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UNITED NATIONS NATIONS UNIES

AFRICAN INSTITUTE FOR ECONOMIC DEVELOPMENT AND PLANNING


INSTITUT AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET DE PLANIFICATION

(IDEP)

Par

HAMIDOU HAMA Moussa

Soumis pour satisfaire en partie aux conditions d'obtention du Diplôme d'Etudes


Approfondies (DEA) en Politique Economique et Gestion de l'Economie de l'Institut Africain
de Développement Economique et de la Planification (IDEP)

:or

Superviseur: Professeur Aloysius A.

Décembre 2005

IDEP/THESIS/HAM
NATIONS UNIES

INSTITUT AFRICAIN
DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET DE PLANIFICATION

(IDEP)

Nous, soussignés, certifions que

HAMIDOU HAMA Moussa


Identification N° 040704

a soutenu avec succès le mémoire de DEA intitulé

LES EFFETS DES INVESTISSEMENTS PUBLICS SUR LA


CROISSANCE ECONOMIQUE AU NIGER

Approuvé par le Comité de mémoire :

Malick SAN
Examinateur externe

Mohamed Ben Omar NDIAYE

Aloysius A. AMIN

DierySECK . Aloysius A. AMIN


DEDICACES

> A la mémoire de mon père Feu HAMIDOU HAMA, rigoureux, honnête et


humaniste : Que tes enseignements continuent de m'inspirer toute la vie.

> A ma mère Hadjia M. MAYAKI, courageuse et prévenante : Tu as toujours veillé


à ce que nous fassions nos devoirs.

> A mon fils Ibrahim, deux ans, qui, lorsque le travail me prend et ne m'occupe pas
de lui, me dit : Papa sitchaw sitchaw Papa ! « Papa, ne travailles pas et joues
avec moi ».

> Aux Docteurs A. MAMOUDOU et A.T. HAMIDOU HAMA qui souhaitent rester
anonymes.

> Aux Docteurs J. LAMA et M. MAIKOLANCHE, pour avoir suscité ma curiosité


en économie.

> Aux familles Y. WANE et SENE pour leur indéfectible soutien. Je leur exprime
ma profonde reconnaissance.

> A la personne de S. Yaya WANE pour son soutien constant et inconditionnel.

> A Amadou BONKANEY pour son appréciable appui.

> A mon ami Mathieu T. KOUKPO, avec qui je partage de meilleurs souvenirs.

il
REMERCIEMENTS

A l'issue de ce je tiens à exprimer mes remerciements aux nombreuses


modeste travail,
personnes qui m'ont soutenu et qui ont facilité à bien des égards, le bon déroulement de mes
recherches. Il s'agit de:

❖ Docteur Diery SECK, Directeur de l'IDEP dont le soutien ne nous a jamais fait défaut.
❖ Professeur Aloysius Ajab AMIN, Directeur Adjoint de l'IDEP et Chef de la Division
Formation qui a bien voulu m'encadrer malgré ses multiples charges. Qu'il trouve ici
l'expression de ma profonde reconnaissance.

❖ Le Personnel de la Division Formation à savoir : Madame Aïssatou SANGHARE,


MM. Tharcisse NTILIVAMUNDA, Ahmed BA et Docteur Dipo Busari pour leur aide
et suivi rigoureux. Je tiens à remercier mon ami Tharcisse pour sa remarquable
contribution à la réalisation de mon travail.

J'adresse mes remerciements à:

❖ Eric GUEDEGBE, Assistant informaticien principal de l'IDEP, aux interprètes James


ARTHUR et Wilfred AMOAKO, à Mamadou SY et Berthilde MUKANYILIGIRA
pour leur sollicitude.

❖ Au Coips enseignant qui a participé à ma formation avec enthousiasme et compétence;


qu'il trouve ici l'expression de ma réelle satisfaction !

❖ Au Personnel de la bibliothèque: Paillette DIENE, Linda EBOT et Charles H. BARA


pour leur disponibilité.

Mes sincères remerciements vont également à l'endroit de:

❖ MM. Oumarou GANDA, Marafa SADOU et Ibrahim MAHAMADOU à Dakar pour


leur soutien.

❖ Mes collègues de service Simion-pierre KOUEMO et Jumelève DAO pour leur


soutien indéfectible et l'exhortation à l'effort.

Je n'oublie pas non plus le jeune Doctorant en économie Mamadou GAIDAM, curieux et
l'Ecobank à Niamey, Djibril TEGAMA de
travailleur, Adamou ABDOULAYE, Auditeur de
l'ASECNA-Niger, Mamoudou SOULEY et Hama ALI.

J'adresse mes remerciements à mes collègues de promotion.- Mathieu KOUKPO (Bénin),


Baba N'DIAYE (Sénégal), Khassem CISSE (Sénégal), Honoré LEZONA (Congo Brazzaville),
Meleze GIZAW (Ethiopie) et François KAVATIRI (Rwanda) pour la parfaite ambiance
amicale.

La liste n'étant pas exhaustive, ma reconnaissance va à tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué à l'élaboration de ce travail.

111
ABSTRACT

The study aims at assessing the impact ofpublic investments on economic growth during the
period 1975-2004 by attempting to find out the relevant factors that determine the efficiency
of investments in the public sector.

From a macroeconomicgrowth model, with the growth rate of GDP as dependent variable,
thestudy shows that public investments have a positive but non significant impact on the
economic growth rate in Niger. Furthermore, the impact ofsocial instability on the economic

growth does not seem significant. The main factors explaining economic growth are:
Economic openness and financial development.

From the result, the study makes a number of recommendations, including (1) continuing
structural reforms, (ii) encouraging public-private partnership and (iii) promoting rules of
good governance to strengthen social consensus.

IV
RESUME ANALYTIQUE

Comme la plupart des PED, le Niger engagé des reformes d'ajustement structurel au début
a
des 1980s avec politiques économiques initiées dans le
l'aide des bailleurs de fonds. Mais, ces
cadre des programmes d'ajustement structurel n'ont pas permis d'enregistrer des progrès
notables sur le plan de la croissance économique et du recul de la pauvreté. En effet au cours
de la dernière décennie, le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) réel n'a guère
dépassé les 3%, en dessous du taux de croissance démographique de 3,6%.

Quels sont les facteurs qui expliquent cette évolution du PIB ? Par ailleurs , au cours de cette
période de consolidation budgétaire, malgré que le processus ait été freiné à mains égards par
des événements sociaux, le Niger a enregistré des progrès en matière de stabilisation
macroéconomique et qui ont conduit à l'effacement de sa dette en juillet 2005. Cependant,
l'instrument privilégié de l'ajustement semble être les investissements publics et leur niveau
n'a cessé de décroître. Il s'avère dès lors intéressant de s'interroger si la baisse tendancielle
des investissements publics n'est pas en relation avec la stagnation de la croissance
économique.

Dans le prolongement des travaux relatifs aux facteurs de croissance au Niger, cette étude a
pour objet d'évaluer l'impact des investissements publics sur la croissance sur la période
1975-2004. L'objectif spécifique est de déterminer les facteurs pertinents qui conditionnent
l'efficacité des investissements publics et de proposer des recommandations de politiques
économiques pour améliorer le revenu par tête.

Ainsi, nous avons estimé une équation de croissance inspirée de Barro et Sala-I-Martin
(1995), intégrant les investissements publics par la méthode des moindres carrés ordinaires
dans le cadre d'un modèle à correction d'erreur. Les données d'investissements publics ont
été au préalable traduites en stocks de capital en combinant la méthode de l'inventaire
permanent (Nehru et Dareshwar, 1994) et la variante de Easterly, 1994.

Il ressort des estimations investissements publics ont un effet


effectuées, qu'à court terme les
positif mais non significatif sur la croissance économique. A long terme, la relation entre les
investissements publics et la croissance a tendance à se dégrader, confirmant que les
investissements publics se concentrent dans des projets de réhabilitations ou d'entretien dans
le monde rural. Ce résultat suggère également que les investissements publics ne sont pas
orientés vers l'accumulation du capital nécessaire à la croissance économique, et confirme en
partie les études menées sur la question au Niger.

Par ailleurs, l'instabilité politique n'a pas d'impact significatif sur la croissance économique
du fait de la prépondérance du secteur informel et la forte dépendance de l'économie des
conditions climatiques. Ce résultat traduit également le caractère embryonnaire de l'économie
formelle qui le rend insensible aux chocs sociaux. L'étude a également montré que
l'ouverture a un impact négatif mais non significatif sur la croissance économique, que le
développement financier agit positivement sur la croissance

A partir des résultats ainsi mis en évidence, nos recommandations visent une politique
efficace d'investissements publics et pouvant améliorer la croissance économique. Il s'agit
notamment, (i) de poursuivre les refonnes structurelles tout en maintenant un niveau
d'investissement public adéquat et en veillant à leur efficacité, (ii) d'encourager un partenariat
entre les secteurs public et privé, (iii) et promouvoir la bonne gouvernance pour préserver la

paix sociale.
TABLE DES MATIERES

Pages

DEDICACES II

REMERCIEMENTS III

ABSTRACT IV

RESUME ANALYTIQUE V
LISTE DES ABBREVIATIONS VIII

CHAPITRE 1: INTRODUCTION GENERALE 1


1.1- NATURE DU PROBLEME ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE 1

1.1.1- Nature du problème 1


1.1.2- Justification de l'étude 3
1.2- OBJECTIFS DE L'ETUDE ET HYPOTHESES 4

1.2.1- Objectifs 4
1.2.2- Hypothèses 4
1.3- ORGANISATION DE L'ETUDE 4

CHAPITRE 2: LES INVESTISSEMENTS PUBLICS AU NIGER 6


2.1- APERÇU DE L'ECONOMIE NIGERIENNE 6
2.1.1- Analyse globale 6
2.1.2- Analyse sectorielle 9
2.2- ANALYSE DES INVESTISSEMENTS PUBLICS AU NIGER 10
2.2.1- Aperçu sommaire /0
2.2.2- Analyse récente des investissements publics 11
2.2.3- Ventilation sectorielle 12
2.2.4- Les contraintes de financement 13
CHAPITRE 3: REVUE DE LA LITTERATURE 20
3.1- REVUE THEORIQUE 20
3.1.1- La notion d'infrastructures 20
3.1.2- Les théories de la croissance et le rôle des investissements 21
3.2- REVUE EMPIRIQUE 23
3.3-LES ENSEIGNEMENTS DE LA REVUE DE LA LITTERATURE ET LIMITES 29

CHAPITRE 4: MODELE, ESTIMATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS 30


4.1-LE MODELE 30

4.1.1-Spécification du modèle 30
4.1.2- Sources des données 32
4.1.3- Calcul des stocks decapital 32
4.1.4-Technique d'estimation 33
4.1.5- Validation du modèle à correction d'erreur et résultats des estimations 34
4.2- RESULTATS ET INTERPRETATION 35

4.2.1- Présentation des résultats 35


4.2.2 Interprétation 36
CHAPITRE 5: RECOMMANDATIONS ET CONCLUSION GENERALE 38
5.1- RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE 38
5.2- CONCLUSION GENERALE 41

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 43
ANNEXES 47

vi
LISTE DES TABLEAUX, DES GRAPHIQUES ET DES ANNEXES

A. LISTE DES TABLEA UX

Pages

Tableau 1: Données macroéconomiques récentes du Niger 6


Tableau 2: Opérations financière de l'Etat (en pourcentage du PIB) 7
Tableau 3: Comptes courants du Niger (en pourcentage du PIB) 8
Tableau 4: Dette extérieure du Niger (encours en millions de dollars) 9
Tableau 5: Dépenses en capital (en milliards de CFA) 12
Tableau 6: Ventilation sectorielle des dépenses en capital 12
Tableau 7: Aide publique au développent (en millions de dollars) 14
Tableau 8: Avantages des IDE 16
Tableau 9: Tests de racine unitaire 34
Tableau 10: Résultat des estimations 35

B. LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1: Taux de croissance du PIB réel 2


Graphique 2: Evolution du taux de croissance du revenu et des investissements publics 3
Graphique 3: Evolution des investissements publics 10
Graphique 4: Evolution IDE au Niger (en dollars 18

C. LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Données statistiques 48


Annexe 2: Estimation du modèle 49
Annexe 3 : Résultats des tests de Breuch-Godfrey et de White 51

vii
-
-,
mg

LISTE DES ABBREVIATIONS


AFELEN: Agence de financement et d'encouragement à la libre entreprise au Niger
APD: Aide Publique au Développement
BCEAO: Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
BM: Banque Mondiale
BRS: Banque Régionale de Solidarité
COMINAK: Compagnie Minière d'Akouta
CPCT: Caisse de Prêts aux Collectivités Territoriales

CEA: Commission économique pour l'Afrique


AERC: African Economie Research Consortium

FAE : Fonds d'Aide aux Etudes

FAO: Fonds des Nations unies pour l'Agriculture


FIP : Fonds d'Intervention et de Participation
FGS: Fonds de Garanti Supplémentaire
FMI: Fonds Monétaire International

GMM: Méthode des Moments Généralisés

IDE: Investissements Directs Etrangers

MCE: Modèle à Correction d'Erreurs

MCO: Moindres Carrées Ordinaires

NEPA: Nigerian Electric Power Autority


OCDE : Organisation pour la Coopération et le Développement Economique
PAIPCE: Programme d'Appui à l'Initiative Privée et la Création d'Emploi
PAS: Programme d'Ajustement Structurel
PIBV: Produit Intérieur Brut en Volume

PME: Petites et Moyennes Entreprises


PNUD: Programme des Nations Unies pour le Développement
PPEA: Projet de Promotion des Exportations Agropastorales
PTF: Productivité Totale des Facteurs

SBG: Solde Budgétaire Globale


SNE: Société Nationale des Eaux

SOMAIR: Société des Mines de l'Air

SONITEL: Société Nigérienne des Télécommunications


STC: Solde des Transactions Courantes

TCR: Taux de Croissance réel

TVA: Taxe sur la Valeur Ajoutée


UEMOA: Union Monétaire Ouest Africaine

VAR: Vector Auto -Regressive

vin
CHAPITRE 1:
INTRODUCTION GENERALE

Dans la plupart des pays en développement (PED), les dépenses publiques d'investissements
ont connu une croissance quasi-régulière jusque dans les années 1980s. Cette évolution
s'explique par les efforts d'industrialisation en substitution aux importations, mais aussi en
raison du développement des besoins en infrastructures de base (routes, éducation, santé
etc..).

Mais à partir du début de la décennie 90, les effets conjugués des contraintes de financements
internationaux et la baisse des recettes d'exportations vont contraindre ces pays à conclure des

programmes d'ajustements structurels avec les institutions de Bretton Woods. Ces


programmes visent en particulier la maîtrise des dépenses publiques et une croissance forte
capable d'influer significativement sur le niveau de vie des populations.

Au cours de cette publics


période de consolidation budgétaire, les dépenses d'investissements
semblent être le principal instrument d'ajustement (compte tenu des rigidités portant sur les

autres composantes de dépenses) et leur niveau n'a cessé de décroître au fil des ans dans la

plupart des PED. Cette baisse tendancielle du taux d'investissement public est en relation
avec le ralentissement de la croissance économique (Oxley at al. 1991).

Les travaux économiques, la réorientation des efforts vers des formes de croissance
conduisant à la réduction de la pauvreté « pro-poor growth» et l'adoption des objectifs du
millénaire pour le développement (OMD) à l'occasion du sommet des Nations Unies en 2000
ont commencé à réhabiliter l'image et le rôle des investissements publics. A ce regain
d'intérêt pour les investissements publics, s'ajoute l'importance de la gouvernance nationale,
des cadres institutionnels, de la qualité des modes de gestion, des partenariats entre les
secteurs public et privé (Jacquet et Charmoz, 2003).

1.1- NATURE DU PROBLEME ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE

1.1.1- Nature du problème

Comme la plupart des pays en développement, le Niger n'a pas échappé à la crise de
l'endettement au début des 1980s. La crise a été occasionnée par la chute du cours de

1
l'uranium, principal produit d'exportation, la hausse des taux d'intérêts internationaux et

l'appréciation du dollar.

Face à cette situation, le Niger a conclu des programmes d'ajustements structurels avec le
Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM). Dans ce cadre, les

politiques économiques mises en œuvre ont visé principalement la stabilisation


macroéconomique et une croissance économique forte et durable.

Mais, ces politiques économiques initiées dans le cadre des programmes d'ajustement
structurel n'ont pas permis d'enregistrer des progrès notables sur le plan de la croissance
économique et du recul de la pauvreté. En effet au cours de la dernière décennie, le taux de
croissance du produit intérieur brut (PIB) réel n'a guère dépassé les 3%, en dessous du taux
de croissance démographique. Au cours des cinq dernières années, le taux de croissance est
passé de -1,4% en 2000 à 0.9% en 2004. Il s'établit à 7,1% en 2001, année où l'on a
enregistré le plus fort taux de croissance (GRAPFIIQUE 1).

Graphique 1: Taux de croissance du PIB réel du Niger

Années

Source : Banque Mondiale 2004

Quels sont les facteurs qui expliquent fondamentalement cette évolution du taux de
croissance ? Notre étude s'inscrit dans le prolongement des travaux relatifs aux sources de la
croissance économique au Niger.

2
1.1.2- Justification de l'étude

Dans les pays en développement comme le Niger, le principal instrument de politique


économique est le budget. Au cours de son exécution pendant ces dernières années, les
investissements publics semblent être l'un des moyens privilégiés d'ajustement budgétaire et
leur niveau est en baisse continue. Il convient dès lors de s'interroger si la baisse tendancielle
des investissements publics est en relation avec la stagnation de la croissance du revenu par
tête au Niger (GRAPHIQUE 2).

Graphique 2: Evolution du taux de croissance du revenu et des investissements publics

Source: Données Banque Mondiale 2004.


TCR = Taux de croissance économique réel
KPU= Investissements publics

Notre étude prend toute son importance dans le contexte où il n'y a pas d'études consacrées à
la relation entre la croissance du revenu par tête et les investissements publics, pertinentes à
l'heure où la lutte contre la pauvreté domine les politiques économiques des PED. Il n'y a pas
non plus d'études qui montrent comment les investissements publics influencent l'activité
privée et génèrent la croissance économique.
Notre travail pourrait combler cette lacune et contribuer à améliorer les performances des
politiques économiques au Niger.

3
1.2- OBJECTIFS DE L'ETUDE ET HYPOTHESES

1.2.1- Objectifs

L'objectif principal est de déterminer les effets des investissements publics sur la croissance
économique. L'objectif spécifique est de déterminer les facteurs pertinents qui conditionnent
l'efficacité des investissements publics, et de proposer des recommandations de politiques
économiques pour améliorer le revenu par tête.

1.2.2- Hypothèses

Dans le cadre de cette étude, et se fondant sur la littérature économique nous retiendrons les

hypothèses suivantes :

Hypothèse 1 : Les investissements publics ont un impact positif sur la croissance du revenu
par tête.
Ils exercent une influence positive sur la croissance dans une dynamique autoentretenue par

les externalités qu'ils génèrent. Ils permettent en outre d'orienter les agents privés vers des
activités génératrices de croissance et d'accroître leur productivité.

Hypothèse 2: L'instabilité politique joue un rôle négatif sur la croissance de l'économie. En


effet, tant que les agents économiques ne sont pas sûrs des lendemains meilleurs, les

entreprises ainsi que les ménages n'exercent pas comme il se doit leurs fonctions prioritaires
respectives à savoir la production et la consommation et encore moins l'épargne..

NOTE : Nous considérons les dépenses d'investissements et nous les traduirons en stock de
capital en appliquant un taux de dépréciation de 10%.Ce choix sera justifié dans la partie
« méthodologie ».

1.3- ORGANISATION DE L'ETUDE

Pour mener à bien ce travail, le premier chapitre pose la problématique, la justification de


l'étude ainsi que les objectifs et hypothèses de recherche. Le deuxième chapitre est consacré à
l'analyse des investissements publics au Niger. Ensuite, après avoir passé en revue la
littérature théorique et empirique sur la relation entre les investissements publics et la

4
croissance dans le chapitre 3, estimerons
nous une équation économétrique dans le cadre d'un
modèle à correction d'erreur dans le chapitre 4. Enfin, le dernier chapitre tire les implications
de politiques économiques à partir de l'analyse des résultats issus de l'étude, ainsi que la
conclusion générale.
CHAPITRE 2:
LES INVESTISSEMENTS PUBLICS AU NIGER

Avant d'aborder l'analyse des investissements publics, nous présenterons succinctement


l'évolution récente de l'économie nigérienne.

2.1- APERÇU DE L'ECONOMIE NIGERIENNE

2.1.1- Analyse globale.

A. Aperçu géographique, institutionnel et social du Niger

Le Niger est un vaste pays sahélo-saharien de 1.267.000 km2, aride et enclavé entre l'Algérie,
la Libye, le Tchad, le Mali, le Nigeria, le Bénin et le Burkina. Il est divisé en trois parties :
Une grande partie désertique au nord et faiblement habitée par des nomades, une région
centrale semi-aride et une région de savane fertile le long du fleuve à la frontière du Burkina
et du Nigeria. Il affiche l'un des plus faibles niveaux de revenu par tête soit 213.9 USD et
61,4% de sa population vit en deçà du seuil de pauvreté1.
Cependant, le pays présente des atouts dans les principaux domaines d'activités ( agriculture,
élevage, mines etc....) mais également la relative stabilité politique et les politiques
économiques vigoureuses mises en œuvre avec l'aide des institutions financières
internationales durant ces dernières années.

B. Taux de croissance réel du PIB

Les données macroéconomiques récentes du Niger sont regroupées dans le tableau 1 suivant.
Tableau 1: Données macroéconomiques récentes du Niger
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005(p)
Rubriques
Taux de croissance -0,6 -1,4 7,1 3,0 5,3 0,9 4,3
Taux d'inflation 2,0 4,5 4,0 3,0 -0,4 0,2 3,0
STC/PIB -10,3 -8,1
-8 ,0 -7,8 -6,6 -7,8 -7,8
hors dons
Réserves -4,6
-13,6 +20,4 +17,3 -9,5 -14,8 -

(milliards CFA)

SBG/PIB -9 ,0 -8,1 -7,9 -7,7 -7,5 -7,7

1,6 1,3 1,6


-

1,8
-

Dépendance aux dons 1%


Source : UEMOA,2005

1
Source :PNUD-Rapport mondial sur le développement humain 2004.
6
L'activité économique du Niger a été carctérisée en 2004 par un taux de croissance du PIB
réel de 0,9% selon le FMI contre 5,3% en 2003.Ce ralentissement s'explique surtout par la
sécheresse et l'invasion acridienne. Les taux de 7,1% et 5,3% qui sont les pics de la période
1999/2005 sont la conséquence directe des bons résultats des campagnes agricoles de 2001 et
2003 respectivement. Avec un taux de croissance moyen de 2,7% ces dernières années, le
Niger ne peut améliorer significativement les conditions de vie des populations dans un
contexte de pression démographique élevée (3,6% en 2003).

Le taux d'inflation est contenu à -0,4% en 2003 en rapport avec la bonne campagne agricole
qui a entraîné une baisse du prix des céréales de base sur le marché. En outre, l'inflation est
contenue dans des proportions raisonnables grâce à la politique de stabilisation des prix
menée au sein de l'UEMOA.

C. La politique budgétaire.

La politique budgétaire mise en œuvre par le gouvernement nigérien pour la stabilisation


macroéconomique, avec l'aide du FMI, a donné des résultats assez satisfaisants en
2004.L'exécution des opérations financières de l'Etat s'est soldée par un déficit global hors
dons (SBG/PIB) de 7,2% contre 7,5% en 2003. Quant au solde primaire, il s'établit à -2,1%
contre -1,6% un an plutôt (Tableau 2).

Tableau 2: Opérations financière de l'Etat (en pourcentage du PIB).


Rubriques 2001 2002 2003 2004 2005(p)

Recettes totales (avec dons) 13,3 15,6 14,7 15,2 14,2

Recettes fiscales 8,9 10,0 9,0 9,4 10,0

Dons 4,2 4,9 4,8 4,9 3,3

Dépenses totales et prêts nets 17,2 18,4 17,4 18,0 18,4

11,0 10,7 10,1 9,9 9,9


Dépenses courantes

Solde -2,0 -1,3 -1,6 -2,1 -3,6


primaire
Solde -3,7 -2,8 -2,7 -2,8 -4,2
global
Source :UEMOA, 2005

En ce qui concerne les dépenses totales, elles ont été contenues dans des proportions
compatibles avec la progression des recettes. Elles ont progressé seulement de seulement
0,3% pour représenter 9,7% du PIB. La masse salariale et les subventions sont restées stables
sur la période 2002-2004.

