faible dans les régions humides et plus
forte dans les régions sèches.

Gaz ppm (volume) % (arrondis)


Azote (N2) 780 840 78,08
Oxygène (O2) 209 500 20,90
Argon 9340 0,934
Dioxyde de Carbone CO2 322 0,032
Néon 18
Hélium 5,2
Méthane CH4 1,5 0,00015
Krypton 1,15
Hydrogène 0,5
Oxyde d’Azote (N2O) 0,25 0,00002
Monoxyde de C (CO) 0,2
Xénon 0.09
Ozone (O3) 0.04 0,000004

Les cycles de O2 et de C sont étroitement liés par l’association de ces éléments en molécules
de gaz (CO2) ou en longues molécules de matière organique dans la biosphère, l'hydrosphère
et l'atmosphère. Leurs abondances relatives dans l’univers sont légèrement différentes: Nbre
at O /at.Si = 18,4 ; Nbre at C /at.Si = 11,1.

21
Dans l’atmosphère, la concentration d’Oxygène est beaucoup plus forte que celle du Carbone:
O2= 20,98%; CO2= 0,0345%;
En revanche dans la matière organique C prend le dessus: O= 33% et C= 47% (/ mat. sèche).

4.2. Photosynthèse, respiration, origine de l’oxygène atmosphérique

On observe que si l’oxygène avait existé dès le début de l’histoire de la Terre, étant
donné la composition et les dimensions de la croûte, les processus d’oxydation des minéraux,
très actifs à partir de 4,6 Ga auraient du épuiser l’Oxygène présent dans l’atmosphère initiale.
Or, d’après les archives géologiques, c’est le seul gaz atmosphérique dont la concentration a
considérablement augmenté (actuellement [O2 ] = 21%) depuis le début de l’histoire de la vie.

Les premières bactéries vivaient dans des eaux dépourvues d'oxygène libre, en
utilisant directement l'énergie chimique par :

1) Méthanogenèse: H2 + CO2  CH2O + CH4 1


2) Sulfato-réduction: SO4-- + C + H2O  H2S + CO2

pour plus d’infos voir annexe en fin de polycope et consulter site Internet) http://www.ens-lyon.fr/Planet-
Terre/Infosciences/Climats/Rayonnement/Effetserre/methanogenese.html

La photosynthèse
Certains organismes ont ensuite acquis la capacité de synthétiser de la chlorophylle,
molécule complexe absorbant l'énergie lumineuse et catalysant la production de matière
organique (autotrophes).

Un premier système photosynthétique utilise H2S et CO2 :


*12 H2S + 6 CO2 + énergie lumineuse  C6 H12 O6 + 12 S + 6 H2O
* 12 H2 + 6 CO2 " " "  C6 H12 O6 + 6 H2O
Un deuxième système photosynthétique utilise CO2 et H2O:
* 6 CO2 + 12 H2O + énergie lumineuse  C6H12O6 + 6H2O + 6O2
production de matière organique et d’oxygène libre (atmosphère).

La respiration
La faible concentration en oxygène dans l'air a pu être utilisée par certains organismes
pour fabriquer de l’énergie (nécessaire à croissance, locomotion, reproduction) par
combustion (oxydation) de matière organique (hétérotrophes):
*6 O2 + C6 H12 O6  énergie + 6 CO2 + 6 H2O
production d’énergie, gaz carbonique et eau.

Bilan: origine de l’oxygène


Le système photosynthétique n°2 constitue donc la source de l'oxygène de l'air. L'O2 libre
dans l'eau et dans l'air a induit l'émergence de la respiration aérobie (vers 2,8 Ga). La
respiration a accéléré la prolifération des diverses formes de vie et stabilisé la
concentration en O2 de l'atmosphère à la teneur actuelle (stable depuis au moins 570 Ma).

22
Budget simplifié (Photosynthèse – Respiration) depuis l’apparition de la photosynthèse:

Photosynth.: Nbre d'at. de Carbone = Nbre de molécules d'O2


(appar. précoce) fournis à la M. Org. fournis à l'atmosph.
- - -
Respiration: Nbre At de C = Nbre de molécules d'O2
(appar. tardive) consommés consommées
(perdus par M.O.) (perdues par Atm.)
= = =
Excès: Nbre d'atomes de C Nbre de molécules d’O2
stockés dans sédiments stockées dans atmos

Entre 3,5 et 2,8 milliards d’années (Ga), le déséquilibre photosynthèse >>> respiration a
abouti au stockage d'oxygène atmosphérique et de matière organique lithosphérique.
Depuis au moins 580 Ma, le budget ci-dessus a du être équilibré. La quantité d'O 2 recyclée
chaque année est infime par rapport à la quantité disponible dans l'atmosphère (1,27 106 Gt).

4.3. Carbone, Gaz carbonique et acide carbonique


Le carbone est présent dans l'atmosphère, l'océan et la lithosphère sous forme gazeuse,
liquide et solide:
1) *gaz atmosphériques: CO2 et CH4 ; *gaz lithosphériques: hydrocarbures (évolution de la
matière organique).
2) liquides et solutions: *C organique et carbone inorganique dissous (ions carbonates CO3-- et
bicarbonate HCO3-).
*hydrocarbures liquides: pétroles, huiles, goudrons.
3) *solides dans les roches: carbonates (Ca CO3), (MgCO3) (Fe CO3).
*matière organique (chaînes carbonées) vivante (biosphère) ou morte (bitumes et
charbons).
Bien que photosynthèse et respiration constituent le principal moteur du cycle du
carbone entre biosphère et atmosphère et entre la biosphère et l'océan, des échanges majeurs
sont liés à la mise en solution du CO2 dans l’eau et aux réactions qui s’ensuivent.

Rôle de l’acide carbonique


Les échanges les plus importants se font entre l'océan et l'atmosphère par mise en
solution (maximum 0,6 mg/l) du CO 2 atmosphérique qui produit de l'acide carbonique
(H2CO3); celui-ci se dissocie produisant les ions bicarbonate (HCO3-) et carbonate (CO3--). Ces
réactions sont réversibles et ne concernent que des nombres infimes de molécules H 2CO3 et
HCO3-
L'acide carbonique agit sur les minéraux de la croûte terrestre:
1) la dissolution des carbonates produit du CO2; (alors que la dissolution des silicates en consomme).
2) la précipitation des carbonates consomme du CO2.

Une certaine régulation du cycle du CO2 devrait donc s'opérer par les échanges
océan-atmosphère: si la concentration de CO2 atmosphérique augmente, le pompage du CO 2
par l'océan est activé. La précipitation des carbonates de Calcium, de Magnésium…augmente.
Les carbonates stockés dans les sédiments sont recyclés dans le cycle pétrologique général et
sont origine du CO2 rejeté par le volcanisme.
Si au contraire la concentration en CO 2 atmosphérique diminue, la chaîne de réactions
s'inverse: les carbonates tendent à être dissous ce qui aboutit au rejet de CO2 dans
l'atmosphère.

23
Cependant ces équilibres sont influencés par la libération des protons (H +) lors de la
dissociation de l’acide carbonique et de l’ion bicarbonate: l’acidification tend à activer la
dissolution des carbonates. Localement comme globalement, les bilans de ces réactions sont
encore mal évalués et les sources et puits de carbone des systèmes carbonatés océaniques sont
encore à l’étude.

4.4. Bilan des réservoirs et des flux de carbone


-Le réservoir le plus important est constitué par les carbonates de la lithosphère:
sédiments, plateformes carbonatées océaniques et continentales: 110 500 000 Gigatonnes de
Carbone (GtC) dans les 120 km superficiels de la croûte terrestre.
-Le 2ème réservoir est constitué par l'Océan: 37000 Gt de C dissous (carbonates et
acide carbonique) et 1000 Gt de C org.
-Les 3è et 4è réservoirs sont constitués (resp.) par les matières organiques (produites
par la biosphère) stockées dans les roches (hydrocarbures et charbons: 5000 GtC) et dans les
sols (humus: 3000 GtC).
-Atmosphère et biosphère sont aux 5è et 6è rangs avec respectivement 700 et 600 GtC.

Les échanges les plus importants se font sous-forme gazeuse (CO2) entre:
1) océan et atmosp. 74 GtC /an
2) biosphère terrestre et atmosp.: 63 GtC/an.
3) la biosphère marine et l'océan: 45 GtC/an.

Les flux naturels externes totalisent 182 GtC/an, ce qui est complété par un cycle
interne (sédimentation, métamorphisme, magmatisme) de 0,2 GtC/an (la sédimentation
fournit 0,2 Gt/an à la lithosphère et le volcanisme fournit 0,2 Gt/an à l'atmosphère et à
l'océan). Le bilan des contributions de l'érosion des carbonates et des silicates reste mal évalué
et constitue un objet d'étude indispensable pour la compréhension du cycle du carbone.

24
5. Structure et dynamique de l'atmosphère
(texte incomplet se référer aux notes de cours et aux TD)

5.1. Structure de l'atmosphère


Elle résulte de la distribution des gaz atmosphériques sous l’effet des gradients de
température et de pression liés à l’altitude et de la convection des masses d'air. La chaleur
transmise par conduction, de la surface terrestre aux basses couches, entretient l'ascension des
masses d'air chaud et humide qui acquièrent ainsi une énergie potentielle. En montant, ces
masses d’air se refroidissent (perte d’énergie thermique), donc s’assèchent (perte d’énergie
latente) et ainsi ralentissent leur ascension (perte d’énergie potentielle). L’ascension s’arrête à
une altitude moyenne de 12 km. C’est la limite supérieure de la troposphère (tropos =
mouvement) ou tropopause, dont l’altitude varie (environ 15 km au-dessus de l’équateur et
environ 10 km au dessus des pôles).
La température atmosphérique passe de +15°C à la surface terrestre à -55°C sur la
tropopause, définissant un gradient thermique moyen de -5,5°C/km. En même temps, la
pression varie de façon non linéaire entre 1,103 bar (1013 hPa) à la surface et 0,2 bar (200
hPa) au sommet de la troposphère.
La couche atmosphérique située au-dessus est « stratifiée », d’où son nom, la
stratosphère, ceci, en raison de l’absence de mouvements de convection. Entre 12 et 20 km
d’altitude la T° est d’environ -55°C et n’évolue pas. Vers 20 km d’altitude, elle augmente de
façon quasi-linéaire jusqu’à 0°C, vers 50 km à la stratopause (limite supérieure de la
stratosphère. En effet, l’air de la stratosphère se réchauffe par effet de serre exercé par la
concentration en Ozone (O3) (4 à 8 ppmv ou partie par million de volume). La couche
d’ozone est épaisse de plusieurs dizaines de km en raison de la faible pression (< 0,001 bar
(<1 hPa); elle serait épaisse de seulement 3 cm à la surface terrestre (1 bar).

Dans la mésosphère la température est d’abord stable (0°C) jusqu'à 60 km puis


diminue très fortement pour atteindre -60°C à 80 km d'altitude. Elle re-augmente ensuite
fortement dans l'ionosphère en raison des phénomènes d'ionisation des gaz par les
bombardements et rayonnements cosmiques.

5.2. Dynamique de l’atmosphère : notions de base

5.2.1 Introduction

Un volume d’air (souvent nommé « masse d'air ») est comparable à un ballon à paroi
fine et peu gonflé. La conductivité thermique de l’air étant négligeable, son coefficient de
dilatation étant fort et sa viscosité dynamique faible, des mouvements de convection, ou
même turbulents, peuvent se déclencher, ce qui assure le transport rapide des énergies.

Rappels :
- Energie thermique : à basse altitude et notamment dans les régions d’insolation
moyenne maximum (rég. intertropicales), les couches d’air chauffées au contact de la surface
terrestre (sols, surface océanique) acquièrent de l’énergie thermique.

-Energie potentielle: la dilatation des masses d’air chauffées déclenche leur


ascension. Le gradient thermique T entre basses couches (plus chaudes) et hautes couches
(plus froides) doit dépasser le gradient adiabatique pour que les masses d’air deviennent
instables. L’ascension est accompagnée d’un changement de pression car l’épaisseur
d’atmosphère située au-dessus diminue ; ce qui renforce la tendance à la dilatation: la quantité

25
de chaleur initialement contenue étant répartie dans un volume plus important, il y a
refroidissement sans perte de chaleur on parle de décompression et de refroidissement
adiabatique. L’énergie de l’ascension est donc due à la poussée d’Archimède, c’est de
l’énergie cinétique, appelée énergie potentielle car elle peut être libérée sous une autre forme
(mécanique, par exemple, utilisée alors pour faire tourner des turbines de centrales
éléctriques).

-Energie latente : la chaleur pompée par l’eau évaporée de la surface de l’océan


(évaporation = réaction endothermique) est contenue dans la vapeur d’eau présente dans l’air
et elle est libérée lors de la condensation (réaction exothermique). De l’énergie est donc
transférée de la surface terrestre (source de la vapeur d’eau) aux hautes couches
atmosphériques (lieu de la condensation). Il faut noter (cf TD) que l’air humide est plus léger
que l’air sec, ce qui contribue à l’acquisition d’énergie potentielle.

5.2.2. Paramètres déterminant la masse volumique de l’air

Dans la troposphère, on peut considérer l'air comme un gaz parfait car la pression est
relativement faible et les molécules n'ont pas d'autres interactions que des chocs légers.
On peut donc appliquer la loi de Mariotte (loi des gaz parfaits) soit : PV = n r T ou encore
PV/T = constante. La masse volumique de l’air dépend donc bien entendu de la pression.
Pour une pression donnée, (par exemple Patm moyenne = 1013,25 hPa), la masse volumique
de l’air [kg/m3] dépend de deux variables :
1) sa température.
Exemples : pour l’air sec : T1 = 0°C, Mv = 1,292 ; T2 = 15°C, Mv = 1,225
l’air chaud est moins dense que l’air froid (conséquence de la dilatation) ce qui influence
directement la répartition verticale des masses d’air: l’air froid tend à descendre, l’air chaud
tend à monter, entretenant un mouvement permanent puisque la chaleur est transmise aux
basses couches et perdue par les hautes couches. C’est le processus de convection.
2) sa teneur en vapeur d’eau : la masse volumique de la vapeur d’eau étant environ 2 fois
plus faible que celle de l’air Mv vap H20 = 0,59 kg/m3
Exemples : Mv air saturé (Hum. rel = 100%): T1 = 0°C, Mv = 1,289; T2 = 15°C, Mv = 1,217
l’air pauvre en vap H2O est plus dense que l’air riche en vap H2O;
Noter que la différence de masse volumique entre air sec et air saturé est d’autant plus forte
que la température est élevée : à 0° elle est de 0,003 kg/m3 à 15° elle est de 0,008.
(Voir tableau des valeurs de Mv en fonction de T° et de Hum rel. (TD). Ceci exprime le fait
que plus sa T° est élevée plus l’air peut contenir de vapeur d’eau (cf tableau suivant).
Au final, la masse volumique de l’air dépend donc à deux titres de la T° car celle-ci
conditionne non seulement son degré de dilatation, mais aussi sa capacité à stocker de la
vapeur d’eau. Par exemple, Mv =1 kg/m3 pour l’air sec à 80°C et pour l’air humide à 57°C.

5.2.3. Humidité atmosphérique (cf aussi TD N°5)

Définitions
1) Chaleur latente d’évaporation : c’est la quantité de chaleur nécessaire pour faire passer
un gramme (1 g) d’eau de l’état liquide à l’état gazeux : 600 calories.
La calorie (symbole cal) est une unité d'énergie, définie (calorie à 15°C) comme étant la quantité de chaleur
nécessaire pour élever la température d'un gramme d'eau de 14,5°C à 15,5°C à la pression atmosphérique
normale (soit 1013,25 hPa).
2) Humidité atmosphérique absolue et spécifique
L’humidité atmosphérique s’exprime en termes de masse de vapeur d’eau divisée par :

26
a) le volume de mélange: l’humidité absolue ou tension de vapeur notée f est le quotient
« masse de vapeur d’eau » [g] / « volume de mélange » [m3].
ou b) par la masse de mélange (air + vapeur) : l’humidité spécifique ou rapport de mélange
est le quotient « masse de vapeur d’eau » [g] / masse du mélange [kg].
Remarque: les masses volumiques de l’air et de la vapeur variant avec la T° et avec la
pression, les 2 expressions de « l’humidité atmosphérique » ne sont pas en rapport constant.

3) Tension de vapeur saturante (ou rapport de mélange saturant): c’est la quantité


maximum de vapeur d’eau que l’air peut contenir à une T° et une pression données.
Notée F elle s’exprime, comme l’humidité absolue, en g/m 3. (cf exercice de TD n°1 et
tableau de variation de F en fonction de la T°)

4) Humidité atmosphérique relative : c’est le rapport de l’humidité absolue à la tension de


vapeur saturante. Elle est exprimée en pourcentage
H relat = 100 * (H absolue/ tension vap. sat.) = 100 * f/F

5) Température (ou point) de rosée : c’est la température à laquelle, pour une pression
donnée, l'air est saturé en vapeur d'eau (f = F). La condensation produit alors des gouttelettes
dans l’air (formation de brumes et nuages) ou sur surfaces de matériaux (rosée).

Pour des valeurs de f inférieures à F, l’air est dit « sec », bien qu’il contienne de la
vapeur d’eau. Pour les valeurs de f = F (matérialisant la courbe de saturation), l’air est dit
«saturé »: la vapeur d’eau condense en gouttelettes autour de particules en suspension
(poussières, aérosols), dits noyaux de condensation. En absence de ces derniers l’air peut
continuer à absorber de la vapeur d’eau, au-delà de la tension saturante (f>F). Il est alors dit
« sursaturé ». Le déclenchement de la condensation peut se faire brutalement si des noyaux
de condensation sont introduits. Exemple des traînées d’avions engendrées par l’addition de
vapeur d’eau et de poussières par l’échappement des réacteurs l’air d’altitude très froid.

5.2.4. Mécanismes de saturation


Trois mécanismes peuvent déclencher la saturation d’un volume d’air :

1) Le mélange de volumes d’air non-saturé, l’un chaud, l’autre froid peut fournir les
conditions de la saturation, d’où condensation, formation de nuages et renforcement des
instabilités atmosphériques (fronts atmosphériques).
2) Le refroidissement par contact : des couches d’air sec peuvent se refroidir au contact de
surfaces froides et atteindre la saturation, engendrant brumes et brouillards (surfaces
continentales, ou étendues d’eaux froides : lacs de montagne, courants marins froids, marée
montante). Exemple : dans les régions Ouest de bassins océaniques, les courants froids
Humbolt, Californie, Benguéla, Labrador déclenchent des brouillards dont la durée peut
dépasser 80 j / an.
3) Refroidissement dû à la décompression : ce mécanisme concerne des parcelles
d’atmosphère chaudes et humides qui, en montant subissent une décompression (due à
l’augmentation de leur volume) et en redescendant subissent une compression (due à la
diminution de leur volume). L’ascension peut-être être déclenchée par des phénomènes
thermodynamiques, dynamiques ou orographiques.

a) causes thermodynamiques (instabilité) : Si la chaleur contenue dans un matériau ne


peut pas être évacuée par conduction et/ou par diffusion (conductivité et diffusivité
thermiques trop faibles), un mouvement dit de convection s’organise dans le matériau pour

27
exporter la chaleur. La convection est facilitée 1) si la quantité de chaleur apportée est forte;
2) si la différence de T° entre le bas et le haut du système est forte; 3) si le matériau possède
un fort coefficient de dilatation (cas de l’air); 4) si sa viscosité est faible et enfin 5) si sa
conductivité et sa diffusivité thermiques sont faibles (cas des gaz).
Dans l’atmosphère, la convection est provoquée par l’instabilité des masses d’air
surchauffées par le contact avec le sol, et riches en humidité. Elle peut être accélérée par une
arrivée d’air froid en altitude (augmentation de l’écart de T° entre la base et le sommet). Les
cellules de convection ont donc une phase ascendante (air chaud et humide donc moins
dense), compensée par une phase descendante (air froid et sec donc plus dense).
Les nuages de type cumulo-nimbus sont de véritables tours de convection qui s’étendent du
sol à la tropopause.

b) causes dynamiques: La convergence de masses d’air tiède et humide propulse l’air


en altitude, alimentant les dépressions.
Cas particulier : cause orographique : lorsqu’un volume d’air en mouvement horizontal
affronte un relief érigé perpendiculairement à son parcours (plaine, plateau, colline en bordure
de bassin océanique, montagne sur le continent), il va être forcé de monter le long de la pente.
Cette ascension est accompagnée d’un refroidissement à l’origine des précipitations en
bordures de continents (cf ci-dessous).

