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Transformer la boue en or

Transformer le laid en beau

Dès l’Antiquité, l’alchimie cherche à transformer des métaux vils en or ou en argent. Pour ce faire, elle
souhaite utiliser la pierre philosophale, hypothétique artefact censé agir sur les métaux et prolonger
la vie. Ici, comme pour de nombreux artistes au XIXème siècle, la poésie serait la pierre philosophale
capable de sublimer la matière. Ainsi, Baudelaire métamorphose la réalité par un langage particulier
et transformer la boue en or. Il expose ce projet dans des Fleurs du Mal, Baudelaire a écrit : « Tu m’as
donné ta boue et j’en ai fait de l’or ».

Baudelaire est connu pour sa capacité à trouver une beauté cachée dans des éléments considérés
comme laids ou repoussants. Pour cela, il emploie un langage particulier qui sublime tout ce qui est a
priori banal, laideur ou souffrance.

C'est ce que suggère le dernier quatrain du poème intitulé « Le Soleil ». Grâce à une analogie,
Baudelaire associe ainsi le poète et le soleil car chacun « ennoblit le sort des choses les plus viles ».

En effet, dans « le Soleil », le poète décrit la ville sous le soleil en sous entendant que ce beau temps
lui facilite l’écriture et embellit la ville. A cette époque, la plupart des poètes voyaient la ville comme
un lieu toujours pluvieux, triste et négatif, alors qu’ici Baudelaire nous en montre tout le contraire.

En comparant le poète au soleil, Baudelaire cherche à montrer que le poète possède les mêmes
pouvoirs que le soleil, soit de contribuer à l’éclosion de la vie, de réjouir les êtres humains et
d’embellir le monde.

Il faut d’abord se plonger dans le mal pour accéder à la beauté

Selon la tradition ésotérique, la seule solution pour le poète d’atteindre le bien est de procéder de
manière inversée et d’aller s’enfoncer plus encore dans le mal pour renaître autre et plus pur.

C’est pourquoi on retrouve dans les Fleurs du mal le thème de la décomposition que l’on peut
aisément rapprocher de la boue, souvent symbole de l’œuvre au noir dans le processus du Grand
Œuvre pour sublimer la matière.

Dans l’alchimie poétique de Baudelaire, on ne peut partir que de la boue pour trouver l’or.

Exemple : « une charogne » , c’est de l’horreur d’un corps en décomposition que naissent les visions
esthétiques dans une charogne.

il compare une femme à une charogne (« une charogne infâme »), donc à la laideur, mais aussi la
charogne à une fleur (« comme une fleur s’épanouir »). Par ce biais, il semble extraire la beauté de la
laideur.
« Et le ciel regardait la carcasse superbe// comme une fleur s’épanouir »

Il change une matière repoussante, sans valeur « la carcasse » en objet précieux. + utilise oxymore
Capter la beauté des choses

La poésie est une mise en valeur des aspects les plus modestes ou ordinaires du monde auquel on
redonne éclat et de la valeur.

 Il capte la beauté des choses les plus simples, et peuvent susciter tout un univers imaginaire
 Rendre extraordinaire l’ordinaire, visible l’invisible

Ex : « La pipe » « Le Flacon » appellent tous les deux pour Baudelaire des images orientales et
suscitent une dérivée de la rêverie.

Le parti pris des choses Francis Ponge, Les poèmes de ce recueil s'attachent à décrire des éléments du
quotidien, choisis chacun pour son extrême banalité. Il s'agit ainsi pour lui de rendre compte de la
beauté des choses du monde, souvent oubliée dans leur usage. Il s'attarde sur « le cageot », « la
bougie » ou encore « le pain ». Il choisit ici le poème en prose mais il parvient à donner une valeur
poétique à ces choses qui sont transfigurées sans jamais être dénaturées

Les poètes maudits rejetés par la société

Si ces poètes se penchent sur ces objets exclus, c’est aussi parce qu’ils ressentent une sympathie pour
ces êtres rejetés par la sociétés, puisque ce sont eux même des marginaux.

Le poète a le pouvoir de voir la beauté dans la laideur ce qui le rend incompris et fait de lui un être
déchu.

Exemple : dans « l’Albatros » (spleen et idéal), Baudelaire s’assimile à l’Albatros qui perd toute sa
beauté lorsqu’il est en société mais retrouve sa valeur lorsqu’il vole, comme le poète qui est
incompris parmi les hommes, incapable de s’adapter aux réalités ordinaires, mais qui brille lorsqu’il
crée et est en relation avec le divin.

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