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Monsieur André Caquot

L'épigraphie sémitique
In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 132e année, N. 3, 1988. pp. 612-
617.

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Caquot André. L'épigraphie sémitique. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 132e
année, N. 3, 1988. pp. 612-617.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1988_num_132_3_14648
L EPIGRAPHIE SEMITIQUE,
PAR M. ANDRÉ CAQUOT, MEMBRE DE L'ACADÉMIE

L'épigraphie sémitique ne se distingue ni par ses fins ni par ses


méthodes des disciplines classiques auxquelles cette séance est consac
rée. On lui pardonnera d'avoir annexé la papyrologie et la sigill
ographie : les documents ont été trop rares, ainsi que les compétences,
pour que les inscriptions monumentales, les sceaux et les bulles,
les papyri et les ostraca aient été traités à part les uns des autres.
Quel que soit le support du texte, la discipline a pour champ d'appli
cation tout ce qui est écrit en une langue sémitique ancienne, au
moyen de l'alphabet linéaire inventé, dit-on, par les Phéniciens.
Cette définition exclut l'ougaritologie qui s'occupe de textes sémi
tiques et alphabétiques, mais gravés sur l'argile en signes cunéi
formes. Ce qui distingue le plus l'épigraphie sémitique de ses sœurs
aînées, grecque et latine, est qu'elle affronte des textes dont la
vocalisation est indigente ou nulle, ce qui fait peser des doutes
constants sur bien des déchiffrements et interdit la constitution d'une
grammaire sérieuse des langues épigraphiques. Car elle a dû affronter
des vestiges de langues dont toute tradition littéraire a disparu.
Elle devait aussi identifier des formes de lettres très différentes
d'un point à un autre du domaine et dont l'apparentement avec des
formes connues par la tradition n'apparaissait pas d'emblée.
Les premiers épigraphistes n'étaient pourtant pas sans repères.
Ils savaient que les lettres grecques, hébraïques, samaritaines,
syriaques et arabes remontaient à un prototype commun phénicien.
Ils connaissaient par la tradition littéraire l'hébreu, l'arabe, l'éthio
pien et deux variétés du foisonnant araméen, le « chaldéen » juif et
le syriaque chrétien. Il est peu surprenant que les premières ins
criptions sémitiques déchiffrées aient été celles de Palmyre dont la
langue est araméenne et dont l'écriture semble participer de l'hébreu
et du syriaque. Ce fut l'œuvre de J.-J. Barthélémy, une des gloires
les mieux assurées de l'ancienne Académie des Inscriptions. Ses
Réflexions sur l'alphabet et sur la langue dont on se servait autrefois
à Palmyre, communiquées et publiées en 1754 présentent en quelques
pages un tableau complet et exact de l'alphabet palmyrénien à partir
des inscriptions palmyréniennes et bilingues gréco-palmyréniennes
reproduites par Robert Wood. Quatre ans plus tard, Barthélémy
entreprenait de déchiffrer deux inscriptions phéniciennes, l'une de
Malte, l'autre de Chypre. Il fut moins heureux, faute d'avoir corre
ctement identifié un signe dans la première et quatre dans la seconde.
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Le déchiffrement du phénicien prit donc encore du temps. 11 était


