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Le droit civil

en relation avec les


missions des collectivités
territoriales

18 SEPTEMBRE 2023
ALI SAID Amina
A) Les personnes physiques
• Nom
• Domicile
B) Le droit de la famille
• Etat
• Le mariage et sa
• Capacité
dissolution
• Les différents modes de
C) La propriété et la filiation
Points clés possession
• Le droit de propriété


L’autorité parentale
Le concubinage, le PACS et
• Les démembrements de la sa dissolution
propriété
• La possession

D) Les contrats conclus entre


collectivités territoriales
• Bail, bail rural, bail commercial
• Acceptation des dons et
• Legs
• Contrats de cession du domaine
privé
▪ Individu = personne physique = sujet de
droit
▪ Décret du 27 avril 1848 abolissant
l’esclavage.
Les personnes ▪ Abolition de la « mort civile » en 1854.
physiques ▪ Exclusion des choses inanimées et des
animaux.
Néanmoins, introduction par la loi du 16 février 2015 d’un
article 515-14 dans le Code civil , qui de façon
symbolique, considère que les animaux sont doués de
sensibilité et ne sont donc pas des meubles par nature.
L’identification de la personne physique

ETAT DES LE NOM LE SEXE LE DOMICILE LA CAPACITE


PERSONNES
L’état des personnes
▪ Notion - Tous les éléments caractérisant l’existence
juridique et la situation familiale de l’individu :
Ses prénoms et nom de famille, son lieu et sa date de naissance,
sa filiation, sa capacité civile, son domicile, sa situation au regard
de l'institution du mariage (célibataire, marié, divorcé, ).

▪ Caractères - Les éléments de l’état de la personne


sont :
▪ Indivisibles
▪ Indisponibles
▪ Imprescriptibles
Le nom
Permet d’attribuer une identification sociale, de rattacher à
une ascendance mais également de marquer la singularité
de l’individu.

▪ Le nom de famille :
• La loi du 4 mars 2002 met fin au principe patronymique au
profit de la liberté de choix des parents (art. 311-21 C.Civ).
• Le nom dévolu au premier enfant vaudra pour tous les
enfants communs.
• Principe d’imprescriptibilité et d’indisponibilité du nom de
famille.
Les deux seules possibilités permettant de changer de nom de famille :
o Les cas de changement d’état (mariage, établissement ou contestation de filiation par ex)
o La procédure administrative (avec preuve de l’intérêt légitime du changement)
Différentes possibilités s’agissant de
l’attribution du nom de famille (art. 311-21 du
C. civ.) :
▪ Le prénom :
• Depuis la loi du 8 janvier 1993 les parents ont le libre choix des
prénoms.
• En cas de désaccord entre il leur est possible de saisir le JAF.
• L’officier d’Etat civil ne peut plus s’opposer au choix du prénom,
il a toutefois la faculté d’avertir le Procureur de la République,
qui lui pourra saisir le JAF d’une action en annulation de
prénom.
• En cas de demande de changement de prénom, celle-ci doit
être adressée à l'Officier d'état civil. S'il s'agit d'un mineur, la
demande est remise par son représentant légal. Depuis le 1er
juillet 2022, un majeur sous tutelle peut demander à changer
de prénom sans être représenté par son tuteur.
Le sexe
Multiplication des critères d’appartenance à un sexe, et l’émergence du
phénomène de transsexualisme, c’est-à-dire « le sentiment qu’a une
personne d’appartenir au sexe opposé à celui qui lui a été attribué à la
naissance » (D. Thouvenin).

