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mathématiques
MPPES
ENS/UAM
Rabiou OUSMAN
Programme
• Généralité : objets, fondement, méthode, concepts
• Résolution de problèmes
• Erreurs et obstacles
• L’analyse de programme
• Planification (analyse et élaboration de séquences…)
- La préparation d’un chapitre de cours (incluant la préparation
matérielle), et notamment l’introduction d’une nouvelle notion.
- Choix d’activités pour susciter et maintenir la motivation ;
réponses à apporter aux élèves qui ne comprennent pas toujours
l’intérêt d’étudier notre discipline.
• L’analyse de manuels scolaires (rédaction d’exercices, etc.).
• Evaluation (construction, rédaction, barème, correction, compte-
rendu, exploitation)
• Etudes de quelques thèmes
Préliminaire:
Perception et représentation sur les
mathématiques
Activités
• 1 + 1 = 10
Tout est question de point de vue
Pourquoi faire des maths ?
Mais que diable allait-il faire dans cette galère? Molière
• Se faire plaisir
Jeux mathématiques
• Devenir citoyen
Le péché fondamental des religions: faire des adeptes qui ne posent plus de questions. L'attitude scientifique est exactement à l'opposé.
Albert Jacquard
En mathématiques, « évident » est le mot le plus dangereux. Eric Temple Bell
• Comprendre le monde
On ne peut expliquer le monde, faire ressentir sa beauté à ceux qui n’ont aucune connaissance profonde des mathématiques.
Richard Feynman
Le livre de la nature est écrit dans un langage mathématique. Galilée
• Partager l’Histoire
Il n’y a rien de si peu historique…que l’histoire des mathématiques. Jean Cavaillès
• Chercher
Trouver quelque chose en mathématiques, c’est vaincre une inhibition et une tradition. Laurent Schwartz
Les mathématiques ne sont pas une moindre immensité que la mer. Victor Hugo
• Lutter
La femme a la passion du calcul : elle divise son âge par deux, double le prix de ses robes, triple les appointements de son mari et ajoute cinq
ans à l’âge de sa meilleure amie. Marcel Achard
1995 : Les filières scientifiques pour les filles : oui, c’est possible !
2010 : http://surlechemindelamixite.onisep.fr/
• Avoir des clés
Utiliser les maths comme outil de sélection est décidément une aberration. Sur
quoi sélectionner alors? direz-vous. La vraie question est : Pourquoi sélectionner?
Et je ne connais pas la réponse. Albert Jacquard
Pourquoi apprendre à calculer la surface d’un losange? Au cours de ma vie, je n’ai jamais compté aucun losange
parmi mes relations. Jacques Sternberg
• C’est difficile
Si les gens ne croient pas que les mathématiques sont simples, c’est parce qu’ils ne savent pas à quel point la vie
est compliquée. J. Von Neumann
• C’est pénible
Pour la plupart de nos contemporains, les mathématiques sont administrées et ingurgitées comme un médicament.
Seymour Papert
• Ca fait peur
C’est étrange qu’en France on ait une telle terreur des mathématiques car pour moi, les maths, c’est la vie, c’est la
logique de la vie. Marjane Satrapi
Conclusion
Objectif : médaille Fields
Activité :
Des méthodes
Les méthodes utilisées reposent sur l'analyse du travail de l’enseignant,
l'analyse des activités des élèves, des questionnaires (quantitatif), des
entretiens (qualitatif), les analyses vidéographiques (études de cas)....
Émergence de la didactique
Grandes étapes de l'émergence de la didactique
De Comenius (« la grande didactique » publié en 1649) à
aujourd'hui, la didactique a recouvert plusieurs sens.
Tantôt Synonyme savant de pédagogie, tantôt « ce qui
est propre à instruire », ou comme ensemble de
recettes et d'astuces (avant 1980) :
R. LAFON (1963) : « art d'enseigner exercé par un adulte
», H. PIERON (1963) : « Science auxiliaire de la
pédagogie relative aux méthodes les plus propres à
faire acquérir telle ou telle matière... », G. MIALARET
(1979) : «Ensemble des méthodes, techniques et
procédés pour l'enseignement… »
Les variables didactiques
Activité
• Vous devez construire un problème ou exercice d’application
de mathématiques pour des élèves. Quels sont les différents
éléments que vous devez prendre en compte ?
• Essayez de regrouper ces éléments en catégories
Eléments de réponse
• les connaissances préalables des élèves
• les outils qu’ils peuvent utiliser
• le contrat entre l’élève et l’enseignant (rapports
interpersonnels du point de vue du savoir)
• l’objectif du problème
• les connaissances utilisées/visées
…
Un exemple de réponse
J'ai trois fois l'âge que vous aviez quand j'avais l'âge que
vous avez, et quand vous aurez l'âge que j'ai, la somme
de nos âges sera 154. Quels sont nos âges aujourd'hui ?
Quel est l'âge de mon père?
a) f définie par :
1 1
g x
b) g définie par : 1 | x | 1 | x |
1
h x
c) h définie par : 10 sin x cos x
1
k x
d) k définie par : 1 cos 2 x
Questions :
• Quels sont les paramètres utilisés par les auteurs de ce manuel ? Dans quel but ?
• Quelles difficultés les élèves peuvent-ils rencontrer ?
• Imaginer une synthèse que peut faire l’enseignant à l’issue du travail sur ces exercices.
Apport théorique
De cette analyse, il ressort l'importance de certains éléments
pour une situation. C'est cela qui a mené G. Brousseau (1982) à
dire : « Un champ de problèmes peut être engendré à partir
d’une situation par la modification de certaines variables qui, à
leur tour, font changer les caractéristiques des stratégies de
solution (coût, validité, complexité, etc.) […] Seules les
modifications qui affectent la hiérarchie des stratégies sont à
considérer variables pertinentes et parmi les variables
pertinentes, celles que peut manipuler un professeur sont
particulièrement intéressantes: ce sont les variables didactiques
». « Ces variables sont pertinentes à un âge donné dans la
mesure où elles commandent des comportements différents. Ce
sont des variables didactiques dans la mesure où en agissant sur
elles, on pourra provoquer des adaptations et des régulations:
des apprentissages »
Définition de « variable didactique »
• Une variable didactique est un paramètre de la situation qui
peut prendre plusieurs « valeurs » selon la décision du maître.
• une variable didactique est un élément dont la variation est
susceptible de modifier le processus de résolution que les élèves
vont adopter (et donc l’apprentissage). La modification peut
avoir un effet prévisible sur les procédures : les faire évoluer, les
rendre inadéquate, les bloquer, les favoriser,…
Les variables à disposition de l’enseignant (didactiques –
pédagogiques) peuvent relever de :
- l'organisation générale de l’enseignement : type de cours ou
d’activité (cours magistral/TD, enseignement par activités),
contrat entre le maître et les élèves (rapports interpersonnels,
attentes du maître), type d’évaluation (évaluation formative,
sommative…)
- l'organisation locale de l’enseignement : organisation de la
séance (présentation de la séance, de l’activité et de ses buts),
travail sur des connaissances acquises ou nouvelles,
découpage de la séance (travail individuel, en groupe),
caractéristiques de la tâche (informations à traiter, outils
disponibles, présentation de la tâche).
Analyse
• Niveau : classe de seconde avant tout travail explicite sur la notion de
fonction
• Objectif d'apprentissage : percevoir que la notion de fonction sous
l'aspect algébrique est un outil qui a de l'intérêt pour la résolution de
problème
• Variables : figure rectangle ABCD, les dimensions du rectangle, les
points M de [AB], N de [BC], P de [CD], Q de [DA], AM = BN = CP = DQ,
• Difficultés éventuelles : ne pas considérer une variable x
Le système didactique
L'approche systémique met en relation des protagonistes.
Chevallard dit : « jeu qui se mène entre un enseignant,
des élèves et un savoir mathématique».
L'objectif est d'étudier les contraintes dans cette relation
didactique. Il s'agit plus spécifiquement de décrire le
fonctionnement du système didactique, d'identifier les
phénomènes qui lui sont propres, d'observer les
régularités du système, de connaître les possibilités et les
contraintes du système
Contrairement aux schémas linéaires de type enseignant-
élève, le triangle didactique est une représentation des
relations entre enseignant, élève et savoir et est une
tentative d'appréhension et de modélisation de la
situation complexe d'enseignement apprentissage.
Triangle didactique
Sa composition, son fonctionnement, son environnement
Savoirs
Processus Processus
« apprendre » Milieu « enseigner »
Elève Professeur
Processus
« former »
• Le savoir
Il entretient des liens culturels et sociaux avec l’extérieur de la classe.
Il évolue avec le temps (la place relative des théories, leurs liens, leur
subordination peuvent être modifiés, renforcés ou bouleversés, et même
inversés, (Encyclopædia Universalis 2006)
Il est analysé en savoir savant, savoir à enseigner, savoir enseigné.
Il concerne l’objet d’enseignement à identifier, qu’il relève :
- de connaissances (des règles, propriétés, théorèmes, définitions)
- de savoir-faire (tracer une droite, construire un triangle, résoudre une
équation du 2e degré)
- de compétences (résoudre un problème) ;
- ou de savoir être (avoir de la rigueur, la précision, le respect de la vérité
rationnelle établie, le goût du raisonnement fondé sur des arguments
dont la validité est à prouver).
Il porte aussi sur la façon d’exprimer ces savoirs en termes de compétences
ou d’objectifs pédagogiques à faire acquérir ainsi que sur les moyens de
les évaluer chez l’élève.
• L’enseignant
Il a pour projet de former les élèves. Chevallard dit qu’il
a pour tâche la prise en charge de la création des
conditions de possibilité de l'apprentissage.
L’enseignant traite le savoir en fonction de son histoire
personnelle, sa formation scolaire et universitaire, sa
culture, ses représentations (sur sa fonction ; l’enfant ;
le statut de l’élève ; le savoir, rôle de l’école) et ses
attentes en tant qu’adulte et enseignant.
L'enseignant reste maître de ses choix pédagogiques, dans les
domaines
- des objectifs d'enseignement (ordre de présentation,
importance relative, etc.),
- des types d'activités (exercices traditionnels, situations
ouvertes, utilisation de matériels, etc.),
- de la gestion de la classe (travail individuel ou par groupes,
cours magistral, rythme et durée, etc.)
- du contrat à établir avec les élèves (plans de travail, type
d'évaluation, rapports personnels, etc. ).
Mais, tous ces choix sont déterminés, explicitement, par les
deux autres axes du schéma triangulaire.
En ce qui concerne les rapports de l'élève au savoir, on
s'intéresse :
- aux conceptions du maître sur les modalités
d'apprentissage de ses élèves (par transmission et réception,
par petites étapes progressives, par conflits cognitifs, etc.),
- à l'histoire de l'élève (ses acquis, ses représentations
actuelles, ses difficultés, etc.),
- à la formation des concepts chez l'élève (épistémologie
génétique, prise en compte de l'erreur, etc.).
Et, sur l'axe "maître"-"savoir", on s'intéresse :
- à la connaissance des notions que le maître doit
enseigner, aux plans historique, épistémologique et
mathématique,
- aux différentes conceptions du programme (importance
relative des objectifs, leur place, etc.).
2) Divion euclidienne en 6e :
Pour effectuer une division, il faut
Déterminer le nombre de chiffres à prendre au dividende
Déterminer le premier chiffre du quotient
Effectuer
Abaisser le chiffre suivant du dividende
Déterminer le deuxième chiffre du quotient
Quand il n’y a plus de chiffre au dividende, on s’arrête
Dévolution
« La dévolution est l'acte par lequel l'enseignant fait
accepter à l'élève la responsabilité d'une situation
d'apprentissage (adidactique) ou d'un problème et accepte
lui-même les conséquences de ce transfert »
Processus par lequel le professeur fait en sorte que les
élèves assument leur part de responsabilité dans
l’apprentissage.
Pour cela, l'enseignant fait d'abord le travail inverse du
chercheur : il cherche à recontextualiser et repersonnaliser
le savoir à enseigner: il cherche des problèmes qui vont
donner du sens aux connaissances à enseigner, pour que
l'activité de l'élève "ressemble" par moment à celle du
chercheur. Il y a dévolution à l'élève d'une responsabilité vis
à vis du savoir, il y a dévolution d'une situation adidactique.
Institutionnalisation
C’est le processus dans et par lequel le professeur signifie aux
élèves les savoirs ou les pratiques qu’il leur faut retenir
comme les enjeux de l’apprentissage attendu.
Pour transformer les réponses et les connaissances des
élèves en savoir, les élèves vont devoir, avec l'aide du
professeur, redécontextualiser, redépersonnaliser la
connaissance qu'ils ont produite afin de reconnaître dans ce
qu'ils ont fait quelque chose qui ait un caractère universel, un
savoir culturel réutilisable.
En bref, le processus d'institutionnalisation est un processus
inverse de celui de dévolution qui permet de convertir une
connaissance chez l'élève en un savoir réutilisable
(dépersonnalisée, décontextualisée, détemporalisée).
En fait la conversion ne fabrique pas un nouveau produit qui
serait le savoir par rapport à la connaissance ou l'inverse. On
se contente de les placer, l'un et l'autre dans un ailleurs qui
est celui des pratiques d'un autre niveau. (Rouchier, 1991)
Le processus d'apprentissage proposé dans une situation
a-didactique (théorie des situations)
Phase de dévolution
• l'enseignant propose l'activité aux élèves
• par des consignes appropriées et des explications les élèves
s'approprient du problème
Phase d’action (groupes)
– Les élèves s’approprient le problème à partir de leurs
connaissances anciennes.
– Utilisation de procédures implicites
– Enjeu (élève): réussir la tâche
– Enjeu (enseignant): permettre aux élèves de
s’approprier une procédure
Phase de formulation
– Les élèves explicitent (oral, écrit) les procédures et les
solutions
(formulation d'éléments de solution; échange des informations)
Phase de validation (élèves)
– se convaincre et convaincre les autres que la solution est
valable-argumenter pour prouver
Phase d’institutionnalisation (maître) : Préciser les savoirs
construits, ceux à retenir, leur forme
– identifier les nouveaux savoirs et savoir-faire
– Préciser les conventions de langage
– Homogénéiser les connaissances de la classe
Phase de réinvestissement
– Aider les élèves à se familiariser avec les nouveaux acquis
– Faire fonctionner les acquis dans différentes situations
(champ d’application)
Contrat didactique
C’est l’ensemble des comportements de l’enseignant qui sont
attendus de l’élève, et l’ensemble des comportements de
l’élève qui sont attendus de l’enseignant…
• Pour parvenir à cette réponse, toutes les données doivent être utilisées
• Effet Topaze
le professeur prend intégralement à sa charge l’essentiel du travail
en suggérant la réponse par des codages didactiques. Simplification
de la tâche / négociation à la baisse et donc perte de sens (les
connaissances visées disparaissent).
• glissement métacognitif
• La compréhension de la règle du jeu à appliquer exige la connaissance
qu’on prétend enseigner
• Effet Jourdain à grande échelle (il n’y a rien à savoir)
• usage abusif de l’analogie
• Substitution d’une activité mathématique par une activité de
manipulation de symboles
• Effet Topaze sans contenu disciplinaire
Glissement métacognitif
• Fonctionnement
• remplacer un problème dont le savoir mathématique à enseigner donne la solution par un
problème dont la solution matérielle peut s'obtenir aisément
• interpréter cette réussite comme la preuve suffisante de la construction du savoir visé
• Exemple
• Structure de groupe: les élèves sont invités à permuter des pots de yaourt de manière exhaustive, on
leur explique après qu'ils ont étudié "une structure mathématique de groupe fini".
• Tableau de proportionnalité: travail sur leur utilisation et non sur le concept de proportionnalité
Usage abusif de l’analogie
• Fonctionnement
• remplacer la construction mathématique par une explication fondée sur la manipulation de
symboles de substitution dont l'usage analogique nécessite de nouvelles explications, etc.
• L'emploi des notations analogues était supposé produire le même savoir que celui des
notations mathématiques ordinaires
• Exemple
• tracer des flèches dans les deux sens entre les prénoms des membres d'une même famille pour
expliquer « la relation d'équivalence »; pour les élèves, le sens de cette activité n'est pas qu'elle soit
l'analogue d'une activité mathématique dont ils n'ont pas idée.
• Utilisation des analogies en physique: limite des équivalences entre le domaine cible et le domaine de
référence
Exemple de la multiplication
• Présentation de la multiplication par l’enseignant:
• La multiplication d'un entier a par l'entier b est un entier c qui exprime
la somme de b entiers égaux à a
• ab = a+a+a+a+a … +a ; a figurant b fois
• Pour l’élève:
• la multiplication est une addition répétée (objet déjà connu)
• La multiplication ne fait problème que dans le discours de l'enseignant
(nouveauté).
• Justification du nouveau savoir
• savoir réel : une fois nommé, on peut en parler et poser des questions
à son sujet
• L’ élève peut « multiplier »: geste que son professeur ou ses parents
reconnaîtront comme relevant bien de cette opération.
Utilisation des savoirs et contrat
Le maître « combien font quatre fois trois ? »
L’élève « quatre fois trois font douze »
• Question de l’élève
• Quand faut-il utiliser la multiplication
• Réponse de l’enseignant
• Comment faut-il utiliser la multiplication
Théories de la DM (suite)
4.2 Théorie des champs conceptuels (Gérard Vergnaud)
(1) - Une situation donnée ne met pas en oeuvre en général toutes les propriétés d'un
concept. Si l'on veut rencontrer aux élèves toutes ces propriétés; il faut nécessairement faire
référence à une diversité de classes de problèmes.
(2)- Une situation donnée ne met pas habituellement en jeu un seul concept; son analyse
requiert le plus souvent plusieurs concepts, et les difficultés rencontrées par les élèves
relèvent en général de plusieurs concepts. Par exemple, les problèmes d'addition et de
soustraction peuvent impliquer les concepts de mesure, de transformation, de comparaison,
de différence, d'inversion, d'opération unaire, d'opération binaire, de nombre naturel, de
nombre relatif, de fonction, d'abscisse et d'autres encore.
Propriétés numériques :
- Relatives à l’ordre
- De linéarité (additive, multiplicative)
- Des Rapports égaux
- Du Produit en croix
- Des écarts
Propriété graphique : points alignés avec l’origine
Problèmes de proportionnalité:
Recherche de la quatrième proportionnelle ; Comparaison de proportions ;
Proportionnalité multiple ; Reconnaissance d’une situation de proportionnalité ;
Passage d’un cadre à un autre (grandeur-numérique, graphique-numérique)
Géométrie et proportionnalité : agrandissement/réduction, théorème de Thalès,
échelles, changement d’unités…
Applications de la proportionnalité : vitesse moyen, pourcentages, échelles, débit,
masse volumique,…
Repères pour l’enseignement :
1. Quels aspects prendre en compte?
Pour construire les activités pour les élèves, choisir un cadre
conceptuel précisant :
- Une classification des situations envisagées, supports
possibles des problèmes à proposer
- Une typologie des problèmes
La proportionnalité peut être examinée dans :
- Le cadre des grandeurs (nombres concrets, mesures)
- Le cadre numérique (nombres abstraits)
- Le cadre graphique (représentation graphique)
Situations comme supports : convention sociale (prix,
partages), modélisation d’un phénomène (en physique,
géométrie), outil pour définir de nouveaux concepts
(vitesse, échelle, …)
2. Procédures de résolution :
Les procédures peuvent s’appuyer sur :
- Les propriétés linéaires (additive, multiplicative)
- La mise en évidence et l’utilisation du coefficient de
proportionnalité, retour à l’unité, facteur de
changement
-…
3. Principales variables didactiques:
- Relations entre les nombres donnés
- Le nombre de couples donnés
- Le type de situation
- La familiarité des élèves avec la situation évoquée
4. Principales difficultés des élèves
- Identifier les grandeurs en relation dans la situation
donnée
- Reconnaître la situation de proportionnalité
- Choisir la procédure de résolution
- Mettre en œuvre la procédure
ACTIVITE
Qu’est ce qui rend un programme officiel?
3 les maîtres
4 les élèves
• Comprendre le problème
• Concevoir un plan
• Mettre le plan en exécution
• Examiner la solution obtenue
D C
M
A B
Solution
Comme le problème est affine et que tous les triangles
sont équivalents sous le groupe affine, on peut
supposer que ABCD est un carré.
D C
M K
Consigne :
- En 10 ou 30 mn, résoudre l’exercice en groupe en notant vos
activités mathématiques: expérimentation numérique ou
géométrique, recherches d'outils, mise en place d'une
démonstration...
- Ensuite distribuer tous les énoncés à tous les groupes et les corriger
tous en interrogeant d’abord le groupe qui a travaillé l’exercice.
- Faire un bilan pour constater la différence de ces activités et de
généraliser en dégageant des caractéristiques des énoncés en
relation avec les activités correspondantes.