cependant assuré en 1837 lorsque parurent les Scripturae linguaeque
phoeniciae monumenta quotquot supersunt de W. Gesenius. C'est aussi
cet illustre sémitisant qui posa les fondements de l'épigraphie sud-
arabique dans son Vber die himyaritische Sprache und Schrift de 1841.
La seconde moitié du xixe siècle vit un véritable engouement pour
l'épigraphie sémitique. Le sens historique de cette époque la fait
aspirer à des sources pures, propres à éclairer un passé au sujet
duquel on ne fait plus confiance à la Bible. Les succès de l'égyp-
tologie, l'essor de l'assyriologie stimulent l'exploration archéo
logique de la Terre Sainte et des régions voisines en quête de témoi
gnages écrits dignes de foi. C'est dans cet état d'esprit qu'E. Renan
entreprend en 1860 sa « mission de Phénicie ». La moisson épi-
graphique fut maigre, mais l'exemple était donné de ces voyages
qui parcourent la Syrie et l'Arabie à la recherche d'inscriptions. Les
Sociétés savantes s'honoraient de contribuer à l'équipement des
missions et à la publication de leurs résultats. Notre Académie prit
sa part en subventionnant l'exploration du Yémen par J. Halévy
en 1870, celle du désert du Sinaï par G. Benedite en 1890, qui
rapporta des centaines de graffiti nabatéens, et peu avant la der
nière guerre mondiale, celle de M. Dunand dans le désert du Safa.
On sait moins que l'Académie publia en 1884 les Documents épi-
graphiques recueillis dans le nord de V Arabie par l'illustre voyageur
anglais Ch. M. Doughty. Il y eut bien d'autres expéditions épi-
graphiques, rappelons seulement quelques noms : Melchior de
Vogué, J. Euting, E. Sachau, R. Dussaud et F. Macler, les PP. Jaus-
sen et Savignac, E. Littmann, H. St. John Philby. Les découvertes
fortuites ont parfois été encore plus enrichissantes. C'est à l'une
d'elles que nous devons ce qui demeure le joyau de l'épigraphie
sémitique, la stèle où Mesha', roi de Moab au ixe siècle, a fait graver
sa version d'un conflit dont on lit dans le livre biblique des Rois
la version israélite. Trouvé en 1868 à l'est de la mer Morte par un
missionnaire allemand, ce monument d'historiographie autant que
d'histoire devait être sauvé de la destruction par Ch. Clermont-
Ganneau.
On crut un moment possible de rassembler en un recueil unique
toutes les épigraphes sémitiques. En 1867 l'Académie décidait la
fondation d'un Corpus inscriptionum semiticarum, sur un rapport
d'E. Renan. L'entreprise prit un essor avec la parution, en 1881,
du 1er fascicule de la Pars prima destinée aux inscriptions phéni
ciennes, suivi en 1889 du début de la Pars secunda réservée aux
inscriptions araméennes. Deux autres parties étaient prévues, une
Pars tertia pour les inscriptions hébraïques et une Pars quarta pour
les inscriptions sud-arabiques qu'on appelait alors « himyarites ».
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En 1936, à l'initiative de J.-B. Chabot, fut créée une Pars quinta


pour les inscriptions « saracènes », c'est-à-dire nord-arabiques. Les
premiers fascicules du Corpus sont de véritables monuments de
luxe typographique, autant que de probité érudite ; les planches,
en héliogravure sur cuivre, font encore l'admiration des bibliophiles.
Mais après un brillant départ l'entreprise s'essouffla : le rythme des
publications se ralentit, les commentaires s'appauvrirent. La Pars
prima s'enlisa, pour ainsi dire, dans l'édition de milliers de dédicaces
et d'épitaphes puniques au formulaire répétitif, la Pars secunda
ne put accueillir aucune des grandes inscriptions araméennes
trouvées au début de notre siècle, la Pars tertia ne fut jamais mise
en chantier, quant à la Pars quarta, elle pâtit d'un changement
brusque et arbitraire dans le mode de présentation et surtout de
l'insuffisance des lumières du temps sur le sud-arabique.
La raison de l'échec est facile à comprendre. Renan l'avait lui-
même énoncée dans sa préface de 1881 : « Horum thesaurorum
conditio est, ut postridie fere quam vulgati sunt, lacunosi (videntur),
inventis scilicet titulis aliis novis ». Or le matériel s'est accru au-delà
des espérances de Renan, d'importantes découvertes ont remis en
cause des interprétations, et même des lectures, que le Corpus
croyait pouvoir entériner. Il n'y avait pas en regard assez de savants
doués de l'abnégation nécessaire pour les travaux de compilation
ingrats et anonymes requis par le Corpus. L'Académie a bien tenté
de contrôler le flux d'informations épigraphiques en créant dès 1900
un Répertoire d'épigraphie sémitique, mais quoiqu'il ait bénéficié
du zèle de J.-B. Chabot, ce compte rendu perpétuel de publications
ou de conjectures nouvelles n'a guère été utile, en raison de son
caractère signalétique, à des spécialistes qui ne manquaient pas
d'être directement instruits des nouveautés, alors que ceux-ci
continuent à tirer profit des observations critiques qui abondent dans
YEphemeris fur semitische Epigraphik de M. Lidzbarski et dans les
Études et le Recueil d'archéologie orientale de Ch. Clermont-Ganneau.
Sans pouvoir évoquer tout ce qui a été apporté par l'épigraphie
sémitique à la connaissance du passé des peuples, des religions et
des langues, je crois devoir suggérer ce qu'a été son essor en notre
siècle. D'abord, dans toutes ses provinces, les études paléographiques
ont fait assez de progrès pour que l'on n'hésite plus guère sur l'âge
d'une inscription. Grâce à plusieurs découvertes de petits monu
ments du IIe millénaire, on peut maintenant écrire à frais nouveaux
l'histoire de l'alphabet, ce qui est l'une des tâches traditionnelles
de l'épigraphie sémitique. La Phénicie a livré les inscriptions funé
raires et royales de Byblos parmi lesquelles figure le plus ancien
monument de la langue, l'épitaphe du roi Ahiram, et les dédicaces,
brèves mais riches d'informations religieuses, des sanctuaires de la
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région tyrienne, de Sidon, de Sarepta, d'Amrit. On ne soupçonnait