▪ La Cour de cassation réunie en Assemblée plénière a finalement admis, à


certaines conditions, la possibilité pour les personnes transsexuelles de
demander le changement de la mention de leur sexe et de leur prénom sur
leurs actes d'état civil. (Ass. plén., 11 décembre 1992 (pourvoi n° 91-11900).
▪ Confirmation par la Cour de Cassation en 2012 (Cass. civ. 1ère, 7 juin 2012)
qui a renforcé les critères en exigeant une « transformation physique
irréversible ».
▪ La loi du 18 novembre 2016 (dite Loi Justice 21) a simplifié la procédure et
les conditions du changement de sexe à l'état civil (v. art. 61-5 s. C.Civ).
▪ Pas de reconnaissance du sexe « neutre » pour l’état civil. (CEDH, 31 janv.
2023, n° 76888/17, Y. c/ France)
Le domicile
Le domicile est le lieu du principal d’établissement de la personne (art.
102 du C. civ.).

▪ Elément matériel : Le lieu où sont centralisées les affaires de la personne (ainsi que le lieu où il devra
accomplir ses droits civique (impôts, vote…)

▪ Elément intentionnel : Lieu où la personne a la volonté de vivre


N.B : Principe de liberté du choix de domicile protégé par l'article 9 du Code civil et par l'article 8 de la Conv.
EDH.

Les personnes qui sont sans domicile fixe ou stable peuvent demander une « élection de domicile » :
désignation d’un domicile fictif de rattachement leur permettant de recevoir du courrier, de percevoir certaines
prestations et d'accéder à certains droits. La demande de domiciliation peut être adressée par mail, courrier
papier ou directement auprès d'un CCAS (Centre communal d'action sociale) ou un centre intercommunal
d'action sociale (CIAS).
N.B : Il existe une procédure spécifique pour les demandeurs d’asile.
La capacité
La capacité juridique permet la jouissance et l’exercice des droits subjectifs par les
personnes. Certaines personnes ont alors leur capacité juridique réduite. On les appelait
autrefois des incapables. On les appelle maintenant des personnes vulnérables, ou
personnes protégées.

Capacité

Objectifs visés par les régimes Les types d’incapacité


d’incapacité

Incapacité Incapacité de
Protection Défiance
d’exercice jouissance
Sanction
▪ Le droit de la famille comporte des aspects
importants intéressant les missions des
collectivités : la mariage et les autres formes
d’union, le divorce, la filiation, l’autorité parentale
▪ Les grandes réformes du droit de la famille datent
du milieu des années 1960, sous l’influence du
Le droit de doyen Carbonnier.
▪ L’objectif poursuivi est d’instaurer l’égalité entre
la famille les deux membres du couple et entre les enfants.
▪ Il y’a eu également une volonté de simplifier et
pacifier le règlement des conflits familiaux.
▪ Le législateur a dû enfin prendre en compte de
nouvelles situations, dues aux progrès médicaux,
parallèlement à l’évolution des mœurs.
Les différents types d’union
▪ Le mariage : Union légale de deux personnes, de sexe différent ou de même sexe (loi 17
mai 2013 sur le mariage pour tous), consacrée par un officier de l’état civil (en général un
maire) à l’occasion d’une cérémonie solennelle.

▪ Le PACS : Le Pacte Civil de Solidarité est un contrat liant deux personnes de sexe différent
ou de même sexe dans l’objectif d’organiser les modalités de la vie commune. Il s’effectue,
depuis 2017, en Mairie et non plus devant le Tribunal d’Instance. (Articles 515-1 à 515-7-1
C.Civ).
N.B. En 2022, 244 000 mariages ont été célébrés entre personnes de sexe différent et 7 000
entre personnes de même sexe, et on a dénombré 192 000 PACS en France (Source : Insee).

▪ Le concubinage : union de fait entre deux personnes ayant une vie commune présentant un
caractère de stabilité et de continuité. Le concubinage n’est pas formalisé par un contrat. Par
conséquent, le concubinage ne créé aucunes obligations entre les concubins. (Article 515-8
C.Civ).
L’égalité entre conjoints
▪ La loi du 13 juillet 1965, réformant les régimes matrimoniaux, permet à la femme d’exercer
une activité professionnelle, sans l’autorisation de son mari.
▪ la loi du 4 juin 1970 instaure l’autorité parentale conjointe au sein des couples mariés et
supprime la notion de chef de famille avec son corollaire, la toute-puissance paternelle.
▪ Cette loi est complétée par la loi de 1987, en consacrant la coparentalité, en cas de divorce et
entre les parents non mariés.
▪ Les lois des 4 mars 2002 et 28 juin 2004, substituent le nom de famille, au nom patronymique.
La loi du 4 mars 2002 met notamment l’accent sur l’intérêt de l’enfant d’être élevé par ses
deux parents.
L’égalité entre enfants
Il existait auparavant une profonde inégalité entre enfants légitimes, nés dans le cadre du
mariage, et les enfants nés hors mariage (anciennement « enfants naturels » ou
« illégitimes ») qui avaient par conséquent du mal à faire établir leur filiation.

