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Jahja Sara, Attar Massa 25.09.

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“La philosophie devenue folle” : Chapitres 4, 5 & 6


Thème de la Zoophilie

Chapitre 4 : “La Zoophilie éthique de Peter Singer”

Idée principale : Dans ce chapitre, Braunstein critique et examine les arguments de


Peter Singer concernant l'éthique animale, en particulier les positions provocantes et
controversées de Singer sur des sujets comme la zoophilie.
Singer, dans ses travaux, suggère qu’une relation entre un humain et un animal a lieu
d'être, si elle ne cause pas de souffrance ou de préjudice à l'animal. Le plus important
pour lui étant de savoir si ces relations sont “mutuellement satisfaisantes”. Selon lui, il
n'y a pas de raison morale objective de la considérer comme immorale si tout le monde
est consentant. Braunstein s'interroge sur les implications éthiques et les conséquences
de ces arguments, suggérant que cela illustre des dérives ou des extrémités de certaines
formes de philosophie contemporaine.

Structure générale :
L'auteur, Braunstein, s'attaque aux idées qu'il perçoit comme étant extrêmes ou
absurdes en examinant les positions de différents penseurs. Parmi eux, Peter Singer est
particulièrement mis en avant pour ses vues provocatrices sur les relations entre
humains et animaux.

Singer, bien connu pour son livre "Animal Liberation", plaide pour l'élargissement du
cercle moral afin d'inclure tous les êtres sensibles, y compris les animaux non humains.
Il soutient cette vision en soulignant que les humains, étant des grands singes,
partagent des organes génitaux et des désirs sexuels semblables à ceux des animaux.
Singer estime donc qu'il n'existe pas de distinction biologique claire entre les humains
et les animaux en matière de sexualité.

Allant plus loin, Singer argumente que les tabous culturels, tels que celui entourant la
zoophilie, devraient être éliminé, d'autant plus que beaucoup de ces tabous ont
historiquement été remis en question ou démantelés. Il se base entre autres sur les
écrits de Dekkers, auteur qui partageait des opinions favorables à la zoophilie. Dekkers
avance que même le christianisme, tout comme d’autres religions, pourrait être
considéré comme une religion zoophile. Il fait référence à des éléments de la Bible
pouvant être interprétés comme indiquant que Jésus est le produit d'une union entre
une colombe (représentant le Saint-Esprit) et Marie. Singer fait également référence aux
statistiques de Kinsey, qui prétendaient que 50 % des ruraux avaient eu des rapports
sexuels avec des animaux, bien que celles-ci aient été largement discutées. (p.221)
Jahja Sara, Attar Massa 25.09.23

Néanmoins, Singer met une condition à sa vision : il n'accepterait les relations


inter-espèces que si elles ne causent pas de cruauté envers les animaux. C’est pour cela
que les relations sexuelles avec des poules sont par exemple interdites car celles-ci sont
bien trop fragiles et il y aurait des limites dans les relations sexuelles avec elles.
Il dénonce ainsi le préjugé spéciste, qui est une discrimination basée sur l'appartenance
à une espèce, arguant que nos décisions morales devraient se baser sur la capacité de
souffrance plutôt que sur l'espèce. Tout comme le racisme discrimine sur la base de la
race et le sexisme sur la base du sexe, le spécisme discrimine sur la base de l'espèce. En
d'autres termes, il s'agit de traiter des individus différemment, non pas à cause de leurs
capacités ou de leurs caractéristiques intrinsèques, mais simplement parce qu'ils
appartiennent à une certaine espèce. Il dénonce également le fait qu’on se permet de
violenter les animaux non humains, de les tuer et de les manger mais que c’est
impossible pour nous de concevoir le fait d’avoir des rapports sexuelles avec eux alors
qu’on leur cause moins de souffrance en les tuant de manière industrielle pour les
manger qu'en ayant des relations sexuelles avec. (p.225)
C’est un utilitariste et dans cette perspective de vouloir maximiser le bien être global,
tout ce qui compte pour lui c’est la capacité de souffrance et de plaisir des êtres
sensibles et non pas leur statut en tant que titulaires de droits. La bestialité ne devrait
être illégale que s’il y avait cruauté envers les animaux et que les relations inter-espèces
ne sont en rien choquantes, elles sont envisageables, c’est juste une question d’habitude.

