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Electronique B8 121 Gérard Hincelin

Rayonnement électromagnétique

Chapitre 11 .............................................................................................................................. 122


RAYONNEMENT ELECTROMAGNETIQUE..................................................................... 122
I. INTRODUCTION ....................................................................................................................122
II. DOUBLET ELECTROSTATIQUE ..........................................................................................122
II.1 – Equation de Poisson..............................................................................................................122
II.2 – Potentiel créé par une distribution de charges ......................................................................123
II.3 – Potentiel et champ du doublet électrostatique. .....................................................................123
III. CHAMP MAGNETIQUE CREE PAR UN COURANT ........................................................125
III.1 – Potentiel vecteur ..................................................................................................................125
III.2 – Champ magnétique créé par un élément de courant (formule de BIOT et SAVART)........126
IV. POTENTIEL ET CHAMP DU DOUBLET DE HERTZ .......................................................128
IV.1 – Potentiel retardé...................................................................................................................128
IV.2 – Induction magnétique..........................................................................................................129
IV.3 – Champ électrique.................................................................................................................129
V. RAYONNEMENT ELECTROMAGNETIQUE ......................................................................131
V.1 – Champ proche ou quasi-stationnaire ....................................................................................131
V.2 – Champ lointain : l’onde TEM...............................................................................................131
V.3 – Puissance rayonnée...............................................................................................................133
V.4 – Résistance d’antenne ............................................................................................................134
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Rayonnement électromagnétique

Chapitre 11

RAYONNEMENT ELECTROMAGNETIQUE

I. INTRODUCTION

L’antenne d’émission constitue l’interface entre l’onde guidée et l’onde qui se propage en
espace libre. La puissance émise par le générateur est généralement transmise à l’antenne
par une ligne de type coaxiale ou un guide d’ondes. Réciproquement, l’antenne de réception
collecte l’énergie d’une onde se propageant dans l’espace.
Le doublet de HERTZ est constitué d’un conducteur rectiligne parcouru par un courant
alternatif de fréquence ν, dont la longueur L est très inférieure à la longueur d’onde dans le
vide λ =c/ν. Cette antenne élémentaire, parfois prise comme source de référence, permet de
calculer le champ rayonné par des antennes filaires (de longueur plus grandes) considérées
comme une succession d’éléments dont chacun constitue un doublet.
Le rayonnement d’un doublet (ou rayonnement dipolaire) joue un rôle dans de nombreux
phénomènes de la physique.

II. DOUBLET ELECTROSTATIQUE

II.1 – Equation de Poisson


Les équations de base de l’électrostatique et de la magnétostatique se déduisent des
équations de Maxwell, à condition d’annuler les ternes dépendant du temps. Nous avons
montré qu’une charge électrique fixe Q suffit à créer un champ électrique et un potentiel V, qui
se déduisent des équations de base :
r r ρ
Loi de Gauss : ∇. E = Equation Section 11(11.1)
ε0
r r
Le champ électrique dérive d’un potentiel : E = −∇V (11.2)
r r ρ r r
En combinant ces deux équations, il vient ∇. −∇V = ( )
. En notant ∇. ∇V = ∇ 2V (ou
ε0
( )
laplacien), on obtient l’équation de Poisson :
ρ
∇ 2V = − (11.3)
ε0
∂ 2V ∂ 2V ∂ 2V ρ
qui s’écrit, par exemple, en coordonnées cartésiennes : + 2 + 2 =−
∂x 2
∂y ∂z ε0
L’intégration de l’équation (11.3), extrêmement difficile dans le cas général, permet de calculer
le potentiel électrostatique V(x,y,z) connaissant la distribution de charges ρ(x,y,z).
Le champ électrique se déduit ensuite du potentiel en appliquant la relation (11.2)
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II.2 – Potentiel créé par une distribution de charges


Cherchons une solution de l’équation (11.3) dans le cas particulier où la charge est localisée
dans un volume fini v. Pour cela, considérons tout d’abord une charge ponctuelle Q, située à
l’origine des coordonnées. On sait que le champ électrique ne possède en coordonnées
sphériques (r, θ, ϕ) qu’une composante radiale Er, qui vaut à la distance r de la charge (voir
leçon 1) :
Q
Er = (11.4)
4πε 0 r 2
En supposant que le potentiel est nul à l’infini, on a montré que le potentiel V(r) au point r a
pour valeur:
r
Q
V (r ) = − ∫ Er dr = (11.5)