▪ La loi du 3 janvier 1972 a tendu à instaurer ▪ L’ordonnance du 4 juillet 2005, entrée en vigueur le
l’égalité entre les enfants légitimes et 1er juillet 2006 a consacré l’abandon définitif des
naturels en : notions de filiation légitime et de filiation naturelle
• Ouvrant la reconnaissance des enfants adultérins,
▪ Loi du 7 février 2022 relative à la protection des
• Et en favorisant l’établissement de la vérité biologique, enfants : améliorer la situation des enfants
en étendant les actions relatives à la filiation
protégés par l'aide sociale à l'enfance (ASE) :
▪ Depuis la loi du 3 décembre 2001, relative aux interdiction des placements à l'hôtel, fin des sorties
droits du conjoint survivant et des enfants "sèches" à la majorité, meilleure protection contre
adultérins, leur part d’héritage, qui était les violences.
réduite de moitié, est désormais égale à celle
des enfants, nés pendant ou hors mariage ou
adoptés.
Evolution des modes de filiation
▪ Assouplissement progressif des lois relatives à l’adoption (loi 11 juillet 1966, complétée par les lois des
22 décembre 1976 et 5 juillet 1996).
▪ L’ordonnance du 4 juillet 2005, entrée en vigueur le 1er juillet 2006, encadre les familles candidates à
l’adoption.
▪ Loi du 2 août 2021 relative à la bioéthique élargit la procréation médicalement assistée (PMA) aux
couples de femmes et aux femmes seules et donne de nouveaux droits pour les enfants nés d'une PMA.
Cette loi créé un nouveau mode de filiation, la reconnaissance conjointe faite devant notaire en même
temps qu'est donné le consentement à l'assistance médicale à la procréation
Pour les femmes ayant eu recours à une PMA à l’étranger avant le 2/08/2021, la loi leur donne la
possibilité d’une reconnaissance conjointe notariée « a posteriori ». Cette possibilité est offerte jusqu’au
2/08/2024.
▪ Loi du 21 février 2022 visant à réformer l'adoption :
• Ouverture de l'adoption aux couples non mariés (Partenaires pacsés et concubins).
• Réduction de deux à un an la durée de vie commune exigée dans le cas de l'adoption par un couple et d'abaisser
l'âge minimum requis du ou des parents adoptants de 28 à 26 ans.
• Valorisation de l’adoption simple (précision apportée à l’article 364 du Code civil).
Le lien de filiation entre l’enfant né de la PMA et chacun de ses parents ne sera pas le même selon le
demandeur à la PMA. Par ailleurs, l’autorité parentale n’appartiendra pas nécessairement aux deux
parents.

Femme seule (non mariée) ou


Couple marié avec un homme et Couple de femmes (mariées,
couple non marié avec un homme
une femme pacsées ou non)
et une femme (pacsé ou non)

La filiation de l’enfant est établie à l’égard de


La filiation de l’enfant est automatiquement
la femme qui accouche en tant que « mère »,
établie à l’égard de la femme qui accouche en La filiation de l’enfant est établie à l’égard de
puis par reconnaissance volontaire du « père
tant que « mère », et à l’égard du mari en tant la femme qui accouche en tant que « mère »,
» si c’est un homme. (Art 342-11 C.Civ)
que « père ». et par mention de la reconnaissance
L’autorité parentale est exercée sur l’enfant
L’autorité parentale est exercée conjointe anticipée notariée pour l’autre «
par la mère qui accouche, conjointement avec
conjointement sur l’enfant par les deux mère ».
le père à condition qu’il ait reconnu l’enfant
parents. (Art 342-11 C.Civ)
dans l’année de sa naissance. (Art 372 du
(Art. 312 C.Civ)
Code Civil.)
Pacification des relations
La dissolution du mariage

