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Remarques préliminaires
Modes de conjugalité
Mariage : 30%
o Mariages homosexuels : 3%
Union civile : 1%
Union de fait : 39%:
o Phénomène québécois
o Environ 21% au Canada
o 63% : Naissance hors mariage
o Pas d’impact sur les droits des enfants (art. 522 C.c.Q.) (depuis 1981)
Si renonciation de Mme :
o Séparation de biens :
Régime de type individualiste
Nécessite un contrat de mariage (acte notarié)
Aucun partage à la dissolution
Contrepartie :
Donations entre vifs : meubles meublants, $
Donation à cause de mort : « au dernier vivant les biens »
Mutabilité complète des régimes matrimoniaux (consentement mutuel, acte notarié)
C.c.B.-C : abrogé en partie
o ! Communauté de biens : règles demeurent en vigueur pour les époux mariés sous ce
régime
1985 : Loi sur le divorce
o Nouvelle philosophie -> divorce si échec du mariage
o Possibilité d’obtenir le divorce après 1 an de cessation de la vie commune
Augmentation importante du nombre de divorce
o Ne repose pas sur la faute d’un des conjoints (divorce-remède)
o Si faute : pas d’impact sur le soutien alimentaire ou l’octroi de la garde (art. 15.2 (5) ,
16 (9) Loi sur le divorce)
1989 : Projet de loi 146, Loi modifiant le C.c.Q. et d'autres dispositions législatives afin de
favoriser l'égalité économique des époux - Faits saillants :
o Patrimoine familial
Règles impératives -> liste limitative, mais interprétation libérale (art. 415
C.c.Q.)
Résidences de la famille (principale et secondaires) et « droits qui
en confèrent l’usage »
Meubles qui ornent ces résidences
Véhicules servant aux déplacements de la famille
Régimes de retraite publics ou privés
Sauf bien si échu par succession ou donation
Effet durant mariage : en principe, aucun
Effet à la dissolution :
PRINCIPE : partage égal 50/50
Déductions :
Bien acquis avant mariage ;
Bien acquis avec $ provenant de donation ou succession
EXCEPTION : Possibilité de partage inégal
o Survie de l’obligation alimentaire si décès
PRINCIPE : Liberté de tester
MAIS survie de l'obligation alimentaire (art. 684 et suiv. C.c.Q.)
Créanciers alimentaires :
Conjoint (si : mariage ou union civile)
Descendants 1er degré
Ascendants 1er degré (6 mois d'aliments, max 10%)
Ex-conjoint (divorce) (12 mois d'aliments, max 10%)
Attribution survie obligation alimentaire au conjoint
Max 1/2 de sa part si décès ab intestat (art. 666-674 C.c.Q.)
Valeur de la part : actif réel et fictif de la succession
(libéralités)
Moins : ce qu'il reçoit (Ex : si héritier testamentaire)
MAIS ce n'est pas automatique
Preuve des besoins et facultés
Non révisable par la suite
o Modification à la société d’acquêts : droit de créance
o Cumul des avantages matrimoniaux et successoraux (art. 654 C.c.Q.)
Impact mineur
Révocabilité des donations à cause de mort
Caducité du legs au conjoint si divorce (art. 764 C.c.Q.)
Modification de la dévolution successorale légale :
o 2e ordre (favorable au conjoint survivant)
Et l'union de fait ?
1965 : Les premiers pas = QC est la 1e province à reconnaître le statut de conjoint de fait
o RRQ : Loi sur les régimes de rentes du Québec
Veuve seulement
7 ans de vie commune
Années 70' : Une brise de protection
o Reconnaissance de l'union de fait dans certaines lois sociales (ex : Accident du
travail, assurance-automobile)
o 1979 : Droit au maintien dans les lieux (C.c.B.-C.)
Propositions de l'O.R.C.C.
o Statut de créancier alimentaire
o Obligation de contributions aux charges du ménage
o Vocation successorale
o Présomption de paternité
Législateur n'en retient AUCUNE mais :
o Réforme 1980 :
Abolition de la prohibition de donations entre concubins (art. 768 C.c.B.-C.)
Conséquence : validité des conventions entre conjoints de fait
Tous les enfants sont désormais égaux (art. 522 C.c.Q.)
Exit : enfant légitime ou enfant naturel
Statistiques :
o 1981 : 8%
o 1991 : 19%
o 1996 : 24%
o 2001 : 30%
o 2006 : 35%
o Aujourd'hui : 39% (certaines régions beaucoup +)
Années 90'
Années 2000
2002 : Loi 84
o 24 juin 2002 : Création de l'union civile (art. 521.1. à 521.19 C.c.Q.)
o Copier/coller du mariage
o Possibilité de dissoudre l'union par consentement mutuel (actes notariés -
déjudiciarisation)
o Définition de conjoints de fait (Loi d'interprétation, art. 61.1.)
o Reconnaissance de l'homoparenté (procréation assistée, adoption)
Que faire ?
Postulat : L'enfant commun est source d'interdépendance entre les conjoints mariés ou non
o Régime parental impératif
Si enfant, tous les parents : mariés ou conjoints de fait -> distinction basée
sur si le couple a des enfants
Prestation compensatoire parentale (nouveauté)
Compensation des désavantages subis durant la vie
commune en raison des rôles parentaux
Protection de la résidence familiale
Contribution aux charges du ménage
o Régime conjugal
Philosophie : respect de l'autonomie de la volonté
2015-2019 : Silence du législateur
Printemps 2019 : Consultation publique de la Ministre de la Justice (web)
Un autre ministre de la justice plus tard...
o Lueur d'espoir
o Projet de loi 2 : Filiation...adopté en partie (Juin 2022)
Présomption de paternité
o Élection (Octobre 2022) : Projet de loi sur la conjugalité... à venir ?
À titre supplétif pour toutes les lois provinciales qui ne définissent pas la notion de conjoint
« Sont assimilés à des conjoints, à moins que le contexte ne s'y oppose, les conjoints de fait.
Sont des conjoints de fait deux personnes, de sexe différent ou de même sexe, qui font vie
commune et se présentent publiquement comme un couple, sans égard, sauf disposition
contraire, à la durée de leur vie commune. Si, en l'absence de critère légal de reconnaissance
de l'union de fait, une controverse survient relativement à l'existence de la communauté de
vie, celle-ci est présumée dès lors que les personnes cohabitent depuis au moins un an (ou)
dès le moment où elles deviennent parents d'un même enfant.»
Cette définition s'applique au mot « conjoint dans le C.c.Q. », car il n'y a pas de définition
dans le C.c.Q.
Deux critères :
o Vie commune
Présomption de vie commune lorsque deux personnes cohabitent depuis au
moins un an OU dès qu'elles deviennent parent d'un même enfant
o Représentation publique
! N'exige pas de durée minimale pour conclure à l'existence de la vie commune
o ! Par contre, une loi à laquelle la définition de la Loi d'interprétation s'applique peut
imposer une durée minimale de cohabitation ou de vie commune
o Ex : art. 555 C.c.Q.
! S'applique pas nécessairement dans tous les cas -> « à moins que le contexte ne s'y oppose »
o Cas d'application non équivoque
Adoption (art. 555, 579 C.c.Q)
Maintien dans les lieux (art. 1938 C.c.Q.)
Reprise de possession d'un logement (art. 1958 C.c.Q.)
Avant 2002, mot « concubin » donc le contexte ne s'y oppose
nécessairement pas
« Le propriétaire d'une part indivise d'un immeuble ne peut
reprendre aucun logement s'y trouvant, à moins qu'il n'y ait qu'un
seul autre propriétaire et que ce dernier soit son conjoint. »
Consentement aux soins (art. 15 C.c.Q.)
o Cas où le contexte s'y oppose :
Effets du mariage (art. 391 à 431 C.c.Q.)
Régimes matrimoniaux (art. 431 et ss. C.c.Q.)
Dévolution légale en matière successorale
o Comment savoir si le contexte s'y oppose ?
Historique
Quel est le but de l'article ? Tenter d'évaluer s'il est exclusivement relié aux
statuts d'époux ou de conjoint uni civilement
Est-ce qu’il y a qqch qui fait en sorte que ça serait choquant que ça
s’applique juste aux conjoints mariés, et pas aux conjoints de faits
par ex. ?
Ex :
art. 761 al. 1 C.c.Q. : « Le legs fait au propriétaire, à
l’administrateur ou au salarié d’un établissement de santé ou de
services sociaux qui n’est ni le conjoint ni un proche parent du
testateur, est sans effet s’il a été fait à l’époque où le testateur y était
soigné ou y recevait des services. » (voir également art. 1817
C.c.Q.) -> S'applique aux conjoints de fait
art. 723 C.c.Q. : « Le testament notarié ne peut être reçu par un
notaire conjoint, parent ou allié du testateur, ni en ligne directe, ni
en ligne collatérale jusqu'au troisième degré inclusivement » ->
S'applique aux conjoints de fait (tout comme 759 C.c.Q.)
But : Éviter des conflits d'intérêt
art. 1974.1 C.c.Q. -> S'applique aux conjoints de fait
2.1. Cohabitation
Le simple fait de la cohabitation n’est pas suffisant à lui seul pour conclure à la vie maritale
o Cohabitation n'est pas synonyme de corésidence, même s'ils sont copropriétaires
Ex : Colocs ne sont pas nécessairement des conjoints
Situations possibles chez des ex-conjoints ou ex-époux qui résident encore
ensemble
o Hodge c. Canada (Ministre du Développement des ressources humaines, [2004] :
[42] : « […] la cohabitation est un élément essentiel de l’union de fait. La «
cohabitation », dans ce contexte, n’est pas synonyme de corésidence. Deux
personnes peuvent cohabiter même si elles ne vivent pas sous le même toit
et, inversement, elles peuvent ne pas cohabiter au sens où il faut l’entendre
même si elles vivent sous le même toit. Les périodes de séparation physique
comme celle que l’intimée et le défunt ont vécue en 1993 ne mettent pas fin
à l’union de fait s’il existe une intention commune de continuer. […]
La cohabitation peut être discontinue
o Cohabitation s'apprécie en fonction des modes de vie des personnes concernées
o Ex : Lieu de travail ou d'études, raisons familiales qui expliquent pourquoi l'un des
conjoint ne réside sous le même toit
La cohabitation peut être interrompue
o Interruption temporaire, qui peut être volontaire ou forcée
o Ex : Incarcération, hôpital, etc.
o ! Distinction entre climat de crise et rupture
Climat de crise -> peut amener un conjoint à quitter temporairement le
domicile conjugal
Rupture -> Départ définitif
Il faut alors examiner l'intention des conjoints pour établir s'il s'agit d'une
interruption temporaire ou une rupture
Retraite Québec c. T.A.Q. [2018]
Famille récompensée
Vie commune est compromise, c’est le chaos : Mme est très
méchante
Selon la Cour, la rupture est survenue lors de la remise de lettre ->
distinction entre les conséquences de la rupture et la rupture en tant
que telle, même s’il ne s’est écoulé que 8 jours entre le moment de
la lettre et le suicide
Critère = Intention
Cohabitation et adresses distinctes : Peut-on être « conjoints » si on a des adresses distinctes ?
o Personnes vivant à deux adresses peuvent être des conjoints de fait
Notion de vie commune doit être interprétée de façon libérale et dynamique,
en tenant compte de la la réalité sociale actuelle
« Notion moderne » de cohabitation
o Pour conclure à la vire maritale en l'absence d'adresse commune -> on doit démontrer
que cela ne résulte pas d'un choix personnel
Y a-t-il un projet commun de vie ? -> On doit être en mesure de motiver
pourquoi on ne vit pas sous le même toit que son conjoint
o ! Deux personnes peuvent être considérées comme un couple sans être des conjoints
de fait
Malgré les adresses distinctes, les conjoints doivent avoir un projet de vie
commun
Ils doivent donc régulièrement se trouver dans l'une ou l'autre des résidences
de chaque couple
Stabilité de la relation favorisera la preuve de la vie maritale
o Comité de retraite du régime de retraite du personnel de l’Université Laval c.