pas aussi bien, il y a un demi-siècle, la diffusion du phénicien vers le
nord comme langue de culture, ce qu'atteste la bilingue phénico-
louvite de Karatepe gravée vers l'an 700, et des découvertes plus
récentes montrent que le phénicien a pénétré plus profondément
dans l'Anatolie pré-achéménide. Chypre apparaît de mieux en mieux
comme une terre phénicisée depuis le ixe siècle, grâce à la décou
verte d'inscriptions archaïques, et l'influence phénicienne s'y
exerce pendant plus d'un demi-millénaire. L'expansion du phénicien
vers l'ouest a été illustrée par de nombreuses trouvailles, dont
certaines archaïques, faites à Malte, en Sicilie, en Italie continentale
(on se rappelle l'émoi causé en 1964 par la bilingue phénico-étrusque
de Pyrgi), en Sardaigne, jusqu'en Espagne. En Afrique du Nord,
l'aire de diffusion de l'épigraphie punique s'est élargie à l'Algérie
et à la Libye. Les inscriptions de Tripolitaine et les textes relat
ivement longs de Mactar en Tunisie et de Cherchell ont permis de
mieux saisir les particularités du dialecte phénicien de l'Afrique
romaine, le « néo-punique ». A Carthage même sont apparus des
textes hors du commun. Ainsi, une tabella defixionis, le seul repré
sentant du genre en une langue sémitique, et une inscription édili-
taire. Comme une inscription coronaire du Pirée, en phénicien,
publiée il y a juste cent ans par Renan lui-même, ces documents
montrent l'influence des formulaires classiques sur les épigraphes
sémitiques à l'âge de l'hellénisme.
Cette remarque vaut aussi pour les épigraphies araméennes tar
dives, en particulier celle de Palmyre dont les monuments se sont
multipliés au-delà de ce qu'a pu embrasser le Corpus, pourtant très
riche à ce chapitre. Placée elle aussi entre les Parthes et les Romains,
la ville caravanière de Hatra a pu revivre un peu grâce aux cen
taines d'inscriptions et de graffiti publiés depuis 1950. Plus à l'ouest
et un peu plus tôt les inscriptions nabatéennes se sont multipliées
et diversifiées puisqu'elles comportent maintenant un ostracon
magique et un contrat sur papyrus. L'extraordinaire faveur que les
Achéménides assurèrent à l'araméen est prouvée par les papyri
et ostraca d'Assouan et les lettres d'Hermopolis, laissés par des
colons sémitiques établis en Egypte, par des inscriptions funéraires
ou frontalières d'Asie Mineure, et par des lois sacrées comme la
trilingue de Xanthos dont l'Académie eut la primeur en 1974, par
de nouveaux indices de la diffusion de l'araméen vers le sud — on a
trouvé de nouvelles stèles à Teima, dans le nord de l'Arabie — et
surtout vers l'est. Des textes d'un araméen qu'on peut dire barbare
ont été découverts jusqu'en Arménie et en Géorgie, et des confins
orientaux du monde iranien, de l'Afghanistan et du Pakistan, sont
venues cinq inscriptions bouddhistes d'Açoka, en araméen. Plus haut
616 COMPTES RENDUS DE L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS

dans le temps, les monuments de l'araméen ancien se sont multipliés.


