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Philosophie
II. Fausto-Sterling et la fin de la distinction homme/femme
Dans le chapitre précédent, Money affirme que le genre est distinct du sexe. Sa thèse est la
suivante : « Ce qui est déterminant dans l’identité sexuelle n’est pas le sexe biologique, mais
le genre qui est construit par l’éducation, par la culture. » Cette thèse, bien qu’elle ait permis
une avancée dans l’étude du genre, pose quand même problème aux auteurs
postféministes, notamment à Judith Butler et Anne Fausto-Sterling, deux professeures
basant leur travail principalement sur l’étude du genre. Leur but est de déterminer qu’il s’agit
du genre qui détermine le sexe, le sexe étant donc la conséquence du genre. Judith Butler
poussera même la chose encore plus loin en affirmant que le sexe et le corps n’existent pas
vraiment, ils dépendent des discours qui sont tenus sur eux (cf. chapitre 3).
L’auteur décrédibilise cette théorie sur l’intersexualité qui manifeste une continuité entre les
différents sexes et les divers formes de sexualité en déclarant que, si la nature était vraiment
continue, il ne serait pas possible de proposer des classifications, ce qui enlèverait toute
valeur aux catégories biologiques traditionnelles déjà existantes.
Khan Ayana, Rustom Sidra 11 septembre 2023
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D’après Fausto-Sterling, la biologie adopte une vision binaire uniquement à cause des
conceptions sociales et culturelles de l’époque. Elle critique la neutralité de la biologie qui,
selon elle, est comme toute science, un « savoir situé » qui dépend de ses conditions
sociales et culturelles. En général, la biologie est considérée comme un adversaire pour les
militants du genre, car elle est considérée comme une discipline « essentialiste », c’est à
dire, une discipline qui admet que l’ensemble des caractères constitutifs et invariables
précèdent toute existence. Il serait donc impossible de développer de nouvelle théorie sur le
genre, le sexe, etc. En fait, la biologie, qui admet qu’il n’existe dans la nature que deux
sexes, serait censée nous biaiser, car étant patriarcale, androcentrique et hétérosexiste, elle
serait faussement objective, formée uniquement de préjugés virilistes et racistes. Quelque
chose clocherait alors lorsque l’on parle de femmes. Il faudrait remplacer cela par une
biologie plus ouvertement située, c’est à dire féministe.
Cette idée d’un avenir radieux est très vite brisée par les potentielles maladies qui peuvent
en découler.comme le dysfonctionnement des surrénales, les cancers et autres hernies.
Fausto-Sterling en a conscience mais n’a pas l’air de prendre le sujet vraiment au sérieux.
Elle suggère qu’il faudrait « imaginer une nouvelle éthique médicale » afin de laisser
prospérer l’ambiguïté dans ce nouveau monde qui aura « dépassé les hiérarchie de genre ».