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Chapitre 4 UEF 3- Matière 1 : Calcul et conception des fondations

Chapitre 4 : Calcul et conception des fondations semi-profondes

4.1. Introduction

Les termes puits, puits forés ou fondation semi-profonde sont souvent utilisés pour désigner un
pieu coulé sur place avec un diamètre très large avec ou sans base élargie lui permettant
d’augmenter sa capacité portante de pointe.

On opte pour ce mode de fondation, lorsque les charges à transmettre au sol sont très
importantes et/ou lorsque le terrain en surface est de mauvaise portance.

Le principe consiste à traverser les formations compressibles pour venir s’appuyer sur une couche
suffisamment résistante. En pratique on admet qu’une fondation est dite semi-profonde (ou puits)
si : 4 ≤ D/B < 10, avec D l’encastrement de la fondation et B la largeur ou le diamètre du puits
(Figure 4.1).

4.2. Différents types des fondations semi-profondes

Les puits peuvent être classés en fonction de la manière dont ils transmettent la charge de la
superstructure au sol de fondation (Figure 4.1), nous citons ce qui suit :

Puits droit : ces puits traversent l’ensemble de couches constituées de mauvais sols. Ils reposent
sur une roche ou un sol de bonne résistance.

Puits en cloche : ces puits sont droits et se terminent par une base élargie en forme de cloche ou
patte d’éléphant. Dans ce cas la capacité portante limite est égale à Ql = Qp, car Qf est négligeable.

Puits droit ancré : dans des cas bien précis, il est nécessaire que le puits soit ancré dans la roche
portante. Ainsi, en plus de l’effort de frottement et de la résistance de pointe, l’effort tranchant sur
tout le périmètre du puits à l’interface de la roche doit être pris en compte et vérifié. La capacité
portante limite est égale à Ql = Qp + Qf.

(a) puits droit (b) puits en cloche ou patte d’éléphant (c) puits droit ancré dans la roche
Figure 4.1. Différents types de puits

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4.3. Les avantages et les inconvénients des fondations semi-profondes

 L’utilisation des puits comme système de fondation a les avantages suivants :


- Un seul puits peut être utilisé pour remplacer un groupe de pieux et sa semelle de liaison.
- Il est plus facile de réaliser un puits dans un dépôt de sable dense ou de gravier que de battre un
pieu.
- Dans le cas des pieux battus, les vibrations du sol peuvent endommager les structures
environnantes. L’utilisation des puits évite ce risque.
- Les pieux battus dans des sols argileux causent un gonflement de l’argile et entraine un
déplacement du pieu dans le sens latéral. Cette situation est évitée lors de la construction des puits.
- La base du puit peut être élargie ce qui engendre une grande résistance aux forces d’arrachement.
- Le sol de fondation d’un puit peut être contrôlé visuellement.
- La construction des puits nécessite généralement un matériel léger et mobile. Sous certaines
conditions propres au sol, ils peuvent être plus économique.
- Les puit présente une grande résistance aux forces latérales.
 Comme toute construction, les puits présentent aussi certains inconvénients tels que :
- il nécessite une bonne supervision des travaux d’où des retards peuvent être engendrés à cause des
intempéries.
- l’excavation du sol peut entrainer des dommages aux constructions mitoyennes.

4.4. Conception des fondations semi-profondes


Un puits est réalisé dans un forage exécuté ou excavé dans le sol jusqu’à la couche portante.
Ensuite, il est rempli de gros béton ou en béton armé. Ils peuvent être sollicités en tête par des
semelles isolées en béton armé destinées à répartir les charges que le puits transmettra au sol
(Figure 4.1). Les puits sont généralement circulaires, mais il arrive qu’on fonde sur des puits de
section carrée, rectangulaire ou elliptique.
L’écartement économique entre deux puits doit être supérieur à 2,5 fois le diamètre. La section
d’un puits ne doit pas être inférieure à 1 m2.
Pour accroitre la force portante du puits ou lorsque la contrainte admissible du terrain est
insuffisante on élargit la base du puits en patte d’éléphant (Figure 4.2).