Langue de chancellerie avant même l'époque perse, l'araméen sert
au roi d'Eqron en Palestine du Sud pour avertir le pharaon de
l'approche des Babyloniens, par une lettre retrouvée à Saqqara.
On a eu grâce à des inscriptions royales et à des traités, en araméen
ou en un dialecte voisin, des informations de toute première main
sur des royaumes syriens comme ceux de Hama, d'Arpad et de
Zendjirli-Samal, au temps de leur indépendance et au temps où
s'appesantit la tutelle assyrienne. Plus ancienne, mais plus orientale,
la bilingue araméo-assyrienne de Tell Fekheriye-Guzana montre
qu'avec l'hégémonie politique, Assur a exercé une influence littéraire
créatrice d'une prose d'apparat araméenne. Les vestiges de nature
littéraire sont des plus rares en épigraphie sémitique, il en est au
moins un, dans un dialecte très proche de l'araméen ancien. C'est
un texte écrit à l'encre sur un enduit de plâtre, reconstitué avec un
soin admirable par des épigraphistes hollandais. Il conte la vision
fantastique et très polythéiste reçue par un voyant au nom bien
connu, Balaam fils de Beor, le héros d'une célèbre péricope du livre
biblique des Nombres.
Le domaine hébraïque n'a pas fourni les inscriptions monumentales
que Renan attendait : les rois d'Israël et de Juda n'ont pas, semble-
t-il, fait graver leurs fastes sur la pierre, préférant sans doute au
poinçon du lapicide la langue du poète, comme le laisse entendre
le psaume 45. On ne peut cependant pas tenir pour des vestiges
médiocres les nombreux ostraca retirés de la Terre Sainte, non plus
que les sceaux et les bulles riches en anthroponymes et en noms de
fonction. Bien interrogés, ils illustrent quelques points de l'histoire
israélite, les réalités de la vie sociale au temps des rois et des pro
phètes et une vie religieuse qui n'est pas toujours en accord avec les
normes bibliques. Au-delà du Jourdain, la découverte de quelques
inscriptions et la réinterprétation de trouvailles antérieures ont
permis de définir les détails paléographiques caractérisant les épi
graphes ammonites. L'inscription de Mesha* n'est plus tout à fait
aujourd'hui l'unique monument de l'épigraphie moabite. On a de
même reconnu les particularités constitutives d'une épigraphie
édomite.
C'est la péninsule arabe qui a sans doute le plus enrichi l'ép
igraphie sémitique. Les dialectes nord-arabiques usant d'un alphabet
d'origine sud-arabique, le lihyanite, le tamoudéen, le safaïtique,
ont servi à rédiger par milliers des graffites commémoratifs ou votifs
dont l'intérêt est surtout onomastique et religieux. Il faut mettre
à part quelques inscriptions lihyanites révélant l'existence d'un
royaume arabe autour de El eôla dans les premiers siècles de notre
ère. L'étude de la langue arabe a bénéficié des travaux de l'épi-
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graphie sémitique : ils ont fait connaître ses premiers monuments,


citons l'inscription d'Imrulqays trouvée à An Namara en 1901,
dont l'écriture est encore toute proche du nabatéen, et celle de Faw,
en caractères sud-arabiques, publiée à Riyàd en 1977. Mais les
grandes nouveautés sont venues du Yémen ouvert depuis quelques
lustres à l'exploration. Parfois éclairée par une bonne source arabe
comme al Hamdâni et dans une mesure moindre par les auteurs
classiques, l'épigraphie a permis de délimiter les provinces linguis
tiques de la région, de retrouver les grandes lignes d'une histoire des
États de l'Arabie heureuse du ve siècle avant notre ère jusqu'à
l'Hégire et de discerner certaines de ses institutions politiques et
religieuses. Sur l'autre rive de la mer Rouge, c'est encore l'épigraphie
qui a le plus éclairé le passé de l'Ethiopie ; avant les grandes ins
criptions royales d'Axoum, où la christianisation se fait jour, des
épigraphes sud-arabiques particularisées font remonter jusqu'aux
débuts de la culture sémitique de ces terres.
L'abondance et la valeur du matériel venu à la lumière en ce
siècle ne sauraient faire oublier la lourdeur de la tâche. Pour des
raisons propres à la langue de ses monuments, l'épigraphie sémitique
n'atteindra jamais le degré de sûreté des épigraphies grecque et
latine. Si l'on met de côté les innombrables dédicaces puniques,
les séries y sont rares et maigres, les réalités et les institutions sont
souvent mal connues. Plus qu'ailleurs, peut-être, l'art de la rest
itution est ici périlleux. Tant d'incertitudes expliquent les réticences
à l'endroit d'un Corpus qui ne saurait être qu'un perpétuel chantier.
Est-ce dire que l'Académie doive renoncer à l'œuvre entreprise
par Renan ? Je ne le crois pas, car les pionniers du Corpus, les
Renan, les de Vogue, les Derenbourg ont eu des élèves et des émules :
Clermont-Ganneau, Dussaud, Chabot et plus près de nous J. Février,
A. Dupont-Sommer, sans oublier le grand sud-arabisant belge
G. Ryckmans. Grâce à eux la discipline est restée cultivée en ce
pays plus qu'en d'autres. L'Académie qui a déjà accueilli parmi ses
travaux plus d'un mémoire d'épigraphie sémitique s'en verra sans
nul doute proposer de nouveaux, des monographies circonscrites
offrant des éditions ou des rééditions de documents, éventuellement
des synthèses provisoires. Ce seraient là des matériaux pour un
Corpus inscriptionum semiticarum idéal. L'épigraphie sémitique
a déjà accumulé des petites lumières, qui pour le moment, peut-être,
font surtout ressortir l'épaisseur des ombres. Mais elle se tient prête
à accueillir d'heureuses découvertes, susceptibles d'éclairer des pans
entiers de l'histoire et de contribuer à une compréhension plus exacte
des textes sacrés nés sur son aire.

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