7
D. La balance des paiements.

La balance commerciale du Niger est structurellement déficitaire. Le taux de couverture est de


69% en 2004. Cette détérioration s'explique par le poste des importations qui se sont accrues
de 0,3% du fait notamment des biens d'équipements de télécommunications de 48%.

Le compte de capital et d'opérations financières s'est réduit de 7,4% en rapport avec les
difficultés rencontrées par le gouvernement pour la mobilisation des aides extérieures. Les
financements extérieurs se sont maintenus en 2003 à 43,1 milliards de FCFA à la suite du

rééchelonnement de 4,7 milliards de FCFA et d'une remise de dette, au titre de l'assistance


intérimaire de l'initiative PPTE, de 18,4 milliards de FCFA (Tableau 3).

Tableau 3: Comptes courants du Niger (en pourcentage du PIB)


2001 2002 2003 2004
Rubriques / Années
-3,0 -4,2 -4,9 -5.4
Balance commerciale

14,0 12,9 12,3 12.1


Exportations de biens (f.o.b)
-17,0 -17,1 -17,2 -17,5
Importations de biens (f.o.b)
Services -6,5 -6,0 -6,4

Revenus de facteurs -0,8 -1,1 -0,5

Transferts courants 3,7 3,5 4,2

Solde des comptes courants -6,6 -7,8 -7,6

Source : UEMOA, 2005

E. La dette extérieure.

Le Niger est classé par le FMI parmi les pays pauvres modérément endettés. L'encours de la
dette totale s'élève à 1171,7 milliards de FCFA en 2004 soit 78,4% du PIB contre 85,6% en
2003.En 2002, il était à 1797 milliards de FCFA en baisse moyenne de 34% sur la période.
La dette est composée de 81,6% de dette extérieure et 18,4% de dette intérieure en 2004.

Le Niger a PPTE en 2000, mais le ratio


franchi le point de décision de l'initiative
dette/exportations continue de se dégrader principalement en raison de facteurs exogènes
(baisse des cours de l'uranium et du dollar). Le Club de Paris a alors accordé au Niger une
assistance intérimaire de USD 4 millions. Le pays a atteint le point d'achèvement en avril

2004 et voit l'effacement complet de sa dette de USD 185 millions auprès du Club de Paris.

Cet effacement correspond à une baisse actualisée de 44,5 milliards de FCFA du service
moyen sur la période de dix publique correspond à
neuf ans. En 2004, le service de la dette
11,5% des exportations de biens et services contre 29,3% en 2002. L'initiative PPTE a eu par

8
ailleurs un impact positif sur les finances publiques. Le service de la dette représentait 42% et
50% des recettes fiscales en 2002 et 2000 respectivement contre 24,8% en 2004 (Tableau 4).

Tableau 4: Indicateurs de dette extérieure du Niger


Indicateurs de dette (en pourcentage) 1999 2000 2001 2002

Dette totale/exportations biens et services 463,8 469,1 463,3 510

Service dette/exportations biens et services 21,4 24,1 27,1 29,3


Intérêts payés/exportations biens et services 9,4 8,6 10,0 9,2
Dette multilatérale/dette totale 66,1 65,9 70,7 70,6
Source: UEMOA. 2005

2.1.2- Analyse sectorielle.

L'analyse de la répartition sectorielle du PIB en 2004 montre que le secteur primaire a

contribué pour 41%., tandis que sa part dans les recettes d'exportation dépasse les 90%. Le
Produit Intérieur Brut est dominé par l'agriculture qui occupe plus de 85% de la population
active. La contribution de 1' agriculture au PIB dépend étroitement des conditions climatiques.

L'élevage constitue le deuxième poste des exportations après l'uranium et a contribué à


hauteur de 13,3% du PIB en 2003.La même année, le cheptel bovin a progressé de 2%

atteignant 3,6 millions de tête tandis que les ovins et les caprins se sont accrus de 3 et 2,5%
respectivement dépassant 16 millions de têtes au total. Cette progression est en relation avec
la bonne pluviométrie de 2003. Malgré l'importance et la diversité du cheptel, les produits
dérivés comme les cuirs, les peaux ou le lait sont peu valorisés.

Le secteur secondaire, avec 17% du PIB en 2004 est dominé par les activités minières.
L'extraction de l'uranium est la principale activité avec des réserves estimées à plus de
210000 tonnes faisant du Niger le troisième producteur au monde après le Canada et
l'Australie. Avec une production annuelle moyenne de 3000 tonnes, l'uranium a représenté
60% des exportations et 30% de l'économie formelle en 2003.

Avec la baisse des cours mondiaux de l'uranium, le pays peut compter dans le long terme sur

son potentiel minier : charbon (50 millions de tonnes de réserves), phosphates (1,2 millions de
tonnes), sel (25 millions de tonnes), et des métaux rares....La production de l'or a commencé
en 2005 avec des réserves estimées à 93 tonnes exploitables jusqu'en 2025. Mais malgré la
remontée des cours de l'or, sa contribution au PIB demeure modeste et est estimée à 0,6% sur
la période 2005-2009.
L industrie est tiès peu développée et se limite à quelques unités agroalimentaires, la chimie
et la construction. Hormis celles assurant les services essentiels (eau, électricité,
télécommunications), il n'existe pas d'industries de taille significative et c'est la raison pour

laquelle une part importante des besoins nationaux est couverte par les importations. En 2004,
1 industrie manufacturière et l'artisanat ont assuré 7% du PIB, ce qui représente une

contribution bien modeste.

Quant au secteur tertiaire, c'est la plus grande contribution au PIB. En 2004, sa part est
estimée à 43% du PIB. Principalement informel, ce secteur est dominé par le commerce.

Cependant, depuis la privatisation de la société nigérienne des télécommunications


(SONITEL) en 2001, le secteur connaît un développement rapide et on dénombre en 2005
quatre opérateurs de téléphonie mobile (Celtel, Télécel, Sahelcom et TW Phone Niger).

2.2- ANALYSE DES INVESTISSEMENTS PUBLICS AU NIGER

2.2.1- Aperçu sommaire

L'évolution des investissements publics au cours de la période 1975-2004 a une forme


irrégulière (GRAPHIQUE3).

Graphique 3: Evolution des investissements publics

Source:Banque Mondiale, 2004

C'est une évolution ascendante jusque dans les 1980s en rapport avec les efforts
d'industrialisation du pays. Ces efforts se sont traduits par d'importants investissements dans
des unités industrielles de transformation mais surtout dans le domaine minier notamment

10
l'uranium. Cependant, étant donné un système financier intérieur déficient et le faible niveau
du revenu national, ces investissements sont financés par l'endettement.

A partir de la moitié de la décennie 1980, la détérioration des cours mondiaux de l'uranium


(principal produit d'exportation du pays) et l'impossibilité de faire face à un important
endettement vont contraindre le pays à conclure des programmes d'ajustement structurel avec
les bailleurs de fonds.

S'ouvrit alors une longue période d'ajustement, certes interrompue à maintes reprises par des
événements sociaux importants mais qui a mis en exergue l'utilisation de l'investissement
public comme un des principaux instruments d'ajustement.

2.2.2- Analyse récente des investissements publics

Ces dernières années, les investissements publics ont concerné une diversité de secteurs. Ceci
traduit l'importance de la demande sociale dans plusieurs domaines à la fois (Tableau 5).
La diversité des interventions publiques et la modicité des ressources financières rendent
problématique un quelconque impact sur la croissance économique. Pourtant, le choix des
pouvoirs publics semble être des investissements multisectoriels dans le cadre des
programmes de lutte contre la pauvreté.

L'analyse des dépenses en capital la période 1997-2003 montre la faiblesse du taux


sur
d'investissement ainsi qu'une évolution erratique. En effet le taux d'investissement n'a guère

dépassé 11% contre une moyenne Sahara, entre 20 et 22 % en


de 19% en Afrique au sud du
Amérique latine et environ 30% en Asie2. C'est également, l'un des taux les plus bas de
l'UEMOA, loin derrière les 25% nécessaires pour réaliser un taux de croissance annuel de
7% et réduire la pauvreté de moitié d'ici 20152. Son taux de croissance est, par ailleurs,

fortement fluctuant :-8% en 2003, 30% en 2002 et 20% en 2001.

Ces résultats appellent deux remarques : d'une part, les recettes tirées de la vague de
privatisations et les remises de dettes PPTE n'ont pas permis d'améliorer significativement le
niveau du taux d'investissement. D'autre part, l'évolution des taux de croissance montie qu il

n'y a pas d'objectif d e croissance à long terme mais plutôt des interventions visant à
satisfaire une demande conjoncturelle.

2
Source : Commission Economique pour l'Afrique, 2003
11
Tableau 5: Dépenses en capital (en milliards de CFA)
Rubriques 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

Dépenses en capital 54,7 65,8 69,7 73,9 89,0 116,5 115,5


Education 3,8 5,3 7,3 4,5 4,3 12,5 11,3
Santé 7,0 9,1 16,8 16,4 15,6 16,8 20,0

Agriculture 19,8 25,3 17,5 12,3 18,6 26,3 16,3


Mines et industries 0,5 1,0 1,5 1,2 1,4 0,0 0,0

Energie 0,5 1,3 0,1 0,9 0,5 0,0 0,0

Eau 2,0 5,8 4,2 3,9 7,1 13,1 18,4

Routes 3,9 5,6 4,7 13,3 4,2 15,4 12,1

Autres infrastructures 0,7 0,5 0,3 0,2 0,0 0,3 0,0

Source : Ministère de l'Economie et des Finances, 2004.

2.2.3- Ventilation sectorielle.

Le Niger est caractérisé par une forte demande en infrastructures compte tenu notamment
d'une démographie mal maîtrisée (3,6% en moyenne annuelle). Les besoins sont nombreux et
tous les secteurs éprouvent le besoin d'investissement : éducation, santé, agriculture, routes
etc. sans que l'on puisse établir une cohérence entre les objectifs.
Sur la période, l'agriculture a constitué le principal secteur d'intervention avec 38,4% des
investissements en 1998, 14,1% en 2003. Le secteur de la santé vient ensuite avec 17,3% en
2003. Les secteurs de l'eau et les routes ont reçu respectivement 15,9% et 10,5% des
investissements en 2003 (Tableau 6).

Tableau 6: Ventilation sectorielle des dépenses en capital


1977 1998 1999 2000 2001 2002 2003

100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%


Dépenses en capital
Education 6,9 8,0 10,4 6,0 4,8 10,7 9,7

Santé 12,7 13,8 24,1 22,2 17,5 14,4 17,3

18,8 38,4 25,1 16,6 20,9 22,6 14,1


Agriculture
Mines et industries 0,9 1,5 2,1 1,6 1,6 0,0 0,0

0,9 L2 0,1 1,2 0,6 0,0 0,0


Energie
Eau 3,7 8,8 6,0 5,3 7,9 11,2 15,9

Routes 7,1 8,5 6,7 17,9 4,7 13,2 10,5

Sources : Ministère de l'Economie et des Finances, 2004.

12
2.2.4- Les contraintes de financement

L'ajustement structurel a révélé que la faiblesse du revenu national et les ressources


financières disponibles sont une véritable contrainte pour le financement des investissements.
Sur la période 1997-2003, le taux d'épargne intérieure est d'environ 5% contre une moyenne
de 18% en Afrique et un objectif de 24% pour atteindre les objectifs de 20153. Comment donc
relancer les investissements ?

A. Les reformes financières

Avec l'aide des bailleurs de fonds, le gouvernement a mis en œuvre une politique de
restructuration financière depuis 1989 parallèlement à l'ensemble des pays de l'UEMOA. Ces
reformes vont consister en substance en la libéralisation des taux d'intérêts pour stimuler
l'épargne nécessaire aux investissements. Dans le même élan, de nouvelles lois bancaires sont
adoptées et les capacités de régulation et de surveillance des banques centrales renforcées
dans le but de promouvoir le développement du système financier.

De ces reformes, on constate (i) des taux d'intérêts élevés malgré une concurrence entre près
d'une dizaine d'établissements bancaires, (ii) une forte proportion des crédits de court terme
et enfin, (iii) une faible part le financement de l'économie.
des capitaux étrangers dans
L'échec des reformes financières a eu pour conséquence une quasi-absence du secteur privé

dans l'activité économique formelle, phénomène qui contraint les pouvoirs publics à
éparpiller les efforts d'investissement dans plusieurs secteurs à la fois et sans réel impact sur
la croissance économique.

