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/ / //1a - Toutes les histoires// / 0’00 / générique / Noir /

Fenêtre sur cour (Hitchcock, 1954), James Stewart avec ses


jumelles. / ne change rien / pour que tout soit différent / Paul
Hindemith, Sonate pour alto solo (1924), op. 31, n° 4, 3e
mouvement, début du thème avec variation. / Moteur du banc
de montage et voix accélérée. / hoc opus / / hic / labor / est
/ [sur noir] / [Virgile, L’Énéide, VI, v. 129, environ 19 avant J.-
C : « Voici l’œuvre, voici le travail » / / canal / plus / / pré /
sente / / que / chaque / œil / 0’17 / Monsieur Arkadin (Welles,
1955) / gros plan œil et loupe/ vieille femme avec livre de culte
dans Le Pré de Béjine (Eisenstein 1935-37) / photographie d’Ida
Lupino avec une caméra derrière elle (dans les années
cinquante). / ne va pas montrer tous les côtés des choses /
garde-toi une marge d’indéfini / [d’après Bresson, Notes sur le
cinématographe, 1975] / Moteur du banc de montage et voix
accélérée. / que / chaque / œil [sur plans 1 et 2] / / négocie /
pour / lui / même / / his / toire / ( s) / / du / ciné / ma / /
splen / deur / / et / mi / sère / / Pour / Mary / Meerson /
[collaboratrice de Langlois, travaille avec la femme d’Epstein] /
/ pour / Monica / Tegelaar / 0’46 / Noir / Gros plan : bobines
de banc de montage / JLG à la machine à écrire / fondu
enchaîné lent / / [bsf Boudu sauvé des eaux (Renoir, 1932) au
ralenti puis en accéléré, puis :] / « – Ah ! Quoi ? qu’est-ce qu’il y
a encore ! – Tu m’chatouilles ! » / cris / moteurs banc de
montage / / 1’17 / Chaplin avec Paulette Goddard dans
l’herbe : Les Temps modernes (1936) / noir . Chaplin (au piano,
pose une fleur au ralenti puis joue en accéléré, film inconnu
(Unknown Chaplin, documentaire, Brownlow et Gill, 1983) /
photographie de Chaplin / machine à écrire / banc de montage
/ image au ralenti et surimpression avec Ida Lupino (séquence
de la petite visionneuse dans La Cinquième victime, Lang, 1956) /
noir / Ida Lupino id., ralenti et surimpression avec négatif qui
défile / La / Règle / du / jeu / La / Règle / du / jeu / [Renoir,
1939] / Machine à écrire électrique / id. : « – Ah ! Quoi ? qu’est-
ce qu’il y a encore ! / – Tu m’chatouilles !» / / sur Ida Lupino :
son ralenti (banc de montage) / [sur le plan d’Ida Lupino :] / un

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film / la sept fr3 / gaumont / jlg films / / un film / cnc / rtsr
vega / films / 2’17 / Surimpression : Ida Lupino (photo 1935 en
blonde) / JLG machine à écrire Ida Lupino (brune) avec caméra
derrière elle / Moira Shearer (rousse) à la caméra dans Le Voyeur
(Powell, 1960) / JLG / Ida Lupino (photo 1935 en blonde)
clignotement (accordé à la bs). Nicholas Ray dans Nick’s Movie
(Wim Wenders, 1980) au ralenti / noir / id. N. Ray / Cris / et /
chuchotements / [Bergman, 1972] / Cris / et / chuchotements / / Id.
et machine à écrire électrique / his / toi toi toi [successivement]
/ re / 3’14 / Iris, clignotement : un homme de dos à contre-jour
(Sartre) et plan d’un baiser dans Pierrot le fou (JLG, 1965) / JLG,
machine à écrire / photographie Griffith / clignotement :
machine à écrire et photographie de Nicholas Ray dans les
années quarante avec un bandeau noir sur l’œil / Le /Le lys / Le
lys / brisé /brisé / Le lys brisé / [Griffith, 1919] / Machine à écrire
/ Bruit de projecteur / du / ciné / ma / [sur photographie N.
Ray] / 3’35 / Surimpression : photographies de Ford et de
Rossellini, années 50, photographie Ford / noir / machine à
écrire. / noir / un homme filme une femme : King Kong (Merian
C. Cooper et Ernest B. Schœdsack, 1933) avec clignotement
(comme la bande-son) / Le lys brisé / Machine à écrire. / père /
/ ne vois-tu pas / / que je brûle / [Freud, L’Interprétation des
rêves [1], 1900 :] / toutes / les / histoire / [sans « s », clignote
par-dessus :] / stoire(s) / / u / / né moi / / 4’16 / JLG (cigare),
une barre traverse l’écran : un micro. / Histoire(s) du cinéma /
chapitre un (a) / Grincement ; / au loin le Dona nobis pacem (3e
mouvement, Andante) de la Symphonie n° 3 dite liturgique (1945-
1946) d’Arthur Honegger [symphonie dont le programme
déclaré est de « symboliser la réaction de l’homme moderne
contre la marée de barbarie » et de proposer un « combat
musicalement figuré »)] / le cinéma / 5’10 / Homme à la
mitraillette au ralenti : La Chute d’un caïd (Budd Bœtticher, 1960)
/ en alternance avec JLG : photographie au premier plan, une
femme, au second, un groupe d’hommes fantomatiques, des
revenants : Le Tombeau hindou, Lang, 1959 / un homme sur un
muret, Poudovkine années 20 / noir / JLG qui lève les yeux (à

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la fin de la phrase). / Histoires du cinéma / avec un s /
Histoires du cinéma / avec un s / Toutes les histoires qu’il y
aurait / qu’il y aura ou qu’il y aurait / qu’il y a eu / qu’il y a eu /
Id. suite Dona nobis pacem, mais plus proche / Machine à écrire
(s’estompe et revient) / le cinéma / 5’38 / Noir / trois plans très
courts d’une femme aux yeux écarquillés (Furie, Brian de Palma,
1978) / Nuit, à travers les flammes, apparition de
Méphistophélès et réveil de Faust qui vient de l’invoquer [Faust,
Murnau 1926] / en alternance avec Cyd Charisse et Fred Astaire
dans Tous en scène (Vicente Minnelli, 1953), les personnages
tendent le bras / / noir. / / Dona nobis pacem, suite. / Début (sur
Faust) de l’adagio ma non troppo du Quatuor à cordes n°10, opus 74,
de Beethoven, 1809. / [L’Année dernière à Marienbad, Alain
Resnais, 1960 :] / « Vous du moins n’avez pas changé, vous avez
toujours les mêmes yeux absents, le même sourire, le même rire
tout à coup, la même façon de tendre le bras quand vous voulez
(…) quelque chose. … De ramener lentement la main dans le
creux de votre épaule. Vous portez aussi le même parfum.
Souvenez-vous, c’était dans le jardin de Frederiksbad. » / le
cinéma / substitue / [deux fois : sur Faust puis sur Tous en scène]
/ 6’16 / Chasse : les rabatteurs, la fuite des lapins, La Règle du jeu
(Renoir, 1939) en alternance avec une fuite dans les bois des
Amants crucifiés (Mizoguchi, 1954) / [entrecoupé de noirs] / / Id.
Beethoven / « Vous étiez seule un peu à l’écart, vous vous teniez
un peu de biais contre une balustrade de pierre sur laquelle votre
main était posée, le bras à demi étendu. » / à / notre / regard /
[x2 sur Renoir] / 6’34 / Noir / Un homme apprend à nager à
une petite fille : Les Hommes le dimanche (Robert Siodmak, Edgar
G. Ulmer, 1929) en alternance avec un groupe dans une soirée
mondaine, L’Ennemi public (Wellman, 1931) / jeune fille dans la
rue (Le Lys brisé) / / Id. Beethoven / « Vous regardiez vers l’allée
centrale, je me suis avancé vers vous. Je me suis arrêté à une
certaine distance et je vous ai regardée. Vous vous étiez tournée
vers moi maintenant. Pourtant vous ne paraissiez pas me voir. »
/ un / monde / [4x : sur l’homme et l’enfant dans l’eau, sur
L’Ennemi public (x2), sur Le Lys brisé] / 6’53 / Noir / L’Ange des

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maudits (Lang, 1952), courses « à cheval » des femmes du saloon
qui montent des hommes en alternance avec Le Lys brisé / (la
petite fille dans la rue) / / Le Quatuor, un instant perturbé par
des cris, un coup de feu et la « musique de western » se poursuit.
/ [Suite de L’Année dernière à Marienbad :] « …En guise de
réponse, vous vous êtes contentée de sourire. » / qui / s’ /
accorde / [sur L’Ange des maudits, Le Lys brisé / et à nouveau
L’Ange des maudits] / 7’14 / Noir / en alternance la bataille sur la
glace (les Teutons) d’Alexandre Nevski (Eisenstein, 1938), et le
bal de la Princesse Pontoleone du Guépard (Visconti, 1963) / /
En alternance : / [L’Année dernière à Marienbad :] / « Les autres,
qui sont les autres ? [ce n’est plus la même voix]. Ne vous
occupez donc pas tant de ce qu’ils pensent. Je sais que vous ne
prétendiez n’écouter que moi. » / Interruption du Quatuor . / [Le
Guépard , la Princesse Pontoleone invitée par le colonel
Pallavicino :] / « … de ne pas danser. Non, non. Il y a tant de
jolies femmes. – Alors une mazurka, Princesse ? – A mon âge,
non, non. » / à / nos / désirs / [sur noir et sur Eisenstein] /
7’24 / Noir / Alexandre Nevski (Eisenstein, 1938) / / « Mais si.
S’il vous plaît ! » / [L’Année dernière à Marienbad :] / « Alors
entendez mes plaintes, je ne peux plus supporter ce rôle. Je ne
peux plus supporter ce silence, ces murs, ces chuchotements où
vous m’enfermez. » / à / nos / désirs / [sur Le Guépard] / [texte
de Bazin ou M. Mouret] / 7’34 / Noir / JLG clignotement,
bibliothèque et cigare / / / [Id. suite :] / « Parlez plus bas, je
vous en supplie ». / La mazurka du bal du Guépard (Nino Rota,
1963) / « Ces chuchotements pires que le silence où vous
m’enfermez. Ces journées pires que la mort que nous vivons ici,
côte à côte, vous et moi… » / / 7’46 / La femme qui meurt
dans Le Cuirassé Potemkine (Eisenstein, 1925) / noir / Plan du
hibou : La Grève : l’indicateur cligne des yeux et les frotte
successivement / l’oncle de John ivre se balançant sur une
chaise après avoir découvert le corps de la mère dans l’eau /
Plan de jambes d’une femme enlevant ses bas menottée à un
homme : Les 39 marches (Hitchcock, 1935) id. Cuirassé Potemkine /
/ Id. Rota ; interruption brutale sur le plan d’Eisenstein. Et

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reprise. / [suite de L’Année dernière… :] / « …nous marchons à
pas comptés, côte à côte, jour après jour, à portée de main mais
sans jamais nous rapprocher l’un de l’autre. » « Taisez-vous,
taisez-vous » / [Le Guépard, Don Calogero :] / « C’est beau ici,
c’est rudement beau. » / / 8’05 / JLG bibliothèque,
clignotement avec une scène d’embrassades des comédiens du
Carrosse d’or (Renoir, 1952) et Pearl au lit qui pointe son doigt
pour désigner l’ombre du « méchant » au moment où John lui
raconte une histoire (La Nuit du chasseur, Charles Laughton,
1955), archives : de Gaulle, à la Libération, dans la rue / Matière
et mémoire [Bergson 1896] / toutes les histoires / qu’il y aurait. /
Les Mille et Une Nuits [1e mention au Xe siècle] / toutes les
histoires / qu’il y aurait. / Les Faux-monnayeurs [Gide, 1926] /
qu’il y aura ou qu’il y aurait / qu’il y a eu / Machine à écrire / /
8’43 / Clignotement entre JLG, course de Cary Grant dans La
Mort aux trousses (Hitchcock, 1959) et photographie de Norma
Shearer / / Id. / Très au loin à nouveau,, le Dona nobis pacem de
la Symphonie dite liturgique d’A. Honegger / / 8’52 / Noir / est-ce
que le « u » / qu’il y a dans produire / empêche qu’il y ait dire
dans produire / Le Livre des Roi / [sons superposés] / Id. / Holly
/ wood / 8’58 / Logo MGM (lion) / / Id. / Irving / Thalberg
(clignotant) / 9’ / Photographie d’Erich von Stroheim lors du
tournage de La Veuve joyeuse (1925) en alternance avec JLG
bibliothèque. / dire Hollywood / Id. / / 9’09 / Plan femme avec
chat : L’Admirable Crichton (G. B. Samuelson, 1918) / noir /
Irving Thalberg, iris et clignotement / / dire par exemple /
l’histoire du dernier nabab [sons superposés] / Les Enfants
terribles [Melville, 1949] / Irving Thalberg / Intervention d’une
musique lente et inquiétante, Moderato de la Suite de danses, Béla
Bartók, 1923 (sur le plan d’Irving Thalberg). / / 9’12 / Irving
Thalberg / effet d’iris géométrique et sur. / un directeur de
télévision pense / / la foule / 9’17 / Plan de foule avec un
homme qui tend les bras au centre : La Foule (King Vidor, 1928)
effet d’iris géométrique et surimpression / au maximum deux
cents films par an. / / la foule / 9’26 / Irving Thalberg / Irving
Thalberg / a été le seul qui / chaque jour / pensait cinquante

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deux films / Id. / la foule / 9’28 / Irving Thalberg, même effet
de transition / Irving Thalberg a été le seul qui / Id. / les
monstres / 9’31 / Freaks (Tod Browning, 1932) / même effet
de transition / / Id. / les monstres / 9’35 / Irving Thalberg /
même transition / surimpression Freaks et Irving Thalberg puis
I. Thalberg seul / Irving Thalberg a été le seul qui / [Une
chanteuse de jazz, (1946, Lane/ Harburg) :] / « I look at you and
suddenly / Something in your eyes I see. » / les monstres / les
rapaces / 9’45 / Même transition / Les Rapaces, dans la vallée de
la mort (Stroheim, 1923) / Irving Thalberg / Irving Thalberg a
été le seul qui / chaque jour pensait 52 films / Id. Suite de danses
au piano / bsf (américain) / les rapaces / 10’00 / Une nuit à
l’opéra (Sam Wood, les Marx Brothers, 1935). Même transition /
/ Piano et Groucho, bsf d’Une nuit à l’opéra, S. Wood, 1935) : /
« Hello Babe, how are you ?… » / une nuit / à l’opéra / 10’12 /
Irving Thalberg, même transition / Irving Thalberg a été le seul
qui / Piano id. / la veuve / joyeuse / 10’14 / La Veuve joyeuse
(Stroheim, 1925) / Même transition / Irving Thalberg / Irving
Thalberg a été le seul qui / Piano id. + bsf / Ben-Hur / 10’26 /
Ben-Hur (Fred Niblo, 1926) / Même transition / Irving Thalberg
/ / Id. / Ben-Hur / 10’34 / Irving Thalberg / Irving Thalberg a
été le seul qui / Id. / la chair / et / le diable / 10’40 / La Chair
et le diable (Flesh and the Devil), (Clarence Bown, 1927) avec Garbo
et John Gilbert. Même transition (x2) / chaque jour pensait 52
films / la fondation / le père fondateur / la fondation / le père
fondateur / Id. / [Ella Fitzgerald :] / « I’m wild again, beguiled
again, a wimpering, simpering… / la chair / et / le diable /
10’54 / Irving Thalberg / Clignotement + iris Vent d’est ou One
+ one ou Scénario du film Passion, 1982 (plan de caméra sur grue) /
le fils unique / child again, bewitched… » / Silence (sur « fils
unique ») / la / marque / [sur le plan de la caméra] / 11’03 / La
Marque du vampire , femme en robe blanche (Tod Browning,
1935) avec Bela Lugosi / noir / Les Enfants terribles / silence / /
11’06 / Clignotement même plan de la caméra (11’46) / et il a
fallu que cette histoire / passe par là / Id. / du / vampire /
11’16 / JLG bibliothèque, iris photographie de Thalberg / Le

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Lys dans la vallée / Id. / l’île au trésor / [V. Fleming, 1934] /
11’20 / Noir / Clignotement même plan caméra + JLG
bibliothèque en surimpression avec visage d’Irving Thalberg /
noir / un jeune corps / fragile et beau / et il a fallu que cette
histoire / passe par là / un jeune corps / fragile et beau /
Machine à écrire / Billy the Kid / [King Vidor, 1930] / 11’28 /
Les Dix commandements, plan de la vieille dame prise dans la pierre
(Cecil B de Mille, 1956) / noir / tel que l’a décrit Scott
Fitzgerald / [allusion à Last Tycoon de Fitzgzerald qui inspirera Le
Dernier Nabab de Kazan] / Les Fleurs du mal [Baudelaire, 1857] /
pour que ça se mette à exister / ça / [en décalage avec ce qui
précède :] / La peste [Camus, 1947] / Machine à écrire (au début
et à la fin du passage) / / 11’36 / JLG bibliothèque en
alternance (rapide et en accord avec la musique) avec une image
de corps entassés (Griffith ?) / noir / la puissance de Hollywood
/ Extrait du 1er mouvement (intitulé « Faust ») de la Faust-
Symphonie de F. Liszt (1854) / / 11’47 / Un opérateur devant la
caméra, tournage de Naissance d’une nation (Griffith, 1915) / / Id.
/ a nickel / 11’50 / Plan style décadence romaine Intolérance
(Griffith, 1916)) et photographie d’un tournage de Griffith / /
Id. / the world / 11’59 / Détail du saint Michel terrassant le dragon
(Raphaël, 1504) en alternance (de plus en plus rapide comme la
musique) avec un plan des décors gigantesques de Babylone
dans Intolérance / noir / / Id. / the world / for / a nickel / 12’12
/ Dessin, design américain, Valentino vers 1925 / noir / / Id. /
films / 12’17 / Deux films en surimpression : Le Cœur de
l’humanité (Holubar, 1918), un plan sur un militaire (E. von
Stroheim) agressant une femme et un plan en surimpression :
une chorégraphie en noir et blanc d’un grand cercle d’hommes
immobiles dans Lady be good (Busby Berkeley, 1941) / / Id. /
trade / 12’23 / Scène de guerre dans La Charge victorieuse
(Huston, 1951)en surimpression les hommes de Lady be good puis
en alternance de plus en plus rapide et en surimpression une
séductrice d’un péplum / / Id. / trade / follows / films / 12’30
/ Noir / Plan : un homme armé, un homme caché terrorisé (Le
Télégraphiste de Londale, 1911) / / Id. (fin) / a / gun / 12’34 /

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Plan de Chaplin derrière une caméra / / [Bsf en français : La
Comtesse aux pieds nus, Mankiewicz, 1954:] / « – (voix de
femme) Qui êtes vous ? – Oh, moi, je ne compte pas, c’est moi
qui dirige les films, qui en écris l’histoire, et mon nom est
Harry… » / a girl / 12’37 / Trois plans : groupe de femmes en
maillot de bain, photographie de Mauritz Stiller en tournage,
alternance rapide Stiller et dessin de pin-up / dire Hollywood /
pour que ça se mette à exister / ça / ça / [Id. bs, énumération de
noms de stars américaines dite par une voix française : voix de
Bogart en anglais en arrière-plan :] / « Oh ! Vous avez déjà mis
en scène Jean Harlow, Carole Lombard. – Je parie que vous êtes
déjà allée plusieurs fois au cinéma…. » / a film / / a film / is / a
girl / and / a gun / 12’50 / Noir / la puissance de Hollywood /
[simultanément et avec une bande-son en anglais :] / « Ce qu’il y
a de plus terrible avec vous Harry, c’est que vous ne saurez
jamais où commence la vie et où… » / « Je sais presque tous les
noms : Lubitsch et Fleming et van Dyke (…) » / a girl / and
[clignotant] / a gun / 13’00 / Surimpression et clignotement :
image d’un film pornographique et deux jeunes femmes comme
terrifiées par le film porno en surimpression, en fait par un
revolver sortant du mur à gauche (Lilian et Dorothy Gish dans
An Unseen Enemy, Griffith, 1932) / Les Enfants terribles [Cocteau,
1929] / pour que ça se mette à exister / ça [en écho] /
Musique ? / / 13’08 / Noir / fondu enchaîné (x2) un homme et
un autre devant une voiture (inscrit à gauche : « studio
entrance »). / la puissance de Hollywood / [Bsf :] « I want to see
that smile on Mendoza’s face when he looks into those big blue
eyes. » (R. Walsh, La Femme à abattre, 1951) / / 13’18 / Un
chauffeur regardant un vieil homme à l’allure modeste baiser la
main d’une dame dans sa voiture / la puissance / Premier
mouvement de La Symphonie inachevée, Huitième Symphonie en si
mineur, D. 759, Schubert, 1822 et bsf (en russe) / / 13’23 /
Femme avec un diadème / de Babylone / Id. Schubert / / 13’28
/ Deux pendus sur l’hélice d’un moulin en alternance avec une
cérémonie (militaire + mariée) (x2) : La Chute de la dynastie des
Romanov (Esther Choub, 1925) / la puissance de Babylone / la

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puissance de Babylone / Bsf id. et passage sombre de La
Symphonie inachevée / / 13’36 / Noir / Danse sur un bateau
d’officiers à la veste blanche et de dames en blanc en alternance
rapide avec une surimpression comme sur un écran les deux
pendus / une usine de rêve [avec réverbération] / L’Inachevée
(plus au loin), canonnade et tambours au pas / / 13’43 / Noir /
/ histoire(s)du cinéma / histoire(s)du cinéma / Machine à écrire
/ / 13’44 / « Soudain », l’inscription en russe : carton du Cuirassé
Potemkine / plan des bombardements sur le palais dans Le
Cuirassé Potemkine (la riposte) / actualité de l’histoire / Id. /
soudain / [sur l’inscription en russe : carton du Cuirassé
Potemkine] / 13’47 / JLG bibliothèque / Les soldats qui
descendent les marches dans Le cuirassé Potemkine / JLG
bibliothèque / noir / histoire de l’actualité / / / 13’50 / Le lion
endormi du Cuirassé / noir / le soulèvement (lions suite) /
histoire du cinéma / Machine à écrire / / 13’53 / La descente
des marches du Cuirassé / / Retour de La Symphonie inachevée / /
13’57 / JLG bibliothèque / noir / L’Archipel du goulag
[Soljenitsyne, 1974-1976] / Silence / / 14’01 / Hommes fusillés
et femme qui pleure / JLG regardant droit devant lui / suite
plan précédent, des corps à terre / JLG id. / noir / / L’Inachevée
suite / Coups de feu / / 14’06 / Discours à la fenêtre de Lénine
/ noir / / Début musique + discours en russe / machine à
écrire / / 14’12 / Foule dans Kino Pravda (Vertov, 1922) en
alternance avec JLG bibliothèque / / Machine à écrire /
L’Inachevée suite [sur plan long de foule] / / 14’22 / Noir / Mon
cœur mis à nu [Baudelaire, 1859-1866] / Id. / / 14’23 / Gros plan
d’une jeune femme dans la scène du « lait » de La Ligne générale
(1929) / / L’Inachevée suite / / 14’25 / Noir / L’Ile au trésor
[Stevenson, 1883] / / / 14’26 / Gros plan d’une autre jeune
femme dans la scène du « lait » / Les Cinq cents millions de la Bégum
[Verne, 1879] / / / 14’30 / Noir / / Id. / kino / 14’33 / La
scène du « lait » alternance : une femme devant le jet du lait
condensé (ralenti), puis un homme et à nouveau cette même
femme et surimpression très brève JLG bibliothèque / Chemins /
qui ne mènent nulle part / [Heidegger, 1950] / Id. la musique

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s’efface sur le plan de la femme au ralenti et sur « chemins »,
puis retour musique / / 14’41 / Noir / / Id. / kino / pravda /
14’43 / Salut militaire de Lénine / / Id. / Machine à écrire / /
14’46 / Noir / / Id. + Machine à écrire / [id.] / 14’53 / Cheval
(Tempête sur l’Asie, Poudovkine, 1929) fondu enchaîné et
alternance avec JLG bibliothèque puis il prend un livre : Le Zéro
et l’infini (Kœstler, 1940) / le zéro / Id. (fort puis lent) / tempête
/ sur / le / cinéma / [sur le plan du cheval avant le fondu
enchaîné] / 15’02 / JLG bibliothèque fondu enchaîné et
alternance plan avion noir et blanc / / Id. (lent) / machine à
écrire / / 15’12 / Noir / / Machine à écrire / kino / 15’19 /
Cinq violonistes au premier plan devant une foule (Vertov ?) /
noir / id. / / Suite Schubert (fort) / prav / da / 15’26 / Noir /
Lénine mort (Kino-Pravda, 1922) / / Id. (lent) / Id. (roulements
de timbales) / usine / / de / 15’36 / Alternance très rapide (id.
musique) montage plusieurs plans de femmes (impression de
décadence) et gros plan d’une femme fumant un cigare : La
Nouvelle Babylone (Kozintsev et Trauberg,1929) / / Id. / de /
15’43 / Noir / plan d’une ville en noir et blanc (un décor en
construction ?) fondu enchaîné et alternance (au début) avec un
texte vu fragmentairement et intitulé « Voilà votre vie » : /
« ouvriers travaillent aux usines Kodak ou / ern Electric ou
Klangfilm-Tobis, à Hollywoo / ille, à Neubabelserg. Sans
ouvriers, il n’y aurai / éma. Sans ouvriers il n’y aurait pas de vie
non / mbres, sur l’écran, peuvent manier le brownin / au
cricket, Mr Eastman peut aimer la mus / tant peut se mettre en
frais d’amabilité avec / naires, M. Hungenberg peut rêver à la
puissance / magne. C’est leur affaire. Les ouvriers doivent » / /
Id. / rêve / 15’52 / Les Lumières de la ville, Chaplin avec le
milliardaire (Chaplin, 1931) / / Id. / rêve / 15’54 / Femme
montrant ses seins dans Sauve qui peut (la vie) en surimpression et
en alternance photographie d’un dîner huppé et arrosé / / Id. /
discours politique / / 15’57 / Noir / Jupiter et Sémélé (Gustave
Moreau, 1894, 1895) iris clignotement avec caméra et Erich von
Stroheim / « ce qui a passé par le cinéma et en conservé la
marque / Plus de musique / / 16’02 / Détail même tableau /

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plan Erich von Stroheim / ne peut plus entrer ailleurs » /
[Bresson, Notes sur le cinématographe, 1975] / « ne peut plus entrer
ailleurs » / une usine de rêve [avec réverbération] / Voix d’Erich
von Stroheim dans La Grande Illusion (Renoir, 1937) : « Croyez
bien que le métier que je fais à présent me répugne autant qu’à
vous. » / Le capitaine de Boïeldieu (Pierre Fresnay) : « vous êtes
sévère ». / / 16’12 / Plan montrant Vertov avec des bobines
35mm / / Von Rauffenstein (von Stroheim) : « J’étais un
combattant, maintenant je suis un fonctionnaire… » / usine /
16’18 / Noir / Gros plan de la bouche d’une jeune fille qui
semble appeler / une usine de rêve [avec réverbération] / des
usines comme ça / le communisme s’est épuisé / à les rêver /
« … mais c’est le seul moyen… de servir la patrie. » / [silence
sur l’« appel » de la jeune fille] / / 16’32 / Noir / Lénine mort
(Kino-Pravda, 1922) / / La Symphonie inachevée ici préparée par un
silence et un noir / il faut rêver / 16’46 / Noir / clignotement
dessin drapeau américain et pin up / / Id. / rêver / 16’52 /
Alternance et clignotement entre film érotique (les fesses nues
presque en gros plan) et une affiche Draculax avec la bannière
étoilée et « US video » qui se superpose aux fesses / noir. / / Id.
/ / 16’56 / Le beau visage d’une jeune femme, La Nouvelle
Babylone (Kozintsev et Trauberg,1929) / / Id. / rêver / 17’00 /
Noir / Femme aux seins nus, des dollars sur le corps / / Id /
rêver / make me / a star / [Make me a star, W. Beaudine, 1932] /
17’10 / Alternance image précédente et enseigne : « Hollywood
revue 30 MGM stars » / une usine de rêve [avec réverbération] /
Id / / 17’15 / Noir / fondu enchaîné et alternance entre un gros
plan sur l’enseigne (centré sur « revue ») et la cérémonie d’une
première de cinéma américain / des usines comme ça [avec
écho] / Id. / / 17’19 / Noir / Surimpression et clignotement
Irving Thalberg et logo MGM (le producteur à la place du lion)
/ et en plus / marié à une des plus belles femmes / de la terre
[un très fort écho] / Id / puis silence / Irving / Thalberg / 17’30
/ Irving Thalberg / en surimpression avec Rita Hayworh sur
une balançoire (iris, coloré sur photographie en noir et blanc) /
noir / [Fin de l’écho et répétition de la même phrase sur le plan

11
de R. Hayworth] / La Symphonie inachevée / [sur R. Hayworth] /
obscurité / oh ! / ma / lumière / 17’49 / Détail peinture : Music
Party (Turner, 1835) fondu enchaîné Ava Gardner fondu
enchaîné Bogart et James Cagney (au volant) dans Les
Fantastiques années 20 (Raoul Walsh, 1939) / fondu enchaîné
Natalie Wood / Chemins / qui ne mènent nulle part / ou dire
l’histoire / de Howard Hughes / Silence (sur peinture et A.
Gardner) / machine à écrire / / 18’12 / Plan signature Howard
Hughes / Bobines montage / photographie de Howard Hughes
en alternance avec bobines / / moteur bobines / Les lourds
accords répétitifs des Augures printaniers du Sacre du printemps
(1911-1913), Stravinsky / seuls / les anges / ont / des ailes /
[sur Hughes] / 18’27 / Noir / avion / foule / avion : plan de
Seuls les anges ont des ailes (Hawks, 1939) / ou dire l’histoire / de
Howard Hughes / moteur, id. Stravinsky, / / 18’32 / Plusieurs
plans de grande parade américaine : arrivée de Lindbergh / et un
plan très court du banquet de l’Inquirer dans Citizen Kane (Orson
Welles, 1941) / plus courageux que Mermoz / et plus riche que
Rockefeller / musique de foire / bsf du banquet dans Citizen
Kane / je vais / / écrire / / 18’47 / Howard Hughes / logo
RKO / Howard Hughes / / [Bsf, La Règle du jeu :] /
« …performance qui n’a d’égal, mes chers auditeurs, / mon nom
/ / partout / / Ecrire / mon / nom / partout / 18’55 / Noir /
Journaliste au micro (ouverture de La Règle du jeu) / / que celle
réalisée il y a une douzaine d’années par Charles Lindbergh. (Le
voilà ! le voilà !) Le voici (cris de la foule)… » / / 19’00 /
Alternance feu d’une mitraillette dans Scarface (Hawks, 1932) et
un avion qui survole New York / / id. Stravinsky / mitraillette /
« Come on, fellows. » (Scarface) / Une belle / machine / à écrire
/ 19’11 / Noir / photographie de Méliès / L’Espoir [Malraux,
1937] / [en contrepoint :] / producteur de Citizen Kane / et
patron de la TWA / Id. Stravinsky / / 19’17 / Photographie et
signature de Howard Hughes / comme si Méliès / avait dirigé
Gallimard / en même temps que la SNCF / Id. Stravinsky +
machine à écrire / avion / émission de radio : / « … Howard
Hughes prend son vol vers Paris » / / 19’21 / La photographie

12
d’une pin-up sur une plage avec une bicyclette et en
surimpression une lettre en anglais (on y devine NBC ou TV) /
noir / Mon cœur mis à nu / L’Ile au trésor / « première étape de son
raid autour du monde » / avion / By [sur plan plage] / Bye [sur
plan noir] / 19’29 / Lauren Bacall s’enfuit par une porte /
contrechamp de l’autre côté de la porte, un homme assis, l’air
dépité : Pourquoi j’ai tué (Siodmak, 1948) / Les Cinq cents millions de
la Bégum / [J. Verne, 1878] / Id. Stravinsky / « L’appareil survole
bientôt les gratte-ciel de New York » / un captif amoureux / [Jean
Genet, 1986] [typographie titre Gallimard] [clignotement] /
19’35 / Avion qui survole New York / Méliès / noir / Chemins
que ne mènent nulle part / Id. Stravinsky / « Seize heures trente cinq
après son départ Howard Hugues apparaît dans l’espace du
Bourget et atterrit, apportant avec lui le film de son départ. » / /
19’44 / Clignotement : Méliès/ logo NRF/train nommé Viva
villa (film de Hawks ?) / comme si Méliès / avait dirigé
Gallimard / en même temps que la SNCF / Machine à écrire /
/ 19’52 / Noir / alternance logo des films de Méliès et plan
nature/eau, une femme nage / et avant que la Hughes Aircraft
se mette / à repêcher au fond du Pacifique / les sous-marins de
la CIA / « … non sans le courageux Howard Hugues pour son
magnifique exploit. A minuit trente, l’appareil brillant sous les
feux des projecteurs est sorti de son hangar. Le « Cyclone »
prend son vol vers Moscou. » / / 20’03 / Noir / / avion /
enfant / de / salaud / 20’06 / Femme sortant d’un lit dans
L’Enfer est à lui (Raoul Walsh, 1949) / Logo RKO / il obligeait
les starlettes de la RKO / à faire chaque samedi / une
promenade en limousine / à deux à l’heure / pour ne pas risquer
d’abîmer / leurs seins en les faisant rebondir / Id. Stravinsky / /
20’12 / Alternance femme sur voiture avec une chemise sur
laquelle est inscrit Hollywood et dessin d’un visage de femme
américaine et gros plan Howard Hugues + plan femme de dos
regardant un homme traverser la rue : Le Grand sommeil (Hawks,
1946) / à deux à l’heure / Id. Stravinsky / impuissant / / enfant
/ de / salaud / 20’17 / Noir / Judy Garland à côté d’une voiture
/ pour ne pas risquer / Id. Stravinsky / tu ne viens / jamais /

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me voir / [lettres décalées] / 20’21 / Noir / d’abîmer leurs seins
/ Id. Stravinsky / jamais / 20’23 / Surimpression Howard
Hughes / Maríe Madeleine (Jose Ribera, 1640-1941) et une femme
aux seins nus qui saute / en les faisant rebondir / ÀStravinsky se
mêle, de façon dissonante, l’introduction instrumentale de Came
so Far for Beauty (Leonard Cohen, 1979). / / 20’33 /
Photographie de Marlène Dietrich / noir / / Id. Stravinsky et L.
Cohen / / 20’34 / Détail d’un dessin illustrant Robinson (Defoe,
1719) / et mort / comme Daniel Defoe / Suite introduction L.
Cohen / / 20’36 / Robinson, film de Buñuel, 1952) : Robinson
avec une longue-vue / fondu enchaîné l’entourant d’avions de
guerre Seuls les anges ont des ailes (Hawks, 1939) / n’a pas osé faire
mourir Robinson / Suite introduction L. Cohen : / « I came so
far for beauty » / [interrompu brièvement par Stravinsky] / /
20’44 / Surimpression des photographies de R. Hayworth et
d’A. Gardner puis une des deux seule : Seuls les anges ont des ailes
(Hawks, 1939) ? / / « (I left) so much behind » / + moteur
(banc de montage) / angels / only / have wings / 20’54 /
Bobines banc de montage fondu enchaîné détail Robinson, id. / /
+ moteur / « My patience and my family » / / 21’02 / Robinson
id. en alternance avec Jane Russell et le soutien-gorge du
scandale dans Le Banni (Hughes, 1941). Bobines banc de
montage / / « My masterpiece unsigned / I thought I’d be
rewarded / For such a lonely choice » / / 21’21 / Banc de
montage fondu enchaîné : une femme qui court vers une porte
puis retour au ralenti, Les Coulisses de Brodway (James V. Kern) /
banc de montage / Robinson id. / / « And surely she would
answer » / retour bref de Stravinsky id. / « To such a very
hopeless voice » / reprise de Stravinsky / / 21’48 / Robinson id. /
/ Id. Stravinsky / bsf : « Look at that », un gémisssement / tout
/ lui appartenait, / mais ce n’était là / qu’un détail, / l’important
était / de démêler / à qui / il appartenait lui / 21’56 / Noir / /
/ Billie / Virginia / Jane / Terry / Ann / 21’58 / Noir / / /
Adèle / Jane / Faith / Joan / Ginger / 22’01 / Plan de la vieille
femme dans Jour de colère (Dreyer, 1943) en alternance avec Rita
Hayworth (ralenti) dans Gilda puis en alternance avec la gravure

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d’un Robinson / noir / / Cacophonie (chanson de Rita
Hayworth et bruits de foule) / Rita / 22’10 / Le corps de la
vieille femme en feu sur une croix qui tombe, dans Jour de colère
(Dreyer, 1943), fondu enchaîné, même gravure puis avec Rita
Hayworth dans Gilda (Charles Vidor, 1946) et clignotement
rapide autre gravure du même Robinson / / [Put the blame on
Mame, Rita Hayworth :] / « They once had a shootin’ / up in the
Klondike when they got Dan McGrew / Folks were puttin’ the
blame on / the lady known as Lew / that’s the story that /
[interrompu : went around, but…] / / 22’22 / Noir / / here’s
the real lowdown / Put the blame on mame / la / sorcellerie / à
travers / les âges / [Christensen, 1921] / 22’29 / Générique, le
titre d’Ordet (Dreyer, 1955), le verbe / iris Robinson (id. 20’35) /
noir / / boys, / put the blame on mame » / / interruption
brutale / bsf du Banni, (Hughes, 1941) : / « Doc Holliday : You
know, I think he’s in love with you. / Rio : What you are talking
about ? / D. H. : The crazier a man is for a woman, the crazize
he thinks and the crazier he acts. » / au / cœur / des / ténèbres
/ [Conrad, 1902] / 22’42 / Plan Ordet (Dreyer, 1955), le père
appelle Johannes / Surimpression avec Rita Hayworth (au ralenti
et arrêt sur image) et couple en arrière fond / / « Rio :He’s only
crazy about one thing, himself. / D. H. …if he’s crazy enough
to do you like this, maybe he’s crazy enough to come back to
turn you loose… / Rio : He doesn’t care anything about me, he
won’t never come back. / D. H : Maybe so… » /
[Simultanément :] / « Johannes ! Johannes ! » / [et encore
simultanément Rita Hayworth :] / « Put the blame on mame
boys… » / [interruption sur le plan de Rita H. au ralenti] / Rita
Cansino / [le nom de Rita Hayworth.] / / Howard / / [sur les
plans de Rita Hayworth] / 23’00 / Noir / / Machine à écrire /
combien de / puissances / ténébreuses / étaient / en droit /
23’06 / Noir / dire par exemple toutes les histoires des films qui
ne se sont jamais faits / Machine à écrire / de le réclamer /
23’11 / Pellicule avec éclairage de projecteur / [Une voix de
femme ; Julie Delpy, lit Rilke :] je suis seul / semble dire l’objet /
donc / pris dans une nécessité / contre laquelle / vous ne

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pouvez rien » / [par dessus, JLG dit :] / La Condition humaine
[Malraux, 1933] / Don Quichotte [Cervantès, 1605-1615] /
Humiliés et offensés [Dostoïevski, 1861] / [Suite J.Delpy :] / si je ne
suis / que ce que je suis / je suis indestructible / étant ce que je
suis / Id. / / 23’33 / Noir / et sans réserve / ma solitude
connaît la vôtre / Machine à écrire / / 23’34 / Eisenstein au
montage, fondu enchaîné une jeune fille qui rit (scène de l’église)
puis un petit garçon saluant au milieu des blés, Le Pré de Béjine
(1935-1937) / [J. Delpy :] / tous les dragons de notre vie / sont
peut-être des princesses / qui attendent de nous voir beaux et
courageux / toutes les choses terrifiantes / ne sont peut-être que
/ des choses sans secours / qui attendent que nous les
secourions / [Lettres à un jeune poète, Rilke, 1929] / Deuxième
mouvement (dit « l’absence ») de la Sonate pour piano en mi bémol
majeur n° 26, opus 81a, dite « Les adieux », de Beethoven,
(1809/1810) / bsf en russe / le / pré / de / Béjine / 23’56 /
Noir / / Suspension de la Sonate / bsf film en espagnol / /
23’58 / JLG bibliothèque / / id / / 24’00 / Le Marchand de
Venise (Orson Welles, 1969) un plan de Shylock embrassant sa
fille sur le front / noir / / id / / 24’04 / JLG bibliothèque /
Don Quichotte, 1868, Daumier / Vénus au miroir (Velázquez, 1649-
1650) femme nue / iris puis visage d’homme dans Don Quichotte
(Welles, 1957-1975, film inachevé) / dire par exemple / toutes
les histoires des films / Retour Sonate / / 24’13 / Noir : JLG
bibliothèque / noir / [J. Delpy :] / Oui / la nuit est venue / un
autre monde se lève / Id. puis bsf en espagnol / / 24’18 /
Desdémone étouffée sous une étoffe blanche (Welles, Othello,
1952). / dur et cynique / Id. / / 24’21 / Noir / analphabète
amnésique / Id. / / 24’24 / Photographie Orson Welles / noir /
tournant sans raison étalé mis à plat / Bsf seule / / 24’29 / Au
ralenti, un prestidigitateur avec un oiseau blanc qui effraie J.
Cotten (Voyage au pays de la peur, N. Foster, 1942) / comme si on
avait supprimé / la perspective / Id. / it’s / all / true / [Welles,
1942, inachevé, un épisode de 50’ présenté en 1993] / 24’33 /
Gros plan de Welles avec gant blanc et chapeau cadrant quelque
chose, la main sur l’œil (Vérités et mensonges, O. Welles,1973) / le

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point de fuite / / / 24’37 / Gros plan de Jean Renoir fondu
enchaîné La Loge (A. Renoir, 1874 ) et La Chanteuse de café (ou au
gant) de Degas (1878) / et le plus étrange / c’est que les morts
vivants de ce monde / sont construits sur le monde d’avant / /
/ / / / 0’00 / Ouverture au noir / Fragment d’une page de
L’Image (Beckett, 1988) : / « plus la peine la – dans la boue le –
plus soif la langue – se referme elle lo – droite à présent –
l’image » / / noir / / [bsf, L’Homme de la plaine, A. Mann,
1955:] / « –…quelques renseignements. – Pour quelles raisons te
fourres-tu là dedans Charlie ? – J’suis un vieux solitaire comme
vous M. Lockhart. Je ne pense pas que nous ayons échangé dix
mots pendant le voyage, mais je crois vous connaître à fond… /
/ 0’13 / Noir / / … et j’aimerais être votre ami. » / cogito /
ergo / video / 0’19 / Un enfant derrière une vitre comme en
négatif, Le Pré de Béjine (Eisenstein, 1935-37) en alternance
avec la femme en blanc des Pastorales tahitiennes (Gauguin
1892) puis noir et alternance rapide / noir / [Bresson, Notes sur
le cinématographe, 1975 :] « sois sûr d’avoir épuisé / tout ce qui
se communique / par l’immobilité et le silence / … ne peut plus
entrer ailleurs » / [sur noir] / Après le mot « silence » , Sonate
pour violon et piano, opus 134, Chostakovitch (1968), 3e
mouvement, largo. / Un cri de mouette (King Lear) après le
triple forte des deux instruments (et sur le noir) / canal / plus /
/ pré / sente / 0’52 / Image en négatif : le couple au projecteur
de La Prison puis gros plan de l’homme puis la première image
en positif (La Prison, Bergman, 1949) / « ce qui a passé par le
cinéma / et en a conservé la marque / Chostakovitch id. :
première variation au violon en pizzicatos + cri de mouette. /
l’ange / [en rouge sur plan 1] / 0’59 / L’enfant des
Contrebandiers de Moonfleet (Lang 1955) devant le pendu (que
l’on ne voit qu’à partir de la taille, les mains attachées) / noir /
ne peut plus entrer ailleurs » / Chostakovitch id. + cri de
mouette. / mais / 1’06 / Plusieurs visages entourent
Estelle/Nadia Sibirskaïa (en blanc) évanouie dans les bras de
Batala/Jules Berry dans Le Crime de Monsieur Lange (Renoir,
1935) / noir / / / Chostakovitch id. + cri de mouette. / d’autre

17
deuil / [sur le plan du Crime…] / 1’10 / Un homme avec un
enfant (mort ?) dans les bras, Les Trois lumières (Lang, 1921) /
/ « D’abord les gens sont beaucoup plus malheureux qu’on ne
croit et puis le fond de tout… » / Chostakovitch id. + cri de
mouette. / je me tais / 1’15 / Surimpression d’une peinture
(femme à la robe bleue et à la tête rouge) avec un cow-boy qui
tire sur un indien, Les Deux cavaliers (Ford 1961) / / « c’est
qu’il n’y a pas de grandes personnes. » / Chostakovitch id. + cri
de mouette. / et ainsi / 1’20 / seulement la peinture / noir / /
mais pour moi, d’abord, la mienne / mon histoire /
Chostakovitch id. + cri de mouette. / « Toute l’eau de la mer ne
suffira pas pour effacer une tâche de sang intellectuel. » /
[Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont, Poésies I] /
commence / 1’23 / La sorcière de Blanche-Neige et les sept
nains (D. Hand, 1937) / et qu’est-ce que j’ai à faire avec tout ça
/ toute cette clarté [écho et ralenti] / toute cette obscurité [écho
et ralenti] / Chostakovitch id. + cri de mouette. / « Vous
pleuriez… » / un film / la sept / fr 3 / gaumont / jlg films /
1’32 / Noir / / parfois le soir [écho et ralenti] / « Maintenant
pleurez dans l’obscurité » / cri de mouette / / 1’34 / Un
homme transpercé d’une flèche dans La Furie du désir, K.
Vidor, 1953. / / cri de mouette + le Prélude de Psycho avec son
motif ostinato (Hermann, 1960) / le / cinéma / / 1 / histoire /
seule / [en orange] / 1’42 / Portrait de femme au béret rouge
(Picasso, 1937) en surimpression apparaissant à peine un cow-
boy à cheval / noir / / Id. / / 1’45 / Surimpression : un homme
à droite, caméra ou appareil photographique à gauche et pellicule
qui défile au centre / noir / / / Id. / pour / John / Cassavetes
/ 1’47 / Surimpression et alternance rapide entre la peinture de
Picasso, le cow-boy puis des hommes à cheval qui mettent le feu
/ noir / / Id. / / 1’51 / Un homme sur une route les deux bras
tendus, une femme plus loin (Vent d’est, Godard et Gorin,
1969) en surimpression à gauche un train rouge ou de la pellicule
qui défile et fait des allers et retours avec flou de vitesse qui
semble tirer par le bras gauche de l’homme / noir / / Hermann
id. / pour / Glauber / Rocha / 1’57 / Tableau : un buste de

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femme avec la main sur le nombril en surimpression avec visage,
même tableau, clignotement très rapide / noir / / Hermann id.
puis interruption brutale avant le noir / un film / cnc / rtsr /
vega / 2’04 / Même plan du couple au projecteur de La Prison,
au centre défilement de pellicule / noir / parfois le soir
quelqu’un chuchote / dans ma chambre [écho, ralenti] / je
ferme la télévision / mais le chuchotement continue / [écho,
ralenti, répétition, tous les mots se mélangent et deviennent
presque indistincts] / bsf en russe : une voix d’homme (en
même temps que Godard) / l’ange / [en rouge, plan 1 : en partie
masqué par la pellicule] / 2’10 / Ingrid Bergman à terre dans
Stromboli (Rossellini, 1949) en surimpression (ralenti puis
accéléré) avec un plan en plongée d’une rue pavée avec une
voiture en feu à gauche et un homme (blessé) et une femme au
centre Week-end (Godard, 1967). La surimpression donne
l’impression que Bergman a le visage sur les pavés et le dos en
feu. Le plan du fond change, le même couple sur la route, avec
une même voiture en feu à gauche, puis la femme fermant la
marche. / histoire de la solitude / solitude de l’histoire / bsf en
russe : une voix de femme / / 2’26 / Noir (+ écrit) en
alternance repété avec même plan du couple au projecteur de La
Prison (Bergman) / / [premiers accords introductifs au piano de
Leben ohne Liebe Kannst Du nicht, Marlène Dietrich,
Spoliansky (mus.) et Gilbert (texte), chanté par Margo Lion dans
Nie wieder Liebe, 1931 :] / histoire (s) – du – cinéma / [en
double, en rouge et blanc, décalé] / 2’30 / Deux hommes dans
les bambous, Une histoire de vent (Joris Ivens, 1988) / noir /
même plan de l’homme au projecteur de La Prison / /
Id. :« Zwei Jahre war ich deine Braut… » / + vent / le / vent /
/ une / [sur le plan de l’homme au projecteur] / 2’36 / Lillian
Gish en train de creuser dans la terre et dans le vent, Le Vent
(Sjöström, 1928) / / Id. : « das war mein ganzes Malheur... » / +
vent / his / toire / 2’56 / Même plan bleuté de la femme au
projecteur (Bergman) / / Id. / seule / 3’02 / Même plan Le
Vent / en accéléré puis ralenti : Heurtebise/F. Périer, le
chauffeur de la mort dans Orphée (Cocteau 1949) au téléphone

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/ noir bref / [voix de François Périer :] / « ainsi le soir
quelqu’un chuchote / dans ma chambre / mais est-ce le vent /
ou mes ancêtres ? » / [JLG simultanément :] / J’ai demandé à
celui-ci / qui fait le chauffeur de la mort / dans le film de
Cocteau / de dire cette phrase / et j’ai appelé le film / Une place
sur la terre [sur noir] / « Leben ohne Liebe kannst du nicht, /
wenn man auch den Himmel dir verspricht! » / écrit / sur / du
/ vent / l’éternel / retour / [Delannoy 1943] / 3’14 / Femme au
bord d’un lac, Ecrit sur du vent (Sirk, 1955-1956) : elle lance un
caillou / / noir / / et j’ai appelé le film / Une place sur la terre /
[second titre de Soigne ta droite, Godard, 1987] / « Alles kannst
du haben / [bruit du caillou jeté dans l’eau, Ecrit sur du vent] /
und hast doch keine Ruh’, / denn ein bisschen Liebe gehört nun
mal dazu! » / Maria Casarès et Jean Marais / dans Orphée
(Cocteau, 1960) :] / « Orphée. – Enfin, madame…
m’expliquerez-vous ?… » / written / on / the / wind / gone /
with / the / wind / 3’21 / Même couple au projecteur de La
Prison en surimpression avec une pellicule qui défile très
rapidement (sur la pellicule : El Dorado, Hawks, 1967) /
photographie de Maria Casarès et Jean Marais cherchant de ses
mains l’ouverture du miroir pour l’autre monde (Orphée). La
surimpression donne au miroir l’apparence d’un écran de cinéma
puisqu’on y voit apparaître des images et que derrière le miroir, il
y a ce visage de femme figé / / noir / / « La Princesse. – Rien.
Si vous dormez, si vous rêvez, acceptez vos rêves, c’est le rôle
du dormeur » / « Orphée. – J’ai le droit d’exiger des
explications. » / « La Princesse. – Vous avez tous les droits, cher
monsieur, et je les ai tous ; nous sommes quittes » / [Intermède
d’Orphée et Eurydice, Gluck, 1762 :] / « Orphée. – Madame !
Arrêtez cette musique. Il y a dans la chambre à côté, un mort et
les hommes qui l’ont tué. Je vous le répète, j’exige… »: / « La
Princesse [sur noir, glissement de la bande-son ]. – … que vous
ne touchiez pas à cette radio. » / / 3’48 / Même plan : le couple
au projecteur de La Prison et pellicule qui défile au centre (on
distingue un cow-boy sur un photogramme (L’Homme qui tua
Liberty Valance ?) / noir / même surimpression avec miroir,

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pellicule et visage de Casarès / / [La voix de Cocteau avec dans
Orphée :] / « La radio. – Ecoute, les miroirs feraient bien de
réfléchir davantage » / [Retour bref de Leben ohne Liebe :] /
« aber leben ohne Liebe nicht! » / le / cinéma / 1 / histoire
seule / [à la fin de la série] / 3’54 / Noir / même plan : le couple
au projecteur de La Prison et pellicule qui défile au centre puis
au centre et plus rapproché : Orphée/Marais derrière le miroir,
puis même photographie de Casarès / / noir / mais pour moi,
d’abord, la mienne / mon histoire / et qu’est-ce que j’ai à faire
avec tout ça / toute cette clarté / [écho et ralenti] / Troisième
mouvement (« La Tentation de saint Antoine ») de la Symphonie
« Mathis der Maler » (Mathis le peintre), Hindemith,1933-1934 /
/ 4’03 / Voyage dans la steppe à l’arrière d’un camion dans
Alenka (Barnet, 1961) : une femme et un enfant, la tête
recouverte d’un foulard ; sur la route poussiéreuse, l’ombre
d’autres camions passant dans la perpendiculaire à l’horizon/
noir / / / Id. + machine à écrire / la / terre / [Dovjenko, 1930]
/ 4’16 / Visage d’un homme de profil allumant une cigarette,
Détective (JLG, 1985) puis, surimpression d’une main tenant
une bougie, Ivan le terrible (Eisenstein, 1944-46) / Ainsi parlait
Zarathoustra / [Nietzsche, 1883-85] [à la fin de la série]
[chuchoté au loin] / Id. (violent roulement de timbales) /
chapitre / un b / 4’25 / L’homme au projecteur (image bleutée)
/ noir / l’homme au projecteur de La Prison puis surimpression
avec l’homme s’allumant une cigarette id. et Ivan id. puis, toutes
les flammes semblent s’étendre dans un fondu au noir / noir / /
Les Voix – Les Voix du silence / [Malraux, 1951] / Les Voix /
[sur noir] [chuchoté au loin] / Introduction du deuxième
mouvement du Quatuor à cordes n° 1, opus 7, de Béla Bartók
(1908-1909) / his / toire / 4’38 / Femme au projecteur id.
(image bleutée) / Les Voix du silence [chuchoté au loin] / Id.
Bartók / / 4’40 / Même surimpression Ivan et l’homme à la
cigarette, mais cette fois il y a deux mains autour de la bougie qui
semblent saisir le visage de l’homme au briquet. Une main se
retire en même temps que le visage de l’homme au briquet
disparaît puis par un clignotement c’est l’homme au briquet qui

21
reste à l’image / noir. / histoire de la solitude / solitude de
l’histoire / Lumière d’août / [Faulkner, 1932] [chuchoté au loin]
/ le cinéma projetait [v1] / Les Hauts de Hurlevent [chuchoté]
[Emily Brontë, 1847] / Id. Bartók / his / toire / 4’48 / Le
couple au projecteur de La Prison id. (image bleutée) / et les
hommes ont vu / que le monde était là / Vol de nuit /
[chuchoté au loin] [St Exupéry, 1931] / / / 4’52 / Noir / Le
couple au projecteur de La Prison id. (noir et blanc) / Un
monde encore presque sans histoire [sur noir] / mais un monde
qui raconte / [bsf : femme :] « Oh ! » / [Homme :] « What do
you think it is ? » / [à la fin de la série] / / 4’54 / Noir /
alternance et clignotement Ivan se relevant dans son lit et tenant
la bougie et l’homme au briquet / « mais pour au lieu de
l’incertitude / installer l’idée et la sensation / François Jacob, La
Logique du vivant, 1970 ] / Id., suite avec bruit d’armes et de
foule / / 5’05 / Noir / les deux grandes histoires / ont été le
sexe et la mort / [Id. homme :] / « Get out before I shoot
again » / le son / 5’06 / Dans le désert, Pearl/Jennifer Jones en
plan rapide se hissant sur un rocher ; atteinte par une balle, elle
met sa main à l’endroit de la blessure (Duel au soleil, K. Vidor,
1946) / / Id. foule+ arme à feu / Motif introductif du premier
mouvement (Allegro) du Quatuor à cordes n°5 de Béla Bartók
(1934) / / 5’11 / Noir / J. Jones, en plongée, se hissant / noir /
Jones, touchée par une balle, tombe (très beau raccord) / le
cinéma projetait / les hommes ont vu / que le monde était là /
un monde encore presque sans histoire / mais un monde qui
raconte / Id. / l’i / mage / [sur noir] / 5’24 / Noir / elle se
relève et saisit son fusil / / Id. / Id. / 5’31 / Noir / / [Enchaîné
à Bartók : Ballad of the Absent Mare, Leonard Cohen, 1979 :] /
« And there’s nothing to follow / viendra / 5’33 / Jones id. se
hissant (ralenti), les mains ensanglantées au premier plan avec
iris / / There’s nowhere to go / She’s gone like the summer /
gone like the snow / / 5’40 / Noir / / And the crickets are
breaking / oh ! / temps / 5’43 / Id. suite (elle semble de plus en
plus affaiblie) / / his heart with their song / as the day caves in
/ and the night is all wrong » / Interrompu par l’ostinato de

22
Psycho (Hermann, 1960) / / 6’02 / Noir / / / de la / 6’06 / La
terre et la main de Jones dans la terre / noir / la main dans la
terre suite / / Hermann id. / / 6’08 / Noir / / Hermann plus
violent / oh ! / temps / 6’13 / Plan frontal de J. Jones les mains
ensanglantées au premier plan / / Id. / / 6’15 / Noir / /
Hermann id. / de la / 6’17 / Suite Jones puis changement de
plan : un homme lui offre sa main, elle parvient à la saisir et
fermeture à l’iris au noir / histoire de la solitude / solitude de
l’histoire / Hermann id. / de la / résurrec / tion / [Lettre aux
Corinthiens, saint Paul] / [au moment où elle saisit sa main ; sur
noir] / 6’28 / Elle lui caresse le visage de ses mains
ensanglantées (ralenti) / / le cinéma projetait / les hommes ont
vu / que le monde était là / un monde encore presque sans
histoire / mais un monde qui raconte / Hermann id., passage du
motif ostinato à un motif mélodique, puis retour avec l’ostinato
d’un danger imminent / / 6’41 / Noir / « mais pour au lieu de
l’incertitude / / amor / e / 6’44 / Ils s’embrassent et elle meurt
(ralenti) / installer l’idée et la sensation » / les deux grandes
histoires / ont été le sexe et la mort / Id. (comme au moment de
la chute du corps de Marion dans Psycho) / / 6’56 / Une
femme met ses doigts dans la bouche comme face à l’effroi le
plus terrible Passion (JLG, 1981) / / / kiss / me / deadly / [En
quatrième vitesse, Aldrich, 1955] / 6’58 / Visage d’un enfant
criant se mettant la main sur la bouche ou est-ce une main
d’adulte cherchant à étouffer son cri ? L’Amore, Rossellini, 1948
/ Le Parfum de la dame en noir / [G. Leroux, 1908] / / kiss /
me / deadly / [En quatrième vitesse, Aldrich, 1955] / 7’01 /
Surimpression : La Reine Marie-Anne (Velázquez, 1652-53) et
banc de montage puis banc de montage seul dans Passion (JLG,
1981) / / Moteur banc de montage / / 7’05 / Lee Miller de
profil (1930) en surimpression avec banc de montage / noir /
Des histoires de beauté, en somme / la beauté, le maquillage /
dans le fond le cinéma ne fait pas partie / de l’industrie des
communications / ni de celle du spectacle / mais de l’industrie
des cosmétiques / de l’industrie des masques / Id. + machine à
écrire / [successivement :] / Lee Miller / beauté / explosante /

23
fixe / 7’22 / Banc de montage puis surimpression d’un détail de
Gabrielle d’Estrée et sa sœur, la Duchesse de Villars (Ecole de
Fontainebleau, 1594). La bobine est aussi grande que le buste de
la femme et sa pointe ressemble presque à celle du sein de la
femme / noir / La Princesse de Clèves / [Madame de Lafayette,
1678] / Le Rendez-vous de Senlis / [Anouilh, 1937] / Id. / /
7’32 / Surimpression : bobines de banc de montage et visage
inquiétant et son reflet, (l’un est dans la bobine, le reflet sur la
pellicule) – Chaplin se maquillant en surimpression avec les
bobines du banc de montage, Les Feux de la rampe (Chaplin,
1952) / noir / En surimpression : Buster Keaton (Film,
Schneider, Beckett) également âgé, également à la table de
maquillag avec les bobines de banc de montage / Le Théâtre et
son double / [Artaud , 1938] / [Bsf : la voix de Jules Berry, le
Diable des Visiteurs du soir, Carné, 1942 :] / « Pardonnez-moi,
je ne me suis pas présenté. Il est vrai que mon nom, mes titres
ne vous diraient pas grand’chose. Je viens de si loin. Oublié dans
son pays, inconnu ailleurs, tel est le destin du voyageur » /
Machine à écrire / Deuxième mouvement du Quatuor à cordes
n° 1, opus 7, de Béla Bartók (1908-1909) / ossessione /
[Visconti, 1942] / / films / 7’42 / Fondu enchaîné avec JLG à
sa bibliothèque – le couple au projecteur de La Prison / / Id.
Bartók. / films / 7’48 / Iris : au centre l’homme au projecteur
(image bleutée) et autour un homme souriant (en haut) que
rejoignent en courant une femme et un autre homme (au ralenti)
et le centre disparaît.Notre pain quotidien (Vidor, 1934) /
Angèle, l’air si triste, avec son bébé (Pagnol, 1934) en
surimpression avec la pellicule défilant au ralenti / noir / / Id.
(le violoncelle seul dans les graves) / bsf d’Éléna et les hommes :
« Non. Non ! » / / 7’58 / Surimpression et alternance entre
Hitchcock au centre en contre-plongée avec les mains en avant
comme un chef d’orchestre et le plan d’un homme (Mel Ferrer)
se jetant sur une femme (Ingrid Bergman) en l’embrassant dans
le cou (Éléna et les hommes, Renoir 1956) / noir / Même plan
Hitchcock seul puis en surimpression avec Marnie portant
l’effroi sur son visage d’être ainsi dénudée (alternance entre le

24
plan sur le visage et le plan sur la chemise de nuit qui tombe sur
ses jambes) – les mains de Hitchcock entourent son visage
comme ses jambes, Pas de printemps pour Marnie (Hitchcock,
1964) / noir / Visage de Marnie – jambes de Marnie en
surimpression avec bibliothèque JLG et fumée de cigare / dans
le fond le cinéma ne fait pas partie / de l’industrie des
communications / ni de celle du spectacle / mais de l’industrie
des cosmétiques / de l’industrie des masques / des masques /
[avec écho et ralenti inquiétant] / qui n’est elle-même qu’une
mince succursale / de celle du mensonge / [ralenti et écho
inquiétant] / Id. Éléna et les hommes (la musique de danse
commence sur la chute de la chemise de nuit de Marnie) / une /
industrie / de la / mort / [sur Hitchcock seul puis sur le visage
de Marnie terrorisée] / 8’18 / Iris ouverture / fermeture : au
centre, JLG et bibliothèque et cigare remettant ses lunettes et
regardant au loin et autour, le même plan le couple au projecteur
de La Prison / / fin de la musique de danse / [Voix de Jean
Renoir :] / « … existe non seulement dans le temps, mais existe
dans tout … » / l’ange [en rouge] / c’est / par / là / 8’21 /
Noir / iris ouverture / fermeture au centre, Le couple au
projecteur de La Prison (i verte) et autour Gary cooper entouré
d’hommes devant une femme assise dévoilant ses jambes,
(Boule de feu – est-ce le bon titre ? Hawks, 1941) / / « … tout
est relatif , nous sommes entourés de vérités relatives et il n’y a
que des vérités relatives… » / c’est par là / 8’26 / Le couple au
projecteur de La Prison / Renoir en contre-plongée dos à un
écran de cinéma / noir / / « tout dépend des circonstances du
moment. J’appartiens encore… » / c’est par là / 8’28 /
L’homme au projecteur (image bleutée) / Renoir sur fond jaune
visant dans une caméra puis surimpression avec Cyd Charisse
exhibant ses bas et dansant dans La Belle de Moscou
(Mamoulian, 1957) / noir / / « … à la vieille école des gens qui
croient à la surprise de la vie, qui croient au documentaire… » /
[The Night They Invented Champagne (Frederick Loewe,
compositeur) la chanson de Gigi (Minnelli, 1958) :] / « The night
they invented Champagne, / It’s plain as it can be, / They

