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La Bible, Miroir de La Création Tome 2 Commentaires Du Nouveau Testament
La Bible, Miroir de La Création Tome 2 Commentaires Du Nouveau Testament
Avis au lecteur
Avant-propos
unique »
I. La deuxième naissance
II. Le baptême
l’homme »
I. Le riche et le chameau
23 La tempête apaisée
25 Suivre Jésus
29 Le sel de la terre
doit venir »
derniers »
56 « Si ton œil est pur, tout ton corps est dans la lumière »
vrai Dieu »
cieux »
69 Le dernier repas
70 Au jardin de Gethsémani
71 « Qu’est-ce que la vérité ? »
73 Jésus crucifié
monde »
de sang »
Partie V - L’Apocalypse
serviteurs de Dieu
terre
I. La pierre cubique
Tableaux récapitulatifs
relations
3 Chaque corps possède un double en relation avec un des
quatre éléments
séphiroth
La Bible ,
miroir de la création
Tome 2
© Copyright 2015 réservé à S.A. Éditions Prosveta pour tous pays. Toutes 7
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L’utilisateur est informé que ce livre peut contenir des schémas et des
caractères spéciaux qui risquent de se déplacer en cas d’agrandissement
important.
Avis au lecteur
Omraam Mikhaël Aïvanhov a dispensé oralement un enseignement spirituel
développé dans près de cinq mille conférences spontanées données entre
1938 et 1985 ; ses propos ont été conservés dans leur intégralité, soit qu’ils
aient été transcrits par sténographie entre 1938 et le début des années
1960, soit que, pour la période postérieure, ils aient été enregistrés sur des
supports audio puis audiovisuels.
Ces enregistrements font l’objet, pour certains, de diffusion par les Éditions
Prosveta ; ils peuvent être consultés pour prendre connaissance de façon
exhaustive de l’enseignement.
Avant-propos1
Très jeune déjà, je m’étais souvent posé des questions. Je voulais savoir ce
que pensait Jésus, ce qu’il avait dans sa tête, dans son âme, quand il
s’adressait à ses disciples et aux foules qui le suivaient. Je n’étais pas
tellement satisfait de ce que j’entendais à l’église, et j’ai commencé à lire
beaucoup de commentaires des Évangiles. C’était intéressant, mais je les
trouvais encore incomplets, superficiels. Alors, un jour, à force de réfléchir,
j’ai eu cette révélation : il fallait que j’arrive à entrer dans la tête de Jésus.
Et c’est avec l’imagination que j’ai commencé à travailler.
Parce que l’être humain ne se connaît pas, il n’a aucune idée de tous les
moyens que le Créateur a mis à sa disposition. Il ignore qu’il a reçu de Lui
cette faculté extraordinaire, l’imagination, pour se représenter ce qu’il ne
peut ni posséder ni exécuter dans le plan physique et pour créer ainsi les
conditions de la réalisation. Malheureusement, le plus souvent les humains
mettent cette faculté au service de leurs instincts les plus vils : la
sensualité, le désir de possession, de domination, de vengeance.
Et là, tout ce qui peut passer par leur tête est presque incroyable !
Les paroles de Jésus sont encore vivantes dans les archives cosmiques, et
c’est jusque-là que nous devons nous élever pour en découvrir le sens.
Ensuite, nous pouvons revenir vers le texte pour l’interpréter. C’est donc
très jeune que, pour comprendre le sens des paroles de Jésus, j’avais pris
l’habitude de me transporter en Palestine, dans tous les endroits que
mentionnent les Évangiles : les villes, les montagnes, le désert de Judée, les
bords du Jourdain ou du lac de Génézareth. J’imaginais que j’étais Jésus
prononçant devant ses disciples ou les foules qui se pressaient autour de lui
les phrases dont je voulais connaître le sens. J’entrais ainsi 10
11
Partie I
Elle est d’une telle subtilité qu’elle nous semble immatérielle. Et pourtant,
c’est une matière, la matière à travers laquelle le feu se manifeste. Sans la
lumière, nous ne saurions pas ce qu’est ce feu qui anime et soutient toutes
les existences, car il est lui-même invisible. Dans le livre de la Genèse, la
création du monde commence avec l’apparition de la lumière. Dieu dit : «
Que la lumière soit ! » 12 La lumière est donc cette substance que Dieu, le
feu primordial, a projetée hors de Lui afin qu’elle devienne la matière de sa
création. Et des siècles après le livre de la Genèse, l’ Évangile de saint Jean,
dans le Nouveau Testament, s’ouvre sur ces mots : « Au commencement
était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu… Tout ce qui
a été fait a été fait par lui… En lui était la vie, et la vie était la lumière des
hommes. » Comme le livre de la Genèse, l’ Évangile de saint Jean parle du
commencement. La lumière est le Verbe créateur que Dieu a prononcé au
commencement.
Nous voyons aussi la lumière du soleil, mais cette lumière n’est pas celle
que Dieu fit apparaître au premier jour quand Il a dit : « Que la lumière soit
! » Au-delà du soleil visible existe un soleil invisible qu’on appelle le soleil
noir. Ce soleil noir projette sans cesse des courants d’énergies vers notre
soleil qui les transforme et nous les envoie sous forme de lumière.
Si rien ne se trouve sur son passage, elle reste invisible. Seul l’obstacle
qu’elle rencontre peut la révéler. Ici le soleil noir représente la cathode et 13
Un Initié, un mage véritable est celui qui sait comment faire jaillir de lui la
lumière. Non seulement cette lumière, son aura, l’entoure et le protège, mais
elle lui fournit la matière de son travail. On peut dire qu’il utilise des
moyens analogues à ceux que Dieu a utilisés pour créer l’univers : il
projette une image ou prononce un mot qui, en traversant son aura,
s’imprègne de sa lumière. La lumière de l’aura sert donc de matière pour la
réalisation.
C’est grâce à cette matière subtile que le mage peut créer et manifester sa
puissance. Et il n’est même pas nécessaire qu’il prononce des paroles. Il
projette une pensée, et c’est déjà comme s’il parlait. Cette parole intérieure
est réelle, puissante, magique. C’est elle aussi qu’on peut appeler le Verbe.
Le Verbe est une pensée qui ne s’est pas encore traduite par des mots dans
le plan physique ; mais elle s’exprime déjà dans l’invisible par des formes,
des couleurs, des sons. Et les pierres, les plantes, les animaux, les humains
comprennent ce langage, et les planètes, les étoiles, les anges, les archanges
eux aussi le comprennent. Dans le monde invisible, les créatures ne se
parlent pas avec les mots d’une langue, mais avec des couleurs, des formes,
des mélodies qui émanent d’elles, et chacune sait immédiatement interpréter
ce langage. Un jour viendra où les humains communiqueront entre eux avec
leurs seules émanations, et ils se comprendront, parce que le Verbe est le
langage universel. Il n’a pas besoin de la parole, mais c’est Lui qui rend
toute parole vivante et agissante.
fois, au contraire, avec les mêmes mots, vous les impressionnez : ils vous
écoutent parce qu’à ce moment-là votre parole est vivante. Et elle est
vivante parce que les mots que vous employez se sont imprégnés de la
matière subtile de votre aura ; ils s’y sont renforcés, et ainsi revêtus de
puissance, ils ont pu pénétrer jusqu’à l’âme des êtres et la faire vibrer. Il en
est de même de vos regards qui sont aussi des sortes de paroles : imprégnés
de la matière lumineuse de votre aura, ils agissent bénéfiquement sur les
êtres.
Les mots par eux-mêmes ne sont que des supports, ils ne peuvent produire
des effets que dans la mesure où ils sont imprégnés de cet élément créateur,
la lumière. Sans élever la voix, sans faire de gestes, grâce à la puissance de
son aura, un Initié arrive à se faire entendre des esprits supérieurs et à les
attirer à lui.
Au commencement était le Verbe, le premier mouvement de l’esprit
créateur. « Lorsque l’Éternel traça un cercle à la surface de l’abîme… »,34
dit la Sagesse dans le livre des Proverbes. 4 Ce cercle que l’Éternel a tracé
pour fixer les limites de la création, c’est aussi celui que le mage trace
autour de lui avant de commencer une cérémonie, d’entreprendre un travail.
15
Il peut arriver qu’un mage soit assez puissant pour s’imposer aux esprits
sans avoir fait préalablement un véritable travail sur lui-même. Mais alors,
au moment où il sort du cercle, les entités qui lui avaient obéi quand il était
à l’intérieur, parce qu’elles sont obligées de respecter ce symbole ainsi que
les formules magiques prononcées, se mettent à le poursuivre. Elles
cherchent à se venger d’avoir été contraintes d’obéir à un individu qui ne
respecte pas les règles de la magie divine. Il ignore qu’au commencement il
y a le Verbe, c’est-à-dire la lumière, et qu’avant de chercher à commander
aux esprits et aux forces de la nature, il doit tracer autour de lui le cercle
magique de l’aura. Et ce cercle ne se trace pas matériellement avec de la
craie ou tout autre moyen, il se prépare par l’amour, la pureté, l’esprit de
sacrifice.
« Et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu… » Lorsque Dieu a tracé
un cercle de lumière au-dessus de l’abîme, Il l’a imprégné de sa
quintessence. Les minéraux, les végétaux, les animaux, les humains ont été
d’abord des images flottantes dans son aura… Tout ce qui existe est plongé
dans l’aura divine, c’est en elle que nous vivons. « En Lui nous vivons,
nous nous mouvons et avons notre existence…»5, dit saint Paul. Nous
sommes tous plongés dans le cercle de l’aura de Dieu : elle nous pénètre,
elle nous traverse.
Imaginons que les six cercles, les six pétales qui la composent représentent
les six jours de la création évoqués dans le livre de la Genèse.
Et ils trouveraient aussi plus facilement des solutions à leurs problèmes s’ils
apprenaient à appliquer « au commencement était le Verbe » dans leur vie
quotidienne. Vous direz qu’il ne vous est pas possible d’utiliser dans la vie
quotidienne une phrase qui est presque incompréhensible. Eh bien si,
justement, c’est possible : il suffit que vous mettiez une pensée, une
intention lumineuse dans ce que vous faites afin de donner une bonne
orientation à votre activité. Le geste ou l’acte le plus simple peut avoir un
retentissement dans les mondes psychique et spirituel.
Je vous ai déjà souvent parlé sur ce sujet. Je vous ai donné des formules à
prononcer quand vous assistez au lever du soleil, au moment du
changement de lune, en faisant les exercices de gymnastique ou de
respiration, en touchant l’eau ou la terre… Il existe tellement d’occasions
chaque jour d’utiliser le pouvoir de la parole ! Vous essuyez un meuble, ou
vous faites la vaisselle, dites : « Comme j’enlève cette poussière, que la
poussière que j’ai accumulée en moi disparaisse »… ou « que mon cœur
soit lavé ! » Et même si par maladresse vous laissez tomber un objet et qu’il
se brise, dites : « Que tous les obstacles qui se dressent sur ma route vers la
lumière soient brisés ! »
Voilà le sens que peuvent avoir chaque jour pour vous les premiers mots de
l’Évangile de saint Jean. Tous les actes et les gestes que vous
accompagnerez d’une pensée lumineuse, constructive, transformeront votre
vie. Et vous comprendrez aussi les premiers mots du livre de la Genèse :
Références bibliques
18
19
Partie II
Les Évangiles
20
Le passage d’une saison à l’autre se fait donc par quatre points cardinaux
qui sont comme des nœuds de forces déterminées pour chacune d’elles.1
Sur le cercle du zodiaque le printemps commence avec le Bélier, signe de
feu ; l’été avec le Cancer, signe d’eau ; l’automne avec la Balance, signe
d’air ; et l’hiver avec le Capricorne, signe de terre. Ainsi, l’entrée dans
chaque saison est en relation avec un des quatre éléments. Sur chaque
élément règnent de puissantes entités qui ont sous leurs ordres des myriades
de serviteurs chargés de répartir les nouveaux courants d’énergies à la
surface de la planète. Car l’univers n’est pas une machine, et les
mouvements qui l’animent ne se déclenchent pas mécaniquement : chaque
changement est produit par le travail de créatures vivantes, invisibles pour
nous, qui ont la charge de s’occuper particulièrement des pierres, ou des
plantes, ou des animaux, ou des humains.
La conclusion à tirer de la place de ces deux fêtes dans l’année, c’est que la
naissance et la résurrection de Jésus sont en relation avec la vie de la nature.
Ceux qui en ont fixé les dates, il y a très longtemps, connaissaient les
analogies qui existent entre les phénomènes naturels et ceux qui se
produisent dans l’âme humaine. Ils avaient profondément médité la vie de
Jésus et son enseignement, et ils avaient senti qu’en s’identifiant au principe
cosmique du Christ, Jésus avait réalisé en lui la parfaite rencontre entre la
vie spirituelle et la vie de l’univers.
Et puis d’autres sont venus, des théologiens, des gens d’Église et, soit qu’ils
n’aient pas vraiment compris, soit qu’ils n’aient pas voulu comprendre, ils
n’ont plus fait de distinction entre l’homme Jésus et l’entité cosmique dont,
en s’identifiant au Christ, il était devenu l’expression vivante : ils ont
confondu ce qui appartient au monde physique et ce qui appartient au
monde spirituel.2 Et si les chrétiens ont eu besoin de voir du surnaturel dans
la vie de Jésus (sa naissance par l’opération du Saint-Esprit, sa résurrection
trois jours après sa mort), c’est qu’ils n’ont pas bien compris ce qu’est la vie
spirituelle et comment elle est liée à la vie de la nature.
Il suffit de lire un peu attentivement les Évangiles pour constater que Jésus
lui-même a souvent utilisé des images de la nature pour révéler les vérités
de l’âme et de l’esprit : le grain de sénevé, le champ ensemencé, les épis de
blé, la moisson, le cep et les sarments, le sel, le vin nouveau, le figuier, le
serpent, les mites et les vers, le lys des champs et les oiseaux du ciel, le
souffle du vent, l’arrivée des nuages, etc. Et combien de fois aussi l’eau est
présente !…. Jésus étudiait la nature, qui est l’oeuvre de Dieu, et il en
interprétait les manifestations. Elle était un livre pour lui. Et quand il ne
prenait pas des images dans la nature, il les prenait dans la vie quotidienne
des hommes, qui est un autre aspect de la vie de la nature : le levain pour
faire le pain, la lampe à huile, les talents (pièces de monnaie), 22
la maison et son toit, le festin des noces, les vêtements de fête, le voleur, le
serviteur et son maître, la pêche et les pêcheurs, etc.
23
fête se célèbre aussi dans le Ciel : les Anges chantent, et tous les saints, les
grands Maîtres et les Initiés sont réunis pour prier, pour rendre gloire à
l’Éternel et fêter la naissance du Christ qui naît réellement dans l’univers.
Le récit le plus détaillé de la naissance de Jésus nous est donné par saint
Luc.
« Il y avait dans la contrée des bergers qui vivaient aux champs et qui la
nuit veillaient tour à tour à la garde de leur troupeau. L’Ange du Seigneur
leur apparut et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté, et ils furent
saisis d’une grande frayeur. Mais l’Ange leur dit : «
Rassurez-vous, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle
de tout le peuple : aujourd’hui dans la cité de David, un Sauveur vous est
né, qui est le Christ, le Seigneur. Et ceci vous servira de signe : vous
trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche. »
Et soudain se joignit à l’Ange une troupe nombreuse de l’armée céleste, qui
louait Dieu, en disant :
25
« Or, lorsque les anges les eurent quittés pour le ciel, les bergers se dirent
entre eux : « Allons donc à Bethléem et voyons ce qui est arrivé et ce que le
Seigneur nous a fait connaître. » Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent
Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche. Et l’ayant vu, ils
firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant ; et tous ceux qui les
entendirent furent émerveillés de ce que leur racontaient les bergers. »4
Ce récit de saint Luc mérite qu’on s’y arrête, parce que les événements qu’il
a retenus sont ceux qui peuvent se produire aussi dans chaque être humain.
C’est donc sur les images symboliques que je veux attirer votre attention.
Dans la nature, comme pour l’être humain, une naissance est le résultat de
l’union du principe masculin, le père, et du principe féminin, la mère.
Quand Marie et Joseph ont voulu chercher refuge dans une hôtellerie, il n’y
avait plus de place pour eux. Cela signifie que les humains, tellement
accaparés par leurs affaires, leurs soucis, leurs divertissements, ne sont pas
disponibles pour accueillir celui qui porte en lui la lumière et la paix
qu’annoncent les anges… cette lumière et cette paix dont il voudrait les
faire bénéficier. Personne ne lui ouvre la porte, personne ne le comprend.
Alors, où aller maintenant avec cet enfant ? Mais voici une étable avec une
crèche…
D’après la tradition, Jésus est donc né dans une étable par une nuit d’hiver.
L’obscurité, le froid, la pauvreté… il est impossible d’imaginer plus
mauvaises conditions. Mais au-dessus de cette étable brille une lumière. Et
cette lumière représentée par l’étoile à cinq branches est une réalité. Elle
brille au-dessus de la tête de tous les Initiés dont le principe féminin (c’est-
à-dire l’âme et le coeur, Marie) a mis au monde l’Enfant-Christ conçu de
l’Esprit-Saint. Et à ce moment-là, que fait le principe masculin, Joseph ? Au
lieu d’éprouver de la colère et de répudier Marie comme un homme grossier
en criant : Cet enfant que tu as mis au monde 26
Joseph sent donc qu’il y a là quelque chose qui le dépasse. Rempli d’un
sentiment sacré, même si d’autres lui conseillent de répudier Marie, il la
garde près de lui. Répudier Marie, c’est répudier la moitié de son être et
devenir comme ceux qui, au nom de la supériorité de l’intellect et de la
raison, bannissent toute forme de sensibilité au monde spirituel, toute
aspiration mystique.
Celui qui a travaillé à faire naître le Christ en lui projette une lumière.
Un jour, cette lumière est aperçue de très loin par d’autres : ils sentent qu’il
s’est produit là quelque chose de spécial. Même de très grands personnages
comprennent qu’ils ont quelque chose à apprendre auprès de cet être, et ils
partent à sa rencontre. C’est pourquoi il est dit dans l’Évangile de saint
Matthieu que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et
demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons
vu son étoile à l’orient et nous sommes venus pour l’adorer. »5 Ces Rois
mages auxquels la tradition a donné les noms de Melchior, Balthazar et
Gaspard étaient des chefs religieux dans leur pays respectif. Ils possédaient
la science des astres, et en observant certaines configurations planétaires, ils
avaient conclu qu’elles annonçaient un événement exceptionnel. La
naissance de Jésus correspond donc aussi à un phénomène qui s’est produit
dans le ciel, il y a deux mille ans.
28
Le but de son travail est de maîtriser ces deux sortes de forces pour les
mettre au service de sa nature divine. Il ne doit pas chercher à les anéantir :
l’âne et le boeuf n’ont pas été chassés de l’étable pour laisser la place à
Jésus, ils étaient là, présents. Et que faisaient-ils ? On dit qu’ils
réchauffaient l’Enfant-Jésus de leur souffle !… Donc, quand l’Initié arrive à
transmuer les forces brutes symbolisées par l’âne et le boeuf, elles viennent
servir en lui l’enfant nouveau-né. Ces forces ne sont plus là pour le
tourmenter ou l’égarer, mais pour le vivifier. Le souffle, c’est déjà la vie.
Il est dit aussi que cette nuit-là un ange apparut aux bergers à qui
appartenait l’étable. Ils gardaient leurs troupeaux non loin de là, et quand
l’ange leur annonça la nouvelle de la naissance d’un sauveur, remplis 29
Bien sûr, il y aura aussi un roi Hérode (il y a toujours eu des Hérode,
symboles du pouvoir temporel opposé au pouvoir spirituel) qui, sentant son
règne menacé, appellera les Rois mages pour leur demander : « Allez,
renseignez-vous sur cet enfant, et quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi
savoir pour que moi aussi j’aille l’adorer. »6 Mais, heureusement, là encore
des anges viendront donner des avertissements. C’est ainsi qu’après avoir
reçu en songe l’ordre du Ciel de ne pas retourner auprès d’Hérode, les Rois
mages repartirent dans leur pays par un autre chemin.7 Cela signifie que
tous ceux qui viennent auprès de Jésus, auprès du principe christique, ne
peuvent pas prendre au retour le même chemin qu’à l’aller. Après ce qu’ils
ont vécu, ils sentent qu’ils doivent marcher dans une direction nouvelle.
30
Joseph et Marie, l’âne et le boeuf, les bergers, les anges, les Rois mages,
tous sont là pour assister le moment venu à la naissance de l’enfant, y
participer, se réjouir. Cette naissance se fête au début de l’hiver, et c’est un
point sur lequel je voudrais encore m’arrêter.
Toute vie commence par une semence, une graine enfouie dans l’obscurité
de la terre ou dans les entrailles d’une femme. Et l’hiver est la saison où il
se fait dans ces graines un long travail de germination qui aboutira, au
printemps, à l’éclosion d’une multitude d’existences nouvelles.8 Un travail
identique se fait dans le psychisme de chaque être : dans la terre obscure de
sa nature inférieure, la semence du Moi divin, du Christ, doit commencer à
germer. Voilà l’événement que les chrétiens célèbrent la nuit de Noël… oui,
justement à minuit, au moment de la plus grande obscurité.
C’est cette idée qui est aussi représentée par les Vierges noires qu’on vénère
encore dans certaines églises. La plupart du temps elles se trouvent dans une
crypte, c’est-à-dire, comme la grotte, un endroit caché et obscur ; et ce n’est
pas par hasard. La Vierge noire qui porte sur ses genoux l’Enfant divin est
la représentation de ce processus alchimique par lequel toutes les tendances
obscures de notre subconscient sont soumises aux deux principes spirituels
de la sagesse et de l’amour. C’est alors que l’Enfant-Christ, notre 31
Notre mission de fils et filles de Dieu est de faire naître en nous un enfant
de la même quintessence que son Père et sa Mère célestes. Lorsque cet
enfant naîtra, il sera roi. Il transformera toute matière en or et, comme Jésus,
il guérira les aveugles et les lépreux. Qu’est-ce que la lèpre ? Une maladie
qui ronge les chairs, et dans le plan psychique le péché est une lèpre qui
ronge la chair de l’âme. Le pouvoir de guérir les malades est donné à celui
qui a fait naître le Christ en lui grâce à la sagesse et à l’amour. Vous
demandez s’il les guérit réellement ? En leur faisant voir la vérité il
commence par guérir leur coeur et leur âme, avant de pouvoir un jour guérir
aussi leur corps.
Certains diront qu’ils ne sont pas chrétiens, ils ne savent pas ce qu’est le
Christ, et ça ne les intéresse pas tellement de le savoir. Eh bien, qu’ils
l’appellent d’un autre nom s’ils veulent, mais ce sera toujours le même
principe de sagesse et d’amour qui fait le lien entre l’humain et le divin,
quelle que soit leur religion… et même s’ils n’en ont pas. Que l’on soit
chrétien, juif, musulman, bouddhiste, etc., pour Dieu c’est sans importance
qu’il existe différentes religions. Il a créé l’être humain à son image, et pour
retrouver cette image en lui, chacun est libre de choisir le chemin à suivre,
pourvu que ce soit un chemin vers les hauteurs.
Fêter Noël, c’est donc nous préparer à faire naître le principe cosmique du
Christ dans notre âme. Ce n’est pas Jésus qui peut naître en nous : Jésus, lui,
est né il y a deux mille ans en Palestine, d’une femme, Marie. Mais le
Christ, qui est un principe cosmique, peut naître en nous comme il est né
dans Jésus. La naissance de Jésus a certainement été un événement
historique de la plus grande importance, mais il ne fallait pas tellement
insister sur cet événement avec la conviction qu’il a changé le cours de
l’histoire : la naissance d’un être humain à un moment donné ne change pas
grand-chose. S’il avait suffi que Jésus naisse il y a deux mille ans, pourquoi
le Royaume de Dieu n’est-il pas encore venu sur la terre ? Les guerres, les
famines, la misère, tout cela devrait avoir disparu. Les vraies
transformations peuvent être apportées seulement par un grand nombre
d’êtres qui ont fait de la naissance de Jésus un événement intérieur, un
événement spirituel : la naissance du Christ en eux. Jusque-là on pourra
relire le récit de la naissance de Jésus aussi souvent que l’on voudra, et
chanter « Il est né le divin Enfant», cela ne servira à rien.
qui ont voulu imposer des changements par la force n’ont souvent réussi
qu’à produire d’autres destructions, d’autres persécutions, d’autres
massacres. On pourra dire que la naissance de Jésus a vraiment changé le
cours de l’histoire lorsque les chrétiens seront capables de se manifester
partout comme des porteurs de lumière et de paix.
Références bibliques
3. Jésus dit à ses disciples qu’ils seront des pêcheurs d’hommes – Marc 1 :
17
7. Un ange donne l’ordre aux Rois mages de retourner chez eux par un autre
chemin –
Matthieu 2 : 12
Puis, on dirait que Jésus disparaît. Il réapparaît dix-huit ans plus tard, à
l’âge de trente ans, lorsqu’il vient se faire baptiser par Jean-Baptiste dans
les eaux du Jourdain.7 Ensuite, pendant trois ans, il parcourt la Judée, la
Samarie, la Galilée, parle sur les chemins à la foule qui le suit, enseigne
dans les synagogues, guérit des malades, chasse des démons… Mais ses
paroles et sa conduite irritent les pharisiens et les sadducéens qui se
considéraient comme les seuls gardiens de la Loi de Moïse, et ils cherchent
le moyen de le faire mourir.8 Ils finissent par le faire arrêter et condamner
par l’autorité romaine qui gouvernait alors le pays9, et à trente-trois ans il
est crucifié.10
Donc, pour les chrétiens, il y a deux mille ans Dieu s’est manifesté sur la
terre en envoyant son fils unique, et cette manifestation aurait duré trois ans
! Ensuite, Il a abandonné les humains à eux-mêmes, Il n’a plus de fils à
envoyer puisqu’Il n’en a qu’un. Et pourquoi n’en a-t-Il qu’un ?… Combien
de pères sont plus privilégiés que Lui ! Ils en ont parfois dix, ou même plus.
La vérité, c’est que les Pères de l’Église n’ont pas compris, ou n’ont pas
voulu comprendre, ou encore n’ont pas voulu révéler ce que signifie 34
réellement être fils de Dieu. Et il s’en est suivi deux affirmations erronées :
la première, que Jésus était lui-même Dieu ; la seconde, que seul Jésus est
réellement fils de Dieu, tous les autres humains sont des fils et des filles
d’une espèce inférieure. Or, en lisant les Évangiles on constate que Jésus
n’a jamais rien dit de tel. S’il est vrai que dans plusieurs passages il
s’adresse à Dieu en l’appelant « Père », quand il parle à ses disciples ou à la
foule qui le suit, il dit aussi « votre Père ». Et quand il leur enseigne
comment prier, les premiers mots de cette prière sont : « Notre Père, qui es
aux cieux ».11 Est-ce que ce terme de « Père » peut avoir deux sens
différents ? Non. Donc, le mot « fils » ne peut pas avoir deux sens différents
non plus. Pourquoi vouloir faire dire à Jésus ce qu’il n’a pas dit ?
Toute religion est fondée sur la conscience qu’il existe un lien entre l’être
humain et la Divinité, et chacune a présenté ce lien d’une manière qui lui
était propre. Dans l’Ancien Testament, Moïse, au début du livre de la
Genèse, écrit que « Dieu créa l’homme à son image » ;912 c’était déjà une
manière de révéler qu’il est son fils. Puis Jésus, en s’adressant à Dieu et en
Le mentionnant le plus souvent sous le nom de Père, a donné toute son
étendue à cette révélation.
Mais au lieu d’approfondir cette vérité, au lieu d’en tirer toutes les
conséquences et de comprendre que chacun peut trouver là le sens de la vie
pour lui-même et pour tous les humains, les Pères de l’Église ont déclaré
que Jésus, seul, était le véritable fils de Dieu, et donc Dieu Lui-même. Ce
que Jésus disait pour tous les hommes, ils ont voulu que ce ne soit vrai que
pour lui, et afin d’imposer leurs idées et de leur donner plus de force, ils ont
été obligés de fabriquer à son sujet des théories insensées. Puisqu’il était «
Dieu fait homme », Jésus ne pouvait pas venir au monde comme les autres
êtres humains : il a donc fallu dire qu’il était « né d’une vierge »
après avoir été « conçu par l’opération du Saint-Esprit ». Et comme il était
impensable que Dieu meure sur une croix, il a fallu aussi prétendre qu’il
était ressuscité et qu’étant ressuscité, c’est dans son corps physique qu’il
était monté au ciel, où il est, depuis, assis à la droite de Dieu.
…13 Et puisqu’elle était la mère de Dieu, elle non plus ne pouvait pas
mourir : après qu’elle ait été plongée dans une sorte de sommeil, son corps
fut enlevé par des anges, et elle siège depuis à côté de son fils comme reine
du Ciel. Donc, dans le ciel peuplé d’esprits, Jésus et Marie seraient les seuls
à posséder un corps physique ! Quelle personne de bon sens peut croire cela
?
Comprenez-moi bien, il n’existe peut-être pas quelqu’un qui croie plus que
moi à la grandeur de Jésus, à sa sainteté, à sa lumière, à sa puissance.
Et je crois aussi qu’il était le fils de Dieu, oui, mais cette filiation est d’une
autre nature que ce que l’Église a enseigné. Je respecte également beaucoup
Marie et je l’aime, mais là encore, l’image que l’Église a voulu donner
d’elle est de la pure invention. En déclarant qu’elle a conçu Jésus par
l’opération du Saint-Esprit, la religion chrétienne a aussi considérablement
compliqué et obscurci la question de la sexualité. Le mot « pureté » lui-
même n’a pu être alors compris que d’une manière très étroite, ce qui a eu
de graves conséquences non seulement pour les fidèles mais aussi pour les
membres du clergé eux-mêmes, et tous ces religieux et religieuses dans les
couvents. Comment pouvaient-ils s’épanouir ? La pureté qu’on leur a
enseignée est une ennemie de la vie puisque c’est une ennemie du corps.
Même si les Évangiles ne donnent que très peu de détails, pour celui qui sait
lire, la vérité sur Jésus apparaît clairement. De l’enfant il est écrit « il
grandissait en sagesse, en stature, et en grâce ». Si quelqu’un grandit, c’est
qu’il n’est pas encore suffisamment grand. Alors, voilà que celui qui est
Dieu Lui-même serait obligé de « grandir » ? Déjà, on L’a obligé à naître en
passant par le corps d’une femme. Or, si pour naître Jésus n’avait pas besoin
d’un père physique, pourquoi avait-il besoin d’une mère ? S’il était
réellement possible de concevoir un enfant « par l’opération du Saint-Esprit
», il aurait pu aussi bien naître sans l’intermédiaire d’une mère physique.
Puisque Jésus a eu une mère, c’est qu’il a eu aussi un père. Et si le père
n’était pas Joseph, qui était-il ?…
36
Les Évangiles ne disent rien de ce qu’a fait Jésus à partir de l’âge de douze
ans, ni même où il était. Or, voici qu’à l’âge de trente ans il apparaît soudain
sur les bords du Jourdain pour demander à Jean-Baptiste de lui donner le
baptême. Quand il sort de l’eau, le Saint-Esprit descend sur lui sous la
forme d’une colombe. Là encore, pourquoi devait-il attendre l’âge de trente
ans pour recevoir le Saint-Esprit ? Pourquoi avait-il besoin de trente ans
d’apprentissage ? S’il avait été conçu par la vertu du Saint-Esprit, il aurait
dû être toujours habité par lui, il n’avait pas à attendre tant d’années pour le
recevoir…
Vous voyez combien tout cela est contradictoire. Si Jésus était Dieu Lui-
même, on se demande pourquoi Dieu a dû naître d’une femme, puis passer
par tous les stades du développement humain pour recevoir enfin le
baptême à l’âge de trente ans avant d’entreprendre sa mission. De plus,
cette mission n’a duré que trois ans ! Pour un être qui a l’éternité, qui vit
dans l’éternité, c’est bien pauvre, bien maigre ! En réalité, Dieu n’a jamais
été contraint de naître, de grandir et de s’instruire, ou alors quand on parle
de Lui, on ne sait pas de qui on parle. Dieu, c’est l’Esprit cosmique qui n’a
ni à apprendre ni à se perfectionner, car Il est la perfection. Ce sont les
créatures humaines qui doivent travailler à se perfectionner pour s’élever
jusqu’à Lui, et Jésus, qui était une créature humaine, n’a pas fait exception.
Dans l’Évangile selon saint Matthieu, le baptême de Jésus dans les eaux du
Jourdain et la descente de l’Esprit Saint sont immédiatement suivis par le
récit de sa retraite au désert. Là, quand il eut jeûné quarante jours, le diable
vint le tenter. Pourquoi Jésus a-t-il dû jeûner ? Et après ce jeûne, pourquoi
a-t-il été tenté par le diable ? 1014 Le jeûne est une purification, et si Jésus
avait été Dieu Lui-même, d’abord il n’aurait pas eu besoin de jeûner, et
ensuite le diable ne serait pas venu le tenter. Il n’est pas si bête, le diable, il
sait qu’il n’a aucune chance de séduire Dieu et de l’attirer dans ses filets, il
n’essaie même pas. Mais là, le diable s’est dit : « Jésus se présente comme
fils de Dieu, mais il a aussi quelque chose en lui de la nature humaine… Je
vais essayer de le tenter à travers cette nature humaine, et peut-être
tombera-t-il dans mes pièges, comme c’est arrivé avec tellement d’autres
qui étaient aussi des fils de Dieu. » Le diable sait toujours à qui il a affaire ;
il savait qui était Jésus, et si Jésus avait été Dieu Lui-même, sachant qu’il
serait vaincu d’avance, il n’aurait pas essayé de le tenter. Il n’a pas réussi,
mais s’il a essayé, c’est qu’il aurait pu réussir.
Tous ceux qui ont échafaudé ces théories sur « Jésus vrai Dieu et vrai
homme » ont seulement révélé leur ignorance. Oui, une ignorance
anatomique, physiologique, psychologique… cosmique ! Jésus n’est pas fils
de Dieu dans le sens où, à un moment de l’histoire, Dieu Lui-même serait
devenu homme. En réalité, sont fils et filles de Dieu tous les êtres humains
qui prennent conscience de cette étincelle que Dieu a placée en eux : leur
esprit, et qui lui donnent toutes les possibilités de s’épanouir et de se
manifester. C’est ce que Jésus a fait en plénitude. Et cette faculté est donnée
à tous les humains, à condition qu’ils cessent de confondre ce qui est de
l’ordre de l’esprit avec ce qui est de l’ordre de la chair. En imposant aux
chrétiens une image de Jésus qu’elle avait elle-même fabriquée, l’Église les
a détournés du vrai chemin de la vie intérieure et du vrai travail spirituel.
