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INTRODUCTION : Aperçu historique du droit patrimonial de la famille

Remarques préliminaires
Modes de conjugalité

 Mariage : 30%
o Mariages homosexuels : 3%
 Union civile : 1%
 Union de fait : 39%:
o Phénomène québécois
o Environ 21% au Canada
o 63% : Naissance hors mariage
o Pas d’impact sur les droits des enfants (art. 522 C.c.Q.) (depuis 1981)

Droit patrimonial de la famille

 Régime primaire : Dispositions impératives de la loi, à caractère patrimonial, s’appliquant aux


époux (et aux conjoints unis civilement) du seul fait de leur mariage (ou de leur union)
 Régime matrimonial: Ensemble de règles qui gouvernent les intérêts patrimoniaux des époux
(et aux conjoints unis civilement) dans leurs rapports entre eux et à l’égard des tiers.

Évolution historique du droit de la famille


Sous le C.c.B.C (1866)

 Mariage religieux avec effets civils


o Encadrement juridique :
 Règles de célébration
 Règles pendant le mariage
 Règles de dissolution
 Deux régimes matrimoniaux :
o Communauté de biens
 Régime légal (jusqu’au 30 juin 1970)
 Régime de type participatif
 Permet à l’épouse d’obtenir le partage des biens communs à la dissolution
(décès)
 Confère un droit de propriété
 Époux = chef de la communauté
 Épouse = incapacité juridique
 Pas de vocation successorale jusqu’en 1915

 Biens propres : Biens qui appartiennent exclusivement à l'un des


époux ou l'un des conjoints unis civilement et qui ne tombent pas
dans la masse commune
 Bien communs : Biens meubles acquis par les époux après le
mariage
 Biens réservés : art. 1425 a) C.c.B.C. (depuis 1931)
 Produits du travail de la femme
 Économies qui en proviennent
 Biens qu’elle acquiert en faisant emploi
 Mme peut les administrer
 Mme peut les aliéner à titre onéreux (sous
quelques réserves) ( les pouvoirs ont été modifiés
dans le temps)
 Si acceptation de Mme : partage moitié-moitié

 Si renonciation de Mme :

o Séparation de biens :
 Régime de type individualiste
 Nécessite un contrat de mariage (acte notarié)
 Aucun partage à la dissolution
 Contrepartie :
 Donations entre vifs : meubles meublants, $
 Donation à cause de mort : « au dernier vivant les biens »

Révolution tranquille : Années 60'

 Transformation de la société québécoise


 Évènements juridiques marquants :
o 1964 : Capacité juridique de la femme mariée
 Dichotomie entre le régime légal et la nouvelle capacité légale
 Rejet du régime légal (communauté des biens)
 = Il faut repenser les rapports entre époux
o 1968 : Première loi sur le divorce
 Avant :
 Séparation de corps -> ne rompt pas le lien matrimonial
 Divorce = Contrat privé
 Après :
 Philosophie -> faute de l'un des conjoints (divorce-sanction)
 Impact du régime matrimonial sur le partage des biens
 Réforme des régime matrimoniaux :
o Nouveau régime : Société d’acquêts -> Équilibre entre époux
 Régime légal depuis le 1 juillet 1970
 Acquêts vs propres
 art. 448 C.c.Q. : Biens que chacun des époux possède au début de
régime = acquêts ou propres
 art. 449 C.c.Q. : Acquêts de chaque époux comprennent tous les
biens non déclarés propres par la loi
 art. 450 à 458 C.c.Q. : Qualification des biens propres =
liste limitative
 art. 459 C.c.Q. : Présomption d'acquêt
 PRINCIPE : Autonomie de gestion de ses biens durant le régime (art. 461
C.c.Q.)
 Corollaire : Responsabilité des dettes (art. 464 al.1 C.c.Q.)
 Partage des biens à la dissolution
 Chaque époux à un droit d'option, indépendant de celui de son
conjoint
 Exercice du droit d'option (art. 467 C.c.Q.)
 Accepter le partage des acquêts du conjoint (50/50)
 Renoncer au partage des acquêts

o Mutabilité des régimes matrimoniaux sous contrôle judiciaire


o Abolition de la prohibition de certains contrats entre époux
o Mariage civil (1969)

Réforme du droit de la famille : Années 80'

 Régime primaire = règles d'ordre public pour tous les couples


o Protection de la résidence familiale
o Contribution aux charges du ménage
o Prestation compensatoire


 Mutabilité complète des régimes matrimoniaux (consentement mutuel, acte notarié)
 C.c.B.-C : abrogé en partie
o ! Communauté de biens : règles demeurent en vigueur pour les époux mariés sous ce
régime
 1985 : Loi sur le divorce
o Nouvelle philosophie -> divorce si échec du mariage
o Possibilité d’obtenir le divorce après 1 an de cessation de la vie commune
 Augmentation importante du nombre de divorce
o Ne repose pas sur la faute d’un des conjoints (divorce-remède)
o Si faute : pas d’impact sur le soutien alimentaire ou l’octroi de la garde (art. 15.2 (5) ,
16 (9) Loi sur le divorce)
 1989 : Projet de loi 146, Loi modifiant le C.c.Q. et d'autres dispositions législatives afin de
favoriser l'égalité économique des époux - Faits saillants :
o Patrimoine familial
 Règles impératives -> liste limitative, mais interprétation libérale (art. 415
C.c.Q.)
 Résidences de la famille (principale et secondaires) et « droits qui
en confèrent l’usage »
 Meubles qui ornent ces résidences
 Véhicules servant aux déplacements de la famille
 Régimes de retraite publics ou privés
 Sauf bien si échu par succession ou donation
 Effet durant mariage : en principe, aucun
 Effet à la dissolution :
 PRINCIPE : partage égal 50/50
 Déductions :
 Bien acquis avant mariage ;
 Bien acquis avec $ provenant de donation ou succession
 EXCEPTION : Possibilité de partage inégal
o Survie de l’obligation alimentaire si décès
 PRINCIPE : Liberté de tester
 MAIS survie de l'obligation alimentaire (art. 684 et suiv. C.c.Q.)
 Créanciers alimentaires :
 Conjoint (si : mariage ou union civile)
 Descendants 1er degré
 Ascendants 1er degré (6 mois d'aliments, max 10%)
 Ex-conjoint (divorce) (12 mois d'aliments, max 10%)
 Attribution survie obligation alimentaire au conjoint
 Max 1/2 de sa part si décès ab intestat (art. 666-674 C.c.Q.)
 Valeur de la part : actif réel et fictif de la succession
(libéralités)
 Moins : ce qu'il reçoit (Ex : si héritier testamentaire)
 MAIS ce n'est pas automatique
 Preuve des besoins et facultés
 Non révisable par la suite
o Modification à la société d’acquêts : droit de créance
o Cumul des avantages matrimoniaux et successoraux (art. 654 C.c.Q.)

Code civil du Québec : 1994

 Impact mineur
 Révocabilité des donations à cause de mort
 Caducité du legs au conjoint si divorce (art. 764 C.c.Q.)
 Modification de la dévolution successorale légale :
o 2e ordre (favorable au conjoint survivant)

Et l'union de fait ?

 1965 : Les premiers pas = QC est la 1e province à reconnaître le statut de conjoint de fait
o RRQ : Loi sur les régimes de rentes du Québec
 Veuve seulement
 7 ans de vie commune
 Années 70' : Une brise de protection
o Reconnaissance de l'union de fait dans certaines lois sociales (ex : Accident du
travail, assurance-automobile)
o 1979 : Droit au maintien dans les lieux (C.c.B.-C.)
 Propositions de l'O.R.C.C.
o Statut de créancier alimentaire
o Obligation de contributions aux charges du ménage
o Vocation successorale
o Présomption de paternité
 Législateur n'en retient AUCUNE mais :
o Réforme 1980 :
 Abolition de la prohibition de donations entre concubins (art. 768 C.c.B.-C.)
 Conséquence : validité des conventions entre conjoints de fait
 Tous les enfants sont désormais égaux (art. 522 C.c.Q.)
 Exit : enfant légitime ou enfant naturel
 Statistiques :
o 1981 : 8%
o 1991 : 19%
o 1996 : 24%
o 2001 : 30%
o 2006 : 35%
o Aujourd'hui : 39% (certaines régions beaucoup +)

Années 90'

 Loi sur les régimes de retraite


o Traitement fiscal
o Couples homosexuels : discrimination/orientation sexuelle ?
 Egan c. Canada, [1995]: NON
 P. gen Ontario c. M et H., [1999] : OUI
 1999 au Québec : Modification des lois pour reconnaître le statut de conjoints de fait aux
couples homosexuels
o 2000 au fédéral

Années 2000

 2002 : Loi 84
o 24 juin 2002 : Création de l'union civile (art. 521.1. à 521.19 C.c.Q.)
o Copier/coller du mariage
o Possibilité de dissoudre l'union par consentement mutuel (actes notariés -
déjudiciarisation)
o Définition de conjoints de fait (Loi d'interprétation, art. 61.1.)
o Reconnaissance de l'homoparenté (procréation assistée, adoption)

2002-2005 : Revendications homosexuelles

 Contestation de la définition du mariage en droit civil et en common law


o Cour supérieure (2/1)
o Cour d’appel (3) = Discrimination par l'art. 15 Charte canadienne des droits et
libertés
 Renvoi à la CSC
 28 juin 2005 : Modification de la loi fédérale
o Ouverture au mariage homosexuel
o Loi concernant certaines conditions de fond du mariage civil

Conjoints de faits : droits patrimoniaux et impact de la Charte

 art. 15 : Statut matrimonial


o = Motif analogue de discrimination
 Miron c. Trudel, [1995]
o Respect du libre choix : n'est pas discriminatoire
 P. gen. Nouvelle-Écosse c. Walsh, [2002]
 Contestation de la validité constitutionnelle du C.c.Q. : PG Québec c. A. [2013]
o 2009 : CS = C.c.Q. valide
o 2010 : CA = C.c.Q. valide
o CSC : 2013 = C.c.Q. valide
 4 juges = C.c.Q. valide
 5 juges = C.c.Q. discriminatoire
 1 juge = discriminatoire sous tous les aspects
 3 juges = discriminatoire quant à l'obligation alimentaire
 Juge en chef -> discriminatoire, mais justifié en vertu de l'art. 1 de
la Charte
o Donc, C.c.Q = valide

Mariage et patrimoine familial

 Constitutionnalité des effets du mariage


 Effets civils du mariage
o Ne porte pas atteinte au droit à l'égalité
o Ne porte pas atteinte à la liberté de religion
 Droit de la famille - 191850, [2019]

Que faire ?

 Provinces de common law


o Obligation alimentaire après 2 ou 3 ans ou enfant -> 9 provinces
o Partage des biens familiaux après 2 ou 3 ans -> 4 provinces + 1 enrg.
o Vocation successorale après 2 ou 3 ans -> 4 provinces + 1 enrg.
 Autres solutions :
o Opting out
o Si enfant : conjoints de fait assimilés aux personnes mariées
 Dissidence : D. Goubau
o Si enfant : obligation alimentaire compensatoire
o Vocation successorale (Malacket, [2018])
o Quid : délai de vie commune

2015 : Proposition de réforme du droit de la famille (Comité Roy prés.)

 Postulat : L'enfant commun est source d'interdépendance entre les conjoints mariés ou non
o Régime parental impératif
 Si enfant, tous les parents : mariés ou conjoints de fait -> distinction basée
sur si le couple a des enfants
 Prestation compensatoire parentale (nouveauté)
 Compensation des désavantages subis durant la vie
commune en raison des rôles parentaux
 Protection de la résidence familiale
 Contribution aux charges du ménage
o Régime conjugal
 Philosophie : respect de l'autonomie de la volonté


 2015-2019 : Silence du législateur
 Printemps 2019 : Consultation publique de la Ministre de la Justice (web)
 Un autre ministre de la justice plus tard...
o Lueur d'espoir
o Projet de loi 2 : Filiation...adopté en partie (Juin 2022)
 Présomption de paternité
o Élection (Octobre 2022) : Projet de loi sur la conjugalité... à venir ?

CHAPITRE 1 : LA NOTION DE CONJOINT DE FAIT


1. Les définitions
1.1. Le droit statutaire québécois

 D'abord vérifier s'il y a une définition spécifique dans la loi


o À défaut de définition spécifique dans la loi, on va chercher celle de la Loi
d'interprétation
 Critères usuels :
o Vie maritale
o Depuis un certain nombre d'années
 ! Dépend de la loi
 Durée d'environ 1 an ou 3 ans
 Souvent réduite en présence d'un enfant commun
o Commune renommée ou représentation publique
o ! Pour certaines lois, l'existence d'un mariage ou d'une union civile non dissous peut
faire obstacle à la reconnaissance d'un statut de « conjoint »
 Plusieurs définitions, pas d'uniformité

1.2. La Loi d'interprétation (art. 61.1.)

 À titre supplétif pour toutes les lois provinciales qui ne définissent pas la notion de conjoint
 « Sont assimilés à des conjoints, à moins que le contexte ne s'y oppose, les conjoints de fait.
Sont des conjoints de fait deux personnes, de sexe différent ou de même sexe, qui font vie
commune et se présentent publiquement comme un couple, sans égard, sauf disposition
contraire, à la durée de leur vie commune. Si, en l'absence de critère légal de reconnaissance
de l'union de fait, une controverse survient relativement à l'existence de la communauté de
vie, celle-ci est présumée dès lors que les personnes cohabitent depuis au moins un an (ou)
dès le moment où elles deviennent parents d'un même enfant.»
 Cette définition s'applique au mot « conjoint dans le C.c.Q. », car il n'y a pas de définition
dans le C.c.Q.
 Deux critères :
o Vie commune
 Présomption de vie commune lorsque deux personnes cohabitent depuis au
moins un an OU dès qu'elles deviennent parent d'un même enfant
o Représentation publique
 ! N'exige pas de durée minimale pour conclure à l'existence de la vie commune
o ! Par contre, une loi à laquelle la définition de la Loi d'interprétation s'applique peut
imposer une durée minimale de cohabitation ou de vie commune
o Ex : art. 555 C.c.Q.
 ! S'applique pas nécessairement dans tous les cas -> « à moins que le contexte ne s'y oppose »
o Cas d'application non équivoque
 Adoption (art. 555, 579 C.c.Q)
 Maintien dans les lieux (art. 1938 C.c.Q.)
 Reprise de possession d'un logement (art. 1958 C.c.Q.)
 Avant 2002, mot « concubin » donc le contexte ne s'y oppose
nécessairement pas
 « Le propriétaire d'une part indivise d'un immeuble ne peut
reprendre aucun logement s'y trouvant, à moins qu'il n'y ait qu'un
seul autre propriétaire et que ce dernier soit son conjoint. »
 Consentement aux soins (art. 15 C.c.Q.)
o Cas où le contexte s'y oppose :
 Effets du mariage (art. 391 à 431 C.c.Q.)
 Régimes matrimoniaux (art. 431 et ss. C.c.Q.)
 Dévolution légale en matière successorale
o Comment savoir si le contexte s'y oppose ?
 Historique
 Quel est le but de l'article ? Tenter d'évaluer s'il est exclusivement relié aux
statuts d'époux ou de conjoint uni civilement
 Est-ce qu’il y a qqch qui fait en sorte que ça serait choquant que ça
s’applique juste aux conjoints mariés, et pas aux conjoints de faits
par ex. ?
 Ex :
 art. 761 al. 1 C.c.Q. : « Le legs fait au propriétaire, à
l’administrateur ou au salarié d’un établissement de santé ou de
services sociaux qui n’est ni le conjoint ni un proche parent du
testateur, est sans effet s’il a été fait à l’époque où le testateur y était
soigné ou y recevait des services. » (voir également art. 1817
C.c.Q.) -> S'applique aux conjoints de fait
 art. 723 C.c.Q. : « Le testament notarié ne peut être reçu par un
notaire conjoint, parent ou allié du testateur, ni en ligne directe, ni
en ligne collatérale jusqu'au troisième degré inclusivement » ->
S'applique aux conjoints de fait (tout comme 759 C.c.Q.)
 But : Éviter des conflits d'intérêt
 art. 1974.1 C.c.Q. -> S'applique aux conjoints de fait