25
thought of you and me. / l’ange / [en rouge] / 8’41 /
Surimpression Renoir et alternance avec une jambe de Gigi et
Carmen X/Maruschka Detmers en culotte rouge passant devant
un homme assis et lui caressant les cheveux (Prénom Carmen,
JLG, 1963) / noir / fondu enchaîné : la femme au projecteur de
La Prison (image bleutée), clignotement / La commissaire
soviétique sortant dévêtue de derrière le rideau, Gigi en
surimpression avec Renoir / noir / la femme au projecteur
(vert) / noir / la femme au projecteur en plan plus rapproché
clignotant / / [Renoir :] / « et qui croient qu’on aurait tort de
négliger le soupir qu’une jeune fille pousse malgré elle… » /
[The Night… :] / « The night they invented Champagne, / They
absolutely knew, / That all we’d want to do / Is fly to the sky on
Champagne, / And shout to everyone in sight: / That since the
world began, / No woman or man / Has ever been as happy /
Eléna / et / les / hommes / [sur Cyd Charisse sortant du
rideau] / 9’00 / Carmen X en culotte rouge (Prénom Carmen)
au ralenti attrapant un fruit sur une table basse et poursuivie par
l’homme dont elle caressait les cheveux et qui lui arrache à
moitié sa culotte en tombant (avec iris ouverture / fermeture) /
Renoir dirigeant / noir / / [Julie Delpy, id. :] / « oui / oui » / as
we are tonight ! » / / 9’04 / Renoir seul qui semble diriger une
scène (même posture qu’Hitchcock) au centre et iris ouverture /
fermeture avec pellicule qui défile puis alternance, clignotement
avec pieds de Cyd Charisse et différents plans très colorés d’une
danse en groupe (La Belle de Moscou) et de Gigi/L. Caron
dansant chez elle avec Gaston/L. Jourdan : de plus en plus
accéléré ou ralenti avec des arrêts, des retours en arrière,
impression de vitesse accentuée par l’autre surimpression de
défilement de pellicule / [Julie Delpy, suite :] / « la nuit est
venue / un autre monde se lève / dur cynique analphabète
amnésique tournant sans raison étalé mis à plat / comme si on
avait supprimé / la perspective le point de fuite / et le plus
étrange / c’est que les morts vivants de ce monde / se
construisent sur le monde d’avant / leurs réflexions / leurs
sensations sont d’avant » / [le dernier mot est prononcé sur les

26
derniers mots de la chanson de Gigi] / « The night they invented
Champagne, / It’s plain as it can be, / They thought of you and
me. / They absolutely knew, / That all we’d want to do / Is fly
to the sky on Champagne, / And shout to everyone in sight: /
That since the world began, / No woman or man / Has ever
been as happy / as we are tonight! » / / 9’38 / Dernier plan de
danse très ralenti er surimpression avec défilement de pellicule /
noir / / histoire (s) / histoire (s) du cinéma / [lent et grave] / /
c’est par là / 9’47 / JLG cigare et bibliothèque, il lit, fume et
parle en alternance avec une gravure représentant un
photographe derrière sa chambre noire dans la nature /
Autoportrait de Cézanne, 1861-62 / histoire / [répétition par
écho] / c’est par là [dit avec violence et regard caméra] / c’est
par là qu’il revient au spectacle / / l’histoire, / pas celui / qui la
/ raconte / 9’56 / Noir / Autoportrait de Cézanne id. fondu
enchaîné avec la femme au projecteur de La Prison / / on ne
peut pas expliquer autrement / que le cinéma / en héritant de la
photographie / a toujours voulu faire plus vrai que la vie /
[bsf :] / « c’est par là » / l’ange [sur la femme au projecteur] /
10’2 / Le Grand pin (Cézanne, 1892-96) / JLG en fondu
enchaîné très lent avec l’Autoportrait de Cézanne / [J. Delpy :] /
« un tableau / tel qu’on puisse le mettre / dans la cellule d’un
condamné » / [JLG : ] / c’est par là qu’il revient au spectacle /
[répétition par écho] / à l’isolement perpétuel / [Delpy, toujours
avec l’écho de JLG :] / « sans que ce soit une atrocité / au
contraire » / / / 10’11 / JLG id. / noir / Je disais / ni un art ni
une technique / [il regarde la caméra sur le dernier mot] / / /
10’16 / Vieillard regard-caméra, Tabou (Murnau, Flaherty, 1931)
fondu enchaîné un homme (avec une casquette de marin) visant
dans une caméra / [JLG avec répétition par écho :] / on ne peut
pas expliquer autrement / que le cinéma / en héritant de la
photographie / a toujours voulu faire plus vrai que la vie / /
tabou / 10’25 / Même vieillard de Tabou, fondu enchaîné gros
plan d’une main tenant un couteau / [JLG, id.:] / Assassins et
voleurs / [Voix de Guitry :] / « Et nous, hein ? / Et nous, /
l’histoire, / pas celui / qui la / raconte / 10’35 / Noir /

27
alternance très rapide de trois photographies de Guitry : jeune en
chapeau blanc écrivant sur un tableau (un arrêt sur cette photo),
plus vieux avec lunettes et chapeau de paille, de profil, et en
vieillard en plongée sur son lit avec ses bobines (les mouvements
s’inversent et donnent une impression de heurt par la collision
rapide des plans) / / les petits, les obscurs, les sans-grades, /
Nous qui marchions fourbus, blessés, crottés, malades, / / 10’43
/ Noir / / Guitry assis sur son lit id. / / noir / [JLG :] Assassins
et voleurs / le dernier film de Guitry (1956) / Sans espoir de
duchés ni de dotations , / Nous qui marchions toujours et
jamais n’avancions; / … Marchant et nous battant, maigres, nus,
noirs et gais… / Nous nous ne l’étions pas peut-être, fatigués ? »
/ [Après le mot « maigres » on entend la musique d’Antoine
Duhamel pour Week-end (JLG, 1967)] / [bsf de Week-end, une
douce voix d’enfant : / « alors, tu viens, tu viens ?… » / le /
roman / [sur noir 1]/ / d’un / tricheur / [sur noir 2] / [Le
Roman d’un tricheur, Guitry, 1936) / 10’57 / Noir / / photo
d’une scène de marché (Fanny, Allégret, 1932) / photo de
Brecht / [JLG : ] / « bientôt, chaque matin / il n’aura plus
besoin d’aller au marché / où l’on vend des mensonges /
bientôt, il ne se rangera plus / tout joyeux du côté des
vendeurs » / 1. Aucun requin ne doute qu’il ne soit bien équipé.
/ 2. Un poisson qui ne sait pas danser le menuet est digne de
mépris. / 3. Aucun poisson n’est sûr d’être bien équipé s’il n’a
trois rangées de dents. / 4. Tous les poissons excepté les requins
sont gentils avec les enfants. » / le / cinéma / [sur le plan du
marché] / 11’14 / Photographie de Brecht id. / [J. Delpy :] /
« sois sûr d’avoir épuisé / tout ce qui se communique par
l’immobilité et le silence » / [Bresson, Notes sur le
cinématographe, 1975] / [simultanément JLG :] / j’ai enregistré
cette phrase de Brecht / et j’ai demandé à Fritz Lang / de la dire
à Brigitte Bardot / / [toujours sur la photo de B.B.-Brecht :] / le
/ pauvre / BB / / je / fais / des / bijoux / pour / les / pauvres
/ / 1 / histoire / seule / 11’20 / Noir / iris ouverture /
fermeture rapide, au centre la femme au projecteur de La Prison
(bleutée), autour : bobines et pellicule puis au centre B.B. dans

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Le Mépris, dans son bain lisant une monographie sur Lang en
alternance avec une autre image de B.B. où elle est brune,
souriante et semble beaucoup plus jeune (au moment du bruit
de l’accident) / [JLG suite :] / et j’ai appelé le film / Le Mépris /
Bruit de moteur de voiture qui va très vite et bruit d’accident / 1
/ histoire / seule / [sur B.B.-Bardot] / 11’30 / Noir / Brecht id.
en plan plus rapide – iris au centre B.B. dans l’Alfa-Roméo /
accident, au centre, l’homme au projecteur de La Prison (image
bleutée) / / Machine à écrire. / 2e mouvement, Sostenuto e
pesante de la Sonate pour piano (1926) de Béla Bartók / / 11’42
/ Surimpression JLG biblibliothèque et Bardot, l’accident dans
Le Mépris puis B.B. seule / Le Diable au corps / [Radiguet,
1923] / Id. Bartók / / 11’45 / Noir / iris au centre B.B. accident
/ Mépris et autour, le couple au projecteur de La Prison /
[JLG :] / histoire des siècles futurs / Joseph et ses frères /
[Thomas Mann, 1935-1948] / Id. Bartók / [la voix de
Paul/Piccoli dans Le Mépris :] / « donc une réalité telle qu’elle
se présente objectivement ? » / [Lang :] / « exactement, et dans
une forme qui ne se décompose pas » / [caractères entremêlés :]
/ [en arrière-fond :] / histoire / (s) / du / cinéma /
[apparaissent successivement :] / les – actes / les – heures / les
– acteurs / de – l’histoire / 11’59 / Corps nu de Bardot allongée
sur couverture bleue, en alternance rapide avec photographie de
Lang jeune (au monocle) dans les années 20 — il semble se
retourner sur le corps allongé de la star et son visage est au
niveau de ses fesses, c’est-à-dire de l’objet du plan, puisqu’on ne
voit pas son visage — puis au ralenti B.B. en noir et blanc
fermeture à l’iris / / Id. Bartók + machine à écrire / [Lang
suite : ] / « … et qui est à prendre ou à laisser. » / [Camille/BB :]
/ « … je me tais parce que je n’ai rien à dire » / 1 / histoire /
seule / / bon / dit-il / [sur Lang] / / soir / dit-elle / [sur BB] /
/ 12’11 / Noir / surimpression JLG bibliothèque / cigare et
dernier plan du Mépris Paul dit au revoir à Lang sur le tournage
de la séquence du retour d’Ulysse (la flamme du briquet de JLG
au centre de l’image du Mépris) / / Hermann, Psycho / Paul :
« au revoir Monsieur Lang » / Lang : « au revoir, à bientôt

29
j’espère » / [sur noir] JLG assistant de Lang / [Toujours bsf Le
Mépris, voix de JLG : « Monsieur Lang, on est prêt », les
directives de tournage : « silenzio…camera… motore… Sette
cento uno, prima ! avanti.. azione !… » / / 12’42 / Noir /
l’homme au projecteur de La Prison (bleuté) fondu au noir,
femme au projecteur de La Prison (vert) / dernier plan du
Mépris en surimpression avec JLG, bibliothèque et cigare, qui
lève les yeux au ciel. / [dans la continuité du travelling, Delpy dit
un extrait de Bresson de Notes sur le cinématographe, 1975 :] /
« si une image / regardée à part / exprime nettement quelque
chose » / L’Adagio religioso, deuxième mouvement du
Troisième concerto pour piano et orchestre (1945) de Béla
Bartók / [Toujours bsf Le Mépris :] « travelling… carello » /
naissance / du / cinéma / 13’01 / Noir / [Bresson suite :] / « et
si elle comporte une interprétation » / bande-son de la séquence
de La Splendeur des Amberson / Reynaud De / meny Muybri /
dge Janssen / Cros Edison / 13’07 / Une femme mûre et une
jeune femme de dos accueillent un jeune homme dans un
mouvement circulaire qui se perpétue tout au long de l’extrait,
La Splendeur des Ambersons (Welles, 1942) puis iris
clignotement photographie des frères Lumière puis clignotement
avec une photo de Stroheim sur le tournage des Rapaces (1923)
puis clignotement avec une gravure de Goya, un corps
recroquevillé et qui crie puis encore clignotement, les frères
Lumière (toujours avec le tournoiement des Amberson) / [Suite
Bresson :] / « elle ne se transformera pas / au contact d’autres
images / les autres images n’auront aucun pouvoir sur elle / et
elle n’aura aucun pouvoir sur les autres images / ni action ni
réaction / elle est définitive et inutilisable / dans le système du
cinématographe » / [silence] / [JLG :] / ou tout au début /
l’histoire des deux frères / ils auraient pu s’appeler abat-jour /
mais ils s’appelaient Lumière / ils avaient presque la même
bobine / Id. / / 13’47 / noir /alternance, clignotement : un
dessin sur les débuts du cinématographe et photographie de
Lumière au microscope / [JLG :] / et ils avaient presque la
même bobine / depuis ce temps là il y a toujours deux bobines /

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Id. / Au piano seul, l’Adagio religioso, deuxième mouvement du
Troisième concerto pour piano et orchestre (1945) de Béla
Bartók / toi / moi / [sur plan Lumière] / 14’00 / Fondu
enchaîné : photographie de Garbo de profil dans un miroir (elle
est donc double) / [JLG :] / pour faire du cinéma / une qui se
remplit et une qui se vide / Bartók id. et suite / sans / avenir /
14’07 / Le couple au projecteur de La Prison (bleu) / [JLG :] /
une qui se remplit et une qui se vide / Bartók id. / louisi / ana /
story / [Flaherty, 1948] / 14’10 / Noir / photographie de
Flaherty avec sa monteuse, Hélène van Dongen, regardant la
pellicule, (vers 1947) / surimpression : défilement pellicule et un
couple qui s’embrasse puis alternance avec photo1 puis
alternance surimpression défilement pellicule et Welles /
Hayworth dans La Dame de Shanghai (Welles, 1948) / [JLG :] /
Comme par hasard en vidéo / on a appelé la bobine de gauche /
l’esclave / et celle de droite le maître / ô mon Karl / moteur / /
14’23 / Noir / Une femme masquée derrière des barreaux au-
dessus desquels est inscrit en rouge : « malade », Ici et ailleurs
(JLG, 1975) / noir / Keaton l’air si triste dans La Croisière du
Navigator (Keaton, 1924) fondu enchaîné bobine de film noir et
blanc – l’homme au projecteur et mouvement vers la femme au
projecteur de La Prison / ô ma Rosa / [sur noir] / Id. / sans /
avenir / [sur plan bobine de film] / [homme au projecteur : avec
le l en rouge de l’ange] / 14’39 / Fondu enchaîné : un ange qui
vole l’air désespéré (avec iris), détail de la « Lamentation » des
Scènes de la vie du Christ (Giotto, 1304-06) avec un très beau
visage de sainte dans une lumière douce en noir et blanc (saint
Sébastien soigné par Irène « à la torche », Georges de La Tour,
1649) puis la surimpression du projecteur de La Prison
« mange » son visage / [voix de François Périer qui lit Hermann
Broch, La Mort de Virgile, 1945 :] / « c’est parce qu’une dernière
fois / la nuit rassemble ses forces / pour vaincre la lumière… »
/ [simultanément JLG :] / de dire / c’est de voir / [suite
Broch :] / « mais c’est dans le dos » / [JLG :] / et j’ai appelé le
film / Une place sur la terre / et j’ai appelé le film / Une place
sur la terre / Catherine Ringer : exercice pour la voix (fin) / bon

31
/ dit-il / [en bas à gauche sur l’ange de Giotto] / soir / dit-elle /
[sur Irène du tableau de La Tour] / l’ange / extermi / nateur /
[en rouge sur Irène] / terre / sans / pain / [en jaune sur Irène] /
15’04 / Un homme (F. Périer) dans l’obscurité maniant un
projecteur, Soigne ta droite (JLG, 1987) / [JLG :] / c’est qu’un
projecteur de film / est obligé de se souvenir de la caméra / et
que le cinéma n’est une industrie / Bsf Soigne ta droite (moteur)
/ / 15’11 / Le couple au projecteur de La Prison / de l’évasion
/ que parce qu’il est d’abord le seul lieu / Id. / histoire / de la /
projection / [sur :] l’ange [en rouge et en transparence] / 15’14 /
Noir / Très beau visage en très gros plan d’une jeune femme
derrièredes barreaux, Prison sans barreaux (Léonide Moguy,
1938) / [JLG :] / où la mémoire est esclave / [texte de Broch
simultanément :] / « mais c’est dans le dos / que la lumière / va
frapper la nuit » / Bruit de projecteur / les / esclaves / du /
désir / 15’19 / Lent fondu enchaîné avec homme et femme (il la
tient dans ses bras) dans un paysage sous la pluie, I Confess, La
Loi du silence (Hitchcock 1953), lent fondu enchaîné : homme
et femme séparés par des barreaux, Pickpocket (Bresson, 1959)
/ noir / [Broch suite :] / « et d’abord / très doux / comme si on
ne voulait pas l’effrayer » / [un réel silence avant le texte de
Broch] / rythme de battements de cœur / Catherine Ringer
chantonne au loin (dans Soigne ta droite pour l’enregistrement
de l’album The No comprendo) / la / loi / du / silence / [sur
plan 1 et plan 2] / / L’enfer / est / à / lui / [Raoul Walsh,
1949) / 15’33 / Id. l’homme au projecteur de La Prison /
Soigne ta droite / La Loi du silence id. / lent fondu enchaîné,
une barque dans la nuit (un homme qui rame et une femme), La
Fiancée de Glomsdale (Dreyer, 1925) lent fondu enchaîné La
Loi du silence id. / [Broch suite :] / « le chuchotement que
l’homme a déjà perçu / il y a longtemps / ô si longtemps / bien
avant que l’homme existe / le chuchotement recommence » /
[Id. C. Ringer : ] / « Ce secret qui me fend le cœur » / [Bsf
Johnny Guitare, N. Ray, 1954, sur la musique de Victor Young :]
/ Johnny : Don’t go away. / Vienna : I haven’t moved. /
Johnny : Tell me something nice. / Vienna : Sure, what do you

32
want to hear ? / Johnny : Lie to me. Tell me all these years
you’ve waited . / Vienna :All those years I’ve waited… / la /
poursuite / du / bonheur / [sur plans 2 et 3] / / voyage / sans
/ retour / [T. Garnett, 1932] [sur plans 3 et 4] / 15’54 /
Impression de raccord avec La Loi du silence id. (ils arrivent
vers la maison que nous voyions au loin), mais le bras de
l’homme semble être celui d’un squelette / et que le cinéma n’est
une industrie de l’évasion / que parce qu’il est d’abord le seul
lieu / [une répétition par l’écho telle que ce n’est plus vraiment
intelligible] / [Johnny Guitar, de moins en moins audible :] /
Johnny : Tell me you’d a-died if hadn’t come back. / Vienna : I
woulda died if you hadn’t come back. / Johnny : Tell me you
still love me like I love you. / Vienna : I still love you like you
love me » / [Sonnerie de téléphone stridente :] / « Allô ! ne
quittez pas ! » – « Allô ! allô ! allô ! » (voix de Piccoli ) / sauve /
qui / peut / [Sauve qui peut (la vie), JLG, 1979] [gros caractères]
/ 16’04 / Surimpression d’une salle avec une porte qui s’ouvre
lentement et photographie de Henri Langlois (sur la droite, il
semble être derrière la porte) vers 1950 – puis photographie de
Langlois seul avec une affiche sur laquelle est inscrit :
« cinématographe » et une fresque qui, dans le plan précédent
semblait être sur le mur – un plan de mer avec lumière de soleil
couchant et retour photographie de Langlois avec des flashs de
début de bobine : 1 – 2 – 3 / noir / / [Début de If It Be Your
Will, / Leonard Cohen, 1984 :] / « If it be your will / That I
speak no more » / Bsf Johnny Guitare / Henri / Langlois /
16’25 / Un « homme à la caméra » (plan du film de Vertov ,
1929) à contre-jour et en surimpression avec Johnny à cheval
dans Johnny Guitare (N. Ray, 1954) / [JLG :] / le vagabond [sur
plan 1] / des étoiles [sur plan 2] / Musique et bsf : Johnny
Guitare / l’homme / à / la / caméra / [Vertov, 1929] / 16’30 /
Noir / JLG bibiothèque, il prend le livre de Diderot en
surimpression avec une photographie ancienne deux hommes
barbus et leur appareil photo puis avec un dessin ou une gravure
d’une femme dans une imprimerie devant une épreuve / Jacques
[un arrêt] le fataliste / [Diderot, 1773] / Candide / [Voltaire,

33
1758] [deuxième surimpression] / Hermann, 1960 (Psycho) /
naissance / de / l’extérieur / / naissance / du / cliché / /
candid / camera / 16’44 / Le couple au projecteur de La Prison
(bleu) / / plan d’un opérateur + un appareil photographique 6x6
au second plan / noir / fondu enchaîné une femme se dirigeant
vers un homme endormi à la table, Alionka, (Barnet, 1961) /
héritier de la photographie / oui / Machine à écrire / l’ombre /
d’un / doute / [Hitchcock, 1943] / 16’53 / noir / Barnet, id.
suite : la femme éteint la lampe, fragment de texte avec iris :
« Dès lors, elle – nd silence de ce pays s – aurait plus de train –
là qu’à neuf heures vin – la haie à petits pas, da – mme si elle eût
fait une – les sentiers dé » / Barnet, id. suite : la femme dans le
noir / [J.Delpy :] / « enfin les objets que nous avons / sous les
yeux » / [JLG simultanément:] / héritier de la photographie /
oui / [JLG, sur un autre ton, plus grave, plus lent, plus lointain :]
/ les jeunes filles en fleurs / [À l’ombre des jeunes filles en
fleurs, Proust, 1919] / [Bsf Touchez pas au grisbi, Becker, 1954 ;
Gabin au téléphone:] / - Ah bonjour, Monsieur Max… / - Eh
bien justement, on vient de transporter Monsieur Riton / /
17’05 / noir /Surimpression JLG bibliothèque et Zola avec son
appareil photographique / Puis surimpression : Zola id. et
Carette devant sa locomotive dans La Bête humaine (Renoir,
1938) / [JLG :] / héritier de la photographie / oui / mais en
héritant de cette histoire / le cinéma n’héritait pas seulement de
ses droits / à reproduire une partie du réel / Machine à écrire /
[Bsf Touchez pas au grisbi :] / - Qu’est-ce qui lui est arrivé
d’après vous à Monsieur Riton ? / - Ma foi je n’en sais trop rien,
il vaudrait peut-être mieux demander à Mademoiselle Josie
quand elle reviendra / / 17’21 / Jean Seberg dansant avec un
homme (effet de saccade) dans Bonjour tristesse (Preminger,
1957) / mais surtout de ses devoirs / et s’il hérita de Zola, par
exemple / ce fut pas de L’Assommoir / ni de La Bête humaine
/ Id. / - C’est tout ? / - Ouais, c’est tout / la / bête / humaine /
/ bonjour / tristesse / [Sagan, 1954 ; Preminger, 1957] / 17’31 /
Photographie en couleur, femmes devant la mer, par les frères
Lumière puis surimpression avec jeune femme à table / [voix

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mêlées] [J.Delpy :] / « enfin les objets que nous avons sous les
yeux » / [JLG :] / mais d’abord d’un album de famille / c’est-à-
dire de Proust et de Manet / [J.Delpy :] / « se limitent les uns les
autres » / Machine à écrire / / 17’36 / Noir / homme sur un
âne qui montre quelque chose, à un jeune homme à côté de lui,
(Pagnol, peut-être Merlusse, 1935) puis fondu enchaîné : Raimu
regardant au loin avec deux femmes et O. Demazis regardant
vers le bas (son bébé) puis fondu enchaîné plan précédent puis
fondu enchaîné avec un défilé de mannequins / [J.Delpy suite :]
/ « l’air sert de bornes aux collines / et les montagnes à l’air / la
terre délimite la mer / et la mer à son tour délimite toutes les
terres / mais au-delà du tout / il n’y a rien pour le terminer » /
[Gabin, suite :] / Il m’emmerde ce Riton depuis l’temps qu’ça
dure… / [simultanément, sur le défilé, Actualités :] / « Le
centimètre joue un rôle primordial dans cette élection… » / /
17’48 / Clignotement, noir et plan rapproché sur C. Hessling,
Nana clignotement (Renoir, 1926) / « mais au-delà du tout / il
n’y a rien pour le terminer » / [Id. :] Faut toujours qu’il fasse des
conneries. / Il est bête ! Mon Dieu c’qu’i peut être bête ! / Nana
/ [Zola, 1880 – Renoir, 1926] [en jaune] / 17’56 / Noir /
clignotement iris ouverture/fermeture rapide, au centre star
américaine, Rita Hayworth très jeune qui sourit et relève ses
cheveux au ralenti et autour, la photographie de Zola avec sa
fille Denise à la très belle chevelure noire dans le jardin de
Verneuil puis au centre La Prune (Manet, 1877) / [JLG :] / mais
d’abord d’un album de famille / c’est-à-dire de Proust et de
Manet / Hermann, id. 1960 / [bsf Touchez pas au grisbi :] /
L’plus marrant, c’est qu’i’s’prend pour un caïd sous prétexte qu’il
est courageux. Ben il est p’t’être gonflé, mais c’qu’i peut être con.
J’aurais jamais dû me mettre avec un imbécile pareil. Qu’est-ce
que j’aurais pas fait dans la vie / [suite Actualités, sur R.
Hayworth :] / « Une jolie brune est proclamée Vénus
moderne… » / au / bonheur / des / dames / [Zola, 1883] [en
jaune] / 18’10 / Photographie de Zola avec son appareil photo /
/ si j’l’avais pas eu tout le temps derrière moi. / faux / tographe
/ 18’11 / Iris/ ouverture / fermeture rapide,clignotement

35
fragment de texte [À l’ombre des jeunes filles en fleurs :] / « ait
– dédaigné, la dernière – ure, celle qui, quand toute –, sait nous
faire pleurer e – nous pour mieux dire, mais – ards, dans un
oubli plus ou – ice à cet oubli seul que – tre – retrouver l’être
que – vis des choses comme » [avec, au centre, La Prune (Manet,
1877) – En bateau (homme avec canotier sur un canot avec une
femme) (Manet, 1874) / / Ah, c’est bien de ma faute, j’aurais dû
travailler tout seul… C’est c’ que j’aurais dû faire. Au lieu de ça,
j’ai fait du sentiment. / / 18’22 / Noir / iris, au centre un
homme (R. Novarro) et une femme morte dans Thy Name Is
Woman (F. Niblo, 1924) et autour le couple au projecteur de La
Prison (vert) puis au centre visage de femme, détail du Tango de
l’archange (van Dongen, 1930) / [JLG : ] / et pour aller du
début à la fin / de ce livre immense / avec quoi les hommes ont
violé / désespérément la nature / pour y semer / Touchez pas
au grisbi, Gabin murmuré. / J’accuse / [sur noir][Zola, 1898 ;
Gance, 1919 et 1938] / 18’30 / Le couple au projecteur de La
Prison (vert) / noir / clignotement / iris / ouverture /
fermeture / rapide au centre, un soldat endormi de la
« Résurrection » (Scènes de la vie du Christ, Giotto, 1304-1306)
et autour, le détail abstrait et très coloré d’un tableau de Matisse
probablement (couleurs et dessin sont très proches de ceux de
L’Odalisque) puis iris au noir, fragment de texte (les premières
lignes de La Princesse de Clèves) : / « La magnificience–en
France avec tant–années du règne de H–galant, bien fait et–pour
Diane de Poitier–comme [sous-titre qui empêche de voir] avait–
pas moins violente… » / [fondu enchaîné autre texte, Faulkner :]
« …on grand-père entra, profitant–pour faire un discours, les
jeux dej–plus rien, comme le sont ceux des gen–à s’entendre
parler en public : « Au mo–lutte pour se relever de sous le talon–
que, alors que l’avenir même du Sud, en–femmes et nos enfants
puissent vivre de faç–du labeur de nos mains, que les seuls–ions,
ceux sur quoi nous puissions compt–êteté et la tolérance des
noirs ainsi que la fi–lérance des blancs ; que toi, dis-je, un h–
ssayait de passer à travers la foule–déjà trop tard, comme si
la… » / la puissance de leur fiction / pour aller de Giotto à

36
Matisse / et de Madame de Lafayette à Faulkner / il faudra cinq
fois moins de temps / qu’il a fallu à la première locomotive /
pour qu’elle devienne / Hermann, 1960 (Psycho) / [sur texte] /
au / paradis / perdu / [sur plan 1] / 18’41 / Noir / texte de
Faulkner id., fondu enchaîné : photographie ancienne en noir et
blanc d’hommes déposant du goudron à l’aide d’un camion à
l’apparence de locomotive / le TGV / Klaxons / / 18’44 / Man
Hunt/Chasse à l’homme (Lang, 1941) : une femme court
entourée d’une foule de gens pressés (dans une gare) en
alternance et clignotement, iris rapide avec un train qui fonce
vers nous au centre et un autre en sens inverse duquel un
homme tombe (J. Cotten, L’Ombre d’un doute, 1943)
[l’association donne l’impression que le train va écraser la
femme] / noir / / / Id. / / 18’49 / Travelling ascendant vers un
enfant sortant la tête d’un wagon de marchandises / des soldats
allemands referment la lourde porte d’un wagon de
marchandises au ralenti, Nuit et brouillard (Resnais, 1955) /
surimpression Mireille Darc grimaçant de colère dans Week-end
(sur le bruit des klaxons du train) et JLG bibliothèque les yeux
vers le lointain / noir / / / Sonnettes — Klaxons sur plan
Week-end / / 18’56 / Noir / plusieurs plans, clignotement
rapide du train (ensemble / roue / foule) dans L’Arrivée d’un
train en gare de La Ciotat (Lumière, 1895) et La Roue (Gance,
1923)/ noir / / [JLG :] / le cinéma / Klaxons / Enchaînant sur
un klaxon, l’introduction du 5e mouvement (Allegro molto) du
Quatuor à cordes n°4 de Béla Bartók (1928) / que prolonge
Pacific 231 (Honegger, 1923) / la / roue / 19’18 / Iris
couverture de livre : « L’Image » (Beckett, 1988) / noir / Vierge
à l’enfant, détail de la « Fuite en Égypte » (Scènes de la vie du
Christ, Giotto, 1304-06) / noir / Jeanne les mains enchaînées et
priant les yeux clos, Jeanne au bûcher (Rossellini, 1954)
clignotement, iris ouverture/fermeture rapide avec le couple au
projecteur de La Prison et répétitions sur le plan de la
couverture du livre puis clignotement avec JLG bibliothèque
L’Image / noir / / comme le christianisme / ne se fonde pas sur
une vérité historique / le cinéma comme le christianisme / le

37
cinéma comme le christianisme / [pause] / le cinéma comme le
christianisme / ne se fonde pas sur une vérité historique /
Pacific 231 (Honegger, 1923) / / 19’31 / Noir / / il nous donne
un récit / Id. / I / confess / [en rouge] / 19’34 / Femme
changeant un aiguillage (Sur la voie, Léonce Perret, 1914), fondu
enchaîné femme id. en plan plus rapide et JLG bibliothèque les
yeux toujours dans le lointain tenant La Princesse de Clèves
(Madame de Lafayette, 1678) dans une main et Absalon,
Absalon ! (Faulkner, 1936) dans l’autre,puis clignotement avec
couverture de L’Image et femme id. puis cette même femme
seule et en plans plus rapides / une histoire et nous dit
maintenant crois / non pas accorde à ce récit / à cette histoire la
foi qui convient / de l’histoire / mais crois quoiqu’il arrive / et
ce ne peut être le résultat / de toute une vie / tu as là un récit /
ne te comporte pas avec lui / comme avec les autres récits
historiques / wie zu einer anderen historischen Nachricht /
Klaxons / Judex / [en rouge] / [Feuillade, 1916, Franju, 1964] /
19’55 / fondu enchaîné : L’Image (couverture) et femme en très
gros plan, l’air enragé, Genuine : a Tale of a Vampire (Wiene,
1920) / donne-lui une place tout autre dans ta vie / Sifflement et
dialogue de M le maudit (Lang, 1931) / / 20’04 / Une femme
allongée avec une énorme araignée sur le cœur et un homme
penché au-dessus d’elle, Les Araignées, (Lang, 1919-20) puis
clignotement, iris rapide : L’Image id. / laß sie eine ganze andere
Stelle / in deinem Leben einnehmen / M le maudit, suite / /
20’10 / Noir / / M le maudit, suite (« Hast du den Mann
gesehen ? ») / Troisième mouvement de la Symphonie « Mathis
der Maler » (« La Tentation de saint Antoine), Hindemith (1933-
1934) / le / cinéma / / le / re dites / / re dites / le / / 1 /
20’32 / La Main (Giacometti, 1947) / la main va vers le haut / /
Id. (musique très forte à la fin du plan 1 et bsf de M le Maudit) /
l’image / [haut / gauche] / 20’45 / Lent fondu enchaîné une
main qui touche le sol, Le Procès de Jeanne d’Arc (Bresson,
1961) :la main va vers le bas, les deux mains se chevauchent
dans le lent fondu enchaîné / / Hindemith id. / viendra / [bas
gauche] / 20’57 / Très lent fondu enchaîné : une main très

38
blanche, paume vers le haut, entre deux mains brunes et un
fragment de main en haut à droite / noir / / / Id. / oh ! /
temps / 21’12 / Un couple dans un lit dehors surplombant la
mer ou un lac (peut-être Le Dit des années de feu, Youlia
Solntzeva, 1961) / Johannes avec la petite fille, Ordet (Dreyer,
1955) fondu enchaîné un lit vide marqué par l’empreinte (très
profonde, inquiétante) d’un corps / noir / / / Id. (très tendu) /
oh ! / temps / 21’23 / L’œil avant d’être tranché dans Un chien
andalou (Buñuel, 1928), fondu enchaîné : un très gros plan de
l’homme au projecteur (avec des restes des lettres de L’ange) /
noir / / / Id. (violent roulement de timbales) / l’image / viendra
/ au / temps / de / la résurrection / [en un éclair sur plan 1 et
plan 2] / 21’33 / Un ange posant la main sur l’épaule d’un jeune
homme (Rembrandt, 1650), très lent fondu enchaîné David avec
la tête de Goliath (Le Caravage, la version de 1610 dans laquelle
le peintre donne son visage à Goliath) très lent fondu enchaîné,
un corps mort et des mains au-dessus, détail de La Leçon
d’anatomie du docteur Joan Deyman (Rembrandt, 1656) puis
clignotement l’œil homme au projecteur de La Prison (avec le
rouge des lettres de L’ange) / / Silence et id. (plus lent) / l’image
/ viendra / au / temps / de / la résurrection / [sur Caravage] /
21’48 / Noir / / l’œil tranché du Chien andalou / / Noir / / /
Id. (lent) et début (Langsam) de la Musique funèbre pour alto et
instruments à cordes (Hindemith, 1936) / le / cinéma / [sur
noir 2] / / le / re dites / / re dites / le / / 2 / 22’12 / À contre-
jour, Birgitta marchant vers la lumière et son suicide, La Prison
(Bergman, 1949) / fondu enchaîné et surimpression Marnie
déposant des fleurs blanches chez sa mère et repartant, au
ralenti, Pas de printemps pour Marnie (Hitchcock, 1964) ; /
Marnie disparaît, seul persiste le premier plan puis revient
Marnie avec les glaïeuls rouges / La série se termine sur Birgitta
seule avec cette grande lumière qui entre / / Hindemith id. /
une / industrie / de / l’évasion / [bas gauche] / / le / lieu / seul
/ [haut droite sur la surimpression Hitchcock-Bergman] / / où
/ la / mémoire / est / esclave / [sur dernier plan] / 22’52 /
Noir / / Id. (de plus en plus grave) / le / cinéma/ / le / re dites

39
[deux fois]/ / re dites / le deux fois]// / 3 / 23’14 / Visage
d’un homme ensanglanté, fondu enchaîné le même homme en
plan plus large se relevant au milieu d’éclats de miroirs, fondu
enchaîné, un groupe d’hommes armés tenant un cadavre, Païsa
(Rossellini, 1946) / noir / / / Hindemith id. / Bsf Païsa bruits –
cri (après noir) / l’héritage [plan 1] / / de la / photo [plan 2] /
[bas gauche dans les deux cas] / 23’28 / Même plan groupe
d’hommes, fondu enchaîné surimpression avec des résistants qui
courent et tombent sous les balles / / Hindemith id. et bsf Païsa
/ / 23’32 / Noir / le couple au projecteur de La Prison (vert)
clignotement et détail du Jugement dernier (portail de droite de
la cathédrale de Reims, XIIIe siècle) puis clignotement très
rapide (à peine perceptible) avec un corps jeté à la mer puis plan
sur l’eau : deuxième corps et troisième corps jetés / noir / /
Bsf : le bruit des corps tombant dans l’eau / dove la liberta /
[vert clignotement] [Rossellini, 1954] / 23’45 / Noir / / Bsf :
hiver 1944, vne voix off annonce en italien la fin de la guerre /
(La terra trema, Visconti, 1948) / le / cinéma / / le / re dites /
/ re dites / le / / 24’00 / Jeune fille tenant la tête dans ses mains
puis autre plan sur une autre, la jeune fille se retourne au ralenti
au même rythme que la caméra panoramique dans l’autre sens
(la lumière s’apparente à celle d’une peinture), dans La terra
trema et retour au noir avec la fin du mouvement tournant
(Visconti, 1948) / / Bsf id.. et début de la bs de La Fièvre dans
le sang,, Kazan, 1961 : dialogue de Deanie avec sa mère, cris. /
re dites / le / / 4 / 24’08 / Surimpression de deux plans :
Deanie/N. Wood se jetant sur son lit et N. Wood autre plan à
l’arrêt devant un lit puis retour au premier plan dans La Fièvre
dans le sang / / les deux bsf suite / à / l’ombre [bas gauche] / /
des / jeunes / filles / 24’16 / Noir / surimpression, fondu
enchaîné N. Wood allongée sur son lit en larmes (la tête dans le
coussin) et dans l’autre sens, Baby doll allongée dans le berceau
suçant son pouce (Kazan, 1956), les deux plans en alternance et
plus rapprochés (on voit davantage le visage de N. Wood qui se
retourne) / / Bsf id. / La Fièvre… : gémissements et : / « You
know what I mean » / [sur le visage soudain souriant de Deanie]

40
/ Hindemith suspendu / en / fleurs / 24’27 / Surimpression N.
Wood embrassant la photographie de son fiancé sur le miroir
(sous d’autres photographies accrochées au mur) et le visage de
Baby Doll / / reprise Hindemith id. / en / fleurs / 24’35 / N.
Wood en larmes et comme en prière au pied de son lit, fondu
enchaîné avec Baby Doll / / / en / pleurs / 24’40 / Noir /
clignotement rapide Deanie / N.Wood : crise de nerfs dans son
bain / noir / / Cry Baby (Janis Joplin, 1971) : / « Cry Baby… »
/ [sur noir 2] / Lolita [Kubrick, 1962] / / Lili [Charles Walters,
1953] / / Moni / ka [Bergman, 1952] / / Zoia [Lev Amshtam,
1944] / / Baby / Doll / 24’53 / Baby Doll suçant son pouce id.
en fondu enchaîné avec La Femme dans les vagues (Courbet,
1868) [le corps nu de la femme semble sortir de la femme-
enfant) / / Chant de femme a capella / / 24’57 / Noir / le
couple au projecteur de La Prison (vert) / noir / le couple id.
(plus rapide, bleu) / / Id. / / 25’03 / Un militaire devant une
femme à laquelle on bande les yeux (Jericho, Calef, 1945), fondu
enchaîné femmes dans un bassin, Les Enfants jouent à la Russie
(JLG, 1993) puis surimpression des deux plans / / Id. +
machine à écrire / fleurs / [en jaune][sur plan 2] / / pleure / [en
jaune][sur plan 3] / 25’14 / Noir / [JLG :] / cela pour dire / que
le cinéma n’a jamais été un art / et encore moins une technique
/ depuis L’Arrivée du train en gare… [Lumière, 1895] / ou Le
Goûter de bébé [Lumière, 1895] / jusqu’à Rio Bravo [Hawks,
1959] / la caméra n’a jamais changé / / Marie / pour / mémoire
/ [Garrel, 1967] / / lumière / d’été / [Grémillon, 1943] / /
yeleen [sic] / [Yeelen, La Lumière, Souleymane Cissé, 1984-87) /
25’27 / JLG bibliothèque en surimpression avec photographie
ancienne de Godard aux lunettes noires, avec photographie
caméra en noir et blanc puis surimpression caméra en noir et
blanc et photographies d’un homme et de Veronica Lake puis V.
Lake seule,fondu enchaîné très gros plan de Marilyn Monroe /
fondamentalement / la Panavision platinum est moins
perfectionnée / que la Debrie 7 / avec laquelle le neveu d’André
Gide / partit en voyage au Congo / [voix de JLG superposée :]
/ L’Afrique fantôme [Michel Leiris, 1934] / Machine à écrire / /

41
25’38 / Noir / JLG bibliothèque en surimpression en
surimpression avec photographie ancienne de Godard, avec id.
caméra en noir et blanc puis surimpression et clignotement
jeune fille africaine et homme avec caméra (dans le même axe,
comme s’il la filmait) arrêt sur l’homme qui vise puis très lent
fondu enchaîné avec la jeune fille (à l’apparition de la musique)
puis jeune femme seule, fondu enchaîné sur texte et jeune
femme : « Je me souviens de lui avoir posé la ques – ment :
« qu’est-ce que tu vas faire là-bas ? – evenu très sérieux, car je lui
demandais cela – comme une plaisanterie, je savais très bien –
faire là-bas, il allait somme toute évangélis – s’est pas du tout
situé sur le plan chétien. – J’ai conscience, là-bas, que nous,
peuple civi – ns pu faire tellement de mal à cette malheu – tion
noire, que j’ai senti en moi comme – voir de leur apporter – aux
Noirs –aussi– avons de meilleur » J’ai été profondément – a et je
me suis souvenu de cette phrase quand –c’est-à-dire quand j’ai
pu la comprendre vrai… » fondu enchaîné un homme qui vise /
L’Afrique fantôme [Michel Leiris, 1934] / Les Nourritures
terrestres [Gide, 1897] / la Panavision platinum est moins
perfectionnée / que la Debrie 7 / avec laquelle le neveu d’André
Gide / partit en voyage au Congo / [Il s’agit de Marc Allégret,
ami et secrétaire d’André Gide pour ce voyage dont il reste un
documentaire et un livre anticolonialiste qui partagent le même
titre : Voyage au Congo] / Id. + Africa, Coltrane, 1961 /
[Anciennes actualités :] / « … en l’honneur des premières
automobiles venues du Nord, les indigènes Haoussa de Miamey
dansèrent le Koulikouta, parodie des anciens sacrifices humains
du Dahomey » / et percussions africaines de la même bande-son
/ la / première / [sur dernier plan] / 26’31 / Noir / très gros
plan : visage de petite fille noire, fondu enchaîné très lent, petit
garçon noir en plongée souriant et tenant une photographie dans
une main – petite fille id. (peut-être du film inachevé de JLG,
France/tour/détour/deux/enfants, 1977-79) / / Id. / la /
première / [noir et plan 1] / / image / [plan 2 et 3] / 26’56 /
Noir / / Id. / ce n’est / pas / une image / juste / 26’59 / Le
cinéaste ou opérateur montrant la caméra au petit garçon / / Id.

42
= bruit de foule et musique de film qui « s’emballe » / juste une
/ image / juste une / image / 27’11 / Noir / iris au noir et voile
blanc par alternance surimpression : « L’Image » (couverture)
ouverture / fermeture rapide visage d’un enfant couvert de
boue, avec des mains blanches autour et fondu enchaîné avec
texte : « plus la peine la lan – dans la boue je res – plus soif
langue re– se referme elle doit f– droite à présent c’es – l’image »
–l’enfant id. – couverture de L’Image id. / / Id. / ombres /
blanches / [Flaherty / Van Dyke, 1928] / 27’22 / Noir /
clignotement rapide entre des festivités mussoliniennes, (la foule,
les drapeaux et l’inscription géante : « …ematographia e l’arma
piu for… »), en haut, un Mussolini géant l’œil à la caméra
/couverture de L’Image / tir de canons et le capitaine Blood/E.
Flynn menaçant de son bateau : différents plans de Capitaine
Blood (Curtiz 1935) / / Id. + motif introductif du premier
mouvement (Allegro) du Quatuor à cordes n°5 de Béla Bartók
(1934) / / 27’25 / Mussolini à contre-jour et contre-plongée sur
un podium devant les micros fait un discours, lève le bras et
pointe le doigt / raccord sur un plan de foule hystérique en
plongée et retour sur Mussolini qui salue le bras tendu, Le
Fascisme ordinaire (Romm, 1965) / plan du tir de canon de
Capitaine Blood / / Id. + bsf Romm (il hurle) – cris de foule
puis bruit de canon (in) / captain / blood / [Curtiz, 1935 ; sur le
plan de Mussolini] / / le / fascisme / ordinaire / [Romm,
1965 ; sur le plan de foule et ledernier plan militaire] / 27’36 /
Noir / jeune fille africaine (id. 25’54) en surimpression avec
quelque chose qui tombe dans l’eau avec beaucoup d’éclats puis
id. Errol Flynn dans Captain Blood / / [Début de I’ve Been
Loving You Too Long, O. Redding, 1965 :] / « I’ve been loving
you too long to stop now / There were time » / Antonio / das /
Mortes / [Rocha, 1969] / 27’37 / Noir / id. jeune fille africaine,
Captain Blood id. / / Id. / + [Bsf, Curtiz, E. Flynn :] / « You’ve
got it ! You got iy ! » [deux fois] / moi, / un / noir / [Rouch,
1958] / 27’43 / Id. jeune fille africaine / pêcheur déchargeant
son filet dans son bateau / jeune fille id. en plan plus large qui
laisse apparaître la hotte supportée par la tête et le dos / / Id.

43
ancien documentaire : « La vie est facile en ces contrées et l’on
peut acheter ses poissons que l’on nomme capitaines, pour
cinquante centimes, les canards sauvages abondent et les
caïmans aussi.. » + musique du documentaire et coup de feu /
de / qui / dépend / que l’oppression / disparaisse ? / de nous !
/ de / qui / dépend / que l’oppression / demeure ? / de nous !
/ 28’03 / Noir / plan noir et blanc : un crâne dépasse d’une
couverture / Le couple au projecteur de La Prison (nb) / noir /
Le couple au projecteur de La Prison (vert) puis clignotement,
iris, ouverture/fermeture avec affiche soviétique représentant
Poudovkine / noir / surimpression JLG bibliothèque et gravure
femme au télégraphe puis affiche dessinée de Madame Bovary
(Minnelli, 1949) avec une Jennifer Jones « pulpeuse » / noir / /
[JLG :] / cela pour dire / que le cinéma n’a jamais été un art / et
encore moins une technique / Madame Bovary [Flaubert, 1857]
[sur noir 2] / les techniciens vous diront / que c’est faux / mais
il faut se souvenir / que le dix-neuvième siècle / qui a inventé
toutes les techniques / a inventé aussi la bêtise / La Guerre des
mondes [sur JLG] / [Wells, 1898] / et que Madame Bovary /
avant de devenir une cassette porno / Machine à écrire / le /
montreur / d’ombres / [Robison, 1922] [sur le couple au
projecteur] / 28’33 / surimpression couple au projecteur (vert)
et gravure de femmes devant un standard de télégraphe puis
pano sur plan 1 / a grandi avec le télégraphe / Une voix douce
de femme, bsf Madame Bovary en français : / « Rodolphe » /
Emma / 69-69 / 28’38 / Noir / un homme serrant la tête d’une
femme dans ses bras, (est-ce une version ancienne de Madame
Bovary ?) / mais il faut se souvenir / que le dix-neuvième siècle
/ qui a inventé les techniques / Chuchotement id. / embrasse /
moi / idiote / [Embrasse-moi idiot, Wilder, 1964] / 28’42 /
Femme, la tête posée sur le buste d’un homme (semble être le
raccord du plan précédent) / / [Id. Madame Bovary :] / – J’avais
envie de te voir, c’est tout / – Tu ne m’aimes plus ? / Id. / 28’48
/ Un homme qui tripote le sein d’une femme, et l’embrasse dans
le cou pendant que la femme tripote le sexe de l’homme puis
dans le fondu il la pousse à s’agenouiller pour une fellation (film

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pornographique des années dix ou vingt) / a inventé aussi la
bêtise / [Id. Madame Bovary :] / – Comment oses-tu me le
demander ? / – Tu me renvoies ? Tu ne veux plus de moi ? / +
chant de femme accompagnée au luth / une / histoire / seule /
[sur dernier plan et en bas à gauche] / 28’55 / Fondu enchaîné
avec Rolla (Gervex, 1878), femme nue offerte sur un lit et un
homme à la porte de la chambre, le fondu enchaîné projette sur
le tableau l’ombre énorme d’un crucifix, en fait projetée sur le
drap derrière Emma qui tient le crucifix dans son lit d’agonie,
Madame Bovary (Renoir, 1933) / / Id. chant de femme / [Id.
Madame Bovary :] / – Tu ne veux plus de moi ? / – Oh, Emma
/ – J’ai si froid / / 29’05 / Noir / Homme barbu sous la jupe
blanche d’une fille, plan sur le visage de la jeune fille, gros plan
visage de l’homme recevant l’urine dans sa bouche, Salo
(Pasolini, 1975) / noir / Pas une technique donc ni même un art
/ Aladin et la lampe merveilleuse / Id. chant de femme / /
29’21 / JLG bibliothèque / cigare fondu enchaîné gravure : le
Théâtre optique d’Emile Reynaud, 1889) puis iris dessin d’une
femme au bouquet et le couple au projecteur de La Prison (bleu)
/ un art sans avenir avaient tout de suite / averti gentiment les
deux frères / Id. chant de femme / Début du thème de l’adieu
des Parapluies de Cherbourg (Legrand, 1964) / + machine à
écrire / le / secret / [en haut à droite] / / otre / istoire / [lettres
effacées, Notre histoire, Blier, 1984] / [sur le couple au
projecteur, en bleu] / 29’29 / Noir / gravure id. fondu enchaîné
iris Delon dans Notre histoire (Blier, 1984) / noir / Delon id. /
Le Mystère de la chambre jaune / [Gaston Leroux, 1984] /
[Legrand id. :] / « Je ne pourrai jamais vivre sans toi / Je ne
pourrai pas, ne pars pas, j’en mourrai. » / + machine à écrire /
secret / errière / a / orte / [lettres effacées, Lang, 1948] [sur
Delon plan 2] / 29’41 / Noir / JLG bibliothèque en
surimpression avec à gauche deux plans différents d’un cavalier
qui part au loin, puis ralenti il va dans la mer à cheval (Le
Chevalier à l’étoile d’or, Youri Raizman, 1951) / Vingt ans après
/ [Dumas, 1845] / Mort à crédit / Céline, 1936] / Id. « Je te
cacherai et je te garderai… » / (le) secret / (d)errière / la /

45
(p)orte / 30’02 / Noir / Le Mépris (JLG, 1963) : séquence du
lancer de bobines (J. Palance) dans la salle de projection (sous
l’écran la formule de Lumière (il cinema e un’ invenzione senza
avvenire), en surimpression avec Léon Gaumont montrant l’un
de ses appareils en 1905 / pas une technique donc ni même un
art / un art sans avenir avaient tout de suite / averti gentiment
les deux frères / d’abord, même pas cent ans après / on voit
qu’ils ont eu raison / [Bsf : Le Mépris, Lang parle en anglais :]
« … in the script it is written, and on the screen it’s pictures.
Motion pictures it’s called. » / [Paul :] « Ah ! il dit que ce n’est
pas la même chose quand c’est filmé que quand c’est écrit » / du
/ cinéma / 30’26 / Gaumont / et si la télévision a réalisé le rêve
de Léon Gaumont / apporter les spectacles du monde entier /
Symphonie en trois mouvements, premier mouvement
(Stravinsky, 1942-1946). [Stravinsky, alors aux Étas-Unis a
souligné l’importance du cinéma et des reportages dans le choc
de la guerre qui marque sa symphonie] / le / cinéma / 30’30 /
Noir / la femme au projecteur de La Prison (vert) iris /
ouverture / fermeture rapide avec photographie de Louis
Feuillade de profil / Trina (devant son lit d’or dans Les
Rapaces, Stroheim, 1923) / noir / clignotement / sur un carton
sur lequel est inscrit : Nosferatu – eine Symphonie – des
Grauens, (Murnau, 1922) et un couple au cinéma dans Le Diable
probablement (Bresson, 1977) / dans la plus misérable des
chambres à coucher / c’est en réduisant le ciel géant des bergers
/ à la hauteur du petit Poucet / Id. / [clignotement et mots
coupés sur :] / erreur tragique / / le diable [sur plans 2 et 3] /
30’41 / Noir / un visage difforme dans L’Evangile selon
Matthieu (Pasolini, 1964) en surimpression avec un écran blanc
encadré de noir – femme en noir et blanc (Erreur tragique,
Feuillade, 1913) / / Id. / Fort contraste avec la musique comme
apaisée de L’Evangile : l’adagio du Quatuor à cordes en ut
majeur (« Les dissonances »), n°19, K. 465 de Mozart / le /
diable / / proba - ble / ment / [sur plan 2] / 30’50 / Noir /
toujours en surimpression avec l’écran, un visage difforme et
Jésus venant vers lui puis champ-contrechamp, quand Jésus a

46
parlé alors, dans le contrechamp, nous découvrons le visage à
nouveau humain de l’autre (Pasolini id.) / / bsf vf , L’Evangile :
/ « Seigneur, je t’en prie, par pitié guéris-moi. – Je le veux, sois
guéri du mal qui te ronge » / et musique du film : le Gloria de la
Missa Luba congolaise. / / 31’08 / Un homme âgé tenant deux
petites filles ainsi qu’un petit garçon, le regard probablement
dirigé vers un petit écran qu’on ne voit pas, puis en
surimpression avec l’écran au cadre noir / d’abord, même pas
cent ans après / on voit qu’ils ont eu raison / et si la télévision a
réalisé le rêve de Léon Gaumont / apporter les spectacles du
monde entier / dans la plus misérable des chambres à coucher /
Stravinsky id. / [L’Evangile, id. :] / « Bienheureux êtes-vous s’il
arrive qu’on vous insulte… » / mais / / d’autre deuil/ / je me
tais / / et ainsi / / commence/ / 31’23 / Noir / sur trois
spectateurs au cinéma dans Le Diable probablement id. et Moïse
les bras grand ouverts qui reçoit Les Dix commandements (De
Mille, 1956) / c’est en réduisant le ciel géant des bergers / à la
hauteur du petit Poucet / [L’Evangile id. :] / « et qu’on vous
persécute et que certains témoignent contre vous puisque c’est
seulement à cause de moi. / Soyez dans la joie et l’allégresse et
plus grande sera la récompense… » / dark / victory / [Victoire
sur la nuit, Goulding, 1939] / 31’30 / La Pièce de cent florins,
détail (Rembrandt, 1649) / noir / et une autre gravure de
Rembrandt (1654) sur Les Dix Commandements ?/ noir /
surimpression à droite la femme au projecteur de La Prison et à
gauche photographie de Léon Gaumont fondu enchaîné sur une
image la peinture naïve d’un homme à barbe blanche dans un
décor exotique et une télévision puis des mains pétrissant la pâte
et un enfant / qui se soulève pour regarder (Mon cher sujet
Miéville, 1988) / noir / et ensuite on les a mal compris / ils
disaient un art sans avenir / c’est-à-dire un art au présent / un
art qui donne / et qui reçoit avant de donner / disons l’enfance
de l’art / d’ailleurs les saint-simoniens / ils s’appelaient
comment, le fondateur [arrêt] enfantin [dernier mot sur noir] /
[L’Evangile id. :] / « qui vous attend. C’est ainsi qu’ont été
persécutés d’autres prophètes, vos prédécesseurs [s’intercale ici

47
une publicité pour « signal plus »] / [bsf Mon cher sujet :] /
« Voix de femme.– Ah non Louis, on avait dit : pas de télévision
aujourd’hui… [on entend les publicités] Viens te laver les
mains… Louis ! tu viens ? j’ai une idée. / Louis.– C’est quoi ? /
Elle.– …de la pâte. Pour faire… / Je ne viens rien abolir, mais
parfaire au contraire. Vous autres qui êtes le sel de la terre,
pensez que si le sel s’affadit… » / dark / victory / 32’11 / Scène
avec chevaux très colorée, Coup de vent dans les plaines d’Alfa
(Eugène Fromentin, 1864) en surimpression par alternance avec
l’image de l’homme à barbe blanche / Le baron Enfantin / et
s’ils rêvaient d’Orient / ils n’appelèrent pas ça la route de la soie
/ ni celle du rhum / ils l’appelèrent le chemin de fer /
[L’Evangile id. :] / « … qui pourra alors lui rendre sa saveur ?
Quel usage en ferait-on ? Il ne sera bon qu’à être foulé, rejeté par
les autres hommes. » / / 32’17 / Arrivée d’un train avec un
homme assis à l’avant – alternance Le couple au projecteur de
La Prison (« L’ange » apparaît) et noir + inscriptions / parce
que, en route / le rêve s’était durci et mécanisé / [L’Evangile id.
:] / Vous êtes la lumière du monde. » / [Sur noir] [en haut à
gauche] / la / croix / de / malte[en bas au centre] / 32’26 /
Noir / sur JLG / bibliothèque et photographie de Gaumont /
noir / Le Discours de la méthode [Descartes, 1637] / La Mort
de Virgile [Broch, 1945] / Tristes tropiques [Lévi-Strauss, 1955]
/ Cinq psychanalyses [Freud, 1905-18] / Bruit puis machine à
écrire sur noir 2 / le / tombeau / hindou / Lang, 1959] / 32’45
/ Noir / surimpression de la photographie de Gaumont à
gauche et Ava Gardner en sari blanc au-dessus d’une foule
pauvre ; elle tombe, se relève et court, La Croisée des destins
(Cukor, 1955) / noir / surimpression JLG (qui regarde au loin et
remet ses lunettes) bibliothèque et film de Cukor / /
l’introduction du 5e mouvement (Allegro molto) du Quatuor à
cordes n°4 de Béla Bartók (1928) / machine à écrire puis paroles
de tournage en français : « Ils sont trois là-dedans » / la /
croisée / des / destins / [Cukor, 1956] [en bleu]/ / india / song
/ [Duras, 1974] [sur noir 2] / 33’03 / Noir / JLG / bibliothèque
et photographie de Gaumont / noir / sur Gaumont et film

48
Cukor id. / Nos ambitions déçues / déçues [dans un murmure]
/ [L’Evangile id. :] / « … et ton Père (qui toujours voit tes gestes
secrets) saura t’en récompenser. Les anciens vous disent aussi :
« œil pour œil et dent pour dent » et moi je vous dis : à quoi sert-
il de tenir tête aux mauvais ? A celui qui te donne un soufflet sur
la joue droite, prend soin de lui tendez l’autre joue... » / un art /
sans / a / venir / / sang / à / venir / [sur noir 2] / 33’23 /
Surimpression un homme de dos, un couple en bas dans La
Fureur de vivre (Ray, 1955) et des rails de train en noir et blanc
/ Homme de dos seul, photographie de Lang / noir / /
[L’Evangile id. :] / « Sachez qu’il fut dit encore : aime ton
prochain, mais tu as le droit de haïr tes ennemis. Moi je vous dis
au contraire… » / you only / live / once / [J’ai le droit de
vivre, Lang, 1937] [en rouge] / 33’29 / Noir / / [L’Evangile id.
:] / « Aimez vos ennemis et priez aussi pour ceux qui vous
persécuteront afin d’être le fils de Celui qui est votre Père dans
les cieux. C’est Lui qui fait lever son soleil chaque jour sur les
méchants comme sur les bons. » / l’histoire, / pas celui / qui la
/ raconte / [en rouge] / 33’39 / Noir / gros plan sur Jésus
criant dans le vent en alternance avec noir / / [L’Evangile id. :] /
« De même qu’il fait pleuvoir également sur les justes comme
sur les injustes… Et vous serez jugés de la façon dont vous
jugerez autrui. Qu’il vous soit accordé d’exercer la justice en
toute équité, car c’est avec la mesure dont tu vas mesurer… » /
Vent / amère / victoire / [Ray, 1957] [en rouge] / 33’53 / Noir
/ Jésus dans le noir puis illuminé par les éclairs (sa tête n’est plus
couverte) / noir / / [L’Évangile id. :] / « que l’on te mesurera.
Pourquoi dois-tu voir la paille qui est dans l’œil de ton frère alors
que la poutre qui recouvre aussi ton œil ne te cause nulle gêne…
Priez sans témoin et non comme les hypocrites qui au lieu de
prier ne font que rabâcher comme les païens... » / rebel /
without / a / cause / [Ray, 1955] / 34’08 / Noir long (sans
inscription à la fin) / / [L’Évangile id. :] / « Ceux-là croient que
c’est le nombre des paroles qui leur sera compté. Il faut que tu
pries dans le secret de ton cœur et ton Père qui est présent voit
et sait ce dont vous avez tous besoin même avant que vous le

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sollicitiez. » / [début de l’Alleluia ! Laudate Dominum de la
Symphonie de psaumes (Stravinsky, 1930)] / [L’Évangile id. :] /
« … voici quelle doit être la prière de chaque jour » / dies / irae
/ [Dreyer, Jour de colère, 1943] / 34’23 / Noir / et c’est le soir
du dix-neuvième / ce sont les débuts des transports en commun
/ Stravinsky id. chant / Début d’un enregistrement sonore de S.
Freud, interview de la BBC (1938) / / 34’30 / Noir / et c’est le
soir du dix-neuvième / ce sont les débuts des transports en
commun / Id. / à / travers / l’orage [Griffith, 1920] / 34’36 /
Homme en noir, femme en blanc derrière une grande toile
d’araignée, La Marque du vampire (Browning, 1935) / noir / et
c’est l’aube du vingtième / ce sont les débuts du traitement de
l’hystérie / c’est le vieux Charcot / Id. / à / travers / l’orage /
34’40 / Photographie de Freud / noir / qui ouvre au jeune
Freud / les portes du rêve / à lui de trouver la clé des songes /
Id. / Les / portes / de / la / nuit / [Carné, 1946] [en rouge] /
34’52 / Deux hommes devant une caméra avec en
surimpression légère très gros plan photographie de Freud /
mais où est la différence / Id. / Id. / 34’55 / Lilian Gish
allongée sur la banquise, et id. en plan plus rapproché A travers
l’orage (Griffith, 1920) / entre Lilian Gish sur sa banquise à
travers l’orage / Id. / à [haut gauche] / / travers / l’orage / [bas
gauche] / 35’00 / Détail d’Une leçon clinique à la Salpêtrière (A.
Brouillet, 1887), (dans les bras de Charcot : / Blanche Wittman),
fondu enchaîné Lilian Gish id. / noir / et Augustine à la
Salpêtrière / il faut bien voir ça / l’enfance de l’art / et pas autre
chose / Id. / avez vous / rien / vu / de tel, / miss Lilian ? / /
jamais / mister Griffith [ / 35’09 / Une petite fille dans un lit, la
langue tirée (photographie de Charcot) / il faut bien voir ça /
l’enfance de l’art / [répétitions inquiétantes en écho] / [La voix
de Godard dérape sur le nom de Freud] / [Fin de l’interview de
Freud :] / « My name is Sigmund Freud » / jamais / mister
Griffith [bas gauche ] / 35’13 / Surimpression à droite Ulysse
dans Les Carabiniers (JLG, 1963) devant un autoportrait de
Rembrandt (1661), photographie de Griffith / et pas autre chose
/ [inquiétant par les répétitions en écho] / / united / artists /

50
[Chaplin, Fairbank,Pickford, Griffith] / 35’19 / Id.
photographie de Griffith / clignotement le couple au projecteur
de La Prison / noir / Ensuite [ralenti / écho / répétition] /
[Voix de Maria Casarès :] / « mais encore pire s’annonce / dans
le défaut de Dieu / / / 35’28 / Charlot, qui ouvre et referme
une trappe d’égout, avec un bébé dans les bras et assis sur le
rebord du trottoir, The Kid (Chaplin, 1921) / noir / gros plan
sur jeune fille (Mary Pickford) / non seulement les dieux et le
Dieu / se sont enfuis / mais la splendeur de la divinité s’est
éteinte / / le / cinéma / / hail Mary / 35’40 / Noir / dans
l’histoire du monde / / / 35’43 / Surimpression et clignotement
/ alternance l’homme au projecteur de La Prison (L’ange en
transparence), The Kid id. et jeune femme puis alternance
photographie de Griffith / le temps de la nuit du monde / /
une / histoire / seule / 35’45 / Photographie de Griffith id. puis
surimpression à droite la femme au projecteur de La Prison
(vert) et photographie de Griffith / est le temps de détresse /
parce qu’il devient de plus en plus étroit » / [Heidegger, Les
Chemins qui ne mènent nulle part, « Pourquoi des poètes ? »,
1946] / / David Griffith / Douglas Fairbanks / Mary Pickford
/ Charlie Chaplin / 35’49 / Photographie de Griffith id. puis
alternance / Le couple au projecteur de La Prison et
photographie de David Wark Griffith, Douglas Fairbanks, Mary
Pickford, Charlie Chaplin, fondu enchaîné sur une jeune fille (id.
Pickford) et personnage de cartoon (Dingo) dans un avion de
guerre / noir / / [JLG :] / ensuite il suffira d’une ou deux
guerres mondiales / pour pervertir cet état d’enfance / Bruits de
guerre / les / enfants / terribles / [Melville, 1949] [sur plan et
sur noir] / 35’57 / Gros plan du couple au projecteur de La
Prison (L’ange) clignotement / alternance avec un plan arrêté
sur un homme en joie, Sinbad le marin (Wallace, 1947) puis
surimpression de plusieurs plans, différentes échelles et
différentes couleurs / Le couple au projecteur de La Prison
clignotement au rythme des bombardements / [Maria Casarès,
suite de « Pourquoi des poètes ? »:] / « il est même devenu si
étroit / qu’il n’est même plus capable / de retenir le défaut de