4πε 0 r

Dans le cas d’une densité de charges statiques ρ(x,y,z), localisées dans un volume v (cas
d’une charge non ponctuelle), on peut considérer que chaque élément de volume dv =
dxdydz, contenant la charge élémentaire dQ = ρ(x,y,z) dv, (donc considérée comme
ponctuelle) créé au point M de coordonnées (X, Y, Z) le potentiel élémentaire dV donné par :
1 ρ ( x, y, z ) dxdydz
dV = (11.6)
4πε 0 (x − X ) + ( y −Y ) + (z − Z )
2 2 2

Les équations étant linéaires, le potentiel total créé au point M est égal à la somme de toutes
les contributions, soit :
1 ρ ( x, y, z ) dxdydz
V=
4πε 0 ∫ (11.7)
(x − X ) + ( y −Y ) + (z − Z )
2 2 2
volume v

C’est une solution particulière de l’équation de Poisson.

II.3 – Potentiel et champ du doublet électrostatique.


Le doublet électrostatique est constitué de deux charges ponctuelles au repos, de signes
opposés +Q et – Q et distantes de a. En coordonnées sphériques (r, θ, ϕ), on obtient le
schéma suivant. Les charges étant alignées le long de l’axe Oz, le problème est indépendant
de l’angle ϕ (symétrie de révolution autour de l’axe Oz).

z
∂V
Er = −
∂r
M 1 ∂V
Eθ = −
r ∂θ
r2
θ
r1

+Q r
a
a cos θ y
-Q
x ϕ
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r
Le champ électrique résultant E au point M est la somme vectorielle des champs créés en ce
r
point par chacune des charges. Le calcul direct de E en chaque point de l’espace est donc
difficile. Il est plus simple de calculer le potentiel, qui est un scalaire, puis d’en déduire les
r
composantes du champ E par dérivation.

Calcul du potentiel : Il est égal à la somme algébrique des potentiels créés par chacune des
deux charges, ce qui s’écrit avec les notations de la figure :
Q 1 1 Q r1 − r2
V=  − = (11.8)
4πε 0  r2 r1  4πε 0 r1r2
Lorsque le point M est situé loin du doublet (r >> a), on peut faire les approximations
suivantes :
r1 − r2 " a cos θ et r1r2 " r 2 (11.9)
d’où
Qa cos θ
V" (11.10)
4πε 0 r 2
Calcul du champ électrique : En coordonnées sphériques, les composantes du champ
r r
électrique ( E = −∇V ) s’écrivent :
∂V Qa cos θ
Er = − = (11.11)
∂r 2πε 0 r 3
1 ∂V Qa sin θ
Eθ = − = (11.12)
r ∂θ 4πε 0 r 3
1 ∂V
Eϕ = − =0 (11.13)
r sin θ ∂ϕ
Les coordonnées étant celles de la figure 1, les courbes équipotentielles dans un plan
contenant le dipôle sont représentées en pointillés (les surfaces sont obtenues par une rotation
autour de l’axe vertical, ou axe du dipôle) :
Le potentiel passe par un extremum dans l’axe du dipôle (positif vers la charge > 0, négatif vers
la charge < 0).
Les lignes de champ électrique sont en tout point perpendiculaires aux surfaces
équipotentielles, le champ étant comme toujours orienté du potentiel le plus élevé vers le
potentiel le plus faible.

axe du
dipôle
équipotentielles

lignes de champ
électrique
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III. CHAMP MAGNETIQUE CREE PAR UN COURANT