Parallèlement au désengagement progressif de l'Etat des activités productives (privatisation


des entreprises publiques), le gouvernement nigérien a pris des mesures sur le plan fiscal,
juridique et réglementaire d'incitation du secteur privé. Ces mesures devraient pennettre
l'émergence du secteur privé et une synergie pour accroître le capital fixe. De cette manière,
l'Etat pourrait consacrer ses ressources dans des secteurs prioritaires porteurs de croissance à

long terme. Malheureusement, l'Etat occupe toujours une place importante dans tous les
secteurs. L'économie informelle se développe, entraînant dans une spirale baissière, les
ressources publiques nécessaires aux investissements.

l'Afrique et UEMOA, 2004.


3
Source : Commission Economique pour
13
Sur le plan interne, les contraintes de l'Etat, le sous-développement financier et l'absence
d un secteui privé dynamique incitent à rechercher d'autres possibilités de financement de
l'investissement. L alternative semble être l'abonnement au don ou les investissements directs

étrangers que le pays peine à attirer. Ces derniers, outre les effets structurants sur l'économie

génèrent les ressources nécessaires aux investissements publics à travers les emplois qu'ils
impliquent, le développement des exportations, les taxes sur les équipements importés au
cours de l'activité.

B. L'aide publique au développement

Devant la faiblesse du système financier intérieur et régional ainsi que la contrainte de


l'endettement extérieur, l'Etat se tourne vers l'aide publique au développement pour financer
les investissements. Ces dernières années, l'aide est surtout composée de dons et des remises
dans le cadre de l'initiative PPTE (Tableau 7).

Tableau 7: Aide publique au développent (en millions de dollars)


1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Rubriques
APD France au Niger 77,9 54,6 38,4 40,7 36,9 32,2 32,2

APD France en Zone franc 919,8 729,3 772,2 767,2 541,1 1028,8 1028,8

%APD France au Niger/Total 8,4% 7 ,4% 4,9% 5,3% 6,8% 3,1%

APD total 167 205 257 285


au Niger
APD total Zone Franc 2893 2681 2745 4338

% APD Niger/Zone Franc 5,7% 7,6% 9,3% 6,5%

Source : Statistiques du CAD, OCDE 2004

La France est le premier partenaire du Niger en matière d'aide publique au développement


(APD). Sur un total de 1028,8 millions de dollars d'aide publique en 2003 à l'ensemble des
quatorze pays de la Zone franc, seuls 32,2 millions sont octroyés au Niger soit 3,1%. Sur la
période récente, la part du Niger est restée inférieure à 6%.

S'agissant des recettes totales de l'aide publique au développement sur la période 1997-2003
de l'ensemble des pays de la Zone franc, la part du Niger est d'environ 7%, soit 25,9 dollar
d'APD reçu par habitant.

14
Comme on le constate, le Niger ne draine pas des flux importants d'aide publique au
développement. Il en résulte que le pays ne peut compter sur ce volet pour financer les
investissements.

En dehors de la modicité des flux financiers, les bailleurs de fond assignent des objectifs de
court ou moyen terme à l'aide publique au développement qui ne saurait constituer un

instrument de croissance de long terme. Pour la France, par exemple, les enjeux de l'aide au

Niger sont :


l'importance géopolitique de la stabilité du Niger

les objectifs rattachés à un enjeu global d'influence : place de la francophonie,
porteuse de valeurs universelles

objectif de lutte contre la pauvreté

Les orientations de l'aide publique au développement à moyen terme :

contribuer à la stabilité pour consolider la démocratie

actions dans le domaine de la sécurité de l'Etat


appui à l'enseignement de base et la sécurité alimentaire.

stabilisation progressive des finances publiques.

Comme on le constate, les objectifs de l'aide publique au développement ne cadrent pas avec
les orientations nationales de croissance à long terme. Il convient donc de coordonner l'aide
de manière à accroître l'accumulation, support essentiel de la croissance économique. Une
condition nécessaire à l'accroissement de l'aide est l'amélioration de la gouvernance par une

gestion saine des finances publiques. C'est une préoccupation essentielle des donateurs
comme l'a paraphrasé M.Camdessus, ancien Directeur Général du Fonds Monétaire
International : « Les pays donateurs redoutent que l'aide publique au développement ne
disparaissent dans des canaux pleins de fuite ».

C. L'investissement direct étranger

C.l Situation actuelle en Afrique.


La mondialisation des économies est marquée ces dernières années par une cioissance des
investissements directs étrangers (IDE) grâce aux sociétés multinationales. Essentiellement
mus par les profits, les investisseurs vont acquérir des actifs à 1 étranger et mener des activités
génératrices de valeur ajoutée. Les IDE sont des flux de capitaux à long terme, en raison de la
difficulté de déplacer Ils se distinguent donc des investissements
les actifs qu'ils impliquent.
de portefeuille (capital investi dans des actions ou dans des obligations à court terme et selon

15
le difféientiel des taux d intérêt), et du prêt bancaire (capital prêté à des conditions

commerciales).
Les IDE représentent aujourd hui la grande part de l'ensemble des flux de
capitaux privés
vers les pays en développement et se traduisent soit en délocalisation, soit en l'exploitation de
gisements de pétrole ou de minerais.

Pour les pays hôtes, les IDE sont d'un grand apport pour le développement. Ils augmentent
d'une part les capitaux disponibles et développent les marchés financiers locaux et, d'autre
part, permettront d'opérer des transferts de savoir-faire et de technologie et accroîtront la
productivité de l'économie. Ils présentent donc un intérêt stratégique dans le cadre de la lutte
contre la pauvreté (les IDE génèrent les ressources pour financer les dépenses sociales) et le
développement économique (Tableau 8).

Tableau 8: Avantages des IDE


Types d'avantages Au niveau national Au niveau international

Augmentation des
Avantages économiques Augmentation des recettes fiscale
réserves
Marchés accordés à des privés Transfert de technologie
locaux
Effets d'entraînement sur d'autres
Confiance mutuelle
activités
Développement financier
Emplois et productivité de la
main-d'œuvre
Infrastructures sociales
Avantages sociaux Accroissement du revenu par tête
Source : L'auteur

Les importants flux de capitaux générés par les IDE à travers le monde semblent
malheureusement fuir l'Afrique. Loin derrière l'Asie et l'Amérique latine, l'Afrique bénéficie
d'une part marginale de ces capitaux malgré les multiples opportunités d'investissements.
Selon Banque Mondiale (2005), sur un montant total de 135 milliards de dollars
d'investissements directs étrangers en 2003, seuls 9 milliards sont consacrés à l'Afrique sub¬
saharienne soit 6,6% dont la moitié a bénéficié à trois pays exportateurs de pétrole.

Dès lors, la grande part des investissements directs étrangers reçus par l'Afrique est liée à
l'exploitation de produits primaires (pétrole, minerais) plutôt qu aux secteurs de
transformation susceptibles de créer de la valeur ajoutée et d'exercer des effets structurants
sur les économies.

16
Gi aphique 4: Evolution IDE au
Niger (en dollars

4,00E+07

3,00E+07

2,00E+07

1.00E+07 Evolution IDE


0.00E+00

-1,00E+07^Vnc# nC# ^ ^
-2.00E+07

Source: Banque Mondiale 2004.

Parallèlement, cette période est marquée au niveau de certains pays du sud du Sahara (Ghana,
Ouganda, Afrique du sud) par des flux assez significatifs. Cette situation est consécutive à la

vague des privatisations des entreprises publiques et la généralisation des régimes


démocratiques. En effet, de 1990 à 1998 on note une quasi-inexistence d'IDE au Niger. Une
légère remontée à partir de 1999 pour atteindre un pic de 30 millions de dollars en 2001 grâce
principalement à la privatisation effective dans les secteurs de l'eau et des
télécommunications. En 2002, les IDE ont chuté pour s'établir à 7,9 millions de dollars, suivi

d'une remontée en 2003 atteignant 32,6 millions de dollars. Cette valeur d'IDE est très faible,
comparativement au montant total reçu par l'Afrique sub-saharienne, soit 0,4%.

Comme mis en évidence, le Niger n'est pas une destination privilégiée des investissements
étrangers directs malgré ses potentialités en ressources naturelles, sa relative stabilité
politique et sociale et les reformes administratives et réglementaires pour attirer les IDE.

Vu sous l'angle des déterminants des IDE, les handicaps qui expliquent ce tarissement
peuvent être :

a) La faiblesse du revenu par tête : Le pays est l'un des plus pauvres de la planète avec

61,4% de la population en deçà du seuil de pauvreté,

b) La faiblesse d'infrastructures adéquates (télécommunications, routes, équipements

collectifs) pouvant réduire les coûts des transactions,

c) L'immensité du territoire et sa faible intégration aux marchés régionaux,

18
d) L état sanitaire et la qualité de la main-d'œuvre. En effet, le taux de mortalité infantile
se situe à 15,6%o, et le taux d alphabétisme des adultes à 17,1% selon le rapport
mondial sur le développement humain 2004.

e) Le faible développement du système financier national et régional.

Cette énumération qui n est pas exhaustive met cependant en exergue l'immensité des efforts
à consentir par le Niger pour attirer les investisseurs étrangers. Ces efforts visent :

L'amélioration de la gouvernance
pour gagner la confiance des investisseurs quant à
l'effectivité et la prévisibilité du respect du cadre juridique des investissements, la poursuite
des politiques de stabilisation macroéconomique sans réduire les investissements publics dans
le domaine des infrastructures, la lutte contre la corruption, la poursuite de l'intégration dans
le domaine des infrastructures et le
développement du marché financier.

En guise de conclusion, l'on peut dire que depuis le début de l'ajustement structurel dans les
1980s, les investissements publics ont connu une baisse tendancielle, fluctuante par moment
au gré de la demande conjoncturelle. Sur la période 1997-03, le taux moyen d'investissement
s'établit à 11% contre 19% en Afrique au sud du Sahara et l'un des plus faibles de l'UEMOA.

Malgré la modicité des ressources allouées, l'investissement public a visé plusieurs secteurs à
la fois sans que l'on puisse établir une cohérence entre les objectifs. Sur la même période,
l'agriculture a constitué le principal secteur d'intervention avec 38,4% des investissements en

1998 et 14,1% seulement en 2003. Viennent ensuite les secteurs de la santé, de l'eau et des
routes avec 17,3%, 15,9% et 10,5% respectivement.

Les investissements au Niger souffrent d'importantes contraintes de financement. Avec un

taux d'épargne intérieure faible (autour de 5% sur la période 1997-03), des APD et IDE dont
le pays ne semble pas être une destination privilégiée, le Niger a le défi de mobiliser les
moyens de financement des investissements, du taux d'épargne à hauteur de 24% nécessaire

pour réduire la pauvreté de moitié d'ici à 2015.

19
CHAPITRE 3:
REVUE DE LA LITTERATURE

3.1- REVUE THEORIQUE.


Avant d abordei la revue de la littérature
économique sur la relation entre investissements
publics ou infiastructures et la croissance économique, nous allons préciser la notion
d'infrastructures.

3.1.1- La notion d'infrastructures

Les infrastructures sont des biens collectifs purs ou mixtes nécessaires à l'activité
économique. Cette définition renferme deux notions : celles de bien public et de facteur
productif. Le bien public pur tel que défini par Samuelson (1954) repose sur les critères de
non rivalité et de non exclusion. Un bien est dit non rival si son utilisation par un agent ne
réduit pas la quantité disponible les autres agents. C'est le
pour cas de la justice ou de la
sécurité. La non exclusion, quant à elle caractérise bien dont
un aucun agent ne peut être exclu
des bénéfices.

Par leur nature (indivisibilité), biens


ces ne reposent pas sur les mécanismes du marché d'où
la justification de l'intervention de l'Etat dans leur production. Dans la réalité, les biens purs
existent rarement. On a affaire plutôt à des biens mixtes, c'est-à-dire des biens pour lesquels
les critères de non rivalité et de non exclusion ne sont que partiellement vérifiés. C'est le cas

par exemple des situations de congestion des services publics qui peuvent apparaître au-delà
d'un certain seuil d'utilisation, ou la possibilité pour l'Etat d'instaurer des taxes d'usage.