51
Dieu comme défaut » / Id. / / 36’06 / Id. plan précédent en
alternance, clignotement rapide avec plusieurs plans
(nombreuses surimpressions différentes, scènes de guerre,
Apocalypse now (Coppola, 1979) puis tremblement de l’image /
Le couple au projecteur de La Prison / noir / [JLG :] / ensuite il
suffira d’une ou deux guerres mondiales / pour pervertir cet état
d’enfance / Id. + radio de guerre+ brièvement : I Can’t Turn
You Loose (Otis Redding, 1968) / / 36’27 / Noir /
surimpression visage triste de Chaplin et pellicule et
transmutation d’un plan d’Hitler dans l’autre sens (le
mouvement des bras indique qu’il est en train de faire un
discours) puis Chaplin en plan encore plus rapide et l’air encore
plus triste (une image comme un négatif), Ô that Cello ? et
Hitler regardant le ciel avec un mouvement des mains qui
accompagnent ses yeux (une image comme un négatif aussi) /
noir / [Maria Casarès, suite :] / « ce n’est que dans la région d’un
tel lieu si tant est qu’il y en ait un… » / [JLG, simultanément :] /
et pour que la télévision devienne / [Maria Casarès :] / « que
peuvent rester des traces des dieux enfuis pour les hommes
dépouillés de dieux » / [JLG :] / cet adulte imbécile et triste /
qui refuse de voir le trou d’où elle est sortie / et se cantonne
alors dans les enfantillages / Id. radio de guerre / Zéro / de /
conduit(e) / [Vigo, 1933][le « e » manque, des traces des
lettres :…toire(s) …éma] / 36’46 / Plateau de télévision
extrêmement coloré avec Madonna puis lente arrivée d’une
surimpression de photographies de Chaplin toujours le même air
triste (l’association donne l’impression qu’il est consterné par le
spectacle mais aussi qu’il est englouti par lui) l’image de la
chanteuse disparaît et laisse place à une marche de prisonniers ?
sur une route / [JLG, sur le dernier plan :] / Parce que / Bsf en
russe et chant à la télé / icôno / scope / 37’06 / Noir /
photographie de Chaplin puis en alternance très rapide avec un
opérateur avec caméra qui semble filmer une femme en blanc
effrayée, King Kong (Cooper/Schœdack, 1933) et le même
visage de Chaplin / voilà ce qui s’est passé / au petit matin du
vingtième siècle / les techniciens ont décidé / de reproduire la

52
vie / on inventa donc la photographie / et le cinéma / [Voix de
Jean-Marie Straub :] / « Et faites ça et faites ça et faites ça et
n’oubliez pas ça et n’oubliez pas ça et quand tout sera réalisé… »
/ ô that cello / / le chemin / de la vie / [Ekk, 1931] [sur le plan
d’unefemme terrorisée] / 37’13 / Surimpression, le couple au
projecteur de La Prison (en bleu), mouvement pano avec la bête
qui déshabille sa belle, King Kong (Cooper/Schœdack, 1933)
puis avec id. photographie de Chaplin et à la fin un crâne sur le
sol (Alexandre Nevski, Eisenstein, 1938) / noir / / mais comme
la morale était encore forte / et qu’on se préparait / à retirer à la
vie jusqu’à son identité / on porta le deuil de cette mise à mort /
et c’est avec les couleurs du deuil / avec le noir et avec le blanc /
que le cinématographe se mit à exister / [Straub :] / « … on
arrivera à quelque chose, c’est-à-dire à rendre la planète
habitable et les hommes pourront habiter entre eux et ils
n’habiteront pas dans un désert. » / « la voix divine de Carmela »
annonce un animateur de radio ou de télévision / Il [haut droite]
/ est / temps [bas gauche] / / que / la / vie / rende [gauche] /
/ ce / qu’ [coupé] / a volé / au cinéma / / 37’34 / Ralenti :
blonde dans la main de King-Kong / noir / / Moteur banc de
montage / ce qu’ elle / a volé / au cinéma / / 37’39 /
Surimpression John Wayne en très gros plan et visage d’un
homme qui crie dans Tu ne tueras point, Kieslowski, 1987 / /
Id. + musique ? / au violoncelle et au piano, la musique de
Chaplin pour Les Feux de la rampe (1952) / / 37’42 / « The
Horse in Motion »:, Muybridge (1878), en surimpression bobines
de banc de montage / noir / / Id. / splendeur / 37’50 / Un lion
tournant en rond dans une cage puis même plan monté avec des
allers et retours / noir / / Moteur banc de montage / splendeur
/ / splendeur / et / misère / 37’59 / Une femme brusquée dans
un ancien film pornographique en ralenti id. en surimpression
avec cerf fondu enchaîné le cerf tout seul qui court / noir / film
pornographique suite / / Id. + I’ve Been Loving You Too Long
(id.) sur le plan du cerf / du / cinéma / [sur plan cerf et sur
noir] / 38’08 / Jeune femme jouant avec un collier (les yeux clos
avec des larmes), La Terre tremble (Visconti, 1948) en

53
surimpression avec un disque optique avec oiseaux qui entoure
son visage puis un oiseau seul (Marey), elle sourit / noir / / Id.
et bsf italien / 2 / sous / d’espoir / [sur noir] / 38’20 / Jeunes
filles marchant dans un village dont l’une porte un panier sur la
tête (Deux sous d’espoir, Castellani, 1951) en alternance avec
chat sur disque optique / / [Voix de Ramuz :] / « L’amour de la
fille et du garçon. Il pensa qu’ils seraient mieux dans le bois et
c’est en effet ce qu’il lui a dit ayant d’abord suivi avec elle la
grande route. Le cornet à pistons venait de se taire. Elle n’a dit
ni oui ni non, c’est une fille avec un garçon. » / Bsf Castellani
(rires de jeunes filles) avec mélodie / / 38’36 / Noir / alternance
très rapide puis plus lent couples qui s’embrassent
passionnément, l’un dans J’ai le droit de vivre (Lang, 1937) et
l’autre dans Ordet (Dreyer, 1955) se termine par un plan de
Madame de… (Ophuls, 1953) dans lequel l’homme embrasse la
femme souriante sur la tête (elle est donc à genoux) / /
[Ramuz :] / « Il semblait qu’il glissait des deux pieds à la fois.
Parce que c’était là, il est tombé devant elle sur les genoux. /
Elle, brusquement, a baissé la tête. » / Puis Bach, Choral pour
orgue, BWV 721 (« Aie pitié de moi Seigneur ») / j’ai / le droit /
de / vivre / [Lang, 1937] / 38’52 / Noir / / [Ramuz :] / « On
voit qu’elle a des bas blancs mais ils ne se montrent qu’à mi-
hauteur des mollets » / Bach id. / la / soif / du / mal /
[Welles, 1958] / 38’58 / Surimpression : un homme penché au-
dessus d’une femme (La Nuit du carrefour, Renoir, 1932) et, à
droite, une belle jeune femme avec un vieillard à haut-de-forme
(La Nouvelle Babylone, Kozintsev et Trauberg, 1929) enfin un
homme jouant du violon et une femme, assis sur une marche
dans la rue (Perdus dans les ténèbres, Nino Martoglio, 1914) / /
[Ramuz :] / « parce qu’ils sont cachés, plus bas, par la tige des
bottines. En d’autres temps, elles sont extrêmement
scrupuleuses » / Id. + Jazz, saxo / / 39’05 / Noir / / [Ramuz :]
/ « à ramener tout de suite leur jupe » / Bach id. / la / valse /
dans / l’ombre / [Mervin Leroy, 1940] / 39’06 / Alternance :
un homme portant une femme (morte ?) dans ses bras et une
femme sous l’eau dont un homme embrasse la poitrine / /

54
[Ramuz :] / « sur ce qu’elles laissent voir de pas permis avec une
ligne de démarcation bien nette / id. / / 39’11 / Annabella
exotique assise l’air sombre tournant le dos à l’homme (La
Bandera, Duvivier, 1935) / / [Ramuz :] / « entre le permis et le
pas permis. A présent plus rien… » / id. / / 39’16 / Noir /
Photogramme du Baiser (William Heise, 1896, produit par
Edison), le premier baiser de cinéma : John C. Rice embrasse
May Irwin sur les lèvres (dans le film après s’être troussé la
moustache) en lent fondu enchaîné avec femme aux seins nus
allongée auprès d’un homme, Les Deux amies (Picasso, 1965)
fondu enchaîné, un homme (R. Novarro) tenant la tête d’une
femme morte dans Thy Name Is Woman (F. Niblo, 1924) / /
[Ramuz :] / « … n’est permis, alors c’est comme si tout était
permis. Elle avait l’air bien malheureuse. Elle avait une figure
gonflée, une bouche comme celle des petits enfants qui vont
pleurer. » / Id. + jazz / perdus / dans / le / brouillard / [sur
noir] / 39’29 / Noir / Homme embrassant une femme (détail
du Tango de l’archange, Van Dongen, 1930) lent fondu :
homme avec une femme étendue morte (Les Trois lumières,
Lang, 1921) lent fondu enchaîné tableau précédent / / [Ramuz :]
/ « Et le rouge de ses joues était descendu à son menton » / Id.
Bach / au / paradis / perdu / [Le Paradis perdu (A. Gance,
1940)] / 39’33 / Lent fondu enchaîné des mains ouvertes en
surimpression avec des mains qui caressent la poitrine d’une
femme puis une série de plans très rapide mains / seins / fesses
/ homme / femme, (certains plans en alternance très rapide) Un
chien andalou (Buñuel, 1928) / noir / / [Ramuz :] / « Il
descendit à son cou, il descendit encore plus bas, il descendit
pour finir jusqu’où …» / Id. Bach / / 39’41 / Noir / /
[Ramuz :] / « on n’ose plus aller voir. » / Id. Bach / l’enfant /
sauvage / [Truffaut, 1976] / 39’44 / Jeune femme allongée avec
un bras d’homme qui la soutient, elle fait un mouvement vers
quelqu’un d’autre comme pour lui dire de venir, en fait (au
ralenti puis en accéléré puis arrêt) elle fait un signe de croix et
embrasse sa main pour toucher la statue (Deux sous d’espoir,
Castellani, 1951) en surimpression avec un bateau à moteur sur

55
la mer qui défile très vite (le même mouvement répété) / noir /
[Maria Casarès, id. Heidegger :] / « les poètes / sont ceux des
mortels qui / chantant gravement / ressentent la trace des
Dieux enfuis / restent sur cette trace / et tracent ainsi aux
mortels / leurs frères / Id. Bach / / 40’03 / Plan flou au
ralenti : un homme penché sur quelqu’un et mouvement de
caméra vers la statue d’une sainte (très ralenti sur la statue) / le
chemin du revirement / Id. Bach / / 40’16 / Noir / mais qui /
des mortels / est capable de déceler / une telle trace / Id. Bach
/ une / histoire / seule / 40’21 / Détail transformé d’un tableau
du XVIIe : un visage de femme de profil dépassant à peine d’une
cape bleue et ce qui du visage est visible est d’un rouge intense /
il appartient aux traces / Id. Bach / / 40’25 / Fondu enchaîné,
femme nue (dont on ne voit pas le visage) se cachant le sexe
avec un tissu blanc et une autre femme habillée derrière elle
(détail de Paroles du diable, Gauguin, 1892) puis plan plus
rapide, / d’être souvent inapparentes / Id. Choral « Aie pitié de
moi Seigneur » et bsf : « Adieu seigneur ! » / / 40’31 / Noir /
des pieds nus marchant sur la terre (Des oiseaux petits et grands,
Pasolini, 1966) / et elles sont toujours / le legs d’une assignation
/ à peine pressentie / Bruit + chanson par Catherine Ringer /
toutes / les / histoire / [sans « s », jaune] / / 40’35 / Noir / /
Id.. / une / histoire / seule / [vert]/ / seul / le / cinéma /
[rouge] / 40’40 / Iris une représentation d’un ange et autour le
couple au projecteur de La Prison (en noir et blanc) / noir / être
poète / en temps de détresse / c’est alors chantant / Bach id. /
« ne / te / fais » / [gauche] / 40’45 / Iris id. l’ange au centre et
JLG entrant dans un avion, Soigne ta droite puis tableau seul /
être attentif à la trace / des dieux enfuis » / Sifflement et bruit
terrible / bsf : « Ça suffit comme ça » / [Sur tableau : ] / ne / te
/ fais / / pas / de / mal / / 40’47 / Noir / gros plan le couple
au projecteur de La Prison (L’ange) clignotement tableau id. / /
If It Be Your Will (Leonard Cohen, 1984) : / « If it be your will
/ That I speak no more… » / [Une voix d’homme :] / : « …
mort de Dieu… elle se pose de la même façon selon le même
scénario… qui a été simplement toute l’histoire de la théorie… »

56
/ / 41’02 / Noir / / [suite L. Cohen :] / « And my voice be still
/ As it was before » / [suite autre voix :] / « Le Christ est-il un
homme ou l’image d’un homme ? » / Id. + bsf en anglais
(sentiment d’urgence) + id. en français : « la fiction d’abord » /
ne / te / fais / / pas / de / mal / / car / nous sommes / tous /
41’12 / James Stewart cherchant à sauver Madeleine, Vertigo
(Hitchcock, 1958) / / « Le Christ est-il dans l’Eucharistie en
réalité ou symboliquement ? / Un homme filmé est-il un
homme réel ? ou déjà la fiction d’un homme ? » / tous / encore
/ ici / [Les Actes des apôtres, chapitre XVI, 28e paragraphe] /
41’20 / Plan « bleu » d’un yatch dans l’eau, Pandora/A. Gardner
nage vers le bateau de celui qu’elle sauvera, Pandora (Lewin,
1950) / / / à / suivre / [gauche] / / / //1b - Une histoire
seule// / / / 0’00 / Ouverture au noir / Fragment d’une page
de L’Image (Beckett, 1988) : / « plus la peine la – dans la boue le
– plus soif la langue – se referme elle lo – droite à présent –
l’image » / / noir / / [bsf, L’Homme de la plaine, A. Mann,
1955:] / « –…quelques renseignements. – Pour quelles raisons te
fourres-tu là dedans Charlie ? – J’suis un vieux solitaire comme
vous M. Lockhart. Je ne pense pas que nous ayons échangé dix
mots pendant le voyage, mais je crois vous connaître à fond… /
/ 0’13 / Noir / / … et j’aimerais être votre ami. » / cogito /
ergo / video / 0’19 / Un enfant derrière une vitre comme en
négatif, Le Pré de Béjine (Eisenstein, 1935-37) en alternance
avec la femme en blanc des Pastorales tahitiennes (Gauguin
1892) puis noir et alternance rapide / noir / [Bresson, Notes sur
le cinématographe, 1975 :] « sois sûr d’avoir épuisé / tout ce qui
se communique / par l’immobilité et le silence / … ne peut plus
entrer ailleurs » / [sur noir] / Après le mot « silence » , Sonate
pour violon et piano, opus 134, Chostakovitch (1968), 3e
mouvement, largo. / Un cri de mouette (King Lear) après le
triple forte des deux instruments (et sur le noir) / canal / plus /
/ pré / sente / 0’52 / Image en négatif : le couple au projecteur
de La Prison puis gros plan de l’homme puis la première image
en positif (La Prison, Bergman, 1949) / « ce qui a passé par le
cinéma / et en a conservé la marque / Chostakovitch id. :

57
première variation au violon en pizzicatos + cri de mouette. /
l’ange / [en rouge sur plan 1] / 0’59 / L’enfant des
Contrebandiers de Moonfleet (Lang 1955) devant le pendu (que
l’on ne voit qu’à partir de la taille, les mains attachées) / noir /
ne peut plus entrer ailleurs » / Chostakovitch id. + cri de
mouette. / mais / 1’06 / Plusieurs visages entourent
Estelle/Nadia Sibirskaïa (en blanc) évanouie dans les bras de
Batala/Jules Berry dans Le Crime de Monsieur Lange (Renoir,
1935) / noir / / / Chostakovitch id. + cri de mouette. / d’autre
deuil / [sur le plan du Crime…] / 1’10 / Un homme avec un
enfant (mort ?) dans les bras, Les Trois lumières (Lang, 1921) /
/ « D’abord les gens sont beaucoup plus malheureux qu’on ne
croit et puis le fond de tout… » / Chostakovitch id. + cri de
mouette. / je me tais / 1’15 / Surimpression d’une peinture
(femme à la robe bleue et à la tête rouge) avec un cow-boy qui
tire sur un indien, Les Deux cavaliers (Ford 1961) / / « c’est
qu’il n’y a pas de grandes personnes. » / Chostakovitch id. + cri
de mouette. / et ainsi / 1’20 / seulement la peinture / noir / /
mais pour moi, d’abord, la mienne / mon histoire /
Chostakovitch id. + cri de mouette. / « Toute l’eau de la mer ne
suffira pas pour effacer une tâche de sang intellectuel. » /
[Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont, Poésies I] /
commence / 1’23 / La sorcière de Blanche-Neige et les sept
nains (D. Hand, 1937) / et qu’est-ce que j’ai à faire avec tout ça
/ toute cette clarté [écho et ralenti] / toute cette obscurité [écho
et ralenti] / Chostakovitch id. + cri de mouette. / « Vous
pleuriez… » / un film / la sept / fr 3 / gaumont / jlg films /
1’32 / Noir / / parfois le soir [écho et ralenti] / « Maintenant
pleurez dans l’obscurité » / cri de mouette / / 1’34 / Un
homme transpercé d’une flèche dans La Furie du désir, K.
Vidor, 1953. / / cri de mouette + le Prélude de Psycho avec son
motif ostinato (Hermann, 1960) / le / cinéma / / 1 / histoire /
seule / [en orange] / 1’42 / Portrait de femme au béret rouge
(Picasso, 1937) en surimpression apparaissant à peine un cow-
boy à cheval / noir / / Id. / / 1’45 / Surimpression : un homme
à droite, caméra ou appareil photographique à gauche et pellicule

58
qui défile au centre / noir / / / Id. / pour / John / Cassavetes
/ 1’47 / Surimpression et alternance rapide entre la peinture de
Picasso, le cow-boy puis des hommes à cheval qui mettent le feu
/ noir / / Id. / / 1’51 / Un homme sur une route les deux bras
tendus, une femme plus loin (Vent d’est, Godard et Gorin,
1969) en surimpression à gauche un train rouge ou de la pellicule
qui défile et fait des allers et retours avec flou de vitesse qui
semble tirer par le bras gauche de l’homme / noir / / Hermann
id. / pour / Glauber / Rocha / 1’57 / Tableau : un buste de
femme avec la main sur le nombril en surimpression avec visage,
même tableau, clignotement très rapide / noir / / Hermann id.
puis interruption brutale avant le noir / un film / cnc / rtsr /
vega / 2’04 / Même plan du couple au projecteur de La Prison,
au centre défilement de pellicule / noir / parfois le soir
quelqu’un chuchote / dans ma chambre [écho, ralenti] / je
ferme la télévision / mais le chuchotement continue / [écho,
ralenti, répétition, tous les mots se mélangent et deviennent
presque indistincts] / bsf en russe : une voix d’homme (en
même temps que Godard) / l’ange / [en rouge, plan 1 : en partie
masqué par la pellicule] / 2’10 / Ingrid Bergman à terre dans
Stromboli (Rossellini, 1949) en surimpression (ralenti puis
accéléré) avec un plan en plongée d’une rue pavée avec une
voiture en feu à gauche et un homme (blessé) et une femme au
centre Week-end (Godard, 1967). La surimpression donne
l’impression que Bergman a le visage sur les pavés et le dos en
feu. Le plan du fond change, le même couple sur la route, avec
une même voiture en feu à gauche, puis la femme fermant la
marche. / histoire de la solitude / solitude de l’histoire / bsf en
russe : une voix de femme / / 2’26 / Noir (+ écrit) en
alternance repété avec même plan du couple au projecteur de La
Prison (Bergman) / / [premiers accords introductifs au piano de
Leben ohne Liebe Kannst Du nicht, Marlène Dietrich,
Spoliansky (mus.) et Gilbert (texte), chanté par Margo Lion dans
Nie wieder Liebe, 1931 :] / histoire (s) – du – cinéma / [en
double, en rouge et blanc, décalé] / 2’30 / Deux hommes dans
les bambous, Une histoire de vent (Joris Ivens, 1988) / noir /

59
même plan de l’homme au projecteur de La Prison / /
Id. :« Zwei Jahre war ich deine Braut… » / + vent / le / vent /
/ une / [sur le plan de l’homme au projecteur] / 2’36 / Lillian
Gish en train de creuser dans la terre et dans le vent, Le Vent
(Sjöström, 1928) / / Id. : « das war mein ganzes Malheur... » / +
vent / his / toire / 2’56 / Même plan bleuté de la femme au
projecteur (Bergman) / / Id. / seule / 3’02 / Même plan Le
Vent / en accéléré puis ralenti : Heurtebise/F. Périer, le
chauffeur de la mort dans Orphée (Cocteau 1949) au téléphone
/ noir bref / [voix de François Périer :] / « ainsi le soir
quelqu’un chuchote / dans ma chambre / mais est-ce le vent /
ou mes ancêtres ? » / [JLG simultanément :] / J’ai demandé à
celui-ci / qui fait le chauffeur de la mort / dans le film de
Cocteau / de dire cette phrase / et j’ai appelé le film / Une place
sur la terre [sur noir] / « Leben ohne Liebe kannst du nicht, /
wenn man auch den Himmel dir verspricht! » / écrit / sur / du
/ vent / l’éternel / retour / [Delannoy 1943] / 3’14 / Femme au
bord d’un lac, Ecrit sur du vent (Sirk, 1955-1956) : elle lance un
caillou / / noir / / et j’ai appelé le film / Une place sur la terre /
[second titre de Soigne ta droite, Godard, 1987] / « Alles kannst
du haben / [bruit du caillou jeté dans l’eau, Ecrit sur du vent] /
und hast doch keine Ruh’, / denn ein bisschen Liebe gehört nun
mal dazu! » / Maria Casarès et Jean Marais / dans Orphée
(Cocteau, 1960) :] / « Orphée. – Enfin, madame…
m’expliquerez-vous ?… » / written / on / the / wind / gone /
with / the / wind / 3’21 / Même couple au projecteur de La
Prison en surimpression avec une pellicule qui défile très
rapidement (sur la pellicule : El Dorado, Hawks, 1967) /
photographie de Maria Casarès et Jean Marais cherchant de ses
mains l’ouverture du miroir pour l’autre monde (Orphée). La
surimpression donne au miroir l’apparence d’un écran de cinéma
puisqu’on y voit apparaître des images et que derrière le miroir, il
y a ce visage de femme figé / / noir / / « La Princesse. – Rien.
Si vous dormez, si vous rêvez, acceptez vos rêves, c’est le rôle
du dormeur » / « Orphée. – J’ai le droit d’exiger des
explications. » / « La Princesse. – Vous avez tous les droits, cher

60
monsieur, et je les ai tous ; nous sommes quittes » / [Intermède
d’Orphée et Eurydice, Gluck, 1762 :] / « Orphée. – Madame !
Arrêtez cette musique. Il y a dans la chambre à côté, un mort et
les hommes qui l’ont tué. Je vous le répète, j’exige… »: / « La
Princesse [sur noir, glissement de la bande-son ]. – … que vous
ne touchiez pas à cette radio. » / / 3’48 / Même plan : le couple
au projecteur de La Prison et pellicule qui défile au centre (on
distingue un cow-boy sur un photogramme (L’Homme qui tua
Liberty Valance ?) / noir / même surimpression avec miroir,
pellicule et visage de Casarès / / [La voix de Cocteau avec dans
Orphée :] / « La radio. – Ecoute, les miroirs feraient bien de
réfléchir davantage » / [Retour bref de Leben ohne Liebe :] /
« aber leben ohne Liebe nicht! » / le / cinéma / 1 / histoire
seule / [à la fin de la série] / 3’54 / Noir / même plan : le couple
au projecteur de La Prison et pellicule qui défile au centre puis
au centre et plus rapproché : Orphée/Marais derrière le miroir,
puis même photographie de Casarès / / noir / mais pour moi,
d’abord, la mienne / mon histoire / et qu’est-ce que j’ai à faire
avec tout ça / toute cette clarté / [écho et ralenti] / Troisième
mouvement (« La Tentation de saint Antoine ») de la Symphonie
« Mathis der Maler » (Mathis le peintre), Hindemith,1933-1934 /
/ 4’03 / Voyage dans la steppe à l’arrière d’un camion dans
Alenka (Barnet, 1961) : une femme et un enfant, la tête
recouverte d’un foulard ; sur la route poussiéreuse, l’ombre
d’autres camions passant dans la perpendiculaire à l’horizon/
noir / / / Id. + machine à écrire / la / terre / [Dovjenko, 1930]
/ 4’16 / Visage d’un homme de profil allumant une cigarette,
Détective (JLG, 1985) puis, surimpression d’une main tenant
une bougie, Ivan le terrible (Eisenstein, 1944-46) / Ainsi parlait
Zarathoustra / [Nietzsche, 1883-85] [à la fin de la série]
[chuchoté au loin] / Id. (violent roulement de timbales) /
chapitre / un b / 4’25 / L’homme au projecteur (image bleutée)
/ noir / l’homme au projecteur de La Prison puis surimpression
avec l’homme s’allumant une cigarette id. et Ivan id. puis, toutes
les flammes semblent s’étendre dans un fondu au noir / noir / /
Les Voix – Les Voix du silence / [Malraux, 1951] / Les Voix /

61
[sur noir] [chuchoté au loin] / Introduction du deuxième
mouvement du Quatuor à cordes n° 1, opus 7, de Béla Bartók
(1908-1909) / his / toire / 4’38 / Femme au projecteur id.
(image bleutée) / Les Voix du silence [chuchoté au loin] / Id.
Bartók / / 4’40 / Même surimpression Ivan et l’homme à la
cigarette, mais cette fois il y a deux mains autour de la bougie qui
semblent saisir le visage de l’homme au briquet. Une main se
retire en même temps que le visage de l’homme au briquet
disparaît puis par un clignotement c’est l’homme au briquet qui
reste à l’image / noir. / histoire de la solitude / solitude de
l’histoire / Lumière d’août / [Faulkner, 1932] [chuchoté au loin]
/ le cinéma projetait [v1] / Les Hauts de Hurlevent [chuchoté]
[Emily Brontë, 1847] / Id. Bartók / his / toire / 4’48 / Le
couple au projecteur de La Prison id. (image bleutée) / et les
hommes ont vu / que le monde était là / Vol de nuit /
[chuchoté au loin] [St Exupéry, 1931] / / / 4’52 / Noir / Le
couple au projecteur de La Prison id. (noir et blanc) / Un
monde encore presque sans histoire [sur noir] / mais un monde
qui raconte / [bsf : femme :] « Oh ! » / [Homme :] « What do
you think it is ? » / [à la fin de la série] / / 4’54 / Noir /
alternance et clignotement Ivan se relevant dans son lit et tenant
la bougie et l’homme au briquet / « mais pour au lieu de
l’incertitude / installer l’idée et la sensation / François Jacob, La
Logique du vivant, 1970 ] / Id., suite avec bruit d’armes et de
foule / / 5’05 / Noir / les deux grandes histoires / ont été le
sexe et la mort / [Id. homme :] / « Get out before I shoot
again » / le son / 5’06 / Dans le désert, Pearl/Jennifer Jones en
plan rapide se hissant sur un rocher ; atteinte par une balle, elle
met sa main à l’endroit de la blessure (Duel au soleil, K. Vidor,
1946) / / Id. foule+ arme à feu / Motif introductif du premier
mouvement (Allegro) du Quatuor à cordes n°5 de Béla Bartók
(1934) / / 5’11 / Noir / J. Jones, en plongée, se hissant / noir /
Jones, touchée par une balle, tombe (très beau raccord) / le
cinéma projetait / les hommes ont vu / que le monde était là /
un monde encore presque sans histoire / mais un monde qui
raconte / Id. / l’i / mage / [sur noir] / 5’24 / Noir / elle se

62
relève et saisit son fusil / / Id. / Id. / 5’31 / Noir / / [Enchaîné
à Bartók : Ballad of the Absent Mare, Leonard Cohen, 1979 :] /
« And there’s nothing to follow / viendra / 5’33 / Jones id. se
hissant (ralenti), les mains ensanglantées au premier plan avec
iris / / There’s nowhere to go / She’s gone like the summer /
gone like the snow / / 5’40 / Noir / / And the crickets are
breaking / oh ! / temps / 5’43 / Id. suite (elle semble de plus en
plus affaiblie) / / his heart with their song / as the day caves in
/ and the night is all wrong » / Interrompu par l’ostinato de
Psycho (Hermann, 1960) / / 6’02 / Noir / / / de la / 6’06 / La
terre et la main de Jones dans la terre / noir / la main dans la
terre suite / / Hermann id. / / 6’08 / Noir / / Hermann plus
violent / oh ! / temps / 6’13 / Plan frontal de J. Jones les mains
ensanglantées au premier plan / / Id. / / 6’15 / Noir / /
Hermann id. / de la / 6’17 / Suite Jones puis changement de
plan : un homme lui offre sa main, elle parvient à la saisir et
fermeture à l’iris au noir / histoire de la solitude / solitude de
l’histoire / Hermann id. / de la / résurrec / tion / [Lettre aux
Corinthiens, saint Paul] / [au moment où elle saisit sa main ; sur
noir] / 6’28 / Elle lui caresse le visage de ses mains
ensanglantées (ralenti) / / le cinéma projetait / les hommes ont
vu / que le monde était là / un monde encore presque sans
histoire / mais un monde qui raconte / Hermann id., passage du
motif ostinato à un motif mélodique, puis retour avec l’ostinato
d’un danger imminent / / 6’41 / Noir / « mais pour au lieu de
l’incertitude / / amor / e / 6’44 / Ils s’embrassent et elle meurt
(ralenti) / installer l’idée et la sensation » / les deux grandes
histoires / ont été le sexe et la mort / Id. (comme au moment de
la chute du corps de Marion dans Psycho) / / 6’56 / Une
femme met ses doigts dans la bouche comme face à l’effroi le
plus terrible Passion (JLG, 1981) / / / kiss / me / deadly / [En
quatrième vitesse, Aldrich, 1955] / 6’58 / Visage d’un enfant
criant se mettant la main sur la bouche ou est-ce une main
d’adulte cherchant à étouffer son cri ? L’Amore, Rossellini, 1948
/ Le Parfum de la dame en noir / [G. Leroux, 1908] / / kiss /
me / deadly / [En quatrième vitesse, Aldrich, 1955] / 7’01 /

63
Surimpression : La Reine Marie-Anne (Velázquez, 1652-53) et
banc de montage puis banc de montage seul dans Passion (JLG,
1981) / / Moteur banc de montage / / 7’05 / Lee Miller de
profil (1930) en surimpression avec banc de montage / noir /
Des histoires de beauté, en somme / la beauté, le maquillage /
dans le fond le cinéma ne fait pas partie / de l’industrie des
communications / ni de celle du spectacle / mais de l’industrie
des cosmétiques / de l’industrie des masques / Id. + machine à
écrire / [successivement :] / Lee Miller / beauté / explosante /
fixe / 7’22 / Banc de montage puis surimpression d’un détail de
Gabrielle d’Estrée et sa sœur, la Duchesse de Villars (Ecole de
Fontainebleau, 1594). La bobine est aussi grande que le buste de
la femme et sa pointe ressemble presque à celle du sein de la
femme / noir / La Princesse de Clèves / [Madame de Lafayette,
1678] / Le Rendez-vous de Senlis / [Anouilh, 1937] / Id. / /
7’32 / Surimpression : bobines de banc de montage et visage
inquiétant et son reflet, (l’un est dans la bobine, le reflet sur la
pellicule) – Chaplin se maquillant en surimpression avec les
bobines du banc de montage, Les Feux de la rampe (Chaplin,
1952) / noir / En surimpression : Buster Keaton (Film,
Schneider, Beckett) également âgé, également à la table de
maquillag avec les bobines de banc de montage / Le Théâtre et
son double / [Artaud , 1938] / [Bsf : la voix de Jules Berry, le
Diable des Visiteurs du soir, Carné, 1942 :] / « Pardonnez-moi,
je ne me suis pas présenté. Il est vrai que mon nom, mes titres
ne vous diraient pas grand’chose. Je viens de si loin. Oublié dans
son pays, inconnu ailleurs, tel est le destin du voyageur » /
Machine à écrire / Deuxième mouvement du Quatuor à cordes
n° 1, opus 7, de Béla Bartók (1908-1909) / ossessione /
[Visconti, 1942] / / films / 7’42 / Fondu enchaîné avec JLG à
sa bibliothèque – le couple au projecteur de La Prison / / Id.
Bartók. / films / 7’48 / Iris : au centre l’homme au projecteur
(image bleutée) et autour un homme souriant (en haut) que
rejoignent en courant une femme et un autre homme (au ralenti)
et le centre disparaît.Notre pain quotidien (Vidor, 1934) /
Angèle, l’air si triste, avec son bébé (Pagnol, 1934) en

64
surimpression avec la pellicule défilant au ralenti / noir / / Id.
(le violoncelle seul dans les graves) / bsf d’Éléna et les hommes :
« Non. Non ! » / / 7’58 / Surimpression et alternance entre
Hitchcock au centre en contre-plongée avec les mains en avant
comme un chef d’orchestre et le plan d’un homme (Mel Ferrer)
se jetant sur une femme (Ingrid Bergman) en l’embrassant dans
le cou (Éléna et les hommes, Renoir 1956) / noir / Même plan
Hitchcock seul puis en surimpression avec Marnie portant
l’effroi sur son visage d’être ainsi dénudée (alternance entre le
plan sur le visage et le plan sur la chemise de nuit qui tombe sur
ses jambes) – les mains de Hitchcock entourent son visage
comme ses jambes, Pas de printemps pour Marnie (Hitchcock,
1964) / noir / Visage de Marnie – jambes de Marnie en
surimpression avec bibliothèque JLG et fumée de cigare / dans
le fond le cinéma ne fait pas partie / de l’industrie des
communications / ni de celle du spectacle / mais de l’industrie
des cosmétiques / de l’industrie des masques / des masques /
[avec écho et ralenti inquiétant] / qui n’est elle-même qu’une
mince succursale / de celle du mensonge / [ralenti et écho
inquiétant] / Id. Éléna et les hommes (la musique de danse
commence sur la chute de la chemise de nuit de Marnie) / une /
industrie / de la / mort / [sur Hitchcock seul puis sur le visage
de Marnie terrorisée] / 8’18 / Iris ouverture / fermeture : au
centre, JLG et bibliothèque et cigare remettant ses lunettes et
regardant au loin et autour, le même plan le couple au projecteur
de La Prison / / fin de la musique de danse / [Voix de Jean
Renoir :] / « … existe non seulement dans le temps, mais existe
dans tout … » / l’ange [en rouge] / c’est / par / là / 8’21 /
Noir / iris ouverture / fermeture au centre, Le couple au
projecteur de La Prison (i verte) et autour Gary cooper entouré
d’hommes devant une femme assise dévoilant ses jambes,
(Boule de feu – est-ce le bon titre ? Hawks, 1941) / / « … tout
est relatif , nous sommes entourés de vérités relatives et il n’y a
que des vérités relatives… » / c’est par là / 8’26 / Le couple au
projecteur de La Prison / Renoir en contre-plongée dos à un
écran de cinéma / noir / / « tout dépend des circonstances du

65
moment. J’appartiens encore… » / c’est par là / 8’28 /
L’homme au projecteur (image bleutée) / Renoir sur fond jaune
visant dans une caméra puis surimpression avec Cyd Charisse
exhibant ses bas et dansant dans La Belle de Moscou
(Mamoulian, 1957) / noir / / « … à la vieille école des gens qui
croient à la surprise de la vie, qui croient au documentaire… » /
[The Night They Invented Champagne (Frederick Loewe,
compositeur) la chanson de Gigi (Minnelli, 1958) :] / « The night
they invented Champagne, / It’s plain as it can be, / They
thought of you and me. / l’ange / [en rouge] / 8’41 /
Surimpression Renoir et alternance avec une jambe de Gigi et
Carmen X/Maruschka Detmers en culotte rouge passant devant
un homme assis et lui caressant les cheveux (Prénom Carmen,
JLG, 1963) / noir / fondu enchaîné : la femme au projecteur de
La Prison (image bleutée), clignotement / La commissaire
soviétique sortant dévêtue de derrière le rideau, Gigi en
surimpression avec Renoir / noir / la femme au projecteur
(vert) / noir / la femme au projecteur en plan plus rapproché
clignotant / / [Renoir :] / « et qui croient qu’on aurait tort de
négliger le soupir qu’une jeune fille pousse malgré elle… » /
[The Night… :] / « The night they invented Champagne, / They
absolutely knew, / That all we’d want to do / Is fly to the sky on
Champagne, / And shout to everyone in sight: / That since the
world began, / No woman or man / Has ever been as happy /
Eléna / et / les / hommes / [sur Cyd Charisse sortant du
rideau] / 9’00 / Carmen X en culotte rouge (Prénom Carmen)
au ralenti attrapant un fruit sur une table basse et poursuivie par
l’homme dont elle caressait les cheveux et qui lui arrache à
moitié sa culotte en tombant (avec iris ouverture / fermeture) /
Renoir dirigeant / noir / / [Julie Delpy, id. :] / « oui / oui » / as
we are tonight ! » / / 9’04 / Renoir seul qui semble diriger une
scène (même posture qu’Hitchcock) au centre et iris ouverture /
fermeture avec pellicule qui défile puis alternance, clignotement
avec pieds de Cyd Charisse et différents plans très colorés d’une
danse en groupe (La Belle de Moscou) et de Gigi/L. Caron
dansant chez elle avec Gaston/L. Jourdan : de plus en plus

66
accéléré ou ralenti avec des arrêts, des retours en arrière,
impression de vitesse accentuée par l’autre surimpression de
défilement de pellicule / [Julie Delpy, suite :] / « la nuit est
venue / un autre monde se lève / dur cynique analphabète
amnésique tournant sans raison étalé mis à plat / comme si on
avait supprimé / la perspective le point de fuite / et le plus
étrange / c’est que les morts vivants de ce monde / se
construisent sur le monde d’avant / leurs réflexions / leurs
sensations sont d’avant » / [le dernier mot est prononcé sur les
derniers mots de la chanson de Gigi] / « The night they invented
Champagne, / It’s plain as it can be, / They thought of you and
me. / They absolutely knew, / That all we’d want to do / Is fly
to the sky on Champagne, / And shout to everyone in sight: /
That since the world began, / No woman or man / Has ever
been as happy / as we are tonight! » / / 9’38 / Dernier plan de
danse très ralenti er surimpression avec défilement de pellicule /
noir / / histoire (s) / histoire (s) du cinéma / [lent et grave] / /
c’est par là / 9’47 / JLG cigare et bibliothèque, il lit, fume et
parle en alternance avec une gravure représentant un
photographe derrière sa chambre noire dans la nature /
Autoportrait de Cézanne, 1861-62 / histoire / [répétition par
écho] / c’est par là [dit avec violence et regard caméra] / c’est
par là qu’il revient au spectacle / / l’histoire, / pas celui / qui la
/ raconte / 9’56 / Noir / Autoportrait de Cézanne id. fondu
enchaîné avec la femme au projecteur de La Prison / / on ne
peut pas expliquer autrement / que le cinéma / en héritant de la
photographie / a toujours voulu faire plus vrai que la vie /
[bsf :] / « c’est par là » / l’ange [sur la femme au projecteur] /
10’2 / Le Grand pin (Cézanne, 1892-96) / JLG en fondu
enchaîné très lent avec l’Autoportrait de Cézanne / [J. Delpy :] /
« un tableau / tel qu’on puisse le mettre / dans la cellule d’un
condamné » / [JLG : ] / c’est par là qu’il revient au spectacle /
[répétition par écho] / à l’isolement perpétuel / [Delpy, toujours
avec l’écho de JLG :] / « sans que ce soit une atrocité / au
contraire » / / / 10’11 / JLG id. / noir / Je disais / ni un art ni
une technique / [il regarde la caméra sur le dernier mot] / / /

67
10’16 / Vieillard regard-caméra, Tabou (Murnau, Flaherty, 1931)
fondu enchaîné un homme (avec une casquette de marin) visant
dans une caméra / [JLG avec répétition par écho :] / on ne peut
pas expliquer autrement / que le cinéma / en héritant de la
photographie / a toujours voulu faire plus vrai que la vie / /
tabou / 10’25 / Même vieillard de Tabou, fondu enchaîné gros
plan d’une main tenant un couteau / [JLG, id.:] / Assassins et
voleurs / [Voix de Guitry :] / « Et nous, hein ? / Et nous, /
l’histoire, / pas celui / qui la / raconte / 10’35 / Noir /
alternance très rapide de trois photographies de Guitry : jeune en
chapeau blanc écrivant sur un tableau (un arrêt sur cette photo),
plus vieux avec lunettes et chapeau de paille, de profil, et en
vieillard en plongée sur son lit avec ses bobines (les mouvements
s’inversent et donnent une impression de heurt par la collision
rapide des plans) / / les petits, les obscurs, les sans-grades, /
Nous qui marchions fourbus, blessés, crottés, malades, / / 10’43
/ Noir / / Guitry assis sur son lit id. / / noir / [JLG :] Assassins
et voleurs / le dernier film de Guitry (1956) / Sans espoir de
duchés ni de dotations , / Nous qui marchions toujours et
jamais n’avancions; / … Marchant et nous battant, maigres, nus,
noirs et gais… / Nous nous ne l’étions pas peut-être, fatigués ? »
/ [Après le mot « maigres » on entend la musique d’Antoine
Duhamel pour Week-end (JLG, 1967)] / [bsf de Week-end, une
douce voix d’enfant : / « alors, tu viens, tu viens ?… » / le /
roman / [sur noir 1]/ / d’un / tricheur / [sur noir 2] / [Le
Roman d’un tricheur, Guitry, 1936) / 10’57 / Noir / / photo
d’une scène de marché (Fanny, Allégret, 1932) / photo de
Brecht / [JLG : ] / « bientôt, chaque matin / il n’aura plus
besoin d’aller au marché / où l’on vend des mensonges /
bientôt, il ne se rangera plus / tout joyeux du côté des
vendeurs » / 1. Aucun requin ne doute qu’il ne soit bien équipé.
/ 2. Un poisson qui ne sait pas danser le menuet est digne de
mépris. / 3. Aucun poisson n’est sûr d’être bien équipé s’il n’a
trois rangées de dents. / 4. Tous les poissons excepté les requins
sont gentils avec les enfants. » / le / cinéma / [sur le plan du
marché] / 11’14 / Photographie de Brecht id. / [J. Delpy :] /

68
« sois sûr d’avoir épuisé / tout ce qui se communique par
l’immobilité et le silence » / [Bresson, Notes sur le
cinématographe, 1975] / [simultanément JLG :] / j’ai enregistré
cette phrase de Brecht / et j’ai demandé à Fritz Lang / de la dire
à Brigitte Bardot / / [toujours sur la photo de B.B.-Brecht :] / le
/ pauvre / BB / / je / fais / des / bijoux / pour / les / pauvres
/ / 1 / histoire / seule / 11’20 / Noir / iris ouverture /
fermeture rapide, au centre la femme au projecteur de La Prison
(bleutée), autour : bobines et pellicule puis au centre B.B. dans
Le Mépris, dans son bain lisant une monographie sur Lang en
alternance avec une autre image de B.B. où elle est brune,
souriante et semble beaucoup plus jeune (au moment du bruit
de l’accident) / [JLG suite :] / et j’ai appelé le film / Le Mépris /
Bruit de moteur de voiture qui va très vite et bruit d’accident / 1
/ histoire / seule / [sur B.B.-Bardot] / 11’30 / Noir / Brecht id.
en plan plus rapide – iris au centre B.B. dans l’Alfa-Roméo /
accident, au centre, l’homme au projecteur de La Prison (image
bleutée) / / Machine à écrire. / 2e mouvement, Sostenuto e
pesante de la Sonate pour piano (1926) de Béla Bartók / / 11’42
/ Surimpression JLG biblibliothèque et Bardot, l’accident dans
Le Mépris puis B.B. seule / Le Diable au corps / [Radiguet,
1923] / Id. Bartók / / 11’45 / Noir / iris au centre B.B. accident
/ Mépris et autour, le couple au projecteur de La Prison /
[JLG :] / histoire des siècles futurs / Joseph et ses frères /
[Thomas Mann, 1935-1948] / Id. Bartók / [la voix de
Paul/Piccoli dans Le Mépris :] / « donc une réalité telle qu’elle
se présente objectivement ? » / [Lang :] / « exactement, et dans
une forme qui ne se décompose pas » / [caractères entremêlés :]
/ [en arrière-fond :] / histoire / (s) / du / cinéma /
[apparaissent successivement :] / les – actes / les – heures / les
– acteurs / de – l’histoire / 11’59 / Corps nu de Bardot allongée
sur couverture bleue, en alternance rapide avec photographie de
Lang jeune (au monocle) dans les années 20 — il semble se
retourner sur le corps allongé de la star et son visage est au
niveau de ses fesses, c’est-à-dire de l’objet du plan, puisqu’on ne
voit pas son visage — puis au ralenti B.B. en noir et blanc

69
fermeture à l’iris / / Id. Bartók + machine à écrire / [Lang
suite : ] / « … et qui est à prendre ou à laisser. » / [Camille/BB :]
/ « … je me tais parce que je n’ai rien à dire » / 1 / histoire /
seule / / bon / dit-il / [sur Lang] / / soir / dit-elle / [sur BB] /
/ 12’11 / Noir / surimpression JLG bibliothèque / cigare et
dernier plan du Mépris Paul dit au revoir à Lang sur le tournage
de la séquence du retour d’Ulysse (la flamme du briquet de JLG
au centre de l’image du Mépris) / / Hermann, Psycho / Paul :
« au revoir Monsieur Lang » / Lang : « au revoir, à bientôt
j’espère » / [sur noir] JLG assistant de Lang / [Toujours bsf Le
Mépris, voix de JLG : « Monsieur Lang, on est prêt », les
directives de tournage : « silenzio…camera… motore… Sette
cento uno, prima ! avanti.. azione !… » / / 12’42 / Noir /
l’homme au projecteur de La Prison (bleuté) fondu au noir,
femme au projecteur de La Prison (vert) / dernier plan du
Mépris en surimpression avec JLG, bibliothèque et cigare, qui
lève les yeux au ciel. / [dans la continuité du travelling, Delpy dit
un extrait de Bresson de Notes sur le cinématographe, 1975 :] /
« si une image / regardée à part / exprime nettement quelque
chose » / L’Adagio religioso, deuxième mouvement du
Troisième concerto pour piano et orchestre (1945) de Béla
Bartók / [Toujours bsf Le Mépris :] « travelling… carello » /
naissance / du / cinéma / 13’01 / Noir / [Bresson suite :] / « et
si elle comporte une interprétation » / bande-son de la séquence
de La Splendeur des Amberson / Reynaud De / meny Muybri /
dge Janssen / Cros Edison / 13’07 / Une femme mûre et une
jeune femme de dos accueillent un jeune homme dans un
mouvement circulaire qui se perpétue tout au long de l’extrait,
La Splendeur des Ambersons (Welles, 1942) puis iris
clignotement photographie des frères Lumière puis clignotement
avec une photo de Stroheim sur le tournage des Rapaces (1923)
puis clignotement avec une gravure de Goya, un corps
recroquevillé et qui crie puis encore clignotement, les frères
Lumière (toujours avec le tournoiement des Amberson) / [Suite
Bresson :] / « elle ne se transformera pas / au contact d’autres
images / les autres images n’auront aucun pouvoir sur elle / et

70
elle n’aura aucun pouvoir sur les autres images / ni action ni
réaction / elle est définitive et inutilisable / dans le système du
cinématographe » / [silence] / [JLG :] / ou tout au début /
l’histoire des deux frères / ils auraient pu s’appeler abat-jour /
mais ils s’appelaient Lumière / ils avaient presque la même
bobine / Id. / / 13’47 / noir /alternance, clignotement : un
dessin sur les débuts du cinématographe et photographie de
Lumière au microscope / [JLG :] / et ils avaient presque la
même bobine / depuis ce temps là il y a toujours deux bobines /
Id. / Au piano seul, l’Adagio religioso, deuxième mouvement du
Troisième concerto pour piano et orchestre (1945) de Béla
Bartók / toi / moi / [sur plan Lumière] / 14’00 / Fondu
enchaîné : photographie de Garbo de profil dans un miroir (elle
est donc double) / [JLG :] / pour faire du cinéma / une qui se
remplit et une qui se vide / Bartók id. et suite / sans / avenir /
14’07 / Le couple au projecteur de La Prison (bleu) / [JLG :] /
une qui se remplit et une qui se vide / Bartók id. / louisi / ana /
story / [Flaherty, 1948] / 14’10 / Noir / photographie de
Flaherty avec sa monteuse, Hélène van Dongen, regardant la
pellicule, (vers 1947) / surimpression : défilement pellicule et un
couple qui s’embrasse puis alternance avec photo1 puis
alternance surimpression défilement pellicule et Welles /
Hayworth dans La Dame de Shanghai (Welles, 1948) / [JLG :] /
Comme par hasard en vidéo / on a appelé la bobine de gauche /
l’esclave / et celle de droite le maître / ô mon Karl / moteur / /
14’23 / Noir / Une femme masquée derrière des barreaux au-
dessus desquels est inscrit en rouge : « malade », Ici et ailleurs
(JLG, 1975) / noir / Keaton l’air si triste dans La Croisière du
Navigator (Keaton, 1924) fondu enchaîné bobine de film noir et
blanc – l’homme au projecteur et mouvement vers la femme au
projecteur de La Prison / ô ma Rosa / [sur noir] / Id. / sans /
avenir / [sur plan bobine de film] / [homme au projecteur : avec
le l en rouge de l’ange] / 14’39 / Fondu enchaîné : un ange qui
vole l’air désespéré (avec iris), détail de la « Lamentation » des
Scènes de la vie du Christ (Giotto, 1304-06) avec un très beau
visage de sainte dans une lumière douce en noir et blanc (saint

71
Sébastien soigné par Irène « à la torche », Georges de La Tour,
1649) puis la surimpression du projecteur de La Prison
« mange » son visage / [voix de François Périer qui lit Hermann
Broch, La Mort de Virgile, 1945 :] / « c’est parce qu’une dernière
fois / la nuit rassemble ses forces / pour vaincre la lumière… »
/ [simultanément JLG :] / de dire / c’est de voir / [suite
Broch :] / « mais c’est dans le dos » / [JLG :] / et j’ai appelé le
film / Une place sur la terre / et j’ai appelé le film / Une place
sur la terre / Catherine Ringer : exercice pour la voix (fin) / bon
/ dit-il / [en bas à gauche sur l’ange de Giotto] / soir / dit-elle /
[sur Irène du tableau de La Tour] / l’ange / extermi / nateur /
[en rouge sur Irène] / terre / sans / pain / [en jaune sur Irène] /
15’04 / Un homme (F. Périer) dans l’obscurité maniant un
projecteur, Soigne ta droite (JLG, 1987) / [JLG :] / c’est qu’un
projecteur de film / est obligé de se souvenir de la caméra / et
que le cinéma n’est une industrie / Bsf Soigne ta droite (moteur)
/ / 15’11 / Le couple au projecteur de La Prison / de l’évasion
/ que parce qu’il est d’abord le seul lieu / Id. / histoire / de la /
projection / [sur :] l’ange [en rouge et en transparence] / 15’14 /
Noir / Très beau visage en très gros plan d’une jeune femme
derrièredes barreaux, Prison sans barreaux (Léonide Moguy,
1938) / [JLG :] / où la mémoire est esclave / [texte de Broch
simultanément :] / « mais c’est dans le dos / que la lumière / va
frapper la nuit » / Bruit de projecteur / les / esclaves / du /
désir / 15’19 / Lent fondu enchaîné avec homme et femme (il la
tient dans ses bras) dans un paysage sous la pluie, I Confess, La
Loi du silence (Hitchcock 1953), lent fondu enchaîné : homme
et femme séparés par des barreaux, Pickpocket (Bresson, 1959)
/ noir / [Broch suite :] / « et d’abord / très doux / comme si on
ne voulait pas l’effrayer » / [un réel silence avant le texte de
Broch] / rythme de battements de cœur / Catherine Ringer
chantonne au loin (dans Soigne ta droite pour l’enregistrement
de l’album The No comprendo) / la / loi / du / silence / [sur
plan 1 et plan 2] / / L’enfer / est / à / lui / [Raoul Walsh,
1949) / 15’33 / Id. l’homme au projecteur de La Prison /
Soigne ta droite / La Loi du silence id. / lent fondu enchaîné,

72
une barque dans la nuit (un homme qui rame et une femme), La
Fiancée de Glomsdale (Dreyer, 1925) lent fondu enchaîné La
Loi du silence id. / [Broch suite :] / « le chuchotement que
l’homme a déjà perçu / il y a longtemps / ô si longtemps / bien
avant que l’homme existe / le chuchotement recommence » /
[Id. C. Ringer : ] / « Ce secret qui me fend le cœur » / [Bsf
Johnny Guitare, N. Ray, 1954, sur la musique de Victor Young :]
/ Johnny : Don’t go away. / Vienna : I haven’t moved. /
Johnny : Tell me something nice. / Vienna : Sure, what do you
want to hear ? / Johnny : Lie to me. Tell me all these years
you’ve waited . / Vienna :All those years I’ve waited… / la /
poursuite / du / bonheur / [sur plans 2 et 3] / / voyage / sans
/ retour / [T. Garnett, 1932] [sur plans 3 et 4] / 15’54 /
Impression de raccord avec La Loi du silence id. (ils arrivent
vers la maison que nous voyions au loin), mais le bras de
l’homme semble être celui d’un squelette / et que le cinéma n’est
une industrie de l’évasion / que parce qu’il est d’abord le seul
lieu / [une répétition par l’écho telle que ce n’est plus vraiment
intelligible] / [Johnny Guitar, de moins en moins audible :] /
Johnny : Tell me you’d a-died if hadn’t come back. / Vienna : I
woulda died if you hadn’t come back. / Johnny : Tell me you
still love me like I love you. / Vienna : I still love you like you
love me » / [Sonnerie de téléphone stridente :] / « Allô ! ne
quittez pas ! » – « Allô ! allô ! allô ! » (voix de Piccoli ) / sauve /
qui / peut / [Sauve qui peut (la vie), JLG, 1979] [gros caractères]
/ 16’04 / Surimpression d’une salle avec une porte qui s’ouvre
lentement et photographie de Henri Langlois (sur la droite, il
semble être derrière la porte) vers 1950 – puis photographie de
Langlois seul avec une affiche sur laquelle est inscrit :
« cinématographe » et une fresque qui, dans le plan précédent
semblait être sur le mur – un plan de mer avec lumière de soleil
couchant et retour photographie de Langlois avec des flashs de
début de bobine : 1 – 2 – 3 / noir / / [Début de If It Be Your
Will, / Leonard Cohen, 1984 :] / « If it be your will / That I
speak no more » / Bsf Johnny Guitare / Henri / Langlois /
16’25 / Un « homme à la caméra » (plan du film de Vertov ,

73
1929) à contre-jour et en surimpression avec Johnny à cheval
dans Johnny Guitare (N. Ray, 1954) / [JLG :] / le vagabond [sur
plan 1] / des étoiles [sur plan 2] / Musique et bsf : Johnny
Guitare / l’homme / à / la / caméra / [Vertov, 1929] / 16’30 /
Noir / JLG bibiothèque, il prend le livre de Diderot en
surimpression avec une photographie ancienne deux hommes
barbus et leur appareil photo puis avec un dessin ou une gravure
d’une femme dans une imprimerie devant une épreuve / Jacques
[un arrêt] le fataliste / [Diderot, 1773] / Candide / [Voltaire,
1758] [deuxième surimpression] / Hermann, 1960 (Psycho) /
naissance / de / l’extérieur / / naissance / du / cliché / /
candid / camera / 16’44 / Le couple au projecteur de La Prison
(bleu) / / plan d’un opérateur + un appareil photographique 6x6
au second plan / noir / fondu enchaîné une femme se dirigeant
vers un homme endormi à la table, Alionka, (Barnet, 1961) /
héritier de la photographie / oui / Machine à écrire / l’ombre /
d’un / doute / [Hitchcock, 1943] / 16’53 / noir / Barnet, id.
suite : la femme éteint la lampe, fragment de texte avec iris :
« Dès lors, elle – nd silence de ce pays s – aurait plus de train –
là qu’à neuf heures vin – la haie à petits pas, da – mme si elle eût
fait une – les sentiers dé » / Barnet, id. suite : la femme dans le
noir / [J.Delpy :] / « enfin les objets que nous avons / sous les
yeux » / [JLG simultanément:] / héritier de la photographie /
oui / [JLG, sur un autre ton, plus grave, plus lent, plus lointain :]
/ les jeunes filles en fleurs / [À l’ombre des jeunes filles en
fleurs, Proust, 1919] / [Bsf Touchez pas au grisbi, Becker, 1954 ;
Gabin au téléphone:] / - Ah bonjour, Monsieur Max… / - Eh
bien justement, on vient de transporter Monsieur Riton / /
17’05 / noir /Surimpression JLG bibliothèque et Zola avec son
appareil photographique / Puis surimpression : Zola id. et
Carette devant sa locomotive dans La Bête humaine (Renoir,
1938) / [JLG :] / héritier de la photographie / oui / mais en
héritant de cette histoire / le cinéma n’héritait pas seulement de
ses droits / à reproduire une partie du réel / Machine à écrire /
[Bsf Touchez pas au grisbi :] / - Qu’est-ce qui lui est arrivé
d’après vous à Monsieur Riton ? / - Ma foi je n’en sais trop rien,

74
il vaudrait peut-être mieux demander à Mademoiselle Josie
quand elle reviendra / / 17’21 / Jean Seberg dansant avec un
homme (effet de saccade) dans Bonjour tristesse (Preminger,
1957) / mais surtout de ses devoirs / et s’il hérita de Zola, par
exemple / ce fut pas de L’Assommoir / ni de La Bête humaine
/ Id. / - C’est tout ? / - Ouais, c’est tout / la / bête / humaine /
/ bonjour / tristesse / [Sagan, 1954 ; Preminger, 1957] / 17’31 /
Photographie en couleur, femmes devant la mer, par les frères
Lumière puis surimpression avec jeune femme à table / [voix
mêlées] [J.Delpy :] / « enfin les objets que nous avons sous les
yeux » / [JLG :] / mais d’abord d’un album de famille / c’est-à-
dire de Proust et de Manet / [J.Delpy :] / « se limitent les uns les
autres » / Machine à écrire / / 17’36 / Noir / homme sur un
âne qui montre quelque chose, à un jeune homme à côté de lui,
(Pagnol, peut-être Merlusse, 1935) puis fondu enchaîné : Raimu
regardant au loin avec deux femmes et O. Demazis regardant
vers le bas (son bébé) puis fondu enchaîné plan précédent puis
fondu enchaîné avec un défilé de mannequins / [J.Delpy suite :]
/ « l’air sert de bornes aux collines / et les montagnes à l’air / la
terre délimite la mer / et la mer à son tour délimite toutes les
terres / mais au-delà du tout / il n’y a rien pour le terminer » /
[Gabin, suite :] / Il m’emmerde ce Riton depuis l’temps qu’ça
dure… / [simultanément, sur le défilé, Actualités :] / « Le
centimètre joue un rôle primordial dans cette élection… » / /
17’48 / Clignotement, noir et plan rapproché sur C. Hessling,
Nana clignotement (Renoir, 1926) / « mais au-delà du tout / il
n’y a rien pour le terminer » / [Id. :] Faut toujours qu’il fasse des
conneries. / Il est bête ! Mon Dieu c’qu’i peut être bête ! / Nana
/ [Zola, 1880 – Renoir, 1926] [en jaune] / 17’56 / Noir /
clignotement iris ouverture/fermeture rapide, au centre star
américaine, Rita Hayworth très jeune qui sourit et relève ses
cheveux au ralenti et autour, la photographie de Zola avec sa
fille Denise à la très belle chevelure noire dans le jardin de
Verneuil puis au centre La Prune (Manet, 1877) / [JLG :] / mais
d’abord d’un album de famille / c’est-à-dire de Proust et de
Manet / Hermann, id. 1960 / [bsf Touchez pas au grisbi :] /

75
L’plus marrant, c’est qu’i’s’prend pour un caïd sous prétexte qu’il
est courageux. Ben il est p’t’être gonflé, mais c’qu’i peut être con.
J’aurais jamais dû me mettre avec un imbécile pareil. Qu’est-ce
que j’aurais pas fait dans la vie / [suite Actualités, sur R.
Hayworth :] / « Une jolie brune est proclamée Vénus
moderne… » / au / bonheur / des / dames / [Zola, 1883] [en
jaune] / 18’10 / Photographie de Zola avec son appareil photo /
/ si j’l’avais pas eu tout le temps derrière moi. / faux / tographe
/ 18’11 / Iris/ ouverture / fermeture rapide,clignotement
fragment de texte [À l’ombre des jeunes filles en fleurs :] / « ait
– dédaigné, la dernière – ure, celle qui, quand toute –, sait nous
faire pleurer e – nous pour mieux dire, mais – ards, dans un
oubli plus ou – ice à cet oubli seul que – tre – retrouver l’être
que – vis des choses comme » [avec, au centre, La Prune (Manet,
1877) – En bateau (homme avec canotier sur un canot avec une
femme) (Manet, 1874) / / Ah, c’est bien de ma faute, j’aurais dû
travailler tout seul… C’est c’ que j’aurais dû faire. Au lieu de ça,
j’ai fait du sentiment. / / 18’22 / Noir / iris, au centre un
homme (R. Novarro) et une femme morte dans Thy Name Is
Woman (F. Niblo, 1924) et autour le couple au projecteur de La
Prison (vert) puis au centre visage de femme, détail du Tango de
l’archange (van Dongen, 1930) / [JLG : ] / et pour aller du
début à la fin / de ce livre immense / avec quoi les hommes ont
violé / désespérément la nature / pour y semer / Touchez pas
au grisbi, Gabin murmuré. / J’accuse / [sur noir][Zola, 1898 ;
Gance, 1919 et 1938] / 18’30 / Le couple au projecteur de La
Prison (vert) / noir / clignotement / iris / ouverture /
fermeture / rapide au centre, un soldat endormi de la
« Résurrection » (Scènes de la vie du Christ, Giotto, 1304-1306)
et autour, le détail abstrait et très coloré d’un tableau de Matisse
probablement (couleurs et dessin sont très proches de ceux de
L’Odalisque) puis iris au noir, fragment de texte (les premières
lignes de La Princesse de Clèves) : / « La magnificience–en
France avec tant–années du règne de H–galant, bien fait et–pour
Diane de Poitier–comme [sous-titre qui empêche de voir] avait–
pas moins violente… » / [fondu enchaîné autre texte, Faulkner :]