Mais même après sa victoire sur ces trois tentations qui révèle le degré
d’évolution auquel il était parvenu, Jésus devait continuer à lutter pour
remporter d’autres victoires. Et au risque de scandaliser encore l’Église qui
refuse d’admettre la réincarnation, j’ajouterai que si Jésus a pu manifester
des vertus aussi exceptionnelles, c’est que, dans ses vies antérieures déjà, il
avait fait sur lui-même un travail gigantesque. Mais avant de commencer la
mission pour laquelle il était venu s’incarner, il devait s’instruire à nouveau.
Et c’est justement ce qu’il a fait entre douze et trente ans : il se 39
préparait, il étudiait…
En venant s’incarner sur la terre, un Initié comme tout être humain reçoit un
corps qui lui est en quelque sorte étranger. Mais il sait que c’est ce corps qui
doit être la matière de son travail. Alors, pendant des années, il s’impose
une discipline, il s’efforce de purifier, d’éclairer toutes les particules de son
être, il les anime de vibrations nouvelles. Jusqu’au jour où il sent que ce
corps, qui lui était étranger, devient réellement son corps, c’est-à-dire la
demeure de son esprit. La seule différence entre un Initié et les autres êtres
humains, c’est qu’il progresse très vite. Le degré de maîtrise, de sagesse,
d’élévation que Jésus avait atteint à l’âge de trente ans était tout à fait
exceptionnel, mais lui aussi devait travailler pour retrouver son savoir du
passé et aller plus loin. Sur la terre, il faut toujours s’exercer, toujours faire
des efforts, et rien n’est jamais définitivement acquis. D’une existence à
l’autre, il est nécessaire de reprendre le travail. C’est un perpétuel
recommencement.
Et sans doute beaucoup de chrétiens n’accepteront pas non plus l’idée que
Jésus ait eu besoin de Maîtres pour s’instruire. Mais qu’ils acceptent ou
non, c’est la réalité. On sait qu’un enfant qui a été abandonné à lui-même,
qui n’a pas eu à côté de lui des adultes pour lui apprendre à se tenir sur ses
jambes ou à parler, se comporte comme un petit animal : il continue à
marcher à quatre pattes, à émettre des sons inarticulés, et il est très difficile,
impossible même parfois, de l’éduquer. Même si, au départ, ses facultés
physiques et mentales sont identiques à celles de tout autre enfant, son
entourage doit l’aider à les développer. Cet enfant peut manifester plus tard
des qualités intellectuelles ou morales supérieures à celles des adultes qui
l’ont éduqué, et un disciple peut devenir supérieur à son Maître ; mais de
même que l’enfant a besoin de parents, les plus grands fils de Dieu ont aussi
besoin de parents dans le monde spirituel pour les mettre sur le chemin.
Jésus apportait avec lui une somme immense de savoir accumulé tout au
long de ses incarnations antérieures, mais il devait à nouveau s’instruire et
recevoir une initiation afin que ce savoir remonte à la surface.
Il faut chercher à comprendre les vérités spirituelles avec plus de largeur et
de profondeur, en tenant compte des analogies qu’elles présentent avec les
autres règnes de la nature et de la vie. Comme Jésus, tous les humains sont
faits de la même quintessence divine. La différence entre eux, c’est que
certains ont appris à travailler sur cette quintessence pour la développer,
alors que d’autres la laissent dormir. C’est cette quintessence que l’on
appelle l’image de Dieu. Si nous nous comparons à Jésus, évidemment,
entre lui et nous la distance est immense. Mais si nous n’étions pas de la 40
même quintessence que lui, il n’aurait pas dit : « Celui qui croit en moi fera
aussi les oeuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes. »16
Pour faire les mêmes choses, et même de plus grandes, il faut être de la
même nature que lui. Et s’il avait réellement été Dieu, cela signifierait que
les humains seraient capables de faire des oeuvres plus grandes que celles
de Dieu !… Eh oui, il faut réfléchir. On se demande comment cette phrase a
été laissée dans les Évangiles. Si on voulait maintenir cette distance entre
ces pauvres pécheurs que sont les humains et Jésus, « fils unique de Dieu »,
donc Dieu Lui-même, il fallait la supprimer.
Par ses paroles, par son exemple, Jésus est venu faire prendre conscience
aux humains de leur filiation divine. Mais comment peuvent-ils s’inspirer
de cet exemple, puisqu’en leur disant que Jésus était Dieu Lui-même, on a
créé entre eux et lui une distance infranchissable ? L’Église avait la tâche
d’éclairer l’enseignement de Jésus en montrant que si l’humain existe, c’est
parce qu’il est habité par le divin et que sa vocation est de se rapprocher de
plus en plus de ce divin qu’il porte en lui. Mais en fabriquant toutes sortes
d’histoires imaginaires à propos de Jésus, non seulement elle n’a pas éclairé
son enseignement, mais elle a contribué à l’obscurcir.
En révélant que les humains sont tous sans exception fils et filles de Dieu,
Jésus a bouleversé les mentalités. Jusque-là, cette vérité avait été
soigneusement cachée, de peur qu’en prenant conscience de cette origine
divine le peuple n’obéisse plus aux règles imposées par un petit nombre de
gens qui étaient surtout préoccupés d’assurer leur domination. Jésus a donc
été le plus grand révolutionnaire parmi les envoyés de Dieu, et il a expié sur
la croix son audace de dire non seulement qu’il était fils de Dieu, mais que
tous les êtres humains sont également fils et filles de Dieu.
Cette insistance avec laquelle Jésus soulignait la filiation divine de l’homme
scandalisait et irritait les scribes et les pharisiens au point qu’ils tentèrent un
jour de le lapider. Mais il leur dit : « Je vous ai fait voir plusieurs bonnes
oeuvres venant de mon Père : pour laquelle me lapidez-vous ? Les juifs lui
répondirent : Ce n’est pas pour une bonne oeuvre que nous te lapidons,
mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu.
»17 Et c’est alors que Jésus leur rappelle un verset des Psaumes : « N’est-il
pas écrit dans votre loi : J’ai dit : vous êtes des dieux ? »18 Jésus ne s’est
jamais présenté lui-même comme fils « unique »
aujourd’hui.
Références bibliques
6. Jésus âgé de 12 ans s’entretient dans le temple avec les docteurs de la Loi
– Luc 2 : 41-50
15. Jésus se retire pour prier – Matthieu 14 :13, Marc 6 : 46, Luc 6 : 12 et 9
: 18, etc.
16. « Celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais » – Évangile
de Jean 14 :12
17. « Je vous ai fait voir plusieurs bonnes oeuvres venant de mon Père… »
– Évangile de Jean 10 : 32-35
pain vivant descendu du ciel »4, « Nul ne vient au Père que par moi »5, il
s’identifiait au Christ. Mais Jésus n’est pas le Christ. Toute la confusion est
venue de ce qu’on n’a pas su comment interpréter le mot « fils ». Le Christ
est le Fils unique de Dieu en tant qu’il est son émanation directe. Pour
comprendre cette idée, il faut se reporter à l’Arbre séphirotique des
kabbalistes et à la théorie des émanations. L’Arbre séphirotique est pour
moi le meilleur système d’explication de l’univers, c’est-à-dire aussi de
Dieu et de l’homme. C’est un schéma d’apparence très simple, mais dont
les possibilités d’application vont jusqu’à l’infini.
Quand les chrétiens présentent la Sainte Trinité comme le mystère d’un seul
Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ils transposent
une notion qui se trouve dans l’Arbre séphirotique. Le monde divin, Olam
Atsilouth, est formé de trois séphiroth : Kéther, qui correspond au Père,
Hohmah, qui correspond au Fils, et Binah, qui correspond au Saint-Esprit.
C’est donc cette trinité cosmique que les chrétiens appellent Dieu, et en
affirmant que Dieu a un Fils unique, ils s’inspirent de la théorie
kabbalistique des émanations. Le Christ, c’est Hohmah, le Fils engendré par
le Père, Kéther. Mais nous touchons ici un domaine presque inconcevable
pour un cerveau humain.
Il est dit que Dieu a créé le monde de rien « ex nihilo ». Or, « rien »
n’existe pas. « Rien » correspond à cette réalité que les kabbalistes appellent
Aïn Soph Aur et qu’ils situent au-delà même de Kéther. Aïn Soph Aur
signifie lumière sans fin, une lumière au-delà de la lumière, une lumière
d’une nature telle qu’elle peut être confondue avec les ténèbres ; c’est
l’Absolu, le Non-manifesté. Dans cette lumière infinie, Dieu a délimité un
espace, puis débordant des frontières de cet espace, Il a formé un premier
réceptacle qu’il a rempli de ses émanations. Ce premier réceptacle, c’est
Kéther, la première séphira. En débordant, Kéther elle-même a formé
Hohmah. Puis Hohmah en débordant a formé Binah… et ainsi de suite
jusqu’à Malhouth. Chaque séphira est une émanation de la précédente. À
43
Pour comprendre ce qu’est le Fils, la deuxième personne de la Trinité, il
faut se transporter par la pensée à l’origine de la création. Le Fils, c’est
Hohmah, la première émanation de Kéther, le Père. C’est lui qui a été
appelé le Verbe. Il est la première parole proférée par Dieu lorsqu’Il a dit :
44
Jésus est le Fils de Dieu parce qu’il s’est fusionné avec la lumière, le Verbe
proféré par le Père. Est-ce que c’est clair ? Ce n’est pas parce qu’on emploie
les mêmes mots, « père » et « fils », qu’on doit confondre des réalités
humaines avec des réalités cosmiques. Dieu le Père est le principe créateur ;
et son Fils, que les chrétiens ont appelé le Christ, est son émanation. C’est
ce principe qui doit descendre dans chaque être humain par la puissance de
l’Esprit-Saint afin que chacun devienne un vrai fils de Dieu, une vraie fille
de Dieu.
Et maintenant, comment peut-on croire que cette fusion d’un homme avec
la Divinité ne s’était jamais produite avant Jésus et qu’elle ne se produira
plus jamais après lui ? Une telle affirmation revient à nier l’essentiel de 45
Je sais que je ne suis pas le seul à penser ainsi. Même dans l’Église certains
ne croient pas ou ne croient plus qu’on puisse identifier Jésus au Christ. Ils
n’en parlent pas pour éviter des scandales ou, s’ils essaient de le dire, on
cherche immédiatement à étouffer leur voix. Mais il arrive toujours le
moment où une religion ne peut plus se maintenir sur des affirmations
erronées. Et on voit bien maintenant ce qui est en train de se produire : de
plus en plus les fidèles désertent les églises. Alors, les prêtres, les évêques,
les cardinaux se réunissent pour commenter ce phénomène qui les inquiète.
Et c’est vrai, les gens se détournent de la religion. Ils perdent la foi ou ils
adoptent des croyances hétéroclites auxquelles ils ne comprennent pas
grand-chose, mais la faute à qui ? Tout être humain vient au monde marqué
d’une empreinte divine, et s’il n’en prend pas conscience ou s’il perd cette
conscience, c’est que le clergé n’a pas fait correctement son travail.
On dirait que l’Église n’a pas voulu voir où était la véritable grandeur de
Jésus, cet homme qui est venu un jour révéler à tous les humains qu’ils
étaient fils et filles du même Père céleste. Au lieu de se donner tellement de
mal pour répéter et démontrer que Jésus était le Christ, il aurait été plus utile
de leur expliquer ce qu’ils sont eux-mêmes. Oui, la clé de la religion, c’est
que l’être humain apprenne avant tout qui il est, lui. C’est à cette seule
condition qu’il peut entreprendre un travail en profondeur. Jusque-là il ne
fait que plaquer toutes sortes de théories et de croyances sur une réalité qu’il
ne connaît pas : lui-même.
Si Jésus était par nature différent de tous les autres humains, comment
pouvait-il espérer être compris d’eux et surtout être un exemple pour eux ?
Si je vous demande d’aller prêcher une poule, une souris ou un chat en lui
disant : « Tu vois, je compose des symphonies et des opéras, j’écris des
poèmes, je fais des recherches sur l’atome et sur les étoiles, alors observe
bien comment je fais et tâche de suivre mon exemple », vous vous
demanderez si je n’ai pas perdu la tête… Eh oui, il faut quand même
raisonner un peu. Pourquoi la religion est-elle un domaine où le
raisonnement a si peu de place ?
ouvrir à toute l’humanité un chemin vers Dieu ? …16 Jésus était un homme,
mais en s’identifiant au Christ, il était devenu un être cosmique, il avait
atteint ce niveau de conscience où il ressentait toutes les créatures humaines
comme une partie de lui : il vivait en elles et elles vivaient en lui. Sa
compassion s’étendait à tous les êtres. C’est ainsi qu’on a pu dire que Jésus
portait toutes les souffrances de l’humanité, et je le crois.
»10, ce qui signifie que nous devons développer cette faculté que Dieu nous
a aussi donnée : le discernement.
comme un événement qui doit se produire dans le temps, c’est très naïf. Car
le Christ n’existe ni dans l’espace, ni dans le temps, il vit dans l’infini et
dans l’éternité. Donc, que l’on dise qu’il est venu, qu’il vient ou qu’il
viendra, cela revient au même. Puisqu’il ne faut pas confondre la venue du
Christ avec celle de Jésus, il ne faut pas attendre son retour. Nous devons
seulement nous mettre au travail pour le faire naître et se manifester en
nous. Il est temps d’abandonner toutes ces rêveries concernant le retour du
Christ. Vous direz : « Mais il est écrit qu’il viendra sur les nuées ! »11 Oui,
comme au théâtre, n’est-ce pas, lorsqu’à la fin on fait descendre du plafond
un dieu qui résout tous les problèmes des malheureux humains ? Il faut
comprendre que ces nuées sont symboliques. 17
Les nuées appartiennent au domaine de l’air et représentent
symboliquement le plan mental. C’est donc dans la tête des humains que le
Christ doit venir, et il vient d’abord comme sagesse. Puis il descend dans
leur coeur, qui représente le domaine de l’eau : là, il se manifeste comme
amour. Et enfin, quand cette sagesse et cet amour se concrétisent dans leurs
actes, on peut dire que le Christ établit réellement son Royaume sur la terre.
Dans tout être humain qui vient au monde, c’est chaque fois le principe
divin qui descend s’incarner, ce principe qu’on appelle le Christ. Oui, ce
sacrifice que Dieu fait d’envoyer « son fils », c’est-à-dire une émanation de
Lui-même, se répète à la naissance de chaque être humain ; et c’est à cet
être ensuite de travailler toute sa vie pour que sa nature divine, le Christ,
étende son pouvoir sur sa nature humaine (c’est-à-dire sa nature physique
ainsi que sa nature psychique), et la mette à son service. En Jésus, la fusion
de la nature humaine et de la nature divine s’est faite en plénitude. Il a pu
s’identifier à son Père céleste parce qu’intérieurement il était arrivé à
dissoudre toutes les scories qui empêchaient cette fusion. Chaque être
humain possède au moins en germe cette nature divine, et sa vie sur la terre
n’a de sens que s’il devient conscient de la nécessité de cultiver ce germe en
lui. Quel que soit le Maître spirituel dont il suit la voie, il n’a pas de tâche
plus importante à remplir.
Donc, Jésus, ce n’est pas le Christ qui serait venu s’incarner à un moment
48
Le Christ bénit et vivifie toutes les créatures. Il est à la fois dans tout
l’univers, dans tous les astres du ciel, et pour nous les humains Il se
manifeste particulièrement à travers le soleil. Bienheureux ceux qui élèvent
et élargissent leur compréhension du Christ jusqu’à s’identifier à Lui, car 49
c’est leur âme qu’ils élèvent et qu’ils élargissent.
Maintenant, bien sûr, n’importe qui peut raconter qu’il est la lumière du
monde. S’il n’a pas préalablement fait le travail qui le rend digne de
prononcer ces mots, il s’expose à de graves troubles psychiques. On dira
qu’il est fou. En apparence, oui, mais c’est peut-être aussi qu’il sent
intuitivement qu’il possède une autre nature, une nature divine. Seulement il
ne suffit pas d’avoir cette intuition et de la proclamer, il faut posséder un
savoir qu’il est difficile d’acquérir ; alors, en attendant, il vaut mieux rester
humble et travailler longtemps, très longtemps, afin d’être capable de
manifester un jour cette nature divine.
les éclairer. Et qu’on ne s’imagine pas que pour faire revenir les jeunes vers
la religion il suffit de « moderniser » les offices en les accompagnant de
danses et de musiques de dancings. Ce n’est pas ainsi qu’on va donner une
vraie foi aux jeunes. Pour se trémousser, ils se trouveront toujours mieux
dans une boîte de nuit que dans une église ; et à l’église ils n’auront rien
entendu qui puisse réellement les aider.
Références bibliques
51
I. La deuxième naissance
Pour s’incarner sur la terre un être humain a besoin d’un père et d’une mère
physiques. Pour entrer dans le Royaume de Dieu, il a besoin aussi d’un père
et d’une mère, mais d’un père et d’une mère de nature spirituelle.
Entrer dans le Royaume de Dieu est une autre forme de naissance, et cette
nouvelle naissance, dit Jésus, ne peut se produire que grâce à une mère qui
est l’eau et à un père qui est l’esprit. L’esprit, c’est le feu. Le feu est
l’expression de l’esprit. Et de même que la naissance d’un enfant est le
résultat d’un travail que le père a fait sur la mère, de même l’entrée dans le
Royaume de Dieu est le résultat d’un travail que le feu fait sur l’eau. Ces
deux principes masculin et féminin du feu et de l’eau sont représentés en
nous par l’intellect et le cœur, mais aussi, à un niveau supérieur, par l’esprit
et l’âme. Les quelques mots de la réponse de Jésus à Nicodème révèlent
qu’il possédait la science du feu et de l’eau, qui est la science des deux
grands principes cosmiques masculin et féminin.
L’enfant qui vient au monde est en possession des organes et des membres
dont il a besoin pour vivre et travailler sur la terre : une bouche, un estomac,
des poumons, des bras, des jambes… Et de même, quand l’esprit s’unit à la
pure matière de l’âme, ils conçoivent un enfant, et cet enfant lui aussi
respire, se nourrit, se déplace, parle, travaille.
L’Initié qui fait naître en lui l’enfant divin est à la fois homme et femme,
père et mère ; en tant que père, il déclenche le processus de la conception, et
en tant que mère il déclenche celui de la formation, il forme l’enfant et il le
nourrit. Un Initié est un être de plénitude, car en lui le principe masculin et
le principe féminin vivent en parfaite harmonie, et c’est cette harmonie qui
fait de lui un créateur. Qu’ils soient hommes ou femmes, mariés ou non, 52
tous les humains qui ne sont pas arrivés à réaliser cette union harmonieuse
du principe masculin et du principe féminin en eux, sont des célibataires.
Dans ce sens, on peut dire que la terre est presque entièrement peuplée de
célibataires. Et à la différence de ce qui se passe dans le plan physique, ceux
qui sont célibataires dans le plan spirituel ne peuvent pas mettre d’enfant au
monde. Chaque manifestation dans la vie est une naissance.
Mais seuls l’âme (qui est le coeur supérieur) et l’esprit (l’intellect supérieur)
sont à l’origine de toutes les naissances dans le plan spirituel.
Naître une deuxième fois, c’est naître dans le monde divin ; là, c’est vous
qui avez décidé de naître, et vous le faites grâce à vos efforts. Pour naître
dans le plan physique on ne vous a pas demandé votre opinion. Ce sont
d’autres qui vous ont appelé et qui vous ont façonné ; cela ne dépendait pas
de vous, vous n’en êtes pas responsable. Bien qu’en réalité, vous ayez là
quelque responsabilité, car votre existence actuelle a été décrétée et
déterminée par les vingt-quatre Vieillards, les Seigneurs des destinées,
d’après la manière dont vous avez vécu dans vos existences antérieures.
Mais enfin, aujourd’hui disons comme ça pour simplifier les choses. Tandis
que pour la deuxième naissance, c’est vous qui prenez la décision de naître
dans le monde de la lumière. Avec patience, lucidité, vous vous façonnez
une autre conscience afin de naître dans le Royaume de Dieu.
La croix est un symbole d’une signification bien plus vaste que celle que les
chrétiens lui ont principalement donnée : le rappel de la mort de Jésus. La
croix dans sa véritable dimension, sa dimension cosmique, représente
l’union du principe masculin (le feu qui se dresse et monte) et du principe
féminin (l’eau qui coule et s’étale). Elle est le symbole du travail qu’ils
exécutent ensemble dans l’univers.
Mais le feu et l’eau ne s’opposent pas seulement dans leur mouvement, ils
s’opposent aussi par leur nature, et si on veut les faire se rencontrer
directement ils se conduisent comme des ennemis : l’eau tend à éteindre le
feu, et le feu à transformer l’eau en vapeur jusqu’à la faire disparaître. Pour
qu’ils travaillent ensemble, il faut trouver un ajustement. Lorsqu’on veut
faire bouillir de l’eau, on la verse dans une casserole ; grâce à cette paroi
qui les sépare, non seulement ils ne se détruisent pas mais ils produisent une
énergie.
Quand les humains ont découvert qu’en travaillant ensemble, le feu et l’eau
produisent une énergie qu’ils peuvent utiliser, il s’en est suivi de grands
progrès dans le domaine des techniques. Mais utiliser les pouvoirs du feu
sur l’eau pour faire fonctionner des machines, c’est encore peu de chose.
C’est dans tous les plans que le feu et l’eau sont les deux principes
indispensables pour la naissance de ce troisième principe qu’est l’énergie ;
et une fois qu’on a compris cela, on doit encore réfléchir à la façon de les
mettre en présence. Cela vous paraît évident ? Mais regardez ce qui se passe
avec tellement de couples : psychiquement, ils n’ont pas su placer une
« paroi » entre eux, c’est pourquoi quelque temps après on constate que le
mari est éteint et la femme évaporée. Alors là, c’est sûr, intérieurement les
portes du Royaume de Dieu qui est joie et plénitude leur sont fermées.
L’eau et le feu, Jésus les mentionne implicitement aussi dans un autre
passage des Évangiles quand il dit à ses disciples : « Soyez prudents comme
le serpent et simples comme la colombe ».3 Ce qui signifie qu’ils 54
Références bibliques
II. Le baptême
L’enfant qui reçoit le baptême est admis dans la communauté des chrétiens,
et si cette communauté remplit correctement sa fonction, elle le prépare à
entrer dans le Royaume de Dieu. Ses parents l’ont fait naître dans le plan
physique et l’Église doit le faire naître dans le plan spirituel. C’est pourquoi
on donne à l’enfant un parrain et une marraine qui représentent, 55
pour sa vie spirituelle, ce que son père et sa mère représentent pour sa vie
physique. Mais cela ne signifie évidemment pas que son père et sa mère
n’ont aucun rôle à jouer pour sa vie spirituelle, bien au contraire.
Je n’entrerai pas dans le détail des différents rites du baptême par lesquels
on consacre l’enfant quelques jours après sa naissance : que le prêtre le
plonge dans l’eau ou l’asperge seulement de quelques gouttes, le symbole
de l’eau reste présent. Avec l’eau, le second élément utilisé est l’huile : le
prêtre y trempe le pouce, puis fait de petites croix sur le sommet de la tête
de l’enfant. L’huile est un élément qui nourrit la flamme, elle est donc
apparentée au feu, au feu de l’esprit. Enfin, le prêtre dépose quelques grains
de sel sur ses lèvres, et le sel, élément purificateur, a aussi une relation avec
le feu. 21 Ainsi, on retrouve dans le baptême l’eau et le feu que mentionne
Jésus quand il répond à la question de Nicodème. Et c’est là qu’il faut
savoir lire le livre de la nature et interpréter les symboles.
Le but du baptême est d’éveiller dans les êtres la conscience qu’ils sont
habités par ces deux principes cosmiques, l’eau et le feu, qui agissent à tous
les niveaux de la création, c’est-à-dire dans les plans physique, psychique,
spirituel et divin. Mais qu’en est-il en réalité ? Des parents amènent leur
enfant à l’église pour être baptisé, et lorsqu’il en sort, la communauté
chrétienne s’est enrichie d’un nouveau membre. On fait alors une petite
fête, et puis souvent on oublie. Quant à l’enfant qui a reçu le baptême, il
arrive que, lui aussi, n’y pense plus jusqu’à la fin de sa vie ; mais peu
importe, puisqu’il a été baptisé, il compte parmi les chrétiens. Alors, à quoi
a servi cette cérémonie ? Un prêtre pourra vous dire que lorsqu’Adam et
Ève ont commis le premier péché en désobéissant à Dieu, l’esprit impur a
pénétré en eux et il continue à contaminer toute leur descendance.22 Il faut
donc laver maintenant les humains du péché originel, les délivrer de cet
esprit impur pour faire entrer en eux l’Esprit Saint, c’est cela la fonction du
baptême. Je veux bien, mais en réalité un être qui n’a pas reçu le baptême
chrétien n’est pas pour autant une âme en perdition, égarée dans les
ténèbres. Et baptiser un nouveau-né alors qu’il n’en est même pas
conscient, ne suffit pas pour faire de lui la demeure de l’Esprit Saint. Ce
sera à lui de travailler ensuite toute sa vie pour conserver, amplifier les
effets du 56
baptême et alimenter la semence divine que le prêtre par ses gestes, par ses
prières, a introduite en lui.
Vous vous lavez tous les jours. Or, l’eau a d’autres pouvoirs que celui de
contribuer à l’hygiène du corps physique. Si à travers elle, vous cherchez à
entrer en relation avec l’eau cosmique dont elle est l’expression matérielle,
vous vous libérez des miasmes déposés dans vos corps psychiques par les
pensées et les sentiments qui ne vous sont pas inspirés par la sagesse et
l’amour.23 Adressez-vous aussi aux entités qui habitent toutes les eaux
pures sur la terre et demandez-leur de vous donner leur limpidité, leur
transparence.
Quant au feu, vous n’avez peut-être pas souvent l’occasion d’en allumer en
plein air ou dans une cheminée, mais vous pouvez toujours allumer une
bougie.24 Attendez que la nuit soit tombée, puis prenez une bougie,
commencez par la consacrer à l’ange du feu, allumez-la et éteignez toutes
les autres lumières. Regardez cette flamme qui danse devant vous, vivante,
claire, joyeuse, et adressez-vous à elle en disant : « Ô flamme bien-aimée,
symbole du Saint-Esprit, symbole du Feu cosmique, illumine-moi,
sanctifie-moi ! » Comme l’eau que vous faites couler sur vos mains et tout
votre corps peut vous lier à l’océan cosmique, la seule flamme d’une bougie
peut vous lier au feu universel, au Saint-Esprit. Alors, regardez la flamme
jusqu’à sentir que vous devenez vous-même une flamme.
Je sais que ces méthodes ne sont pas familières à la plupart d’entre vous, et
que du point de vue intellectuel elles peuvent vous paraître surprenantes.
de feu. L’eau, c’est la vie pure représentée dans l’Arbre séphirotique par la
séphira Iésod, où habitent les anges. Une fois que nous aurons été purifiés
par l’eau, nous pourrons franchir la frontière du feu. Et le feu est le domaine
des archanges, dans la séphira Hod. Pour entrer dans le Royaume de Dieu,
nous devons donc faire appel aux Anges et aux Archanges afin qu’ils nous
communiquent leurs vertus.
Avec la séphira Hod commence donc le feu. Il étend son domaine jusqu’à la
séphira Tiphéreth, le soleil. Mais il ne s’arrête pas là : au-delà de Tiphéreth
existe un autre soleil que nous ne voyons pas.
Références bibliques
« Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert pour être tenté par le
diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le
tentateur, s’étant approché, lui dit : Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces
pierres deviennent des pains. Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne
vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de
Dieu. Le diable le transporta dans la Ville Sainte, le plaça sur le haut du
Temple, et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il
donnera des ordres à ses anges à ton sujet ; et ils te porteront sur les mains
de peur que ton pied ne heurte contre une 58
pierre. Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton
Dieu. Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui
montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai
toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores. Jésus lui dit : Retire-toi,
Satan ! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras
lui seul. Alors le diable le laissa. Et voici, des anges vinrent auprès de lui et
le servaient. » 1
Nous ne commencerons pas par nous poser des questions sur ce diable qui
se présente devant Jésus pour le tenter. Mais une chose est sûre : la nature
même de ces tentations, la manière dont le diable les présente, ainsi que les
réponses que fait chaque fois Jésus, sont très significatives.
Il faut d’abord noter que c’est l’Esprit lui-même qui a amené Jésus dans le
désert pour y être tenté. C’est bien la preuve que les entités ténébreuses qui
cherchent à séduire les humains sont en réalité au service de Dieu ; et cela
rappelle le début du livre de Job où on voit Satan obtenir de Lui
l’autorisation de soumettre Job à des épreuves de plus en plus cruelles afin
d’éprouver sa fidélité.2
le diable à Jésus. Le pain est ici le symbole des nourritures terrestres et,
d’une façon plus générale, de tout ce qui permet à l’être humain de subsister
dans le plan physique. 26 Chaque jour, nous avons besoin de le recevoir, et
dans le « Notre Père » c’est ce « pain quotidien »3 que Jésus nous apprend à
demander à Dieu. Mais aux nourritures terrestres, il oppose ici les
nourritures spirituelles : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de
toute parole sortant de la bouche de Dieu. » La parole de Dieu est ici
identifiée à la nourriture ; c’est le Verbe vivant dont nous devons chaque
jour nous nourrir pour avoir la vie éternelle.
Quand le diable transporte Jésus sur le haut du Temple (un temple est un
symbole de la religion, donc du coeur), il lui suggère de se jeter en bas : il
n’a rien à craindre, il sera protégé. Que signifie se jeter en bas ? C’est
l’attitude de tous ceux qui s’imaginent que puisqu’ils aiment Dieu ils
peuvent s’exposer à n’importe quels dangers, se lancer dans n’importe
quelles aventures, ils ne risquent rien : Dieu enverra une armée de serviteurs
à leur secours.
Apprenez, vous aussi, à répondre aux entités qui veulent vous écarter du
bon chemin. Vous pouvez commencer par leur dire que vous êtes enchanté
de leur venue. Oui, mais pour mieux les accueillir, apportez la lumière !
Allumez toutes vos lampes intérieures afin d’y voir clair dans leurs
manoeuvres. Vous direz que lorsque vous êtes tenté, une petite conversation
avec le diable ne suffit pas. Tout dépend de ce que vous appelez
Puisqu’il a été créé à l’image de Dieu, l’homme est aussi puissant que Dieu,
mais seulement quand il s’agit de dire non. Personne au monde ne peut
l’obliger à faire ce qu’il ne veut pas. Même Dieu ne peut pas le contraindre.
ils ne savent pas toujours très bien à quelle réalité cosmique et psychique il
correspond. D’abord, le diable n’existe pas en tant qu’entité individuelle,
s’opposant à Dieu comme son égal, et beaucoup de ceux qui prétendent
qu’il leur est apparu n’ont fait que l’imaginer. Comme il existe des esprits
de la lumière, il existe des esprits des ténèbres. C’est cette collectivité
d’esprits ténébreux qu’on appelle le diable, et cette entité collective est
nourrie, renforcée par les pensées, les sentiments et les actes négatifs des
humains.
On peut dire aussi que le diable est une partie de l’être humain lui-même :
son moi inférieur, qu’au cours de ses réincarnations il n’a cessé d’alimenter
par ses faiblesses et ses vices. Mais il existe également en chaque être
humain une entité lumineuse, son Moi supérieur, qu’il a formée grâce à des
pensées, des sentiments et des actes inspirés par la bonté, la générosité,
l’amour, le sacrifice.
Dans combien de tableaux les esprits des ténèbres ont été représentés avec
des cornes, des griffes, une queue fourchue, mais ce n’est pas ainsi qu’ils
s’adressent aux humains, car ils n’ont pas intérêt à les effrayer. Ils
s’insinuent au contraire en eux sous la forme de promesses alléchantes :
tous leurs désirs seront satisfaits ; et ils insistent jusqu’à ce que, comme un
fruit trop mûr, les malheureux naïfs tombent dans leurs pièges. Voilà
comment ils arrivent à s’imposer : par la promesse de pouvoirs, de plaisirs,
d’argent. Quant aux esprits de la lumière, ils disent : « Il se peut qu’en nous
écoutant vous n’obteniez ni la gloire, ni les richesses, parce que c’est le
Prince de ce monde qui en est le dépositaire. Mais nous, nous avons autre
chose à vous donner : la lumière, la paix, le savoir et surtout la vie, la vie
abondante. »
Références bibliques
62
« Il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là, et Jésus
fut invité aux noces avec ses disciples. Le vin ayant manqué, la mère de
Jésus lui dit : Ils n’ont plus de vin… Or, il y avait là six vases de pierre,
destinés aux purifications des Juifs, et contenant chacun deux ou trois
mesures. Jésus dit aux serviteurs : Remplissez d’eau ces vases. Et ils les
remplirent jusqu’au bord. Puisez maintenant, leur dit-il, et portez-en à
l’ordonnateur du repas. Et ils lui en portèrent. Quand l’ordonnateur du
repas eut goûté l’eau changée en vin – ne sachant d’où venait ce vin, tandis
que les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient bien – il appela
l’époux, et lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon
après qu’on s’est enivré ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent. Tel fut,
à Cana en Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. » 1
Pour que Jésus assiste à des noces et, surtout, pour faire là son premier
miracle, il fallait qu’il ait une conception très élevée de l’union d’un homme
et d’une femme. Du moment qu’ils se marient, les humains croient savoir
ce qu’est le mariage. Non, ils ne le savent pas ; ils ne savent pas qu’avant
d’être une institution humaine le mariage est un phénomène cosmique :
l’union des deux grands principes masculin et féminin, Dieu le Père et son
épouse la Mère divine. Parce que l’homme et la femme ont été créés à leur
image, instinctivement ils ne font que répéter ces mystères qui se célèbrent
depuis l’origine dans les régions célestes.
« Tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et tout ce qui est en
haut est comme ce qui est en bas », a dit Hermès Trismégiste. Ainsi, du haut
en bas de la création, le principe masculin et le principe féminin s’unissent
pour perpétuer la vie. Et quand le soleil s’unit à la terre, elle produit une
abondance de fleurs et de fruits. Tout ce qui existe dans l’univers a pour
origine une rencontre, une union, une fusion entre le principe masculin,
l’esprit, et le principe féminin, la matière.
légère, d’unir leurs destinées. Étant donné la façon dont les choses se
passent, beaucoup de mariages ne durent pas, et c’est dommage, bien sûr,
mais laissons cela, vous connaissez tous cette question. C’est une autre
dimension du mariage que je veux vous faire entrevoir.
Dans le plan physique un être humain est soit un homme soit une femme,
mais dans le plan psychique, et plus haut encore, dans le plan spirituel, il
possède les deux principes masculin et féminin. C’est donc en chacun de
nous aussi que doit se célébrer l’union de ces deux principes, et là, cette
union est indissoluble. Un jour les pharisiens vinrent demander à Jésus si un
homme a le droit de répudier sa femme. Et Jésus répondit : « N’avez-vous
pas lu que le Créateur, dès l’origine, les fit homme et femme, et qu’il a dit :
Ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa
femme, et les deux ne feront qu’une seule chair ? »2 Ces paroles de Jésus
n’ont vraiment de sens que si on les comprend dans le plan spirituel : c’est
en lui-même que chaque être humain doit trouver son principe
complémentaire et s’unir à lui pour réaliser un travail divin.