Marois, [2016]
[68] : Dans cette optique, l’évaluation de la notion de vie maritale est
éminemment contextuelle. Malgré que les trois critères fondamentaux de la
cohabitation, du soutien mutuel et de la représentation publique restent
pertinents, la décision de savoir si deux personnes vivent maritalement
devrait être basée sur un ensemble plus large de facteurs contextuels qui
incluent notamment :
1. L’existence d’un projet commun de vie entre les parties ;
2. L’attachement, le soutien affectif et le secours mutuel ;
3. La mise en commun ou le partage des revenus, des actifs ou des
dépenses ;
4. La cohabitation des parties ;
5. Le partage d’intérêts communs, la vie sociale, les loisirs et les
sorties ;
6. La durée, la continuité et la stabilité de la relation ;
7. La notoriété de la vie commune.
[69] : Même si la cohabitation constitue un indice fort de la présence d’une
relation maritale, de l’avis du Tribunal, aucun de ces facteurs n’a préséance.
Cependant, il doit exister une preuve prépondérante d’un faisceau
suffisamment important d’éléments convergents pour qu’une union puisse
être qualifiée de maritale. »
Notion de cohabitation n’est pas rigide, équivaut pas nécessairement
résidence commune
Même si les 3 facteurs sont pertinents, interprétation -> contexte +
large
Ici, Mme travaillait à l'hôpital = raison objective au choix d'avoir conservé
son condo qui était tout près de l'hôpital, même s'il était dans la même ville
que M.
Pour M., c'est logique de rester dans sa maison, car il avait la garde de sa
fille 1 semaine sur 2
o I.F. c. Retraite Québec, [2016]
Se rencontrent comme voisins
Font toutes leurs activités ensemble
Tous deux avaient des raisons valables de conserver leur résidence
o Succession de Bellemore, [2012]
o Droit de la famille-142166, [2014] = Pas de projet commun
! Ne sont pas des conjoints de fait
La Cour fait la distinction entre conjoints de fait et un couple
Les ex-conjoints de fait peuvent continuer à cohabiter sans faire vie commune
o Même si la cohabitation crée une « présomption de fait sur la pérennité de la vie
maritale », deux ex-conjoints peuvent continuer à vivre sous le même toit malgré une
rupture
o Ex : Conjoints de fait qui se sont séparés mais qui vivent encore ensemble
o Fouquette c. Doyon, [2017]
Décident de rester dans la même maison après leur séparation jusqu’à temps
qu’ils vendent
Fouquette avait véritablement l’intention de rupture
Ce n'est pas parce qu’elles ont continué de vivre ensemble qu'elles sont
restées des conjoints
Avant, souvent utilisé pour contrer une relation qui était occulte
o Ex : Couple homosexuel qui cachait leur relation
Perception des tiers : est-ce que les témoignages des gens de l'extérieur viennent confirmer
qu'il s'agit de conjoints ?
o Donc, relation ne peut pas être complètement occulte
Souvent qualifié d'élément « accessoire »
o Pour venir confirmer l'ensemble de l'oeuvre
o ! Sauf si la loi l'exige
o Susceptible de devenir de plus en plus important -> interprétation large et libérale
donnée au concept de cohabitation
Si on peut désormais considérer que deux personnes cohabitent même si
elles ne résident pas en tout temps ensemble -> commune renommée prend
toute son importance
! Distinction avec la représentation publique :
o Critère qui requiert une preuve qui va au-delà de la perception de l'entourage
immédiat
o Se matérialise souvent par diverses déclarations faites à différents organismes
Ex : Rapport d'impôts, bénéficiaire d'assurance-vie, legs au conjoint, etc.
o S'évalue en fonction de l'ensemble de la preuve, et non d'un seul fait
Ex : Fait de déclarer vivre seul -> pas automatiquement un manquement à la
représentation publique
1.1. Forme
La convention d’union de fait est un contrat licite qui crée des obligations civiles susceptibles
d’exécution devant les tribunaux
o Convention de vie commune afin de régir certains aspects de l'union des deux
conjoints
Comme tout contrat, il peut être annulé si le consentement a été vicié
Pas contraire à l'ordre publique
Aucune forme requise, peut être notariée ou sous seing privé
o EXCEPTION : si contient une donation entre vifs -> nécessite un acte notarié (art.
1824 C.c.Q.)
o ! Conjoints de fait ne peuvent pas faire une donation à cause de mort -> seulement
dans un contrat de mariage (art. 1819 C.c.Q.)
Pour s'avantage au décès, ils doivent absolument faire un testament
Conventions qui portent principalement sur les modalités patrimoniales qui vont régir l'union
et la rupture
! Conjoints de fait ne sont pas assujettis à AUCUNE règle d'ordre public
Contenu variable qui varie selon les désirs des conjoints :
o Partager des biens à la rupture
Importer les règles du patrimoine familial
! Les règles du patrimoine familial ne sont pas d'ordre public pour
eux
Peuvent conventionnellement s'assujettir, en tout ou en partie, aux
règles du patrimoine familial
Donc, peuvent décider de n'inclure que certains biens et
non tous ceux de l'art. 415 C.c.Q.
Au cours de l'union, peuvent modifier la composition du patrimoine
familial et revoir modalités du partage
Houle c. Forand, [2009] : Modification peut être tacite
dans la mesure où elle est possible à prouver
Couture c. Gagnon, [2001]
Validité d'une convention d'union de fait qui intègre les
règles du patrimoine familial -> ouverture au partage du
patrimoine familial à la rupture
Ce qui est d'ordre public, c'est l'assujettissement des époux
aux règles du patrimoine familial = n'empêchent pas les
conjoints de fait de convenir d'être assujettis à ces règles
Patrimoine familial confère aux époux un droit de créance -> même
chose lorsque les conjoints de faits s'assujettissent aux mêmes règles
Patrimoine familial est un droit transmissible au décès de l'un des
époux -> même chose pour le conjoint de fait
Nature du droit n'est pas modifiée parce que sa source est
conventionnelle et non légale
Si les conjoints souhaitent que ce partage ne bénéficie qu'au
conjoint survivant -> ils doivent se léguer par testament
leurs droits dans le patrimoine familial
Importer les règles du régime matrimonial/créer un régime d'union de fait
Bouffard c. Pilon, [2012] : Conjoints de faits s'assujettissent par
contrat au régime légal de la société d'acquêts
Peuvent modifier la portée des règles, au moment de la signature ou
ultérieurement, à leur convenance
o Pension « alimentaire »
Contrat peut prévoir une indemnité de rupture, qui prend la forme d'une
pension « alimentaire »
! N'existe aucune obligation alimentaire entre les conjoints de fait
MAIS rapport intime fait naître une obligation naturelle
Même si on ne peut en forcer l'exécution, obligation naturelle peut
se transformer en obligation juridique si le débiteur s'exécute de lui-
même
Ex : Si l'un des conjoints verse une somme à l'autre à la rupture,
sans être obligé de le faire en vertu d'un contrat, il ne pourra pas
exiger le remboursement
Si intégrée au contrat, l'obligation naturelle peut devenir une obligation
civile
Ponton c. Dubé, [2005] : Nature contractuelle de l'obligation = les règles
relatives à l'obligation alimentaire ne s'appliquent pas d'office à titre de droit
supplétif à moins de les intégrer ou d'y référer
o Autre indemnité de rupture
Indemnité de rupture peut prendre une autre forme qu'une pension «
alimentaire »
Ruiz c. Benito, [1998] : Droit d'option pour se porter acquéreur d'un bien
détenu en indivision par les conjoints
o Partage du régime de retraite et autres rentes
1.3. Effets
1.3.1. Rupture
Normalement, la convention d'union de fait prend fin à la rupture -> elle n'a plus de raison
d'être
o Convention produit tous ses effets en ce qui a trait aux modalités prévues pour le
partage des biens et des dettes
Caducité de certains aspects de la convention
o Ex : Choix de la résidence commune, partage des dépenses pendant l'union
o ! Attention : si, au moyen d'une convention d'union de fait ou d'un autre écrit, un
conjoint accorde à l'autre un droit réel -> situations régies par règles du droit de la
propriété et/ou contrats nommés
Ex :
Transfert d'un droit de propriété
Quote-part d'un de ses biens par vente/donation
Démembrement d'un droit de la propriété (droit d'usage)
À moins d'un terme extinctif (qui pourrait être la cessation de la vie
commune), le droit ne s'éteint qu'au décès de l'usager
Donc, à moins de l'avoir expressément prévu, le droit ne s'éteint pas
à la rupture des conjoints
Convention d'union de fait peut créer des droits à la rupture
o Ex : Partage d'un patrimoine familial conventionnel
o Ces droits sont des droits personnels = prescription de 3 ans à partir de la cessation
de la vie commune (art. 2925 C.c.Q)
! Suspension de la prescription : l'art. 2906 C.c.Q. ne s'applique pas aux
conjoints de faits
Réfère expressément et uniquement aux époux et aux conjoints unis
civilement -> n'utilise pas le terme conjoint = contexte qui s'y
oppose
La prescription court durant l'union de fait
Bédard c. Pinard, [2016]
Bialosh c. Vaillancourt, [2016]
Néron c. Parent, [2016]
Contra : Thibodeau c. Roy, [2015]
Ex : Conjoint peut prêter une somme d'argent à un autre (prêt à
terme ou à demande)
Pour interrompre la prescription avant le délai de 3 ans (art.