76
« …on grand-père entra, profitant–pour faire un discours, les
jeux dej–plus rien, comme le sont ceux des gen–à s’entendre
parler en public : « Au mo–lutte pour se relever de sous le talon–
que, alors que l’avenir même du Sud, en–femmes et nos enfants
puissent vivre de faç–du labeur de nos mains, que les seuls–ions,
ceux sur quoi nous puissions compt–êteté et la tolérance des
noirs ainsi que la fi–lérance des blancs ; que toi, dis-je, un h–
ssayait de passer à travers la foule–déjà trop tard, comme si
la… » / la puissance de leur fiction / pour aller de Giotto à
Matisse / et de Madame de Lafayette à Faulkner / il faudra cinq
fois moins de temps / qu’il a fallu à la première locomotive /
pour qu’elle devienne / Hermann, 1960 (Psycho) / [sur texte] /
au / paradis / perdu / [sur plan 1] / 18’41 / Noir / texte de
Faulkner id., fondu enchaîné : photographie ancienne en noir et
blanc d’hommes déposant du goudron à l’aide d’un camion à
l’apparence de locomotive / le TGV / Klaxons / / 18’44 / Man
Hunt/Chasse à l’homme (Lang, 1941) : une femme court
entourée d’une foule de gens pressés (dans une gare) en
alternance et clignotement, iris rapide avec un train qui fonce
vers nous au centre et un autre en sens inverse duquel un
homme tombe (J. Cotten, L’Ombre d’un doute, 1943)
[l’association donne l’impression que le train va écraser la
femme] / noir / / / Id. / / 18’49 / Travelling ascendant vers un
enfant sortant la tête d’un wagon de marchandises / des soldats
allemands referment la lourde porte d’un wagon de
marchandises au ralenti, Nuit et brouillard (Resnais, 1955) /
surimpression Mireille Darc grimaçant de colère dans Week-end
(sur le bruit des klaxons du train) et JLG bibliothèque les yeux
vers le lointain / noir / / / Sonnettes — Klaxons sur plan
Week-end / / 18’56 / Noir / plusieurs plans, clignotement
rapide du train (ensemble / roue / foule) dans L’Arrivée d’un
train en gare de La Ciotat (Lumière, 1895) et La Roue (Gance,
1923)/ noir / / [JLG :] / le cinéma / Klaxons / Enchaînant sur
un klaxon, l’introduction du 5e mouvement (Allegro molto) du
Quatuor à cordes n°4 de Béla Bartók (1928) / que prolonge
Pacific 231 (Honegger, 1923) / la / roue / 19’18 / Iris

77
couverture de livre : « L’Image » (Beckett, 1988) / noir / Vierge
à l’enfant, détail de la « Fuite en Égypte » (Scènes de la vie du
Christ, Giotto, 1304-06) / noir / Jeanne les mains enchaînées et
priant les yeux clos, Jeanne au bûcher (Rossellini, 1954)
clignotement, iris ouverture/fermeture rapide avec le couple au
projecteur de La Prison et répétitions sur le plan de la
couverture du livre puis clignotement avec JLG bibliothèque
L’Image / noir / / comme le christianisme / ne se fonde pas sur
une vérité historique / le cinéma comme le christianisme / le
cinéma comme le christianisme / [pause] / le cinéma comme le
christianisme / ne se fonde pas sur une vérité historique /
Pacific 231 (Honegger, 1923) / / 19’31 / Noir / / il nous donne
un récit / Id. / I / confess / [en rouge] / 19’34 / Femme
changeant un aiguillage (Sur la voie, Léonce Perret, 1914), fondu
enchaîné femme id. en plan plus rapide et JLG bibliothèque les
yeux toujours dans le lointain tenant La Princesse de Clèves
(Madame de Lafayette, 1678) dans une main et Absalon,
Absalon ! (Faulkner, 1936) dans l’autre,puis clignotement avec
couverture de L’Image et femme id. puis cette même femme
seule et en plans plus rapides / une histoire et nous dit
maintenant crois / non pas accorde à ce récit / à cette histoire la
foi qui convient / de l’histoire / mais crois quoiqu’il arrive / et
ce ne peut être le résultat / de toute une vie / tu as là un récit /
ne te comporte pas avec lui / comme avec les autres récits
historiques / wie zu einer anderen historischen Nachricht /
Klaxons / Judex / [en rouge] / [Feuillade, 1916, Franju, 1964] /
19’55 / fondu enchaîné : L’Image (couverture) et femme en très
gros plan, l’air enragé, Genuine : a Tale of a Vampire (Wiene,
1920) / donne-lui une place tout autre dans ta vie / Sifflement et
dialogue de M le maudit (Lang, 1931) / / 20’04 / Une femme
allongée avec une énorme araignée sur le cœur et un homme
penché au-dessus d’elle, Les Araignées, (Lang, 1919-20) puis
clignotement, iris rapide : L’Image id. / laß sie eine ganze andere
Stelle / in deinem Leben einnehmen / M le maudit, suite / /
20’10 / Noir / / M le maudit, suite (« Hast du den Mann
gesehen ? ») / Troisième mouvement de la Symphonie « Mathis

78
der Maler » (« La Tentation de saint Antoine), Hindemith (1933-
1934) / le / cinéma / / le / re dites / / re dites / le / / 1 /
20’32 / La Main (Giacometti, 1947) / la main va vers le haut / /
Id. (musique très forte à la fin du plan 1 et bsf de M le Maudit) /
l’image / [haut / gauche] / 20’45 / Lent fondu enchaîné une
main qui touche le sol, Le Procès de Jeanne d’Arc (Bresson,
1961) :la main va vers le bas, les deux mains se chevauchent
dans le lent fondu enchaîné / / Hindemith id. / viendra / [bas
gauche] / 20’57 / Très lent fondu enchaîné : une main très
blanche, paume vers le haut, entre deux mains brunes et un
fragment de main en haut à droite / noir / / / Id. / oh ! /
temps / 21’12 / Un couple dans un lit dehors surplombant la
mer ou un lac (peut-être Le Dit des années de feu, Youlia
Solntzeva, 1961) / Johannes avec la petite fille, Ordet (Dreyer,
1955) fondu enchaîné un lit vide marqué par l’empreinte (très
profonde, inquiétante) d’un corps / noir / / / Id. (très tendu) /
oh ! / temps / 21’23 / L’œil avant d’être tranché dans Un chien
andalou (Buñuel, 1928), fondu enchaîné : un très gros plan de
l’homme au projecteur (avec des restes des lettres de L’ange) /
noir / / / Id. (violent roulement de timbales) / l’image / viendra
/ au / temps / de / la résurrection / [en un éclair sur plan 1 et
plan 2] / 21’33 / Un ange posant la main sur l’épaule d’un jeune
homme (Rembrandt, 1650), très lent fondu enchaîné David avec
la tête de Goliath (Le Caravage, la version de 1610 dans laquelle
le peintre donne son visage à Goliath) très lent fondu enchaîné,
un corps mort et des mains au-dessus, détail de La Leçon
d’anatomie du docteur Joan Deyman (Rembrandt, 1656) puis
clignotement l’œil homme au projecteur de La Prison (avec le
rouge des lettres de L’ange) / / Silence et id. (plus lent) / l’image
/ viendra / au / temps / de / la résurrection / [sur Caravage] /
21’48 / Noir / / l’œil tranché du Chien andalou / / Noir / / /
Id. (lent) et début (Langsam) de la Musique funèbre pour alto et
instruments à cordes (Hindemith, 1936) / le / cinéma / [sur
noir 2] / / le / re dites / / re dites / le / / 2 / 22’12 / À contre-
jour, Birgitta marchant vers la lumière et son suicide, La Prison
(Bergman, 1949) / fondu enchaîné et surimpression Marnie

79
déposant des fleurs blanches chez sa mère et repartant, au
ralenti, Pas de printemps pour Marnie (Hitchcock, 1964) ; /
Marnie disparaît, seul persiste le premier plan puis revient
Marnie avec les glaïeuls rouges / La série se termine sur Birgitta
seule avec cette grande lumière qui entre / / Hindemith id. /
une / industrie / de / l’évasion / [bas gauche] / / le / lieu / seul
/ [haut droite sur la surimpression Hitchcock-Bergman] / / où
/ la / mémoire / est / esclave / [sur dernier plan] / 22’52 /
Noir / / Id. (de plus en plus grave) / le / cinéma/ / le / re dites
[deux fois]/ / re dites / le deux fois]// / 3 / 23’14 / Visage
d’un homme ensanglanté, fondu enchaîné le même homme en
plan plus large se relevant au milieu d’éclats de miroirs, fondu
enchaîné, un groupe d’hommes armés tenant un cadavre, Païsa
(Rossellini, 1946) / noir / / / Hindemith id. / Bsf Païsa bruits –
cri (après noir) / l’héritage [plan 1] / / de la / photo [plan 2] /
[bas gauche dans les deux cas] / 23’28 / Même plan groupe
d’hommes, fondu enchaîné surimpression avec des résistants qui
courent et tombent sous les balles / / Hindemith id. et bsf Païsa
/ / 23’32 / Noir / le couple au projecteur de La Prison (vert)
clignotement et détail du Jugement dernier (portail de droite de
la cathédrale de Reims, XIIIe siècle) puis clignotement très
rapide (à peine perceptible) avec un corps jeté à la mer puis plan
sur l’eau : deuxième corps et troisième corps jetés / noir / /
Bsf : le bruit des corps tombant dans l’eau / dove la liberta /
[vert clignotement] [Rossellini, 1954] / 23’45 / Noir / / Bsf :
hiver 1944, vne voix off annonce en italien la fin de la guerre /
(La terra trema, Visconti, 1948) / le / cinéma / / le / re dites /
/ re dites / le / / 24’00 / Jeune fille tenant la tête dans ses mains
puis autre plan sur une autre, la jeune fille se retourne au ralenti
au même rythme que la caméra panoramique dans l’autre sens
(la lumière s’apparente à celle d’une peinture), dans La terra
trema et retour au noir avec la fin du mouvement tournant
(Visconti, 1948) / / Bsf id.. et début de la bs de La Fièvre dans
le sang,, Kazan, 1961 : dialogue de Deanie avec sa mère, cris. /
re dites / le / / 4 / 24’08 / Surimpression de deux plans :
Deanie/N. Wood se jetant sur son lit et N. Wood autre plan à

80
l’arrêt devant un lit puis retour au premier plan dans La Fièvre
dans le sang / / les deux bsf suite / à / l’ombre [bas gauche] / /
des / jeunes / filles / 24’16 / Noir / surimpression, fondu
enchaîné N. Wood allongée sur son lit en larmes (la tête dans le
coussin) et dans l’autre sens, Baby doll allongée dans le berceau
suçant son pouce (Kazan, 1956), les deux plans en alternance et
plus rapprochés (on voit davantage le visage de N. Wood qui se
retourne) / / Bsf id. / La Fièvre… : gémissements et : / « You
know what I mean » / [sur le visage soudain souriant de Deanie]
/ Hindemith suspendu / en / fleurs / 24’27 / Surimpression N.
Wood embrassant la photographie de son fiancé sur le miroir
(sous d’autres photographies accrochées au mur) et le visage de
Baby Doll / / reprise Hindemith id. / en / fleurs / 24’35 / N.
Wood en larmes et comme en prière au pied de son lit, fondu
enchaîné avec Baby Doll / / / en / pleurs / 24’40 / Noir /
clignotement rapide Deanie / N.Wood : crise de nerfs dans son
bain / noir / / Cry Baby (Janis Joplin, 1971) : / « Cry Baby… »
/ [sur noir 2] / Lolita [Kubrick, 1962] / / Lili [Charles Walters,
1953] / / Moni / ka [Bergman, 1952] / / Zoia [Lev Amshtam,
1944] / / Baby / Doll / 24’53 / Baby Doll suçant son pouce id.
en fondu enchaîné avec La Femme dans les vagues (Courbet,
1868) [le corps nu de la femme semble sortir de la femme-
enfant) / / Chant de femme a capella / / 24’57 / Noir / le
couple au projecteur de La Prison (vert) / noir / le couple id.
(plus rapide, bleu) / / Id. / / 25’03 / Un militaire devant une
femme à laquelle on bande les yeux (Jericho, Calef, 1945), fondu
enchaîné femmes dans un bassin, Les Enfants jouent à la Russie
(JLG, 1993) puis surimpression des deux plans / / Id. +
machine à écrire / fleurs / [en jaune][sur plan 2] / / pleure / [en
jaune][sur plan 3] / 25’14 / Noir / [JLG :] / cela pour dire / que
le cinéma n’a jamais été un art / et encore moins une technique
/ depuis L’Arrivée du train en gare… [Lumière, 1895] / ou Le
Goûter de bébé [Lumière, 1895] / jusqu’à Rio Bravo [Hawks,
1959] / la caméra n’a jamais changé / / Marie / pour / mémoire
/ [Garrel, 1967] / / lumière / d’été / [Grémillon, 1943] / /
yeleen [sic] / [Yeelen, La Lumière, Souleymane Cissé, 1984-87) /

81
25’27 / JLG bibliothèque en surimpression avec photographie
ancienne de Godard aux lunettes noires, avec photographie
caméra en noir et blanc puis surimpression caméra en noir et
blanc et photographies d’un homme et de Veronica Lake puis V.
Lake seule,fondu enchaîné très gros plan de Marilyn Monroe /
fondamentalement / la Panavision platinum est moins
perfectionnée / que la Debrie 7 / avec laquelle le neveu d’André
Gide / partit en voyage au Congo / [voix de JLG superposée :]
/ L’Afrique fantôme [Michel Leiris, 1934] / Machine à écrire / /
25’38 / Noir / JLG bibliothèque en surimpression en
surimpression avec photographie ancienne de Godard, avec id.
caméra en noir et blanc puis surimpression et clignotement
jeune fille africaine et homme avec caméra (dans le même axe,
comme s’il la filmait) arrêt sur l’homme qui vise puis très lent
fondu enchaîné avec la jeune fille (à l’apparition de la musique)
puis jeune femme seule, fondu enchaîné sur texte et jeune
femme : « Je me souviens de lui avoir posé la ques – ment :
« qu’est-ce que tu vas faire là-bas ? – evenu très sérieux, car je lui
demandais cela – comme une plaisanterie, je savais très bien –
faire là-bas, il allait somme toute évangélis – s’est pas du tout
situé sur le plan chétien. – J’ai conscience, là-bas, que nous,
peuple civi – ns pu faire tellement de mal à cette malheu – tion
noire, que j’ai senti en moi comme – voir de leur apporter – aux
Noirs –aussi– avons de meilleur » J’ai été profondément – a et je
me suis souvenu de cette phrase quand –c’est-à-dire quand j’ai
pu la comprendre vrai… » fondu enchaîné un homme qui vise /
L’Afrique fantôme [Michel Leiris, 1934] / Les Nourritures
terrestres [Gide, 1897] / la Panavision platinum est moins
perfectionnée / que la Debrie 7 / avec laquelle le neveu d’André
Gide / partit en voyage au Congo / [Il s’agit de Marc Allégret,
ami et secrétaire d’André Gide pour ce voyage dont il reste un
documentaire et un livre anticolonialiste qui partagent le même
titre : Voyage au Congo] / Id. + Africa, Coltrane, 1961 /
[Anciennes actualités :] / « … en l’honneur des premières
automobiles venues du Nord, les indigènes Haoussa de Miamey
dansèrent le Koulikouta, parodie des anciens sacrifices humains

82
du Dahomey » / et percussions africaines de la même bande-son
/ la / première / [sur dernier plan] / 26’31 / Noir / très gros
plan : visage de petite fille noire, fondu enchaîné très lent, petit
garçon noir en plongée souriant et tenant une photographie dans
une main – petite fille id. (peut-être du film inachevé de JLG,
France/tour/détour/deux/enfants, 1977-79) / / Id. / la /
première / [noir et plan 1] / / image / [plan 2 et 3] / 26’56 /
Noir / / Id. / ce n’est / pas / une image / juste / 26’59 / Le
cinéaste ou opérateur montrant la caméra au petit garçon / / Id.
= bruit de foule et musique de film qui « s’emballe » / juste une
/ image / juste une / image / 27’11 / Noir / iris au noir et voile
blanc par alternance surimpression : « L’Image » (couverture)
ouverture / fermeture rapide visage d’un enfant couvert de
boue, avec des mains blanches autour et fondu enchaîné avec
texte : « plus la peine la lan – dans la boue je res – plus soif
langue re– se referme elle doit f– droite à présent c’es – l’image »
–l’enfant id. – couverture de L’Image id. / / Id. / ombres /
blanches / [Flaherty / Van Dyke, 1928] / 27’22 / Noir /
clignotement rapide entre des festivités mussoliniennes, (la foule,
les drapeaux et l’inscription géante : « …ematographia e l’arma
piu for… »), en haut, un Mussolini géant l’œil à la caméra
/couverture de L’Image / tir de canons et le capitaine Blood/E.
Flynn menaçant de son bateau : différents plans de Capitaine
Blood (Curtiz 1935) / / Id. + motif introductif du premier
mouvement (Allegro) du Quatuor à cordes n°5 de Béla Bartók
(1934) / / 27’25 / Mussolini à contre-jour et contre-plongée sur
un podium devant les micros fait un discours, lève le bras et
pointe le doigt / raccord sur un plan de foule hystérique en
plongée et retour sur Mussolini qui salue le bras tendu, Le
Fascisme ordinaire (Romm, 1965) / plan du tir de canon de
Capitaine Blood / / Id. + bsf Romm (il hurle) – cris de foule
puis bruit de canon (in) / captain / blood / [Curtiz, 1935 ; sur le
plan de Mussolini] / / le / fascisme / ordinaire / [Romm,
1965 ; sur le plan de foule et ledernier plan militaire] / 27’36 /
Noir / jeune fille africaine (id. 25’54) en surimpression avec
quelque chose qui tombe dans l’eau avec beaucoup d’éclats puis

83
id. Errol Flynn dans Captain Blood / / [Début de I’ve Been
Loving You Too Long, O. Redding, 1965 :] / « I’ve been loving
you too long to stop now / There were time » / Antonio / das /
Mortes / [Rocha, 1969] / 27’37 / Noir / id. jeune fille africaine,
Captain Blood id. / / Id. / + [Bsf, Curtiz, E. Flynn :] / « You’ve
got it ! You got iy ! » [deux fois] / moi, / un / noir / [Rouch,
1958] / 27’43 / Id. jeune fille africaine / pêcheur déchargeant
son filet dans son bateau / jeune fille id. en plan plus large qui
laisse apparaître la hotte supportée par la tête et le dos / / Id.
ancien documentaire : « La vie est facile en ces contrées et l’on
peut acheter ses poissons que l’on nomme capitaines, pour
cinquante centimes, les canards sauvages abondent et les
caïmans aussi.. » + musique du documentaire et coup de feu /
de / qui / dépend / que l’oppression / disparaisse ? / de nous !
/ de / qui / dépend / que l’oppression / demeure ? / de nous !
/ 28’03 / Noir / plan noir et blanc : un crâne dépasse d’une
couverture / Le couple au projecteur de La Prison (nb) / noir /
Le couple au projecteur de La Prison (vert) puis clignotement,
iris, ouverture/fermeture avec affiche soviétique représentant
Poudovkine / noir / surimpression JLG bibliothèque et gravure
femme au télégraphe puis affiche dessinée de Madame Bovary
(Minnelli, 1949) avec une Jennifer Jones « pulpeuse » / noir / /
[JLG :] / cela pour dire / que le cinéma n’a jamais été un art / et
encore moins une technique / Madame Bovary [Flaubert, 1857]
[sur noir 2] / les techniciens vous diront / que c’est faux / mais
il faut se souvenir / que le dix-neuvième siècle / qui a inventé
toutes les techniques / a inventé aussi la bêtise / La Guerre des
mondes [sur JLG] / [Wells, 1898] / et que Madame Bovary /
avant de devenir une cassette porno / Machine à écrire / le /
montreur / d’ombres / [Robison, 1922] [sur le couple au
projecteur] / 28’33 / surimpression couple au projecteur (vert)
et gravure de femmes devant un standard de télégraphe puis
pano sur plan 1 / a grandi avec le télégraphe / Une voix douce
de femme, bsf Madame Bovary en français : / « Rodolphe » /
Emma / 69-69 / 28’38 / Noir / un homme serrant la tête d’une
femme dans ses bras, (est-ce une version ancienne de Madame

84
Bovary ?) / mais il faut se souvenir / que le dix-neuvième siècle
/ qui a inventé les techniques / Chuchotement id. / embrasse /
moi / idiote / [Embrasse-moi idiot, Wilder, 1964] / 28’42 /
Femme, la tête posée sur le buste d’un homme (semble être le
raccord du plan précédent) / / [Id. Madame Bovary :] / – J’avais
envie de te voir, c’est tout / – Tu ne m’aimes plus ? / Id. / 28’48
/ Un homme qui tripote le sein d’une femme, et l’embrasse dans
le cou pendant que la femme tripote le sexe de l’homme puis
dans le fondu il la pousse à s’agenouiller pour une fellation (film
pornographique des années dix ou vingt) / a inventé aussi la
bêtise / [Id. Madame Bovary :] / – Comment oses-tu me le
demander ? / – Tu me renvoies ? Tu ne veux plus de moi ? / +
chant de femme accompagnée au luth / une / histoire / seule /
[sur dernier plan et en bas à gauche] / 28’55 / Fondu enchaîné
avec Rolla (Gervex, 1878), femme nue offerte sur un lit et un
homme à la porte de la chambre, le fondu enchaîné projette sur
le tableau l’ombre énorme d’un crucifix, en fait projetée sur le
drap derrière Emma qui tient le crucifix dans son lit d’agonie,
Madame Bovary (Renoir, 1933) / / Id. chant de femme / [Id.
Madame Bovary :] / – Tu ne veux plus de moi ? / – Oh, Emma
/ – J’ai si froid / / 29’05 / Noir / Homme barbu sous la jupe
blanche d’une fille, plan sur le visage de la jeune fille, gros plan
visage de l’homme recevant l’urine dans sa bouche, Salo
(Pasolini, 1975) / noir / Pas une technique donc ni même un art
/ Aladin et la lampe merveilleuse / Id. chant de femme / /
29’21 / JLG bibliothèque / cigare fondu enchaîné gravure : le
Théâtre optique d’Emile Reynaud, 1889) puis iris dessin d’une
femme au bouquet et le couple au projecteur de La Prison (bleu)
/ un art sans avenir avaient tout de suite / averti gentiment les
deux frères / Id. chant de femme / Début du thème de l’adieu
des Parapluies de Cherbourg (Legrand, 1964) / + machine à
écrire / le / secret / [en haut à droite] / / otre / istoire / [lettres
effacées, Notre histoire, Blier, 1984] / [sur le couple au
projecteur, en bleu] / 29’29 / Noir / gravure id. fondu enchaîné
iris Delon dans Notre histoire (Blier, 1984) / noir / Delon id. /
Le Mystère de la chambre jaune / [Gaston Leroux, 1984] /

85
[Legrand id. :] / « Je ne pourrai jamais vivre sans toi / Je ne
pourrai pas, ne pars pas, j’en mourrai. » / + machine à écrire /
secret / errière / a / orte / [lettres effacées, Lang, 1948] [sur
Delon plan 2] / 29’41 / Noir / JLG bibliothèque en
surimpression avec à gauche deux plans différents d’un cavalier
qui part au loin, puis ralenti il va dans la mer à cheval (Le
Chevalier à l’étoile d’or, Youri Raizman, 1951) / Vingt ans après
/ [Dumas, 1845] / Mort à crédit / Céline, 1936] / Id. « Je te
cacherai et je te garderai… » / (le) secret / (d)errière / la /
(p)orte / 30’02 / Noir / Le Mépris (JLG, 1963) : séquence du
lancer de bobines (J. Palance) dans la salle de projection (sous
l’écran la formule de Lumière (il cinema e un’ invenzione senza
avvenire), en surimpression avec Léon Gaumont montrant l’un
de ses appareils en 1905 / pas une technique donc ni même un
art / un art sans avenir avaient tout de suite / averti gentiment
les deux frères / d’abord, même pas cent ans après / on voit
qu’ils ont eu raison / [Bsf : Le Mépris, Lang parle en anglais :]
« … in the script it is written, and on the screen it’s pictures.
Motion pictures it’s called. » / [Paul :] « Ah ! il dit que ce n’est
pas la même chose quand c’est filmé que quand c’est écrit » / du
/ cinéma / 30’26 / Gaumont / et si la télévision a réalisé le rêve
de Léon Gaumont / apporter les spectacles du monde entier /
Symphonie en trois mouvements, premier mouvement
(Stravinsky, 1942-1946). [Stravinsky, alors aux Étas-Unis a
souligné l’importance du cinéma et des reportages dans le choc
de la guerre qui marque sa symphonie] / le / cinéma / 30’30 /
Noir / la femme au projecteur de La Prison (vert) iris /
ouverture / fermeture rapide avec photographie de Louis
Feuillade de profil / Trina (devant son lit d’or dans Les
Rapaces, Stroheim, 1923) / noir / clignotement / sur un carton
sur lequel est inscrit : Nosferatu – eine Symphonie – des
Grauens, (Murnau, 1922) et un couple au cinéma dans Le Diable
probablement (Bresson, 1977) / dans la plus misérable des
chambres à coucher / c’est en réduisant le ciel géant des bergers
/ à la hauteur du petit Poucet / Id. / [clignotement et mots
coupés sur :] / erreur tragique / / le diable [sur plans 2 et 3] /

86
30’41 / Noir / un visage difforme dans L’Evangile selon
Matthieu (Pasolini, 1964) en surimpression avec un écran blanc
encadré de noir – femme en noir et blanc (Erreur tragique,
Feuillade, 1913) / / Id. / Fort contraste avec la musique comme
apaisée de L’Evangile : l’adagio du Quatuor à cordes en ut
majeur (« Les dissonances »), n°19, K. 465 de Mozart / le /
diable / / proba - ble / ment / [sur plan 2] / 30’50 / Noir /
toujours en surimpression avec l’écran, un visage difforme et
Jésus venant vers lui puis champ-contrechamp, quand Jésus a
parlé alors, dans le contrechamp, nous découvrons le visage à
nouveau humain de l’autre (Pasolini id.) / / bsf vf , L’Evangile :
/ « Seigneur, je t’en prie, par pitié guéris-moi. – Je le veux, sois
guéri du mal qui te ronge » / et musique du film : le Gloria de la
Missa Luba congolaise. / / 31’08 / Un homme âgé tenant deux
petites filles ainsi qu’un petit garçon, le regard probablement
dirigé vers un petit écran qu’on ne voit pas, puis en
surimpression avec l’écran au cadre noir / d’abord, même pas
cent ans après / on voit qu’ils ont eu raison / et si la télévision a
réalisé le rêve de Léon Gaumont / apporter les spectacles du
monde entier / dans la plus misérable des chambres à coucher /
Stravinsky id. / [L’Evangile, id. :] / « Bienheureux êtes-vous s’il
arrive qu’on vous insulte… » / mais / / d’autre deuil/ / je me
tais / / et ainsi / / commence/ / 31’23 / Noir / sur trois
spectateurs au cinéma dans Le Diable probablement id. et Moïse
les bras grand ouverts qui reçoit Les Dix commandements (De
Mille, 1956) / c’est en réduisant le ciel géant des bergers / à la
hauteur du petit Poucet / [L’Evangile id. :] / « et qu’on vous
persécute et que certains témoignent contre vous puisque c’est
seulement à cause de moi. / Soyez dans la joie et l’allégresse et
plus grande sera la récompense… » / dark / victory / [Victoire
sur la nuit, Goulding, 1939] / 31’30 / La Pièce de cent florins,
détail (Rembrandt, 1649) / noir / et une autre gravure de
Rembrandt (1654) sur Les Dix Commandements ?/ noir /
surimpression à droite la femme au projecteur de La Prison et à
gauche photographie de Léon Gaumont fondu enchaîné sur une
image la peinture naïve d’un homme à barbe blanche dans un

87
décor exotique et une télévision puis des mains pétrissant la pâte
et un enfant / qui se soulève pour regarder (Mon cher sujet
Miéville, 1988) / noir / et ensuite on les a mal compris / ils
disaient un art sans avenir / c’est-à-dire un art au présent / un
art qui donne / et qui reçoit avant de donner / disons l’enfance
de l’art / d’ailleurs les saint-simoniens / ils s’appelaient
comment, le fondateur [arrêt] enfantin [dernier mot sur noir] /
[L’Evangile id. :] / « qui vous attend. C’est ainsi qu’ont été
persécutés d’autres prophètes, vos prédécesseurs [s’intercale ici
une publicité pour « signal plus »] / [bsf Mon cher sujet :] /
« Voix de femme.– Ah non Louis, on avait dit : pas de télévision
aujourd’hui… [on entend les publicités] Viens te laver les
mains… Louis ! tu viens ? j’ai une idée. / Louis.– C’est quoi ? /
Elle.– …de la pâte. Pour faire… / Je ne viens rien abolir, mais
parfaire au contraire. Vous autres qui êtes le sel de la terre,
pensez que si le sel s’affadit… » / dark / victory / 32’11 / Scène
avec chevaux très colorée, Coup de vent dans les plaines d’Alfa
(Eugène Fromentin, 1864) en surimpression par alternance avec
l’image de l’homme à barbe blanche / Le baron Enfantin / et
s’ils rêvaient d’Orient / ils n’appelèrent pas ça la route de la soie
/ ni celle du rhum / ils l’appelèrent le chemin de fer /
[L’Evangile id. :] / « … qui pourra alors lui rendre sa saveur ?
Quel usage en ferait-on ? Il ne sera bon qu’à être foulé, rejeté par
les autres hommes. » / / 32’17 / Arrivée d’un train avec un
homme assis à l’avant – alternance Le couple au projecteur de
La Prison (« L’ange » apparaît) et noir + inscriptions / parce
que, en route / le rêve s’était durci et mécanisé / [L’Evangile id.
:] / Vous êtes la lumière du monde. » / [Sur noir] [en haut à
gauche] / la / croix / de / malte[en bas au centre] / 32’26 /
Noir / sur JLG / bibliothèque et photographie de Gaumont /
noir / Le Discours de la méthode [Descartes, 1637] / La Mort
de Virgile [Broch, 1945] / Tristes tropiques [Lévi-Strauss, 1955]
/ Cinq psychanalyses [Freud, 1905-18] / Bruit puis machine à
écrire sur noir 2 / le / tombeau / hindou / Lang, 1959] / 32’45
/ Noir / surimpression de la photographie de Gaumont à
gauche et Ava Gardner en sari blanc au-dessus d’une foule

88
pauvre ; elle tombe, se relève et court, La Croisée des destins
(Cukor, 1955) / noir / surimpression JLG (qui regarde au loin et
remet ses lunettes) bibliothèque et film de Cukor / /
l’introduction du 5e mouvement (Allegro molto) du Quatuor à
cordes n°4 de Béla Bartók (1928) / machine à écrire puis paroles
de tournage en français : « Ils sont trois là-dedans » / la /
croisée / des / destins / [Cukor, 1956] [en bleu]/ / india / song
/ [Duras, 1974] [sur noir 2] / 33’03 / Noir / JLG / bibliothèque
et photographie de Gaumont / noir / sur Gaumont et film
Cukor id. / Nos ambitions déçues / déçues [dans un murmure]
/ [L’Evangile id. :] / « … et ton Père (qui toujours voit tes gestes
secrets) saura t’en récompenser. Les anciens vous disent aussi :
« œil pour œil et dent pour dent » et moi je vous dis : à quoi sert-
il de tenir tête aux mauvais ? A celui qui te donne un soufflet sur
la joue droite, prend soin de lui tendez l’autre joue... » / un art /
sans / a / venir / / sang / à / venir / [sur noir 2] / 33’23 /
Surimpression un homme de dos, un couple en bas dans La
Fureur de vivre (Ray, 1955) et des rails de train en noir et blanc
/ Homme de dos seul, photographie de Lang / noir / /
[L’Evangile id. :] / « Sachez qu’il fut dit encore : aime ton
prochain, mais tu as le droit de haïr tes ennemis. Moi je vous dis
au contraire… » / you only / live / once / [J’ai le droit de
vivre, Lang, 1937] [en rouge] / 33’29 / Noir / / [L’Evangile id.
:] / « Aimez vos ennemis et priez aussi pour ceux qui vous
persécuteront afin d’être le fils de Celui qui est votre Père dans
les cieux. C’est Lui qui fait lever son soleil chaque jour sur les
méchants comme sur les bons. » / l’histoire, / pas celui / qui la
/ raconte / [en rouge] / 33’39 / Noir / gros plan sur Jésus
criant dans le vent en alternance avec noir / / [L’Evangile id. :] /
« De même qu’il fait pleuvoir également sur les justes comme
sur les injustes… Et vous serez jugés de la façon dont vous
jugerez autrui. Qu’il vous soit accordé d’exercer la justice en
toute équité, car c’est avec la mesure dont tu vas mesurer… » /
Vent / amère / victoire / [Ray, 1957] [en rouge] / 33’53 / Noir
/ Jésus dans le noir puis illuminé par les éclairs (sa tête n’est plus
couverte) / noir / / [L’Évangile id. :] / « que l’on te mesurera.

89
Pourquoi dois-tu voir la paille qui est dans l’œil de ton frère alors
que la poutre qui recouvre aussi ton œil ne te cause nulle gêne…
Priez sans témoin et non comme les hypocrites qui au lieu de
prier ne font que rabâcher comme les païens... » / rebel /
without / a / cause / [Ray, 1955] / 34’08 / Noir long (sans
inscription à la fin) / / [L’Évangile id. :] / « Ceux-là croient que
c’est le nombre des paroles qui leur sera compté. Il faut que tu
pries dans le secret de ton cœur et ton Père qui est présent voit
et sait ce dont vous avez tous besoin même avant que vous le
sollicitiez. » / [début de l’Alleluia ! Laudate Dominum de la
Symphonie de psaumes (Stravinsky, 1930)] / [L’Évangile id. :] /
« … voici quelle doit être la prière de chaque jour » / dies / irae
/ [Dreyer, Jour de colère, 1943] / 34’23 / Noir / et c’est le soir
du dix-neuvième / ce sont les débuts des transports en commun
/ Stravinsky id. chant / Début d’un enregistrement sonore de S.
Freud, interview de la BBC (1938) / / 34’30 / Noir / et c’est le
soir du dix-neuvième / ce sont les débuts des transports en
commun / Id. / à / travers / l’orage [Griffith, 1920] / 34’36 /
Homme en noir, femme en blanc derrière une grande toile
d’araignée, La Marque du vampire (Browning, 1935) / noir / et
c’est l’aube du vingtième / ce sont les débuts du traitement de
l’hystérie / c’est le vieux Charcot / Id. / à / travers / l’orage /
34’40 / Photographie de Freud / noir / qui ouvre au jeune
Freud / les portes du rêve / à lui de trouver la clé des songes /
Id. / Les / portes / de / la / nuit / [Carné, 1946] [en rouge] /
34’52 / Deux hommes devant une caméra avec en
surimpression légère très gros plan photographie de Freud /
mais où est la différence / Id. / Id. / 34’55 / Lilian Gish
allongée sur la banquise, et id. en plan plus rapproché A travers
l’orage (Griffith, 1920) / entre Lilian Gish sur sa banquise à
travers l’orage / Id. / à [haut gauche] / / travers / l’orage / [bas
gauche] / 35’00 / Détail d’Une leçon clinique à la Salpêtrière (A.
Brouillet, 1887), (dans les bras de Charcot : / Blanche Wittman),
fondu enchaîné Lilian Gish id. / noir / et Augustine à la
Salpêtrière / il faut bien voir ça / l’enfance de l’art / et pas autre
chose / Id. / avez vous / rien / vu / de tel, / miss Lilian ? / /

90
jamais / mister Griffith [ / 35’09 / Une petite fille dans un lit, la
langue tirée (photographie de Charcot) / il faut bien voir ça /
l’enfance de l’art / [répétitions inquiétantes en écho] / [La voix
de Godard dérape sur le nom de Freud] / [Fin de l’interview de
Freud :] / « My name is Sigmund Freud » / jamais / mister
Griffith [bas gauche ] / 35’13 / Surimpression à droite Ulysse
dans Les Carabiniers (JLG, 1963) devant un autoportrait de
Rembrandt (1661), photographie de Griffith / et pas autre chose
/ [inquiétant par les répétitions en écho] / / united / artists /
[Chaplin, Fairbank,Pickford, Griffith] / 35’19 / Id.
photographie de Griffith / clignotement le couple au projecteur
de La Prison / noir / Ensuite [ralenti / écho / répétition] /
[Voix de Maria Casarès :] / « mais encore pire s’annonce / dans
le défaut de Dieu / / / 35’28 / Charlot, qui ouvre et referme
une trappe d’égout, avec un bébé dans les bras et assis sur le
rebord du trottoir, The Kid (Chaplin, 1921) / noir / gros plan
sur jeune fille (Mary Pickford) / non seulement les dieux et le
Dieu / se sont enfuis / mais la splendeur de la divinité s’est
éteinte / / le / cinéma / / hail Mary / 35’40 / Noir / dans
l’histoire du monde / / / 35’43 / Surimpression et clignotement
/ alternance l’homme au projecteur de La Prison (L’ange en
transparence), The Kid id. et jeune femme puis alternance
photographie de Griffith / le temps de la nuit du monde / /
une / histoire / seule / 35’45 / Photographie de Griffith id. puis
surimpression à droite la femme au projecteur de La Prison
(vert) et photographie de Griffith / est le temps de détresse /
parce qu’il devient de plus en plus étroit » / [Heidegger, Les
Chemins qui ne mènent nulle part, « Pourquoi des poètes ? »,
1946] / / David Griffith / Douglas Fairbanks / Mary Pickford
/ Charlie Chaplin / 35’49 / Photographie de Griffith id. puis
alternance / Le couple au projecteur de La Prison et
photographie de David Wark Griffith, Douglas Fairbanks, Mary
Pickford, Charlie Chaplin, fondu enchaîné sur une jeune fille (id.
Pickford) et personnage de cartoon (Dingo) dans un avion de
guerre / noir / / [JLG :] / ensuite il suffira d’une ou deux
guerres mondiales / pour pervertir cet état d’enfance / Bruits de

91
guerre / les / enfants / terribles / [Melville, 1949] [sur plan et
sur noir] / 35’57 / Gros plan du couple au projecteur de La
Prison (L’ange) clignotement / alternance avec un plan arrêté
sur un homme en joie, Sinbad le marin (Wallace, 1947) puis
surimpression de plusieurs plans, différentes échelles et
différentes couleurs / Le couple au projecteur de La Prison
clignotement au rythme des bombardements / [Maria Casarès,
suite de « Pourquoi des poètes ? »:] / « il est même devenu si
étroit / qu’il n’est même plus capable / de retenir le défaut de
Dieu comme défaut » / Id. / / 36’06 / Id. plan précédent en
alternance, clignotement rapide avec plusieurs plans
(nombreuses surimpressions différentes, scènes de guerre,
Apocalypse now (Coppola, 1979) puis tremblement de l’image /
Le couple au projecteur de La Prison / noir / [JLG :] / ensuite il
suffira d’une ou deux guerres mondiales / pour pervertir cet état
d’enfance / Id. + radio de guerre+ brièvement : I Can’t Turn
You Loose (Otis Redding, 1968) / / 36’27 / Noir /
surimpression visage triste de Chaplin et pellicule et
transmutation d’un plan d’Hitler dans l’autre sens (le
mouvement des bras indique qu’il est en train de faire un
discours) puis Chaplin en plan encore plus rapide et l’air encore
plus triste (une image comme un négatif), Ô that Cello ? et
Hitler regardant le ciel avec un mouvement des mains qui
accompagnent ses yeux (une image comme un négatif aussi) /
noir / [Maria Casarès, suite :] / « ce n’est que dans la région d’un
tel lieu si tant est qu’il y en ait un… » / [JLG, simultanément :] /
et pour que la télévision devienne / [Maria Casarès :] / « que
peuvent rester des traces des dieux enfuis pour les hommes
dépouillés de dieux » / [JLG :] / cet adulte imbécile et triste /
qui refuse de voir le trou d’où elle est sortie / et se cantonne
alors dans les enfantillages / Id. radio de guerre / Zéro / de /
conduit(e) / [Vigo, 1933][le « e » manque, des traces des
lettres :…toire(s) …éma] / 36’46 / Plateau de télévision
extrêmement coloré avec Madonna puis lente arrivée d’une
surimpression de photographies de Chaplin toujours le même air
triste (l’association donne l’impression qu’il est consterné par le

92
spectacle mais aussi qu’il est englouti par lui) l’image de la
chanteuse disparaît et laisse place à une marche de prisonniers ?
sur une route / [JLG, sur le dernier plan :] / Parce que / Bsf en
russe et chant à la télé / icôno / scope / 37’06 / Noir /
photographie de Chaplin puis en alternance très rapide avec un
opérateur avec caméra qui semble filmer une femme en blanc
effrayée, King Kong (Cooper/Schœdack, 1933) et le même
visage de Chaplin / voilà ce qui s’est passé / au petit matin du
vingtième siècle / les techniciens ont décidé / de reproduire la
vie / on inventa donc la photographie / et le cinéma / [Voix de
Jean-Marie Straub :] / « Et faites ça et faites ça et faites ça et
n’oubliez pas ça et n’oubliez pas ça et quand tout sera réalisé… »
/ ô that cello / / le chemin / de la vie / [Ekk, 1931] [sur le plan
d’unefemme terrorisée] / 37’13 / Surimpression, le couple au
projecteur de La Prison (en bleu), mouvement pano avec la bête
qui déshabille sa belle, King Kong (Cooper/Schœdack, 1933)
puis avec id. photographie de Chaplin et à la fin un crâne sur le
sol (Alexandre Nevski, Eisenstein, 1938) / noir / / mais comme
la morale était encore forte / et qu’on se préparait / à retirer à la
vie jusqu’à son identité / on porta le deuil de cette mise à mort /
et c’est avec les couleurs du deuil / avec le noir et avec le blanc /
que le cinématographe se mit à exister / [Straub :] / « … on
arrivera à quelque chose, c’est-à-dire à rendre la planète
habitable et les hommes pourront habiter entre eux et ils
n’habiteront pas dans un désert. » / « la voix divine de Carmela »
annonce un animateur de radio ou de télévision / Il [haut droite]
/ est / temps [bas gauche] / / que / la / vie / rende [gauche] /
/ ce / qu’ [coupé] / a volé / au cinéma / / 37’34 / Ralenti :
blonde dans la main de King-Kong / noir / / Moteur banc de
montage / ce qu’ elle / a volé / au cinéma / / 37’39 /
Surimpression John Wayne en très gros plan et visage d’un
homme qui crie dans Tu ne tueras point, Kieslowski, 1987 / /
Id. + musique ? / au violoncelle et au piano, la musique de
Chaplin pour Les Feux de la rampe (1952) / / 37’42 / « The
Horse in Motion »:, Muybridge (1878), en surimpression bobines
de banc de montage / noir / / Id. / splendeur / 37’50 / Un lion

93
tournant en rond dans une cage puis même plan monté avec des
allers et retours / noir / / Moteur banc de montage / splendeur
/ / splendeur / et / misère / 37’59 / Une femme brusquée dans
un ancien film pornographique en ralenti id. en surimpression
avec cerf fondu enchaîné le cerf tout seul qui court / noir / film
pornographique suite / / Id. + I’ve Been Loving You Too Long
(id.) sur le plan du cerf / du / cinéma / [sur plan cerf et sur
noir] / 38’08 / Jeune femme jouant avec un collier (les yeux clos
avec des larmes), La Terre tremble (Visconti, 1948) en
surimpression avec un disque optique avec oiseaux qui entoure
son visage puis un oiseau seul (Marey), elle sourit / noir / / Id.
et bsf italien / 2 / sous / d’espoir / [sur noir] / 38’20 / Jeunes
filles marchant dans un village dont l’une porte un panier sur la
tête (Deux sous d’espoir, Castellani, 1951) en alternance avec
chat sur disque optique / / [Voix de Ramuz :] / « L’amour de la
fille et du garçon. Il pensa qu’ils seraient mieux dans le bois et
c’est en effet ce qu’il lui a dit ayant d’abord suivi avec elle la
grande route. Le cornet à pistons venait de se taire. Elle n’a dit
ni oui ni non, c’est une fille avec un garçon. » / Bsf Castellani
(rires de jeunes filles) avec mélodie / / 38’36 / Noir / alternance
très rapide puis plus lent couples qui s’embrassent
passionnément, l’un dans J’ai le droit de vivre (Lang, 1937) et
l’autre dans Ordet (Dreyer, 1955) se termine par un plan de
Madame de… (Ophuls, 1953) dans lequel l’homme embrasse la
femme souriante sur la tête (elle est donc à genoux) / /
[Ramuz :] / « Il semblait qu’il glissait des deux pieds à la fois.
Parce que c’était là, il est tombé devant elle sur les genoux. /
Elle, brusquement, a baissé la tête. » / Puis Bach, Choral pour
orgue, BWV 721 (« Aie pitié de moi Seigneur ») / j’ai / le droit /
de / vivre / [Lang, 1937] / 38’52 / Noir / / [Ramuz :] / « On
voit qu’elle a des bas blancs mais ils ne se montrent qu’à mi-
hauteur des mollets » / Bach id. / la / soif / du / mal /
[Welles, 1958] / 38’58 / Surimpression : un homme penché au-
dessus d’une femme (La Nuit du carrefour, Renoir, 1932) et, à
droite, une belle jeune femme avec un vieillard à haut-de-forme
(La Nouvelle Babylone, Kozintsev et Trauberg, 1929) enfin un

94
homme jouant du violon et une femme, assis sur une marche
dans la rue (Perdus dans les ténèbres, Nino Martoglio, 1914) / /
[Ramuz :] / « parce qu’ils sont cachés, plus bas, par la tige des
bottines. En d’autres temps, elles sont extrêmement
scrupuleuses » / Id. + Jazz, saxo / / 39’05 / Noir / / [Ramuz :]
/ « à ramener tout de suite leur jupe » / Bach id. / la / valse /
dans / l’ombre / [Mervin Leroy, 1940] / 39’06 / Alternance :
un homme portant une femme (morte ?) dans ses bras et une
femme sous l’eau dont un homme embrasse la poitrine / /
[Ramuz :] / « sur ce qu’elles laissent voir de pas permis avec une
ligne de démarcation bien nette / id. / / 39’11 / Annabella
exotique assise l’air sombre tournant le dos à l’homme (La
Bandera, Duvivier, 1935) / / [Ramuz :] / « entre le permis et le
pas permis. A présent plus rien… » / id. / / 39’16 / Noir /
Photogramme du Baiser (William Heise, 1896, produit par
Edison), le premier baiser de cinéma : John C. Rice embrasse
May Irwin sur les lèvres (dans le film après s’être troussé la
moustache) en lent fondu enchaîné avec femme aux seins nus
allongée auprès d’un homme, Les Deux amies (Picasso, 1965)
fondu enchaîné, un homme (R. Novarro) tenant la tête d’une
femme morte dans Thy Name Is Woman (F. Niblo, 1924) / /
[Ramuz :] / « … n’est permis, alors c’est comme si tout était
permis. Elle avait l’air bien malheureuse. Elle avait une figure
gonflée, une bouche comme celle des petits enfants qui vont
pleurer. » / Id. + jazz / perdus / dans / le / brouillard / [sur
noir] / 39’29 / Noir / Homme embrassant une femme (détail
du Tango de l’archange, Van Dongen, 1930) lent fondu :
homme avec une femme étendue morte (Les Trois lumières,
Lang, 1921) lent fondu enchaîné tableau précédent / / [Ramuz :]
/ « Et le rouge de ses joues était descendu à son menton » / Id.
Bach / au / paradis / perdu / [Le Paradis perdu (A. Gance,
1940)] / 39’33 / Lent fondu enchaîné des mains ouvertes en
surimpression avec des mains qui caressent la poitrine d’une
femme puis une série de plans très rapide mains / seins / fesses
/ homme / femme, (certains plans en alternance très rapide) Un
chien andalou (Buñuel, 1928) / noir / / [Ramuz :] / « Il

95
descendit à son cou, il descendit encore plus bas, il descendit
pour finir jusqu’où …» / Id. Bach / / 39’41 / Noir / /
[Ramuz :] / « on n’ose plus aller voir. » / Id. Bach / l’enfant /
sauvage / [Truffaut, 1976] / 39’44 / Jeune femme allongée avec
un bras d’homme qui la soutient, elle fait un mouvement vers
quelqu’un d’autre comme pour lui dire de venir, en fait (au
ralenti puis en accéléré puis arrêt) elle fait un signe de croix et
embrasse sa main pour toucher la statue (Deux sous d’espoir,
Castellani, 1951) en surimpression avec un bateau à moteur sur
la mer qui défile très vite (le même mouvement répété) / noir /
[Maria Casarès, id. Heidegger :] / « les poètes / sont ceux des
mortels qui / chantant gravement / ressentent la trace des
Dieux enfuis / restent sur cette trace / et tracent ainsi aux
mortels / leurs frères / Id. Bach / / 40’03 / Plan flou au
ralenti : un homme penché sur quelqu’un et mouvement de
caméra vers la statue d’une sainte (très ralenti sur la statue) / le
chemin du revirement / Id. Bach / / 40’16 / Noir / mais qui /
des mortels / est capable de déceler / une telle trace / Id. Bach
/ une / histoire / seule / 40’21 / Détail transformé d’un tableau
du XVIIe : un visage de femme de profil dépassant à peine d’une
cape bleue et ce qui du visage est visible est d’un rouge intense /
il appartient aux traces / Id. Bach / / 40’25 / Fondu enchaîné,
femme nue (dont on ne voit pas le visage) se cachant le sexe
avec un tissu blanc et une autre femme habillée derrière elle
(détail de Paroles du diable, Gauguin, 1892) puis plan plus
rapide, / d’être souvent inapparentes / Id. Choral « Aie pitié de
moi Seigneur » et bsf : « Adieu seigneur ! » / / 40’31 / Noir /
des pieds nus marchant sur la terre (Des oiseaux petits et grands,
Pasolini, 1966) / et elles sont toujours / le legs d’une assignation
/ à peine pressentie / Bruit + chanson par Catherine Ringer /
toutes / les / histoire / [sans « s », jaune] / / 40’35 / Noir / /
Id.. / une / histoire / seule / [vert]/ / seul / le / cinéma /
[rouge] / 40’40 / Iris une représentation d’un ange et autour le
couple au projecteur de La Prison (en noir et blanc) / noir / être
poète / en temps de détresse / c’est alors chantant / Bach id. /
« ne / te / fais » / [gauche] / 40’45 / Iris id. l’ange au centre et

96
JLG entrant dans un avion, Soigne ta droite puis tableau seul /
être attentif à la trace / des dieux enfuis » / Sifflement et bruit
terrible / bsf : « Ça suffit comme ça » / [Sur tableau : ] / ne / te
/ fais / / pas / de / mal / / 40’47 / Noir / gros plan le couple
au projecteur de La Prison (L’ange) clignotement tableau id. / /
If It Be Your Will (Leonard Cohen, 1984) : / « If it be your will
/ That I speak no more… » / [Une voix d’homme :] / : « …
mort de Dieu… elle se pose de la même façon selon le même
scénario… qui a été simplement toute l’histoire de la théorie… »
/ / 41’02 / Noir / / [suite L. Cohen :] / « And my voice be still
/ As it was before » / [suite autre voix :] / « Le Christ est-il un
homme ou l’image d’un homme ? » / Id. + bsf en anglais
(sentiment d’urgence) + id. en français : « la fiction d’abord » /
ne / te / fais / / pas / de / mal / / car / nous sommes / tous /
41’12 / James Stewart cherchant à sauver Madeleine, Vertigo
(Hitchcock, 1958) / / « Le Christ est-il dans l’Eucharistie en
réalité ou symboliquement ? / Un homme filmé est-il un
homme réel ? ou déjà la fiction d’un homme ? » / tous / encore
/ ici / [Les Actes des apôtres, chapitre XVI, 28e paragraphe] /
41’20 / Plan « bleu » d’un yatch dans l’eau, Pandora/A. Gardner
nage vers le bateau de celui qu’elle sauvera, Pandora (Lewin,
1950) / / / à / suivre / [gauche] / / / / // 2a - Seul le
cinéma // / / / 0’00 / Noir / / Silence / Pour / Armand J. /
Cauliez / [en jaune] / [un des fondateurs de la Fédération
française des cinés-clubs et directeur-gérant de la revue Ciné-club
paraissant de 1947 à 1954] / 0’05 / Noir / / Id. / et pour /
Santiago / Alvarez / [cinéaste cubain] [en vert] / 0’11 / Noir /
/ Id. / gaumont / périphéria / présentent / [en gris] / 0’16 /
Noir / la main de JLG écrivant au marqueur sur un carton
Périphéria : « Histoire(s) du cinéma » qu’il soulignera à la règle à
calcul à la fin en alternance et fondu enchaîné avec : 1 (c’est la
première image du chapitre) : deux mains noires recroquevillées
autour d’un œil ; 2 : photographie d’une femme regardant à la
loupe ; 3 : photographie de deux palestiniennes dont l’une vise
avec une mitraillette, un tissu blanc cache l’œil gauche sous ses
lunettes ; 4 : un plan en noir et blanc (un œil) ; 5 : photographie

97
d’un palestinien tirant à la fronde le visage couvert d’un keffié
rouge et blanc ne laisse apparaître qu’une miniscule fente pour
les yeux ;6 : jeune fille regardant dans un microscope / / Suite
pour piano de Scelsi n° 10, « Ka », VII (1954) / + bruit exagéré du
marqueur de JLG / / 0’50 / clignotement : carton Périphéria
avec le titre du film puis JLG glisse un autre carton avec l’en-tête
de Sonimage sur lequel il inscrit « 2 A seul le cinéma »,
alternance et fondu enchaîné avec 1 : un dessin de cyclope ; 2 :
M. Lestinguois avec une longue vue à sa fenêtre (Boudu sauvé des
eaux, Renoir, 1932) ; 3 : la scène dite de la « lorgnette »,
Christine/Nora Gregor regardant à la lorgnette, La Règle du jeu
(Renoir, 1939) avec surimpression Renoir en arrière plan ; / / Id.
/ / 1’14 / 4 : un homme et une moissonneuse en surimpression
avec un œil très clair qui remplit tout l’écran, Odinnadtsayti
(Vertov, 1928) / / Début (indiqué langsam) de la Musique funèbre
pour alto et cordes (Hindemith, 1936 ; id. 1b 21’48 ) / / 01’23 /
Noir / [JLG :] tu dis dix secondes / Id. / faire [jaune] / 1’28 /
Photographie de JLG en noir et blanc avec un très beau reflet
dans ses lunettes (plan très long) puis très très lent fondu
enchaîné (au caractère mélancolique très marqué) avec une autre
photographie de JLG sépia avec écharpe, cigarette et volutes sur
le fond d’une musique toujours « funèbre » / [JLG :] quand tu
veux / Id. / faire une / description / précise / [en caractères
blancs, sur photo 1] / de ce qui n’a / jamais eu lieu / est le
travail / de l’historien / [sur photo 2] / [Le Critique comme artiste
[Oscar Wilde, 1890 ; Wilde écrit : « Notre seul devoir envers
l’histoire est de la réécrire »] / 1’59 / Noir / / Id. / le / travail /
de / l’histo / rien / [caractères superposés] / 2’03 / Une main
tenant un Oscar, lent fondu enchaîné : jeune homme portant sa
main au front regardant au loin comme aveuglé par le soleil,
Autoportrait (Joshua Reynolds, 1) / noir / / Id. très doux et lent /
oscar / [plan 1] / oscar / wilde / [plan2] / 2’25 / Entretien avec
Daney en cinémascope en 1988, JLG décadré, Daney au second
plan, centre, un micro (en haut), bureau / papiers, stylos,
cigarettes, à droite lampe et fenêtre ; en haut à gauche un écran
de télévision coupé / quand tu veux [répétition par écho] /

98
[Daney, répétition par écho :] / histoires du cinéma et de la
télévision / histoires au pluriel / et cinéma et télévision / ça
c’est ton projet / il y a évidemment plein de raisons / (sur
lesquelles on va pouvoir revenir – les parenthèses de l’entretien
reprennent les propos non repris par le livre « bleu ») / Id. / seul / le /
cinéma / [superposés] / 2’47 / Insert : photographie de Georges
Méliès, qui transperce son adversaire de manière très élégante,
Escamotage d’une dame au théâtre Robert Houdin (le duel), 1896 /
+ Entretien : / qui font que c’est toi qui devais la faire, cette
histoire mais avant de venir à ça, ce qui me frappe c’est que
ça ne pouvait venir que de quelqu’un de cette génération-
là celle de la Nouvelle Vague / / / 2’57 / Entretien : ils
fument tous les deux, JLG, le cigare et à chaque fois qu’il tend le
bras pour atteindre le cendrier ou pour prendre sa tasse, il longe
le mot « beauté », la bande noire et laisse à peine apparaître le
visage de Daney / [JLG répétition par écho :] / Histoires avec
un s / [Daney, répétition par écho :] / c’est ça maintenant il y
a beaucoup de façons de raconter beaucoup d’histoires la
Nouvelle Vague c’est peut-être la seule génération qui a
commencé à faire du cinéma dans les années cinquante,
soixante qui s’est trouvée à la fois au milieu du siècle et peut-
être du cinéma / c’est-à-dire que vous avez eu un privilège
extraordinaire… / [interrompu par JLG :]je suis content que tu
dises cinquante, soixante parce que… / [interrompu par
Daney :] oui, à cause de courts-métrages / [interrompu par
JLG : ]oui / [Daney]… et de la préparation et puis de la
critique aussi / [JLG]…et d’avant en fait c’est quasiment oui
cinquante… [Daney :] donc c’est le milieu du siècle et si
on garde l’hypothèse facile / / fatale [haut] / beauté [bas] / [en
partie sur les bandes noires du cinémascope] [jusqu’à « qui a
commencé »] / 3’35 / Iris,s à gauche une femme en blanc,
Paulette Goddard, descendant des escaliers dans un espèce de
château et à gauche un homme inquiétant tenant un couteau
dans la mains en attendant au pied de l’escalier, Le Mystère de la
maison Norman / The Cat and the Canary (Nugent, 1939) / que le

99
cinéma c’est l’affaire du XXe siècle c’est aussi le milieu du
cinéma / / / 3’40 / Id. entretien / [Daney :] (et vous avez eu ce
privilège formidable…) / / / 3’42 / Enfants devant le pendu
(même plan dans 1b, 0’59) Les Contrebandiers de Moonfleet (Lang,
1955) puis entretien / [interrompu par JLG :] / en fait j’crois,
pardon, on en reparlera mais… j’dirais c’est l’affaire du XIXe
siècle [répétition par écho]: qui s’est résolue au XXe / il y a
toujours un décalage / [en superposition Daney ; répétition par
écho :] / c’est çà / ça avait commencé bien avant / c’est le sens
du mot histoires au pluriel / et la chance que vous avez eue /
c’est d’arriver suffisamment tôt / pour hériter d’une histoire qui
était déjà riche / / la / monnaie / de / l’absolu / [Titre du
troisième volume de La Psycholohgie de l’art, Malraux, 1950] / 4’08
/ Une femme projetant de la vapeur sur un homme assis,
mécontent, une autre femme à droite qui regarde la scène en
souriant, Le Sport favori de l’homme (Hawks, 1964) fondu enchaîné
avec une photographie de Betty Hutton / et compliquée, et
mouvementée / d’avoir vu assez de films / (ou d’avoir pris assez
de temps pour voir assez de films donc) / en cinéphile et puis en
critique / / / 4’15 / fondu enchaîné, un cavalier dans une forêt
(Les Nibelungen, Lang, 1924) / pour vous faire une idée
personnelle / / / 4’18 / Entretien / de ce qui était important ou
moins important / dans cette histoire-là / d’avoir un fil linéaire
/ même s’il y a des lacunes / on sait que Griffith / ça vient
avant Rossellini / ou que Renoir / ça vient avant Visconti / un
fil linéaire donc / Temptation (Hermann pour Psycho, 1960) / la /
réponse [superposés] / des / ténèbres / 4’34 / Mastroianni en
dompteur avec son fouet dans Huit et demi (Fellini, 1963) / et le
moment précis de votre apparition / dans une histoire / Id. / /
4’38 / Escalier à droite, au centre une femme en blanc et
derrière elle un homme sombre et barbu, Dracula (Browning,
1931) / Entretien / qui était déjà racontable / qui était encore
racontable / / / 4’42 / Une femme blonde avec un livre au
premier plan et une préparation chimique de Jerry Lewis l’air
hurluberlu derrière , Dr Jerry et Mr Love (Lewis, 1962) / et vous
avez eu également cette chance d’être euh… / / / 4’47 / Odette

100
Joyeux devant un fantôme de dos, Sylvie et le fantôme (Autant-
Lara, 1945) / [Interrompu par JLG :] (mais enfin qui n’avait
jamais) une histoire / qui avait été contée / si on peut dire / / /
4’50 / Entretien / mais jamais racontée / / montage / mon /
beau / souci / [superposés] / 4’55 / Entretien / [Daney,
répétition par écho :] / c’est ça / mais il y avait encore assez
d’éléments / ou suffisamment peu d’éléments encore / assez de
lacunes / mais aussi assez de savoir / et assez de passion / pour
pouvoir dire grosso modo avant-après / / / 5’ / Un homme-
monstre cherchant à étrangler Sybilla, Eldorado (L’Herbier, 1921)
/ et savoir qu’on vient à un moment / / / 5’8 / Un homme et
une femme attrapant la tête d’un homme à pleines mains, La
Veuve joyeuse (Stroheim, 1925) / qui est avant et après / / / 5’10
/ Un homme horrible attrapant une jeune femme avec d’autres
types inquiétants à l’arrière-plan, Les Mystères de New-York (The
Exploits of Elaine, Louis J.Gasnier, 1914, avec Pearl White) / on
vient avant quelque chose et puis / / / 5’12 / Leslie Caron avec
un chapeau dans une scène de rêve éveillé de Mulligan, Un
américain à Paris (Minnelli, 1951) / on vient après quelque chose
/ / / 5’14 / Homme barbu sous la jupe blanche, même plan
dans 1b, Salo (Pasolini, 1975), lent volet blanc horizontal / le fait
d’être au milieu du siècle comme ça / de savoir en gros de quoi
vous héritiez / en bien et en mal / / / 5’19 / Entretien / ce que
vous refusiez, ce que vous acceptiez [interrompu par JLG :] /
(ça) je crois qu’on a mis beaucoup de temps / cette notion de
venir avant ou de venir après, / enfin, moi je l’ai eue très très
tard (enfin pardon) / [Daney : / disons peut-être / que
quelqu’un comme Truffaut l’avait plus / (enfin) je parle de toute
une génération / je parle / Hermann id. / une / vague /
nouvelle / [superposés] / 5’38 / Clignotement et surimpression :
un jeune homme dans King Lear (JLG, 1987) [à sa droite, la
peinture d’un homme embrassant une femme – Le Tango de
l’archange, van Dongen, 1930, cf. 1b 18’22 et 38’29] et Liliane et
Juliette sautillant et levant les bras sur le bateau (Adieu Philippine,
Rozier, 1962) / du groupe des Cahiers du cinéma de l’époque toi
tu l’as certainement eue plus tard que les autres / et tu l’as

101
théorisée plus que les autres et plus tard / ça a peut-être mis plus
de temps à passer à maturation / / / 5’48 / Séquence de la
recherche d’Anna dans L’Avventura (Antonioni, 1960) en
alternance et clignotement avec JLG et son bonnet rouge dans
King Lear (JLG, 1987) / et peut-être que tu es le plus
fondamentalement historien du lot / mais ça c’est autre chose /
(je pense que) ça ne s’est pas produit avant / pour des raisons de
guerre, de manque de… d’occasions / de voir des films ou de
l’état de la critique / (je ne sais pas) et puis ça ne / / / 6’06 /
Entretien / s’est plus vraiment produit après / pour une raison
toute bête / c’est qu’il y a eu tout d’un coup beaucoup trop de
films / à voir ou à rattraper / / / 6’13 / Lemmy Caution, une
voiture qu’on pousse et Don Quichotte à cheval dans Allemagne
année 90 neuf zéro (JLG, 1991) en alternance, clignotement,
surimpression avec un homme (Cary Grant) au-dessus du vide et
la foule en bas, La Main au collet (Hitchcock, 1955) (l’association
des plans donne l’impression que le bras dans le plan de
Hitchcock devient celui de l’homme dans le plan de JLG et, le
clignotement lui donne un mouvement, celui d’attraper quelque
chose justement) / de cette sorte d’héritage devenu monstrueux
qui était l’histoire du cinéma / puisque à partir des années
soixante / on a vu non pas seulement des films / des quatre ou
cinq grands pays producteurs mais on a vu des films du monde
entier / [JLG tousse] / / / 6’24 / Entretien / [Daney :]
aujourd’hui c’est clair que pour quelqu’un / qui a vingt, vingt-
cinq ans / il n’est pas possible sous peine de passer (pas
quelques années mais) dix ans, quinze ans dans les
cinémathèques / que non seulement il rattrape ce qu’il n’ a pas
vu / Hermann id. / / 6’35 / Entretien / mais qu’il ait en plus un
axe / autour de quoi se constituer soi-même son histoire /
[répétition par écho] / de savoir qu’il vient après, après vous
aussi / et qu’il faut qu’il se détermine par rapport à ça / et donc
quelque chose qui apparaissait simplement / une anecdote
brillante de l’histoire du cinéma français / avec beaucoup de
polémique et beaucoup de panache / apparaît maintenant / avec
le recul, trente ans plus tard / / le / contrôle / de / l’univers /