III.1 – Potentiel vecteur


Les équations de la magnétostatique s’écrivent :
r r
Loi de Gauss : ∇. B = O (11.14)
r r r
Loi d’Ampère : ∇× H = J (11.15)
r r r r
( )
La divergence de B étant nulle, on utilise l’identité vectorielle : ∇. ∇ × A = 0 (la divergence du
r
rotationnel est nulle), pour définir le potentiel vecteur A :
r r r
B = ∇× A (11.16)
Transposons dans la seconde équation :
r r r r
∇ ×∇ × A = µ0 J (11.17)
r r r r r r r r r
( ) (
Développons le double produit vectoriel d’après la règle : A × B × C = A. C B − A. B C , ce qui )
donne :
r r r r r r r r r r
( ) (
∇ × ∇ × A = ∇. A ∇ − ∇.∇ A = µ0 J ) (11.18)
Ce que l’on décompose en deux équations qui doivent être satisfaites simultanément :
r r
∇ 2 A = − µ0 J (11.19)
r r
∇. A = 0 (11.20)
La première équation (11.19) a une forme identique à l’équation de Poisson, mais porte sur des
vecteurs. Elle conduit en fait à écrire trois équations, une pour chaque composante : on écrira
par exemple en coordonnées cartésiennes, pour la composante Jx du courant :
∂ 2 Ax ∂ 2 Ax ∂ 2 Ax
+ 2 + 2 = − µ0 J x (11.21)
∂x 2 ∂y ∂z
et deux équations pour les composantes Jy et Jz.
La seconde équation (11.20) est une condition de Jauge qui s’écrit en coordonnées
cartésiennes :
∂Ax ∂Ay ∂Az
+ + =0 (11.22)
∂x ∂y ∂z
Cette condition permet de déterminer les valeurs des constantes d’intégration.
r
Etant donnée une distribution des lignes de courant, caractérisée par le vecteur J (de
r
composantes (Jx, Jy, Jz), le potentiel vecteur A en un point M de coordonnées (X, Y, Z) se
calcule en intégrant l’équation (11.19). On remarque que cette relation est formellement
identique à l’équation de Poisson de l’électrostatique, pour laquelle nous venons de donner une
solution dans le cas où le second membre est une distribution de charges (ici de courant)
r
localisée dans l’espace : J remplaçant ρ et µ0 remplaçant 1 ε 0 , la composante Ax du potentiel
vecteur s’écrit d’après l’équation (11.7)

µ0 J x ( x, y, z ) dxdydz
Ax =
4π ∫ (11.23)
(x − X ) + ( y −Y ) + (z − Z )
2 2 2
volume v

• La composante Ax ne dépend que de Jx.


• Les composantes Ay (qui ne dépend que de Jy) et Az (qui ne dépend que de Jz) sont
données par deux équations similaires.
• Le volume d’intégration v s’étend à toute la région traversée par le courant.
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III.2 – Champ magnétique créé par un élément de courant (formule de BIOT et SAVART)
Considérons un fil conducteur rectiligne de longueur infinie, de section S, parcouru par un
courant constant et uniforme de valeur I. Isolons un petit élément du conducteur de longueur
finie a centré sur l’origine des coordonnées, comme indiqué sur la figure suivante, et calculons
le potentiel vecteur créé par cet élément en un point M situé à l’extérieur du conducteur, ce qui
revient à négliger pour le moment l’action du courant qui traverse le reste du conducteur.

z
X

M Y
Z

S r
r1
a y
x
x 
P y
z

I

r I
Le vecteur J a pour composantes Jx = Jy = 0 ; J z = , Jz étant supposé constant en tout point
S
du conducteur.
L’élément de volume dv = dxdydz, centré sur le point P, de coordonnées (x, y, z), crée un
potentiel vecteur élémentaire dAz, qui s’écrit d’après (11.6) :
µ0 J z ( x, y, z ) dxdydz
dAz = (11.24)
4π (x − X ) + ( y −Y ) + (z − Z )
2 2 2

Le point M de coordonnées (X, Y, Z) est suffisamment loin du conducteur, pour que l’on puisse
admettre pour tout point P du petit volume v = S ∆z, l’approximation suivante :
X − x " X ; Y − y " Y; Z − z " Z
La composante Az est obtenue en sommant au point M, les effets élémentaires de tous les
points P, ce qui revient à effectuer une intégration sur le volume v = S a. En sortant les termes
constants de l’intégrale, on trouve :
µ0 I 1 µ0 I a
Az "
4π S
X 2 +Y2 + Z2 v
∫ dxdydz = 4π
X 2 +Y2 + Z2
(11.25)

et Ax = Ay = 0 car J x = J y = 0
r r r
Le champ magnétique est donné par la relation (11.16) : B = ∇ × A
∂A ∂A µ Ia Y
Bx = z − y = − 0 (11.26)
∂Y ∂Z 4π ( X 2 + Y 2 + Z 2 )3 2