2925 C.c.Q.), ils doivent obtenir une reconnaissance de
dettes s'ils ne souhaitent pas percevoir les sommes dues
pendant la vie commune
Si prescription pas interrompue, le débiteur ne sera pas tenu
responsable de la dette
Obligation se transforme en obligation naturelle,
pas susceptible d'exécution forcée
L.M. c. R.D., [2016]
Possibilité de faire une « entente de séparation »
o Ne peut contrevenir à l'ordre public
o Aucune forme prescrite
Notariée si une donation y est prévue
o Peut porter sur la garde des enfants, certaines modalités de la contribution
alimentaire pour les enfants, le partage des biens et les dettes
1.3.2. Décès
Conjoints de fait qui signent une convention d'union de fait se marient par la suite -> quels
sont les effets de la convention suite au mariage ?
Convention sera privée d'effet si elle contrevient à des règles d'ordre public qui régissent le
mariage
o Ex : Convention d'union de fait qui intègre que partiellement les règles du patrimoine
familial -> clauses n'ont plus d'effet à la suite du mariage, car les époux ne peuvent
déroger aux règles du patrimoine familial
Clauses de la convention de fait ne sont pas toujours incompatibles avec les règles du mariage
o Succesion de Lowenger, [2009] :
Faits :
Convention d'union de fait = M. crée en faveur à Mme un droit
d'usage à l'égard de son condo
Préambule du contrat explique que les parties veulent vivre
ensemble, mais qu'elles ne souhaitaient pas se marier et que
les règles du patrimoine familial, de la prestation
compensatoire et de l'obligation alimentaire ne s'appliquent
pas à elles
Mariage
Décès de M. = leg de ses biens à ses enfants
Question : Est-ce que le droit d'usage de Mme sur le condo subsiste à la suite
du mariage ? Peut-elle opposer ce droit aux héritiers de son mari ?
Décision : Cour d'appel renverse la décision de la CS -> pas de droit d'usage
Préambule = âme du contrat
Union de fait a cessé par le mariage des conjoints -> préambule est
nul, ce qui entraîne la nullité de toute la convention de l'union de
fait (art. 1458 C.c.Q.)
Critique de la doctrine : confusion entre nullité et caducité
2. Le testament
2.1. Absence de vocation successorale
Conjoint de fait peut se qualifier comme conjoint survivant s'il remplit les conditions requis
par les diverses lois
o Ex : Rente, indemnité de décès
Si le conjoint de fait ne se qualifie pas comme conjoint survivant -> conjoint de fait n'est pas
un héritier légal, mais possibilité de léguer ses biens en tout ou en partie à son conjoint par
testament (art. 704 C.c.Q.)
C.c.Q. ne prévoit pas que le legs fait à un conjoint de fait est révoqué par la rupture (art. 764
C.c.Q. ne s'applique pas aux conjoints de fait -> « à moins que le contexte ne s'y oppose »)
Analyse de l'intention du testateur au moment de la rédaction peut démontrer que la cessation
de la vie commune a entraîné la caducité du legs fait à l'ex-conjoint de fait
o La question à se poser au moment de la rupture : Le legs est-il fait en sa qualité de
conjoint ?
Si OUI = Le legs est caduc
Succession de Filion c. Bazinet, [2011] :
« Je lègue à titre particulier ma résidence de tous les biens
meubles et immeubles que je délaisserai à mon décès (...) à
ma conjointe, Francine Bazinet (...) »
Brisebois c. Lunghi, [2016] :
« Je lègue le résidu de l'universalité de tous les biens
meubles et immeubles que je délaisserai à mon décès (...) à
mon amie, Ginette Lunghi (...) »
Si NON = Le legs est valide
Legs à la personne, et non en sa qualité de conjoint
Démontre l'intention de maintenir le legs pour cette personne
spécifique malgré la cessation de vie commune
Demers c. Boily
Goulet c. Héritiers de Guay, [2021]
o ! Attention : art. 764 C.c.Q. va tout de même s'appliquer si le couple était en union de
fait mais se marient par la suite
Beaudoin-Daigneault c. Richard, [1984] : il peut exister une société tacite entre des conjoints
de fait
Société en participation (art. 2250 al. 1 C.c.Q.)
o But : Partage des biens (50/50) (art. 2202 C.c.Q.)
Participation des associés n'ayant pas été déterminée dans un contrat, la part
dans l'actif, dans les bénéfices et dans les pertes est répartie également entre
eux
Il faut être en mesure de prouver l'existence d'une société tacite
o Simple fait de faire vie commune n'est pas suffisant !
Éléments essentiels de la société (art. 2186 C.c.Q.)
o Apport
Peut être fourni en biens, en argent, en services (travail) ou en connaissances
Ne peut pas être simplement la contribution à la vie commune
Ex : Fournir des meubles, assurer le train de la maison
o Partage des bénéfices (et des pertes)
Partage est établi lorsque les profits sont affectés à la subsistance du couple
Indirectement, conjoints participent également aux pertes ->
affectent le niveau de vie du ménage
o Affectio societatis
Intention pour les conjoints de fait de participer à une société, de s'associer
Nécessite une collaboration active et consciente, sur un pied d'égalité
! Difficile à prouver : une relation affective vise peu souvent la réalisation
d'un profit économique
Lien entre la valeur de l'apport et la preuve de l'affectio societatis
Apport n'a pas à être égal, mais il ne doit pas être disproportionné
Enrichissement
o Peut être négatif
Ex : Faire éviter une dépense à l'autre conjoint, diminuer l'impôt de son
entreprise
Appauvrissement
o Peut être négatif
Ex : Manque à gagner -> Investissement plus que significatif à la vie
familiale
Corrélation entre les deux
o N'a pas à être mathématique -> approche souple « libérale et globale »
o Tous les apports des conjoints pendant la vie commune doivent être pris en compte
Absence de justification
o Il y a justification à l'enrichissement si :
Intention libérale (volonté de procurer un avantage à autrui sans exiger de sa
part une contrepartie) ?
L'appauvri agit dans son intérêt personnel ou exclusif ou s'il agit à ses
risques et périls (art. 1494 C.c.Q.)
Mac Rae c. Hammond, [2014]
« Intérêt personnel et exclusif » : Généralement, les
agissements de l'appauvri favorisent également le conjoint
ou la famille
« À ses risques et périls » : Pour agir à ses risques et
périls : l'appauvri a commis une faute, a été négligeant ou a
agi avec témérité
(S'apprécie différemment dans un contexte
conjugal)
Absence d'autre recours
3.2.2. Présomptions
Peter c. Beblow, [1993] : Lorsque que l'union de fait est de longue durée, la CSC a établi 2
présomptions :
o Présomption de corrélation entre l'enrichissement et l'appauvrissement
« [...] La demanderesse a été privée de toute indemnisation pour son travail
puisqu'elle a consacré la majeure partie de son temps et de son énergie, ainsi
qu'une partie de l'argent qu'elle a gagné, au bénéfice de l'intimé, de ses
enfants et de ses biens.
Cette constatation semble suffisante en soi pour justifier la conclusion que
l'appelante a subi un appauvrissement correspondant à l'enrichissement de
l'intimé.
En fait, j'aurais cru qu'un enrichissement donnerait presque invariablement
lieu à un appauvrissement correspondant de la personne qui a contribué à
l'enrichissement. La proposition que l'enrichissement d'un conjoint
entraînera presque automatiquement un appauvrissement correspondant de
l'autre a de nombreux appuis. Dans l'arrêt Sorochan, précité, le juge en chef
Dickson a affirmé que l'enrichissement et l'appauvrissement sont
essentiellement comme les deux côtés d'une pièce de monnaie. »
o Présomption d'absence de motif/justification à l'enrichissement
L'amour que se vouent deux personnes ou l'union de fait ne constituent pas
une justification de l'enrichissement
« Selon l'intimé, puisque l'appelante l'aimait, elle n'a pas pu s'attendre à
recevoir une rémunération ou un intérêt sur le bien-fonds en échange de sa
contribution au foyer et à la famille. Toutefois, dans la société d'aujourd'hui,
on ne peut raisonnablement supposer que l'amour implique nécessairement
qu'une partie fera don de ses services à l'autre. Il est également raisonnable
de soutenir que la partie qui s'acquitte des travaux domestiques nécessaires à
l'établissement d'un foyer s'attend à partager les biens des parties au moment
de la rupture de la relation. On ne s'attend plus que les femmes travaillent
exclusivement au foyer. Il faut reconnaître que lorsqu'elles le font, les
femmes renoncent à un emploi extérieur pour fournir des services
domestiques et s'occuper des enfants. Accorder au pourvoyeur des services
domestiques un redressement, sous forme d'indemnité ou d'intérêt de
propriété, devrait permettre de reconnaître que la capacité d'une partie de
gagner sa vie et d'acquérir des biens s'est trouvée améliorée en raison des
services domestiques non rémunérés fournis par l'autre. »
B.(M.) c. L.(l.), [2003] : Même si Peter c. Beblow, [1993] est une affaire de common law, la
Cour d'appel est d'avis que ces deux présomptions s'appliquent en droit québécois
o [37] : « Je suis d'accord avec l'intimée lorsqu'elle énonce que deux présomptions
peuvent découler d'une union de fait de longue durée, à savoir corrélation entre
enrichissement et appauvrissement et absence de motifs à l'enrichissement. Plusieurs
jugements de la Cour supérieure ont d'ailleurs retenu cette approche, qui tient plus de
la preuve des critères de l'art. 1493 C.c.Q. que du droit substantif, s'inspirant de l'arrêt
de la Cour suprême dans Peter c. Beblow, [1993] 1 R.C.S. 980 . J'ajoute quant à
l'absence de justification à l'enrichissement que notre Cour dans Droit de la famille -
359, [1990] R.J.Q. 983 (C.A.) a énoncé que l'amour ne constitue pas une justification
pour une situation qui se caractérise objectivement d'exploitation. »
o [38] : « Ceci dit, je ne peux adopter une approche aussi libérale que celle préconisée
par l'intimée, à savoir que l'enrichissement correspond à l'augmentation de la valeur
du patrimoine de l'appelant entre le début de la vie commune et la fin de celle-ci. En
effet, cela reviendrait à créer une sorte de société d'acquêts pour les unions quasi
matrimoniales, rôle qui ne revient pas aux tribunaux, mais au législateur. »
o [39] : « Par conséquent, je suis d'avis que l'objectif d'une action en enrichissement
injustifié ne doit pas tendre à un rééquilibrage des actifs ou à un partage des
patrimoines de chacun accumulés pendant la vie commune, mais uniquement à
compenser une partie pour un apport, en biens ou en services, qui a permis à l'autre
de se trouver en une position supérieure à celle qui aurait été la sienne n'eût été de la
vie commune, bref de l'enrichir. »
Présomptions simples (donc peuvent être renversées)
o MAIS fardeau requis pour repousser la présomption de corrélation est très lourd
o Il faut démontrer que l'appauvrissement du conjoint demander n'a aucune rapport
avec son propre enrichissement
C.L. c. J. Le., [2010] : Approche analogue à celle développée en matière de prestation
compensatoire
o [12] : « Le/la juge saisi(e) d'une demande d'indemnité pour enrichissement injustifié
par le/la conjoint(e) de fait doit se livrer à une analyse libérale et globale de la
situation des parties, prenant en compte tous les apports des conjoints durant la vie
commune. Il ne s'agit pas d'un exercice de juricomptabilité comme a tenté de le faire
l'intimé en première instance. »
o [13] : « Au contraire, il faut adopter dans l'analyse des éléments factuels et juridiques
une souplesse particulière qui sied à la nature des rapports entre des conjoints
(Lacroix c. Valois, [1990] 2 R.C.S. 1259, p. 1279). »
o Application : Labrecque c. Carrier, [2014]
Concept développé par la Cour suprême en common Law : Kerr c. Baranow, [2011]
o Éléments à considérer :
Effort commun
Intégration économique
Intention réelle
Priorité accordée à la famille
o ! Il ne s'agit pas de conditions
Existence d'une coentreprise ne se présume pas
Kerr c. Baranow, [2011] : Selon la CSC, il faut recourir à la méthode de la « valeur
accumulée » lorsque la preuve démontre l'existence d'une coentreprise familiale
Réception en droit québécois :
o Grégoire c. St-Arnaud, [2012] :
[60] : « Il est facile de dégager au moins une autre catégorie
d’enrichissement injustifié, soit celle où les contributions des deux parties
ont, au fil du temps, entraîné une accumulation de la richesse. Il y a un
enrichissement injustifié quand une partie conserve, après la rupture, une
part disproportionnée des biens obtenus grâce à l’effort conjoint des deux
parties. Le lien requis entre les contributions et un bien en particulier
n’existe peut-être pas, (…) Or, il peut y avoir un lien incontestable entre les
efforts conjoints des parties et l’accumulation de richesse; en d’autres
termes, un lien entre la « valeur reçue » et la « valeur accumulée » (…)
Ainsi, si une relation peut être décrite comme étant une « coentreprise
familiale » et les efforts conjoints des parties sont liés à l’accumulation de la
richesse, on peut considérer qu’il y a enrichissement injustifié lorsqu’une
partie quitte avec une part disproportionnée des avoirs acquis conjointement.