1.3. Le droit fédéral

 En principe, deux critères :


o (Deux personnes de sexe différent ou de personnes de même sexe)
o Vivre en union conjugale
o Depuis au moins un an
o ! Exceptionnellement : la présence d'un enfant commun né ou à naître permet d'être
reconnus comme conjoints de fait même si la relation conjugale dure depuis moins
d'un an
 Quasi-uniformité des critères dans les lois
o Loi sur les régimes complémentaires de retraite
 Prestation après décès, art. 85 : « Pour l'application de la présente sous-
section, le conjoint est la personne qui, au jour considéré en vertu du
deuxième alinéa:
 1°est liée par un mariage ou une union civile à un participant;
 2° vit maritalement avec un participant non marié ni uni civilement,
qu'elle soit de sexe différent ou de même sexe, depuis au moins trois
ans ou, dans les cas suivants, depuis au moins un an :
 Un enfant au moins est né ou à naître de leur union;
 Ils ont conjointement adopté au moins un enfant durant leur
période de vie maritale;
 L'un d'eux a adopté au moins un enfant de l'autre durant
cette période. (…) »
o Loi sur le régime de rentes du Québec
 art. 91 : « Se qualifie comme conjoint survivant, sous réserve de l’article
91.1 la personne qui, au jour du décès du cotisant:
 a) est mariée avec le cotisant et n'en est pas judiciairement séparée
de corps;
 a.1) est liée par une union civile au cotisant;
 b) vit maritalement avec le cotisant, qu'elle soit de sexe différent ou
de même sexe, pourvu que ce dernier soit judiciairement séparé de
corps ou non lié par un mariage ou une union civile au jour de son
décès, depuis au moins trois ans ou, dans les cas suivants, depuis au
moins un an :
 Un enfant est né ou à naître de leur union ;
 Ils ont conjointement adopté un enfant ;
 L'un d'eux a adopté un enfant de l'autre. »
 Union de fait et mariage :
 Situations où même lorsque les conjoints sont mariés, ce n'est pas
suffisant pour pouvoir bénéficier du droit -> le statut de conjoint de
fait est une condition préalable
 Loi sur le régime de rentes du Québec, art. 114 : « Lorsqu'un
cotisant décède dans l'année qui suit son mariage ou son union
civile, aucune rente de conjoint survivant n'est payable à son
conjoint à moins que la Régie ne soit convaincue que, lors du
mariage ou de l'union civile, l'état de santé du cotisant laissait
présumer qu'il continuerait à vivre pendant au moins un an ou que,
lors du mariage ou de l'union civile, il vivait maritalement avec son
conjoint depuis une période qui, ajoutée à la durée de leur mariage
ou de leur union civile, permettrait au conjoint de se qualifier en
vertu du paragraphe b du premier alinéa de l’article 91. »
o Loi concernant les droits sur les mutations immobilières
 art. 20 : « Il y a exonération du paiement du droit de mutation dans les cas
suivants:
 d) l’acte est relatif au transfert d’un immeuble en ligne directe,
ascendante ou descendante, entre conjoints ou à un cessionnaire qui
est le conjoint du fils, de la fille, du père ou de la mère du cédant ou
qui est le fils, la fille, le père ou la mère du conjoint du cédant ; (…)
 Pour l’application du paragraphe d du premier alinéa, on entend par
« conjoints », outre les époux et conjoints unis civilement, deux
personnes de sexe différent ou de même sexe qui, à la date du
transfert, vivent maritalement l’une avec l’autre et qui ont vécu
maritalement l’une avec l’autre tout au long d’une période de 12
mois se terminant avant la date du transfert ou sont les père et mère
d’un même enfant. »

2. Le concept de vie maritale

 ! Qu'est-ce que la vie commune ?


o Vie maritale
o Vie commune
o Relation conjugale
o Union conjugale
o = Même réalité : celle de deux personnes qui, sans être mariées ou unies civilement,
forment un couple aux yeux de la loi
 Règles applicables sont la plupart du temps identiques à celles qui le sont aux personnes
mariées
 Concept de vie maritale
o 3 éléments selon jurisprudence (Auger c. Comité de retraite de l'Université de
Montréal)
 Cohabitation
 Secours mutuel
 Commune renommée
o Ces critères sont toujours présents, mais avec le temps -> contexte + large
 Fin de la vie maritale : Hodge c. Canada (Ministre du Développement des ressources
humaines, [2004] :
o […] sous réserve de toute disposition contenue dans une loi, l’union de fait prend fin
[TRADUCTION] « lorsque l’une ou l’autre des parties la considère comme terminée
et affiche un comportement qui démontre, de manière convaincante, que cet état
d’esprit particulier a un caractère définitif ».

2.1. Cohabitation

 Le simple fait de la cohabitation n’est pas suffisant à lui seul pour conclure à la vie maritale
o Cohabitation n'est pas synonyme de corésidence, même s'ils sont copropriétaires
 Ex : Colocs ne sont pas nécessairement des conjoints
 Situations possibles chez des ex-conjoints ou ex-époux qui résident encore
ensemble
o Hodge c. Canada (Ministre du Développement des ressources humaines, [2004] :
 [42] : « […] la cohabitation est un élément essentiel de l’union de fait. La «
cohabitation », dans ce contexte, n’est pas synonyme de corésidence. Deux
personnes peuvent cohabiter même si elles ne vivent pas sous le même toit
et, inversement, elles peuvent ne pas cohabiter au sens où il faut l’entendre
même si elles vivent sous le même toit. Les périodes de séparation physique
comme celle que l’intimée et le défunt ont vécue en 1993 ne mettent pas fin
à l’union de fait s’il existe une intention commune de continuer. […]
 La cohabitation peut être discontinue
o Cohabitation s'apprécie en fonction des modes de vie des personnes concernées
o Ex : Lieu de travail ou d'études, raisons familiales qui expliquent pourquoi l'un des
conjoint ne réside sous le même toit
 La cohabitation peut être interrompue
o Interruption temporaire, qui peut être volontaire ou forcée
o Ex : Incarcération, hôpital, etc.
o ! Distinction entre climat de crise et rupture
 Climat de crise -> peut amener un conjoint à quitter temporairement le
domicile conjugal
 Rupture -> Départ définitif
 Il faut alors examiner l'intention des conjoints pour établir s'il s'agit d'une
interruption temporaire ou une rupture
 Retraite Québec c. T.A.Q. [2018]
 Famille récompensée
 Vie commune est compromise, c’est le chaos : Mme est très
méchante
 Selon la Cour, la rupture est survenue lors de la remise de lettre ->
distinction entre les conséquences de la rupture et la rupture en tant
que telle, même s’il ne s’est écoulé que 8 jours entre le moment de
la lettre et le suicide
 Critère = Intention
 Cohabitation et adresses distinctes : Peut-on être « conjoints » si on a des adresses distinctes ?
o Personnes vivant à deux adresses peuvent être des conjoints de fait
 Notion de vie commune doit être interprétée de façon libérale et dynamique,
en tenant compte de la la réalité sociale actuelle
 « Notion moderne » de cohabitation
o Pour conclure à la vire maritale en l'absence d'adresse commune -> on doit démontrer
que cela ne résulte pas d'un choix personnel
 Y a-t-il un projet commun de vie ? -> On doit être en mesure de motiver
pourquoi on ne vit pas sous le même toit que son conjoint
o ! Deux personnes peuvent être considérées comme un couple sans être des conjoints
de fait
 Malgré les adresses distinctes, les conjoints doivent avoir un projet de vie
commun
 Ils doivent donc régulièrement se trouver dans l'une ou l'autre des résidences
de chaque couple
 Stabilité de la relation favorisera la preuve de la vie maritale
o Comité de retraite du régime de retraite du personnel de l’Université Laval c.
Marois, [2016]
 [68] : Dans cette optique, l’évaluation de la notion de vie maritale est
éminemment contextuelle. Malgré que les trois critères fondamentaux de la
cohabitation, du soutien mutuel et de la représentation publique restent
pertinents, la décision de savoir si deux personnes vivent maritalement
devrait être basée sur un ensemble plus large de facteurs contextuels qui
incluent notamment :
 1. L’existence d’un projet commun de vie entre les parties ;
 2. L’attachement, le soutien affectif et le secours mutuel ;
 3. La mise en commun ou le partage des revenus, des actifs ou des
dépenses ;
 4. La cohabitation des parties ;
 5. Le partage d’intérêts communs, la vie sociale, les loisirs et les
sorties ;
 6. La durée, la continuité et la stabilité de la relation ;
 7. La notoriété de la vie commune.
 [69] : Même si la cohabitation constitue un indice fort de la présence d’une
relation maritale, de l’avis du Tribunal, aucun de ces facteurs n’a préséance.
Cependant, il doit exister une preuve prépondérante d’un faisceau
suffisamment important d’éléments convergents pour qu’une union puisse
être qualifiée de maritale. »
 Notion de cohabitation n’est pas rigide, équivaut pas nécessairement
résidence commune
 Même si les 3 facteurs sont pertinents, interprétation -> contexte +
large
 Ici, Mme travaillait à l'hôpital = raison objective au choix d'avoir conservé
son condo qui était tout près de l'hôpital, même s'il était dans la même ville
que M.
 Pour M., c'est logique de rester dans sa maison, car il avait la garde de sa
fille 1 semaine sur 2
o I.F. c. Retraite Québec, [2016]
 Se rencontrent comme voisins
 Font toutes leurs activités ensemble
 Tous deux avaient des raisons valables de conserver leur résidence
o Succession de Bellemore, [2012]
o Droit de la famille-142166, [2014] = Pas de projet commun
 ! Ne sont pas des conjoints de fait
 La Cour fait la distinction entre conjoints de fait et un couple
 Les ex-conjoints de fait peuvent continuer à cohabiter sans faire vie commune
o Même si la cohabitation crée une « présomption de fait sur la pérennité de la vie
maritale », deux ex-conjoints peuvent continuer à vivre sous le même toit malgré une
rupture
o Ex : Conjoints de fait qui se sont séparés mais qui vivent encore ensemble
o Fouquette c. Doyon, [2017]
 Décident de rester dans la même maison après leur séparation jusqu’à temps
qu’ils vendent
 Fouquette avait véritablement l’intention de rupture
 Ce n'est pas parce qu’elles ont continué de vivre ensemble qu'elles sont
restées des conjoints

2.2. Secours mutuel

 S'exprime de plusieurs façons :


o Aide financière ou matérielle
o Aide physique
 Ex : Poser des gestes = tâches ménagères
o Support moral
 Secours mutuel s'explique par la présence d'un lien affectif qui dépasse le simple lien d'amitié
 Secours est normalement mutuel, mais il peut arriver qu'il ne soit pas réciproque : s'apprécie
en fonction de la capacité et des facultés des conjoints
o Ex : État de santé d'un des conjoint peut l'empêcher d'apporter le secours souhaité
 ! À distinguer de l'entraide :
o Ex : Deux personnes en situation d'handicap qui vivent ensemble pour pallier leur
handicap respectif -> ce n'est pas du secours mutuel
 « Entente de service » entre les deux personnes, qui n'est pas de l'ordre de la
vie maritale
o Comment ont fait la distinction avec le secours mutuel ? Absence de projet commun
de vie, de « vie amoureuse »
 Connotation amoureuse/affective sous-jacente
 Pas nécessairement élément super étanche
o Secours mutuel s'explique par la présence d'un lien affectif qui dépasse le simple lien
d'amitié

2.3. Commune renommée (ou représentation publique)

 Avant, souvent utilisé pour contrer une relation qui était occulte
o Ex : Couple homosexuel qui cachait leur relation
 Perception des tiers : est-ce que les témoignages des gens de l'extérieur viennent confirmer
qu'il s'agit de conjoints ?
o Donc, relation ne peut pas être complètement occulte
 Souvent qualifié d'élément « accessoire »
o Pour venir confirmer l'ensemble de l'oeuvre
o ! Sauf si la loi l'exige
o Susceptible de devenir de plus en plus important -> interprétation large et libérale
donnée au concept de cohabitation
 Si on peut désormais considérer que deux personnes cohabitent même si
elles ne résident pas en tout temps ensemble -> commune renommée prend
toute son importance
 ! Distinction avec la représentation publique :
o Critère qui requiert une preuve qui va au-delà de la perception de l'entourage
immédiat
o Se matérialise souvent par diverses déclarations faites à différents organismes
 Ex : Rapport d'impôts, bénéficiaire d'assurance-vie, legs au conjoint, etc.
o S'évalue en fonction de l'ensemble de la preuve, et non d'un seul fait
 Ex : Fait de déclarer vivre seul -> pas automatiquement un manquement à la
représentation publique

CHAPITRE 2 : L'ENCADREMENT JURIDIQUE DE L'UNION DE FAIT


1. La convention d'union de fait

 ! Ne s'appliquent pas aux conjoints de faits (dans le C.c.Q.):


o Chapitre des effets du mariage (résidence familiale, patrimoine familial, prestation
compensatoire)
o Chapitre des régimes matrimoniaux (régime supplétif, société d'acquêts)
o Règles de l'obligation alimentaire

1.1. Forme

 La convention d’union de fait est un contrat licite qui crée des obligations civiles susceptibles
d’exécution devant les tribunaux
o Convention de vie commune afin de régir certains aspects de l'union des deux
conjoints
 Comme tout contrat, il peut être annulé si le consentement a été vicié
 Pas contraire à l'ordre publique
 Aucune forme requise, peut être notariée ou sous seing privé
o EXCEPTION : si contient une donation entre vifs -> nécessite un acte notarié (art.
1824 C.c.Q.)
o ! Conjoints de fait ne peuvent pas faire une donation à cause de mort -> seulement
dans un contrat de mariage (art. 1819 C.c.Q.)
 Pour s'avantage au décès, ils doivent absolument faire un testament

1.2. Contenu = variable

 Conventions qui portent principalement sur les modalités patrimoniales qui vont régir l'union
et la rupture
 ! Conjoints de fait ne sont pas assujettis à AUCUNE règle d'ordre public
 Contenu variable qui varie selon les désirs des conjoints :
o Partager des biens à la rupture
 Importer les règles du patrimoine familial
 ! Les règles du patrimoine familial ne sont pas d'ordre public pour
eux
 Peuvent conventionnellement s'assujettir, en tout ou en partie, aux
règles du patrimoine familial
 Donc, peuvent décider de n'inclure que certains biens et
non tous ceux de l'art. 415 C.c.Q.
 Au cours de l'union, peuvent modifier la composition du patrimoine
familial et revoir modalités du partage
 Houle c. Forand, [2009] : Modification peut être tacite
dans la mesure où elle est possible à prouver
 Couture c. Gagnon, [2001]
 Validité d'une convention d'union de fait qui intègre les
règles du patrimoine familial -> ouverture au partage du
patrimoine familial à la rupture
 Ce qui est d'ordre public, c'est l'assujettissement des époux
aux règles du patrimoine familial = n'empêchent pas les
conjoints de fait de convenir d'être assujettis à ces règles
 Patrimoine familial confère aux époux un droit de créance -> même
chose lorsque les conjoints de faits s'assujettissent aux mêmes règles
 Patrimoine familial est un droit transmissible au décès de l'un des
époux -> même chose pour le conjoint de fait
 Nature du droit n'est pas modifiée parce que sa source est
conventionnelle et non légale
 Si les conjoints souhaitent que ce partage ne bénéficie qu'au
conjoint survivant -> ils doivent se léguer par testament
leurs droits dans le patrimoine familial
 Importer les règles du régime matrimonial/créer un régime d'union de fait
 Bouffard c. Pilon, [2012] : Conjoints de faits s'assujettissent par
contrat au régime légal de la société d'acquêts
 Peuvent modifier la portée des règles, au moment de la signature ou
ultérieurement, à leur convenance
o Pension « alimentaire »
 Contrat peut prévoir une indemnité de rupture, qui prend la forme d'une
pension « alimentaire »
 ! N'existe aucune obligation alimentaire entre les conjoints de fait
 MAIS rapport intime fait naître une obligation naturelle
 Même si on ne peut en forcer l'exécution, obligation naturelle peut
se transformer en obligation juridique si le débiteur s'exécute de lui-
même
 Ex : Si l'un des conjoints verse une somme à l'autre à la rupture,
sans être obligé de le faire en vertu d'un contrat, il ne pourra pas
exiger le remboursement
 Si intégrée au contrat, l'obligation naturelle peut devenir une obligation
civile
 Ponton c. Dubé, [2005] : Nature contractuelle de l'obligation = les règles
relatives à l'obligation alimentaire ne s'appliquent pas d'office à titre de droit
supplétif à moins de les intégrer ou d'y référer
o Autre indemnité de rupture
 Indemnité de rupture peut prendre une autre forme qu'une pension «
alimentaire »
 Ruiz c. Benito, [1998] : Droit d'option pour se porter acquéreur d'un bien
détenu en indivision par les conjoints
o Partage du régime de retraite et autres rentes