Quant au caractère productif des infrastructures, il repose sur la notion de potentialité. Selon
Hirshman (1958), les infrastructures sont les biens et les services qui rendent possible

l'activité économique. Partant de cette définition, Hansen (1965) va distinguer les


infrastructures sociales (éducation, santé) qui ont pour vocation d'améliorer la productivité du

capital humain, et les infrastructures économiques qui rentrent dans le processus productif.
Les infrastructures peuvent donc avoir un double effets (Meade, 1952) : un effet direct en tant

que bien ou service intermédiaire dans le processus de production, et un effet d'amélioration


de la productivité des autres facteurs de production.

20
Cet effet indii ect se traduit par une diminution des
coûts de production et un accroissement de
la rentabilité des activités
économiques. A titre d'exemple, le développement d'infrastructures
réduit les coûts de transport et améliore la
compétitivité (Banque Mondiale, 1994).
Le caractèie pioductif des infrastructures apparaît encore plus évident dans le contexte de
1 intégration îégionale. Chaque pays peut profiter des investissements publics des voisins pour
étendre le marché et intensifier les
échanges. De même, ces investissements permettent des
économies d'échelle et une diffusion rapide du progrès
technique.

3.1.2- Les théories de la croissance et le rôle des


investissements

La réflexion sur les sources de croissance


économique, en particulier du rôle du capital sur la
croissance, se développe suivant deux directions : Solow (1956) où les investissements
publics n'ont aucune place dans l'analyse de la croissance. Puis à la fin des années 80,
apparaît un renouveau à l'occasion des théories de la croissance endogène où les
investissements publics sont reconnus comme facteurs de croissance (Barro, 1990).

Solow (1956) fonde son analyse sur la flexibilité des techniques de production. L'analyse se
fonde sur une fonction de production à deux facteurs : le capital et le travail. La croissance

suppose un développement du capital par le biais de l'investissement et l'accroissement de la

population active. Cependant, l'une des principales conclusions du modèle de Solow est que

la croissance est considérée comme bornée par un taux d'accroissement de la population qui
est une donnée exogène d'une part, et le capital dont la croissance est limitée par la loi des
rendements décroissants, d'autre part.

Le modèle de Solow tient compte,


par ailleurs, du progrès technique susceptible d'améliorer
la productivité des facteurs. Mais il s'agit de progrès technique exogène c'est-à-dire non

expliqué par le modèle. Chez Solow, dans la mesure où le coefficient de capital est variable et
qu'il peut faire l'objet d'ajustement, la croissance est stable. En effet, la variation du rapport
K/Y s'ajuste selon l'évolution des prix relatifs des facteurs de production et ramène
automatiquement l'économie sur un sentier de croissance équilibrée. Cela suppose que le
fonctionnement des marchés n'est pas perturbé par des rigidités ou des interventions de l'Etat.

En d'autres tenues, le modèle néoclassique de Solow est fondé sur 1 hypothèse des
rendements décroissants. Il suggérait que le taux de croissance de long terme d une économie
est détenniné de façon exogène par le rythme du progrès technique et la dynamique
démographique. Dans cette perspective théorique, les politiques d investissement publiques

21
(les infrastructures) ne modifient le taux de croissance de
l'économie qu'au cours de sa
transition vers 1 équilibre de
long terme (steady state).La stimulation de l'activité
économique
par des politiques expansionnistes n'est alors que
temporaire, indépendante de l'équilibre à
long terme de l'économie.

En conséquence, le modèle de Solow ignore non seulement l'interaction entre la croissance


économique et les politiques publiques, mais aussi l'accumulation du capital et le progrès
technique. Selon Krugman (1987), l'hypothèse de décroissance des rendements d'échelle

(hypothèse essentielle de la conception néoclassique) est une


simplification mathématique à la
modélisation jusque dans les années 80s.

Les travaux de Barro


(1990), vont intégrer dans l'analyse les investissements publics, et
souligner le rôle productif de ces derniers sur la croissance. Les dépenses publiques
productives qu'il assimile au capital public d'infrastructures jouent un rôle moteur dans le
processus de croissance. La complémentarité entre le capital privé et le capital public conduit
à attribuer à ce dernier un impact positif sur la productivité des facteurs privés (Barro et Sala¬
i-Martin ,1995).

En d'autres termes, le modèle de croissance endogène de Barro (1990) met en exergue les
externalités positives que génèrent les services publics, c'est-à-dire les dépenses publiques
d'infrastructures. Il y'a externalités lorsque les services publics peuvent affecter la
productivité du secteur privé sans que celui-ci supporte directement le coût. Ces services
publics productifs (infrastructures de routes, électricité, eau etc.) mis à la disposition de
l'entreprise privée réduisent les coûts de production et augmentent les volumes de production.
La présence d'externalités justifie l'Etat mette
que en place les infrastructures qui auront pour
effet non seulement d'orienter les agents privés vers des activités génératrices de croissance,
mais aussi d'accroître leur productivité.

Ainsi, l'auteur considère que les dépenses publiques en capital peuvent rentrer dans la
fonction de production des entrepreneurs pour accroître la productivité des inputs privés et
stimuler l'investissement privé au lieu de l'évincer. Partant de l'hypothèse que le capital
public affecte directement la productivité des facteurs privés, l'auteur définit une forme
fonctionnelle de type Cobb-Douglas qui inclut le capital public. Il suppose que les rendements
d'échelle sont décroissants du point de vue privé mais constant au niveau de 1 ensemble des
facteurs de sorte qu'une hausse du stock du capital public stimule la profitabilité des inputs
privés.
22
En supposant que les dépenses d investissements publics sont financées
par l'impôt (celui-ci a
un îôle positif sui la croissance à travers la stimulation du secteur
privé), Barro s'interroge sur
le niveau optimal des dépenses qui maximise le taux de croissance de l'économie. Il conclut

que, le volume des dépenses publiques en capital qui rend optimal le taux de croissance est tel

que le ratio des dépenses au PIB serait égal à la part du revenu national qui reviendrait à l'Etat
si les services publics constituaient un facteur rémunéré fourni dans un cadre concurrentiel.

Dans le prolongement de Barro (1990), Alogoskoufis et Kalifitis (1996) vont


expliciter un
modèle de croissance endogène dont la résolution met en évidence le rôle du capital public
sur la croissance et l'investissement. Ce modèle est intéressant
dans la mesure où les
mécanismes de transmission des effets
positifs des infrastructures sur la croissance n'ont fait

jusque là que très peu l'objet de modélisation macroéconomique. Les auteurs considèrent les
infrastructures comme un bien public dont les externalités profitent gratuitement aux

entreprises et sont à la base de la croissance auto entretenue à long terme de l'économie.

Selon ces auteurs, la politique publique d'investissement peut se traduire dans trois objectifs :
A un moment donné, les pouvoirs publics fixent le ratio de capital public par rapport au PIB.
Le modèle permet alors de mettre évidence
en une dynamique de croissance à long terme
déterminée par l'investissement privé, lui- même fonction croissante du niveau du capital
public. Ensuite, les autorités peuvent viser soit un objectif de taux de croissance du capital
public, ou celui du ratio d'investissement public sur le PIB. Dans ce cas, c'est le taux de
croissance du capital public qui détermine le taux de croissance d'équilibre de l'économie. Le
ratio du capital public sur capital privé s'ajuste alors à son niveau de long tenue,
l'investissement privé augmentant de façon continue du fait d'une productivité marginale plus

élevée en
présence d'un investissement public accru. A long terme l'investissement privé
égalise l'investissement public.

3.2- REVUE EMPIRIQUE

Il y'a une abondante littérature consacrée à la relation entre les investissements publics et la
croissance économique. Cependant, les résultats sont nuancés selon la définition statistique
du capital, la spécification de la fonction de production et les méthodes d estimations.

Aschauer (1989), estime sur données américaines d'après guerre, une fonction de type Cobb-
Douglas élargie au capital public. Sous l'hypothèse de rendement constant au niveau de
23
1 ensemble des facteurs, 1 auteur trouve une élasticité de la production au capital de 39%.
Ainsi, il conclut à 1 existence d'une forte contribution
productive du capital public, cette
dernièie pouvant êtie, sous certaines
spécifications, supérieure à celle du capital privé. Le
i ésultat est que, selon 1
auteur, la diminution des investissements publics observée
depuis le
milieu des années 1970s constituerait la
principale explication de la décélération de la
productivité observée sur la même période.

Munnell (1990a), en reprenant les mêmes données qu'Aschauer et suivant la nature des
rendements d échelle, trouve une élasticité comprise entre 31% et 39%. L'auteur confirme les
résultats d Aschauer mais va
plus loin en montrant que la décélération de la productivité des
facteurs privés traditionnellement admis provient de l'omission du stock du capital public
dans la fonction de production. Une fois
prise en compte les externalités associées au capital
public, l'auteur révèle que la diminution de la productivité moyenne du travail sur la période
1969-87 passe de 1,4% à 0,3%.

Finn (1993), constatant le niveau élevé des élasticités chez Aschauer et Munnell ,va dépasser
le cadre de l'approche d'équilibre partiel des deux auteurs. Elle propose une estimation de la
contribution productive du capital public dans le cadre d'un modèle structurel d'équilibre
général dynamique stochastique. Elle affirme que le niveau élevé des estimations d'Aschauer
tient à la définition du capital public qui contient des composantes non productives (comme
les musées et les prisons). L'auteur suppose que seul le stock de capital détenu par les
entreprises publiques, ainsi que le stock des infrastructures routières et autoroutières peuvent
affecter directement la productivité des firmes privées.

Le modèle d'équilibre général permettant de spécifier le processus d'accumulation du capital


(par les prélèvements fiscaux), a été estimé par la méthode des moindres carrée généralisée.
L'auteur trouve que la contribution du capital public à la croissance est positive et
significative mais relativement faible, soit 22% à la croissance du PIB.

Dans une autre étude consacrée au ralentissement des gains de productivité en France, Coe et

Moghadam (1993) élargissent la fonction de production à l'ouverture commerciale et au stock


de capital en R&D considérés comme des moteurs de la croissance. Dans ce modèle à cinq
variables (capital public, capital privé, emploi, ouverture commercial, stock de R&D) et
estimé dans le cadre d'un processus VAR, les auteurs trouvent que 1 élasticité associée aux
variables de capital public et privé est de 53%. Ils concluent également que 1 ouverture
économique et le stock de R&D ont des effets positifs sur la croissance.
24
Sturn et De Hann (1995), reprenant le modèle d'Aschauer et l'estimation menée sur données
en différences piemières trouvent sous
l'hypothèse de rendements libres, une élasticité de la
production au capital positive mais non significative aux seuils fixés. Ce résultat confirme
1 absence de robustesse des résultats d'Aschauer sur des données différenciées.

Les estimations en niveau ont donné des valeurs élevées d'élasticité de la


production au

capital public. Ceci suggère, selon les économistes, la présence possible d'un biais dû à la non
stationnarité des séries considérées, qui conduit à des phénomènes de régressions fallacieuses.
C'est pourquoi, les auteurs ont proposé au préalable des tests de non stationnarité ou de

cointégration.

Kocherlatoka et Yi (1996), assimilent la fonction de production à une relation de


cointégration et testent l'hypothèse de non neutralité des investissements publics dans une

perspective de long terme. Ainsi, sur données américaines de 1925-88, les auteurs montrent
que le ratio au produit du capital public possède des effets de long terme et l'élasticité
correspondante est égale à 6,5%.

Dans une autre étude sur les mêmes données et la même période, Lau et Sin (1997),
admettant une relation de cointégration entre le produit et les facteurs de production, trouvent
une élasticité de 11% pour le capital public et 43% pour le capital privé.

Flores de Frutos at al. (1998), sur données espagnoles (1964-89), trouvent une relation de
cointégration entre le produit et l'ensemble des variables par le test de Johansen. Ils
obtiennent dans le cadre d'un modèle à correction d'erreur, une élasticité du produit au capital
public de 21%. Ils admettent, cependant, que la prise en compte de cette seule élasticité ne
permet que de refléter les effets instantanés des infrastructures publiques sur la productivité.
Les auteurs proposent une analyse en terme de fonction de réponse aux chocs dans un cadre
VAR et montrent qu'une hausse transitoire de 1% du taux de croissance du stock de capital
public implique à long terme une hausse de 2,8% du produit, de 0,3% de l'emploi et de 3,1%
du stock de capital privé.