5.2.5. Conséquences du changement d’altitude : compression et décompression


adiabatiques
Une parcelle d'air n'échange quasiment pas de chaleur avec l’air environnant, car la
conductivité et la diffusivité thermiques de l’air sont faibles. Les changements de température
ne dépendront que des variations de pression interne, liées à des variations de volume subies
par la parcelle en mouvement vertical : dans l’atmosphère, l’air qui monte subit une
décompression et l’air en subsidence subit une compression. Selon la loi des gaz parfaits
(P.V/T = constante), décompression et compression entraînent (respectivement) une baisse et
hausse de T, sans échange de chaleur avec l’environnement, donc dits adiabatiques.

5.2.6. Gradients thermiques et adiabiatiques

Le gradient thermique de l’air immobile (ou changement de T°/km d’altitude) est la


différence de T° enregistrée lors du déplacement vertical d’un thermomètre à travers
l’atmosphère. Il est de l’ordre de -5,5°C/km. Il est dû à l’éloignement croissant par rapport
aux sources de chaleur absorbée par la surface terrestre.

Lorsque le gradient thermique d’une masse d’air dépasse 5,5°C/km, elle tend à être
instable et donc à s’élever. Le changement d’altitude s’accompagne d’une diminution de
pression, donc d’une augmentation de volume et donc d’une diminution de T°, et ce sans
perte de chaleur. Le refroidissement est dit « adiabatique ». Selon sa teneur en vapeur d’eau,
il suit 2 gradients :
- le gradient adiabatique sec = 10°C/km.
- le gradient adiabatique saturé = 6°C/km: lors de la condensation l’énergie latente de la
vapeur d’eau est fournie à l’air, d’où un refroidissement plus réduit que pour l’air sec.

La variation de température d’un volume d’air qui change d’altitude dépend donc de sa
concentration initiale en vapeur d’eau et de la façon dont cette vapeur d’eau évolue: la
saturation peut être atteinte simplement par un changement de température imposé par
refroidissement adiabatique (augmentation d’altitude, diminution de pression) et ce sans

28
échanger de chaleur avec l’air environnant. En cas de condensation, le changement de
concentration en vapeur d’eau de la masse d’air est réversible si aucune précipitation n’a lieu
mais il devient irréversible en cas de précipitation. L’humidité absolue change alors et, selon
son parcours vertical, l’air peut trouver un équilibre thermique radicalement différent de son
équilibre initial.

L'effet de Foëhn est une conséquence remarquable du passage d'une masse d'air sur un relief. Il est marqué par les effets
suivants sous le vent du relief : une élévation de la base des nuages, une hausse de la température et une diminution de
l'humidité relative : la masse d'air s'assèche en passant au-dessus du relief. Ceci explique pourquoi dans les Alpes par
exemple le versant au vent est plus verdoyant et plus humide que le versant sous le vent.
1. Elévation de la base des nuages :Au cours du soulèvement forcé sur le relief, la température des particules d'air
inférieures diminue le long d'une adiabatique sèche jusqu'au niveau de condensation (altitude de la base du nuage au vent
du relief), puis au-delà de ce niveau le long d'une (pseudo-) adiabatique saturée. Les précipitations qui interviennent sur le
versant au vent du relief entraînent une diminution de la quantité d'eau liquide contenue dans le nuage. Lors de la descente
le long du versant sous le vent du relief, l'évaporation de l'eau du nuage sera terminée plus tôt; de ce fait, la base du nuage
se trouvera à un niveau plus élevé : disymétrie du chapeau du Foëhn.
2. Hausse de la température : Lorsque l'évaporation est terminée, la température de l'air augmente le long d'une
adiabatique sèche. La représentation graphique sur un diagramme thermodynamique des transformations subies met en
évidence l'augmentation de température (+10°) causée par le passage de l'air au-dessus du relief (températures T 1 à l'avant
du relief; T2 à l'arrière).
3. Diminution de l'humidité relative : Les précipitations impliquant une diminution de l'eau contenue dans les nuages, le
rapport de mélange diminue. De plus le rapport de mélange saturant augmente en raison de la hausse de température :
d’où une forte diminution de l'humidité relative.

5.2.7. Effets de l’ascension et de la subsidence de l’air sur la pression


atmosphérique.
L’ascension de l’air produit l’effet d’une aspiration, donc une diminution de la
pression au sol : dépression (le mouvement selon une spirale, dû à l’accélération de Coriolis
est à l’origine du nom générique des « dépressions cycloniques ou cyclones»).
La subsidence de l’air produit une poussée verticale vers le bas, donc une
augmentation de pression au sol : surpression (le mouvement étant de sens inverse du
mouvement cyclonique on parle d’ « anticyclone »).
A la surface terrestre les masses d’air suivent les gradients de pression en allant des hautes
pressions vers les basses pressions. Pour les conséquences de l’accélération de coriolis sur
les mouvements de masses d’air se référer aux notes de cours et TD.
La distribution latitudinale des basses et hautes pressions est donc surtout déterminée
par la convection atmosphérique: dépressions dans la région équatoriale, anticyclones vers 30-
35° latitude (grands déserts), dépressions sur les latitudes (50-60°); anticyclones aux pôles.

29
5.3. La circulation atmosphérique générale

La circulation atmosphérique générale consiste en des mouvements convectifs, dus à deux


gradients thermiques (altitudinal et latitudinal) qui constituent deux « moteurs »
complémentaires.

1) -le gradient de T° entre la base de l’atmosphère (chauffée au contact du sol) et son


sommet, déclenche les mouvements verticaux des masses d’air : ascendance d’air
chaud (énergie potentielle). La richesse en vapeur d’eau de l’air de basse altitude (au
contact de l’océan ou de la végétation) entretient l’énergie latente, et facilite
l’ascension (la vapeur d’eau étant plus légère que l’air sec). Cette ascension d’air
chaud et humide est bien entendu compensée, ailleurs, par la descente d’air froid et
sec.
2) -le gradient de T° entre les régions de basses latitudes (faible angle d’incidence) et les
régions de haute latitude (fort angle d’incidence). Ce contraste entre excès de radiation
de la région équatoriale et déficit des régions de haute latitude est atténué par le
transport de chaleur assuré par les mouvements atmosphériques méridiens, de
l’équateur vers les pôles. Ceci explique que la région équatoriale reçoive plus de
radiation qu’elle n’en rend à l’espace, alors qu’au contraire les régions polaires en
rendent plus qu’elles n’en reçoivent.

Ces mouvements suivent des cellules de convection dites cellules de Hadley (0 à 30°
de latitude N et S) ou cellules de Ferrel (30 à 60° N et S) ou encore cellules polaires (60° à 90°
N et S).

Dans la zone équatoriale, la zone de convergence intertropicale (Z.C.I.T.) reçoit l’air


chaud et humide (cf TD); celui-ci plus léger monte, engendrant des dépressions. La
condensation en altitude alimente de fortes précipitations d’où l’existence dans ces régions de
forêts denses.
L’air refroidi et asséché arrivant en altitude, poussé par dessous par l’air ascendant,
tend à s’écarter vers le N ou le S (selon l’hémisphère considéré). Plus dense que l’air
environnant, il est soumis à la pesanteur et rend à redescendre vers la surface en suivant une
direction méridienne. L’air froid, attiré par l’accélération de la pesanteur descend vers 30° de
latitude créant une surpression (anticyclones) d’air froid et sec. Cet air se réchauffe en
descendant (compression adiabatique), mais il est toujours sec et dessèche les surfaces
continentales, entretenant les déserts. Atteignant la surface terrestre, les courants d’air doivent
diverger en direction du Sud ou du Nord : ils alimentent d’une part les vents qui soufflent vers
l’équateur en se réchauffant encore au contact de la surface (alizés déviés vers l’Ouest par
l’acc. de Coriolis), ou ils alimentent des vents soufflant vers le Nord qui vont se réchauffer au
contact de la surface, se rechargeant progressivement en humidité. D’où création
d’ascendances (dépressions des moyennes latitudes, qui alimentent la haute atmosphère en
énergie. La partie haute des cellules de Ferrel rapporte de l’air froid subsident dans la région
des tropiques, mais ce mouvement est contrarié par la force centrifuge. Elle alimente donc
surtout en air froid les cellules polaires (anti-cyclones polaires).

30
Courants-jets ou « jets-streams »
Au niveau de la tropopause, et à la limite Nord des cellules de Hadley et de Ferrel, les
forts contrastes de T° entre masses d’air issues des basses ou hautes latitudes, engendrent des
vents violents appelés courants-jets (jets streams). Canalisés dans ce gradient thermique, ces
vents circulent de l’Ouest vers l’Est à des vitesses de l’ordre de centaines de km/h. Ils sont
déviés par le jeu de l’accélération de Coriolis et des gradients de pression, et présentent donc
des parcours sinueux. Ils sont en interaction avec les zones de hautes pressions tropicales et de
basses pressions de moyenne latitude, en ce sens qu’ils en sont modifiés mais aussi qu’ils
influent sur la position de ces zones. Certains secteurs tels que la région des açores et de
l’Islande présentent ainsi des états «relativement stables» : anticyclones des açores et
dépression d’Islande.
Extrait de http://en.wikipedia.org/wiki/Jet_stream

Noter que ce schéma est l’image miroir de celui fourni dans le polycope de figures.

--- vers hautes latitudes vers basses latitudes----

Un courant-jet vu en coupe: le coeur se situe sous la tropopause au-dessus du gradient


maximum des températures. Les vents soufflent de l’Ouest vers l’Est ( vers le fond de la
figure ici).

31
Soufflant de l’Ouest vers l’Est autour de la terre, les courants-jets contournent les hautes
pression selon un mouvement dextre et les basses pressions selon un mouvement senestre, ils
ondulent à des vitesses de plusieurs centaines de km/h.

Répartition géographique de l’énergie, des températures, du couvert


nuageux, des précipitations, de humidité du sol et de la végétation

Version originale :
http://archive.globe.gov/sda/images/poster_letter_color.jpg

32
6. Structure et Dynamique de l’océan
( se référer aussi aux notes de cours et de TD)

6.1. Origine et évolution à long terme des bassins océaniques

L’âge de la croûte océanique, fond de l’océan actuel, est de 200 106 ans, soit seulement
0,4% de la durée de l’histoire de la Terre, alors que les plus vieux minéraux de la croûte
continentale (Australie) ont des âges de l’ordre de 4,3 10 9 ans (milliards d’années). La croûte
continentale, plus légère (d= 2,7) tend à rester en surface, tandis que la croûte océanique plus
lourde (d= 2,9) est perpétuellement crée par, et recyclée dans, le manteau. Les équilibres
isostatiques impliquent que : 1) les continents « légers » profondément enracinés dans le
manteau dense (d=3,3), constituent des reliefs élevés ; 2) la croûte océanique, plus dense mais
beaucoup plus mince, recouvre le manteau dans toutes les zones « déprimées ». qui sont
envahies par l’eau liquide.
Les continents ont des marges peu étendues et le talus continental est situé entre 150 et
500 m de profondeur. La majorité des surfaces des plateaux continentaux a cependant une
profondeur de moins de 150 m (Manche, Golfe de Gascogne, Grands bancs de Terre-Neuve,
Nord Australie-Papouasie...).

Au cours des temps géologiques, le niveau marin a varié selon deux principaux
mécanismes :
1) variation de forme, donc de volume, du « récipient » : selon la déformation du fond
océanique, résultat de l’activité géodynamique*, la mer envahit plus ou moins les marges
continentales. *Bombements du fond océanique lors de « crises » des dorsales, lors de
l’ouverture océanique (mers du crétacé), lors de crises volcaniques de points chauds.
2) variation de volume du contenu : une partie de l’eau liquide peut être stockée dans
les calottes glaciaires situées sur les continents. L’accrétion et la fusion de ces calottes, variant
avec les changements d’insolation, agissent sur le niveau moyen de l’océan : en quelques
millénaires, ce niveau peut varier de quelques mètres à plus de 100 m (lors de la fin de la
dernière glaciation, le niveau de la mer est monté de + 120 m, en environ 9000 ans (17 000 -
8000 ans avant le présent, suite à la fusion des grandes calottes qui couvraient l’Amérique du
Nord.

6.2. Structure et dynamique de l’océan : température, salinité et courants


océaniques

6.2.1. Température :
La répartition des températures des eaux de surface océanique est initialement due aux
variations d’énergie incidente en fonction de la latitude et secondairement modifiée par la
redistribution de la chaleur par le transport d’eau assuré par les courants. L’océan équatorial
reçoit l’énergie selon une incidence favorable à la l’absorption de chaleur par la colonne
d’eau, il est donc surchauffé (27 à 32°C). On note que les températures les plus élevées sont
celles du bassin Pacifique Ouest (30 à 32° dans la « warm pool »). Les températures les plus
basses sont enregistrées aux hautes latitudes, où la T° peut être négative (-2°C). Dans les
régions de moyenne latitude, la T° présente des valeurs intermédiaires (10 à 25°C).
Les contrastes thermiques, notamment latitudinaux, sont atténués, par rapport à ce que
l’on attendrait des contrastes d’insolation, en raison de la redistribution de chaleur par les
courants. Sous l’effet de l’accélération de Coriolis, les vents, initialement de direction N-S ou
S-N, sont fortement déviés, ce qui entraîne une redistribution des eaux de surface d’Est en
Ouest dans la région intertropicale et d’Ouest en est dans les régions tempérées. Ainsi sous

33
l’effet des alizés les eaux chaudes de surface sont poussées vers l’Ouest, ce qui détermine un
contraste : dans le Pacifique la T° est de 27°C à l’Est et atteint 32° à l’Ouest.

La température diminue rapidement, (cf carte isobathe 500 et 2000 m), notamment
autour d’une profondeur moyenne de 1000 m, où elle passe de 12°C à 5°C. La profondeur de
cette ligne thermocline, varie dans un même océan, et d’un océan à l’autre. Sous la
thermocline, les contrastes thermiques s’atténuent. L’océan atlantique se différencie des
océans pacifique et indien : en raison de la présence de l’anomalie des eaux méditerranéennes,
ainsi qu’à un régime de circulation profonde dite « thermo-haline » orientée du Nord vers le
Sud. Dans les océans arctique et austral, donc à haute latitude, les eaux de fond sont
légèrement moins froides que les eaux de surface.
La température moyenne des océans toutes profondeurs confondues est de 3,5°C.

6.2.2. Salinité
La masse totale de sels dissous dans un kg d’eau de mer est en moyenne de 34,71 g/kg
soit, 3,471% de sels pour 96,53% d’eau pure. La salinité moyenne de l’océan est donc de
34,71 ‰ (pour mille).
- 90% des eaux ont une salinité comprise entre 34 et 35 ‰ (variabilité modérée)
- 50% des eaux ont une salinité comprise entre 34,6 et 34,7 ‰ (variabilité infime)

La salinité des eaux de surface et intermédiaires, varie en fonction du contexte


géographique et climatique. En plein océan elle est réglée par les équilibres
évaporation/précipitation. Dans la région équatoriale, les fortes précipitations qui résultent de
la convergence des masses d’air humide et chaud (cf ZCIT) entretiennent un déficit de salinité
(S = 34 à 35 ‰). En zone subtropicale en revanche, la sècheresse entretenue par les hautes
pressions (anticyclones) entraîne une forte évaporation ce qui favorise l’augmentation de la
salinité (S= 36 à 37 %).
En périphérie des bassins océaniques, on observe des régimes particuliers. L’isolement
de certains bassins vis-à-vis de l’océan ouvert entraîne par exemple une augmentation de
salinité. En Méditerranée par exemple, l’isolement relatif par rapport à l’atlantique entretient
un excès de salinité. A cela s’ajoutent les effets de l’évaporation et du faible ruissellement
(résultat : S= 38 ‰ en Méditerranée ; S= 40 ‰ en Mer rouge). Au contraire, dans certaines
régions, l’écoulement d’eaux douces continentales par les grands fleuves favorise une baisse
de salinité. En mer baltique par exemple, ruissellement et fonte des glaces réduisent la salinité
(S = 32‰).
En profondeur, les contrastes de salinité sont réduits, mais il reste de grandes
différences entre le bassin atlantique assez salé et peu homogène, et les autres bassins, moins
salés et plus homogènes. Ceci est dû à l’action des eaux méditerranéennes, mais aussi à la
convection thermohaline (cf suite).

6.2.3. Comparaison des régimes thermique et halins des différents océans.

L'Atlantique est chaud et salé en raison de l’influence des eaux méditerranéennes vers
500 m de profondeur sur le seuil de Gibraltar ; plus à l'Ouest, vers à 1200 m de profondeur les
eaux sont à (T°=) 12°C et (S=) 36‰. Océans Pacifique et Indien sont plus froids et moins
salés que l’Atlantique, et de structure verticale moins complexe. Le mélange des eaux
antarctiques intermédiaires et de fond avec les eaux profondes de l’Atlantique produit l'eau
dite « centrale » qui passe en profondeur dans l’Indien et le Pacifique (cf circulation
thermohaline).

34
6.2.4. Courants, origine et conséquences : de la friction à la dérive d’Ekman
Les courants marins sont dus à la friction des vents sur la surface océanique. Le
couplage mécanique entre air et eau est d’autant plus grand que la surface de l’océan est
crénelée. Les vagues, crées et entretenues par le vent, constituent donc les « dents » de
l’engrenage qui anime le courant. Les courants affectent généralement une tranche d'eau de
100 m d’épaisseur, mais dans les régions où le régime des vents est intense et permanent
(océan austral) leur influence peut se faire sentir jusqu’à 1000 m de profondeur.
Dans la région intertropicale, les alizés, orientés NE-SW dans l’hémisphère Nord et
SE-NW dans l’hémisphère Sud, poussent les eaux de surface vers l’Ouest. Les déplacements
des masses d’eaux se font sous l’effet de vents déviés par l’accélération de Coriolis, et sont
eux-mêmes déviés par cette accélération. Au nord et au sud de l’équateur, les courants
forment des boucles, ou gyres, dans le sens horaire dans l’hémisphère nord et anti-horaire
dans l’hémisphère sud. Aux limites Ouest des bassins océaniques, ces gyres sont forcées par
les contours côtiers, ce qui accentue leur déviation vers le Nord (hémisphère nord) ou vers le
Sud (hémisphère sud). Elles apportent donc aux moyennes latitudes la chaleur des basses
latitudes. Aux moyennes latitudes (40° nord et sud), les courants revenant d’Ouest en Est sont
repris et accélérés par les vents dominants d’Ouest; ils rapportent les eaux de surface dans les
parties est des bassins, d’où leur nom de « dérives » (exemple la dérive Nord Atlantique). Les
eaux refroidies toujours déviées par l’accélération de Coriolis, cette fois vers les basses
latitudes, reprennent la direction de l’équateur sous l’influence des alizés. La «gyre » est
ainsi bouclée par un retour d’eaux froides vers la région équatoriale où elles vont se
réchauffer.