( )
S (surface de la base du puits) m2 ≥
( / )

Semelle isolée

Gros béton D

Niveau du bon sol


10 à 20 cm
Encastrement dans le bon sol
B

Figure 4.2. Exemple d’un puits en patte d’éléphant (4 ≤ D/B < 10)

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 Pour la conception des puits sans coffrage, un renforcement minimal vertical est nécessaire
(Figure 4.3b). Ces armatures représentent environ 1% de la section transversale du puits. Pour
ces puits, la contrainte du béton utilisée dans le calcul ( fc ) est de l’ordre de 0,25 fc28 (où fc28 est
la résistance à la compression du béton à l’âge de 28 jours).

fc = 0,25 fc28 = Qw / Ags = Qw / [(π/4). Ds2] (4.1)

D’où le diamètre du puits Ds est donnée par l’équation suivante :

Ds = / [(π/4). (0,25 fc28 )] = 2, 257 / fc28 (4.2)

La force de travail du puits (il s’agit de l’élément puits en lui-même) est :

Qw = (Ags - As). fc28 + As . fas (4.3)

Avec,
Ds : le diamètre du puits,
fc28 : la résistance à la compression du béton à l’âge de 28 jours,
Qw : la force de travail du puits (il s’agit de l’élément puits et non pas du sol),
Ags : la section du puits,
As : la section des aciers.
fas : la contrainte admissible des aciers, elle est égale à 0,5 fe,
fe : la contrainte limite élastique des aciers utilisés.

 Dans le cas des puits réalisés avec un coffrage perdu (Figure 4.3a) à la place d’une barre
métallique centrale, l’équation (4.3) reste toujours valable. La contrainte admissible des aciers
sera calculée comme suit :
fas = 0,4 fe (4.5)

 Pour les puits soumis à des efforts de traction ou de soulèvement, le ferraillage doit être
prolongé sur toute la longueur du puits (Figure 4.3b).

(a) (b)

Figure 4.3. Puit foré avec (a) coffrage métallique et (b) un corps métallique incorporé

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4.5. Capacité portante des fondations semi-profondes

La capacité portante limite (ou ultime) Ql d’un puits foré (Figure 4.4) est donnée par l’équation
suivante :

Ql = Qp + Qf (4.6)
Ql : capacité portante limite ou ultime,
Qp : capacité portante due à la pointe du puits,
Qf : capacité portante due au frottement latéral puits/sol.
Ql Ql

Ds

L1 L L = L1
Qf Qf
Z Z

D s = Db

Qp Sol : φ, C Sol : φ, C
Qp

Db

Figure 4.4. Capacité portante limite des puits forés (a) avec cloche (b) puits droit

 Dans la plus part des cas, la capacité portante due à la pointe d’un puits Qp est calculé de la
même manière que celle des fondations superficielle par l’équation suivante :
Qp = Ap . qp = Ap . [C. Nc* + q’. Nq*] (4.7)

La capacité portante nette ou résiduelle à la base (c.à.d. la charge totale moins le poids du
puits) est approximativement égale à :
Qp = Ap . qp = Ap . [C. Nc* + q’. (Nq*-1)] (4.8)

Cependant, pour les puits très courts la capacité portante due à la pointe devient :
Qp = Ap . qp = Ap [C. Nc* + q’. Nq* + (0,3 . γ . Db. Nγ*) ] (4.9)
Les termes des équations précédentes sont définis comme suit :
Ap : surface transversale au niveau de la base du puits (Ap = π. Db2 / 4).
qp : la capacité portante unitaire due à la pointe.
C : la cohésion du sol de fondation.
q’ = σv’ : la contrainte effective au niveau de la base de la fondation.
Nc*, Nq*, Nγ* : facteurs de portance ou coefficient de capacité portante.

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 Pour ce qui concerne la capacité portante due au frottement Qs, elle est exprimée de la même
manière que celle des pieux :
L1
Qs = 0 f.p.dz (4.10)
Avec,
f : la résistance due au frottement unitaire.
p = π. Ds : le périmètre de la section transversale du puits.

 Puits fondés dans les sables :

Dans le cas des sables, la cohésion du sol est presque nulle (C = 0) d’où l’équation (4.8) de la
capacité portante due à la pointe sera comme suit :
Qp = Ap . qp = Ap . q’. (Nq*- 1) (4.11)

Les valeurs de Nq* sont données par l’abaque de Vesic (1963) de la Figure 4.5.