»
o Droit de la famille - 132495, [2013] :
Même si la fiducie par interprétation n'est pas un concept de droit civil,
méthode de la « valeur accumulée » peut trouver application et doit être
retenue en présence d'une coentreprise
[60] : « Je suis entièrement d'accord avec mes collègues pour dire que le
concept de fiducie par interprétation propre à la common law est étranger au
droit civil et ne peut être appliqué aux conjoints de fait du Québec. Il en va
autrement toutefois avec la méthode de la valeur accumulée lorsqu'elle est
utilisée, non pas pour attribuer un droit dans un bien en particulier, mais
pour établir la contribution proportionnelle du conjoint demandeur à la
richesse globale accumulée grâce aux efforts conjugués des deux conjoints.
Il n'y a rien d'incompatible dans ce genre de situation avec les principes de
l'enrichissement injustifié en droit civil qui exigent une « simple corrélation
entre l'appauvrissement et l'enrichissement », « affranchie de calculs faits au
dollar près » et de « la tenue de comptes précis et mesquins ». Au contraire,
l'arrêt Kerr c. Baranow s'inscrit parfaitement bien dans la lignée des arrêts
Lacroix c. Valois et Peter c. Beblow. Il vient préciser que, pour les cas clairs
d'enrichissement injustifié, c'est-à-dire lorsqu'une partie conserve une part
disproportionnée des biens provenant d'une coentreprise familiale, et qu'une
réparation pécuniaire doit être accordée, il faut calculer cette réparation en
fonction de la part de ces biens qui est proportionnelle aux contributions du
conjoint demandeur. Ceci est en tout point conforme aux prescriptions de
l’art. 1493 C.c.Q., dont celle de l'exigence d'une simple corrélation entre
l'appauvrissement et l'enrichissement. »
o Droit de la famille - 201878, [2020] :
Équité est une valeur fondamentale du droit civil et peut être considérée
comme étant la source du recours en enrichissement injustifié ->
enseignement de la CSC ne sont pas en contradiction avec les principes de
droit cvil
Juge Sansfaçon
[88] : « [...] Lorsque la preuve démontre que les conjoints de fait ont
formé une relation qui se qualifie de coentreprise familiale, la
détermination de la valeur de l’appauvrissement se fera de façon à
refléter, et à respecter, cette réalité. Il m’apparaît alors équitable que
l’indemnité qui servira à compenser l’appauvrissement s’arrime à la
valeur de la richesse en proportion de la contribution fournie par
l’appauvrie qui l’a permise. Établir la valeur de l’appauvrissement
en fonction d’un taux horaire ou d’une autre méthode similaire
appliqué aux services rendus par le conjoint appauvri qui a participé
à l’accumulation de la richesse de l’autre ne permettrait pas de
révéler la véritable nature de son appauvrissement, lequel est
difficilement quantifiable. Accorder une valeur horaire au travail
domestique du conjoint appauvri équivaudrait dans ces cas
précisément à ignorer leur réalité.
[91] : « C’est la constatation de cette réalité qui existe chez certains
conjoints de fait qui permet de reconnaître que, dans leur cas
particulier, l’appauvrissement consistera en la « rétention injuste
d’une part disproportionnée des biens accumulés » pendant leur
union. »
[101] : « Ceci étant dit, je ne vois rien qui empêche de faire appel à
la méthode de la valeur accumulée en droit civil québécois lors de la
fin d’une union de fait lorsqu’il est démontré que les conjoints, au
cours de leur vie commune, ont mis en place une coentreprise
familiale. J’ai exposé plus haut les motifs qui justifient l’emploi de
la méthode de la valeur accumulée. À leur lecture, il m’apparaît
qu’au contraire de ce que propose l’appelant, l’appauvrissement de
l’art. 1493 C.c.Q., constaté dans le cadre d’une union de fait qui se
qualifie de coentreprise familiale, peut très bien être défini comme
étant le pendant de l’enrichissement qui découle des services donnés
par l’appauvri au conjoint enrichi. En d’autres mots, en présence
d’une telle réalité établie par les parties à une telle union et alors
que le conjoint s’est appauvri, par exemple en effectuant seul ou en
majeure partie pendant une durée significative les travaux
domestiques et en assumant seul ou en majeure partie les charges
physiques et mentales associées à la responsabilité d’élever des
enfants et à leur éducation, de sorte à permettre à l’autre conjoint de
faire fructifier les aspects financiers de leur union, la valeur
attribuée à cet appauvrissement peut très bien équivaloir à la valeur
de l’enrichissement à laquelle la contribution correspond. La règle
de la moindre des deux valeurs est alors respectée, puisque l’une est
égale à l’autre. […] »
Juge Savard
[163] : « Il faut reconnaître que la méthode de la valeur accumulée
et la notion de la « coentreprise familiale » émanant de ces
décisions de common law s’inscrivent « en marge d’une lecture
rigoureusement civiliste » de l’article 1493 C.c.Q. Toutefois, tout
comme mon collègue, j’estime qu’elles s’inscrivent dans l’objectif
de cette voie d’action et respectent l’évolution sociétale entourant le
partage et la valeur des responsabilités relatives à l’entretien et
l’éducation des enfants, ainsi qu’aux travaux domestiques. »
[164] : « L’appauvrissement a longtemps été compris comme
consistant en « une perte de revenus pour le conjoint qui a sacrifié,
en tout ou en partie, sa carrière afin de s’occuper de la cellule
familiale ». Son corrélatif, l’enrichissement injustifié, résidait alors
du fait, pour l’autre conjoint, de ne pas avoir eu à rémunérer des
personnes pour l’obtention de tels services domestiques alors qu’il
consacrait tout son temps à sa carrière. Dans une telle perspective,
on peut comprendre que l’indemnité corrélative de l’article 1493
C.c.Q. se quantifie alors sur la base du quantum meruit. »
[165] : « Toutefois, lorsque le contexte permet de conclure que les
parties ont décidé d’investir dans un projet commun, qualifié de «
coentreprise familiale », et démontre une « intention de partager la
richesse qu’elles ont créée ensemble », l’appauvrissement et
l’enrichissement prennent une forme différente. L’appauvrissement,
qui demeure le corrélatif à l’enrichissement injustifié, repose alors
sur la part qui devrait revenir au conjoint appauvri au terme de ce
projet commun, cette « coentreprise familiale », selon les attentes
raisonnables des parties, et cela même si sa contribution prend la
forme de travaux domestiques ou du temps consacré à l’éducation et
aux soins des enfants, etc. »
[166] : « Il ne s’agit donc pas de partager, « à l’instar d’un régime
matrimonial [renvoi omis], l’actif d’un couple », mais de respecter
la volonté des conjoints de fait, qui sont libres d’établir leurs
propres règles quant au partage de leurs biens patrimoniaux
lorsqu’ils ont opté pour la mise en place au sein de leur couple
d’une « coentreprise familiale », laquelle, je le rappelle, peut
prendre la forme qu’ils désirent lui donner. Je note d’ailleurs qu’ici,
la coentreprise reconnue par le juge de première instance se limite
aux bénéfices résultant de « l’effort conjoint » des parties pour
mener à bien la compagnie E et ne s’étend pas à l’ensemble des
actifs des parties accumulés durant la vie commune. »
Demande pour appel en CSC : rejetée
o Indemnité se calcule en fonction de la proportion de la contribution à l'accumulation
de la richesse du couple, de laquelle on déduira la valeur des avantages reçus par
l'appauvri durant l'union
art. 1495 al. 2 C.c.Q. : Enrichissement et appauvrissement s'apprécient au
jour de la demande
! À moins de preuve du contraire, l'apport de l'appauvri à l'enrichissement
cesse à la séparation du couple
Donc, indemnité ne doit pas tenir compte de l'augmentation de
certains actifs de l'enrichi après cette date
o Débigaré c. Boudreau, [2019] : Affaire où il n'était pas question de coentreprise ->
approche beaucoup plus civiliste
Méthode de la valeur reçue pour indemniser l'appauvri
[23] : « Comme la Cour suprême l’enseigne dans Québec (Procureur
général) c. A, l’union de fait échappe au cadre législatif propre au mariage et
à l’union civile, ce qui autorise les conjoints de fait à modeler leurs affaires
comme ils l’entendent dans le respect de l’ordre public. Lors de la rupture de
leur union, les conjoints s’estimant lésés disposent du recours fondé sur
l’enrichissement injustifié, lequel doit recevoir une interprétation prudente,
généreuse, mais fidèle aux conditions établies dans Cie Immobilière Viger c.