∂Ax ∂Az µ0 I a X
By = − = (11.27)
∂Z ∂X 4π ( X + Y 2 + Z 2 )3 2
2

∂Ay ∂Ax
Bz = − =0 (11.28)
∂X ∂Y
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Les coordonnées sphériques ( r , θ , ϕ ) sont mieux adaptées au problème.


Posons (voir la figure ci-dessous) :

X = r sin θ cos ϕ ; Y = r sin θ sin ϕ ; Z = r cos θ (11.29)


r2 = X 2 + Y 2 + Z 2 (11.30)
z A z

Sens de Bϕ donné
Bϕ par la règle du
« tire-bouchon »
M
θ

y
Bx Bϕ
ϕ By
x I

On en déduit :
µ0 I a
Bx = − sin θ sin ϕ = − Bϕ sin ϕ
4π r 2
µ0 I a
By = sin θ cos ϕ = Bϕ cos ϕ
4π r 2

Ce qui montre que le champ magnétique ne possède qu’une composante circulaire Bϕ (pas de
composante radiale Br ), qui a pour expression :
µ0 I a
Bϕ = sin θ (11.31)
4π r 2

• Le sens du champ magnétique est donné par la règle du tire-bouchon : ce dernier


progresse dans le sens du courant en tournant dans le sens de l’induction (ou du
champ) magnétique.
r r r
Le vecteur B est perpendiculaire au plan qui contient l’axe Oz et le vecteur r = OM , la relation
(11.31) peut alors se mettre sous la forme vectorielle :
r µ r r
B = 0 3 Ia×r (11.32)
4π r
r
Le vecteur a étant orienté dans le sens du courant.
C’est la formule de BIOT et SAVART (première moitié du XIXé siècle). On peut l’écrire sous
forme différentielle, pour a → dz :
r µ r r
dB = 0 3 Idz × r
4π r
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IV. POTENTIEL ET CHAMP DU DOUBLET DE HERTZ


IV.1 – Potentiel retardé
Considérons maintenant un élément conducteur de longueur a, centré sur l’origine des
coordonnées, parcouru par un courant alternatif de pulsation ω de la forme :
I = I 0 exp ( jωt ) (11.33)

z dAz
X

M Y
Z

S
r1
vitesse c
a I y
x
x 
Py
z

Le vecteur densité de courant ne possède, comme précédemment, qu’une composante


I0
Jz = exp ( jωt ) ( J x = J y = 0 ). L’élément de volume dv = dxdydz entourant le point P, crée
S
au point M un potentiel vecteur élémentaire dAz, mais du fait que le signal émis au point P se
propage dans le vide à la célérité de la lumière c, la valeur du potentiel au temps t est donnée
par la valeur du signal au temps t – r/c. Le potentiel retardé s’écrit donc :

µ0 J z ( x, y, z, t − r c ) dxdydz
dAz (t ) = (11.34)
4π (x − X ) + ( y −Y ) + (z − Z )
2 2 2

Dans le cas où la distance r est grande devant a et devant le diamètre du conducteur, il


apparaît plusieurs simplifications :
On peut poser r1 = (x − X ) + ( y −Y ) + (z − Z ) X 2 +Y2 + Z2 = r
2 2 2
• "
• Le retard r/c peut être considéré comme constant (indépendant de la position du point
P)

Les équations étant linéaires, la potentiel Az est simplement la somme étendue à tout le volume
v = aS de tous les effets élémentaires, ce que nous écrirons :
µ0 I 0 exp  jω ( t − r c ) 
Az (t ) = ∫∫∫
4π S v r
dxdydz (11.35)