Si l’épisode des noces de Cana est resté célèbre, c’est surtout, bien sûr,
parce que Jésus y a changé l’eau en vin. Comment ne pas être impressionné
? Combien de gens souhaiteraient bénéficier de ce genre de miracle ! Il y en
aura évidemment toujours pour le mettre en doute, mais cela n’a aucune
importance. « Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon après
qu’on s’est enivré », fait remarquer le serviteur à l’époux.
Changer l’eau en vin peut être interprété comme une opération alchimique.
Dans les traités d’alchimie, il est dit que l’argent qui est, comme la lune, lié
à la couleur blanche, doit être transformé en or, et l’or est, comme le soleil,
lié à la couleur rouge. Or, l’eau est blanche et le vin est rouge. Dans le
langage alchimique « arriver au rouge » signifie parvenir au roi, à la pierre
philosophale dont la couleur est le rouge écarlate. En changeant l’eau en
vin, Jésus a réalisé une transmutation alchimique. Il a montré qu’il y a
toujours une matière à transformer. L’eau est un liquide noble, mais
symboliquement le vin l’est encore davantage. Peu importe que Jésus ait
réellement changé l’eau en vin, l’important, c’est de comprendre qu’un
élément qui nous est donné par la nature peut être, par notre travail spirituel,
transformé en un élément encore plus précieux. Et cette transformation,
c’est en nous que nous devons la réaliser.
Si on garde à l’esprit que Jésus assiste là à un mariage, on peut voir 64
Références bibliques
Matthieu 19 : 4
Un pharisien qui voulait mettre Jésus à l’épreuve lui posa cette question :
Le cœur et l’âme sont les supports, les véhicules de nos émotions, de nos
sentiments et de nos désirs ; mais, alors que le cœur est le support de
sentiments, d’émotions et de désirs liés aux satisfactions ou aux contrariétés
du moi purement humain, l’âme est celui des émotions et des élans
spirituels. La même opposition existe entre l’intellect et l’esprit : l’intellect
est le support des pensées et des raisonnements qui visent à la satisfaction
des intérêts personnels, des besoins matériels, tandis que l’esprit est celui de
l’activité mentale désintéressée, des pensées les plus élevées. Et de même
que le cœur et l’âme sont deux manifestations du principe féminin, 65
Pour mieux éclairer cette question, je vous raconterai une petite histoire.
Imaginez une belle demeure dans laquelle vivent les deux propriétaires ; ils
sont mari et femme et ils emploient un couple de serviteurs. Il arrive parfois
que le maître du logis parte en voyage : sa femme qui reste là, un peu triste
et languissante, attend son retour tout en veillant à la bonne marche de la
maison ; et quand il revient, chargé de cadeaux, il y a de grandes
réjouissances. Parfois, le mari emmène aussi sa femme en voyage. Alors, le
valet et la servante, se trouvant seuls et sans surveillance, décident de
profiter de cette liberté : ils commencent à explorer les placards où ils
découvrent toutes sortes de victuailles, et comme il vaut mieux être
nombreux pour s’amuser, ils font venir des voisins et voisines. Après
quelques heures, il y a évidemment des tables renversées, des bouteilles
cassées, et des coups ont été échangés. Lorsque les maîtres reviennent et
qu’ils découvrent le spectacle, ils sont scandalisés ; ils prennent alors des
sanctions, exigent que la maison soit remise en état, et tout rentre dans
l’ordre.
On peut s’arrêter encore un moment sur cette histoire pour mieux définir les
fonctions respectives du coeur, de l’intellect, de l’âme et de l’esprit.
66
La plus grande erreur des humains, c’est de laisser leur coeur et leur
intellect couper les liens avec les régions sublimes de l’âme et de l’esprit.
Privés de ce lien, ils vivent dans les doutes et les tourments. Une seule
chose peut les sauver, c’est de retrouver leurs maîtres et de se mettre à leur
service. Alors, le coeur deviendra le conducteur de l’âme et l’amour divin
se déversera à travers lui ; l’intellect deviendra le conducteur de l’esprit et il
manifestera la sagesse divine. Voilà ce que signifient les paroles de Jésus : «
Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de
toute ta pensée et de toute ta force. »
67
Est-ce que l’enfant qui vient de naître aime sa mère ? Il ne la connaît pas, il
n’a pas conscience de ce qu’elle représente pour lui, et on ne peut pas
encore appeler amour le lien qui l’unit à elle. Mais il aime le sein qui le
nourrit, c’est une première étape. Plus tard il aimera la main qui le lave, le
caresse, porte les aliments à sa bouche et tient la sienne pour lui apprendre à
marcher. Ensuite, il apprendra à apprécier le visage de sa mère, son sourire,
ses paroles, et un jour il aimera aussi son âme. Il en est de même pour
l’amour envers Dieu. Le nom sous lequel notre amour Le connaît : vie,
beauté, lumière, paix, joie… détermine notre âge spirituel et Le rend visible
pour nous.
C’est donc à Dieu que nous devons faire la première place dans notre
existence, à Lui que nous devons consacrer tout notre être et donner notre
amour, parce que cet amour nous apporte tout : la sagesse, la puissance, la
68
liberté, la beauté, la santé… et aussi l’amour, bien sûr. Dieu n’a pas besoin
de notre amour, mais nous avons, nous, besoin de L’aimer, car en L’aimant
nous nous ouvrons et nous recevons son amour en retour.
Chaque jour, plusieurs fois par jour, efforcez-vous au moins pour quelques
minutes de sortir de vous-même pour vous fondre dans cette immensité
d’où vous viennent la vie et toutes les bénédictions. Aucun amour ne
dépasse l’amour de Dieu, aucun amour ne peut vous donner quelque chose
d’aussi essentiel. Grâce à cet amour qui vient de la Source, vous apprendrez
non seulement à mieux aimer les autres, mais encore à mieux recevoir leur
amour.
Référence biblique
Après avoir répondu au scribe qui lui demandait quel est le premier
commandement à observer, Jésus ajouta : « Et voici le second qui lui est
semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »1 Depuis deux
mille ans ces paroles ont été si souvent répétées qu’on ne les entend plus.
croyez ? Eh bien, moi je vous assure que si on prétend aimer les autres
comme on s’aime soi-même, c’est dommage pour eux. Que pourront-ils
faire dans la vie, soutenus par un amour comme celui-là ?…
Nous oublions trop souvent que notre corps physique représente un peuple
de cellules avec des fonctions bien définies. On y trouve des soldats, des
médecins, des architectes, des évêques, des électriciens, des pharmaciens,
exactement comme dans la société ; les uns protègent l’organisme, les
autres y font des installations, des réparations… Nous sommes le roi de ce
peuple que nous ne connaissons pas, et les cellules se plaignent sans cesse
de ce roi ignorant, injuste, incapable de gouverner parce qu’il ne sait pas se
gouverner d’abord lui-même.
Dieu nous a créés à son image, et cette image, nous la manifestons par
l’intermédiaire de notre esprit, de notre âme, de notre intellect, de notre
coeur… et de notre corps physique aussi. Donc, s’aimer soi-même, c’est
aimer aussi notre corps et veiller sur lui, non parce qu’il peut être un
instrument de plaisir ou de séduction, mais en pensant avec reconnaissance
à ces bons serviteurs que sont nos yeux, nos oreilles, notre nez, notre
bouche, nos mains, nos pieds, ainsi que tous nos organes qui nous
permettent d’exprimer la présence de Dieu en nous.
Par leur façon de vivre, par leurs pensées, leurs sentiments, leurs désirs, les
humains passent une grande partie de leur temps à se détruire. Ils ne
s’aiment pas, ou plutôt ils s’aiment mal. Et s’ils s’aiment mal, comment
peuvent-ils aimer correctement les autres ? Vous demanderez : « Alors, que
faut-il faire pour s’aimer soi-même ? » La réponse est justement contenue
dans le premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu… »2
Aimer Dieu, ce n’est pas aimer un être extérieur à nous, mais un être qui
habite en nous, qui est notre Moi sublime. Si nous ne L’aimons pas, si nous
n’aimons pas Dieu en nous, c’est notre moi inférieur que nous aimons, c’est
70
lui que nous servons, c’est à lui que nous consacrons notre temps et nos
énergies ; nous ne faisons donc que nous appauvrir, nous affaiblir, car le
moi inférieur est un gouffre qui engloutit toutes nos énergies.
Certains pensent qu’ils peuvent aimer leur prochain sans aimer Dieu, dont
ils nient l’existence. D’autres, sous prétexte qu’ils aiment Dieu, se donnent
71
« Après tout ce que j’ai fait pour lui – ou pour elle ! » Eh bien, avant de se
sacrifier pour les autres, ils auraient dû se demander ce qu’ils servaient en
eux : la nature supérieure ou la nature inférieure.
leur esprit. Vous direz : « Mais c’est très difficile, comment y arriver ? » Je
vous donnerai un exercice. Efforcez-vous de vous projeter très haut par la
pensée pour atteindre l’Être qui porte en Lui toutes les créatures et les
nourrit de sa substance. Demandez-Lui comment Il envisage le devenir de
l’humanité, quels sont ses projets pour elle, pour son évolution. C’est ainsi
que, peu à peu, des transformations commenceront à se produire dans votre
superconscience, votre conscience et votre subconscience. Vous devez faire
cet exercice jusqu’à sentir que vous vous fondez dans un océan de pure
lumière, car c’est là, et là seulement, que vous parviendrez à ce niveau de
conscience qui fera de vous un être universel.
Quand cette pratique sera devenue pour vous une habitude, quand vous
serez arrivé à entrer en communion avec cette Entité qui vit dans les régions
les plus élevées de votre être et de l’univers, et que l’on appelle Dieu, vous
pourrez alors descendre dans l’âme des êtres, vous devinerez la nature
profonde de chacun et vous comprendrez comment vous devez vous
conduire avec eux. C’est cela véritablement aimer son prochain.
Un être pur, noble, intègre, qui donne son amour à des êtres moins évolués
que lui, peut beaucoup les aider, mais s’il n’est pas vigilant, il risque de
perdre dans ces échanges quelque chose de sa force, de sa paix et de sa
lumière. C’est pourquoi il doit d’abord se lier au Seigneur qui est l’infini,
l’éternité, comme à une source inépuisable de lumière et de vie.
Vous pouvez, vous devez aimer les humains, tous les humains ; mais pour
qu’ils ne vous fassent pas descendre à leur niveau, pour qu’ils ne vous 73
accablent pas avec leurs problèmes, leurs souffrances, leurs fardeaux,
donnez d’abord votre coeur au Seigneur. Dès l’instant où vous aimez le
Seigneur, vous pouvez donner votre amour aux êtres les plus déchus, il n’y
aura plus de danger pour vous ; vous ne risquerez pas d’être englouti, vous
serez toujours au-dessus des ténèbres, vous serez toujours le plus fort.
L’amour est une science, mais très peu se soucient de l’étudier. C’est
pourquoi tellement de gens, qui s’en vont remplis de bonnes intentions pour
se dévouer aux autres en n’ayant que le mot « amour » à la bouche, se
retrouvent quelque temps après déçus, aigris. C’était fatal : leur amour qui
n’était pas éclairé les a mis dans des situations déplorables, et les voilà
maintenant qui se plaignent que l’amour est la cause de tous les maux. Non,
c’est l’ignorance au sujet de l’amour qui apporte les malheurs, pas l’amour
lui-même, car le véritable amour, c’est Dieu. Voilà pourquoi il faut tout
d’abord aimer Dieu et s’imprégner de ses vibrations ; ensuite, on peut aimer
les humains sans danger et les aider. Si nous sommes liés à la Source, nous
pouvons donner aux autres sans nous affaiblir, car l’eau en nous – c’est-à-
dire nos forces, nos énergies – se renouvelle sans cesse ; mais si nous
coupons le lien, les autres nous épuiseront très vite, car nos réserves ne sont
pas illimitées. Là encore, nous rencontrons le symbolisme de la lettre
hébraïque Aleph . Aleph29, c’est l’être qui prend en haut pour donner en
bas, celui qui peut aider les humains parce qu’il est lié à Dieu dont il ne
cesse de recevoir la lumière et l’amour.
Pour pouvoir donner votre amour aux créatures sans jamais vous lasser,
sans danger pour elles ni pour vous, vous devez d’abord aimer Dieu, vous
fondre en Lui afin d’apprendre à regarder le monde et les êtres à travers
Lui. Bien sûr, au début, cet exercice paraîtra peut-être rebutant. Vous
voudrez aimer Dieu, mais votre coeur restera vide, vous vous ennuierez et
vous laisserez vagabonder vos pensées. Mais continuez, dites-vous que
toute votre vie dépend de ce lien que vous êtes en train de créer avec Lui.
Peu à peu, vous deviendrez si riche, si fort, que même seulement par la
pensée vous pourrez aider des milliers d’êtres dans le monde, car il n’y a
pas de frontières pour les ondes.
74
Plus tard, au moment de quitter ses disciples, Jésus leur a dit : « Je vous
donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme
je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »3 Pour bien comprendre ce
que cela signifie, il faut s’arrêter sur les mots : « comme je vous ai aimés…
» De quelle nature était l’amour de Jésus ? Que voyait-il dans un être
humain ? La réponse est dans cet autre commandement qu’il leur avait aussi
donné : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »304
Ce qui signifie que dans ses disciples, dans tous les êtres qui l’approchaient,
il reconnaissait l’image du Père céleste, et c’est à la Divinité en eux qu’il
s’adressait. Au-delà de leur apparence et de leur condition misérable, il
voyait des âmes et des esprits qui ne demandaient qu’à grandir dans la
beauté et la lumière, et c’étaient ces âmes et ces esprits qu’il aimait. Voilà
ce que signifie aimer son prochain comme soi-même. Il est inutile de
prêcher l’amour si on n’explique pas aux humains ce qu’ils doivent aimer
chez les autres et comment les aimer. Quand on voit la manière dont se
conduisent tellement de gens dans la vie de tous les jours, on ne peut pas les
aimer, c’est même inutile d’essayer. Voilà quelqu’un qui se montre égoïste,
méchant, odieux, et voilà qu’on vient vous dire qu’il est votre prochain,
qu’il faut l’aimer… C’est impossible ! C’est même tellement impossible
que non seulement vous n’y arriverez pas, mais en faisant des efforts pour
aimer ce monstre, vous allez le détester encore davantage. Pour parvenir à
l’aimer, il faut se projeter au-delà des apparences en se concentrant sur
l’étincelle divine qui l’habite et qui pourra se manifester un jour. Mais là
encore il y a une vérité importante à connaître : nous ne pouvons voir la
Divinité chez les autres que si nous avons déjà appris à la faire vivre en
nous.
Aimer son prochain comme soi-même, Jésus a encore présenté cette idée
sous une autre forme quand il a dit : « Tout ce que vous voulez que les
hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. »5 Alors, n’attendez
jamais que ce soient toujours les autres qui fassent le premier pas. Si vous
voulez être aimé, aimez ! Si vous voulez qu’on vous donne, donnez ! Et si
vous voulez être éclairé, commencez par éclairer celui qui l’est moins que
vous, car à ce moment-là, des êtres lumineux viendront vous donner leur
lumière. C’est une loi : en aidant les autres, vous attirez à vous des êtres
visibles ou invisibles qui vous aideront. Faites des efforts pour soutenir
quelqu’un, pour l’encourager, et vous constaterez que la volonté et la
puissance divines viendront vous soutenir, vous renforcer.
La seule chose que peuvent faire ceux qui viennent après lui, c’est
d’approfondir cet enseignement, trouver des méthodes pour le mettre de
mieux en mieux en pratique. Là, oui, il peut sans cesse y avoir de nouvelles
lumières, de nouvelles applications. Il est toujours possible de donner de
nouvelles formes pour garder vivants les principes donnés par Jésus, et c’est
ce que je m’efforce de faire chaque fois que je m’adresse à vous. 31
Références bibliques
» – Matthieu 22 : 39
Même des religions qui affirment la réalité d’un Dieu unique Le présentent
comme une trinité. Le christianisme enseigne le mystère d’un Dieu en trois
personnes qu’il nomme la Sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Mais est-ce vraiment un mystère ? Non, pour ceux qui savent comment
utiliser la loi de l’analogie, la Sainte Trinité n’est pas un mystère.
Le soleil est une formidable puissance créatrice de vie qui se manifeste par
la lumière et la chaleur. Lorsqu’on approfondit ces manifestations, on
découvre les relations qui existent entre la vie, la lumière et la chaleur du
soleil et les trois personnes de la Sainte Trinité. À tous les niveaux de la
création, du plan physique au plan divin on retrouve ces trois principes.
77
Référence biblique
C’est vrai, ce sont des éléments chimiques, mais ces éléments chimiques
sont la conséquence, la concrétisation de la présence d’esprits malfaisants
que l’homme, inconsciemment, a lui-même attirés. Ces entités pullulent
dans le monde astral, et si par ses faiblesses, ses transgressions, il leur ouvre
la porte, elles pénètrent en lui, et les troubles qu’elles provoquent peuvent
aussi bien toucher son organisme physique que son organisme psychique.
« Légion »,4 parce qu’un démon vient rarement seul, une foule de ses
semblables l’accompagne. La littérature de tous les pays rapporte de
multiples cas de personnes possédées par des esprits mauvais, et dans
chaque religion on trouve aussi des rites d’exorcisme avec des formules et
des gestes appropriés pour les chasser.
L’être humain est donc comme une maison avec une quantité d’étages : de
la cave au grenier jusque sur les terrasses, tout est occupé. Bien qu’il se
présente comme une entité unique, il héberge au-dedans de lui un grand
nombre d’habitants ; et les esprits mauvais que la littérature ésotérique
appelle aussi « indésirables » sont des créatures d’un ordre inférieur qui 78
s’installent en lui pour lui inspirer des actes insensés ou criminels. Il ne faut
pourtant pas croire que leur emprise sur l’homme se manifeste toujours de
façon spectaculaire comme dans les récits évangéliques : hurler, gesticuler,
se rouler par terre, proférer des blasphèmes… Non, ce sont là des cas
extrêmes, ces entités ont bien d’autres façons de se manifester. Tous les
actes déraisonnables, criminels sont dictés à l’homme par des esprits
malfaisants. Souvent, il ne comprend même pas ce qui l’a poussé à les
commettre, ce n’est pas ce qu’il voulait faire, mais il l’a fait parce que, par
sa façon de vivre, il a attiré des entités qui l’ont entraîné à son insu.32
Celui qui étudie le régime alimentaire des animaux constate que chaque
espèce (insectes, fauves, mammifères, reptiles, oiseaux) recherche une
nourriture déterminée. Les uns mangent des graines, les autres de l’herbe,
de la viande ou des vers, et certains comme les chacals, les hyènes, les
vautours, ne se nourrissent que de cadavres. Donc, pour pouvoir nourrir les
animaux, il faut connaître les aliments qui leur conviennent. Un autre
exemple : si, par négligence, vous laissez traîner chez vous des restes de
nourriture sur la table, vous allez voir arriver des mouches, des fourmis.
Et Jésus ne dit pas non plus autre chose. Un jour où ses disciples lui
demandent pourquoi ils n’ont pas réussi à chasser les démons du corps d’un
possédé, il répond : « Cette espèce de démon ne sort que par la prière et
par le jeûne. »5 Si les esprits du mal occupent le corps d’un homme
seulement sous la forme d’une maladie physique, un jeûne physique pourra
les chasser. Mais si ces esprits s’installent dans son corps astral et dans son
corps mental en lui inspirant des conduites insensées, il sera sans cesse
poussé à absorber la nourriture qui leur convient. Pour se libérer il ne doit
plus rien leur donner à manger, c’est-à-dire il doit repousser les pensées et
les sentiments que lui inspire sa nature inférieure. Il fera ainsi jeûner ces
esprits qui, se sentant menacés de mourir de faim, le quitteront.
Chaque pensée, chaque sentiment émet des courants électromagnétiques
favorables au bien ou au mal. Ainsi, selon la qualité de ses pensées et de ses
sentiments, l’homme attire des larves, des élémentaux, des démons, et les
esprits lumineux qui ne peuvent pas supporter leurs émanations
nauséabondes prennent la fuite. Ou alors, au contraire, il attire les esprits les
plus évolués, et leur présence repousse les créatures malfaisantes qui sont
précipitées sous terre et englouties. C’est justement le cas avec le
démoniaque gadarénien : au moment où Jésus le délivre de ses démons,
ceux-ci lui demandent « de ne pas leur ordonner d’aller dans l’abîme. »
79
Jésus les fait alors entrer dans un troupeau de pourceaux qui paissaient par
là et les pourceaux courent se précipiter dans la mer.6 Pourquoi des
pourceaux ?
Il faut savoir que d’après sa nature, son mode de vie, chaque animal est
prédestiné à capter et à retenir les bons ou les mauvais fluides qui circulent
dans l’atmosphère. C’est ainsi que les humains peuvent se décharger sur les
animaux des forces négatives qui les tourmentent, et c’est ce que font
d’ailleurs inconsciemment beaucoup de gens avec leurs animaux
domestiques, particulièrement avec leurs chats.34 Et Jésus qui possédait ce
savoir a fait entrer les démons dans des pourceaux.
L’exorcisme est donc une question qu’il faut étudier avec beaucoup de soin.
C’est parce que Jésus chassait les entités ténébreuses de leur corps que les
insensés retrouvaient la raison, les muets la parole, et les paralytiques
l’usage de leurs membres. Mais ces entités n’acceptent pas si facilement
leur défaite, elles font tout ce qu’elles peuvent pour reprendre le dessus. Et
Jésus a expliqué : « Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va 80
dans des lieux arides pour chercher du repos. N’en trouvant point, il dit : Je
retournerai dans ma maison d’où je suis sorti ; et, quand il arrive, il la
trouve balayée et ornée. Alors il s’en va, et il prend sept autres esprits plus
méchants que lui ; ils entrent dans la maison, s’y établissent, et la dernière
condition de cet homme est pire que la première. »7
Références bibliques
81
l’heure du souper, il envoya son serviteur dire aux conviés : Venez, car tout
est déjà prêt. Mais tous unanimement se mirent à s’excuser. Le premier lui
dit : J’ai acheté un champ, et je suis obligé d’aller le voir ; excuse-moi, je
te prie. Un autre lui dit : J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les
essayer ; excuse-moi, je te prie. Un autre dit : Je viens de me marier, et
c’est pourquoi je ne puis aller. Le serviteur, de retour, rapporta ces choses à
son maître. Alors le maître de la maison irrité dit à son serviteur : Va
promptement dans les places et dans les rues de la ville, et amène ici les
pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. Le serviteur dit : Maître,
ce que tu as ordonné a été fait, et il y a encore de la place. Et le maître dit
au serviteur : Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu
trouveras, contrains-les d’entrer, afin que ma maison soit remplie. Car, je
vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon
souper. » 1
Et c’est ce que faisait Jésus quand il allait à la rencontre des foules sur les
chemins. Puisque les scribes, les pharisiens, les sadducéens qui
représentaient alors l’élite intellectuelle et morale des Juifs, refusaient
d’entendre sa parole et le combattaient, il n’avait plus qu’à inviter les 82
« festins » que Dieu donne dans le Ciel et s’y nourrir de sa sagesse et de son
amour ! Mais ils préfèrent eux aussi aller du côté de leurs intérêts et de leurs
plaisirs. De ceux-là Jésus n’attend pas grand-chose, et il continue à parler
pour ceux qui, malgré leurs limitations et leurs infirmités de toutes sortes,
aspirent à un monde d’harmonie, de lumière où ils trouveront une nourriture
pour leur âme. Quel que soit l’état dans lequel ils se trouvent, quelles que
soient les fautes qu’ils ont commises, ils doivent savoir que Dieu les invite
dans son royaume, à sa table. Ces pauvres, ces estropiés, ces aveugles, ces
boiteux dont parle Jésus ne sont pas nécessairement des gens affligés
d’infirmités physiques. Dans le plan psychique il y a tellement de façons
d’être pauvre, estropié, aveugle ou boiteux ! Mais Dieu ne rejette pas ces
créatures.
Et ce roi, qui est bon, miséricordieux, ne rejette pas les coupables. Vous
connaissez ces récits anciens où un condamné que l’on conduisait au
supplice réussissait à s’échapper : il pénétrait dans le palais royal,
franchissait toutes les portes sans que les sentinelles puissent l’arrêter,
faisait irruption dans la grande salle où le roi entouré de ses amis était en
train de festoyer, et s’écriait : « Grâce, Sire ! ». Et puisqu’il avait réussi à
arriver jusqu’à lui, le roi lui accordait sa grâce ; il ordonnait même parfois
de le faire asseoir et de lui servir à manger et à boire. Eh bien, le Seigneur
est semblable à ce roi plein de bonté. Vous avez commis des erreurs, vous
souffrez d’être encore si imparfait, si faible, si misérable ? Tel que vous 83
êtes, souvenez-vous qu’Il vous attend dans ses palais et à sa table. Élancez-
vous vers Lui, courez très vite pour vous arracher à tout ce qui peut vous
empêcher d’accéder jusqu’à Lui…
Dieu ne s’indigne pas contre les pauvres humains, Il les attend seulement à
la table du festin, et s’ils sont capables d’arriver jusqu’à Lui, Il les accueille.
Dans l’Antiquité, il existait une coutume qui correspond exactement à ce
que j’essaie de vous expliquer : si un criminel qui était poursuivi parvenait à
pénétrer dans le sanctuaire d’une divinité et à embrasser sa statue, il était
sous sa protection, personne n’avait le droit de se saisir de lui. Cette
coutume existait encore au Moyen Âge, où c’étaient les églises qui
servaient de refuge ; et cela peut se produire encore de nos jours.
C’est plus rare, bien sûr, mais il peut aussi arriver que nous soyons projetés
dans le Ciel au moment où nous nous y attendons le moins. Et alors, nous
participons au festin divin. Évidemment nous souhaiterions rester là-haut
pour toujours, mais ce n’est pas possible, parce que nous n’avons pas
encore réussi à nous libérer entièrement : tant de choses nous retiennent
attachés au monde d’en bas ! Si le Ciel nous accorde cette grâce, c’est pour
que nous ayons le pressentiment, l’intuition de cet espace de lumière où
nous sommes prédestinés à aller vivre un jour.
salle pleine, le roi entre, mais voici qu’il aperçoit « un homme qui n’avait
pas revêtu un habit de noces. Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici
sans avoir un habit de noces ? L’homme resta muet. Alors le roi dit aux
serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du
dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Car il y a
beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. » 2
Ce texte est différent, beaucoup plus sévère que le précédent, mais cette
sévérité a aussi un sens. Par ce récit, il faut comprendre que, même si tous
les humains sont appelés au festin divin, pour y participer vraiment ils
doivent remplir certaines conditions. Comme je viens de vous l’expliquer,
pour être accueilli auprès de Dieu il faut être capable de se projeter jusqu’à
Lui. Dieu, c’est comme le soleil que cache une mer de nuages : si vous
parvenez à vous élever au-dessus des nuages, le soleil vous accueille, il
vous sourit, vous avez même la sensation qu’il vous attendait.36 Mais pour
vous élever au-dessus de vos nuages intérieurs, vous avez des efforts à faire
: vous devez vous alléger, c’est-à-dire vous débarrasser de toutes les
pesanteurs qui vous maintiennent dans les couches obscures de la
conscience. L’habit de noces symbolise l’état intérieur auquel est parvenu
celui qui a travaillé à s’alléger, à se purifier, afin de s’élancer vers la
lumière.
Le Seigneur nous attend, Il nous a tous invités, mais pour être acceptés nous
devons quand même remplir certaines conditions, comme dans les
réceptions de la terre. Imaginez qu’un roi vous invite à un grand repas qu’il
donne dans son palais : si vous vous présentez sale, hirsute, en guenilles, il
y aura à la porte des gardes ou des sentinelles qui vous diront : « Non, ce
n’est pas possible, vous ne pouvez pas entrer. – Mais j’ai été invité ! –
C’est entendu, mais êtes-vous conscient que c’est ici le palais royal ? Vous
85
ne pouvez pas y pénétrer dans cette tenue. » Il ne suffit pas d’être invité, il
faut se présenter dans une tenue convenable, et celui qui se présente
intérieurement sale et en guenilles ne sera pas accepté au festin divin.
C’est une idée analogue qui est exprimée dans la parabole des cinq vierges
sages et des cinq vierges folles. Seules les vierges sages, qui avaient de
l’huile dans leur lampe, furent acceptées par l’époux au festin des noces.
Cette huile qui donne la clarté a des affinités avec l’aura, ce vêtement de
lumière grâce auquel nous sommes admis dans la société céleste.
Références bibliques
1. Première parabole du festin des noces – Luc 14 : 15 – 24
11
outres »
« Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieux vêtement, car elle
emporterait une partie du vêtement et la déchirure serait pire. On ne met
pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres, autrement les outres se
rompent, le vin se répand et les outres sont perdues. Mais on met le vin
nouveau dans des outres neuves : et le vin et les outres se conservent. »1
Il y a longtemps qu’on ne conserve plus le vin dans des outres, mais dans
des tonneaux ou des cuves. Les outres qu’on utilisait dans le passé étaient
86
En disant : « On met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les
outres se conservent »,2 Jésus comparait son enseignement au vin nouveau,
et cet enseignement devait être versé dans des êtres solides, résistants,
capables de supporter les bouleversements qu’il produirait nécessairement
en eux. Car, comme le vin, un enseignement spirituel n’est pas quelque
chose d’inerte : il est actif, vivant, et cette vie ne cesse de produire des
changements, des liaisons, des ruptures. Si Jésus utilise l’image de l’outre,
c’est que l’être humain – ne soyez pas vexés – peut être lui-même comparé
à une outre. Et cette outre contient encore d’autres outres : le cerveau, les
poumons, l’estomac, le foie… Dans le plan psychique le coeur, l’intellect,
l’âme sont aussi des outres, et si on ne surveille pas la qualité et la quantité
de ce qu’on y introduit, ou si on néglige l’entretien de ces outres, les
résultats sont déplorables.
Au contraire, on peut même dire que les humains sont mieux préparés pour
la souffrance, les peines et les déceptions que pour la lumière et l’amour 87
véritable.
Mais ceux qui souhaitent ardemment devenir une de ces « outres neuves
» dont parle Jésus, doivent savoir que la nature a tout prévu pour que nous y
parvenions. Les cellules de notre corps se renouvellent constamment ;
chaque jour de vieilles cellules usées sont remplacées par des cellules
saines. Ce processus de renouvellement s’étale sur sept ans. Tous les sept
ans les cellules de notre corps ont été remplacées, mais cela ne signifie pas
que chacun est devenu une outre neuve, car les cellules possèdent une sorte
de mémoire qu’elles transmettent sous forme d’empreintes éthériques à
celles qui les remplacent. Les pensées, les sentiments, les énergies circulent
sur ces empreintes, comme dans des sillons bien tracés. Et puisque ces
nouvelles particules prennent la place des anciennes, elles héritent de leur
mémoire.
Prenons une personne d’une cinquantaine d’années. Elle a donc vécu sept
périodes de sept ans et pourtant elle reste fidèle aux mêmes habitudes, elle a
gardé la même façon de penser, elle répète les mêmes erreurs, car les
nouvelles cellules ont subi l’influence des anciennes empreintes ou, disons,
de l’ancienne mémoire. Si cette personne veut réellement se transformer, il
faut qu’elle change la mémoire de ses cellules, c’est-à-dire qu’au fur et à
mesure que les nouvelles cellules remplacent les anciennes, elle doit
s’efforcer de les imprégner de pensées et de sentiments plus élevés, plus
nobles. Tant qu’elle ne changera rien dans son for intérieur, l’enseignement
spirituel qu’elle reçoit ne fera que produire des fermentations dans son
Verser le vin nouveau dans des outres neuves, on peut dire que c’est aussi
réaliser l’union de l’esprit et de la matière. Et là, la matière dont je vous
parle n’est pas uniquement celle du plan physique, mais également celle du
plan psychique. Vous ne pouvez pas vous contenter de verser un
Enseignement dans votre tête, vous devez renouveler en même temps la
matière de votre être physique et celle de votre être psychique. La
spiritualité est d’abord une science, bien sûr, et cette science, on l’acquiert
généralement en lisant différents ouvrages, ou en écoutant la parole d’un
sage. Mais c’est insuffisant et cela peut même s’avérer nocif si on se
contente de nourrir son intellect : bientôt les outres, gonflées, éclateront, car
elles ne seront pas adaptées aux courants nouveaux qui pénètrent en elles.
Références bibliques
12
« Jésus dit aussi à ses disciples : Un homme riche avait un économe, qui
lui fut dénoncé comme dissipant ses biens. Il l’appela, et lui dit : Qu’est-ce
que j’entends dire de toi ? Rends compte de ton administration, car tu ne
pourras plus administrer mes biens. L’économe se dit en lui-même : Que
ferai-je, puisque mon maître m’ôte l’administration de ses biens ?
Travailler à la terre ? Je ne le puis. Mendier ? J’en ai honte. Je sais ce que
je ferai pour qu’il y ait des gens qui me reçoivent dans leur maison quand
je serai destitué de mon emploi. Et, faisant venir chacun des débiteurs de
son maître, il dit au premier : Combien dois-tu à mon maître ? – Cent
mesures d’huile, répondit-il. Et il lui dit : Prends ton billet, assieds-toi vite,
et écris cinquante. Il dit ensuite à un autre : Et toi, combien dois-tu ? – Cent
mesures de blé, répondit-il. Et il lui dit : Prends ton billet, et écris quatre
vingts. Le maître loua l’économe infidèle de ce qu’il avait agi prudemment.
Car les enfants de ce siècle sont plus prudents à l’égard de leurs
semblables que ne le sont les enfants de lumière.
« Et moi, je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, 90
pour qu’ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles
viendront à vous manquer. Celui qui est fidèle dans les toutes petites choses
l’est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les toutes petites
choses l’est aussi dans les grandes. Si donc vous n’avez pas été fidèles dans
les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ? Et si vous n’avez
pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ?
Nul serviteur ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un et aimera
l’autre ; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir
Dieu et Mammon. » 1
« Celui qui est fidèle dans les petites choses l’est également dans les
grandes… Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes,
qui vous confiera les véritables ? » Jésus encourage-t-il donc à la fois
l’infidélité et la fidélité ? Et que sont les richesses injustes et les richesses
véritables ?