Le schéma simplifié des courants est le suivant :


-Gyres anti-cycloniques subtropicaux (horaire dans H.N. et anti-horaire dans H.S.)
-Gyres cycloniques subpolaires (anti-horaire dans H.N. et horaire dans H .S)
-Courant antarctique circumpolaire: essentiellement zonal (Ouest vers Est), très fortement
animé par des vents puissants et constants (40èmes rugissants et 50èmes hurlants).
-Courants sud équatoriaux vers l'Ouest à l'équateur.
-Courants nord équatoriaux vers l'Ouest à 15-20°N.
-Contre-courants équatoriaux vers l'Est à 5°-10°N compensant le départ des eaux
superficielles vers l’Ouest.

Vitesse des courants


Au centre des bassins, la vitesse moyenne des courants est de 0,1 m/s (à comparer à la
vitesse moyenne des vents : 0,7 m/s). Des vitesses maximales de l'ordre de 2 m/s sont atteintes
aux frontières Ouest des bassins. Le débit des courants s’exprime en m3/s-1 (soit un courant de
vitesse 1 m.s-1 traversant une surface de 1m2) ; l’unité communément utilisée pour les courants
marins est le Sverdrup: 1 (Sv = 106 m3/s-1).
Dérive d’Ekman : la direction du déplacement des eaux engendré par la friction des
vents est modifiée par l’exercice de l’accélération de Coriolis. Le courant de surface est dévié
d’un angle de 45°, vers la droite de la direction du vent dans l’hémisphère Nord et vers la
gauche de la direction du vent dans l’hémisphère sud. Comme la friction est transférée de la
surface vers la profondeur, l’effet d’une couche sur la couche du dessous engendre aussi une
déviation de 45°, soit 90° de celle du vent. Ainsi de suite jusqu’à une profondeur où l’énergie
de friction est annulée. La couche d’eau concernée par cette déviation est appelée « couche
d’Ekman ». La déviation moyenne y est égale à 90° (vers la droite dans l’hémisphère Nord et
vers la gauche dans l’hémisphère sud). Finalement la partie, notée Me (transport d’Ekman) de
la circulation de l’eau se fait selon la direction du vent est et proportionnelle au rapport
suivant : Me = T / f (exprimée kg.m-1.s-1)

35
où, T est la tension de vent (force F divisée par la surface d’exercice)
et f est le paramètre de Coriolis, qui dépend de la vitesse de rotation  et de la
latitude : f = 2 sin (latitude).
La dérive d’Ekman aboutit donc à des déplacements d’eau, qui sous l’effet des vents
dominants vont converger vers des régions privilégiées, générant des bosses, ou au contraire
diverger de zones défavorisées, y engendrant et des creux. La convergence résulte en un
enfoncement des eaux vers le fond « pompage » ou « downwelling» ; alors que la divergence
entraîne au contraire un appel, aspiration ou succion, des eaux vers la surface.
Cette topographie océanique influence encore les directions des courants : les courants
tournent autour des bosses dans le sens horaire et autour des creux dans le sens anti-horaire
dans l’hémisphère Nord, et inversement dans l’hémisphère sud. Ceci explique que dans les
hautes latitudes 60-70° N du Pacifique et de l’Atlantique, les courants suivent des boucles
dans le sens anti-horaire ce qui est a priori contre intuitif puisque l’accélération de Coriolis s’y
exerce dans la sens opposé.

6.3. Equation d’état de l’eau de mer


La masse volumique de l’eau de mer est fonction de sa température, de sa salinité et de la
pression :  = (T,P,S)
Rappel : la pression dépend de la profondeur (z) et de la masse volumique  :
P (en Pascal ou N.m-2) = g.z (kg.m-3. m.s-2. m)
Par exemple, en surface, à la pression atmosphérique (1000 Hpa ou 105 Pa) et pour T = 0°C et
S = 35 ‰, la masse volumique est de 1028 kg/m3.
A 10 000 m de profondeur, la pression passe à 10 8 Pa et pour les mêmes conditions de
température et salinité, la masse volumique de l’eau de mer est de 1071 kg/m3.

Remarque : les variations de masse volumique étant généralement faibles, on utilise souvent la notion
(abus de langage) de « densité de l’eau de mer » : (T,P,S) = (T,P,S) – 1000 [kg/m3].
Une densité,  = 20 kg/m3 signifie donc que =1020 kg/m3.

La masse volumique varie de façon complexe en fonction de ces 3 paramètres, mais les
variations respectivement liées à chaque paramètre sont les suivantes:
- dMv/dT : - 0,2 kg.m-3 / °C
- d Mv/dS : + 1 kg.m-3 / unité relative de salinité (‰)
- d Mv/dP : + 0,5 10-4 kg.m-3 / hpa (100 Pa = 1 mBar)

En résumé, une augmentation de masse volumique de 1kg/m3 peut-être produite soit…


- par un refroidissement de 5°C ;
- par une augmentation de salinité de 1‰ ;
- par une augmentation de pression de 2.10 6 Pa (20 Bar) (équivalente à une
augmentation de profondeur de 200 m).

A l’équilibre statique, les masses d’eaux tendraient à se répartir sous l’effet de leur
masse volumique (donc selon T, S et P (P atmosphérique + P hydrostatique). Mais sous l’effet
des vents, une dynamique s’établit entre des masses d’eau de T° et de salinité différentes,
animées par des courants de vitesses, de directions (ou sens) différentes.

36
6.4. Salinité : composition, origine, méthode de mesure

6.4.1. Dosage des éléments et relations de concentration entre les éléments


La salinité de l’océan varie dans le temps et l’espace, mais les contributions
respectives des principaux sels ne varient pas. Dittmar en 1884 a analysé 77 échantillons
d’eaux collectés de 1872 à 1877 dans tous les bassins océaniques majeurs entre la surface et
les abysses. Les concentrations relatives des différents constituants de l’eau de mer étant
sensiblement constantes, le dosage d’un seul de ces sels permet donc de quantifier tous les
autres.
Eléments majeurs : Les constituants de concentration supérieure à 1 mg/kg (1 ppm)
sont listés dans le tableau suivant (Wilson, 1975). Ils représentent plus de 99,9 % de la masse
totale d’éléments dissous dans l’eau de mer.
Espèce chimique Concentration en g/kg Concentration en ppm
Sodium Na+ 10,77 10 770
Magnésium Mg2+ 1,29 1 290
Calcium Ca2+ 0,412 412
Potassium K+ 0,399 399
Strontium Sr2+ 0, 0079 7,9
Bore B3+ 0,0045 4,5
Chlorure Cl-
Sulfate SO4- 19,354 19 354
Bicarbonate (HCO3-) + 2,712 2712
Cabonate CO3--
0,118 – 0,146 118 –146
Bromure Br-
Fluorure F-
0,0673 67,3
0,0013 1,3

L’azote N2 et l’oxygène O2 (gaz dissous), le silicium Si (nutriments) et le Carbone C, sont


absents de ce tableau, même si leurs concentrations sont élevées, car elles sont très variables :
en moyenne on mesure : C= 28 ppm; N=11,5 ppm; O2= 6 ppm; Si= 2 ppm).

Eléments mineurs : ceux dont la concentration est inférieure à 1 ppm.


Eléments traces sont ceux dont la concentration est d’environ ~10-3 ppm ou 1 ppb.
Ce sont tous les autres éléments de la classification de Mendeleiev. Ils n’obéissent pas à la
règle de proportions constantes. Les plus importants sont : le Fer, le Lithium, le Phosphore,
l’Iode,…Tous ces éléments sont fondamentaux pour les processus biologiques et chimiques.

6.4.2. Origine du sel


La présence de sels dans l’Océan est due à la facilité avec laquelle les composés
ioniques se dissolvent dans l’eau. On a longtemps cru que ces sels étaient dérivés de
l’altération et de l’érosion des roches continentales dont les produits sont transportés à l’océan
par les fleuves (cf encadré ci-dessous). Mais si l’eau des rivières contient aussi certains sels
(ions K, Mg, Ca et Na), les concentrations en carbonates, chlorures, bromures et iodures y
sont très faibles. Donc si les sels océaniques avaient pour seule origine les continents, leur
composition serait très différente de ce qu’elle est. Les ions qui ne sont pas hérités de
l’altération des continents ont du être apportés à l’océan par d’autres sources : le manteau, via
le volcanisme et l’hydrothermalisme, et l’atmosphère (pompage de gaz).
De plus il est possible que certains ions aient pu être transférés de l’eau océanique aux
sédiments, à la biosphère ou à l’atmosphère au cours des temps géologiques.

37
La composition de ces sels résulte d’un équilibre entre sources et puits d’ions.
On admet que la composition en sels est à l’équilibre, et que la teneur totale en sels n’a pas
significativement varié depuis plusieurs centaines de millions d’années. De plus le pH de
l’océan a du être constant pour permettre aux formes de vie actuelles d’évoluer (en effet une
baisse de 1% de [Na+] produirait un océan acide au pH = 2,6).
A long terme les rapports d’éléments ont fortement varié: par exemple, le rapport Na +/K+ a
changé de 1 à 28 depuis le Précambrien.
Finalement, si la composition chimique des sels influe sur la biosphère, elle en dépend aussi:
les organismes extraient les éléments (Ca et Si par exemple) pour synthétiser leurs coquilles et
modifient ainsi l’équilibre de la balance.

L’eau de mer ne tire pas le sel de l’érosion continentale


L’eau de mer est 300 fois plus concentrée en sels dissous que les eaux continentales (fleuves et rivières). La
composition des sels est aussi très différente : les concentrations en ion bicarbonate, en Calcium et en Silice y
sont très faibles. Une majorité de constituants des eaux continentales est bien issue de l’altération chimique des
roches et apportée à l’océan, mais d’autres constituants y sont très faiblement concentrés: [Cl -] = 8 ppm, contre
[Cl-] = 19354 ppm dans l’eau de mer. Pourtant Cl - est le principal ion des eaux de pluie ([Cl-] = 3,8 ppm). Il
semble donc que le chlore des eaux continentales soit issu d’un recyclage de l’eau océanique via les
précipitations et les aérosols.
Si l’on corrige la composition des eaux douces continentales en en soustrayant, pour chaque constituant X la
contribution de l’océan, supposée proportionnelle au rapport dans l’eau de mer (concentration de X/
concentration de Cl-). Après correction, l’ion bicarbonate (HCO 3-) domine, puis en ordre décroissant, Ca2+, SiO2,
SO4-- , Mg2+, K+ et Na+ . Tous ces ions, sauf le Chlore, sont fortement concentrés dans les roches de la croûte .
Le Chlore est par contre très concentré dans les gaz volcaniques ; sa forte concentration dans l’eau de mer serait
liée au volcanisme intense qui a accompagné la formation de l’océan (cf origine de l’eau de l’océan).

Comment mesure-t-on la salinité ?


En principe la salinité devrait désigner la masse totale de substances solides dissoutes par kg d’eau de
mer. Mais une telle analyse chimique est trop coûteuse et trop longue à réaliser en routine. La déshydratation
complète d’un échantillon d’eau de mer, s’avère biaisée par le piégeage d’eau dans les cristaux de sels précipités.
Cette eau ne peut pas être totalement éliminée sans un chauffage prolongé, ce qui altère les éléments volatils.
Un protocole établi en 1901 comprenant une dessiccation à 480°C en atmosphère chlorée fournit la
définition de la salinité 1902 (S): masse de substances solides contenues dans 1kg d’eau de mer les bromures et
iodures étant transformés en chlorures, les carbonates étant transformés en oxydes et les matières organiques
étant oxydées (brulées).
Ce protocole étant trop lent et trop lourd, dans la pratique la mesure de salinité adoptée jusqu’en 1961 consistait
à mesurer la « chlorinité », masse d’argent pur nécessaire pour précipiter tous les halogènes contenus dans une
certaine masse d’eau de mer. La salinité est reliée à la chlorinité par : S (‰) = 1,80655 x Cl (‰).
Depuis 1978 une définition mieux adaptée aux mesures océanographiques a été adoptée : la
conductivité électrique d’un échantillon d’eau de mer à 15°C et à la pression atmosphérique est comparée à celle
d’une eau standard dite « Eau de Mer Normale », eau de surface de l’Atlantique Nord ajustée à 35‰ par dilution
et conditionnée en ampoules de verre de 250 ml. Sur chaque ampoule d’eau normale est mentionné le rapport K 15
(15 signifiant 15°C), quotient entre la conductivité de l’EMN et de celle d’un étalon composé de 32,4357 g de
KCl et de 967,5643 g d’eau distillée, de salinité = 35 ‰ (chlorinité = 19,374 ‰). Ce dosage a été choisi pour
qu’à 15°C et à la pression atmosphérique, la conductivité absolue de l’étalon soit de 4,2914 Siemens/m, égale à
celle de l’EMN.
Dans la pratique les salinomètres sont calibrés avec de l’EMN; les rapports de conductivité sont donc exprimés
en « R15 » (rapport conductivité échantillon / conductivité standard EMN) et doivent donc être ensuite corrigés
du K15 inscrit sur l’ampoule.

La salinité déduite de la conductivité est dite « salinité pratique »;


Elle est exprimée en unité pratique de salinité : on écrit S = 35,125 UPS
(et non S = 35,125 ‰).

Exemple : un K15 = 0,99986 inscrit sur l’étiquette de l’ampoule d’EMN signale que la salinité du standard est de
34,994 UPS. Si le salinomètre fournit un R 15 = 0,99, le rapport salinité échantillon/étalon est R15 x K15 : la salinité
échantillon = 35 x 0,9898614 = 34,64 UPS.

38
7. Interaction Océan–Atmosphère : couplages, gradients
thermodynamiques latitudinaux et longitudinaux

7.1. Transformation des masses d’air au-dessus des océans

Les changements subis par une masse d'air continental lors de son passage au-dessus
de l'océan sont importants pour comprendre les interactions océan -atmosphère.

Deux exemples sont abordés ici :


1) Air chaud sur eau froide : transformation des alizés lors de leur parcours, partant
des zones continentales subtropicales vers la zone de convergence intertropicale (exemple du
système alizé entre la côte Nord Ouest africaine et l'Océan Atlantique équatorial).
L'air froid et sec descendant au Nord de la cellule de Hadley vers 30° de latitude est réchauffé
par contact avec la surface continentale. Il est rapidement transformé au contact de l'eau de
surface, plus froide : son énergie thermique (ou chaleur sensible) est transmise à l'océan. Dans
une couche peu épaisse (couche limite), il est enrichi en humidité par l'évaporation océanique.
Au contact de l'océan, la température de l’air baisse jusqu’à la T° des eaux de surface.
La vapeur d'eau qu’il pompe alimente, par condensation, la formation de nuages de type
stratus à basse altitude dans la couche limite qui est alors relativement fine (quelques centaine
de m). Au-dessus de la couche limite, l'air subsident provenant de la haute troposphère est
plus sec et chaud (anticyclone tropical), donc la frontière entre les 2 masses d'air est marquée
par une inversion d'alizés qui tend à limiter les mélanges et les mouvements verticaux et la
persévérance de la pénétration vers l’Ouest de la couche limite.
L'air « maritime » se déplace au dessus de masses d'eaux de plus en plus chaudes, la
chaleur latente augmente et le flux de chaleur sensible monte de l'océan vers l'atmosphère
(flux turbulent). Ce réchauffement engendre le développement de nuages de type cumulus
d'alizés. La convection de ces cumulus de basse altitude mélange l'air humide de surface à
l'air sec situé au-dessus de la couche d'inversion. Ceci engendre une couche limite beaucoup
plus épaisse. La convection apporte aussi de l'air sec vers la surface ce qui à son tour
augmente l'évaporation océanique dans la couche limite.
Dans les bassins Ouest de l'océan tropical, la couche limite est devenue très épaisse ( 2
à 3 km) et l'évaporation est 3 fois plus grande que dans les bassins Est. Dans cette couche-
limite, la convection est suffisamment importante pour produire des précipitations, ce qui
chauffe encore la couche nuageuse (chaleur latente).

Les budgets énergétiques de la zone des alizés ont montré que le flux de chaleur descendant à
travers l'inversion est aussi important que le flux de chaleur sensible montant de la surface.
Ils ont aussi montré que toute l'eau évaporée est exportée horizontalement hors de la zone
d'alizés et précipitée dans la zone de convergence intertropicale.
La vitesse des vents alizés étant élevée ( ~6 m.s-1), la masse d'air de surface - si elle
reste dans la couche limite - traverse les 2500 km de distance entre la région source et la ZCIT
en seulement 5 jours.

2) Air froid sur eau chaude : le 2ème exemple concerne l’interaction air-océan à
latitude moyenne : au cours d'hivers très froids, l'air au-dessus de l'Asie et de l'Amérique du
Nord surgit périodiquement au dessus des eaux plus chaudes du Pacifique Nord-Ouest et de
l'Atlantique Nord-Ouest. Ces incursions d’air froid sont liées à un flux de N-O lié à l'arrière
des cyclones ; elles peuvent durer plusieurs jours. La figure présente les transformations
d'une masse d'air froid sec et stable lorsqu'elle "coule" au-dessus de la Mer de Chine et du
courant chaud Kuroshio. Initialement, les masses d'air continental ont une T° de 0 à 20° et

39
une humidité très faible (< 1g/kg). La température des eaux de surface (SST) augmente de
5°C (près de la côte) à 20° (courant du Kuroshio). Lorsque la masse d'air traverse d'abord la
Mer de Chine de l'Est, la couche limite instable va rapidement être réchauffée par le flux
vertical de chaleur sensible. Bien que l'air soit sec, il est initialement très froid, donc incapable
de pomper de l’humidité de façon efficace. Lorsque la couche limite se chauffe et d'épaissit,
le flux de chaleur latente devient comparable au flux de chaleur sensible. Contrairement à la
couche limite des alizés, qui s'épaissit lentement, ici l'apport d'air froid engendre une
épaississement très rapide de la couche limite. A une échelle horizontale de 200 à 300 km,
l'épaisseur peut atteindre 1 à 2 km.
Au cours de l'expérience AMTEX (Air-mass transformation experiment) en 1974-75,
des flux de chaleur totaux de surface de 700 à 800 W.m-2 ont été observés sur 2 périodes de 4
jours. Ce flux, équivalent à la moitié de l’irrrradiance solaire totale a chauffé une colonne d'air
de 2 km d'épaisseur à un taux de 30K/Jour et a abouti à une instabilité verticale de la couche
limite.
La croissance de nuages convectifs est limitée par la hauteur de la couche d'inversion
qui marque la limite entre la masse d'air modifié, au dessous, et la masse d'air continental au
dessus. Près de la côte, la couche limite est peu épaisse donc le nuage convectif est peu
développé en hauteur (strato-cumulus de faible dimensions horizontale). Cependant, alors que
la couche limite s'épaissit, la hauteur et le développement horizontal du nuage convectif
augmente et ce , suffisamment pour produire des précipitations.
Les régions de forte transformation de masses d'air sont aussi des régions de fort
développement de cyclone en raison d'importants gradients thermiques. La région de la Mer
de chine du Sud est la plus active du monde pour la formation de cyclones au cours de la
saison d'hiver.
La perte moyenne de chaleur de l'océan vers l'atmosphère au dessus du Kuroshio en
février est de 350 W.m-2 ce qui est suffisant pour refroidir une couche océanique de 100 m
d'épaisseur de 2,2 °C en 1 mois.

Ces 2 exemples montrent que l'extraction de chaleur de l'océan est fortement


dépendante du contraste de T° air -océan et de l'humidité initiale des masses d'air....

7.2. Réponse des phénomènes atmosphériques aux SST


A toutes les échelles les mouvements atmosphériques sont impliqués dans les
transferts d'énergie de l’océan à l’atmosphère. Par conséquent, la plupart des phénomènes
atmosphériques répondront directement ou indirectement aux SST.

A petite échelle, une augmentation de SST peut changer la stabilité de la masse d'air qui la
« survole », ce qui peut à sont tour changer la couche nuageuse d'une type stable stratus à un
type instable convectif (cumulus ou cumulo-nimbus).
Par exemple, l'intensité de la circulation de brise de mer dépend de la différence de T° entre la
terre et la mer, qui génère l'énergie potentielle disponible pour maintenir la circulation.