Le courant étant supposé uniforme (indépendant de x, y et z), le terme I0 sort de l’intégrale, qui
ne porte plus que sur le volume ( ∫∫∫
dxdydz = aS ).
v
On obtient finalement :
µ0 I 0 a
Az (t ) = exp  jω ( t − r c )  (11.36)
4π r
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IV.2 – Induction magnétique


Le champ magnétique se déduit du potentiel vecteur, par application de la relation :
r r r
B = ∇× A
Comme précédemment, ses composantes s’écrivent en coordonnées cartésiennes :
Y
∂A ∂A ∂r ∂Az
Bx = z = z = sin θ sin ϕ (11.37) Bx Bϕ
∂Y ∂r ∂Y ∂r
∂A ∂A ∂r ∂A
By = − z = − z = − z sin θ cos ϕ (11.38) ϕ
∂X ∂r ∂X ∂r
ϕ By
∂Ay ∂Ax
Bz = − =0 (11.39)
∂X ∂Y X

Ces équations montrent que l’induction magnétique possède uniquement une composante
circulaire Bϕ qui s’écrit (voir la figure) :
∂Az
Bϕ = − sin θ (11.40)
∂r

Dérivons Az, relation (11.36), par rapport à r et reportons l’expression dans la relation (11.40)
pour obtenir Bϕ :
∂Az µ I a ωr    r 
Bϕ = − sin θ = 0 0 2  1 + j  sin θ exp  jω  t −   (11.41)
∂r 4π r  c    c 
ou encore :
Bϕ I0a
Hϕ = = (1 + j β r ) sin θ exp [ j (ωt − β r ] (11.42)
µ0 4π r 2
ω
en posant comme d’habitude pour la constante de propagation : β = .
c

IV.3 – Champ électrique


Le courant qui circule dans le petit conducteur de longueur a doit nécessairement s’annuler en
a
z=± (à l’extrémité du conducteur). L’équation de continuité électrique implique donc qu’il y
2
ait en ces deux points accumulation de charges de valeurs + Q et – Q.
Par définition dQ = Idt , on en déduit :
I0
Q(t ) = ∫ Idt = I 0 ∫ exp( jωt ) = exp( jωt ) (11.43)

Ce qui montre que la charge qui oscille à la pulsation ω est déphasée de π/2 par rapport au
courant : au cours de l’alternance positive du courant, il y a accumulation de charges positives
à l’extrémité supérieure du conducteur. Lorsque la charge est maximum, le courant s’annule et
change de sens pour transporter les charges positives vers l’autre extrémité. L’existence de
charges aux extrémités du conducteur constitue un dipôle électrique qui crée un champ
électrique.

On peut dire également que le champ magnétique variable induit un champ électrique dans
l’espace. Ces champs sont liés entre eux par l’équation d’Ampère – Maxwell. En tenant compte
du fait qu’il n’y a pas de courant de conduction dans le vide et en exprimant le courant de
déplacement pour un champ harmonique, il vient :
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r r r ∂D r
∇ × H = Jc + = jωε 0 E (11.44)
∂t
r r r
soit : E=
1
jωε 0
(
∇× H ) (11.45)

Du fait que les composantes Hr et Hθ sont nulles, il est tout indiqué d’utiliser les coordonnées
r r r
sphériques (r, θ, ϕ). On trouve dans les formulaires l’expression du rotationnel, ur , uθ , uϕ étant
des vecteurs unitaires :
r r 1  ∂ ( H ϕ sin θ ) ∂Hθ  r 1  1 ∂H ∂ (rHϕ )  r 1  ∂ ( rHθ ) ∂H  r
∇× H =  −  ur +  r
−  uθ + r  ∂r − ∂θ  uϕ
r

r sin θ  ∂θ ∂ϕ  r  sin θ ∂ϕ ∂r   
D’où l’on tire les expressions des trois composantes du champ électrique :
1 1  ∂ ( Hϕ sin θ ) ∂H  1 1 ∂ ( Hϕ sin θ )
Er =  − θ= (11.46)
jωε 0 r sin θ ∂θ ∂ϕ  jωε 0 r sin θ ∂θ