▪ La loi du 11 juillet 1975 institue entre autre le divorce pour rupture de la vie commune
pendant une durée supérieure à 6 années. Surtout, elle réintroduit le divorce par
consentement mutuel, instauré par les révolutionnaires de 1792 mais aboli lors de la
Restauration en 1816.

▪ Depuis le 1er janvier 2017, la volonté concordante des époux permet de dissoudre le
mariage sans recourir à un juge (loi du 18 novembre 2016). Le divorce par consentement
mutuel peut ainsi être opéré par acte sous signatures privées, contresigné par avocats.
Cette procédure a ensuite été étendue à la séparation de corps, par la loi du 23 mars 2019.
Dissolution du PACS Séparation des concubins

• Principe : Union libre = rupture libre.


Cas particuliers : rupture abusive et enrichissement
d’un concubin au détriment de l’autre.

• En cas de désaccord sur le sort des enfants, les ex-


concubins peuvent faire appel au JAF afin de régler
certains aspects :
o Résidence des enfants
o Droit de visite et d'hébergement
o Pension alimentaire
▪ Le droit de propriété tel que conçu
aujourd’hui est un héritage de la
La propriété Révolution française, il est protégé
et la par les textes fondamentaux.
▪ Ce droit de propriété est toutefois
possession soumis à des limitations et peut
faire l’objet de démembrements.
Reconnaissance et protection du droit
de propriété
▪ Avec la Révolution française, la propriété est définie comme étant souveraine, elle
rassemble donc toutes les prérogatives de la maîtrise du bien. Les articles 2 et 17 de la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (DDHC) consacrent et protègent ce
droit.
▪ En 1804 cette conception est sacralisée dans le Code Napoléon au sein de l’article 544 du
C.Civ.
▪ Reconnaissance internationale : art. 17 Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
(DUDH)
▪ En 1970, le Conseil constitutionnel reconnaît la valeur constitutionnelle de la Déclaration
du Droit de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 en l’intégrant dans le bloc de
constitutionnalité du préambule de la Constitution du 4 octobre 1958 = protection
constitutionnelle du droit de propriété.
Définition du droit de propriété
▪ « La propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu
qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois et par les règlements. » (Art. 544 C.Civ).

❖ Caractères du droit de propriété : ❖ Attributs du droit de propriété :

• Absolu (permet à son titulaire de procéder à tous les • L’usus (droit d’user de la chose)
actes juridiques et matériels qui ne lui sont pas
interdits spécialement) • Le fructus (le droit d’en percevoir les fruits, les revenus)

• Exclusif (seul le propriétaire peut user de la chose ou • L’abusus (le droit d’en disposer, notamment de vendre)
ne pas en user, et a donc le droit d’exclure toute
personne) → Par principe, le propriétaire est censé détenir tous ces
attributs.
• Perpétuel (la propriété n’est pas limitée dans le
temps, elle est censée durer tant que le bien existe)
Limites du droit de propriété
❖ Limitations légales
Ces limites peuvent être exercées soit sur la jouissance ou sur la conservation du bien.
▪ C’est l’exemple des lois touchant à la protection de l’environnement ainsi que le droit de l’urbanisme (ex : l’exploitation et
l’aménagement d’un bien sont soumis à des autorisations)
▪ Les expropriations : il s’agit de priver, contre son gré, un propriétaire foncier de sa propriété, généralement pour cause
d’utilité publique. (Art 545 C.Civ)
▪ Les servitudes légales : obligent le propriétaire à tolérer une intrusion sur son terrain pour l’utilité d’un autre. (Art. 637
C.Civ) . (Ex : servitude de passage pour cause d’enclave art. 682 et s.)