L. Giguère Inc. Cela signifie que cette doctrine doit uniquement servir à
dédommager un conjoint pour l’apport en biens ou en services qui a permis à
l’autre conjoint de s’enrichir; dans le cas d’une relation de longue durée, le
conjoint de fait bénéficie de présomptions simples suivant lesquelles il y a
corrélation entre l’enrichissement d’un conjoint et l’appauvrissement de
l’autre et qu’il y a absence de motifs à l’enrichissement; pour décider de la
question, le tribunal doit se livrer à une analyse globale et libérale de la
situation des parties et éviter le simple exercice de comptabilité. »
[24] : « Le recours en enrichissement injustifié en matière familiale a pour
but de compenser l’apport d’un conjoint de fait à l’enrichissement de l’autre,
et non de lui permettre de partager l’accroissement de la valeur du
patrimoine de ce dernier. Autrement, cela reviendrait à incorporer les effets
des régimes matrimoniaux aux unions de fait, dont le rééquilibrage
patrimonial lors de la dissolution du mariage, ce que l’arrêt Québec
(Procureur général) c. A écarte expressément. »
3.2.4. Enrichissement injustifié et décès
PRINCIPE : Liberté des convention matrimoniales (art. 431 C.c.Q. et 521.8 C.c.Q.)
o Conjoints sont libres de choisir le régime matrimonial ou le régime d'union qui
correspond à leur désir
Conjoints peuvent consigner dans un contrat de mariage le choix de leur régime
o À défaut, le C.c.Q. édicte le régime légal qui s'applique à titre supplétif = société
d'acquêts (art. 432 C.c.Q. et 521.8 al.2 C.c.Q.)
1.2. Restrictions
Règles impératives du chapitre sur les effets du mariage (art. 391 à 430 C.c.Q.) -> Union
civile : art. 521.8 al. 3 C.c.Q.
o Exemples :
Charges du mariage (art. 392 à 400 C.c.Q.)
Protection de la résidence familiale (art. 401 à 413 C.c.Q.)
Prestation compensatoire (art. 427 à 430 C.c.Q.)
Patrimoine familial (art. 414 à 426 C.c.Q.)
Peu importe le régime matrimonial choisi, les conjoints devront
partager les biens qui composent le patrimoine familial
Par contrat de mariage, les conjoints peuvent ajouter d'autres biens à
la composition du patrimoine familial : Droit de la famille - 151167
Clause de mariage :
« Les futurs époux reconnaissent être assujettis aux
règles régissant le patrimoine familial au sens des
articles 414 à 426 du Code civil du Québec, et
désirent assujettir à ces règles certains biens qui en
sont normalement exclus.
En conséquence, les futurs époux conviennent que
seront assujetties aux règles régissant le patrimoine
familial toutes les sommes d'argent en mains et
déposées en leur nom sous quelque forme que ce
soit, y compris tout dépôt à terme, tout dépôt
garanti, de même que toutes autres valeurs
mobilières incluant notamment toute action
inscrite en bourse et toute obligation qu'ils
pourront acquérir durant le mariage.
Sera aussi assujetti aux règles régissant le
patrimoine familial le tiers (1/3) de la plus-value
acquise pendant le mariage par les actions de
compagnies privées possédées par la future épouse
au moment du mariage, de même que le tiers de
toutes nouvelles actions de compagnie privée ou
entreprise acquise par la future épouse pendant le
mariage. »
Réponse du juge :
[61] : « Déroger n'empêche pas d'ajouter,
d'améliorer, de contractuellement prévoir et donner
plus que ce qu'énoncent les dispositions concernant
le patrimoine familial. La clause 2 du contrat de
mariage ne va pas à l'encontre des règles du
patrimoine familial. […] Par cet article 2, les
époux ne renoncent aucunement à leurs droits dans
le patrimoine familial comme l'exige aussi l’article
423 C.c.Q. »
[62] : « D'ailleurs l’article 431 C.c.Q. énonce que «
il est permis de faire, par contrat de mariage, toutes
sortes de stipulations, sous réserve des dispositions
impératives de la loi et de l'ordre public ». L’article
2 précise d'ailleurs qu'il ajoute au patrimoine
familial des biens qui en sont normalement exclus.
Le Tribunal ne juge pas invalide cet article 2 du
contrat de mariage qui doit recevoir plein effet. »
Ordre public
Ex : Droit de la famille - 1739, [1993]
Clause de divorce : valide -> respect de l'intention des parties
Indemnité au divorce :
« Si un jugement de séparation de corps ou de divorce était
prononcé entre les époux, par un tribunal compétent, le
futur époux paiera à la future épouse, une somme de deux
mille dollars ($2,000.00) pour chaque année ou fraction
d'année de vie commune écoulée entre la date de leur
mariage et tel divorce ou séparation, jusqu'à concurrence
d'un montant de quarante mille dollars ($40,000.00) […] »
Régime légal depuis 1er juillet 1970 = à défaut pour les conjoints d'opter pour un régime par
contrat de mariage, c'est la société d'acquêts qui s'applique (art 432 C.c.Q.)
o Communauté de biens : régime légal avant 1er juillet 1970 (art. 1272 à 1425i
C.c.B.C)
! art. 492 C.c.Q. leur permet d'invoquer certaines dispositions de la société
d'acquêts
Légal (si avant 1er juillet 1970) ou conventionnel
! Les conjoints peuvent choisir la société d'acquêts et tout de même faire un contrat de
mariage pour inclure d'autres conventions matrimoniales ou modifier le régime légal
S'applique par défaut aux conjoints mariés à l'étranger ou sous un régime matrimonial
étranger lorsque la teneur de ce droit n'est pas établie
Problématique de la preuve : Le tribunal n'est pas tenu de connaître d'office le droit étranger
o À défaut, le juge appliquera le droit québécois (art. 2809 C.c.Q.)
Règles du patrimoine familial demeurent applicables même si les époux ont opté pour un
régime matrimonial étranger
2.1.3. Le choix d'un régime particulier aux époux adapté ou non prévu au C.c.Q.
Le plus fréquent : conjoints modifient les règles du régime de la séparation de biens ou de la
société d'acquêts
o Exemples :
Convenir que les revenus que produit un bien propre restent propres
Exclure un bien déterminé
Exclure des parts sociales
Modifier la proportion de la masse partageable
Étendre la société d'acquêts à tous les biens qu'ils possèdent
Modifications apportées au régime matrimonial ne doivent pas être contraires à l'ordre public
ni porter atteinte aux règles impératives
Par contrat de mariage, conjoints peuvent ajouter d'autres biens à la composition du
patrimoine familial
Théoriquement, les conjoints peuvent également créer de toutes pièces un régime qui leur soit
propre
Choix explicite d'un régime matrimonial se fait obligatoirement par la signature d'un contrat
de mariage ou d'un contrat d'union (art. 432 et 521.8 C.c.Q.)
Acte notarié (art. 440 C.c.Q. + art. 521.8 al.3 C.c.Q pour union civile)
Si deux conjoints signaient le choix de leur régime dans un document sous seing privé = il n'y
aurait pas d'effet juridique
o Conjoints seraient régis par les règles de la société d'acquêts (supplétif)
Publicité : inscription d'un avis de contrat de mariage ou d'union au Registre des droits
personnels et réels mobiliers (RDPRM) (art. 442 C.c.Q.)
2.2.2.2. Mineur
Mineur qui est autorisé à se marier peut consentir à toute convention matrimoniale avec
l'autorisation du tribunal (art. 434 C.c.Q.)
o Mineur peut se marier à partir de 16 ans (avec l'autorisation du tribunal)
art. 6, Loi d'harmonisation du droit fédéral avec le droit civil
art. 373 C.c.Q.
o + Tuteur ou titulaire de l'AT doit être appelé à donner son avis (al. 2)
o Défaut d'autorisation du tribunal -> nullité relative du contrat de mariage
Pour contourner cette obligation -> mineur peut choisir de convenir d'un
contrat de mariage APRÈS la célébration du mariage
Mineur marié = pleinement émancipé (art. 175 et 176 C.c.Q.)
Mineur peut alors exercer ses droits civils comme un majeur et
signer la convention matrimoniale qu'il veut
! Sans contrat de mariage au moment de la célébration -> société d'acquêts
par défaut
Époux devront procéder à une modification du régime matrimonial
par signature d'un contrat de mariage s'ils désirent changer de
régime
Règles générales concernant les vices de consentement s'appliquent et entraînent la nullité
(comme pour le majeur apte)
Mineur ne peut pas contracter d'union civile (art. 521.1 C.c.Q.)
Contrat de mariage prend effet le jour de la célébration du mariage/union civile, même s'il a
été signé antérieurement (art. 433 al. 1 C.c.Q. + art. 521.8 al.3 C.c.Q pour union civile)
Conjoints peuvent modifier les conventions matrimoniales après la célébration du mariage
o Nouveau contrat prendra effet à la date de modification
Conjoints ne peuvent déroger à ces règles et aucune autre date ne peut être stipulée art. 433 al.
2 C.c.Q. + art. 521.8 al.3 C.c.Q pour union civile)
Nullité du contrat de mariage ou d'union entraîne celle du choix de régime qu'elle contient
o = Conjoints sont soumis au régime légal de la société d'acquêts
Nullité d'une clause du contrat entraîne-t-elle la nullité du contrat tout entier ? NON (art. 1438
C.c.Q.)
o Nullité d'une clause prohibée ne prive pas le contrat de ses effets
o Seule la clause est annulée
Nullité du contrat se répercute-t-elle sur les clauses accessoires ?
o OUI -> Conventions accessoires qui doivent obligatoirement être constatées par
contrat de mariage
Ex : Donations à cause de mort
o NON -> Clauses valides hors contrat
À moins qu'elles ne soient directement liées au contrat
Ex : Donation entre vifs (à condition de respecter les conditions de
forme) (art. 1824 C.c.Q.)