Tom Regan, en contraste, voit la question sous un angle différent. Il compare la


zoophilie à des actes tels que la pédophilie et la nécrophilie, mettant l'accent sur le
problème du consentement. Regan soutient que ni les bébés, ni les personnes décédées,
ni les animaux ne peuvent donner un consentement informé pour des actes sexuels.
Cependant, Peter Singer offre une réponse à cette objection en avançant que la
pédophilie n’est pas nécessairement immorale si l’enfant a atteint un certain âge, par
exemple, au moins 10 ans. De même, il considère que la nécrophilie n’est pas
intrinsèquement condamnable si la personne décédée avait expressément donné son
consentement préalablement à sa mort pour ce type de relations sexuelles.

Monika Bakke, une universitaire polonaise, propose une perspective supplémentaire en


suggérant que les animaux pourraient indiquer leur consentement ou leur refus par le
biais de leur langage corporel.

En somme, Braunstein s’est penché sur les idées controversées et provocantes


avancées par des penseurs tels que Peter Singer, Tom Regan et Monika Bakke
concernant les relations inter-espèces, en particulier la zoophilie. Alors que Singer se
fonde sur une perspective utilitariste, plaidant pour l'élimination de certains tabous
sociaux à condition qu'aucune cruauté envers les animaux ne soit présente, Regan met
l'accent sur la question essentielle du consentement, établissant des parallèles entre la
zoophilie, la pédophilie et la nécrophilie. Bakke, quant à elle, explore la capacité des
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animaux à donner un consentement non verbal. Ces débats soulèvent des questions
profondes sur les limites éthiques, les préjugés spécistes, et la manière dont la société
perçoit et valorise la vie non humaine. Braunstein, en présentant ces idées, nous invite à
réfléchir sur les implications de telles théories et à nous interroger sur les frontières de
la morale contemporaine.
.

Chapitre 5 : La zoophilie cosmique de Donna Haraway

Idée principale : L'idée principale du chapitre est la remise en question radicale par
Donna Haraway des catégorisations traditionnelles, des frontières établies, et des
notions conventionnelles de biologie, de science et de rationalité. Haraway défie les
distinctions traditionnelles entre l'homme et l'animal, la nature et la culture, et le
biologique et le technologique, tout en critiquant l'approche "objective" de la science.
Elle soutient une vision plus fluide et interconnectée du monde, cherchant à "brouiller"
ou "effacer" les barrières conventionnelles.

Structure générale : Donna Haraway est une figure emblématique des études féministes
en science et technologie. C’est une universitaire américaine largement reconnue pour
ses écrits sur les cyborgs, les animaux, le posthumanisme, et d'autres concepts qui
remettent en question les catégories traditionnelles. C’est aussi celle qui explique
librement les relations sexuelles qu’elle a avec sa chienne “Mlle Cayenne Pepper”.

Dans ce chapitre, Haraway cherche à effacer les barrières entre les espèces. Elle
s'attaque non seulement à la biologie mais aussi à la notion de « science objective » et
réfute toute catégorisation ou pensée abstraite. Elle n'est pas juste intéressée par la
reconnaissance des similitudes ou des connexions entre les espèces, mais elle veut
réellement effacer, ou du moins remettre en question, les barrières qui les séparent.
Cette vision est presque mystique et cherche à repenser radicalement notre
compréhension de la séparation entre les espèces, ce qui pourrait avoir des implications
profondes pour notre relation avec le monde naturel.

Elle défie l'idée que la science est un domaine objectif, suggérant plutôt que la science
est influencée par des perspectives culturelles, sociales et politiques. Pour Haraway, la
biologie n'est pas simplement une étude impartiale de la vie mais est également
influencée par les idéologies et les biais du chercheur.
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Haraway va plus loin en dénonçant non seulement la catégorisation en biologie mais


aussi toute forme de catégorisation et de pensée abstraite. Elle suggère que ces
catégorisations, loin d'être neutres, renforcent souvent des hiérarchies et des préjugés
existants.