Enoncé 1 (resp. Ibis). Soient ABCD un parallélogramme, M
un point quelconque de (AD), N le symétrique de A par
rapport à M, P le point d'intersection de (CM) et (BN).
Etudier le point d'intersection de la droite (AP) et du
côté (BC) [resp. et du côté (DC)].
Quel est le lieu de P lorsque M décrit (AD) ?
Enoncé 2. Soient ABCD un parallélogramme, M un point
quelconque de (AD), N le symétrique de A par rapport à
M, P le point d'intersection de (CM) et (BN). Quel est le
lieu de P lorsque M décrit (AD) ?
Enoncé 3. Soient ABCD un parallélogramme, M un point
quelconque de (AD), N le symétrique de A par rapport à
M, P le point d'intersection de (CM) et (BN). Etudier la
droite (AP).
Quel est le lieu de P lorsque M décrit (AD) ?
Enoncé 4 (resp. 4 bis). Soient ABCD un parallélogramme, M
un point quelconque de (AD), N le symétrique de A par
rapport à M, P le point d'intersection de (CM) et (BN).
Montrer que la droite (AP) coupe (BC) en un point I tel
que C est le milieu de [BI] (resp. coupe [DC] en son milieu).
Quel est le lieu de P lorsque M décrit (AD) ?
Bilan : relation activités/énoncés et disponibilité du
théorème de Thalès.
Ce travail sur ces énoncés illustre d'abord la diversité des activités
mathématiques, et rappelle les détours éventuels qui
accompagnent la recherche.
De plus, il montre l'étroite relation entre l'énoncé et ces activités,
même si l'exercice est le même.
Enfin, quelque soit l'énoncé, le théorème de Thalès est utilisé sans
avoir été annoncé -l'exercice est proposé hors de tout contexte. Ce
niveau de mise en fonctionnement d'un théorème, qui nécessite
de trouver d'abord que c'est ce théorème qui est à utiliser, est du
type «disponible ». Cela signifie que ce théorème est disponible
pour ceux qui y ont pensé mais cela veut aussi dire que cet
exercice permet peut-être de rendre le théorème disponible pour
ceux qui sont en cours d'apprentissage: ils auront à chercher le
théorème comme un outil adéquat.
Énoncé1
Un ressort au repos mesure 7 cm. Étant suspendu par l’une de
ses extrémités, on accroche à l’autre différentes masses qui ont
pour effet de l’allonger. Par exemple, avec une masse de 10 g,
il mesure 7,5 cm, avec 20 g, il fait 8 cm. Chaque fois que l’on
ajoute 10 grammes à une masse déjà suspendue, il s’allonge de
0,5 cm. Quelle longueur fera-t-il si on suspend une masse de 1
kg? De 354 g, De x g?
Énoncé2
Pour construire cette figure, il a fallu 12 allumettes.
Pour cette deuxième figure, il a fallu quelques allumettes de plus !
Et pour cette troisième figure, encore davantage d’allumettes !
En continuant à construire des figures de la même façon, combien
d’allumettes seront nécessaires à la construction de la 100ème?
Justifiez votre réponse.
Situation-problème
Définition:
C’est une situation d’enseignement qui a pour objectif
de permettre aux élèves d’acquérir une connaissance
nouvelle (savoir, savoir-faire, méthode,
raisonnement…) et qui s’appuie sur une conception
socioconstructiviste de l’apprentissage (c'est-à-dire :
résoudre le problème posé, expliciter ses stratégies et
procédures mises en œuvre et les confronter à celles
des autres)
2 types de situations problèmes :
1. L’acquisition des connaissances passe par la
confrontation à un obstacle en vue de la remise en cause d’une
conception erronée
2. L’acquisition des connaissances passe par la prise de conscience
qu’une procédure (juste) devient insuffisante parce que peu
économique ou source d’erreurs
Caractéristiques
a) Pour la mise en place, avoir repéré :
– Une conception erronée liée à l’acquisition de la
connaissance que l’on souhaite enseigner (à partir de
l’analyse d’erreurs)
– Une procédure correcte s’avérant lourde ou source
d’erreurs
4 6 8 5 7 3
6
h) Synthèse: Réduire une figure, c’est multiplier les
dimensions de cette figure par un nombre constant
inférieur à 1
Questions pour la mise en œuvre
Pour la mise en œuvre, on peut conseiller de travailler
en se posant quatre grandes questions : (Philippe
MEIRIEU. In. Apprendre… oui, mais comment ?
Editions ESF 1987)
Situation problème :
Quand l’aire ou le périmètre d’un rectangle augmentent, il est logique
de penser que le rectangle est plus «grand».
Mais est-ce toujours vrai ?
Analyse théorique
Diagnostic
► Autotest 1
Pour toi, en quoi consiste l’analyse a priori d’un exercice de mathématiques ? Donne
ta réponse en deux phrases maximum.
.......................................................................
► Autotest 2
Dans ta pratique pédagogique courante d’évaluation en mathématiques, l’analyse a
priori des exercices occupe-t-elle une place centrale ?
…Oui
…Non
Justifie ta réponse en trois lignes maximum.
. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
► Autotest 3
Selon toi, le professeur expérimenté qui maîtrise sa matière a-t-il besoin d’effectuer
l’analyse a priori des exercices de mathématiques pour réussir ses évaluations ? Si oui
justifie ta réponse en trois lignes maximum.
. . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
► Autotest 4
Un de tes collègues te déclare que pour réussir les analyses a priori de tes exercices, tu
as uniquement besoin de faire deux choses :
• bien formuler tes items ;
• t’assurer que les contenus abordés sont du programme.
► Autotest 4
Un de tes collègues te déclare que pour réussir les analyses a priori de tes exercices, tu
as uniquement besoin de faire deux choses :
• bien formuler tes items ;
• t’assurer que les contenus abordés sont du programme
Es-tu de son avis ? …Oui …Non
Justifie ta réponse en trois lignes maximum.
► Autotest 5
Énumère les documents indispensables que tu dois posséder lors de l’analyse a priori d’un
exercice de mathématiques (trois au maximum).
► Autotest 6
Possèdes-tu une démarche modèle que tu utilises pour effectuer l’analyse a priori de tes
exercices ? Si oui, laquelle ?
► Autotest 7
Selon toi, y a-t-il des avantages pédagogiques pour un professeur de mathématiques à
effectuer les analyses a priori des exercices avant de les proposer aux élèves ? Si oui, décris
les principaux avantages.
Sinon, explique pourquoi.
► Autotest 8
Tu as assisté à une correction de devoir d’un de tes collègues. À la fin un élève se plaint parce
qu’il estime sa démarche juste. Envoyé au tableau, l’élève rédige sa démarche.
Vous constatez avec ton collègue que la démarche de l’élève est originale et juste.
Votre collègue n’y avait pas pensé.
À l’intention de ton collègue, énumère quatre principaux inconvénients pour un professeur de
ne pas effectuer les analyses a priori de ses exercices avant de les proposer aux élèves
.......................
1 - Un concept à géométrie variable
• Qu’est-ce qu’une « analyse théorique » d’une
situation didactique ?
- pas de définition standard
- différentes conceptions : une auberge espagnole
- diversité due aux différents objectifs de l’analyse:
+ du chercheur expérimentant une situation didactique
+ du formateur étudiant une situation pour ses
apprentissages possibles et leurs obstacles
+ de l’enseignant pilotant sa classe en fonction d'un
projet intégré dans une progression
- Le contenu de l’analyse dépend:
+ de l'objet de l'étude,
+ des raisons pour lesquelles elle est menée,
+ du public à qui elle est destinée.
2 - Une définition
• L'analyse théorique d'une situation didactique est
l'ensemble des études qui concourent à :
A - la connaissance du savoir en jeu (analyse
épistémologique),
• 3) Analyse a priori
Développée indépendamment de la situation de classe
réelle, l’analyse théorique peut être menée avant sa mise en
œuvre. D’où le terme d’analyse a priori souvent utilisé.
• 4) Contrôle a posteriori
L’analyse théorique peut être complétée après la mise en
œuvre de la situation, quand les faits observés révèlent ses
insuffisances et suggèrent un retour réflexif sur celle-ci.
3 - Remarques
• 5) L’analyse théorique n’est pas une prévision
- Elle permet de mieux cerner les objectifs d’une situation et de
comprendre les comportements des élèves.
- Elle n'a pas pour fonction d’anticiper sur le déroulement de la
situation didactique, qui peut être très varié.
- Différents choix de gestion de la classe donnent lieu à des
évolutions divergentes.
• 6) Cadre de la théorie des situations didactiques
La notion d'analyse théorique est liée à la théorie des
situations, qui lui donne un cadre théorique où la question du
milieu est centrale.
Mais il ne faut pas limiter l'analyse théorique à l'analyse du
milieu.
3 - Remarques
• 7) Un ensemble d'études
Il n’y a pas de texte standard d'analyse théorique, mais des études
différentes peuvent faire partie de l'analyse théorique :
- épistémologie et histoire des concepts présents,
- étude des champs conceptuels,
- étude de la transposition didactique et de ses évolutions,
- pré-requis, repérage des obstacles épistémologiques,
- stratégies de résolution,
- description des variables didactiques,
- conceptions pré-construites, pré-acquis,
- obstacles didactiques et autres,
- éléments de contrat didactique et effets de contrat,
- erreurs repérables, indices de maîtrise de savoirs,
- éléments de validation présents dans le milieu (ou absents),
- choix de formulations et d'institutionnalisation.
4 - Présentation d’une analyse théorique
• 1) Présentation de la situation
- Présentation de la classe, niveau, contexte.
- Progression dans laquelle s'insérera l'activité.
- Objectifs mathématiques, didactiques et pédagogiques.
- Présentation de la tâche et des consignes telles qu'elles
sont proposées aux élèves, mise en place du contrat
didactique.
- Choix pédagogiques éventuels (exposé magistral, rappels,
travail autonome ou en groupes, découpage du temps de
l'enseignement, consignes de comptes rendus, objectifs
d'évaluation…).
- Les attentes concernant les apprentissages produits et les
moyens de repérer leurs effets.
4 - Présentation d’une analyse théorique
• 2) Organisation de l’analyse
A) Analyse du savoir en jeu
- Analyse mathématique,
- Analyse épistémologique
- Transposition didactique
B) Analyse didactique
- Connaissances des élèves
- Analyse de la tâche
- Rôle du professeur
C) Gestion pédagogique
4 - Présentation d’une analyse théorique
- La mémoire de la classe.
- Analyse de la dévolution.
- Éléments de contrat didactique, niveaux des preuves et
démonstrations attendues.
- Le dispositif d'évaluation.
1. Tâche de résolution
Comment résolvez-vous, vous-même, ce problème? Vos étapes
principales?
Comment pensez-vous que les élèves le résoudront, selon leur âge ou
leur niveau de développement ?
2. Contenus ou objectifs
Quelles notions mathématiques sont mises en œuvre ou susceptibles
d'être construites au cours de la résolution, en lien avec les programmes
scolaires.
Quelles sont les attitudes et comportements développées au travers de
cette activité ?
3. Obstacles, erreurs et représentations
Quels obstacles les élèves vont-ils rencontrer sur le chemin de leur
résolution ? Quelles erreurs vont-ils commettre ? Quelles sont les
insuffisances attendues dans la justification des solutions ?
Quelles sont les représentations à l'origine des obstacles ou insuffisances
relevés ?
4. Gestion et relances
Comment gérer la classe pour que la résolution se passe dans les
meilleures conditions ? Quelles sont les relances à prévoir en cas
de difficultés excessives ou lorsque la tâche paraît trop simple ?
5. Critères d'évaluation du problème et de l'organisation de la
séquence, pour le maître
Comment adapter le problème aux stades de développement de
chaque élève ou de chaque groupe, pour faire évoluer les
procédures de résolution ? Quelles sont les variables didactiques du
problème sur lesquelles il est possible d'agir ?
6. Critères d'évaluation de l'élève, pour le maître
A quoi reconnaît-on des compétences ou des lacunes chez un élève
à l'analyse de sa réponse à ce problème et de ses justifications?
Quelles décisions va-t-on prendre pour lui, en conséquence ?
7. Critères d'évaluation pour l'élève
La question a-t-elle du sens pour l'élève ? Comprend-il ce qu'on lui
demande ? Peut-il s'engager seul dans la tâche de résolution ? A-t-il
les moyens d'évaluer lui-même la pertinence de sa réponse ?
Comment va-t-il surmonter ses difficultés ?
Liste des principales questions (non exhaustive) à se
poser lors de l’analyse a priori d’un exercice
C’est l’occasion pour toi de rappeler ce que signifient les expressions : moins de,
plus que, au plus, au moins, et, ou, etc., lorsqu’ils sont employés en mathématiques.
En effet, il peut arriver que ces expressions n’aient pas les mêmes sens en français
qu’en mathématiques.
Ici, 5 kg de farine coûtent 5 x francs ; 50 francs de plus que le prix du maïs signifie
que x + 50 francs est le prix du kg de riz ; donc 2 kg de riz coûtent 2 (x + 50) francs ;
Amina a dépensé moins de 1 500 francs signifie : 5 x + 2 (x + 50) < 1 500 ; ici, la
traduction du moins est le signe <. Il te reste à rédiger une solution détaillée.
Après cela, tu dois te poser les mêmes questions de l’analyse a priori ci-dessus.
Exemple 3
Exercice
Sur les côtés d’un quadrilatère ABCD,
on a placé les milieux I de [AB], J de
[BC], K de [CD] et L de [AD].
1. Démontre que les droites (IJ)
et (LK) sont parallèles.
2. Démontre que le quadrilatère
IJKL est un parallélogramme
L’héritage
Un paysan possède un très grand champ en forme de
parallélogramme, ABCD, à l’intérieur duquel se trouve un
puits en un certain point quelconque O. Se sentant mourir,
il donne à son fils Abdou les deux champs triangulaires
AOB et OCD et tout le reste à son fils Sani, le puits restant
leur copropriété. Sachant que la longueur de [A, B] est
supérieure à celle de [B, C], quel est, selon vous, celui des
deux frères qui est le plus favorisé ?
A B
O
D C
5 - Exercices d’analyse théorique
r r
10
5 - Exercices d’analyse théorique
d
Construire la droite qui
+A passe par A et par
l'intersection de d et d', sans
3. erreurs témoignant des On retrouve l'idée d'obstacle de Analyse des représentations et des Travail d'écoute, de prise de
« conceptions alternatives » des élèves BACHELARD. « L'esprit ne peut se former obstacles sous jacents à la notion. conscience ; débat
c'est-à-dire de leurs représentations qu'en se réformant ».
qu'ils n'arrivent pas à modifier ou très Les obstacles surviennent quand nous
peu. réfléchissons avec les moyens dont nous
disposons déjà ; ces moyens n'étant pas
nécessairement appropriés ou corrects.
4. erreurs liées aux opérations Certaines opérations ne sont pas forcément Analyser les différences dans ce qui Sélection des activités
intellectuelles impliquées. disponibles à un moment donné, chez se ressemble en apparence. Entraînement à l'analyse des erreurs
certains les élèves, alors que ça paraît aller Développer les capacités
de soi pour l'enseignant. d'abstraction.
Par exemple, les problèmes qui relèvent de
l'addition : ils sont toujours plus faciles s'ils
correspondent à un gain qu'à une perte.
5. erreurs portant sur les démarches Les démarches des élèves sont très diverses Analyse et prise en compte des En groupe, favoriser les interactions :
adoptées. par rapport à une procédure type et démarches non « canoniques ». conflits socio-cognitifs, constructions
« déstabilisantes » pour l'enseignant. Explicitation par l'élève de sa façon communes, confrontations
de faire. argumentées
6. erreurs dues à une surcharge Elles sont dues aux limites de la mémoire ou Analyse de la charge mentale, des Décomposer en « sous-tâches »
cognitive. à une estimation inadaptée de la charge compétences et des connaissances accessibles.
cognitive de l'activité. C'est trop dur ! mises en jeu.
7. erreurs ayant leur origine dans une Par exemple, ce qui a été appris en Analyse de la nature du « pont » Travail de renforcement pour accéder
autre discipline. mathématiques n'est pas réinvesti en entre les deux disciplines. à...
géographie (les élèves ne savent pas lier un Recherche sur les invariants
graphique, construire une échelle)
Pas de transfert
8. erreurs causées par la complexité Les raisonnements s'emboîtent ou se Analyse des « noeuds de difficulté » Travail sur les démarches, la
propre du contenu. succèdent méthodologie
A chacune de ces formes d'erreurs, si elles sont identifiées par le maître, des réponses peuvent être apportées par : la différenciation pédagogique, les
projets personnalisés, la re-médiation, les groupes de besoins, les ateliers...
La règle de comparaison (on compare d'abord les parties entières, puis, en cas d'égalité, les parties
décimales) est "efficace" pour tous les décimaux qui ont le même nombre de chiffres après la
virgule, ce qui est assez souvent le cas!
2. Procédure: l’élève a multiplié séparement les parties
entières et décimales
Connaissance: On peut expliquer ces réponses en
considérant que l'élève se représente un décimal
comme composé de deux entiers indépendants séparés
par une virgule et sur lesquels il faut agir séparément,
en commençant par celui de gauche.
L'élève utilise des règles d'action (implicites), des
"théorèmes en acte« (G. VERGNAUD) qui sont
compatibles avec cette conception, par exemple: "Pour
multiplier deux décimaux, on multiplie séparément les
parties entières et décimales".
Ces règles ont en général un domaine d'efficacité, de
réussite ... qui conforte la conception chez l'élève. Ainsi,
la règle ci-dessus donne un résultat correct pour 0,4 x
0,4.
3. Procédure : l’élève a additionné les deux nombres de l’énoncé
Origine de cette procédure (Connaissances mises en jeu) : connaissances
du contexte (règle du contrat)
a) Approche transmissive :
on explique aux élèves comment faire;
b) Approche béhavioriste :
renforcement, retour sur des étapes antérieures,
décomposition en étapes supplémentaires plus simples ;
c) Approche socioconstructiviste
i) Dans le cas d’erreurs liées aux conceptions de l’élève:
- 1e étape: aider l’élève à expliciter sa procédure
- 2e étape: aider l’élève à prendre conscience de
l’insuffisance de ses conceptions (par une contradiction
: conflit interne ou sociocognitif)
- 3e étape: aider l’élève à construire une conception
nouvelle lui permettant de lever la contradiction
précédente
- 4e étape : l’élève est invité à identifier ce qui, dans sa
méthode précédente, ne convient pas.
ii) Dans le cas des règles du contrat didactique :
- erreurs liées aux règles trop bien appropriées: on
peut par exemple recenser les différents cas de
réponses et demander aux élèves d’expliciter leur
procédure ; engager ensuite un débat que
l’enseignant va trancher en instaurant une nouvelle
règle du contrat
- Erreurs liées au non respect de règles du contrat:
aider à l’appropriation des critères de réussite d’une
tâche en les précisant d’abord et ensuite en
soumettant à la critique des élèves des rédactions
d’élèves ne respectant pas les critères (ce qui va et ce
qui ne va pas). Eventuellement travail de groupe, mise
en commun, avis de l’enseignant.
iii) Dans le cas de limitations de l’élève:
Pour la surcharge cognitive, aider les élèves à se
construire des automatismes (techniques opératoires,
reconnaissance de figures géométriques, lecture), à
mieux organiser leur travail.
Conclusion:
L’analyse d’erreurs (procédure, origine) et les dispositifs
de re-médiation sont fonction de la conception
d’apprentissage/enseignement sur laquelle on
s’appuie.
Exercice
Activité 9 :
Objectifs visés
Objectifs du programme sollicités ET Procédures de base évaluées Items
évalués
.Effectuer des calculs avec parenthèses. Supprimer des parenthèses. A–B-C
.Reconnaître les règles de priorité des Effectuer les opérations.
opérations.
Grille d’évaluation
Critères Indicateurs Pondération
Exactitude de la suppression des parenthèses - les signes des nombres sont corrects 0,5
1. Pourquoi anthropologique ?
L’étiquette d’approche – ou de théorie – anthropologique semble proclamer une exclusivité
(les autres approches, existantes ou possibles, ne mériteraient pas ce qualificatif...) dont il faut
dire tout de suite qu’elle n’est qu’un effet de langage. Il n’y a aucune raison pour que
l’organisation de savoir qui sera présentée dans les développements qui suivent se voit
accorder le monopole de la référence légitime au champ de l’anthropologie, même si elle
semble bien être, aujourd’hui, la seule à s’autodésigner ainsi.
Le point crucial à cet égard, dont nous découvrirons peu à peu toutes les implications, est que
la TAD situe l’activité mathématique, et donc l’activité d’étude en mathématiques, dans
l’ensemble des activités humaines et des institutions sociales. Or ce parti pris épistémologique
conduit qui s’y assujettit à traverser en tous sens – ou même à ignorer – nombre de frontières
institutionnelles à l’intérieur desquelles il est pourtant d’usage de se tenir, parce que,
ordinairement, on respecte le découpage du monde social que les institutions établies, et la
culture courante qui en diffuse les messages à satiété, nous présentent comme allant de soi,
quasi naturel, et en fin de compte obligé.