A échelle moyenne, la convection au-dessus de l'océan dépend de la différence de T° air-mer


qui produit les flux de chaleur latente et sensible supportant la circulation verticale. A son tour
la circulation verticale apporte de l'air froid et sec dans la couche limite, ce qui enrichit le
transfert vertical de chaleur.

A grande échelle, la circulation atmosphérique est fortement influencée par les distributions
spatiales des continents et des océans. L'océan est capable de stocker d'importantes quantités

40
de chaleur pendant la saison inactive et de les relâcher dans l'atmosphère, fournissant ainsi
l’énergie des moteurs atmosphériques.
La position des ondes longues de Rossby est partiellement déterminée par la distribution des
sources et des puits de chaleur (la figure montre les pressions à la surface observées et
l'altitude normale de l'isobare 500 hPa ainsi que les sources et puits de chaleur entre la
surface et la moyenne altitude dans l’hémisphère Nord. La caractéristique principale prédite
par la théorie est le développement d'un anticyclone à 25° sous le vent d'un puits de chaleur
(resp. d’un cyclone sous le vent d'une source de chaleur) et le développement d'une ride (resp.
d’une « vallée » ) à 50 hPa à 10° vers l'Ouest. Les décalages entre la position observée d’un
anti-cyclones ou d’une dépressions aux latitudes moyennes, et leurs position théorique sont
dus aux barrières topographiques constituées par les reliefs des chaînes de montagne. Le flux
troposphérique supérieur est le plus sensible à la distribution des topographies alors que le
flux de basse troposphère est surtout déterminé par les structures thermiques caractéristiques
du réchauffement continental et océanique. Les reliefs de très haute altitude, telles que
l'Himalaya empêchent cependant le transport d'humidité en basse troposphère et influencent
donc directement la distribution des sources et des puits de chaleur.

Le cyclone tropical est l'exemple-type de circulation auto-entretenue ( voir annexe 3).


Les aires de création de cyclones tropicaux sont généralement limitées aux régions des
tropiques, là où la T° des eaux de surface est supérieure à 26°C. Les taux d'évaporation sont
principalement déterminés par les vents de surface et les SST. Comme la tension de vapeur
varie de façon quasi-exponentielle avec la T°, les taux d'évaporation les plus importants sont
déterminés au-dessus de l'océan tropical chaud en contact avec un air sec et froid subsident
(anticyclones). Un système embryonnaire de basse pression produit une convergence de
vapeur d'eau à l’interface atmosphère –océan (couche limite maritime) et la chaleur latente est
relachée en altitude. Un cyclone tropical "mature" peut produire des flux de chaleur latente de
surface de 1000 W.m-2 et un flux de chaleur sensible de 500 W.m -2. Le cyclone tropical est
vraiment un phénomène océanique. En effet, lorsqu'il aborde les continents il perd sa source
d'énérgie latente et se trouve freiné par la friction à la surface des continents (reliefs...). Il
s’atténue puis disparaît donc rapidement au-dessus des continents.

7.3. Rythmes saisonniers et inter-annuels

7.3.1. Un rythme saisonnier typique : la mousson


Aux latitudes tropicales le réchauffement différentiel à ryhtme saisonnier entre
certaines surfaces continentales et l’océan bordier anime une circulation atmosphérique
saisonnière nommée « mousson ». Lorsque le continent est plus chauffé que l’océan,
l’ascension de l’air continental aspirent les masses d’air humide de la région océanique, ce qui
déclenche des pluies intenses dites « pluies de mousson ». Lorsque l’océan est plus chauffé
que le continent, l’ascension de l’air océanique aspire les masses d’air sèches des continents
vers l’océan. Toutes les côtes bordant les océans chauds sont concernées : en Afrique (golfe
de Guinée, Somalie) ; en Arabie ; en Inde et en Asie du Sud-Est.
Le cas de la mousson indienne est le plus anciennement connu, notamment en raison
de la dépendance des récoltes et des transports de marchandises, dans, et depuis, les territoires
coloniaux (britanniques, portugais, français…) vis-à-vis des conditions météorologiques et
climatiques. En effet, l'Inde et l’Asie du Sud-Est sont des surfaces continentales situées dans
l’hémisphère Nord et bordées par les océan situés au Sud et à l’Ouest.
La mousson d'été est un transfert de chaleur latente puisée dans la Mer d'Arabie et les
Océans Indien et Pacifique Sud vers les continents. Cette énergie relâchée sur les continents
contribue à l’énergie qui anime de la circulation atmosphérique. La mousson d'été apporte

41
d'Avril à Septembre, jusqu'à 90% des précipitations annuelles sur ces régions, avec des vents
de Sud-Ouest (Inde) et de Sud Est (Asie) transportant l'humidité de l'Océan Indien ou de
l'océan Pacifique.
Les cellules de moussons sont animées par de forts gradients de pression engendrés
par le réchauffement estival des masses continentales, produisant une ascension d'air chaud,
(basses pression) qui engendre une aspiration des masses d'air chaud et humide (évaporat°
maximale au dessus de l'océan) vers les continents. L’ascension de l’air accompagnée de
précipations intenses alimente un flux d’altitude orienté vers l'hémisphère Sud, qui redescend
sous forme de masses d'air froid sur l'Afrique du Sud (Namibie) et le Pacifique Sud (zones
sèches).

La mousson d'hiver est engendrée par le réchauffement différentiel de l'océan sud


(basses pressions) par rapport aux continents indien et asiatique (hautes pressions). Le
gradient de pression inversé produit un système de vents opposés à ceux de la mousson d'été.
Le continent froid est le siège d'un anticyclone (hautes pression) donc d'une subsidence d'air
froid. Au dessus de l'océan sud chaud (été austral), l'ascension de l'air entretient des
dépressions. Les vents soufflent donc du continent vers l'océan (de Nord Est en Inde et de
Nord-Ouest en Asie SE); comme leur trajet continental passe par des régions arides (déserts,
hautx plateaux de loess), ils se chargent en poussières et transportent un flux de poussière qui
est maxi en février-Mars.

Le flux vertical de chaleur latente et sensible provenant de la mer d'Arabie au cours du


démarrage de la mousson de Sud-Ouest en Juin a une valeur caractéristique de 200 W.m-2.
Cette forte perte de chaleur produit un refroidissement rapide de la couche de mélange
océanique 2°C en un mois, et un approfondissement de la couche de mélange de 40 m à 100
m entre Juin et Juillet.

Les interactions air-mer discutées précédemment ont lieu à l’échelle mensuelle et


saisonnière. Elles sont généralement connectées à la variabilité à court terme de l'atmosphère
ou avec le forçage solaire saisonnier par la radiation solaire du système Océan-atmosphère.

7.3.2. Rythme inter-annuel : El Niño - Southern Oscillation (ENSO)


A l'échelle inter-annuelle, les variations de forçage climatique externe (insolation) sont
faibles: les effets sur les variations climatiques proviennent surtout d'oscillations du système
océan-atmosphère.
Le signal le plus important est le système couplé « El-Nino - Oscillation Australe » dit
« ENSO ». El nino est la composante océanique de cette interaction et l’oscillation australe
en est la composante atmosphérique.
Les événements ENSO sont irréguliers : période de 2 à 7 ans avec moyenne de 4 ans.
L'interaction met en jeu les eaux de surface et les eaux superficielles (jusqu'à la thermocline)
de l'océan pacifique tropical ainsi que la circulation troposphérique globale sus-jacente.
El Nino est un réchauffement du Pacifique équatorial de 2 à 8°C qui persiste sur plusieurs
saisons. El Nino classique est le réchauffement des eaux adjacentes aux côtes du Pérou et de
l'équateur qui s'accompagnée de pluies torrentielles et d'une réduction majeure de la
productivité de eaux côtières. Il a lieu généralement en décembre et Janvier.
Dans les années normales, des eaux côtières sont alimentées par un fort upwellings
d'eaux profondes. Les eaux de la thermocline proviennent du courant froid de Humbolt (vers
le Nord)... lorsque El Nino a lieu, ces eaux froides sont remplacées par des eaux chaudes
équatoriales pauvres en nutriments, ce qui aboutit à une réduction drastique de la
productivité...

42
Les mesures détaillées de SST montrent que le réchauffement s'étend vers l'Est à partir
du méridien 180° jusqu'à la côte sud américaine et ce jusqu'à 20° de latitude Sud. Cette
surface équivalent à 10% de la surface terrestre, une augmentation de température de surface
globale de quelques dizièmes de °C peut être engendréepar un événement El Nino. Cette
augmentation étant du même ordre que celle enregistrée globalement au cours des 100
dernières années, ce phénomène doit donc etre considéré dans les mécanismes du
réchauffement global actuel.

-Influence de ce réchauffement sur l'atmosphère sus-jacente.


L'énergie thermique additionnelle stockée dans le Pacifique au cours d'un fort El Nino est
d'environ 3.1022 Joules, ce qui équivaut à 8 fois (énergie potentielle totale + énergie cinétique
disponible dans l'atmosphère. Si cette chaleur supplémentaire était convertie en énergie
potentielle disponible, elle serait suffisante pour maintenir la circulation atmosphérique
pendant environ 9 mois, durée légèrement plus courte que celle de l'événement El nino. Par
conséquent, ce réchauffement à grande échelle aura une forte influence sut l'atmosphère.

L'oscillation australe est la réponse troposphérique majeure au réchauffement anormal


du Pacifique. Elle a été décrite au début du XX ème siècle par Sir Gilbert Walker, directeur du
service météo de L'inde, comme une caractéristique à grande échelle des gradients de pression
en surface avec un signal dominant au dessus de l'Océan Indo-pacifique. Ce signal de pression
peut être défini en termes de différence saisonnière de pression entre l'Indonésie et l'île de
Tahiti (S.E Pacifique).
En état normal, le gradient de pression force un flux d'alizés permanent du Pacifique
Est vers l'Indonésie.
Au cours d'un El Nino, la pression au dessus de l'Indonésie est plus forte que la normale,
alors que la pression au dessus du S.E Pacifique est plus faible, ce qui engendre une réduction
du gradient de pression et un affaiblissement des alizés de Sud-Est. L'index d'oscillation
australe est anormalement bas.
Au contraire, avec un Pacifique Est plus froid que la normale, la pression est plus
basse au dessus de l'Indonésie et plus forte au dessus du Pacifique S.E. ce qui entraîne des
alizés plus forts que le normale: l'index d'oscillation australe est élevé.

Ce signal de pression est exprime un changement majeur de la circulation


troposhérique (vents) et en particulier de la position des zones de convergence (dépressions)
(rappel : fortes précipitations liées à l'ascendance des masses d'air humide et chaudes
apportées par les alizés ; refroidissement adiabatique, accompagné de condensation relâche
une forte chaleur latente alimentant procure la poussée d'Archimède donc renforce
l'ascension).
En conditions normales, les zones de convergence principales sont la ZCIT qui s'étend
de l'Indonésie à l'Amérique centrale (5 et 10°N) et la zone de convergence Sud Pacifique
(SPCZ) qui s'étend de l'Australie jusqu'au centre du Pacifique Sud.
La masse d'air supplémentaire apportée aux zones de convergence par les alizés, déclenche
une sortie d'air sec vers la troposphère supérieure (faible teneur en humidité due à la basse T°
et aux pertes d'eau par les précipitations). Cette fuite est dirigée dans la haute troposphère,
vers le Sud-Est Pacifique ce qui boucle la circulation en cellule. La composante N-S de la
circulation est une cellule de Hadley et la circulation E-W est appelée cellule de Walker. L'air
de la troposphère supérieure qui converge vers le Pacifique Sud-Est descend vers la basse
troposphère et se réchauffe (réchauffement adiabatique), cette descente (haute pression) est
associée à un ciel clair et de faibles précipitations (anticyclone sur Tahiti). La région qui en
bénéficie est appelée « zone sèche ».

43
Dans l'Océan les alizés poussent les eaux froides du courant de Humbolt vers
l'équateur et animent l’upwellings le long de la côte de l’Amérique du Sud produisant une
grande langue d'eaux de surface froides dans le Pacifique Est tropical. En conditions El Nino
cette langue d'eaux froides est remplacée par des eaux chaudes revenant du Pacifique Central
et du Nord de l'équateur. Au cours d'événements extrêmes tels que celui de 1982-1983, le
réchauffement a été tel que la langue d'eaux froides a disparu. La diminution de la circulation
des alizés est associée à des déplacements majeurs des zones de convergence tropicale. La
ZCIT tend à se déplacer au Sud de l'Equateur alors que la SPCZ se déplace vers l'Est. Au
dessus de l'Australie du Nord et de l'Indonésie les précipitations sont plus faibles que normale
et la sécheresse s'installe. Au contraire les Iles du Pacifique central et oriental, habituellement
en zone sèche, voient de fortes précipitations associées au déplacement vers l’Est de la ZCIT
et à l’arrêt de la subsidence d’air sec.

L'interaction ENSO est prédominante dans le Pacifique tropical, mais certaines


influences s'étendent au-delà de ces limites. Le changement de pression aux tropiques, associé
à l'oscillation australe a une influence sur la circulation atmosphérique hors de la zone
tropicale, notamment sur le régime de la mousson sur l’Asie, l’Inde et l’Afrique. Ceci rejoint
les préoccupations initiales de Walker qui voulait en fait déterminer les raisons de la
variabilité des pluies de mousson en Inde. Autre exemple, au cours de l'El Nino, les
températures d'hiver de l'Amérique du Nord-Ouest sont plus fortes que la normale en raison
d’un changement de la circulation atmosphérique aux moyennes latitudes du Pacif. Nord,
directement lié au réchauffement de l'atmosphère au-dessus du Pacifique tropical Est.

Reconstitution du mécanisme de l'ENSO


Les processus physiques de l’ENSO sont surtout associés au régimes des vents et au
régime de température des eaux de surface liés à la quantité de chaleur stockée au dessus de la
thermocline l’océan Pacifique tropical.
Un événément El Nino consiste en une redistribution de chaleur de l’océan de surface
vers la région Est-Pacifique sous l’effet de la réduction des courants équatoriaux résultant de
la réduction des alizés de Sud-Est. La réduction des alizés réduit aussi l'intensité de
l’upwelling qui alimente, en régime normal, les remontées d’eaux froides le long de la côte
d’Amérique du Sud, ce qui participe à l’augmentation des témpératures de surface.
Bien entendu, la chaleur de l’océan de surface détermine la position des zone de
convergence (localisées en effet au-dessus des zones de SST maxi): donc tout changement de
position des maxima de T° d’eaux de surface altère la circulation atmosphérique.

Il existe donc une boucle de rétroaction atmosphère-océan (vents-SST) dont les principaux
états sont :
- Régime normal (le plus stable) : Pacifique Sud Est froid et Pacifique Ouest chaud (régime
normal d’ alizés).
- Régime inversé (sporadique vers fin décembre) Pacifique central et Pacifique Sud Est
chauds et (régime d’alizés faibles : El Nino)

Le régime normal poussé à son extrême (Pacifique Sud Est très froid et Pacifique Ouest très
chaud ) lié à un régime d’alizés très forts et in fine à une différence de pression Tahiti-Darwin
plus forte, est appelé La Nina (par opposition à El Nino).
Les mesures de vitesses de courants, de niveau de la mer, de SST, de vitesses de vents
et de position de la thermocline, sont utilisées par des modèles couplés afin de fournir des
prévisions des événements El Nino plusieurs mois à l'avance.

44
8. Variations climatiques historiques et préhistoriques et leurs causes

8.1. Observation directe

8.1.1. -Variabilité mesurée à l’échelle du dernier siècle


La variabilité à long terme du système climatique, en particulier celle des composantes
O-A, fait l’objet de très peu d’observations. La collecte systématique d’observations des SST
et des courants porte seulement sur les 200 dernières années, et les mesures de T° et de
salinité de l’océan profond portent seulement sur 100 ans.
Des mesures soignées de T et S ont été réalisées en 1957, année géophysique
internationale. Certains transects ont été répétés depuis, mais seulement sur des intervalles de
temps de 10 à 15 ans. Une station des Bermudes a mesuré T et S sur la totalité de la colonne
d’eau depuis les années 50; c’est la plus longue série d’observations disponible.
Même sur les continents les mesures de T° remontent seulement à 300 ans. Parmi ces séries,
celle de l’Angleterre centrale l’une des plus longues (1721) est basée sur les mesures de T° et
sur les observations météo ; elle est donc relativement fiable, cependant les mesures de T°
étaient souvent de piètre qualité en raison d’exposition insuffisante des thermomètres. Il faut
donc garder un esprit critique pour exploiter ces données de façon à obtenir des séries de
données consistantes.

Les mesures systématiques de la météo de surface au-dessus des océans ont commencé
en 1853 mais il a fallu attendre 1940 pour avoir des rapports quotidiens réguliers sur la
troposphère. L’observation la plus connue est le réchauffement global de la Terre observé au
cours de ce siècle.
D’abord cet enregistrement est basé sur les T° de surface (1 m au-dessus du sol et à la
surface de l’eau). Les T° globales présentent une augmentation de 0,5° de 1860 à1990. Elle
est cependant loin d’être régulière: la plus forte croissance a lieu entre 1910 et 1940, suivie
par un léger refroidissement de 20 ans puis par une remontée depuis 1970.
Deuxièmement, la signal de réchauffement est plus fort à terre que sur l’océan ce qui
pourrait indiquer une réaction à retardement de celui-ci.
Troisièmement certaines régions telle que l’océan Atlantique nord ont présenté un
refroidissement systématique au cours des 20 dernières années alors même que le
réchauffement global est clairement distingué (cf Gulf stream).

L’enregistrement instrumental montre qu’il existe une forte variabilité à toutes les
échelles de temps, mais nous ne considèrerons que quelques exemples bien étudiés.

A l’échelle décennale les fluctuations entre les pluies au Sahel et les SST ont été mises
en évidence. Le Sahel a souffert d’un certain nombre de sécheresses dévastatrices dans les
années 70 et 80, alors qu’en 1950 des conditions raisonnablement humides prévalaient.
La différence entre ces 2 périodes est caractérisée par des changements signficatifs des
T° de surface de l’océan global. Les modèle atmosphériques globaux ont démontré que l
position des principales zones de pluies dans les tropiques est influencée par les anomalies de
SST ce qui est a rapprocher des observations sur le système ENSO. Au cours des années
sèches du Sahel la mousson Ouest Africaine ne pénètre pas aussi loin au Nord que dans les
années humides ce qui est associé à des conditions d’eaux plus chaudes qu la normale dans les
océans Atlantique, Indien et Pacifique Sud et équatoriaux et plus froides que la moyenne dans
les Océans Nord.

45
Le deuxième exemple de variabilité décennale concerne l’Atlantique Nord dans les
années 60 et 70 : les eaux de surface se sont refroidies sur une large région. La GSA grande
anomalie de salinité s’est déplacée autour de la gyre sub polaire du Groenland à l’Ecosse en
environ 10 ans. Ce chapeau d’eaux douces a empêché l’overturn profond des eaux au cours
des périodes de fort refroidissement de la fin d’hiver. Il y eut donc une forte réduction de la
production des eaux profondes (reconnue comme la principale masse d’eaux entre 1000 et
2000 m de profondeur de l’océan mondial, associée au bras le plus profond de la ceinture
thermohaline. Comment s’est développée cette GSA ? Des indications nous disent qu’elle a
été causée par une forte exportation d’eau douce associée au pack en provenance de l’O.
arctique vers l’Atlantique Nord via la mer du Groenland. Quelle qu’en soit la cause, cet
événement montre qu’un léger changement du système climatique, dans ce cas un apport
d’eau douce peut produire d’importants changements sur l’océan profond et sa circulation.