1.3. Effets
1.3.1. Rupture
 Normalement, la convention d'union de fait prend fin à la rupture -> elle n'a plus de raison
d'être
o Convention produit tous ses effets en ce qui a trait aux modalités prévues pour le
partage des biens et des dettes
 Caducité de certains aspects de la convention
o Ex : Choix de la résidence commune, partage des dépenses pendant l'union
o ! Attention : si, au moyen d'une convention d'union de fait ou d'un autre écrit, un
conjoint accorde à l'autre un droit réel -> situations régies par règles du droit de la
propriété et/ou contrats nommés
 Ex :
 Transfert d'un droit de propriété
 Quote-part d'un de ses biens par vente/donation
 Démembrement d'un droit de la propriété (droit d'usage)
 À moins d'un terme extinctif (qui pourrait être la cessation de la vie
commune), le droit ne s'éteint qu'au décès de l'usager
 Donc, à moins de l'avoir expressément prévu, le droit ne s'éteint pas
à la rupture des conjoints
 Convention d'union de fait peut créer des droits à la rupture
o Ex : Partage d'un patrimoine familial conventionnel
o Ces droits sont des droits personnels = prescription de 3 ans à partir de la cessation
de la vie commune (art. 2925 C.c.Q)
 ! Suspension de la prescription : l'art. 2906 C.c.Q. ne s'applique pas aux
conjoints de faits
 Réfère expressément et uniquement aux époux et aux conjoints unis
civilement -> n'utilise pas le terme conjoint = contexte qui s'y
oppose
 La prescription court durant l'union de fait
 Bédard c. Pinard, [2016]
 Bialosh c. Vaillancourt, [2016]
 Néron c. Parent, [2016]
 Contra : Thibodeau c. Roy, [2015]
 Ex : Conjoint peut prêter une somme d'argent à un autre (prêt à
terme ou à demande)
 Pour interrompre la prescription avant le délai de 3 ans (art.
2925 C.c.Q.), ils doivent obtenir une reconnaissance de
dettes s'ils ne souhaitent pas percevoir les sommes dues
pendant la vie commune
 Si prescription pas interrompue, le débiteur ne sera pas tenu
responsable de la dette
 Obligation se transforme en obligation naturelle,
pas susceptible d'exécution forcée
 L.M. c. R.D., [2016]
 Possibilité de faire une « entente de séparation »
o Ne peut contrevenir à l'ordre public
o Aucune forme prescrite
 Notariée si une donation y est prévue
o Peut porter sur la garde des enfants, certaines modalités de la contribution
alimentaire pour les enfants, le partage des biens et les dettes

1.3.2. Décès

 Convention d'union de fait produit encore ses effets juridiques au décès


 Convention d'union de fait qui intègre les règles du patrimoine familial (qui donne ouverture
au partage à la rupture) -> est-elle également valide si l'union cesse à la suite du décès d'un
des conjoints ? NON
o Tant que la convention d'union de fait continue à produire ses effets -> patrimoine
familial ne s'ouvre pas, donc le conjoint n'a pas encore son droit de créance
o Pour profiter de son droit de créance à la mort du conjoint, il faut mettre un terme à
la convention d'union de fait -> cessation de vie commune
 La « pension alimentaire conventionnelle » établie par contrat s'éteint-elle au décès du
créancier ou du débiteur ?
o Si mort du créancier -> s'éteint
 Caractère intuitu personae pour le créancier : transformation d'une
obligation naturelle en obligation civile en raison d'un lien intime
o Si mort du débiteur -> se transmet aux héritiers
 Obligation devient une dette civile pour le débiteur

1.3.3. Mariage subséquent

 Conjoints de fait qui signent une convention d'union de fait se marient par la suite -> quels
sont les effets de la convention suite au mariage ?
 Convention sera privée d'effet si elle contrevient à des règles d'ordre public qui régissent le
mariage
o Ex : Convention d'union de fait qui intègre que partiellement les règles du patrimoine
familial -> clauses n'ont plus d'effet à la suite du mariage, car les époux ne peuvent
déroger aux règles du patrimoine familial
 Clauses de la convention de fait ne sont pas toujours incompatibles avec les règles du mariage
o Succesion de Lowenger, [2009] :
 Faits :
 Convention d'union de fait = M. crée en faveur à Mme un droit
d'usage à l'égard de son condo
 Préambule du contrat explique que les parties veulent vivre
ensemble, mais qu'elles ne souhaitaient pas se marier et que
les règles du patrimoine familial, de la prestation
compensatoire et de l'obligation alimentaire ne s'appliquent
pas à elles
 Mariage
 Décès de M. = leg de ses biens à ses enfants
 Question : Est-ce que le droit d'usage de Mme sur le condo subsiste à la suite
du mariage ? Peut-elle opposer ce droit aux héritiers de son mari ?
 Décision : Cour d'appel renverse la décision de la CS -> pas de droit d'usage
 Préambule = âme du contrat
 Union de fait a cessé par le mariage des conjoints -> préambule est
nul, ce qui entraîne la nullité de toute la convention de l'union de
fait (art. 1458 C.c.Q.)
 Critique de la doctrine : confusion entre nullité et caducité

2. Le testament
2.1. Absence de vocation successorale

 Conjoint de fait peut se qualifier comme conjoint survivant s'il remplit les conditions requis
par les diverses lois
o Ex : Rente, indemnité de décès
 Si le conjoint de fait ne se qualifie pas comme conjoint survivant -> conjoint de fait n'est pas
un héritier légal, mais possibilité de léguer ses biens en tout ou en partie à son conjoint par
testament (art. 704 C.c.Q.)

2.2. Legs au conjoint à la rupture

 C.c.Q. ne prévoit pas que le legs fait à un conjoint de fait est révoqué par la rupture (art. 764
C.c.Q. ne s'applique pas aux conjoints de fait -> « à moins que le contexte ne s'y oppose »)
 Analyse de l'intention du testateur au moment de la rédaction peut démontrer que la cessation
de la vie commune a entraîné la caducité du legs fait à l'ex-conjoint de fait
o La question à se poser au moment de la rupture : Le legs est-il fait en sa qualité de
conjoint ?
 Si OUI = Le legs est caduc
 Succession de Filion c. Bazinet, [2011] :
 « Je lègue à titre particulier ma résidence de tous les biens
meubles et immeubles que je délaisserai à mon décès (...) à
ma conjointe, Francine Bazinet (...) »
 Brisebois c. Lunghi, [2016] :
 « Je lègue le résidu de l'universalité de tous les biens
meubles et immeubles que je délaisserai à mon décès (...) à
mon amie, Ginette Lunghi (...) »
 Si NON = Le legs est valide
 Legs à la personne, et non en sa qualité de conjoint
 Démontre l'intention de maintenir le legs pour cette personne
spécifique malgré la cessation de vie commune
 Demers c. Boily
 Goulet c. Héritiers de Guay, [2021]
o ! Attention : art. 764 C.c.Q. va tout de même s'appliquer si le couple était en union de
fait mais se marient par la suite

2.3. Condition du viduité

 Qu'est-ce qu'une clause de viduité ?


o Clause qui énonce que le legs est conditionnel à ce que le légataire ne fasse pas vie
commune avec une autre personne au décès du testataire
 art. 757 C.c.Q.
o al. 1 : Condition impossible ou contraire à l'ordre public -> réputée non écrite
o al. 2 : Condamne la clause de viduité
 Ne s'applique pas aux conjoints de fait !
 MAIS clause de viduité brime la liberté du légataire : Charte des droits et libertés de la
personne
o art. 5 : Respect de la vie privée
o art. 6 : Jouissance et paisible et libre disposition de ses biens
o art. 10 : Droit à l'égalité et à la non-discrimination
 Parmi les motifs de discrimination : État civil
 La Charte ne se prononce par sur le droit au mariage, mais celui-ci est
indirectement protégé par l'état civil (qui inclut aussi l'union de fait)
o art. 13 : Acte juridique ne peut comporter de clause discriminatoire = sans effet
 Ex : Lamothe c. Laroche, [2018]
o « Je lègue le résidu de tous mes biens meubles et immeubles absolument quelconque
que je délaisserai à mon décès à mon frère Martin Laroche, que j’institue mon
légataire universel résiduaire […] ; À CHARGE par lui cependant de verser à ma
conjointe Laurette Lamothe une rente annuelle minimum de vingt mille dollars
($20,000.00), et ce, sa vie durant ou jusqu’à ce qu’elle fasse vie commune avec un
autre homme […] »
o Selon le Tribunal :
 Discrimination fondée sur l’« état civil » au sens de l’art. 10 de la Charte ;
et/ou
 Atteinte à la vie privée (art. 5 Charte)

3. La fin de l'union en l'absence de convention

 Le législateur québécois a choisi de n'imposer aucun cadre juridique applicable en cas de


rupture des conjoints
o À moins d'avoir fait un contrat en ce sens, la fin de l'union de fait n'entraîne aucun
partage de biens entre les conjoints
o Règles du patrimoine familial ou de la société d'acquêts ne s'appliquent pas
 MAIS possibilité d'invoquer le droit commun :
o Société de personnes
o Enrichissement injustifié

3.1. La société tacite

 Beaudoin-Daigneault c. Richard, [1984] : il peut exister une société tacite entre des conjoints
de fait
 Société en participation (art. 2250 al. 1 C.c.Q.)
o But : Partage des biens (50/50) (art. 2202 C.c.Q.)
 Participation des associés n'ayant pas été déterminée dans un contrat, la part
dans l'actif, dans les bénéfices et dans les pertes est répartie également entre
eux
 Il faut être en mesure de prouver l'existence d'une société tacite
o Simple fait de faire vie commune n'est pas suffisant !
 Éléments essentiels de la société (art. 2186 C.c.Q.)
o Apport
 Peut être fourni en biens, en argent, en services (travail) ou en connaissances
 Ne peut pas être simplement la contribution à la vie commune
 Ex : Fournir des meubles, assurer le train de la maison
o Partage des bénéfices (et des pertes)
 Partage est établi lorsque les profits sont affectés à la subsistance du couple
 Indirectement, conjoints participent également aux pertes ->
affectent le niveau de vie du ménage
o Affectio societatis
 Intention pour les conjoints de fait de participer à une société, de s'associer
 Nécessite une collaboration active et consciente, sur un pied d'égalité
 ! Difficile à prouver : une relation affective vise peu souvent la réalisation
d'un profit économique
 Lien entre la valeur de l'apport et la preuve de l'affectio societatis
 Apport n'a pas à être égal, mais il ne doit pas être disproportionné

3.2. L'enrichissement injustifié (art. 1493 à 1496 C.c.Q.)


 Mécanisme juridique qui peut permettre à un ex-conjoint de fait d'être compensé pour sa
contribution à l'augmentation du patrimoine de son ex-conjoint lors de la cessation de la vie
commune
 Seul fait de vivre en union de fait ne donne pas droit automatiquement à l'octroi d'une
indemnité
 Mécanisme ne compense que le moindre de l'enrichissement ou de l'appauvrissement
 ! Chaque cas est un cas d'espèce et il doit être analyse à la lumière des faits particuliers de
chaque affaire

3.2.1. Conditions (art. 1493 C.c.Q.)

 Enrichissement
o Peut être négatif
 Ex : Faire éviter une dépense à l'autre conjoint, diminuer l'impôt de son
entreprise
 Appauvrissement
o Peut être négatif
 Ex : Manque à gagner -> Investissement plus que significatif à la vie
familiale
 Corrélation entre les deux
o N'a pas à être mathématique -> approche souple « libérale et globale »
o Tous les apports des conjoints pendant la vie commune doivent être pris en compte
 Absence de justification
o Il y a justification à l'enrichissement si :
 Intention libérale (volonté de procurer un avantage à autrui sans exiger de sa
part une contrepartie) ?
 L'appauvri agit dans son intérêt personnel ou exclusif ou s'il agit à ses
risques et périls (art. 1494 C.c.Q.)
 Mac Rae c. Hammond, [2014]
 « Intérêt personnel et exclusif » : Généralement, les
agissements de l'appauvri favorisent également le conjoint
ou la famille
 « À ses risques et périls » : Pour agir à ses risques et
périls : l'appauvri a commis une faute, a été négligeant ou a
agi avec témérité
 (S'apprécie différemment dans un contexte
conjugal)
 Absence d'autre recours

3.2.2. Présomptions

 Peter c. Beblow, [1993] : Lorsque que l'union de fait est de longue durée, la CSC a établi 2
présomptions :
o Présomption de corrélation entre l'enrichissement et l'appauvrissement
 « [...] La demanderesse a été privée de toute indemnisation pour son travail
puisqu'elle a consacré la majeure partie de son temps et de son énergie, ainsi
qu'une partie de l'argent qu'elle a gagné, au bénéfice de l'intimé, de ses
enfants et de ses biens.
 Cette constatation semble suffisante en soi pour justifier la conclusion que
l'appelante a subi un appauvrissement correspondant à l'enrichissement de
l'intimé.
 En fait, j'aurais cru qu'un enrichissement donnerait presque invariablement
lieu à un appauvrissement correspondant de la personne qui a contribué à
l'enrichissement. La proposition que l'enrichissement d'un conjoint
entraînera presque automatiquement un appauvrissement correspondant de
l'autre a de nombreux appuis. Dans l'arrêt Sorochan, précité, le juge en chef
Dickson a affirmé que l'enrichissement et l'appauvrissement sont
essentiellement comme les deux côtés d'une pièce de monnaie. »
o Présomption d'absence de motif/justification à l'enrichissement
 L'amour que se vouent deux personnes ou l'union de fait ne constituent pas
une justification de l'enrichissement
 « Selon l'intimé, puisque l'appelante l'aimait, elle n'a pas pu s'attendre à
recevoir une rémunération ou un intérêt sur le bien-fonds en échange de sa
contribution au foyer et à la famille. Toutefois, dans la société d'aujourd'hui,
on ne peut raisonnablement supposer que l'amour implique nécessairement
qu'une partie fera don de ses services à l'autre. Il est également raisonnable
de soutenir que la partie qui s'acquitte des travaux domestiques nécessaires à
l'établissement d'un foyer s'attend à partager les biens des parties au moment
de la rupture de la relation. On ne s'attend plus que les femmes travaillent
exclusivement au foyer. Il faut reconnaître que lorsqu'elles le font, les
femmes renoncent à un emploi extérieur pour fournir des services
domestiques et s'occuper des enfants. Accorder au pourvoyeur des services
domestiques un redressement, sous forme d'indemnité ou d'intérêt de
propriété, devrait permettre de reconnaître que la capacité d'une partie de
gagner sa vie et d'acquérir des biens s'est trouvée améliorée en raison des
services domestiques non rémunérés fournis par l'autre. »
 B.(M.) c. L.(l.), [2003] : Même si Peter c. Beblow, [1993] est une affaire de common law, la
Cour d'appel est d'avis que ces deux présomptions s'appliquent en droit québécois
o [37] : « Je suis d'accord avec l'intimée lorsqu'elle énonce que deux présomptions
peuvent découler d'une union de fait de longue durée, à savoir corrélation entre
enrichissement et appauvrissement et absence de motifs à l'enrichissement. Plusieurs
jugements de la Cour supérieure ont d'ailleurs retenu cette approche, qui tient plus de
la preuve des critères de l'art. 1493 C.c.Q. que du droit substantif, s'inspirant de l'arrêt
de la Cour suprême dans Peter c. Beblow, [1993] 1 R.C.S. 980 . J'ajoute quant à
l'absence de justification à l'enrichissement que notre Cour dans Droit de la famille -
359, [1990] R.J.Q. 983 (C.A.) a énoncé que l'amour ne constitue pas une justification
pour une situation qui se caractérise objectivement d'exploitation. »
o [38] : « Ceci dit, je ne peux adopter une approche aussi libérale que celle préconisée
par l'intimée, à savoir que l'enrichissement correspond à l'augmentation de la valeur
du patrimoine de l'appelant entre le début de la vie commune et la fin de celle-ci. En
effet, cela reviendrait à créer une sorte de société d'acquêts pour les unions quasi
matrimoniales, rôle qui ne revient pas aux tribunaux, mais au législateur. »
o [39] : « Par conséquent, je suis d'avis que l'objectif d'une action en enrichissement
injustifié ne doit pas tendre à un rééquilibrage des actifs ou à un partage des
patrimoines de chacun accumulés pendant la vie commune, mais uniquement à
compenser une partie pour un apport, en biens ou en services, qui a permis à l'autre
de se trouver en une position supérieure à celle qui aurait été la sienne n'eût été de la
vie commune, bref de l'enrichir. »
 Présomptions simples (donc peuvent être renversées)
o MAIS fardeau requis pour repousser la présomption de corrélation est très lourd
o Il faut démontrer que l'appauvrissement du conjoint demander n'a aucune rapport
avec son propre enrichissement
 C.L. c. J. Le., [2010] : Approche analogue à celle développée en matière de prestation
compensatoire
o [12] : « Le/la juge saisi(e) d'une demande d'indemnité pour enrichissement injustifié
par le/la conjoint(e) de fait doit se livrer à une analyse libérale et globale de la
situation des parties, prenant en compte tous les apports des conjoints durant la vie
commune. Il ne s'agit pas d'un exercice de juricomptabilité comme a tenté de le faire
l'intimé en première instance. »
o [13] : « Au contraire, il faut adopter dans l'analyse des éléments factuels et juridiques
une souplesse particulière qui sied à la nature des rapports entre des conjoints
(Lacroix c. Valois, [1990] 2 R.C.S. 1259, p. 1279). »
o Application : Labrecque c. Carrier, [2014]