Le postulat de base de la TAD fait violence à cette vision particulariste du monde social : on y
admet en effet que toute activité humaine régulièrement accomplie peut être subsumée sous
un modèle unique, que résume ici le mot de praxéologie. Avant même d’examiner ce qu’est
une praxéologie, on doit donc noter que l’on part ainsi d’une hypothèse qui ne spécifie
nullement l’activité mathématique parmi les activités humaines : c’est autrement que les
mathématiques devront se voir reconnues leur spécificité.
2. La notion de praxéologie
2.1. Types de tâches. – À la racine de la notion de praxéologie se trouve les notions
solidaires de tâche, t, et de type de tâches, T. Quand une tâche t relève d’un type de tâches T,
on écrira parfois : t ∈ T. Dans la plupart des cas, une tâche (et le type de tâches parent)
s’exprime par un verbe : balayer la pièce, développer l’expression littérale donnée, diviser un
entier par un autre, saluer un voisin, lire un mode d’emploi, monter l’escalier, intégrer la
fonction x xlnx entre x = 1 et x = 2, etc. Trois points doivent être soulignés immédiatement.
Tout d’abord, la notion de tâche employée ici est à l’évidence plus large que celle du français
courant : se gratter la joue, marcher du divan jusqu’au buffet, et même sourire à quelqu’un,
sont ainsi des tâches. Il s’agit là d’une mise en pratique particulièrement simple du « principe
anthropologique » évoqué plus haut.
Ensuite, la notion de tâche, ou plutôt de type de tâches, suppose un objet relativement précis.
Monter un escalier est un type de tâches, mais monter, tout court, n’en est pas un. De même,
calculer la valeur d’une fonction en un point est un type de tâches ; mais calculer, tout court,
est ce qu’on appellera un genre de tâches, qui appelle un déterminatif.
Concrètement, un genre de tâches n’existe que sous la forme de différents types de tâches, dont le contenu
est étroitement spécifié. Calculer... est un genre de tâches ; calculer la valeur (exacte) d’une expression
numérique contenant un radical est un type de tâches, de même que calculer la valeur d’une expression
contenant la lettre x quand on donne à x une valeur déterminée. Tout au long des années de collège, le genre
Calculer... s’enrichit de nouveaux types de tâches ; il en sera de même au lycée, où l’élève va d’abord
apprendre à calculer avec des vecteurs, puis, plus tard, à calculer une intégrale ou une primitive, etc. Il en va
de même, bien sûr, des genres Démontrer..., Construire..., ou encore Exprimer... en fonction de...
Enfin, tâches, types de tâches, genres de tâches ne sont pas des donnés de la nature : ce sont
des « artefacts », des « œuvres », des construits institutionnels, dont la reconstruction en telle
institution, par exemple en telle classe, est un problème à part entière, qui est l’objet même de
la didactique.
Tout d’abord, une technique τ – une « manière de faire » – ne réussit que sur une partie P(τ)
des tâches du type T auquel elle est relative, partie qu’on nomme la portée de la technique :
elle tend à échouer sur T\P(τ), de sorte qu’on peut dire que « l’on ne sait pas, en général,
accomplir les tâches du type T ».
La chose est évidente, mais très souvent oubliée, en mathématiques. Ainsi toute technique de calcul sur N
échoue-t-elle à partir d’une certaine taille de nombres. Le fait qu’on ne sache pas en général factoriser un
entier donné est notamment à la base de certaines techniques de cryptographie.
2
À cet égard, une technique peut être supérieure à une autre, sinon sur T tout entier, du moins
sur une certaine partie de T : sujet sur lequel on reviendra à propos de l’évaluation des
praxéologies.
Enfin, en une institution I donnée, à propos d’un type de tâches T donné, il existe en général
une seule technique, ou du moins un petit nombre de techniques institutionnellement
reconnues, à l’exclusion des techniques alternatives possibles – qui peuvent exister
effectivement, mais alors en d’autres institutions. Une telle exclusion est corrélative, chez les
acteurs de I, d’une illusion de « naturalité » des techniques institutionnelles dans I – faire
ainsi, c’est naturel... –, par contraste avec l’ensemble des techniques alternatives possibles,
que les sujets de I ignoreront, ou, s’ils y sont confrontés, qu’ils regarderont spontanément
comme artificielles, et (donc) « contestables », « inacceptables », etc. À cet égard, on observe
assez fréquemment, chez les sujets de I, de véritables passions institutionnelles pour les
techniques naturalisées dans l’institution.
b
Ainsi on peut déterminer le signe d’un binôme ax+b en récrivant cette expression sous la forme a[x–(– )],
a
2 2
ce qui permet de conclure moyennant un petit raisonnement : 2–3x = –3(x – ) est négatif si x > , positif
3 3
2
pour x < ; 5x+3 = 5[x–(–0,6)] est positif pour x > –0,6, négatif pour x < –0,6 ; etc. Mais cette manière de
3
faire, à peu près inconnue dans l’enseignement secondaire français d’aujourd’hui, y recevrait sans doute un
flot de critiques.
On admettra d’abord comme un fait d’observation que, dans une institution I, quel que soit le
type de tâches T, la technique τ relative à T est toujours accompagnée d’au moins un embryon
ou, plus souvent encore, d’un vestige de technologie, θ. En nombre de cas, même, certains
éléments technologiques sont intégrés dans la technique.
Ainsi en va-t-il traditionnellement en arithmétique élémentaire, où le même petit discours a une double
fonction, technique et technologique, en ce qu’il permet tout à la fois de trouver le résultat demandé
(fonction technique) et de justifier que c’est bien là le résultat attendu (fonction technologique), comme
lorsqu’on dit : « Si 8 sucettes coûtent 10 F, 24 sucettes, soit 3 fois 8 sucettes, coûteront 3 fois plus, soit 3 fois
10 F ».
3
En outre, le fait qu’existe dans I une technique canonique, en principe seule reconnue et seule
employée, confère à cette technique une vertu « autotechnologique » : faire ainsi n’appelle
pas, ou plus, de justification, puisque c’est la bonne manière de faire (dans I).
Enfin une troisième fonction correspond à un emploi plus actuel du terme de technologie : la
fonction de production de techniques. On notera ainsi qu’il existe des technologies
potentielles, en attente de techniques, qui ne sont encore technologies d’aucune technique ou
de très peu de techniques. À cet égard, on soulignera le phénomène de sous-exploitation des
technologies disponibles, tant du point de vue de la justification ou de l’explication que de la
production.
C’est ainsi que la technologie des nombres fractionnaires (quotients de décimaux) permet d’engendrer une
technique qui surclasse celle vue précédemment à propos du prix de sucettes, et que concrétise le schéma
discursif suivant : « Si a choses valent b francs, alors x choses, soit x fois a choses, vaudront x fois plus, soit
a a
x fois b francs. » Ainsi dira-t-on : « 11 sucettes coûtent 11 fois plus (que 8 sucettes), soit 11 fois 10 F (=
a 8 8
3
13,75 F) » ; et, par une extension hardie du sens de l’expression : « 3 sucettes coûtent fois plus (que 8
8
3 3
sucettes), soit fois 10 F (= 3,75 F) ». (On notera que l’on a : × 10 F = 11 8
× 10 F – × 10 F = 13,75 F –
8 8 8 8
x
10 F = 3,75 F.) Plus correctement, on dira simplement que « x choses, c’est fois a choses », etc.
a
2.4. Théories. – À son tour, le discours technologique contient des assertions, plus ou moins
explicites, dont on peut demander raison. On passe alors à un niveau supérieur de
justification-explication-production, celui de la théorie, Θ, laquelle reprend, par rapport à la
technologie, le rôle que cette dernière tient par rapport à la technique.
Bien entendu, on peut imaginer que cette régression justificative se poursuive à l’infini – qu’il y ait une
théorie de la théorie, etc. En fait, la description à trois niveaux présentée ici (technique/technologie/théorie)
suffit, en général, à rendre compte de l’activité à analyser. La théorie, terre d’élection des truismes,
tautologies et autres évidences, est même souvent évanouissante : la justification d’une technologie donnée
est, en bien des institutions, traitée par simple renvoi à une autre institution, réelle ou supposée, censée
détenir une telle justification. C’est là le sens du classique « On démontre en mathématiques... » du
professeur de physique, ou encore du « On a vu en géométrie... » du professeur de mathématiques
d’autrefois.
4
conduit en général à substituer aux évidences « métaphysiques » des énoncés théoriques
positifs.
Soit ainsi le principe de récurrence : P ⊆ N ∧ 0 ∈ P ∧ ∀n (n ∈ P n+1 ∈ P) P = N. Pour justifier cet
ingrédient technologique principal des démonstrations par récurrence, on peut, entre autres choses, soit se
référer, comme le faisait encore Henri Poincaré, à « la puissance de l’esprit qui se sait capable de concevoir
la répétition indéfinie d’un même acte dès que cet acte est une fois possible » (La science et l’hypothèse,
1902), soit admettre comme un axiome que toute partie non vide de N a un premier élément, et montrer alors
que le principe de récurrence en découle.
En grec, theôria a pris à partir de Platon le sens moderne de « spéculation abstraite ». Mais à
l’origine, il renvoyait simplement à l’idée de contemplation d’un spectacle, le theôros étant le
spectateur qui regarde l’action sans y participer. De fait, les énoncés théoriques apparaissent
fréquemment comme abstraits, éloignés des préoccupations des « simples » technologues et
techniciens. Cet effet d’abstraction est corrélé à ce qui fonde la grande générativité des
énoncés théoriques – leur capacité à justifier, à expliquer, à produire.
Le fait que, dans R, la suite de terme général 1/n tend vers 0 est un résultat technologique très « concret ». Sa
justification théorique tient dans l’axiome d’Eudoxe-Archimède, tenu ordinairement pour fort abstrait : si A
et ε sont des réels strictement positifs, alors il existe un entier n tel que nε > A. On notera qu’en fait les deux
assertions sont équivalentes !
2.5. Savoir-faire et savoirs. – Autour d’un type de tâches T, on trouve ainsi, en principe, un
triplet formé d’une technique (au moins), τ, d’une technologie de τ, θ, et d’une théorie de θ,
Θ. Le tout, noté [T/τ/θ/Θ], constitue une praxéologie ponctuelle, ce qualificatif signifiant qu’il
s’agit d’une praxéologie relative à un unique type de tâches, T. Une telle praxéologie – ou
organisation praxéologique – est donc constituée d’un bloc pratico-technique, [T/τ], et d’un
bloc technologico-théorique, [θ/Θ].
Le bloc [θ/Θ] est, ordinairement, identifié comme un savoir (alors que le bloc [T/τ] constitue
un savoir-faire). Par métonymie; on désigne couramment comme étant un savoir la
praxéologie [T/τ/θ/Θ] toute entière, ou même une partie quelconque de celle-ci. Mais cette
manière de faire encourage à minorer le savoir-faire, notamment dans la production et la
diffusion des praxéologies : ainsi qu’on l’a noté, on rencontre souvent des technologies qui
« attendent leur premier emploi », ou qui ont « perdu leur emploi ».
Une telle mise en avant du savoir n’est nullement fortuite. On ne rencontre en fait que
rarement des praxéologies ponctuelles. Généralement, en une institution I donnée, une théorie
Θ répond de plusieurs technologies θj, dont chacune à son tour justifie et rend intelligibles
plusieurs techniques τij correspondant à autant de types de tâches Tij. Les organisations
ponctuelles vont ainsi s’agréger, d’abord en organisations locales, [Ti/τi/θ/Θ], centrées sur une
technologie θ déterminée, ensuite en organisations régionales, [Tij/τij/θj/Θ], formées autour
d’une théorie Θ. (Au-delà, on nommera organisation globale le complexe praxéologique
[Tijk/τijk/θjk/Θk] obtenu, dans une institution donnée, par l’agrégation de plusieurs
organisations régionales correspondant à plusieurs théories Θk.) Or le passage d’une
praxéologie ponctuelle [T/τ/θ/Θ] à une praxéologie locale [Ti/τi/θ/Θ] met en avant la
technologie θ, de la même façon que le passage ultérieur à une praxéologie régionale
[Tij/τij/θj/Θ] portera au premier plan la théorie Θ. Dans les deux cas la visibilité du bloc du
savoir s’accroît, au détriment de celle du savoir-faire. Un tel déséquilibre, sans doute, n’est
pas sans justification : car s’il est vrai que, en bien des cas, le type de tâches T précède
génétiquement le bloc [θ/Θ] (lequel se construit alors comme moyen de produire et de
5
justifier une technique τ appropriée à T), il n’en reste pas moins que, structuralement, le
savoir [θ/Θ] permet d’engendrer τ (pour T donné). Pour cette raison, le savoir-faire [T/τ]
pourra être classiquement présenté, dans le texte du savoir, comme une simple application du
« savoir » [θ/Θ].
Dans l’enseignement des mathématiques, un thème d’étude (« Pythagore », « Thalès », etc.) est souvent
identifié à une technologie θ déterminée (théorème de Pythagore, théorème de Thalès), ou plutôt,
implicitement, au bloc de savoir [θ,Θ] correspondant, cette technologie permettant de produire et de justifier,
à titre d’applications, des techniques relatives à divers types de tâches. On notera cependant que d’autres
thèmes d’étude (« factorisation », « développement », « résolution d’équations », etc.) s’expriment, très
classiquement, en termes de types de tâches.
Une organisation praxéologique, même ponctuelle, n’est pas en général entièrement conforme
aux canons évoqués ci-dessus. Le type de tâches autour duquel elle s’est construite, peut ainsi
être mal identifié, tandis que la technique associée se révélera presque impraticable. La
technologie pourra parfois se réduire à une pure pétition de principe, et la théorie être
parfaitement sibylline. La notion de praxéologie apparaît ainsi comme une notion générique
dont il convient d’approfondir l’étude – notamment par l’enquête empirique et l’analyse des
données d’observation recueillies.
Surtout, dans un univers de tâches routinières surgissent à tout instant, ici et là, des tâches
problématiques, qu’on ne sait pas – pas encore – accomplir. De nouveaux types de tâches, qui
sont alors des types de problèmes, s’affirment ainsi, autour desquels de nouvelles
praxéologies devront se constituer.
À la rentrée 1998, les professeurs de mathématiques enseignant en Terminale S auront à traiter, en
enseignement de spécialité, un type de problèmes inédit à ce niveau des études : étant donné a, b ∈ N*
6
premiers entre eux, trouver des entiers x, y tels que ax+by = c (« équation de Bézout »). Lorsque les entiers a
et b sont « petits » et qu’on travaille à la main, il est pratique de procéder comme sur l’exemple suivant (où a
= 151, b = 137, c = 1). On commence par écrire la fraction a/b sous la forme d’une fraction continuée, que
l’on arrête quand le numérateur de la dernière fraction obtenue est 1 :
151 14 1 1 1 1 1
137 = 1 + 137 = 1 + 137 = 1 + 11 = 1 + 1 =1+ 1 =1+ 1
14 9 + 14 9 + 14 9+ 3 9+ 1
11 1 + 11 1 + 11
3
1 1 1
=1+ 1 =1+ 1 =1+ 1 .
9+ 1 9+ 1 9+ 1
1+ 2 1+ 1 1+ 1
3+3 3+3 3+ 1
2 1+2
On supprime alors cette dernière fraction (ici, 1/2), et on calcule l’expression ainsi obtenue :
1 1 1 1 1 5 54
1+ 1 =1+ 1 =1+ 1=1+ 4 = 1 + 49 = 1 + 49 = 49
9+ 1 9+ 1 9+5 9+5 5
1+ 1 1+4 4
3+1+
On obtient ainsi : 49⋅151–54⋅137 = 1. Bien entendu, il resterait à justifier cette technique, et, plus encore
peut-être, à l’expliquer.
7
L’existence de cette université d’été montre ainsi qu’un certain nombre de personnes ont
décidé d’y étudier et d’y faire étudier, à nouveaux frais, la question τT relative à un type de
tâches T dont le libellé peut être : Analyser les pratiques enseignantes. Ce libellé, qui donne
son titre à l’université d’été, renvoie implicitement à une problématique plus large, qu’on
exprimera ici par un schéma générique articulant quatre grands types de tâches. Étant donné
un objet o relatif aux pratiques enseignantes, il s’agira en effet d’abord d’observer l’objet o
(T1), puis de décrire & analyser l’objet o (T2), ensuite d’évaluer l’objet o (T3), enfin de
développer l’objet o (T4). Bien entendu, ces types de tâches, qui se définissent par référence à
certains genres de tâches (observer, décrire & analyser, évaluer, développer) eux-mêmes plus
ou moins bien définis dans la culture commune (que signifie développer par exemple ?),
restent largement à construire, solidairement avec les autres composants – techniques,
technologiques, théoriques – des praxéologies visées.
Dans la suite de ces trois journées, le type de tâches T1 (l’observation) sera peu ou prou neutralisé par le
recours à des corpus de données d’observation tout constitués. Les types de tâches T3 (l’évaluation) et T4 (le
développement), sur lesquels on reviendra dans la leçon 3, seront davantage à l’horizon du travail qu’en son
cœur. Au centre du travail, on placera donc le type de tâches T2 – la description et l’analyse de certains objets
o relatifs aux pratiques enseignantes.
Les types d’objets o envisagés seront eux-mêmes de deux sortes. Étant donné un thème
d’étude mathématique θ, on considérera successivement a) la réalité mathématique qui peut
se construire dans une classe de mathématiques où l’on étudie le thème θ, b) la manière dont
peut se construire cette réalité mathématique, c’est-à-dire la manière dont peut s’y réaliser
l’étude du thème θ. Le premier objet – « la réalité mathématique qui... » – n’est rien d’autre
qu’une praxéologie mathématique ou organisation mathématique, qu’on notera OMθ. Le
second objet – « la manière dont... » – est ce qu’on nommera une organisation didactique,
qu’on notera, de manière analogue, ODθ. Le travail d’étude à réaliser concerne donc
principalement les deux sous-types de tâches suivants : décrire & analyser l’organisation
mathématique OMθ qui peut se construire dans une classe de mathématiques où l’on étudie le
thème θ (T21) ; décrire & analyser l’organisation didactique ODθ qui peut être mise en œuvre
dans une classe de mathématiques où l’on étudie le thème θ (T22).
Chacun des trois groupes de travail 1, 2, 3 (visites d’atelier & TD) travaillera sur un thème θ différent, qui
restera pour chacun le même au long des trois journées d’étude afin de permettre au groupe un travail plus
approfondi : pour 1 {Michel Jullien & Jacques Tonnelle}, θ1 = Écritures fractionnaires ; pour 2 {Michèle
Artaud & Robert Noirfalise}, θ2 = Nombres relatifs ; pour 3 {Gisèle Cirade & Yves Matheron}, θ3 =
Équations du 1er degré et modélisation algébrique.
3.3. Analyser une organisation mathématique. – L’objet de cette première journée est de
construire, ou du moins d’ébaucher, à partir des éléments théorico-technologiques introduits
jusqu’ici, une technique τ21 de description et d’analyse d’une organisation mathématique OMθ.
À titre d’introduction, on considère ci-après un spécimen simple du type de tâches T21, en
choisissant le thème θ = div de la division des entiers :
tdiv : Décrire & analyser l’organisation OMdiv qui peut se construire dans une classe où l’on étudie le thème de
la division des entiers.
Une telle tâche doit être soigneusement distinguée de la tâche, notée t∂div, de description et
d’analyse de l’organisation didactique correspondante :
t∂div : Décrire & analyser l’organisation didactique ODdiv = ∂OMdiv qui peut être mise en œuvre dans une classe
où l’on étudie le thème de la division des entiers.
8
Le travail requis est en fait ce qui, grosso modo, peut être attendu d’un candidat au CAPES de
mathématiques lors de l’exposé sur un thème donné, première épreuve orale d’admission
dont, au concours 1997, le sujet 08 était précisément libellé : Division euclidienne dans Z,
unicité du quotient et du reste. Applications à l’arithmétique. Le résultat technologique
principal de OMdiv est évidemment le suivant :
θ0. [Théorème & définition] Étant donné deux entiers relatifs a et b, b > 0, il existe un couple et un seul
d’entiers relatifs q et r tels que : a = bq + r, 0 ≤ r < b. Les nombres a et b s’appellent respectivement le
dividende et le diviseur, les nombres q et r, le quotient et le reste de la division de a par b.
Cet énoncé technologique n’est en fait que la conclusion d’un « discours technologique » plus
vaste, qui le justifie, ou, comme on dit en mathématiques, qui le démontre :
Division des entiers : résultat fondamental
Soit deux entiers relatifs a et b, b > 0.