En raison de la courte durée de l’enregistrement instrumental, d’autres méthodes sont


requises pour évaluer les variations climatiques du passé. Notamment l’examen précis
des archives historiques accumulées dans les bibliothèques des monastères, puis l’étude
des archives naturelles : anneaux d’arbres, séries coraliennes, séquences de lamines de
glaces polaires ou de glaciers de montagne, sédiments lacustres laminés…
Faisons d’abord un point sur les connaissances des climats du dernier millénaire.

8.1.2. le climat depuis l’an mil (1000)

Une période médiévale (IXè au XI siècle) chaude, suivie d’un fort refroidissement, le « petit
âge glaciaire » (XV au XVIIIè siècle)
Extrait (W. Broecker Science 2001).

Malgré les innombrables tendances climatiques reportées ici ou là selon les régions,
plusieurs points sont formellement établis.
1) Les témoignages historiques et archéologiques (par exemple culture du blé au
Groënland par les Vikings au moyen-âge) suggèrent que le climat du moyen-âge était plutôt
chaud (on parle d’optimum climatique médiéval).
2) Les températures atmosphériques restituées par étude des carottes de glace et par les
mesures en puits de forages* confirment que le climat du moyen-âge était globalement doux.
3) Deux grandes sècheresses de durée multidécennale ont affecté l’Amérique du Nord
Ouest au cours du moyen-âge.
4) Un refroidissement très significatif de l’hémisphère Nord a eu lieu du XV au XVIIIè
siècle. Ce « petit âge glaciaire » semble s’être étendu globalement.
5) Un réchauffement marqué de l’atmosphère et de l’océan (cf paragraphe précédent)
commence dès 1850. La croissance des T° (atmosphériques et océaniques) est irrégulière
(arrêt entre 1940 et 1970), elle atteint environ 0,8° entre 1900 et 2000. Cependant, elle n’est
vraiment incontestable et globale que depuis 1980.

*La T° atmosphérique à un instant t constitue un signal de type « onde thermique » qui se


propage dans la croûte superficielle par conduction : à une profondeur donnée la T° dans le
puits est représentative de la T° passée.

46
8.2. Variations de l’activité solaire

8.2.1. Taches solaires


Des zones de teinte sombres à la surface du disque solaire ont été notées observées très
tôt, avant l’invention du télescope, mais leur observation, leur description et leur décompte
ont été favorisés par l’invention de la lunette astronomique (Galilée, 1610).
Morphologie d’une tache : la zone de teinte plus foncée est appelée ombre, elle est
entourée d’une zone présentant des stries radiales (figurant les lignes de champ magnétique),
la pénombre. La température de la zone d’ombre est plus basse (~3800 K) que la T° moyenne
de la surface du soleil (photosphère) de 5800 K (5527° C). Cependant, l’environnement des
taches est beaucoup plus brillant, ce sont les facules dont la température est plus élevée. En
résumé, les taches « plus froides» sont les plus faciles à distinguer sur le disque très lumineux
du soleil ; et elles sont entourées de facules brillantes et « plus chaudes ».
Les taches sont des zones d’entrée ou de sortie de paquets de lignes de champ
magnétique, accompagnée de sorties de matière ionisée (plasma). Elles fonctionnent donc par
couples : une tache d’entrée et une tache de sortie.
Associées aux taches les plus importantes, des éruptions solaires consistent en de
violentes éjection de champ magnétique, avec expulsion de matière (plasmas).

Leur taux d’apparition annuel suit une fluctuation cyclique de périodicité dominante
d’environ 11 ans. Le cycle qui se termine actuellement est le n° 23, le prochain commençant
dès 2008 sera donc le n°24).
En début du cycle de 11 ans, les taches se forment à la surface du soleil autour des
latitudes +35° et -35° ; par la suite, leur région de formation préférentielle glisse vers
l’équateur solaire. Leur durée de vie varie de quelques heures pour les plus petites à 27 jours
pour les plus grandes. Le taux d’apparition varie de 50 à 250 taches/an.
Sur le long terme, semble se dessiner une périodicité supplémentaire de l’ordre de 100 ans ou
plus. On n’a pas encore trouvé d’explication physique à ces cyclicités.

8.2.2. Variations de l’irradiance solaire totale


(extrait de Pap et Fröhlich 1999.
Depuis plusieurs siècles on spécule sur le rôle des changements d’activité solaire et sur
leur influence sur les changements du climat terrestre. En effet, puisque l’énergie lumineuse
du soleil procure l’essentiel de l’énergie atteignant la surface terrestre, il est logique de penser
que des variations du flux d’énergie, même faibles, puissent être responsables d’une large
gamme de variations climatiques. Pour établir un lien, il est nécessaire de réaliser sur
plusieurs décennies des mesures de très haute précision de l’irradiance solaire totale (IST)
c’est-à-dire de la valeur du flux d’énergie solaire intégré sur l’ensemble du spectre
(UV+vis+I.R.), arrivant au sommet de l’atmosphère terrestre après un parcours de 1 U.A.
(149,6 millions de km).
Les mesures d’IST effectuées à partir de satellites* depuis 2 décennies mettent en évidence
des variations sur des échelles de temps allant de 1 minute à ~11 ans, liées aux granulations
visibles à la surface du soleil.
3 expériences ont eu lieu :
- Earth Radiation Budget Experiment par le saltellite NIMBUS 7 (Nov. 1978 à Janvier 1993).
- ACRIM I Solar maximum mission satellite (février 1980 à Juillet 1989)
- ACRIM II : Upper atmosphere Resaerch Satellite (UARS) depuis 1991 …

47
La plus importante découverte liée à ces mesures est que la variation d’IST entre un
maximum et un minimum de taches est de l’ordre 2 W/m2 sur 1370 W/m2 , soit une variation
de ~0,1 à 0,2 % de la valeur moyenne d’IST. Ceci ne peut expliquer un changement
climatique net et global.
Certains résultats des expériences ACRIM ont suggéré que les variations d’IST entre deux
cycles successifs pouvaient être responsables de variations à plus long terme et contribuer au
réchauffement climatique actuel: la valeur d’IST lors du minimum du cycle 22 paraissait
environ 0,03 % supérieure à celle du cycle 21. Après vérification, ceci s’avère peu significatif
et de plus, avec l’observation du dernier cycle (n°23), la comparaison de 3 cycles successifs
(21, 22 et 23) montre que la différence n’est pas significative, ni systématique. La tendance
suggérée n’est donc pas confirmée, et ne peut donc contribuer à la tendance au réchauffement
global du climat terrestre, notée elle par tous les indicateurs.
Des variations à plus long terme sont associées à l’émission des facules, au champ
magnétique solaire total et à des variations générales de la T° de la photosphère. Tous ces
phénomènes en cours d’étude éclaireront d’un jour nouveau les interactions activité solaire -
climat terrestre, dont certaines semblent bien être fortement responsables d’anomalies
climatiques (lien entre minimas des taches solaires dits de Sperer , Maunder et Wolf et le
petite âge glaciaire).

8.2.3. Effet de l’activité solaire sur le climat historique (résumé)


Le climat historique présente de forts indices d’influence de l’activité solaire :
coincidence entre époques d’activité minimale de taches (Wolff, Maunder et Sperer) et des
périodes de climat froid reportées par les archives (écrits, peinture) (petit âge glaciaire).
Cependant la très faible variation d’IST au cours d’un cycle (0,1%) ainsi que l’absence de
différence significative (<0,03%) des IST mesurées par les satellites lors des cycles solaires
21 et 22 -c’est-à-dire depuis 1980, période au cours de laquelle le réchauffement global s’est
accéléré- suggère que l’influence du nombre de taches solaires sur le climat terrestre passe par
les effets du champ magnétique solaire sur l’atmosphère. Certains auteurs prétendent que le
réchauffement global actuellement enregistré est lié à l’action du champ magnétique solaire
sur la production de la couverture nuageuse dans l’atmosphère terrestre (Svensmark et al.
1997). Cette hypothèse établie sur une durée trop courte est actuellement très disputée, voire
contredite par nombre d’observations et de modèles. Il faudra attendre au moins la fin du
cycle 23, voire les cycles 24, 25 pour voir plus clair dans ce type de corrélations.
En attendant, les arguments « solaires » freinent ou occultent les dispositions à
prendre d’urgence pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dont on connaît les
mécanismes de filiation « consommation d’hydrocarbures - émission - stockage
atmosphérique de CO2 (et autres GES) » et les mécanismes physiques d’interactions «
concentration en GES - réchauffement ».

48
8.3. Théorie astronomique du climat

Les variations de volume des glaciers déduites par Agassiz (1838) de ses études des
moraines fossiles des Alpes suisses ont été considérées pas Adhémar (1842) comme la résultat
de la variation de précession des équinoxes (connue depuis 1830). Croll (1867,1875) affina
la théorie en introduisant les notions d’excentricité et d’obliquité et en insistant sur
l’importance de l’hiver de l’hémisphère Nord dans les processus d’initiation des glaciations.
Au début du XXè siècle, Milankovitch, astronome Yougoslave, fonda une théorie
astronomique complète et cohérente en quantifiant les effets des variations des paramètres
orbitaux sur l’insolation et le climat (1920, 1941). Il calcula précisément les valeurs de
l’irradiation solaire selon la latitude et la saison et les mit en relation avec l’équilibre
thermique planétaire en considérant la réflaxion (albédo) et la perte des radiation i.r. vers
l’espace (Loi des corps noirs de Stefan). Il montra que les principales glaciations* depuis
600 000 ans correspondaient à des époques d’insolation minimum pour les hautes latitudes
Nord (65°N).
*ces glaciations avaient été datées approximativement par Penck et Brückner, 1909) de la plus récente vers la
plus ancienne : Würm, Riss, Mindel et Günz (noms de rivières d’Europe centrale.
Son argument climatique principal était que le budget énergétique estival des régions polaires
est supérieur à celui des régions équatoriales et que ce sont les grandes surfaces continentales
des hautes latitudes de l’hémisphère Nord qui sont les plus à même de stocker de la glace.

Or l’englacement est favorisé par :


1) les hivers doux : les précipitations de neige sur le continents sont favorisées par une
évaporation océanique plus importante ;
2) les étés frais : la conservation de la neige et sa transformation ultérieure en glace.

Les conditions optimales de formation de calottes glaciaires sont donc associées à une
insolation d’hiver maximale et une insolation d’été minimale des hautes latitudes de
l’hémisphère Nord (65°N est souvent prise comme latitude de référence).
Les valeurs d’insolation d’été étant supérieures à 300 W/m 2 et celles hiver inférieures à
100 w.m-2, ces conditions procurent une insolation annuelle minimale.

Bilan des effets des paramètres orbitaux


En résumé, choisissant les extrêmes de ces paramètres (et toujours en référence à
l’hémisphère Nord) :
-Excentricité max, obliquité max et précession positive maxi,  = 90° (périhélie en hiver et
aphélie en été) = contraste saisonnier minimum hiver doux été frais
-Excentricité min, obliquité min, et précession négative maxi,  = 270° (périphélie en été et
aphélie en hiver)= contraste saisonnier maximum : hiver froid , été chaud .

Le contraste saisonnier influe sur la capacité de créer de l’humidité sur l’océan, donc
de précipiter de la neige à moyenne latitude sur les continents, et sur la capacité de conserver
cette neige en été pour un cumul d’une année sur l’autre.
Cas 1 : Hiver doux : évaporation et précipitation de neige favorisée: formation de glace.
Eté frais : limitation de la fonte de neige (cumul de glace).
Croissance de calottes favorisée (cas actuel)
Cas 2 : Hiver froid: évaporation faible donc préciptations faibles: pas de cumul de neige;
Eté chaud : accélération de la fonte de neige .
Fusion des calottes (cas il y a 11 500 ans )

49
Pour l’hémisphère Nord qui porte à moyenne et haute latitude de larges surfaces
continentales susceptibles d’accueillir un couvert de glace, le rôle du contraste saisonnier est
donc majeur dans le phénomène d’accrétion des calottes de glace. C’est donc la situation
actuelle (périhélie en hiver de l’H.N (21 Décembre - 21 Mars) et aphélie en été de l’H.N (21
Juin -23 Septembre) qui est favorable à un englacement de l’hémisphère Nord, donc à un
début de glaciation.

Il y a 11 500 ans, la configuration était au contraire la plus favorable à la déglaciation.


Celle-ci s’était d’ailleurs initiée dès 15 000 ans BP alors que l’insolation d’été avait
commencé de s’accrotre significativement .
La réaction des calottes glaciaires est donc décalée de quelques millenaires par rapport
au contexte d’insolation réglé par les paramètres astronomiques. Ce temps de réaction est dû à
l’inertie thermique des environnements terrestres, ainsi qu’à des mécanismes de rétroaction
tels que le rôle conservatif de l’albédo.

Noter que les périodicités calculées par les astronomes sont retrouvées dans les
spectres de variations paléoclimatiques (delta O-18 des tests de foraminifères planctoniques:
100 mille ans, 41 mille ans et 21 mille ans.

8.4. Actions, réactions et rétroactions entre les composants du systèmes climatique et les variations du climat (changements de T°,
d’humidité, de vitesse des vents…)
(extrait traduit de Wells p.342)
Considérant que les changements climatiques actuellement observés ont eu lieu à toutes échelles de temps et ont probablement eu
de très fortes amplitudes à long terme, comment peut-on envisager les mécanismes du changement climatique?
Le système climatique est composé de 5 unités de base : atmosphère, océan, cryosphère, les continents et les eaux de surface et
enfin la biosphère qui inclut tous les aspects des systèmes vivants sur l continent comme dans l’océan et qui constitute l’aspect le moins
connu et le plus complexe de l’ensemble. L’interaction de ces composantes produit la variabilité climatique à des échelles de temps très
différentes.

I. L’atmosphère présente la plus courte échelle de temps en raison de sa rapidité de circulation (une particule d’air met 10 jours pour faire
le tour de la terre dans la troposphère. Elle contient et transporte de la chaleur, de l’énergie cinétique, de l’eau (3 phases), ainsi que les gaz
à effet de serre (CO2, CH4 et O3) et des particules et aérosols (sulfates, nitrates, carbonates…). Les constantes de temps des radiations sont
légèrement plus longues : de l’ordre de 30 jours. Les nuages qui couvrent en permanence 50% de la surface du globe sont extrêmement
importants pour la régulation des températures de surface.
En retour l'atmosphère réagit au changement climatique par ses changements de T°, d’humidité, d’agitation (direction, sens et intensité
des vents) et de charge en poussière.

II. L’océan présente des constantes de temps plus importantes : de l’ordre du mois à 2000 ans. Les couches de surface, animées en
permanence par les vents, chauffées par l’insolation et refroidies par évaporation sont relativement mélangées. La profondeur de mélange
est d’environ 20 m en été et 100 m en hiver. La couche de mélange possède des constantes de temps de quelques mois et elle est associée,
comme l’atmosphère, à de nombreuses interactions climatiques à court terme. Par contre la circulation thermohaline associée aux
principaux systèmes de gyre ont des constantes de temps de quelques années à quelques décennies (exemple de la GSA autour de la gyre
subpolaire).
Les constantes de temps des caractéristiques thermiques des gyres peuvent être estimées à partir de la profondeur moyenne de la
thermocline principale : si cette dernière est de 500 m, on estime la constante de temps associée est d’environ 18 ans. Ces circulations sont
animées par le système de vents via le pompage de la spirale d’Eckman ainsi que par échange de la poussée d’Archimède. Ces gyres jouent
probablement un rôle clé dans la variabilité décennale dont le système climatique fait preuve.
C’est l’océan profond qui présente les constantes de temps les plus longues (2000 à 3000 ans): sa dynamique est animée dans les haute
latitudes là où les eaux profondes sont formées. Les constantes de temps de cette circulation sont de l’ordre de plusieurs siècles à plus d’un
millénaire. Par exemple l’Océan Atlantique Nord crée un courant de 20 millions de m3/s de EPNA (NADW). Si l’on considère que l’océan
est entièrement renouvelé par l’EPNA, avec un volume total de 10 18 m3, le temps de renouvellement de l’eau profonde globale est de 1585
ans. Comme l’océan atlantique représente le quart de ce volume, la circulation des EPNA en Atlantique Nord durerait donc selon ce modèle
environ 400 ans. (à moduler selon les datations C-14 récentes de l’eau océanique)

50
Réactions de l'Océan aux changements climatiques: température, salinité, concentration en gaz dissous (échanges atmosph. Océan),
régimes des courants de surface, de fond, transferts verticaux (upwelling), circulation thermohaline.

III. La cryosphère est la 3è composante: environ 2% de l’eau totale et 75% de l’eau douce. L’une de constantes de temps les plus courtes
concerne la glace de mer qui a une épaisseur de quelques mètres et flotte sur l’Océan arctique et autour du continent antarctique Elle est
contrôlée par le flux de chaleur atmosphérique et par les précipitations ainsi que par le flux de chaleur océanique (sous la glace). La glace
de mer présente des fluctuations de volume importantes à l’échelle annuelle et inter-annuelle. De plus, comme elle est animée par les vents
et les courants de surface, elle transmet de grandes quantités d’eaux douces entre les sites de formation et les sites de fonte, ce qui doit être
équilibré par les circulations océaniques et atmosphériques.
Un exemple de ce processus est donné par la banquise antarctique, poussée vers le Nord par les vents (loin de côtes) ce qui autorise la
nouvelle frange d’eaux côtières libres à regeler sous l’effet des vents froids et puissants de l’antarctique. La banquise a une salinité plus
faible en raison du rejet de saumure lors de la congélation. Donc l’eau océanique sous la glace devient plus salée; l’effet de salinité et de T°
tend à augmenter sa densité ce qui fait plonger la masse d’eaux la plus dense de l’océan mondial les eaux de fond antarctique AABW).
En raison de sa faible conductivité thermique, la glace agit aussi comme isolant, réduisant les transfert de chaleur de la mer vers
l’atmosphère. De plus, par son fort pouvoir réflecteur, elle modifie très fortement l’Albedo.
En retour, les réactions de la Cryosphère aux changements climatiques sont
- Quantité et "qualité" des glaces accumulées sur les continents (glaciers et calottes polaires): conditions de formation des calottes
glaciaires.
Volume des calottes glaciaires: composition isotopique de l'O2 océan.
Volume des glaciers de montagne (avance et retrait: moraines...);
-Composition de la glace (enregistreur de T° , des gaz et des poussières atmosphériques (cf Méthodes géochimiques):
-composition isotopique de l'oxygène et du deutérium de la glace: témoins de T°
-teneurs en gaz
-teneurs en poussières (quantité et qualité des poussières)
Les glaciers de montagne et les calottes polaires sont les unités de la cryosphère qui présentent les plus grandes constantes de temps. La
croissance et la fonte des glaciers de montagne interviennent sur des durées de quelques dizaines à quelques centaines d’années alors celle
des calottes glaciaires nécessitent des durées de l’ordre de quelques millénaires à plusieurs dizaines de milliers d’années. Un exemple
dramatique de décroissance des glaciers est celui enregistré par la majorité des glaciers de montagne depuis 150 ans.
L’effet associé à la dynamique des calottes, dont la constante de temps est la plus longue concerne le réajustement isostatique de la
lithosphère, lié à la charge et à la décharge lors de la croissance et de la fonte des calottes.
La théorie de Milankovitch des cycles glaciaires-interglaciaires est implicitement liée à l’amplification de variations minimes de radiation
solaire par les mécanismes de rétroactions du système climatique, produisant des variations considérables de la taille des calottes
glaciaires. Il faut notamment insister sur le rôle crucial des radiations solaires à 60-65° de latitude Nord, région fortement continentalisée.
L’insolation incidente règle la variation de volume et de surface des calottes glaciaires, ce qui agit sur l’albédo et module à sont tour la
radiation solaire absorbée. La conservation ou la disparition des calottes de glace de l’hémisphère Nord sont donc fortement dépendantes
de phénomènes de rétroactions positives. De nombreux autres processus physiques interviennent: l’augmentation de volume du glacier
s’accompagne par exemple d’un changement de régime des chutes de neige (continentalisation, augmentation d’altitude…); la densité du
couvert nuageux et les aérosols modulent aussi les radiations à la surface de surface de la calotte...