Ayant étudié la biologie, elle affirme que cette discipline a démontré qu'il n'y a pas de
distinction significative entre les humains et les animaux. Elle s'appuie fortement sur la
théorie de l'évolution pour soutenir ce point de vue.

Le chapitre met en évidence un défi scientifique majeur à l'idée de Haraway :


l'immunologie démontre que tous les organismes vivants ne peuvent pas se mélanger
indéfiniment. Cette science définit les concepts de "soi" et de "non-soi". Haraway
conteste cette vision, la considérant comme une construction plutôt que comme un fait.
Elle suggère que la notion de “système immunitaire” est une construction idéologique et
mais suggère également de repenser l’immunité en termes de “spécificités partagées.”
Ainsi, elle suggère une vision dans laquelle les organismes ne sont pas strictement
définis par des barrières immunitaires hermétiques qui les protègent des éléments
étrangers. Au lieu de cela, elle envisage un modèle où les organismes et leur
environnement sont en interaction constante, où il y a un échange et une coévolution,
plutôt qu'une simple défense contre l'"autre".
Cette idée de "spécificités partagées" met l'accent sur les relations interdépendantes et
symbiotiques qui peuvent exister entre différents organismes, plutôt que sur l'isolement
et la distinction claire entre ce qui est "soi" et ce qui est "autre". En suggérant cette
perspective, Haraway défie la notion traditionnelle d'un organisme défendant son
intégrité contre des agents étrangers et propose une vision plus intégrée et
interconnectée de la biologie et de l'existence.

Haraway utilise abondamment des références de science-fiction pour soutenir ses


arguments. Ces œuvres de fiction deviennent des outils pour imaginer des mondes où
ses idées pourraient se concrétiser. Dans son “Manifeste Cyborg”, elle utilise le concept
de cyborg comme une métaphore pour repenser les identités et les frontières. Pour
Haraway, les corps ne sont pas simplement matériels. Ils sont également des récits et
des métaphores, des constructions symboliques qui portent du sens.

Elle cite également des oeuvres spécifiques comme celles d’Octavia Butler, qui explorent
des thèmes de fusion et de coexistence de différentes espèces ou entités.

Haraway est influencée par plusieurs choses : d’une part les théories symbiotiques de
Lynn Margulis, qui suggèrent que des interactions symbiotiques entre organismes sont à
l'origine de modifications génétiques majeures mais d’autre part par son éducation
catholique qui est une influence majeure, en particulier l'idée de sacramentalisme, idée
qui voit le monde physique comme intrinsèquement lié au symbolisme.
Jahja Sara, Attar Massa 25.09.23

Le texte suggère une contradiction dans la pensée de Haraway : bien qu'elle souhaite
effacer les frontières, elle valorise en même temps les "êtres de frontière" et les
hybrides. De plus, bien qu'elle rejette la définition et la catégorisation, elle émet
néanmoins des propositions définies. C’est donc un peu flou

Chapitre 6: Défense des “exceptionnalismes”, humain et animal

Dans le sixième chapitre de ce livre, plusieurs perspectives sont explorées, notamment


une critique du mouvement contemporain qui remet en question l'exceptionnalisme
humain. L'exceptionnalisme se réfère à l'idée que certaines entités, qu'elles soient des
nations, des espèces, ou autres, sont uniques par rapport aux autres. L'exceptionnalisme
humain considère les humains comme fondamentalement distincts et supérieurs à
d'autres formes de vie. À l'inverse, l'exceptionnalisme animal suggère que certaines
espèces possèdent des caractéristiques uniques qui les distinguent, comme des
capacités sensorielles ou cognitives particulières, ou un rôle écologique distinctif.

Braunstein critique le mouvement contemporain qui remet en question


l'exceptionnalisme humain. Selon cette perspective, les humains ne seraient qu'une
espèce parmi d'autres, avec des similitudes génétiques suffisantes avec les grands singes
pour effacer toute distinction significative. Cependant, Braunstein conteste
vigoureusement cette idée, citant des auteurs comme Raymond Tallis et Alain
Prochiantz. Ces auteurs défendent l'exceptionnalisme humain en mettant en avant nos
capacités uniques à établir des règles, à créer une culture, et à ne pas être soumis
uniquement à la "loi de la jungle."