Alors celui qui est intelligent fait les mêmes réflexions que l’économe de la
parabole : « Que va-t-il me rester, puisque mon maître m’ôte
l’administration de ses biens ? Travailler la terre ? je ne puis. Mendier ?
j’en ai honte… » Il sait qu’il sera un jour chassé de son corps physique, ce
maître si exigeant ; mais ce n’est pas parce qu’il sera désincarné qu’il aura
appris à renoncer aux plaisirs qu’il pouvait satisfaire quand il était dans ce
corps. Comme il n’aura plus les moyens de travailler afin d’obtenir de quoi
91
Il a ainsi amassé un capital qu’il a déposé dans la banque céleste afin que, le
jour où il se présentera au guichet de cette banque, il soit reconnu et bien
accueilli.39 Il a donc été infidèle à la personnalité pour se créer des amis
grâce aux richesses qu’il a « injustement » mises de côté. Voilà pourquoi
l’économe a été loué par son maître.
Mais voyons maintenant quel est ce maître qui l’a loué. Certainement pas la
personnalité : puisqu’elle a été en quelque sorte lésée, elle ne peut pas être
satisfaite de lui. C’est un autre maître, sa nature supérieure, l’individualité,
qui lui dit : « Tu as agi intelligemment. » La parabole n’est donc
compréhensible que si l’on admet qu’il n’y a pas là un seul maître, mais
deux. Et Jésus lui-même le confirme puisqu’il termine en disant : « Nul
serviteur ne peut servir deux maîtres. Car ou il haïra l’un et aimera l’autre
; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et
Mammon. » Mammon est le symbole des possessions terrestres, et il
s’oppose à Dieu qui représente les richesses spirituelles.
nourrir, doivent les lui payer sous forme d’énergies d’une moindre qualité.
En remettant leur dette à ces entités, il renonce aux plaisirs et aux facilités
qu’elles lui auraient donnés ; il entre donc dans la voie de l’abstinence. Ces
mesures de restriction réduisent les dépenses que la nature inférieure avait
l’habitude de faire, et de son côté la nature supérieure, qui n’a plus autant
d’énergies à lui fournir, se renforce.
Parce que, s’il est bon de se restreindre, il ne faut pas pratiquer ces
restrictions avec excès : l’homme doit se mettre au service du premier
maître (l’individualité), mais il n’a pas le droit de quitter volontairement le
second (la personnalité) en se privant de tout. On n’exige pas de lui qu’il se
laisse mourir à force de renoncement. Il doit être infidèle au second maître,
mais dans une certaine mesure seulement. Par exemple, si jusque-là il
croyait devoir à son estomac des quantités de nourriture copieusement
arrosées des meilleurs vins, qu’il réduise un peu ses menus : il sera encore
bien nourri et il aura remis leur dette aux entités qui devaient lui fournir les
énergies nécessaires pour digérer de pareils repas. De cette façon, il se fera
des amis parmi les entités qui, plus tard, le recevront dans les tabernacles
éternels.40
« Celui qui est fidèle dans les toutes petites choses l’est aussi dans les
grandes », dit encore Jésus. « Si vous n’avez pas été fidèle dans les
richesses injustes, qui vous confiera les véritables ? » Cela signifie que tous
ceux qui sont infidèles à leur nature supérieure quand il s’agit seulement de
renoncer à quelques satisfactions matérielles, ne sont pas dignes de recevoir
les immenses richesses de l’esprit.
Le Créateur veut que l’être humain s’épanouisse avec ses deux natures,
inférieure et supérieure, car elles sont complémentaires, comme sont
complémentaires l’esprit et la matière. Et c’est cela le véritable
enseignement du Christ : comment utiliser la nature inférieure pour nourrir
la nature supérieure et ne servir qu’elle. Tous ceux qui ont propagé une
philosophie et une morale fondées sur le dégoût et la condamnation des
instincts sont dans l’erreur. Les chrétiens ont encore beaucoup à apprendre
et à comprendre pour devenir de véritables disciples du Christ, mais aussi,
93
Référence biblique
13
« Si vous ne devenez pas comme des enfants »
« On lui amena des petits enfants, afin qu’il les touchât. Mais les disciples
reprirent ceux qui les amenaient. Jésus, voyant cela, fut indigné, et leur dit :
Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le
Royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en
vérité, quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant
n’y entrera point. Puis il les prit dans ses bras et les bénit en leur imposant
les mains. » 1
Dans ces deux passages Jésus donne les enfants en exemple. Qu’y a-t-il
donc en eux que nous devons imiter ? Comme ils n’ont pas encore eu le
temps de se manifester, on peut croire qu’ils sont purs, innocents, candides.
Mais plus tard, quand on voit les adultes que certains sont devenus, il est
évident qu’ils n’avaient au fond rien d’innocent !
94
Le corps éthérique agit dans le tout jeune enfant comme dans les plantes.
Les plantes ne possèdent pas de corps astral, c’est pourquoi elles n’ont pas
une véritable sensibilité, ou en tout cas une sensibilité comparable à celle
des animaux : quand on les coupe, elles ne souffrent pas. Mais elles
possèdent un corps éthérique très puissant grâce auquel elles ne cessent de
croître : si on taille un arbre, ses branches repoussent, et si on met du fumier
ou des détritus à son pied, il les absorbe et les transforme pour produire des
feuilles, des fleurs et des fruits. Son corps éthérique purifie tout.
D’une certaine façon, on peut dire que le très jeune enfant ressemble à un
arbre : la circulation, l’élimination, la croissance se font naturellement en
lui grâce au corps éthérique dont l’activité n’est pas encore entravée par les
manifestations du corps astral. Vers quatorze ans commence la période de
l’adolescence, et c’est là que les choses se compliquent, car le corps astral
qui s’est éveillé déclenche les manifestations passionnelles : sexualité,
agressivité… Et comme ces manifestations produisent des toxines, le corps
éthérique doit continuellement s’occuper de les éliminer. Peu à peu,
l’activité du corps astral prend le dessus au point d’entraver celle du corps
éthérique, et c’est pourquoi l’adolescent s’arrête de grandir. Si le corps
astral n’entrait pas en activité, les humains continueraient à croître, comme
les arbres.
Jésus a pris ici l’exemple des enfants, mais il a aussi traité ce sujet dans
d’autres passages des Évangiles. Quand il dit, par exemple : « Il est plus
facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche
d’entrer dans le Royaume de Dieu. »3 Ou bien : « Entrez par la porte
étroite, car large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition
».4 L’enfant, le trou d’une aiguille, la porte étroite : ces trois images nous
disent que seul celui qui a appris à maîtriser son corps astral entrera dans la
lumière et dans la joie. 41
Références bibliques
1. « On lui amena des petits enfants afin qu’il les touchât » – Marc 10 : 14
« Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le
Royaume de Dieu. » Pour approfondir encore cette parole de Jésus, il ne
faut pas s’arrêter seulement aux traits caractéristiques de l’enfant, mais voir
aussi, par contraste, ceux qui sont propres au vieillard.
attendre qu’on lui porte secours et, quand on le relève, c’est souvent pour
l’emmener à l’hôpital. Il en est de même dans le plan psychique. Les échecs
ne découragent pas l’enfant, il n’abandonne pas, et quand enfin il a réussi, il
va tout content l’annoncer à ses parents. Au contraire, le vieillard n’a plus le
courage de surmonter ses échecs, il se dit : « C’est fini, je ne ferai plus
aucun essai, c’est à d’autres maintenant d’agir. »
Devenir adulte fait partie de l’évolution normale d’un être humain, et il est
donc nécessaire qu’il se dégage peu à peu des faiblesses et des limitations
de l’enfance. Mais une fois qu’il y est parvenu, il doit retrouver cette qualité
qui est le propre de l’enfant : la confiance. Comme il se sent petit et sans
défense, l’enfant a un regard, des gestes qui attirent vers lui l’attention, la
tendresse, la bienveillance de ses parents et de son entourage.
L’adolescent, lui, n’a plus besoin de son père ou de sa mère pour marcher,
ni pour manger ; mais dans le plan psychique il a encore besoin d’eux afin
d’être guidé et nourri affectivement et intellectuellement, sinon il va
s’égarer et il sera malheureux comme s’il était devenu subitement orphelin.
Tous ceux qui sont amenés à établir des comparaisons entre l’homme et
l’animal soulignent avec quelle rapidité le petit animal se développe et
acquiert son autonomie. En quelques mois, en un an, certains sont déjà
adultes et capables de se reproduire. Alors que les enfants des hommes se
développent si lentement ! Cette lenteur est due à l’extrême complexité et
richesse de leur nature. Tellement de mécanismes doivent se mettre en
place, physiquement et psychiquement surtout, pour qu’ils puissent entrer
en possession de toutes leurs facultés ! Jusqu’à ce qu’ils y parviennent, ils
ont besoin de l’aide et de la protection de leurs parents.
Mais leur évolution ne s’arrête pas au moment où leur père et leur mère ont
fini de remplir leur rôle, car les humains sont aussi des entités spirituelles
qui doivent progresser encore et encore. C’est pourquoi, bien que parvenus
à l’âge adulte, ils sont encore comme des enfants qui ont besoin de leurs
parents : le Père céleste et la Mère divine. Quels que soient son savoir et
son expérience, chacun doit conserver un coeur d’enfant, simple, spontané,
ouvert, plein de confiance envers ses parents célestes. Et alors, même
centenaire, il entrera dans le Royaume de Dieu. Parce qu’il se présentera
comme un enfant, il sera accueilli. Et, derrière lui, le vieillard suivra… oui,
le vieillard pourra se faufiler dans le Paradis à cause de l’enfant qu’il est
devenu !
98
Dans la vie spirituelle nous devons nous manifester comme des enfants,
c’est-à-dire être conscients que nous sommes fils et filles du Père céleste et
de la Mère divine, et rester liés à eux afin de recevoir leur aide et leurs
conseils. Nos parents divins ne peuvent nous nourrir, nous soutenir, nous
protéger que si nous nous conduisons comme des enfants attentifs,
obéissants, humbles, car « quiconque se rendra humble comme ce petit
enfant sera le plus grand dans le Royaume des cieux », disait Jésus. Mais
comprenez bien : il ne s’agit pas d’être humble, obéissant et soumis devant
n’importe qui, et surtout pas devant les riches et les puissants de la terre,
mais seulement devant nos parents divins.
Vous direz : « Mais jusqu’à quand devons-nous nous manifester comme des
enfants ? » Jusqu’au jour où nous deviendrons tellement purs que le Saint-
Esprit viendra habiter en nous. 42 Quand le Saint-Esprit, qui apporte la
vraie lumière, descend dans un être humain, à ce moment-là seulement il
peut être considéré comme adulte. Le Créateur n’a pas décidé que nous
devions rester des enfants pour l’éternité. Un jour, enfin, nous serons
déclarés majeurs. Mais en attendant, on est obligé de constater que la
plupart des humains n’ont pas atteint leur maturité spirituelle ; s’ils étaient
de vrais adultes, ils ne seraient plus là à se débattre au milieu
d’inextricables difficultés intérieures.
99
14
« Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour
votre corps de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la
nourriture, et le corps plus que le vêtement ?… Regardez les oiseaux du ciel
: ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers ;
et votre Père céleste les nourrit… Considérez comment croissent les lis des
champs : ils ne travaillent ni ne filent ; cependant je vous dis que Salomon
même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux… Ne vous
inquiétez pas du lendemain, car le lendemain aura soin de lui-même. À
chaque jour suffit sa peine. » 1
Les lis des champs et les oiseaux du ciel… Sous prétexte de suivre les
conseils de Jésus, combien de gens se sont retrouvés dans la misère, à la
charge des autres ! Jésus enseignait les foules en se servant d’images, mais
cela reste des images. S’il a dit : « Ne vous inquiétez pas du lendemain »,
c’est qu’il voyait les humains toujours soucieux de l’avenir, se demandant
s’ils auront de quoi se nourrir, se loger, assurer leur sécurité, etc. Tellement
pris par ces préoccupations, ils abusent de leur santé, bousculent les gens et
les choses, transgressent les lois de la justice et de l’amour. C’est ainsi
qu’ils laissent chaque jour des problèmes mal résolus, des erreurs qu’ils
devraient réparer mais qu’ils ne réparent pas et, tout cela s’accumulant, ils
finissent par être submergés, écrasés.
101
Puisqu’ils sont en train de vivre le présent, ils croient qu’ils n’ont pas
tellement de questions à se poser à son sujet. Eh bien si, justement, il y a
des questions à se poser. Demain n’existe pas encore, et si on s’inquiète de
lui, c’est un peu comme si on se jetait dans le vide. C’est sur aujourd’hui
qu’il faut travailler, car aujourd’hui est là, il ne meurt pas, il ne fait que se
prolonger, et en se prolongeant il devient demain. Quand vous êtes arrivé au
terme de ce que vous appelez aujourd’hui, vous parlez de demain. Mais ce
demain, vous ne l’avez pas encore vu, ni goûté, ni touché, il n’a aucune
réalité. Au moment où vous le toucherez vous ne l’appellerez plus demain,
mais aujourd’hui, et ce qui était aujourd’hui vous l’appellerez hier.
Le passé est un souvenir et le futur est une projection. Seul le présent est le
temps véritable de notre vie. Celui qui se fait du souci pour le lendemain
oublie de bien vivre le présent, et il ne saura donc jamais comment ce
présent peut devenir un éternel présent dans l’harmonie, la beauté, la
lumière. En se projetant sans cesse dans un avenir qui n’existe pas encore,
on meurt à l’éternel présent.
Quand ils ne peuvent plus supporter le présent, les gens se projettent dans
l’avenir : bientôt, plus tard, ce sera mieux. Mais comme cet avenir qu’ils
imaginent meilleur n’a aucun fondement solide, c’est le vide et l’angoisse
qu’ils découvrent. Qu’ils se décident plutôt à bien vivre aujourd’hui où ils
ont tellement de choses à faire, à goûter, à voir, à penser !
Commencez donc par bien vivre les premiers instants de la journée qui
commence, afin de préparer les heures suivantes. Dites-vous : « Le passé
est le passé, et l’avenir n’est pas encore là, mais je dispose d’aujourd’hui.
de rêver l’avenir ! Pour le présent, ils sont absents ; ils le laissent filer.
Pour bien nous pénétrer de l’importance du jour présent, nous devons faire
comme s’il allait être le dernier. Certains diront que c’est affreux d’avoir
ainsi continuellement dans la tête la pensée de la mort. Non, vivre chaque
jour comme s’il devait être le dernier ne nous entraîne pas du côté 103
Référence biblique
15
Quelle est cette foi capable de transporter les montagnes ? Et est-ce que
Jésus souhaitait vraiment que ses disciples soient capables de tels exploits ?
Quels bouleversements dans le relief et dans les climats ! Les 104
Tant qu’on n’essaiera pas de comprendre par quels processus la foi est
capable de transporter des montagnes, on se contentera de répéter des mots
vides de sens. 43 On le voit bien, l’être humain est si faible, si chancelant,
comment imaginer qu’il déplacera des montagnes ? Ce n’est pas possible.
105
Et alors, par incompréhension, par négligence, par paresse, oui, surtout par
paresse, on laisse de côté la quintessence de l’enseignement du Christ.
Il ne faut pas se faire d’illusions. Quand on rencontre des échecs au lieu des
succès auxquels on s’attendait, c’est qu’on n’a rien semé ou qu’on n’a pas
su semer les bonnes graines, au bon endroit, au bon moment. Cela se vérifie
dans tous les domaines et donc aussi dans celui de la vie spirituelle.
La foi est donc comparable à une graine qu’il faut semer, mais évidemment
pas n’importe quelle graine. Cette graine qui devient un arbre où les oiseaux
du ciel viennent habiter, il n’est pas si facile de la reconnaître. Il est au
contraire très facile de la confondre avec les graines de croyances et de
superstitions de toutes sortes. 45 Voilà pourquoi, malgré Jésus, les chrétiens
n’ont pas encore transporté beaucoup de montagnes, et non seulement ils ne
les ont pas transportées, mais ils sont ensevelis dessous.
Mais elles ne vont pas plus loin, elles font comme si avoir ou ne pas avoir la
foi était quelque chose qui ne dépendait absolument pas d’elles, comme si
la foi était un don qu’à la naissance on reçoit ou non de la nature. En réalité,
la foi est la cristallisation d’un savoir du passé, elle est fondée sur
l’expérience du monde divin, une expérience qui a laissé en chaque être des
traces indélébiles et qu’il lui appartient de vivifier. C’est parce que certaines
personnes découvrent en elles la présence de pareilles traces 106
qu’elles regrettent de ne pas avoir la foi ; elles sentent qu’il leur manque
quelque chose d’essentiel. Mais si elles ne font rien pour vivifier ces traces,
elles souffriront encore longtemps, et de plus en plus. Même les plus grands
génies des mathématiques ou de la musique, malgré leurs dons, ne seraient
arrivés à rien s’ils n’avaient pas travaillé, et avec quel acharnement ! Alors,
qu’on ne s’imagine pas qu’en ne faisant rien on peut trouver la foi comme
ça, d’un seul coup, sous l’effet d’une grâce divine imprévisible, c’est
impossible.
La foi est le résultat d’efforts répétés jour après jour ; elle est quelque chose
de vivant que nous ne devons jamais séparer de notre vie quotidienne. Voilà
ce qu’il faut comprendre pour pouvoir déchiffrer le sens des paroles de
Jésus sur le grain de sénevé. Nous pouvons transporter des montagnes, oui,
mais pas en une seule fois : une pierre après l’autre. Chaque pierre
déplacée, c’est-à-dire chaque succès, aussi minime soit-il, augmente notre
foi, car nous nous sentons plus solides, plus maîtres des situations. En jetant
un regard en arrière, nous mesurons le chemin parcouru… Et alors, il se
peut que, déjà, à la moitié du travail entrepris, notre foi se soit tellement
renforcée que nous pourrons transporter tout le reste d’un seul coup.
Mais il existe encore un moyen d’accélérer les choses : prendre exemple sur
les fourmis. Les fourmis parviennent en peu de temps à transporter de
vraies montagnes de grains – proportionnellement, ce sont des montagnes
pour elles ! Comment font-elles ?… Elles ne travaillent pas seules, ce sont
des multitudes qui se mettent à la tâche. Dans l’isolement, dans l’égoïsme,
on ne transportera jamais des montagnes. Si de grandes choses ont été
réalisées au cours de l’histoire, c’est parce que des hommes et des femmes
se sont réunis pour travailler ensemble. Et pour les disciples du Christ,
Références bibliques
1. « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé » – Matthieu 17 : 20
16
107
Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il
gagna cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu deux talents en
gagna deux autres. Celui qui n’en avait reçu qu’un alla faire un creux dans
la terre et cacha l’argent de son maître. » À son retour le maître demande
des comptes aux trois serviteurs. Il félicite les deux premiers qui avaient fait
fructifier leurs talents, en leur disant : « Bon et fidèle serviteur, entre dans
la joie de ton maître » et il promet de leur conserver sa confiance. Puis, il
réprimande sévèrement le troisième, et il lui retire son talent pour le donner
à celui qui en a maintenant dix. « Car on donnera à celui qui a et il sera
dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a. »1
Quels sont ces talents que le maître a confiés à ses serviteurs ? On notera
qu’il s’intéresse seulement de savoir s’ils les ont fait fructifier. Celui à qui il
en a donné cinq lui en présente maintenant dix, celui à qui il en a donné
deux lui en présente quatre. Et le maître ne les leur reprend pas, il les
félicite en leur laissant le fruit de leur travail. Seul le serviteur paresseux est
privé de l’unique talent qu’il avait reçu. Même s’il n’en avait reçu qu’un, il
ne devait pas se contenter de le mettre à l’abri en l’enterrant.
Ces talents que le maître confie à ses serviteurs symbolisent les dons de la
vie que nous avons reçus de Dieu, notre Père céleste. Et comme la vie est le
lien le plus fort qui existe entre un père et ses enfants, tout père a l’espoir
qu’ils ne la gâcheront pas, mais encore qu’ils sauront la rendre utile, belle et
riche de sens. Dieu n’a besoin d’aucune de nos possessions. Nous les avons
acquises grâce à la vie que nous avons reçue de Lui, et Il nous les laisse :
que ferait-Il avec le peu que nous pourrions Lui apporter, Lui dont les
richesses sont infinies ? La seule chose qu’Il nous demande, c’est de
montrer de la considération pour cette vie dont nous sommes pour un temps
les dépositaires, car c’est sa vie et Il attend que nous la fassions fructifier en
nous, en lui donnant de nouvelles couleurs, de nouveaux parfums, de
nouvelles saveurs. Celui qui se montre négligent, paresseux, irrespectueux,
finit par perdre ces richesses inestimables que sont le goût des êtres et des
choses, l’inspiration ; les personnes qu’il rencontre, les objets qu’il possède
ne présentent plus pour lui autant d’intérêt, ils ne lui apportent plus autant
de joie.
108
Qu’est-ce qu’un don ? En réalité, c’est une entité spirituelle qui est venue
habiter chez un être pour se manifester à travers lui. Alors, si vous voulez
que des entités plus élevées viennent se manifester à travers vous en vous
donnant de nouvelles lumières, de nouveaux pouvoirs, efforcez-vous de leur
donner de bonnes conditions. Et montrez-leur surtout que vous avez été
capable de faire fructifier ce que vous aviez déjà reçu. Alors, avec quelle
joie elles s’occuperont de vous enrichir et de vous embellir encore, et
d’embellir et d’enrichir aussi les autres à travers vous !
Malheureusement, ce qu’on voit souvent, ce sont des êtres qui développent
leurs dons et leurs facultés pour les mettre au service de leur nature
inférieure : le ventre, le sexe, la vanité, le besoin de dominer les autres…
C’est, là aussi, une façon d’enterrer leurs talents. Eh bien, qu’ils le sachent,
comme au mauvais serviteur de la parabole on leur ôtera même ce qu’ils
ont. En réalité, on n’aura même pas besoin de le leur enlever : c’est eux, par
leur propre faute, qui le perdront.
Qu’on les appelle dons, capacités, vertus, à chaque être humain Dieu confie
des talents qu’il doit faire fructifier afin de participer consciemment,
harmonieusement à la vie universelle. Et ne dites pas que c’est là beaucoup
trop de travail et d’efforts que les autres ne reconnaîtront peut-être pas. Que
les autres les reconnaissent ou non, cela ne doit pas vous préoccuper. Seule
doit compter pour vous l’opinion de votre Père céleste : comme les
serviteurs du maître de la parabole, c’est à Lui seul que vous aurez un jour à
rendre compte de l’usage que vous aurez fait de ses richesses. Puisqu’Il
vous les a données, elles sont à vous, mais elles ne vous appartiendront
vraiment que si vous apprenez comment les faire fructifier.
Il arrive aussi parfois que de façon inattendue vous receviez une lumière,
une grâce du Ciel. C’est aussi un « talent » que vous donne votre Père
céleste. Prenez-en conscience et arrêtez-vous un long moment pour vous en
109
Référence biblique
Matthieu 25 : 14-28
17
souille l’homme »
Peut-on dire que les aliments ne nous souillent jamais ? S’ils ne sont pas
bien lavés, s’ils sont pollués par des produits toxiques, ils peuvent nous
rendre malades. Mais le mot « souillure » concerne plutôt le monde moral.
Il est vrai que certains aliments, certaines substances peuvent influencer
notre monde moral : la viande, l’alcool, le tabac, la drogue ont, à différents
degrés, des conséquences négatives sur la vie psychique de l’homme, donc
sur sa vie morale. C’est pourquoi, dès leur origine, la plupart des religions
ont imposé des règles très strictes concernant la nourriture et les boissons.
Les gens le savent bien, c’est pourquoi ils sont si attentifs au choix des
aliments et à leur préparation quand ils invitent à manger des parents, des
amis ou d’autres personnes. En offrant un repas succulent qui plaît aux
bouches physiques, ils comptent bien satisfaire aussi les bouches astrales. À
l’inverse, celui qui est mal nourri, qui avale n’importe quoi, sans
discernement, ou parce qu’il n’a rien d’autre à se mettre sous la dent, ne 111
peut pas ensuite exprimer de très bonnes choses par sa bouche astrale, son
coeur. Il faut donc comprendre les paroles de Jésus au sens large. Même si
on ne doit pas accorder trop d’importance aux prescriptions alimentaires, il
n’est pas bon non plus d’exagérer dans l’autre sens. Jésus n’approuvait
certainement pas qu’on ne porte aucune attention à la façon de se nourrir.
Vous-même, chaque jour, vous êtes exposé aux influences et aux agressions
du monde extérieur. Ce sont là des sortes de nourritures qu’on vous
présente. Et si un regard, une parole, un geste, un acte parvient à vous
enlever votre foi, votre espérance, votre amour, votre lumière, donc à vous
salir, cela signifie que vous n’avez pas été vigilant : vous deviez tenir votre
bouche astrale fermée. Pourquoi l’avez-vous ouverte à ces nourritures ?
Vous direz qu’il est impossible de ne pas être troublé, blessé par certaines
réflexions malveillantes… Quand on vous parle, évidemment vous entendez
; mais si vous savez tenir votre bouche astrale fermée, vous ne vous sentez
pas atteint, diminué, blessé, vous restez invulnérable. Rien n’oblige votre
bouche astrale à absorber des nourritures nocives. Veillez donc à les
empêcher de pénétrer ; et si vous n’en avez pas été capable, efforcez-vous
de les transformer pour les rendre assimilables.
Même les êtres les meilleurs, les plus intègres, peuvent être calomniés,
salis. Alors, comment se conduit le véritable disciple du Christ ? Non
seulement il cherche à neutraliser les saletés qu’il reçoit, mais il arrive à
transformer l’impatience ou la colère qu’elles lui inspirent en douceur, en
amour, en bonté. Si Jésus a dit aussi : « Heureux serez-vous quand on vous
outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement toute sorte 112
de mal de vous »,3 c’est qu’il connaissait la capacité qu’a l’être humain de
faire ce travail alchimique de transformation. Quand nous y parvenons,
nous nous enrichissons, nous sommes heureux, et le Ciel se réjouit à cause
de nous.
Que font les arbres auxquels on apporte du fumier ? Ils savent, eux, que ce
qui entre dans leur bouche ne peut pas les souiller. Ils se mettent au travail
en opérant toutes les transformations dont ils ont le secret, et ils nous
donnent en échange des fruits aussi beaux, parfumés et savoureux que le
fumier qu’ils ont reçu était répugnant et malodorant. Or, comment agissent
généralement les humains ? Ils ont reçu une petite éclaboussure et ils
renvoient un seau d’ordures ! S’ils avaient compris les préceptes du Christ,
lorsqu’ils reçoivent du venin, ils s’efforceraient de renvoyer du miel.
Voici donc une méthode pour réagir sagement. Lorsqu’un geste, un mot, un
regard a introduit en vous le trouble, la colère, le désir de vengeance ou
quelque autre état négatif, ne bougez pas, et surtout taisez-vous ! Car si
vous vous laissez aller à vos réactions instinctives, vous risquez de faire
plus de mal que vous n’en avez reçu. La colère est comme l’irruption de la
force brute d’un torrent ; cette force n’est pas nécessairement mauvaise, elle
peut même être bénéfique pour vous et pour les autres, mais à condition que
vous sachiez la maîtriser afin de pouvoir ensuite la diriger. Et pour la
maîtriser, vous devez d’abord déposer les armes que cette réaction
instinctive vient de mettre brusquement à votre disposition. Donc, d’abord,
arrêtez-vous, et raisonnez ; le raisonnement est la seule branche, le seul
rocher auquel vous pouvez vous agripper pour ne pas être entraîné et roulé
dans les eaux du torrent.
« Ce qui sort de la bouche vient du coeur et c’est cela qui souille l’homme
». Voilà aussi pourquoi l’état dans lequel on mange est encore plus 113
Donc, quand vous êtes troublé ou irrité par certains événements, même si
c’est l’heure du repas, avant de manger attendez un peu d’avoir retrouvé la
paix et l’harmonie intérieures. Et si vos obligations nécessitent que vous
mangiez à ce moment-là, faites au moins l’effort de vous concentrer sur la
nourriture en l’imprégnant de votre respect et de votre reconnaissance :
lorsqu’elle pénétrera en vous, ces sentiments dont elle sera devenue le
support transformeront vos états négatifs.
Vous voyez, là encore se vérifient les paroles de Jésus : c’est ce qui sort de
la bouche (et ici la bouche astrale : les pensées et les sentiments) qui souille
l’homme, puisque cela souille aussi ce qui va entrer en lui : la nourriture.
Alors que s’il est vraiment pur, rien de ce qui vient de l’extérieur ne peut le
salir. Même couvert de boue, un diamant garde sa pureté et sa beauté ; il
suffira de l’essuyer pour qu’il brille à nouveau de tout son éclat. Le
véritable spiritualiste est comparable au diamant : rien n’a le pouvoir de le
salir, sauf s’il renonce lui-même à sa qualité de diamant et accepte, par sa
négligence, de redevenir charbon.
Dans le plan spirituel, le Christ est le Verbe de Dieu, il est lié à Dieu comme
la parole est liée à l’homme qui la prononce ; et dans le plan physique, il est
le pain. Voilà un autre aspect des relations qui existent entre le monde d’en
bas et le monde d’en haut, entre le monde physique et le monde spirituel.
Références bibliques
Matthieu 15 : 11
18
« Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne ; et après qu’il se fut assis,
ses disciples s’approchèrent de lui. Puis, prenant la parole il les enseigna,
et dit : « Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à
eux » !1
La langue que parlait Jésus était l’araméen, et les Évangiles ont été écrits en
grec. Il est donc impossible de savoir ce que Jésus a réellement dit, mais je
pense que la traduction française que l’on a donnée de cette première
Béatitude n’est pas exacte. « Pauvres en esprit », qu’est-ce que cela signifie
?… L’esprit est riche, il est même le plus riche, il possède toutes les
richesses en puissance : comment croire que celui qui en est dépourvu peut
être heureux ? Il serait plus exact de remplacer l’idée de pauvreté par celle
de simplicité, non pour dire « Heureux les simples d’esprit », en français ce
serait encore pire, mais dans le sens où la première caractéristique de
l’esprit, c’est d’être simple. Et par simple, il faut entendre pur, c’est-à-dire
sans mélange. Seul l’esprit possède cette 115
simplicité qui est le propre de l’unité. Tous ceux qui s’éloignent de l’esprit,
de l’unité, se débattent dans les pires complications, ils ne peuvent donc pas
être heureux.
Le livre de la Genèse évoque une période où les humains menaient cette vie
simple. C’est toute l’histoire d’Adam et Ève dans le jardin d’Éden, quand
ils se nourrissaient des fruits de l’arbre de vie. Puis est arrivé le serpent, qui
les a persuadés de goûter du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du
mal. Ils sont alors entrés dans la dualité et tout s’est compliqué. Ils ont été
chassés du Paradis, c’est-à-dire qu’ils ont été précipités dans l’obscurité, le
froid et les pesanteurs de la matière : l’homme a dû gagner son pain à la
sueur de son front et la femme enfanter dans la douleur. 502 Puis, le
premier crime a été commis : Caïn a tué son frère Abel,3 etc.
Ce que la Genèse a raconté sous la forme d’un récit peut être présenté sous
bien d’autres formes. On peut prendre des images dans la nature : la
montagne avec le sommet et la base, le fleuve avec la source et
l’embouchure, le soleil et les planètes qui gravitent autour de lui. On peut
aussi prendre des figures géométriques : la pyramide dont les arêtes se
rejoignent au sommet, le cercle avec le point central sans lequel aucune vie
organisée n’est possible. Dans ces images et ces figures, le sommet, la
source, le soleil, le point central représentent le Un, la simplicité de l’esprit.
51 C’est à ceux qui travaillent à réaliser en eux cette simplicité que Jésus
promet le Royaume des Cieux.
117
Références bibliques
19
« Je vous le dis en vérité : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié
dans le ciel ; et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le
ciel. » 1
Entre ces deux pôles positif et négatif qui travaillent dans l’univers il se fait
des échanges sans fin, et ce sont ces échanges qui entretiennent la vie.
Vous semez une graine : dans la terre déjà elle établit des liaisons, puisque
de nombreux éléments du sol contribueront à la nourrir. Mais elle entre
aussi en relation avec le ciel : la pluie l’arrose, le soleil lui envoie sa
lumière et sa chaleur, et elle commence à germer. Vous avez simplement
mis une graine ou un noyau en terre, et par ce geste vous avez aussi engagé
le ciel à participer à sa croissance. Des processus analogues se produisent
aussi en nous. Par exemple : quand nous introduisons une graine (de la
nourriture) dans la terre (l’estomac), tout de suite le ciel (le cerveau) envoie
vers lui des courants pour qu’il se mette au travail et transforme cette
nourriture en énergies. C’est donc le corps entier qui en bénéficie, y
compris le cerveau lui-même. Lorsqu’on lie la terre et le ciel, le bas et le
haut, grâce à ces liaisons il se fait des échanges ; lorsqu’on les délie, ces
échanges s’interrompent.
Lier et délier… On retrouve ces deux opérations dans tous les domaines de
l’existence. L’analyse et la synthèse en sont aussi des exemples. Quand on
fait une synthèse, on lie, et quand on fait une analyse, on délie. En nous,
c’est le coeur qui lie et l’intellect qui délie. Le coeur fait des synthèses : il
réunit, rassemble, rapproche, tandis que l’intellect analyse, fait des
distinctions, sépare ; c’est leur nature, et ils doivent travailler ensemble 118
Mais revenons à la parole de Jésus : « Tout ce que vous liez sur la terre sera
lié dans le ciel, et tout ce que vous déliez sur la terre sera délié dans le ciel.
» Par « la terre» on peut entendre le plan physique, et par « le ciel »
le plan psychique ou spirituel. Ainsi, tout ce que nous faisons dans le plan
physique a des répercussions dans les autres plans.
Prenons des cas très simples. Quand une mère est obligée de laisser un
moment son enfant seul dans sa petite voiture, elle l’attache pour qu’il ne
tombe pas. L’enfant est lié dans le plan physique, mais il est lié aussi dans
le plan psychique ; il n’aime pas être attaché, et il pleure, il crie. Quand la
mère revient, elle le délie dans le plan physique, et elle le délie aussi dans le
plan psychique : il est content. Il en est de même pour l’homme que l’on
enferme dans un cachot et qu’un jour, enfin, on libère. Il existe de multiples
façons de lier les êtres et de les délier, et la parole en est une également. On
en voit chaque jour des exemples : combien de personnes ligotent les autres
ou les libèrent par leurs paroles !
Ainsi, Jésus nous révèle que par la prière nous lions le monde d’en bas et le
monde d’en haut. Car c’est dans notre intelligence que le nom de Dieu doit
être sanctifié et c’est dans notre coeur que son règne doit venir, afin que
nous fassions sa volonté sur la terre comme les anges la font dans le ciel.