102
7’01 / Les yeux de la femme qui s’est enterrée dans Théorème
(Pasolini, 1968) / (d’abord) comme la seule occasion de faire de
l’histoire / elle vous a été donnée à vous / / / 7’09 / Le
panneau de Tabou dans un paysage (Murnau/Flaherty, 1931) / et
peut-être à des gens de la demi-génération juste après / je dirais
que ça va jusqu’à Wenders / [JLG sur les derniers mots de
Daney :] / oui, je crois que c’est ça / / / 7’15 / Tête de mort
avec haut-de-forme et lunettes noires tenant un masque à la
main, Que Viva Mexico (Eisenstein, 1931-1979), lent fondu
enchaîné une femme noire squelettique tenant un corps ficelé
dans un drap blanc / la seule façon de faire de l’histoire / (enfin
moi je revendiquerais ça si tu veux ) / ce n’est pas parce qu’il y
avait trop de films / il y en a très peu et de moins en moins / (et
ça toujours au bout d’un moment…) / / / 7’32 / Entretien /
l’historien des lettres dit : / / / 7’33 / Au premier plan une page
et une main tenant une loupe, au second plan, un détail du
Massacre des innocents (Poussin, 1630-31) qui isole d’abord le
bourreau et la mère qui crie, fondu enchaîné : James Joyce autre
détail du tableau dans sa partie droite et à gauche sur
photographie de JLG de profil puis clignotement retour au
premier détail du Massacre avec les fesses de Bardot et Gabin
dans la scène célèbre de En cas de malheur, Autant-Lara, 1958 /
(bon…) / il y a eu Homère, Cervantès, Joyce / (rires, et puis
même Flaubert et Faulkner) / / c’est moi / 7’47 / Entretien /
une fois que tu as dit ces trois-là / ils incluent Faulkner et
Flaubert (mettons si tu veux) / / / 7’57 / McTeague assassin,
Les Rapaces (Stroheim, 1923) / donc il y a eu très peu / je dirais
dix films / / / 8’00 / Entretien / on a dix doigts / il y a dix
films (la seule heu…) / [répétition par écho] / le cinéma (enfin)
/ à mon idée / ou mon désir / et mon inconscient / qui
maintenant peut être exprimé consciemment / c’est que c’était la
seule façon / de faire, de raconter, de se rendre compte / moi,
que j’ai une histoire en tant que moi / / les / signes / parmi /
nous / 8’26 / Effondrement du pont dans Le Mécano de la
« General » (Keaton, 1926) / [même effet :] / mais que s’il n’y
avait pas le cinéma / je ne saurais pas que j’ai une histoire / / /

103
8’31 / Fondu enchaîné : un horrible personnage au-dessus d’un
homme à terre, La Volonté du mort (The Cat and the Canary, Paul
Léni, 1927), fondu enchaîné photographie en couleur des
cadavres d’un couple africain avec son enfant, tous ensanglantés,
à moitié sous une couverture, la main de l’homme comme
tendrement sur la tête de la femme, fondu enchaîné plan
d’avions de guerre dont l’un s’écrase / [même effet :] / c’était la
seule manière / et qu’il fallait / moi, je lui devais ça / si tu veux
/ comme un calviniste ou luthérien / qui a ce côté toujours
coupable ou maudit / comme disait Marguerite / elle disait /
que j’étais maudit / (et j’ai pas… ça m’a inquiété… mais qui
était) / la seule façon / si on peut jamais raconter une histoire /
ou faire de l’histoire / et ça ne s’est jamais fait (du reste) / Bruits
secs de guerre (sur les plans de cadavres puis d’avions) : en fait,
les percussions de la musique du film Hamlet de Kozintsev, opus
116 de Chostakovitch (1962-1964). / / 8’42 / Noir / Entretien
/ il n’y a pas eu d’histoire / histoire de l’art / un tout petit peu /
mais alors brusquement que du visuel / le cinéma était en partie
visuel / Id. percussions et quelques bribes / orchestrales /
histoires / (s) / du / cinéma / [sur noir] / 9’16 / Femme en
blanc avec très belle lumière, Hendrickje se baignant dans une rivière
(Rembrandt, 1654) / il y a effectivement des bouts d’histoire de
la peinture / qui ont été faits par (ça j’y reviens) des français /
pas par des autres / Id. / / 9’26 / Fondu enchaîné femme aux
bras levés et aux seins nus (id. dans 1b, 24’53) : La femme dans les
vagues, (Courbet, 1868) / (pas qu’il n’y ait pas eu d’autres
historiens de l’art, des gens qui…) / / tes seins sont / les seuls
obus / que j’aime / 9’31 / Visage de femme, détail de Judith I
(Klimt, 1901) / Diderot, Baudelaire, Malraux / (et moi) je mets
tout de suite après Truffaut / il y a (je trouve) une ligne directe
là-dedans / Bruit du déclencheur d’un appareil photo / / 9’44 /
Très lent fondu enchaîné sur une très belle photographie de
Truffaut avec un appareil photo / Baudelaire parlant de Edgar
Poe / [répétition par écho] / est pareil que Malraux / parlant de
Faulkner / / / 9’53 / Noir / Entretien / [même effet :] / est
pareil que Truffaut / parlant d’Edgar Ulmer / ou de Hawks (et

104
qui est typiquement français) [sans écho ;] / il n’y a que les
français / qui ont fait de l’histoire / [Daney :] (c’est intéressant
parce que) le point commun de tous les gens que tu cites / c’est
que… ils se sont sus dans une histoire / / chapitre / 2 A / 10’14
/ Entretien / [JLG :] ils se sont doutés / qu’ils étaient dans une
histoire / [Daney :] (oui tout de suite) ils ont voulu savoir quelle
histoire c’était / la leur dans la grande / la grande dans la leur /
ils ont également décidé / de ne pas hériter passivement / de
l’héritage culturel de leur art / mais de se trouver leurs propres
précurseurs / [JLG ; répétition par écho:] / pour moi, la grande
histoire / c’est l’histoire du cinéma / elle est plus grande que les
autres / / [par intermittence :] / seul / le / cinéma /
[superposés] / 10’43 / Photographie du tournage de La Bête
humaine : Gabin saute devant un écran, clignotement avec
photographie de tournage d’un film de S. Donen puis
clignotement une femme qui semble projetée en avant autant
par les hommes qui se trouvent derrière elle que par un souffle
très fort (plan de plus en plus rapide et plus gros plan), Bye Bye
Birdie (George Sidney, 1963) et cartoon avec Dingo transformé
en boulet de canon puis clignotement id. Sidney et comme dans
une séance d’hypnose une femme tout en blanc qui se dirige vers
un écran puis recule et s’effondre en arrière au ralenti, retenue
par un homme, Le Mystère des roches de Kador (Léonce Perret,
1912) / noir / [effet id. très marqué] / parce qu’elle se projette /
plus grande que les autres / parce qu’elle se projette / « Boum »
du canon de Dingo / sur le dernier plan (à partir du ralenti) :
Chostakovitch id., effondrement très souligné par le mouvement
« Le fantôme » / de la musique du film Hamlet id. / seul / le /
[superposés] / cinéma / [sur dernier plan] / 11’17 /
Clignotement un plan très bref (à peine perceptible) sur des
hommes au ralenti (dansent-ils ?) en costumes folkloriques
russes puis un plan très bref d’une main (prise également en
forte contre-plongée) dans un trou à la lumière blanche
fluorescente et clignotement de lumière (du sombre au clair),
surimpression JLG machine à écrire / / musique du film Hamlet
id. / / 11’18 / JLG : mains et machine à écrire en surimpression

105
avec un officier avec sa longue-vue et des soldats, Austerlitz
(Gance, 1960), et une tour du Kremlin / [JLG :] / Dans une
prison de Moscou / Jean Victor Poncelet / officier de génie de
l’armée de Napoléon / reconstruit sans l’aide d’aucune note / les
connaissances géométriques / qu’il avait apprises dans les cours
de Monge / et de Carnot / le traité des propriétés projectives
des figures / [ JLG en deuxième voix, décalée, dit doucement :]
/ La Règle du jeu / publié en dix-huit cent vingt-deux / érige en
méthode générale / le principe de projection / utilisé par
Desargues / pour étendre les propriétés du cercle / aux
coniques / et mis en œuvre par Pascal / dans sa démonstration
sur l’hexagramme mystique » / [Amy Dahan-Dalmédico et
Jeanne Peiffer, Une histoire des mathématiques, 1986] / il a donc
fallu un prisonnier français / qui tourne en rond en face d’un
mur russe / pour que l’application mécanique / de l’idée et de
l’envie de projeter / des figures sur un écran / prenne
pratiquement son envol / avec l’invention de la projection
cinématographique / fin de la musique du film Hamlet id. /
Machine à écrire / à 11’55 (« envol ») début du Quatuor à cordes
dit « 1905 » de Webern / / 12’05 / Noir / un homme règle un
projecteur / Plan rapide sur Julie Delpy en train de lire, fondu
enchaîné : le tableau de Turner / [Julie Delpy :] / pour l’enfant /
amoureux de cartes / Webern id. + moteur de projection et
machine à écrire / envoi / [sur noir] / / envoi / 1 / [sur le plan]
/ 12’35 / Bateau au crépuscule, Paix – Funérailles en mer (Turner,
1842) / et d’estampes / Id. Webern + froissement des pages / /
12’44 / Lent fondu enchaîné personnages dans l’herbe, Etude
pour une baignade à Asnières (Seurat, 1883-1884) lent fondu
enchaîné Delpy / l’univers est égal / à son vaste appétit / ah,
que le monde est grand / à la clarté des lampes / / / 13’04 /
Noir / les enfants courent, filmés de l’autre côté de la rive,
surimpression et clignotement Delpy puis zoom arrière sur elle,
le champ s’élargit, John met Pearl dans la barque, contrechamp
sur Mitchum, ils partent, la nuit, les roseaux, les animaux, ils
s’endorment, la barque vogue sur l’eau (avec surimpression très
gros plan Delpy) La Nuit du chasseur (Laughton, 1955) / aux yeux

106
du souvenir / que le monde est petit / un matin, nous partons /
(un matin décalé) / le cerveau plein de flamme / le cœur gros de
rancune / et de désirs amers / [prononcé une seconde fois
désir/amer] / et nous allons / suivant le rythme de la mer /
berçant notre infini / sur le fini des mers / Id. + bruits
d’animaux (dans La Nuit du chasseur mais sans le cri du pasteur) /
puis silence / / 14’49 / noir / La Nuit du chasseur id., les enfant le
matin côte à côte dans la barque clignotement et surimpression
Delpy / / Animaux et fin noir 2 / Rupture brutale avec les
premières mesures de la Joyeuse marche (Chabrier, 1888) / la / nuit
/ du / chasseur / [caractères bleus superposés] [sur noir 1] /
seul / le [superposés] / cinéma / [rouge sur noir 2] / 14’58 /
Plan fixe : une danse ou une chute de femme (Carole Lombard
semble voler, rattrapée par Fred MacMurray) Jeux de mains
(Mitchell Leisen, 1935) / les uns / joyeux de fuir une patrie
infâme / Joyeuse marche id. / / 15’05 / Lent fondu enchaîné
femme et enfant endormis, Les trois âges de la femme, détail pivoté
à 90° (Klimt, 1905) fondu enchaîné des mouvements d’une eau
rouge en très gros plan au ralenti et une main qui en sort encore
au ralenti / noir / d’autres l’horreur de leurs berceaux / [sur les
remous d’eau rouge] / [sur les remous d’eau rouge :] / Mourned
by the Wind, Liturgie pour alto et orchestre, Kancheli, 1996 /
[Introduction de Addije, addije amore, chant italien recueilli par
Giovanna Marini et M. T. Bulciolu, 1965 :] / / 15’28 / Gros
plan sur le visage d’une statue de madone romane (XIIe siècle) /
et quelques uns / astrologues / « Casche la liva … / / 15’29 /
Fondu enchaîné visage deFred Astaire, Tous en scène (Minnelli,
1953) et clignotement avec levisage d’une statue de madone
romane id., à la fin arrêt sur ce visage et silence / noyés dans les
yeux d’une femme / e casche la ginestre, / puis silence / / 15’42
/ Clignotement : visage de la statue et mouvement ascendant de
Cyd Charisse (la tête à l’envers) à Fred Astaire (dans un
mouvement de danse) dans Minnelli id. / la Circé tyrannique aux
dangereux parfums / casche la liva e li frunne ginestre / Addije,
addije / / 15’59 / Noir / Maríe Madeleine (Jose Ribera, 1640-
1941) à la belle robe pourpre en surimpression avec eau (La Nuit

107
du chasseur) et autre statue romane du Christ puis avec au ralenti
la femme jetée à l’eau puis sautant (encore au ralenti) les seins
nus, fondu enchaîné autre statue id. / pour n’être pas changés en
bêtes / ils s’enivrent d’espace et de lumière / et de cieux
embrasés / amore / casch’e se coje. » / puis bruit de projecteur
/ tout / seul / 16’17 / Noir / projectionniste et projecteur dans
le noir / Delpy debout et autre lumière (en surimpression, on ne
peut encore vraiment apercevoir l’animal sous la neige) sous la
neige / la glace qui les mord / [elle répète « la glace » plusieurs
fois et le reste est dit off] / bruit de projecteur / le / voyage /
16’39 / Fondu enchaîné très lent sur un détail pivoté à 90° du
Baiser (Klimt, 1907-1908) lent fondu enchaîné : l’œil d’un animal
sous la neige (A travers les rapides/Johan, Stiller, 1920)/ Delpy au
ralenti s’essuyant les lèvres en prononçant « la marque des
baisers » / les soleils qui les cuivrent / [id. répétition pour
« soleil »] effacent lentement / la marque des baisers / Id. /
Kancheli Attaque au piano, / résonance / / 17’18 /
Photographie de James Dean (à Times Square) marchant les
mains dans les poches, la cigarette à la bouche / singulière
fortune / où le but se déplace / [murmure] / résonance et
silence / / 17’25 / Très lent fondu enchaîné sur un homme qui
court et crie (fort ralenti), La Terre (Dovjenko, 1930) / noir / et,
n’étant nulle part / pour être n’importe où / où l’homme / dont
jamais l’espérance n’est lasse / pour trouver le repos / court
toujours comme un fou [chuchoté] / Id. piano (forte) / / 18’04 /
Paysage avec barque, L’Île des morts (Arnold Böcklin, 1880) fondu
enchaîné Delpy marchant vers la cuisine / nous voulons voyager
/ sans vapeur et sans voile / Id. / / 18’17 / Lent fondu enchaîné
femme dans appartement regardant en l’air, Stella Dallas (Vidor,
1937) lent fondu enchaîné un homme assis dans une prison, Les
Démons de la liberté (Dassin, 1947) (la femme est à gauche et
l’homme à droite, c’est comme s’ils étaient en face l’un de l’autre
le temps du fondu enchaîné) / faites pour égayer / l’ennui de
nos prisons / passer sur nos esprits / tendus comme une toile /
Le Clavier bien tempéré (vol 1, n° 1 en ut majeur, BWV 846, Bach,
1722) / / 18’30 / Delpy dans la cuisine qui cri et boit son verre

108
d’eau/ / vos souvenirs / avec leur cadre d’horizon / [presque
crié] dites, qu’avez-vous vu / Id. / it’s / all / true / [Welles,
1942, inachevé, un épisode de 50’ présenté en 1993] [à la fin et
sur noir] / 18’40 / Photographie de Welles âgé au bord de la
mer, lent fondu enchaîné très gros plan de la bouche de Julie
Delpy, insert clignotement des corps morts sur la route (couleur)
/ [chuchoté] / nous avons vu des astres et des flots / nous
avons vu des sables aussi / et malgré bien des chocs / Piano
(forte) id. / it’s / all / true / 18’56 / Clignotement par un volet :
photographie de Rivette assis / clignotement du détail d’un
tableau de de Staël jaune/bleu/mer/ et plan plus rapide
surimpression photographie de Rivette assis devant la mer / et
d’imprévus désastres / nous nous sommes souvent ennuyés /
comme ici / [chuchoté] / la gloire du soleil sur la mer violette /
la gloire des cités dans le soleil couchant / allumaient dans nos
coeurs une ardeur inquiète / de plonger dans un ciel au reflet
[chuchoté] / Après le silence :Bach, Le Clavier bien tempéré id. / /
19’12 / Clignotement photographie de Rivette plan rapide et un
homme de dos avec cape rouge, détail de L’Amiral Viaud
(Lautrec, 1900-01) / alléchant / Id. / / 19’20 / Noir / Femme
dans salon, Ludwig (Visconti, 1972) en
alternance/clignotement/iris avec tableau (de Staël) puis plan
des mains de la femme (Visconti id.) / noir / femme salon,
Visconti id. /Photographie de Rivette devant la mer id. / noir /
/ les plus riches cités / les plus grands paysages / jamais ne
contenaient / l’attrait mystérieux / de ceux que le hasard fait
avec les nuages / Id. / que / faire / [en rouge sur noir 1] / /
faire / simple / [vert sur noir 2] / 19’33 / Clignotement/iris très
rapide entre une femme avec la main sur le visage, Le procès de
Jeanne d’Arc (Bresson, 1961) et photographie de Rivette assis
devant le mer (Jeanne dans le rapprochement se substitue à
Rivette et semble être dans la mer) arrêt sur Jeanne / noir / et
toujours / Id. / pour / quoi / / faire / simple / / quand / on /
peut / [superposés] / 19’39 / Delpy à la fenêtre en peignoir,
plan rapproché / noir / le désir nous rendait soucieux / Id. / +
piano (attaque sur « désir ») / pour / quoi / / faire / simple / /

109
quand / on / peut / [superposés] / / faire / compli / qué /
[superposés] [jaune sur noir] / 19’47 / Photographie de Samuel
Fuller avec caméra et revolver en main sur un tournage (en 1953
ou 1963) / nous avons salué / des idoles à trompe / à nouveau
Bach / / 19’54 / Photographie de Chaplin avec une caméra /
noir / des trônes constellés / de joyaux lumineux / Id. / / 20’01
/ Photographie d’Ozu avec une caméra / noir / des palais
ouvragés / dont la féerique pompe / Id. / / 20’08 /
Photographie de Kazan avec une caméra derrière lui / serait
pour vos banquiers un rêve ruineux / des costumes / Id. / /
20’15 / Photographie de Laurel et Hardy avec une caméra / noir
/ qui sont pour les yeux une ivresse / des femmes / dont les
dents / Id. / / 20’22 / Photographie de Cocteau sur tournage /
noir / et les ongles sont teints / et des jongleurs savants / Id. / /
20’29 / Photographie de Franju avec colombe / que le serpent
caresse / Id. + sifflement (de serpent) / / 20’37 / Noir / plan de
Blanche-Neige, Hand (1938) / noir Blanche-Neige id. fondu
enchaîné : le poète regardant sa main et tournant en rond puis
devant la statue, Le Sang d’un poète (Cocteau, 1930) / [répétition
par écho / et puis et puis encore / [Baudelaire, Les Fleurs du mal ,
« Le voyage », 1857, avec les modifications de JLG dans le « livre
bleu »] / [Entretien, JLG :] Il y a une projection / donc
(bêtement) / Id. Bach / beauté / fatale / [vert sur noir et en
rouge sur plan] / 20’46 / Entretien Daney id. [on voit l’écran de
télé en entier et il il s’y joue un match de foot) toujours en
surimpression avec Cocteau id. / je dis / c’est la grande histoire
/ [Daney : Hmm, hmm approbateur] / parce qu’elle peut se
projeter / les autres histoires / / / 20’50 / Surimpression
Cocteau et Blanche-Neige et insert photographie d’enfant dans Le
Monde d’Apu (S. Ray, 1959) et entretien / ne peuvent que se
réduire / (celle-là peut se projeter donc mon but [rires]…) / ce
petit poème de Brecht qui disait / Hermann pour Psycho (1960),
Prélude / fatale / beauté / [en rouge sur Blanche-Neige] / 21’03
/ Surimpression : à droite la main que le poète colle sur la
bouche de la statue, Cocteau id. et à gauche Keaton dans Ma
vache et moi (Go West, Keaton, 1925) puis alternance entre Keaton

110
et une femme en blanc dans Parade de printemps (Walters, 1948) /
j’examine avec soin (j’examine avec soin) mon plan / il est
irréalisable / / / 21’11 / Visage de l’enfant du Monde d’Apu id.
au-dessus de celui d’un homme qui doit le porter sur les épaules
en surimpression avec entretien id. / (il est irréalisable pourquoi)
parce que la télé (qui) réduit / Silence puis Hermann id. / /
21’15 / Petite fille qui caresse l’âne, Au hasard Balthazar (Bresson,
1964) et fondu enchaîné : Blanche-Neige puis fondu enchaîné Le
Monde d’Apu id. puis alternance Bresson id. / (qui projette) qui
vous projette, vous / mais on perd connaissance / parce qu’elle
projette le spectateur / alors que le spectateur de cinéma / Id. /
/ 21’27 / Surimpression à l’arrière-plan femme nue sur laquelle
un homme se jette, Salo (Pasolini, 1975) ou entretien avec
Daney, Blanche-Neige puis l’enfant du Monde d’Apu puis à droite
femme à contre-jour (teintes rouges), à gauche, John Wayne
(teintes vertes)/ noir / était attiré / le spectateur de télévision est
rejeté / mais on peut faire un souvenir / de cette histoire / un
souvenir / Hermann id. + bruits d’eau (le bain de J. Delpy) /
beauté / fatale / [sur Blanche-Neige] / / le / monde / perdu /
[sur Salo] [A. Conan Doyle, 1912 ; Hoyt et O’Brien, 1925] /
21’39 / Surimpression femme Hollywood, Parade du printemps id.
et l’enfant du Monde d’Apu id. / mais c’est (disons) la grande
histoire / [J. Delpy :] « et puis et puis encore » / Id. / le / monde
/ d’Apu / [vert sur plan] / 21’44 / Surimpression L’Origine du
monde (Courbet, 1866) et l’enfant du Monde d’Apu id. (l’enfant –
ainsi que que l’homme qui le porte – sort du sexe de la femme) /
/ / l’origine / du / monde / 21’46 / Delpy avec iris / dans sa
baignoire avec un livre posé sur le rebord / Courbet id. / S.Ray
id. / noir fondu enchaîné Blanche-Neige id. et Bresson id. / Delpy
baignoire id. /Bresson id. / [A partir d’ici, on n’entend que des
bribes de la suite de la discussion entre Daney et Godard.
Daney :] / si on prend l’histoire du cinéma qui est beaucoup
plus longue qu’avant, par la force des choses, puisqu’il y a
beaucoup de films qui ont été tournés entre le moment où vous
avez commencé et maintenant… / [J.Delpy suite :] / et puis
encore / ô cerveau enfantin / pour ne pas oublier / la chose

111
capitale / nous avons vu partout / et sans l’avoir cherché / du
haut jusqu’en bas – / / / / Noir / surimpression à gauche un
loup de cartoon et une pin up en maillot qui tient une bobine de
pellicule sur les fesses/ noir / [JLG :] je dirais grosso modo plutôt
moins de films. On tourne moins de films aujourd’hui,
entendons-nous … qu’on en tournait au temps de Mac Sennett
/ musique de burlesque / seul / le [superposés] cinéma / / mac
/ c’est / net / [jaune sur noir] / 22’10 / Femme dans décor
antique et homme année 50 qui la regarde, Salome vs. Shenandoah
(Erle C. Kenton, 1919)/surimpression : à gauche photographie
de Judy Garland, à droite, Le Petit chaperon rouge (Tex Avery,
1943) puis dans l’autre sens, à gauche le loup et à droite
photographie de femme blonde (du style de Jean Harlow) puis à
gauche un homme aux yeux fermés et mains de femme qui lui
tient le visage (Un amour désespéré, Wyler, 1952) avec bateau à
l’arrière plan, à droite id. pin-up de cartoon [elle tend les bras,
son mouvement se mélange avec celui du plan) puis à gauche ,
Groucho Marx, Monnaie de signe (Mc Leod, 1931) et noir à droite
(on devine un corps de femme)/ noir / Id. bribes de l’entretien /
Id. / Mac / c’est / net / [jaune] / / tout / seul / [bas droite sur
noir] / 22’21 / À droite film pornographique des années trente,
gros plan sur une pénétration et à gauche prisonniers d’un camp,
alternance Delpy lisant dans la baignoire / noir / noir / Dessin
femme/ Delpy baignoire/ femme dessin/ noir / Id. entretien /
+ [Delpy :] / de l’échelle fatale / le spectacle ennuyeux / de
l’immortel péché / Piano (forte x2 ) + eau baignoire / le /
monde / perdu / [bleu sur noir] / / le / temps / perdu / [sur
noir 2 et dessin] / / le / temps / trouvé / [sur dessin 2 et noir 3]
/ 22’44 / Homme (L. Olivier) et une femme dans l’obscurité
comme le couple au projecteur / / Dino Saluzzi (bandonéon),
Andina,Transmutation 1988 / le / cinéma / [bleu] / 22’53 /
Photographie (de W. Vandivert ) : un enfant qui marche sur une
route avec des centaines de corps morts sur le bas côté/iris au
centre Delpy en chemise de nuit dans salon / amer savoir / celui
qu’on tire du voyage / le monde / Id. / / 23’4 / Photographie
d’un enfant id. et iris au centre femme perchée sur un bâton (un

112
film avec Eileen, Sedgwick, 1921) Noir / monotone et petit /
aujourd’hui, hier, demain, toujours / Id. / / 23’11 / Croquis de
Goya/ noir / nous fait voir notre image / un oasis d’horreur /
dans un désert d’ennui / Id. / tf 1 [se range avec les autres cycles
prog]– cnn / zdf / bbc / rai / orf / 23’20 / Photographie d’un
enfant id. et iris au centre femme perchée id. fondu enchaîné
Delpy salon / noir / iris au centre femme perchée id. (mais on
ne voit maintenant qu’elle sur une échelle très au-dessus d’une
grande ville) et autour le salon de Delpy / noir / faut-il partir,
rester / si tu peux rester, reste / pars, s’il le faut / Id. / / 23’42 /
Delpy dans la pénombre avec livre à la main fondu enchaîné
bateaux dans un port / Delpy id. / noir / ô mort / vieux
capitaine / il est temps / levons l’ancre / ce pays nous ennuie /
Id. / / 23’48 / Surimpression Delpy et voiture qui dérape sur la
route / 1961 The Absent-Minded Professor (R. Stevenson, 1961) / ô
mort / appareillons / si le ciel et la mer / sont noirs comme de
l’encre / nos cœurs que tu connais / sont remplis de rayons /
[Baudelaire, id.) / Id. / eury / dice / 24’09 / fondu enchaîné : La
Fée libellule en couleurs (Méliès 1908)/ noir / / Id. / le / cinéma
/ [sur noir] / 24’28 / Volet flou et noir qui fait alterner l’homme
sur une barque et la femme comme morte de l’autre côté de la
barque, id. dans 1b La Fiancée de Glomdale (Dreyer, 1925)/ noir /
à 24’40 : texte de Pavese dit en italien, De la nuée à la résistance
[Straub/Huillet, 1978] / Id. / le / cinéma [volet] / / autor / ise
/ [superposés] / orphée / / [volet] / de se / re / tourner / /
[volet] / sans / faire / mourir / / [volet] / eury / dice / 25’08 /
Photographie de Hawks lors du tournage de Sergent York et iris
clignotement au centre une femme sur une scène avec tête
d’homme de dos au premier plan, Outrage (Ida Lupino, 1950) /
Id. suite / Id. / production / gaumont / cnc / fémis /
périphéria / 25’21 / Noir / Id. suite / Id. / aurea / prima sata /
est aetas / 25’25 / Andreï Roublev, L’Archange saint Michel (vers
1410-1415) / noir / Id. suite / Id. / quae / vindice / nullo /
25’29 / Vampire (Edward Munch, 1893)/ dessin petit garçon et
petite fille sur jeu de balancier / Id. suite / Id. / sponte sua /
25’32 / Noir / Id. suite / Id. / sine lege / fidem / rectumque /

113
colebat / [Ovide, Les Métamorphoses Livre I, vv. 89-90 : en
premier apparut l’âge d’or : / sans vengeur, / sans contrainte, /
sans lois, il respectait la bonne foi et la droiture.] / 25’43 / Iris
une femme devant la mer au centre (mouvement quasi amateur)
à l’intérieur du plan : une vue sur les passagers d’un bateau
touristique puis un homme puis une autre femme, un immeuble,
un pont, des gens et la première jeune femme qui amarre,
Talking to Strangers (Rob Tregenza, 1988) / Id. suite /
Gémissements et halètements de Meredith Monk, Walking song
(Volcano songs1993) / à / - suivre / [sur dernier plan] / / / // 2b
- / Fatale beauté // / / / 0 / Noir / / silence / pour /
Michèle / Firk / [en vert] [Critique de Positif, morte au
Guatemala lors de la guérilla] / 0’05 / Noir / / Id. / et / Nicole
/ Ladmiral / [jaune] [Actrice du Journal d’un curé de campagne. Elle
s’est suicidée] / 0’10 / Noir / / / gaumont / périphéria /
présentent / 0’15 / Photographie de trois visages de jeunes
femmes : celle (avec un effet de gravure) d’une femme qui pleure
en écrasant le poing sur son œil, lent fondu enchaîné
photographie qui semble ancienne d’un autre visage de femme
puis celle d’un troisièmevisage, une jeune fille aux yeux clairs /
noir / visage aux yeux clairs id. plan rapproché / noir / /
[Palabras para Julia (Paco Ibañez), poème de José Augustín
Goytisolo, dédié à sa fille dans la version de Paco Ibañez :] / Tú
no puedes volver atrás / porque la vida ya te empuja / como un
aullido interminable. / Te sentirás acorralada / te sentirás
perdida o sola / tal vez querrás no haber nacido. / seul / le /
cinéma / [sur noir 2, caractères superposés] / 0’48 / Mains,
bureau, page blanche, stylo / / Pero tú siempre acuérdate / de
lo que un día yo escribí / Id. / 0’53 / ouverture iris :
photographie de Simone de Beauvoir en train d’écrire (G.
Freund, 1952) / / pensando en ti / como ahora pienso.` / Id. /
1’06 / Lent fondu enchaîné, femme assise à une table de café, le
visage posé sur une main, l’air triste, Tonischka/Tony-la-Potence
(Karel Anton, 1930) / / La vida es bella, tú verás / como a
pesar de los pesares / tendrás amigos, tendrás amor, / tendrás
amigos. / Id. / 1’18 / Noir / / / fatale / beauté / 1’19 / [Début

114
d’une série de femmes portées par un homme.] / Fondu
enchaîné : une femme (morte ?) portée par un homme (A travers
les rapides/Johan, Stiller, 1920) / / Un hombre sólo una mujer /
Id. / 1’21 / Dans l’autre sens une femme portée par un homme,
Dr Mabuse, le joueur (Lang, 1922). / / así tomados / / 1’24 / Un
homme décadré en plongée de dos (qu’on apercevait à droite
dès 1’19) avec quelque chose d’étrange, comme un œil, au centre
de l’image et une femme la tête en arrière, L’Inhumaine
(L’Herbier, 1924) et en surimpression le plan précédent de
Mabuse id. / / de uno en uno / son como polvo no son nada /
fatale / beauté / 1’29 / Succession des trois plans à partir du
plan d’A travers les rapides / / non son nada. / Entonces / / 1’35
/ Id. plan L’Inhumaine fermeture iris au noir / noir / / siempre
acuérdate / de lo que un día yo escribí / pensando en tí / como
ahora pienso. / + machine à écrire (sur noir) / seul / le /
cinéma / [superposés] / 1’53 / JLG en blanc visière de tennis et
cigare en bouche regardant en face de lui un peu au-dessus de
lui, l’air très inspiré… / / Machine à écrire seule / [suite Ibáñez ]
/ no puedo más y aquí me quedo / Machine à écrire seule /
[suite Ibáñez :] / Entonces siempre acuérdate / de lo que un día
yo escribí / suite + machine à écrire / Id. / / fatale / beauté / /
la / monnaie / de / l’absolu / / la / réponse / des / ténèbres /
/ montage / mon / beau / souci [superposés] / 2’26 / Id. / Les
Grandes espérances / [Dickens, 1860-61, Davis Lean, 1946] /
pensando en tí / une / vague / nouvelle [superposés] / 2’31 /
Id. puis écrit à la machine / L’Homme sans qualités / [Musil, 1930-
1952] / como ahora pienso / silence – puis applaudissements
puis machine à écrire / Id. / / le / contrôle [superposés] / de /
l’univers [superposés] / 2’46 / Id. , regarde toujours en l’air et
esquisse un sourire/ / Les Mariés de la tour Eiffel / [Cocteau,
1924] / Id. / Les / signes / parmi / nous / 2’54 / noir / Ava
Gardner jouant du piano, Pandora and the Flying Dutchman,
(Lewin, 1950)/ noir /JLG id. en un éclair ouvrant la bouche/
noir / / Machine à écrire + piano et chant de Pandora entendus
dès noir 1 / do ré / mi fa / tale / [sur noir 1] / / id. [en rouge
sur plan] / / fatale / fatale / beauté / [sur noir 2] / 3’09 /

115
Alternance/clignotement rapide entre JLG (toujours ouvrant
largement la bouche) id., un plan très bref au beau cadrage : une
belle femme souriante au centre, un bébé endormi dans l’angle
bas/gauche et un homme dans l’angle bas/droit et Mitchum et
Joan Fontaine se regardant en contre-jour, Le Médaillon (The
Locket, Brahm, 1946) / / Id. piano/chant / / 3’19 / Noir / / Id.
/ toujours / l’instant [superposés] / fatal / [vert] / 3’24 /
Rideaux au vent, un seul plan puis le couloir entier avec la belle
au bout du couloir, plus rapproché, la belle regardant à sa droite,
puis à sa gauche, La Belle et la bête (Cocteau, 1946) / il y avait un
court métrage / le commentaire était récité par Jean Cocteau /
ça racontait comment se fabrique un film / la voix disait / le
rouge est mis / je suis entré en fraude / [un film de Igor Barrère
et Hubert Knapp, 1953] / / / 3’39 / Noir / La belle, deux plans
rapides / noir / photographie de Cocteau jeune portant un
chapeau en gros plan visant le spectateur avec une arme / /
Silence puis Symphonie en trois mouvements, premier mouvement
(Stravinsky, 1945 ; cf. 1b, 30’26 ) / toujours / l’instant
[superposés] / fatal / / viendra / pour / nous [superposés] /
distraire / [Queneau, L’Instant fatal, 1946] [vert sur noir et noir 2
et sur plan] / 3’55 / Image divisée en deux : à droite JLG dans
sa stupéfaction et à gauche 1) Jennifer Jones à terre dans Duel au
soleil (Vidor, 1948) / / Id. / / 3’58 / 2) jeune femme qui court,
The Fury/Furie (De Palma, 1978) / / Id. / / 3’59 / 3) Anna
Magnani qui court, séquence de l’assassinat, Rome, ville ouverte
(Rossellini, 1945) / / Id. / / 4’01 / 5) Jennifer Jones id. / / Id. /
/ 4’06 / 6) arme à feu en gros plan puis un homme au volant se
faisant tirer dessus (The Fury ? ) / / Id. / / 4’08 / 7) Shirley
MacLaine avant d’être tuée dans Comme un torrent, (Minnelli,
1958) / / Id. / / 4’10 / 8) La femme qui court de The Fury id. /
/ Id. / / 4’12 / 9) Anna Magnani en plan plus large / 10) regard
de MacLaine (elle semble regarder la course de Magnani) / 11)
Magnani proche de la chute / 12) Une autre femme de The Fury
/ 13) Chute de Magnani / 14) L’autre femme de The Fury / 15)
Un homme tire / 16) MacLaine assassinée / 17) un homme tué
et propulsé en arrière / 18) l’homme tombant sur le capot et la

116
vitre d’une voiture au ralenti (Fury ?) / / Trivium pour orgue
(Arvo Pärt, 1976) / Coup de feu / / 4’24 / 19) Résistant mort
après la torture dans Rome, ville ouverte / 20) plan sur sa fiancée
avec les officiers allemands, rire puis cri / et JLG disparaît sur le
plan de la fiancée tombant à terre) / / Pärt id. / / 4’35 / Sinatra
avec MacLaine morte dans ses bras, il regarde sa main couverte
du sang de sa toute jeune épouse (grand cinémascope flouté) /
noir / / Id. / fatale / [au dessus de la bande de cinémascope en
bas] / 4’44 / Gretchen marchant dans la neige et le vent,
s’écroulant à terre, puis plan plus rapproché (ressemble à une
madone) Faust (Murnau, 1926) / mais quand je suis né / Id. /
fatale / 4’58 / Noir / est-ce que je suis aussi passé en fraude /
Id. / seule / la / main / 5’01 / L’homme inscrivant M sur la
paume de sa main, M le maudit (Lang, 1931) / noir / dans le sang
de ma mère / je voulais être ingénieur / je ne sais même pas / si
j’ai réussi / Id. / qui / efface / 5’05 / Homme tournant la
manivelle de sa caméra et femme en blanc terrifiée (plan long),
King Kong (Cooper et Schœdsack, 1933) / à être ingénieux /
toutes ces histoires / qui sont maintenant à moi / comment les
dire / les montrer peut-être / Id. / qui / efface / / peut / écrire
/ [Maître Eckart, XIII/XIVe ; cf. 1a, 42’28] / 5’15 / Noir / / Id.
/ l’instant / fatal / 5’16 / Homme sautant comme électrifié et
main au premier plan, The Fury id. (le raccord donne l’impression
que la femme de King Kong a peur de lui, il se substitue donc au
gorille) / / Id. / histoire / (s) / du / cinéma / 5’18 / Flammes
dans le Faust de Murnau (apparition de Méphistophélès) / / Id.
/ Id. / 5’22 / Femmes à dos d’hommes dans L’Ange des maudits
(Rancho Notorious, Lang, 1952) / l’invention du scénario - / /
fatale / beauté / 5’28 / Noir / femme souriante avec étui à
cigarette et homme à son bureau, Boulevard du crépuscule (Wilder,
1950) / c’est un petit comptable de la mafia / il fallait mettre de
l’ordre dans le désordre / des trouvailles / / fatale / [sur noir] /
5’32 / Alternance rapide (sur le rythme de la machine à écrire)
pin-up et un homme moustachu (tenu par une jeune femme)
tordant le coup à un autre, Barney Oldfield’s Race for a Life (Mac
Sennett, 1913) / de Mack Sennett / Machine à écrire / / 5’39 /

117
/ Noir. / Id. / histoire / du / cinéma / [en blanc] [superposés
à : ] / le / cinéma ]/ / Histoire (s) [superposés] / du / cinémoi
[superposés à :] / à qui il / appartenait, lui / [jaune] / 5’42 /
JLG en plan plus large (torse nu, à table, cigare, machine à écrire,
visière de tennis) / La Montagne magique / [Thomas Mann, 1924]
/ / / 5’50 / Fondu enchaîné : montagne au bord d’un lac (plan
long) / / / / 6’01 : / Lent fondu enchaîné Monica Vitti sur une
falaise devant la mer, L’Avventura (Antonioni, 1960) / La Dame
aux camélias [répété] / [Alexandre Dumas, 1852] / Et Friedrich
Murnau / et Karl Freund / / / 6’11 / JLG id. il écrit puis
regarde ses mains à la fin en les retournant / ils ont inventé les
éclairages de Nuremberg / alors qu’Hitler n’avait pas encore de
quoi / se payer une bière dans les cafés de Munich / Les Mains
sales / [Sartre, 1948] / Te Deum (Arvo Pärt, 1984-86) / / 6’38 /
Deux mains retournées (même mouvement que JLG), un
homme à genoux les mains sur le dos nu d’une femme dans Un
Chien andalou, puis un visage inquiétant regardant ses mains, Les
Mains d’Orlac (Wiene, 1924) / En avoir ou pas / [To have or have not,
le film de Hawks, 1945, le roman d’Hemingway, 1937 ; le film de
Hawks, 1945,] / Id. / / 6’45 / Noir. / / Machine à écrire /
penser / avec / les / mains / [de Rougemont, 1936] [jaune] /
6’47 / JLG id. / et le plan américain / Id. / / 6’50 /
Photographie d’un « Roy Rodgers » en plan taille et chapeau de
cow boy / JLG id. / le cadrage à hauteur de ceinture / c’était
pour le revolver / / / 6’54 / Plan d’un cow boy à cheval cadré
de la taille aux genoux avec ceinturon et main sur son arme,
forme assez phallique du porte-lasso au-dessus de la selle / donc
le sexe / / / 6’56 / Photographie d’ un homme à chapeau en
plan taille avec une arme, Scarface, (Hawks, 1932)/JLG id. / mais
celui de l’homme / car les femmes étaient toujours cadrées / / /
6’58 / Portrait de Suzanne Fourment (« Le chapeau de paille »,
Rubens, 1622-25) / JLG id. / Michey Mouse en cow boy / JLG
id. / à hauteur de poitrine / et au fond de chaque histoire
d’amour / se morfond toujours / / / 7’01 / Bessie Love
dénudant un sein, Human Wreckage (John Griffith Ray, 1923) /
une histoire de nourrice / Id. Pärt / Bessie Love / [bas centre

118
jaune] / 7’05 / JLG id. / La cigale et la fourmi [La Fontaine, 1668]
/ Id. / / 7’11 / Gros plan de Louise Brooks, Loulou (La Boîte de
Pandore, Pabst, 1929) / / Id. / / 7’23 / Très lent fondu
enchaîné : un visage de dos à contre-jour avec une main ouverte
sur détail d’un visage vu comme sur un écran, Persona (Bergman,
1967) et très lent fondu enchaîné JLG id. / / Id. / / 7’33 / Noir
/ bobine banc de montage / / Id. + moteur banc de montage /
His / toi [decalé vers le haut] / re(s) / (s) [decalé vers le bas] /
du / cinéma [superposés] / 7’46 / Id. / / / Le / temps / perdu
/ [apparaît deux fois] / 8’04 / Id. / et c’est un cinéaste pas un
historien / Marcel Pagnol / / Le / temps / trouvé / 8’09 /
Fernandel tenant un bouquet de fleurs en alternance/iris avec
écran/titre du film (« un film écrit et réalisé par Marcel Pagnol »)
et champ-contrechamp Angèle/Demazis recevant le bouquet,
Angèle (Pagnol, 1934) / qui a découvert le secret du masque de
fer / et en même temps / / / 8’13 / Photographie de Pagnol
très jeune / l’origine du gros plan / / / 8’14 / Duel à l’épée de
deux hommes en armure, L’Âge de fer (Rossellini, 1964) / le
visage du roi sur / / / 8’17 / Id. et iris au centre détail Portrait de
Philippe IV, (Velázquez, 1645 ; des anges sont visibles autour de
lui) / la pièce de monnaie / [J. Delpy en même temps que JLG :]
/ «oui, la nuit est venue / / / 8’23 / Noir. / [JLG :] et la caméra
stylo / [J. Delpy :] un autre monde se lève / / chapitre / 2 B /
8’24 / Photographie de Pagnol âgé en train d’écrire / [femme :]
dur cynique / [JLG : ] c’est Sartre qui a refilé l’idée / au jeune
Alexandre Astruc / / / 8’26 / Très lent fondu enchaîné
photographie de Sartre marchant de trois-quart dos — plan
hommes plan taille en short avec armes et des corps à terre / [J.
Delpy :] analphabète amnésique / tournant sans raison étalé mis
à plat / comme si on avait supprimé la perspective [JLG : ] pour
que la caméra tombe / sous la guillotine du sens / À la fin début
bsf en vf des Amants du Capricorne (une femme en colère) +
début musique, Pärt id. ? / / 8’35 / Noir / homme ensanglanté
mettant la main sur son front puis champ-contrechamp Ingrid
Bergman l’air désolé, Les Amants du Capricorne (Hitchcock, 1949)
/ noir / [JLG : ] et ne s’en relève pas / [J. Delpy :] le point de

119
fuite / et le plus étrange / c’est que les morts vivants de ce
monde / se construisent sur le monde d’avant / leurs réflexions
/ bsf id. : « … je parvins à saisir le pistolet de femme » / fatal /
[bas gauche sur plan homme] / / l’ins / tant / fatal / 8’53 /
Ingrid Bergman la main au visage qui dit l’émotion, puis elle se
retourne id. / leurs sensations sont d’avant » / Motif introductif
du premier mouvement (Allegro) du Quatuor à cordes n°5 de Béla
Bartók (1934). Cf. 1b, 5’06 et 27’22 / Fatale / beauté / histoire /
(s) [dec] / du / cinéma / 9’02 / En surimpression avec bobine
banc de montage, la femme de King Kong terrorisée en alternance
avec le corps nu au milieu des arbres de Hedy Kiesler (Lamarr)
dans Extase (Machaty, 1933, l’année même de King Kong ; plan
long) puis bobine seule / / Bartók id. + Moteur banc de
montage / histoire / (s) / du / cinéma [vert] / 9’22 / Noir /
JLG id. prend un cadre en fer, y passe le visage (comme à travers
un écran de télévision : « dans le téléviseur »). Repose le cadre.. /
[JLG : ] / et c’est ce qui fait / que je parle avec des mots là /
parce que je suis à la télévision / qu’est-ce que je dis dans le
téléviseur / et que la chose n’existe / que par le nom que je lui
donne / pauvre chose / et que je suis [il appelle :] Albertine /
[Albertine disparue, Proust, 1911-1925] / Banc de montage id. /
pas / un / art / [sur noir et JLG] / / ni / une / technique / [sur
JLG] / / un / mystère [sur JLG] / 9’55 / Enfant à chapeau
rouge et mains à la bouche comme pour appeler au loin, Une
baignade à Asnières (détail, Seurat, 1883-84) / Albertine / Premier
mouvement (Fantaisie) de la Sonate en fa majeur pour alto et piano op.
11, n° 4 (1919) de Hindemith ; cf. aussi 1b, 43’24 et 47’06 / un /
mystère / 10’01 / Fondu enchaîné : La baigneuse blonde (visage,
Renoir, 1882) lent fondu enchaîné JLG id. / disparue / longtemps
je me suis couché de bonne heure / longtemps je me suis
couché de bonne heure / je dis ça / et tout à coup c’est
Albertine qui disparaît / et c’est le temps qui est retrouvé / Id. +
machine à écrire / / 10’31 / Lent fondu enchaîné tableau : les
deux enfants sur une plage La Plage de Saint-Aubin, 1867 / noir /
et c’est parce que c’est le romancier qui parle / mais si c’était
l’homme de cinéma / s’il fallait dire sans rien dire / Les Enfants

120
du capitaine Grant / [J. Verne, 1868] / Parti de Liverpool [E.
Peisson, 1932] / par exemple / je me suis réveillé de malheur /
il faut le cinéma / et pour les mots qui restent dans la gorge / et
pour désensevelir la vérité / Machine à écrire + bsf (quoi ?) – à
la fin musique un peu jazz des années soixante / / 10’41 / Noir.
/ / Machine à écrire + musique id. / le / trou / [Becker, 1960] /
/ [s’ajoute : ] / le temps / rê / vé] / [pour donner :] / le / temps
/ re / trouvé / 10’48 / Le très beau raccord de John Wayne
prenant N. Wood dans ses bras – avec des arrêts et des accélérés
– , La Prisonnière du désert (Ford, 1956) / / / / 10’36 / Le
madison à trois dans Bande à part , Karina, Frey, Brasseur (JLG,
1964) / je disais / ni un art ni une technique / un mystère / un
mystère / Hindemith reprend sur les trois danseurs de dos /
seul [noir] / le [superposés] / cinéma [balnc] / 10’59 / Noir. / /
id. / tout / seul / 11’06 / Avec un flouté rouge au-dessus, I.
Bergman penchée vers la terre et les fumées que lui montre son
guide, Voyage en Italie (Rossellini, 1953) / / Id. / mys / tère /
11’18 / Très lent fondu enchaîné statue de femme couchée, La
Porte de l’enfer (Rodin, 1880-1917) / / Id. / / 11’30 / Portrait de
Marcel Proust sur son lit de mort par Emmanuel Radnitsky (dit
Man Ray, 20 novembre 1922) / / Id. / Marcel / 11’35 / Iris de
lumière qui sort de la photographie précédente, un visage sans
trait (Max Ernst) / [Une voix de femme dit ces mots de Bresson
tirés des Notes sur le cinématographe, 1975 :] / « sois sûr d’avoir
épuisé / sois sûr d’avoir épuisé / Id. / Marcel / / Albertine /
11’53 / Noir / photographie de Pagnol en surimpression avec le
tableau précédent flou / noir / tout ce qui communique / par
l’immobilité et le silence » / [id. :] « Leonard recommande / de
bien penser à la fin / de penser avant tout à la fin / la fin c’est
l’écran / qui n’est qu’une surface » / [simultanément voix
d’Eddy Constantine dans Allemagne neuf zéro :] / « ah, ma patrie /
est-ce donc vrai / c’est ainsi que je t’ai imaginée / depuis
longtemps / pays heureux, magique / la musique cesse / Marcel
/ 12’15 / en surimpression avec couleurs de peinture une
diagonale jaune, id. 1B, photographie en noir et blanc de Nicolas
de Staël puis peinture et photographie alternance, clignotement

121
/ éblouissant / ô terre aimée / où donc es-tu » / [voix de
femme :] / « si une image / regardée à part / exprime nettement
quelque chose / si elle comporte une interprétation / elle ne se
transformera pas / au contact d’autres images / les autres
images n’auront aucun pouvoir sur elle / et elle n’aura aucun
pouvoir sur les autres images / ni action ni réaction / elle est
définitive et inutilisable / dans le système du cinématographe /
[voix d’Eddy Constantine :] / « Morgenrot, / Silence puis à
12’19 Septième symphonie en la majeur, opus 92, deuxième
mouvement (Allegretto), Beethoven 1813/ / Albertine [un temps]
/ / Nicolas [sur photographie de de Staël] / 12’00 / Noir /
Homme marchant au bord de l’eau (ou sur un étang gelé) avec
une valise puis lève les bras : séquence dans laquelle Eddie
Contantine dit le poème de Wilhem Hauff et lève les deux bras,
Allemagne année 90 neuf zéro (JLG, 1991) / Morgenrot / Leuchtest
mir zum frühen Tod / Bald wird die Trompete blasen / Dann
muß ich meine Leben lassen » / [W. Hauff, 1824] / [JLG :] les
films sont des marchandises / et il faut / Id. / / 13’10 / Noir /
Surimpression : JLG bibliothèque (il prend les livres qu’il cite un
à un) et feu de Week-end (JLG, 1967) / noir / brûler les films / je
l’avais dit à Langlois / mais attention / avec le feu intérieur /
[dit en superposition avec :] Matière et mémoire / [Bergson,1896] /
l’art est comme l’incendie / il naît de ce qu’il brûle / Les Milles et
une nuit / Les Faux-monnayeurs [Gide, 1925] / Silence puis
machine à écrire / [Début de la bsf de La Splendeur des
Amberson :] / pour / l’amour / de quel / lever de / rideau / /
nous / dépouillons / nous / de nos / rêves » / [Benjamin, Les
Écrits théologiques de jeunesse] / 13’45 / Surimpression défilement
pellicule et du vieux Major Amberson face aux lueurs des
flammes (Richard Bennett dans La Splendeur des Ambersons,
Welles, 1942) / noir / Vieil homme répondant à son fils/ / /
« And now Major Amberson was engaged in the profoundest
thinking of his life, and he realized that every thing which had
worried hil or delighted during his lifetime – all his buying and
building and trading and banking – that it was all trifling and
waste beside what concerned him now, for the Major knew now

122
that he had to plan how to enter an unknown country where he
was not even sure of being recognized as an Amberson. » /
« Father, father ?… » / [aux questions sur les actes de propriété,
le vieil homme répond : ] / « I can’t… remember » / chacun /
de / nous / [sur noir] / 14’40 / Alternance : noir / Major
Amberson / noir… / / [Puis :] / « It must be in the sun. There
wasn’t anything here but the sun in the first place… » / porte /
au tour [caractères décalés] / de soi / [sur noir 1] / / les / rêves
/ in visibles / [caractères décalés] [sur noir 2] / 15’05 /
Amberson id. en surimpression avec la caméra da Raoul Coutard
(jusqu’à ce qu’elle cadre le spectateur) dans la séquence
d’ouverture du Mépris (JLG, 1963) / / « The Earth came out o’
the sun, and we came out of the Earth. So whatever we are… »
/ Magica / latern a [caractères décalés] / [[jaune sur vieil
homme] / 15’15 / Surimpression vieil homme id. et Bardot nue
dans la première séquence du Mépris / [JLG :] peut-on raconter
le temps / le temps en lui-même / comme tel et en soi / non, en
vérité / / / 15’22 / Marin sur bateau qui semble se disputer avec
une femme (qui porte aussi un béret de marin), il lui donne un
verre quand elle s’allonge sur un canapé dans Monsieur
Arkadin/confidential Report (Welles, 1955) / ce serait une folle
entreprise / un récit où il serait dit / le temps passait / il
s’écoulait / le temps suivait son cours / et ainsi de suite / [JLG
2e voix brièvement :] histoire(s) du cinéma / jamais un homme sain
d’esprit / ne l’obtiendrait pour une narration / ce serait à peu
près / comme si on l’avait l’idée de tenir / / / 15’40 / Noir
/Azéma dans un salon, assise sur un canapé, au fond une lampe,
au premier plan à gauche des fleurs / pendant une heure /
histoire(s) du cinéma / une seule et même note / ou un seul accord
/ [superposition : S. Azéma disant un texte extrait de La Mort de
Virgile, Hermann, Broch, 1945 :] / « quand / ô quand… » /
[JLG :] / et si l’on voulait / faire passer cela pour de la musique
/ [Azéma :] / « quand il existait la création / libérée de forme /
quand, / ô quand donc / sans destin / où elle fut / et elle était
sans rêve / n’était ni veille ni sommeil / ne fut qu’un instant /
un chant / une voix unique / inévocable / un appel souriant /

123
jadis, il y eut l’enfant / un jour, il y eut la création / un jour, elle
sera / miracle affranchi de hasard / nulle part / éloignement
dans la proximité / éloignement suprême dans l’éloignement /
limite la plus extrême et la plus centrale / de tous les deux /
irréalité contenue dans leur double réalité / évocation magique /
dans l’un et l’autre / d’un monde lointain et reculé / la beauté /
car / à la frontière suprêmement reculée / la beauté rayonne /
des lointains suprêmement reculés / elle rayonne dans l’homme
/ transcendant la connaissance / transcendant la question sans
effort / appréhensible seulement au regard / unité du monde
fondée par la beauté / établie sur le bel équilibre de l’ultra-
lointain / qui pénètre tous les points de l’espace / diffusant sans
effort le regard rayonnant / qui les embrasse / c’est donc bien
comme un sortilège / et la beauté est une ensorceleuse
ensorcelée / douée d’un pouvoir démoniaque / d’universelle
absorption / incluant toutes choses / en son équilibre saturnien
/ telle est la beauté et c’est pourquoi / elle est aussi une rechute
dans la pré-divinité / et c’est pourquoi / elle est pour l’homme /
une réminiscence de quelque chose / / choix / des / élues /
[superposés] [sur noir] / 18’03 / Noir / iris : au centre Le Verrou
(Fragonard, 1777) et autour avec mouvement de gauche à droite
beau et jeune visage de Lilian Gish / noir / / / / 18’11 / Azéma
id. / ô retour au pays natal / retour de celui qui n’a plus besoin
d’être un invité / impossible de restaurer le sourire / où nous
étions autrefois sagement blottis / impossible de restaurer
l’embrassement souriant / la plénitude d’existence du réveil / ou
juste avant le réveil / illuminée du jour naissant et encore obscur
impossible de restaurer la douceur / où nous avons enfoui notre
visage / afin que notre vision ne s’en transforme pas / en un
simple hasard / où tout était à nous / quand tout nous fut rendu
/ rien n’était transitoire / car le temps universel était transitoire
/ et sans durée / ô retour au pays natal / ô le temps universel /
où rien n’était muet pour les yeux muets de l’enfant / / / 19’23
/ Noir / photographie en noir et blanc de Anne-Marie Mieville
et iris au centre un homme soulevant une femme à la robe rouge
allongée sur les cailloux au bord de l’eau, Après la réconciliation

124
(JLG/Mieville, 2000) / noir / et où tout avait été nouvelle
création / ô retour au pays natal / / / 19’34 / Azéma (plan plus
rapproché) / ô musique / du monde intérieur et extérieur /
beauté, jeu en soi / jeu que l’homme joue avec son propre
symbole / parce que c’est sa seule chance / d’échapper au moins
symboliquement / à son angoisse de la solitude / répétant
toujours à nouveau / la très belle autosuggestion / la fuite dans
la beauté / le jeu de la fuite / le désespoir de l’art / et son essai
désespéré / pour créer l’impérissable / avec des choses
périssables / avec des mots, des sons / des pierres, des couleurs
/ afin que l’espace mis en forme dure / au-delà des âges / / /
20’40 / Id. / [Silence puis :] / tout cela n’était qu’une forme de
sommeil / et bien que les puissants de ce monde / aient bâti des
salles de fêtes et encore des salles / les remplissant de l’éclat de
torches et de musique / Choral pour orgue, BWV 721 (« Aie pitié
de moi Seigneur ») ; cf. 1b, 38’36 / Le Choral se mêle à
l’introduction de Ruby’arms ((Tom Waits, 1983, dans Prénom
Carmen, JLG, 1983) / / 20’00 / noir / Surimpression : visage
d’une star hollywoodienne (dans Chantage) Hitchcock, 1928) et
scène (des corps nus) pornographique en couleur avec
mouvement pano gauche / droite / noir / et s’y faisant entourer
par des corps et encore des corps / et par des visages / et
encore des visages / pour s’y faire courtiser par eux / Id. / /
20’10 / Surimpression du couple (Detmers/Bonnaffé) de Prénom
Carmen (JLG, 1983) et Cornélia derrière une fenêtre avec des
étincelles, King Lear (JLG, 1987) / et pour recevoir leur sourires
admiratifs / mais aussi pour leur rendre leurs sourires / et les
courtiser en retour / afin qu’ils restâssent des admirateurs fidèles
/ cela aussi n’était qu’une forme de sommeil » / Ruby’arms / /
21’26 / Id. Azéma maintenant en gros plan, regardant en bas et
fumant / noir / / [Id. Tom Waits :] / « I will leave behind all my
clothes / I wore when I was with you / all I need’s / beauté /
fatale / 21’44 / Écran divisé : à gauche un couple (femme dos à
l’homme et reposant sa tête sur son épaule), Dynamite (de Mille,
1929) et à droite la petite fille faisant un panoramique avec une
caméra dans France/tour/détour/deux/enfants (JLG, 1977-79) / /

125
my railroad boots, / and my leather jacket / as I say goodbye to
ruby’s arms / although my heart is breaking… » / l’enfance / de
l’art / [JLG/Miéville, 1990] / 22’06 / Noir / / / / Le / monde
/ perdu / [lettres à peines visibles comme englouties dans
l’écran noir]] / 22’09 / JLG bureau / bibliothèque/ machine à
ecrire une barre en métal passe (un pied de micro), il met du
papier dans sa machine, on voit le micro entrer dans le champ,
l’abat-jour rouge bouge tout seul, il tape, il regarde en l’air / noir
/ / Léger bruit de moteur et son in puis machine à écrire (off) /
Les corps [bas/gauche] / / la beauté [bas/gauche] / / l’origine
[bas/gauche] / / trou noir [bas/gauche sur bruit machine à
écrire off] [caractères noirs] / 23’06 / Noir / / / Envoi / 2
[vert] / 23’08 / Iris au centre un projectionniste dans Soigne ta
droite (JLG, 1987) et autour une statue au corps décharné qui
semble poser la main sur le projecteur / [Long silence puis
JLG :] / je disais ni un art ni une technique / un mystère / / /
23’20 / Noir / / No place Nowhere (Cello, David Darling, 1992) /
/ 23’22 / Projection (en ombre chinoise) d’un homme avec
caméra (sur grue ), Scénario du film Passion (JLG, 1982) / et pour
le résoudre / une simple potion magique / pour éclairer notre
lanterne magique / elle aussi, n’est-ce pas / Id. / / 23’27 / Très
lent fondu enchaîné sur une autre statue au corps décharné
(encore Rodin ?) / mais l’histoire du cinéma / est d’abord liée à
celle de la médecine / les corps torturés d’Eisenstein / par-delà
le Caravage et le Greco / s’adressent aux premiers écorchés de
Vésale / Id. / / 23’42 / Très lent fondu enchaîné tableau : un
ange tenant le Christ, détail du Christ mort et les anges (Manet
1864) / et le fameux regard de Joan Fontaine / devant le verre
de lait / [Soupçons, Hitchcock, 1941] / ne répond pas à une
héroïne de Delacroix / Id. / / 23’51 / Photographie d’un chien
/ mais au chien de Pasteur / Id. / / 23’53 / Détail (le visage) de
la Jeune orpheline au cimetière (Delacroix, 1824) / chien id. / car
toute la fortune de Kodak / s’est faite avec les plaques de radio
/ pas avec / Id. / / 23’59 / Surimpression et alternance du
regard de Joan Fontaine et de Cary Grant avec son plateau et le
verre de lait, Soupçons (Hitchcock, 1941) et alternance avec la

126
sorcière de Blanche-Neige et les sept nains (D. Hand, 1937)/ noir /
Blanche-Neige / car encore / puisqu’il avait voulu imiter le
mouvement de la vie / il était normal, il était logique / que
l’industrie du film se soit d’abord / Id. / / 24’11 / Iris : au centre
deux femmes dont l’une donne le sein à son bébé, Divine
(Ophuls, 1935) et autour une photographie en couleur
(probablement de Lumière) photographie seule puis au centre
Chaplin dans Les Lumières de la ville (Chaplin, 1931) / vendue / à
l’industrie de la mort / ô, combien de scénarios sur un nouveau-
né / sur une fleur qui pousse / Id. / / 24’20 / Noir / mais
combien sur des / rafales de mitraillettes / Id. / Vrai / faux / to
/ graphe / [superposés][vert] / 24’25 / Homme en contre-jour
collé à une vitre (image comme un négatif), Le Pré de Béjine
(Eisenstein, 1935-37) très lent fondu enchaîné dessin de King
Kong déshabillant la femme qu’il tient dans sa main / parce que
/ voilà ce qui s’était passé / la photographie aurait pu être
inventée en couleurs / elles existaient mais voilà / au petit matin
du vingtième siècle / les techniciens ont décidé / de reproduire
la vie / on inventa donc la photographie / et le cinéma / mais
comme la morale était encore forte / et qu’on se préparait / à
retirer à la vie jusqu’à son identité / on porta le deuil de cette
mise à mort / Id. / / 24’54 / Noir / Gravure (ou dessin) d’un
lac à l’aube / noir (long) / et c’est avec les couleurs du deuil /
avec le noir et avec le blanc / que la photo se mit à exister / pas
à cause de la gravure / le premier bouquet de fleurs de Nadar /
ne recopie pas une lithographie de Doré / il la nie / / l’aurore /
[Murnau, 1927] [en rouge sur gravure] / 25’12 / Surimpression :
à gauche une scène de danse, un bal (des hommes portent des
chapeaux mexicains) et à droite deux hommes (nb) avec caméra
35 mm qui semblent filmer le bal puis iris au centre
photographie femme en technicolor / noir / et, très vite pour
masquer le deuil / les premier technicolors prendront / les
mêmes dominantes que les couronnes mortuaires / et Scarlett
O’Hara / / c’est fini / l’aurore / [en jaune sur photographie
technicolor] / 25’22 / Femme assise en tailleur laissant tomber
sa tête entre ses jambes accompagnés du même mouvement par