3.2.3. Évaluation de l'indemnité

 Peter c. Beblow, [1993] : Deux méthodes pour compenser un enrichissement injustifié


o Valeur reçue
 Valeur fournie
 = Montant que l’on aurait dû dépenser pour recevoir le service
o Valeur accumulée
 Valorisation du bien
 = Permet d’obtenir une proportion de la richesse accumulée durant l’union
 Réception des deux méthodes en droit civil québécois
o ! Barrette c. Falardeau, [2010] : Mise en garde de la Cour d’appel -> méthode de la
« valeur accumulée » ne devrait pas être utilisée car il s'agit de l'emprunt d'une
méthode propre au concept de fiducie par interprétation qui n'est pas reconnue en
droit civil québécois
 Selon Lluelles et Moore (p.769) : Elle « est étrangère à l’esprit de
l’enrichissement injustifié du droit civil ; en effet, bien qu’elle puisse
adéquatement établir l’enrichissement reçu, la valeur accumulée ne permet
pas de quantifier l’appauvrissement subi »
 Contrairement à la règle applicable en matière de prestation compensatoire, la reconnaissance
d'un enrichissement injustifié donne droit à une indemnité monétaire et non au transfert de la
propriété d'un bien

3.2.3.1. Le cas de la coentreprise

 Concept développé par la Cour suprême en common Law : Kerr c. Baranow, [2011]
o Éléments à considérer :
 Effort commun
 Intégration économique
 Intention réelle
 Priorité accordée à la famille
o ! Il ne s'agit pas de conditions
 Existence d'une coentreprise ne se présume pas
 Kerr c. Baranow, [2011] : Selon la CSC, il faut recourir à la méthode de la « valeur
accumulée » lorsque la preuve démontre l'existence d'une coentreprise familiale
 Réception en droit québécois :
o Grégoire c. St-Arnaud, [2012] :
 [60] : « Il est facile de dégager au moins une autre catégorie
d’enrichissement injustifié, soit celle où les contributions des deux parties
ont, au fil du temps, entraîné une accumulation de la richesse. Il y a un
enrichissement injustifié quand une partie conserve, après la rupture, une
part disproportionnée des biens obtenus grâce à l’effort conjoint des deux
parties. Le lien requis entre les contributions et un bien en particulier
n’existe peut-être pas, (…) Or, il peut y avoir un lien incontestable entre les
efforts conjoints des parties et l’accumulation de richesse; en d’autres
termes, un lien entre la « valeur reçue » et la « valeur accumulée » (…)
Ainsi, si une relation peut être décrite comme étant une « coentreprise
familiale » et les efforts conjoints des parties sont liés à l’accumulation de la
richesse, on peut considérer qu’il y a enrichissement injustifié lorsqu’une
partie quitte avec une part disproportionnée des avoirs acquis conjointement.
»
o Droit de la famille - 132495, [2013] :
 Même si la fiducie par interprétation n'est pas un concept de droit civil,
méthode de la « valeur accumulée » peut trouver application et doit être
retenue en présence d'une coentreprise
 [60] : « Je suis entièrement d'accord avec mes collègues pour dire que le
concept de fiducie par interprétation propre à la common law est étranger au
droit civil et ne peut être appliqué aux conjoints de fait du Québec. Il en va
autrement toutefois avec la méthode de la valeur accumulée lorsqu'elle est
utilisée, non pas pour attribuer un droit dans un bien en particulier, mais
pour établir la contribution proportionnelle du conjoint demandeur à la
richesse globale accumulée grâce aux efforts conjugués des deux conjoints.
Il n'y a rien d'incompatible dans ce genre de situation avec les principes de
l'enrichissement injustifié en droit civil qui exigent une « simple corrélation
entre l'appauvrissement et l'enrichissement », « affranchie de calculs faits au
dollar près » et de « la tenue de comptes précis et mesquins ». Au contraire,
l'arrêt Kerr c. Baranow s'inscrit parfaitement bien dans la lignée des arrêts
Lacroix c. Valois et Peter c. Beblow. Il vient préciser que, pour les cas clairs
d'enrichissement injustifié, c'est-à-dire lorsqu'une partie conserve une part
disproportionnée des biens provenant d'une coentreprise familiale, et qu'une
réparation pécuniaire doit être accordée, il faut calculer cette réparation en
fonction de la part de ces biens qui est proportionnelle aux contributions du
conjoint demandeur. Ceci est en tout point conforme aux prescriptions de
l’art. 1493 C.c.Q., dont celle de l'exigence d'une simple corrélation entre
l'appauvrissement et l'enrichissement. »
o Droit de la famille - 201878, [2020] :
 Équité est une valeur fondamentale du droit civil et peut être considérée
comme étant la source du recours en enrichissement injustifié ->
enseignement de la CSC ne sont pas en contradiction avec les principes de
droit cvil
 Juge Sansfaçon
 [88] : « [...] Lorsque la preuve démontre que les conjoints de fait ont
formé une relation qui se qualifie de coentreprise familiale, la
détermination de la valeur de l’appauvrissement se fera de façon à
refléter, et à respecter, cette réalité. Il m’apparaît alors équitable que
l’indemnité qui servira à compenser l’appauvrissement s’arrime à la
valeur de la richesse en proportion de la contribution fournie par
l’appauvrie qui l’a permise. Établir la valeur de l’appauvrissement
en fonction d’un taux horaire ou d’une autre méthode similaire
appliqué aux services rendus par le conjoint appauvri qui a participé
à l’accumulation de la richesse de l’autre ne permettrait pas de
révéler la véritable nature de son appauvrissement, lequel est
difficilement quantifiable. Accorder une valeur horaire au travail
domestique du conjoint appauvri équivaudrait dans ces cas
précisément à ignorer leur réalité.
 [91] : « C’est la constatation de cette réalité qui existe chez certains
conjoints de fait qui permet de reconnaître que, dans leur cas
particulier, l’appauvrissement consistera en la « rétention injuste
d’une part disproportionnée des biens accumulés » pendant leur
union. »
 [101] : « Ceci étant dit, je ne vois rien qui empêche de faire appel à
la méthode de la valeur accumulée en droit civil québécois lors de la
fin d’une union de fait lorsqu’il est démontré que les conjoints, au
cours de leur vie commune, ont mis en place une coentreprise
familiale. J’ai exposé plus haut les motifs qui justifient l’emploi de
la méthode de la valeur accumulée. À leur lecture, il m’apparaît
qu’au contraire de ce que propose l’appelant, l’appauvrissement de
l’art. 1493 C.c.Q., constaté dans le cadre d’une union de fait qui se
qualifie de coentreprise familiale, peut très bien être défini comme
étant le pendant de l’enrichissement qui découle des services donnés
par l’appauvri au conjoint enrichi. En d’autres mots, en présence
d’une telle réalité établie par les parties à une telle union et alors
que le conjoint s’est appauvri, par exemple en effectuant seul ou en
majeure partie pendant une durée significative les travaux
domestiques et en assumant seul ou en majeure partie les charges
physiques et mentales associées à la responsabilité d’élever des
enfants et à leur éducation, de sorte à permettre à l’autre conjoint de
faire fructifier les aspects financiers de leur union, la valeur
attribuée à cet appauvrissement peut très bien équivaloir à la valeur
de l’enrichissement à laquelle la contribution correspond. La règle
de la moindre des deux valeurs est alors respectée, puisque l’une est
égale à l’autre. […] »
 Juge Savard
 [163] : « Il faut reconnaître que la méthode de la valeur accumulée
et la notion de la « coentreprise familiale » émanant de ces
décisions de common law s’inscrivent « en marge d’une lecture
rigoureusement civiliste » de l’article 1493 C.c.Q. Toutefois, tout
comme mon collègue, j’estime qu’elles s’inscrivent dans l’objectif
de cette voie d’action et respectent l’évolution sociétale entourant le
partage et la valeur des responsabilités relatives à l’entretien et
l’éducation des enfants, ainsi qu’aux travaux domestiques. »
 [164] : « L’appauvrissement a longtemps été compris comme
consistant en « une perte de revenus pour le conjoint qui a sacrifié,
en tout ou en partie, sa carrière afin de s’occuper de la cellule
familiale ». Son corrélatif, l’enrichissement injustifié, résidait alors
du fait, pour l’autre conjoint, de ne pas avoir eu à rémunérer des
personnes pour l’obtention de tels services domestiques alors qu’il
consacrait tout son temps à sa carrière. Dans une telle perspective,
on peut comprendre que l’indemnité corrélative de l’article 1493
C.c.Q. se quantifie alors sur la base du quantum meruit. »
 [165] : « Toutefois, lorsque le contexte permet de conclure que les
parties ont décidé d’investir dans un projet commun, qualifié de «
coentreprise familiale », et démontre une « intention de partager la
richesse qu’elles ont créée ensemble », l’appauvrissement et
l’enrichissement prennent une forme différente. L’appauvrissement,
qui demeure le corrélatif à l’enrichissement injustifié, repose alors
sur la part qui devrait revenir au conjoint appauvri au terme de ce
projet commun, cette « coentreprise familiale », selon les attentes
raisonnables des parties, et cela même si sa contribution prend la
forme de travaux domestiques ou du temps consacré à l’éducation et
aux soins des enfants, etc. »
 [166] : « Il ne s’agit donc pas de partager, « à l’instar d’un régime
matrimonial [renvoi omis], l’actif d’un couple », mais de respecter
la volonté des conjoints de fait, qui sont libres d’établir leurs
propres règles quant au partage de leurs biens patrimoniaux
lorsqu’ils ont opté pour la mise en place au sein de leur couple
d’une « coentreprise familiale », laquelle, je le rappelle, peut
prendre la forme qu’ils désirent lui donner. Je note d’ailleurs qu’ici,
la coentreprise reconnue par le juge de première instance se limite
aux bénéfices résultant de « l’effort conjoint » des parties pour
mener à bien la compagnie E et ne s’étend pas à l’ensemble des
actifs des parties accumulés durant la vie commune. »
 Demande pour appel en CSC : rejetée
o Indemnité se calcule en fonction de la proportion de la contribution à l'accumulation
de la richesse du couple, de laquelle on déduira la valeur des avantages reçus par
l'appauvri durant l'union
 art. 1495 al. 2 C.c.Q. : Enrichissement et appauvrissement s'apprécient au
jour de la demande
 ! À moins de preuve du contraire, l'apport de l'appauvri à l'enrichissement
cesse à la séparation du couple
 Donc, indemnité ne doit pas tenir compte de l'augmentation de
certains actifs de l'enrichi après cette date
o Débigaré c. Boudreau, [2019] : Affaire où il n'était pas question de coentreprise ->
approche beaucoup plus civiliste
 Méthode de la valeur reçue pour indemniser l'appauvri
 [23] : « Comme la Cour suprême l’enseigne dans Québec (Procureur
général) c. A, l’union de fait échappe au cadre législatif propre au mariage et
à l’union civile, ce qui autorise les conjoints de fait à modeler leurs affaires
comme ils l’entendent dans le respect de l’ordre public. Lors de la rupture de
leur union, les conjoints s’estimant lésés disposent du recours fondé sur
l’enrichissement injustifié, lequel doit recevoir une interprétation prudente,
généreuse, mais fidèle aux conditions établies dans Cie Immobilière Viger c.
L. Giguère Inc. Cela signifie que cette doctrine doit uniquement servir à
dédommager un conjoint pour l’apport en biens ou en services qui a permis à
l’autre conjoint de s’enrichir; dans le cas d’une relation de longue durée, le
conjoint de fait bénéficie de présomptions simples suivant lesquelles il y a
corrélation entre l’enrichissement d’un conjoint et l’appauvrissement de
l’autre et qu’il y a absence de motifs à l’enrichissement; pour décider de la
question, le tribunal doit se livrer à une analyse globale et libérale de la
situation des parties et éviter le simple exercice de comptabilité. »
 [24] : « Le recours en enrichissement injustifié en matière familiale a pour
but de compenser l’apport d’un conjoint de fait à l’enrichissement de l’autre,
et non de lui permettre de partager l’accroissement de la valeur du
patrimoine de ce dernier. Autrement, cela reviendrait à incorporer les effets
des régimes matrimoniaux aux unions de fait, dont le rééquilibrage
patrimonial lors de la dissolution du mariage, ce que l’arrêt Québec
(Procureur général) c. A écarte expressément. »
3.2.4. Enrichissement injustifié et décès

 Arrêt de principe : Lussier c. Pigeon, [2002]


o Décès ne constitue pas une rupture, mais le terme normal d'une vie
o Recours en enrichissement injustifié est intuitu personae -> parallèle avec la
prestation compensatoire à la personne mariée au décès de époux
o Par analogie, le conjoint survivant en union de fait devrait être traité de la même
façon que le conjoint survivant marié, parce que leur situation maritale est similaire
 Conjoint survivant peut intenter un recours en enrichissement injustifié
o Jasmin (Succession de) c. Montreuil, [2011] : L'appauvrissement peut exister même
si le conjoint survivant est héritier pour partie

B. LES CONVENTIONS MATRIMONIALES


1. Remarques générales

 Règles du patrimoine familial constituent une sorte de « régime matrimonial impératif »


auquel les conjoints mariés et unis civilement ne peut déroger
 Pour les biens qui ne sont pas compris dans le patrimoine familial -> principe de la liberté des
conventions matrimoniales
 Conventions matrimoniales : Incidence de l'union de personnes sur leurs biens
 But : Organisation d’aspects pécuniaires entre conjoints
o Durant le mariage
 Ex : Régime matrimonial, donations entre vifs
o À la dissolution du mariage
 Ex : Régime matrimonial, donations à cause de mort, clause de divorce

1.1. PRINCIPE : La liberté des conventions matrimoniales

 PRINCIPE : Liberté des convention matrimoniales (art. 431 C.c.Q. et 521.8 C.c.Q.)
o Conjoints sont libres de choisir le régime matrimonial ou le régime d'union qui
correspond à leur désir
 Conjoints peuvent consigner dans un contrat de mariage le choix de leur régime
o À défaut, le C.c.Q. édicte le régime légal qui s'applique à titre supplétif = société
d'acquêts (art. 432 C.c.Q. et 521.8 al.2 C.c.Q.)