Mutabilité des régimes matrimoniaux = conjoints peuvent modifier leur régime matrimonial
ou d'union
o Régime conventionnel -> régime légal
o Régime conventionnel -> régime conventionnel
o Régime légal -> régime légal
Possibilité pour les conjoints régis par un régime matrimonial étranger d'adopter un régime
prévu au C.c.Q.
Modification peuvent être effectuées avant ou après le mariage, mais obligatoirement par
contrat de mariage
o = Nouveau contrat de mariage -> dissolution de l'ancien régime
Modification peut porter sur toute convention matrimoniale
o Ex : Donations (art. 438 al.2 C.c.Q.)
! Tous les intéressés (donateurs, donataires, représentants) doivent donner
leur consentement
Avis de modification doit être publié au RDPRM (art. 442 C.c.Q.)
Opposables aux tiers
o ! Créanciers peuvent faire déclarer inopposable à eux dans un délai d'un an de la
connaissance des modifications s'ils en subissent un préjudice (art. 438 al. 3 C.c.Q.)
3. Les donations
3.1. Remarques générales
art. 1806, al. 1 C.c.Q. : Contrat par lequel le donateur transfère la propriété d'un bien à titre
gratuit au donataire
o Transfert peut aussi porter sur un démembrement du droit de propriété ou sur tout
autre droit dont on est titulaire.
Contrat = acte bilatéral
o Contrat unilatéral : seul le donateur s'oblige envers le donataire
À titre gratuit
o Une des parties s'oblige envers l'autre pour le bénéfice de celle-ci sans en tirer
d'avantage en retour = intention libérale
Contrat intuitu personae
Impact de l'instauration du patrimoine familial
o Contexte traditionnel : Donation d'un époux à un autre
Contrat de mariage en régime de séparation de biens
Donations portant sur des biens du patrimoine familial
Ex : Meubles meublants
o Effets juridiques :
Transfert du droit de propriété
Biens demeurent inclus dans le patrimoine familial (art. 415 al. 4 C.c.Q. ne
s'applique pas)
Droit de la famille - 1463, [1991]
Appelant soutient que la donation de meubles par contrat
de mariage déroge et doivent être exclus du patrimoine
familial
Réponse de la Cour :
Régime du patrimoine familial est un effet
impératif du mariage -> d'ordre public, impossible
d'y déroger
Contradictoire de dire que les biens donnés par un
époux à l'autre dans un contrat de mariage doivent
être exclus du patrimoine familial
Exclusion des biens à l'art. 415 al. 4 C.c.Q ne
s'applique donc pas aux biens dévolus entre
conjoints
o En gros :
C'est possible de faire une donation entre époux dans le contrat de mariage
Le bien donné d'un époux à un autre dans le contrat de mariage demeure
dans le patrimoine familial
Deux types de donations (art. 1806 al.2 C.c.Q.)
o Donation entre vifs
o Donation à cause de mort
3.2.2. Contrat de mariage (art. 1839 à 1841 C.c.Q.) -> donation entre vifs et donations à cause de mort
3.3.2. Donation à cause de mort (art. 1808, 1819, 613 C.c.Q., art. 106 L.A.R.C.C.)
Ne peut se faire qu'entre conjoints mariés ou unis civilement (donc pas conjoints de fait)
! Contrat de mariage obligatoire (art. 1819 C.c.Q.)
Dessaisissement du donateur est subordonné à sa mort -> donation n'a lieu qu'à la mort du
donateur (condition suspensive) (art. 1808 C.c.Q.)
Révocabilité (art. 1841 C.c.Q.)
o Sauf si stipulation d'irrévocabilité (art. 1841, al. 2 C.c.Q.)
o Droit transitoire (art. 106 L.A.R.C.C.) : « Les dispositions de l’article 1841 du
nouveau code sont applicables aux donations à cause de mort faites avant le 1er
janvier 1994, si elles n’ont pas encore été exécutées le 1er janvier 1994. »
Pas seulement à titre particulier
o Peut également être à titre universel ou universelle (art. 731 à 734 C.c.Q.)
Ex : « Les futurs époux se font présentement donation mutuelle, au survivant d’eux, de
l’universalité des biens meubles et immeubles qui composeront la succession du premier
décédé. »
3.2.3. Sort des donations en cas de divorce, de séparation de corps ou de dissolution de l'union civile
(art. 510, 519, 520, 521.19 C.c.Q.)
Convention par laquelle des époux peuvent se soustraire entièrement à l'application des
mesures sur le patrimoine familial
o Exclusion totale ou partielle
N'est plus disponible depuis le 1er janvier 1991
Cependant, dispositions transitoires -> possibilité d'exclusion si mariés avant le 1er juillet
1989 (Loi favorisant l'égalité économique des époux, art. 42, L.Q. 1989, c. 55)
Comment ?
o Par acte notarié signé avant 1er janvier 1991
o Par déclaration judiciaire
Déclaration conjointe à laquelle il était donné acte aux époux dans le cadre
d'une procédure de divorce, séparation de corps ou nullité de mariage
! Malgré une convention d'exclusion, le partage des gains accumulés en application de la Loi
sur le régime des rentes du Québec aura lieu -> n'est pas visé par la convention d'exclusion
art. 423, al. 2 C.c.Q. : Permet à chaque époux de renoncer, en tout ou en partie, à la créance
qu'il a contre l'autre époux en vertu des dispositions relatives au patrimoine familial
Comment ?
o Acte notarié
À compter du décès ou du jugement de divorce, de séparation de corps ou de
nullité du mariage
o Déclaration judiciaire
N'a pas d'effet tant qu'elle n'est entérinée par le Tribunal
o ! Donc, l'époux renonçant connaît, au moins approximativement, la valeur du
patrimoine familial
Renonciation peut être unilatérale
Renonciation doit être inscrite au registre des droits personnels et réels mobiliers (art. 423 al.
3 C.c.Q.)
! Toute renonciation autrement que selon la forme prescrite à l'art. 423 C.c.Q. est interdite et
contraire à l'ordre public
Renonciation peut être totale ou partielle : peut porter sur le droit de créance résultant du
patrimoine familial ou sur les biens qui le composent
! Particularité : Régime de rente du Québec (RRQ)
o Loi sur le régime des rentes du Québec, art. 102.1 [...] :
« Toutefois, il n’y a aucun partage lorsque le tribunal mentionne, dans le
jugement ouvrant droit au partage ou dans un jugement ultérieur, que les ex-
conjoints se sont mutuellement cédés les droits pouvant résulter du partage
de leurs gains ou qu’il n’y a aucun partage de ces gains, lorsque la
transaction notariée qui règle les conséquences de la dissolution de l’union
civile fait pareilles mentions ou lorsque l’ex-conjoint qui aurait bénéficié
d’un tel partage y a renoncé.
La mention du tribunal ou de la transaction notariée et la renonciation visées
au deuxième alinéa n’ont effet que si elles expriment clairement l’intention
qu’il n’y ait pas partage des gains inscrits en vertu de la présente loi par
l’emploi des termes suivants ou de termes équivalents: « il n’y a pas partage
des gains inscrits en vertu de la Loi sur le régime de rentes du Québec ».
o = La renonciation aux gains inscrits en application de la Loi sur les régimes des
rentes doit exprimer clairement l'intention du conjoint créancier de renoncer au
partage de ces gains
! « Dans le cadre d’une instance en divorce » ? art. 423 al. 2 C.c.Q.
o L'entente par laquelle les époux expriment clairement leur volonté de renoncer en
tout ou en partie à leurs droits dans le patrimoine familial conclue avant les
procédure de divorce n'est valide que dans la mesure où les époux l'ont signée en vue
de cette instance
Donc, pas de manière aléatoire et prospective
o Droit de la famille — 081544, [2008]
« [24] …lorsque des parties, avant le divorce, signent une convention
comportant renonciation au patrimoine familial ou à l'un des éléments de
celui-ci, cette convention est valide et assimilable à celle qui survient « dans
le cadre d'une instance de divorce » si, et seulement si, elle est conclue en
vue de cette instance, qui doit avoir été prévue et non simplement envisagée
de manière plus ou moins aléatoire …»
Legs conditionnel à la renonciation au patrimoine familial
o Legs à titre particulier (art. 721 à 735 C.c.Q.) d'un bien du patrimoine familial fait au
conjoint conditionnellement à sa renonciation aux droits lui résultant du partage du
patrimoine familial est valide (Succession de Choinière, [2006])
-> Car le droit s'ouvre seulement à compter du décès
o But : Contrer le cumul des droits matrimoniaux et successoraux (art. 654 C.c.Q.)
-> Car autrement, l'époux survivant pourrait cumuler les droits
matrimoniaux et les droits successoraux auxquels le décès de son conjoint
donne lieu
o = Un époux peut léguer les biens qu'il possède dans le patrimoine familial à un tiers,
sans qu'il soit porté atteinte aux droits du conjoint survivant dans le patrimoine
familial
! Attention : Délai de publicité (art. 423 al. 3 C.c.Q.)
o Inscription dans un délai de un an à compter du jour de l'ouverture du droit au
partage -> sinon l'époux renonçant est réputé avoir accepté au partage du patrimoine
familial
art. 424 C.c.Q. : Renonciation au partage peut être annulée pour cause de lésion ou toute autre
cause de nullité
Patrimoine familial ne confère à l'un des conjoint qu'un droit de créance contre l'autre
conjoint, dont le paiement doit être effectué à la dissolution du mariage de l'union civile
o = Droit de nature patrimoniale, mais dont l'exercice est strictement rattaché à la
personne de l'un ou l'autre des conjoints
o Droit de créance général et personnel, et non un droit réel sur un bien (Droit de la
famille - 977, [1991])
EXCEPTION : Pouvoir du tribunal (art. 420 C.c.Q.)
o Permet au tribunal d'accorder à l'un des conjoints la propriété d'un bien lorsqu'il
décide du partage
En principe, aucun : Chaque conjoint reste propriétaire de ses biens et peut en disposer
librement, en conserve le plein contrôle juridique
o ! Sous réserve de certaines restrictions (ex : protection de la résidence familiale et des
meubles qui la garnissent art. 401 C.c.Q.)