127
les bras, Le Silence (Füssli, 1799-1801) / se dira une deuxième
fois / qu’elle y pensera demain / à quoi / au bonheur / parce
qu’il faut porter le deuil / / / 25’31 / Photographie de Scarlett
O’Hara avec robe blanche, Autant en emporte le vent (Fleming,
1939) / mais en l’oubliant, n’est-ce pas / / / 25’35 / Noir / et
Madame de Staël nous a dit / comment elle écrit à Napoléon / /
les / intentions / [jaune] / 25’41 / Surimpression de la
photographie de Scarlett id. et d’un détail de la Grande salle à
mager sur le jardin (Bonnard, 1934-35) / la gloire, sire / est le deuil
éclatant du bonheur / la gloire / les sunlights / les oscars / les
festivals / / / 25’46 / Noir / mais pour cinquante Cecil B. de
Mille combien de Dreyer / Silence puis bruit de foule / sont /
néant / [Propos de Bonnard] [bleu] / 25’54 / Plan sur la robe
sur un lit, puis pieds enchaînés de Jeanne qui marche, Le Procès de
Jeanne d’Arc (Bresson, 1961) / / [Bsf in Bresson :] « Que dites-
vous de la robe qu’on vous offre ? / [bruit des chaînes qu’elle a
aux pieds, elle : ] « Je ne la prendrai pas encore tant qu’il plaira à
notre seigneur… / du / cinéma / [jaune] / / misère / et
[superposés] / / Photographie de femmes habillées pour un bal,
leurs regards se dirigent en toutes directions hors champ / / Et
si je dois être menée jusqu’en condamnation et qu’il me faille
dévêtir, je requiers qu’on m’accorde la grâce d’avoir une chemise
de femme et quelque chose sur la tête / Id. / 26’12 / Fondu
enchaîné visage de jeune fille, Wanda (Barbara Loden, 1970) / /
J’aime mieux mourir que de révoquer ce que Notre Seigneur m’a
fait faire, et je crois fermement qu’il ne permettra pas que je
tombe si bas sans venir à mon secours et par miracle » / Le
Conditionnel de variétés (Léo Ferré 1971) : / « Comme si je vous
disais que l’humiliation devrait pourtant s’arrêter / Id. / 26’25 /
Fondu enchaîné : père et enfant sous la pluie dans Le Voleur de
Bicyclette (De Sica 1948) / noir / / devant ces femmes des
industries chimiques avec leurs doigts bouffés aux acides et leurs
poumons en rade / Comme si je vous disais… » / Id. / / et /
splen / deur / [superposés] / / du / cinéma / 26’37 / Lola les
bras en l’air et crispant les lèvres puis mouvement de chute
accompagné de celui (rapide) de la caméra Lola Montès (Ophuls,

128
1956) / / Silence et tambours Ferré / fatale / beauté / [en rouge
et chaque mot au niveau des bandes du cinémascope haut/bas]
/ 26’45 / noir / photographie d’un homme qui a oté sa
casquette devant deux hommes en haut-de-forme dans un fiacre
/ noir / / [Ferré :] / Comme si je vous disais que les cadences
exténuent les ouvriers jamais les présidents / production /
gaumont / cnc / fémis / périphéria / 26’52 / Iris/clignotement
rapide : Suzanne Lenglen photographiée par Lartigue (Nice,
1921) courant et sautant vers la gauche, et au centre JLG sautant
par la fenêtre d’une voiture, Soigne ta droite (JLG, 1987) / / Et je
ne vous dis rien qui ne puisse être dit de « variétés », moi qui ne
suis qu’un artiste de variétés. / / 26’57 / Noir / / / histoire / (s)
/ du / cinéma [superposés] / 26’59 / Surimpression d’un visage
de jeune femme japonaise et mouvement de mer / / Id. ? / /
27’04 / Noir / / Id. ? / Id. [bleu] / 27’05 / Un fils et sa mère
attablés au restaurant et un homme debout qui, sans vergogne,
vide un verre posé sur la table sous leur regard outré ; il repose
le verre et fait risette à la dame, de plus en plus offusquée,
Quatorze juillet (René Clair, 1933) / / Id. ? / / 27’13 / Noir / /
Id. ? / belle / de / jour / [Buñuel, 1967] / 27’16 / Alternance
rapide mouvement de Monica Vitti apeurée dans la nuit (du
rouge derrière elle), Le Désert rouge (Antonioni, 1964) et la salle de
cinéma surchauffée d’Un roi à New-York (Chaplin, 1957) / /
Bruit de foule (bsf in ?) / / 27’21 / Noir / / / belle / de / nuit
/ [Belles de nuit, René Clair, 1952] / 27’24 / Jeune fille dansant
avec grande robe blanche, Danse serpentine (Lumière, 1897) / / Id.
et rires / / 27’34 / Noir / / Bsf en français : « fais pas la tête
chéri, / party / girl / [Traquenard, Ray, 1958] / 27’38 / Une
femme (photo tirée d’un péplum ?) / Chaplin, l’air inquiet, assis
dans la salle de cinéma (parlant à celui qui est auprès de lui) id. /
une femme avec une chemise ouverte qui se retourne / salle de
cinéma, Chaplin id. / [en petits caractères :] « bientôt sur cet
écran », puis ils regardent de gauche à droite, en surimpression
avec série de spectatrices qui regardent dans le même sens et
visage de femme qui a l’air de souffrir puis mouvement de
caméra sur un gros plan de pénétration dans un film

129
pornographique en couleur puis id. plan de l’homme / Chaplin
et son compagnon fuit la salle / / c’est pour ton bien tu sais » /
Diverses musiques « de film » + coups de feu (sur film porno) /
histoire / du (s) / cinéma / [sur l’écran de la salle du film de
Chaplin] / 28’00 / La sortie de la salle de cinéma, Chaplin id., ils
ont l’air consterné (derrière les passants) / / Coups de feu / /
28’03 / Noir / / / à / suivre / / / // 3a - La monnaie de
l’absolu // / / 0’00 / Noir / / silence / pour / Gianni /
Amico [critique italien et joue dansPrima della revoluzione de
Bertolucci] [vert] / 0’05 / .Noir / / silence / et pour / James /
Agee / [critique américain et scénariste] [jaune] / 0’11 / Noir /
/ silence / gaumont / périphéria / présentent / 0’16 /
Clignotement / iris / alternance très rapide / très long entre
Saturne dévorant l’un de ses enfants (Goya, 1820-24) et Judith tranchant
la tête d’Holopherne (Artemesia Gentileschi, vers 1620) / noir [sur
« un témoin »] / [JLG lit un extrait de Pour la Serbie , un texte de
Victor Hugo : le 29 août 1876,:] / « Il devient nécessaire
d’appeler / l’attention des gouvernements européens / sur un
fait tellement petit à ce qu’il paraît / que les gouvernements
semblent ne point l’apercevoir / ce fait le voici / on assassine un
peuple / où / en Europe / ce fait, a-t-il des témoins / un
témoin, / Choral pour orgue, BWV 721 (« Aie pitié de moi
Seigneur ») ; / cf. 1b, 38’36 ; 2b ; 20’40 / seul / le / cinéma
[rouge bas] / / fatale / beauté [rouge] / 0’31 / Affiche de
Lénine sur laquelle est inscrite : « le mort de l’année », puis
Lénine s’efface : reste l’étoffe blanche qui étouffe Desdémone
(Welles, Othello, 1952). / le monde entier / les gouvernements le
voient-ils / non / Id. / la / monnaie / de l’absolu / [bleu] / 0’56
/ Fondu enchaîné Othello, détail de La Bataille de San Romano
(Ucello, 1435-1450) : « la contre-attaque de Micheletto da
Cotignola / noir / les nations ont au-dessus d’elles quelque
chose / qui est au-dessous d’elles / les gouvernements / à de
certains moments ce contresens éclate / la civilisation est dans
les peuples / la barbarie est dans les gouvernants / cette barbarie
est-elle voulue / non, elles est simplement professionnelle / ce
que le genre humain sait / Id. / / 1’13 / Alternance /

130
clignotement très rapide entre la couverture de Science et vie (des
miltaires en treillis, l’un au premier plan porte des lunettes
électroniques et une arme pourvue d’une caméra vidéo, un autre
tire au second plan, inscription : « Bosnie » en jaune, « les armes
high-tech » (en rouge) et « exclusif » sur un petit bandeau à
l’angle gauche) et une Pietà de Delacroix (1837) / les
gouvernements l’ignorent / cela tient à ce que les
gouvernements / ne voient rien qu’à travers cette myopie / Id. /
/ 1’19 / Photographie d’un cadavre horriblement décharné à
terre, massacre au Rwanda / la raison d’état / le genre humain
regarde / avec un autre œil / la conscience / Id. / la / réponse /
des / ténèbres / [noir/gauche] / 1’23 / Pietà id. / / Id. / / 1’29
/ Noir / nous allons étonner les gouvernements européens / Id.
/ / 1’31 / Photographie d’une femme à terre, blessée, un chien
mort à ses côtés, dans un décor rassurant et anodin, (un portail,
des voitures garées…) / en leur apprenant une chose / c’est que
les crimes sont des crimes / Id. / / 1’35 / Lent fondu enchaîné
photographie de Robert Capa avec caméra / noir / c’est qu’il
n’est pas plus permis à un gouvernement / qu’à un individu
d’être un assassin / Id. / / 1’40 / Détail du Nain de cour Antonoio
el Inglés (Velázquez, 1640-1645) / c’est que l’Europe est solidaire
/ c’est que tout ce qui se fait en Europe / est fait par l’Europe /
Id. / montage, / mon / beau / souci [superposés] / 1’45 / Noir
/ c’est que / s’il existe un gouvernement / Id. / montage /
montage / montage / 1’47 / Alternance / clignotement rapide
entre des monstres, détail de la « Tentation de saint Antoine » du
Retable d’Issenheim (Grünewald, 1512-15) et le visage du Christ
dans Le Christ chassant les marchands (Le Gréco, vers 1570) / de
bêtes fauves / il doit être traité en bête fauve / Id. / / 1’50 /
Noir / c’est qu’à l’heure qu’il est, tout près de nous / Id. / mon
/ beau / 1’52 / Une femme dans les ruines dans les années
quarante avec un enfant dans les bras et deux à ses côtés puis
petite ouverture iris (clignotement très rapide) d’un aigle à bras
d’homme du Retable / là, sous nos yeux on massacre / on
incendie / on pille / on extermine / on égorge les pères et les
mères / on vend les petites filles et les petits garçons / Id. / /

131
2’01 / Noir / c’est que les enfants trop petits / / souci / 2’03 /
Plan fixe Angèle avec son bébé (Pagnol, 1934) lent fondu
enchaîné avec une gravure (un sabre ?) / pour être vendus / on
les fend d’un coup de sabre / c’est qu’on brûle les familles dans
les maisons / c’est que telle ville, Balak par exemple / est réduite
en quelques heures / de neuf mille habitants à treize cents / /
une / vague / nouvelle [brun] / 2’11 / Très lent fondu enchaîné
sol jonchés de corps dans une lumière de feu, du soleil couchant
et de fumée de l’incendie de Saragosse peint par Goya en 1793-
1794 / c’est que les cimetières sont encombrés / de plus de
cadavres qu’on n’en peut enterrer / de sorte qu’aux vivants qui
leur ont envoyé le carnage / les morts envoient la peste, / / Id. /
2’23 / Noir / ce qui est bien fait / nous apprenons aux
gouvernements d’Europe / / / 2’25 / Vieille photographie du
pont de Mostar, très lent fondu enchaîné qui fait apparaître le
visage d’un homme qui ressemble à Mitterrand, Le Déluge
(Ucello, 1446-48) / ceci / c’est qu’on ouvre les femmes grosses
/ pour leur tuer les enfants dans les entrailles / c’est qu’il y a
dans les places publiques / / / 2’32 / Très lent fondu enchaîné
sur une gravure de Goya (corps morts) de la série des Désastres de
la guerre (« Estragos de la guerra », pl. 30, entre 1810 et 1815) très
lent fondu enchaîné visage (Mitterrand) du Déluge id. / en un
éclair photographie de Mitterrand avec des lunettes noires / noir
/ des tas de squelettes de femmes / ayant la trace de
l’éventrement / c’est que les chiens rongent dans les rues / le
crâne des jeunes filles violées / c’est que tout cela est horrible /
c’est qu’il suffirait d’un geste / des gouvernements d’Europe /
pour l’empêcher, et que les sauvages / qui commettent ces
forfaits sont effrayants / et que les civilisés qui les laissent
commettre / sont épouvantables / / le / contrôle / de /
l’univers / [noir sur peinture Ucello] / 2’51 / Dessin de deux
corps (suppliciés ?) l’un : homme recroquevillé, l’aure : une
femme avec une tache rouge à la place du sexe qui est à la
hauteur de la bouche d’un Saturne dont le croquis se superpose
au dessin en clignotement léger comme une flamme qui va
s’éteindre, avec une femme portant une torche et au bras levé,

132
Lady Macbeth somnambule (Füsli, 1781-84) / les gouvernements
balbutient une réponse / ils ont déjà essayé ce bégaiement / ils
disent / on exagère / oui, on exagère / ce n’est pas en quelques
heures / que la ville de Balak / a été exterminée / c’est en
quelques jours / on dit deux cents villages brûlés / il n’y en a
que quatre vingt dix neuf / ce que vous appelez la peste / n’est
que le typhus / toutes les femmes n’ont pas été violées / toutes
les filles n’ont pas été vendues / La cloche mortuaire (à deux
reprises au début de la série sur les corps suppliciés et à la fin de
la série) / / 3’16 / Lady Macbeth id. clignotement id. avec deux
corps pendus à un arbre, des taches rouges à la place du sexe et
l’un en morceaux accrochés à l’arbre : des bras tranchés et
attachés d’une corde à une branche, le corps pendu par les
jambes et la tête plantée dans une branche, Bel exploit, avec des
morts (dans la série des Désastres de la guerre, pl. 39, Goya, entre
1810 et 1815) / quelques-unes ont échappé / on a châtré les
prisonniers / Cloche mortuaire / / 3’21 / Goya id. clignotement
avec l’enfant errant dans la ville de Allemagne année zéro
(Rossellini, 1948) / mais on leur a aussi coupé la tête / ce qui
amoindrit le fait / l’enfant qu’on dit avoir jeté d’une pique à
l’autre / n’a été, en réalité, mis qu’à la pointe d’une baïonnette /
/ / 3’31 / Id. Rossellini en surimpression avec un homme avec
une tête au bout d’une pique (une gravure des Disparates, Goya,
1821-24) / et cetera, et cetera / Scènes d’enfant/Kinderszenen, n° 1,
« Des pays lointains » (Schumann, op. 15, 1838) / les / signes /
parmi / nous [vert] / 3’44 / Noir / et puis / pourquoi ce peuple
s’est-il révolté / pourquoi un troupeau d’hommes / ne se
laisserait-il pas posséder / comme un troupeau de bêtes /
pourquoi / et cetera et cetera et cetera / cette façon de parler /
/ histoire / (s) / du / cinéma [vert] / 3’57 / Les Majas au balcon
(Goya, 1810) et un charnier : un panoramique descendant avec
un flou de mouvement accentue l’effet de chute : tout semble
tomber avec le corps. / ajoute à l’horreur / chicaner
l’indignation publique / rien de plus misérable / les atténuations
aggravent / c’est la subtilité plaidant pour la barbarie / / / 4’08
/ La dernière image seule, un corps dans un mouvement de

133
chute / nommons les choses par leur nom / / / 4’12 / La
surimpression de deux Goya (les Majas et le visage qui suit) : /
tuer un homme au coin d’un bois / qu’on appelle la forêt de
Bondy / ou la forêt noire est un crime / / / 4’18 / Visage de
femme avec les mains dans le geste de la prière, tout est dans les
tons rouges : / détail de la fresque de la coupole à San Antonio de
la Florida (Goya, 1798) / tuer un peuple au coin de cet autre bois
/ qu’on appelle la diplomatie / est un crime aussi plus grand /
voilà tout / où s’arrêtera-t-on / quand finira le martyre / de
cette héroïque petite nation / Cloche mortuaire / par pitié /
monsieur / [blanc] / 4’31 / Portrait : Le Général Antonio Ricardos
(Goya, 1793-1794) / alors on nous dit / vous oubliez qu’il y a
des questions / assassiner un homme est un crime / assassiner
un peuple est une question / chaque gouvernement a sa
question / nous répondons / l’humanité aussi a sa question /
Cloche mortuaire (à la fin) / par pitié / monsieur / [blanc] / /
monsieur / le vicomte de / laquais d’Orsay / 4’44 / Camille sur
son lit de mort (Monet, 1879) [plan long] / et cette question, la
voici / elles est plus grande / que l’Inde, l’Angleterre ou la
Russie / c’est le petit enfant / dans le ventre de sa mère » /
Schumann id. [à la fin, après « le ventre de sa mère… »] puis un
coup de tonnerre avant le noir / Victor Hugo / 29 août 1876 /
5’03 / Noir / / / (s) / histoire / 3 a / du / cinéma / 5’06 /
Saint Jean Baptiste un livre d’une main et pointant son doigt
ailleurs (vers le Christ crucifié invisible sur ce détail) de l’autre :
Le Retable d’Issenheim (Grünewald, 1512-15) / les livres saints
nous disent / qu’avant de partir en voyage / les filles de Loth
voulurent se retourner / une dernière fois / / Id. / 5’14 / Fondu
enchaîné et iris plan fixe Marlène Dietrich dans Le Chevalier sans
armure (Feyder, 1937) / et qu’elles furent changées en statues de
sel / Bruit de tonnerre / / 5’20 / Noir / or, on ne filme que le
passé / je veux dire / / ne / raconte / pas / d’histoires / mon
petit / 5’23 / JLG dans l’avion touchant un tissu rouge que lui
tend celui qui est auprès de lui, Soigne ta droite (JLG, 1987) / que
ce qui se passe / / Id. / 5’27 / Noir / et ce sont des sels d’argent
/ qui fixent la lumière / / raconte / des histoires, / mon / grand

134
/ 5’29 / Iris blanc / photographie en noir et blanc de JLG / iris
blanc / JLG id. / / / Bruit de pluie / Id. / 5’47 / iris id. puis au
centre JLG bibliothèque en contre-jour, il parle / [in] : pas
d’histoires / lorsque j’inventais / des histoires / quand je
n’invente rien / de quelles histoires s’agit-il alors / celle de la
bataille de Borodino / et de la fin de la domination française /
racontée par Tolstoï / [Guerre et paix, 1865-1869] / celle de la
bataille de Bagdad / racontée par CNN / [janvier 1991 :
opération « Tempête du désert »] / Tonnerre / / 6’11 / Une
variante de Femme sur la plage (1899) d’’Edward Munch [mer
noire et plage verte] / le triomphe de la télévision américaine /
et de ses groupies / Tonnerre – cloche mortuaire (à la fin) / cbs
/ tf1 / rtl / zdf / [rouge à droite] / 6’18 / La Guerre (Le
Douanier Rousseau, 1894) / / [Après deux coups de cloche
mortuaire, sur le moderne Cavalier de l’Apocalyse du Douanier
Rousseau, on entend ce chant de marche allemand, Singend wollen
wir marschieren :] / « Adolf Hitler soll uns führen / Id. / / nbc /
fr3 / rei [qui devient :] reich 3] / orf / 6’30 / Noir /
surimpression Mabuse apparaît au professeur dans sa voiture, Le
Testament du Dr Mabuse (Lang, 1933 et produit par Pommer) et
un détail de Combats (Kirchner, 1915) / noir / / un allemand,
Erich Pommer, fondateur d’Universal / « Wir sind stehs bereit!
/ Links und rechts (x 2) » / [cloche mortuaire] / / 6’38 / Une
femme avec un homme en armure jusqu’aux dents, Attila, il
flagello di Dio, Febo Mari, 1917) en alternance rapide et
clignotement avec photographie de Pommer ? / aujourd’hui,
Matsushita Electronics / « Schaut manches liebe Mädel / Aus
dem Haus heraus! » / / 6’43 / Photographie de Pommer en
alternance / clignotement très rapide avec Onze heures du matin
(Hooper, 1926) : une femme nue dans un fauteuil et qui regarde
par la fenêtre / s’exclamait / je ferai pleurer le monde entier
dans son fauteuil / peut-on dire qu’il a réussi / « Wir, wir, wir
marschieren g’rade aus! » / [cloche mortuaire] / / 6’49 / Le logo
d’Universal qui tourne au ralenti avec plein d’étoiles avec
clignotement très rapide de deux plans : une femme dans la
foule qui cherche à se frayer un chemin [Le Rideau déchiré,

135
Hitchcock, 1966] et une blonde l’air surpris et effrayé [Le Piment
de la vie, Jewison, 1963] / d’une part il est vrai / que les journaux
et télévisions du monde entier / ne montrent que la mort et des
larmes / mais d’autre part il est vrai aussi / que ceux qui restent
à regarder la télévision / ils n’ont plus de larmes à pleurer / ils
ont désappris à voir / Cloche mortuaire (x 3) / erreur / Carl
Laemmle / [allemand, fondateur d’Universal] / 7’19 / Lent
fondu enchaîné (qui reste en surimpression) logo universal et
plan fixe d’une femme brune la tête posée sur la main / oui /
quelle histoire voulons-nous / à supposer que nous soyons
dignes / de la Chartreuse [Stendhal, 1839] / et des crimes et des
châtiments [Dostoïevski, 1866] / Cloche mortuaire (sur le fondu
enchaîné) – Troisième mouvement de la Symphonie « Mathis der
Maler » (« La Tentation de saint Antoine), Hindemith (1933-
1934) / / 7’27 / Noir / voilà ce que demandait / David O.
Selznick : / je veux Del Rio / / du / cinéma
[jaune/bas/gauche] / 7’31 / Surimpression : l’homme à la
caméra, King Kong (Cooper et Schœdsack, 1933) et plan fixe de
Virginie Mayo, puis en surimpression avec explosion de lave
incandescente Capitaine sans peur (Walsh, 1951, avec Virginia
Mayo) / et Tyrone Power / dans une romance ayant pour cadre
/ les mers du sud / peu m’importe l’histoire / pourvu qu’elle
s’intitule / Birds of Paradise [Vidor, 1932] / et que del Rio saute à
la fin dans un volcan / Id. / erreur [rouge/haut/gauche] /
Virginia / Mayo / 7’48 / Noir / / Cinquième mouvement
(Allegro molto) du Quatuor à cordes n°4 de Béla Bartók (1928) /
qu’est- / ce / que / le / cinéma / [Bazin, 1958-1962] / [Suit la
« reprise » de Qu’est-ce que le tiers état ? de Sieyès paru en janvier
1789, dont le plan était : / 1 – Qu’est-ce que le tiers état ? Tout.
/ 2 – Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien. /
3 – Que demande-t-il ? A être quelque chose.] / [par
intermittence/clignotement] / 7’52 / L’oncle Birdie se balance
sur sa chaise : La Nuit du chasseur (Laughton, 1955) / / Id. / /
7’54 / Noir / / Id. / rien / 7’55 / Laughton id. / / Id. / / 7’59 /
Noir / / Id. / que / veut-il / 8’02 / Laughton id. / / Id. / / 8’07
/ Noir / / Id. / tout / 8’09 / Laughton id. / / Id. / / 8’11 /

136
Noir / / Id. / que / peut-il / 8’16 / Laughton id. / / Id. / / 8’20
/ Noir / / Id. / quel / que / chose / 8’27 / Laughton id. / [J.
Delpy : ] / « le plus étrange c’est que... / Id. + Tosca (Puccini,
1896-1900) / / 8’29 / Le résistant agonisant (mouvement de
chute de la tête au ralenti) après la torture dans Rome, ville ouverte
(Rossellini, 1945) / … les morts vivants de ce monde / sont
construits sur le monde d’avant / leurs réflexions / leurs
sensations sont d’avant » / Tosca id. / « … può star di paro /
all’ardente occhio tuo nero? / È qui che l’esser … » / qu’est--ce-
[dec] / que / le [dec] / cinéma [rouge] / 8’42 / Noir / / Tosca id.
« mio s’affisa intero… » / roulement de tambour et bruits de
guerre / Id. / 8’44 / Photographie de corps morts alignés à
même la terre et mouvement de caméra qui montre l’étendue
des corps – des femmes voilées (en noir et blanc) qui prient à
côté de corps morts / / Bruits de guerre – « Quelle horreur,
quelle horreur ; quel horreur… » (voix de Jean Cocteau, dans Le
Testament d’Orphée (Cocteau, 1960) / rien [Blanc/bas/droite] /
8’58 / Noir / / cloche mortuaire / rien / 9’00 / Clignotement
entre les corbeaux qui s’envolent et une sorte de plan voilé qui
laisse transparaître l’image, Les Oiseaux (Hitchcock, 1963) pui
clignotement avec un avion qui se confond avec les corbeaux
suivi d’un mouvement de chute / / / / 9’05 / Noir / / Cloche
mortuaire / que / veut-il / 9’08 / Les oiseaux qui fondent sur
les enfants sortant de l’école en courant, Hitchcock id. en
surimpression avec l’avion de guerre / / Scènes d’enfant, n ° 3,
« Colin Maillard » (Schumann, op. 15, 1838) / / 9’11 / Noir / /
Id. « Colin Maillard » – cloche mortuaire / tout / tout / tout /
9’16 / Les Oiseaux, id. changemet d’angle, derrière les enfants
clignotemen, alternance : un avion qui vient par au-dessus et par
derrière / / « Colin Maillard » id. / / 9’24 / Noir / / Id. / que /
peut-il / 9’28 / Noir / / Id. et cloche mortuaire + bruit aigu et
cristallin / quel / que [superposés] / chose [bleu] / 9’31 / Plan
fixe d’une femme qui chante (image saccadée) dans Napoléon
(Gance, 1927) [plan long] / noir / / « Colin Maillard »
suspendu,. son cristallin et flûte et arrivée des tambours / Id. /
id. [blanc] / id. [rouge] / 9’58 / JLG pose ses mains sur un livre,

137
De la certitude (Ludwig Wittgenstein, 1951), puis le retire, en
dessous un autre livre de la Pléiade ; sur un bureau, clés et
marqueurs à côté, JLG/JLG (JLG, 1995) / / Scènes d’enfant, n ° 3,
« Curieuse histoire » + tambours id. / de / l’absolu [bas/gauche]
/ 10’18 / Iris au centre détail (visage) de Judith et Holopherne
(Goya, 1820-23) / noir / / « Curieuse histoire » id. / des /
ténèbres [bas/gauche] / 10’27 / Berthe Morisot (qui deviendra
la belle-sœur de Manet) dans Le Balcon (Manet, 1868) / / Id. / Je
sais / à quoi / tu penses / 10’40 / Nana (Manet, 1876-77) / /
Id. / Id. / 10’52 / La Prune (Manet, 1877) [plan long) / / Id. –
puis silence / Id. / 11’06 / Noir / / Scènes d’enfant, n ° 13, « Le
poète parle » / c’était du / cinéma / muet / / en / compagnie /
de ma / demoiselle / Clara Haskil / [JLG rectifie peu après] /
11’15 / Alternance du Cd « fautif » et au centre une
photographie de Martha Argerich / j’étais seul / Id. / erreur :
[rouge/haut/gauche] / Martha / Argerich [rouge/bas/gauche] /
11’21 / Noir / perdu, comme on dit / dans mes pensées / / 1 /
pensée / 11’22 / JLG dans la pénombre avec cigare dans sa salle
de montage / j’avais un livre à la main / Manet, par Georges
Bataille [1955] / toutes les femmes de Manet ont l’air de dire / je
sais à quoi tu penses / sans doute parce que jusqu’à ce peintre /
et je le savais par Malraux / / Id. [un temps] / 11’36 / Fondu
enchaîné et reste une surimpression : un visage de femme, une
étude (vers 1508) pour la sainte Anne de La Vierge et l’Enfant
Jésus avec sainte Anne (Vinci) / la réalité intérieure restait plus
subtile que le cosmos / / / 11’43 / Détail visage, La Jeune fille à
la perle (ou au turban, Vermeer, 1665-1666) / les célèbres et pâles
sourires / de Vinci et de Vermeer / disent d’abord moi / moi /
et le monde ensuite / / / 11’51 / Fondu enchaîné : La femme à
l’écharpe rose (Corot) / et même la femme à l’écharpe rose de
Corot / ne pense pas / / / 11’54 / Noir / ce que pense
l’Olympia / / je sais / à quoi tu / penses / 11’57 / Détail de
L’Olympia (Manet, 1863) / ce que pense / / / 11’59 / Portrait de
Berthe Morisot (Manet, 1872) / Berthe Morisot / ce que pense la
barmaid des Folies-Bergère / / / 12’04 / Le visage de la
barmaid du Bar aux Folies-Bergère (Manet, 1881-1882) / parce que

138
le monde enfin / le monde intérieur / a rejoint le cosmos / / /
12’09 / Noir / et qu’avec Edouard Manet commence / / /
12’12 / La barmaid id. / la peinture moderne / c’est-à-dire le
cinématographe / c’est-à-dire / / / 12’17 / Noir / des formes /
qui cheminent vers la parole / / / 12’20 / La barmaid id. / très
exactement une forme qui pense [pause] / que le cinéma soit
d’abord fait pour penser / on l’oubliera tout de suite / Musique
grave / / 12’31 / Noir / mais c’est une autre histoire / la
flamme s’éteindra définitivement à Auschwitz / Id. / / 12’39 /
Fifre (Manet, 1866) / et cette pensée vaut bien un fifrelin / Id. /
/ 12’42 / Noir / / Id. – cloche mortuaire / 1+2 / pensée /
12’44 / JLG salle de montage id. / oui, j’étais seul / perdu,
comme on dit / dans mes pensées / / / 12’48 / Fondu
enchaîné et surimpression maintenue : photographie de Zola
avec son appareil photo / / cloche mortuaire / / 12’52 / JLG
en surimpression avec ce texte : / « Nana — rognes tolérées, ce
ferment d – peuple, venait de lui remp- ourri. – La chambre était
vide. Un – onta du boulevard et gonfla le r – « à Berlin à Berlin
(notte22) » / arrive Emile Zola / et son éternel appareil photo /
il a terminé Nana par ses mots / à Berlin, à Berlin / / / 12’57 /
Surimpression : JLG et Nana/Hessling allongée avec une main
qui entre dans le champ et verse des pièces (Renoir, 1926) /
alors, arrive Catherine Hessling / et quarante ans et deux guerres
après Zola / comme par hasard / elle prend le train pour Berlin
/ / / 13’07 / Surimpression : JLG et photographie d’une rue et
d’un cinéma (Continental) avec le logo « UFA » (en bas, angle
droit) des militaires barrent la rue / C’est la première
coproduction avec l’UFA / la dernière sera Quai des brumes / Bsf
Quai des brumes (Carné, 1938) : « Gabin : « … ce que tu dis ça
tient en trois mots moi je trouverais ça idiot mais… » / musique
du film (Maurice Jaubert) / / 13’11 / JLG id. salle de montage /
mais Gœbbels fera tout foirer / à ses yeux Michèle Morgan n’
pas de beaux yeux / / / 13’17 / gros plan de Michèle Morgan,
Quai des brumes (Carné, 1938) / / / / 13’19 / Noir / / Musique
bsf Carné id. / Gabin : « t’as d’beaux yeux tu sais » / au / biseau
/ des baisers / 13’22 / Morgan id. / / Musique bsf id. /

139
Morgan : « embrasse moi » / / 13’27 / Noir / / / les / ans /
passent / trop / vite / [« Elsa je t’aime », Le Crève-Cœur (1941),
Aragon ; la citation est déjà dans A bout de souffle] / 13’28 /
Morgan en plan plus large (on aperçoit Gabin), il l’embrasse / /
Musique grave, id. (quoi ?) – cloche mortuaire / / 13’32 /
Photographie sombre (iris noir) de Goebbels (suscitant
immédiatement l’horreur) faisant un discours / / Id. / / 13’33 /
Un plan sur l’homme qui tire de la voiture et Jean qui meurt
avec deux angles, Cané id. ; le dernier en plongée puis tout de
suite après la même photographie de Goebbels au centre d’une
croix gammée rouge (iris noir autour) / / Id. +Coups de feu bsf
/ / 13’36 / Jean qui tombe à terre / photographie id. / chute de
Jean / noir / / Id. +Bruit de voiture bsf – cri bsf / évite / évite
/ évite / [jaune/bas/gauche] / 13’40 / Morgan devant Jean / /
Id. + bsf / Morgan : « Jean ! Jean ! » / [cloche] / / 13’45 / Noir
/ / Gabin : « embrasse moi [x2] / vite on est pressé / [cloche] /
vite on est pressé / les / souvenirs / brisés / [Aragon, id.]
[jaune/bas/gauche] / 13’54 / Scène de résistance, on retient une
femme qui appelle, coups de feu, Païsa, (Rossellini, 1946) / / Bsf
Rossellini : « Massimo no ! », coups de feu, dialogues, musique
du film / Id. [un temps] / 13’57 / Noir / / / je dépose / enfin /
l’orgueil / et la romance » / 13’59 / Un homme en arme sort
d’une maison et tombe sous les yeux d’une femme (gros plan),
fuite, rue en profondeur de champ, Rossellini id. / / Bsf
Rossellini : « My god » / erreur / l’orgueil / [sur le gros plan de
la femme de Païsa] [vert] / 14’03 / Noir / / / la / phrase /
mécanique / recommence / 14’06 / La femme et un autre
résistant le tirent vers l’intérieur, Rossellini id. / / Addije, addije
amore, chant italien recueilli par Giovanna Marini et M. T.
Bulciolu, 1965 :] / « Addije, addije / / 14’17 / Noir / / amore /
sur / ma lèvre / traîne / un air / idiot / [bleu] / 14’23 / Noir /
oui, hélas ! / j’étais seul aussi / casch’e se coje. / trop / entendu
/ grâce / à / la radio / [librement d’après « Vingt ans après », Le
Crève-Cœur (1941), Aragon ] / 14’30 / JLG id. / à penser qu’ils
étaient plusieurs encore / dans ce train de mille neuf cent
quarante-deux / un an avant la libération de Paris / la liva e

140
casch’ a l’albere li foje. / seul / le [superposés] / cinéma / 14’38
/ Noir / Albert, Danielle, Junie, Suzy, Viviane / fin d’addije amore
/ erreur / 14’40 / Noir / alors qu’allait tomber / le maquis des
Glières / Id. / deux / ans / avant / 14’43 / JLG id. / malgré
l’appui que la plus jeune / des Dames du bois de Boulogne / lui
apporta dans un murmure / Silence puis Bella ciao / avant / la /
libération / de Paris [vert] / 14’48 / Noir / / Id. : O bella ciao,
bella ciao… / Bsf Bresson : « Jean : accroche-toi à la vie… / Id.
/ 14’50 / Surimpression : plan fixe d’hommes avec une arme sur
pied et champ-contrechamp Agnès et Jean des Dames du bois de
Boulogne (Bresson, 1945) et alternance avec scène de résistance :
groupe dans la rue, tank à croix de Lorraine, roulant ou entouré
par des résistants (archives) / / Jean id. : de toutes tes forces / je
t’aime / tu ne peux pas me quitter / tu ne peux pas partir
accroche-toi à la vie fais un effort / lutte » - Agnès : « je lutte » /
Id. – cloche / [simultanément on entend Bella ciao - jusqu’au
silence soudain qui précède le « je lutte » d’Agnès :] / Una
matina, mi son svegliato, / E ho trovato l’invasor. / Oh
partigiano, porta mi via, / O bella ciao, bella ciao, bella ciao,
ciao, ciao ! / / 15’08 / Noir / Surimpression : photographie de
Pétain parlant de son bureau, visages d’A. Préjean (L’Alibi,
Chenal, 1937), et de Junie Astor (Deuxième bureau contre
Kommandantur, René Jayet, 1939) / / / Résonance cloche /
« Vous souffrez / et vous souffrirez longtemps encore / car
nous n’avons pas fini de payer toutes nos fautes » [Pétain,
message du 17 juin 1941] / Des hommes qui chantent la
Marseillaise / « …Formez vos bataillons » / le passé / n’est /
jamais / mort [bleu] / / il / n’est / même / pas / passé[blanc,
puis bleu] / [Faulkner, Requiem pour une nonne, 1951] / 15’20 /
Noir / / « Marchons, marchons, / Qu’un sang impur… » /
même pas passé [rouge] / 15’27 / Noir / Des miliciens en arme
sortent d’une maison (archives ?) /Plan fixe de V. Romance
dans La Vénus aveugle (Gance, 1940, film dédié au Maréchal
Pétain) / / [Actualités du 27 Mars 1942 intitulées « En route
pour l’Allemagne », le départ, pour Vienne, d’acteurs français –
Albert Préjean, Danielle Darrieux, Suzy Delair, Junie Astor et

141
Viviane Romance :] / [Les actualités sont entendues avec le
passage le plus grandiloquent et martial des Préludes de Liszt
(troisième « poème symphonique », 1853 :] / « Sous le signe de
l’art, des vedettes de l’écran s’apprêtent à partir pour l’Allemagne
/ Id. [sur le plan des miliciens] / la / Vénus / aveugle / 15’34 /
Fondu enchaîné plan fixe du visage de Darrieux, Quelle drôle de
gosse (Léo Joannon, 1935-37) / / [Liszt id. et actualités suite :] /
« à la gare de l’Est on peut reconnaître Albert Préjean, Danièle
Darrieux / drôle de gosse / 15’40 / Plan fixe de Suzy Delair
dans Quai des orfèvres (Clouzot, 1952) / / [Liszt id. et actualités
suite :] / « Suzy Delair, Junie Astor / son / petit / tralala / 15’48
/ Noir / / [Id. Liszt et suite actualités :] / « …Viviane Romance.
Répondant à l’invitation du Dr Karl Fröhlich… » / le / salaire /
de la / peur / [bleu] [Clouzot, 1952] / 15’53 / Les « artistes » à
la fenêtre du train – fumée et départ d’un train – / / [« président
de la corporation du cinéma allemand, [sifflet du chef de gare et
sifflement de train] ces artistes seront pendant douze jours les
hôtes de leurs camarades des studios de Vienne, de Munich et de
Berlin » / / 16’02 / Les « au revoir » de Préjean, etc. aux
fenêtres du train / hélas / oui, hélas / j’étais seul aussi / Début
piano, Ritual Prayer (Dark intervals, Keith Jarrett, 1988) / / 16’05
/ Noir / à penser qu’ils étaient plusieurs encore / Id. / dans / le
train / d’après / il y avait / 16’08 / Noir / dans ce train de mille
neuf cent quarante-deux / Id. / cette / conne / d’Irène / [jaune]
/ [Irène Némirovsky, écrivain dont Le Bal, 1930, avait été adapté
pour le cinéma avec D. Darrieux. En juillet 1942, elle est arrêtée
devant ses enfants par les gendarmes français, envoyée à
Pithiviers, puis à Auschwitz] / 16’04 / Photographie d’Iréne
Némirovsky (en provenance d’un magazine probablement ; en
haut en petits caractères : / « Irène / 1903-1942 / juive russe /
écrivain français / l’exil / l’écriture / la gloire / la déportation »
/ puis iris fragment de texte : « rencontrés parisiens. J’ai eu –
rencontrant dans un – Danièle Darrieux – d’autres artistes : je l’
– id.e, pendant le tournage de – de mon livre, Le Bal » / / Id. /
Id. [int] / 16’20 / Noir / train dans paysage au crépuscule,
Murnau, vue avec train et château (Kandinsky, 1909) en

142
surimpression avec un train plus moderne allant dans l’autre
vitesse avec un flou de vitesse mais au ralenti / et…
probablement que / Id. / son / train / partait / / pour / Ausch
/ witz / [sur noir] / 16’33 / Noir – Binoche en contre-jour,
Alain Cuny passant au fond de l’autre côté de la fenêtre /
Superposition J. Binoche dit un texte d’Emily Brontë [Self-
interrogation, 1842-43 :] / « Le soir passe… / c’est presque
l’heure… » / [JLG :] / Je suis seul et… probablement que je suis
encore seul / pour imaginer que l’un des visiteurs / de ces tristes
soirs de quarante-deux / Id. / / 16’48 / Gilles/Cuny penché au
dessus d’Anne/M. Déa allongée dans l’herbe, Les Visiteurs du soir
(Carné, 1942) iris / surimpression Alain Cuny dans le jardin un
demi-siècle plus tard mouvement arrière et disparition de Cuny
en fondu / [suite superposition JLG :] / que Gilles / non, pas
celui de Drieu / rend visite à Dominique / et demande / alors,
on le prend ou pas / ce train de quarante-deux / et que leur
cœur battait, battait, battait / [Superposition, J. Binoche :] /
« quelles pensées te laissent le jour évanoui / quelles impressions
en ton sein / le jour évanoui / hélas un sentiment de travail / à
peine accompli / de faibles gains / acquis à frais immenses / un
sentiment de chagrin / seulement le temps est là / devant la
porte de la mort / qui le rabroue avec rudesse / Id. / silence à
partir de « de faibles gains » / erreur [noir/bas/gauche] / /
Anne / 17’17 / Fondu enchaîné maison Binoche / Cuny,
Binoche id. (en contre-jour), Cuny s’approche de l’autre côté de
la fenêtre, / au moment même / où la conscience intarissable /
m’accable de sanglants reproches / je crois que la conscience
ment / et que le temps devrait condamner le destin / / / 17’31
/ Zoom avant sur Cuny qui enlève sa casquette / / Hymn (Dark
intervals, Keith Jarrett, 1988) / / 17’38 / Fondu enchaîné : Gilles
enchaîné, Anne en face de lui, enchaînée aussi, l’ombre d’une
croix sur le mur / mais le timide repentir m’embue les yeux / j’ai
heureux allant / qui me laisse le don de trouver le repos /
d’échapper à la mer houleuse / et des cruelles peines / pour les
ancrer toutes dans la paisible éternité / personne n’a regret de te
voir t’en aller / nulle voix ne sanglote / adieu / [Discours de

143
Clémenti, cf. 1a, 32’07 :] / « Ce n’est pas le peuple français, c’est
la bande de salauds, de juifs, et de capitalistes qui nous
dirigeaient ». Bruit de foule. / Keith Jarrett id. et bruit de coups
frappés à la porte / / 18’01 / Fondu enchaîné gros plan Cuny
frappant à la fenêtre / noir / autant souffrit ton cœur - / Jarrett
id. + coups / / 18’06 / Maison Cuny / Binoche id.., il s’en va,
disparaît dans les arbres ; J. Binoche sort, il revient et s’asseoit
auprés d’elle, zoom avant jusqu’au gros plan sur Binoche,
clignotement rapide d’un détail bleu / blanc / rouge du Nu
couché bleu (de Staël, 1955 ; sa dernière année) / comment peux-
tu toujours avoir le désir de rester / ah, sache que les liens sont
sans nombre / et puissants / qui nous unissent à l’argile / la
méprise d’amour s’attarde longuement / ne peut se résoudre à
partir » / [Cuny :] / Eh bien ma chère Marie / ce train est-ce
qu’on le prend / ou est-ce qu’on ne le prend pas / [J. Binoche :]
/ « le repos est doux / quand la gloire laurée / couronne le
signet martial / mais un brave… » / [Interruption sur le
clignotement et sur le début du dicours de de Gaulle ; J.
Binoche, suite :] / « une fois ternie sa renommée / préfère le
repos au combat » / [superposition, Discours de de Gaulle à
l’Hôtel de ville le 25 août 1944 :] / « … il y a là des minutes,
nous le sentons tous, qui dépassent chacune qui dépassent… » /
Alain Cuny / Marie Déa / [noir/bas/droite] / 18’55 / Noir /
Surimpression et clignotement rapide : de Staël id. et dessin d’un
homme en ombre chinoise (faisant un discours ?) / / [De Gaulle
id. :] / « chacune de nos pauvres vies, Paris, Paris, outragé, Paris
brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré » / [une musique militaire
est introduite avant qu’il ne prononce : « Paris libéré »] / / 19’10
/ Photographie de JLG enfant, JLG/JLG (Godard 1995) / oui,
j’étais seul, ce soir / avec mes rêves / encore cinquante ans / et
on fête la libération de Paris / Les cloches de Notre Dame ? /
1944 [rouge/ / 9 [bleu]4[rouge] / / 1994 / 1994
[bleu/blanc/rouge] / 19’23 / Noir / cérémonie du
cinquantenaire, drapeau français en gros plan devant militaires
(anciens combattants) / c’est-à-dire que la télévision / puisque
tout pouvoir est devenu spectacle / Bsf de La Grande illusion,

144
Maréchal : / « Arrêtez, arrêtez ! » / son / grand / tralala / 19’27
/ Maréchal/Gabin surgissant sur la scène devant les « girls »
demande d’arrêter le spectacle, La Grande illusion (Renoir, 1937)
/ organise un grand spectacle / mais on ne décore même pas
Guy Debord / « Arrêtez les copains ! » / On n’entendra pas ici
La Marseillaise qui suit l’annonce de la reprise de Douaumont,
mais on revient – pour l’oreille – au spectacle avec la chanson de
Carette : / « Si tu veux … » / / 19’31 / Noir / / « faire mon
bonheur… » / la / douleur / [Duras, 1985] / 19’32 / Images
d’archives floues en noir et blanc : des hommes en uniforme
tirant sur des civils, mouvements de caméra incessants sur des
corps à terre / et puisque le cinéma français / ne s’est jamais
libéré des allemands / ni des américains / « Marguerite,
Marguerite, [cri aigu] / si tu veux faire mon bonheur… » / faut
/ frapper, que / c’est vrai / que c’est / juste / 19’38 /
Photographie de Duras jeune, iris au centre couverture : La
Douleur (1985) / il n’y aura personne pour filmer / le preux et
doux Claude Roy / qui s’empare du CNC / « Marguerite,
donne-moi ton cœur » / Enchaîne directement sur Suzy Delair
et Son petit tralala : / « Avec son… » / / 19’42 / Noir / cette
citadelle construite par Vichy / « tralala, son petit tralala / Ell’
faisait tourner toutes les têtes » / son / petit / tralala / 19’49 /
Archives de la libération de Paris, une jeune femme embrasse un
soldat américain sur un tank / et les vagues reconstituées / par
les caméras japonaises / « D’un coup de tralala, elle faisait
tralala » / 44 / [lettres pleines] / 19’51 / Noir / oublieront une
fois de plus / d’enterrer les morts / « Et chacun rêvait d’être
dans ses bras » / le / petit / soldat / [JLG, 1960] / 19’56 / Iris
photographie de Louis Aragon à droite puis clignotement texte à
gauche : « voulez-vous un peu vous asseoir – O phrases
disproportionnées – Ils parlent de ce – Autre refrain Nouveau –
leur amours certes – Ils ont les drames qui – Moi j’écoute un pas
sur la route » / [Aragon, Le Nouveau crève-cœur, 1948 ; ce texte est
daté d’août 1946] / comme l’avait fait le poète / Automne 3 dans
Scardanelli-Zyklus (Heinz Holliger, sur des textes de Hölderlin,
1975-1991), [radio :] / « Ainsi s’achève… » / [Anna Karina dans

145
Pierrot le fou, JLG, 1965 :] « C’est terrible ce que c’est anonyme.
Belmondo : Quoi ? / la / caméra / c’est / l’écran / 20’09 / Noir
/ / [Karina : ] / « On dit cent quinze maquisards, et ça n’évoque
rien » / la / caméra / c’est / l’écran / 20’12 / Pierrot /
Ferdinand la cigarette au bec dans la voiture plan long,
défilement des lumières sur son visage, Pierrot le fou (JLG, 1965)
/ / [Bruits in et Karina suite :] / « Alors que pourtant chacun
c’est des hommes, mais on sait pas qui c’est, s’ils aiment une
femme s’ils ont des enfants, s’ils aiment mieux aller au cinéma
qu’au théâtre, on sait rien » / Id. / 20’25 / Id. . / que la poésie
soit d’abord résistance / Ossip Mandelstam évidemment le
savait / mais il est d’usage d’ignorer les russes aujourd’hui / tout
ça pour dire / qu’est-ce qui fait qu’en quarante, quarante-cinq /
il n’y a pas eu de cinéma de résistance ? / Non qu’il n’y a pas de
films de résistance / à droite, à gauche, / ici et là / on dit juste
cent quinze tués / – Holliger id. / / 20’43 / Noir / mais le seul
film au sens de cinéma / Holliger id. / / 20’46 / Cavaliers à
cheval au galop, l’un tire en même temps La Prisonnière du désert /
The Searchers (Ford, 1956) / qui a résisté à l’occupation du
cinéma / par l’Amérique / à une certaine manière / Id. / / 20’51
/ Noir / uniforme / de faire du cinéma, / Id. / / 20’53 / La
chute d’Anna Magnani dans Rome, ville ouverte (Rossellini, 1945) /
ce fut un film italien / Id. / / 20’55 / Noir / ce n’est pas par
hasard / l’Italie a été le pays qui s’est le moins battu / Id. / /
20’59 / Chute vers le bas de la tête du résistant torturé puis la
femme traître qui rit puis crie en voyant son fiancé mort après la
torture (Rossellini, id.) / qui a le plus souffert / mais qui a trahi
deux fois / et qui a donc souffert de ne plus avoir d’identité / et
s’il l’a retrouvée avec Rome, ville ouverte / c’est que le film était fait
par des gens sans uniforme / c’est la seule fois / les russes ont
fait des films de martyres / Id. / / 21’14 / Noir / les américains
ont fait des films de publicité / Id. / la / monnaie / de
[superposés] / l’absolu / 21’17 / Noir / les anglais ont fait ce
qu’ils font toujours / dans le cinéma / rien / Id. / / 21’22 /
Maria/B. Helm avec une bougie, se retournant, Métropolis (Lang,
1927) / l’Allemagne n’avait pas de cinéma / Id. / / 21’24 / Noir

146
/ plus de cinéma / Id. / / 21’26 / Noir / et les français ont fait
Sylvie et le fantôme [Autant-Lara, 1945] / Id. / la / réponse / des
[superposés] / ténèbres / 21’32 / Noir / Femme devant
barbelés au ralenti, Pasazerka / La Passagère (Andrzej Munk,
1963) / les polonais ont fait deux films d’expiation / La Passagère
et La Dernière étape [Wanda Jakubowska, 1948] / Id. / / 21’38 /
Noir / et un film de souvenirs, Kanal [Ils aimaient la vie , Wajda,
1956] / et puis ils ont fini par accueillir Spielberg / Id. / (s) /
histoire / du [superposés] / cinéma / 21’43 / Archive :
prisonniers des camps au ralenti / lorsque, plus jamais ça / est
devenu / Id. / / 21’46 / Une femme prise par derrière par un
chien / c’est toujours ça / Id. / / 21’48 / Noir / tandis qu’avec
Rome, ville ouverte / l’Italie a simplement reconquis le droit / Id. /
voyage / en / Italie / [Rossellini, 1953] / 21’52 / Ingrid
Bergman grimpant le volcan ; elle atteint le sommet puis gros
plan de son visage qu’elle prend dans ses mains, Stromboli, terra di
dio (Rossellini, 1950) / pour une nation de se regarder en face /
et alors est venue l’étonnante moisson / du grand cinéma italien
/ mais il y a une chose étrange cependant / comment le cinéma
italien / a-t-il pu devenir si grand / puisque tous de Rossellini à
Visconti / d’Antonioni à Fellini / Id. / / 22’09 / Noir /
n’enregistraient pas le son / avec les images / / / 22’13 / Noir /
une seule réponse / la langue d’Ovide et Virgile / [La nostra
lingua italiana, Cocciante et Chiocchio, 1983 :] / nam / fit ut in /
somnis / facere [vert] / 22’15 / Noir / de Dante et de Leopardi
/ était passée dans les images / Id. Lingua di marmo antico di
una cattedrale / hoc / uiddeatur / imago [vert] / / quippe ubi /
prima perit / alioque / est / / altera / nata inde / statu / prior
hic / / gestum / mutasse / uidetur / [Lucrèce, De la nature des
choses, livre IV, 770-772, Ier s. av. J.-C. : « ce sont en effet là des
gestes que le sommeil prête aux apparitions. Car à peine une
image s’est-elle évanouie qu’une autre est déjà née dans une
autre attitude, mais semble n’être que la première avec un geste
modifié. »] / 22’34 / Femme embrassant la main d’un faux curé
(Augusto), il retire sa main, champ-contrechamp, Il Bidone,
(Fellini, 1955) / / Id. : Lingua di spada e pianto di dolore /

147
Lingua che chiama / / 22’40 / Noir / / Id. : da una torre al
mare / Lingua di mare che porta nuovi volti / Lingua di monti
esposta / oh / potenza / di dio / quant / e severa / / che cotai
/ colpi per / vendetta / croscia / [Dante, Divine comédie, Inferno,
1307 : « Oh ! que sévère est la justice de Dieu, dont la vengeance
frappe de tels coups », chant XXIV, 119-120] / 22’46 / Deux
personnes portant des tas de branches sur leur dos et les enfants
derrière puis plan sur Augusto/B. Crawford à terre dans Il Bidone
/ / Id. : a tutti i venti / Che parla di neve bianca agli aranceti /
Lingua serena, dolce, / / 22’54 / Noir / / Id. : ospitale / / 22’55
/ Jeune fille qui pleure dans la rue et se fait bousculer par les
passants, Umberto D (De Sica, 1951) / / Id. : La nostra lingua
italiana / / 23’03 / Noir / Les deux sœurs en champ-
contrechamp, celle qui rêve de luxe qui semble en colère et celle
qui ressemble à une madone qui parle calmement, La Terre
tremble (Visconti, 1948) / / Id. : Lingua di lavoro e lingua per
onore / Nei mercati stoffe, gioielli e ori / Lingua di barche e
serenate a mare / Lingua di sguardi e sorrisi da lontano / Lingua
ordinata da un uomo di Firenze / / 23’19 / Noir / homme de
dos avec gants blancs qui marche dans une salle de bal, Le
Guépard (Visconti, 1963) / / Id. / Che parla del cielo agli
architetti / Lingua nuova, divina, universale / La nostra lingua
italiana / extemplo / cum uoce / deus / cum uoce / / deoque /
somnus / abii / somnique / / fugam lux alma / secuta / est /
[jaune] / 23’32 / Noir / / Id. / fugam lux alma / secouta / est /
[Les Métamorphoses, Ovide, vers l’an 8, livre XV, 660 : Soudain le
dieu disparaît avec la voix ; avec la voix et le dieu le sommeil a
disparu, et le jour suit la fuite du sommeil.] / 23’35 / Père et
enfant sous la pluie ; plusieurs plans, Le Voleur de bicyclette (De
Sica, 1948) / / Id. . Ed è per strada mentre lavora tra la gente /
È l’onda dello stadio, l’urlo della folla / È in trattoria mentre / /
23’42 / Noir / / Id. : mangia e beve allegramente / È un sorriso
dalle tue labbra di donna / con / poverta / volesti / anzi virtute
/ [Dante, id., Purgatoire, chant XX, v. 26 : tu voulus posséder,
avec pauvreté, vertu.] / 23’46 / Le vieil homme qui mendie, la
main tendue qui « se retourne de honte » pour vérifier une pluie

148
imaginaire, le regard vers le ciel, le col qu’on remonte comme si
l’on avait froid Umberto D (De Sica, 1951) / / / Id. : È la tua
voce mentre dicevi mamma / È nei bar di chi si perde in un
bicchiere / Con chi ha sbagliato a / / 24’04 / Noir / il rentre
dans une chambre (porte coincée avec une chaise qui tombe) et
voit un couple au lit, referme la porte et appelle / / Id. : piangere
o a scherzare / E in ogni gesto cercare un po’ d’amore / Un po’
d’amore / qui / nimium / multis / non amo / dicit, amat /
[Ovide, Les Remèdes de l’amour , v. 648 : Celui qui dit à tout le
monde : "Je n’aime plus," aime encore.] [vert] / 24’05 / Noir / /
Id. : Lingua che parla di palazzi e fontane / Id. / 24’10 /
Alternance / clignotement rapide Anne Wiazemsky qui avance
(effet accéléré) dans un mouvement circulaire, Théorème (Pasolini,
1968) avec scène de danse la femme au centre se mélange avec
celle de Pasolini dans la surimpression / / Id. : Lingua d’osteria
tra vino e puttane / Lingua di grazia nelle corti e nell’amore /
Lingua d’amore che è bella da sentire / Lingua che canta lungo
l’Arno al mare / Fino alla sabbia del continente / / 24’24 /
Surimpression: au centre, une femme (Ingrid Bergman) qui rit au
éclats (ralenti) et à droite la femme apeurée du Désert rouge
(Antonioni, 1964) / / Id. : americano / Lingua ideale, / / 24’25
/ Noir / Femme (Sylvana Mangano) dans les rizières, Riz amer
(De Santis, 1948) en surimpression avec un baiser (à droite),
Zabriskie point (Antonioni, 1970) / noir / femmes qui marchent
au bord d’une rizière, De Santis id. ? / / Id. : generosa, sensuale
/ La nostra lingua italiana / / 24’43 / Noir / iris blanc groupe
coloré au centre qui montre quelque chose en l’air, Amarcord
(Fellini, 1974) / / Id. : È un aeroplano che vola sull’Atlantico
tranquillo / Sulla rotta polare o quella delle Antille / Una rosa
rossa / / 24’53 / Noir / Alternance / clignotement entre femme
élégante qui semble regarder en face d’elle en souriant ; comme
une parade, Senso (Visconti, 1954), et Antonny Quinn et
Giulietta Masina en clowns, La Strada (Fellini, 1954) / / Id. :
color del sangue / Spina di una rosa, ti punge e sei suo amante /
È una donna snella che vince nella moda / / 25’01 / Noir /
Ingrid Bergman dans la scène de la pèche au thon, éclaboussée ;

149
et plans sur les poissons qui se débattent, Stromboli id. / / Id. : E
guida un’auto rossa, prestigio della strada / Poi si sposa con la
luce e come un faro / Proietta al mondo il grande cinema
italiano / / 25’09 / Les garibaldiens au sommet d’une montagne
et courent (ralenti), Viva l’Italia (Rossellini, 1960) / / Id. : Il
grande cinema italiano / viva / l’Italia / [Rossellini, 1960] /
25’15 / Les moines, pieds nus sous la pluie, marchant sur un
chemin avec saint François, Onze Fioretti de François d’assise
(Rossellini, 1950) / / Id. : Lingua dell’opera, / lingua del bel
canto / / 25’19 / Une vieille femme sur la scène en contre-
plongée (ralenti) avec un paon au centre, Senso id. / / Id. : Che
canta coi violini e gioca col suo accento / Lingua dello spazio e
termini in inglese / Della scissione a freddo e formule in
francese / / 25’28 / Noir / photographie de Rossellini / noir /
/ Id. : Lingua di pace, lingua di cultura / Dell’avanguardia
internazionale / La lingua mia, la tua / les / choses / sont là / /
pour / quoi / les mani / puler / [Rossellini, 1959] [jaune] /
25’37 / Noir / / Id. : La nostra lingua / une / pensée [gris] /
25’41 / Photographie de Pasolini avec des lunettes noires / noir
/ / italiana / Id. [gris] / / qui / forme / 25’50 / Visage, La
Légende la vraie croix (Piero della Francesca, 1454-64) / noir / /
La lingua mia, la tua / La nostra lingua italiana / une / forme /
/ qui / pense / 26’04 / Dessin étrange homme ou/et femme /
noir / / / production / gaumont / périphéria [bas/gauche] /
fémis / cnc [bas droite] / 26’09 / Iris noir au centre le corbeau
de Uccellacci e Uccellini (Pasolini, 1966) / / / à suivre / // 3b -
Une vague nouvelle // / / / / 0’00 / Noir / / / pour /
Michel / Delahaye / [vert] [aux Cahiers dans les années 60] / /
pour / Jean / Domarchi / [bleu] [aux Cahiers dans les années 50-
60] / / 0’10 / Noir / [Une voix de femme dit Psaume sur une voix,
Paul Valéry, Autres Rhumbs, 1927 : ] / à demi-voix / / gaumont /
peripheria / présentent / 0’13 / Noir / Photographie de Camille
Claudel / d’une voix douce et faible / disant de grandes choses
/ d’importantes, d’étonnantes / de profondes et justes choses /
/ toutes / toutes / toutes [gris] / [en blanc en surimpression :] /
les / histoires / 0’25 / Photographie de Lou Andreas-Salomé /

150
d’une voix douce et faible / Abii ne viderem pour orchestre à cordes et
alto Kancheli, 1992-1994 / [Abii… : « je m’éloigne ou je me
retourne pour ne pas voir ») / / 0’31 / Noir / la menace du
tonnerre / la présence d’absolus dans une voix de rouge-gorge /
dans le détail fin d’une flûte / et la délicatesse / silence / une /
histoire / seule [blanc] / seule [rouge, surimpression, décalé] /
0’37 / Photographie de Simone Weil / du son pur / Id. 1.
silence (sur pur) et reprise musique id. / / 0’43 / Noir / tout le
soleil suggéré / au moyen d’un demi sourire / ô demi-voix /
silence / seul / le / cinéma [blanc] / / seul / seul
[jaune,surimpression] / 0’47 / Photographie de Hannah Arendt
/ et d’une sorte de murmure / Kancheli id. [très bref] / / 0’54 /
Noir / en français infiniment pur / silence / fatale / fatale /
fatale [bleu] / / beauté / beauté [blanc et surimpression] / 0’56
/ Première photographie deVirginia Woolf (jeune) / noir / [Une
autre voix :] / qui n’eût saisit les mots / qui l’eût ouï à quelque
distance aurait cru / qu’il disait des riens / et c’étaient des riens
pour l’oreille / [retour à la voix plus grave :] / rassurée /
Kancheli [très bref] id.. puis silence / la / réponse / des /
ténebres [vert] / / [en surimpression, clignotement :] / la /
monnaie / de / l’absolu [blanc] / 1’12 / Seconde photographie
deVirginia Woolf (plus vieille) / noir / mais ce contraste et cette
musique / cette voix ridant l’air à peine / cette puissance
chuchotée / ces perspectives, / Id. / une / vague / nouvelle
[gris] / / [en surimpression clignotement :]] / montage / mon /
beau / souci [blanc] / 1’26 / Photographie d’Anne-Marie
Miéville / noir / ces découvertes, ces abîmes / et ces
manœuvres devinées / ce sourire / Id. / le / contrôle / de /
l’univers [gris] / / [en surimpression, et jaune :] l’univers
[clignotement] / 1’35 / Photographie de Colette / noir /
congédiant l’univers / je songe aussi pour finir au bruit de soie /
seul et discret d’un feu qui se consume / Id. / les / signes /
parmi / nous [gris, clignotement] / / [en surimpression, rouge :]
/ les / signes / 1’47 / Sarah Bernardt / noir / en créant toute la
chambre / et qui se parle / ou qui me parle / presque pour soi /
Id. / histoire / du (s) / cinéma [superposés] / 2’02 / Un

151
homme brandit une croix (Faust, Murnau, 1926) clignotement
avec photographie des jambes de Marlène Dietrich / noir / / Id.
/ toi / toi / 2’09 / Un vieillard rampe (L’Ange exterminateur,
Buñuel, 1962), vers une femme, le clignotement le rapproche de
Hedy Lamarr dans l’eau (Extase, Machaty, 1933) / noir / /
silence / toi / histoire / 2’17 / Clignotement : nuque et
chevelure de femme, (noir et blanc) et squelette dans la
poussière / noir / / Kancheli id. / cinéma / histoire / (s) / 2’25
/ Un homme approche son visage pour embrasser une femme,
Heimkehr/Le Chant du prisonnier, Joe May (1928) en surimpression
et clignotement : au centre une image de film pornographique
(pénétration) des années 20-30 / noir / / Kancheli id. / / 2’36 /
Un homme déshabille une femme de force dans un ancien film
pornographique (= 1a, 37’59) en surimpression et clignotement
avec la montée de l’escalier du clocher dans Vertigo (Hitchcock,
1963) / / silence / / 2’04 / Noir / / musique autre mouvement,
id. / chapitre / quatre / A / 2’47 / Pieds de femmes avec
chaînes (bijoux) aux chevilles qui lavent (on aperçoit les jets
d’eau) un tapis oriental, Sayat Nova/Couleur de la grenade
(Paradjanov, 1968) / / / / 3’07 / Noir / / Id. / le / contrôle /
de / l’univers [superposés] / 3’13 / Une main de femme caresse
le sexe d’un homme, puis fellation / / Id. / / 3’33 / Noir / / Id.
/ histoire / du (s) / cinéma / [superposés, s’efface
progressivement] / 3’49 / JLG de dos avec la caméra devant
une baie vitrée, de l’autre côté : une femme à la robe rouge
(vent), For Ever Mozart (JLG, 1996) / noir / / retour musique id.
premier mouvement (roulement et mélodie tragique) / [bsf For
Ever Mozart :] / « John… Ford. – Dominique ! – Exactement. –
Dominique ! Dominique ! Annonce ! / 2 minutes / oui, il y a
plus encore / depuis que je suis au chômage / en ces heures là /
et vide, il me monte du fond de l’âme la pensée… tristesse » / /
4’44 / Femme poitrine nue / qui met une main, puis l’autre sous
le menton, Corridor (Sarunas Bartas, 1994) / [Une voix d’homme
lit un texte de Denis de Rougemont, Penser avec les mains, 1936 :]
/ « l’esprit n’est vrai que / lorsqu’il manifeste sa présence / et
dans le mot manifester / il y a main / l’amour est le comble de

152
l’esprit / et l’amour prochain est un acte / Musique autre
mouvement ? plus saccadé / / 4’56 / une main tendue puis, les
deux mains qui se rejoignent (même composition que dans La
Création du monde de Michelange), Nouvelle Vague, JLG, 1990) /
noir / c’est-à-dire une main tendue / non pas un sentiment
drapé / un idéal qui passe sur le chemin de Jéricho / devant
l’homme dépouillé par les brigands / Id. / / 5’00 / Militaires
progressant au combat dans une rue et iris à droite : femme
caressant le visage de l’homme avec une main douce,
ensanglantée (au ralenti), Duel au soleil (King Vidor, 1948) / noir
/ police, propagande, état / voilà la main / voilà le nom du dieu
tyran / que l’orgueilleuse raison des hommes / a su créer à son
image / Id. / / 5’20 / Rita Hayworth allongée sur le sol regarde
des hommes passer, tourne la tête vers eux (se cache ?), La Dame
de Shanghai (Welles, 1948) / noir / quand la parole se détruit /
quand elle n’est plus le don / que j’ai fait à l’autre / et qui engage
quelque chose de son être / c’est l’humaine amitié qui se détruit
/ silence puis mélodie plus lente, id. / / 5’31 / Comme des
corps flous sur des rails de train, Le Tombeau d’Alexandre (Chris
Marker, 1993) clignotement et surimpression avec l’église saint
Ludwig peinte par Kandinsky, Ludwigskirche, Munich, 1908 /
noir / telle est l’inquiétude des peuples / elle n’est pas matérielle
d’abord / elle est d’abord cette inquiétude / du cœur et de
l’esprit / qui naît de la mort des amitiés / Id. / / 5’46 / Une
vague d’eau se déverse sur une foule paniquée, Métropolis (Lang,
1927) / noir / je ne crois pas aux voix mystérieuses / mais je
crois à l’appel des faits / considérons les temps / les lieux où
nous vivons / la situation précise qui nous est faite / et l’appel
qui en résulte / et après cela / jugeons / Id. / / 5’59 / Plan
d’embouteillage de voitures, image floue et couleurs vives,
Nouvelle Vague (JLG) / noir / l’Europe d’aujourd’hui / dans
cette Europe / deux espèces de nations / celles qu’ont dit
vieillies / et celles qu’ont dit rajeunies / celles qui ont gardé un
certain nombre de possibilités / mais qui ne savent trop que
faire / de cette liberté dont elles se vantent / et celles qui ont fait
ou subi depuis les guerres / une révolution de masse / Id.