1. Démontrons qu’il existe au plus un entier entier relatif q tel que : bq ≤ a < b(q+1). La suite arithmétique
généralisée (bk)k∈Z étant strictement croissante, si q1 et q2 vérifiaient tous deux cette double inégalité, avec
par exemple q1 < q2, soit q1+1 ≤ q2, on aurait a < b(q1+1) ≤ bq2 ≤ a, ce qui est impossible. D’où l’unicité de
q.
2. Démontrons ensuite l’existence de q. Supposons d’abord a ≥ 0. La suite (bk)k∈N étant strictement
croissante et non bornée, il existe un premier entier k ∈ N tel que bk > a, de sorte en particulier que b(k–1) ≤
a. Posons q = k–1 ; il vient alors bq ≤ a < b(q+1) : l’entier q convient. Si, maintenant, on a a < 0, il existe q’
tel que bq’ ≤ –a < b(q’+1), soit encore b(–q’–1) < a ≤ b(–q’). Si a = b(–q’), on peut prendre q = –q’. Sinon,
on a a < b(–q’) et b(–q’–1) < a, soit b(–q’–1) < a < b(–q’) ; en prenant q = –q’–1 on obtient ainsi bq < a <
b(q+1) : l’entier q convient.
3. Ainsi, étant donné deux entiers relatifs a et b, b > 0, il existe un et un seul entier relatif q tel que : bq ≤ a <
b(q+1). Le nombre q s’appelle le quotient de la division de a par b. On appelle reste de cette division l’entier
r = a–bq.
Les éléments théoriques requis pour justifier la technologie précédente sont les suivants.
Division des entiers : éléments théoriques
1. La démonstration d’unicité utilise essentiellement le fait que la suite (bk)k∈Z est strictement croissante.
1.1. Ce fait découle du résultat théorique suivant :
Θ0. L’ordre usuel sur Z fait de Z un anneau ordonné, c’est-à-dire que l’on a :
Θ01. ∀ k ∈ Z, ∀ n, m ∈ Z, n ≤ m n+k ≤ m+k ;
Θ02. ∀ k ∈ N, ∀ n, m ∈ Z, n ≤ m kn ≤ km.
1.2. On utilise aussi la propriété ci-après, plus propre à l’anneau ordonné discret Z :
Θ1. ∀ n, m ∈ Z, n < m ⇔ n+1 ≤ m.
2. La démonstration d’existence repose sur l’affirmation suivante : la suite (bk)k∈N étant strictement
croissante et non bornée, il existe un premier entier k tel que bk > a.
2.1. Le fait que la suite arithmétique (bk)k∈N est strictement croissante vient d’être examiné.
2.2. Le fait qu’elle soit non bornée découle de ce que Z est un groupe archimédien :
Θ2. [propriété d’Eudoxe-Archimède] ∀ a ≥ 0, ∀ b > 0, ∃k ∈ N, bk > a.
2.3. Le fait qu’il existe un premier entier k, c’est-à-dire un plus petit entier k, tel que bk > a résulte du fait
que l’ordre usuel sur N est un bon ordre :
Θ3. [Propriété de bon ordre] Toute partie non vide de N possède un plus petit élément.
Soit en effet F l’ensemble des entiers k tels que bk > a : d’après Θ2, F est non vide ; par suite, d’après Θ3, F
possède un premier élément.
9
2.4. Remarque. On a : Θ2 ⇐ Θ3 [laissé au lecteur].
L’organisation mathématique à déterminer, OMdiv, est a priori une organisation locale (et non
pas ponctuelle), qui peut donc contenir plusieurs types de tâches. Faute de place, on ne
considérera ici que le type de tâches mathématiques suivant :
Tq. Étant donné deux entiers relatifs a et b, b > 0, calculer le quotient q de la division de a par b.
Le but de l’étude serait alors de préciser une technique τq pour accomplir les tâches du type Tq
– ce qu’on ne fera ici que sur un point particulier. L’observation de OMdiv dans la littérature
des manuels anciens fait en effet rencontrer une « remarque » aujourd’hui si oubliée qu’elle
en paraît d’abord peu crédible, et sur laquelle on s’arrêtera un instant. Un premier ouvrage
indique ainsi :
Albert Millet, Arithmétique (enseignement primaire supérieur), Hachette, 1923, p. 84
Théorème. – Pour diviser un nombre par un produit de plusieurs facteurs, il suffit (si les divisions se font
exactement) de diviser ce nombre par le premier facteur, le quotient obtenu par le second et ainsi de suite
jusqu’au dernier facteur. Le dernier quotient obtenu est le quotient cherché.
REMARQUE. – Ce théorème s’applique aux divisions avec reste. Nous l’admettrons sans démonstration.
Ainsi : 517 : (5 × 7 × 4) peut s’obtenir en divisant : 517 par 5, soit 103 ; 103 par 7, soit 14 ; 14 par 4, soit 3.
Le quotient de 517 par 5 × 7 × 4 soit 140 est 3.
D’autres auteurs – et non des moindres ! – écrivent de même, à propos du même théorème :
Anna et Élie Cartan, Arithmétique (classes de 4e et de 3e), Armand Colin, 1934, p. 54
92. – Remarque. – Si un nombre n’est pas divisible par un produit de facteurs, on démontre qu’on peut
néanmoins trouver le quotient du nombre par le produit en appliquant la deuxième partie du théorème IV
(n° 91, p. 53). La règle donnée au n° 78 (p. 47) est une application de cette remarque. Pour avoir le quotient
de 6 783 par le produit 100 × 9, on peut diviser 6 783 par 100, ce qui donne 67 comme quotient, puis diviser
67 par 9.
La chose est-elle vraie ? Une justification s’impose, que d’autres manuels fournissent – telle
l’Arithmétique de Roland Maillard et Albert Millet pour la classe de Mathématiques
(Hachette, 1954, pp. 39-40). Il est intéressant de constater qu’une telle justification s’appuie
sur un résultat technologique qui est une variante immédiate des résultats précédemment
établis :
θ0”. [Théorème] Le quotient q de la division de a par b est caractérisé par les inégalités : bq ≤ a & a+1 ≤
b(q+1).
10
ainsi obtenu par b”. Supposons maintenant que a soit divisible par b’, avec a = b’q’ ; il est clair alors – du
moins l’admettra-t-on ici – que q = q”, où q” = [q’/b”]. (Une démonstration de ce point procèderait de
l’observation que l’on a a = b’q’ = b’(b”q”+r”) = (b’b”)q”+b’r”, avec b’r” < b’b” = b.) Pourquoi alors
peut-on, dans le cas général (où l’on ne suppose plus que b’ divise a), « oublier » le reste r’ de la division de
a par b’ ? L’explication fondamentale découle des deux faits généraux suivants, dont il convient d’abord de
se persuader : le quotient par b de l’entier a est aussi le quotient par b des entiers a–1, a–2, ..., a–r : on ne
change pas le quotient si on remplace a par a–k, avec 0 ≤ k ≤ r ; le reste r (dans la division de a par b) est
le premier entier k tel que a–k soit divisible par b. On voit alors que, en « oubliant » le reste r’, soit en
remplaçant a par b’q’ = a–r’, le quotient final reste inchangé dès lors que r’ ≤ r (d’après ), ce qui est le cas
(d’après ) puisque a–r (= bq = b’b”q) est divisible par b’.
3.4. Une remarque technique. – Bien qu’à peine esquissé, l’exemple précédent montre
notamment que la composante technologique d’une organisation mathématique change avec
les types de tâches et les techniques que l’on entend produire, justifier, expliquer.
Au point de départ, il y a, dans la vie sociale, une simple demande d’information, ou, comme
on dira, une question au sens faible, qui prend généralement la forme d’une interrogation au
sens grammatical du terme :
Où se trouve le bureau de poste le plus proche ?
Quelle heure est-il ?
Quel âge avez-vous ?
Le train de 16h17 en provenance de Marseille, c’est quel quai ?
Quelle est notre longitude ?
4 3–3 2, c’est bien irrationnel, non ?
C’est vrai que n3+11n est divisible par 6 quel que soit n ∈ N ?!
Du point de vue du questionneur, chacune de ces questions appelle une réponse au sens
faible, sous forme d’un énoncé apportant l’information demandée : « Il est devant vous ! [le
bureau de poste] », « Il est... 8h 47 ! », etc. L’hypothèse est ici que la personne questionnée
connaît la réponse, ou, du moins, peut la connaître à peu de frais – par exemple en regardant
sa montre, s’il s’agit de l’heure. On notera pourtant que, en réalité, cette réponse procède de la
« partie émergée », seule visible dans la vie sociale ordinaire, d’un « iceberg praxéologique »
qui s’est fondu dans le paysage social, mais qu’il a fallu souvent des siècles pour construire.
Ainsi en va-t-il à propos de l’heure, ou de la longitude, ou même de l’âge de la personne
interrogée. Le jeu des questions-réponses au sens faible se joue ainsi à la surface de la société
et de ses institutions : il en occulte les ressorts profonds, dont il semble – faussement –
pouvoir faire l’économie.
Les choses changent quand la personne questionnée ne sait pas répondre – lorsqu’elle ne
connaît pas la longitude du lieu, ou ignore si le nombre 4 3–3 2 est irrationnel ou pas, etc.
11
Dès lors, une question se pose. Qu’elle consiste à déterminer la longitude ou la nature,
rationnelle ou non, du nombre 4 3–3 2, la tâche à accomplir pour répondre à la question
posée n’est plus « immédiate ». Si l’on dispose d’une praxéologie relative au type de tâches
considéré, on pourra la mettre en œuvre, et d’une manière éventuellement routinière (ce qui
ne signifie pas « algorithmique »).
Ainsi un bon élève de la nouvelle Terminale S pourra-t-il peut-être écrire sans autre façon : n3+11n = n3–
3 3
n+12n = n(n2–1)+12n = (n+1)n(n–1)+12n = 6Cn+1+12n = 6(Cn+1+2n)…
Mais les choses changent plus encore lorsque la personne interrogée ne dispose d’aucune
technique pour accomplir la tâche demandée, qui apparaît alors problématique pour elle. La
question posée se mue dès lors en une question au sens fort : non plus « Quelle est la
longitude ? » mais « Comment déterminer la longitude ? », non plus « Ce nombre est-il
irrationnel ? » mais « Comment déterminer si ce nombre est irrationnel ? ». On passe ainsi de
la demande d’accomplir une tâche t au besoin d’élaborer une technique, et, plus
complètement, toute une praxéologie relative aux tâches du type de t – type qu’il faut en
même temps construire comme objet institutionnel. À question au sens fort, réponse au sens
fort : la réponse n’est plus maintenant une simple information à donner, c’est toute une
organisation praxéologique à construire.
En nombre de cas, une personne ou un collectif confronté à une difficulté du type précédent –
élaborer une praxéologie relative à un type de tâches problématique – répond en ignorant,
voire en niant cette problématicité, par exemple en n’accomplissant pas la tâche en question –
en « faisant autrement ».
Un exemple – où la problématicité est de nature mathématique. Trois vacanciers doivent se partager la
somme de 860 F qui, à l’issue de leurs vacances, reste dans la caisse commune créée pour faire face aux frais
quotidiens collectifs, et dans laquelle ils ont versé en tout, respectivement, 1900 F, 2100 F, 2200 F. Ils se
demandent comment ils doivent se partager la somme restante de façon que chacun d’eux ait contribué
également aux frais collectifs. Puis ils décident, dans un flou généreux et opportun (« Mais non ! Toi tu as
payé la pizza l’autre jour, et ça on l’a pas compté... », etc.), que telle répartition, déterminée « à l’intuition »,
est grosso modo acceptable, et s’en tiennent là.
1.2. L’étude, les institutions, la skholê. – La formation même éphémère d’un système
didactique si rudimentaire soit-il interrompt le flux normal de l’activité institutionnelle
ordinaire. L’activité d’étude apparaît en conséquence comme une source permanente de
trouble possible pour la vie de l’institution, dont elle peut à tout instant faire dévier le cours
des activités normales en entraînant certains de ses acteurs vers des voies étrangères à sa
« raison sociale » – que l’on songe, par exemple, à la formation continue des enseignants ! Il
y a là un fait fondamental dont il faut examiner rapidement les manifestations.
12
Une première conséquence a été mentionnée rapidement plus haut – le refoulement de la
problématicité, et donc le refoulement du didactique que cette problématicité pourrait
engendrer. Une deuxième conséquence tient à un phénomène voisin, sur lequel il convient
d’insister : celui de la dénégation du didactique. Les situations de la vie quotidienne au sein
d’une institution sont tissées d’interactions didactiques, mais labiles, évanescentes, qui se
glissent presque sans bruit dans le flux de l’activité ordinaire – et auxquelles on fait
implicitement référence lorsqu’on parle d’apprentissage sur le tas, ou, selon la formule de
John Dewey, de learning by doing, d’apprentissage par la pratique « nue ». Mais ce
didactique-là se trouve en général non reconnu par l’institution, parce que, pour se défendre
contre un envahissement toujours menaçant, celle-ci a défini une frontière qui sépare, parmi
toutes les formes d’activité dont elle peut être le lieu, celles – généralement peu nombreuses
et fortement stéréotypées – qu’on accepte d’y regarder comme didactiques, et celles –
majoritaires et fort variées – qui sont réputées non didactiques, et dont la didacticité
potentielle se trouve donc, par là, niée.
Nulle situation n’est intrinsèquement didactique ou non didactique. Par suite, en niant la didacticité
potentielle d’une situation donnée, en l’imposant à ses sujets comme irréfragablement non didactique,
l’institution barre la possibilité de son fonctionnement adidactique (Brousseau 1996), et ferme ainsi certaines
voies d’apprentissage a priori possibles pour les sujets de l’institution. Chaque fois que de tels
apprentissages apparaissent comme objectivement appelés par le bon fonctionnement de l’institution, c’est-à-
dire comme répondant à des besoins cognitifs institutionnellement engendrés, on peut dire que l’institution
nie les besoins didactiques de ses sujets, besoins dont ces derniers devront donc éventuellement prendre en
charge la satisfaction, mais alors à titre personnel, et non plus comme sujets de l’institution.
L’adjectif didactique, associé ici au substantif étude (et au verbe étudier), est, en français, un
emprunt au grec didaktikos « propre à instruire », « relatif à l’enseignement », de didaktos,
adjectif verbal de didaskein, « enseigner, faire savoir ». En français courant, il s’applique à ce
qui vise à instruire. L’idée du didactique, l’idée d’étude, c’est-à-dire, fondamentalement,
l’idée de faire quelque chose afin d’apprendre quelque chose (« savoir ») ou d’apprendre à
faire quelque chose (« savoir-faire »), paraît en fait consubstantielle aux sociétés humaines.
Comment, pourtant, limiter les effets perturbants du didactique sur la vie des institutions ?
Une réponse a pris dans nos sociétés modernes une importance extrême, au point qu’elle tend
à absorber dans son ombre portée toute autre manière de gérer les apprentissages : il s’agit de
l’école, ou plus précisément de la skholê des anciens Grecs – cet otium Graecum, ce « loisir
grec » que stigmatisaient Caton et les vieux Romains, et que l’on peut définir comme du
temps prélevé sur le temps du labeur, ou plutôt de la vie ordinaire, pour être consacré à
l’étude.
La formule est générique, universelle, et peut a priori s’appliquer à toute institution : à côté
d’elle, mais distincte d’elle, toute institution peut créer sa propre école, où l’on pourra se
livrer à l’étude de toute question posée par la vie de l’institution, dans le cadre de systèmes
didactiques institutionnalisés, Σk = S({xi};{yj};Pk), où les xi seront des élèves, les yj des
professeurs, et Pk un programme d’étude précisant les questions à étudier. Ce processus
historique de « scolarisation » des institutions est aujourd’hui fort avancé : rien ou presque
qui lui échappe, en droit comme en fait – et c’est d’ailleurs lui qui nous réunit ici, ces jours-
ci ! De l’absence de skholê, en passant par la skholê intégrée au flux de la vie, on arrive ainsi
à la skholê omniprésente, conçue et vécue comme séparée de l’activité dont elle a pourtant
13
pour mission de questionner, en les étudiant, les praxéologies.
On notera pourtant que, quel que soit l’habitat institutionnel offert au didactique – depuis
l’intégration vécue au quotidien dans l’institution, jusqu’à la scolarisation en une institution
scolaire associée –, des contraintes s’imposent qui, d’un même mouvement, vont permettre,
voire imposer, certains types de praxéologies didactiques, et en interdire d’autres, tandis que,
même dans le cadre de la skholê, même dans le cadre de l’École de la République (à laquelle
on restreindra désormais l’emploi de l’adjectif scolaire), certaines pratiques didactiques,
« niées », resteront viables, et vivantes, sans toutefois être assumées comme telles. Chaque
institution, chaque institution didactique notamment, définit ainsi, en acte, au moins
négativement, sa propre notion d’étude. De là que cette notion ne puisse être définie de
manière intrinsèque, universelle, absolue, au-delà de cette « définition » minimaliste selon
laquelle il y a étude lorsqu’il y a soin, application, attention à l’endroit de quelque réalité
problématique – la réalité « étudiée ».
1.3. Étudier une œuvre. – Étudier une question du type τT, où T est un certain type de tâches,
cela conduit – comme il en va en principe dans le monde savant – à créer une réponse, c’est-
à-dire à élaborer une organisation praxéologique O = [T/τ/θ/Θ] inédite. Mais, dans le monde
ordinaire de la skholê, étudier une question, c’est, presque toujours, recréer, pour soi et ses
compagnons d’étude, une réponse O déjà produite en quelque autre institution. Étudier, c’est
donc étudier une réponse (au sens fort) tenue pour valable. C’est étudier une œuvre existant
ailleurs dans la société, pour la reconstruire, la transposer dans l’institution qui sert d’habitat
à l’étude. Le passage de l’étude d’une question à l’étude d’une réponse – d’une œuvre – ne va
pas sans quelques modifications dans la notion même d’étude.
Au départ, ainsi qu’on l’a suggéré, l’œuvre O est étudiée – c’est-à-dire reconstruite,
transposée – en tant que réponse à la question τT que l’on se pose. Si, par exemple, on se pose
la question de la représentation plane de l’espace à trois dimensions, on étudiera la
perspective ; si l’on se pose la question du cryptage et du décryptage de messages, on étudiera
la cryptographie ; etc. On travaille alors sur des œuvres prenant la forme d’organisations
praxéologiques ponctuelles, i.e. constituées autour d’un unique type de tâches, regardé
comme générateur de l’œuvre étudiée.
Deux exemples de techniques
1. Comment, par exemple, démontrer que α = 4 3–3 2 est irrationnel ? Une technique simple, dont on
laissera le lecteur préciser la technologie et la théorie, consiste à former une expression rationnelle de α égale
66–α2
à un nombre connu pour être irrationnel. Ici on a : α = 4 3–3 2 α2 = 66–24 6 ⇔ = 6. On
24
2
66–α
conclut alors par un petit raisonnement : si α était rationnel, il en serait de même de = 6, ce qui n’est
24
pas.
2. Comment déterminer le maximum (ou le minimum) d’une fonction sur un intervalle ? Il s’agit d’un très
grand et très ancien problème, étudié autrefois, au lycée, sous le nom de questions de maximum et de
minimum. La technique élémentaire utilisée en l’absence de calcul infinitésimal se fondait sur le résultat
technologique suivant : si x1, x2, ..., xn sont des réels ≥ 0 dont la somme est constante, égale à a, alors le
produit x1x2...xn est maximal lorsque x1 = x2 = ... = xn = a/n. Ainsi l’aire d’un rectangle de périmètre 2p, qui
s’écrit xy, avec x+y = p, est-elle maximale lorsque x = y = p/2, c’est-à-dire lorsque rectangle est un carré. De
même, l’aire d’un enclos rectangulaire formé à l’aide d’une palissade de longueur et dont l’un des côtés est
un mur, qui s’écrit xy avec 2x+y = , est maximale en même temps que l’expression 2xy, laquelle atteint son
maximum lorsque 2x = y = /2, soit pour x = /4 et y = /2.
14
L’agrégation d’œuvres « ponctuelles » en une organisation locale (la division des entiers, par
exemple) à l’enseigne d’une commune technologie θ, voire leur intégration au sein d’une
organisation régionale (l’arithmétique, par exemple) commandée par une même théorie Θ,
tend à refouler à la périphérie, sous le nom d’applications, les types de tâches qui sont en
principe générateurs de l’œuvre, au motif qu’il s’agit d’une œuvre ouverte, à la technologie
potentiellement productrice de techniques inédites, et qu’on ne saurait donc enfermer dans
quelques « applications » définies a priori. Le rapport entre question et réponse tend ainsi à
s’inverser. La réponse est première, la question suit. Dans l’organisation OMdiv (leçon 1,
§ 3.3), ainsi, on peut faire figurer ou non un développement relatif aux quotients approchés
(v. ci-après). Selon le cas, alors, OMdiv apparaîtra ou non comme répondant (au sens fort) à la
question « Comment déterminer le quotient approché par défaut à 10–n près d’un entier a par
un entier b ? ».