Biens demeurent donc dans le gage commun des créanciers qui en est propriétaire
o EXCEPTION : art. 401 C.c.Q. et biens insaisissables de l'art. 694 et 700 C.p.c.
o En cas de partage du patrimoine familial, pour les créanciers du conjoint qui recevrait
un paiement de l'autre conjoint -> ne pourront saisir la créance de leur débiteur tant
que le droit au partage n'est pas ouvert
! Attention : Possibilité de paiement compensatoire (art. 421 C.c.Q.)
o Dans le cas où un conjoint aliène un bien qui devait être dans le patrimoine familial,
dans l'année précédant le décès ou la date d'introduction d'instance en séparation de
corps/divorce/annulation de mariage
o À la discrétion du Tribunal, ordonnance de paiement compensatoire à l'autre conjoint
o La même règle s'applique dans le cas d'aliénation faite depuis plus d'un an par un des
conjoints dans le but de frustrer l'autre conjoint de sa part dans le bien (al. 2)
1.2.3. Transmissibilité du droit
Le droit de créance résultant du partage du patrimoine familial est transmissible aux héritiers
du conjoint décédé (Lamarche c. Olé-Widlholm, [2002])
Alternatives (pour contrer la transmissibilité du droit de créance) :
o Legs à titre particulier (art. 731 à 734 C.c.Q.)
o Donation à cause de mort (irrévocable et mutuelle) (art. 1808 et 1841 C.c.Q.)
Caractère familial :
o Pour se qualifier aux fins du patrimoine familial, résidence doit être utilisée par la
famille
Davantage que des visites sporadiques sur l'ensemble de la durée du mariage
o Le caractère familial des biens s'apprécie au moment de la cessation de la vie
commune
Droit de la famille - 221257 : « Il est certain que la nature familiale repose
sur l’intention des parties et qu’un bien peut perdre cette qualité lorsque les
faits démontrent un changement dans cette intention . Un bien qui a cessé
d’être à l’usage de la famille avant la fin de la vie commune ou, plus encore,
un bien qui ne l’a jamais été ne fera pas partie du patrimoine familial. Mais
un bien qui demeurait toujours à l’usage de la famille lors de la cessation de
la vie commune et qui perd cette qualité du fait de celle-ci fera toujours
partie du patrimoine familial, et ce, même si l’évaluation doit se faire lors de
l’introduction de l’instance. »
o Appréciation est une question de faits et sa détermination dépend des circonstances
Résidences de la famille :
o Résidence principale (définie à l'art. 395 C.c.Q.)
o Résidence(s) secondaire(s)
o Si une résidence fait l'objet d'une utilisation mixte, seule la portion utilisée par la
famille doit être considérée aux fins du patrimoine familial (critère de l'utilisation)
Ex : Duplex, ferme
o L'intention commune des époux d'habiter une résidence peut parfois suffire à l'inclure
dans le patrimoine familial, même si la résidence en question n'a pas fait l'objet d'une
utilisation familial continue ou n'est plus occupée à la fin de la vie commune
Pas nécessaire que les époux habitent ensemble pour la qualification de
résidence familiale -> intention commune devrait suffire
Résidence louée :
Considération des circonstances dans lesquelles la famille a cessé de
séjourner dans la résidence
Location n'a pas pour effet de lui enlever son caractère familial,
dans la mesure où les parties n'avaient pas l'intention de quitter de
manière définitive
Location à des tiers n''affecte pas son inclusion dans le patrimoine
familial, dans la mesure où l'acte a pour but d'assainir la situation
économique de la famille et que cette résidence est encore utilisée
par la famille entre les périodes de location (Droit de la famille -
3393, [2000])
Résidence en construction
Peut faire partie du patrimoine familial si la famille avait l'intention
de s'y installer
Droit de la famille - 07748, [2007]
o ! Notion de résidence comprend le terrain adjacent à l'immeuble, pour autant qu'il
soit destiné à l'usage de la famille et qu'il fasse l'objet d'une utilisation effective par
celle-ci
Ne réfère pas uniquement à un droit réel ou démembrement du droit de la propriété -> aussi
les droits qui découlent du statut d'actionnaire, de fiduciaire ou de sociétaire dans la mesure
ou le contexte le justifie
o Ex : Démembrements du droit de propriété, part de société, actionnariat, fiducie, «
time-sharing », etc.
Dépend des circonstances et sera généralement déterminé en fonction du niveau de contrôle
exercé par l'un ou l'autre des époux à l'égard de la résidence en cause
o La valeur de la résidence acquise directement par une société ou fiducie doit être
incluse dans le patrimoine familial lorsque les époux exercent un contrôle sur celle-
ci, non seulement en exerçant le contrôle sur le droit à la valeur des biens, mais aussi
en contrôlant qui peut bénéficier de l'usage de la propriété (Yared c. Karam, [2019])
o Question : Savoir si l'interposition d'une société ou d'une fiducie a pour conséquence
d'éviter les règles impératives du patrimoine familial (Yared c. Karam, [2019])
o Dans le cas d'une résidence détenue par une société par action, l'usage de la résidence
doit être étroitement relié à la détention des actions (D.L. c. L.G., [2006])
Interprétation libérale
o art. 415 C.c.Q vise tant les meubles du ménage qui se trouvent dans la résidence
familiale (au sens de l'art. 395 C.c.Q.) que ceux qui prennent place dans les
résidences secondaires
o Meubles situés dans les résidences de la famille sont présumés inclus dans le
patrimoine familial
o « Garnir ou orner » : Meuble dont la présence ou l'ajout est nécessaire, utile ou
normal à la résidence
Élément de permanence, contrairement aux biens de consommation (qui ne
dont que transiter dans un local (C.D. c. J.-G. R., [2005])
Usage familial
o « Usage » : interprétation large = qui profitent à a famille
o Mixte vs exclusif : Meubles utilisés par un seul membre de la famille à des fins
personnelles ne servent pas à l'usage du ménage
Collection
o Ensemble d'éléments ou d'objets présentant des caractéristiques communes
o Objet de collection n'est pas une collection en soi
o Critères :
Nombre (mais loi ne précise pas le nombre minimal)
Valeur (certains suggèrent qu'une collection n'existe qu'en présence de biens
de grande valeur...)
! N'ont pas besoin d'être tous semblables en nature pour former une
collection, ils peuvent être liés par un même thème
o ! Exclusion du patrimoine familial à l'art. 415 C.c.Q
Même si pas mentionné à l'art. 415 C.c.Q., on l'exclut par 401 C.c.Q. (C.D.
c. J.-G. R., [2005])
Cas particulier : Cave à vin
o Si la cave à vin est une collection -> exclue du patrimoine familial
Indices :
Située dans une pièce sécurisée
Contient un grand nombre de bouteilles de grande valeur
o Si la cave à vin n'est PAS une collection -> peut être inclue dans le patrimoine
familial
o Ce qu'on regarde :
Intention réelle des parties
Usage de la cave à vin aux fils des ans
Le fait que les bouteilles soient destinées à la consommation familiale = pas
une collection
o Bouteilles de vin :
Exclues du patrimoine familial :
C.D. c. J.-G. R., [2005] : 481 bouteilles, 73$/bouteille = collection
Droit de la famille - 3346 : 80 bouteilles, 18$/bouteille = biens de
consommation
F. c. H., [1995] : 2000 bouteilles
Plusieurs bouteilles données par le père
= Collection (placées dans une pièce séparée et aménagée à
cette fin)
Incluses dans le patrimoine familial
Droit de la famille - 2948, [2011] : 300 bouteilles, 53$/bouteille =
pas une collection
Droit de la famille - 113301, [2011] : Nombre inconnu, mais valeur
75 000$ -> acheté avec l'argent du compte conjoint
Droit de la famille - 172765, [2017] :
Valeur de la cave : 800 000$
Nombre : Milliers de bouteilles
Inclusion 40% de la cave pour usage familial ->
qualification mixte : certaines bouteilles peuvent être
incluses dans le patrimoine familial, d'autres exclues
Divorce
Décès
Séparation de corps
Annulation du mariage
Absence (art. 89 C.c.Q.)
Dissolution de l’union civile (art. 521.12 C.c.Q.)
o ! Sauf si mariage des deux conjoints (al. 2 C.c.Q.)
! Pour le partage des rentes et du régime de retraite -> (art. 425 et 426 C.c.Q.)
2 cas :
o Biens acquis AVANT le mariage
o Apport PENDANT le mariage -> provenant d'une succession et d'une donation
! Attention : Les sommes d’argent accumulées AVANT mariage, mais investies PENDANT
le mariage ne sont pas déductibles
o Pourquoi ?
Cas de remploi (al. 3)
Créance = dette civile, donc peut porter intérêts à compter de l’introduction de l’instance ou
du jugement si actualisation ou autre (à la discrétion judiciaire)
Exécution du partage
o En argent ou en nature (en numéraire ou en dation en paiement ?)
o Pouvoirs du tribunal (art. 420 C.c.Q.) :
Attribuer certains biens à l'un des époux
Accorder un droit de propriété
Ordonner une sûreté
Échelonner le paiement (max. 10 ans)
Lorsqu'il y a aliénation d'un bien avant introduction de l'instance ou décès -> tribunal peut
ordonner paiement compensatoire (art. 421 C.c.Q.)
o 1 an avant introduction de l'instance ou décès
o + de 1 an lorsque fait de mauvaise foi (al. 2)
Tribunal peut exceptionnellement déroger au principe du partage égal (art. 422 C.c.Q.)
o SI il y a une injustice, compte tenu notamment de :
Brève durée du mariage
Dilapidation de certains biens par l'un des époux
Mauvaise foi
o Critère de la faute économique :
Deux éléments aux situations qui justifient un partage inégal
1. Juste contribution de chacun des époux à la formation su patrimoine
commun
2. Sanction des conduites préjudiciables et répréhensibles
Il s'agit donc de déterminer si, par ses actes ou comportement pendant le
mariage, l'époux a violé son obligation fondamentale de contribuer à la
formation et au maintien du patrimoine familial (M.T. c. J.-Y.T., [2008])
art. 448 C.c.Q. : Biens de chacun des époux au début du régime ou qu'il acquiert pendant le
régime sont des acquêts ou des propres
Qualification de propre (art. 450 et ss. C.c.Q.) -> Liste limitative
o Acquêts = Tous les biens non déclarés propres par la loi (art. 449 C.c.Q.)
Présomption d'acquêt, à moins qu'il soit déclaré propre par la loi (art. 459
C.c.Q.)