On raconte que dans un couvent vivait un moine qui savait à peine lire et
écrire. Chaque fois qu’il lavait la vaisselle ou balayait – c’étaient ses
occupations quotidiennes – il avait pris l’habitude de répéter avec foi et
amour : « Mon Dieu, comme je lave ces assiettes, je Te supplie de laver
mon âme… Comme je nettoie ce plancher, nettoie tout mon être de ses
impuretés », etc. Et de même pour les autres tâches matérielles dont il était
chargé. Cela dura des années… Pendant longtemps personne ne remarqua
119
rien, jusqu’au jour où son rayonnement attira l’attention de tous les autres
moines : ils sentaient qu’il était visité par l’Esprit Saint. Et les réponses
qu’il faisait aux questions qu’on lui posait étaient d’une telle sagesse, d’une
telle profondeur, que même des évêques et des cardinaux commencèrent à
venir le consulter. Comment avait-il découvert ce pouvoir de la parole ?
L’être humain possède une baguette magique dans la bouche, une baguette
qui fait le lien entre la terre et le ciel. Lier et délier : en quelques mots Jésus
a résumé exactement ce qu’est la magie. Au lieu de s’offusquer chaque fois
qu’ils entendent parler de magie, les chrétiens devraient faire l’effort de
comprendre qu’elle est un art qui repose sur la connaissance des liens qui
existent entre les différentes régions de l’univers et de l’homme lui-même.
Puisqu’il y a lien, il y a aussi nécessairement influence. Même si plusieurs
interprétations peuvent être données de la phrase de Jésus, l’idée essentielle
à retenir ici est qu’il existe des relations entre le bas et le haut, entre la terre
et le monde divin, et que ces relations, l’homme a par sa parole le pouvoir
de les rendre plus vivantes, plus créatrices. Quand saura-t-on utiliser ce qui
est écrit dans les Évangiles ? C’est écrit, mais ça reste lettre morte, parce
qu’on ne cherche pas à l’appliquer dans la vie.
Références bibliques
1. « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel » – Matthieu
18 : 18
Mais prier ne se limite pas à prononcer des paroles. Pour qu’une prière soit
puissante et donne des résultats, certaines conditions doivent être remplies.
C’est pourquoi Jésus ajoute : « Si sur la terre deux d’entre vous s’accordent
pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est dans
les cieux. Car là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis présent au
milieu d’eux. »1 Qui sont ces deux ou trois dont parle Jésus ? Deux ou trois
personnes ? Non. Ces deux ou trois sont l’intellect, le coeur et la volonté : la
lumière de l’intellect, la chaleur du 120
coeur et l’activité de la volonté. Si Jésus dit deux ou trois, c’est parce qu’il
suffit que deux soient liés pour faire apparaître le troisième. Deux, c’est la
pensée et le sentiment ; et trois, c’est l’action, l’enfant auquel ils donnent
naissance. Pour obtenir un résultat, on n’a pas besoin de quatre ou cinq,
mais seulement de deux, parce que l’action est le fruit des pensées et des
sentiments, elle les suit inévitablement.
« Si deux ou trois sont réunis en mon nom » ne peut pas signifier deux ou
trois personnes. Sinon, parce qu’il est seul quelque part, un être qui adresse
au Christ une prière ardente ne sera pas entendu ? Et si une dizaine de
personnes honnêtes et bonnes qui ne se connaissent pas se trouvent dans un
même lieu, est-ce que le Christ ne sera pas au milieu d’elles sous prétexte
qu’elles ne sont pas réunies en son nom ?… Il ne faut jamais prendre
littéralement les textes des Évangiles. Deux ou trois, c’est l’intellect, le
coeur et la volonté. Que vous soyez seul perdu dans un désert ou avec une
centaine de personnes, du moment que vos pensées et vos sentiments
s’unissent pour réaliser quelque chose de bénéfique, le Christ sera avec
vous, en vous.
D’où vient que très souvent, lorsqu’elles prient, les personnes joignent
spontanément leurs deux mains ? Par ce geste, elles retrouvent
instinctivement le sens profond de la prière : une main représente l’intellect
et l’autre le coeur. Pour que la prière soit reçue, il faut qu’elle vienne de
l’intellect et du coeur, de la pensée et du sentiment, c’est-à-dire des deux
principes masculin et féminin. De nombreux tableaux représentent des
personnes en prière, même des enfants, avec les mains jointes. Cela ne
signifie pas que, pour prier il faut obligatoirement joindre les mains
physiquement. On peut prier en joignant ou non les mains… et on peut
aussi prier, mains ouvertes à hauteur du visage, paumes en avant ; là, les
bras forment avec la tête la lettre hébraïque Schin . On peut prier dans
n’importe quelle posture, ce n’est pas l’attitude physique qui compte, mais
l’attitude intérieure.
automatiques qui distribuent des boissons, des bonbons, des sandwichs, etc.
Il y a des jours où vous êtes soudain habité par une telle force, une telle
plénitude, que vous sentez qu’enfin le Ciel a entendu votre voix. Cela ne
veut pas dire que d’un seul coup vous obtiendrez des résultats visibles,
tangibles, mais vous avez été entendu, votre demande a été prise en
considération, et c’est cela l’essentiel : sentir que la prière a été entendue.
Tout est donc dans l’intensité. Et l’intensité est liée au pouvoir que l’on a de
dégager ses pensées et ses sentiments de toutes les préoccupations
étrangères à la prière. Dès que vous avez un doute, une angoisse, tournez-
vous vers les esprits célestes. Même si vous ne savez pas quels traits, quel
visage leur donner, ce n’est pas important ; prononcez leur nom, car le nom,
lui, est déjà une image, et cette lettre mentale que vous envoyez atteindra
son destinataire. Il est donc essentiel de connaître au moins le nom des
entités dont vous voulez vous faire entendre.
Référence biblique
Celui qui entre dans sa chambre et ferme la porte derrière lui, est seul.
122
Cela confirme bien que, pour être entendue, une prière ne suppose pas
nécessairement la réunion de deux ou trois personnes. Une fois la porte
fermée, « prie ton Père qui est là dans le lieu secret », ajoute Jésus. Ce lieu
secret ne doit pas être non plus compris comme un lieu physique, mais
comme un état de conscience. Quand vous parvenez à faire régner en vous
le silence, la paix, la lumière, vous êtes déjà dans cette chambre secrète :
pour un moment au moins, vous avez pu atteindre les régions de l’âme et de
l’esprit que vous portez en vous de toute éternité. Ces régions auxquelles il
est difficile d’avoir accès dans la vie ordinaire, la majorité des humains n’en
soupçonnent même pas l’existence. Car de même qu’ils ignorent ce qui se
passe dans leur subconscient, ils ignorent aussi ce qui se passe en haut dans
le ciel, leur ciel, leur esprit, leur conscience divine.
Vous méditez par exemple sur un problème d’ordre spirituel que vous
trouvez difficile à résoudre. Vous entrez profondément en vous-même pour
avoir une réponse et après quelque temps la lumière se fait peu à peu… Que
s’est-il passé ? D’où vous vient cette compréhension ? Votre esprit la
possédait, mais votre conscience n’était pas encore arrivée à s’élever
jusque-là. Voilà le sens des paroles de Jésus : celui qui prie, qui médite,
s’enferme dans sa chambre secrète, à l’abri de l’agitation et du bruit, et là il
reçoit des révélations.
Supposez que vous êtes dans la rue, et soudain, vous pensez que vous avez
quelque chose à dire à un ami qui se trouve dans une autre ville. Il est
impossible de lui parler à moins d’entrer dans une cabine téléphonique : il y
a là un appareil sur lequel vous faites un numéro et vous avez la
communication. Si vous restez dans la rue, et surtout sans téléphone, vous
aurez beau parler, crier, votre ami ne vous entendra pas. De la même façon,
pour être entendu par le Ciel, il faut entrer dans cette chambre secrète dont
parle Jésus, car elle est aussi très bien aménagée : elle a, elle aussi, des
« appareils téléphoniques » qui permettent de communiquer avec les
mondes supérieurs. 52
de même pour la prière. C’est dans un lieu caché, secret, que vous devez
entrer et bien fermer la porte. Fermer la porte signifie ne pas laisser pénétrer
en vous n’importe quels sentiments ou pensées, mais n’accueillir que des
sentiments inspirés par l’amour divin et des pensées inspirées par la sagesse
divine ; sinon, dans votre communication avec le Ciel, il y aura des
brouillages : vous ne serez pas bien entendu et vous ne recevrez pas de
réponse. Ce n’est que dans la chambre secrète que la prière est
véritablement une puissance : vous parlez et vous entendez, vous adressez
une demande et le Ciel vous donne une réponse. Si vous n’arrivez pas à
bien saisir ce qu’il vous dit, c’est que vous n’avez pas su utiliser vos
appareils ou que vous avez mal fermé la porte.
Référence biblique
124
20
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il
meurt, il porte beaucoup de fruits. »1
Le travail que l’alchimiste réalise sur la matière dans le creuset est en réalité
le travail de régénération que le disciple réalise dans ce creuset qu’est son
corps, et il doit y consacrer toute son existence. La matière régénérée sort
du creuset transformée en or : l’homme régénéré meurt à sa nature
inférieure pour naître à sa nature supérieure. C’est aussi le sens de cette
parabole de Jésus : « Si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ;
mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. » Cette phrase peut être
considérée comme un résumé du travail alchimique.
Pour que le grain de blé mis en terre se développe, il doit d’abord se diviser
; il devient donc 2. Alors apparaît le 3, le germe qui y était contenu et qui
puise dans les deux moitiés du grain les éléments dont il se nourrit.
Bientôt il ne reste plus que l’enveloppe, qui elle-même finit par disparaître.
On assiste donc à la mort du grain et cette mort est nécessaire pour que
naisse une vie nouvelle. En mourant la graine libère les puissances de vie
qu’elle contient. Dans l’être humain, c’est le moi inférieur qui doit mourir
afin de nourrir le principe divin, qui pourra alors croître, fleurir et porter des
fruits. Comme la nature, Jésus ne cesse de nous parler de vie, c’est-à-dire de
mort et de résurrection. Car ce que nous appelons la vie n’est en réalité
qu’une suite ininterrompue de morts et de résurrections. La mort est
toujours la promesse d’une vie nouvelle, et cette vie sera suivie d’une mort
pour que naisse encore une autre vie.53
si nous lui sacrifions notre nature inférieure ; ce qui est la vie pour l’une est
la mort pour l’autre. Voilà comment il faut comprendre cette parabole du
grain de blé.
Dans un autre passage des Évangiles Jésus dit aussi : « Celui qui voudra
sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la
sauvera ».2 Perdre sa vie à cause de Jésus signifie renoncer à son moi
humain limité, faible, pauvre, pour suivre le Christ afin de vivre la vie
divine et porter des fruits.
Références bibliques
« Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, et dent pour dent.
Ces paroles de Jésus signifient-elles qu’on doit non seulement supporter les
injures, les coups, mais encore s’exposer volontairement aux mauvais
traitements ? C’est ainsi qu’elles sont le plus souvent interprétées, mais je
ne pense pas que ce soit réellement leur sens. Être passif, soumis, se laisser
maltraiter, bien sûr, quand on ne possède pas la lumière qui donne la vraie
puissance, c’est tout ce qui reste à faire. Mais cette morale, bonne pour les
gens ignorants et faibles, ne doit pas durer éternellement. Il n’est nulle part
écrit que les gens de bien, les sages, les fils de Dieu, doivent toujours
accepter d’être tourmentés, massacrés, pour laisser triompher les imbéciles,
les malhonnêtes et les méchants. Il ne faut pas subir, car subir est une
situation d’esclave.
Moïse avait énoncé la règle : « œil pour œil, dent pour dent ». Puis Jésus est
venu enseigner une nouvelle morale : au lieu de répondre toujours avec la
pierre, le couteau, l’épée, les humains devaient apprendre à utiliser des
moyens plus nobles : la patience, la miséricorde, le sacrifice. Mais s’il
revenait maintenant, je pense qu’il dirait : « Désormais, il y a une conduite
127
On ne doit pas faire de mal à ses ennemis, mais on ne doit pas non plus
accepter la situation d’éternelle victime. Il y a une troisième méthode, la
meilleure : apprendre à les neutraliser en prenant exemple sur le soleil,
c’est-à-dire projeter une telle lumière que, lorsqu’ils voudront vous attaquer,
ils seront soudain éblouis, aveuglés. Et ensuite, vous leur ouvrirez les yeux
comme le Christ l’a fait avec Saul sur le chemin de Damas quand il allait
massacrer les chrétiens : il l’a terrassé, aveuglé par une projection de
lumière.2 Cette lumière produisit sur Saul un tel effet que c’est lui qui
ensuite, sous le nom de Paul, répandit le christianisme avec plus d’ardeur
encore qu’il n’en avait mis auparavant à le combattre. Si vous arrivez pour
un moment à éblouir quelqu’un, quand il reviendra à lui, est-ce qu’il voudra
continuer à vous affronter ?…
Au cours des âges, ceux qui ont guidé les peuples ont dû commencer par
leur enseigner la justice. C’était déjà un progrès, et c’est ce qu’a fait Moïse.
Quand Jésus est venu, il a dit qu’il existait quelque chose de supérieur à la
justice : la bonté, l’indulgence, le pardon. Mais on ne doit pas non plus
s’arrêter là, car pardonner seulement ne résout rien. On doit pardonner, bien
sûr, mais si quelqu’un vient vous attaquer, est-il interdit d’être plus fort que
lui ? Être plus fort que votre ennemi, et par un geste, par un regard, par une
vibration divine, lui faire sentir non pas tellement votre supériorité mais la
supériorité de l’esprit, voilà l’ambition que vous devez avoir. Quand
arriverez-vous à la réaliser ? C’est une autre question. Mais au moins
travaillez dans ce sens, afin de ne pas être toujours tiraillé entre la tendance
à riposter par la violence et celle de vous laisser maltraiter.
Il ne faut pas répondre au mal avec les mêmes armes que lui, mais chercher
à monter au-dessus de lui en utilisant d’autres armes. On pourrait comparer
l’être humain à une forteresse avec des remparts sur lesquels sont installés
des engins capables de cracher des flammes. Qu’est-ce qui vous empêche
de monter sur vos remparts et de braquer tous ces engins sur vos ennemis ?
Non seulement vous ne leur faites pas de mal, mais en lançant sur eux des
projections de lumière, vous chassez les éléments nocifs de leur tête et de
leur cœur. C’est cela, présenter l’autre joue.
Maintenant, je vous raconterai une petite histoire. Il était une fois un jeune
instituteur, intelligent et sympathique, mais pas très robuste physiquement.
Un jour, sur la place du village, il parlait avec d’autres jeunes gens, et il y
avait là un gaillard, très costaud mais un peu bébête, qui n’était pas
d’accord avec ce qu’il disait, et toute une discussion s’ensuivit.
Quand le gaillard comprit qu’il n’aurait pas le dernier mot, car l’instituteur
le dépassait par l’intelligence de ses arguments, il se mit en colère et lui
donna deux gros coups de poing qui le firent tomber à la renverse. Tous les
autres garçons se mirent à rire et à applaudir : la force physique, c’est quand
même quelque chose !
Le pauvre instituteur retourna chez lui, penaud, malheureux… Et voilà
qu’en rentrant, il passa devant l’étable où une vache venait de mettre bas.
Le petit veau était tellement mignon qu’il se pencha pour le caresser, puis il
129
le prit dans ses bras et il oublia son chagrin. Le lendemain et les jours
suivants, il retourna voir le petit veau pour le caresser et le soulever… Cela
dura comme ça un certain temps : le veau devenait de plus en plus lourd,
mais il continuait à le soulever, et ses muscles évidemment se
développaient.
Mais vous ne les jetterez pas, vous les remettrez doucement sur leurs pieds.
C’est ainsi que vous les aiderez à devenir plus raisonnables. Voilà la vraie
morale : sans leur faire de mal, vous leur donnez une leçon magistrale dont
ils se souviendront.
Il ne faut pas s’abriter derrière la faiblesse ; elle ne vous sauvera jamais, et
l’ignorance, et la paresse non plus. Alors, cherchez, exercez-vous en
prenant modèle sur le soleil. Nourrissez-vous de sa chaleur, de sa lumière…
Qui peut toucher le soleil sans se brûler ? Les ennemis se tiendront à
distance, ils n’oseront plus s’approcher, parce que vous serez devenu du feu
et des flammes. Devant la puissance spirituelle, on est toujours obligé de
capituler.
Vous direz : « Oui, mais tout de même, quand un ennemi voit que celui
auquel il s’attaque tend l’autre joue, devant cette humilité, cette abnégation,
il est confus, il demande pardon… » Pensez-vous ! Il ne se repent pas du
tout, il continue de plus belle. Il faut suivre l’exemple de cet instituteur qui
allait chaque jour soulever le petit veau. Exercez-vous pendant des années,
et un jour, quand vous rencontrerez vos ennemis, c’est à peine s’ils vous
130
reconnaîtront. Ils croyaient vous avoir terrassé, ils étaient tranquilles. Mais
devant ce qui émanera de vous, votre assurance, votre lumière, ils
comprendront que pendant qu’ils se reposaient sur leurs lauriers, vous étiez
en train de devenir formidablement puissant. Est-ce clair maintenant ? Cela
contredit certainement un peu l’idée que vous vous faisiez de la morale des
Évangiles. Mais réfléchissez, et un jour vous serez obligé d’accepter cette
nouvelle vision des choses.
Il n’y a que ça, s’exercer. Mais commencez par chercher à vous imposer à
vos ennemis intérieurs. Quand vous vous sentez triste, découragé, angoissé,
ce sont souvent des entités hostiles qui vous harcèlent comme des mouches,
des moustiques, des guêpes. Est-ce que vous devez les laisser vous envahir
et vous grignoter ? N’est-ce pas plutôt le moment de montrer votre
supériorité par des paroles et des actes ? Pourquoi rester comme ça à
souffrir ? Manifestez l’autre côté, c’est-à-dire la volonté, la force,
n’acceptez pas de traîner des pensées et des sentiments qui vous
affaiblissent, qui vous tuent. C’est ainsi que vous arriverez à vous imposer
un jour à vos ennemis extérieurs.
Il faut apprendre à se battre. Jésus n’a pas seulement dit de présenter l’autre
joue, il a dit aussi : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. »4 Et
avec une épée, on se bat. Jésus a déclaré la guerre aux ténèbres, mais ses
armes étaient la chaleur et la lumière, c’est-à-dire l’amour et la sagesse, la
vraie force. 54
Références bibliques
22
I. Le riche et le chameau
« Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille 131
Les commentateurs qui l’ont prise au sérieux n’y ont vu, le plus souvent,
qu’une très ferme condamnation des riches : l’avidité, l’égoïsme, la dureté
dont ils font généralement preuve, leur ferment la porte du Royaume de
Dieu qui est le royaume de l’amour. Et puisqu’il est plus facile pour un
chameau, qui est énorme, de passer par le trou d’une aiguille que pour un
riche – qui peut être très maigre – d’entrer dans le Royaume de Dieu, on
peut croire que les riches en sont définitivement exclus. Non, cette
explication est très insuffisante. Si Jésus s’est servi de ces images, ce n’est
pas tellement pour condamner les gens riches, mais parce qu’elles
correspondent à des réalités psychiques.
Qu’est-ce qui est énorme chez le riche et qui l’empêche de passer par la
porte du Royaume de Dieu ? Son corps astral, son corps des désirs. Car le
propre du corps astral est d’être insatiable : il ne cesse de pousser les êtres à
désirer toujours davantage, même si c’est au détriment des autres, et même
s’ils ont beaucoup plus qu’il ne leur faut. Quand il n’est pas discipliné,
éduqué, le corps astral prend des proportions démesurées. Rencontre-t-on
souvent des gens riches qui, voyant qu’ils ont la possibilité de s’enrichir
encore davantage, se disent : « Non, maintenant ce que j’ai me suffit » ? Il
en existe sans doute, mais pas beaucoup ! Généralement, plus ils possèdent,
plus ils veulent posséder, car ils se laissent gouverner par leur corps astral
qui n’est jamais rassasié. C’est lui qui les pousse à accumuler toujours plus
: l’argent, les objets, les terrains, les immeubles, les succursales, etc.
« Entrez par la porte étroite, car large est la porte et spacieux le chemin qui
mènent à la perdition... Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui
mènent à la vie. »1
Il existe une analogie entre le trou de l’aiguille par lequel, dit Jésus, un
chameau passerait plus facilement qu’un riche, et la porte étroite qui est
celle du salut. Cette porte étroite est la porte de l’Initiation. Car qu’est-ce
que l’Initiation ? Une longue ascèse au cours de laquelle l’homme apprend
à maîtriser sa nature inférieure. Que fait le serpent lorsqu’il doit se
débarrasser de sa vieille peau ? Il tâche de se glisser par un orifice étroit.
schéma) Jésus nous encourage tous à passer par cette porte étroite. C’est,
bien sûr, l’aboutissement d’un chemin, une épreuve difficile, mais il ne faut
pas avoir peur à l’idée de subir certaines privations. Au contraire nous
devons nous réjouir de perdre notre vieille peau, afin de devenir un être
nouveau avec une compréhension plus large, un coeur plus généreux, digne
d’un fils de Dieu, d’une fille de Dieu qui n’apportera aux autres que des
bénédictions.
Référence biblique
23
La tempête apaisée
« Ce même jour, sur le soir, Jésus dit à ses disciples : Passons sur l’autre
bord. Et laissant la foule, ils l’emmenèrent dans la barque où il se trouvait ;
et il y avait aussi d’autres barques avec lui. Il s’éleva alors un grand
tourbillon, et les flots se jetaient dans la barque, au point qu’elle se
remplissait déjà. Et lui il dormait à la poupe sur le coussin. Ils le
réveillèrent et lui dirent : « Maître, ne t’inquiètes-tu pas de ce que nous
périssons ? » S’étant réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : «
menacent souvent de faire chavirer. Le Christ, son Moi supérieur, est aussi
dans cette barque, et il faut le réveiller, c’est-à-dire faire appel à lui afin
qu’il se lève et ordonne à ces pensées et à ces sentiments : « Taisez-vous ! »
En s’éveillant, Jésus dit à ses disciples : « Pourquoi avez-vous ainsi peur,
comment n’avez-vous point de foi ? » Dans les Évangiles, Jésus parle
souvent de la foi à ses disciples, et de différentes manières. Ici, avoir la foi,
134
c’est savoir que dans les profondeurs de notre être vit une entité divine, le
Christ. Du moment qu’il se trouve dans notre barque, nous n’avons rien à
craindre : grâce à sa présence, même s’il dort encore, notre barque ne
chavirera pas, les forces hostiles sont tenues en respect.
C’était sans doute la première fois qu’un pareil événement se produisait, ils
n’avaient pas encore vu Jésus commander aux éléments. C’est pourquoi ils
se disaient ensuite avec étonnement : « Qui est celui-ci à qui même le vent
et la mer obéissent ? » Et ils découvraient le pouvoir du Verbe.
Dans le plan physique, un homme seul ou une femme seule ne peut pas
donner naissance à un enfant ; pour cela il faut être deux. Mais, par la
parole, chacun séparément peut devenir créateur grâce aux deux principes
masculin et féminin que sont la langue (principe masculin) et les deux
lèvres (principe féminin). Tous les Évangiles ne sont que l’illustration de
cette vérité. C’est grâce à la toute-puissance du Verbe que Jésus a fait des
miracles57. Il a dit au paralytique : « Lève-toi, prends ton lit et marche ! »2
135
Notre Père céleste qui nous a créés réclame de nous une foi identique à
celle que les disciples auraient dû manifester pendant la tempête. Puisque le
Christ est en nous, même s’il sommeille, nous devons rester paisibles et
confiants. Notre barque sera ballottée, mais elle ne chavirera pas tant que
nous saurons conserver en nous ce trésor précieux, l’enfant Christ. Il dort, il
est tout petit, mais il est là bien réel, immortel, et quand il s’éveillera, il
accomplira des prodiges. En attendant, veillez sur son sommeil en prenant
soin de répandre l’amour et la confiance autour de lui. Et si vous cherchez à
l’éveiller, tâchez au moins de ne pas le tourmenter avec des plaintes et des
soucis mesquins. Ne commencez pas à lui raconter les ennuis que vous
causent votre famille ou votre entourage, vos craintes de perdre de l’argent,
du prestige…
Même si le Christ n’est pas encore tout à fait éveillé en vous, c’est grâce à
votre foi que vous surmonterez les épreuves de la vie. Le Christ représente
la sagesse et l’amour, et lorsque des bouleversements se produisent dans
votre existence, si vous appelez la sagesse et l’amour à votre secours, vous
retrouverez bientôt la paix. La sagesse est capable de disperser les nuages,
de calmer les vents, et l’amour apaise la mer, car la sagesse agit sur le vent
(la pensée) et l’amour agit sur la mer (les sentiments). L’air et l’eau, le vent
et la mer sont des symboles éternels58.
Ceux qui ont écrit les Évangiles se sont appliqués à rapporter des
événements dont chaque détail présente des correspondances avec notre vie
psychique. C’est pourquoi des générations et des générations pourront
encore méditer longtemps sur la vie de Jésus et de ses disciples.
Références bibliques
1. « Ce même jour, sur le soir, Jésus dit à ses disciples : Passons sur l’autre
bord » –
Marc 4 : 35-41
24
136
« Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu
pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. »1
De quelle vie parle ici Jésus, puisque nous sommes déjà vivants ?… Ce sont
ces paroles qui, depuis le jour où je les ai lues, m’ont poussé à faire tant
d’études et de recherches pour comprendre ce qu’il appelle la vie.
Lisez attentivement les Évangiles et vous verrez que Jésus ne parle que de
la vie. C’est pourquoi nous avons besoin de revenir sans cesse sur cette
question.
Les humains cherchent les pouvoirs, la richesse, le savoir, l’amour… Eh
bien, non, c’est la vie, avant tout, qu’ils devraient chercher. Vous direz que
vous n’avez pas besoin de chercher la vie puisque vous l’avez : c’est ce que
l’on n’a pas qu’on doit chercher. Vous êtes vivant, c’est vrai, mais la vie
n’est pas la même chez tous les êtres, elle a des degrés. Depuis le minéral
jusqu’à Dieu, en passant par les végétaux, les animaux, les humains et les
hiérarchies angéliques, tout ce qui existe est vivant. Mais être vivant ne
suffit pas, il faut se demander de quelle vie on vit. Par sa conformation
physique, un être humain bien sûr mène la vie d’un humain. Mais
intérieurement, sa vie peut prendre toutes sortes d’aspects, celui des pierres
ou des animaux, comme celui des archanges. La vie dont parle Jésus et qu’il
veut apporter à tous les humains est la vie divine, ce courant qui jaillit pur
et limpide de la Source originelle. 59
Gardons cette image du fleuve, car elle nous éclaire sur cette unité infinie
qu’est la vie. 60 Depuis qu’elle est apparue dans l’univers, combien de
régions différentes elle a traversées ! C’est pourtant le même fleuve, et 137
S’il y a une chose que j’ai comprise en méditant les Évangiles, c’est que la
seule science qui vaut la peine d’être étudiée est la science de la vie. Et je
voudrais vous entraîner aussi avec moi. Car tous les autres sujets que vous
aborderez, toutes les autres activités que vous entreprendrez ne vous
apporteront vraiment quelque chose que si vous avez compris cette réalité
essentielle : la vie. Alors, au lieu d’en faire un moyen de satisfaire vos
désirs, vos ambitions, vos caprices, apprenez au contraire à la considérer
comme un but et employez toutes vos facultés à la renforcer, l’éclairer, la
purifier. Car sans la vie, il ne vous reste rien. Je ne nie pas la valeur de
certaines acquisitions, mais c’est grâce à la science de la vie que chaque
chose trouve vraiment sa place et son sens.
« Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Et moi je suis venu
pour qu’ils aient la vie… » Pourquoi Jésus oppose-t-il ainsi les intentions
du voleur à ses intentions à lui ? Parce que le voleur vient pour prendre
alors que Jésus, lui, vient pour donner. Et quel est ce voleur qui vient
prendre la vie des humains ? En réalité, il s’agit de plusieurs voleurs, et de
toutes sortes de vols. Certains sont au-dehors, mais la plupart sont surtout
en l’homme : ce sont les désirs et les convoitises qui l’obligent à 138
Voulez-vous devenir plus vivant ? Voulez-vous que votre vie devienne plus
intense dans ses vibrations, dans ses émanations ? Parmi les dizaines de
méthodes que je peux vous donner, retenez-en au moins une. Prenez
conscience de toute la vie qui existe autour de vous, partout dans la nature,
mais aussi chez les humains. Saluez les personnes que vous rencontrez,
tâchez de sentir en elles l’étincelle de vie divine, remerciez-les pour tout ce
qu’elles vous donnent ou font pour vous, et quelquefois sans même que
vous le sachiez. Devenir vivant, c’est toujours s’émerveiller, c’est toujours
voir les êtres et les choses comme si c’était la première fois.
Puisque la vie est le lien le plus fort qui nous unit à Dieu, pour devenir de
véritables fils et filles de Dieu nous devons travailler à diviniser notre
propre vie. Il est possible de trouver la religion dans les églises, mais elle
est d’abord dans la vie. C’est donc à nous d’entretenir une relation
consciente avec ses manifestations les plus puissantes et les plus belles.
L’étude de la vie doit se poursuivre sur des millions d’années, car c’est une
science sans fin, et c’est ce qui la rend tellement captivante. Une fois que
vous avez commencé, vous sentez que vous ne pourrez jamais vous arrêter.
C’est cette science, la plus dédaignée, la plus méprisée que j’ai choisie, tout
en sachant d’avance qu’il n’y aurait peut-être pas beaucoup d’amateurs
pour l’étudier avec moi. Alors, pourquoi je m’obstine ? Parce 139
Références bibliques
25
Suivre Jésus
« Jésus, voyant une grande foule autour de lui, donna l’ordre de passer à
l’autre bord. Un scribe s’approcha, et lui dit : Maître, je te suivrai partout
où tu iras. Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux
du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. »1
Il n’est pas dit que Jésus a accepté que cet homme le suive, et il n’est pas dit
non plus qu’il a refusé. Mais la réponse qu’il lui a faite : « Le Fils de
l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête » mérite d’être étudiée. Jésus
ne se plaignait évidemment pas de n’avoir aucun lieu pour dormir ou
prendre du repos, plusieurs passages des Évangiles révèlent au contraire
qu’il y avait toujours des maisons où il était bien accueilli. Mais il avait
certainement senti que même si cet homme était un scribe, c’est-à-dire un
docteur de la Loi, il était encore trop habité par des pensées, des sentiments
et des désirs qui l’empêcheraient de recevoir sa parole et de la mettre en
pratique. En assurant Jésus qu’il le suivrait partout, il était sans doute
sincère, mais il ne se connaissait pas. Et Jésus s’est servi de l’image des
tanières et des nids, qui sont des demeures d’animaux, pour lui dire qu’il
n’avait pas encore préparé en lui un lieu convenable pour recevoir l’esprit.
d’animaux qui ont d’autres besoins ! C’est pourquoi, malgré Jésus, malgré
un Maître, le monde de l’âme et de l’esprit leur reste fermé : il n’y a pas de
place en elles pour leur enseignement. Et souvent il vaudrait mieux qu’elles
s’en tiennent éloignées, car en voulant marcher sur un chemin qui n’est pas
fait pour elles, elles se trouveront prises un jour dans les pires
contradictions. Elles ne comprendront pas pourquoi rien ne se passe
conformément à ce qu’elles attendaient, et non seulement elles souffriront
et feront souffrir les autres, mais elles gêneront le travail de celui auprès
duquel elles prétendent s’instruire. Contrairement à ce qu’on peut croire, un
Maître spirituel ne tient pas à être entouré d’une foule de gens. Il sait que
son enseignement n’est pas pour tous, mais il souhaite que tous ceux qui
l’approchent reçoivent au moins quelques vérités qui les aideront à vivre.
Référence biblique
En apparence, bien sûr, la nature inférieure des humains est vivante, et bien
vivante ! C’est elle qui se manifeste partout dans leurs activités
quotidiennes, et jusque dans la littérature, les spectacles, les journaux, à la
radio, à la télévision… Mais cette vie-là est en réalité une marche vers la
mort. Dans leur tête, dans leur coeur, combien de gens passent leur temps
avec des morts ! Ils s’occupent d’eux, ils les accompagnent… Et ces morts,
cela peut être aussi des objets, des idées, des opinions, des sentiments. Le
conseil que donne Jésus de laisser les morts enterrer les morts, nous devons
le comprendre de tous les points de vue et l’appliquer dans tous les
domaines : la philosophie, la littérature, la religion, la science, l’art, la
politique, l’économie, la vie quotidienne…
« Et toi, suis-moi », ajoute Jésus. Pourquoi ? Pour être vivant. Car c’est du
côté du Christ qu’est la vie véritable. En réalité, nous sommes donc en
même temps morts et vivants. Il y a des vivants qui sont morts, puisqu’ils
s’occupent d’autres morts. Et il y a des morts qui n’ont pas cessé d’être
vivants, car durant leur existence terrestre ils ont, dans toutes les
circonstances, cherché à donner la première place à l’esprit en eux. Ils ont
choisi de suivre le Christ et même dans la mort ils demeurent vivants.
Pour choisir de suivre le Christ, il faut d’abord apprendre à se concentrer
sur l’essentiel. Or, les humains cherchent souvent leur nourriture dans ce
qui n’est pas essentiel. Ils passent la plus grande partie de leur temps dans
des occupations qui n’apportent rien à leur âme et à leur esprit.
« les morts » : des scories, des épluchures qu’il est inutile de conserver
parce qu’elles ont perdu les éléments de la vie divine.
habite en l’homme ne rejette pas le foie, les intestins ou les pieds sous
prétexte qu’ils n’ont pas des activités aussi nobles que lui. Tout est à sa
place et l’esprit s’en sert, c’est lui qui dirige. Mais dès que manque, au
centre, cette force qui unifie, qui gouverne, tous les éléments commencent à
se disperser, et c’est la mort qui s’ensuit, la mort spirituelle.
Les humains portent leur corps, ils vivent avec lui, ils le soignent, ils le
nourrissent, ils le lavent, l’habillent et le maquillent même, mais ils ne
s’occupent pas de déchiffrer ce que veut leur dire ce corps avec ses
membres et ses organes. Qu’ils étudient comment l’Intelligence cosmique a
pensé les choses en mettant leur corps au service de leur intellect, de leur
coeur, de leur volonté ; ils comprendront qu’ils doivent s’inspirer de cette
leçon pour la conduite de leur vie intérieure, et ils sauront mettre tout ce qui
est matériel et éphémère au service de ce principe éternel, leur esprit.