Raymond Tallis, médecin de formation, ridiculise cette tendance à la fin de


l'exceptionnalisme humain dans son ouvrage "Mankind," où il parle d'une "épidémie de
darwinite." Pour lui, réduire l'humanité à une simple bête en utilisant la théorie de
l'évolution et les neurosciences est paradoxal. Alain Prochiantz, un biologiste français,
partage cette opposition à la fin de l'exceptionnalisme humain tout en insistant sur le
fait que l'homme a la capacité unique d'établir des règles, de créer une culture, tout en
étant en harmonie avec la nature.

Braunstein explore également les arguments des "anti-exceptionnalistes" qui cherchent


à effacer la distinction entre l'homme et l'animal. Cependant, il critique cette tendance
en soulignant que l'exceptionnalisme animal est nécessaire pour reconnaître et
respecter les différences fondamentales entre les espèces. Il dénonce aussi
l'anthropomorphisme excessif, qui consiste à attribuer des caractéristiques humaines
aux animaux, ainsi que l'humanitarisme envahissant qui impose des normes humaines
sur la nature, au détriment de la compréhension des mondes différents des animaux.

L'écrivain Jean-Christophe Bailly, spécialisé dans le rapport entre l'homme et l'animal,


offre une perspective riche et poétique. Il décrit une réalité où les animaux vivent avec
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nous dans un réseau complexe de relations, avec des similitudes et des différences
importantes. Il insiste sur le fait que les animaux ne sont pas simplement des versions
moins évoluées de l'homme, mais des êtres radicalement différents. Plutôt que
d’imposer des “droits de l’homme” sur tous les animaux, Bailly suggère que nous
devrions nous concentrer sur l’appréciation de leur étrangeté démesurée. Il évoque un
sentiment d’émotion sacrée envers ces êtres qui préexistaient à notre arrivée et qui
continueront d’exister après nous.

Bailly souligne également l'importance d'écouter les animaux, de les préserver dans leur
étrangeté fondamentale, et de ne pas les réduire à de simples objets de droits juridiques.
Pour illustrer ces idées, il mentionne l'artiste Gilles Aillaud, qui met en scène des
animaux sauvages dans des zoos pour souligner leur étrangeté et leur présence
distincte.

En fin de compte, il est souligné que ceux qui ont la connaissance la plus profonde des
animaux sont souvent ceux qui partagent leur quotidien, comme les agriculteurs, les
chasseurs, et les fermiers. En revanche, ceux qui cherchent à accorder des droits aux
animaux ont souvent peu ou aucune expérience directe avec eux, en partie à cause de
l'urbanisation croissante qui a créé un éloignement entre l'homme et le monde animal.

En conclusion, ce chapitre met en évidence les tensions entre les partisans de


l'exceptionnalisme humain et ceux qui cherchent à effacer cette distinction. Braunstein
plaide en faveur d'une approche respectueuse et curieuse envers le monde animal,
reconnaissant et célébrant ses différences, tout en maintenant la notion
d'exceptionnalisme humain comme une base valable pour comprendre notre place dans
la nature.

● Le sixième chapitre explore la critique du mouvement contemporain


remettant en question l'exceptionnalisme humain.

● L'exceptionnalisme humain considère les humains comme distincts et


supérieurs, tandis que l'exceptionnalisme animal suggère que certaines
espèces ont des caractéristiques uniques.

● Raymond Tallis critique cette tendance dans son ouvrage "Mankind," en


utilisant l'expression "épidémie de darwinite."

● Alain Prochiantz partage cette opposition tout en mettant en avant la


capacité unique de l'homme à établir des règles et à créer une culture.
Jahja Sara, Attar Massa 25.09.23

● Le texte critique également l'anthropomorphisme excessif et


l'humanitarisme qui impose des normes humaines à la nature.

● Jean-Christophe Bailly offre une perspective poétique sur la relation


homme-animal, insistant sur la différence fondamentale entre les deux.

● Bailly suggère de ne pas imposer des "droits de l'homme" aux animaux,


mais plutôt d'apprécier leur étrangeté et de les préserver.

● Le texte évoque la différence entre ceux qui connaissent les animaux par
expérience directe, comme les agriculteurs et les chasseurs, et ceux qui
militent pour les droits des animaux.

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