Qualification des biens a peu d’importance durant le mariage
o ! SAUF aux fins de l'art. 462 al.1 C.c.Q. : Interdiction pour le conjoint de disposer de
ses acquêts à titre gratuit sans le consentement de l'autre
o La qualification des biens importe lors de la liquidation du régime matrimonial
1.1.1. Les propres (art. 450 à 458 C.c.Q.) -> Lire C.c.Q.
1.1.2. Les acquêts (art. 449 à 459 C.c.Q.) -> Lire C.c.Q.
PRINCIPE : Autonomie de gestion des époux sur leurs patrimoines (art. 461 C.c.Q.)
o Chaque conjoint est libre de transiger sur ses biens,
EXCEPTION : Interdiction pour le conjoint de disposer de ses acquêts à titre gratuit sans le
consentement de l'autre (art. 462 C.c.Q.)
o Donc, donation nécessite le consentement du conjoint
o Justification : le législateur souhaite préserver la masse des acquêts à partager au
moment de la liquidation du régime
o Exception ne s'applique pas pour les « cadeaux d'usage » et les biens de « peu de
valeur »
o En l'absence du consentement nécessaire, conjoint lésé peut demander l'annulation de
l'acte à titre gratuit (art. 447 C.c.Q.)
o ! Limitation n'empêche pas un époux de désigner un tiers comme bénéficiaire ou
titulaire subrogé d'une rente (art. 463 C.c.Q.)
o Autorisation judiciaire :
Si le conjoint est inapte à donner son consentement ou introuvable
Si le conjoint refuse de consentir -> décision dans l'intérêt de la famille
! Sous réserve des règles impératives visant la protection de la résidence familiale (art. 401 et
ss. C.c.Q.)
Biens indivis : Un conjoint peut être copropriétaire indivis d'un bien avec un tiers ou son
conjoint
o Indivision confère à son titulaire tous les attributs du droit de propriété sur sa quote-
part -> qui sera propre ou acquêt selon le cas
o = L'époux peut donc disposer de sa quote-part indivise
o Présomption d'indivision : lorsqu'un époux n'est pas en mesure de prouver qu'un bien
lui est exclusivement propre ou acquêt (art. 460 C.c.Q.)
Situation susceptible de survenir à l'égard de certains biens mobiliers
Ex : Compte conjoint, cadeaux reçus à l'occasion de la célébration
de l'union, certains biens offerts aux conjoints pendant l'union
Si le droit de propriété ne peut pas être attribué à l'un ou l'autre des époux,
l'indivision est alors présumée et le consentement des deux conjoints sera
nécessaire pour aliéner le bien
En matière immobilière, l'inscription au registre foncier permet souvent de
déterminer qui est le propriétaire du titre
2. La fin du régime
2.1. La dissolution
2.1.1. Causes de dissolution (art. 465 C.c.Q.)
Décès
Modification de régime matrimonial
o Modification conventionnelle
N'est possible que par contrat de mariage ou d'union, donc par acte notarié
Prend effet le jour où les conjoints signent l'acte notarié
Liquidation de la société d'acquêts ayant existé jusqu'à la date de la signature
o Modification judiciaire
Jugement en séparation judiciaire des biens
Liquidation de la société d'acquêts qui a existé entre eux
Jusqu'au jour de la demande ou date de cessation de la vie commune (si le
tribunal en décide ainsi)
Divorce, séparation de corps, séparation judiciaire de biens
Absence (art. 89 C.c.Q.)
Nullité du mariage (art. 382 à 384 C.c.Q.)
! Particularité de l'union civile
o L'union civile peut être dissoute d'un commun accord, sans qu'il soit nécessaire
d'obtenir un jugement (art. 521.14 C.c.Q.)
o Lorsque l'union civile se dissout par le mariage -> effets sont maintenus = pas de
dissolution (art. 521.12 C.c.Q.)
PRINCIPE : Chaque conjoint a un droit d'option -> accepter ou renoncer aux acquêts de
l'autre, peut importe le choix effectué par ce dernier (art. 467 C.c.Q.)
EXCEPTION : Dissolution a lieu par le décès d'un des conjoint (art. 473 et 482 C.c.Q.)
o La transmissibilité du droit d'option est conditionnelle à l'acceptation des acquêts du
défunt par le conjoint survivant
= Choix de liquider le régime revient donc au conjoint survivant
o Donc lorsque la société d'acquêts est dissoute par le décès de l'un des conjoints, le
conjoint survivant a de façon prioritaire la possibilité d'accepter ou de renoncer au
partage des acquêts du défunt
Droit d'option des héritiers du défunt est conditionnel à son acceptation
Caractéristiques :
o D'ordre public (art. 467 al. 2 C.c.Q.) : « Nonobstant toute convention contraire »
Droit d'option est exercé à partir du moment où la société d'acquêts est
dissoute = Règle d'ordre public
Les conjoints peuvent-ils régler conventionnellement le sort de leur régime
matrimonial avant le divorce &
Quels que soient les termes de l'entente, le conjoint doit conserver a
faculté de renoncer ou d'accepter le partage des acquêts à la
dissolution
o Irrévocable (art. 472 C.c.Q.)
! Renonciation aux acquêts peut toutefois être annulée pour toute cause de
nullité des contrats
Acceptation
o Expresse (art. 468 al. 1 C.c.Q.) ou tacite (notamment après 1 an art. 469 al. 2 C.c.Q.)
Acceptation expresse peut se faire par acte notarié ou sous seing privé + n'a
pas à être publiée
Acceptation tacite peut résulter du défaut de l'un des conjoints d'exercer son
droit d'option
= Aucune forme requise
o Hypothèse de la doctrine : possibilité pour le créancier d'exercer le droit d'option du
conjoint débiteur par action oblique
Renonciation ( 470, 474 C.c.Q.)
o Formalités (art. 469 C.c.Q.) :
Doit être expresse :
Acte notarié
Déclaration judiciaire
Mention particulière suivant laquelle le conjoint renonce au partage des
gains de la Régie des rentes du Québec de son conjoint
Doit être publiée au RDPRM
Dans l'année de la dissolution -> sinon, le conjoint est réputé avoir
accepté
Délai commence à courir à la date de l'évènement qui
dissout le régime
Droit de la famille – 103309, [2010] : La tardiveté ou l'absence de
publication au RDPRM d'une renonciation au partage de la société
d'acquêts rend celle-ci inopposable aux tiers, dont l'ex-époux
o Lorsqu'un époux renonce aux acquêts de son conjoint, ce dernier n'a aucune somme à
lui verser
Si l'autre conjoint accepte, les biens d'un seul conjoint sont partagés (art. 470
al. 1 C.c.Q.)
Su les deux époux renoncent, aucun partage n'a lieu
o Lorsqu'un époux décède alors qu'il était encore en droit de renoncer -> ses héritiers
ont un nouveau délai de un an pour faire inscrire leur renonciation, à partir du décès
(art. 474 C.c.Q.)
o Inopposabilité de la renonciation au créanciers (art. 470 al. 2 et 3 C.c.Q.)
Peut arriver que la renonciation aux acquêts du conjoint cause préjudice aux
créanciers du renonçant, car le patrimoine de leur débiteur est privé d'un
nouvel actif
Créanciers peuvent alors demander au tribunal de déclarer que la
renonciation leur est inopposable et peuvent alors accepter les acquêts du
conjoint à la place de leur débiteur
2.2.2. Cas particuliers
Faits et gestes d'un conjoint peuvent le priver de sa part dans les acquêts de son conjoint =
retrait du droit d'option
! Techniquement, le tribunal ne peut pas accorder un partage inégal dans la société d'acquêts
(contrairement au partage du patrimoine familial)
o Par contre, si le partage des acquêts entraine une injustice, tribunal peut intervenir
indirectement (ex : accorder une prestation compensatoire à l'époux qui a dû partager
ses acquêts)
Donc, le principe est le partage 50/50 -> mais EXCEPTIONS :
o Recel, divertissement, dilapidation ou administration de mauvaise foi (art. 471
C.c.Q.)
= Conjoint est privé de sa part dans les acquêts de son conjoint, même si le
conjoint fautif a préalablement exercé son droit d'option
Recel et divertissement = poser des gestes en vue de soustraire/dissimiler un
bien du patrimoine
G.R. c. R.É., [2004] (par. 2 -7) :
Recel : « Dissimulation frauduleuse d'un bien par une
personne en vue de soustraire aux effets de la loi »
Divertissement = détourner des biens qui n'étaient pas en sa
possession
Dilapidation et administration de mauvaise foi = poser des actes afin de faire
diminuer ou de ne pas accroître son patrimoine, et par le fait même
empêcher l'autre conjoint d'en bénéficier
Infractions peuvent être commises pendant le régime, mais également entre
la dissolution et la liquidation du régime
o Immixtion (art. 468 al. 2 C.c.Q.)
Immixtion : « Intervention illicite d'un [conjoint] dans la gestion des biens
appartenant à [l'autre conjoint] » -> après la dissolution du régime
Conjoint qui s'est immiscé (= méchant conjoint) n'aura pas le droit aux
acquêts de son conjoint (= gentil conjoint)
SAUF si le gentil conjoint a choisi d'opter pour le partage des
acquêts du méchant conjoint
! Actes de simples administration n'emportent pas immixtion
Intervention illicite = pas autorisée par le gentil conjoint (expressément ou
tacitement)
Ex : Par rapport aux biens indivis
Il n'y a pas de confusion entre les deux régimes, parce que la liquidation s'effectue en 2 étapes
:
1. Liquidation du patrimoine familial
2. Liquidation du régime matrimonial
= Les biens du patrimoine familial sont exclus du régime matrimonial
! Si exclusion du patrimoine familial (possible seulement si mariage avant le 1er juillet
1989) : tous les biens sont liquidés en fonction du régime matrimonial
1. Formation des masses (propres et acquêts) pour chaque conjoint (art. 475 al. 1
C.c.Q.)
2. Établir le compte de récompenses -> afin de rétablir l’équilibre entre les deux
catégories de biens (propres et acquêts) (art. 475 al. 2 C.c.Q.)
3. Paiement des récompenses (normalement en valeur) (art. 480 C.c.Q.)
4. Établir la valeur nette (art. 481 C.c.Q.) :
1. Acquêts + récompenses aux acquêts = Valeur brute
2. Valeur brute – toutes les dettes = Valeur nette
! Certaines dettes peuvent donner lieu à une récompense (art. 478 C.c.Q)
Voir aussi : art. 484 C.c.Q.
Possibilité de compensation
Paiement : $ ou dation en paiement
EXCEPTION : Si dissolution par décès (art. 482 C.c.Q.)
Récompense = enrichissement dont une masse a bénéficié au détriment de l'autre (art. 475 al.
3 C.c.Q.)
But : Rétablir l'équilibre entre les masses (propres et acquêts) du patrimoine D'UN conjoint
o Ex : Tenir compte de l'enrichissement qu'a procuré de l'argent propre investi dans un
bien qualifié d'acquêt
Biens sujets à récompense (art. 476 al. 1 C.c.Q.)
o S'estiment d'après leur état au jour de la dissolution du régime et d'après leur valeur
au moment de la liquidation
Date d'évaluation des autres biens ?