IV. La surface continentale et son hydrologieest la 4ème composante du système climatique. La T° de l’air au dessus de la surface est
contrôlée par le budget énergétique reçu (..) L’absorption des radiations dépend de l’Albédo des surfaces considérées (neige, glace, désert,
végétation (selon type)…alors que la perte de chaleur par évaporation dépend de la disponibilité de l’eau donc de son lieu de stockage
(végétation, sols, lacs rivières ou eaux souterraines). Par exemple, dans les régions soumises à l’enneigement hivernal, la fonte des neiges
réduit l’albédo de 0.8 à 0.2, la quantité d’énergie absorbée par les sols est multipliée par 4. L’albédo dépend aussi de la couverture
végétale, donc du degré de déforestation naturelle ou artificielle (sécheresse, incendies…).

Réactions des continents et des eaux de surface au changement climatique


-Intensité du cycle érosion - transport -sédimentation:
rappels sur moteurs du cycle et réponses aux var. de T° et P.
-Erosion: cf sédimentation
-Transport: variations des bilans hydriques sur les continents
variations des niveaux lacustres, débit des fleuves (var. vitesse du courant et de la charge transportée)
Karst: développement du remplissages carbonaté (degré d'hygrométrie) sédimentaire en fonctiondegré d'hygrométrie
-Sédimentation: flux sédimentaires: évaluation de taux de sédimentation dans les bassins en fonction du climat
Cas particulier:mesures directes de la réponse thermique de la croûte terrestre.

V. La cinquième composante du climat est la biosphère dont l’action sur le climat est l’environnement est fondamentale : elle est en effet la
source des 21% d’oxygène disponibles dans l’atmosphère et des conséquences sur l’évolution de la vie. Elle agit sur la composition

51
atmosphérique, sur l’albédo (végétation), sur l’érosion…, en résumé sur tous les transferts d’énergie, de matière et d’eau entre les
composantes du climat : océan-atmosphère, lithosphère (et sols)-atmosphère, lithosphère-océan...

Réaction de la Biosphère au changement climatique:


Réponse des organismes aux conditions de milieu (T°, hygrométrie, pH,...): * sélection naturelle: variabilité taxonomique
*Taux de croissance d'organismes (arbres , coraux,)
-Milieu aérien (T°, hygrométrie; teneur en O2...)  plantes et animaux terrestres (stries de croissance, variabilité spécifique)
-Sols : T°, hygrométrie, pH et pot redox plantes et animaux terrestres.
-Eaux douces: T°, salinité, pH, minéralisation, teneurs en gaz dissous (O2, CO2, teneur en m.O.)  plantes et animaux aquatiques*
-Eaux marines: T°, salinité, pH, minéralisation, teneurs en gaz dissous (O2, CO2, teneur en m.O.)  plantes et animaux marins*

52
9. La perturbation anthropique de l'effet de serre, conséquences et
perspectives : vers un réchauffement global à TRES court terme ?
La mise à jour la plus récente des chiffres se trouve dans le
DIAPORAMA « introduction au changement climatique » version
2021 ( CF AMETICE)

« CHANGEMENT CLIMATIQUE, CAUSE ET CONSEQUENCES »


TRAITE EN COURS SOUS FORME D’UN DIAPORAMA SYNTHETISANT LES AVANCEES LES
PLUS RECENTES DU GROUPE INTERNATIONAL D’ETUDES DU CLIMAT (GIEC) ou
International Panel of Climate Change (IPCC) PUBLIEES DANS LES RAPPORT depuis 2007.

Mécanisme:
L’échauffement de certains gaz sous l'action des rayons infrarouges génère une quantité
d'énergie comparable à celle reçue par la Terre de l’espace. Par analogie avec l’effet d’une
serre qui laisse entrer les rayons solaires puis freine la sortie de la chaleur, on appelle cela
l’effet de serre.
Principaux Gaz à effet de serre (G.E.S.):
Ordre de concentration décroissante :
-vapeur H20 ; naturel : concentration forte mais très variable en fn du climat); le moins actif
-dioxyde de carbone (CO2) ; naturel + act. humaine : concentration faible mais activité forte
- méthane (CH4) ; naturel + act. humaine concentration très faible; activité très forte
les 3 suivants ont des concentrations infimes mais des activités extrêmement fortes.
- oxyde nitreux (N20) naturel + act. humaine
- ozone (O3) naturel en stratosphère + act. humaine en troposphère (106 x activité du CO2 !!)
- chlorofluorocarbones (CFCs) : act. Humaine seulement

Vapeur d'eau et dioxyde de carbone ont été émis lors d'un dégazage "brutal" de la Terre il y a
environ 3,5 milliard d'années. Mais la production de CO2 par combustion de la matière
organique actuelle et fossile (hydrocarbures) a entrainé un excès de plus de 30% de CO2
atmosphérique. Le CH4 est crée par décomposition de la matière organique (zones humides,
sols, digestion des ruminants). L’oxyde nitreux est naturellement produit par les sols et les
océans, ainsi que par la combustion de matières organiques et de combustibles fossiles, les
stations d'épuration, la fertilisation azotée. Il est 300 fois plus actif que le CO2 . L’ozone est
un gaz naturellement crée par l’effet des rayons UV sur l’O2 de l’air. Il est aussi produit par
l’effet de la lumière solaire sur les hydrocarbures, le NO2 et les gaz d’échappement, ainsi que
par la surchauffe des matériels électroniques et électriques ( photocopieurs, imprimantes,
moteurs électriques).

L’effet de serre est donc naturel et à l’origine de la T° ambiante de 15°C qui permet la vie sur
Terre. Sans effet de serre la température serait de -18°C et l'eau n'existerait que sous forme
de glace et la vie serait impossible. Cependant le surplus de GES produit par l’activité
humaine entraine un réchauffement à l’origine d’un déséquilibre climatique et de la
montée du niveau des océans ( cf la suite).

Ambiance sur les planètes dont l'atmosphère contient des G.E.S.


T° sans E.S. T° avec E.S. H2O ?
Vénus: -20° 460° T°critique
CO2 dépassée
forte pression
Terre: -18° 15° gaz, liquide

53
solide

Mars: -60° -50° Glace


CO2
faible pression

Titan (sat. Saturne) - 200° -180° Glace?


Méthane

54
ENRICHISSEMENT DE L’EFFET DE SERRE PAR LES
ACTIVITES HUMAINES

La déforestation et la destruction du plancton marin affectent les processus de


photosynthèse, donc la production d’oxygène. En cas d’arrêt complet de photosynthèse, les apports
d'O2 à l'atmosphère et de C aux sols et sédiments cesseraient. La respiration et l'oxydation de la M.O.
continueraient à consommer de l'O2 et du C, formant CO2 et H2O. En 20 ans, la consommation d'O2 affecterait
~1% de la concentration actuelle, mais tout le C disponible serait oxydé, ce qui provoquerait une forte
augmentation de la concentration en CO2 atmos. Malgré une possible stabilisation, voire réduction, des
excédents par échange avec l'océan, l'augmentation de CO 2 et d'H2O (gaz à effet de serre) aboutirait à une
augmentation de la T° de surface. Au bout de quelques millions d'années l'oxydation des matériaux de surface
aboutirait à la consommation totale d'O2 atmos.

Depuis le début de la consommation de charbon et d'hydrocarbures (1850), le


recyclage du carbone organique disponible dans la lithosphère est rapide: 5 GtC/an, à partir
d'un stock d'environ 5000 GtC. A cela s'ajoute l’effet de la combustion de la végétation
(conséquence de la déforestation): 2 GtC /an.
Cette production anthropique de 7 Gt/an s'ajoute donc au cycle naturel pour fournir un total de
189 GtC/an de CO2 transféré dans l’atmosphère. La contribution humaine représente donc 3,7
% du total du cycle externe.

Les principales conclusions des rapports du Groupe International d'Etudes sur les
Changements Climatiques (G.I.E.C.), organe des Nations unies et de l’Organisation
Météorologique Internationale) publiés en 1995, 1997, 2001, 2007, 2013 et 2017 sont
confortées, rapport après rapport, par les évolutions, régionalement ou globalement observées
sur les 20 dernières années.

1) Perturbation du cycle naturel du carbone


Depuis 1850, la combustion des hydrocarbures (charbon, gaz, pétrole..) par l’activité
industrielle et la consommation humaine ( transport, chauffage, climatisation) a transféré
dans l’atmosphère 230 Gt de Carbone. De leur côté déforestation et agriculture en ont libéré
plus 170 Gt.
Au total: 400 Gt de carbone sous forme de CO2 ont été injectées dans l'atmosphère.

Actuellement: (chiffres en forte augmentation depuis 1998).


5 Gt C/an : combustion d'hydrocarbures
2 Gt C/an: déforestation et surexploitation agricole
Total: 7 Gt C/an transférées à l'atmosphère

Que devient ce CO2 excédentaire?


1. Accumulation de plus de 4 Gt/an de C dans l'atmosphère (CO2).
Les mesures directes (observatoire d'Hawaï) et indirectes (bulles d'air "fossile" des calottes de
glaces polaires) montrent que la concentration actuelle [400 ppm de CO2] représente une
augmentation de +20% par rapport à 1960 et +35 % par rapport à 1800.
2. Absorption de 3,5 Gt de Carbone par les réservoirs naturels: océan (carbonates
dissous); biomasse océanique (plancton) et terrestre (forêts) et par les sols.

2) l'activation de l'effet de serre est responsable d’une augmentation de 1°C de la T°


moyenne globale de l'air depuis 1850. Au rythme actuel d’émission de GES, l’augmentation

55
de T° globale pour 2100, voire 2050 est de 1,5 à 2° C, ce qui implique des hausses de 6 à 8°C
pour les zones polaires.

Le XXè siècle a été le plus chaud du dernier millénaire, la décennie 1990-2000 a été la plus
chaude depuis 1860 et les années 2000 à 2019 ont vu des records de chaleur (canicule de
2003 et 2019) et d’anomalies climatiques (tempêtes tropicales et ouragans niveau IV à V
dont l’augmentation d’intensité est due à la hausse de T° (> 1°C) des eaux de surface de
l’océan qui provoque un surplus d’évaporation, donc d’énergie latente et d’énergie cinétique)
(exemples en Aout 2017 des multiples ouragans en Mer de Chine et Mer des Caraïbes, et des
moussons indienne et africaine intensifiées).

3) la montée du niveau marin de l’ordre de 25 cm depuis 1900 est une conséquence


de cette augmentation de température : dilatation des masses d'eaux océaniques liée à la
hausse de T° et fonte des glaciers d’altitude et des calottes glaciaires de haute latitude
(Groenland, Antarctique Ouest…). Elle se poursuit au taux de 3 mm /an sur l’ensemble du
globe sauf dans les régions où le rebond isostatique du continent domine (scandinavie,
bouclier canadien).

Quel avenir? Le degré actuel de compréhension du bilan radiatif de la terre, du


cycle de l'eau et du carbone et de la chimie de l'atmosphère, permet d'envisager
plusieurs scénarii déterminés par:
1) les volumes de G.E.S. émis par les sociétés humaines dans les prochaines décennies;
2) le degré de sensibilité du système couplé Atmosphère-Biosphère-Lithosphère-Océan.

Aucun de ces scénarii ne prévoit une baisse du taux de CO2 atmosphérique avant 2050.
Le scénario moyen prévoit pour 2100 l’évolution suivante :
* les rejets annuels de CO2 triplent (21 Gt /an au lieu de 7 Gt/an)
* les concentrations atmosphériques de CO2 doublent (740 ppm au lieu de 370 ppm);
* la température moyenne globale augmente de 2°C (17°C au lieu de 15°C);
* le niveau marin monte de 50 à 60 cm (sous le seul effet de la dilatation des océans)
* à plus long terme les fontes des calottes de glaces polaires (Groenland et Antarctique
contribueront de façon significative à cette montée du niveau de la mer (volume de
glace traduit en niveau marin = + 77 m).

Lors de la conférence de Kyoto (Japon) en décembre 1997, la résolution


suivante avait été prise: "entre 2008 et 2012, les pays industrialisés devront avoir réduit
leurs rejets de gaz à effet de serre de 5,2% (en moyenne) par rapport aux niveaux d'émission
de 1990" .
Si cette résolution avait été respectée le scénario serait plus optimiste :
Si les rejets se stabilisaient, les concentrations atmosphériques passeraient de 400 à 500 ppm,
la température augmenterait de 1,3 ° et le niveau marin monterait de « seulement » 40 cm...
mais :
- les plus grands pollueurs USA et RUSSIE ont refusé de ratifier les accords ;
- les pays émergeants font valoir leur droit au développement: Chine, Inde et ne font
pratiquement rien pour diminuer significativement leurs rejets de GES.

Les COP ( conférences des parties) ont abouti à des signatures d’accords tels que ceux de
Paris de 2015 (COP21) et de Marrakech en 2016 (COP22), mais non seulement certaines états

56
restent à l’écart ou s’en retirent (USA en 2017) mais de plus les contraintes n’en sont pas
suffisantes pour aboutir à l’objectif de réduction des GES qui permettrait d’ici 2050, ou 2100
de ne pas dépasser la limite de 1,5 à 2°C supplémentaires par rapport à 1990.
(http://www.gouvernement.fr/action/la-cop-21 ; http://www.cop22-morocco.com/fr/

- certaines sources de gaz à effet de serre sont peu contrôlables: *Incendies incontrôlés (forêt
équatoriale, puits de pétrole); *Libération de méthane par la fonte des sols gelés;
*Augmentation de l'érosion des sols, volcanisme actif et dégazage mantellique dans les zones
à faible gradient géothermique...
- certains effets rétroactifs restent sous-estimés: augmentation de teneur atmosphérique en
vapeur d'eau (effet de serre supplémentaire); Fonte des calottes glaciaires : une montée du
niveau marin de 6 m suivrait la fonte de la partie Ouest de la calotte antarctique (la plus
vulnérable).

Les effets incontournables pour le 21 ème siècle:

* Envahissement par l’océan de toutes les terres situées à moins de 0,4 m d'altitude:
Atolls du Pacifique, Bengladesh, Plaines côtières de Chine (80 106 habitants à déplacer),
Floride ; En Europe: Hollande, Danemark, Allemagne du Nord, France (Camargue).
*Augmentation de la fréquence des cyclones tropicaux et des tempêtes des moyennes
latitudes, augmentation des précipitations sur les hautes latitudes et désertification aux
moyennes latitudes.

DES SOLUTIONS ?
PRISE DE CONSCIENCE INDIVIDUELLE ET ACTES INDIVIDUELS
*INFORMER et EDUQUER, ALERTER les instances dirigeantes (responsables politiques,
économiques à tous les niveaux) ;
* LIMITER la consommation de carburants fossiles (fuel, essence, gaz, charbon) doit être
limitée : baisser le chauffage, éviter la climatisation, éviter l’éclairage inutile, utiliser des
ampoules basse tension, LIMITER les transports individuels (transport en commun, co-
voiturage, 2 roues …) CONTROLER les émissions : véhicules moins polluants, véhicules
électriques, consommation de bio-carburants qui sont constitués par photosynthèse à partir
de stocks de carbone pompés dans l’atmosphère (au lieu d’être injectés directement à partir
des sources hydrocarbures fossiles du sous-sol ; Stockage du carbone à long terme : bois de
construction par exemple.
STOCKAGE DU CO2 ?Injecter le C02 dans l’océan : un risque pour l’équilibre des eaux
profondes ?
Renvoyer le CO2 d’où il vient, càdt dans les couches poreuses vidées de leur hydrocarbures ?
les essais en cours révèlent les limites de cette méthode : consommation d’énérgie
supplémentaire pour injecter les gaz dans le sous-sol, volume de stockage très limité, risques
de re-dégazage intempestif.

La mise à jour la plus récente des chiffres se trouve dans le


DIAPORAMA « introduction au changement climatique » version
2021 ( CF AMETICE)

57
Extrait de Raynaud et al. in Bard, 2006, L’Homme face au climat , Odile Jacob, Paris

58
Annexe 1 : Supplément « Méthane »
Les bactéries méthanogènes, strictement anaérobies, conduisent à la production
de méthane à partir d'un mélange de gaz carbonique et d'hydrogène. Ces
bactéries réduisent le CO2 (ou HCO3-) en méthane. Cette voie est génératrice
d'énergie et couplée à la synthèse d'ATP. Ce métabolisme peut être considéré,
de ce fait, comme un exemple d'autotrophie.

Le schéma le plus simple de production de méthane est le suivant :

CO2 + 4H2  CH4 + 2H2O ( G0' = - 135 kJ/mol)

L'énergie et le pouvoir réducteur proviennent d'une réaction chimique réalisée


à partir de substances minérales. On parle de chimiolithotrophie.

Remarque 1 : Le passage du CO2 au CH4 s'effectue par quatre réductions


successives mais peut aussi partir du méthanol ou de l'acide formique. Les
électrons peuvent provenir de H2 ou, plus rarement, voire même du fer (FeO).

Remarque 2 : La production de méthane peut également se faire à partir de la


réduction d'autres molécules que le dioxyde de carbone. Les intermédiaires
d¹oxydation, comme le méthanol ou l¹acide formique, peuvent être utilisés.
Dans le cas de la méthanogenèse acétoclastique, la réduction se fait à partir de
l'acide acétique :

CH3COOH  CH4 + CO2 ( G0' = - 31 kJ/mol)

Les deux types de méthanogenèse sont liés à des bactéries du groupe des Archébactéries.

La formation de méthane est liée à des systèmes biologiques coopératifs qui procurent en continu de l'hydrogène
et du gaz carbonique ou des acides organiques. Réciproquement, en retirant l'hydrogène du milieu, les
méthanogènes favorisent thermodynamiquement les fermentations situées en amont dabns la chaine de
dégradation.

Notez que l'une des particularités de ces voies métaboliques originales est le rôle joué par des cofacteurs qui
n'existent que chez les méthanogènes. Ces cofacteurs sont sensibles à la présence de dioxygène. De simples
traces de dioxygène dans le milieu tuent donc les bactéries méthanogènes.

Ecologie et rôle dans l'environnement

La production biologique de méthane n'est pas un épiphénomène dans la biosphère. C'est une activité majeure dans
les sédiments, même profondément enfouis.
Elle participe à l'équilibre biologique naturel. Le méthane contribue à l'échauffement de l'atmosphère par
absorption du rayonnement infrarouge tellurique.
Gaz à effet de serre CO2 CH4 N2O CFCs
Pouvoir relatif d'absorption du rayonnement infrarouge,
1 32 160 16 000
par unité de volume, ramené à celui du CO2
Contribution relative (en %) à l'effet de serre additif 55 15 4 19
d'après Dautray, 1991.

L'augmentation de son taux dans l'atmosphère (développement des rizières, augmentation du cheptel bovin) est un

59
des facteurs explicatifs de l'augmentation de l'effet de serre.

Résultats de l'analyse des bulles de gaz contenus


dans les carottes de Vostok, depuis 400 000 ans.

Document transmis par Jean-Marc BARNOLA


Laboratoire de Glaciologie de Grenoble, CNRS

Par ailleurs, des quantités importantes de méthane se trouvent au fond des océans, piégés sous forme
d¹hydrates de méthane. Les molécules d'eau s'arrangent autour des molécules de CH4 avec une structure
cristalline très différente de la structure de la glace classique d'H2O (les conditions de pression et température
ne permettant pas de faire de la glace d'H2O).
On estime que leur quantité est supérieure à la somme des ressources en charbon et en pétrole de toute la
planète ! Cet état n'est pas forcément stable (le méthane peut être libéré par le réchauffement de l’eau). On
pense qu'au cours de l’histoire géologique, de violents dégazements ont pu avoir lieu, renforcant l'effet de serre
en peu de temps : ceci se serait produit à la fin du Paléocène (il y a 55 millions d¹années), entraînant un fort
réchauffement et la disparition de certaines espèces.