1 1  1 ∂H r ∂ (rH ϕ )  1 ∂ ( rHϕ )
Eθ = − = −
jωε 0 r  sin θ ∂ϕ ∂r 
(11.47)
jωε 0 r∂r
1 1  ∂ ( rHθ ) ∂H r 
Eϕ =  − =0 (11.48)
jωε 0 r  ∂r ∂θ 
Rappelons que les composantes de E et H sont les amplitudes complexes, indépendantes du
temps, soit pour le champ magnétique :
I 0a
Hϕ = (1 + j β r ) sin θ exp ( − j β r ) (11.49)
4π r 2
On trouve après quelques calculs et en réintroduisant le temps dans les expressions des
champs :
I 0a
Hϕ = (1 + j β r ) sin θ exp  j (ωt − β r )  (11.50)
4π r 2
ηI a  1 
Er = 0 2  + 1 cos θ exp  j (ωt − β r )  (11.51)
2π r  j β r 
jηβ I 0 a  1 1 
Eθ = 1 + +  sin θ exp  j (ωt − β r )  (11.52)
4π r  j β r ( j β r ) 2 
µ0
avec η = (soit l’impédance du vide égale à 377 Ω).
ε0
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V. RAYONNEMENT ELECTROMAGNETIQUE
Nous venons de montrer qu’un petit élément conducteur de longueur a, parcouru par un
courant alternatif de pulsation ω, crée dans l’espace à la distance r de l’origine, un champ
magnétique et un champ électrique, dont les composantes sont données par les trois relations
ci-dessus. Les termes qui contiennent la variable r indiquent le comportement des champs en
fonction de la distance.

V.1 – Champ proche ou quasi-stationnaire


r
Envisageons le cas β r = 2π " 1 , qui englobe de fait deux situations différentes :
λ
• En « champ proche », on calcule le champ près de l’origine, à une distance r " λ
• Le cas quasi-stationnaire, s’applique à un courant de très basse fréquence (λ très
grande).
Dans les deux cas, l’approximation β r " 1 conduit après simplifications aux expressions
suivantes, moyennant quelques transformations simples :
I0a Ia
Hϕ " sin θ exp ( jωt ) = sin θ (11.53)
4π r 2
4π r 2
ηI a  1  Qa
Er " 0 2   cos θ exp [ jωt ] = cos θ (11.54)
2π r  j β r  2πε 0 r 3
jηβ I 0 a  1  Qa
Eθ "   sin θ exp ( jωt ) = sin θ (11.55)
4π r  ( j β r ) 
2
4πε 0 r 3

Le courant I et la charge Q étant donnés respectivement par les relations (11.33) et (11.43),
on retrouve formellement les expressions établies dans le cas statique :
• Pour le champ magnétique créé par un élément de courant constant (11.28).
• Pour les deux composantes du champ électrique créé par un dipôle (11.11) et (11.12).

La présence de ces champs entraîne l’existence de densités d’énergie magnétique et


électrique, accumulées dans l’espace autour du conducteur et traduisent en terme d’éléments
de circuits électriques l’existence d’effets inductifs et capacitifs.

Exercices :
1. Montrer que la puissance rayonnée est nulle en champ proche (ou que la valeur
moyenne du vecteur de Poynting est nulle).
2. Calculer l’énergie We et Wm accumulée dans une sphère de diamètre a/2.

V.2 – Champ lointain : l’onde TEM


En s’éloignant de la source, les termes en 1/r2 et 1/r3 peuvent être ignorés devant les termes
en 1/r : c’est l’hypothèse du « champ lointain ». Dans cette région, les champs ont pour
expressions approchées :
jβ I0a
Hϕ " sin θ exp  j (ωt − β r )  (11.56)
4π r
ηI a
Er " 0 2 cos θ exp  j (ωt − β r )  (11.57)
2π r
jηβ I 0 a
Eθ " sin θ exp  j (ωt − β r )  (11.58)
4π r
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On observe à grande distance de la source un effet de propagation radiale (suivant la


coordonnée r) que traduit la présence du terme exp  j (ωt − β r )  .
L’expression (11.57) montre que l’amplitude de la composante Er tend vers zéro beaucoup
plus vite que les autres composantes du champ. Par conséquent le champ lointain possède
essentiellement une composante électrique et une composante magnétique, toutes deux
transverses à la direction de propagation :
• Elles sont de plus orthogonales et se propagent en phase,
• Le rapport de leurs amplitudes est constant et égal à η.
z Sr