Le matériel et l’éphémère ont nécessairement un rôle à jouer dans notre
existence ; mais pour que ce rôle soit bénéfique, il faut les faire participer à
l’activité de l’esprit. Il ne suffit pas de multiplier les rencontres, les
informations, les connaissances, les aventures, même si, sur le moment,
elles donnent la sensation de vivre pleinement. Ce n’est pas « sur le
moment
» qui compte ; c’est, des années après, le bilan que l’on fait de sa vie. Voilà
pourquoi, de temps à autre, il est utile de réviser ses choix et ses activités en
se demandant : « Qu’est-ce que tout cela m’apporte vraiment ?… Est-ce
que je ne suis pas en train d’« enterrer des morts » ? Qu’est-ce que je peux
faire pour être plus vivant ? »
La vie, la vie divine existe en dehors de nous, mais elle existe aussi en nous,
nous en sommes imprégnés. Même s’ils sont peu nombreux, on rencontre
sur la terre des êtres qui ont compris la valeur, la beauté de cette vie et qui
la vivent. Alors, qu’y a-t-il de plus important que de se décider à participer
à leur travail ? À celui qui cherche la vraie vie, les puissances 143
célestes indiquent où sont les êtres qui l’ont trouvée afin qu’ils puissent
l’aider et l’entraîner avec eux. Même au milieu des plus grandes difficultés,
il ne se sentira jamais réellement isolé ou abandonné.
Les fils et les filles de Dieu ne pensent qu’à intensifier la vie en eux, à la
rendre pure, lumineuse, abondante, afin de la faire partager à tous. Ce n’est
pas d’eux que Jésus dira qu’ils sont des morts occupés à ensevelir d’autres
morts ; non, ils sont vivants car ils travaillent avec lui, ils le suivent pour
faire jaillir et couler la vie divine.
Références bibliques
Même s’il n’y a rien de mauvais à posséder de grands biens, ils sont autant
de liens qui, de toutes sortes de façons, attachent l’homme à la terre, à la
matière. Or, pour vivre la vie éternelle il faut être libre, avoir l’esprit libre.
Et peut-on être vraiment libre quand on a de grands biens à administrer ?
Sans parler des tentations qu’ils représentent. Il est si facile d’utiliser
l’argent et les possibilités qu’il donne pour obtenir ce qu’on 144
Référence biblique
« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi,
et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. »1
Voilà une très mauvaise compréhension de ses paroles. Tout être humain a
des devoirs envers ses parents, et s’il fonde une famille, il a des devoirs
envers sa femme, ou son mari, et ses enfants. Jésus n’a jamais demandé
que, 145
pour l’aimer et le servir, on transgresse les lois de la bonté et de la
générosité et qu’on fasse souffrir ses proches en les négligeant. Alors, que
signifie aimer Jésus plus que son père, sa mère, afin d’être digne de lui ?
Si Jésus dit que, pour être digne de lui, il faut l’aimer plus que son père, sa
mère, son fils ou sa fille, c’est qu’il pense à une autre famille que la famille
humaine, terrestre : la famille spirituelle. Ce n’est pas lui en tant que
personne qu’il nous demande d’aimer, mais le Père céleste à travers lui.
Car cet amour pour notre Père céleste, toute notre famille en bénéficiera.
Un être humain ne vient pas de rien et de nulle part, mais d’un père et d’une
mère. Il est leur fruit si l’on peut dire, et lui-même donnera des fruits : des
fils et des filles. Il est donc lié à ses parents comme à ses enfants. Et de
même qu’il leur manifeste son amour en les aidant dans le plan matériel, il
les aide dans le plan spirituel en aimant Jésus, le Christ, c’est-à-dire en
progressant sur la voie de l’amour et de la sagesse.
Celui qui aime Jésus plus que ses parents et ses enfants ne les prive pas 146
de l’amour qui leur est dû. Au contraire, il les aime d’un amour toujours
plus éclairé qui les soutiendra dans ce monde et dans l’autre.
Références bibliques
1. « Celui qui aime son père et sa mère plus que moi » – Matthieu 10 : 37
« Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il
renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ».1
Parce que Jésus a été crucifié, les chrétiens associent toujours la croix à sa
mort, et en mémoire de son supplice il est encore de tradition, dans certains
pays, que le Vendredi saint des hommes traversent les villes ou les villages
en portant une lourde croix sur l’épaule. De quelqu’un qui a de grandes
épreuves à subir, on dit aussi qu’il porte sa croix. Mais en réalité chaque
être, dès sa naissance, porte déjà une croix : la croix de sa destinée, car la
destinée de tout être est inscrite astrologiquement dans une croix.
Le zodiaque est composé de douze signes qui se répartissent sur trois 147
croix. Chaque croix est faite de deux axes qui se coupent à angle droit : les
axes Bélier-Balance et Cancer-Capricorne ; les axes Taureau-Scorpion et
Lion-Verseau ; les axes Gémeaux-Sagittaire et Vierge-Poissons. Et tout être
qui vient s’incarner sur la terre a, dans son thème de naissance, une croix
qui lui est propre ; cette croix est formée de quatre points cardinaux :
l’Ascendant et le Descendant, le Milieu du Ciel et le Fond du Ciel, et
suivant les signes du zodiaque dans lesquels se trouvent les branches de
cette croix, il a des indications sur ce que sera sa destinée.
Lorsque Jésus dit que pour le suivre nous devons nous charger de notre
croix, il parle de cette croix de la destinée que nous nous sommes
construite, forgée au cours de nos incarnations antérieures. Notre thème
astral indique les événements heureux ou malheureux qui nous attendent.
D’après la vie que nous avons menée dans nos existences antérieures, les
Seigneurs du karma ont décrété ce que sera notre croix dans cette existence-
ci, et leurs décrets sont justes. C’est pourquoi au lieu de se plaindre des
difficultés que l’on rencontre, il faut se dire : « Si je dois maintenant
affronter telle ou telle épreuve, c’est que dans une incarnation passée, je
n’ai pas su ou pas voulu résoudre les problèmes qui m’étaient posés, et ils
148
Jésus nous parle donc d’une croix inscrite dans le ciel de naissance de tous
les êtres, c’est la croix de leur destinée. Cette croix, il ne faut ni chercher à
l’ignorer ni se laisser écraser par elle, mais la porter consciemment. Et c’est
pourquoi il précise : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à
lui-même… » Ici, ce « lui-même » auquel l’homme doit renoncer, c’est son
moi inférieur qui le pousse à rechercher la facilité, le plaisir, à fuir le travail
et les responsabilités. Plus il se laisse guider par son moi inférieur, plus il
tombe sous l’emprise de la matière, et il limite les pouvoirs de l’esprit en
lui. En cherchant à échapper aux efforts, il provoque les lois sévères qui
régissent la destinée de chaque être, et les 149
Ne fuyez pas les difficultés, mais cherchez à bien comprendre leur sens et
faites ce qui est nécessaire pour les surmonter. Dites-vous que, souvent, ce
qui paraît facile au premier abord est en réalité très difficile, et inversement.
Alors, choisissez le chemin le plus difficile en disant : « Ce sont là les
devoirs dont j’ai à m’acquitter : que de choses à apprendre ! » Si vous faites
vraiment des efforts, le Seigneur enverra ses anges pour alléger vos
épreuves. Tandis que si vous choisissez la route facile, vous aurez
également des anges pour compagnons, mais des anges d’une autre nature,
car parmi les anges il y a aussi des agents de police, des gendarmes, des
gardiens de prison !
150
Avez-vous remarqué que certaines croix données aux personnes qu’on veut
récompenser pour leurs mérites ont justement la forme d’une croix de Malte
? Instinctivement, les humains retrouvent les archétypes révélés par la
science spirituelle et s’inspirent de ces archétypes.
« Prenez votre croix », car c’est en portant notre croix que nous nous
libérerons.
Et dans un autre passage des Évangiles, Jésus présente une idée analogue en
utilisant non plus l’image de la croix, mais celle du joug et du fardeau. Il dit
: « Prenez mon joug… car mon joug est doux et mon fardeau léger. »2
Qu’est-ce qu’un joug ? Une pièce de bois qui sert à atteler des boeufs.
Les humains se croient libres, ils croient être leurs seuls maîtres, et en
réalité ils sont esclaves de leur nature inférieure tellement avide de biens et
de succès matériels ; ou alors ils se mettent au service de gens qui les
utilisent dans leur seul intérêt. Et comme c’est le Principe divin, le Christ,
qui s’exprime par la bouche de Jésus, ce joug, ce lien, ce fardeau dont il
parle, c’est la lumière. Quel lien peut être plus doux que la lumière, et
quelle charge plus légère ? La lumière est une attache qui nous libère et une
charge qui nous allège.
Références bibliques
1. « Alors Jésus dit à ses disciples : si quelqu’un veut venir après moi » –
Matthieu 16 : 24
26
« Quiconque entend les paroles que je dis et les met en pratique sera
semblable à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est
tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre
cette maison : elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur le roc.
Mais quiconque entend ces paroles que je dis et ne les met pas en pratique
sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La
pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu
cette maison : elle est tombée et sa ruine a été grande. »1
La maison dont parle ici Jésus n’est pas le bâtiment où un homme peut se
mettre à l’abri avec sa famille et ses biens. Cette maison, c’est son for
intérieur, la partie la plus intime, la plus précieuse de lui-même. Voilà la
maison qu’il doit construire sur le roc, la seule base solide, et non sur le
sable où les intempéries menacent de l’abattre. Ces intempéries, ce sont ses
sentiments (la pluie et les torrents) et ses pensées (le vent) qui ne cessent de
l’assaillir parce qu’il n’a pas appris à maîtriser les mouvements de son cœur
et de son intellect.
152
Dans le plan astral rien n’est jamais ni stable, ni sûr. Et le plan mental, le
monde des pensées, n’est pas plus sûr : combien de fois changez-vous
d’opinions au gré de ce que vous croyez être vos intérêts ! Et là encore, que
de déceptions !
Ces intempéries dont parle Jésus, ce sont aussi les événements de la vie
auxquels on n’est pas préparé à faire face parce qu’on n’a pas su où placer
intérieurement sa maison, son abri. Pour pouvoir se défendre, pour dominer
les situations, il faut savoir changer de plan, c’est-à-dire se dégager des
plans astral et mental – les sentiments et les pensées inspirés par la nature
inférieure – et s’élever jusqu’au plan causal. Le plan causal, c’est lui le roc
sur lequel Jésus nous conseille de bâtir notre maison. (Voir schéma)
153
Ces conditions, vous pouvez les réaliser si, chaque jour, par la prière et la
méditation, vous vous efforcez de monter très haut, le plus haut possible.
Peu à peu vous sentirez les répercussions de ce travail sur vos pensées, vos
sentiments, votre comportement quotidien et même sur votre santé. Ce sera
comme si des ordres étaient donnés d’en haut pour tout organiser et
harmoniser en vous.62 Et même pourquoi ne pas imaginer que vous faites
l’ascension d’une montagne ? Cette image vous amènera vers une autre
montagne au-dedans de vous, et puis encore une autre. Jusqu’au jour où
vous atteindrez le sommet, le plan causal, votre Moi supérieur.
Dans l’Ancien Testament, dans les Psaumes en particulier, Dieu est souvent
appelé le Très-Haut parce que, symboliquement, c’est sur les hauteurs que
se trouve la puissance.632 Alors, n’oubliez jamais que c’est en haut
seulement que, vous aussi, vous trouverez la véritable puissance, la maîtrise
des orages et des tempêtes, et donc la véritable sécurité. Jamais plus les
intempéries n’abattront votre demeure.
Références bibliques
27
donnez gratuitement »
Parce qu’on ne leur a jamais appris à reconnaître les richesses qu’ils ont
reçues et reçoivent encore. Alors, comment seraient-ils reconnaissants ? Ils
sont toujours en train de se plaindre : il leur manque ceci ou cela, on les
prive de ce qui leur est dû, d’autres qui ne le méritent pas sont plus
privilégiés. Et alors, si on leur parle de donner !… Mais qu’ils commencent
par prendre conscience de tout ce qu’ils ont reçu du Créateur, ils
comprendront le sens de la parole de Jésus : « Vous avez reçu gratuitement,
donnez gratuitement. »1
« Mais nous ne croyons pas en Dieu », diront certains. Eh bien qu’ils 154
pensent à tout ce qu’ils doivent à la nature. Les éléments dont leur corps est
formé et tout ce qui leur permet de subsister : l’air, l’eau, la nourriture, la
lumière et la chaleur du soleil, les matériaux dont ils fabriquent leurs
vêtements, leurs maisons, leurs outils… de qui les ont-ils reçus ? Ils sont
souvent fiers, et à juste titre, de leur ingéniosité, mais d’où ont-ils tiré les
matériaux à partir desquels ils fabriquent leurs instruments, leurs appareils
et même leurs œuvres d’art ? De la nature. Or, non seulement ils ne sentent
pas qu’ils devraient lui donner quelque chose en retour, mais ils la salissent
et gaspillent ses richesses. Ils ne se rendent pas compte qu’en agissant ainsi,
ils transgressent les lois de l’ordre cosmique dont le symbole est la balance :
puisqu’ils reçoivent gratuitement, ils doivent aussi donner gratuitement.
attentifs, bons et généreux envers les créatures qui les entourent, non
seulement les humains mais aussi les animaux, les plantes. Ces entités ne
demandent rien d’autre.
À tous les êtres visibles et invisibles qui nous aident à vivre, à grandir, nous
devons offrir quelque chose en échange. C’est ainsi qu’ils nous
reconnaissent et deviennent nos amis. Dans le monde spirituel aucune âme
ne peut recevoir quelque chose d’une autre âme sans lui donner en retour
une joie, un regard, un rayon. « Vous avez reçu gratuitement, donnez
gratuitement », mais combien de personnes n’attendent même pas de
recevoir : elles prennent ! Matériellement, affectivement, mentalement,
elles pensent surtout à prendre : les situations, les événements, les humains
ne les intéressent vraiment que dans la mesure où elles auront là quelque
chose à prendre. C’est pourquoi dans la société comme dans le monde
tellement de problèmes restent insolubles !
156
Référence biblique
28
Pourquoi je vous parle de la lampe à pétrole ? Parce que l’être humain est
aussi une sorte de lampe. S’il alimente sa flamme avec du pétrole, c’est-à-
dire s’il se laisse aller à des sentiments grossiers, vulgaires, ils se déposent
comme de la fumée, de la suie dans son corps astral, et la lumière en lui, les
rayons de son Moi supérieur ne peuvent pas traverser cette couche opaque.
Il reste dans l’obscurité, aveugle au monde divin, jusqu’au jour où il
apprendra à brûler de meilleurs combustibles, des sentiments qui ne
dégagent aucune impureté. Si les Initiés, les sages voient des choses que les
autres ne peuvent pas voir, c’est qu’ils ont longtemps travaillé à rendre leur
matière psychique transparente pour leur Moi supérieur, dont les rayons se
projettent au loin, rendant visible pour eux tout un monde subtil.
Alors, celui qui veut devenir clairvoyant doit apprendre à aimer. Il faut que
son coeur appelle au secours, comme les deux aveugles de l’Évangile.
Assis sur le bord d’un chemin, ils avaient entendu dire que Jésus passait et
ils crièrent : « Aie pitié de nous, Seigneur ! » Jésus s’arrêta et leur demanda
ce qu’ils voulaient. Ils répondirent : « Que nos yeux s’ouvrent ».1
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? – Que mes yeux s’ouvrent ! » Et
comme ces deux aveugles, vous serez exaucé : vos yeux s’ouvriront.
« Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu »,2 a dit Jésus
dans le Sermon sur la montagne. En réalité, pour voir Dieu avec nos yeux
intérieurs, la pureté du coeur ne suffit pas, il faut encore celle de l’intellect,
de l’âme et de l’esprit. Mais il est vrai que dans notre vie psychique, le
travail de purification doit commencer par le coeur, car c’est dans le coeur,
qui correspond au plan astral, que les impuretés s’accumulent d’abord : les
convoitises, la jalousie, la colère, la haine, le désir de vengeance, etc. Ceux
qui ont purifié leur coeur de tous les désirs et sentiments inférieurs
commencent à voir Dieu, c’est-à-dire à sentir sa présence, son amour. Mais
Dieu est encore bien au-delà. Pour Le voir, il faut pouvoir s’élever jusqu’à
la sainteté de l’esprit.
Maintenant, que signifie réellement « voir Dieu » ? S’il est écrit dans la
Bible qu’Il est apparu aux patriarches, aux prophètes et leur a parlé, c’est
que pour présenter aux humains les vérités du monde spirituel, il faut les
leur rendre accessibles. Et elles dépassent tellement leurs capacités
ordinaires de compréhension ! Ce qui est petit ne peut pas comprendre
l’immensité, ce qui est limité ne peut pas comprendre l’illimité, ce qui est
fini ne peut pas comprendre l’infini. Quand le comprendra-t-il ? Quand il
entrera dans l’immensité, quand il se fusionnera avec elle, quand il
participera de sa vie. À ce moment-là, oui, il connaîtra ce que sont l’illimité
et l’infini.
Tant qu’une goutte d’eau est séparée de l’océan, bien qu’elle ait une
composition identique, elle ne peut pas le connaître. Mais si elle retourne à
l’océan, on ne peut plus l’en séparer, elle devient l’océan, et en devenant
l’océan, elle le connaît. Il en est de même pour l’être humain : tant qu’il se
pense séparé de Dieu, il ne peut pas Le connaître. Mais s’il se fond et se
perd en Lui, à ce moment-là il Le connaîtra, parce qu’il deviendra Lui.
Se purifier est toujours la condition essentielle, et pour que ce soit plus clair,
je vous donnerai une autre image. Vous avez du mercure que vous avez
éparpillé en petites gouttes. Maintenant rapprochez-les : elles s’unissent
pour n’en former à nouveau qu’une seule. Mais si sur ces gouttes qui ont été
158
éparpillées sont tombés quelques grains de poussière, quoi que vous fassiez
ensuite pour les réunir, elles resteront séparées. Eh bien, c’est ce qui se
passe aussi avec nous. Le Seigneur est la splendeur, la lumière, l’immensité,
et c’est seulement quand nous aurons enlevé les couches d’impuretés
accumulées en nous, que nous parviendrons à nous fusionner avec Lui, et
donc à « Le voir », au sens où Jésus l’entend. Cependant, la vérité, c’est que
personne n’a jamais vu Dieu.
Vous demanderez : « Mais Jésus, lui, il n’a pas vu Dieu ? » Là encore, cela
dépend ce que l’on comprend par « voir ». En s’identifiant au Christ, Jésus
a vu Dieu, parce que le Christ, le Fils, deuxième personne de la Trinité, est
fondu dans le Père, il est le seul qui contemple le Père, parce qu’il est un
avec Lui. Mais le Christ est un esprit cosmique, et si un être humain, Jésus,
ou un autre grand Initié, a vu Dieu, c’est qu’il s’est identifié à l’esprit du
Christ, mais il est impossible qu’il L’ait vu de ses yeux.65
Personne n’a jamais vu Dieu. On peut sentir sa présence, on peut même voir
ses manifestations : des éclairs, des projections de lumière, mais on ne peut
pas voir l’Auteur de ces manifestations, car il est impossible à des yeux
physiques de voir Dieu, tout simplement. Pour voir un objet ou un être, il
faut qu’il ait une forme, des dimensions, des limites, qu’il soit situé quelque
part dans l’espace et dans le temps ; or, Dieu échappe à l’espace et au
temps. Nous ne pouvons donc apercevoir de Lui que des reflets, des
manifestations éparses partout, parmi les pierres, les plantes, les animaux, et
surtout parmi les humains : dans leurs pensées élevées, leurs sentiments
généreux, leurs gestes de bonté ou de courage, dans leurs oeuvres d’art.
Plus nous nous purifions, plus nous distinguons des traces de Dieu, la vie, le
parfum, la musique de Dieu. Quand nous contemplons le soleil, nous
pouvons dire : « J’ai vu Dieu dans sa lumière, j’ai senti Dieu dans sa
chaleur, et maintenant je suis plus vivant. »66 Mais raconter qu’on a vu
Dieu et qu’on a parlé avec Lui, non.
Il n’y a que des inconscients et des insensés pour prétendre avoir vu Dieu
face à face et parlé avec Lui. Que celui qui veut voir Dieu, commence par
s’élever au-dessus de ses préjugés et de ses partis pris, qu’il apprenne à
regarder les êtres et les choses avec des verres disons… incolores, et ce sera
déjà beaucoup. Les coeurs purs sont des verres incolores, voilà une
définition ! Et c’est ce que nous enseigne le cristallin de notre oeil.
Pourquoi l’appelle-t-on justement « cristallin » ? Le cristallin n’est ni jaune,
ni vert, ni bleu, c’est une pure transparence, sinon nous ne pourrions pas
voir objectivement le monde autour de nous.
159
Quand on n’aime pas, on ne voit pas les magnifiques qualités des autres ni
les beautés de la nature, et non seulement on ne les voit pas, mais on ne
cesse de critiquer et même de corriger le Créateur. Tant de gens prétendent
qu’Il a mal fait les choses ! Il est évident qu’à sa place ils les auraient faites
autrement… et mieux ! Avec cette attitude déplorable ils n’entreront jamais
dans le royaume des mystères car, contrairement à ce qu’ils pensent, Dieu a
créé le monde d’une façon inexprimablement sage et belle.
Pour moi, la seule véritable clairvoyance est celle qui permet de voir les
réalités du monde spirituel, c’est-à-dire de capter ce qui existe de plus subtil
dans la nature et dans les âmes humaines. La clairvoyance qui consiste à
voir les événements passés ou à venir, ou bien les esprits du monde astral,
n’a rien de si extraordinaire. Tout le monde ou presque peut l’acquérir par
certains exercices, par l’absorption de certaines drogues ; mais ces moyens-
là ne mènent pas très loin et ils présentent même de grands dangers pour le
psychisme.
Il ne faut pas se leurrer, les humains ne captent de l’invisible que les réalités
correspondant au niveau de conscience qu’ils ont eux-mêmes atteint. Il
n’est donc pas étonnant que la plupart des clairvoyants voient surtout les
accidents, les maladies, les catastrophes qui se préparent, ainsi que les
entités inférieures qui circulent parmi les humains. J’ai connu des
personnes, des femmes surtout, qui souhaitaient perdre leur don de voyance
tellement elles souffraient de ce qu’elles voyaient dans le monde astral, 160
parce qu’elles ne parvenaient pas à s’élever plus haut. Pour voir les esprits
lumineux, les anges, les archanges, il faut pouvoir s’élever intérieurement
très haut. La seule clairvoyance à rechercher est celle qui fera de nous un
prisme de cristal, un pur cristal qui laisse passer la lumière céleste. Voilà
pourquoi Jésus disait : « Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront
Dieu. »
161
Quand on a longtemps travaillé à se purifier, peu à peu, par l’intermédiaire
de Iésod, toutes les qualités et les vertus des autres séphiroth se concrétisent
dans Malhouth, le plan physique, la dixième séphira située au-dessous de
Iésod. Il a existé des êtres qui n’avaient jamais étudié, qui n’avaient jamais
lu un livre, leur seul désir était de se purifier.
« Heureux ceux qui ont le coeur pur car ils verront Dieu », on peut lire
l’essentiel de la morale divine.
Références bibliques
1. « Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu » – Matthieu 5 :
8
29
Le sel de la terre
Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui
rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les
hommes. »1
Cette parole de Jésus peut avoir des applications tellement vastes ! Mais il
faut d’abord s’arrêter sur le mot « sel ». On croit bien connaître le sel
puisqu’il fait partie de notre vie quotidienne, et particulièrement de notre
alimentation. Avant chaque repas, on met le sel sur la table comme on met
l’eau et le pain, ça paraît tout naturel. On oublie de combien de péripéties
est jalonnée son histoire, depuis qu’il est apparu dans l’océan primitif d’où
peu à peu la terre a émergé. Il est inséparable de nos origines, nous avons de
lui un besoin vital. Tant d’aliments aussi nous paraîtraient insipides si nous
n’y ajoutions pas du sel ; et il ne leur donne pas seulement de la saveur, on
l’utilise aussi pour leur conservation.
À quoi pensez-vous quand vous mettez du sel dans un plat ou dans votre
assiette ? Vous goûtez un peu pour vérifier si ça suffit, et c’est votre langue
qui vous répond pendant que votre pensée, souvent, se promène ailleurs.
Étant donné les pouvoirs et les vertus du sel, Jésus, en révélant à ses
disciples qu’ils étaient « le sel de la terre », leur confiait une mission
grandiose. C’est comme s’il leur disait : « Grâce à vous, la terre prendra de
la saveur. Vous conserverez tout ce qui est bon et beau, et vous donnerez un
sens à la vie. Car c’est cela le sens de la vie : une saveur. Vous êtes porteurs
du sens de la vie que je représente, et avec vous tout prendra aussi un sens
dans le monde. Restez donc vigilants, ne perdez jamais votre qualité de sel
». Cette mission que Jésus a donnée à ses disciples, il nous la donne à nous
aussi. Des philosophes font d’interminables dissertations sur le sens de la
vie. En réalité, c’est très simple : le sens de la vie est dans le goût que nous
trouvons aux êtres et aux choses, et c’est l’esprit, oui, l’esprit en nous qui,
comme le sel, leur donne ce goût.
Maintenant que les sciences et les techniques leur en ont donné les
possibilités, nos contemporains se jettent à corps perdu dans l’exploitation
de toutes les ressources que leur offre le monde physique. Ils ignorent que
s’ils acceptaient de développer davantage leurs possibilités intérieures, non
seulement ils auraient moins besoin de piller les ressources de la planète et
d’exploiter leurs frères humains, mais ils sentiraient qu’à la différence des
richesses matérielles, leurs richesses intérieures sont inépuisables, infinies.
164
Ce n’est là qu’un exemple. Le clergé vis-à-vis des fidèles, les parents et les
éducateurs vis-à-vis des enfants, les patrons vis-à-vis des employés, etc.,
dans tous les domaines de l’existence on peut constater comment ce qui
émane du plus profond des êtres influence la matière psychique et, par voie
de conséquence, le comportement de ceux qu’ils fréquentent. Vous-même,
vous avez dû également le constater. N’y a-t-il pas des êtres que vous aimez
plus particulièrement voir et rencontrer parce qu’à leur simple contact vous
avez l’impression de devenir meilleur, plus intelligent, plus confiant en
l’existence, et que physiquement aussi vous vous sentez mieux ?
Alors, puisque vous avez constaté que les éléments des plans subtils
peuvent susciter en vous des états de conscience tellement bénéfiques,
décidez-vous à chercher et à fouiller en vous-même pour y trouver les
mêmes éléments : vous serez moins poussé à prendre ce qui appartient à
d’autres et dont ils ont parfois plus besoin que vous. Mais surtout, vous
sentirez que la source des richesses en vous est inépuisable et qu’avec peu
de choses vous êtes rassasié, désaltéré, comblé. On en revient donc toujours
à la même question : comment libérer l’esprit en nous, cet esprit que Jésus
appelle « le sel de la terre » ?
C’est sur nous, sur l’esprit en nous que nous devons compter. Oui, 165
Tout peut nous abandonner, nous pouvons tout perdre, tout, sauf nous-
même, notre esprit. Alors, pourquoi ne pas chercher là, en nous, puisque
c’est la seule possession, la seule certitude que nous ayons vraiment ? Nos
succès et nos joies, bien sûr, mais surtout nos épreuves et nos peines, tout
peut nous servir à rechercher ce sel qui vivifiera et purifiera la terre, notre
propre terre d’abord, et ensuite toutes les terres autour de nous, tous les
êtres humains.
Aujourd’hui, je voudrais que vous vous imprégniez de cette vérité, la plus
importante pour votre évolution. Elle a déjà été exprimée ici et là dans les
livres de quelques auteurs, mais insuffisamment ; et c’est cette vérité que
Jésus nous oblige à creuser en disant : « Vous êtes le sel de la terre. » Allez
donc fouiller en vous pour trouver toutes les richesses que Dieu y a
déposées. Bien sûr, elles ne sont pas très apparentes, car ce qu’Il nous a
donné de plus précieux est profondément enfoui en nous. Mais grâce à cet
effort que nous ferons pour les découvrir et les utiliser pour le bien de tous,
nous grandirons dans le monde de l’esprit.
Références bibliques
2. Élisée assainit les eaux d’une source en y jetant du sel – Deuxième livre
des Rois 2 : 19-22
166
Toutes les nations, les sociétés qui perdent leur sel sont piétinées, jusqu’à ce
qu’elles arrivent à le retrouver.
Malgré leur apparence humaine, combien de créatures restent
intérieurement semblables aux pierres ! Elles sont, comme elles, incapables
de se mouvoir, il faut sans cesse les pousser pour qu’elles changent de
place. Et un jour, la vie, les événements les cassent à grands coups de
marteau pour en faire des routes, des ponts, des murs. Ce ne sont là que des
images, mais elles reflètent une réalité. Que ces créatures fassent au moins
l’effort de sortir du règne minéral pour devenir des plantes et croître ! Plus
tard, comme les animaux, elles apprendront à se mouvoir sans avoir besoin
d’être cueillies, arrachées ou transplantées. C’est un grand avantage d’être
autonome, de pouvoir se déplacer sans intervention extérieure. Les animaux
sont capables de chercher leur nourriture, d’échapper aux dangers, de se
mettre à l’abri des intempéries. Le jour où, dans leur vie intérieure, les
humains auront développé ces mêmes capacités, ils auront fait de grands
progrès. Mais il leur restera encore à accéder réellement au règne humain,
c’est-à-dire au monde de la pensée, de la raison, afin de se rendre maîtres de
leur destinée.
d’indéfinissable, une sorte de charme qui attire l’attention et fait qu’on les
recherche. On est attiré par ce « sel » qui donne de la saveur à leurs paroles,
à leurs regards, à leurs gestes. Même quand elles restent immobiles et
silencieuses, on sent en elles quelque chose de spécial. Mais si elles ne sont
pas conscientes que c’est là un don du Ciel à préserver, à cultiver, si elles se
laissent aller à une existence prosaïque, elles perdent ce sel, elles
deviennent insignifiantes, ternes, et on n’a plus tellement le désir de les
rechercher, on ne les remarque même plus. C’est aussi ce que Jésus sous-
entend quand il dit : « Si le sel perd sa saveur, il ne sert plus qu’à être jeté
dehors et foulé aux pieds… »
167
Les sages, les Maîtres spirituels ne sont pas tout-puissants, et ils le savent,
c’est pourquoi ils s’occupent seulement de ceux qui, dans l’échelle de
l’évolution, représentent au moins des plantes. Ils ne peuvent rien pour une
pierre, puisqu’elle ne bouge pas : il faut encore et toujours la pousser, lui
donner un élan pour qu’elle change de place. Cet élan épuisé, elle s’arrête
jusqu’au moment où elle recevra, du dehors, une nouvelle impulsion.
Tandis qu’en présence d’une plante, un sage se dit : « Je vais m’occuper
d’elle, je la mettrai en terre et elle se développera. Bien sûr, de temps en
temps j’aurai à l’arroser, à la nourrir, mais elle sera capable de grandir sans
mon aide. » Quant à l’animal, il est capable de subvenir seul à sa nourriture,
et c’est encore mieux.
Ceux que leurs instincts, leurs émotions, leurs sentiments mettent sans cesse
en mouvement ont atteint le stade animal. C’est bien, mais c’est encore
insuffisant. Qu’ils étudient, qu’ils pensent, qu’ils réfléchissent et ils
entreront dans le royaume des hommes ! Et s’ils parviennent un jour à
mettre l’esprit à la première place, ils entreront dans le royaume des anges.
Référence biblique
168
Les pierres sont là, immobiles, inertes, on n’a rien à leur reprocher, elles
sont conformes à la mission que le Créateur leur a donnée. Mais à l’être
humain, le Créateur a donné une autre mission, celle de faire descendre
l’esprit, d’être habité par l’esprit, pour que tout ce qui était inanimé en lui
soit vivifié. Il a de grands obstacles à surmonter avant que l’esprit pénètre
profondément la matière de son être, mais c’est là son travail : réveiller les
puissances que le Créateur a placées en lui afin de réaliser pleinement sa
prédestination divine. Désormais, vous savez ce que vous avez à faire, il
vous suffit de vouloir le faire. C’est quand on ne veut pas travailler qu’on
prétend ne pas savoir clairement en quoi consiste le travail spirituel ; et là,
on n’est pas honnête envers soi-même, c’est tout. Celui qui veut vraiment
travailler reçoit l’enseignement et les conseils nécessaires ; s’il refuse, il
sera comme ce sel qui a perdu sa saveur, et il devra souffrir pour la
retrouver.
C’est aussi le sens de cet autre passage des Évangiles où Jésus fait mention
du sel : « Car tout homme sera salé de feu. »1 Quel lien y a-t-il entre le feu
et le sel ? Comme le sel, le feu est un symbole de l’esprit, et le sel, comme
le feu, brûle. Or, le feu existe sous différentes formes. Je vous ai plusieurs
fois parlé des différentes sortes de feux. Le feu est synonyme de vie, mais il
est aussi synonyme de souffrance et de mort. Le feu soutient la vie, mais il a
également le pouvoir de la détruire, et de la détruire radicalement : il ne
reste plus rien. Il en est de même du sel : le sel qui est tellement lié aux
origines de la vie et qui la conserve, a aussi le pouvoir de la détruire, il la
brûle. Ce que les anciens Hébreux appelaient la Mer salée, nous l’appelons
aujourd’hui la Mer morte, car le sel a rendu toute vie impossible. Dans l’
Ancien Testament, lorsque Dieu veut punir les hommes de leur méchanceté,
il arrive, comme il est écrit dans les Psaumes qu’« Il change le pays fertile
en pays salé. »2 De même, il est écrit qu’Il fit tomber le soufre, le sel et le
feu sur Sodome et Gomorrhe. Et parce que la femme de Loth ne respectait
pas l’ordre qu’Il avait donné de ne pas se retourner en fuyant ces villes, Il la
transforma en statue de sel.3
Le sel, comme le feu, peut donc être porteur de mort comme il est porteur
de vie. Ainsi, lorsque Jésus dit : « Tout homme sera salé de feu », cela
signifie que personne ne peut échapper au sel et au feu. Ceux qui ont
accueilli l’esprit en eux et qui ont travaillé avec lui, seront salés au feu de
169
la vie, tandis que ceux qui se sont opposés à l’esprit, seront salés au feu de
la souffrance et de la mort. C’est une loi à laquelle il leur sera
malheureusement impossible d’échapper. Vous demanderez : « Mais si on
arrive à garder et à augmenter le sel en soi, on ne souffrira plus ?» Si, bien
sûr, on souffrira, car sur la terre il est impossible d’échapper à la souffrance,
mais ce ne sera pas la même sorte de souffrance. La souffrance de celui qui
a perdu son sel est terrible, car il a introduit la mort en lui, et une fois que la
mort est entrée, quelles armes a-t-il pour lutter et reprendre le dessus ?
Tandis que s’il a su garder son sel, la souffrance deviendra pour lui une
bénédiction, car il saura comment l’utiliser pour grandir dans la lumière et
goûter la plénitude de la vie.
Références bibliques
Jésus avait dit à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre ».1 Plus tard, il a
encore ajouté : « Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec
les autres ».2 Quel lien y a-t-il entre le sel et la paix dans laquelle il leur
demande de vivre, cette paix qui doit aussi régner entre tous les humains ?