153
(mélodie très lointaine) / / 6’19 / La petite fille au ralenti
attaquée par les oiseaux, Les Oiseaux (Hitchcock, 1963) / noir /
et qui ont la liberté d’opinion, c’est-à-dire / la liberté de se
plaindre / mais sans passion profonde / et où la misère est à la
porte / mais on dirait qu’il n’y a plus rien à faire / qu’à l’attendre
/ Id. (à peine perceprible) / / 6’33 / Foule au ralenti (archives ?)
fondu enchaîné Couteau qui sort d’une poche au ralenti, M le
maudit (Lang, 1931 ; avant que M n’épluche une orange) / noir /
la misère / dernier argument / dernier fondement de la
communauté moderne / elle est la toile de fond de tous nos
drames / de nos pensées, de nos actions / et même de nos
utopies / étant bien clairement entendu / que l’essentiel n’est
pas ce qu’un dictateur pense / n’est pas l’urgence matérielle /
mais une vérité plus haute / qui est la vérité à hauteur d’homme
/ et j’ajouterai à portée de main / il est grand temps que la
pensée redevienne / ce qu’elle est en réalité / Id. et mélodie plus
intense sur noir / / 7’03 / L’homme lisant devant la mer, King
Lear (JLG, 1987) clignotement avec plans noirs et clignotement
avec mains au ralenti dans Nouvelle Vague (JLG, 1990) / noir /
dangereuse pour le penseur / et transformatrice du réel / là où
je crée je suis vrai / écrivait Rilke / les uns pensent, dit-on / les
autres agissent / mais la vraie condition de l’homme / c’est de
penser avec ses mains / je ne dirai pas de mal de nos outils /
mais je les voudrais utilisables / s’il est vrai, en général / que le
danger n’est pas dans nos outils / Id. / / 7’45 / Un homme
fuyant au ralenti avec un bébé dans les bras (archives ?) et sur
gros plan de femme, Hiroshima mon amour (Resnais, 1959) / noir
/ mais bien dans la faiblesse de nos mains / il n’est pas moins
urgent de préciser / qu’une pensée qui s’abandonne / au rythme
de ses mécaniques / proprement se prolétarise / et qu’une telle
pensée ne vit plus de sa création / Id. / / 7’50 / Femme allant
du premier plan au second plan traversant une série de portes
dans un appartement aux murs bleus, Allemagne 90 année zéro
(JLG, 1991) / noir / les autres forment l’homme / je le récite /
qui sont ces autres / nous le savons maintenant / ce sont ces
lois / nées de l’abandon de la pensée / Id. / / 8’08 / Welles

154
(O’Hara) qui va du second plan vers le premier plan dans un
espace démesurément grand avec les ombres gigantesques, La
Dame de Shanghai (Welles, 1948) / noir / où sont les responsables
/ ce ne sont pas des partis / ce ne sont pas des classes / ni des
gouvernements / ce sont des hommes / un à un / oui, je suis de
ceux-là / jusque dans la colère déchiré / par l’insurmontable
ironie / Id. / / 8’24 / Ingrid Bergman dans les flammes au
ralenti, Jeanne au bûcher (Rossellini, 1954) / noir / et sinon, je ne
crierais pas / mais le silence n’est pas donné à l’homme / par
son effort / le silence et l’intelligence pitoyable / sont l’œuvre
seule du pardon / Id. / / 8’40 / De grandes herbes dans un
parc, Nouvelle Vague (JLG, 1990) / noir / c’est votre affaire / et
non la mienne / de régner sur l’absence / dit un poète / / /
8’49 / Une femme accroupie, la bouche entre les fesses en
mouvement d’un homme en train de pénétrer une autre femme
puis de l’embrasser, en alternance avec un monstre riant, la main
sur la bouche, dans Freaks (Browning, 1932) / la violence
véritable est le fait de l’esprit / tout acte créateur contient une
menace réelle / pour l’homme qui l’ose / c’est par là qu’une
œuvre touche / le spectateur ou le lecteur / silence ? / / 9’02 /
Cadavre d’une femme morte dans les camps porté par les bras et
les jambes au ralenti / noir / / si la pensée se refuse à peser, à
violenter / elle s’expose à subir sans fruit / toutes les brutalités
que son absence a libérées / musique id. / / 9’15 / Henry Fonda
en cellule, tourne en rond, s’arrête et regarde ses mains, Le Faux
coupable (Hitchcock, 1957) / noir / on serait parfois tenté de
souhaiter / qu’en France l’activité de l’esprit / redevienne
passible de prison / cela rendrait un peu de sérieux aux esprits
libres / le lieu de toute création qui crée / c’est la personne /
d’où il suit que toute l’agitation du monde / n’est rien de plus
qu’une certaine question / qui m’est adressée / et qui ne se
précise en moi / / / 9’36 / Surimpression : bal avec Angelica/C.
Cardinale en robe blanche au premier plan, Le Guépard (Visconti,
1963) avec un homme ouvrant une porte à une femme, La Honte
(Bergman, 1967) / noir / qu’à l’instant où elle m’oblige à l’acte /
les partisans du nous / ont fait erreur sur la personne / Id. / /

155
9’48 / Clignotement : le défilement de la pellicule dans L’Homme
à la caméra (Vertov, 1929) avec le comte portant Maria qu’il vient
d’assassiner, La Comtesse aux pieds nus (Mankiewicz, 1954) / noir
/ les contradictions du monde figurent / dans l’équation
fondamentale de toute existence / x est une personne, un
élément créateur / une liberté incalculable / Id. / / 10’00 /
Surimpression : la neige tombe sur la surface d’un plan d’eau la
nuit avec une main (dessinée ?) / l’homme en tant qu’homme /
est bien un créateur / mais un créateur créé / c’est en espérance
que nous sommes sauvés / mais cette espérance est vraie / car
le temps détruit l’acte / / / 10’19 / Une maison près d’un plan
d’eau (il neige) dans Trois jours de Sarunas Bartas (1991) / mais
l’acte est juge du temps » / / / 10’22 / Noir / L’homme qui
court accéléré de La Terre (Dovjenko, 1930) / noir / / musique
plus vive (course) id. ? / [Texte de Fernand Braudel :] / une /
histoire / avance / [sur noir et plan] / / avance / vers / nous /
[sur noir 2] / / nous / à pas / précipités / [sur noir 2] / 10’32 /
Le très beau raccord de La Prisonnière du désert (Ford, 1956)
entrecoupé de noirs / noir / un tableau expressionniste ? / / [à
la fin du plan, quand John Wayne la tient dans ses bras, une voix
de femme :] [Une [voix de femme lit le texte, de Faure ?:] /
« cependant que l’acrobate est en proie / à l’équilibre le plus
instable / nous faisons un vœu / Id. / une / autre / histoire / /
histoire / nous / accompagne / / à / pas / lents / [Le texte de
Braudel dans Le Monde actuel, 1963 est le suivant : « Ainsi un
passé proche et un passé plus ou moins lointain se mêlent dans
la multiplité du temps présent : alors qu’une histoire proche
court vers nous à pas précipités, une histoire lointaine nous
accompagne à pas lents. »] / 10’58 / / et ce vœu est étrangement
double / / l’artiste / 11’00 / Photographie de Bresson / noir /
Photographie de Lang / noir / Photographie de Cocteau / noir
/ Photographie de Rohmer / noir / Photographie de Truffaut /
noir / Photographie de Rivette / noir / Photographie de
Visconti / noir / Photographie de Garrel / noir / et nul / nous
souhaitons qu’il tombe / et nous souhaitons qu’il tienne / et ce
vœu est nécessaire / nous ne pouvons pas ne pas le former / en

156
toute contradiction et sincérité / c’est qu’il peint naïvement
notre âme / dans l’instant même / elle sent que l’homme
tombera / doit tomber / va tomber / et en soi elle consomme
sa chute / et se défend de son émotion / en désirant ce qu’elle
prévoit / il est déjà tombé / elle ne croit pas ses yeux / son
regard ne le suivrait pas sur la corde / ne le pousserait plus en
bas / musique id. / Hitchcock parle (les sons se superposent à
ceux du texte dit) : / « any art form / is there for the artist to
interpret it in his own way / and thus create an emotion /
literature can do it by the way that the language is used / or the
words are put together / sometimes you find that a film is
looked at / solely for its content / without any recourse for the
style or manner / in which the story is told / and after all this
basically / l’artiste / [s’inscrit sur chaque noir] / 11’51 /
Photographie de Fassbinder / noir / s’il n’était déjà tombé » /
[superposition, JLG :] / d’abord des images / / l’artiste / 11’59
/ Mains dirigées vers le même point, La Madone au rosaire (Le
Caravage, 1606-1607 ; est-ce la surimpression qui fait paraître
ensanglantées des mains qui ne le sont pas dans le tableau ?)
clignotement avec une vieille femme entourées de mains de
femmes qui tentent de la toucher, L’Oiseau libéré (Evgueni Bauer,
1915) / Photographie de Hitchcock en surimpression
clignotement et iris avec les mains du tableau du Caravage /
Hitchcock seul /noir / mais celles dont parlent saint Paul / et
qui sont une mort / donc une résurrection / [suite de
l’«acrobate » ] / mais elle voit qu’il tient encore / et elle doit
donc consentir qu’il y a des raisons / qui font qu’il tienne et
invoque ces raisons / les suppliant de durer » / [ JLG :] / on a
oublié pourquoi Joan Fontaine se penche / au bord de la falaise
/ [voix de femme sons superposée:] / « parfois, l’existence de
toutes choses / et de nous-mêmes / nous apparaît sous cette
espèce ». / [en surimpression Hitchcock suite :] / « is the art of
cinema / start with scene one / in cinema terms / l’artiste / [sur
le plan de Hitchcock] / / intro / duction / à / [sur le noir]/ /
12’ 24 / Le rétroviseur de Psycho et une voiture qui suit
(Hitchcock, 1940) / noir / [Suite JLG :] / et qu’est-ce que Joel

157
McCrea / s’en allait faire en Hollande / mélodie aigue et
lancinante / répétitive comme une ritournelle / la / méthode /
d’ / [sur noir] / 12’27 / La main tendue vers le premier plan de
Grace Kelly qu’on étrangle, Le Crime était presque parfait
(Hitchcock, 1954) / noir / on a oublié àpropos de quoi /
Montgomery Clift garde un silence éternel / Id. / Afred / Hitch
/ cock / [sur plan et sur noir] / 12’32 / Incendie du camion sur
la route de La Mort aux trousses (Hitchcock, 1959) / noir / et
pourquoi Janet Leigh s’arrête au Bates motel / suite / / 12’34 /
Le moulin de Correspondant 17 (Hitchcock, 1940) / noir / et
pourquoi Teresa Wright / est encore amoureuse d’oncle Charlie
/ suite / / 12’40 / Le verre de lait de Soupçons (Hitchcock, 1941)
/ noir / on a oublié de quoi Henri Fonda / n’est pas
entièrement coupable / suite / / 12’44 / La clé glissée dans la
grille d’une bouche d’égout dans Pas de printemps pour Marnie
(Hitchcock, 1964) / noir / / et pourquoi exactement le
gouvernement américain / suite / / 12’49 / Les groupes de
doubles croches de la partition de L’Homme qui en savait trop
(Hitchcock, 1956) / noir / a engagé Ingrid Bergman / suite / /
13’04 / La bouteille de Pommard et le raccord sur Cary Grant et
le visage d’Ingrid Bergman au ralenti dans Les Enchaînés
(Hitchcock, 1946) / noir / mais / on se souvient d’un sac à
main / mais / on se souvient d’un autocar dans le désert / mais
/ on se souvient d’un verre de lait / des ailes d’un moulin /
d’une brosse à cheveux / suite / / 13’17 / La paire de lunettes
qui tombe et le reflet de l’homme dans L’Inconnu du Nord-Express
(Hitchcock, 1951) / noir / mais / on se souvient d’une rangée
de bouteilles / suite / / 13’20 / Les cheveux noirs de Marnie
dans le lavabo dans Pas de printemps pour Marnie (Hitchcock, 1964)
/ / d’une paire de lunettes / suite / / 13’23 / Le chignon blond
dans Vertigo (Sueurs froides, Hitchcock, 1958) / noir / d’une
partition de musique / d’un trousseau de clés / suite / / 13’27 /
La main qui passe au travers d’une grille pour le briquet de
L’Inconnu du Nord-Express / noir / parce que à travers eux / et
avec eux / suite / / 13’32 / Iris, Marnie brune, de dos sur le
quai de la gare, début de Pas de printemps pour Marnie / noir /

158
Alfred Hitchcock réussit là où échouèrent / Alexandre, Jules
César, Hitler, Napoléon / suite / / 13’36 / Bras tendu avec la
brosse à cheveux dans The Wrong man (Hitchcock, 1957) / noir /
/ suite / / 13’39 / Marion dans la voiture après le vol / noir /
douche, Norman, plans du couteau et du ventre au ralenti dans
Psychose (Hitchcock, 1960) / prendre le contrôle de l’univers /
prendre le contrôle de l’univers / suite / / 13’55 / La falaise, les
vagues, Joan Fontaine regardant la mer au haut et au bord de la
falaise, et encore les vagues dans Soupçons (Hitchcock, 1941) /
noir / / silence / / 14’2 / Madeleine dans l’eau au ralenti dans
Vertigo / noir / / / / 14’13 / Jambes des voyageurs dans une
gare et plans de rails de train et de l’ombre du train dans
L’Inconnu du Nord-Express / peut-être que dix mille personnes /
n’ont pas oublié la pomme de Cézanne / mais c’est un milliard
de spectateurs / qui se souviendront du briquet / de L’Inconnu
du Nord Express / / / 14’21 / Jeux de mains et de clé qu’on
laisse tomber sur un tapis, fondu enchaîné sur les bijoux dans
Les Enchaînés, Hitchcock, 1946) / noir / feu d’artifices / noir / /
et si Alfred Hitchcock a été / le seul poète maudit à rencontrer
le succès / c’est parce qu’il a été le plus grand créateur de formes
/ du vingtième siècle / et que ce sont les formes qui nous disent
finalement / [Hitchcock parle : ] / « we have a rectangular
screen in a movie house / and this rectangular screen has got to
be filled / with a succession of images / / 14’33 / Baiser de
Cary Grant et Grace Kelly / feu d’artifice dans La Main au collet
(Hitchcock, 1955) / ce qu’il y a au fond des choses / or, qu’est-
ce que l’art / sinon ce par quoi les formes deviennent style /
that’s where the ideasas come from / / 14’43 / Baiser arrêt de
l’image puis ralenti très lent, Kim Novak et James Stewart dans
Vertigo / / et qu’est-ce que le style / sinon l’homme / one
picture comes up after another / the public aren’t aware of what
we call montage / or in other words the cutting of one image to
another / they go by so rapidely / so that they are heu / / 15’02
/ Noir / clignotement rapide Madeleine dans le bois à la fin de
Vertigo et Hitchcock / noir / même clignotement / noir / alors
c’est une blonde sans soutien-gorge / filée par un détective qui a

159
peur du vide / qui apporteront la preuve / que tout cela c’est du
cinéma / … absorbed by the content / that they look at on the
screen / / mélodie violon id. / le seul / avec Dreyer / qui a [sur
noir 1] / filmé [sur noir 2] / un miracle [sur noir 3] / 15’33 /
Surimpression et clignotement : les visages de Henry Fonda, du
coupable et de Hitchcock La Loi du silence (Hitchcock, 1953) /
noir (très long) / autrement dit l’enfance de l’art / id. / l’arti [sur
noir] / 16’00 / Noir / [Alain Cuny dit un texte (modifié) d’Élie
Faure, sur Rembrandt à l’origine, tiré d’Histoire de l’art, « l’art
moderne », I, 1921 :] / A ses débuts / il ne sentait que peu de
choses / et il croyait tout savoir / plus tard, / silence puis
musique id. Kancheli / abii / ne / viderem / [« Je me / 16’11 /
La jeune aveugle dans un mouvement figé, Miracle en Alabama
(Arthur Penn, 1962) / noir / habité seulement / par le doute, la
douleur / Id. / / 16’19 / Femme avec enfant, Le Révélateur
(Garrel, 1968) / noir / l’effroi devant le mystère de la vie / cela
se mit à flotter / et maintenant qu’il sentait tout / il croyait ne
rien savoir / Id. / / 16’29 / Boris Karloff, le monstre avec un
enfant, Le Fils de Frankenstein (V. Lee Rowland, 1939) / et
pourtant / Id. / / 16’36 / Fantômas, affiche (Feuillade, 1913) /
noir / de l’insouciance à l’inquiétude / Id. / / 16’43 / Encore
des mains, un tableau de l’école de Fontainebleau, 1588, une
main sous un sein, une autre main joignant l’index au pouce /
noir / femme comme affamée en noir et blanc la tête plongée
dans une sorte de gamelle / de l’enregistrement amoureux des
débuts / à la forme hésitante mais essentielle de la fin / c’est la
même force centrale / qui a gouverné le cinéma / Id. / / 16’59 /
Nosferatu le vampire (Murnau, 1922) / noir / on la suit par dedans
/ de forme en forme / avec l’ombre et le rayon qui rôdent / Id.
/ / 17’11 / Un plan, un visage illuminé, du Pré de Béjine
(Eisenstein, 1935-37) / noir / Maria et un homme dans
Metropolis (Lang 1927) / noir / illuminant ceci, cachant cela /
faisant surgir une épaule, un visage / un doigt levé, / Id. / /
17’18 / / Surimpression : une jeune fille dans un train, For
Ever Mozart (JLG, 1996) et dans la vitre la lune de La
Femme sur la Lune (Lang, 1929) / noir (long) / une fenêtre

160
ouverte / un front, un petit enfant / dans une crèche / ce qui
plonge dans la lumière / est le retentissement / de ce que
submerge la nuit / Id. / histoire / du (s) / cinéma / [lettres
effacées ; au-dessus :] / / les / actes / / les / heures / / les /
acteurs / / de / l’histoire / / 17’41 / Alain Cuny lit, son visage
est dans l’obscurité / / / ce que submerge la nuit / prolonge
dans l’invisible / ce qui plonge dans la lumière / la pensée, le
regard, la parole, l’action / relient ce front, cet œil, cette bouche,
cette main / aux volumes à peine aperçus dans l’ombre / des
têtes et des corps / inclinés autour d’une naissance / d’une
agonie ou d’une mort / musique id. / / 18’21 / Masha pendue
par les Nazis (cf. 1a, 46’41), fondu enchaîné, une échelle blanche
à gauche sur un fond obscur noir / / silence / puis musique id.
/ / 18’34 / Macbeth (Welles, 1948), apparitions à contre-jour
dans la brume la nuit / noir / même / et peut-être surtout /
quand il n’a pour instrument de travail / que le noir et le blanc /
Id. / / 18’41 / Plan de l’écrivain la plume à la main, composant
« Le Corbeau » pendant que sa femme (au pied de la table de
travail) se meurt, Edgar Allan Poe (Griffith, 1909) / noir / photo
de nuit d’un manifestant jetant un projectile / noir / même alors
/ il manie le monde comme un drame constant / que le jour et
l’obscurité modèlent / creusent, / Id. / / 18’52 / Hamlet, les
bras grand ouverts comme prêt à s’envoler, Hamlet (Laurence
Oliver, 1948) / convulsent, calment / et font naître et mourir /
Id. / / 18’58 / Homme / Jésus, Les Feiillets arrachées au livre de
Satan (Dreyer, 1919) / noir / au gré de sa passion / de sa
tristesse / de l’envie désespérée d’éternité et d’absolu / Id. /
cinéma / histoire / (s) / 19’07 / Phares d’auto la nuit à l’entrée
d’un parc dans For Ever Mozart (JLG, 1996) / noir / femme avec
un passeport (morte ?) dans la neige, For Ever Mozart / noir / qui
bouleversent son cœur / un phare d’auto / un visage endormi /
des ténèbres qui s’animent / des être penchés sur un berceau /
Id. / / 19’28 / Une femme à terre, Nouvelle Babylone (Kozintsev
et Trauberg, 1929) en alternance volets clignotement avec un
tableau où des hommes semblent tomber / noir / où toute
lumière tombe / un fusillé contre un mur sale / Id. / / 19’33 /

161
L’Etudiant de Prague (Galeen, 1926) / noir / un chemin boueux
longeant la mer / Id. / / 19’40 / Paysage de jour, paisible,
JLG/JLG (JLG, 1995) en alternance avec un homme qui semble
mort sur son cheval et dans le vent (Nan of the Music Mountain, G.
H. Melford, 1917) / noir / un coin de rue / un ciel obscur / un
rayon sur une prairie / l’empire du vent découvert dans un
nuage qui vole / il n’y que des traits noirs / Id. / / 19’58 /
Photographie de Marilyne Monroe, iris et clignotement avec les
corbeaux qui s’envolent, Les Oiseaux (Hitchcock) / noir / croisés
sur une toile blonde / et la tragédie de l’espace et la tragédie de
la vie / tordent l’écran dans le feu / Id. / toutes / les / histoires
/ (s) / / une / histoire / seule / [sur noir] / 20’18 /
Photographie de Welles avec caméra en alternance et iris avec
femme sur une grue avec unecaméra, One + One (JLG, 1968) / /
/ / 20’25 / Noir / Cuny lisant / le cinéma seul a vu / que si
chacun est à sa tâche / les masses s’organisent seules / suivant
un irréprochable équilibre / que la lumière tombe où il faut / Id.
/ seul / le / cinéma / [sur noir] / 20’40 / Fondu enchaîné, une
petite fille souriante approche d’une porte au ralenti, La Strada,
(Fellini, 1954) / noir / et néglige ce qu’il faut / parce qu’il est
utile / qu’elle éclaire un point de la scène / et que l’ombre peut
régner ailleurs / Id. / fa / tale / beauté / [sur noir] / 20’52 /
Photographie d’Eisenstein en surimpression avec un plan des
jambes d’une femme allongée sur le ventre dans For Ever Mozart
/ noir / il est seul / à avoir toujours été présent / dans tout ce
qu’il regardait / le seul qui ait pu se permettre de mêler / de la
boue à la lueur des yeux / d’introduire du feu dans la cendre /
de faire briller dans un linceul / une rose / ou un bleu pâle aussi
frais qu’une rose / Id. / fa / tale / beauté / [sur Eisenstein]/ /
la / monnaie / / de / l’absolu / [sur noir] / 21’23 / Femme
mourante du Cuirassé Potemkine, (Eisenstein, 1925) en alternance
et iris avec scène de danse sur la place rouge ? avec femme à
robe blanche au premier plan (Couple à cheval (Kandinsky, 1906-
1907) et alternance avec plans / noir / / [sur le dernier plan noir
:] / son humanité / est réellement / Id. / La / réponse [sur noir
] / / des / ténèbres / 21’47 / Iris : une femme à genoux qui

162
semble implorer un homme armé en lui tenant la main / noir /
/ archives : hommes et femmes sur les tanks, et de Gaulle la
cigarette à la bouche / noir / fusil sortant d’un camion (filmé de
l’intérieur) / noir / Une arme dépasse d’une fenêtre d’une
voiture d’où on aperçoit la route enneigée et des militaires, Le
Temps détruit (Pierre Beuchot, 1985) / formidable / elle est fatale
comme la plainte / dévastatrice comme l’amour / dramatique
comme l’échange / indifférent et continu / entre tout ce qui naît
/ et tout ce qui meurt / / une / vague / nouvelle / 22’10 /
L’homme torturé, Rome, ville ouverte (Rossellini, 1945) en
alternance avec les jets d’eau de la répression des forces de
l’ordre dans La Grève (Eisenstein, 1924) / noir / en suivant notre
marche à la mort / aux traces de sang qui la marquent / le
cinéma ne pleure pas / il ne pleure pas sur nous / il ne nous
réconforte pas / puisqu’il est avec nous / puisqu’il est nous-
mêmes / il est là quand le berceau s’éclaire / il est là quand la
jeune fille nous apparaît / penchée à la fenêtre avec ses yeux` /
Id. / le / contrôle / de / l’univers / [superposés ; sur noir] /
22’40 / Femme, avec un sein découvert, dont on ne voit que la
partie inférieure du visage, Le Péché (Franz von Stuck, 1893 ; le
serpent n’est guère visible dans ce détail du tableau) et fondu
enchaîné avec un autre tableau, une autre femme, même
structure / qui ne savent pas / et une perle entre les seins / il est
là quand nous l’avons déshabillée / quand son torse dur tremble
/ Id. / / 22’50 / La jeune femme au ralenti des Amants de la nuit
(N. Ray, 1949) / noir / au battement de notre fièvre / il est là /
quand la femme nous ouvre les genoux / avec la même émotion
maternelle / Id. / les / signes / parmi / nous / [superposés ;
sur noir] / 23’06 / Femme désespérée dans La Ligne générale
(Eisenstein, 1929) en surimpression avec deux mains qui
semblent prendre délicatement son visage / noir / autre femme
plus vieille, qui semble essuyer des larmes sur son visage /
qu’elle a pour ouvrir ses bras à l’enfant / il est là / quand le fruit
tombe d’elle / une, deux, trois / ô combien de fois dans sa vie /
il est là après / quand elle est vieillie [plan de la vielle femme] /
que son visage est crevassé / et que ses mains desséchées nous

163
disent / qu’elle n’en veut pas à la vie / de lui avoir fait du mal /
Id. / / 23’44 / Un plan de femme dans Le Livre de Marie (Anne-
Marie Miéville, 1984) / noir / il est encore la / quand nous
sommes vieux / / / 23’45 / Fondu enchaîné de Ivan le terrible
(Eisenstein, 1944-46) et d’une Vierge à l’enfant sculptée au Ve
siècle, / noir / que nous regardons fixement / du côté de la nuit
qui vient / il est là / quand nous sommes morts / et que notre
cadavre / tend le suaire aux bras de nos enfants / [fin du texte
modifié d’Élie Faure] / Id. / [après Cuny, texte de L’Année
dernière à Marienbad, Resnais, 1961 :] / « Elle : il nous faut encore
attendre / quelques minutes encore / plus que quelques minutes
/ quelques secondes / Lui : / quelques secondes encore /
cinéma / histoire / (s) / 24’18 / Fresques des grottes de
Lascaux en alternance et iris avec le visage du San Giuliano de
Piero della Francesca (1455-60) / noir / / un homme qui gît à
terre dans Octobre à Paris (Panigel, 1961) en surimpression avec
même tableau de Piero della Francesca / / Musique, id. /
[homme :] / comme si vous hésitiez vous-même encore / avant
de vous séparer de lui / de vous-même / comme si sa silhouette
déjà grise / risquait encore de reparaître / à cette même place /
où vous l’avez imaginée avec trop de force / tant de crainte ou
d’espoir / dans votre crainte de perdre tout à coup / ces liens
fidèles avec eux / Elle : non cet espoir / cet espoir / est
maintenant sans objet / cette crainte est passée / de perdre un
tel lien / une telle prison / un tel mensonge / toute cette
histoire / est maintenant déjà passée / elle s’achève quelques
secondes encore / elle achève de se figer / [sur noir 1] / cinéma
/ histoire / (s) / [s’efface progressivement jusqu’à :] / ne a
[l’accent aigu se déplace] / toi / né / toi / 25’00 / Noir / Un
homme et une femme dansant au ralenti dans Abcshied/Adieu
(Siodmak, 1930) en surimpression : le saint Julien de Piero della
Francesca / noir / / / [Lui :] / pour toujours / dans un passé de
marbre / comme ces statues / ce jardin taillé dans la pierre / cet
hôtel lui-même / avec ses salles désormais désertes / ses
personnages immobiles, muets / morts depuis longtemps sans
doute / qui montent encore la garde à l’angle des couloirs / à

164
travers lesquels je m’avançais à votre rencontre / entre deux
haies de visages immobiles / figés, attentifs, indifférents depuis
toujours / vers vous qui hésitez encore / peut-être regardant
toujours le seuil de ce jardin » / [sur noir ] [en mouvement dans
le cadre :] / né / toi / [sur noir de la fin] / né / / Noir / /
sonnerie / [voix de femme dans For Ever Mozart :] / « voilà /
maintenant / je suis à vous… » / né / 25’44 / Feu d’artifice, Le
Merle (Norman McLaren, 1958) / / The Sea, K. Bjornstad, 1955
/ production / gaumont / CNC / fémis / périphéria [vert] /
25’52 / Femme à robe rouge courant et tombant (image
saccadée) sur la plage, For Ever Mozart (JLG, 1996) / noir /
[Citation libre de Pessoa, Le Livre de l’intranquilllité :] / « dans le
“ je pense donc je suis” / le je du “je suis” / Id. / [Femme, id. :]`
/ « depuis que je suis, que je suis » / à / suivre / / que / je /
suivre / / [es lettres s’effacent, reste : ] / que / je / suis / 26’07
/ Drapeaux rouges en plongée, Le fond de l’air est rouge (Chris
Marker, 1977) et deux plans d’hommes (l’un portant un béret
pris dans les flammes et un autre, barbu (photographie de
Samuel Fuller ?) puis, alternance très rapide entre les deux plans
et un hélicoptère et le chien sur lequel on tire et qu’on filme d’en
haut, Le fond de l’air est rouge (Chris Marker, 1977) / noir / / n’est
plus le même / que le je du “ je pense” / pourquoi / parce qu’il
reste à démontrer / qu’il y a un rapport entre le corps et l’esprit
/ entre pensée et existence / le sentiment que j’ai de l’existence
/ n’est pas encore un moi / c’est un sentiment irréfléchi / il naît
en moi / mais sans moi / [Id.et un homme parle, bsf Chris
Marker ] « ils l’ont enterrée sans cercueil, mais ils l’ont enterrée
sans l’achever, … personne n’a jugé bon de l’achever, des coups
de pied, des coups de poing… Je peux quand même le dire, un
des bourreaux… » / oublié / / inconnu / / maudit / / que / je
/ suis / / oublié / / inconnu/ / maudit/ / film / maudit/ /
film / impossible [sur plan] / / à / suivre [bleu sur noir] / 26’32
/ / / The Sea (Ketil Bjornstad, 1995) / / / / / // 4a - Le
contrôle de l’univers // / / / 0’00 / Noir / / / pour / Michel
/ Delahaye / [vert] [aux Cahiers dans les années 60] / / pour /
Jean / Domarchi / [bleu] [aux Cahiers dans les années 50-60] / /

165
0’10 / Noir / [Une voix de femme dit Psaume sur une voix, Paul
Valéry, Autres Rhumbs, 1927 : ] / à demi-voix / / gaumont /
peripheria / présentent / 0’13 / Noir / Photographie de Camille
Claudel / d’une voix douce et faible / disant de grandes choses
/ d’importantes, d’étonnantes / de profondes et justes choses /
/ toutes / toutes / toutes [gris] / [en blanc en surimpression :] /
les / histoires / 0’25 / Photographie de Lou Andreas-Salomé /
d’une voix douce et faible / Abii ne viderem pour orchestre à cordes et
alto Kancheli, 1992-1994 / [Abii… : « je m’éloigne ou je me
retourne pour ne pas voir ») / / 0’31 / Noir / la menace du
tonnerre / la présence d’absolus dans une voix de rouge-gorge /
dans le détail fin d’une flûte / et la délicatesse / silence / une /
histoire / seule [blanc] / seule [rouge, surimpression, décalé] /
0’37 / Photographie de Simone Weil / du son pur / Id. 1.
silence (sur pur) et reprise musique id. / / 0’43 / Noir / tout le
soleil suggéré / au moyen d’un demi sourire / ô demi-voix /
silence / seul / le / cinéma [blanc] / / seul / seul
[jaune,surimpression] / 0’47 / Photographie de Hannah Arendt
/ et d’une sorte de murmure / Kancheli id. [très bref] / / 0’54 /
Noir / en français infiniment pur / silence / fatale / fatale /
fatale [bleu] / / beauté / beauté [blanc et surimpression] / 0’56
/ Première photographie deVirginia Woolf (jeune) / noir / [Une
autre voix :] / qui n’eût saisit les mots / qui l’eût ouï à quelque
distance aurait cru / qu’il disait des riens / et c’étaient des riens
pour l’oreille / [retour à la voix plus grave :] / rassurée /
Kancheli [très bref] id.. puis silence / la / réponse / des /
ténebres [vert] / / [en surimpression, clignotement :] / la /
monnaie / de / l’absolu [blanc] / 1’12 / Seconde photographie
deVirginia Woolf (plus vieille) / noir / mais ce contraste et cette
musique / cette voix ridant l’air à peine / cette puissance
chuchotée / ces perspectives, / Id. / une / vague / nouvelle
[gris] / / [en surimpression clignotement :]] / montage / mon /
beau / souci [blanc] / 1’26 / Photographie d’Anne-Marie
Miéville / noir / ces découvertes, ces abîmes / et ces
manœuvres devinées / ce sourire / Id. / le / contrôle / de /
l’univers [gris] / / [en surimpression, et jaune :] l’univers

166
[clignotement] / 1’35 / Photographie de Colette / noir /
congédiant l’univers / je songe aussi pour finir au bruit de soie /
seul et discret d’un feu qui se consume / Id. / les / signes /
parmi / nous [gris, clignotement] / / [en surimpression, rouge :]
/ les / signes / 1’47 / Sarah Bernardt / noir / en créant toute la
chambre / et qui se parle / ou qui me parle / presque pour soi /
Id. / histoire / du (s) / cinéma [superposés] / 2’02 / Un
homme brandit une croix (Faust, Murnau, 1926) clignotement
avec photographie des jambes de Marlène Dietrich / noir / / Id.
/ toi / toi / 2’09 / Un vieillard rampe (L’Ange exterminateur,
Buñuel, 1962), vers une femme, le clignotement le rapproche de
Hedy Lamarr dans l’eau (Extase, Machaty, 1933) / noir / /
silence / toi / histoire / 2’17 / Clignotement : nuque et
chevelure de femme, (noir et blanc) et squelette dans la
poussière / noir / / Kancheli id. / cinéma / histoire / (s) / 2’25
/ Un homme approche son visage pour embrasser une femme,
Heimkehr/Le Chant du prisonnier, Joe May (1928) en surimpression
et clignotement : au centre une image de film pornographique
(pénétration) des années 20-30 / noir / / Kancheli id. / / 2’36 /
Un homme déshabille une femme de force dans un ancien film
pornographique (= 1a, 37’59) en surimpression et clignotement
avec la montée de l’escalier du clocher dans Vertigo (Hitchcock,
1963) / / silence / / 2’04 / Noir / / musique autre mouvement,
id. / chapitre / quatre / A / 2’47 / Pieds de femmes avec
chaînes (bijoux) aux chevilles qui lavent (on aperçoit les jets
d’eau) un tapis oriental, Sayat Nova/Couleur de la grenade
(Paradjanov, 1968) / / / / 3’07 / Noir / / Id. / le / contrôle /
de / l’univers [superposés] / 3’13 / Une main de femme caresse
le sexe d’un homme, puis fellation / / Id. / / 3’33 / Noir / / Id.
/ histoire / du (s) / cinéma / [superposés, s’efface
progressivement] / 3’49 / JLG de dos avec la caméra devant
une baie vitrée, de l’autre côté : une femme à la robe rouge
(vent), For Ever Mozart (JLG, 1996) / noir / / retour musique id.
premier mouvement (roulement et mélodie tragique) / [bsf For
Ever Mozart :] / « John… Ford. – Dominique ! – Exactement. –
Dominique ! Dominique ! Annonce ! / 2 minutes / oui, il y a

167
plus encore / depuis que je suis au chômage / en ces heures là /
et vide, il me monte du fond de l’âme la pensée… tristesse » / /
4’44 / Femme poitrine nue / qui met une main, puis l’autre sous
le menton, Corridor (Sarunas Bartas, 1994) / [Une voix d’homme
lit un texte de Denis de Rougemont, Penser avec les mains, 1936 :]
/ « l’esprit n’est vrai que / lorsqu’il manifeste sa présence / et
dans le mot manifester / il y a main / l’amour est le comble de
l’esprit / et l’amour prochain est un acte / Musique autre
mouvement ? plus saccadé / / 4’56 / une main tendue puis, les
deux mains qui se rejoignent (même composition que dans La
Création du monde de Michelange), Nouvelle Vague, JLG, 1990) /
noir / c’est-à-dire une main tendue / non pas un sentiment
drapé / un idéal qui passe sur le chemin de Jéricho / devant
l’homme dépouillé par les brigands / Id. / / 5’00 / Militaires
progressant au combat dans une rue et iris à droite : femme
caressant le visage de l’homme avec une main douce,
ensanglantée (au ralenti), Duel au soleil (King Vidor, 1948) / noir
/ police, propagande, état / voilà la main / voilà le nom du dieu
tyran / que l’orgueilleuse raison des hommes / a su créer à son
image / Id. / / 5’20 / Rita Hayworth allongée sur le sol regarde
des hommes passer, tourne la tête vers eux (se cache ?), La Dame
de Shanghai (Welles, 1948) / noir / quand la parole se détruit /
quand elle n’est plus le don / que j’ai fait à l’autre / et qui engage
quelque chose de son être / c’est l’humaine amitié qui se détruit
/ silence puis mélodie plus lente, id. / / 5’31 / Comme des
corps flous sur des rails de train, Le Tombeau d’Alexandre (Chris
Marker, 1993) clignotement et surimpression avec l’église saint
Ludwig peinte par Kandinsky, Ludwigskirche, Munich, 1908 /
noir / telle est l’inquiétude des peuples / elle n’est pas matérielle
d’abord / elle est d’abord cette inquiétude / du cœur et de
l’esprit / qui naît de la mort des amitiés / Id. / / 5’46 / Une
vague d’eau se déverse sur une foule paniquée, Métropolis (Lang,
1927) / noir / je ne crois pas aux voix mystérieuses / mais je
crois à l’appel des faits / considérons les temps / les lieux où
nous vivons / la situation précise qui nous est faite / et l’appel
qui en résulte / et après cela / jugeons / Id. / / 5’59 / Plan

168
d’embouteillage de voitures, image floue et couleurs vives,
Nouvelle Vague (JLG) / noir / l’Europe d’aujourd’hui / dans
cette Europe / deux espèces de nations / celles qu’ont dit
vieillies / et celles qu’ont dit rajeunies / celles qui ont gardé un
certain nombre de possibilités / mais qui ne savent trop que
faire / de cette liberté dont elles se vantent / et celles qui ont fait
ou subi depuis les guerres / une révolution de masse / Id.
(mélodie très lointaine) / / 6’19 / La petite fille au ralenti
attaquée par les oiseaux, Les Oiseaux (Hitchcock, 1963) / noir /
et qui ont la liberté d’opinion, c’est-à-dire / la liberté de se
plaindre / mais sans passion profonde / et où la misère est à la
porte / mais on dirait qu’il n’y a plus rien à faire / qu’à l’attendre
/ Id. (à peine perceprible) / / 6’33 / Foule au ralenti (archives ?)
fondu enchaîné Couteau qui sort d’une poche au ralenti, M le
maudit (Lang, 1931 ; avant que M n’épluche une orange) / noir /
la misère / dernier argument / dernier fondement de la
communauté moderne / elle est la toile de fond de tous nos
drames / de nos pensées, de nos actions / et même de nos
utopies / étant bien clairement entendu / que l’essentiel n’est
pas ce qu’un dictateur pense / n’est pas l’urgence matérielle /
mais une vérité plus haute / qui est la vérité à hauteur d’homme
/ et j’ajouterai à portée de main / il est grand temps que la
pensée redevienne / ce qu’elle est en réalité / Id. et mélodie plus
intense sur noir / / 7’03 / L’homme lisant devant la mer, King
Lear (JLG, 1987) clignotement avec plans noirs et clignotement
avec mains au ralenti dans Nouvelle Vague (JLG, 1990) / noir /
dangereuse pour le penseur / et transformatrice du réel / là où
je crée je suis vrai / écrivait Rilke / les uns pensent, dit-on / les
autres agissent / mais la vraie condition de l’homme / c’est de
penser avec ses mains / je ne dirai pas de mal de nos outils /
mais je les voudrais utilisables / s’il est vrai, en général / que le
danger n’est pas dans nos outils / Id. / / 7’45 / Un homme
fuyant au ralenti avec un bébé dans les bras (archives ?) et sur
gros plan de femme, Hiroshima mon amour (Resnais, 1959) / noir
/ mais bien dans la faiblesse de nos mains / il n’est pas moins
urgent de préciser / qu’une pensée qui s’abandonne / au rythme

169
de ses mécaniques / proprement se prolétarise / et qu’une telle
pensée ne vit plus de sa création / Id. / / 7’50 / Femme allant
du premier plan au second plan traversant une série de portes
dans un appartement aux murs bleus, Allemagne 90 année zéro
(JLG, 1991) / noir / les autres forment l’homme / je le récite /
qui sont ces autres / nous le savons maintenant / ce sont ces
lois / nées de l’abandon de la pensée / Id. / / 8’08 / Welles
(O’Hara) qui va du second plan vers le premier plan dans un
espace démesurément grand avec les ombres gigantesques, La
Dame de Shanghai (Welles, 1948) / noir / où sont les responsables
/ ce ne sont pas des partis / ce ne sont pas des classes / ni des
gouvernements / ce sont des hommes / un à un / oui, je suis de
ceux-là / jusque dans la colère déchiré / par l’insurmontable
ironie / Id. / / 8’24 / Ingrid Bergman dans les flammes au
ralenti, Jeanne au bûcher (Rossellini, 1954) / noir / et sinon, je ne
crierais pas / mais le silence n’est pas donné à l’homme / par
son effort / le silence et l’intelligence pitoyable / sont l’œuvre
seule du pardon / Id. / / 8’40 / De grandes herbes dans un
parc, Nouvelle Vague (JLG, 1990) / noir / c’est votre affaire / et
non la mienne / de régner sur l’absence / dit un poète / / /
8’49 / Une femme accroupie, la bouche entre les fesses en
mouvement d’un homme en train de pénétrer une autre femme
puis de l’embrasser, en alternance avec un monstre riant, la main
sur la bouche, dans Freaks (Browning, 1932) / la violence
véritable est le fait de l’esprit / tout acte créateur contient une
menace réelle / pour l’homme qui l’ose / c’est par là qu’une
œuvre touche / le spectateur ou le lecteur / silence ? / / 9’02 /
Cadavre d’une femme morte dans les camps porté par les bras et
les jambes au ralenti / noir / / si la pensée se refuse à peser, à
violenter / elle s’expose à subir sans fruit / toutes les brutalités
que son absence a libérées / musique id. / / 9’15 / Henry Fonda
en cellule, tourne en rond, s’arrête et regarde ses mains, Le Faux
coupable (Hitchcock, 1957) / noir / on serait parfois tenté de
souhaiter / qu’en France l’activité de l’esprit / redevienne
passible de prison / cela rendrait un peu de sérieux aux esprits
libres / le lieu de toute création qui crée / c’est la personne /

170
d’où il suit que toute l’agitation du monde / n’est rien de plus
qu’une certaine question / qui m’est adressée / et qui ne se
précise en moi / / / 9’36 / Surimpression : bal avec Angelica/C.
Cardinale en robe blanche au premier plan, Le Guépard (Visconti,
1963) avec un homme ouvrant une porte à une femme, La Honte
(Bergman, 1967) / noir / qu’à l’instant où elle m’oblige à l’acte /
les partisans du nous / ont fait erreur sur la personne / Id. / /
9’48 / Clignotement : le défilement de la pellicule dans L’Homme
à la caméra (Vertov, 1929) avec le comte portant Maria qu’il vient
d’assassiner, La Comtesse aux pieds nus (Mankiewicz, 1954) / noir
/ les contradictions du monde figurent / dans l’équation
fondamentale de toute existence / x est une personne, un
élément créateur / une liberté incalculable / Id. / / 10’00 /
Surimpression : la neige tombe sur la surface d’un plan d’eau la
nuit avec une main (dessinée ?) / l’homme en tant qu’homme /
est bien un créateur / mais un créateur créé / c’est en espérance
que nous sommes sauvés / mais cette espérance est vraie / car
le temps détruit l’acte / / / 10’19 / Une maison près d’un plan
d’eau (il neige) dans Trois jours de Sarunas Bartas (1991) / mais
l’acte est juge du temps » / / / 10’22 / Noir / L’homme qui
court accéléré de La Terre (Dovjenko, 1930) / noir / / musique
plus vive (course) id. ? / [Texte de Fernand Braudel :] / une /
histoire / avance / [sur noir et plan] / / avance / vers / nous /
[sur noir 2] / / nous / à pas / précipités / [sur noir 2] / 10’32 /
Le très beau raccord de La Prisonnière du désert (Ford, 1956)
entrecoupé de noirs / noir / un tableau expressionniste ? / / [à
la fin du plan, quand John Wayne la tient dans ses bras, une voix
de femme :] [Une [voix de femme lit le texte, de Faure ?:] /
« cependant que l’acrobate est en proie / à l’équilibre le plus
instable / nous faisons un vœu / Id. / une / autre / histoire / /
histoire / nous / accompagne / / à / pas / lents / [Le texte de
Braudel dans Le Monde actuel, 1963 est le suivant : « Ainsi un
passé proche et un passé plus ou moins lointain se mêlent dans
la multiplité du temps présent : alors qu’une histoire proche
court vers nous à pas précipités, une histoire lointaine nous
accompagne à pas lents. »] / 10’58 / / et ce vœu est étrangement

171
double / / l’artiste / 11’00 / Photographie de Bresson / noir /
Photographie de Lang / noir / Photographie de Cocteau / noir
/ Photographie de Rohmer / noir / Photographie de Truffaut /
noir / Photographie de Rivette / noir / Photographie de
Visconti / noir / Photographie de Garrel / noir / et nul / nous
souhaitons qu’il tombe / et nous souhaitons qu’il tienne / et ce
vœu est nécessaire / nous ne pouvons pas ne pas le former / en
toute contradiction et sincérité / c’est qu’il peint naïvement
notre âme / dans l’instant même / elle sent que l’homme
tombera / doit tomber / va tomber / et en soi elle consomme
sa chute / et se défend de son émotion / en désirant ce qu’elle
prévoit / il est déjà tombé / elle ne croit pas ses yeux / son
regard ne le suivrait pas sur la corde / ne le pousserait plus en
bas / musique id. / Hitchcock parle (les sons se superposent à
ceux du texte dit) : / « any art form / is there for the artist to
interpret it in his own way / and thus create an emotion /
literature can do it by the way that the language is used / or the
words are put together / sometimes you find that a film is
looked at / solely for its content / without any recourse for the
style or manner / in which the story is told / and after all this
basically / l’artiste / [s’inscrit sur chaque noir] / 11’51 /
Photographie de Fassbinder / noir / s’il n’était déjà tombé » /
[superposition, JLG :] / d’abord des images / / l’artiste / 11’59
/ Mains dirigées vers le même point, La Madone au rosaire (Le
Caravage, 1606-1607 ; est-ce la surimpression qui fait paraître
ensanglantées des mains qui ne le sont pas dans le tableau ?)
clignotement avec une vieille femme entourées de mains de
femmes qui tentent de la toucher, L’Oiseau libéré (Evgueni Bauer,
1915) / Photographie de Hitchcock en surimpression
clignotement et iris avec les mains du tableau du Caravage /
Hitchcock seul /noir / mais celles dont parlent saint Paul / et
qui sont une mort / donc une résurrection / [suite de
l’«acrobate » ] / mais elle voit qu’il tient encore / et elle doit
donc consentir qu’il y a des raisons / qui font qu’il tienne et
invoque ces raisons / les suppliant de durer » / [ JLG :] / on a
oublié pourquoi Joan Fontaine se penche / au bord de la falaise

172
/ [voix de femme sons superposée:] / « parfois, l’existence de
toutes choses / et de nous-mêmes / nous apparaît sous cette
espèce ». / [en surimpression Hitchcock suite :] / « is the art of
cinema / start with scene one / in cinema terms / l’artiste / [sur
le plan de Hitchcock] / / intro / duction / à / [sur le noir]/ /
12’ 24 / Le rétroviseur de Psycho et une voiture qui suit
(Hitchcock, 1940) / noir / [Suite JLG :] / et qu’est-ce que Joel
McCrea / s’en allait faire en Hollande / mélodie aigue et
lancinante / répétitive comme une ritournelle / la / méthode /
d’ / [sur noir] / 12’27 / La main tendue vers le premier plan de
Grace Kelly qu’on étrangle, Le Crime était presque parfait
(Hitchcock, 1954) / noir / on a oublié àpropos de quoi /
Montgomery Clift garde un silence éternel / Id. / Afred / Hitch
/ cock / [sur plan et sur noir] / 12’32 / Incendie du camion sur
la route de La Mort aux trousses (Hitchcock, 1959) / noir / et
pourquoi Janet Leigh s’arrête au Bates motel / suite / / 12’34 /
Le moulin de Correspondant 17 (Hitchcock, 1940) / noir / et
pourquoi Teresa Wright / est encore amoureuse d’oncle Charlie
/ suite / / 12’40 / Le verre de lait de Soupçons (Hitchcock, 1941)
/ noir / on a oublié de quoi Henri Fonda / n’est pas
entièrement coupable / suite / / 12’44 / La clé glissée dans la
grille d’une bouche d’égout dans Pas de printemps pour Marnie
(Hitchcock, 1964) / noir / / et pourquoi exactement le
gouvernement américain / suite / / 12’49 / Les groupes de
doubles croches de la partition de L’Homme qui en savait trop
(Hitchcock, 1956) / noir / a engagé Ingrid Bergman / suite / /
13’04 / La bouteille de Pommard et le raccord sur Cary Grant et
le visage d’Ingrid Bergman au ralenti dans Les Enchaînés
(Hitchcock, 1946) / noir / mais / on se souvient d’un sac à
main / mais / on se souvient d’un autocar dans le désert / mais
/ on se souvient d’un verre de lait / des ailes d’un moulin /
d’une brosse à cheveux / suite / / 13’17 / La paire de lunettes
qui tombe et le reflet de l’homme dans L’Inconnu du Nord-Express
(Hitchcock, 1951) / noir / mais / on se souvient d’une rangée
de bouteilles / suite / / 13’20 / Les cheveux noirs de Marnie
dans le lavabo dans Pas de printemps pour Marnie (Hitchcock, 1964)

173
/ / d’une paire de lunettes / suite / / 13’23 / Le chignon blond
dans Vertigo (Sueurs froides, Hitchcock, 1958) / noir / d’une
partition de musique / d’un trousseau de clés / suite / / 13’27 /
La main qui passe au travers d’une grille pour le briquet de
L’Inconnu du Nord-Express / noir / parce que à travers eux / et
avec eux / suite / / 13’32 / Iris, Marnie brune, de dos sur le
quai de la gare, début de Pas de printemps pour Marnie / noir /
Alfred Hitchcock réussit là où échouèrent / Alexandre, Jules
César, Hitler, Napoléon / suite / / 13’36 / Bras tendu avec la
brosse à cheveux dans The Wrong man (Hitchcock, 1957) / noir /
/ suite / / 13’39 / Marion dans la voiture après le vol / noir /
douche, Norman, plans du couteau et du ventre au ralenti dans
Psychose (Hitchcock, 1960) / prendre le contrôle de l’univers /
prendre le contrôle de l’univers / suite / / 13’55 / La falaise, les
vagues, Joan Fontaine regardant la mer au haut et au bord de la
falaise, et encore les vagues dans Soupçons (Hitchcock, 1941) /
noir / / silence / / 14’2 / Madeleine dans l’eau au ralenti dans
Vertigo / noir / / / / 14’13 / Jambes des voyageurs dans une
gare et plans de rails de train et de l’ombre du train dans
L’Inconnu du Nord-Express / peut-être que dix mille personnes /
n’ont pas oublié la pomme de Cézanne / mais c’est un milliard
de spectateurs / qui se souviendront du briquet / de L’Inconnu
du Nord Express / / / 14’21 / Jeux de mains et de clé qu’on
laisse tomber sur un tapis, fondu enchaîné sur les bijoux dans
Les Enchaînés, Hitchcock, 1946) / noir / feu d’artifices / noir / /
et si Alfred Hitchcock a été / le seul poète maudit à rencontrer
le succès / c’est parce qu’il a été le plus grand créateur de formes
/ du vingtième siècle / et que ce sont les formes qui nous disent
finalement / [Hitchcock parle : ] / « we have a rectangular
screen in a movie house / and this rectangular screen has got to
be filled / with a succession of images / / 14’33 / Baiser de
Cary Grant et Grace Kelly / feu d’artifice dans La Main au collet
(Hitchcock, 1955) / ce qu’il y a au fond des choses / or, qu’est-
ce que l’art / sinon ce par quoi les formes deviennent style /
that’s where the ideasas come from / / 14’43 / Baiser arrêt de
l’image puis ralenti très lent, Kim Novak et James Stewart dans

174
Vertigo / / et qu’est-ce que le style / sinon l’homme / one
picture comes up after another / the public aren’t aware of what
we call montage / or in other words the cutting of one image to
another / they go by so rapidely / so that they are heu / / 15’02
/ Noir / clignotement rapide Madeleine dans le bois à la fin de
Vertigo et Hitchcock / noir / même clignotement / noir / alors
c’est une blonde sans soutien-gorge / filée par un détective qui a
peur du vide / qui apporteront la preuve / que tout cela c’est du
cinéma / … absorbed by the content / that they look at on the
screen / / mélodie violon id. / le seul / avec Dreyer / qui a [sur
noir 1] / filmé [sur noir 2] / un miracle [sur noir 3] / 15’33 /
Surimpression et clignotement : les visages de Henry Fonda, du
coupable et de Hitchcock La Loi du silence (Hitchcock, 1953) /
noir (très long) / autrement dit l’enfance de l’art / id. / l’arti [sur
noir] / 16’00 / Noir / [Alain Cuny dit un texte (modifié) d’Élie
Faure, sur Rembrandt à l’origine, tiré d’Histoire de l’art, « l’art
moderne », I, 1921 :] / A ses débuts / il ne sentait que peu de
choses / et il croyait tout savoir / plus tard, / silence puis
musique id. Kancheli / abii / ne / viderem / [« Je me / 16’11 /
La jeune aveugle dans un mouvement figé, Miracle en Alabama
(Arthur Penn, 1962) / noir / habité seulement / par le doute, la
douleur / Id. / / 16’19 / Femme avec enfant, Le Révélateur
(Garrel, 1968) / noir / l’effroi devant le mystère de la vie / cela
se mit à flotter / et maintenant qu’il sentait tout / il croyait ne
rien savoir / Id. / / 16’29 / Boris Karloff, le monstre avec un
enfant, Le Fils de Frankenstein (V. Lee Rowland, 1939) / et
pourtant / Id. / / 16’36 / Fantômas, affiche (Feuillade, 1913) /
noir / de l’insouciance à l’inquiétude / Id. / / 16’43 / Encore
des mains, un tableau de l’école de Fontainebleau, 1588, une
main sous un sein, une autre main joignant l’index au pouce /
noir / femme comme affamée en noir et blanc la tête plongée
dans une sorte de gamelle / de l’enregistrement amoureux des
débuts / à la forme hésitante mais essentielle de la fin / c’est la
même force centrale / qui a gouverné le cinéma / Id. / / 16’59 /
Nosferatu le vampire (Murnau, 1922) / noir / on la suit par dedans
/ de forme en forme / avec l’ombre et le rayon qui rôdent / Id.