1.2. Restrictions

 Règles impératives du chapitre sur les effets du mariage (art. 391 à 430 C.c.Q.) -> Union
civile : art. 521.8 al. 3 C.c.Q.
o Exemples :
 Charges du mariage (art. 392 à 400 C.c.Q.)
 Protection de la résidence familiale (art. 401 à 413 C.c.Q.)
 Prestation compensatoire (art. 427 à 430 C.c.Q.)
 Patrimoine familial (art. 414 à 426 C.c.Q.)
 Peu importe le régime matrimonial choisi, les conjoints devront
partager les biens qui composent le patrimoine familial
 Par contrat de mariage, les conjoints peuvent ajouter d'autres biens à
la composition du patrimoine familial : Droit de la famille - 151167
 Clause de mariage :
 « Les futurs époux reconnaissent être assujettis aux
règles régissant le patrimoine familial au sens des
articles 414 à 426 du Code civil du Québec, et
désirent assujettir à ces règles certains biens qui en
sont normalement exclus.
 En conséquence, les futurs époux conviennent que
seront assujetties aux règles régissant le patrimoine
familial toutes les sommes d'argent en mains et
déposées en leur nom sous quelque forme que ce
soit, y compris tout dépôt à terme, tout dépôt
garanti, de même que toutes autres valeurs
mobilières incluant notamment toute action
inscrite en bourse et toute obligation qu'ils
pourront acquérir durant le mariage.
 Sera aussi assujetti aux règles régissant le
patrimoine familial le tiers (1/3) de la plus-value
acquise pendant le mariage par les actions de
compagnies privées possédées par la future épouse
au moment du mariage, de même que le tiers de
toutes nouvelles actions de compagnie privée ou
entreprise acquise par la future épouse pendant le
mariage. »
 Réponse du juge :
 [61] : « Déroger n'empêche pas d'ajouter,
d'améliorer, de contractuellement prévoir et donner
plus que ce qu'énoncent les dispositions concernant
le patrimoine familial. La clause 2 du contrat de
mariage ne va pas à l'encontre des règles du
patrimoine familial. […] Par cet article 2, les
époux ne renoncent aucunement à leurs droits dans
le patrimoine familial comme l'exige aussi l’article
423 C.c.Q. »
 [62] : « D'ailleurs l’article 431 C.c.Q. énonce que «
il est permis de faire, par contrat de mariage, toutes
sortes de stipulations, sous réserve des dispositions
impératives de la loi et de l'ordre public ». L’article
2 précise d'ailleurs qu'il ajoute au patrimoine
familial des biens qui en sont normalement exclus.
Le Tribunal ne juge pas invalide cet article 2 du
contrat de mariage qui doit recevoir plein effet. »
 Ordre public
 Ex : Droit de la famille - 1739, [1993]
 Clause de divorce : valide -> respect de l'intention des parties
 Indemnité au divorce :
 « Si un jugement de séparation de corps ou de divorce était
prononcé entre les époux, par un tribunal compétent, le
futur époux paiera à la future épouse, une somme de deux
mille dollars ($2,000.00) pour chaque année ou fraction
d'année de vie commune écoulée entre la date de leur
mariage et tel divorce ou séparation, jusqu'à concurrence
d'un montant de quarante mille dollars ($40,000.00) […] »

2. Le régime matrimonial ou le régime d'union civile


2.1. Le choix d'un régime lors d'un mariage ou d'une union civile

 Régimes matrimoniaux : propositions du C.c.Q.


o Société d'acquêts (art. 448 à 484 C.c.Q.)
 Régime de type participatif
 Légal (ou conventionnel)
 Chaque conjoint conjoint conserve la propriété et l'administration de ses
biens durant le mariage ou l'union
 À la dissolution, régime permet de profiter de l'augmentation du
patrimoine de son conjoint
o Séparation des biens (art. 485 à 491 C.c.Q.)
 Régime de type séparatiste
 Nécessite un contrat de mariage (conventionnel) (art. 485 C.c.Q. + art. 521.8
al. C.c.Q pour l'union civile)
 Acte notarié (art. 440 C.c.Q. + art. 521.8 al. C.c.Q pour l'union
civile)
 Tous les biens que les conjoints possèdent au jour du mariage ou de l'union
civile + ceux qu'ils acquièrent par la suite leur restent personnels
 À la dissolution, aucun partage des biens n'aura lieu, sous réserve
des biens détenus en indivision
 Autres choix possibles :
o Régime étranger
 Légal ou conventionnel
 Comment un régime étranger peut être légal ?
o Communauté de biens (lol)
o Modifications apportées à un régime proposé par le Code

2.1.1. Le choix implicite : la société d'acquêts (art. 448 à 484 C.c.Q.)

 Régime légal depuis 1er juillet 1970 = à défaut pour les conjoints d'opter pour un régime par
contrat de mariage, c'est la société d'acquêts qui s'applique (art 432 C.c.Q.)
o Communauté de biens : régime légal avant 1er juillet 1970 (art. 1272 à 1425i
C.c.B.C)
 ! art. 492 C.c.Q. leur permet d'invoquer certaines dispositions de la société
d'acquêts
 Légal (si avant 1er juillet 1970) ou conventionnel
 ! Les conjoints peuvent choisir la société d'acquêts et tout de même faire un contrat de
mariage pour inclure d'autres conventions matrimoniales ou modifier le régime légal
 S'applique par défaut aux conjoints mariés à l'étranger ou sous un régime matrimonial
étranger lorsque la teneur de ce droit n'est pas établie

2.1.2. Le choix d'un régime étranger

 Problématique de la preuve : Le tribunal n'est pas tenu de connaître d'office le droit étranger
o À défaut, le juge appliquera le droit québécois (art. 2809 C.c.Q.)
 Règles du patrimoine familial demeurent applicables même si les époux ont opté pour un
régime matrimonial étranger

2.1.3. Le choix d'un régime particulier aux époux adapté ou non prévu au C.c.Q.
 Le plus fréquent : conjoints modifient les règles du régime de la séparation de biens ou de la
société d'acquêts
o Exemples :
 Convenir que les revenus que produit un bien propre restent propres
 Exclure un bien déterminé
 Exclure des parts sociales
 Modifier la proportion de la masse partageable
 Étendre la société d'acquêts à tous les biens qu'ils possèdent
 Modifications apportées au régime matrimonial ne doivent pas être contraires à l'ordre public
ni porter atteinte aux règles impératives
 Par contrat de mariage, conjoints peuvent ajouter d'autres biens à la composition du
patrimoine familial
 Théoriquement, les conjoints peuvent également créer de toutes pièces un régime qui leur soit
propre

2.2. Les modalités du choix explicite (par contrat de mariage/union)

 Choix explicite d'un régime matrimonial se fait obligatoirement par la signature d'un contrat
de mariage ou d'un contrat d'union (art. 432 et 521.8 C.c.Q.)

2.2.1 Conditions de forme

 Acte notarié (art. 440 C.c.Q. + art. 521.8 al.3 C.c.Q pour union civile)
 Si deux conjoints signaient le choix de leur régime dans un document sous seing privé = il n'y
aurait pas d'effet juridique
o Conjoints seraient régis par les règles de la société d'acquêts (supplétif)
 Publicité : inscription d'un avis de contrat de mariage ou d'union au Registre des droits
personnels et réels mobiliers (RDPRM) (art. 442 C.c.Q.)

2.2.2. Conditions de fond

 Règles particulières -> Selon la capacité


 ! Distinction à faire entre capacité de contracter mariage et contrat de mariage

2.2.2.1. Conjoints capables

 Consentement libre et éclairé (art. 1399 à 1407 C.c.Q.)


o Consentement vicié = nullité (relative) du contrat de mariage
 Erreur
 Dol
 Crainte
o Prescription est de 3 ans à partir de la connaissance de la cause de nullité (art. 2925 et
2927 C.c.Q.)
 Délai commence à courir après la cessation de vie commune

2.2.2.2. Mineur

 Mineur qui est autorisé à se marier peut consentir à toute convention matrimoniale avec
l'autorisation du tribunal (art. 434 C.c.Q.)
o Mineur peut se marier à partir de 16 ans (avec l'autorisation du tribunal)
 art. 6, Loi d'harmonisation du droit fédéral avec le droit civil
 art. 373 C.c.Q.
o + Tuteur ou titulaire de l'AT doit être appelé à donner son avis (al. 2)
o Défaut d'autorisation du tribunal -> nullité relative du contrat de mariage
 Pour contourner cette obligation -> mineur peut choisir de convenir d'un
contrat de mariage APRÈS la célébration du mariage
 Mineur marié = pleinement émancipé (art. 175 et 176 C.c.Q.)
 Mineur peut alors exercer ses droits civils comme un majeur et
signer la convention matrimoniale qu'il veut
 ! Sans contrat de mariage au moment de la célébration -> société d'acquêts
par défaut
 Époux devront procéder à une modification du régime matrimonial
par signature d'un contrat de mariage s'ils désirent changer de
régime
 Règles générales concernant les vices de consentement s'appliquent et entraînent la nullité
(comme pour le majeur apte)
 Mineur ne peut pas contracter d'union civile (art. 521.1 C.c.Q.)

2.2.2.3. Majeur protégé

 Majeur sous tutelle ou pourvu d'un conseiller :


o Peut signer un contrat de mariage à condition d'être assisté de son tuteur ou de son
conseiller (art. 436 C.c.Q.)
 Tuteur doit avoir préalablement été autorisé par le tribunal sur avis du
conseil de tutelle
o À défaut, contrat de mariage peut être annulé
 Tuteur/conseiller peut demander nullité dans un délai d'un an à compter de la
célébration du mariage ou du contrat
 Doivent prouver que le majeur a subit un préjudice (art. 163, 287 et 294
C.c.Q.)
o Par analogie, règles applicables au mariage s'appliquent à l'union civile (art. 521.8 al.
3 C.c.Q.)
 Majeur sous curatelle :
o C.c.Q. est muet
o En principe, n'étant pas en mesure de donner un consentement valide, le majeur sous
curatelle ne peut donc pas contracter ni mariage ni union civile
o MAIS possible dans un moment de lucidité -> si on pour qu'il a donné son
consentement dans une de ces intervalles
 art. 283 C.c.Q : Acte fait seul par le majeur sous curatelle peut être annulé (=
pas automatiquement nul)
 Contrat de mariage avant l'ouverture d'un régime de protection est annulable si l'inaptitude
était notoire ou connue du conjoint
o Majeur sous tutelle -> art. 290 C.c.Q.
o Majeur sous curatelle -> art. 284 C.c.Q.
 À partir de novembre 2022 :
o Abolition des régimes de curatelle et de conseiller -> régimes de tutelle
o Application de l'art. 436 C.c.Q. = autorisation du tribunal pour passer une convention
matrimoniale

2.2.3. Prise d'effet du contrat de mariage/union

 Contrat de mariage prend effet le jour de la célébration du mariage/union civile, même s'il a
été signé antérieurement (art. 433 al. 1 C.c.Q. + art. 521.8 al.3 C.c.Q pour union civile)
 Conjoints peuvent modifier les conventions matrimoniales après la célébration du mariage
o Nouveau contrat prendra effet à la date de modification
 Conjoints ne peuvent déroger à ces règles et aucune autre date ne peut être stipulée art. 433 al.
2 C.c.Q. + art. 521.8 al.3 C.c.Q pour union civile)

2.2.4. Effets de la nullité

 Nullité du contrat de mariage ou d'union entraîne celle du choix de régime qu'elle contient
o = Conjoints sont soumis au régime légal de la société d'acquêts
 Nullité d'une clause du contrat entraîne-t-elle la nullité du contrat tout entier ? NON (art. 1438
C.c.Q.)
o Nullité d'une clause prohibée ne prive pas le contrat de ses effets
o Seule la clause est annulée
 Nullité du contrat se répercute-t-elle sur les clauses accessoires ?
o OUI -> Conventions accessoires qui doivent obligatoirement être constatées par
contrat de mariage
 Ex : Donations à cause de mort
o NON -> Clauses valides hors contrat
 À moins qu'elles ne soient directement liées au contrat
 Ex : Donation entre vifs (à condition de respecter les conditions de
forme) (art. 1824 C.c.Q.)

2.3. Changements apportés au régime matrimonial ou d'union

 Le régime matrimonial peut être modifié (art. 437 à 439 C.c.Q.)


o Avant le mariage
o Après le mariage
 Modification peut être totale ou partielle
o Totale : Changement de régime
o Partielle : Changement de la qualification d’un bien en cours de régime
 Comment ? Par contrat de mariage

2.3.1. Modification conventionnelle totale : le changement de régime

 Mutabilité des régimes matrimoniaux = conjoints peuvent modifier leur régime matrimonial
ou d'union
o Régime conventionnel -> régime légal
o Régime conventionnel -> régime conventionnel
o Régime légal -> régime légal
 Possibilité pour les conjoints régis par un régime matrimonial étranger d'adopter un régime
prévu au C.c.Q.
 Modification peuvent être effectuées avant ou après le mariage, mais obligatoirement par
contrat de mariage
o = Nouveau contrat de mariage -> dissolution de l'ancien régime
 Modification peut porter sur toute convention matrimoniale
o Ex : Donations (art. 438 al.2 C.c.Q.)
 ! Tous les intéressés (donateurs, donataires, représentants) doivent donner
leur consentement
 Avis de modification doit être publié au RDPRM (art. 442 C.c.Q.)
 Opposables aux tiers
o ! Créanciers peuvent faire déclarer inopposable à eux dans un délai d'un an de la
connaissance des modifications s'ils en subissent un préjudice (art. 438 al. 3 C.c.Q.)

2.3.2. Modification partielle : changement de qualifications d'un bien en cours du régime

 Lorsque les conjoints souhaitent ne modifier leur régime qu'en partie


 Est-il possible de transformer un propre en acquêt (ou vice-versa) en cours de régime ?
o Deux thèses s'opposent :
 OUI -> principes de liberté et de mutabilité des régimes matrimoniaux
 NON -> interprétation restrictive de l'art. 438 C.c.Q.

3. Les donations
3.1. Remarques générales

 art. 1806, al. 1 C.c.Q. : Contrat par lequel le donateur transfère la propriété d'un bien à titre
gratuit au donataire
o Transfert peut aussi porter sur un démembrement du droit de propriété ou sur tout
autre droit dont on est titulaire.
 Contrat = acte bilatéral
o Contrat unilatéral : seul le donateur s'oblige envers le donataire
 À titre gratuit
o Une des parties s'oblige envers l'autre pour le bénéfice de celle-ci sans en tirer
d'avantage en retour = intention libérale
 Contrat intuitu personae
 Impact de l'instauration du patrimoine familial
o Contexte traditionnel : Donation d'un époux à un autre
 Contrat de mariage en régime de séparation de biens
 Donations portant sur des biens du patrimoine familial
 Ex : Meubles meublants
o Effets juridiques :
 Transfert du droit de propriété
 Biens demeurent inclus dans le patrimoine familial (art. 415 al. 4 C.c.Q. ne
s'applique pas)
 Droit de la famille - 1463, [1991]
 Appelant soutient que la donation de meubles par contrat
de mariage déroge et doivent être exclus du patrimoine
familial
 Réponse de la Cour :
 Régime du patrimoine familial est un effet
impératif du mariage -> d'ordre public, impossible
d'y déroger
 Contradictoire de dire que les biens donnés par un
époux à l'autre dans un contrat de mariage doivent
être exclus du patrimoine familial
 Exclusion des biens à l'art. 415 al. 4 C.c.Q ne
s'applique donc pas aux biens dévolus entre
conjoints
o En gros :
 C'est possible de faire une donation entre époux dans le contrat de mariage
 Le bien donné d'un époux à un autre dans le contrat de mariage demeure
dans le patrimoine familial
 Deux types de donations (art. 1806 al.2 C.c.Q.)
o Donation entre vifs
o Donation à cause de mort

3.2. Contrat de donation vs contrat de mariage (art. 1806 et ss. C.c.Q.)


3.2.1. Contrat de donation -> donation entre vifs seulement

 Forme : acte notarié et publié (art. 1824 C.c.Q.)


o ! Sauf don manuel (al. 2)
 Capacité de donner :
o PRINCIPE : Toute personne capable
 EXCEPTION : Maladie mortelle (art. 1820 C.c.Q.)
o Particularités pour mineurs et majeurs protégés :
 Ne peut donner que des biens de peu de valeur et cadeaux d'usage (art. 1813
C.c.Q.)
 EXCEPTION : Majeur avec conseiller, s'il est assisté de son
conseiller (art. 1815 C.c.Q.)
 ! Sujet à modification pour novembre 2022 : Abrogation de l'art.
1815 C.c.Q. -> nouvel art. 1813 C.c.Q.
 Capacité à recevoir :
o Toute personne
o Particularités :
 Établissement de santé ou de services sociaux (art. 1817 C.c.Q.)
 EXCEPTION : Conjoint
 Mineur et enfant conçu (naissance vivante et viable) : Acceptation de la
donation par les parents (art. 1814 al. 1 C.c.Q.)
 Majeur protégé : Acceptation par le curateur ou le tuteur (1814 al. 2 C.c.Q.)
 Mineur et majeur protégé pourvu d'un tuteur : Acceptation des biens de peu
de valeurs ou de cadeaux d'usage (1814 al. 2 C.c.Q. in fine)

3.2.2. Contrat de mariage (art. 1839 à 1841 C.c.Q.) -> donation entre vifs et donations à cause de mort

 Forme : acte notarié et publié (art. 1824 C.c.Q.)


o De toute façon, le contrat de mariage doit être notarié (art. 440 C.c.Q.)
 Capacité de donner
o Donations entre vifs : Toute personne (art. 1840 al. 1 C.c.Q.)
o Donation à cause de mort : (art. 1840 al. 2 C.c.Q.)
 Conjoints
 Enfants (communs ou respectifs)
 À naître : s'il naissent vivants et viables
o Particularités :
 Mineur (art. 434 C.c.Q.) : Mineur autorisé à consentir à toutes conventions
matrimoniales
 Majeur protégé (art. 436 C.c.Q.) : Avec assistance de son tuteur ou son
conseiller
 Capacité à recevoir
o Donation entre vifs (art. 1840 al. 1 C.c.Q.)
 Conjoints
 Enfants (communs ou respectifs)
 À naître : s'il naissent vivants et viables
o Donation à cause de mort (art. 1840 al. 2 C.c.Q.)
 Conjoints
 Enfants (communs ou respectifs)
 À naître : s'il naissent vivants et viables
o Particularités : Mineurs et majeurs protégés (art. 1814 C.c.Q.)