❖ Limitations jurisprudentielles
▪ L’abus de droit : Le propriétaire ne peut, dans l’exercice de son droit de propriété, causer un dommage à
autrui. L’intention de nuire est la limite du droit de propriété. (Req., 31 août 1915, Clément Bayard).
▪ Les troubles anormaux du voisinage : L’usage de son bien par le propriétaire ne doit pas causer à ses voisins
des troubles excédents les inconvénients normaux du quotidien. (Décision du 24 octobre 1999).
Les démembrements de la propriété
• Le démembrement de propriété consiste à diviser la pleine
propriété d’un bien immobilier en deux parties, la nue-
propriété et l’usufruit (Art 578 à 624 C.Civ).

• Le démembrement prend fin au décès de l’usufruitier : le nu-


propriétaire devient alors l’unique propriétaire du bien sans
droits de succession à payer. Il peut l’occuper, le louer ou
encore le vendre. Ce procédé est fréquemment utilisé dans la
cadre d’une planification successorale car il permet de
continuer à jouir du bien.

• En cas de décès du nu-propriétaire, la nue-propriété est


transmise à ses héritiers et entre dans la succession, pour la
valeur de la nue-propriété seule.
La possession
La possession correspond à une apparence de propriété qui se manifeste comme un rapport de fait entre
une chose et une personne par laquelle celle-ci a la possibilité d’accomplir sur le bien des actes qui, vu de
l’extérieur, correspondent à l’exercice d’un droit.

La possession obéit à certaines conditions dont la réunion permet :


• D’acquérir la propriété
• De prouver la propriété
• Corpus = élément matériel : l’exercice d’un
pouvoir de fait sur la chose. (Ex: habiter un
appartement)

• Animus = élément psychologique : la


manifestation de la volonté de se comporter
comme si l’on était propriétaire.

N.B Il existe une présomption d’animus si le


corpus est établi, sauf preuve contraire.
▪ Les collectivités sont susceptibles
de conclure plusieurs types de
Les contrats contrats obéissant à une
conclus par réglementation particulière.

les ▪ Les contrats de location passés par


les collectivités locales (communes
collectivités et autres) et portant sur leur
territoriales domaine privé sont des contrats de
droit privé, soumis aux règles du
droit privé.
Les baux
Le contrat de bail est défini par le Code civil à l’article 1709 C.Civ comme une convention par laquelle l’une des parties
(le bailleur) s’oblige à faire jouir l’autre (le preneur) d’une chose pendant un certain temps et moyennant un certain
prix que celle-ci s’oblige de lui payer. En contrepartie d’un loyer, le locataire (que l’on appelle aussi le preneur) peut
user de la chose appartenant au bailleur (le propriétaire) en vertu d’un droit personnel créé par le contrat de louage.

❖ Le bail d’habitation

• Le bail opère le transfert de jouissance d'un bien appartenant au propriétaire.

• La durée d’un bail d’habitation est en principe de 6 ans lorsque le bailleur est une personne
morale de droit public comme une collectivité territoriale. Les baux perpétuels sont prohibés.

• Cas particulier : L’article 40 V de la loi n°89-462 du 6 juillet 1989 permet aux collectivités
locales de consentir une location « à titre exceptionnel et transitoire ». C'est le cas par
exemple en cas de relogement en urgence de personnes sans logement suite à un incendie.
Dans ce cas la collectivité n'est pas tenue par la durée de 6 ans, ni par l'obligation de motiver
le congé, le local devant retrouver à plus ou moins brève échéance, son affectation d'origine.
❖ Les baux commerciaux