175
/ / 17’11 / Un plan, un visage illuminé, du Pré de Béjine
(Eisenstein, 1935-37) / noir / Maria et un homme dans
Metropolis (Lang 1927) / noir / illuminant ceci, cachant cela /
faisant surgir une épaule, un visage / un doigt levé, / Id. / /
17’18 / / Surimpression : une jeune fille dans un train, For
Ever Mozart (JLG, 1996) et dans la vitre la lune de La
Femme sur la Lune (Lang, 1929) / noir (long) / une fenêtre
ouverte / un front, un petit enfant / dans une crèche / ce qui
plonge dans la lumière / est le retentissement / de ce que
submerge la nuit / Id. / histoire / du (s) / cinéma / [lettres
effacées ; au-dessus :] / / les / actes / / les / heures / / les /
acteurs / / de / l’histoire / / 17’41 / Alain Cuny lit, son visage
est dans l’obscurité / / / ce que submerge la nuit / prolonge
dans l’invisible / ce qui plonge dans la lumière / la pensée, le
regard, la parole, l’action / relient ce front, cet œil, cette bouche,
cette main / aux volumes à peine aperçus dans l’ombre / des
têtes et des corps / inclinés autour d’une naissance / d’une
agonie ou d’une mort / musique id. / / 18’21 / Masha pendue
par les Nazis (cf. 1a, 46’41), fondu enchaîné, une échelle blanche
à gauche sur un fond obscur noir / / silence / puis musique id.
/ / 18’34 / Macbeth (Welles, 1948), apparitions à contre-jour
dans la brume la nuit / noir / même / et peut-être surtout /
quand il n’a pour instrument de travail / que le noir et le blanc /
Id. / / 18’41 / Plan de l’écrivain la plume à la main, composant
« Le Corbeau » pendant que sa femme (au pied de la table de
travail) se meurt, Edgar Allan Poe (Griffith, 1909) / noir / photo
de nuit d’un manifestant jetant un projectile / noir / même alors
/ il manie le monde comme un drame constant / que le jour et
l’obscurité modèlent / creusent, / Id. / / 18’52 / Hamlet, les
bras grand ouverts comme prêt à s’envoler, Hamlet (Laurence
Oliver, 1948) / convulsent, calment / et font naître et mourir /
Id. / / 18’58 / Homme / Jésus, Les Feiillets arrachées au livre de
Satan (Dreyer, 1919) / noir / au gré de sa passion / de sa
tristesse / de l’envie désespérée d’éternité et d’absolu / Id. /
cinéma / histoire / (s) / 19’07 / Phares d’auto la nuit à l’entrée
d’un parc dans For Ever Mozart (JLG, 1996) / noir / femme avec

176
un passeport (morte ?) dans la neige, For Ever Mozart / noir / qui
bouleversent son cœur / un phare d’auto / un visage endormi /
des ténèbres qui s’animent / des être penchés sur un berceau /
Id. / / 19’28 / Une femme à terre, Nouvelle Babylone (Kozintsev
et Trauberg, 1929) en alternance volets clignotement avec un
tableau où des hommes semblent tomber / noir / où toute
lumière tombe / un fusillé contre un mur sale / Id. / / 19’33 /
L’Etudiant de Prague (Galeen, 1926) / noir / un chemin boueux
longeant la mer / Id. / / 19’40 / Paysage de jour, paisible,
JLG/JLG (JLG, 1995) en alternance avec un homme qui semble
mort sur son cheval et dans le vent (Nan of the Music Mountain, G.
H. Melford, 1917) / noir / un coin de rue / un ciel obscur / un
rayon sur une prairie / l’empire du vent découvert dans un
nuage qui vole / il n’y que des traits noirs / Id. / / 19’58 /
Photographie de Marilyne Monroe, iris et clignotement avec les
corbeaux qui s’envolent, Les Oiseaux (Hitchcock) / noir / croisés
sur une toile blonde / et la tragédie de l’espace et la tragédie de
la vie / tordent l’écran dans le feu / Id. / toutes / les / histoires
/ (s) / / une / histoire / seule / [sur noir] / 20’18 /
Photographie de Welles avec caméra en alternance et iris avec
femme sur une grue avec unecaméra, One + One (JLG, 1968) / /
/ / 20’25 / Noir / Cuny lisant / le cinéma seul a vu / que si
chacun est à sa tâche / les masses s’organisent seules / suivant
un irréprochable équilibre / que la lumière tombe où il faut / Id.
/ seul / le / cinéma / [sur noir] / 20’40 / Fondu enchaîné, une
petite fille souriante approche d’une porte au ralenti, La Strada,
(Fellini, 1954) / noir / et néglige ce qu’il faut / parce qu’il est
utile / qu’elle éclaire un point de la scène / et que l’ombre peut
régner ailleurs / Id. / fa / tale / beauté / [sur noir] / 20’52 /
Photographie d’Eisenstein en surimpression avec un plan des
jambes d’une femme allongée sur le ventre dans For Ever Mozart
/ noir / il est seul / à avoir toujours été présent / dans tout ce
qu’il regardait / le seul qui ait pu se permettre de mêler / de la
boue à la lueur des yeux / d’introduire du feu dans la cendre /
de faire briller dans un linceul / une rose / ou un bleu pâle aussi
frais qu’une rose / Id. / fa / tale / beauté / [sur Eisenstein]/ /

177
la / monnaie / / de / l’absolu / [sur noir] / 21’23 / Femme
mourante du Cuirassé Potemkine, (Eisenstein, 1925) en alternance
et iris avec scène de danse sur la place rouge ? avec femme à
robe blanche au premier plan (Couple à cheval (Kandinsky, 1906-
1907) et alternance avec plans / noir / / [sur le dernier plan noir
:] / son humanité / est réellement / Id. / La / réponse [sur noir
] / / des / ténèbres / 21’47 / Iris : une femme à genoux qui
semble implorer un homme armé en lui tenant la main / noir /
/ archives : hommes et femmes sur les tanks, et de Gaulle la
cigarette à la bouche / noir / fusil sortant d’un camion (filmé de
l’intérieur) / noir / Une arme dépasse d’une fenêtre d’une
voiture d’où on aperçoit la route enneigée et des militaires, Le
Temps détruit (Pierre Beuchot, 1985) / formidable / elle est fatale
comme la plainte / dévastatrice comme l’amour / dramatique
comme l’échange / indifférent et continu / entre tout ce qui naît
/ et tout ce qui meurt / / une / vague / nouvelle / 22’10 /
L’homme torturé, Rome, ville ouverte (Rossellini, 1945) en
alternance avec les jets d’eau de la répression des forces de
l’ordre dans La Grève (Eisenstein, 1924) / noir / en suivant notre
marche à la mort / aux traces de sang qui la marquent / le
cinéma ne pleure pas / il ne pleure pas sur nous / il ne nous
réconforte pas / puisqu’il est avec nous / puisqu’il est nous-
mêmes / il est là quand le berceau s’éclaire / il est là quand la
jeune fille nous apparaît / penchée à la fenêtre avec ses yeux` /
Id. / le / contrôle / de / l’univers / [superposés ; sur noir] /
22’40 / Femme, avec un sein découvert, dont on ne voit que la
partie inférieure du visage, Le Péché (Franz von Stuck, 1893 ; le
serpent n’est guère visible dans ce détail du tableau) et fondu
enchaîné avec un autre tableau, une autre femme, même
structure / qui ne savent pas / et une perle entre les seins / il est
là quand nous l’avons déshabillée / quand son torse dur tremble
/ Id. / / 22’50 / La jeune femme au ralenti des Amants de la nuit
(N. Ray, 1949) / noir / au battement de notre fièvre / il est là /
quand la femme nous ouvre les genoux / avec la même émotion
maternelle / Id. / les / signes / parmi / nous / [superposés ;
sur noir] / 23’06 / Femme désespérée dans La Ligne générale

178
(Eisenstein, 1929) en surimpression avec deux mains qui
semblent prendre délicatement son visage / noir / autre femme
plus vieille, qui semble essuyer des larmes sur son visage /
qu’elle a pour ouvrir ses bras à l’enfant / il est là / quand le fruit
tombe d’elle / une, deux, trois / ô combien de fois dans sa vie /
il est là après / quand elle est vieillie [plan de la vielle femme] /
que son visage est crevassé / et que ses mains desséchées nous
disent / qu’elle n’en veut pas à la vie / de lui avoir fait du mal /
Id. / / 23’44 / Un plan de femme dans Le Livre de Marie (Anne-
Marie Miéville, 1984) / noir / il est encore la / quand nous
sommes vieux / / / 23’45 / Fondu enchaîné de Ivan le terrible
(Eisenstein, 1944-46) et d’une Vierge à l’enfant sculptée au Ve
siècle, / noir / que nous regardons fixement / du côté de la nuit
qui vient / il est là / quand nous sommes morts / et que notre
cadavre / tend le suaire aux bras de nos enfants / [fin du texte
modifié d’Élie Faure] / Id. / [après Cuny, texte de L’Année
dernière à Marienbad, Resnais, 1961 :] / « Elle : il nous faut encore
attendre / quelques minutes encore / plus que quelques minutes
/ quelques secondes / Lui : / quelques secondes encore /
cinéma / histoire / (s) / 24’18 / Fresques des grottes de
Lascaux en alternance et iris avec le visage du San Giuliano de
Piero della Francesca (1455-60) / noir / / un homme qui gît à
terre dans Octobre à Paris (Panigel, 1961) en surimpression avec
même tableau de Piero della Francesca / / Musique, id. /
[homme :] / comme si vous hésitiez vous-même encore / avant
de vous séparer de lui / de vous-même / comme si sa silhouette
déjà grise / risquait encore de reparaître / à cette même place /
où vous l’avez imaginée avec trop de force / tant de crainte ou
d’espoir / dans votre crainte de perdre tout à coup / ces liens
fidèles avec eux / Elle : non cet espoir / cet espoir / est
maintenant sans objet / cette crainte est passée / de perdre un
tel lien / une telle prison / un tel mensonge / toute cette
histoire / est maintenant déjà passée / elle s’achève quelques
secondes encore / elle achève de se figer / [sur noir 1] / cinéma
/ histoire / (s) / [s’efface progressivement jusqu’à :] / ne a
[l’accent aigu se déplace] / toi / né / toi / 25’00 / Noir / Un

179
homme et une femme dansant au ralenti dans Abcshied/Adieu
(Siodmak, 1930) en surimpression : le saint Julien de Piero della
Francesca / noir / / / [Lui :] / pour toujours / dans un passé de
marbre / comme ces statues / ce jardin taillé dans la pierre / cet
hôtel lui-même / avec ses salles désormais désertes / ses
personnages immobiles, muets / morts depuis longtemps sans
doute / qui montent encore la garde à l’angle des couloirs / à
travers lesquels je m’avançais à votre rencontre / entre deux
haies de visages immobiles / figés, attentifs, indifférents depuis
toujours / vers vous qui hésitez encore / peut-être regardant
toujours le seuil de ce jardin » / [sur noir ] [en mouvement dans
le cadre :] / né / toi / [sur noir de la fin] / né / / Noir / /
sonnerie / [voix de femme dans For Ever Mozart :] / « voilà /
maintenant / je suis à vous… » / né / 25’44 / Feu d’artifice, Le
Merle (Norman McLaren, 1958) / / The Sea, K. Bjornstad, 1955
/ production / gaumont / CNC / fémis / périphéria [vert] /
25’52 / Femme à robe rouge courant et tombant (image
saccadée) sur la plage, For Ever Mozart (JLG, 1996) / noir /
[Citation libre de Pessoa, Le Livre de l’intranquilllité :] / « dans le
“ je pense donc je suis” / le je du “je suis” / Id. / [Femme, id. :]`
/ « depuis que je suis, que je suis » / à / suivre / / que / je /
suivre / / [es lettres s’effacent, reste : ] / que / je / suis / 26’07
/ Drapeaux rouges en plongée, Le fond de l’air est rouge (Chris
Marker, 1977) et deux plans d’hommes (l’un portant un béret
pris dans les flammes et un autre, barbu (photographie de
Samuel Fuller ?) puis, alternance très rapide entre les deux plans
et un hélicoptère et le chien sur lequel on tire et qu’on filme d’en
haut, Le fond de l’air est rouge (Chris Marker, 1977) / noir / / n’est
plus le même / que le je du “ je pense” / pourquoi / parce qu’il
reste à démontrer / qu’il y a un rapport entre le corps et l’esprit
/ entre pensée et existence / le sentiment que j’ai de l’existence
/ n’est pas encore un moi / c’est un sentiment irréfléchi / il naît
en moi / mais sans moi / [Id.et un homme parle, bsf Chris
Marker ] « ils l’ont enterrée sans cercueil, mais ils l’ont enterrée
sans l’achever, … personne n’a jugé bon de l’achever, des coups
de pied, des coups de poing… Je peux quand même le dire, un

180
des bourreaux… » / oublié / / inconnu / / maudit / / que / je
/ suis / / oublié / / inconnu/ / maudit/ / film / maudit/ /
film / impossible [sur plan] / / à / suivre [bleu sur noir] / 26’32
/ / / The Sea (Ketil Bjornstad, 1995) / / 0 / / / / / / / // 4b -
Les signes parmi nous // / / / Minutage / Images / Voix off
/ Bande-son / Écrits / 0’00 / Noir / [Voix de femme :] / « il
disait que la fidélité / si grande soit-elle / est sans effet sur la
marche du temps / qu’elle n’est susceptible de rien ressusciter /
The Sea (Ketil Bjornstad, 1995) / pour / Anne-Marie / Miéville
[vert] / / et pour / moi / même [bleu] / / 0’11 / Noir / ni
personne / et que néanmoins / il n’est pas d’autre solution / Id.
/ gaumont / periphéria / présentent [ocre] / 0’15 /
Photographie de Robert le Vigan (en 1946) en alternance très
rapide avec une photographie de Simone Signoret (avec une
cigarette) puis arrêt sur elle / que la fidélité » / [ces propos sont
ceux d’Arcole, le jeune résistant de Compagnons secrets, P. Beuchot,
1996, d’après le roman de Daniel Anselme] / [JLG cite un
propos de Léon Bloy :] « l’homme » / [écho et répétition] / Id. /
l’amour / / des / histoires / [sur les photographies] / 0’43 /
Noir / [Suite de l’écho :] / « l’homme » / Id. / histoire / du (s)
/ cinéma / [en blanc] [s’efface avec l’iris] / toutes / les / histoire
/ (s) [en jaune] / 0’56 / Adam cache son visage dans ses mains
pendant qu’Eve fait entendre sa plainte, Adam et Eve chassés du
paradis (Masaccio, vers 1426) / [Id. écho et répétition :] / « a
dans son pauvre cœur / des endroits qui n’existent pas encore /
/ Id. / 1’03 / Noir / Un prisonnier au premier plan tenu par
deux soldats casqués devant un prêtre et sa croix, Von Balk, le
Grand Maître des Teutons donne l’ordre du massacre des
prisonniers de Pskov, la troupe casquée s’avance, les prisonniers
à genoux sont massacrés, dernier plan : un vieil homme se
balance au bout d’une corde, Alexandre Nevski (Eisenstein, 1938)
/ noir / [Id. :] « et où la douleur entre / afin qu’ils soient » /
Alexandre Nevski, Prokofiev, 1937 : le massacre se fait au son des
trompes des Teutons qu’on ne voit pas dans le montage de JLG.
La bande-son en russe est conservée sans sous-titre, mais JLG la
recompose et déplace l’ordre du Teuton sur l’image du vieil

181
homme pendu du dernier plan : / « Effacer de la surface de la
terre » / une / histoire / seule [en rouge] / histoire / du (s) /
cinéma [en gris ; sur noir] / / 1’31 / A gauche (partie éclairée),
une femme avec une bougie descend un escalier, Deux mains dans
la nuit (The Spiral Staircase, Siodmak, 1946) surimpression :
l’enfant (à droite) et les femmes les bras en l’air, photographie de
la liquidation du Ghetto de Varsovie / [L’Ordre du discours,
Foucault, 1971 :] / « et je comprends mieux / pourquoi
j’éprouvais tant de difficulté / à commencer tout à l’heure / je
sais bien maintenant / quelle est la voix dont j’aurais voulu /
qu’elle me précède / qu’elle me porte / qu’elle m’invite à parler
/ et qu’elle se loge dans mon propre discours / je sais ce qu’il y
avait de si redoutable / à prendre la parole / puisque je la
prenais en ce lieu / d’où je l’ai écouté / Bjornstad, id. / histoire
/ du (s) / cinéma [en gris ; sur plan] / / seul / le / cinéma /
[sur la photo du Ghetto] / 2’00 / Noir / et où il n’est plus, lui /
Id. / histoire / du (s) / cinéma / [en blanc] [iris] / seul / le /
cinéma / [en bleu, superposés] / 2’01 / Paysage de brumes, des
cavaliers au second plan, Les Nibelungen (Lang, 1924) en
alternance rapide avec une photo de Fassbinder / pour
m’entendre / Id. / seul / 2’10 / Photographie des yeux
d’Antonioni / [JLG dit ces vers de Jules Laforgue dans « Simple
agonie » (1886), Derniers vers :] / « oh ! que / devinant l’instant /
silence / seul / 2’17 / Masque d’aigle sur un homme dont on
voit les mains au bas du cadre, Judex (Franju, 1964) / le plus seul
de la nature / ma mélodie, toute et unique, / / seul / 2’25 /
Noir / monte, dans le soir et redouble, / / histoire / du (s) /
cinéma / [en surimpression et clignotement en blanc et en
rouge] / 2’28 / Ombre de Nosferatu en surimpression et iris avec
un homme et une femme qui rient au cinéma puis une foule
riant, La Foule (Vidor, 1928) / noir / puis dernier plan « the
end » avec le logo de la MGM (Murnau, 1922) et iris avec
l’ombre de Nosferatu / et fasse tout ce qu’elle peut / et dise la
chose qu’est la chose, / et retombe, et reprenne, / et fasse de la
peine / ô, solo de sanglots, / et reprenne et retombe / selon la
tâche qui lui incombe » / / l’ennemi / / l’ennemi / public /

182
[Wellman, 1931] / / le / public / / 2’55 / Noir / / / [en
surimpression :] / seul / le / cinéma [en rouge] / [et :] / histoire
/ du (s) / cinéma [en blanc :] / 2’59 / Contraste, on passe du
noir et blanc à la scène musicale colorée d’Un jour à New York
(Donen, 1949) avec la danse de G. Kelly et B. Garrett / / Aux
premiers accords au piano d’un des Préludes (1926) se mêle la
musique d’Un américain à Paris (1928.) La superposition de deux
musiques de Gershwin par sa dissonance éloigne l’image de
divertissement. / / 3’10 / Photographie en noir et blanc de
James Finlayson, œil à demi fermé et épaisse moustache
tombante, clignotement d’une lumière / / / / 3’12 / Scène d’Un
américain à Paris (Minnelli, 1951), le « rêve-ballet » final : en
plongée Leslie Caron, rêvée par Gene Kelly au pied d’une
fontaine de la place de la Concorde imaginaire de Minnelli, Gene
Kelly tentant de la rejoindre / noir / idem /noir / Kelly devant
les apparitions et fondu vers une apparence de forêt / /
Gershwin, musique d’Un américain à Paris / seul / le / cinema /
[« cinéma » progressivement noirs 1 et 2] / 3’36 / Dans un
cadre, Marianne Renoir/Karina avec les ciseaux au premier plan,
iris, puis ralenti et arrêt sur image, Pierrot le fou (JLG, 1965) / /
Id., puis silence / do / ré / mi / [sur la gauche du cadre] / 3’50
/ Femme nue sur un homme, L’Empire des sens (Oshima, 1976)
clignotement et iris avec gros plan homme, Journal d’un curé de
campagne (Bresson, 1951) / / The Sea / fa / [progressivement] /
fatale / fatale beauté / 4’00 / Le vampire à la fenêtre et une
femme à sa fenêtre dans Nosferatu (Murnau, 1922) / couple en
contre-jour avec paysage, Cœur fidèle (Epstein, 1923) / noir / /
Id. / le cinéma [sur noir]/ / [sur plan Epstein :] / à qui il / appar
/ tenait, / lui / / à / toi / / é / moi / / toi / toi / / toi /
histoire [sur noir] / 4’29 / Visage d’Anne Wiazemsky, Vent d’Est
(JLG, 1969) en surimpression puis fondu enchaîné avec femme
criant dans Naissance d’une nation (Griffith, 1915) en
surimpression puis fondu enchaîné homme et femme, Die Ehe
der Louise Rohrbach (Rudolph Biebrach, 1916) en surimpression et
fondu enchaîné avec un homme agressant une femme (lui
mettant violemment la main sur la bouche), The Regeneration

183
(Raoul Walsh, 1915), surimpression et fondu enchaîné femme
mourante, La Femme de sable (Hiroshi Tehigahara, 1963) / fondu
enchaîné, une autre femme (enlace-t-elle quelqu’un ?), La Fièvre
dans le sang (Kazan, 1961) / [Sur le dernier plan de la série :] / «
parfois j’entends des hommes raconter / Id. / toi / histoire /
[sur Kazan] / 4’59 / Depardieu devant une femme nue (sur un
balcon) derrière le voile blanc du rideau, Hélas pour moi (JLG,
1993) / le plaisir / qu’ils / / / 5’03 / Von Stroheim en uniforme
devant une petite fille au lit, Folies de femmes (Von Stroheim,
1921) / ont pris / Id. / / 5’06 / Séquence du miroir : Welles
tenant Rita dans ses bras, La Dame de Shanghai (Welles, 1948) /
[silence] / Id. / / 5’10 / Alternance entre la danse de Bardot
dans Et Dieu créa la femme (Vadim, 1956) et une femme à terre
dans Forfaiture (De Mille, 1915) / avec celle-ci ou celle-là / ô, ce
n’est pas / / / 5’14 / Un plan en noir et blanc d’un homme sur
un corps de femme qui ressemble à une poupée cassée ou
désarticulée : Lady Paname (Henri Jeanson, 1951) /
Surimpression de deux images de films pornographiques où les
seins de l’une sont en surimpression avec les fesses de l’autre /
la grossièreté / les mots parfois vraiment précis / non / mais je
ne sais pas / j’ai envie de leur dire / voyons, voyons / c’était
autre chose / autre chose / Silence / reprise de la musique id. /
histoire / du (s) / cinéma / [blanc] / do / ré / mi [jaune] / fa
tale / [progressivement] / 5’30 / Photographie de Romy
Schneider, fondu enchaîné photographie de Mary Pickford,
fondu enchaîné, une photographie de Marilyn Monroe / [à la
fin :] / il n’y a pas de mots pour cela / cela ne s’inscrit pas dans
les phrases / Id. musique / de / l’autre / cinéma / 5’59 /
Couple, image coupée sur la droite par une ligne verte, Le Rayon
vert (Rohmer, 1986) / ou plutôt / si je commence une phrase /
croyant avoir là / sur le bout de la langue / / / 6’06 / Femme
avec un doigt dans la bouche, Pépé le Moko (Duvivier, 1937) en
alternance avec un tableau / le tableau, le moment, la couleur, la
robe tombée / / / 6’15 / Autre plan film id. avec un homme
s’approchant du visage d’une femme derrière un voile blanc /
noir / cette clarté sur le corps de la femme / un ruban d’épaule

184
qui glisse / et ce sentiment de peur / mêlée à la hâte chez elle,
ses bras / / de / l’absolu / 6’20 / Photographie de Keaton (l’air
si triste) et plan dans Sherlock junior (Keaton, 1924) fermeture de
l’iris / la tête perdue / le désordre qui se met dans la mémoire /
je n’ai pas vraiment oublié / / de / l’absolu / / du / cinéma /
6’29 / Noir / mais cela s’en va / / du cinéma / 6’31 / Maison
dans la nuit, Hélas pour moi (JLG, 1993) / noir / si je force le
souvenir / tout d’un coup je comprends ce qui m’arrive /
j’imagine / voilà / je ne me souviens plus / j’imagine / Reprise
musique : Choral pour orgue, BWV 721 (« Aie pitié de moi
Seigneur ») / cf. 1b, 38’36 ; 2b ; 20’40 ; 3a, 0’17 / fatale
[progressivement] / beauté –fa / beauté / tale / 6’44 / Noir /
[Hélas pour moi: ] / « alors, maintenant / c’est le jour, je pense /
Id. / / 7’01 / Long panoramique sur un appartement, Rachel
apparaît et le mouvement continu (avec voix de Depardieu) /
vous êtes sourde, Rachel, cruelle / mais j’ai ce que je voulais /
vous n’avez rien du tout / pour aimer il faut un corps / sans
Simon / vous n’existez pas / on n’entre pas comme ça chez les
autres / Bruit du tonnerre qui gronde au loin / histoire / du (s)
/ cinéma / 7’24 / Noir / Femme qui court (arrêt sur image),
Comme un torrent (Minnelli, 1958) / / Noir / visage de femme
dans Faust (Murnau, 1926) / gros plan sur Nana (en train de
mourir ?) (Renoir, 1926) / noir / plan fixe de femme dans
Vampyr (Dreyer) / noir / photographie Dietreich / noir /
femme très angoissante dans Feminina ou La Princesse Barbara,
(Genina, 1919) / noir / femme nue éclairée comme une
peinture, Hélas pour moi (JLG, 1993), même plan plus rapproché
avec des étincelles sur la droite / noir sur le plan d’une mer
dorée (au soleil couchant) et une main qui semble caresser
quelque chose / ce n’est pas exact / voilà ce qui est exact / en
1932 le hollandais Jan Ort étudie les étoiles / qui s’écartent de la
voix lactée / bientôt, comme prévu, la gravité les attire en arrière
/ en étudiant les positions / et la vitesse de ces étoiles rapatriées
/ Ort a pu calculer la masse de notre galaxie / quelle fut sa
surprise / en découvrant que la matière visible ne représentait
que / cinquante pour cent de la masse nécessaire au déploiement

185
/ d’une telle force de gravité / où était donc passé l’autre moitié
de l’univers / la matière fantôme était née / omniprésente /
Reprise the Sea (Bornstadt, 1995) / bruit de tonnerre sur les deux
derniers plans / de / l’absolu / / du / cinéma / [sur le dernier
plan] / 8’22 / / mais invisible / [simultanément] / « n’entre pas
ici sans violence / dans cette bonne nuit » / Id. / histoire / du
(s) / cinéma / [iris] / la monnaie / de l’absolu / [en vert, lettres
décalées et surimpression] / 8’28 / Noir / scène de résistance
des partisans (après l’assassinat de Pina/Anna Magnani) : les
hommes libérés du camion, au ralenti dans Rome, ville ouverte
(Rossellini, 1945) / noir / homme torturé, toujours Rome, ville
ouverte / [Malraux au Panthéon pour le transfert des cendres de
Jean Moulin, / le 19 décembre 1964 :] / « c’est le temps où dans
la campagne / nous interrogeons les aboiements des chiens / au
fond de la nuit / le temps où les parachutes multicolores /
chargés d’armes et de cigarettes / tombent du ciel dans la lueur
des feux / des clairières ou des causses / c’est le temps des
caves, de ces cris désespérés / que poussent les torturés avec des
voix d’enfants / la grande lutte des ténèbres a commencé / Id. .
+ gémissements d’un homme / la / réponse / des / ténèbres /
[sur noir, lettres grises décalées] / 9’02 / Homme / cadavre qui
semble entrer quelque part dans Le Fantôme de l’opéra (Rupert
Julian, 1925) en surimpression et fondu enchaîné avec une image
de cave, photographie de prison à Lyon / entre ici Jean Moulin
/ avec ton terrible cortège / avec ceux qui sont morts dans les
caves / sans avoir parlé comme toi / et même ce qui est peut-
être / plus atroce en ayant parlé » / Id. / histoire / du (s) /
cinéma / [en blanc iris] / la / monnaie / de / l’absolu / [en
rouge, lettres décalées superposées] / 9’23 / Plan eau et ciel en
noir et blanc, image charbonneuse, impression de fin du monde,
Nosferatu, eine Symphonie des Grauens (Murnau, 1922) puis,
surimpression et iris avec un homme dans la brume sur une
montagne semblant appeler dans Jour de colère, (Dreyer, 1943) /
au centre de l’image même plan de Jour de colère et, série de
visages d’hommes morts ou semblant l’être / / Id. / dies / irae /
[Jour de colère, Dreyer, 1943] / 9’59 / Noir / Un aigle rouge de

186
théâtre ou de spectacle / Couple au projecteur de La Prison, en
iris, apparition furtive et interrompue de l’image de la statue qui
vient juste après : sculpture antique (4e siècle avant Jésus-Christ)
/ [La Joie, Bernanos, 1929 :] / « en un sens voyez-vous / la peur
est tout de même la fille de Dieu / rachetée la nuit du Vendredi
saint / elle n’est pas belle à voir / non / tantôt raillée / tantôt
maudite / renoncée par tous / et cependant ne vous y trompez
pas / elle est au chevet de chaque agonie / elle intercède pour
l’homme » / György Kurtág, Ligature-Message to Frences-Marie,op.
31/b, 1989 (très lent et très grave) Le sous-titre de l’œuvre :
« The Answered-Unanswered Question » / histoire / du (s) /
cinéma / la / monnaie / de / l’absolu / [en blanc, lettres
décalées superposées] / 10’29 / Id. en plan plus rapproché,
couple de La Prison / très jeune femme inquiétante au premier
plan et homme souriant au second en surimpression , il n’est pas
toujours à l’image : clignotement, reste finalement une main au-
dessus d’une toile d’araignée, La Marque du vampire (Browning,
1935) / [Beckett, L’Image :] / « et maintenant / cette nuit / lever
à la nuit / chaque nuit / faible lumière dans la chambre / d’où /
mystère / nul de la fenêtre / non / presque nul / ça n’existe pas
/ nul / [la voix est de plus en plus fantomatique, il semble ne
plus pouvoir parler, respiration et râles du mourant :] / Id. puis
silence puis reprise de The Sea / [une voix de jeune femme
intervient disant :] « sur les genoux avec les mains parce que je
ne pouvais pas marcher, heu… j’avais les tendons heu…
coupés » / tu / n’as rien vu / / à hiroshima / [Hiroshima mon
amour, Resnais, 1952] / / à lenigrad / / histoire / du (s) /
cinéma / / à madagasoa / / à dresde / / à hanoi / / à sarajevo
/ / histoire / du (s) / cinéma / / 11’23 / Noir / / / une /
vague / nouvell [en bleu, sans le « e »] / 11’30 / Enfants jouant
sur la plage, L’Enfant secret (Garrel, 1979) / noir / femmes avec
un enfant travaillant à la confection des tapis, Sayat Nova/Couleur
de la grenade ( Paradjanov, 1969) / noir / très beau plan en
plongée avec un mouvement de caméra dans Terre sans pain
(Buñuel, 1932) / noir / Blanche se levant de son lit paniquée,
Un Tramway nommé Désire (Kazan, 1951) / [Sabine Azéma, voix

187
lointaine avec écho disant le texte de JLG, article paru dans les
Cahiers du cinéma, octobre 1965 : ] / « toujours vierge comme un
négatif / qu’il s’appelle Ilford, Kodak ou Fuji / toujours d’une
seule pièce aussi / et qu’il suffit de souffler fort dessus / pour la
tendre quel que soit le nom du souffleur / Hitchcock, Langlois,
Vigo / oui / enchaînons / montage attractif des idées sans
points de suspension / nous ne sommes pas dans un roman
policier ni de Céline / celui-là laissons-lui la littérature / il a bien
mérité de souffrir / et de rempiler bouquin après bouquin /
dans les régiments du langage / nous avec le cinéma / c’est autre
chose / et d’abord la vie / ce qui n’est pas nouveau mais difficile
de parler / on ne peut guère que la vivre et la mourir / mais la
parler / hé bien, il y a les livres / oui / mais le cinéma nous
n’avons pas de livres / / l’enfant / secret / [sur noir] / finis / terrae
/ [Epstein, 1928] [sur noir 2] / les / yeux / verts / [Duras, 1980]
[sur noir 3] / 12’09 / Noir / Le Mystère Picasso (Clouzot, 1956) :
un gros plan de Picasso en noir et blanc, dans l’ombre et une
alternance très brève qui permet d’aperccevoir, comme par
effraction, la Danaé de Rejbkmbrandt (1636-1647)/ noir /
femme tirant un homme par les bras, Les Damnés de l’océan (The
Docks of New York, Sternberg, 1928) / noir / une très belle
libellule sur une feuille floue au ralenti / nous n’avons que la
musique et la peinture / et ceux-là aussi, vous le savez bien / se
vivent mais ne se parlent pas tellement / alors le cinéma / vous
comprenez peut-être un peu maintenant / pourquoi / quoi en
dire / parce que la vie c’est le sujet avec le scope / et la couleur
comme attributs / si on a les idées larges / la vie / je devrais
dire un début de vie / un peu comme l’histoire des parallèles
d’Euclide / c’est un début de géométrie / il y a eu d’autres vies /
Id. . / mon / cher / sujet / [Miéville, 1988] [sur noir] / / histoire
/ du (s) / cinéma / [iris] / une / vague / nouvelle / [sur bleu,
superposés] [sur noir 2] / le silence / [Bergman, 1963] / 12’40 /
Noir / femmes dans la rue, la nuit, La Page cachée (Sokourov,
1993) / noir / et il y en aura / il suffit de penser au lys qui se
brise / aux lions qu’on chasse avec des arcs / au silence d’un
hôtel dans le nord de la Suède / mais la vie des autres

188
déconcerte toujours / à plus forte raison / donc la vie toute
seule / que j’aurais bien voulu monter en épingle / pour faire
admirer / ou réduire à ses éléments fondamentaux / pour
intéresser les élèves / / la / page / cachée / [Sokourov, 1993] /
et / la vie / continue / [Kiarostami, 1992] [sur noir] / 12’55 /
Femme pleurant sur le balcon, King Lear (JLG, 1987) en
alternance clignotement très rapide avec une photographie de
femme / noir / Les esquimaux dans la neige, Nanouk, (Flaherty,
1922) / les habitants de la terre en général / et les spectateurs de
films en particulier / bref, la vie toute seule / que j’aurais bien
voulu retenir prisonnière / grâce à des panoramiques sur la
nature / des plans fixes sur la mort / des images courtes et
longues / des sons forts et faibles / des acteurs et des actrices
libres ou esclaves / que sais-je / mais la vie se débat / pire que
le poison de Nanouk / nous file entre les doigts / The Sea /
contes / de la / lune va / [Mizoguchi, 1953] [sur noir, manque
« gue »] / 13’16 / Noir / Monica Vitti, Le Désert rouge
(Antonioni, 1964) / une sorte de caméra archaïque qui pivote au
ralenti vers nous et nous vise, en fait c’est plutôt un canon ; à la
fin du plan s’inscrit : « eyes and ears of the wold », l’écrit monte
tout en haut du cadre et apparaît « the end » / noir / comme les
souvenirs de Monica Vitti / dans Le Désert rouge de la banlieue de
Milan / tout s’éclipse / et là j’en profite pour vous dire comme
par hasard / le seul grand problème du cinéma / me semble être
/ où et pourquoi commencer un plan / et où et pourquoi le finir
/ Id. / une / vague / nouvell [sic] [rouge] / montage / mon /
beau / souci / / [blanc, lettres décalées superposées ] / histoire
/ du (s) / cinéma / [iris blanc] / / le / contrôle / de / l’univers
/ [lettres décalées, en rouge, superposées] / [sur noir] / 13’37 /
Stroheim en prince d’Autriche-Hongrie, puis un plan d’autres
hommes en uniforme, La Symphonie nuptiale et mariage de prince
(The Wedding March, Stroheim, 1928) / quatre plans (avec un
noir) la fausse Maria sur un bûcher criant dans les flammes,
Metropolis (Lang 1927) / raccord sur un homme faisant le salut
hitlérien / noir / flamme au fond de la nuit / [Fugue de la mort,
1945 :] voix de Celan, / « der schreibt wenn es dunkelt nach /

189
Deutdschland / dein goldenes Haar Margarete / er schreibt es
und tritt vor das Haus und es blitzen die Sterne / er pfeift seine
Rüden herbei / er pfeift seine Juden hervor / laßt schaulfen ein
grab in der Erde / er befiehlt uns spielt auf nun zum Tanz » /
[« il écrit quand il va faire noir en Allemagne, / tes cheveux d’or,
Margarete, / il écrit et avance sur le seuil / et les étoiles
tressaillent, / il siffle ses grands chiens / et fait sortir ses juifs /
et creuser dans la terre, une tombe, / il nous commande, jouez
maintenant pour qu’on danse »] / / la / solution / finale /
[endlösung] / [juste après le nom de « margarete » sur noir /
14’00 / Le cadavre d’un homme sur un brancard de fortune
dans les camps, l’image en couleurs a été filmée par G. Stevens /
noir / derrière l’homme mort qu’on voyait sur le brancard, on
aperçoit des déportés debout / noir / les corps entassés dans un
wagon du convoi Buchenwald-Dachau / noir / plan plus
rapproché sur un seul visage parmi les morts du plan précédent
/ / [D- Day to Berlin (George Stevens, 1994)] / noir / d’autres
corps morts alignés au sol / noir / [Blanchot, à propos
d’Antelme, L’Entretien infini ? ] / « quand on sait de quelle
quantité de morts / et non de morts symboliques ou mimées /
mais de morts réelles / se paie l’avènement d’une seule vie / on
ne se soucie plus d’un quelconque sens… » / / pour / la /
patrie / [sur le noir qui succède au gros plan / sur un visage du
convoi ] / 14’10 / Plusieurs plans de guerre urbaine avec civils :
iris, un canon au coin d’une rue / des hommes creusant une
tranchée / une femme tirant une poussette au milieu des
bombardements / noir / plongée sur des gens qui courent dans
la rue / noir / lueurs d’une batterie antiaérienne / un tank tirant
dans une rue enneigée / batterie antiaérienne / noir / des
femmes, une jeune femme au centre, qui portent l’étoile jaune /
des corps allongés dans les camps / noir / Hitler tapotant et
caressant la joue d’un adolescent / des femmes à l’étoile jaune,
mains en l’air sous l’œil de soldats / « seulement la vie remplie
d’elle-même / jusqu’à un stade d’explosion / qui donne son seul
sens à cette vie / irréductible à tout sens / c’est en vivant la
combinaison / de toutes les forces du corps / que la vie cesse de

190
se questionner elle-même / et s’admet comme pure réponse /
événement qui n’a même plus besoin / de proclamer son
assentiment à elle-même / pour être le plus grand des
assentiments / rien qui ne puisse venir à bout de ce rapport / du
corps au monde… » / Bombardements avec bribes de musique
contemporaine / nous / devons / / être prêts / / à / verser / /
pas / seulement [letttres superposées] / / notre / sang / / mais
/ aussi / / celui / des / autres [letttres superposées] / / [sur les
noirs successifs] / histoire / du (s) / cinéma [« toi » est mis en
relief] / 14’46 / Photographie de Chaplin / surimpression
inquiétante : Chaplin déformé (« mélangé » à Hitler) et en
arrière-plan, une étoile jaune, un nazi, des tanks, puis très
progressivement Hitler prend le dessus et fait disparaître Chaplin
/ noir / Hitler en plan plus rapproché / « le degré zéro de l’autre
se pose / dès qu’on prononce le mot homme » / Bruits de
guerre et cri de femme quand Hitler prend le dessus sur Chaplin
/ d’ / après / moi [sur Chaplin] / / aprés / moi [en blanc sur
noir, sur Hitler] / / histoire / du (s) / cinéma / 15’07 / Plan de
vagues dans lesquelles on aperçoit un corps entrecoupé de noirs
très rapides / / Bombardement et musique Kurtág, id., 1989 /
histoire / du (s) / cinéma [lettres blanches, iris] / les / signes /
parmi / nous [en vert, lettres decalées] / [les deux titres sont
superposés] / 15’16 / Plan de l’extrême-onction d’Ivan qui se
soulève avant qu’on incline vers lui les Évangiles qui lui
recouvrent alors le visage / gros plan des mains de Pimène qui
se retirent des Évangiles / les mains des évèques se posant sur
les Évangiles, Ivan le terrible (Eisenstein, 1944-46)/ photographie
du visage de Staline mort / surimpression de Pimène se signant
(en haut) avec Staline qui passe en uniforme (en bas au centre) /
noir / des soldats coiffés de chapkas avancent dans des rues
dévastées par la guerre / ouvrière de la métallurgie devant des
fourneaux / mais de quoi meurt l’Europe / Dostoïevski né en
automne / mort en hiver / mais pourquoi était-il fasciné / par le
martyre d’un enfant innocent / par une brute / [Trois hommes :
Pascal, Ibsen, Dostoïevski / [Suarès, 1913], récité dans JLG/JLG ] /
Musique id / bsf en russe / l’homme / le / capital / le / plus /

191
précieux / [blanc sur noir] / [Discours de Staline, le 4 mai 1935]
/ 16’06 / Noir / plans d’enfants défilant (au ralenti et
mouvement saccadé) / parce qu’il faut qu’il y ait / un peuple
russe dans les langes / il faut que ces esclaves politiques / soient
admirables de liberté morale / il faut que ces brutes / dans
l’enfer de l’ivrognerie / Texte en russe, bsf ? / les / illusions /
perdues [sur noir] / / nous / acculerons / l’humanité / au /
bonheur / [sur plan des jeunes défilant] / 16’18 / Staline
saluant, clignotement et alternance très rapide avec une femme
au regard dur et inquiet, La Baie de la mort (Abraham Room,
1926) et photographie de Boris Barnet / femmes russes en
uniforme, souriantes en surimpression avec Staline saluant /
noir / / et des massacres / soient tout de même riches d’une
inconscience / qui n’a plus d’égale en Europe / il faut que ce
peuple / capable de tout parfois / comme les enfants cruels / et
qui dort le reste du temps / dans une affreuse impuissance / / à
l’ecole / des / tyrans / [jaune sur noir] / 16’30 / Une femme à
vélo croise un camion (à l’arrière : drapeau et banderole rouge et
homme saluant), Un Eté prodigieux (Boris Barnet, 1950) / noir /
un camion, avec une affiche de Staline, drapeau rouge,
banderole, passant devant des femmes au travail / noir / les
pieds nus d’une femme descendant un escalier enneigé, Zoya
(Lev Amshtam, 1944) / il faut pourtant qu’il soit le seul peuple
d’Europe / qui ait encore un dieu / [son superposé en français,
très peu distinct] / « tais-toi Cassandre / tant que nous ne
sommes pas réveillés » / The Sea / vertige / de / l’histoire / /
odyssée / de / l’utopie / 16’44 / Femme en gros plan qui tire
avec une mitraillette, Le Quarante et unième, (Grigori Tchoukhraï,
1956) / noir / / / Mitraillette et The Sea / monople / de la /
souffrance [toujours jaune sur noir] / 16’54 / Le visage
ensanglanté d’un enfant à terre (image vidéo) / noir / / [Un
passage d’un écrit théologique de jeunesse de Benjamin lu par
JLG :] / « pour l’amour / de quel lever de rideau / nous
dépouillons-nous de nos rêves / comment osons-nous au réveil
/ les porter à la lumière » / [Les Yeux verts, Duras, 1980 :] / ô /
dans la lumière / chacun de nous porte autour de soi / les rêves

192
invisibles / la musique nous élève tous / Id. , The Sea / douleur /
de la / révolution / croisade sans croix / [Kœstler, 1943] / histoire
/ du (s) / cinéma [sur noir] / histoire / toi / toi [sur noir] / toi
/ 17’16 / En très gros plan, une bouche de femme et un homme
au-dessus d’elle en amorce, en fondu enchaîné et surimpression
avec scène de valse puis contre-champ sur l’homme (Terence
Stemp) toujours en surimpression avec danse, Les Fiancés (Olmi,
1963) / jusqu’à ce trait de lumière / tu sais / qui jaillit sous le
rideau / quand un orchestre accorde ses violons / la danse
commence / alors nos mains glissent et se séparent / nos
regards s’abîment les uns dans les autres / nos corps s’effleurent
avec précaution / chacun évite de réveiller l’autre du rêve / de
lui faire regagner l’obscurité / quitter la nuit de la nuit / Id. / /
17’42 / Noir / qui n’est pas le jour / comme nous nous aimons
/ Id. / histoire / du (s) / cinéma / [blanc iris] / chapitre / 4b
[rouge, lettres superposées] / 17’50 / Noir / Un homme sur la
plage faisant pivoter une caméra, For Ever Mozart (JLG, 1996) /
« c’est d’ailleurs ce que j’aime / en général au cinéma / une
saturation de signes magnifiques / qui baignent dans la lumière
/ de leur absence d’explication » / [Manoel de Oliveira] / / les /
signes / parmi / nous [en blanc, effet de rémanence] / 18’08 /
Iris, gros plan de l’homme du couple au projecteur / noir / JLG
à son bureau à contre-jour (JLG/JLG, 1995) / noir / / « ça ne
se dit pas, cela ne se dit pas / [son superposé un autre homme
criant : « … exprimer simplement de la rancœur… »] / cela
s’écrit Flaubert, non / Pouchkine / Flaubert / Dostoïevski /
cela s’écrit Flaubert, Dostoïevski / cela se compose Gershwin,
Mozart / cela se peint Cézanne, Vermeer, / cela s’enregistre
Antonioni, Vigo / Festina lente (Arvo Pärt, 1988-1990) /
l’homme est / [très progressivement] [sur noir] / / un animal /
qui trahit / / et / l’histoire / / est / le film / / de sa / trahison
[sur JLG] / 18’47 / Phares d’auto dans la nuit, La Nuit du
carrefour (Renoir, 1932) / noir / homme paraissant très petit et
sortant d’un champ de blé, écrivant sur un cahier, King Lear
(JLG, 1987) / noir / homme devant la mer, King Lear / noir / /
Id. . / il / y avait / un / roman / / de / Ramuz / qui / racontait

193
/ / qu’un / jour / un / colporteur / / arriva / dans / un /
village [sur noir] / / au / bord / du / Rhône / / et / qu’il /
devint / ami [sur noir] / 19’23 / Saturnin courant à la rencontre
d’Angèle, Angèle (Pagnol, 1934) / noir / Pagnol suite, plongée
sur la charrette / noir / Pagnol suite / noir / / [Bsf Angèle : ] /
« Saturnin : Demoiselle, demoiselle ![sur noir] / Angèle : Qu’est-
ce qu’il y’a ? / S. : Demoiselle, j’ai pris un raccourci à toute
vitesse pour te dire un secret. / A. : Encore un ? Et qu’est-ce
qu’il y a ? » / Musique id. / avec / tout / le / monde / / parce
qu’ / il / savait / raconter / / mille / et / une / histoires / / et
/ voilà / qu’un / orage / éclate / 19’44 / Plan de tempête, Au
bord de la mer bleue (Boris Barnet, 1936) / noir / Barnet id. / noir
/ noir entrecoupé de plans en noir et blanc très contrastés objets
indéfinis / / musique id. et cri en russe (bsf Au bord de la mer
bleue) sons superposés autre musique (du film ?) / et dure / des
/ jours et / des jours [x2] / / et alors / le / colporteur / raconte
/ / que c’est / la fin / du / monde [x3] / [sur noir] / 20’31 / La
sœur de Marion découvrant le cadavre dans la cave, plan de
l’ampoule qui balance, Psychose (Hitchcock, 1960) / noir / un
enfant qui sort la tête d’un wagon avant qu’on ne voit un
militaire refermer la porte d’un vagon / noir / / musique id. et
cri de Psychose, sons superposés des violons suraigus de Hermann
/ que c’est / la fin / du / monde / / mais / le soleil / revient /
enfin / / et les / habitants / du / village / [sur noir] / 21’02 /
Clignotement et iris très rapides coucher (ou lever) de soleil, Je
vous salue, Marie (JLG, 1984) et vielle femme relevant un homme
mort, Le trésor d’Arne (Stiller, 1919) / noir / / musique id. /
chassent / le / pauvre / colporteur [sur noir] / 21’08 / Homme
tirant sur un autre derrière une fenêtre, Rio Bravo (Hawks, 1959)
/ noir / / / coups de feu, sirènes et musique id. / ce /
colporteur / c’était / le cinéma / / c’était / le / cinéma / [sur
noir] / 21’22 / Une lumière dans l’obscurité, La Nuit du carrefour
et un homme qui sort du noir et dit : « Les phares, éteignez les
phares » (Renoir, 1932) / noir / cours de chant dans Citizen Kane
(Welles, 1941) / iris, photographie de Sartre / noir / / musique
id. et début bsf : cours de chant dans Citizen kane : « No, no, no,

194
no, no… » et autre musique ? / c’était / le / cinéma / c’était [x2]
[en plus gros] / « Citizen / Kane / n’est pas / pour nous / un
exemple / à suivre » / [sur noir et sur la photographie de Sartre,
article de Sartre paru dans L’écran français en 1945] / histoire / du
(s) / cinéma / [iris, on ne voit que des bribes] / l’écran /
français / [rouge en sur] / 21’53 / Homme sur une montagne
devant des flammes, Macbeth (Welles, 1948) iris et surimpression
Sartre / Sartre (autre image, il fait un discours) fondu enchaîné,
une femme avec un chapeau, La Belle et la bête (Cocteau, 1946) /
noir / [Discours de Sartre sur la guerre du Vietnam :] / « …
parce qu’ils n’aiment pas le système communiste qui d’ailleurs
s’établit lentement et difficilement, étant donné les ravages
causés sur la terre vietnamienne » / bsf Citizen Kane, suite du
cours de chant : « Some people can sing, some can’t …
Impossible, impossible »? / orson / welles / se / moque / de /
l’histoire [sur le plan de Macbeth] / / de / l’histoire / [jaune sur
Sartre et film Cocteau] / C’était / [sur noir, en gros caractères
sur « histoires du cinéma] / 22’31 / Femme donnant à manger à
un enfant, Kino-Pravda (Vertov, 1922) / noir / / [Sartre suite :] /
« si le système communiste ne plaît pas à tout le monde » ?; /
[JLG, superposé : ] / oui mais l’histoire / au fond qu’est-ce que
c’est / tout au fond Malraux / / id. [sur noir] / 22’37 / N.
Wood en accéléré puis arrêt, puis retour en arrière, iris, se
retourne vers nous, La Prisonnière du désert (Ford, 1956) /
contrechamp sur John Wayne / noir / / nous sentions tous /
que l’enjeu appartenait / à un domaine plus obscur que le
domaine politique / Braudel / qu’on mesure la foule de ceux /
qui nient leur misère / Musique The Sea / id. [sur N. Wood qui
se retourne] / id. [sur noir] / 22’48 / Ginny entourée d’hommes
qui l’embrassent, La Fièvre dans le sang (Kazan, 1961) / le nombre
de ces cœurs qui veulent être eux-mêmes / vivre de leur vie
malgré tout / Id. / histoire / du (s) / cinéma / [iris bribes] /
c’était / [vert, superposé] / 22’54 / On déterre les corps du
couple à Pompéi, Voyage en Italie (Rossellini, 1953) entrecoupé de
noirs / comme si notre vie était à nous / hélas, à notre
disposition / et cet enfoiré de Cioran / rien de ce que nous

195
savons / ne reste sans expiation / nous payons chèrement tôt
ou tard / n’importe quel courage de la pensée / ou indiscrétion
de l’esprit / et le jeune Péguy / / voyage / en / Italie / [sur
noir] / 23’18 / Homme et femme dans un cimetière, Lou n’a pas
dit non (Miéville, 1994) / ah, l’histoire / une sombre fidélité pour
les choses tombées / [sons superposés:] / « j’tavais prévenu,
témoin signifie … / « j’tavais prévenu, témoin signifie … /
histoire / du (s) / cinéma / [sur plan] / 23’20 / Couverture de
Clio (Gallimard, Charles Péguy, 1932), iris plan d’une femme
courant vers un homme mort, au sol, La Croisée des destins, le titre
(Clio) reste à l’image (Cukor, 1956) / même structure du plan
avec Cosette avec son sceau, Les Misérables (Raymond Bernard,
1933) / même structure avec Louise Brooks le revolver en main,
Loulou (La Boîte de Pandore, Pabst, 1929)/ même structure, détail
(visage femme), saint Sébastien soigné par Irène (Georges de la Tour,
1649) / même structure avec autre visage de femme, Crucifixion
(Grünewald, 1511-20) / même structure avec femmes des camps
les bras sur la tête / même structure avec une photographie de
Louise Rainer vers 1930 / / / martyr » / sirène de pompiers /
Chanson ridicule en italien (à partir des Misérables), fin de la
chanson sur le dernier plan de la série / / 24’06 / Même
structure série précédente avec jeune fille et jeune homme sur
une barque, Les Dernières vacances (Roger Leenhardt, 1947) / id.
avec vieille femme portant un fardeau / [voix de femme :] /
« voyez-vous Péguy, dit-elle / aujourd’hui ils en appellent au
jugement de l’histoire / c’est l’appel moderne / c’est le jugement
moderne / / / 24’16 / Noir / photographie de morts au
Rwanda / noir / photographie sculpture égyptienne / noir / iris
femme avec étoile jaune, au-dessus gravure enfant mort en
alternance avec fusil brandit / alternance même gravure et fusil
/ pauvres amis / ils me prennent pour le juge / et je ne suis que
la demoiselle de l’enregistrement / on nous a dressé un appareil
/ dit-elle / nous vivons dans un système / où on peut tout faire
/ excepté l’histoire de ce qui se fait / où on peut tout achever /
excepté l’histoire de cet achèvement / voyez-vous, Péguy, dit-
elle / The Sea / qui veut / se souvenir / doit se confier / à

196
l’oubli / / au risque / de / l’oubli / absolu / / et ce beau /
hasard / que devient / le souvenir [vert sur noir] / 25’00 / Noir
/JLG de dos devant un écran, (JLG/JLG, 1995) / le soir tombe
toujours / / histoire / du (s) / cinéma / 25’02 / id. / noir / /
[Citation dans JLG/JLG de Mais l’original est image, essai de Pierre
Reverdy paru dans la revue Nord Ouest. Reverdy parle aussi de
l’image dans Gant de crin :] / « une image n’est pas forte / parce
qu’elle est brutale ou fantastique / mais parce que l’association
des idées est lointaine » / musique de la bsf de JLG/JLG / de /
l’autre / cinéma / / qui / devint / l’ami / / du / monde / entier
/ 25’15 / Iris et surimpression d’une valse de Madame de…
(Ophüls, 1953) et salle de cinéma avec un homme assis qui se
retourne vers une femme au premier plan debout, La Marie du
port (Carné, 1949) / « lointaine et juste » / Musique du film
d’Ophüls et bIris / ma / dame / de / jaune sur plan] / 25’26 /
Iris : au centre en alternance, un oiseau au bec très pointu avec
un casque sur la tête, un visage et un animal, La Tentation de saint
Antoine (Bosch, 1505-10) et (image d’arrière- plan) Le Moulin
Rouge à Pigalle à Paris / / noir / [Péguy, suite :] / « on m’a
donné un nom, l’histoire / [à la fin] / [bsf : ] / « et j’vous aime »
/ silence / The Sea / / 25’38 / Surimpression photographie
Stroheim (vers 1954) et une main qui manipule de la pellicule /
noir / / et un prénom, Clio / The Sea / rapprocher / les /
choses / / qui / n’ont / encore / [Bresson dans Notes sur le
cinématographe ] [sur noir] / 25’45 / Peinture, un homme assis,
Trois études pour Lucian Freud (Francis Bacon, 1969) / / qu’eût-ce
été s’il ne se fût point agi d’un texte / mais d’un mouvement
même / / / 25’48 / Keaton toujours avec son air triste et un
homme qui s’élance vers lui avec une sale tête, Sherlock Jr
(Keaton, 1924) / femme au téléphone, et alternance rapide avec
Cary Grant, La Dame du vendredi (Hawks, 1940) / d’une idée de
réalité de vie / et vous savez ce que je n’aime pourtant pas /
abuser de ces mots / ou simplement / s’il se fût bien agi encore
d’un texte / / jamais / été / rapprochées / [sur le plan de
Hawks] / 26’01 / Noir / Des mains qui manipulent de la
pellicule sur un banc de montage, King Lear (JLG, 1987) / mais

197
s’il ne se fût point agi / de déterminer des textes sur un mot /
mais sur une idée par exemple / ou sur une intention / sur un
mouvement / sur un usage / ou sur une parenté / quelqu’un
parle en anglais : « the present, the future, and the past » / bruit
continu de soufflerie (les machines de montage ?) / rapprocher
/ les / choses / / qui / n’ont / encore / jamais été /
rapprochées / / et ne / semblaient / pas / / disposées / à /
l’être / 26’29 / Noir / / bruit de montage (soufflerie et coupes)
/ les / signes / parmi / nous / [recouvrent « histoires du
cinéma », et rémanence sur noir] / 26’35 / Le Christ descendant des
limbes (Cézanne, 1863) / iris au centre : un texte sur la langue et
l’image puis iris dans texte : foule (au ralenti) de gens qui lèvent
les bras comme pour ne pas se noyer, Metropolis (Lang, 1927) /
ou simplement / s’il se fût bien agi encore d’un texte / mais s’il
ne se fût point agi / de déterminer des textes sur un mot / mais
sur une idée par exemple / ou sur une intention / sur un
mouvement / sur un usage / ou sur une parenté / une femme
parle en anglais de la passion puis un homme de royaume. / les
/ signes / parmi / nous / [sur tableau] / 27’10 / Noir /
surimpression mitraillettes et hommes très colorés au premier
plan clignotement très rapide avec volets horizontaux : un
homme s’avançant au ralenti avec fusil / autre plan, palestinien
au ralenti en plongée qui tient un fusil, Ici et ailleurs (JLG, 1975) /
/ une voix d’enfant qui mime la guerre (en arabe) / début de
chanson en polonais / rapprocher / les / choses / [sur noir et
sur plan 1] / [id.. sur plan 3] / et, qui ne / semblent / pas /
27’28 / Surimpression bobines de montage qui tournent et (à
gauche) photographie d’Eisenstein / / Bruit de moteur et
chanson / [clignotement] israël / [jaune sur plan] /
[clignotement] ismaël / israël / c’était / 27’58 / Noir / une
grimace horrible en gros plan de Rotwang, le savant de
Metropolis, (Lang, 1927) / / The Sea (percussions lentes et
presque lointaines) / si / je ne / Mabuse / [Lang, 1922] sur noir
/ alleman / juif / [en très gros caractères, manque le d] / 28’14
/ La Déposition du Christ (Grünewald, 1504-05) / noir / / / Id. . /
/ 28’17 / Soldats allemands au ralenti tirant un corps,

198
mouvement de caméra qui donne à voir progressivement le
corps / [Sur le plan de l’homme mort, Hegel est cité avec écho,
en français et en allemand, Principes de la philosophie du droit, 1821:]
/ « lorsque la philosophie peint dans la grisaille / une
manifestation de la vie achève de vieillir / on ne peut pas la
rajeunir avec du gris sur du gris / seulement la connaître. » / /
alleman [sur militaires] / juif / musul / man / [sur le corps
qu’on traîne] / 28’41 / Noir / noir / une voiture roulant sur un
panneau sur lequel est inscrit : « Karl Marx Sraße », un train la
nuit, Allemagne 90 neuf zéro (JLG, 1991) / Marguerite / Germaine
/ Margarete / Milena / N’est-ce pas Djamila ? / [bsf Allemagne
90 neuf zéro :] / « Joyeux non-anniversaire » / l’espèce / humaine
/ [Robert Antelme, 1947] / n’est- / ce / pas / [gros caractères
sur noir] / 28’56 / Jeune femme en gros plan disant (cf texte),
For Ever Mozar (JLG, 1996) / / « je n’ai pas pensé à la mort / il
n’y a pas de mort / il y a seulement / moi qui vais mourir » /
[sons superposés, Clio :] / « voyez-vous Peguy dit-elle, rien n’est
aussi commode qu’un texte / / / 29’13 / Une image de bande
dessinée ( ?), une femme lisant / La Naissance de Vénus
(Botticelli,1478) avec le livre de l’image précédente / / et rien
n’est aussi commode qu’un mot dans un texte / nous n’avions
que du livre / à mettre dans du livre / que serait-ce quand il faut
dans un livre / / / 29’23 / Chat se retournant l’air terrifié
(cartoon de Tex Avery), un texte en surimpresion/ / dans du
livre mettre de la réalité / et au deuxième degré / quand il faut
dans la réalité / mettre de la réalité / silence / The Sea / montage
/ inter / dit / / par / andré / bazin / 29’32 / Photographie de
Bazin (un portrait et l’autre où il remet sa veste) puis à gauche
(et tout le cadre) jeune femme faisant un footing, Nadia à Paris
(in Paris vu par, Rohmer, 1964) / qu’arrive-t-il toujours, mon ami
/ le soir tombe / les vacances finissent / il me faut une journée
/ pour faire l’histoire d’une seconde / / la robe / sans / couture
/ / de / la / réalité / [rouge] / 29’50 / Photographie de Lang
regardant dans le viseur d’une caméra 35 / gros plan de Che
Guevara mort / / il me faut une année / pour faire l’histoire
d’une minute / / / 30’00 / Clignotement, Che Guevara bien

199
vivant avec son fameux béret et détail d’une toile de Goya avec
peut-être du sang (1787) / noir / il me faut une vie pour faire
l’histoire d’une heure / / / 30’3 / Une gravure de femme
effrayée avec son enfant / noir / une autre avec deux femmes
nues fondu enchaîné / il me faut une éternité / pour faire
l’histoire d’un jour / on peut tout faire / excepté l’histoire de ce
que l’on fait / / de / la / réalité / [rouge] / 30’16 / Iris homme
en contre-jour avec caméra sur grue, Scénario du film Passion (JLG,
1982) / / / The Sea / / 30’22 / Noir / « le privilège est pour moi
/ Id. / histoire / du (s) / cinéma / [sur noir] / moi / toi /
30’27 / Vue (plongée totale) sur un enfant dans un espace réduit
en clair obscur, plan plus rapproché, il semble tenir une partition
dans la main alors que de l’autre il touche les murs comme pour
prendre connaissance de l’espace dans lequel il se trouve, Dead
and Blind (Wiseman, 1986) / noir / clignotement une main en
noir et blanc en très gros plan et très gros plan du visage en noir
et blanc de JLG / une autre main et une autre photographie de
JLG / de filmer / et de vivre en France / en tant qu’artiste /
rien de tel qu’un pays qui descend chaque jour / d’un degré dans
la voie de son inexorable déclin / rien de mieux qu’une contrée
toujours plus provinciale / dirigée par les équipes tournantes /
des mêmes incapables, malhonnêtes / et tous corrompus de leur
soutien à un régime / de totale et permanente corruption / / les
/ signes / parmi :nous / [en jaune sur plan 1 main et visage] /
30’53 / Mains s’approchant d’un dos nu de femme, Un chien
andalou (Buñuel, 1928) / mains très étranges comme celles d’un
cadavre, se dirigeant vers un mur ou de l’eau, La Rue sans joie
(Pabst, 1925) / noir / quoi de préférable / à ce logement sur
une terre / où la justice s’apparente au pire bazar / / de / l’autre
/ cinéma / 31’O6 / Mains entourant le visage d’une femme, Le
Violent, Ray, 1950) / femme mettant sa main sur la bouche d’une
autre comme pour l’empêcher de parler, La Belle et la bête,
(Cocteau, 1946) / noir / quel artiste ne rêverait pas d’une telle
nation / la quatrième puissance économique mondiale / nous
dit-on / / / 31’14 / Une petite patte d’animal dans la main d’un
homme / une main donnant l’hostie à une jeune femme, Le

200
Procès de Jeanne d’Arc (Bresson, 1961) / noir / alors que le
démenti dort devant notre porte / en attendant une pièce / pour
faire taire un peu / les douleurs de qui a faim / The Sea (6) /
lamarche / vadel / [vert sur noir] / 31’35 / Une main qui
semble implorer ? fondu enchaîné une statue avec un homme
(qui ressemble plus à Kirk Douglas qu’à un russe) dessus dans
Octobre (Eisenstein, 1928) / photographie Hemingway et son
petit enfant / oui, c’est de notre temps / que je suis l’ennemi
fuyant / oui, le totalitarisme du présent / tel qu’il s’applique
mécaniquement / chaque jour plus oppressant au niveau
planétaire / cette tyrannie sans visage / qui les efface tous au
profit exclusif de l’organisation / systématique du temps unifié
de l’instant / cette tyrannie globale et abstraite / de mon point
de vue fuyant / je tente de m’y opposer / Id. / / 32’21 /
Photographie de Hemingway en clignotement très rapide avec
autre plan fenêtre puis arrêt sur une photographie de Guy
Debord / noir / parce que je tente dans mes compositions / de
montrer une oreille qui écoute le temps / et tente aussi de le
faire entendre / et de surgir donc dans l’avenir / la mort étant
déjà comprise dans mon temps / je ne puis en effet qu’être
l’ennemi de notre temps / puisque sa tâche vise justement /
l’abolition du temps où je ne vois pas dans cet état / qu’une vie
mérite d’être vécue / Id. / hollis / frampton / [jaune sur noir] /
32’31 / Des hommes courent, le plan se répète verticalement
comme s’il y avait un problème de défilement lors d’une
projection, Vendémiaire (Feuillade, 1918) / « quand un siècle se
dissout lentement dans le siècle suivant / quelques individus
transforment les moyens de survie / anciens en moyens
nouveaux / / / 32’42 / Noir / un oiseau de mer, La Forêt
interdite (Ray, 1958) / noir / femme dans film id. / femme de dos
dans une salle de bain, et traversant d’un pas rapide tout un
appartement (couloirs) Faces (Cassavetes, 1968) / noir / ce sont
ces derniers que nous appelons art / la seule chose qui survive à
une époque telle quelle / c’est la forme d’art qu’elle s’est créée /
aucune activité ne deviendra un art / avant que son époque ne
soit terminée / [citation modifiée de Frampton, 1971] / bsf en

201
anglais / histoire / du (s) / cinéma / chapitre / 4b [vert sur
noir] [superposés] / les / signes [jaune sur noir] / parmi / nous
[jaune sur noir 2] / 33’02 / Chaplin jouant du violon, Limelight
(Chaplin, 1952), chute du pianiste / noir/ chute de Chaplin /
ensuite cet art disparaîtra / musique de Limelight / silence sur
l’image de la chute de Chaplin / / 33’25 / Noir / Foule de
militaires, ils courent avec drapeaux rouges, et plan plus
rapproché avec des femmes, La Chute de Berlin (Michaïl
Tchiaourelli, 1949) / c’est ainsi que l’art du dix neuvième / le
cinéma / fit exister le vingtième qui par lui-même / exista peu /
Bruit de foule et chants de La Chute de Berlin / toutes / les /
histoires / / une / histoire / seule / 33’36 / Noir / image
d’archives militaires avec de Gaulle au ralenti / iris au centre
photographie Rimbaud enfant / [Rimbaud :] / « les hommes et
les femmes / croyaient aux prophètes / maintenant on croit à
l’homme d’état » / The Sea (7) / Arthur / Rimbaud / [sur noir] /
33’51 / Noir / Dessin de Staline par Picasso (1953), lent fondu
enchaîné avec la gravure de deux femmes avec un oiseau (La
Paix, Picasso, 1950) fondu enchaîné lent : statue / rien n’est plus
contraire à l’image de l’être aimé / que celle de l’état / dont la
raison s’oppose à la valeur souveraine de l’amour / l’état n’a
nullement, ou il a perdu ,le pouvoir / d’embrasser devant nous
la totalité du monde / cette totalité de l’univers / donnée en
même temps / au dehors dans l’être aimé / comme un objet /
au dedans dans l’amant / comme sujet / Id. / Georges / Bataille
/ [sur noir] / 34’19 / Photographie de Maurice Blanchot fondu
enchaîné / « le cinéma ne craignait donc rien des autres / Id. /
Maurice / Blanchot / 34’26 / Personnage terrifiant, Nosferatu,
eine Symphonie des Grauens (Murnau, 1922) iris et fondu enchaîné,
au ralenti une foule de têtes couvertes de longs tissus gris, un
drapeau rouge au premier rang / noir / ni de lui-même / il
n’était pas à l’abri du temps / il était l’abri du temps / oui,
l’image est bonheur / mais près d’elle le néant séjourne / et
toute la puissance de l’image / ne peut s’exprimer qu’en lui
faisant appel / il faut peut-être ajouter encore / que l’image /
capable de nier le néant / est aussi le regard du néant sur nous /

202
elle est légère / et il est immensément lourd / elle brille / et il
est cette épaisseur diffuse / où rien ne se montre / Id. / / 35’03
/ Toile, un couple dans l’herbe, Jawlensky et Werefkin (Gabriel
Münter, 1908-09) lent fondu enchaîné / Emily Dickinson / le
plus éphémère des instants / possède un illustre passé / / Emily
/ Dickinson / 35’25 / Une silhouette à contre-jour portant un
corps de femme morte, Le Cabinet du Dr Caligari (Wiene, 1919) /
/ Id. / histoire / du (s) [supeposés à :] / cinéma / cinéma /
histoire(s) / [rouge] / 35’31 / Une loupe sur l’œil d’un homme
dans Monsieur Arkadin (Welles, 1955) lent fondu enchaîné plan
horrible de l’œil, Un chien andalou (Buñuel, 1928) sur main d’une
monteuse coupant de la pellicule et un plan de JLG de profil
dont le visage est caché par un noir, iris, (JLG/JLG, 1995) / noir
/ [Canto I, Ezra Pound, 1930. / Voix d’Ezra Pound :] / « But
first Eleonor came, our friend Elpenor, / unburried, cast on the
wide earth, / limbs that we left in the house of Circe / unwept,
unwrapped in the sepulchre, since toils urged other. / Pitiful
spirit. » / [trad. P. Lamarque : « Mais en premier vint Elpenor,
notre ami Elpenor, le non enseveli, l’abandonné à la vaste terre,
dont nous avions laissé les membres dans la demeure de Circé,
sans larmes, sans robe de sépulcre, pour d’autres tâches plus
urgentes. Pitoyable esprit. »] / Id. / le / je ne sais / quoi / / et le
/ presque / rien / [Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, Vladimir
Jankélévitch, 1957] / 35’52 / Desdémone marchant sous des
arcades et les yeux (clair obscur) d’un homme qui la regarde,
puis entrelacement de plans qui donne le vertige, se termine par
un gros plan de Desdémone (qui semble découvrir la rose du
plan suivant), Othello (Welles, 1952) / / Id. / le / cinéma / seul /
[sur noir] / 36’3 / Gros plan d’une rose jaune, Allemagne 90 neuf
zéro (JLG, 1991) / / Id. / usine / de / rêve / 36’14 / Noir /
silhouette d’un homme qui marche, Etude pour le portrait de Van
Gogh (Bacon, 1957) clignotement très rapide avec la rose jaune et
le visage de JLG (rose jaune à la bouche) puis retour sur le
tableau de Bacon fondu enchaîné très lent sur le visage de JLG /
[Borgès, Livre des rêves,, 1976 :] / « si un homme / si un homme
traversait le paradis en songe / qu’il reçût une fleur comme

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preuve de son passage / et qu’à son réveil il trouvât cette fleur
dans ses mains / que dire alors / j’étais / cet homme. » / / jorge
/ luis / borges / 36’36 / / / / [générique de fin :] / production
/ gaumont / cnc / fémis / periphéria / histoire / du (s) /
cinéma /

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