Notez enfin que, sur les fonds océaniques, les suintements de méthane abritent des communautés biologiques
très riches, notamment au niveau des zones de subduction ou des grands deltas sous-marins des fleuves
terrestres. Des bactéries, dites méthanotrophes celles-là, peuvent tirer leur énergie de l’oxydation du méthane
produit : elles sont les producteurs primaires de chaînes trophiques variées. On trouve là de nombreuses
espèces animales notamment, vivant souvent en symbiose avec ces bactéries. Pour ces écosystèmes privés de
lumière, le méthane est une source d’énergie indispensable !

retour...

Bibliographie
LECLERC, H. (1995), Microbiologie générale, Doin.
MADIGAN, M., MARTINKO, J., PARKER, J. (1997), Biology of microorganisms, Prentice Hall
International.
GUYOT G. (1999),Climatologie de l'environnement, Ed. Dunod.
Le méthane dans les océans, Pour La Science, Octobre 1999.

* Fermentation : La fermentation est une oxydation biologique au cours de laquelle l'accepteur final des
hydrogènes provenant du NADH,H+ est un composé issu de la dégradation incomplète du substrat oxydable.
Le substrat oxydable joue donc un double rôle : à la fois source d'énergie et accepteur final d'électrons.
Dans le cas de la respiration, l'accepteur final est exogène (cas de O2 mais aussi NO3- dans la
dénitrification,...).

60
ANNEXE 2

61
ANNEXE 3
HURRICANES : A Carnot engine
Extraits de : K. Emmanuel 2006. Hurricanes: tempest in a greenhouse. Physics Today, August
2006. American Institute of Physics.
Compléments photos extraits du site internet: http://www.nnvl.noaa.gov/

In the part of the tropics where the sea surface is warm enough and the projection of Earth's
angular velocity vector onto the local vertical axis is large enough, random small-scale
convective currents sometimes organize into rotating vortices known as tropical cyclones. In
computer models of the tropical atmosphere, such organization can happen spontaneously, but
usually only if a combination of ocean temperature and rotation is somewhat higher than
those observed in nature. In subcritical conditions, some trigger is necessary to initiate the
vortices, and in the terrestrial atmosphere tropical cyclones only develop from preexisting
disturbances of independent origin. In mathematical parlance, tropical cyclones may be said
to result from a subcritical bifurcation of the radiative–convective equilibrium state. About
10% of them develop in the Atlantic Ocean, where the disturbance is often a 100-km-scale
"easterly wave" that forms over sub-Saharan Africa and then moves westward out over the
Atlantic. When its maximum wind speed exceeds 32 m/s, it, by definition, becomes a
hurricane.

The convective core of a tropical cyclone may be many tens to hundreds of kilometers across,
orders of magnitude greater than the few hundred meters' width of an ordinary cumulus cloud.
The core's small surface-to-volume ratio, together with the strong stability to horizontal
displacement afforded by the inertial stability of its rotation, greatly reduces mixing between
cloudy moist air and clear dry air. In a strong tropical cyclone, entropy production by the
mixing of dry and moist air is virtually shut down, and dissipation of the wind's kinetic energy
takes over as the primary mechanism for producing entropy. Most of the dissipation occurs in
a turbulent atmospheric boundary layer within a few hundred meters of the ocean surface.

The mature hurricane is an almost perfect example of a Carnot heat engine whose working
fluid may be taken as a mixture of dry air, water vapor, and suspended condensed water, all in

62
thermodynamic equilibrium. The engine is powered by the heat flow that is possible because
the tropical ocean and atmosphere are not in thermal equilibrium. This disequilibrium arises
because, thanks to the greenhouse effect, the ocean must lose heat by direct, nonradiative
transfer to the atmosphere to balance the absorption of solar radiation and back radiation from
the atmosphere and clouds. The heat transfer is accomplished mostly by evaporation of water,
which has a large heat of vaporization. To maintain substantial evaporation rates, the air a
short distance above the sea surface must be much drier than would be the case were it in
equilibrium with the sea.

The Figure illustrates the four legs of a hurricane Carnot cycle. From A to B, air undergoes
nearly isothermal expansion as it flows toward the lower pressure of the storm center while in
contact with the surface of the ocean, a giant heat reservoir. As air spirals in near the surface,
conservation of angular momentum causes the air to rotate faster about the storm's axis.
Evaporation of seawater transfers energy from the sea to the air and increases the air's
entropy.

Once the air reaches the point where the surface wind is strongest—typically 5–100 km from
the center of the hurricane—it turns abruptly (point B in the Figure) and flows upward within
the sloping ring of cumulonimbus cloud known as the eyewall. The ascent is nearly adiabatic.
In real storms the air flows out at the top of its trajectory (point C in the Figure) and is
incorporated into other weather systems; in idealized models one can close the cycle by
allowing the heat acquired from the sea surface to be isothermally radiated to space as IR
radiation from the storm outflow. Finally, the cycle is completed as air undergoes adiabatic
compression from D to A.

The rate of heat transfer from the ocean to the atmosphere varies as vE, where v is the surface
wind speed and E quantifies the thermodynamic disequilibrium between the ocean and
atmosphere. But there is another source of heat; the dissipation of the kinetic energy of the
wind by surface friction. That can be shown to vary as v3. According to Carnot, the power
generation by the hurricane heat engine is given by the rate of heat input multiplied by the
thermodynamic efficiency.

If the storm is in a steady condition, then the power generation must equal the dissipation,
which is proportional to v3. Equating dissipation and generation yields an expression for the
wind speed:

Here Ts is the ocean temperature and To is the temperature of the outflow. Those temperatures
and E may be easily estimated from observations of the tropics, and v as given by the equation
is found to provide a good quantitative upper bound on hurricane wind speeds. Several
factors, however, prevent most storms from achieving their maximum sustainable wind speed,
or "potential intensity." Those include cooling of the sea surface by turbulent mixing that
brings cold ocean water up to the surface and entropy consumption by dry air finding its way
into the hurricane's core.

63
The thermodynamic cycle of a hurricane represents only a glimpse of the fascinating physics
of hurricanes; more complete expositions are available in the resources given below. The
transition of the tropical atmosphere from one with ordinary convective clouds and mixing-
dominated entropy production to a system with powerful vortices and dissipation-driven
entropy production remains a mysterious and inadequately studied phenomenon. This may be
of more than academic interest, as increasing concentrations of greenhouse gases increase the
thermodynamic disequilibrium of the tropical ocean–atmosphere system and thereby increase
the intensity of hurricanes.

Kerry Emanuel is a professor of atmospheric sciences at the Massachusetts Institute of


Technology in Cambridge.

Hurricane Katrina regional imagery, 2005.08.29 at 1515Z.


Centerpoint Latitude: 31:47:40N Longitude: 84:41:04W.

64
ANNEXE 4

LES MAREES OCEANIQUES : MECANISMES ET IMPLICATIONS

Résumé :

Les marées sont surtout visibles en milieu côtier, là où l’eau liquide en bordure de
continent subit les plus fortes amplifications de mouvements. Cependant, le phénomène de
marées concerne toutes les planètes, telluriques ou gazeuses, et à l’échelle de la Terre
participe à des déformations insoupçonnées de la Terre solide. La force génératrice des
marées résulte d’une combinaison des forces d’attraction gravitationnelle et des forces
centrifuges. Lune et Soleil sont les principaux astres engendrant les marées terrestres. La Lune
a une « faible » masse mais elle est proche et le Soleil est lointain mais a une forte masse. La
lune tourne en orbite autour de la terre et le couple Terre-Lune tourne en orbite autour du
Soleil. Les accélérations gravitationnelle et centrifuge se combinent et engendre des
déformations de la surface terrestre, notamment les fluides, océan et atmosphère qui sont
parcourus par des ondes de marée. Par exemple, quotidiennement en tous lieux de la surface
terrestre, le niveau de la mer monte et descend. Cette oscillation périodique, la marée, est
particulièrement visible sur les côtes des continents et beaucoup moins marquée en plein
océan. Vue de la côte elle est d'abord perçue comme un déplacement horizontal, dû à l'arrivée
de l'onde de marée : le niveau de la mer monte avec le courant de flot, recouvrant des
étendues plus ou moins grandes (Pleine mer = PM) et descend avec le courant de jusant
laissant ces mêmes étendues à sec (Basse mer = BM).

 Attraction gravitationnelle d'un astre ; Lune et soleil, les astres les plus influents.
 Force centrifuge liée à la révolution des astres ; effet sur la marée
 Force génératrice des marées, définition, variations d’intensité en fonction de la
position du site par rapport à l’astre attracteur.
 Trajet de l’onde de marée à la surface du globe
 Effet de la profondeur des océans sur l'onde de marée
 Influence de la géométrie des océans et des mers sur l'onde de marée.
 Deux marées quotidiennes sur les côtes d’Europe de l’Ouest.
 Variation d'amplitude des marées
 Le retard de la marée : environ 50 mn par jour , mais pas systématiquement
 Vives-eaux et des mortes-eaux
 Marées d'équinoxes et de solstice
 Coefficients de marée : définition et application

Sites internet consultés

http://www.sb-roscoff.fr/Maree/maree-intro.html

http://www.planete-astronomie.com/Terre/Lune/Lune-Rotation.php

65
Introduction et historique

La relation entre la position de la Lune et la marée est connue depuis l’antiquité. Au 2è


siècle avant JC, un philosophe Perse montra que la différence de hauteur entre 2 marées
hautes successives variait avec la hauteur de la Lune dans le ciel. La première théorie de la
marée a été établie par Isaac (1687) Newton sur la base d’observation des mouvements
orbitaux initiées par Galilée. Newton réalisa que le mouvement orbital de la Lune devait
produire un déséquilibre des forces exercées sur Terre, aboutissant à une déformation de la
surface de l’océan.
Bien que les marées s’expriment surtout sur les bordures continentales, le plein océan
est concerné. Les mesures réalisées par des capteurs de pression installés au fond des bassins
océaniques, ainsi que les mesures altimétriques réalisées par satellites, montrent que les
oscillations quotidiennes de niveau de l’océan atteignent des amplitudes de 0,1 à 1 m. Les
courants de marée mesurés dans l’océan ouvert par des bouées dérivantes atteignent des
vitesses de l’ordre de 0,01 à 0,1 m/s. Ces vitesses doivent êtres prises en compte dans les
calculs des vitesses de courants liées au vent ou de courants géostrophiques.
Sur les marges continentales, plus particulièrement dans les mers semi-fermées (Mer
du Nord, Mer Baltique, Mer Rouge) et plus encore dans les estuaires (Baie de Fundy,
Gironde…) les marées ont des amplitudes de l’ordre de 10 à 20 m et les vitesses de courants
atteignent 1 à 2 m/s soit 10 à 200 fois plus que dans l’océan ouvert (maximum = 8m/s dans les
Iles britanniques).

Note : l’amplitude est la hauteur moyenne mesurée en pleine mer, entre marée haute et marée
basse sur au moins un cycle de marée. Le marnage est la différence de hauteur en un site
donné entre la marée haute et la marée basse qui suit (notion locale et temporelle).

MOUVEMENTS DE LA TERRE ET DE LA LUNE

Rotation : la Terre et la Lune tournent sur elles-mêmes.

Révolution : La Lune tourne autour de la Terre et le couple Terre-Lune tourne autour du


Soleil.

Vus des pôles Nord ces mouvements sont dans le sens direct (anti-horaire). La Terre et la
Lune se comportent comme un système double : elles tournent autour de leur centre de masse
commun ou barycentre qui est situé en réalité dans la Terre à environ 4 700 km de son centre.

La Lune présente toujours la même face à la Terre car sa période de rotation est égale à sa
période de révolution . Ceci est dû à des frottements engendrés par la déformation de la Lune
par la marée qui ont progressivement ralenti la rotation lunaire jusqu'à ce sa période égale
celle la période de révolution. La rotation de la Terre ralentit aussi pour correspondre à la
période de révolution de la Lune et la durée du jour s'allonge donc d'environ 15 µs par an. Le
moment cinétique total du couple Terre-Lune devant se conserver, la distance Terre- Lune
augmente de 3,8 cm par an.

Les points où l'orbite de la Lune croise l'écliptique s'appellent « nœuds » lunaires : le nœud
ascendant est celui où la Lune passe vers le nord de l'écliptique et le nœud descendant est
celui où elle passe vers le sud.

66
La rotation d’une planète sur elle-même peut se traduire de 2 manières. La rotation sidérale
consiste en un tour complet par rapport au repère fixe des étoiles. La rotation synodique
consiste en un tour complet par rapport au soleil: un point donné de la planète face au soleil
après une rotation de 360° + l’angle de révolution parcouru par la planète pendant la durée de
sa rotation sidérale. Pour ce qui concerne la Lune, la rotation sidérale (par rapport au repère
fixe des étoiles) s’effectue en 27j 7 h 43’ 11’’ et la durée d’un tour de la Terre (période de
révolution sidérale) est aussi de 27j 7 h 43’ 11’’ soit 27,3217 jours.

La rotation synodique nécessite le temps d’une révolution sidérale plus le temps nécessaire
pour parcourir un angle de 26,92°, angle de révolution autour du soleil couvert en 27,3 jours
[(360/365)*27,3 = 26,92°]. La période de rotation synodique est de 29j 12h 44’ et 3’’.

ATTRACTION GRAVITATIONNELLE
Dans notre système solaire, toutes les planètes sont attirées vers le soleil et gravitent autour de
lui. Cette loi d'attraction universelle démontrée par Newton, se fait aussi sentir entre tous les
astres de notre système solaire. Ainsi, deux astres quelconques exercent l'un sur l'autre une
force d'attraction (Fa) proportionnelle à la masse des astres, mais, inversement
proportionnelle au carré de la distance entre ces deux astres. (Fig. 1).

Attention erreurs : 1) la distance D (d dans les équations ci-après) est mesurée entre les centres des astres.
2) la constante de gravitation universelle est « G » et non « g ».

Plus un astre est proche de la terre, plus sa force d'attraction sera grande. Ainsi, la lune en
raison de sa faible distance exerce une forte attraction sur la terre; le soleil bien que très
lourd, exerce une attraction plus faible en raison de sa distance à la Terre. Les autres planètes

67
influent de façon très négligeable parce qu’elles ne sont pas assez lourdes pour compenser la
très grande distance, qui les séparent de la terre. Jupiter et Saturne sont cependant les plus
influentes après la Lune et le Soleil.

La force d'attraction est représentée par un vecteur (Fa) qui attire la surface du globe terrestre
en direction de l'astre attracteur. Elle se manifeste de façon visible sur tous les corps
déformables, comme la surface de l'eau. L'eau va donc s'accumuler en un bourrelet, là ou
l'attraction est maximale, c'est-à-dire au point de la surface du globe situé le plus près de
l'astre attracteur. Ce point situé directement sous l'astre est appelé la zénith (Fig. 2).

FORCE CENTRIFUGE

La vitesse de rotation des systèmes Terre-Soleil et Terre-Lune (révolution Terre autour


de Lune et Lune autour de Terre) génère une force centrifuge opposée à l'attraction qui
maintient chaque planète en équilibre sur son orbite respective.

Si l’on considère la Terre et la Lune comme des masses ponctuelle, la force centrifuge
qu’elles subissent du fait de leur rotation autour d’un barycentre (axe de rotation) commun est
égale sur les deux astres et en tout point de chaque astre.

Sur terre, la force centrifuge liée à ces couples Terre-Astre est donc constante en tous les
points du globe. Elle est représentée par un vecteur (Fg) dirigé à l’opposé de l'astre attracteur.
Elle se manifeste de façon visible sur tous les corps déformables. Si l’on simplifie au cas des
masses d’eau océanique, on peut considérer qu’un bourrelet d’eau s’accumule au point de la
surface du globe diamétralement opposé à l'astre attracteur, (Nadir ; Fig.3).

LA RESULTANTE : FORCE GENERATRICE DE MAREE

68
La force génératrice de la marée est la résultante des deux forces opposées liées à la
présence d’un astre attracteur.
- Attraction gravitationnelle de l'astre attracteur : (Fa), force centripète qui tend à attirer,
donc à déformer (Fig. 1 et 2).
- Force centrifuge (Fg) de sens opposé à la force d'attraction, qui la compense exactement de
sorte que chaque planète reste sur son orbite (Fig. 3).
Au centre de la Terre, force d'attraction et force centrifuge s'annulent (si ce n’était
pas le cas, chaque astre se déplacerait jusqu’à un nouvel équilibre) : Fa=-Fg et FM=0.
A la surface, la résultante de la force d'attraction et de la force centrifuge n'est pas
nulle c'est la force génératrice de la marée (FM) (Fig.4)

La force d'attraction est maximale au zénith car la distance D (terre-astre) y est minimale. La
résultante de Fg et Fa, qui génère la marée, est orientée vers la Lune et déforme la Terre et
notamment les fluides en direction de l'astre (Fig.4).
Du côté nadiral, à l'opposé de l'astre, la force d'attraction est minimale car la distance
D(terre-astre) est maximale. La force centrifuge étant constante, la résultante génératrice de la
marée déforme la Terre et notamment les fluides en direction opposée de la Lune (Fig.4).
Ainsi l'attraction de l'astre résulte en deux "pleines mer" simultanées, l'une du côté zénith et
l'autre du côté nadir (Fig.4). La force génératrice de la marée est maximale en ces deux
points simultanément.
La marée est donc une déformation de la surface des océans en réponse à l'attraction et au
mouvement des astres.

Quelques précisions :
1) Au centre de la Terre on a Fg = -Fa ; or Fg est constante. Donc on peut substituer à Fg la
valeur –Fa (centre) pour calculer la FM force génératrice de marées.
Fa au centre = G (Mt. Ml) / d2
a étant le rayon terrestre, Mt la masse de la Terre et Ml la masse de la Lune,
Fa au Zénith = G (Mt. Ml) / (d-a )2
Fa au Nadir = G (Mt. Ml) / (d+a )2
Au zénith on a donc FM = G.Ml [(1/(d-a)2) – (1/d2)] ;
Dont le développement limité aboutit à FM ~ 2 a G.Ml / d3
La force génératrice des marées est donc inversement proportionnelle au cube de la distance
Terre-Astre (l’effet du soleil en est d’autant plus affaibli par rapport à celui de la Lune).
2) Pour un point P situé à un angle  de la ligne joignant la Terre à l’astre considéré, la force
génératrice des marées peut se décomposer en une composante horizontale H et une
composante verticale Z.

69
Z = -2a G.Ml / d3 x [3/4 cos (2
H = 2a G.Ml / d3 x [3/4 sin (2
Toutes deux sont négligeables par rapport à la force de pesanteur terrestre g : Z = ~ 10-7 g.
Z ne peut donc « lutter » contre la pesanteur, mais H elle est comparable aux forces de friction
et de pression qui déterminent l’équilibre des matériaux. C’est donc H qui déforme la Terre,
en entraînant les matériaux, d’autant plus facilement qu’ils sont fluides, vers et à l’opposé de,
la direction de l’astre attracteur et cette déformation est donc maximale au Zénith et au Nadir.
La terre est donc soumise à une déformation généralisée. Ainsi la Terre solide
enregistre des déformations, dites marées terrestres : le sol monte et descend de plusieurs
décimètres (30 cm à nos latitudes), ce qui n’est pas perceptible mais reste mesurable en
observatoires géodésiques. Cette déformation a des conséquences pour la variation périodique
de g.
L’action de la marée est évidemment maximale sur les fluides, entraînés par H vers le Zénith
et vers le Nadir. L’eau s’accumule en deux bourrelets répartis de chaque coté de la Terre, l’un
vers l’astre attracteur, l’autre à l’opposé. Si l’on observe ce système par le pôle terrestre, on a
une accumulation d’eau dans la direction de l’astre et un déficit d’eau dans la direction
perpendiculaire (méridiens situés à 90° de la direction Terre-Astre). Tout se passe comme si
la terre tournait à l’intérieur de ce bourrelet dont la direction est fixée par celle de l’astre
attracteur. La déformation océanique se propage donc telle une onde qui tend à suivre le
mouvement apparent de l’Astre. A l’échelle globale le déplacement de la Terre dans le
bourrelet de l'onde de marée a une période principale égale à la durée de la rotation de la
Terre, soit environ 24 heures. La distance entre le sommet du bourrelet (marée haute) et le
creux entre deux bourrelets (marée basse), ou demi-longueur d’onde, est égale au quart de la
circonférence terrestre, soit 10 000 km.