Quotients approchés
1. Théorème & définition. Étant donné deux entiers relatifs a et b, b > 0, il existe un unique entier relatif q tel
que : b q n ≤ a < b q+1n . Le décimal qn = q⋅10–n est le quotient approchée à 10–n près par défaut de la division
10 10
de a par b.
Démonstration. La double inégalité b q n ≤ a < b q+1n équivaut à bq ≤ a⋅10n < b(q+1), ce qui montre que
10 10
l’entier q est le quotient de la division euclidienne de a⋅10n par b. D’où l’existence et l’unicité de q.
2. Remarque. Le quotient q de la division euclidienne de a par b, qu’on appelle aussi quotient entier de a par
b, est obtenu pour n = 0 : on dit que q (= q0) est le quotient de a par b à une unité (= 100) près par défaut. Le
quotient entier est ainsi, en général, un quotient approché : il n’est un quotient exact que si a est divisible par
b.
3. Corollaire. Pour calculer le quotient qn approchée à 10–n par défaut de la division de a par b, on calcule le
quotient entier q de a⋅10n par b et on prend qn = q⋅10–n.
4. Exemple. Soit à calculer le quotient q2 à 10–2 (= 0,01) près par défaut de 743 par 56. On cherche le
quotient entier q de 74300 par 56, soit q = 1326. On a donc q2 = 13,26.
5. ...
15
chaque fois que la chose est possible, d’un système d’écriture canonique de ces objets, et cela afin de pouvoir
comparer sans ambiguïté deux tels objets. C’est ainsi que deux vecteurs seront rapportés à une même base,
où ils ont une écriture unique, deux points du plan à un même repère, etc. Cette exigence prévaut dès les
premiers apprentissages mathématiques. Les expressions 3×7+5×2 et 7×8–5×5 sont égales, mais la chose ne
devient évidente que si on les écrit séparément sous forme canonique, c’est-à-dire si l’on « effectue les
calculs » : 3×7+5×2 = 31, 7×8–5×5 = 31. C’est pour la même raison encore que l’on apprendra longuement à
développer et à ordonner les expressions algébriques, ou à simplifier les fractions : pour les identifier à coup
168 252 2
sûr. Ainsi les fractions et représentent-elles un même nombre dont l’écriture canonique est . Mais
252 378 3
la chose n’est pas a priori évidente, et seul un travail de « simplification », c’est-à-dire de réécriture
canonique, permet de ne pas passer à côté de la vérité.
2. Organisations didactiques
2.1. Généricité et spécificité. – Les praxéologies didactiques ou organisations didactiques
sont des réponses (au sens fort) aux questions du type « Comment étudier la question q =
τT ? », ou « Comment étudier l’œuvre O ? » – réponses qu’on notera ici, génériquement, ∂q et
∂O, en sorte qu’on aura par exemple : ODθ = ∂OMθ. Cela précisé, la question se pose de savoir
quels types de tâches relèvent d’une praxéologie didactique ; ou, pour le dire autrement, quels
« gestes » peuvent être regardés comme didactiques.
La distinction entre ce qui serait spécifique de l’enjeu didactique, ♥, et ce qui ne le serait pas,
apparaît ainsi, dans la perspective précédente, comme relative. L’opposition générique-
spécifique a, si l’on peut dire, une structure fractale, en ce qu’elle se retrouve aux différents
niveaux d’analyse du didactique. Ainsi, quel qu’en soit l’objet, il y a une spécificité de
l’activité didactique parmi l’ensemble des activités humaines, spécificité qui, précisément,
fonde le genre didactique, par delà ses différentes espèces, celles, notamment, que
déterminent les grands types d’œuvres – mathématiques, physiques, littéraires, plastiques, etc.
L’étude scolaire des mathématiques, ainsi, n’est pas un isolat institutionnel : elle se relie, à un
certain niveau de généralité, à l’ensemble du didactique existant dans la société, et, en tout
premier lieu, à l’ensemble du didactique scolaire. À plusieurs égards, bien entendu, elle
possède des traits spécifiques, qui la distinguent de l’étude scolaire d’autres disciplines. Mais
cette opposition reste relative : qu’est-ce qui, au vrai, est mathématique ? La frontière est
indécise et, en tout cas, historiquement évolutive. Par ailleurs, à un moment donné, les
mathématiques, c’est-à-dire les différentes organisations mathématiques, sont elles-mêmes
diverses, et, par exemple, on n’étudiera pas l’algèbre tout à fait comme on étudie la
géométrie. On parlera donc de l’étude de l’algèbre, de celle de la géométrie, ou de la
statistique, etc. En cette descente vers des objets d’étude toujours plus spécifiés, l’opposition
du générique et du spécifique se trouve chaque fois reconduite, sans annuler pour autant les
16
oppositions de même forme repérées aux niveaux supérieurs. Il y aura ainsi une spécificité de
l’étude de tel domaine mathématique, qui se laissera elle-même décliner en niveaux plus fins
de spécification, et cela jusqu’au niveau « moléculaire » des organisations mathématiques
ponctuelles constituées autour d’un unique type de tâches.
Par organisation didactique, on entendra donc a priori l’ensemble des types de tâches, des
techniques, des technologies, etc., appelés par l’étude concrète en une institution concrète.
L’approche classique en didactique des mathématiques a en général ignoré les aspects les
plus génériques de l’organisation de l’étude au sein d’un type donné de systèmes didactiques.
(Telle est par exemple l’attitude classiquement adoptée, s’agissant des systèmes didactiques
scolaires, à propos de la question de l’évaluation, du travail hors classe, de son évaluation,
etc.) Par contraste, la problématique écologique, qui est l’un des principaux moteurs de la
TAD, conduit à examiner des questions pouvant se situer en un point quelconque de l’axe
généricité-spécificité, parce que les problèmes spécifiques de l’étude d’une organisation
mathématique locale particulière restent en général mal posés tant qu’on n’analyse pas les
« choix » didactiques, conscients ou non, faits à des niveaux organisationnels de moindre
spécificité. En conséquence, l’approche anthropologique fait droit à des aspects de
l’organisation de l’étude généralement regardés comme relevant de choix « pédagogiques »
ou « politiques » extérieurs au champ de questionnement de la didactique des mathématiques.
Une organisation didactique ∂O comporte donc de multiples niveaux de spécification, dont aucun ne saurait
être négligé et dont tous relèvent, à certains égards au moins, de la didactique. À un premier niveau, ainsi, on
situera les conditions et contraintes propres à un système d’enseignement et à ses établissements, qui
s’appliquent peu ou prou à toutes les matières qui y sont étudiées : pour le système scolaire français, on
situera là, notamment, l’existence de cursus d’études strictement définis, celle de programmes nationaux, la
distribution des élèves d’un niveau d’études donné (6e, 5e, 4e, etc.) entre plusieurs communautés d’étude
quasi autonomes – les classes du niveau considéré –, l’importance accordée aux professeurs par rapport aux
autres aides à l’étude possibles, l’existence de systèmes et dispositifs didactiques auxiliaires (études
encadrées, modules, etc.). À un deuxième niveau, on situera les déterminants spécifiques de telle matière
figurant dans tel cursus d’études : on placera là, par exemple, les formes didactiques qui font sens a priori
pour l’ensemble de la matière étudiée – comme il en va s’agissant de l’expérimentation ou de la
démonstration, dans leurs aspects généraux, en mathématiques. Semblablement, les niveaux suivants de
spécification concerneront les aspects propres à chacun des niveaux d’organisation de la matière étudiée –
global, régional, local, ponctuel.
2.2. Le topos de l’élève et l’autre scène. – Dans le cadre des systèmes didactiques scolaires
Σ = S(X ; y ; P), auxquels on se limitera désormais, les types de tâches intégrés dans une
praxéologie mathématique sont, traditionnellement, accomplis par un individu seul. L’élève x
∈ X doit apprendre à factoriser, seul, sans l’aide d’autrui, certains types d’expressions
4 8
algébriques ; à calculer, par ses propres moyens, la somme des fractions + , etc. En
7 21
revanche, il n’a pas à apprendre seul : officiellement il reçoit pour cela, au moins, l’aide du
professeur y.
Les tâches didactiques, en effet, sont, dans un certain nombre de contextes, coopératives, en
ce sens qu’elles doivent être accomplies de concert par plusieurs personnes x1, ..., xn, les
acteurs de la tâche. On dira que chacun des acteurs xi doit en ce cas effectuer certains gestes,
dont l’ensemble constitue alors son rôle dans l’accomplissement de la tâche coopérative t, ces
gestes étant à la fois différenciés (selon les acteurs) et coordonnés entre eux par la technique τ
mise en œuvre collectivement. Certains de ces gestes seront regardés comme des tâches à part
entière, t’, dans l’accomplissement desquelles xi agira (momentanément) en autonomie
relative par rapport aux autres acteurs de la tâche. L’ensemble de ces tâches, sous-ensemble
17
du rôle de xi lorsque t est accomplie selon τ, est nommé alors le topos de xi dans t.
Le grec topos (qui correspond au latin locus) signifie « lieu » : le topos de xi, c’est le « lieu de xi », sa
« place », l’endroit où, psychologiquement, xi éprouve la sensation de jouer, dans l’accomplissement de t,
« un rôle bien à lui ». Dans le cas d’une classe, on parlera ainsi du topos de l’élève et du topos du professeur.
Ainsi, lorsqu’une classe de mathématiques « fait un exercice », ce qui est une tâche éminemment
coopérative, la sous-tâche consistant à fournir l’énoncé de l’exercice revient, généralement, au professeur :
elle appartient à son topos. La tâche consistant à produire – par exemple par écrit – une solution de l’exercice
relève, elle, du topos de l’élève, tandis que la tâche consistant, ensuite, à fournir un corrigé ressortit, à
nouveau, au topos du professeur. Si, au cours de la résolution de l’exercice, un élève pose une question au
professeur, il effectue ainsi ce qui est vu ordinairement comme un simple geste, appelant un geste homologue
de la part du professeur – geste qui peut consister, quelquefois, à... refuser de répondre.
L’une des difficultés didactiques les plus ordinaires et les plus pressantes pour un professeur
est celle qu’il rencontre pour « donner une place aux élèves », c’est-à-dire pour créer, à leur
intention, et à propos de chacun des thèmes étudiés, un topos approprié, qui donne à l’élève le
sentiment d’avoir un « vrai rôle à jouer ». Ainsi, dans ce qu’on peut appeler l’enseignement-
spectacle, que certaines modes pédagogiques ont pu pousser en avant au cours des décennies
écoulées, les élèves sont sollicités fréquemment, mais n’interviennent en général que comme
des figurants sans véritable rôle. Dans la plupart des cas, pourtant, une tâche didactique a pour
acteurs et le professeur, et les élèves : lorsque le professeur s’engage dans une tâche où il
opère en autonomie relative, cette tâche apparaît généralement comme une sous-tâche au sein
d’une tâche plus vaste, où il coopère avec l’élève. L’étude du système des tâches et gestes du
professeur, et plus généralement de tout autre aide à l’étude (parents, etc.), ne saurait donc
être menée de manière isolée : derrière l’activité du professeur, on doit sans cesse apercevoir
l’activité de l’élève.
Un point essentiel à cet égard consiste à examiner, en toute organisation didactique scolaire,
la qualité et la quantité du travail autonome exigé des élèves xi (pour assurer un bon
rendement en termes d’apprentissage) et qui est invisible (officiellement) du professeur y. (Il
existe aussi, bien entendu, tout un travail exigé de y et invisible de x, qui compte autant dans
la viabilité d’une organisation didactique...) Il arrive que ce travail invisible, accompli par
l’élève sur une autre scène, que le professeur peut en principe ignorer, tende à occuper
l’essentiel de l’espace de l’étude, comme dans l’exemple ci-après.
L’étude et la classe : le cours H, un cas extrême
... à cinq ans, je fus inscrit au cours H. Cet établissement devait sa réputation à un dispositif très particulier,
comportant plusieurs éléments. J’ignore si, dans l’esprit de ses créateurs – peut-être vaudrait-il mieux dire :
de ses ingénieurs – les divers éléments du dispositif étaient délibérément combinés. Pour moi, ils le furent et
le sont restés.
1. Nous n’étions convoqués qu’une fois par semaine, le matin pour un cours de deux heures.
2. À la fin du cours nous était remis un bref document ronéoté, appelé la « feuille », prescrivant avec une
impeccable précision les devoirs, exercices, leçons, lectures que nous devions faire à la maison pendant
l’intervalle, guidés, surveillés, instruits par nos répétitrices privées ou, pour les moins fortunés, par nos
mères.
3. Mères et répétitrices assistaient au cours, séparées des élèves par une mince barrière. Elles n’étaient
pas autorisées à intervenir mais se manifestaient parfois bruyamment par des soupirs, des exclamations,
plaintives ou indignées, devant nos défaillances, nos étourderies [...].
4. Une même institutrice – pour nous, Mlle Haussoye – nous régentait de la onzième à la septième incluse.
5. Pendant le cours, rien ne nous était enseigné (c’est pourquoi j’hésite à l’appeler cours). Ce que nous
apprenions, nous l’apprenions à la maison, à condition de suivre à la lettre les prescriptions de la « feuille ».
La séance hebdomadaire était en réalité un examen et même une sorte de concours. Nous étions en effet
classés à l’issue de chaque séance [...]. Nous nous séparions après la proclamation des résultats pour ne nous
retrouver que la semaine suivante. Nos amis se recrutaient ailleurs. Là, nous n’avions que des concurrents.
18
J.-B. Pontalis, L’amour des commencements, Gallimard, Paris, 1994, pp. 11-12.
En règle générale, pourtant, l’espace de l’étude a tendu depuis trois décennies à se restreindre
– en principe – à la scène officielle de la classe. C’est pourtant par le travail caché, invisible,
qui répond aux besoins d’étude engendrés par le travail de la classe mais non assumés par
l’organisation didactique officielle, que se créent ou se renforcent, silencieusement, les
inégalités de réussite entre élèves. On s’en souviendra au moment d’évaluer une organisation
didactique (leçon 3).
L’élève doit accepter le professeur comme directeur d’étude, et, dans le même temps,
renoncer presque violemment aux trompeuses facilités qu’il lui apporte comme enseignant –
et cela, en principe, à propos de chacun des moments de l’étude, évaluation et
institutionnalisation comprises. Le « drame didactique » que le mot de topos résume se noue
ainsi autour du jeu du maître : toujours subtilement présent, fût-ce in absentia, celui-ci doit
savoir se faire absent même in praesentia, pour laisser l’élève libre de conquérir une
indépendance que la figure tutélaire du professeur rend tout à la fois possible et incertaine.
2.3. Les moments didactiques. – Comme toute organisation praxéologique, une organisation
didactique s’articule en types de tâches (généralement coopératives), en techniques, en
technologies, en théories. Mais comment décrire une telle organisation ? Quels en sont par
exemple les principaux types de tâches ? On ne saurait s’attendre à ce que la (re)construction,
au cours d’un processus d’étude, d’une organisation mathématique donnée soit elle-même
organisée d’une manière unique. Mais on s’aperçoit pourtant que, quel que soit le
cheminement de l’étude, certains types de situations sont nécessairement présents, même s’ils
le sont de manière très variable, tant au plan qualitatif qu’au plan quantitatif. De tels types de
situations seront appelés ici moments de l’étude ou moments didactiques parce qu’on peut
dire que, quel que soit le cheminement suivi, il arrive forcément un moment où tel ou tel
« geste d’étude » devra être accompli : où, par exemple, l’élève devra « fixer » les éléments
élaborés (moment de l’institutionnalisation) ; où il devra se demander « ce que vaut » ce qui
s’est construit jusque-là (moment de l’évaluation) ; etc.
La notion de moment ne renvoie qu’en apparence à la structure temporelle du processus d’étude. Un
moment, au sens donné à ce mot ici, est d’abord une dimension dans un espace multidimensionnel, un
facteur dans un processus multifactoriel. Bien entendu, une saine gestion de l’étude exige que chacun des
19
moments didactiques se réalise au bon moment, ou, plus exactement, aux bons moments : car un moment de
l’étude se réalise généralement en plusieurs fois, sous la forme d’une multiplicité d’épisodes éclatés dans le
temps. À cet égard, on notera que l’ordre mis, ci-après, sur les différents moments didactiques est en fait
largement arbitraire, parce que les moments didactiques sont d’abord une réalité fonctionnelle de l’étude,
avant d’en être une réalité chronologique.
Le premier moment de l’étude est celui de la première rencontre avec l’organisation O enjeu
de l’étude. Une telle rencontre peut avoir lieu de plusieurs manières, mais un mode de
rencontre – ou de « re-rencontre » – inévitable, sauf à rester à la surface de l’œuvre O, est
celui qui consiste à rencontrer O à travers l’un au moins des types de tâches Ti constitutifs de
O. Cette « première rencontre » avec le type de tâches Ti peut elle-même avoir lieu en
plusieurs fois, en fonction notamment des environnements mathématiques et didactiques dans
lesquels elle se produit : on peut redécouvrir un type de tâches comme on redécouvre une
personne que l’on croyait connaître.
1. Qu’est-ce qui est rencontré dans une première rencontre avec une organisation mathématique O ? La
question de l’identité de l’objet ainsi rencontré pour la première fois mérite examen. S’il existe en effet des
premières rencontres annoncées – « Demain nous commencerons le cosinus d’un angle aigu », indique par
exemple le professeur –, il existe aussi, à l’autre extrême, des premières rencontres vraies, qui, pourtant,
passent presque entièrement inaperçues parce que, dans l’institution où elles se produisent, l’objet rencontré
est en quelque sorte de deuxième, voire de troisième rang, et qu’il n’est rencontré que parce qu’il vit en
étroite association avec l’objet véritable de la rencontre. Cette remarque conduit donc à distinguer le point de
vue de l’organisateur de l’étude – qu’il s’agisse de l’élève, du professeur, ou de l’ingénieur didacticien – et
le point de vue de l’observateur. Pour le premier, seuls certains objets appellent une mise en scène
introductive, tandis que les autres sont censés s’introduire sans façon, comme silencieusement, dans
l’organisation mathématique qui se construit. Pour le second, c’est à propos de chacun des objets qui
s’introduisent dans l’organisation mathématique en construction que peut être posée la question de la
première rencontre, et cela par exemple dans une perspective de réorganisation curriculaire, en vue
notamment de donner un meilleur relief à un objet culturellement et didactiquement second, que l’on
souhaite « promouvoir ».
2. Cela noté, que sont les formes possibles de la première rencontre ? Lorsqu’elle est expressément
organisée, il semble que celle-ci ne puisse guère procéder que de deux grandes formes, dont les multiples
combinaisons, dans leurs variantes développées ou, au contraire, dégradées, épuiseraient alors l’espace des
possibles. D’un côté, la première rencontre peut s’inscrire dans une problématique culturelle-mimétique. En
ce cas, par le truchement d’un récit ayant valeur de compte rendu d’enquête sur le monde, l’objet rencontré
apparaît d’abord comme existant par ailleurs, en certaines pratiques sociales. Ce sous-moment « culturel »,
où l’objet n’existe encore qu’en effigie, de sorte que l’étudiant n’a avec lui que des rapports fictifs, est suivi
d’un sous-moment « mimétique » où, par la manipulation effective de l’objet, l’étudiant est censé imiter le
praticien – en « jouant », par exemple, au mathématicien, au géographe, au critique littéraire, etc.
3. Dans sa version la plus exigeante, la rencontre culturelle-mimétique conduit en principe à rechercher et à
expliciter – sur le mode discursif – les raisons d’être de l’objet ainsi rencontré, c’est-à-dire les motifs pour
lesquels cet objet a été construit, ou pour lesquels, du moins, il persiste dans la culture. Mais les « raisons des
choses » n’affleurent pas toujours nettement dans la culture. De là que la rencontre culturelle-mimétique
puisse se dégrader en une parodie de la pratique, qui occulte les raisons de la pratique.
4. Par réaction, et à l’opposé, on peut vouloir écarter toute référence à un réel préexistant qu’il s’agirait de
reproduire en l’imitant, au profit de la création d’un réel sui generis, identifié à un système de situations dites
fondamentales (qu’on peut nommer aussi ombilicales), dont l’élève, seul ou en équipe, est l’acteur principal,
sinon unique, et qui, devant ses yeux, font naître l’objet comme ce qui permet de fabriquer une réponse à une
ou des questions déterminées. La rencontre en situation conduit ainsi à proposer, de facto et peut-être même
de jure, une « définition » de l’objet rencontré qui ne se veut pas simple copie des définitions déposées dans
la culture, mais qui, en bien des cas, apparaît a priori comme un véritable ajout à la culture – ajout dont il
convient alors de montrer la compatibilité avec les définitions connues, pour autant du moins que cette
« définition en situation » ne s’est pas déjà intégrée au patrimoine culturel.