3.3. Types de donations


3.3.1. Donation entre vifs (art. 1807, 1818 C.c.Q.)

 Peut se faire entre conjoints mariés, unis civilement et conjoints de fait


 Vise un transfert du droit de propriété
o Donne un droit de créance au donataire
 Dessaisissement immédiat : transfert immédiat de propriété du donateur au donataire
 Irrévocable
o « Donner et retenir ne vaut »
o Donation entre vifs stipulée révocable est nulle (art. 1822 C.c.Q.)
o EXCEPTION : Ingratitude (art. 1836 C.c.Q.)
 Desmarais c. Ziggiotti , [2003]
 À titre particulier (art. 1823 C.c.Q.)
o À défaut d'être nulle de nullité absolue
o Ne peut pas viser l'universalité des biens
 Ex : « En considération du mariage, M. X fait donation entre vifs, à Mme Y, qui accepte :

1. Des meubles destinés à l’usage du ménage qu’il possède au jour de la célébration du


mariage […]
2. Des meubles destinés à l’usage du ménage d’une valeur de quinze mille dollars (15
000$) que M. X. s’engage à acquérir dans un délai de trois (3) ans à compter de la
célébration du mariage »

3.3.2. Donation à cause de mort (art. 1808, 1819, 613 C.c.Q., art. 106 L.A.R.C.C.)

 Ne peut se faire qu'entre conjoints mariés ou unis civilement (donc pas conjoints de fait)
 ! Contrat de mariage obligatoire (art. 1819 C.c.Q.)
 Dessaisissement du donateur est subordonné à sa mort -> donation n'a lieu qu'à la mort du
donateur (condition suspensive) (art. 1808 C.c.Q.)
 Révocabilité (art. 1841 C.c.Q.)
o Sauf si stipulation d'irrévocabilité (art. 1841, al. 2 C.c.Q.)
o Droit transitoire (art. 106 L.A.R.C.C.) : « Les dispositions de l’article 1841 du
nouveau code sont applicables aux donations à cause de mort faites avant le 1er
janvier 1994, si elles n’ont pas encore été exécutées le 1er janvier 1994. »
 Pas seulement à titre particulier
o Peut également être à titre universel ou universelle (art. 731 à 734 C.c.Q.)
 Ex : « Les futurs époux se font présentement donation mutuelle, au survivant d’eux, de
l’universalité des biens meubles et immeubles qui composeront la succession du premier
décédé. »

3.2.3. Sort des donations en cas de divorce, de séparation de corps ou de dissolution de l'union civile
(art. 510, 519, 520, 521.19 C.c.Q.)

 Donations entre vifs


o Si divorce (art. 520 C.c.Q) : Donation entre vifs consentie à un époux = discrétion
judiciaire
 Caduque ?
 Réduction ?
 Paiement différé ?
o Si décès : Créancier à la succession
 Donations à cause de mort
o Si divorce (art. 519 C.c.Q.) : Donation à cause de mort consentis par un époux à
l'autre = caduque
 Donation à cause de mort consentie à qqn d'autre que l'autre époux =
discrétion judiciaire (art. 520 C.c.Q.)
o Si décès : Légataire ou héritier à la succession (art. 613 C.c.Q.)
 Séparation de corps (art. 510 C.c.Q.) : Donation entre époux = discrétion judiciaire
 Union civile -> art. 521.19 C.c.Q. = Équivalent de 520 C.c.Q. et 519 C.c.Q.

C. LES EFFETS PATRIMONIAUX DU MARIAGE ET DE L'UNION CIVILE


CHAPITRE 1 : LE PATRIMOINE FAMILIAL (art. 414 à 426 C.c.Q)
1. Généralités
1.1. Champ d'application
1.1.1. PRINCIPE : Effet obligatoire

 PRINCIPE : S'applique obligatoirement à tous les époux domiciliés ou mariés au Québec


o Législateur a inséré les dispositions sur la patrimoine familial au chapitre des effets
du mariage (art. 391 C.c.Q.)
o Mariage emporte constitution du patrimoine familial (art. 414 C.c.Q.)
o Biens des époux qui entrent dans le patrimoine familial sont listés à l'art. 415 C.c.Q.
 ! Liste limitative, mais interprétation libérale (Droit de la famille - 172765,
[2017])
 Possibilité d'avoir une clause du contrat de mariage qui ajoute au
patrimoine familial qui n'y sont pas inclus (Droit de la famille -
151167, [2015])
 Droit international privé : art. 3089 C.c.Q.
 Conjoints de fait : n'y sont pas assujettis par défaut, mais peuvent convenir de s'y assujettir
 Indifférence du régime matrimonial ou du régime d'union civile (art. 391 et 521.6 al. 4
C.c.Q.) -> effet du mariage s'applique indépendamment du régime matrimonial choisi par les
époux
 Ordre public -> règles du patrimoine familial ont préséance
o Sur toute autre disposition ou entente entre les parties
 art. 423 al. 1 C.c.Q. + art. 391 C.c.Q. et art. 521.6 al. ? C.c.Q. : Conjoints ne
peuvent pas renoncer au patrimoine familial
o Sur l'indivision

1.1.2. EXCEPTIONS : Atténuations


1.1.2.1. Convention d'exclusion

 Convention par laquelle des époux peuvent se soustraire entièrement à l'application des
mesures sur le patrimoine familial
o Exclusion totale ou partielle
 N'est plus disponible depuis le 1er janvier 1991
 Cependant, dispositions transitoires -> possibilité d'exclusion si mariés avant le 1er juillet
1989 (Loi favorisant l'égalité économique des époux, art. 42, L.Q. 1989, c. 55)
 Comment ?
o Par acte notarié signé avant 1er janvier 1991
o Par déclaration judiciaire
 Déclaration conjointe à laquelle il était donné acte aux époux dans le cadre
d'une procédure de divorce, séparation de corps ou nullité de mariage
 ! Malgré une convention d'exclusion, le partage des gains accumulés en application de la Loi
sur le régime des rentes du Québec aura lieu -> n'est pas visé par la convention d'exclusion

1.1.2.2. Renonciation au partage du patrimoine familial (art. 423 et 424 C.c.Q.)

 art. 423, al. 2 C.c.Q. : Permet à chaque époux de renoncer, en tout ou en partie, à la créance
qu'il a contre l'autre époux en vertu des dispositions relatives au patrimoine familial
 Comment ?
o Acte notarié
 À compter du décès ou du jugement de divorce, de séparation de corps ou de
nullité du mariage
o Déclaration judiciaire
 N'a pas d'effet tant qu'elle n'est entérinée par le Tribunal
o ! Donc, l'époux renonçant connaît, au moins approximativement, la valeur du
patrimoine familial
 Renonciation peut être unilatérale
 Renonciation doit être inscrite au registre des droits personnels et réels mobiliers (art. 423 al.
3 C.c.Q.)
 ! Toute renonciation autrement que selon la forme prescrite à l'art. 423 C.c.Q. est interdite et
contraire à l'ordre public
 Renonciation peut être totale ou partielle : peut porter sur le droit de créance résultant du
patrimoine familial ou sur les biens qui le composent
 ! Particularité : Régime de rente du Québec (RRQ)
o Loi sur le régime des rentes du Québec, art. 102.1 [...] :
 « Toutefois, il n’y a aucun partage lorsque le tribunal mentionne, dans le
jugement ouvrant droit au partage ou dans un jugement ultérieur, que les ex-
conjoints se sont mutuellement cédés les droits pouvant résulter du partage
de leurs gains ou qu’il n’y a aucun partage de ces gains, lorsque la
transaction notariée qui règle les conséquences de la dissolution de l’union
civile fait pareilles mentions ou lorsque l’ex-conjoint qui aurait bénéficié
d’un tel partage y a renoncé.
 La mention du tribunal ou de la transaction notariée et la renonciation visées
au deuxième alinéa n’ont effet que si elles expriment clairement l’intention
qu’il n’y ait pas partage des gains inscrits en vertu de la présente loi par
l’emploi des termes suivants ou de termes équivalents: « il n’y a pas partage
des gains inscrits en vertu de la Loi sur le régime de rentes du Québec ».
o = La renonciation aux gains inscrits en application de la Loi sur les régimes des
rentes doit exprimer clairement l'intention du conjoint créancier de renoncer au
partage de ces gains
 ! « Dans le cadre d’une instance en divorce » ? art. 423 al. 2 C.c.Q.
o L'entente par laquelle les époux expriment clairement leur volonté de renoncer en
tout ou en partie à leurs droits dans le patrimoine familial conclue avant les
procédure de divorce n'est valide que dans la mesure où les époux l'ont signée en vue
de cette instance
 Donc, pas de manière aléatoire et prospective
o Droit de la famille — 081544, [2008]
 « [24] …lorsque des parties, avant le divorce, signent une convention
comportant renonciation au patrimoine familial ou à l'un des éléments de
celui-ci, cette convention est valide et assimilable à celle qui survient « dans
le cadre d'une instance de divorce » si, et seulement si, elle est conclue en
vue de cette instance, qui doit avoir été prévue et non simplement envisagée
de manière plus ou moins aléatoire …»
 Legs conditionnel à la renonciation au patrimoine familial
o Legs à titre particulier (art. 721 à 735 C.c.Q.) d'un bien du patrimoine familial fait au
conjoint conditionnellement à sa renonciation aux droits lui résultant du partage du
patrimoine familial est valide (Succession de Choinière, [2006])
 -> Car le droit s'ouvre seulement à compter du décès
o But : Contrer le cumul des droits matrimoniaux et successoraux (art. 654 C.c.Q.)
 -> Car autrement, l'époux survivant pourrait cumuler les droits
matrimoniaux et les droits successoraux auxquels le décès de son conjoint
donne lieu
o = Un époux peut léguer les biens qu'il possède dans le patrimoine familial à un tiers,
sans qu'il soit porté atteinte aux droits du conjoint survivant dans le patrimoine
familial
 ! Attention : Délai de publicité (art. 423 al. 3 C.c.Q.)
o Inscription dans un délai de un an à compter du jour de l'ouverture du droit au
partage -> sinon l'époux renonçant est réputé avoir accepté au partage du patrimoine
familial
 art. 424 C.c.Q. : Renonciation au partage peut être annulée pour cause de lésion ou toute autre
cause de nullité

1.2. Nature et effet du droit


1.2.1. Droit de créance

 Patrimoine familial ne confère à l'un des conjoint qu'un droit de créance contre l'autre
conjoint, dont le paiement doit être effectué à la dissolution du mariage de l'union civile
o = Droit de nature patrimoniale, mais dont l'exercice est strictement rattaché à la
personne de l'un ou l'autre des conjoints
o Droit de créance général et personnel, et non un droit réel sur un bien (Droit de la
famille - 977, [1991])
 EXCEPTION : Pouvoir du tribunal (art. 420 C.c.Q.)
o Permet au tribunal d'accorder à l'un des conjoints la propriété d'un bien lorsqu'il
décide du partage

1.2.3. Effet pendant le mariage

 En principe, aucun : Chaque conjoint reste propriétaire de ses biens et peut en disposer
librement, en conserve le plein contrôle juridique
o ! Sous réserve de certaines restrictions (ex : protection de la résidence familiale et des
meubles qui la garnissent art. 401 C.c.Q.)
 Biens demeurent donc dans le gage commun des créanciers qui en est propriétaire
o EXCEPTION : art. 401 C.c.Q. et biens insaisissables de l'art. 694 et 700 C.p.c.
o En cas de partage du patrimoine familial, pour les créanciers du conjoint qui recevrait
un paiement de l'autre conjoint -> ne pourront saisir la créance de leur débiteur tant
que le droit au partage n'est pas ouvert
 ! Attention : Possibilité de paiement compensatoire (art. 421 C.c.Q.)
o Dans le cas où un conjoint aliène un bien qui devait être dans le patrimoine familial,
dans l'année précédant le décès ou la date d'introduction d'instance en séparation de
corps/divorce/annulation de mariage
o À la discrétion du Tribunal, ordonnance de paiement compensatoire à l'autre conjoint
o La même règle s'applique dans le cas d'aliénation faite depuis plus d'un an par un des
conjoints dans le but de frustrer l'autre conjoint de sa part dans le bien (al. 2)
1.2.3. Transmissibilité du droit

 Le droit de créance résultant du partage du patrimoine familial est transmissible aux héritiers
du conjoint décédé (Lamarche c. Olé-Widlholm, [2002])
 Alternatives (pour contrer la transmissibilité du droit de créance) :
o Legs à titre particulier (art. 731 à 734 C.c.Q.)
o Donation à cause de mort (irrévocable et mutuelle) (art. 1808 et 1841 C.c.Q.)

2. La composition du patrimoine familial (art. 415 C.c.Q.)


2.1. Biens inclus
2.1.1. Résidences de la famille

 Caractère familial :
o Pour se qualifier aux fins du patrimoine familial, résidence doit être utilisée par la
famille
 Davantage que des visites sporadiques sur l'ensemble de la durée du mariage
o Le caractère familial des biens s'apprécie au moment de la cessation de la vie
commune
 Droit de la famille - 221257 : « Il est certain que la nature familiale repose
sur l’intention des parties et qu’un bien peut perdre cette qualité lorsque les
faits démontrent un changement dans cette intention . Un bien qui a cessé
d’être à l’usage de la famille avant la fin de la vie commune ou, plus encore,
un bien qui ne l’a jamais été ne fera pas partie du patrimoine familial. Mais
un bien qui demeurait toujours à l’usage de la famille lors de la cessation de
la vie commune et qui perd cette qualité du fait de celle-ci fera toujours
partie du patrimoine familial, et ce, même si l’évaluation doit se faire lors de
l’introduction de l’instance. »
o Appréciation est une question de faits et sa détermination dépend des circonstances
 Résidences de la famille :
o Résidence principale (définie à l'art. 395 C.c.Q.)
o Résidence(s) secondaire(s)
o Si une résidence fait l'objet d'une utilisation mixte, seule la portion utilisée par la
famille doit être considérée aux fins du patrimoine familial (critère de l'utilisation)
 Ex : Duplex, ferme
o L'intention commune des époux d'habiter une résidence peut parfois suffire à l'inclure
dans le patrimoine familial, même si la résidence en question n'a pas fait l'objet d'une
utilisation familial continue ou n'est plus occupée à la fin de la vie commune
 Pas nécessaire que les époux habitent ensemble pour la qualification de
résidence familiale -> intention commune devrait suffire
 Résidence louée :
 Considération des circonstances dans lesquelles la famille a cessé de
séjourner dans la résidence
 Location n'a pas pour effet de lui enlever son caractère familial,
dans la mesure où les parties n'avaient pas l'intention de quitter de
manière définitive
 Location à des tiers n''affecte pas son inclusion dans le patrimoine
familial, dans la mesure où l'acte a pour but d'assainir la situation
économique de la famille et que cette résidence est encore utilisée
par la famille entre les périodes de location (Droit de la famille -
3393, [2000])
 Résidence en construction
 Peut faire partie du patrimoine familial si la famille avait l'intention
de s'y installer
 Droit de la famille - 07748, [2007]
o ! Notion de résidence comprend le terrain adjacent à l'immeuble, pour autant qu'il
soit destiné à l'usage de la famille et qu'il fasse l'objet d'une utilisation effective par
celle-ci

2.1.1.1. « Droits qui confèrent l'usage des résidences »

 Ne réfère pas uniquement à un droit réel ou démembrement du droit de la propriété -> aussi
les droits qui découlent du statut d'actionnaire, de fiduciaire ou de sociétaire dans la mesure
ou le contexte le justifie
o Ex : Démembrements du droit de propriété, part de société, actionnariat, fiducie, «
time-sharing », etc.
 Dépend des circonstances et sera généralement déterminé en fonction du niveau de contrôle
exercé par l'un ou l'autre des époux à l'égard de la résidence en cause
o La valeur de la résidence acquise directement par une société ou fiducie doit être
incluse dans le patrimoine familial lorsque les époux exercent un contrôle sur celle-
ci, non seulement en exerçant le contrôle sur le droit à la valeur des biens, mais aussi
en contrôlant qui peut bénéficier de l'usage de la propriété (Yared c. Karam, [2019])
o Question : Savoir si l'interposition d'une société ou d'une fiducie a pour conséquence
d'éviter les règles impératives du patrimoine familial (Yared c. Karam, [2019])
o Dans le cas d'une résidence détenue par une société par action, l'usage de la résidence
doit être étroitement relié à la détention des actions (D.L. c. L.G., [2006])