Dans certains pays la coutume est d’offrir le sel avec le pain en signe de
bienvenue. Cela sous-entend que l’on souhaite établir des relations
harmonieuses avec les personnes que l’on accueille… Car le pain et le sel
se trouvent toujours sur la table autour de laquelle on se réunit pour un
repas, et manger ensemble est généralement une marque de bonne entente.
Alors, quel est ce sel en nous qui nous permettra de vivre en paix les uns
avec les autres ? Dans une de ses conférences, le Maître Peter Deunov disait
: « Ce n’est que par le sel, par cet équilibre entre votre intellect et votre
coeur, que vous rétablirez la paix en vous et que vous comprendrez le
monde divin. » Pour interpréter ce sel qui représente l’équilibre entre
l’intellect et le coeur, c’est vers la chimie et même l’alchimie que nous 170
La chimie appelle « sel » le produit résultant de l’action d’un acide sur une
base. L’acide est une substance active, dynamique, qui peut être assimilée
au principe masculin ; et la base est une substance passive, réceptive, qui
peut être assimilée au principe féminin. En présence d’un acide la base
réagit pour donner un sel. Le sel est donc le produit, l’enfant, le fruit du
père acide et de la mère base.
Père, mère, enfant, voilà la première cellule familiale. Que ce soit dans le
plan physique, psychique ou spirituel, toute manifestation est fondée sur
trois principes, les deux premiers donnant naissance au troisième. Ce
schéma est la répétition du schéma originel : les deux grands principes
cosmiques masculin et féminin, le Père céleste et la Mère divine, qui
s’unissent pour créer. Tout ce qui existe est le produit de l’union de ces
deux principes. Toutes les manifestations dans l’univers sont le résultat de
la rencontre d’un principe masculin et d’un principe féminin.
Sur ce modèle père, mère, enfant, on peut former ainsi plusieurs familles :
sagesse, amour, vérité ; intellect, coeur, volonté ; pensée, sentiment, action ;
lumière, chaleur, mouvement ; acide, base, sel. En effet, la vérité est
l’enfant de la sagesse et de l’amour ; la volonté est l’enfant de l’intellect et
du coeur ; et l’action est l’enfant de la pensée et du sentiment ; le
mouvement, celui de la lumière et de la chaleur ; le sel, celui d’un acide et
d’une base. On retrouve cette même famille dans l’alchimie, avec le soufre,
le mercure et le sel.
Références bibliques
30
172
« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre où les vers et la rouille
détruisent et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez des trésors
dans le ciel où les vers et la rouille ne détruisent point et où les voleurs ne
percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur…
Nul ne peut servir deux maîtres. Car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il
s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et
Mammon. »1
Comme dans la parabole de l’économe infidèle, Jésus parle ici des richesses
matérielles et des richesses spirituelles.702 Les deux passages sont
d’ailleurs suivis du même commentaire sur les deux maîtres : « Nul ne
peut servir deux maîtres… Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. »
Voyons ce que ce passage nous enseigne de plus.
De ces banques, Jésus nous dit qu’elles ne sont pas sûres : nos trésors n’y
sont pas en sécurité, car ils sont menacés par la rouille, les vers et les
voleurs.
Les vers pullulent dans l’humidité. Avec eux, on entre dans le monde astral,
le monde des sentiments, des désirs. Un être dont le coeur est rempli de
sentiments et de désirs égoïstes, de jalousie, de malveillance, est la proie
des vers. De quelqu’un qui est tourmenté par de mauvais sentiments, ne dit-
on pas que quelque chose le ronge ?
Toutes les pensées qui limitent, affaiblissent, épuisent les humains, sont des
voleurs qui viennent les dépouiller de leurs richesses.72
Références bibliques
174
31
Quand on voit ce que la plupart des gens appellent liberté, c’est en réalité le
mot « libertinage » qui serait souvent plus approprié. Combien veulent être
libres pour se laisser aller à la paresse, aux plaisirs, aux passions, sans se
rendre compte que c’est là justement qu’ils se limitent et deviennent
esclaves ! La véritable liberté ne s’obtient pas en s’affranchissant de toutes
les contraintes, elle s’obtient en se faisant serviteur. Oui, serviteur, mais de
qui ?
Dans les Évangiles, plusieurs paraboles ont pour thème les relations d’un ou
plusieurs serviteurs avec un maître.1 Ce mot « serviteur » ne plaît pas
tellement aux humains, car il évoque la position d’un être subalterne qui est
à la disposition de celui qui l’emploie. Le maître, souvent, ne fait pas grand-
chose, excepté profiter de ses richesses, tandis que le serviteur, accablé de
travail, ne reçoit qu’un maigre salaire. C’est ce qui se passe, en effet, dans
les sociétés humaines où les maîtres sont autoritaires et quelquefois aussi
égoïstes et vaniteux. Mais Jésus parle d’un autre maître : Dieu. Ce maître
est déjà servi par des légions d’anges, que pourraient Lui apporter de plus
les pauvres humains ?
C’est nous qui avons intérêt à servir Dieu, car en travaillant pour Lui, nous
participons à sa vie ; et la vie divine, c’est la lumière, la paix, la force,
l’amour, la joie… et la liberté ! Ce lien entre le service et la liberté est
mentionné dans un Psaume : « Ô Éternel, je suis ton serviteur… Tu as
détaché mes liens… »2 Car l’Être que nous devons servir n’est pas extérieur
à nous, Il existe en nous de toute éternité. Il est ce qui existe de plus grand
et de plus noble en nous. C’est pourquoi en Le servant, nous nous libérons.
Être serviteur de Dieu, c’est donc se mettre au service de tout ce qui 176
existe en nous de plus pur, de plus noble, de plus lumineux, et lui donner la
possibilité de se manifester. Mais la vérité, c’est qu’il ne suffit pas de
vouloir servir Dieu pour être un bon serviteur. Il faut se préparer, apprendre,
s’exercer. Regardez seulement ce qui se passe dans la vie courante : est-ce
que, même s’il le souhaite sincèrement, le premier venu est capable de faire
un bon employé, un bon secrétaire, un bon ministre ? Non, il faut pour cela
qu’il ait étudié et développé certaines facultés et qualités.
Que fera celui qui ne s’est pas préparé ? Combien d’erreurs il va commettre
! Il croira être entré au service du Seigneur et en réalité il restera serviteur
de ces maîtres que sont ses préjugés, ses partis pris, ses illusions.
Pour devenir un bon serviteur de Dieu, il faut faire de tout son être un lieu
réservé. Or, on voit les humains déployer une énergie et des moyens
formidables pour mettre leurs maisons et tous leurs biens à l’abri des intrus,
mais intérieurement ils n’ont ni portes ni fenêtres ; même les murs parfois
ne tiennent pas debout, et tous les voleurs, les animaux et les courants
chaotiques circulent en eux librement. La médecine, la psychologie donnent
des noms très savants aux troubles et maladies qui en résultent, mais celui
qui est instruit dans la Science initiatique dira tout simplement qu’ils n’ont
pas su se protéger.
Il émane de tous les êtres humains des éléments fluidiques qui servent de
matériaux aux entités du monde invisible. S’ils étaient plus attentifs, plus
conscients, ils sentiraient que par leurs émanations psychiques ils attirent
des entités lumineuses ou ténébreuses, et qu’ils sont donc en train de
participer à tout ce qui se réalise de constructif ou de destructeur dans le
monde. Alors, comprenez combien il est important que vous fassiez de
votre être intérieur un lieu réservé à la Divinité. Plusieurs fois au cours de la
journée, tournez-vous vers les entités célestes, dites-leur que vous vous
mettez à leur disposition, demandez-leur de vous inspirer, d’agir à travers
vous. C’est ainsi que vous deviendrez un bon serviteur de Dieu qui participe
au travail de son maître.73 Comme le dit saint Paul : « Nous sommes
ouvriers avec Dieu ».3 Dieu ne nous demande pas d’entreprendre des
tâches surhumaines, mais seulement de Lui consacrer chacune de nos
activités, aussi modeste soit-elle, afin de contribuer à l’établissement de son
Royaume sur la terre.
familiaux, sociaux, ils sont libres de penser plus loin et plus haut. Ils se
sentent membres de la famille universelle, et c’est en travaillant pour cette
famille universelle que leur âme se dilate dans l’espace et trouve sa
nourriture. Semblables aux oiseaux dont les ailes se sont renforcées, ils sont
enfin prêts pour l’envol.
Il peut arriver que vous éprouviez par moment une sorte de lassitude, que
vous ayez besoin de relâcher un peu vos efforts. C’est normal, mais sachez
qu’à ce moment-là vous êtes sans défense. Pour vous protéger, adressez
cette demande au Seigneur : « Seigneur, en ce moment je suis un peu
fatigué, je ne sais pas à quoi je peux Te servir, mais je suis à ta disposition.
»
Aucune entité maléfique n’a alors le droit de pénétrer chez vous pour vous
utiliser, vous êtes comme un lieu réservé. N’abandonnez jamais cette
certitude : c’est en vous mettant au service du Seigneur que vous vivrez
pleinement votre vie. Pourquoi voudrait-Il vous priver d’une vie qu’Il vous
a donnée ? Non seulement Il ne vous en privera pas, mais jour après jour Il
vous fera découvrir toutes ses richesses.
Références bibliques
32
178
Que l’être humain possède une nature inférieure et une nature supérieure, et
qu’il se trouve sans cesse tiraillé entre les deux, cela n’est pas difficile à
comprendre. Ce qui est difficile, c’est de résoudre dans la vie quotidienne
les problèmes posés par la coexistence de ces deux natures. Là, il faut
pouvoir chaque fois situer les choses, donc posséder un savoir qui permet
de discerner les manifestations de l’une et de l’autre, puis placer la nature
inférieure, que j’ai appelée la personnalité, sous l’autorité de la nature
supérieure, l’individualité. « Nul ne peut servir deux maîtres », 751 a dit
Jésus dans la parabole de l’économe infidèle. Il ne peut donc pas exister
deux maîtres en nous, et si nous voulons que ce soit la nature supérieure qui
commande, il faut mettre la nature inférieure à son service. C’est là qu’elle
a sa place, et elle est une magnifique servante, mais une servante qu’on doit
sans cesse surveiller, car elle est rusée, rebelle. Même si en apparence elle
accepte l’autorité de la nature supérieure, en réalité elle cherche sans cesse
comment renverser son pouvoir, elle ne capitule jamais complètement.
Dans ces conditions, on peut penser que le plus simple serait d’anéantir la
nature inférieure. Eh non, elle fait partie de l’être humain et il n’est pas
question de l’anéantir. Sans elle, il ne pourrait pas subsister, car elle est la
dépositaire de ressources cachées, les instincts, les appétits, tout ce qui lui
permet de s’accrocher à la terre où il est pour un certain temps destiné à
vivre ; c’est grâce à elle qu’il conserve et augmente ses possessions. Dans
ce sens, la personnalité ressemble à une vieille grand-mère qui tient les clés
des coffres et des placards ; cela suscite évidemment beaucoup de
convoitises, et c’est pourquoi, en fin de compte, elle réussit le plus souvent
à s’imposer. Il faut apprendre à être plus intelligent et plus fort qu’elle, sans
jamais chercher à l’anéantir, car elle peut être, je viens de vous le dire, la
meilleure servante de la nature supérieure. Or, pour pouvoir travailler, elle a
besoin d’être nourrie : on ne laisse jamais une servante sans nourriture. La
question qui se pose alors est de savoir combien lui donner. Vous allez
voir…
Dans le but de confondre Jésus, des pharisiens envoyèrent leurs disciples lui
poser des questions au sujet de l’impôt dû à César. « Dis-nous ce qu’il t’en
semble : est-il permis ou non de payer le tribut à César ? » Et Jésus
répondit : « Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils
lui présentèrent un denier. Il leur demanda : De qui sont cette effigie et
cette inscription ? – De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit : Rendez
à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »2
César était le titre donné à tous les empereurs romains. À cette époque les
Romains occupaient la Judée, et César représente donc les puissances 179
Vous voulez faire un feu et vous brûlez quelques morceaux de bois mort.
Quand Jésus disait : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui
est à Dieu », il faisait donc la distinction entre les valeurs matérielles,
terrestres, et les valeurs spirituelles, mais il ne préconisait pas d’abandonner
le monde pour se tourner uniquement vers Dieu. Aussi longtemps que nous
sommes sur la terre, il n’est pas question de l’abandonner. Mais sur cette
terre nous devons seulement poser nos pieds, et tenir notre tête dans le ciel,
c’est-à-dire mettre de la sagesse et de l’amour dans toutes nos activités afin
que chacune d’elles nous rapproche du monde divin. Nous avons une
mission à remplir sur la terre. Cette mission consiste à voir Dieu en chaque
être et en chaque chose, et à le manifester à chaque instant. Il faut vivre la
vie terrestre à la manière des plantes : elles restent fixées à la terre, mais
elles la transforment et la font évoluer. Non seulement l’homme ne doit pas
quitter la terre, la matière, mais il doit se concentrer sur elle pour la
transformer. Les plantes nous révèlent comment ne pas quitter la terre, tout
en nous dirigeant vers le ciel.
Mais arrêtons-nous encore un moment sur la réponse que Jésus fait aux
pharisiens : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à 180
Dieu. » Elle révèle d’abord que Jésus ne se considérait pas au-dessus des
lois humaines. En effet, il aurait pu dire qu’il ne reconnaissait que l’autorité
de son Père céleste et qu’il n’avait pas à se soumettre aux exigences d’un
empereur romain qui imposait alors sa domination sur la Palestine. C’est
certainement ce qu’espéraient les pharisiens afin d’avoir un motif pour le
faire condamner. Par sa réponse Jésus montre qu’il fait la différence entre le
plan humain et le plan divin, entre le pouvoir temporel et le pouvoir
spirituel, donc aussi entre les biens temporels et les biens spirituels. Nous
pouvons donc donner à César ce qu’il réclame, quelques pièces de monnaie,
mais donner à Dieu toutes les richesses de notre coeur et de notre âme.
Références bibliques
Matthieu 22 : 17
33
On peut s’étonner que les disciples aient posé cette question à Jésus. Si une
infirmité est une punition infligée par le Ciel pour une transgression
commise, quand cet homme, qui est né aveugle, s’est-il rendu coupable ?
181
Les disciples ont posé la question parce qu’ils savaient qu’un homme ne
peut naître aveugle sans raison… ou seulement parce qu’il a plu à Dieu de
le faire aveugle. Tellement de croyants s’imaginent que Dieu distribue
bonheurs et malheurs aux humains suivant son bon plaisir ! Donc, Jésus
répond : « Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché, mais afin que les
oeuvres de Dieu soient manifestées en lui », c’est-à-dire pour que, se
trouvant sur son chemin, Jésus le guérisse et que le peuple croie en lui. Cela
signifie qu’il existe aussi des êtres qui acceptent de souffrir afin que
d’autres soient instruits par leur exemple. Cet aveugle-né était l’un d’eux : il
était descendu sur la terre avec cette infirmité, afin que sa guérison amène
tous ceux qui en seraient les témoins à réfléchir. Et en effet, saint Jean, qui
rapporte cet épisode, insiste longuement sur le trouble qu’éprouvent les
pharisiens devant ce miracle : pour avoir des raisons de le mettre en doute,
ils n’en finissent pas d’interroger le malheureux qui a maintenant retrouvé
la vue, ainsi que ses parents. Et tandis que certains commencent à murmurer
contre Jésus en le traitant d’impie et d’imposteur, d’autres admettent que
s’il a pu opérer cette guérison, c’est qu’il est habité par la grâce divine. À
182
travers cet aveugle à qui Jésus a rendu la vue, les oeuvres de Dieu ont été
manifestées.
Références bibliques
34
« Si le maître de la maison savait
Ici encore, Jésus nous parle d’une des plus grandes qualités que l’être
humain puisse acquérir : la vigilance. Il est certain qu’à un moment ou à un
autre un voleur viendra, et puisqu’on ne sait pas à quelle heure il viendra,
on doit rester attentif et prendre des précautions.
Cette maison sur laquelle le maître doit veiller pour que le voleur ne puisse
pas s’y introduire, représente évidemment notre for intérieur. Et le voleur
représente toutes les entités malfaisantes du monde invisible. Ces entités ne
peuvent pas pénétrer là où il y a une lampe allumée – c’est-à-dire une
conscience éveillée – car elles sont tout de suite repérées et repoussées.
nous, à discerner les courants, les désirs, les pensées qui nous traversent, les
influences, les tiraillements que nous ressentons. C’est cette attention-là qui
n’est pas suffisamment développée et qui permet aux voleurs de
s’introduire.
Du point de vue étymologique, le mot « vigilance » appartient à la même
famille que « veiller », « veille », « éveillé ». Être éveillé signifie ne pas
dormir. Mais qu’est-ce qui ne doit pas dormir en nous ? La conscience.
Notre corps, lui, a besoin de sommeil et il ne faut pas l’en priver. Ne pas
dormir est une chose, avoir la conscience éveillée en est une autre. On peut
très bien ne pas dormir et avoir une conscience somnolente, de même qu’on
peut dormir tout en gardant sa conscience éveillée. Car la conscience est
comme une lampe, et chez les êtres très évolués cette lampe ne s’éteint
jamais.
Pourquoi vous arrive-t-il d’être visité par des pensées et des sentiments qui
vous enlèvent votre courage, votre confiance, votre joie ? Vous pouvez
donner toutes les explications que vous voulez, la seule explication valable,
c’est le manque de vigilance. Et ce qui endort la vigilance, c’est le goût de
la facilité, des plaisirs. En effet, comment être vigilant quand on n’a que
l’envie de se laisser aller à ce qui est facile, agréable ? C’est comme une
humidité qui se dépose sur les ailes de l’âme et l’empêche de voler. Et
quand votre âme ne peut plus voler, n’importe quelle entité ténébreuse du
monde invisible peut se saisir d’elle et vous enlever la paix, la joie, 184
l’espérance.
On ne sait jamais à quelle heure le voleur viendra, mais une chose est sûre :
il viendra, et celui qui manque d’attention lui laisse sa porte ouverte.
Référence biblique
35
« Ta foi t’a sauvé »
« Qu’il te soit fait selon ta foi »1 ou « Ta foi t’a sauvé »2, c’est souvent
par ces mots que Jésus répondait aux malades qui le suppliaient de les
guérir. Cela nous amène à réfléchir au rôle que joue la foi dans la guérison
des maladies.
Jésus avait besoin que ceux qui demandaient son aide croient en lui, car 185
la foi est une condition préalable : elle ouvre des portes et des fenêtres pour
laisser entrer les courants d’énergies qui viennent du monde spirituel. En
pénétrant dans l’homme ces courants harmonisent, purifient, régénèrent la
matière de son être. La lumière, la pureté de Jésus faisaient de lui un
réceptacle de l’énergie divine, et cette énergie qu’il communiquait aux
malades provoquait leur guérison. En s’adressant à lui, les malades
déclenchaient en quelque sorte le processus ; ensuite, grâce à leur foi ils
ouvraient une porte ; et enfin, la puissance de Jésus se manifestait. Les
miracles de Jésus, ou ce que l’on a appelé ainsi (car en réalité, il n’y a pas
de miracles au sens où la plupart des gens l’entendent), supposaient que ces
trois conditions soient remplies.
Parce que Jésus disait : « Qu’il te soit fait selon ta foi » ou bien « Ta foi
t’a sauvé », beaucoup de chrétiens en ont tiré la conclusion que c’est la foi
qui provoque la guérison. Non, la foi aide à la guérison, mais elle ne fait pas
les miracles qu’ils imaginent. La guérison est provoquée par une autre force
que la foi. Qu’appelle-t-on en général « miracles » ? Des phénomènes qui
défient ou nient les lois de la nature. Mais de tels phénomènes n’existent
pas : ceux qui parlent de miracles ignorent tout simplement les lois qui
peuvent les expliquer. En réalité, aucune manifestation n’échappe aux lois
physiques et chimiques. Il peut seulement exister des phénomènes
exceptionnels, parce que très rares sont les personnes capables de les
produire, mais ils obéissent toujours aux lois de la nature. Même les faits les
plus extraordinaires sont naturels, rien n’est « surnaturel » ou
186
Parce qu’ils sont déçus par les insuffisances de la médecine ou effrayés par
ses tendances de plus en plus matérialistes, beaucoup de malades cherchent
la guérison du côté des pratiques spirituelles. C’est bien, mais à condition
d’être tout à fait au clair sur cette question. Il existe des maladies physiques
et il existe des maladies psychiques. Comme il n’y a pas de séparation entre
le corps physique et les corps psychiques, ils s’influencent mutuellement ;
mais pour obtenir des résultats sur le corps physique par des moyens
psychiques, c’est une autre affaire. La pensée est surtout efficace pour
guérir les maladies psychiques. Même si les résultats sont longs à obtenir,
celui qui sait comment travailler avec elle, finit par triompher de ses
chagrins, de ses troubles, de ses angoisses. Alors que pour pouvoir guérir
une maladie physique par la pensée, il faut non seulement s’être exercé à
concentrer sa pensée, mais avoir longtemps travaillé sur les intermédiaires
qui existent entre le plan mental et le plan physique. En attendant, avant d’y
parvenir, il faut accepter cette réalité : les maladies physiques ne sont
combattues efficacement que par des remèdes physiques.
Bien sûr, avoir la foi, c’est croire aussi au pouvoir de l’esprit sur la matière,
il n’est pas question de revenir là-dessus. Dans la mesure où le psychisme
exerce une influence sur le physique, la foi peut favoriser la guérison. Parce
qu’ils ont souvent une cause psychique (colère, angoisse, chagrin,
découragement…), des maux de tête, d’estomac, de foie, de coeur,
d’intestins, etc., peuvent être guéris par des exercices de la pensée. Mais
d’une façon générale une maladie physique doit être soignée par des
moyens physiques. Il ne faut pas jouer avec sa santé. Sous prétexte qu’ils
sont croyants ou disciples d’un enseignement spirituel, certains malades se
montrent très imprudents ; il faut reconnaître que dans leur comportement
vis-à-vis de la maladie, les matérialistes font preuve de plus de bon sens.
Alors, voici la solution : en même temps que le malade utilise toutes les
ressources de la médecine, pour faire disparaître les causes du mal il doit
corriger les erreurs qu’il a commises en ne sachant pas contrôler, orienter
ses pensées et ses sentiments. Qu’il prenne des médicaments, qu’il suive
des traitements, c’est entendu, mais qu’il les accompagne d’un travail 187
Il est arrivé qu’on me pose des questions concernant les guérisons qui se
produisent parfois à Lourdes… Évidemment, la foi du malade a là une part
188
très importante. Mais il est certain aussi que, dans cette atmosphère de
ferveur, au milieu des chants et des prières de toute une foule, des personnes
peuvent être soulevées et transportées très haut, jusqu’au plan causal. C’est
cela qui fait le miracle : le malade est intérieurement comme arraché à son
état de conscience ordinaire et projeté jusqu’à un sommet en lui. Dès
l’instant où il a atteint ce sommet, il se déclenche dans tout son être de
puissants courants d’énergie pure, et ce sont ces courants qui, descendant
jusqu’au plan physique, rétablissent l’harmonie dans son corps.
Mais laissons ces cas exceptionnels : tout le monde ne va pas en pèlerinage
à Lourdes, ou ailleurs. En revanche, chacun de vous peut s’exercer chez lui,
tous les jours, à faire ce travail de la pensée : s’exercer à monter jusqu’au
plan causal. Au fur et à mesure que vous vous élèverez intérieurement, vous
entrerez en contact avec des éléments de plus en plus puissants. Et lorsque
vous arriverez au sommet, vous sentirez que vous touchez ce point capable
d’introduire l’ordre et l’harmonie dans toutes les autres régions de votre
être. C’est du sommet seulement qu’on a tout pouvoir sur les régions situées
au-dessous.77 Aucune maladie, aucun état psychique aussi grave soit-il,
rien n’est nécessairement incurable ou irrémédiable, mais il faut pouvoir se
projeter jusqu’au sommet.
Références bibliques
36
parce que lorsqu’un homme meurt, son corps peu à peu se désagrège et les
particules qui le constituaient finissent par retourner aux quatre éléments :
la terre, l’eau, l’air et le feu d’où elles sont venues. Et elles entreront bientôt
dans la constitution de nouveaux corps. 78 Alors, puisqu’avec les mêmes
matériaux la nature a fait successivement des générations et des générations
d’êtres humains, le jour de la résurrection, est-ce qu’il faudra décomposer
les uns pour recomposer les autres ? On voit bien que tout cela ne tient pas
devant la logique et le bon sens.
Mais admettons pourtant que les morts ressuscitent dans leur corps
physique. Maintenant, il s’agit de les juger. Bon. Ils sont restés des milliers
et des milliers d’années à dormir dans la tombe, et on va les juger pour une
vie de cinquante, quatre-vingts ou cent ans au maximum, et souvent
beaucoup moins ? Supposons que certains aient vécu aussi vieux que
Mathusalem, neuf cents ans d’après la Genèse ; c’est encore bien peu en
comparaison du temps écoulé depuis qu’ils sont morts. Donc, après avoir
vécu très peu de temps les humains dorment immensément longtemps.
Encore autre chose… Tous ces êtres, au lieu de les laisser dormir pendant
des millénaires, on aurait pu leur donner les conditions de se racheter en
réparant leurs fautes. Mais là, non, enterrés jusqu’à la fin des temps ! Eh
bien, les humains, eux, aussi imparfaits qu’ils soient, ont su beaucoup
mieux organiser les choses. Par exemple, dans chaque administration, il y a
un trésorier. Supposons qu’on ne fasse aucun contrôle, et que des milliers
d’années après seulement, un inspecteur vienne voir ce que ce trésorier a
fait de l’argent qu’il avait dans sa caisse. Oh là là ! il sera bien tranquille, le
trésorier, ça lui est bien égal qu’il y ait une vérification et un jugement des
milliers d’années après.
homme meurt, c’est déjà un jugement dernier : les Seigneurs des destinées
ont jugé qu’il a appris ce qu’il devait apprendre pour cette incarnation. Et
quand il est malade, c’est aussi un jugement avec une sanction qui dure une
semaine, un mois, ou plus.
leur insu, ils sont sans cesse jugés, et dans tous ces jugements, il y a une
sagesse, un amour, une pédagogie : ils apprennent chaque fois quelque
chose. Tandis que le Jugement dernier tel qu’il est présenté aux chrétiens
n’a aucun sens. Oui, aucun sens, alors que tout ce que fait le Créateur est au
contraire d’une intelligence et d’une utilité inouïes.
Même si la mort est une forme de jugement, elle n’est jamais un jugement
définitif. Celui qui meurt ne va pas rester dans la tombe à attendre et
devenir poussière. C’est son vêtement, c’est son corps qui se désagrège ;
mais lui, son esprit reviendra après un certain temps sur la terre où il
prendra un autre corps. Car la vie continue. Et sa nouvelle existence
dépendra du jugement qui aura été porté sur la précédente. Vous direz :
C’est vrai, mais elle est sous-entendue. Car si on demande ce qui s’est passé
entre l’enterrement d’un homme et sa transformation angélique, personne
ne pourra répondre. Il faut pourtant bien admettre qu’il s’est passé quelque
chose pour qu’une telle métamorphose se soit produite. Tous les humains
sont prédestinés à ressusciter un jour, mais cette résurrection sous-entend la
réincarnation. Les morts, ou plutôt les corps, ne ressuscitent pas, c’est fini
pour eux. Ce sont les vivants qui ressuscitent. Les âmes, qui ont quitté leur
vêtement, qui sont vivantes, elles, oui, peuvent ressusciter, mais pas les
corps physiques. Jésus le dit : « Dieu n’est pas Dieu des morts, 192
Dieu ne transforme que les vivants. Rappelez-vous cet autre passage des
Évangiles où Jésus dit : « L aisse les morts enterrer leurs morts, et toi, suis-
moi ! ». 792
193
nourriture qui lui plaît, elle a été attirée. 81 Qu’il purifie son sang et il
n’attirera plus de puces !
Cela signifie que si nous mettons au centre de notre vie une idée très élevée,
et si nous la maintenons fermement en nous, depuis les plans subtils cette
idée attirera des particules éthériques qui lui correspondent, des particules
inoxydables comme l’or, transparentes comme le cristal. C’est ainsi que,
peu à peu, tout sera transformé en nous, parce qu’au commencement il y
aura eu une idée. La résurrection est un processus très facile à comprendre,
mais il est très difficile et très long à réaliser. Il faut avoir beaucoup de
volonté, beaucoup de patience, et beaucoup d’amour pour un idéal divin.
L’essentiel est donc de commencer par une idée. Mais cela peut être aussi
une image qui concrétise cette idée, comme l’image du soleil. Si vous
acceptez l’image du soleil qui est lumière, chaleur et vie, vous marchez déjà
sur le chemin de la résurrection. Maintenez-la fermement, entretenez-la et
elle fera son travail. La résurrection, c’est le soleil qui commence à se
manifester en l’homme, le vrai soleil qui introduit en lui une quintessence
de sa propre nature, un levain, un ferment.
Combien d’histoires inventées par des ignorants ou des imposteurs ont été
racontées à propos de morts que des magiciens auraient réussi à 196
ressusciter ! Non, la seule chose qu’ils ont pu faire, c’est utiliser certains
procédés (des conjurations, la présentation de différentes nourritures) pour
évoquer des entités terrestres ou souterraines qu’ils ont contraintes à entrer
dans le corps du mort. Ce n’était donc pas l’âme du mort lui-même qui
revenait, mais d’autres entités qui entraient dans son corps où elles restaient
pour un temps plus ou moins long. Il y a des nécromanciens qui s’adonnent
à ce genre de pratiques, mais les véritables mages, eux, ne s’occupent
jamais de ranimer des cadavres.
Même Jésus n’a pas ramené des morts à la vie. Vous direz que pourtant les
Évangiles rapportent plusieurs cas de morts ressuscités par Jésus. S’il les a
« ressuscités », c’est qu’ils n’étaient pas encore vraiment morts. Les
connaissances qu’on possédait à l’époque ne permettaient pas de se
prononcer exactement. On croyait morts beaucoup d’hommes et de femmes
qui étaient seulement dans le coma. Quant à Lazare qu’on disait mort
depuis trois jours, lui aussi était encore vivant. Rappelez-vous ce que dit
Jésus :
De la même façon, dès l’instant où vous éclairez au moins une cellule dans
votre cerveau ou dans votre coeur, votre être entier sera un jour illuminé.
Références bibliques
197
37
Un des passages les plus connus de l’Évangile de saint Jean est celui de la
femme adultère. « Les scribes et les pharisiens amenèrent une femme
surprise en adultère ; et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus :
Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes : toi donc,
que dis-tu ? Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de pouvoir l’accuser.
Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. Comme ils
continuaient à l’interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est
sans péché jette le premier la pierre contre elle. Et s’étant de nouveau
baissé, il écrivait sur la terre. »1
On n’a jamais expliqué ce que Jésus écrivait sur le sol. Était-ce des
griffonnages comme ceux que les gens font machinalement sur une feuille
de papier parce qu’ils s’ennuient ? Ou alors voulait-il donner l’impression
de penser à autre chose pour éviter de répondre à la question ? Évidemment,
non. Et même si personne ne l’a dit avant moi, je vous révélerai ce qu’il
faisait : il inscrivait sur le sol des figures et des signes sacrés de la tradition
juive, des symboles kabbalistiques connus des scribes et des pharisiens, car
ils étaient instruits dans la même tradition. Jésus voulait leur dire par là :
vous pouvez appliquer la loi de Moïse et punir cette femme, mais seulement
à condition d’être, vous, irréprochables. Sinon, attention, le châtiment que
vous lui infligerez retombera aussi sur vous. Alors ils ont eu 198
Est-ce que ces scribes et ces pharisiens auraient si vite renoncé à la lapider
s’ils ne s’étaient pas sentis menacés par les signes que Jésus avait écrits sur
la terre ? Ces signes étaient ceux qui correspondent à la séphira Guébourah.
Sur l’Arbre séphirotique, en face de la séphira Hessed, qui représente la
miséricorde, la clémence, est placée la séphira Guébourah qui représente la
justice, la sévérité. Jésus n’avait pas besoin d’expliquer aux scribes et aux
pharisiens le sens des symboles qu’il avait tracés. Ils les connaissaient et ils
ont compris ce qu’il voulait leur dire à travers eux.
Il y aurait, bien sûr, certaines remarques à faire sur ce passage. D’abord que,
dans un cas d’adultère, seule la femme devait être condamnée. C’est ce
qu’ordonnait la loi de Moïse. Mais Jésus a voulu montrer qu’il existe une
loi supérieure à celle de Moïse : une femme ne doit pas être considérée plus
condamnable que l’homme avec qui elle commet l’adultère. Et l’adultère
est-il une faute si grave qu’il mérite la mort ? Vous remarquerez aussi que
Jésus ne répond pas directement aux scribes et aux pharisiens, il se contente
de leur dire : « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la
pierre contre elle. »
Pour Jésus, l’adultère n’était donc pas un plus grand péché que les autres ;
tous les péchés sont des impuretés et les scribes et les pharisiens, du
moment qu’ils n’étaient pas impeccables, n’avaient aucun droit d’accabler
cette femme. « Mais pourquoi, direz-vous, Jésus qui était pur, ne l’a-t-il pas
condamnée ? » Parce que la pureté ne s’occupe pas de condamner
l’impureté. Ceux qui sont purs ne s’occupent pas de l’impureté des autres.
Par leur rayonnement, par leur lumière ils les éclairent et les purifient. Alors
que ceux qui sont impurs et prétendent corriger les autres ne font que les
salir.
199
Référence biblique
38
« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras
ton ennemi. Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis. »1
trouve qu’ils m’ont rendu des services formidables. Ah, les ennemis, c’est
quelque chose ! Quand est-ce qu’on saura les estimer à leur juste valeur ?
On élève des statues à ceux que l’on considère comme des bienfaiteurs de
l’humanité et on a raison : ils ont sauvé la patrie, ils ont été des génies dans
les sciences, les arts, la littérature, la philosophie, etc., ils méritent d’être
placés sur un piédestal. Pourtant, je trouve que c’est à nos ennemis que nous
devrions dresser les plus belles statues, car ce sont eux nos véritables
bienfaiteurs ! Apparemment, ils ne nous apportent rien de bon, mais en
réalité ils nous font le plus grand cadeau : ils nous obligent à travailler sur
nous-mêmes, à nous renforcer, à devenir plus intelligents. Comment ne pas
les aimer à cause de tout ce que nous gagnons grâce à eux ?
Vous trouvez que ce que je vous dis là n’est pas sérieux. Trouvez ce que
vous voulez, mais réfléchissez-y quand même. Bien sûr, aimer ses ennemis
est difficile. C’est même la chose la plus difficile, et on se demande d’où
Jésus a pu tirer cette loi morale… C’est très simple : il l’a trouvée dans le
soleil. Le soleil brille, et il brille sans se préoccuper de savoir si les
créatures qui reçoivent ses rayons sont bonnes ou mauvaises, si elles
méritent ou ne méritent pas ses bienfaits ; à toutes sans distinction il envoie
la lumière, la chaleur et la vie. Le soleil nous parle chaque jour de l’amour
divin, il est le seul qui porte sur les humains le même regard que Dieu.