5. Comme il en va avec la rencontre culturelle-mimétique, la rencontre en situation inclut ainsi un sous-
moment culturel – dont l’effet Jourdain est l’une des formes les plus spectaculaires. Il s’en faut en effet que
toute situation de première rencontre effective soit une situation « ombilicale ». En bien des cas, la définition
de l’objet par un système de situations fondamentales se trouve subrepticement écartée au profit d’une mise
en scène de l’objet dans des « activités » qui, en dépit de quelques traits culturels conservés, n’ont qu’une
20
relation assez relâchée avec ses raisons d’être les plus essentielles. D’une manière plus générale, il existe
dans les pratiques didactiques courantes une large gamme de formes hybrides de premières rencontres, où
une référence culturelle incomplètement assumée s’allie à des degrés variables avec une introduction « en
situation » plus ou moins adéquate – aux plans épistémologique et cognitif.
6. On notera enfin que si, à l’évidence, la première rencontre ne détermine pas entièrement le rapport à
l’objet – lequel se construit et se remanie tout au long du processus d’étude –, elle joue cependant un rôle
important dans l’économie de l’apprentissage, parce que, étant donné l’investissement institutionnel et
personnel qu’elle impose (au double plan cognitif et libidinal), elle oriente en général fortement le
développement ultérieur des rapports institutionnel et personnel à l’objet rencontré.
Le quatrième moment est celui du travail de la technique, qui doit à la fois améliorer la
technique en la rendant plus efficace et plus fiable (ce qui exige généralement de retoucher la
technologie élaborée jusque-là), et accroître la maîtrise que l’on en a : ce moment de mise à
l’épreuve de la technique suppose en particulier un ou des corpus de tâches adéquats
qualitativement aussi bien que quantitativement.
La technique mise en œuvre plus haut pour déterminer le maximum d’une fonction algébrique élémentaire
n’a été travaillée que sur deux spécimens. Un travail plus poussé est nécessaire, ne serait-ce que pour
explorer la portée de cette technique – ne réussirait-elle pas que sur ces deux spécimens, précisément ?
Considérons ainsi le problème suivant : déterminer le rectangle d’aire maximale qu’on peut inscrire dans un
cercle de rayon r. Si x est la mesure de l’un des côtés du rectangle, l’autre côté a pour mesure y = (2r)2–x2,
et l’aire du rectangle s’écrit xy. Cette aire est maximale en même temps que l’expression (xy)2, et donc que
x2(4r2–x2), expression qui atteint son maximum lorsque x2 = 4r2–x2 = 2r2, i.e. pour x = y = r 2. On peut
21
étendre la portée de cette technique jusqu’à résoudre, par exemple, le problème suivant (v. leçon 3) : dans un
rectangle de carton de 50 cm par 80 cm, on veut construire une boîte sans couvercle en retranchant, à
chaque coin de la plaque de carton, un carré de côté x cm ; déterminer x pour que la boîte obtenue ait une
capacité maximale.
22
des rapports personnels, c’est-à-dire derrière l’évaluation « des personnes », se profile l’évaluation de la
norme elle-même – le rapport institutionnel qui sert d’étalon. Que vaut, en fait, l’organisation mathématique
qui s’est construite et institutionnalisée ? Au-delà de l’interrogation sur la maîtrise, par telle personne, de
telle technique on trouve alors l’interrogation sur la technique elle-même – est-elle puissante, maniable, sûre,
robuste aussi ? Cette évaluation – à laquelle les usages scolaires font, il est vrai, une fort petite part – est ici
formatrice, non d’une personne, mais d’une praxéologie : à ce titre, elle participe de l’institutionnalisation.
Réformatrice, elle relancera l’étude, suscitera la reprise de tel ou tel moment, et peut-être de l’ensemble du
parcours didactique.
2.4. Une remarque technique. – Le modèle des moments de l’étude a, pour le professeur,
deux grands types d’emplois. Tout d’abord, il constitue une grille pour l’analyse des
processus didactiques. Ensuite, il permet de poser clairement le problème de la réalisation des
différents moments de l’étude. Comment par exemple réaliser concrètement la première
rencontre avec telle organisation mathématique ? Avec tel type de tâches ? Comment
conduire l’étude exploratoire d’un type de tâches donné ? Comment mener à bien
l’institutionnalisation ? Comment réaliser le moment de l’évaluation ? Autant de questions
qui se posent au professeur et auxquelles on répondra provisoirement par une formule
générique : en créant des situations didactiques adéquates. Cette exigence, que l’on ne fera
ici que repérer, est en fait d’autant plus complexe que le professeur est tout à la fois le metteur
en scène et l’acteur de situations didactiques dont, le plus souvent, il est en outre le
concepteur.
1. Évaluer
1.1. Un schéma universel, un geste fondamental. – En nombre de situations, nous sommes
amenés à opérer selon le schéma à quatre temps (T1→T2→T3→T4) indiqué plus haut. Face à
quelque obligation d’agir, en effet, nous commençons en général par observer et analyser (T1
& T2) la manière de faire de quelque autrui (« Et eux, qu’est-ce qu’ils font ? Comment ils font
exactement ? »). Puis nous évaluons ce qu’observation et analyse auront ainsi révélé
(« Qu’est-ce que ça vaut, tout ça, finalement ?… »), avant de développer notre propre
« solution » en essayant d’améliorer, sur certains points jugés négativement, la « solution »
observée. Ainsi en va-t-il, très banalement, de n’importe quel professeur chaque fois que,
remettant son ouvrage sur le métier, il se décide à « observer » un ou plusieurs manuels (de
manière plus ou moins systématique), à « analyser » (peut-être superficiellement) leur
contenu, à « évaluer » (de façon parfois peu nuancée) ce contenu, enfin à « développer »
(quelquefois hâtivement), sur cette base, son propre « produit » – « son cours ».
On notera que le schéma précédent s’applique tout aussi bien lorsque le professeur prend pour
objet o, non quelque « modèle » à démarquer pour « préparer son cours », mais les
« solutions » produites par ses élèves, solutions que, tour à tour, le professeur observera (en
exigeant par exemple de chaque élève qu’il lui remette une « copie »), qu’il analysera (en
corrigeant ces copies), qu’il évaluera (par la note attribuée et les annotations portées sur la
copie), avant de développer sa propre solution (sous la forme d’un « corrigé » présenté aux
élèves oralement et/ou par écrit). Un peu de réflexion montre encore que, dans la fabrication
de sa « solution », chaque élève aura lui-même mis en œuvre le même schéma à quatre temps,
observant (en classe et dans le manuel) certaines « manières de faire », les analysant mais
aussi les évaluant (par exemple en rejetant tel élément – manière de dire, etc. – qu’il regardera
comme un « truc de prof » inassumable par lui, en valorisant au contraire tel élément qu’il
considérera – peut être à tort – comme emblématique de ce qu’attend le professeur, etc.),
23
avant et afin de « développer » sa propre solution. En fin de compte, on reconnaîtra ici au
schéma proposé, dans le cadre de l’approche anthropologique, une valeur universelle : dans
une forme plus ou moins développée, quiconque projette une action le retrouve spontanément.
Dans ce schéma d’action, l’étape de l’évaluation constitue un geste fondamental, qui appelle
quelques remarques très générales. Soulignons tout d’abord que l’évaluation dont il est
question ici ne doit pas être pensée à partir de la seule évaluation scolaire, telle que l’assume
le professeur à l’endroit des productions d’élèves. C’est en fait le contraire qui est vrai :
l’évaluation scolaire gagne à être saisie comme une spécification de la notion générique
d’évaluation. Mais qu’en est-il alors d’une telle notion « générique » ? Estimer la valeur d’un
objet o, lui attribuer une valeur (d’une manière ou d’une autre), bref, évaluer est une activité
qui, a priori, peut porter sur n’importe quel objet, être le fait de n’importe qui – de n’importe
qui a « de la jugeote » –, prendre place en quelque institution que ce soit – même s’il est vrai
que toutes les combinaisons d’un objet o, d’une personne x et d’une institution I ne sont pas
nécessairement « permises ». On notera surtout que la vie d’une institution semble
fréquemment saturée d’actes d’évaluation, à ce point même que de telles pratiques, en partie
« sauvages », sont parfois regardées comme une véritable gêne, dont l’importance doit être
contrôlée.
Certains philosophes antiques – tel Pyrrhon (365-275 av. J.-C.), dont Montaigne se fera le disciple – ont ainsi
fait du refus de juger le fondement de la vie heureuse : « ... les jugements que les hommes portent sur la
valeur de telle ou telle chose ne sont fondés que sur des conventions. En fait, il est impossible de savoir si
telle chose est, en soi, bonne ou mauvaise. Et le malheur des hommes en effet vient de ce qu’ils veulent
obtenir ce qu’ils croient être un bien ou fuir ce qu’ils croient être un mal. » (Pierre Hadot, Qu’est-ce que la
philosophie antique ?, Gallimard, 1995, p. 176.).
S’il n’est évidemment pas question d’adopter une problématique du refus de juger, il est
cependant toujours nécessaire de réfléchir sur le bon usage de la suspension de jugement –
l’epoché des Stoïciens. En particulier, l’analyse (et, avant cela même, l’observation) ne doit
pas devenir, subrepticement, évaluation. Il est vrai sans doute que l’état de suspension de
jugement constitue normalement le fond de toute vie institutionnelle, sur lequel s’élève alors
le bruissement des jugements de valeur. Mais on doit répéter ici qu’il faut savoir allouer un
temps – celui de l’observation et de l’analyse – à la suspension de jugement ; et un temps
propre – celui de l’évaluation – à la nécessité quasi vitale de juger.
Devant cette nécessité, l’important est alors de se souvenir que l’activité d’évaluation est
toujours, et nécessairement, relative. La valeur reconnue à un objet n’est en effet nullement
intrinsèque, absolue, parce que l’attribution de valeur se réfère toujours, implicitement ou
non, à un certain usage social de l’objet évalué : on évalue toujours d’un certain point de vue.
Comme l’indique un dictionnaire de psychologie en langue anglaise, la valeur est « The quality or property
of a thing that makes it useful, desired or esteemed ». L’auteur ajoute alors : « Note the pragmatic aspect
implied by this definition; the value of a thing is given by its role in a (social) transaction, the thing itself
does not possess value. » (Arthur S. Reber, The Penguin Dictionary of Psychology, Penguin Books, 1985).
C’est dans cette perspective que l’on se situera ci-après à propos du problème plus spécifique
de l’évaluation – dans une classe I, par un élève x, ou un professeur y, ou un observateur z –
d’un objet o qui sera une organisation mathématique OMθ ou une organisation didactique ODθ
associées à un certain thème d’étude mathématique θ. Pour simplifier et clarifier le propos, on
se limitera toutefois à considérer le cas de l’évaluation a priori, par un professeur y,
d’organisations mathématique et didactique OMθ et ODθ préalablement observées dans la
littérature (manuels, etc.), et analysées par y en vue de développer des organisations selon son
24
cœur, OMθy et ODθy, à « mettre en place » dans une classe dont il a la responsabilité.
1.2. Évaluer des types de tâches. – On se réfère ici à une organisation soit ponctuelle (de la
forme [T/τ/θ/Θ]), soit locale (de la forme [Ti/τi/θ/Θ]). Dans tous les cas, que le thème d’étude
imposé θ s’identifie à un certain type de tâches mathématiques T (organisation ponctuelle), ou
qu’il renvoie au « noyau générateur » d’un bloc technologico-théorique (organisation locale),
l’évaluation s’appuiera sur des critères explicites, à préciser et à justifier, dont l’analyse
préalable devra permettre de dire dans quelle mesure ils sont satisfaits par l’organisation
mathématique à évaluer. En fonction des considérations précédentes, et à titre d’exemples, on
mentionnera ici la courte liste suivante, évidemment non exhaustive :
Critère d’identification. – Les types de tâches Ti sont-ils clairement dégagés et bien
identifiés ? En particulier, sont-ils représentés par des corpus Ki effectivement disponibles de
spécimens suffisamment nombreux et adéquatement calibrés ? Ou au contraire ne sont-ils
connus que par quelques spécimens peu représentatifs ?
Critère des raisons d’être. – Les raisons d’être des types de tâches Ti sont-elles explicitées ?
Ou au contraire ces types de tâches apparaissent-ils immotivés ?
Critère de pertinence. – Les types de tâches considérés fournissent-ils un bon découpage
relativement aux situations mathématiques les plus souvent rencontrées ? Sont-ils pertinents
au regard des besoins mathématiques des élèves, pour aujourd’hui ? Pour demain ? Ou au
contraire apparaissent-ils comme des « isolats » sans lien véritable – ou explicite – avec le
reste de l’activité (mathématique et extramathématique) des élèves ?
Pour illustrer le troisième critère, considérons un genre de tâches – vérifier un calcul – dont la pertinence
paraît génériquement évidente, mais dont la concrétisation sous la forme de types de tâches déterminés est en
général mal prise en charge dans le curriculum secondaire français.
1. Un type de tâches que l’on peut considérer à cet égard est relatif au thème θ1 des écritures fractionnaires :
7 4 13
vérifier le résultat d’un calcul de fractions – telle par exemple l’égalité + = . En l’espèce, une
9 6 9
technique peut consister à vérifier, à l’aide d’une calculette, l’égalité du produit de chacun des deux
7 4
membres de l’égalité obtenue par le produit des dénominateurs des fractions ; ainsi aura-t-on : (9⋅6) +
9 6
13
=c 78 & (9⋅6) = 78.
9 c
2. Un deuxième type de tâches consiste à vérifier le résultat d’un calcul algébrique – telle par exemple
l’égalité (x–3)(2x+1) = 2x2–5x–3. En l’espèce on peut, à la main ou par calcul mental, vérifier l’égalité
obtenue pour deux valeurs simples de x (0, ±1, ±2, etc.) ; et/ou on peut, à l’aide d’une calculette, vérifier
l’égalité pour x = π ou x = 2, etc. On obtient ainsi par exemple : (x–3)(2x+1)|x=0 = –3 & 2x2–5x–3|x=0 = –3 ;
(x–3)(2x+1)|x=3 = 0 & 2x2–5x–3|x=3 = 18–15–3 ; (x–3)(2x+1)|x=π =c 1,031245534 & 2x2–5x–3|x=π =c
1,031245534. Une autre technique consiste à choisir une valeur c pour x et à remplacer certaines occurrences
de x par cette valeur, avant de résoudre l’équation ainsi obtenue pour vérifier qu’elle admet bien la solution x
= c. Ainsi a-t-on, pour x = 4 : 2x+1 = 29–5x ⇔ 7x = 28 ⇔ x = 4 ; pour x = 2 : –(2x+1) = 5–5x ⇔ 3x = 6 ⇔ x
= 2.
2
3. Un troisième type de tâches consiste à vérifier le résultat d’un calcul avec radical – telle l’égalité (3+ 5)
3– 5
= 18+8 5. On peut ici remplacer le radical c par x et résoudre l’équation ainsi obtenue pour vérifier qu’elle
2
admet la solution x = c. On a ainsi : (3+x) = 18+8x ⇔ (3+x)2 = (3–x)(18+8x) ⇔ x2+6x+9 = –8x2+6x+54 ⇔
3–x
2 2
9x = 45 ⇔ x = 5 ⇔ x = ± 5.
1.3. Évaluer des techniques. – L’évaluation des techniques supposent de même des critères,
dont quelques-uns seulement seront évoqués ici. Ainsi, les techniques proposées sont-elles
effectivement élaborées, ou seulement ébauchées ? Sont-elles faciles à utiliser ? Leur portée
est-elle satisfaisante ? Leur fiabilité est-elle acceptable étant donné leurs conditions
25
d’emploi ? Sont-elles suffisamment intelligibles ? Ont-elles un avenir, et pourront-elles
évoluer de manière convenables ? On donne ci-après, s’agissant de ces critères, quelques
exemples illustratifs.
Une technique proposée peut être insuffisamment travaillée et mise au point, de sorte que, non seulement
sa portée soit indûment limitée, mais encore que son intelligibilité soit obscurcie. La technique
d’optimisation élémentaire vue plus haut permet par exemple de résoudre le problème suivant : Déterminer
le rectangle d’aire maximale qu’on peut inscrire dans un cercle de rayon r. En désignant par x et y =
(2r)2–x2 les mesures des côtés du rectangle cherché, on a en effet : aire maximale ⇔ xy maximale ⇔ (xy)2
maximale ⇔ x2(4r2–x2) maximale ⇔ x2 = 4r2–x2 = 2r2 ⇔ x = y = r 2. Considérons alors le problème
suivant : Dans un rectangle de carton de 50 cm par 80 cm, on veut construire une boîte sans couvercle en
retranchant, à chaque coin du carton, un carré de côté x cm ; déterminer x pour que la boîte obtenue ait une
capacité maximale. La technique déjà mise en œuvre conduit ici au constat suivant : V = (50–2x)(80–2x)x
maximal ⇔ 4V = (50–2x)(80–2x)(4x) maximal ⇔ 50–2x = 80–2x = 4x = 130/3. L’égalité impossible 50–2x
= 80–2x semble indiquer qu’il n’y a pas de solution. Où est donc la faille ?…
Une technique peut être insuffisamment fiable. C’est ainsi que le calcul, traditionnel en France, non sur
des grandeurs (comme 5 km, 32 cm2, 18 m/s2, 12 g/dm3, etc.), mais sur les seules mesures de ces grandeurs
(5, 32, 18, 12, etc.), c’est-à-dire en excluant les unités des calculs pour ne les réintroduire qu’à la fin,
constitue une technique peu fiable, si on la compare avec la technique, sans doute plus « lourde », consistant
à calculer directement sur les grandeurs, c’est-à-dire avec les unités. Soit ainsi à calculer la masse linéique
M, en g/cm, d’un barreau d’acier de section constante, de 4 dm de longueur, qui pèse 2,85 kg ; on a : M =
2,85 kg 2,85 (103 g) 285 g 285
= = = g/cm = 71,25 g/cm. De même, soit à déterminer la masse M, en
4 dm 4 (10 cm) 4 cm 4
grammes, de 9 cm de zinc, sachant que la masse volumique du zinc est de 7,29 kg/dm3 ; on a : M =
3
1.3. Évaluer des technologies. – Des remarques analogues aux précédentes peuvent être
faites à propos du bloc technologico-théorique. Ainsi, étant donné un énoncé, le problème de
sa justification est-il seulement posé ? Ou bien cet énoncé est-il considéré tacitement comme
26
allant de soi, évident, naturel, ou encore bien connu (“folklorique”) ? Les formes de
justification utilisées sont-elles proches des formes canoniques en mathématiques ? Sont-elles
adaptées à leurs conditions d’utilisation ? Les justifications explicatives sont-elles
favorisées ? Les résultats technologiques rendus disponibles sont-ils effectivement et
optimalement exploités ? Là encore on donnera quelques exemples.
Un résultat effectivement utilisé peut n’avoir même pas fait l’objet d’une interrogation. Ainsi en va-t-il
fréquemment s’agissant de l’unicité des écritures canoniques utilisées, par exemple quand on doit écrire sous
a+b e
la forme u+v e une expression du type (où a, b, c, d, u, v ∈ Q et où e ∈ N est un entier non carré
c+d e
parfait). L’unicité est, ici comme en d’autres cas, pragmatiquement impliquée par le « postulat
pédagogique » selon lequel existe une bonne réponse – ce qui seul justifie que le professeur rejette comme
nécessairement erronée la réponse de l’élève ayant obtenu une autre expression. Dans le cas évoqué, la
u–s
justification est en fait relativement peu coûteuse : si u+v e = s+t e et si v ≠ t, alors e = ∈ Q, etc.
t–v
La justification d’un « théorème en acte » dans la classe peut en outre mettre en jeu des éléments
technologiques non seulement disponibles mais encore au cœur même des mathématiques étudiées. Ainsi en
va-t-il pour ce « postulat implicite » selon lequel, quels que soient a, b, c, d ∈ Q et e ∈ N non carré parfait, il
a+b e a+b e
existe x, y ∈ Q tels que = x+y e. On a ici : = x+y e ⇔ a+b e = (c+d e)(x+y e) ⇔ cx + dey
c+d e c+d e
= a & dx+cy = b. Le système obtenu a pour déterminant c2–d2e ≠ 0. Le système possède donc une solution
(x,y). Ici comme dans le cas précédent, la clé de la démonstration est le fait que e ∉ Q – auquel il faudra
donc faire une (petite) place dans l’histoire de la classe…
Le résultat technologique évoqué dans ce qui précède – l’existence et l’unicité d’une certaine écriture
canonique – n’a pas pour unique fonction de justifier des pratiques existantes. Il peut être exploité en vue de
produire de nouvelles techniques. On peut ainsi envisager de déterminer l’écriture canonique d’une
a+b e (3+ 5)2
expression de la forme par la technique mise en œuvre ci-après : = x+y 5 ⇔ (3+ 5)2 = (3– 5
c+d e 3– 5
)(x+y 5) ⇔ 14 + 6 5 = (3x–5y) + (–x+3y) 5 ⇔ 3x – 5y = 14 & –x + 3y = 6 ⇔ x = 18 & y = 8.