Parallèlement à ces études empiriques qui ont concerné des pays pris individuellement, les
chercheurs se sont intéressés aux effets des investissements publics sur des groupes de pays

en utilisant les techniques de l'économétrie des données de panel. Cette approche a constitué

25

JSfe-,
un progrès car, en taison de la présence possible de racine unitaire dans les données, les
auteurs ont privilégié une spécification en différence première de la fonction de production.

Ainsi, Evans et Karras (1994a) considèrent un panel de 7 pays de l'OCDE et estiment une

fonction de pioduction en différences


premières. Ils obtiennent une élasticité estimée de la

production au capital public relativement élevé de 18% et significative lorsque les effets
temporels et individuels sont omis. Mais les auteurs montrent que ce résultat n'est
pas robuste
d une part, à 1 introduction des effets spécifiques et, d'autre part, à leur spécification (fixe ou

aléatoire). Les auteurs concluent que les pays bénéficiant d'un taux de croissance élevé du
PIB sont ceux qui disposent structurellement de dotations importantes tant en capital privé
que public.

Dessus et Herrera (1996), travaillant sur un panel de 28 pays , trouvent une élasticité

significative de 0,26% sur des données en niveau et 0,18% sur des données en différences

premières. Ce résultat doit tenir compte de possible biais d'estimation, étant donné la
difficulté de vérifier l'identité des structures de production dans un nombre élevé de pays.

Si la plupart des études empiriques sur la relation entre les investissements publics et la
croissance est consacrée aux pays développés, il en existe quelques rares sur l'Afrique et au

Niger en particulier. Ces dernières années, elles ont connu un accroissement notamment à
l'occasion des objectifs du millénaire pour le développement où les politiques publiques sont
tournées vers la lutte contre la pauvreté et dans lesquelles l'investissement public joue un

grand rôle.

Greene et Villanueva (1991) ont étudié l'impact de l'investissement public sur le secteur privé
sur un panel de 23 pays en développement sur la période 1982-87. Le résultat est que

l'investissement public affecte positivement l'investissement privé, trouvant ainsi que les
deux types d'investissement sont complémentaires. Cette étude prend en compte aussi bien
l'endettement que l'investissement public comme variables explicatives de l'investissement
privé.

Au Ghana, Islam et Wetzel, (1991) ont estimé que l'investissement public évince le secteur
privé. Dans le cas du Nigeria, Ekpo (1994), s'est intéressé à la contribution des dépenses
publiques en capital par rapport à la croissance économique. La période ciblée était celle de
1960 à 1992. Les résultats ont montré que les dépenses publiques particulièrement celles en

capital avaient un effet d'affermissement de l'investissement privé, ce qui de ce fait renforçait


26
la croissance économique. Par contre, selon toujours l'étude, d'autres dépenses publiques
telles que celles effectuées dans le secteur manufacturier
exerçait un effet d'éviction sur
1 investissement piivé. Au total, Ekpo (1994) a démontré que l'investissement privé était plus
efficient que l'investissement public.

Dessus et Herrera (1996), dans une étude du Centre de développement de l'OCDE, menée sur

un échantillon d une trentaine de pays en


développement confirment l'existence d'une
causalité à double sens entre la croissance et les infrastructures publiques. Selon les résultats

de cette étude, les investissements publics exercent une influence significative sur la
croissance et que la productivité des dépenses en capital public est comparable à celle des
dépenses en capital privé.

Dans une autre étude, Herrera (1997), prolongeant le modèle de base de Barro (1990) à trois
secteurs publics (infrastructures, capital humain et consommation) au côté du secteur privé et
travaillant sur des séries temporelles, a mis en évidence la contribution productive des
infrastructures publiques à la croissance du PIB en Inde et au Pakistan. Cependant, la
robustesse de ce résultat reste limitée par la persistance de multi colinéarité entre les variables
utilisées.

Ghali (1998) considère un modèle VAR et applique des tests de causalité au sens de Granger
sur données tunisiennes (1963-93). Les résultats indiquent qu'à court tenne les
investissement publics ont un impact négatif sur les investissements privés et pas d'impact sur

la croissance.

Mansouri (2003), dans une étude consacrée au Maroc, révèle que les investissements
publics, aussi bien à court et à long terme, sont complémentaires aux activités du secteur
privé. Cette étude suggère donc que dans le cas marocain, les investissements publics sont
concentrés surtout dans des activités complétant l'accumulation du capital privé. En
revanche, l'étude montre que les dépenses de consommation publique et la sécheresse, le taux

d'imposition et le taux de change réel des biens d'équipements importés ont des effets
négatifs sur l'investissement privé.

Par ailleurs, depuis l'adoption des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en
2000, des études ont visé à estimer l'impact des infrastructures sur la croissance du revenu par

tête pour mieux apprécier la réduction de la pauvreté dans les pays sous-développés.

27
Ali et Pernia (2003), montrent que les infrastructures (routes, irrigation, électricité) sont à
1 avant-garde de la lutte contre la pauvreté, en particulier, en milieu rural. Les auteurs
concluent dans le cas du Vietnam, que la pauvreté est réduite de moitié soit l'atteinte d'un
objectil majeur du millénaire pour le développement, avec une avance de quinze ans.

Dans le cas particulier du Niger, il y'a très peu d'études consacrées à la question. Cependant,
ces études tendent à montrer un
impact négatif des investissements publics sur la croissance
économique.

Naudet et Rampnoux (1992), s'intéressant à l'analyse statistique des investissements publics


ont cherché à comprendre l'origine de la faiblesse apparente de l'impact des investissements
publics à la croissance. A cet effet, les auteurs proposent une réflexion méthodologique sur

l'analyse des investissements publics qui a permis d'isoler des investissements publics, ceux

qui sont directement productifs. Cette étude est illustrée par le cas du budget d'investissement
du Niger de 1990. Le capital public productif n'occupe que 15% des montants des
investissements dont 14% dans le domaine agricole ; les infrastructures collectives
(communication, éducation, santé, hydraulique) ont reçu 40%, l'appui aux administrations et
la gestion du projet totalise 37%.

Ces résultats permettent de souligner une incohérence entre les investissements publics et le
secteur privé (le capital public est limité à la seule agriculture), une part élevée des dépenses
de gestion et un glissement d'une part importante des dépenses de fonctionnement
(normalement dévolue au budget de fonctionnement). Les auteurs concluent donc que le
faible impact des investissements publics sur la sphère productive s'explique par

l'incohérence entre les investissements publics et les objectifs de croissance, notamment les
faibles investissements au profit du secteur privé.

Travaillant sur des données macroéconomiques, Bawa (2001) et Mayata (2002) ont étudié
l'impact global des investissements publics sur la croissance économique et trouvent un

impact négatif sur la croissance.

Issaka (2003), en s'intéressant aux investissements publics sectoriels et à 1 aide d un modèle


à correction d'erreur, trouve un impact non significatif des investissements publics directs
dans la production agricole. Nubukpo (2003), dans le cadre d un modèle à collection d erreur,
a mis en évidence un impact négatif à court terme, positif et non significatif à long terme.

28
3.3-LES ENSEIGNEMENTS DE LA REVUE
DE LA LITTERATURE ET LIMITES

Dans les études empiriques, le résultat récurrent est que l'investissement public a été
reconnu, dans la dernière décennie, comme une variable stratégique des analyses de la
production et de la croissance. Cependant, ces études laissent subsister une grande part
d incertitude. On a vérifier
pu que les estimations en niveau, sur des séries chronologiques
nationales, conduisent fréquemment à des valeurs élevées de l'élasticité de la
production par
rapport au capital public qui rejoignent les premiers résultats d'Aschauer. Celles fondées sur

des données différenciées et la recherche de


cointégration paraissent mieux étayées. Mais là
aussi, les conclusions sont nuancées selon les pays, les régions et les périodes.

Dans le cas
spécifique du Niger, toutes les études tendent à montrer un impact négatif des
investissements publics sur la croissance. Cependant, ces études présentent à nos yeux deux
limites :

Les données macroéconomiques d'investissements sont telles qu'il se pose la difficulté


d'isoler les investissements réellement productifs. Ces études se contentent d'utiliser les
investissements en termes de flux. Or, l'utilisation du ratio au PIB des investissements publics
comme proxy du capital public rend compte imparfaitement du capital public productif mis à
la disposition de l'économie.

En outre, ces études ne prennent pas en compte une des caractéristiques de l'environnement

nigérien qui peut avoir un impact important sur l'évolution du PIB. Il s'agit de l'instabilité
politique.

Dans le cadre de cette étude, la prise en compte de ces différentes limites pourrait contribuer
à une meilleure connaissance des effets des investissements publics sur la croissance au

Niger.

29
CHAPITRE 4:
MODELE, ESTIMATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS

4.1- LE MODELE

4.1.1 -Spécification du modèle

Pour valider 1 impact des infrastructures publiques sur la croissance du revenu par tête, nous

prenons appui sur les résultats théoriques de la croissance endogène.

Le modèle testé est inspiré de Barro et Sala-I- Martin, (1995) où le taux de croissance du
revenu par tête est une fonction positive du niveau initial du revenu national PIB(-l). Cette

équation sera estimée en intégrant les variables macroéconomiques de stocks de capital


public, le développement financier, l'inflation, l'instabilité politique et l'ouverture
économique.

La forme générale du modèle est la suivante :

>0 >0 >0 <0 >0 <0

La variable exprimée en logarithme est précédée de « L ».

Les définitions des variables et leurs justifications se présentent comme suit :

TCR : taux de croissance économique réel, c'est la variable macroéconomique à expliquer.


Cette variable nous paraît pertinente car elle mesure les performances économiques d'un
pays.

PIBV : Produit intérieur brut en volume. Il est sensé agir positivement sur la croissance du

revenu par tête avec un décalage d'un an.

TINF : Taux d'inflation. Il est approximé par le taux d'accroissement du déflateur du PIB.

30
Malgré la contioverse sur les effets théoriques de l'inflation sur la croissance, nous pensons

que 1 inflation doit avoir des effets négatifs sur l'amélioration du revenu par tête au Niger, à
travers notamment l'érosion du pouvoir d'achat des
populations.

KPU : C'est le ratio au PIB des investissements publics.

Les dépenses d'investissement public sont traduites en stock de capital avec un taux de

dépréciation de 10%. L'impact attendu sur la croissance.

RMP : Les infrastructures financières seront captées par le ratio de l'agrégat monétaire
M2 sur le PIB.

Le développement financier a un rôle productif positif dans la mesure où il favorise une plus
grande mobilisation de l'épargne pouvant être affectée à l'investissement (Berthélemy et
Varoudakis, 1995). Le signe attendu est positif sur la croissance et l'investissement.

INST : est une variable qualitative captant l'effet de l'instabilité politique.


L'instabilité politique sera mesurée par les cas de blocage des institutions démocratiques et
les grèves des syndicats (supérieur à un mois par an).
Un environnement serein est nécessaire aux activités économiques et aux flux d'aide au

développement. Il accroît la confiance des investisseurs et favorise l'accumulation du capital.


Nous supposons un impact négatif de l'instabilité politique sur la croissance économique.

OUV : L'ouverture de l'économie, mesurée par la somme des importations et des


exportations sur le PIB.
L'ouverture de l'économie peut avoir deux effets sur la croissance : D'une part, la dotation
initiale de l'économie peut conduire à une mauvaise spécialisation et donc un impact négatif
sur la croissance chez Krugman, (1987) et Young, (1991) ; d'autre part, l'ouverture peut
permettre l'accroissement du rythme d'accumulation du capital via le progrès technique et le
transfert de technologie (Romer, 1990).

31
4.1.2- Sources des données

Les données macroéconomiques utilisées sont extraites des CD-ROM (base des données
d Afrique 2004). Les données d'instabilité sont construites à partir des sources des Archives
nationales.

Nous avons eu également recours à des données du FMI et de la Banque Mondiale, des
sources nationales telles que celles de la Direction nationale de la statistique et des comptes
nationaux, de la Direction de l'agriculture et de la Direction des Archives nationales, ainsi que

des données de l'UEMOA, de la BCEAO et de l'OCDE, pour décrire l'économie.

4.1.3- Calcul des stocks de capital

Les stocks de capital public et privé de 1975 à 2004 sont estimés par la méthode de
l'inventaire permanent (Nehru et Dareshwar, 1994).