▪ Les collectivités territoriales ont la capacité de conclure un


bail commercial sur les biens relevant de leur domaine Procédure des baux commerciaux:
privé.
▪ La loi du 18 juin 2014 modifie le régime juridique des baux ▪ Le conseil municipal (entre autre) prend une
commerciaux les rapprochant ainsi davantage des baux délibération pour autoriser la conclusion d’un bail
d’habitation. commercial ;
▪ Le Code de commerce applique le statut spécifique de ▪ Le préfet exerce le contrôle de légalité ;
baux commerciaux aux contrats suivants : ▪ Le contrat est enfin signé par le maire.
o les baux des immeubles ou locaux dans lesquels
un fonds de commerce est exploité ; Le bail commercial peut-être écrit ou oral, toutefois en
o les baux portant sur des locaux ou des pratique, le bail commercial établi par écrit apporte
immeubles accessoires à l’exploitation du fonds une preuve de l'existence du contrat et de son
de commerce ; contenu.
o les baux portant sur des terrains nus sur lesquels
sont édifiées des constructions à usage En cas de litige, c’est le tribunal de grande instance
commercial, industriel ou artisanal. (TGI) dans le ressort duquel est situé l’immeuble sur
lequel le bail a été consenti qui est compétent.
Effets des baux commerciaux

Le Code de Commerce et la loi du 18 juin 2014 apportent plusieurs précisions :

▪ Interdiction, sauf exception, de la conclusion des baux ayant une durée ferme supérieure à trois ans. Le preneur bénéficie
d’une faculté de résiliation tous les trois ans.

▪ Le preneur dispose d’un droit au renouvellement sous peine, pour le bailleur, de devoir lui verser une indemnité
d’éviction. (Art L. 145-26 C.Com)

▪ Le Code de commerce interdit expressément la sous-location sauf stipulation contraire ou accord du bailleur. (Article L.
145-31 C.com).

▪ Obligation d’état des lieux à la prise de possession des locaux.

▪ La fixation initiale du loyer est librement négociée entre les parties, toutefois la révision du loyer obéit à des règles plus
contraignantes.

▪ En cas de litiges nés de la révision du loyer, une commission départementale de conciliation, composée de bailleurs et
de locataires en nombre égal et de personne qualifiée peut être saisie.

▪ Les cas d’extinction du bail commercial sont les suivants :


▪ Résiliation unilatérale (lettre recommandée avec accusé de réception).
▪ Perte de la chose louée
▪ Inexécution par une partie de ses obligations
❖ Les baux ruraux

Conditions et procédure du bail rural :

L’objet du contrat doit porter sur la mise à disposition, à titre onéreux, d’un immeuble à usage agricole en vue
de l’exploitation d’un cycle biologique de caractère végétal ou animal.

Ceci exclut :
• les baux emphytéotiques (baux de très longue durée qui relèvent du droit public lorsqu’une des parties est
une collectivité territoriale) ;
• les baux accordés par les S.A.F.E.R. (société d’aménagement foncier et d’établissement rural) ;
• les baux à cheptel ;
• les conventions pluriannuelles de pâturage ;
• les concessions et conventions portant sur l’utilisation des forêts.

Les collectivités peuvent :

• soit choisir librement le preneur ;


• soit décider la mise en œuvre de la procédure de l’adjudication publique.
Effets du bail rural :

• La durée du bail est de 9 ans minimum.

• Le preneur bénéficie d’un droit au renouvellement si les obligations du contrat initial ont été respectées
et qu’il n’a pas atteint l’âge de la retraite.

• Le preneur possède également un droit de préemption en cas de vente du fonds loué.

Il existe toutefois une dérogation au droit au renouvellement ainsi qu’au droit de préemption du preneur
lorsque le bailleur est une collectivité locale (Article L415-11 C.Rur.).

• La contrepartie de la mise à disposition du fonds est le fermage. Il est fixé en application d’une
réglementation technique complexe établissant un seuil minimal et maximal dans chaque département en
se fondant sur les cours de productions régionales.

• En cas d’extinction du bail, le Code rural impose le versement d’une indemnité au fermier sortant lorsqu’il
a apporté des améliorations au fonds loué.