Hϕ ler trièdre
r r
( E, H , S )
est direct

θ Eθ

O y
ϕ
x
Composantes du champ de l’onde sphérique

Ces équations décrivent une onde sphérique de type TEM, émise par une source quasi
ponctuelle qui est en fait une antenne élémentaire.
on peut poser :
A
sin θ exp  j (ωt − β r ) 
Eθ =
r
A
H ϕ = sin θ exp  j (ωt − β r ) 
ηr
Les amplitudes des champs étant proportionnelles à sinθ, le champ rayonné est maximum
dans le plan équatorial (θ = π/2) et s’annule le long de l’axe du dipôle (θ = 0).

Axe du dipôle

Plan
équatorial

Représentation tri-dimensionnelle du champ


Electronique B8 133 Gérard Hincelin
Rayonnement électromagnétique

V.3 – Puissance rayonnée


La densité de puissance rayonnée est donnée par la valeur moyenne du vecteur de Poynting,
soit pour une onde harmonique :
r 1 r r
S = Re  E × H ∗  (11.59)
2
Ses trois composantes s’écrivent en coordonnées sphériques :
1 1
Sr = Re  Eθ H ϕ* − Eϕ Hθ*  = Re  Eθ H ϕ*  (11.60)
2 2
1
Sθ = Re  Eϕ H r* − Er Hϕ*  = 0 (11.61)
2
1
Sϕ = Re  Er Hθ* − Eθ H r*  = 0 (11.62)
2
Seule la composante Sr est présente : l’énergie s’écoule radialement à partir de l’antenne.
On trouve d’après (11.60) :
2
η  βa  2 2
2
1 Eθ
Sr = =   I 0 sin θ (11.63)
2 η 2  4π r 

Sr représente la puissance moyenne qui s’écoule à travers l’unité de surface


perpendiculairement à la direction de propagation (unité W/m2).
Calculons la puissance totale rayonnée à travers une surface fermée entourant l’antenne. Le
milieu n’étant pas absorbant, la divergence du vecteur de Poynting est nulle et le flux est
constant à travers toute surface fermée : par commodité, on prendra une sphère centrée sur
l’origine.
La puissance rayonnée est égale au flux z
du vecteur de Poynting :
r r r
ur
∫∫ S . ds
P="
ds = r 2 sin θ dθ dϕ
s
r r
S = S r ur
r
L’élément de surface en coordonnées θ
Sphériques, représenté sur la figure ci-
contre a pour expression :
r r
ds = r 2 sin θ dθ dϕ ur
2π π
r r
P= ∫ ∫ S (u . u ) r
r r r
2
sin θ dθ dϕ O y
ϕ θ
= 0 =0 ϕ
η  βa  2
2 π r sin θ
P=  I 0 ( 2π ) ∫ sin θ dθ r sin θ dϕ
3
 x
2  4π  θ =0
Sachant que : Elément de surface en coordonnées sphériques
π π
1 2 4
∫ θ dθ = − cos θ sin 2 θ − cos θ =
3
sin
θ=0
3 3 0 3
Il vient finalement :
η η ω 2a 2 2
P= ( β a ) I0 =
2 2
I0 (11.64)
12π 12π c 2
La puissance rayonnée est proportionnelle au carré de la fréquence. Les liaisons
électromagnétiques utilisent donc une porteuse haute fréquence, modulée par l’information de
basse fréquence.
Electronique B8 134 Gérard Hincelin
Rayonnement électromagnétique

V.4 – Résistance d’antenne


En négligeant les pertes, la puissance électrique moyenne fournie à l’antenne doit égaler la
puissance moyenne rayonnée. Définissons la résistance d’antenne R, qui représente la partie
résistive de la charge placée en bout de ligne du guide d’onde qui alimente l’antenne. Nous
écrirons :
1 2 η
P= RI 0 = ( β a ) I 02
2
(11.65)
2 12π
soit :
η
R= (β a)
2
(11.66)

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