Ce calcul s'effectue à partir du stock de capital total (la somme du capital public et privé) et
de la part de l'investissement public dans l'investissement total. On suppose que le stock de
capital public en milieu de période est égal au stock de capital total multiplié par la part
moyenne sur la période de l'investissement public dans l'investissement total. Puis, on

procède à des extrapolations (avant et après la période du milieu soit 1991) selon la méthode
de l'inventaire pour obtenir les stocks de capital public et privé, en retenant le taux de
dépréciation (ô= 4%) utilisé par les auteurs pour le cas des pays en développement. On écrit
formellement

I
cc =
(\IT)^IgtII,
t
<

Kg90 = aK90 (3)


Kg, = (1 - ô)Kg,_ i + Ig,
V.

Avec

Igt /It = part de l'investissement public dans l'investissement total


K= capital total (public et privé
Kg = stock de capital public
Kg90 = stock de capital public en milieu de période

32
Dans le cadie de ce tiavail, nous considérons taux de
un
dépréciation de 10% compte tenu de
1 état des infrastructures du
Niger. Nous supposerons ainsi que la dépréciation du capital
public est inversement proportionnelle au PIB.

Dans la mesure où au Niger, les données de stock de capital sont indisponibles, on ne peut pas
utiliser entièrement 1 équation (3). Nous utiliserons variante
une qui consiste à établir le ratio
au PIB initial du stock du capital public en divisant le ratio moyen sur la période de
l'investissement public par la somme du taux de croissance moyen et du taux de dépréciation
du capital (Easterly, 1994).La même méthode sera utilisée pour déterminer le stock initial du

capital privé. Les stocks initiaux seront calculés en utilisant la formule (4), puis, après la
période initiale, nous extrapolons en recourant à la troisième expression de l'équation (3).

Stock (Ip / PIB)moyen


^
_

PIBinitial t + S
x

Avec

Stock = le stock de capital initial (public ou privé),


(Ip/PIB)moyen = moyenne du ratio au PIB de l'investissement (public ou privé) sur la
période, PIBinitial= PIB de l'année 1975
tx = taux de croissance moyen des investissements sur la période 1975-2004
6= taux de dépréciation du capital

4.1.4-Technique d'estimation

Le modèle est estimé par la méthode des moindres carrées ordinaires (MCO) dans le cadre
d'un modèle à correction d'erreur. L'estimation est faite à l'aide du logiciel Eviews.

Les tests préalables ci-après sur les variables, notamment de stationnarité et de cointégration,
ont été effectués:

i. Analyse de la multi colinéarité.


Après le test de multi colinéarité, nous avons éliminé du modèle les variables explicatives qui
ont une forte corrélation avec les autres. Finalement, nous avons retenu les variables
pertinentes du modèle.
ii. Analyse de la stationnarité des variables.
iii. Analyse de la stationnarité des variables.

33
Nous avons piocédé également à la vérification de la stationnarité de toutes les variables qui
sont toutes intégrées d ordre 1. Les résutats du test ADF sont présentés dans le tableau 9.

iv. Relation de cointégration


Les vaiiables des modèles sont intégrées d'ordre 1 c'est-à-dire stationnaires en différence

première 1(1), le résidu de Solow est stationnaire en niveau donc on peut retenir l'hypothèse
de relation de cointégration.

Les conditions sont donc réunies pour estimer les paramètres dans le cadre d'un modèle à
correction d'erreur. Dans le processus d'estimation, il arrive qu'on supprime du modèle
certaines variables qui sont non significatives à l'issue du test de significativité de Student.

4.1.5- Validation du modèle à correction d'erreur et résultats des estimations

Nous avons progressivement éliminé des estimations les variables non statistiquement
significatives pour aboutir à un modèle parcimonieux. Dans l'estimation de l'équation de
croissance, les variables d'instabilité politique (INST), le Produit intérieur brut décalé et le
taux d'inflation (TINF) ne sont pas statistiquement significatives. S'agissant de l'instabilité
politique, son impact sur la croissance est négatif mais non significatif (voir Annexe 2).

Toutes les variables sont stationnaires en différence première par l'application des tests de

ADF (Dickey Fuller Augmenté), par conséquent, les variables peuvent être cointégrées
(Tableau 9).

Tableau 9: Tests de racine unitaire

ADF Test Valeur Critique à Ordre


Variables
Statistique 5% d'intégration
TCR -6,49 -2,98 1(1)
PIBV -4,86 -2,97 1(1)
KPU -5,22 -2,97 1(1)
OUV -11,29 -2,97 KD
INST -5,93 -2,98 1(1)
RMP -3,39 -2,97 1(1)
TINF -8,34 -2,97 1(1)
Source : L'auteur à partir des résultats par Eviews

34
4.2- RESULTATS ET INTERPRETATION

4.2.1- Présentation des résultats

Des estimations effectuées, nous avons obtenu les résultats ci-après conformément au tableau
10:

Tableau 10: Résultat des estimations


Variable Dépendante: TCR
Variables explicatives Coefficient Probabilité
t-Statistique

TCR(-l) -1,32 -6,31 0,00

D(KPU) 0,25 1,13 0,26

KPU(-l) -0,18 -2,35 0,03


D (OUV) -2,46 -2,26 0,79
+0 ,23 +2,08
RMP(-l) 0,04
R* 0,65 F-statistic 8,68
R2 Ajusté 0,57 Prob(F-statistic) 0.000

D.W .
2,34
Test de White -

0,96 0,50

Breuch-Godfrey -

2,56 0,10

L'équation est déterminée avec unR2 =0,65. Elle est globalement significative avec un F-
statistique= 8,68 (prob.=0.000). Il n'y'à pas d'autocorrélation des erreurs, ni
d'hétéroeédasticité comme le montre les tests de Breuch-Godfrey et White. Le pouvoir

prédictif du modèle est appréciable si on se réfère aux résultats (MAPE = 82,27 et Theil =

0,34). D'autre part, le modèle est aussi stable comme le montre le test de Cusum (Figure 1) :

Figure 1 : Test de stabilité de cusum.

10-
Le coefficient de TCR(-l) est négatif et significatif au

5- seuil de 5%, ce qui montre que l'utilisation d'un modèle


à correction d'erreur est autorisée.
-5

-10

86 88 90 92 94 96 98 00 02 04
CUSUM 5% Significance

35
4.2.2 Interprétation

Il îessort des estimations effectuées


que, à court terme, les investissements publics ont un
effet positif mais non significatif sur la croissance économique. A long terme par contre, la
relation entre les investissements publics et la croissance tendance à
a se dégrader. L'absence
d effets permanents suggère les investissements publics
que ne sont pas orientés vers

l'accroissement des capacités productives c'est-à-dire l'accumulation du capital, mais vers la


réhabilitation d'infrastructures ou
d'aménagements existants, notamment dans le domaine
agricole avec près de 40% (lutte contre l'érosion et la désertification, c'est-à-dire la

préservation du patrimoine existant).

Ce résultat confirme en partie les études menées sur la question au Niger et qui ont souligné
le faible impact des investissements publics sur la croissance et le développement. Pourtant, la
plupart des travaux empiriques menées dans les économies articulées, notamment (Aschauer,
1989, Kocherlakota et Yi, 1996), ont montré un effet à long terme sur la croissance des
investissements publics.

L'instabilité politique n'a pas d'effet significatif sur la croissance économique. Cela signifie
que malgré les soubresauts politiques que le pays a connu, elle n'a pas eu d'impact sur la
croissance dont le niveau dépend plutôt des conditions climatiques. Mais ce résultat peut être
fragile car, à mesure que l'économie se formalise, elle devient plus sensible aux chocs et aux
crises.

Par ailleurs, l'analyse révèle que l'ouverture économique, a un impact négatif mais non
significatif sur la croissance économique. Ce résultat traduit le manque de compétitivité de
l'économie nationale du fait de la faible proportion de la technologie dans l'économie, et
montre que l'ouverture économique n'a pas induit une dynamisation de l'économie. Ceci est
contraire à nos attentes car les reformes entreprises par le Niger dans le cadre des Programmes

d'Ajustement Structurel (ouverture des frontières) devaient produire un effet stimulant sur la
croissance. A travers le progrès technique ou le transfert de technologies.

Le développement financier significatif


capté par la variable RMP a un impact positif très
sur le capital privé. A long terme, le développement financier favorise une plus grande

mobilisation de l'épargne pouvant être affectée à l'investissement. Ce résultat suggère


1.111~l111 accent particulier doit etre mis sur les marches financieis nationaux et régionaux dans

36
le but de promouvoir la mobilité des capitaux et l'épargne nécessaire aux activités
d'accumulation du capital.

37
CHAPITRE 5:
RECOMMANDATIONS ET CONCLUSION GENERALE

5.1- RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE

Les résultats de nos estimations et les différents tests révèlent que les dépenses publiques en
investissements ont un impact positif mais non significatif sur la croissance économique.
L'introduction dans l'analyse des variables macroéconomiques pertinentes et celles relevant
de l'environnement interne du Niger nous a permis de mieux cerner les mécanismes d'actions
du capital public sur la croissance. A partir donc des résultats de l'analyse empirique, les
recommandations de politiques économiques suivantes visent à éclairer les pouvoirs publics
sur une politique d'investissement qui soit génératrice de croissance du revenu par tête. Elles
concernent les axes suivants :


La poursuite des reformes structurelles.

Le renforcement du partenariat public-privé

La promotion de la bonne gouvernance pour consolider le consensus social.

1. Poursuivre les reformes structurelles en maintenant un niveau adéquat


d'investissements publics

Le niveau d'investissement est l'un des plus faibles de l'Afrique au sud du sahara. Un taux

adéquat doit être maintenu conformément aux engagements communautaires (UEMOA,


OMD) Ces investissements doivent viser à développer les capacités productives de
l'économie dans le domaine agricole et réduire la dépendance de l'économie vis-à-vis des
aléas climatiques.

En 2005, le phénomène de la sécheresse a sinistré environ trois millions de Nigériens,


accentuant ainsi l'endémie de la pauvreté. Il convient donc d'entreprendre des actions
d'investissement qui réduisent la dépendance de 1 économie vis-à-vis des conditions
climatiques. A celles-ci sont liées plus de 80% des Nigériens. Il s'agit pour l'Etat d'accroître
le revenu par priorité qui conditionne le développement à long
tête des populations. C'est une
terme élévation des indicateurs de développement humain, accroissement du stock du capital
:

humain et donc un effet positif sur le secteui prive à long terme. A ce niveau une stiatégie

peut être proposée :

38
Une politique volontariste de mobilisation des ressources en eau et la mise en valeur du fleuve

aux d irrigation. Les ressources en eau sont très peu valorisées et seul 1% du potentiel du
fleuve est utilisé pour 1 irrigation. Ces actions doivent être accompagné par une modernisation
progressive des techniques culturales et des subventions publiques aux agriculteurs
(formation, engrais, pesticide etc.). Il s'agit ensuite d'organiser les circuits de distribution par

la mise en place d'infrastructures (routes pistes rurales notamment) qui auront


ou pour effet
d'étendre les marchés locaux et de multiplier les opportunités économiques. L'ouverture
économique ayant un impact positif sur la croissance, la priorité doit être donné à la bande
sud du pays qui abrite les deux tiers de la population et qui génère des flux d'échanges
transfrontaliers importants.

Une réelle opportunité s'offre au gouvernement pour réaliser de tels investissements. En effet,
les ressources PPTE devraient pouvoir amorcer un tel élan, mais son choix des dernières
années fut celui d'investissements dans plusieurs directions sans réel impact et le plus
souvent emmaillé de gaspillage. L'irrigation va produire également des effets positifs sur

l'élevage, qui à son tour fournira les intrants aux activités privées d'abattage, des cuirs et
peaux et aux industries des produits dérivés (lait, fromage etc....).

Une telle politique a des chances d'aboutir si seulement un accent particulier est mis sur
l'efficacité et l'efficience des investissements publics pour relever leur impact économique. Il
s'agit alors de renforcer la capacité de prise en charge des investissements par les structures
administratives (coordination et contrôle de cohérence global) et de faire de la minimisation
des coûts d'exécution des investissements publics un objectif prioritaire.

Dans le cadre des reformes, un accent particulier doit être mis sur le développement financier.
En effet, comme suggéré par notre étude, le ratio au PIB de la masse monétaire exerce un
effet positif sur l'accumulation du capital privé. Ce résultat suggère qu'un accent particulier
doit être mis sur les marchés financiers aussi bien régional que local avec pour but de

promouvoir l'épargne intérieure et la mobilité des capitaux nécessaires aux activités


d'investissements. Pour attirer ces capitaux, le Niger doit mener une politique haidie
d'harmonisation et de simplification des procedures fiscales sur les valeurs au sein de
l'UEMOA. Une action parallèle d'élargissement de l'assiette fiscale doit être entreprise en
direction surtout du secteur informel pour réduire les déficits publics.