• Causes d’extinction anticipées :


o La résiliation
o Le droit de reprise
La cession des biens du domaine privé
▪ Les biens des communes relèvent nécessairement d’une des catégories juridiques prévues par le
Code général de la propriété des personnes publiques (CG3P) : le domaine public et le domaine
privé. La commune ne peut, en principe, céder que les biens appartenant à son domaine privé.
▪ En en effet les biens du domaine public sont inaliénables et imprescriptibles.(art. L. 3111-1 CG3P
repris par l’art. l’art. L. 1311-1 du CGCT). La collectivité devra donc procéder à un déclassement si
elle souhaiter céder un bien du domaine public.
▪ Exceptions : Les dispositions des articles L. 3112-1 et s. du CG3P autorisent par dérogation au
principe d’inaliénabilité du domaine public, les cessions et les échanges de propriétés publiques
relevant du domaine public entre personnes publiques, sans déclassement préalable.
▪ Les biens du domaine privé regroupent tous les biens des communes qui ne répondent pas aux
conditions d’entrée dans le domaine public : affectation à l’usage direct du public ou au service
public et aménagement à cet effet (art. L. 2211-1 al. 1 et 2, art. L. 2212-1 du CG3P), ainsi que
certains bien précis (chemins ruraux, bois et forêts, immeubles de bureau).
Procédure :
Cessions à titre onéreux Cessions à titre gratuit

▪ Art L. 2241-1 du CGCT : Le conseil ▪ Les cessions à titre gratuit ou à un prix


municipal délibère sur la gestion des inférieur à la valeur du bien sont en
biens et les opérations immobilières principe interdites.
effectuées par la commune. ▪ Les collectivités territoriales peuvent,
▪ Toute cession d’immeubles ou de droits cependant, consentir des rabais sur le prix
réels immobiliers par une commune de de vente ou sur la location de biens
plus de 2000 habitants donne lieu à immobiliers, en application des
délibération motivée du conseil municipal dispositions prévues aux art. R. 1511-4 et
portant sur les conditions de la vente et suivants du CGCT.
ses caractéristiques essentielles. Le
conseil municipal délibère au vu de l’avis
du service des domaines.
▪ L’art. L. 2122-21 du CGCT précise que le
maire est chargé d’exécuter les décisions
du conseil municipal, notamment en
matière de vente et d’échange.
L’acceptation des dons et legs
Les collectivités territoriales et leurs établissements publics, tout comme l’Etat et ses établissements publics,
peuvent accepter ou refuser les dons et legs qui leur sont consentis. Les conditions d’acceptation ou de refus
varient selon les collectivités ou établissements concernés.

Communes et leurs établissements Départements Régions


• Le Conseil municipal statue sur les dons et • Le Conseil départemental statue sur • Le Conseil régional statue sur l’acceptation
legs faits à la commune et sur leur l’acceptation des dons et legs faits au des dons et legs faits à la région. Il peut
acceptation. Il peut déléguer cette tâche département. Il peut déléguer cette tâche déléguer cette tâche à sa commission
au maire pour les dons et legs qui ne sont à sa commission permanente ou, pour les permanente ;
grevés ni de conditions ni de charges ; dons et legs qui ne sont grevés ni de
conditions ni de charges, à son président ; • Pour les dons et legs qui ne sont grevés ni
• Acceptation ou refus des dons ou legs par de conditions ni de charges, il peut aussi
les établissements publics communaux. • Certaines dispositions permettent une déléguer à son président -sans préjudice
acceptation à titre conservatoire avant des dispositions qui permettent au
• Possibilité d’acceptation provisoire ou délibération du Conseil départemental président de prendre un acte à titre
conservatoire, avant la délibération du conservatoire.
Conseil municipal ou de la commission
administrative.
Merci de votre attention !

SOURCES :
• Service-public.fr • Code des collectivités territoriales • Actu-juridique.fr
• Dalloz.fr • Code général de la propriété des • Université Numérique Juridique francophone
• Code Civil personnes publiques (UNJF.fr)
• Code de Commerce • Légifrance.fr • Patricia Vannier, « L’évolution du droit de la
famille », Fiches 2021, Ellipses, (6e Ed.), p. 13 à 19

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