Figure 4.5. Facteurs de portance Nq* pour les fondations profondes (Vesic, 1963)

La capacité portante due au frottement Qs développée par le puits est calculée avec l’équation
suivante :
L1 L1
Qs = 0 f.p.dz = π. Ds (1-sinφ) 0 σv ’.dz (4.12)
Avec,
f : la résistance due au frottement unitaire.
p = π. Ds : le périmètre de la section transversale du puits.
σv’ : la contrainte effective à la profondeur (z).
Afin d’obtenir la capacité portante admissible Qad, un facteur de sécurité adéquat (exemple : Fs
= 3) doit être utilisé :
Qad = (Qp + Qf) / Fs (4.13)

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 Puits fondés dans les argiles :


Pour les argiles saturées avec un angle de frottement interne nul (φu = 0), la capacité portante due
à la pointe est donnée par l’équation (4.8). Sachant que, dans ce type de sol, la valeur du facteur
de portance Nq* est égale à (1) donc la capacité portante due à la pointe devient :
Qp = Ap . qp = Ap . (Cu. Nc* ) (4.14)
La valeur du facteur de portance Nc* est généralement prise égale à 9.
La capacité portante due au frottement puits/sol dans les argiles est exprimée par l’équation
suivante :
L=0 α . Cu . p . ∆L
Qs = ∑L=L1 (4.15)
Avec,
p = π. Ds : le périmètre de la section transversale du puits.
α : un coefficient non établi d’une manière exacte pour le moment. Sa valeur varie entre 0,35 et
0,60. Pour l’instant, une valeur de 0,40 est recommandée.

Afin d’obtenir la capacité portante admissible Qad, un facteur de sécurité adéquat (exemple : Fs =
3) doit être utilisé

4.6. Tassement élastique d’un puits


Le tassement élastique des puits se calcule de la même manière que celui des pieux :
S = S1 + S2 + S3 (4.16)
Avec,
S : le tassement élastique total du puits.
S1 : le tassement élastique du puits.
S2 : le tassement élastique dû à la pointe du puits.
S3 : le tassement élastique dû à la transmission de la charge le long du puits.

 Calcul du tassement S1 :
Le matériau constituant le puits est supposé être élastique (c.à.d un comportement dans le
domaine élastique). Le tassement élastique du puits est donné par l’équation suivante :

Qwp + ξ.Qws
S1 = (4.17)
Ap . Ep
Avec,
Qwp : la charge supportée par la pointe du puits.
Qws : la charge due au frottement du puits.
Ap : la section transversale du puits.
Ep : module de Young du matériau du puits.

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La valeur de ζ dépend de la distribution de la résistance au frottement le long du puits (Figure 4.6)

f f f

ζ = 0,5 ζ = 0,5 ζ = 0,65

Figure 4.6. Distribution du frottement unitaire le long du puits

 Calcul du tassement S2 :
Le tassement élastique dû à la pointe du puits est calculé par l’équation suivante :
qwp .D
S2 = Es
1- v2s . Iwp (4.18)
Avec,
D : le diamètre ou la largeur du puits.
qwp : la contrainte supportée par la pointe du puits, qwp = Qwp /Ap.
Es : le module de Young du sol.
vs : le coefficient de poisson du sol.
Iwp : le coefficient d’influence donnée par l’abaque de Harr.
 Calcul du tassement S3 :
De même le tassement dû à la transmission de charge le long du puits est donné par l’équation suivante :

Qws .D D
S3 = P.L
. E 1-v2s . Iws (4.19)
s
Avec,
Qws : la charge due au frottement du puits.
qws : représente la valeur moyenne du frottement le long du puits, qws = Qws / P.L.
P : le périmètre du puits.
L : la longueur d’ancrage du puits.
Iws : le coefficient d’influence, Iws = 2 + 0,35 √L/D.
Remarque : dans la plupart des cas, la charge supportée par le fût du puits est très petite par rapport
à celle de la pointe, d’où le tassement S3 est très faible (S3 ≈ 0). Par conséquent, le tassement
élastique total du puits se résume à :
S = S1 + S2 (4.20)

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