Des questions analogues devront bien entendu être soulevées à propos des éléments
théoriques de l’organisation mathématique examinée : y a-t-il des éléments théoriques
explicites ? Implicites ? Que permettent-ils d’éclairer ? De justifier ? Etc.
2. Développer
Plus encore sans doute que l’étape de l’évaluation, la question du développement doit être
située dans un prolongement à venir du travail réalisé dans ces leçons. Sur ce sujet on se
contentera donc d’énoncer deux principes « théoriques », susceptibles d’éclairer le travail
technologico-technique ultérieur.
27
Le premier principe est celui de l’hétérogénéité historique et institutionnelle des
« matériaux » constitutifs d’une praxéologie existante ou à construire. De ce point de vue, il
n’existe pas par exemple d’organisation didactique qu’on pourrait dire d’époque, de part en
part datée, ou, à l’autre extrême, entièrement moderne en chacun de ses composants. Les
activités de développement doivent prendre en compte cette nécessité d’un « métissage
historique » de toute production possible : toute « novation » est partiellement conservatrice,
en ce qu’elle réutilise – de manière parfois inédite –des matériaux anciens, que l’on pourrait
autrement juger « obsolètes ».
Comme le souligne Michel Serres, aucune création n’est véritablement de telle époque : « Considérez une
voiture automobile d’un modèle récent : elle forme un agrégat disparate de solutions scientifiques et
techniques d’âges différents ; on peut la dater pièce à pièce : tel organe fut inventé au début du siècle, l’autre
il y a dix ans et le cycle de Carnot a presque deux cents ans. Sans compter que la roue remonte au
néolithique. L’ensemble n’est contemporain que par le montage, le dessin, l’habillement, parfois seulement
par la vanité de la publicité » (Michel Serres, Éclaircissements (entretiens avec Bruno Latour), François
Bourin, Paris, 1992, p. 72).
Cette observation s’applique à l’évidence aux organisations mathématiques – tel résultat date
de la fin du XVIIe siècle, tel autre n’apparaît publiquement qu’en 1821, tel autre encore n’a été
démontré qu’en 1965, etc. Mais le panachage historique est plus évident encore s’agissant du
didactique : la solution d’hier, fût-elle aujourd’hui oubliée, sera demain peut-être
partiellement reprise, dans une combinaison nouvelle, novatrice. En conséquence, les activités
de développement devront, en la matière, reposer sur une enquête qualitativement large, aussi
bien en diachronie qu’en synchronie, enquête à laquelle le développement récent de moyens
de communication et d’information puissants (Internet, etc.) peut donner aujourd’hui une
nouvelle vigueur.
Le second principe que l’on énoncera ici introduit la notion de proche développement en se
référant pour cela à la problématique écologique, constitutive de l’approche anthropologique
en didactique. D’une manière générale, la problématique écologique – « Pourquoi ceci ? »,
« Pourquoi pas cela ? », etc. – conduit à questionner le réel observable pour se déprendre de
l’évidence du fait établi, vécu comme naturel. L’illusion de « naturalité » de l’ordre
institutionnel est, dans le registre de l’action, la racine de beaucoup de conservatismes et le
fourrier de beaucoup d’impuissances : si les choses sont comme elles sont parce qu’elles se
conforment à un ordre naturel, toute modification que l’on voudrait leur imprimer apparaît
comme une subversion de cet ordre du monde, ce qui justifie aussi bien le conformisme du
quotidien qui est le lot de la plupart que la religion de l’exceptionnel dont quelques-uns se
font les grands prêtres.
28
prévalantes. À côté donc d’états écologiquement très improbables, il existe toute une zone où
le virtuel peut s’actualiser et l’actuel devenir virtuel au gré de variations de faible ampleur.
Des configurations seulement imaginées peuvent demain être une banalité du quotidien,
tandis que d’autres, depuis toujours inscrites dans le paysage institutionnel familier, peuvent
en un moment disparaître sans retour. De là un effacement de la frontière entre l’existant et le
possible, et l’ouverture d’une zone assez large où l’on passe sans discontinuité marquée du
virtuel au réel et inversement – zone « de proche développement » qui est en elle-même une
invitation à travailler.
29
4ème Cours : initiation à la démonstration
2. Si …. alors …..
Exemple :
Si un quadrilatère a ses quatre côtés de même longueur alors c’est un losange.
Condition conclusion
3. Réciproque
1
4ème Cours : initiation à la démonstration
4. Démonstration
a) Démontrer en géométrie
Une démonstration d’un énoncé sur les nombres utilise généralement le calcul littéral.
Démonstration :
2
4ème Cours : initiation à la démonstration
Posons A = 2( +3) – 2
En appliquant la propriété de la distributivité on obtient :
A=2 +2×3–2
A=2 +6–2
A=6
Donc, quel que soit le nombre choisi, on obtient toujours 6 comme résultat final.
Pour chercher une démonstration on peut partir des données et essayer d’en déduire
des conséquences à partir de propriétés, mais souvent il est utile d’appliquer le
schéma suivant qui part de la conclusion.
Oui Non
3
4ème Cours : initiation à la démonstration
Donc ………
Exemple :
Rédaction de la démonstration :
4
4ème Cours : initiation à la démonstration
5
4ème Cours : initiation à la démonstration
Droites :
D1 : Si deux droites sont parallèles à une même troisième alors elles sont parallèles
entre elles.
D2 : Si deux droites sont perpendiculaires à une même troisième alors elles sont
parallèles entre elles.
D3 : Si deux droites sont parallèles et si une troisième est perpendiculaire à l’une
alors elle est perpendiculaire à l’autre.
Médiatrice :
M1 : Si une droite est perpendiculaire à un segment et passe par son milieu alors c’est
la médiatrice de ce segment.
M2 : Si une droite est la médiatrice d’un segment alors elle est perpendiculaire à ce
segment et passe par son milieu.
M3 : Si un point est sur la médiatrice d’un segment alors il est équidistant des
extrémités de ce segment.
M4 : Si un point est équidistant des extrémités d’un segment alors il est sur la
médiatrice de ce segment.
Parallélogramme :
Losange :
L4 : Si un quadrilatère est un losange alors ses diagonales ont le même milieu et sont
perpendiculaires.
L5 : Si un parallélogramme a deux côtés consécutifs de même longueur alors c’est un
losange.
L6 : Si un parallélogramme a ses diagonales perpendiculaires alors c’est un losange.
Rectangle :
Carré :
Cercle :
C’1 : Si deux points sont sur un cercle alors le centre de ce cercle est équidistant de
ces deux points.
Angles :
A1 : Dans un triangle, la somme des mesures des trois angles est égale à 180°.
A2 : Si deux angles alternes internes sont déterminés par deux droites parallèles
alors ils ont même mesure.
7
4ème Cours : initiation à la démonstration
A3 : Si deux angles correspondants sont déterminés par deux droites parallèles alors
ils ont même mesure.
A4 : Si deux angles sont opposés par le sommet alors ils ont même mesure.
8
Initiation à la démonstration
Activités:
1) On place des points sur un cercle et on trace les cordes possibles.
Est-il possible de trouver une méthode qui permet de déterminer le
nombre de cordes maximum que l’on peut tracer dès que l’on
connaît le nombre de points.
2 1
3 3
4 6
5 10
6 15
A ce stade , on remarque que le nombre de cordes augmente
régulièrement (on ajoute 2, puis 3, puis 4, puis 5…). On est tenté de
savoir si cela marche pour des nombres plus grands par exemple
pour 7 on devrait trouver 15 + 6 = 21. Mais on doit connaître le
nombre de cordes pour les nombres inférieurs avant celui du
nombre choisi. On peut exprimer ce constat par si n est le nombre
des points, alors le nombre des cordes est : 1 + 2 + 3 +… + (n – 1). On
retrouve une fonction du calcul littéral : établissement de formules.
On teste sur un nouveau nombre, et ça marche. Mais cela prouve-t-il
que c’est vrai? Ça ne suffit pas. Mais on est au niveau de conjecture.
Donc il faut maintenant prouver pour être certain du résultat. On
peut montrer que 1 + 2 + … + (n-1) = n(n-1)/2
2) Avec la seule utilisation du dessin on peut ne pas
trancher. Il y a nécessité de raisonner en s’appuyant sur
une définition du triangle et sur des propriétés
mathématiques pour trancher.
Preuve, démonstration
Nicolas Balacheff distingue les explications, les preuves, les démonstrations
(Balacheff N., 1982, Preuves et démonstrations en mathématiques au Collège. RDM Vol.3-3) en ces
termes :
l’explication est tout discours tenu par une personne ou un groupe dont
l’objectif est de communiquer à d’autres le caractère de vérité d’un énoncé
mathématique
• « Réciproquement »,
Si ABC et AMN sont deux triangles tels que :
- le point M est sur la droite (AB) et le point N est sur la droite (AC)
avec A,M,B placés dans le même ordre que A,N,C
- et si AM/AB= AN/AC
alors les droites (MN) et (BC) sont parallèles
Méthode de démonstration en
mathématiques :
Pour chercher une démonstration, il faut partir des
données de l’énoncé et essayer d’en déduire, grâce à
des propriétés, des conclusions.
Exemple :
Soit un cercle de centre A. Soient [MU] un de ses
diamètres et O un point appartenant à ce cercle, distinct
de M et de U. Que peut-on dire du triangle MOU ?
Justifier.
Réponse
Il est de la forme :
On sait que… (on sait que ABCD est un parallélogramme)
Si… alors (si 1 quadrilatère est 1 plg, alors ses diagonales ont même milieu)
Donc (Donc [AC] et [BD] ont même milieu)
Exemple:
- Raisonnement par l’absurde :
- Raisonnement par disjonction des cas (cas par cas):
- Raisonnement par récurrence :
Raisonnement inductif (du particulier au général) : d’un certain nombre
de faits recueillis, on induit une conséquence générale c-à-d : de l’étude
de plusieurs exemples concordants (et si possible représentatifs) on
déduit, par présomption, une propriété générale. Ce raisonnement
permet de conjecturer mais pas d’avoir des certitudes mathématiques.
En mathématiques, le raisonnement inductif ne se conçoit, en général,
que comme une première étape, conduisant à une conjecture. Il restera
ensuite, par un raisonnement déductif, à démontrer la véracité de cette
conjecture.
Le raisonnement inductif fonctionne selon un schéma présomptif :
« Constatant que dans les exemples où (A est vraie), alors (B est vraie), je
présume que (A implique B) est vraie »
ou un schéma explicatif : « Sachant que (A implique B) est vraie,
j’explique que (B est vraie) en présumant que (A est vraie) »
Lorsqu’on demande une démonstration à un élève, on lui demande de
s’engager au préalable dans une phase d’investigation pendant
laquelle la démarche est essentiellement inductive. En revanche, une
fois la preuve trouvée, seul le raisonnement déductif est utilisé dans
la phase de mise en forme. Une des difficultés majeures pour le
professeur va donc consister à faire vivre dans la classe des moments
où il va faire pratiquer à ses élèves des raisonnements inductifs
(notamment pour expliquer comment on trouve des résultats), tout
en devant les leur refuser et leur apprendre à les remplacer par des
raisonnements déductifs dans les démonstrations. En fait, pour
l’élève, la difficulté est double :
• il faut passer d’un raisonnement inductif à un raisonnement
déductif pour établir la preuve ;
• il faut ensuite mettre en forme ce raisonnement déductif pour en
faire une démonstration c’est-à-dire une preuve communicable.
Il existe d’autres formes de raisonnements:
- Le raisonnement par analogie: on a coutume de dire que
c’est qui va du particulier au particulier et qui consiste à
s’appuyer sur des ressemblances entre objets: B est à A ce
que C est à D
- Le raisonnement par l’absurde: il consiste à supposer le
contraire de ce que l’on veut prouver et à montrer que
cela conduit à une contradiction, ce qui permet d’affirmer
que ce que l’on veut prouver est vrai. C’est ce
raisonnement qui permet, par exemple, de prouver qu’il
n’y a pas de nombre rationnel dont le carré soit égal à 2.
- Le raisonnement par récurrence
- Le raisonnement par disjonction des cas
En maths on utilise des règles pour prouver :
- Un énoncé est soit vrai, soit faux (principe du tiers exclu)
- Un contre-exemple suffit pour invalider une propriété
- Pour débattre, les mathématiciens s’appuient sur un certain
nombre de propriétés ou définitions clairement énoncés sur
lesquelles ils se sont mis d’accord (axiome)
- Des exemples, même nombreux, qui vérifient un énoncé ne
suffisent pas à prouver que celui-ci est vrai
- Une constatation ou une mesure sur un dessin ne suffisent pas à
prouver qu’un énoncé de géométrie est vrai.
ÉVALUER =
Examiner le degré d’adéquation (un processus de jugement)
entre un ensemble d’informations
pertinents dans le choix,
valides dans le choix
et fiables dans la récolte
et un ensemble de critères (valeurs de référence)
pertinents dans le choix,
valides par rapport aux objectifs
et fiables dans leur utilisation
pour attribuer une signification (attribution d’une valeur) aux résultats
de cette confrontation
et ainsi prendre une décision fondée.
Pour Jean-Marie De Ketele
Démarches
Sommative
(mesure)
Descriptive
Heuristique
Herméneutique
Clinique
Rôle Evaluation Evaluation Evaluation
Caractéristiques sommative formative diagnostique
Au terme d’une Pendant une
Avant une activité
Moment activité activité
d’apprentissage
d’apprentissage d’apprentissage
Amélioration de
But Prise de décision Orientation
l’apprentissage
Rétroaction Jugement définitif Retour en arrière
- Tantôt Normatif Toujours critérié
Cadre de référence Toujours critérié
- Tantôt critérié
AVANT DE CHOISIR UN DISPOSITIF
• Niveau(x) d’objectifs à évaluer
• Méthode(s) à utiliser
• Type(s) de questions
• Nombre d’élèves
• Durée de la préparation de l’épreuve
• Durée de correction de l’épreuve
• Recours ou non à d’autres correcteurs
EXAMEN ÉCRIT : TYPES DE
QUESTIONS Types privilégiés
Types de questions Existence d’un
d’objectifs support
Autotest 3
Selon toi, le professeur expérimenté qui maîtrise sa matière a-t-il besoin d’élaborer une fiche
pédagogique pour réussir sa leçon de mathématiques en classe ? Justifie ta réponse.
Autotest 4
Pour l’élaboration d’une fiche de leçon de mathématiques d’une durée de 55 mn de temps, t’arrive-t-
il souvent de passer plus d’une heure de temps ?
oui
non
Autotest 5
Un de tes collègues te dit que pour réussir ta leçon, tu as uniquement besoin de faire deux choses :
bien formuler ton objectif général et tes objectifs spécifiques ;
maîtriser le contenu à enseigner.
Autotest 6
Énumère les documents indispensables que tu dois posséder lors de l’élaboration d’une fiche
pédagogique (trois au maximum).
Autotest 7
Selon toi, existe-t-il des avantages pédagogiques pour un enseignant à élaborer une fiche de leçon
avant chaque cours ? Si oui, décris les principaux avantages. Sinon, justifie.
Autotest 8
Tu assistes au cours d’un de tes collègues qui porte sur l’« addition de deux fractions ».
À la fin de la leçon, il demande aux élèves : « Quels sont ceux qui ont compris ? Levez le doigt ».
Presque tous les élèves lèvent la main. Il dit : « C’est très bien, l’objectif est atteint. La leçon est
comprise ».
En jetant un coup d’œil sur sa préparation, tu constates qu’il n’y figure que le titre de la leçon et le
contenu de mathématiques à enseigner.
Quels conseils vas-tu donner à ton collègue afin qu’il améliore sa préparation et sa manière d’évaluer ?
ÉLABORATION D’UNE FICHE PÉDAGOGIQUE EN MATHÉMATIQUES
Voici quelques avantages qu’il y a pour un enseignant à concevoir et à élaborer sa fiche pédagogique
avant le déroulement de la leçon en classe :
éviter le pilotage à vue et la routine ;
se fixer des objectifs clairs ;
centrer l’essentiel de l’intervention du professeur ;
bien gérer le temps et les interactions dans la classe ;
mieux mesurer les effets immédiats de l’intervention à travers des items d’évaluation pertinents et
congruents aux objectifs spécifiques ;
se doter d’un support pédagogique pour préparer et exécuter la leçon ;
prendre en compte l’environnement pédagogique, le rythme et les difficultés des élèves ;
adapter sa stratégie d’intervention au groupe-classe et aux contraintes du matériel didactique ;
faciliter la progression dans l’exécution de la leçon ;
prévoir le matériel à utiliser pour l’enseignant et pour l’élève ;
préciser les activités préparatoires, la trace écrite et les activités d’évaluation ;
bien cibler les prérequis ;
s’assurer de la cohérence d’ensemble de tout le contenu dispensé.
Si tu n’élabores pas ta fiche pédagogique avant le déroulement de la leçon en classe, voici quelques
risques que tu cours et auxquels tu exposes les élèves :
le cours peut être centré sur l’improvisation avec ses corollaires de tâtonnements, de divagations au
cours de l’action pédagogique, de contenus décousus et non congruents les uns aux autres ;
tu peux enseigner des contenus faux ou hors programme aux élèves ;
les élèves risquent d’être passifs ;
tes approches pédagogiques peuvent s’avérer ambigües et, par conséquent, être susceptibles
d’embrouiller même les meilleurs élèves de la classe ;
la mystification mathématique dont le résultat final est l’instauration chez les élèves d’un dégout
justifié des mathématiques risque d’être le résultat final de ton action pédagogique.
ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS D’UNE FICHE PÉDAGOGIQUE
l’évaluation : elle est constituée de trois types d’exercices : les exercices d’application qui
servent à vérifier si les objectifs sont atteints ; ils permettent aussi aux élèves de savoir s’ils ont
compris ou pas la notion enseignée ;
les exercices de réinvestissement afin de faire fonctionner la notion enseignée et de renforcer
l’acquisition des compétences ;
les exercices d’approfondissement (travail à la maison) qui permettent de développer l’esprit de
recherche et / ou de synthèse chez l’élève.
En somme, le rôle de la fiche pédagogique est de créer le scénario de mise en oeuvre concrète de
toutes ces composantes en décrivant le rôle de chacun des acteurs (enseignant et élèves) de façon
chronologique dans le temps.
Étape, durée, intention Rôle et interventions du professeur Rôle et activités des élèves
pédagogique
1re étape (w min) Contrôler la présence des élèves et remplir le Confirmer leur présence.
Contrôle de présence cahier d’absence.
2e étape (x min) Proposer aux élèves une activité, faire Résoudre l’exercice individuellement.
Contrôle des prérequis corriger en insistant sur… Répondre aux questions.
Ou poser des questions orales et apprécier les Écouter attentivement et poser
réponses. éventuellement des questions.
Faire au besoin des ajustements.
Faire le point sur les savoirs et savoir-faire
essentiels à maîtriser pour aborder la leçon
du jour.
3e étape (y min) Raconter une histoire en rapport avec la Écouter et réagir en posant des
Motivation à notion ; ou proposer une activité pertinente questions ; ou tenter de résoudre
l’introduction de la en rapport avec la découverte ou l’utilité de l’activité.
notion nouvelle la notion… Noter le(s) titre(s) dans le cahier de
Écrire le titre du chapitre et le titre de la cours.
leçon au tableau. Écouter attentivement.
Communiquer les objectifs de la leçon.
4e étape (z min) Proposer l’activité aux élèves. Noter l’activité dans le cahier de cours.
Activité permettant Veiller à son bon déroulement. Travailler en groupe ou
d’énoncer la notion Faire la synthèse. individuellement.
Faire énoncer la notion par les élèves en les Faire le compte rendu des travaux au
aidant à bien la formuler. grand groupe (si travail de groupe).
Participer à la correction.
Prendre la correction dans le cahier de
cours.
Mettre la trace écrite au tableau. Prendre le résumé dans le cahier de
cours.
5e étape (s min) Poser des questions de compréhension Répondre aux questions et se corriger
Faire fonctionner la portant sur la notion. mutuellement.
notion Donner un ou plusieurs exercice(s) Traiter l’/les exercice(s).
d’application pour faire appréhender la Aller au tableau ou suivre la correction
notion dans différentes facettes. et poser éventuellement des questions.
Envoyer des élèves au tableau pour corriger. Prendre l’exercice et la correction dans
le cahier de cours.
Avant-dernière étape Donner des exercices d’application Traiter les exercices.
(r min) permettant de s’assurer de l’atteinte des Montrer les réponses au professeur.
Évaluation terminale objectifs. Poser des questions de compréhension.
Vérifier le travail des élèves et faire le point Noter la correction.
des acquis.
Faire les réajustements nécessaires si
possibles.