39
Au plan national, il s agit de continuer à garantir la sécurité juridique aux institutions
financières et promouvoir la décentralisation financière au niveau local.

2. Instituer un partenariat public privé

Dans le contexte de l'ajustement structurel, les investissements publics ont été le principal
instrument d'ajustement et leur niveau n'a cessé de baisser au fil des ans. Ils n'ont pas non

plus améliorer le revenu individuel ni stimuler le secteur privé. .11 convient donc d'instituer un

partenariat entre les secteurs public et privé.

Au Niger les pouvoirs publics sont confrontés à deux défis : une demande forte
d'infrastructures des populations pauvres compte tenu de la démographie élevée (des réponses
à cette demande sont nécessaires pour pérenniser la croissance), de contraintes budgétaires
(des déficits atteignant 7%). De plus, l'Etat n'a ni les moyens financiers ni la capacité de
gestion.

Il s'agit donc d'œuvrer, d'une part, pour une décentralisation au niveau local pour une prise
en charge des investissements publics, par une participation active des citoyens à leur
gestion et au contrôle de leur efficacité. D'autre part, il s'agit de créer un cadre institutionnel
entre les pouvoirs publics et le secteur privé pour identifier des pôles de croissance et de
compétitivité, choisir et gérer des infrastructures y afférents dans un cadre transparent. En
associant le savoir faire du secteur privé, le choix des investissements doit être fondé sur les
services qu'ils rendent à la communauté et sur les effets d'entraînement qu'ils génèrent sur le
capital privé. ,,

Cette possibilité contourne les contraintes budgétaires de l'Etat et assure une pérennité et une
efficacité aux investissements. Mais un tel partenariat implique un partage de risque, garanti

par un contrat de long terme sous l'arbitrage d'une autorité de contrôle à égale distance du
gouvernement et le secteur privé.

40
3. Promouvoir la gouvernance politique.

L étude a révélé le faible impact de l'instabilité politique sur la croissance économique au

Niger. Il y'a lieu d'œuvrer pour consolider ce climat car à mesure que l'économie se structure,

elle devient plus sensible aux chocs et aux crises sociales. Il est également nécessaire de
maintenir un climat social serein pour mener à bien les activités de production et de
consommation, pour attirer les investisseurs étrangers et tirer profit de la mondialisation.

5.2- CONCLUSION GENERALE

Dans le cadre de cette étude, nos estimations révèlent qu'au Niger, les investissements publics
ont un impact positif sur la croissance économique. Cependant cet impact demeure faible et
tend à s'éroder, ce qui montre que les investissements publics ne sont pas concentrés dans
l'accumulation du l'économie. Ce
capital et le développement des capacités productives de
résultat confirme, en particulier, les études de Naudet et Rampnoux (1992) qui ont souligné

l'insuffisante action des investissements publics sur la sphère productive de l'économie.

Par ailleurs, nous avons montré que l'instabilité politique n'a pas d'impact significatif sur la
croissance économique. Ce résultat est en rapport avec la faible formalisation de l'économie,
et la forte conditions climatiques. Il traduit
dépendance des activités par rapport aux
également le caractère embryonnaire de l'économie formelle qui le rend insensible aux chocs
sociaux. L'étude a également montré que l'ouverture a un impact négatif mais non significatif

sur la croissance économique, que le développement financier agit positivement sur la

croissance.

A partir des résultats ainsi mis en évidence, nos recommandations visent une politique
efficace d'investissements publics et pouvant améliorer la croissance du revenu par tête. Il
s'agit notamment, (i) de poursuivre les reformes structurelles tout en maintenant un niveau
d'investissement public adéquat et en veillant à leur efficacité et à leur coherence au niveau
global, (ii) d'encourager un partenariat public privé et (iii) et promouvoir la bonne
gouvernance pour préserver la paix sociale.

Cette étude s'est efforcée d'éclairer le lien entre les investissements publics et la croissance
du revenu par tête. Plus également déterminé les facteurs
spécifiquement, nous avons
pertinents qui conditionnent l'efficacité des investissements publics.
41
Cependant l'optique de l'étude est macroéconomique, fondée sur la prise en compte du niveau
global des investissements publics, ceci dans l'indisponibilité de données longues sur les
investissements directement productifs. Une approche fondée sur une analyse statistique des
investissements publics, pourrait apporter un éclairage plus exhaustif à notre connaissance des
effets des investissements publics au Niger.

42
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Annexe 1 : Données statistiques

ANNEES INST TCR RMP TINF OUV PIBV KPU

75 1 3,5 9,48 -6,39 0,60 5.60E+11 12,5


76 1 4,6 10,13 12,42 0,66 5.64E+11 14,31
77 0 5,3 10,54 15,75 0,57 6.08E+11 16,2
78 0 4,3 11,47 11,21 0,64 6.90E+11 18,35
79 0 5,1 13,23 4,59 0,54 7.39E+11 20,58
80 0 4,8 13,44 20,82 0,56 7.23E+11 24,09
81 0 3,1 14,58 10,63 0,58 7.27E+11 26,94
82 0 2,0 13,35 10,60 0,59 7,39E+11 27,94
83 1 3,1 12,06 8,80 0,51 7.04E+11 28,33
84 0 -1,5 14,39 11,72 0,52 5,85E+11 27,98

85 0 3,0 16,16 -5,90 0,53 6,31 E+11 18,27


86 0 5,1 17,38 -4,21 0,40 6,71 E+11 17,35
0 5,7 17,55 1,70 0,46 6,71 E+11 16,552
87
0 3,4 18,13 -5,32 0,40 7.17E+11 15,83
88
1 4,8 19,51 1,42 0,38 7.24E+11 15,26
89
1 5,2 20,23 -1,60 0,38 7,15E+11 14,56
90
1 4,3 19,47 -5,14 0,33 7.33E+11 13,66
91
19,55 1,10 0,35 6,85E+11 12,94
92 1 4,0
5,4 19,22 -0,14 0,33 6,95E+11 12,24
93 1
6,2 14,40 32,71 0,30 7.23E+11 11,74
94 1
14,00 5,42 0,31 7.42E+11 11,18
95 1 4,5
3,1 12,73 4,73 0,33 7,67E+11 10,64
96 1
3,10 0,32 7.88E+11 10,25
97 3,1 10,37
3,00 0,34 8.70E+11 9,98
98 1 10,4 7,29
2,00 0,29 8.65E+11 9,73
99 1 -0,6 6,95
4,52 0,32 8.53E+11 9,463
00 0 -1,4 7,68
8,41 0,32 9,18E+11 9,29
01 0 7,1 8,41
8,41 0,32 8.59E+11 9,18
02 0 3,0 8,41
8,33 0,32 8.59E+11 8,45
03 0 5,3 9,20
8,33 0,32 8,59E+11 7,77
04 0 4,3 10,25

48
Annexe 2: Estimation du modèle

A. Estimation avec l'ensemble des variables du modèle

Dependent Variable: D(TCR)


Method: Least Squares
Date: 12/07/05 Time: 14:07

Sample (adjusted): 1977 2004


Included observations: 2 8 after adju stments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 4.794724 2.071940 2.314123 0.0327

TCR(-1) -1.360019 0.256987 -5.292171 0.0000

D(RMP) -0.402011 0.396374 -1.014221 0.3239

0.244548 0.149165 1.639445 0.1185


RMP(-1)
D(TINF) -0.027535 0.055970 -0.491964 0.6287

-2.580316 10.77888 -0.239386 0.8135


D(OUV)
4.061270 12.01239 0.338090 0.7392
D(LPIBV(-1 ))
INST -0.496346 1.331402 -0.372799 0.7137

0.194472 0.303746 0.640246 0.5301


D(KPU)
-0.159801 0.092346 -1.730458 0.1007
KPIH-1)

0.673682 Mean dependent var -0.010714


R-squared
0.510524 S.D.dependent var 3.547283
Adjusted R-squared
2.481771 Akaike info criterion 4.928275
S.E. of reqression
110.8654 Schwarz criterion 5.404062
Sum squared resid
-58.99585 F-statistic 4.128997
Loq likelihood
2.249988 Prob(F-statistic) 0.005074
Durbin-Watson stat

49
B. Résultats de l'estimation du modèle final.

Dependent Variable: D(TCR)


Method: Least Squares
Date: 11/28/05 Time: 21:41
Sample (adjusted): 1976 2004
Included observations: 29 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 4.943666 1.836945 2.691243 0.0130

TCR(-1 ) -1.322172 0.209278 -6.317778 0.0000

D(KPU) 0.246753 0.217577 1.134094 0.2684

KPU(~1 ) -0.178463 0.075835 -2.353299 0.0275

D(OUV) -2.466503 9.270798 -0.266051 0.7926

RMP(-1 ) 0.236667 0.113496 2.085254 0.0483

R-squared 0.653791 Mean dependent var 0.027586


Adjusted R-
squared 0.578528 S.D. dependent var 3.489463
S.E. of regression 2.265391 Akaike info criterion 4.655363
Sum squared
resid 118.0359 Schwarz criterion 4.938252
F-
Loq likelihood -61.50276 statistic 8.686762
Durbin-Watson
stat 2.270873 Prob(F-statistic) 0.000097

50
Annexe 3: Résultats des tests de Breuch-Godfrey et de White

Modèle à correction d'erreur

A. Test de Breuch-Godfrey

Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:

F-statistic 2.567065 Probability 0.100605

Obs*R-squared 5.697139 Probability 0.057927

Test Equation:
Dependent Variable: RESID
Method: Least Squares
Date: 11/29/05 Time: 01:22
Presample missing value lagged residuals set to zero.

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C -1.990327 2.740621 0.726232 0.4757

TCR(-1) 0.435236 0.623396 0.698169 0.4927

D(KPU) 0.044806 0.223074 0.200855 0.8427

0.077015 0.095264 0.808435 0.4279


KPU(-1)

-0.357736 10.18638 0.035119 0.9723


D(OUV)

-0.073105 0.142492 0.513045 0.6133


RMPÍ-1)

73 m œ 0 1
-0.648336 0.636636 1.018378 0.3201

-0.311719 0.266155 1.171194 0.2546


RESID(-2)

Mean dependent
0.196453 var -1.18E-15
R-squared
Adjusted R-
squared -0.071396 S.D.dependent var 2.053185
S.E. of reqression 2.125216 Akaike info criterion 4.574574

Sum squared
94.84736 Schwarz criterion 4.951759
resid
F-
-58.33133 statistic 0.733447
Loq likelihood
Durbin-Watson
1.960050 Prob(F-statistic) 0.646244
stat

51
B. Test de White.

White Heteroskedasticity Test:

F-statistic 0.961260 Probability 0.506281

Obs*R-squared 10.09559 Probability 0.432148

Test Equation:
Dependent Variable: RESIDA2
Method: Least Squares
Date: 11/29/05 Time: 01:23
Sample: 1976 2004
Included observations: 29

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 10.82023 44.69657 0.242082 0.8115


-1.084622 2.839756 -0.381942 0.7070
TCR(-1 )
-0.045918 0.312506 -0.146935 0.8848
TCR(-1 )A2
-2.418416 2.524399 -0.958016 0.3507
D(KPU)
-0.318060 0.266691 -1.192615 0.2485
(D(KPU))A2
4.455957 5.840268 0.762971 0.4554
KPU(-1 )
-0.112442 0.147797 -0.760789 0.4566
KPU(-1)A2
14.98034 65.76041 0.227802 0.8224
D(OUV)
-567.0491 1149.970 -0.493099 0.6279
(D(OUV))A2
-4.061594 5.777171 -0.703042 0.4910
RMP(-1 )
0.089300 0.192859 0.463033 0.6489
RMP(-1 )A2

0.348124 Mean dependent var 4.070202


R-squared
-0.014030 S.D.dependent var 9.520401
Adjusted R-squared
9.586953 Akaike info criterion 7.640380
S.E. of reqression
1654.374 Schwarz criterion 8.159009
Sum squared resid
-99.78551 F-statistic 0.961260
Log likelihood
1.959044 Prob(F-statistic) 0.506281
Durbin-Watson stat

52
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