2.1.2. Meubles qui ornent ou qui garnissent les résidences

 Interprétation libérale
o art. 415 C.c.Q vise tant les meubles du ménage qui se trouvent dans la résidence
familiale (au sens de l'art. 395 C.c.Q.) que ceux qui prennent place dans les
résidences secondaires
o Meubles situés dans les résidences de la famille sont présumés inclus dans le
patrimoine familial
o « Garnir ou orner » : Meuble dont la présence ou l'ajout est nécessaire, utile ou
normal à la résidence
 Élément de permanence, contrairement aux biens de consommation (qui ne
dont que transiter dans un local (C.D. c. J.-G. R., [2005])
 Usage familial
o « Usage » : interprétation large = qui profitent à a famille
o Mixte vs exclusif : Meubles utilisés par un seul membre de la famille à des fins
personnelles ne servent pas à l'usage du ménage
 Collection
o Ensemble d'éléments ou d'objets présentant des caractéristiques communes
o Objet de collection n'est pas une collection en soi
o Critères :
 Nombre (mais loi ne précise pas le nombre minimal)
 Valeur (certains suggèrent qu'une collection n'existe qu'en présence de biens
de grande valeur...)
 ! N'ont pas besoin d'être tous semblables en nature pour former une
collection, ils peuvent être liés par un même thème
o ! Exclusion du patrimoine familial à l'art. 415 C.c.Q
 Même si pas mentionné à l'art. 415 C.c.Q., on l'exclut par 401 C.c.Q. (C.D.
c. J.-G. R., [2005])
 Cas particulier : Cave à vin
o Si la cave à vin est une collection -> exclue du patrimoine familial
 Indices :
 Située dans une pièce sécurisée
 Contient un grand nombre de bouteilles de grande valeur
o Si la cave à vin n'est PAS une collection -> peut être inclue dans le patrimoine
familial
o Ce qu'on regarde :
 Intention réelle des parties
 Usage de la cave à vin aux fils des ans
 Le fait que les bouteilles soient destinées à la consommation familiale = pas
une collection
o Bouteilles de vin :
 Exclues du patrimoine familial :
 C.D. c. J.-G. R., [2005] : 481 bouteilles, 73$/bouteille = collection
 Droit de la famille - 3346 : 80 bouteilles, 18$/bouteille = biens de
consommation
 F. c. H., [1995] : 2000 bouteilles
 Plusieurs bouteilles données par le père
 = Collection (placées dans une pièce séparée et aménagée à
cette fin)
 Incluses dans le patrimoine familial
 Droit de la famille - 2948, [2011] : 300 bouteilles, 53$/bouteille =
pas une collection
 Droit de la famille - 113301, [2011] : Nombre inconnu, mais valeur
75 000$ -> acheté avec l'argent du compte conjoint
 Droit de la famille - 172765, [2017] :
 Valeur de la cave : 800 000$
 Nombre : Milliers de bouteilles
 Inclusion 40% de la cave pour usage familial ->
qualification mixte : certaines bouteilles peuvent être
incluses dans le patrimoine familial, d'autres exclues

2.1.3. Véhicules automobiles qui servent aux déplacements de la famille

 Interprétation libérale -> Inclusion de toutes sortes de véhicules


o Motocyclette
o Motomarines
o Bateau
o Motoneige
o Avion (?)
o Véhicule tout terrain
o Tracteur
o Voiturette électrique de camping
 Pour être inclus dans le patrimoine familial, le véhicule doit avoir un usage familial et servir à
des fins de déplacement
o Lorsque chaque partie possède sa propre voiture = présomption que les deux
véhicules servent aux déplacements de la famille
 Exclus du patrimoine familial :
o Véhicule ne servant à la famille qu'à des fins purement récréatives
o Véhicules de collection
o Véhicules servant à des fins commerciales ou industrielles
 Utilisation mixte (qui sert au déplacements de la famille + fins autres) -> inclus dans le
patrimoine familial
 Véhicule loué (à long terme) -> Exclu du patrimoine familial (Droit de la famille – 3498,
[1999]
o [6] : « En principe, la location n'accorde pas de droit faisant partie du patrimoine
avant l'exercice d'une option qui peut être contenue au contrat de location »
o ! À MOINS que le contrat de location ne contienne une option d'achat à un prix
moins élevé que la valeur marchande (Droit de la famille – 3147, [2000])
 Voile corporatif : Droit de la famille- 3264, [1999] R.D.F. 273
o Véhicule a été acquis par l'une des compagnies formées et contrôlées par l'époux.
o En contournant ainsi la loi, ce dernier a contrevenu à l'équité que veulent protéger les
dispositions relatives au patrimoine familial
o Dans ces circonstances, le voile corporatif sera levé afin d'inclure ce véhicule dans le
partage du patrimoine familial

2.1.4. Régimes de retraite (public ou privé)

 Énumération des régimes de retraite de l'art. 415 C.c.Q = liste limitative


o Exclus : CELI, REEE, RPDB
 Public
o Ex : RRQ
 Privé
o Ex : Régime de retraite de l'employeur (entreprise privée, parapublique, fonction
publique, REER)
o REER
 Droits accumulés pendant le mariage
o Seules les droits de retraite accumulés pendant le mariage sont inclus au patrimoine
familial
o = Portion du régime accumulée avant est exclue
o REER : Doivent être soustrait de la valeur partageable sur un REER acquis AVANT
le mariage -> qualification en vertu du régime matrimonial
 Plus-value accumulée PENDANT le mariage
 Intérêts acquis PENDANT le mariage

2.2. Biens exclus (art. 415 al. 3 et 4 C.c.Q.)

 Biens reçus par succession ou donation (art. 415 al. 4 C.c.Q.) :


o Vise les biens reçus par donation ou succession en propriété
 ! Donc, pas les biens acquis à même des sommes reçues par donation ou
succession
o Doit doit être véritable (intention libérale) pour justifier l'exclusion
o ! Ne vise PAS les donations entre époux consenties PENDANT le mariage -> biens
demeurent inclus dans le patrimoine familial (Droit de la famille - 1463, [1991)
 Donations entre époux consenties AVANT le mariage ->
 Exclus seulement si la dissolution du mariage résulte du décès (art. 415 al. 3 C.c.Q.) :
o Droits accumulés au titre d'un régime de retraite régi ou établi par loi qui accorde une
rente au conjoint survivant
 Selon certains, l'exclusion doit s'appliquer en toute hypothèse, peu importe
que ce soit l'époux cotisant ou son conjoint qui décède, et que la prestation
soit ou non versée dans les faits (Droit de la famille - 15371, [2015])
 Pour d'autres l'exclusion s'applique seulement dans le cas où la prestation est
effectivement versée (laquelle équivaut 60% de tous les droits de retraite du
défunt), c'est-à-dire lorsque la dissolution est provoquée par le décès du
conjoint cotisant (Droit de la famille - 18409, [2018])
o Gains inscrits durant le mariage en application de la Loi sur le régime des rentes du
Québec

3. Le partage (art. 416 à 418 C.c.Q.)


3.1. Causes d'ouverture du partage (art. 416 C.c.Q.)

 Divorce
 Décès
 Séparation de corps
 Annulation du mariage
 Absence (art. 89 C.c.Q.)
 Dissolution de l’union civile (art. 521.12 C.c.Q.)
o ! Sauf si mariage des deux conjoints (al. 2 C.c.Q.)

3.2. CALCULS : Partage du patrimoine familial


Étapes :

1. Qualification des biens (art. 415 C.c.Q.)


2. Établissement de la valeur marchande des biens (art. 416 C.c.Q.)
o Déduction des dettes -> Établissement de la valeur nette (art. 417 C.c.Q.)
3. Calculs des déductions additionnelles (art. 418 C.c.Q.)
o Biens acquis avant le mariage
o Apport durant le mariage provenant d’une succession ou d’une donation
4. Établissement de la valeur partageable (division par 2) (art. 416 C.c.Q.)
5. Exécution du partage (art. 419 C.c.Q.)

 ! Pour le partage des rentes et du régime de retraite -> (art. 425 et 426 C.c.Q.)

ÉTAPE 2 : Établissement de la valeur marchande (art. 417 C.c.Q.)

 Date d'évaluation de la valeur marchande


o Valeur marchande correspond au prix qu'un acheteur non lié paierait pour l'acquérir
sur le marché libre à un moment précis
o PRINCIPE = Date d’introduction de l’instance OU décès
o EXCEPTION = Date de cessation de la vie commune (à la discrétion judiciaire)
 À la demande d'un des époux
 Tribunal possède une large discrétion dans l'appréciation des circonstances
 Critère : Rupture du lien économique entre les époux
 Droit de la famille - 2285, [1995] :
 « […], le Code déclenche le processus d'accumulation du
patrimoine familial avec la date du mariage et le continue
sans interruption jusqu'à sa rupture officielle. Rien, entre
ces deux époques, ne l'interrompt ou ne le suspend.
Toutefois, il est des fois où des époux décident de rompre
généralement, complètement et irrévocablement leur
relation maritale sans pour autant faire formellement
reconnaître ce nouvel état par une décision judiciaire. L'on
conçoit que, dans un tel cas, il pourrait devenir inéquitable
que les biens du patrimoine familial accumulés par l'un des
époux après une telle rupture puissent continuer de
s'accroître au profit de son ex-conjoint uniquement parce
qu'aucun jugement n'a sanctionné un état de fait que les
deux parties voulaient définitif. Dans ce cas aussi,
l'intervention judiciaire sera-t-elle possible et appropriée
mais le juge devra alors évaluer les circonstances et les
qualifier au regard de la règle générale consacrée dans la
norme objective que constitue la date du décès ou de
l'institution des procédures. Dès lors, le seul fait de la
cessation de la vie commune est-il insuffisant pour modifier
la date de la fixation de la valeur du patrimoine familial; il
faut que cette interruption de vie maritale soit irrévocable et
surtout totale de sorte que les conjoints se considèrent et
soient dorénavant, sous tous les aspects de la conduite de
leur vie, parfaitement autonomes comme ils le seraient si
un jugement avait consacré la rupture de leur mariage.
L'équité, qui doit présider en cette matière, l'exige. »
 La cessation de la vie commune peut être postérieure à l’introduction de
l’instance (Droit de la famille – 071223, [2007] , Droit de la famille –
081303, [2008])
o ! Particularité de l'union civile (si déclaration commune) (art. 521.14 C.c.Q.)
 Contrat de transaction précise la date à laquelle la valeur nette du patrimoine
familial est établie
 Ne peut pas être antérieure à la démarche commune de dissolution ou à la
date de de cessation de la vie commune, ni postérieure à la date à laquelle le
contrat est notarié
o Actualisation de la valeur marchande à la date du procès ?
 Discrétion judiciaire -> pour une situation exceptionnelle
 Ex : Augmentation ou diminution très importante de la valeur
 Droit de la famille - 0989, [2009] (par. 11 et 23)
 Droit de la famille – 123266, [2012]
 Déduction des dettes et établissement de la valeur nette
o Valeur marchande – Dette(s) = Valeur nette
o Déduction des dettes -> n'est déductible que si elle a été contractée pour l'une ou
l'autre des fins mentionnées à l'art. 417 C.c.Q. = dettes en lien avec le patrimoine
familial
 Acquisition
 Amélioration
 Entretien
 Conservation
o Dettes contractées pour la vente = sont des dettes déductibles
 Ex : Frais de courtage, arpentage, frais légaux, etc. (Droit de la famille -
2211, J.E. 95-1204)
o ! Attention : Ne pas confondre dette et garantie d’une dette
 Ex : Même si un bien du patrimoine familial a été hypothéqué pour garantir
un paiement, cela ne veut pas dire que la dette est déductible
o ! Possibilité de renoncer aux déductions de l’art. 417 C.c.Q
 Doit se faire aux mêmes conditions que la renonciation aux déductions
additionnelles de l'art. 418 C.c.Q.

ÉTAPE 3 : Calculs des déductions additionnelles (art. 418 C.c.Q.)

 2 cas :
o Biens acquis AVANT le mariage
o Apport PENDANT le mariage -> provenant d'une succession et d'une donation
 ! Attention : Les sommes d’argent accumulées AVANT mariage, mais investies PENDANT
le mariage ne sont pas déductibles
o Pourquoi ?
 Cas de remploi (al. 3)

1. Établir le montant des déductions permises sur le bien #1 au moment de l’aliénation


de ce bien (devient l’apport déductible ou sommes remployées) et les déduire
2. Déduire la plus-value de bien #2 dans la proportion du remploi (sommes
remployées/prix d’acquisition du bien #2)

 ! Possibilité de renoncer aux déductions de l’art. 418 C.c.Q


o Renonciation doit être claire et non équivoque
 Peut être tacite
 C'est l'intention des partie qui compte -> peut s'inférer des circonstances
o ! L’acquisition en copropriété (donc avec son conjoint) d'une somme qui serait
déductible ne crée pas une présomption de renonciation (Droit de la famille – 10304,
[2010], Droit de la famille - 123266, [2012])

ÉTAPE 5 :Exécution du partage (art. 419 C.c.Q.)

 Créance = dette civile, donc peut porter intérêts à compter de l’introduction de l’instance ou
du jugement si actualisation ou autre (à la discrétion judiciaire)
 Exécution du partage
o En argent ou en nature (en numéraire ou en dation en paiement ?)
o Pouvoirs du tribunal (art. 420 C.c.Q.) :
 Attribuer certains biens à l'un des époux
 Accorder un droit de propriété
 Ordonner une sûreté
 Échelonner le paiement (max. 10 ans)
 Lorsqu'il y a aliénation d'un bien avant introduction de l'instance ou décès -> tribunal peut
ordonner paiement compensatoire (art. 421 C.c.Q.)
o 1 an avant introduction de l'instance ou décès
o + de 1 an lorsque fait de mauvaise foi (al. 2)
 Tribunal peut exceptionnellement déroger au principe du partage égal (art. 422 C.c.Q.)
o SI il y a une injustice, compte tenu notamment de :
 Brève durée du mariage
 Dilapidation de certains biens par l'un des époux
 Mauvaise foi
o Critère de la faute économique :
 Deux éléments aux situations qui justifient un partage inégal
1. Juste contribution de chacun des époux à la formation su patrimoine
commun
2. Sanction des conduites préjudiciables et répréhensibles
 Il s'agit donc de déterminer si, par ses actes ou comportement pendant le
mariage, l'époux a violé son obligation fondamentale de contribuer à la
formation et au maintien du patrimoine familial (M.T. c. J.-Y.T., [2008])

CHAPITRE 2 : LA SOCIÉTÉ D'ACQUÊTS

 Mariage : régime légal depuis le 1 juillet 1970


 Union civile : régime légal depuis le 24 juin 2002
 Régime de la société d'acquêts (art. 448 à 484 C.c.Q.) -> s’applique
o ! Cas de l’article 456 C.c.Q. (???)

