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Synthèse invitation au voyage

Honoré Gaborit ERA 2 :

Le voyage, en tant qu'invitation à la découverte, à l'épanouissement personnel et à


l'ouverture sur le monde, a toujours exercé une fascination. Au sein de cette expérience
humaine, se pose la question du voyage au féminin. La problématique sera la suivante : le
voyage féminin est-il moins intéressant ? Pour répondre à cette question, nous
entreprendrons une analyse en deux temps.

Dans une première partie, nous verrons les éléments favorables au voyage féminin. Nous
constaterons que le voyage féminin n'a pas attendu, que le monde dans lequel nous vivons
devient de plus en plus accessible et connu, et enfin, que les femmes commencent à
s'émanciper.

Dans une seconde partie, nous étudierons les motivations qui poussent les femmes à
voyager. Nous examinerons leur désir de découverte, leur aspiration à la liberté et leur quête
d'une meilleure connaissance de soi.

Le contexte de notre monde est favorable au voyage, et les premières femmes qui ont osé
voyager n'ont pas attendu d'avoir des conditions optimales pour partir à l'aventure. Comme
évoqué dans le document 4 "Artistes voyageuses, l'appel des lointains (1880-1944)" d'Alix
Favre, publié en décembre 2022 sur le site de la revue l'Éléphant, des femmes ont
accompagné leurs maris, par exemple, Henriette Browne qui accompagna son mari à
Constantinople en 1860. Puis elle continua de voyager à ses côtés au Maroc, en Syrie et en
Égypte. Tout comme Marie Lucas-Robiquet qui accompagna son mari, militaire de profession,
en Algérie. À cette époque, ce n'était pas un schéma de vie classique de partir aussi loin et
dans des civilisations au fonctionnement différents de notre région occidentale.

Mais le monde dans lequel nous vivons se rapproche de plus en plus. Cela est en partie dû
aux échanges qui s'opèrent entre les différents pays et régions du monde. Comme évoqué au
début du document 4, la fin du XIXe siècle est la grande époque du commerce et du partage.
Ces différentes régions du monde qui commercent entre elles sont donc naturellement de
plus en plus proches, et les biens matériels comme les êtres humains se retrouvent dans ces
autres civilisations du monde. Des personnes d'autres pays viennent aussi "chez nous". Nous
pourrions citer deux femmes artistes chinoises ayant étudié à l'École des beaux-arts de Paris :
Fan Tchunpi et Pan Yuliang. Un autre facteur de ce monde qui se rapproche et qui cache
moins de zones d'ombre concerne les évolutions dans le domaine du transport. Les pays sont
plus accessibles grâce à des moyens de locomotion tels que le train, évoqué dans le poème
d'Anna de Noailles, "L'ombre des jours" (1932), ou encore le bateau, mentionné par le biais
des compagnies maritimes dans le document 4.

Un dernier facteur que nous allons aborder est celui de l'émancipation de la femme. La place
de la femme n'était pas d'aller à l'aventure ; elle était souvent moins trépidante et
dangereuse. Sa place était souvent à gérer le foyer familial et les enfants en attendant que
son mari revienne du travail. Ce schéma "classique" n'inspirait que très peu de femmes. Le
document 2, "L'obéissance, c'est la mort ! : récits d'aventurières", aborde ce sujet : "Elles ont
toutes ressenti une immense crainte : celle de ne pas se réaliser et de laisser des pères ou
des maris choisir leur vie". Dans ce document, nous avons des exemples de femmes telles
que Catalina de Erauso, qui a pris les armes au XVIIe siècle en Amérique du Sud et a désobéi
à sa famille. Encore l'histoire de May French Seldon, qui est la première femme à escalader le
Kilimandjaro, le plus haut sommet du continent africain. Le document 3 d'Emeline Ferard, un
article consacré à Alexandra David-Neel, nous apprend dans cet article que cette femme
aurait pu avoir une vie classique auprès de son mari. Mais même après 7 ans de mariage,
l'envie de découvrir et de s'émanciper était plus forte. Elle est partie à l'aventure pendant 14
ans en Asie. Ce fut la première femme à entrer dans la capitale tibétaine, pourtant interdite
aux étrangers, Lhassa. Tous ces exploits féminins brisant les codes d'une société patriarcale
vont forcément résonner dans la tête d'autres femmes. Elles vont vouloir par la suite se
réaliser et ne pas nécessairement rentrer dans le moule de la mère de famille au foyer.

Au travers de ces expéditions, ces femmes vont accomplir plusieurs aspirations personnelles.
La première est le besoin de découverte. Dans le poème d'Anna de Noailles, "L'ombre des
jours" (1902), nous comprenons ce besoin de découverte avec la répétition en début de vers
du mot "voir". Nous comprenons à travers ce poème le besoin de découvrir toutes ces
cultures et ces paysages. Dans le document 4, nous saisissons aussi le besoin de découvrir de
nouveaux horizons avec Jeanne Tils, qui est "amoureuse de la Tunisie et attirée par les pays
de lumière et de soleil". Enfin, Alexandra David-Néel a elle aussi été touchée par cette soif de
découverte et n'a pas pu y résister.

Ces femmes qui ont décidé de partir à l'aventure ont aussi ressenti un besoin de liberté. Une
liberté certes physique par la possibilité de voyager où elles le désirent, mais aussi une
liberté culturelle, comme évoqué dans le document 3, en passant par les religions. Alexandra
David-Néel a pu découvrir et adhérer au bouddhisme. Elle a fréquenté différents monastères
bouddhistes et a même rencontré le 13e Dalai-lama. Elle a donc eu la liberté de choisir cette
religion qui n'est pas commune dans nos pays occidentaux. Dans le document 4, les femmes
sont libres de pratiquer l'art qu'elles souhaitent et de représenter les choses qui les inspirent
sous n'importe quelle forme.

Enfin, les voyages permettent de découvrir et d'apprendre beaucoup sur les nouvelles
personnes rencontrées et les nouveaux pays visités. Mais durant ce genre de voyage, nous
apprenons beaucoup sur nous-mêmes. Dans le document 3 d’Emeline Ferard, nous pouvons
nous rendre compte qu’Alexandra David-Néel a appris beaucoup sur le pays mais aussi sur
elle-même durant ces longs efforts dans des conditions difficiles.

En conclusion, le voyage au féminin ne peut être qualifié de moins intéressant que celui des
hommes. Au contraire, il a une dimension fascinante, révélant une histoire de femmes
audacieuses et pionnières qui ont bravé les normes sociales et les contraintes de leur époque
pour explorer le monde. Les femmes ont refusé de se conformer au schéma traditionnel qui
les cantonnait au rôle de mères et d'épouses, préférant suivre leur propre chemin vers
l'aventure et la découverte. Des figures emblématiques telles qu'Alexandra David-Néel ont
brisé les conventions pour satisfaire leur soif d'exploration et ont ouvert la voie à un grand
nombre d'autres femmes.
Ainsi, il est indiscutable que le voyage féminin est loin d'être moins intéressant, mais plutôt
une source d'inspiration et d'admiration pour tous ceux qui aspirent à l'exploration et à
l'émancipation.

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