Dernière étape Donner des exercices de réinvestissement. Prendre les exercices dans les cahiers
(t min) Corriger si possible une partie pendant la d’exercices (ou références).
leçon. Commencer à les traiter.
Poser des questions au professeur.
Donner des exercices d’approfondissement à Recopier les exercices ou leurs
chercher à la maison. références.
Remplir le cahier de textes.
Pour chacun des objectifs suivants, élabore en 2 ou 3 lignes une activité préparatoire qui lui
correspond.
Objectifs Activités préparatoires
À la fin de cette séance, l’élève de la
classe de 6e doit être capable d’utiliser
les symboles < et >.
À la fin de cette séance, l’élève de la
classe de 5e doit être capable de
déterminer le PPCM de deux entiers.
À la fin de cette séance, l’élève de la
classe de 4e doit être capable d’utiliser
l’égalité de deux vecteurs pour
démontrer qu’un quadrilatère est un
parallélogramme.
À la fin de cette séance, l’élève de la
classe de 3e doit être capable d’établir le
parallélisme de deux droites en utilisant
la réciproque du théorème de Thalès.
À la fin de cette séance, l’élève de la
classe de 3e doit être capable d’utiliser
le théorème de Pythagore dans le
triangle rectangle pour calculer des
distances.
Activité 2
Activité 3
Tu veux préparer ton cours sur la symétrie orthogonale. Énonce trois prérequis pertinents pour cette
leçon.
Activité 4
Du fait de son arrivée tardive dans l’établissement, les classes de 6e et de 3e lui ont été affectées,
pour y assurer les cours de mathématiques.
Vous avez mis sur pied une cellule pédagogique de mathématiques qui fonctionne de manière
impeccable. Au cours des échanges, il ressort que ton « jeune » collègue utilise la même
préparation sur la « symétrie orthogonale » pour enseigner dans les deux niveaux (6e et 3e), tout en
essayant de faire quelques adaptations improvisées au niveau des deux classes en fonction des
exigences pédagogiques du moment. En tant que responsable de la cellule pédagogique, une
délégation d’élèves de la classe de 6e en question vient te voir pour plaider leur cause auprès de ton
collègue, car ils ne comprennent rien aux cours de mathématiques. Un élève te déclare : « Les cours
sont trop rapides ; le professeur dicte à grande vitesse, on n’arrive pas à écrire et on ne comprend
même pas le sens des mots prononcés ».
Activité 5
Au Niger, les nouveaux programmes de mathématiques visent à donner du sens aux notions et
contenus mathématiques enseignés à tous les niveaux. C’est pourquoi les méthodes actives sont
recommandées à tous les niveaux de l’enseignement des mathématiques.
Pendant la récréation, ton collègue vient juste de terminer son chapitre sur les isométries du plan en
classe de 3e 1. Alors que vous échangez, un élève vient lui poser la question suivante : « Monsieur, à
quoi servent les isométries ? ». Ce dernier lui répond : « À résoudre des problèmes de construction,
de démonstration et, par exemple, d’identification d’axe de symétrie d’une réflexion ».
Cet échange t’inspire pour l’élaboration de ta fiche pédagogique pour ta dernière leçon sur la
symétrie orthogonale en classe de 3e 2. Ainsi, tu décides d’élaborer :
Activité 7
Voici la description d’une pratique pédagogique d’un enseignant observée en situation de classe :
L’enseignant :
En guise de contrôle de prérequis, il donne l’exercice suivant en classe de 4e :
- Calculez :
Il termine en disant :
- C’est bien, parce que la grande majorité des élèves a bien appris la leçon.
3. À ton avis, cet enseignant a-t-il une bonne stratégie de gestion des erreurs des élèves ? Coche ta
réponse et justifie.
Oui
Non
4. Quels conseils donnerais-tu à cet enseignant en vue d’améliorer sa fiche de préparation au
niveau du contrôle des prérequis ?
CORRIGÉS DU DIAGNOSTIC
Autotest 1
Tu retiendras que la fiche pédagogique est un outil didactique, conçu et élaboré par l’enseignant, qui décrit
l’intégralité du scénario de la leçon, en vue de motiver, d’impliquer les apprenants et de faciliter leurs
apprentissages lors du déroulement de la leçon.
Autotest 2
La réponse est « oui ». En effet, dans la pratique quotidienne, l’élaboration d’une fiche pédagogique joue
un rôle central dans la préparation des leçons de mathématiques. Plusieurs raisons le justifient. Comme
rôles principaux de la fiche pédagogique, on peut noter que c’est un outil de planification pour l’enseignant
dans lequel il :
décrit les objectifs de la leçon ;
précise le scénario à mettre en œuvre dans lequel apparaissent toutes les activités à mener, de même
que les rôles des différents acteurs y compris le timing ;
précise le matériel et autre support didactiques à utiliser.
Ce qui est attendu de toi dans cette question, c’est de citer trois des composantes de la fiche pédagogique
que tu estimes principales (voir mémento).
Autotest 3
La réponse est « oui ». En effet, le professeur expérimenté a besoin d’élaborer une fiche pédagogique pour
chaque leçon en ce sens que c’est un outil didactique qui nécessite une adaptation perpétuelle en fonction
du groupe-classe, des objectifs de la leçon, des méthodes pédagogiques, de l’environnement pédagogique,
etc.
Autotest 4
La réponse est « oui ». En effet, l’élaboration d’une fiche de leçon de mathématiques d’une durée de 55 mn
prend beaucoup de temps pour la conception. Cela peut prendre plusieurs heures de travail. Cependant,
avec l’expérience, le temps consacré diminuera (effet d’expérience).
Autotest 5
La réponse est « non ». En effet, la maîtrise des contenus et la bonne définition des objectifs ne suffisent
pas pour réussir ta leçon. Cette manière de faire t’expose à des tâtonnements lors de la leçon et à des
évaluations ambiguës qui risquent d’embrouiller les élèves.
Autotest 6
Lors de l’élaboration d’une fiche pédagogique, tu devras nécessairement avoir à tes côtés :
les programmes officiels de la classe (niveau) qui te donnent les instructions officielles (contenus,
méthodes pédagogiques, limites du programme, etc.) ; le ou les livre(s) officiellement recommandé(s) ; le
guide pédagogique.
Tu pourras te munir d’autres documents pédagogiques complémentaires jugés pertinents.
Autotest 7
La réponse est « oui ». En effet, les avantages pédagogiques pour un enseignant à élaborer une fiche de
leçon avant chaque cours sont multiples. Le mémento te donne une liste d’avantages. En t’y référant tu
pourras apprécier tes réponses.
Autotest 8
Nous sommes en présence d’un cas d’évaluation formative dont le principal rôle est de renseigner le
professeur sur l’atteinte des objectifs au niveau de chaque élève. On peut faire les constats suivants :
le professeur n’a pas précisé les objectifs de la leçon ; on ne peut donc pas savoir quel objectif il
évalue ;
il ne donne aucune activité d’évaluation aux élèves, ce qui ne permet pas d’évaluer objectivement
l’atteinte des résultats à travers les productions des élèves ;
le professeur ne peut pas identifier les erreurs des élèves pour apporter de la remédiation.
Ce type d’évaluation, fondée sur la foi aveugle aux déclarations subjectives des élèves, n’a aucun
fondement pédagogique.
Tu devras conseiller à ton collègue d’élaborer sa fiche pédagogique en bonne et due forme selon le
modèle proposé.
CORRIGÉ DES ACTIVITÉS
►►Activité 1
Le tableau ci-dessous propose des activités préparatoires aux objectifs indiqués.
Remarque : Pour la première question par exemple, une « bonne » réponse pourrait être de placer le
signe > ou < entre les couples de nombres proposés (réponse acceptée car elle mobilise les signes <
et >). En revanche, une réponse « non acceptée » serait de comparer les nombres donnés (car il n’est
pas fait explicitement référence à l’usage des symboles < et >).
Objectifs Activités
À la fin de cette séance, l’élève de la classe Compléter à l’aide de l’un des symboles suivants :
de 6e doit être capable d’utiliser les symboles < ou >.
< et > . a) 12 … 12,1
b) 5,2 … 5,02
c) 0 … 0,5
À la fin de cette séance, l’élève de la classe Déterminer le PPCM des entiers 25 et 40.
de 5e doit être capable de déterminer le
PPCM de deux entiers.
À la fin de cette séance, l’élève de la classe EFHG est un quadrilatère tel que EF = GH.
de 4e doit être capable d’utiliser l’égalité de Que peut-on dire du quadrilatère EFHG ?
deux vecteurs pour démontrer qu’un
quadrilatère est un parallélogramme.
À la fin de cette séance, l’élève de la classe On donne BO = 2 ; OD = 3 ; OC = 4,8 ; OA = 3,2.
de 3e doit être capable d’établir le B C
parallélisme de deux droites en utilisant la O
réciproque du théorème de Thalès.
A D
Démontrer que les droites (AB) et (DC) sont
parallèles.
Activité 1
Au Niger, les programmes de mathématiques visent à donner du sens aux notions et contenus
mathématiques enseignés à tous les niveaux. C’est pourquoi les méthodes actives sont recommandées
à tous les niveaux de l’enseignement des mathématiques.
Pendant la récréation, ton collègue vient juste de terminer son chapitre sur les isométries du plan en
classe de 3e 1. Alors que vous échangez, un élève vient lui poser la question suivante : « Monsieur, à
quoi servent les isométries ? ». Ce dernier lui répond : « À résoudre des problèmes de construction, de
démonstration et, par exemple, d’identification d’axe de symétrie d’une réflexion ».
Cet échange t’inspire pour l’élaboration de ta fiche pédagogique pour ta dernière leçon sur la symétrie
orthogonale en classe de 3e 2. Ainsi, tu décides d’élaborer :
Activité 1 : réponse
Voici les objectifs spécifiques visés et les principales questions à se poser à chaque niveau en vue de
s’assurer de la pertinence des activités :
Activité 2
Voici les objectifs et principales questions à se poser et des propositions d’activités de différents
types :
Objectif général Activité de contrôle Activité préparatoire Exercices
Être capable de des prérequis d’évaluation
calculer le PGCD de
deux entiers naturels
et d’utiliser le
PGCD de deux
entiers naturels pour
résoudre un
problème.
Objectif spécifique 1. Déterminer 1. Détermine l’ensemble des Calcule le PGCD des
Être capable de l’ensemble des diviseurs de 18 et de 24. nombres 124 et 180.
calculer le PGCD de diviseurs d’un entier 2. a) Détermine l’ensemble des
deux entiers naturel. diviseurs communs à 18 et 24.
naturels. 2. Déterminer
l’ensemble des b) Quel est le plus grand
diviseurs communs à d’entre eux ?
deux entiers naturels. 1. Décompose chacun des
3. Décomposer un nombres 18 et 24 en produit de
entier naturel en un facteurs premiers.
produit de facteurs 2. Détermine les facteurs
premiers. premiers présents à la fois dans
4. Déterminer le plus les deux décompositions.
petit des exposants qui 3. Fais le produit des facteurs
sont affectés à un premiers présents à la fois dans
même nombre entier les deux décompositions en af-
naturel. fectant chacun d’eux du plus
petit exposant qu’il a dans les
deux décompositions.
4. Compare ce résultat avec le
résultat obtenu en 2. b).
Principales Quelles sont les Quel cheminement doit-on Quelle question doit-
questions connaissances (savoirs faire prendre à l’élève pour être posée à l’élève
et savoir-faire) dont a aller à la découverte de la pour vérifier
besoin l’élève pour notion ? l’acquisition de la
traiter cette leçon ? notion ?
MODÈLE DE FICHE PEDAGOGIQUE MATHÉMATIQUES
Prérequis : savoir, savoir-faire, savoir être, dont la maîtrise par l’élève est indispensable pour aborder avec
succès l’apprentissage projeté au cours de la leçon. Méthode(s) pédagogique(s) à utiliser et techniques à
mettre en œuvre.
Scénario : déroulement
Étape, durée,
Rôle et interventions du professeur Rôle et activités des élèves
intention pédagogique
1re étape (w min) ▪ Contrôler la présence des élèves et ▪ Confirmer leur présence
Contrôle de présence remplir le cahier d’absence.
2e étape (x min) ▪ Proposer aux élèves une activité, ▪ Résoudre l’exercice
Contrôle des prérequis faire corriger en insistant sur… individuellement.
▪ Ou poser des questions orales et ▪ Répondre aux questions.
apprécier les réponses.
▪ Faire au besoin des ajustements. ▪ Écouter attentivement et poser
▪ Faire le point sur les savoirs et éventuellement des questions.
savoir-faire essentiels à maîtriser
pour aborder la leçon du jour.
3e étape (y min) ▪ Raconter une histoire en rapport ▪ Écouter et réagir en posant des
Motivation à l’introduction avec la notion; ou proposer une questions; ou tenter de résoudre
de la notion nouvelle activité pertinente en rapport avec la l’activité.
découverte ou l’utilité de la notion…
▪ Écrire le titre du chapitre et le titre ▪ Noter le(s) titre(s) dans le cahier
de la leçon au tableau. de cours.
▪ Communiquer les objectifs de la ▪ Écouter attentivement.
leçon.
4e étape (z min) ▪ Proposer l’activité aux élèves. ▪ ▪ Noter l’activité dans le cahier de
Activité permettant Veiller à son bon déroulement. ▪ Faire cours.
d’énoncer la notion la synthèse. ▪ Travailler en groupe ou
▪ Faire énoncer la notion par les individuellement.
élèves en les aidant à bien la ▪ Faire le compte rendu des travaux
formuler. au grand groupe (si travail de
groupe).
▪ Participer à la correction.
▪ Prendre la correction dans le
cahier de cours.
▪ Mettre la trace écrite au tableau ▪ Prendre le résumé dans le cahier
de cours.
5e étape (s min) ▪ Poser des questions de ▪ Répondre aux questions et se
Faire fonctionner la notion compréhension portant sur la notion. corriger mutuellement.
▪ Donner un ou plusieurs exercice(s) ▪ Traiter l’/les exercice(s).
d’application pour faire appréhender ▪ Aller au tableau ou suivre la
la notion dans différentes facettes. correction et poser éventuellement
▪ Envoyer des élèves au tableau pour des questions.
corriger. ▪ Prendre l’exercice et la correction
dans le cahier de cours.
Avant-dernière étape (r ▪ Donner des exercices d’application ▪ Traiter les exercices.
min) Évaluation terminale permettant de s’assurer de l’atteinte ▪ Montrer les réponses au
des objectifs. professeur.
▪ Vérifier le travail des élèves et faire ▪ Poser des questions de
le point des acquis. compréhension.
▪ Faire les réajustements nécessaires ▪ Noter la correction
si possibles.
Dernière étape (t min) ▪ Donner des exercices de ▪ Prendre les exercices dans les
réinvestissement. cahiers d’exercices (ou références).
▪ Corriger si possible une partie ▪ Commencer à les traiter.
pendant la leçon. ▪ Poser des questions au professeur.
▪ Prendre les exercices dans les
cahiers d’exercices (ou références). ▪ Recopier les exercices ou leurs
▪ Donner des exercices références.
d’approfondissement à chercher à la
maison.
▪ Remplir le cahier de textes.
Exemple de fiche de leçon APC
Compétence de base 2
Thème : Je résous des problèmes de la vie quotidienne en utilisant des données relatives aux nombres rationnels, aux nombres
réels, à la proportionnalité et à la statistique.
Leçon : J’utilise des effectifs cumulés et la médiane d’une série statistique pour résoudre des problèmes
Niveau : 3e
Séquence : Regroupement en classes de même amplitude
Durée d’une séance : 55 min
Matériels : Calculatrice, règle et cahier d’intégration 3e
Pré requis : Centre d’un intervalle, mode et moyenne d’une série statistique à caractère discret.
* Notion de série statistique regroupée * Traduire une situation concrète par * Faire preuve de rigueur et de
en classe une série statistique regroupée en persévérance
classes
* Classe modale * Adopter un esprit critique
* Déterminer la classe modale et la
* Moyenne d’une série statistique * Manifester un esprit de collaboration
moyenne d’une série statistique
regroupée en classes
regroupée en classes
* Utiliser une série statistique regroupée
en classes pour résoudre des problèmes
de vie courante
SITUATION PROBLEME :
A la fin du premier trimestre, dans le but d’encourager les élèves à bien travailler pour les trimestres à venir, le chef de ton
établissement décide de récompenser chacune des classes dont la moyenne générale trimestrielle est supérieure ou égale à 12.
Pour faciliter le calcul de la moyenne générale trimestrielle des élèves de ta classe, ton professeur principal regroupe vos
moyennes dans des intervalles. Il obtient le tableau suivant :
Effectifs 2 10 14 24 20 10
Interprète ce tableau.
Ta classe sera-t-elle récompensée ?
Moment Plan du cours Activités de l’enseignant Activités des apprenants Trace écrite
didactique et durée
x1 = 5, x² = 7, x3 = 9, x4 = 11, x5 = 13
et x6 = 15
m = 11
Production attendue
regroupée en classes
on calcule la moyenne
Je donne des exercices à faire
de cette série en
à la maison (voir cahier
remplaçant chaque
d’intégration)
classe par son centre.
Fiche de TD
Exercice 1
« Une équipe de faucheurs avait pour tâche de faucher deux prés dont l’un était deux fois plus
grand que l’autre. Pendant une demi-journée l’équipe travailla sur le grand pré. Puis, l’équipe
se sépara en deux groupes égaux. L'un des groupes resta dans le grand pré et finit de le faucher
vers le soir. L'autre groupe faucha le petit pré, mais, au soir, il restait encore une partie à
faire. Cette partie a été fauchée le lendemain par un seul faucheur en une journée de travail.
Combien d’hommes l’équipe comptait-elle? »
I. Analyse épistémologique
Protocole 1
Protocole 2
1. Dans le protocole 1:
a. Quelles sont les règles proposées et/ou exigées par la professeure dans la résolution
du problème?
b. Décelez trois effets pervers du contrat. Pour chacun d'eux, citez la phrase qui l'illustre.
d. Dans quel modèle d'apprentissage peut-on inscrire cette séquence de classe ? Justifiez.
2. Dans le protocole 2:
b. Quelles précautions peuvent être prises afin d'amener l'élève à adopter une procédure
conforme aux exigences de l'activité mathématique?
c. Dans quel modèle d'apprentissage peut-on inscrire cette séquence de classe? Justifiez.
Exercice 2
Voici un extrait de manuel de 2e, CIAM, Edicef, que vous analyserez d'après les questions ci-
dessous.
Questions :
1. Dégager les objectifs d'apprentissage visés.
2. Faire une analyse a priori de cette situation.
3. Préciser si cette situation s'appuie sur une des conceptions suivantes : approche
transmissive (écouter et être attentif), approche béhavioriste (résoudre une succession de
tâches guidés par l'enseignant), approche socioconstructiviste (résoudre une situation
problème).
Exercice 2
Exercice 3
1. Faire l’analyse a priori (repérage des variables didactiques et des procédures possibles
pour les résoudre, en relation avec les valeurs choisies pour les variables) de chacune
des situations suivantes.
2. Analyser la ou les réponses des élèves, les procédures qu’ils ont utilisées, identifier les
procédures erronées et :
- Eventuellement classer les réponses des différents élèves, en fonction de critères que
vous préciserez ;
- Faire des hypothèses sur les causes possibles des erreurs ou difficultés repérées.
Exercice 4
Un élevage de 250 poules contient des poules blanches et des poules rousses ; le diagramme
Poules
circulaire ci-dessous représente leur répartition. Les cinq secteurs sont égaux.
Exercice 5
Les questions portent sur deux documents extraits d’un ouvrage qu’un professeur veut proposer en 6e.
Les 3 premières questions portent sur l’exercice 2 du document 2.
Document 1
Document 2
Document 3
Exercice 6
Exercice 7
En s'appuyant sur :
Imaginer une situation a-didactique permettant d'introduire la notion identifiée aux élèves
du niveau donné.
Exercice : 8
D’après les auteurs, l’ouvrage Pythagore établit le contrat suivant, relativement à la racine carrée :
√5 + √8 = √6 + √7
Exercice 3 : calculez, quand c’est possible, les nombres suivants : √1,44 - √0,025 - √0,0009
Question
Exercice 8
Cadre numérique : Trouver les nombres b d'un système de nombres tels que b2 = a, a étant un
nombre donné du système de nombres.
Cadre algébrique: Résoudre x2 = a.
Cadre des fonctions: Recherche des antécédents de a par l'application x--->x2.
Cadre géométrique : Construire un carré d'aire donnée.
Cadre graphique : Détermination graphique des antécédents de a par l'application carrée.
Exercice:
1. Pour chacun des objectifs suivants, élabore en 2 ou 3 lignes une activité préparatoire qui
lui correspond.
Déterminer le nombre dérivé d’une fonction en un point
2. À partir des objectifs suivants, élabore un exercice d’application correspondant.
3. Tu veux préparer ton cours sur la projection orthogonale. Énonce trois prérequis pertinents
pour cette leçon.