1. Pendant la durée du régime


1.1. La composition de la société (art. 448 C.c.Q.)

 art. 448 C.c.Q. : Biens de chacun des époux au début du régime ou qu'il acquiert pendant le
régime sont des acquêts ou des propres
 Qualification de propre (art. 450 et ss. C.c.Q.) -> Liste limitative
o Acquêts = Tous les biens non déclarés propres par la loi (art. 449 C.c.Q.)
 Présomption d'acquêt, à moins qu'il soit déclaré propre par la loi (art. 459
C.c.Q.)
 Qualification des biens a peu d’importance durant le mariage
o ! SAUF aux fins de l'art. 462 al.1 C.c.Q. : Interdiction pour le conjoint de disposer de
ses acquêts à titre gratuit sans le consentement de l'autre
o La qualification des biens importe lors de la liquidation du régime matrimonial

1.1.1. Les propres (art. 450 à 458 C.c.Q.) -> Lire C.c.Q.

 art. 450 C.c.Q. :


o (1) : Biens dont il a la propriété/possession au début du régime
o (2) : Biens qui lui échoient au cours du régime
o (3) : Biens qu'il acquiert en remplacement d'un propre
o (4) : Droit ou avantages qui lui échoient (à titre de titulaire subrogé ou bénéficiaire)
o (5) : Vêtements, papiers personnels, alliances, décorations diplômes
o (6) : Instruments de travail
 art. 451 C.c.Q. : Bien à charge de récompenses
 art. 452 C.c.Q. : Bien indivis
o ! Possibilité de mutation de la qualification (al. 2)
 art. 453 C.c.Q. : Droit à une pension alimentaire ou d'invalidité
 art. 454 C.c.Q. : Indemnité pour préjudice
 art. 455 C.c.Q. : Bien propre accessoire
o ! Possibilité de mutation de la qualification (al. 2)
 art. 456 C.c.Q. : Déclaration de dividendes
 art. 457 C.c.Q. : Revenus d'entreprise
 art. 458 C.c.Q. : Droits de propriété intellectuelle

1.1.2. Les acquêts (art. 449 à 459 C.c.Q.) -> Lire C.c.Q.

 = Tout ce qui n'est pas propre (art. 459 C.c.Q)


 art. 449 C.c.Q. :
o (1) : Produit de son travail
o (2) : Fruits et revenus échus ou perçus au cours du régime
 + art. 451, 445, 453, 455, 458 C.c.Q. (Le cas échéant)

1.2. L'administration des biens


1.2.1. La gestion des patrimoines (art. 461 à 463 C.c.Q.)

 PRINCIPE : Autonomie de gestion des époux sur leurs patrimoines (art. 461 C.c.Q.)
o Chaque conjoint est libre de transiger sur ses biens,
 EXCEPTION : Interdiction pour le conjoint de disposer de ses acquêts à titre gratuit sans le
consentement de l'autre (art. 462 C.c.Q.)
o Donc, donation nécessite le consentement du conjoint
o Justification : le législateur souhaite préserver la masse des acquêts à partager au
moment de la liquidation du régime
o Exception ne s'applique pas pour les « cadeaux d'usage » et les biens de « peu de
valeur »
o En l'absence du consentement nécessaire, conjoint lésé peut demander l'annulation de
l'acte à titre gratuit (art. 447 C.c.Q.)
o ! Limitation n'empêche pas un époux de désigner un tiers comme bénéficiaire ou
titulaire subrogé d'une rente (art. 463 C.c.Q.)
o Autorisation judiciaire :
 Si le conjoint est inapte à donner son consentement ou introuvable
 Si le conjoint refuse de consentir -> décision dans l'intérêt de la famille
 ! Sous réserve des règles impératives visant la protection de la résidence familiale (art. 401 et
ss. C.c.Q.)
 Biens indivis : Un conjoint peut être copropriétaire indivis d'un bien avec un tiers ou son
conjoint
o Indivision confère à son titulaire tous les attributs du droit de propriété sur sa quote-
part -> qui sera propre ou acquêt selon le cas
o = L'époux peut donc disposer de sa quote-part indivise
o Présomption d'indivision : lorsqu'un époux n'est pas en mesure de prouver qu'un bien
lui est exclusivement propre ou acquêt (art. 460 C.c.Q.)
 Situation susceptible de survenir à l'égard de certains biens mobiliers
 Ex : Compte conjoint, cadeaux reçus à l'occasion de la célébration
de l'union, certains biens offerts aux conjoints pendant l'union
 Si le droit de propriété ne peut pas être attribué à l'un ou l'autre des époux,
l'indivision est alors présumée et le consentement des deux conjoints sera
nécessaire pour aliéner le bien
 En matière immobilière, l'inscription au registre foncier permet souvent de
déterminer qui est le propriétaire du titre

1.2.2. La responsabilité des dettes (art. 464 C.c.Q.)

 PRINCIPE : Corollaire au principe de gestion autonome = Responsabilité des dettes


o Chaque époux n'engage que son propre patrimoine en garantie des dettes qu'il
contracte
o = Le créancier ne peut exercer sa créance que sur le patrimoine de l'époux débiteur
 EXCEPTION : Conjoints sont solidairement responsables des dettes contractées par l'un d'eux
pour les besoins courants de la famille (art. 397 C.c.Q.)
o ! Entre conjoints, la contribution aux charges du ménage est déterminée en fonction
de leurs facultés respectives (art. 396 C.c.Q.) = règle impérative
 Pas automatiquement une contribution à part égales
 Donc, certaines des dettes contractés pour les besoins familiaux et
constituant des charges du mariage peuvent devoir être supportées par les
deux époux en proportion de leurs facultés respectives en cas sur sous-
contribution ou de sous-contribution de l'un d'eux
 N'auront à contribuer moitié-moitié que si leurs facultés sont équivalentes
 Droit de la famille - 171805
 « Les parties s’entendent pour dire qu’il n’y a aucun actif à partager
au sein de la société d’acquêts. Toutefois, monsieur soutient que
celle-ci est déficitaire et réclame à madame la somme de 40 241,68
$ représentant la moitié des dettes accumulées sur sa marge de
crédit. Selon lui, ces sommes ont été contractées à des fins
familiales.
 Cette réclamation ne peut se fonder sur la société d’acquêts, l’article
464 C.c.Q. prévoyant qu’un époux n’est pas tenu « des dettes nées
du chef de son conjoint, sous réserve des dispositions des articles
397 et 398.
 La réclamation de monsieur se fonde sur le fait qu’il aurait été le
seul à subvenir aux dépenses de la famille. Un tel argument ne
réfère pas au régime matrimonial, mais plutôt à l’article 396 C.c.Q.,
lequel pose l’obligation des époux de contribuer aux charges du
ménage en proportion de leurs facultés respectives, de même qu’au
mécanisme correcteur que constitue la prestation compensatoire. Il
demeure que, même ainsi qualifiée, la réclamation de monsieur ne
peut être accueillie, la preuve du lien entre les dettes et la famille
n’ayant pas été faite. De plus, il apparaît que madame a contribué
aux charges du ménage en proportion de ses moyens. »
 Le conjoint peut être tenu responsable d'une dette pour d'autres motifs
o Ex : Solidarité stipulée dans un prêt, cautionnement, marge de crédit conjointe ->
dette qui est conjointe
 ! Ceci ne veut pas dire que les dettes n'ont pas à être comptabilisées lorsqu'il s'agit d'établir la
masse des acquêts partageables
o C'est la valeur nette des acquêts qui doit être partagée = il faut donc déduire toutes les
dettes

2. La fin du régime
2.1. La dissolution
2.1.1. Causes de dissolution (art. 465 C.c.Q.)

 Décès
 Modification de régime matrimonial
o Modification conventionnelle
 N'est possible que par contrat de mariage ou d'union, donc par acte notarié
 Prend effet le jour où les conjoints signent l'acte notarié
 Liquidation de la société d'acquêts ayant existé jusqu'à la date de la signature
o Modification judiciaire
 Jugement en séparation judiciaire des biens
 Liquidation de la société d'acquêts qui a existé entre eux
 Jusqu'au jour de la demande ou date de cessation de la vie commune (si le
tribunal en décide ainsi)
 Divorce, séparation de corps, séparation judiciaire de biens
 Absence (art. 89 C.c.Q.)
 Nullité du mariage (art. 382 à 384 C.c.Q.)
 ! Particularité de l'union civile
o L'union civile peut être dissoute d'un commun accord, sans qu'il soit nécessaire
d'obtenir un jugement (art. 521.14 C.c.Q.)
o Lorsque l'union civile se dissout par le mariage -> effets sont maintenus = pas de
dissolution (art. 521.12 C.c.Q.)

2.1.2. Date d'effet de la dissolution (art. 466 C.c.Q.)

 Effet immédiat = dissolution a lieu à la date de la cause de dissolution


o ! Attention : Date dissolution du régime n'est pas nécessairement la date des effets de
la dissolution
o Date des effets de la dissolution est importante -> date de la cristallisation des masses
à partager(propres et acquêts)
 = Après cette date, il n'y a plus ni propre, ni d'acquêt
 PRINCIPE : Dissolution du régime a lieu à la date du jugement, MAIS effets sont rétroactifs
à la date d'introduction de l'instance -> pour le divorce, séparation de corps, annulation de
mariage, séparation judiciaire de biens
o ! Pour le décès, l'absence et la date de modification du régime, c'est la même date
pour la dissolution et les effets de la dissolution
 EXCEPTION : Possibilité de demander que les effets remontent à la date de cessation de vie
commune
o Normalement, la date de cessation de vie commune est antérieure à la date
d'introduction d'instance
 ! Particularité de l'union civile
o L'union civile peut être dissoute d'un commun accord, sans qu'il soit nécessaire
d'obtenir un jugement (art. 521.14 C.c.Q.)
 Conjoints doivent signer un contrat de transaction et une déclaration
commune
 2 situations possibles : (art. 521.19 C.c.Q.)
 Si les conjoints ont cessé de faire vie commune lorsqu'ils décident de
dissoudre leur union -> date pour liquidation se situe entre la date de la
cessation de la vie commune et la date du contrat de transaction
 Si les conjoints font encore vie commune au moment où ils décident de se
désunir -> date doit se situer entre la date à laquelle ils entreprennent la
démarche commune de liquidation et la date à laquelle est reçu le contrat de
transaction
 C'est quoi l'affaire du 31e jour après le divorce ?

2.2. Droit d'option

 PRINCIPE : Chaque conjoint a un droit d'option -> accepter ou renoncer aux acquêts de
l'autre, peut importe le choix effectué par ce dernier (art. 467 C.c.Q.)
 EXCEPTION : Dissolution a lieu par le décès d'un des conjoint (art. 473 et 482 C.c.Q.)
o La transmissibilité du droit d'option est conditionnelle à l'acceptation des acquêts du
défunt par le conjoint survivant
 = Choix de liquider le régime revient donc au conjoint survivant
o Donc lorsque la société d'acquêts est dissoute par le décès de l'un des conjoints, le
conjoint survivant a de façon prioritaire la possibilité d'accepter ou de renoncer au
partage des acquêts du défunt
 Droit d'option des héritiers du défunt est conditionnel à son acceptation
 Caractéristiques :
o D'ordre public (art. 467 al. 2 C.c.Q.) : « Nonobstant toute convention contraire »
 Droit d'option est exercé à partir du moment où la société d'acquêts est
dissoute = Règle d'ordre public
 Les conjoints peuvent-ils régler conventionnellement le sort de leur régime
matrimonial avant le divorce &
 Quels que soient les termes de l'entente, le conjoint doit conserver a
faculté de renoncer ou d'accepter le partage des acquêts à la
dissolution
o Irrévocable (art. 472 C.c.Q.)
 ! Renonciation aux acquêts peut toutefois être annulée pour toute cause de
nullité des contrats

2.2.1. Exercice du droit d'option

 Acceptation
o Expresse (art. 468 al. 1 C.c.Q.) ou tacite (notamment après 1 an art. 469 al. 2 C.c.Q.)
 Acceptation expresse peut se faire par acte notarié ou sous seing privé + n'a
pas à être publiée
 Acceptation tacite peut résulter du défaut de l'un des conjoints d'exercer son
droit d'option
 = Aucune forme requise
o Hypothèse de la doctrine : possibilité pour le créancier d'exercer le droit d'option du
conjoint débiteur par action oblique
 Renonciation ( 470, 474 C.c.Q.)
o Formalités (art. 469 C.c.Q.) :
 Doit être expresse :
 Acte notarié
 Déclaration judiciaire
 Mention particulière suivant laquelle le conjoint renonce au partage des
gains de la Régie des rentes du Québec de son conjoint
 Doit être publiée au RDPRM
 Dans l'année de la dissolution -> sinon, le conjoint est réputé avoir
accepté
 Délai commence à courir à la date de l'évènement qui
dissout le régime
 Droit de la famille – 103309, [2010] : La tardiveté ou l'absence de
publication au RDPRM d'une renonciation au partage de la société
d'acquêts rend celle-ci inopposable aux tiers, dont l'ex-époux
o Lorsqu'un époux renonce aux acquêts de son conjoint, ce dernier n'a aucune somme à
lui verser
 Si l'autre conjoint accepte, les biens d'un seul conjoint sont partagés (art. 470
al. 1 C.c.Q.)
 Su les deux époux renoncent, aucun partage n'a lieu
o Lorsqu'un époux décède alors qu'il était encore en droit de renoncer -> ses héritiers
ont un nouveau délai de un an pour faire inscrire leur renonciation, à partir du décès
(art. 474 C.c.Q.)
o Inopposabilité de la renonciation au créanciers (art. 470 al. 2 et 3 C.c.Q.)
 Peut arriver que la renonciation aux acquêts du conjoint cause préjudice aux
créanciers du renonçant, car le patrimoine de leur débiteur est privé d'un
nouvel actif
 Créanciers peuvent alors demander au tribunal de déclarer que la
renonciation leur est inopposable et peuvent alors accepter les acquêts du
conjoint à la place de leur débiteur
2.2.2. Cas particuliers

 Faits et gestes d'un conjoint peuvent le priver de sa part dans les acquêts de son conjoint =
retrait du droit d'option
 ! Techniquement, le tribunal ne peut pas accorder un partage inégal dans la société d'acquêts
(contrairement au partage du patrimoine familial)
o Par contre, si le partage des acquêts entraine une injustice, tribunal peut intervenir
indirectement (ex : accorder une prestation compensatoire à l'époux qui a dû partager
ses acquêts)
 Donc, le principe est le partage 50/50 -> mais EXCEPTIONS :
o Recel, divertissement, dilapidation ou administration de mauvaise foi (art. 471
C.c.Q.)
 = Conjoint est privé de sa part dans les acquêts de son conjoint, même si le
conjoint fautif a préalablement exercé son droit d'option
 Recel et divertissement = poser des gestes en vue de soustraire/dissimiler un
bien du patrimoine
 G.R. c. R.É., [2004] (par. 2 -7) :
 Recel : « Dissimulation frauduleuse d'un bien par une
personne en vue de soustraire aux effets de la loi »
 Divertissement = détourner des biens qui n'étaient pas en sa
possession
 Dilapidation et administration de mauvaise foi = poser des actes afin de faire
diminuer ou de ne pas accroître son patrimoine, et par le fait même
empêcher l'autre conjoint d'en bénéficier
 Infractions peuvent être commises pendant le régime, mais également entre
la dissolution et la liquidation du régime
o Immixtion (art. 468 al. 2 C.c.Q.)
 Immixtion : « Intervention illicite d'un [conjoint] dans la gestion des biens
appartenant à [l'autre conjoint] » -> après la dissolution du régime
 Conjoint qui s'est immiscé (= méchant conjoint) n'aura pas le droit aux
acquêts de son conjoint (= gentil conjoint)
 SAUF si le gentil conjoint a choisi d'opter pour le partage des
acquêts du méchant conjoint
 ! Actes de simples administration n'emportent pas immixtion
 Intervention illicite = pas autorisée par le gentil conjoint (expressément ou
tacitement)
 Ex : Par rapport aux biens indivis

3. La liquidation de la société d'acquêts


3.1. Incidence du patrimoine familial

 Il n'y a pas de confusion entre les deux régimes, parce que la liquidation s'effectue en 2 étapes
:
1. Liquidation du patrimoine familial
2. Liquidation du régime matrimonial
 = Les biens du patrimoine familial sont exclus du régime matrimonial
 ! Si exclusion du patrimoine familial (possible seulement si mariage avant le 1er juillet
1989) : tous les biens sont liquidés en fonction du régime matrimonial

3.2. Liquidation : ÉTAPES


1. art. 465 C.c.Q. : Dissolution
2. art. 467 C.c.Q. : Exercice du droit d'option
o ! Si renonciation -> aucune liquidation (art. 469 C.c.Q.)
3. art. 475 C.c.Q. : Liquidation du régime

1. Formation des masses (propres et acquêts) pour chaque conjoint (art. 475 al. 1
C.c.Q.)
2. Établir le compte de récompenses -> afin de rétablir l’équilibre entre les deux
catégories de biens (propres et acquêts) (art. 475 al. 2 C.c.Q.)
3. Paiement des récompenses (normalement en valeur) (art. 480 C.c.Q.)
4. Établir la valeur nette (art. 481 C.c.Q.) :
1. Acquêts + récompenses aux acquêts = Valeur brute
2. Valeur brute – toutes les dettes = Valeur nette

 ! Certaines dettes peuvent donner lieu à une récompense (art. 478 C.c.Q)
 Voir aussi : art. 484 C.c.Q.

5. Établir le montant de la créance : Valeur nette / 2 (art. 481 C.c.Q.)

 Possibilité de compensation
 Paiement : $ ou dation en paiement
 EXCEPTION : Si dissolution par décès (art. 482 C.c.Q.)

ÉTAPE 3.1. : Formation des masses

 La masse des propres


o Avant le mariage (art. 450 al. 1 C.c.Q.)
o Pendant le mariage (art. 450 à 458 C.c.Q., art. 32 L.A.R.C.C.)
 La masse des acquêts (art. 449, 451-453, 455, 458, 459 C.c.Q.)

ÉTAPE 3.3. : Paiement des récompenses (art. 475 à 480 C.c.Q.)

 Récompense = enrichissement dont une masse a bénéficié au détriment de l'autre (art. 475 al.
3 C.c.Q.)
 But : Rétablir l'équilibre entre les masses (propres et acquêts) du patrimoine D'UN conjoint
o Ex : Tenir compte de l'enrichissement qu'a procuré de l'argent propre investi dans un
bien qualifié d'acquêt
 Biens sujets à récompense (art. 476 al. 1 C.c.Q.)
o S'estiment d'après leur état au jour de la dissolution du régime et d'après leur valeur
au moment de la liquidation
 Date d'évaluation des autres biens ?

ÉTAPE 3.5. Établir la valeur nette

 Dettes (art. 464, 478 C.c.Q.)

ÉTAPE 3.6. Partage (art. 481 et 482 C.c.Q.)


3.3. La protection des créanciers (art. 484 C.c.Q.)

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