La rotation de la terre sur elle-même en 24 h fait qu'un point de la surface du globe


se trouve successivement du côté zénithal, où la force génératrice de la marée est
maximale (pleine mer: PM) puis environ 6 heures plus tard, du côté de moindre attraction
(basse mer: BM), puis 6 heures après, du côté nadiral, où la force génératrice de la marée
est aussi maximale (PM) et encore 6 h après, du côté de moindre attraction (BM). Chaque
point verra donc deux pleines mers et deux basses mers par journée de 24 heures, soit deux
marées, ce qui explique la période semi-diurne de la marée (Fig. ).

70
EFFETS RESPECTIFS ET COMBINES DE LA LUNE ET DU SOLEIL
LUNE :
L’équation de FM peut être écrite avec Ml, masse de la Lune et Dl, distance Terre-Lune
Avec Ml = 735 1020 kg et Dl = 3,844 105 m
La Lune fait un tour de Terre (période de révolution sidérale) en : 27j 7 h 43’ 11’’ soit
27,3217 jours, elle parcourt donc environ ~13° d’angle par jour. La terre doit donc tous les
jours rattraper cet angle, afin de présenter le même point sous la Lune ; elle parcourt cet angle
en 52’ (23h58’*13°/360°).
La période de passage d’un point de la Terre sous le même bourrelet (au Zénith, donc coté
Lune par exemple) est donc de 24 h 52’. Comme il existe une symétrie du bourrelet (Nadir), il
va y avoir passage sous un bourrelet toutes les 12 h 26’ et donc passage d’une marée haute à
une marée basse toutes les 6h 13’

SOLEIL
L’équation de FM peut être écrite avec Ms, masse du soleil et Ds, distance Terre-Soleil
Avec Ms = 1,9891 1030 kg et Ds = 1,5 1011 m
Le rapport FMs / FMl = (Ms x Dl3 / Ml x Ds3) = 0,46
L’effet du Soleil est donc égal à environ la moitié de celui de la Lune.
La Terre présentant le même point au soleil toutes les 24 h, la période des marées liée au
soleil est de 24 h. Il y aura donc une marée haute « solaire » toutes les 12 h et et donc passage
d’une marée haute à une marée basse toutes les 6h.
Le bourrelet de marées lié au Soleil est dans la direction Terre-Soleil, donc change
saisonnièrement (cf cours insolation) en fonction de l’inclinaison de l’axe de rotation
terrestre.

VARIATION D’AMPLITUDE DE MAREES SUCCESSIVES

La position de l'astre attracteur (soleil ou lune) n'est pas toujours dans le plan de
l'équateur terrestre (l’angle entre direction Terre-astre et plan de l'équateur terrestre est
déclinaison). La déformation liée à la marée n’est donc pas toujours symétrique par
rapport à l’axe de rotation. Un point P subissant une forte pleine mer (PM) au « zénith »
aura une plus faible pleine mer (PM) au « nadir ». Plus la déclinaison est forte plus la
différence entre deux PM successives sera importante (Fig.8 A et B ).

71
RETARD DE LA MAREE DE 50 mn CHAQUE JOUR

Pendant que la terre tourne sur elle même en 24h, la lune tourne autour de la terre en
27 jours 7 heures et 43 minutes. En 24 h la lune se sera donc déplacée de 12,8° environ sur
son orbite. A la fin de sa rotation quotidienne, la terre devrait donc tourner de 12,8°
supplémentaires pour se retrouver exactement dans sa position initiale face à la lune. Cela
prend environ 50 mn à la terre pour rattraper cet angle. Le cycle des deux marées est donc
bouclé en 24 heures et 50 mn environ (Fig. 9).

72
Ce retard varie d'un jour à l'autre

La lune ne se déplace pas à vitesse constante sur son ellipse autour de la terre en raison
de l’excentricité de l’orbite lunaire. Lorsque la lune passe près de la terre (périgée) sa vitesse
de parcours accélère (14°/jour). Lorsqu'elle est très éloignée de la terre (apogée) sa vitesse se
ralentit jusqu'à environ (11°/jour). Le retard de la marée d'un jour sur l'autre n'est donc pas
précisément de 50’. D'autres facteurs (déclinaison, etc...) entrent en jeu, de sorte que le retard
journalier de la marée varie entre 30’ et 1h 40’ (Fig. ).

CONJONCTION DES EFFETS DE LA LUNE ET DU SOLEIL

73
Les marées liées au soleil et à la lune interfèrent selon les configurations suivantes :
En conjonction (ou Syzygie), l’alignement des 3 astres résulte en un cumul des effets,
entraînant de fortes amplitudes de marées (Vives- eaux)
En quadrature, (angle de 90° entre T-S et T-L), les effets se soustraient, entraînant de faibles
amplitudes (Mortes eaux).
Les périodes de rotation de la Terre (sidérale = 23h 56’ 4’’ et synodique = 24 h), la
période de révolution de la Lune autour de la Terre (27j 7 h 43’ 11’’), et dans un moindre
mesure la période de révolution du couple Terre-Lune autour du soleil (365 j), sont les
principaux déterminant des périodes principales de la marée.
En un mois il y a deux vives-eaux et deux mortes-eaux. En vives-eaux la pleine mer
(PM) est très haute et la basse mer (BM) descend très bas. En mortes-eaux, la différence de
hauteur d'eau entre PM et BM est faible et s'écarte peu d'un niveau moyen appelé la mi-
marée.
Cette amplification du phénomène de la marée en période de vives-eaux est due à la
conjugaison des forces d'attraction lunaire et solaire. Les vives-eaux ont lieu au moment de la
pleine lune et de la nouvelle lune. Ces deux configurations correspondent respectivement aux
alignements soleil-terre-lune et soleil-lune-terre et se dénomment syzygies. Dans les deux cas
les forces d'attraction lunaire et solaire s'additionnent ce qui explique l'amplification du
phénomène. (Fig. ).

PERIODES ET AMPLITUDES : THEORIE ET OBSERVATION


Les associations des périodes principales de rotation et de révolution liées aux
mouvements relatifs des 3 astres introduisent de multiples périodes, qui sont encore enrichies
par les mécanismes suivants :
- variations respectives de la déclinaison du soleil et de la Lune, liées aux oscillations des
plans des orbites Terre-Lune (périhélie/ aphélie) et de l’orbite lunaire (périgée/ apogée).
- changements de distance entre les 3 astres (valeurs d’excentricité des orbites).
- révolution des planètes géantes du système solaire Jupiter et Saturne sur leurs orbites
respectives et combinaison de leurs effets avec ceux de la Lune et du Soleil.
On dénombre ainsi par le calcul 396 périodes des marées océaniques.
Malgré des calculs très précis, les modèles théoriques ne fournissent pas une image fidèle des
marées réelles.

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1) L’amplitude de la marée semi-diurne ne correspond pas toujours à sa valeur
théorique (si  =45°, amplitude théorique = 25 cos 245 = 12,5 cm). En effet, on
mesure des amplitudes de de 0,1 à plus de 1 m en plein océan, notamment en
Atlantique Nord.
2) IL existe des décalages de plusieurs heures entre la marée haute et le passage de la
Lune au zénith.
3) Sur les plateformes continentales et dans le mers semi fermées, les amplitudes sont
10 fois supérieurs à celles de l’Océan ouvert : Amérique du Nord Ouest : 3m ; Amérique
du Nord Est : 17 m (Baie de Fundy) ; Europe du N-W : 15 m (Mt St Michel) ; Océan
Indien : 12 m ; Méditerranée : 2,6 m (Tunisie); 0,5 m Provence

En océan ouvert, les vitesses de courants sont de l’ordre de 0,01 à 0,1 m/s ; sur les marges
continentales, les vitesses de courants de 1 à 2 m/s sont la règle mais on mesure
fréquemment des vitesses de 5 à 8 m/s.

TRAJETS DE L’ONDE DE MAREE


La propagation de l'onde à la surface du globe rencontre plusieurs obstacles:
1- L'onde de marée est déviée: la rotation de la terre sur elle-même crée une force dite de
Coriolis qui dévie le trajet de l'onde de marée.
2- L'onde de marée est en partie bloquée par la présence des continents.
3- L'onde de marée est freinée: la profondeur limitée des océans crée un frottement au fond
des océans, qui retarde la progression de l'onde
4- L'onde de marée peut être amplifiée par résonance : selon la géométrie des bassins
océaniques des ondes de périodes diurnes (24 heures) ou semi-diurnes (12 heures) s’installent.

La force de Coriolis dévie les mouvements d'eau dans le sens des aiguilles d'une montre,
dans l'hémisphère nord et dans le sens inverse des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère
sud. L'onde de marée tourne ainsi autour de points où la marée est nulle: les points
amphidromiques. Dans l'océan Pacifique et Indien il existe plusieurs points
amphidromiques. (Fig. 6 - Carte du trajet de l'onde de marée dans les océans).

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A cause de la présence des continents, l'onde de marée ne peut pas se propager. Elle
passe de l'océan Atlantique à l’océan Pacifique au sud de l'Amérique du Sud, puis remonte
vers le nord. (Fig. - Carte du trajet de l'onde de marée dans les océans).
Pour que des oscillations de longueur d’onde 20 000 km se déroulent à la surface du
globe sans retard par rapport aux astres, il faudrait une profondeur d'océans de 22 km! Or la
profondeur moyenne des océans n'est que de 4 à 6 km. L'onde est donc retardée par rapport à
la position des astres attracteurs par un frottement important appelé AGE DE LA MAREE. Il
est défini au moment de la plus forte amplification de la marée par la conjonction soleil-
lune-terre ; c’est le temps écoulé entre la syzygie (alignement des astres attracteurs) et la
plus forte marée qui la suit.

La géométrie des océans permet un développement plus ou moins complet de l'onde de marée
selon ses composantes prédominantes.

ONDES DIURNES OU SEMI-DIURNES : EFFETS DE LA GEOMETRIE DES BASSINS

Le bassin Atlantique, plus long que large, permet le développement d'ondes de 12 heures donc
semi-diurnes, c' est-à-dire deux marées par journée de 24 h. La configuration de l'Atlantique
est telle que toutes les ondes perturbatrices vont avoir tendance à s'exprimer avec une période
de 12 h et s'ajouter à la force de la marée et donc l'amplifier. Ainsi la composante de période
semi-diurne de la marée va pouvoir s'exprimer et même résonner, c'est-à-dire s'amplifier dans
l'Atlantique et en particulier dans la Manche. Les côtes françaises de Méditerranée présentent
la même périodicité semi-diurne, mais une amplitude de variation de niveau très faible, de
l'ordre de 0,5 m.

Le Pacifique et l'Indien, aux plus grandes dimensions permettent aussi bien le développement
d'ondes diurnes que semi-diurnes : les marées y sont souvent mixtes (alternance diurne /
semi-diurne). Ce qui donne un régime irrégulier.

Les petites mers comme la Baltique et le Golfe du Mexique permettent surtout le


développement des ondes diurnes, et n'ont donc qu'une marée par journée de 24 h.

(Fig. 6 - Carte des différents types de marée à la surface du globe avec les marnages
remarquables)

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Pourquoi y a-t-il des grandes marées au moment de l'équinoxe, en France ?

Équinoxe vient du latin et signifie que la durée du jour est égale à celle de la nuit. Pour que
cela se produise il faut que le soleil soit situé dans le plan de l'équateur terrestre, ce qui
veut dire que la déclinaison solaire est nulle. C'est le cas deux fois par an; autour du 21 mars
et du 23 septembre. La position solaire est alors optimale pour amplifier les marées de type
semi-diurne. Dès que la lune et le soleil sont alignés en syzygie la grande marée d'équinoxe
prend place.(Fig. 12 )

Le solstice d'été (autour du 21 juin) correspond à la journée la plus longue de l'année,


et inversement le solstice d'hiver (autour du 21 décembre) est la nuit la plus longue de l'année,
dans l'hémisphère nord. Ceci vient de la position du soleil qui est à sa déclinaison maximale
par rapport à la terre: 23 degrés nord au solstice d'été et 23 degrés sud au solstice d'hiver.
Lorsque la déclinaison de l'astre attracteur est maximale ce sont les composantes diurnes qui
sont amplifiées (Fig. 8B et 12).

Sur les côtes de France, le type de marée est de type semi-diurne. On ne constate pas
d'amplification particulière de la marée au moment des solstices. Il faut aller dans le Pacifique
ou dans l'océan Indien où les marées sont de type diurne ou mixte (alternance diurne et semi-
diurne) pour voir de grandes marées au moment des solstices.

Les coefficients de marée sont des grandeurs, sans unité, exprimées en centièmes, variant de
20 à 120, qui indiquent l'amplitude de l'oscillation de la marée. Ces coefficients ont été
crées au XIX ième siècle par des hydrographes français, en choisissant arbitrairement la

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valeur de 100 pour un alignement équatorial soleil-lune avec une distance moyenne lune-terre,
donc pour une marée d'équinoxe moyenne. Ce système de caractérisation d'une marée par, un
coefficient n'est utilisé qu'en France.

120 - Vive eau exceptionnelle


95 - Vive-eau moyenne
70 - Marée moyenne
45 - Morte-eau moyenne
20 - Morte-eau exceptionnelle

Le coefficient donne une idée de l'importance de la différence de hauteur entre marée haute
(PM) et marée basse (BM), donc du marnage attendu. En effet, les valeurs précises du
marnage dépendent des configurations de chaque lieu et ne sont donc pas généralisables
partout pour une marée donnée, d'où l'intérêt des coefficients.

Comment est la marée à Roscoff ?

A Roscoff, nous avons deux marées par jour. Le régime est donc semi-diurne, comme
partout sur les côtes de France. Les deux marées quotidiennes sont d'amplitude très proches
donc la marée est de type régulier.

Le marnage maximal à Roscoff est d'environ 10 m. C'est-à-dire qu'il y a au maximum 10 m


de dénivelé entre la plus haute pleine mer et la plus basse mer. Alors que la hauteur maximale
est de 8,50 m à Brest et atteint le record des côtes de France : 14,80m au Mont- Saint- Michel.

L'âge de la marée à Roscoff est d' environ 3 jours! Ceci signifie que la plus forte marée
arrivera en moyenne 3 jours après la position astrale qui l'occasionne, soit 3 jours après la
pleine lune (ou la nouvelle lune). Ce décalage correspond au temps qu'il faut à l'onde de
marée pour atteindre nos côtes, depuis L'Atlantique. (Fig. 6 Voir le trajet de propagation de
l'onde de marée).

L'heure de la marée basse à Roscoff est en moyenne une heure plus tard qu'à Brest, car
l'onde de marée met environ une heure pour se propager de Brest à Roscoff.

A Roscoff, les basses mers des grandes marées se produisent autour de l'heure du midi solaire
et donc aussi du minuit solaire. Les basses mers de vives eaux en milieu de journée sont une
chance pour les pêcheurs à pied! A Wimereux l'heure des plus grandes basses mers se situe
autour de 6h et de 18h. (Fig. 13 - Carte de l'onde de marée dans la Manche )

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Trajet de l'onde de marée en Manche et en Mer du Nord.

Les lignes d'égale phase ou lignes cotidales (en pointillés bleus) montrent la progression de la
marée, d'heure en heure, d'ouest en est dans la Manche. Dans la Mer du Nord l'onde de marée,
déviée par les forces de Coriolis, tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Ainsi,
en Manche occidentale, les localités françaises et anglaises situées de part et d'autre de la
Manche sur le même méridien, ont leurs pleines et basses mers quasi-simultanément. Par
contre en Mer du Nord, les localités anglaises se trouvent face aux localités hollandaises, sur
le même paralléle, ont leurs marées en moyenne 7 heures plus tard que les côtes

Quelle est l'influence de la marée sur la biologie des organismes de l'estran à Roscoff ?

La marée à Roscoff découvre l'estran deux fois en 24 heures. L'estran, cette zone côtière
comprise entre les plus hautes mers et les plus basses mers, s'appelle aussi la zone de
balancement des marées ou encore, la zone intertidale. A Roscoff, elle est soumise à
l'alternance de l'immersion et de l'émersion toutes les 6 heures.

Les algues et les animaux qui vivent dans cette zone doivent donc passer régulièrement de la
vie aquatique à la vie à l'air libre ou bien, au milieu plus confiné des cuvettes ou flaques d'eau
de mer.

Passer de la vie aquatique à la vie aérienne suppose que les organismes sont capables de
respirer dans l'eau et dans l'air, ou bien capables de garder une petite réserve d'eau de mer, ou
bien encore capables de ne pas respirer pendant la basse mer, en attendant le retour de la
marée haute. Cela suppose aussi qu' ils peuvent se protéger de la dessiccation à l'air et qu'ils
supportent la force des vagues, lors de la marée haute.

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La vie à marée haute leur apporte un milieu ambiant frais, de température relativement
constante: l'eau ne varie que de 9° à 16° C environ, au cours de l'année, au large de Roscoff.
A marée basse, la température de l'estran peut atteindre des valeurs très élevées sous le soleil,
ou au contraire, des valeurs très basses en hiver.

La salinité, de même, est moins variable à marée haute (autour de 35g de sel par litre), qu'à
marée basse, où la salinité des cuvettes augmente lorsque l'eau s'évapore au soleil ou, au
contraire, diminue lorsque les flaques sont diluées par l'eau de pluie.

Le pH, traduisant la concentration en ions hydrogène, est indicatif de l'acidité ou de


l'alcalinité de l'eau. Le pH de l'eau de mer, relativement constant , est naturellement basique,
autour de 8,3. Il peut varier énormément dans une flaque selon sa teneur en gaz carbonique
(CO2). Si la flaque abrite beaucoup de petits organismes ( microorganismes, crabes, crevettes,
coquillages, échinodermes, petits poissons etc...) leur respiration produit du CO2 et le pH de
l'eau devient acide (<7). S'il y a aussi des algues dans la flaque, celles-ci vont, à la lumière du
jour, consommer du CO2 pour leur photosynthèse et permettre une remontée du pH. (>8).

L'eau, à marée haute, absorbe une partie de la lumière solaire, en particulier les rayons ultra-
violets. Dans les cuvettes à marée basse, il n'y a plus le même filtre absorbant et la lumière qui
atteint les organismes peut être très vive.

La vie dans l'estran suppose donc une grande tolérance physiologique des organismes face
aux variations drastiques d'hygrométrie, de salinité, de température, de pH, de lumière et
d'agitation de l'eau. En raison de ces conditions très variables, l'estran peut être qualifié de
"milieu extrême". Les mouvements de la marée conditionnent aussi les arrivées des stades
larvaires du plancton pour le recrutement des espèces du littoral. L'étude de la faune et de la
flore montre que les espèces animales et végétales s'établissent à des niveaux marégraphiques
correspondant à leur capacité d'adaptation à l'émersion-immersion. La limite supérieure de
leur zone de répartition correspond à leur optimum de tolérance à l'émersion, tandis que la
limite inférieure est aussi influencée par la compétition avec d'autres espèces, moins
tolérantes face à l'émersion. En se promenant du haut de l'estran vers le bas, on peut ainsi
constater une succession régulière de peuplements spécifiques, tant végétaux qu'animaux. L'
enseignement de l'écologie et de la biologie des organismes de l'estran est une des fonctions
de la Station Biologique de Roscoff.

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