Aimer ses ennemis est la plus haute expression de la morale, et seul le soleil
peut nous l’enseigner, car c’est à travers lui que se manifeste dans l’univers
le principe divin qui habite aussi en nous : notre esprit. En regardant le
soleil se lever le matin, nous cherchons à nous approcher de ces régions
intérieures où aucun mal ne peut plus nous atteindre. Quelles que soient les
épreuves et les inimitiés, c’est de là-haut seulement que nous pourrons
continuer à envoyer notre lumière et notre amour.
Les humains ont l’habitude de répondre au mal par le mal, à la haine par la
haine, mais cette vieille philosophie n’a jamais donné de bons résultats.
force pour s’élever. Au contraire, une bonne parole, un acte de bonté peut
être comparé à une pierre que l’on jetterait du haut d’une tour : avec le
temps son mouvement et sa puissance s’accélèrent. C’est là le secret du
bien : même s’il est faible au commencement, à la fin il est tout-puissant et
il triomphe.
Référence biblique
1. « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain » – Matthieu
5 : 43
39
« Heureux ceux qui apportent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
»1
En lisant les Évangiles, nous voyons que Jésus a souvent prononcé le mot
« paix » : « Que la paix soit avec vous ! »2,« Allez en paix ! »,3 « Je vous
ai dit cela pour qu’en moi vous ayez la paix. »4 Et à la fin, au moment de
quitter ses disciples, il leur a dit : « Je vous laisse ma paix, je vous donne
ma paix »,5 comme s’il leur faisait là le cadeau le plus précieux.
C’est dans « le Sermon sur la montagne » que Jésus parle pour la première
fois de la paix : « Heureux ceux qui apportent la paix, car ils seront
appelés fils de Dieu. » Et voilà que la terre n’est toujours qu’un 202
Voici quelqu’un qui, pour satisfaire ses convoitises, a emprunté une somme
d’argent, mais il ne peut pas la rembourser comme il s’y était engagé et il a
maintenant toute une meute de créanciers derrière lui : comment peut-il
avoir la paix ? « En prenant la fuite ! » direz-vous. Oui, mais les créanciers
qui sont en lui : les inquiétudes, la peur d’être rattrapé, comment les fuira-t-
il ?… Et quelles agressions, quels actes insensés cette peur va le pousser à
commettre !
203
La paix est donc un état de conscience supérieur. Cependant cet état dépend
aussi en partie du bon fonctionnement de l’organisme physique, car même
si l’essentiel est la paix de l’âme et de l’esprit, il est difficile de goûter cette
paix lorsque le corps physique est tourmenté par la maladie.
Quand les instruments d’un orchestre sont parfaitement accordés et que tous
les musiciens obéissent au chef qui les dirige, il en résulte une harmonie
parfaite. Dans l’être humain, la paix résulte d’une harmonie entre tous les
éléments physiques, psychiques et spirituels qui le composent, et cette
harmonie n’est possible que lorsque ces éléments acceptent de se mettre
sous l’autorité de l’esprit.
204
Quand il se produit des désordres dans votre coeur ou votre intellect, c’est
que vous avez absorbé des éléments impurs, et par « impurs » il faut
seulement comprendre étrangers, inassimilables. Comme pour le plan
physique, il est donc nécessaire de procéder à une élimination, à un triage.
C’est cela la purification. Contrairement à ce que pensent beaucoup de
gens, il faut cesser d’associer la pureté au seul domaine sexuel : ce n’en est
qu’un aspect très limité. La pureté concerne tous les domaines de
l’existence. Tant qu’on ne l’a pas compris, cela donne lieu à d’interminables
discussions qui rendent le sujet encore plus obscur.
Vous ne connaîtrez la paix que lorsque vous aurez introduit la pureté dans
tout votre être, grâce à des pensées et des sentiments désintéressés : des
pensées et des sentiments fraternels de justice, de générosité, d’abnégation.
s’appelle pas encore la paix. La paix, la véritable paix est un état stable,
constant. Une fois que vous avez réussi à la réaliser vraiment, vous ne
pouvez plus la perdre. Elle vous suit partout : vous l’avez sentie hier,
aujourd’hui elle est encore là… et le lendemain, dès votre réveil, à nouveau
elle vous attend. Vous êtes étonné de constater que vous n’avez même plus
besoin de faire de grands efforts pour la retrouver. De temps en temps il
peut se produire quelques troubles, mais ce n’est là qu’une agitation
superficielle.
En réalité, cette paix, vous la portez déjà en vous. Si vous n’en êtes pas
conscient, c’est que vous restez encore trop bas, au niveau des événements.
On peut dire aussi qu’au lieu de vous maintenir au centre, vous êtes allé
vous égarer à la périphérie de vous-même, et à la périphérie on est toujours
exposé à des turbulences84. À peine avez-vous goûté une petite accalmie
que le trouble revient vous assaillir, comme pour vous punir d’avoir volé
quelque part ces instants de tranquillité.
Seul celui qui arrive à garder intact ce royaume qu’il représente lui-même,
peut obtenir une paix durable. Il vit dans une telle harmonie que le Ciel
entier se reflète en lui. Il commence à percevoir toutes les splendeurs qui lui
restaient jusque-là cachées : trop d’éléments contraires se heurtaient en lui,
son regard intérieur et même extérieur ne pouvait pas les découvrir.
Observez ce qui se passe quand vous avez appris une mauvaise nouvelle ou
que vous êtes angoissé, irrité : même si vous posez vos yeux sur les êtres ou
les objets, vous ne les voyez pas. Seule la paix, comme le miroir d’une eau
206
Ne vous imaginez donc pas que vous trouverez enfin la paix en changeant
de mari ou de femme, d’appartement, d’amis, de métier, de pays, de
religion, etc. La paix ne dépend pas de ces changements-là. Une petite
tranquillité, un répit, oui, peut-être, mais tout de suite après, d’autres
tourments viennent vous assaillir. Vous devez comprendre qu’être en paix
dépend seulement de votre capacité à apporter des changements dans votre
vie psychique. Apportez ces changements et vous pourrez rester avec les
mêmes personnes, dans les mêmes endroits, aux prises avec les mêmes
difficultés, rien ne pourra plus vous troubler. Car la paix véritable vient du
dedans, elle jaillit, elle vous envahit malgré les turbulences et les
trépidations du monde extérieur. C’est comme un fleuve de lumière qui
descend des hauteurs et vient vous traverser.
Seuls ceux qui ont travaillé à soumettre toutes les particules de leur être
physique et psychique aux lois de l’harmonie, sont capables d’apporter la
paix. Cette paix émane d’eux comme quelque chose de réel, de vivant : ils
répandent des ondes bienfaisantes sur toutes les créatures autour d’eux.
C’est de ces êtres-là que Jésus parlait quand il disait : « Heureux ceux qui
apportent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ».
Références bibliques
4. « Je vous ai dit cela pour qu’en moi vous ayez la paix » – Évangile de
Jean 16 : 33
40
« Jésus arriva dans une ville de Samarie, nommée Sychar, près du champ
que Jacob avait donné à Joseph, son fils. Là se trouvait le puits de Jacob.
Jésus, fatigué du voyage, était assis au bord du puits. C’était 207
environ la sixième heure.
Une femme de Samarie vint puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à
boire. Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres. La
femme samaritaine lui dit : Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à
boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? – Les Juifs, en effet, n’ont
pas de relations avec les Samaritains. – Jésus lui répondit : Si tu
connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire !
Seigneur, lui dit la femme, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond :
d’où as-tu donc cette eau vive ? Es-tu plus grand que notre père Jacob, qui
nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses
troupeaux ? Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore
soif, mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et
l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira en
vie éternelle. La femme lui dit : Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je
n’aie plus soif, et que je ne vienne plus puiser ici. Va, lui dit Jésus, appelle
ton mari, et viens ici. La femme répondit : Je n’ai point de mari. Jésus lui
dit : Tu as raison de dire : Je n’ai point de mari. Car tu as eu cinq maris, et
celui que tu as maintenant n’est pas ton mari. En cela tu as dit vrai.
Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es prophète. Nos pères ont adoré
sur cette montagne : et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à
Jérusalem. « Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni
sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. L’heure vient,
et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et
en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est
esprit, il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. »1
Référence biblique
Et elle comprend sans doute encore moins quand Jésus lui répond d’aller
chercher son mari. Elle est obligée de dire qu’elle n’en a pas.
Dans un autre passage de l’Évangile de saint Jean, il est dit que « le grand
jour de la fête, Jésus, se tenant debout, s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il
vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive
couleront de son sein. » Ou, d’après d’autres versions : « de ses entrailles
jailliront des sources d’eau vive ».1 Le sein, les entrailles correspondent
dans notre corps physique à la région du plexus solaire et du centre Hara. Il
est donc nécessaire d’avoir quelques connaissances de ces centres pour
pouvoir interpréter les paroles de Jésus.
Généralement, les chrétiens n’ont pas ces connaissances, car sous prétexte
qu’il faut donner la première place à l’âme et à l’esprit, l’Église leur a
enseigné à négliger leur corps physique, à le mépriser, ou même à le
maltraiter en considérant qu’il n’a aucun rôle à jouer dans la vie spirituelle
et qu’il est même un obstacle. Eh bien, c’est une erreur, une grave erreur, il
n’est pas bon de séparer le corps physique de l’âme et de l’esprit. En faisant
des exercices destinés à éveiller les centres subtils situés dans différents
endroits du corps physique, celui qui vit selon les règles de l’amour et de la
sagesse entre en contact avec les puissances de l’âme et de l’esprit et
parvient à une compréhension supérieure des choses.
Les hindous, par exemple, sont dans le vrai quand ils associent leurs trois
209
Pour comprendre quelle est cette eau qui coule des entrailles dont parle
Jésus, il faut savoir que le plexus solaire est aussi un organe de la vie
spirituelle. Sinon, quelle est cette eau qui coulerait de ces entrailles ? Parce
que l’être humain est construit à l’image de l’univers, l’eau vive qui jaillit
de Dieu, la Source cosmique, jaillit aussi en lui, à travers son plexus solaire.
C’est pourquoi Jésus dit encore à la Samaritaine : « Celui qui boira l’eau
que je lui donnerai n’aura plus jamais soif, et l’eau que je lui donnerai
deviendra en lui une source qui jaillira en vie éternelle. » Il faut être allé
très loin dans la connaissance des correspondances qui existent entre l’être
humain et l’univers pour mesurer la profondeur de ces paroles.
Cet homme créé par Dieu à l’image de l’univers, les kabbalistes l’appellent
Adam Kadmon (de « adam », homme, et « kadmon », primordial), je vous
en ai déjà parlé. Adam Kadmon, c’est l’homme cosmique, le premier être
créé par Dieu, dont le corps est formé des constellations et des mondes.
Dieu Lui-même est au-delà de l’univers créé représenté par l’Arbre
séphirotique, Il est au-delà de la séphira Kéther.
C’est Adam qui commence dans Kéther. Kéther est sa tête ; Hohmah son
oeil droit et le côté droit de son visage ; Binah son oeil gauche et le côté
gauche de son visage ; Hessed est son bras droit et Guébourah son bras
gauche ; Tiphéreth est son coeur et son plexus solaire ; Netsah sa jambe
droite et Hod sa jambe gauche ; Iésod est son sexe et Malhouth ses pieds.
Adam Kadmon est l’archétype à partir duquel l’être humain a été créé. Cette
entité que les chrétiens appellent le Christ est une figure d’ Adam Kadmon.
210
Référence biblique
Une religion n’est qu’une forme que prend l’esprit divin pour se manifester.
Or, aucune forme ne peut demeurer inchangée. Le christianisme, qui est né
dans le Moyen Orient, a reçu dès le début certains éléments des cultures
grecque et latine ; ces éléments se sont ajoutés à ceux hérités de la religion
juive, qui avait elle-même été influencée par les religions des pays voisins :
Égypte, Mésopotamie, etc. Une religion ne naît jamais de rien, elle reçoit
certains éléments des religions antérieures, et elle-même se transforme au
fur et à mesure de sa diffusion loin de son lieu d’origine.
Pour comprendre, un enfant a besoin qu’on lui raconte des histoires, qu’on
lui montre des images, des objets concrets. Dans le domaine de la religion,
la plupart des humains en sont encore au stade de l’enfance : ils ont besoin
de quelque chose de concret, de tangible. Si on leur annonçait un jour : «
Désormais, il n’y aura plus de lieux de culte, plus de cérémonies, 212
Seul un être très évolué peut trouver en lui le sanctuaire où il entrera pour
s’adresser au Seigneur, où il touchera, goûtera et respirera les splendeurs du
Ciel.86 Pour celui qui est capable d’arriver jusque-là, il n’y a plus de limite
; il travaille et avance à l’infini dans le monde de l’âme et de l’esprit. Mais
il ne serait pas raisonnable de demander à tous les croyants d’abandonner
du jour au lendemain les expressions matérielles, extérieures de leur
religion afin d’adorer Dieu « en esprit et en vérité ». La plupart n’y sont pas
prêts. Longtemps encore ils auront besoin de donner à leur foi certaines
formes matérielles : des lieux, des images, des objets de culte et, à certaines
périodes de l’année, ils continueront à célébrer des fêtes qui sont
l’expression de leurs croyances. Mais justement, ils doivent comprendre
qu’elles n’en sont qu’une expression, qu’une forme, elles ne sont pas la
religion ou la spiritualité elle-même.
Le culte des saints est en soi une bonne chose ; on ne peut pas reprocher à
des croyants de vénérer des icônes, des statues, des reliques, et de prier, de
s’agenouiller devant elles. Mais ils doivent prendre conscience que ce n’est
pas ces reliques ou ces images qui vont les aider, les protéger : elles les
mettent seulement en communication avec l’entité qu’elles représentent, et
c’est déjà beaucoup. Ils ont là de grandes possibilités, mais à condition de
rester conscients que ces images ou ces objets sont seulement des formes.
Au-delà de ces formes, ils doivent chercher le principe, l’entité spirituelle
qu’elles représentent, car c’est cette entité qui est puissante et qui peut
exaucer leurs prières. 87 Comprenez bien : l’essentiel c’est de s’habituer à
tourner ses pensées vers les entités supérieures afin d’être un jour habité par
elles. C’est ainsi que vous avancerez sur le chemin en gardant toujours la
tête dans la lumière.
Référence biblique
1. « L’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem » –
Évangile de Jean 4 : 23
41
« Le Royaume de Dieu
Que pouvez-vous savoir d’une graine tant qu’elle n’est pas semée ? 89
Rien, car la vie y est figée, elle attend… Mais dès que vous la mettez en
214
terre, elle se divise, un germe apparaît et il devient une tige qui commence à
pousser. C’est alors que peu à peu vous découvrez comment sera l’arbre
qu’elle contient en puissance. Ce n’est jamais la taille du grain qui compte,
mais sa vigueur. Et dans ce sens on peut interpréter le grain de sénevé
comme une pensée ou un sentiment. Une pensée, un sentiment sont
imperceptibles, mais s’ils sont intenses et si on leur en donne les conditions,
ils produisent d’immenses réalisations.
« Et les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches », dit Jésus.
Les oiseaux, ce sont les esprits du monde invisible : ils viennent visiter les
créatures qui ont embrassé la vie spirituelle, car ils trouvent un abri en elles.
Kéther, Hohmah et Binah sont les racines enfouies dans le sol du monde
d’en haut. Vous direz : « Pourtant, c’est en bas, dans la terre, qu’un arbre
enfonce ses racines ? » Oui, mais la véritable tête d’un arbre, ce sont ses
racines, car c’est par elles qu’il se nourrit. Pour l’homme, les véritables
racines sont en haut, dans sa tête, comme l’Arbre de vie. L’homme est un
arbre dont les racines s’enfoncent profondément dans le Ciel. De même que
les trois séphiroth Kéther, Hohmah et Binah, notre tête, le sommet de notre
être, respire et se nourrit dans le sol du monde divin.
215
Enfin, dans la fleur se forme le fruit, et le soleil le fait mûrir en lui donnant
des couleurs. C’est la formation de l’enfant, la neuvième séphira, Iésod, le
Fondement.
Et le fruit sera le point de départ d’une autre vie, d’un nouvel arbre. Car le
fruit issu de Kéther qui est la graine originelle, contient lui-même des
graines. C’est Malhouth, la dixième séphira. De 1 qu’il était, le grain est
devenu 10, c’est-à-dire, symboliquement, la multitude.
Le grain enfoui dans la terre d’en haut est donc la première séphira, Kéther.
Pour se développer, il se divise d’abord en deux, puis il devient tige,
branches, feuilles, bourgeons, fleurs et fruits ; et le fruit à son tour donne
des graines. Le grain semé, Kéther, devient un arbre en passant
successivement par toutes les autres séphiroth jusqu’à Malhouth. Le fruit
mûr, le fruit qui donne la vie, la chair que l’on mange, c’est Iésod, et il porte
la graine. À la fin de sa croissance, le grain semé devient donc le grain dans
le fruit, et Malhouth, le grain d’en bas, est identique à Kéther, le grain d’en
haut, car le commencement et la fin des choses sont toujours identiques.
Chaque point de départ n’est rien d’autre que le terme d’un développement
antérieur, et chaque aboutissement est le point de départ d’un autre
développement. Toute chose a un commencement et une fin, mais il
n’existe pas de véritable commencement. Une cause engendre toujours 216
Références bibliques
42
Que croyez-vous gagner en faisant savoir partout que vous avez été 217
victime ? Est-ce que cela vous dédommagera de ce que vous avez fait de
bon pour cette personne alors que, d’après vous, elle ne le méritait pas ?
Qui sait si par vos paroles vous ne lui porterez pas un préjudice plus grand
que celui que vous avez subi ?
On parle, on parle, sans être conscient que la parole est une arme terrible et
qu’on est responsable de l’usage que l’on en fait. En apparence une parole
n’est qu’un souffle d’air et ne porte pas à conséquence. Eh bien, si, ce
souffle d’air porte à conséquence. « C’est de l’abondance du cœur que la
bouche parle », disait Jésus. « L’homme bon tire de bonnes choses de son
bon trésor, et l’homme méchant tire de mauvaises choses de son mauvais
trésor. Je vous le dis : au jour du jugement, les hommes rendront compte de
toute parole vaine qu’ils auront proférée. Car par tes paroles tu seras
justifié et par tes paroles tu seras condamné. »1
Sur le plan des actes, on est limité : il n’est pas si facile de ruiner quelqu’un,
de briser sa carrière, de l’éliminer ou de détruire sa famille ; et en admettant
même que ce soit réalisable, on s’expose à être pris et condamné. Mais on
peut jeter facilement et sans trop de risque des paroles à droite et à gauche,
et ces paroles, comme des allumettes enflammées, provoquent des incendies
partout, dans les familles, dans l’entourage, sur le lieu de travail, dans la
société et même parfois dans le monde entier.
218
Il existe bien un moyen encore plus puissant que la parole, c’est la pensée.
Mais là, une autre sorte de difficulté se présente : pensée et parole
appartiennent à deux plans différents. La parole appartient au plan
physique, c’est une vibration, une onde qui se déplace dans l’air ; tandis que
la pensée appartient déjà au plan éthérique. 91 Si vous avez laissé échapper
quelques mots injustes ou méchants contre quelqu’un, tâchez, dès que vous
en prenez conscience, de vous lier aux entités bienveillantes du monde
invisible et concentrez votre pensée en lui envoyant beaucoup de lumière et
d’amour.
Quelques dégâts se seront certainement déjà produits et il faudra du temps
pour qu’il ressente les effets de vos bonnes pensées, mais vous aurez évité
le pire.
Tant que vous n’avez pas réparé, les paroles négatives que vous avez
prononcées contre quelqu’un continuent à produire des serpents, des tigres,
des loups – symboliquement parlant – qui viennent massacrer et dévorer ses
brebis. Cela veut dire que les mauvaises conséquences de vos paroles
nuisent aussi aux parents, aux enfants ou aux amis de la victime. Donc, rien
n’est rétabli. Vous devez maintenant trouver d’autres paroles, d’autres
pensées, d’autres actes qui répareront les dégâts. À ce moment-là, vous
serez pardonné non seulement par la personne que vous avez lésée, mais
aussi par la loi qui avait enregistré ces dégâts. Ne croyez donc pas que l’on
peut tout réparer facilement avec des excuses. C’est peut-être réglé pour la
personne généreuse qui grandit intérieurement en vous pardonnant ; mais ce
n’est pas réglé du point de vue de la justice cosmique. Il ne faut donc pas
s’étonner que Jésus se soit exprimé aussi sévèrement : « Je vous le dis : au
jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils
auront proférée. Car par tes paroles tu seras justifié et par tes paroles tu
seras condamné. » Jésus connaissait la loi.
Les paroles négatives sont comme un support matériel qui est fourni aux
esprits malfaisants, et ils s’en servent pour l’exécution de leurs mauvais
desseins. Alors, attention, car même si vous ne pensez pas vraiment le mal
que vous dites de quelqu’un, des entités maléfiques peuvent se servir de la
matière de ces paroles pour les réaliser. Et inutile de le leur reprocher : vous
n’aviez pas à leur fournir les occasions de faire du mal.
Quand des chrétiens se laissent aller à la médisance, ils savent très bien
qu’ils ne respectent pas les préceptes évangéliques, ce qui ne les empêche
pas de continuer. Mais ce qu’ils ignorent, c’est qu’il existe aussi une loi
selon laquelle celui qui s’acharne sur les autres, leur communique ses
propres énergies ; à son insu c’est donc lui qui les renforce. Quelqu’un vous
a fait du tort et vous le considérez comme un ennemi… C’est entendu. Mais
si vous voulez que cet ennemi s’affaiblisse, dites du bien de lui, trouvez-lui
au moins une bonne qualité et parlez aux autres de cette qualité. À ce
moment-là, les entités du monde invisible chargées de rétablir la justice se
présenteront devant lui et lui diront : « Combien as-tu dans ta caisse ?…
Bon, une partie sera pour celui-là, là-bas, parce qu’il a dit du bien de toi. »
Référence biblique
43
« Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le
loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres
périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne. 92 Et si ta
main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de
toi… »1
Puisque Jésus n’a rien écrit, il est possible que certaines de ses paroles aient
été incorrectement ou incomplètement rapportées. Comment savoir si Jésus
a réellement prononcé ces paroles ?… En comparant le texte des 221
Évangiles avec ce qui est écrit dans le grand livre de la nature vivante.
L’être humain sera toujours habité par des instincts, des désirs qui sont pour
lui des occasions de chute. Mais il ne doit pas chercher à les combattre, les
arracher, les extirper, car ils représentent les racines de son être, et s’il
arrache ses racines, la source de sa vie finit par se tarir. Ses instincts, ses
désirs, il doit uniquement s’efforcer de les transformer, de les sublimer.
Seulement, voilà : dans quelque domaine que ce soit, chacun comprend
mieux les mots rejeter, arracher, couper, extirper, que les mots transformer,
transmuter, sublimer. C’est donc là qu’il y a un travail à faire.
Quand vous sentez qu’un désir peut vous amener à mal agir, il est souvent
presque inutile de lutter directement contre lui. Laissez donc ce désir
tranquille, ne vous attaquez pas à lui, mais cherchez à vous élever plus haut
jusqu’au plan des sentiments, de la pensée, de l’âme, de l’esprit, et là,
orientez-le différemment.
Références bibliques
1. « Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute » – Matthieu 5 : 29
44
Et voici, une femme cananéenne, qui venait de ces contrées, lui cria : Aie
pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est cruellement tourmentée
par le démon. Il ne lui répondit pas un mot, et ses disciples s’approchèrent
de lui, et lui dirent avec instance : Renvoie-la, car elle crie derrière nous !
Il répondit : Je n’ai été envoyé que pour les brebis perdues de la maison
d’Israël. Mais elle vint se prosterner devant lui, disant : Seigneur, secours-
moi ! Il répondit : Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le
jeter aux petits chiens. Oui, Seigneur, dit-elle, 223
mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs
maîtres. Alors Jésus lui dit : Femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait
comme tu veux. Et, à l’heure même, sa fille fut guérie. »1
».
Non seulement ils leur servent la meilleure nourriture, mais ils la présentent
dans une vaisselle spéciale qu’ils sortent exceptionnellement. Là, ils se
montrent attentifs. Et l’idée ne leur viendrait pas de nourrir leurs animaux
avec des mets rares et succulents ; cette nourriture est chère et il ne resterait
plus rien pour les grandes occasions. Si vous approfondissez ce simple fait
de la vie quotidienne, peu à peu, au moment où vous serez tenté de gaspiller
vos richesses intérieures, une sorte de signal se déclenchera, et vous
déciderez de les conserver en sentant que ce sont là des fruits que vous
devez réserver aux visiteurs célestes.
225
Évidemment, la société des humains est ainsi faite que si vous voulez
inviter des princes et des princesses, même en préparant tout ce qu’il faut
pour les accueillir, il n’est pas sûr qu’ils viendront. Si vous n’appartenez pas
à la même classe sociale, ils ne vous trouveront peut-être pas dignes d’eux.
Mais avec les entités spirituelles, c’est différent : elles ne tiennent pas
compte des classes sociales. Elles, c’est auprès des âmes qu’elles se
rendent, et elles sentent tout de suite lesquelles sont nobles, belles et
capables de les recevoir. Du jour où vous avez appris à ne plus nourrir les
animaux du plan astral, pour les entités spirituelles votre âme est celle d’un
prince, d’une princesse. Dans la Cananéenne Jésus a reconnu une telle âme.
C’est pourquoi, même si elle ne faisait pas partie de ses brebis, il a exaucé
sa prière.
Références bibliques
: 22-28
2. Jésus fait entrer les démons dans des pourceaux – Marc 5 : 11-15
45
« Alors le Royaume des Cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris
leurs lampes, allèrent à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient
folles, et cinq sages. Les folles, en prenant leurs lampes, ne prirent point
d’huile avec elles ; mais les sages prirent, avec leurs lampes, de l’huile
dans des vases. Comme l’époux tardait, toutes s’assoupirent et
s’endormirent. Au milieu de la nuit, on cria : Voici l’époux, allez à sa
rencontre ! Alors toutes ces vierges se réveillèrent et préparèrent leurs
lampes. Les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, car nos
lampes s’éteignent. Les sages répondirent : Non, il n’y en aurait pas assez
pour nous et pour vous ; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en
pour vous. Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva ; celles qui
étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut
fermée. Plus tard, les autres vierges vinrent, et dirent : Seigneur, Seigneur,
ouvre-nous. Mais il répondit : Je vous le dis en vérité, je ne vous connais
pas.
226
D’abord, ce sont dix vierges, dix jeunes filles qui vont à la rencontre d’un
seul époux. Ensuite, pour entrer dans la salle des noces, elles doivent
chacune apporter une lampe – il faut donc supposer que rien n’a été prévu
pour l’éclairer – sans oublier de prendre aussi de l’huile pour le cas où leur
propre lampe viendrait à en manquer. Enfin, quand l’époux arrive, en pleine
nuit, cinq des dix vierges n’ont plus assez d’huile dans leur lampe, et elles
doivent aller en acheter… comme si les lampes des autres ne suffisaient pas
pour donner de la lumière ! Mais voilà qu’à leur retour elles se trouvent
devant une porte fermée, et l’époux refuse de leur ouvrir. Quel individu
désagréable et mal éduqué que cet époux ! Cela vaut-il vraiment la peine
d’attendre un homme aussi antipathique qui fait tant d’histoires pour un peu
d’huile ? Certaines des paraboles de Jésus contiennent ainsi des détails un
peu bizarres, mais justement, ce sont ces détails qui révèlent la profonde
sagesse des Évangiles.
Commençons par les vierges. Cinq vierges sages et cinq vierges folles…
Que signifie ici ce nombre cinq ? Pourquoi pas quatre ou six ?… Parce que
le cinq est le nombre des vertus fondamentales : la bonté, la justice,
l’amour, la sagesse et la vérité. Les cinq vierges sages personnifient ces
vertus, tandis que les cinq vierges folles personnifient les défauts
correspondants ; vous les connaissez, il n’est pas utile de préciser. Le mot «
folles » n’est certainement pas ici celui qui convient le mieux, mais puisque
c’est celui qu’utilise la tradition, conservons-le.
Voyons maintenant ce qu’est cette lampe que chaque vierge devait apporter
pour éclairer la salle des noces. À l’heure actuelle, nous n’utilisons plus de
lampes à huile, mais en tant que symboles, l’huile et la lampe correspondent
à quelque chose dans notre vie physique et notre vie psychique. Supposez
que vous soyez anémié, votre force vitale est amoindrie : la lampe de votre
corps manque d’huile, et elle commence à s’éteindre. Il arrive qu’on porte à
l’hôpital cette lampe dont la flamme vacille ; on lui donne un peu d’huile, et
la flamme peu à peu se ranime et elle brille. Dans ce cas, l’huile, c’est le
sang. Mais on retrouve ce symbole dans tous les domaines de la vie : pour
l’estomac, c’est la nourriture ; pour les poumons, c’est l’air ; pour le coeur,
c’est le sentiment ; pour l’intellect, c’est une idée…
Cette « huile », on peut dire aussi que les plantes la puisent dans le sol, dans
l’air, dans les rayons du soleil, et grâce à cette huile, elles préparent la sève.
Il y a de même une sève vivante qui coule en nous. Où ? Dans notre 227
Si, dans la parabole, Jésus a parlé de vierges sages et de vierges folles, c’est
que précisément le plexus solaire est en relation avec le signe astrologique
de la Vierge. Le plexus solaire, c’est cette partie de notre corps que Jésus a
désignée par le mot « sein » lorsqu’il a dit : « De son sein couleront des
sources d’eau vive ».982 Cela signifie que lorsque nous vivons, pensons et
sentons en accord avec les lois divines, notre plexus solaire se remplit d’une
énergie pure qu’il distribue ensuite dans tout notre organisme.
228
Les cinq vierges sages et les cinq vierges folles représentent donc deux
catégories d’êtres : ceux qui préparent consciemment de l’huile pour leur
lampe et ceux qui n’y pensent pas. Quant à l’huile de la lampe, elle
représente toutes les conditions intérieures que nous devons remplir pour
être là, disponibles, éveillés, actifs au moment où l’occasion se présente
d’assister à un événement important ou de faire une rencontre qui peut
transformer notre vie : la rencontre d’un être, la rencontre de la beauté, la
rencontre d’une vérité. Celui qui s’est laissé aller à des activités ou des états
inférieurs qui l’ont vidé de ses énergies, n’est pas prêt à vivre pleinement
ces rencontres : intérieurement il se trouvera toujours devant une porte
fermée.
Dans une certaine mesure, ce genre de situation peut se produire tous les
229
jours. Vous êtes contrarié, de mauvaise humeur, et voici que, de façon tout à
fait inattendue, vous devez faire une démarche ou recevoir une visite
importante pour vous : vous êtes incapable de vous présenter avec le visage
et l’état d’esprit qui conviennent, et cela ne se passera donc pas aussi bien
que si vous étiez dans de bonnes dispositions. Vous êtes là physiquement,
mais vous ne participez pas en pleine conscience à l’événement, parce que
vous avez laissé votre lampe, le plexus solaire, se vider de son huile. Or,
cette huile ne s’obtient que par une vie harmonieuse. Même si la nature
entière distribue cette huile à profusion, c’est vous, surtout, qui devez savoir
la préparer en vous.
Les cinq vierges folles n’ont donc pas été admises dans la salle des noces
parce qu’elles n’avaient pas préparé de l’huile pour leur lampe, et c’est ce
qui explique la réponse de l’époux : « En vérité, je ne vous connais pas. »
Autrement dit : « Vous n’avez pas encore appris à vivre la vie de l’esprit, je
ne vous ai jamais vues, votre place n’est pas ici ! » Cet époux est un
symbole du Saint-Esprit, et il ne peut pas accueillir les inconscients et les
étourdis. Vous direz qu’il est cruel. Non, il fait seulement preuve de la
même sévérité que la nature : à celui qui a dépensé les énergies les plus
précieuses qu’elle lui a données, elle ne se presse pas de les rendre. Et privé
de ses énergies, que peut-il lui arriver de bénéfique ?
Ici, veiller signifie rester vigilant spirituellement, car nous ne savons jamais
exactement à quel moment le Saint-Esprit viendra nous visiter.
Qu’ils soient hommes ou femmes, seuls ceux qui mènent une vie en
harmonie avec les lois de l’Esprit sont acceptés par lui. Jésus a employé le
mot « vierge » parce qu’il voulait parler de l’âme humaine, et que l’âme,
aussi bien chez l’homme que chez la femme, est toujours une jeune vierge
qui doit se montrer attentive, réceptive, afin d’attirer cet élément subtil
répandu à doses infinitésimales dans toute la nature. Si elle s’efforce d’en
faire chaque jour provision, goutte après goutte, elle n’en manquera jamais,
quoi qu’il arrive.
Cette parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles n’a donc
vraiment de sens que si on interprète la figure de l’époux comme un
symbole du Saint-Esprit. C’est pour lui que nous devons avoir de l’huile,
230
car il est une flamme, et une flamme a besoin d’être nourrie ; sans huile,
elle s’éteint. Le Saint-Esprit, c’est l’époux de lumière, et il ne nous
acceptera que si nous avons assez d’huile pour nourrir sa flamme. Vous
comprenez maintenant pourquoi il est dit que, cinquante jours après Pâques,
le Saint-Esprit est descendu sur les apôtres sous forme de langues de feu qui
brûlaient au-dessus de leur tête : parce qu’ils avaient de l’huile. 993
Et voici encore une méthode. Choisissez un gros arbre : chêne, pin, hêtre,
bouleau… Saluez-le en lui demandant de vous donner de sa force. Puis
adossez-vous à lui en plaçant la main gauche dans le dos, la paume contre le
tronc de l’arbre, et la paume de la main droite sur votre plexus solaire.
Vous pouvez faire encore provision de cette huile par la nutrition, par la
respiration, par la méditation et la prière. En mangeant avec beaucoup
d’attention, beaucoup d’amour, vous arriverez à extraire la quintessence de
la nourriture comme on extrait la quintessence des roses : à peine quelques
grammes pour d’énormes quantités de pétales. En apprenant comment
respirer, vous puiserez aussi les éléments les plus subtils de l’air. Et en
méditant, en priant, vous absorberez des éléments de vie éternelle.102 Un
231
Références bibliques
1. Parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles – Matthieu 25 :
1-13
46
« Il y a plusieurs demeures
dans la maison de mon Père »
La « maison du Père » dont parle Jésus est l’univers avec ses différentes
régions, mais dans cet univers les demeures qu’il nous prépare ne sont
évidemment pas matérielles, ce sont les espaces spirituels où nous irons un
232
Même si Jésus a dit à ses disciples : « Je vais vous préparer une place »,
chacun doit aussi contribuer à préparer cette place en menant une vie
conforme aux lois divines. Celui qui enfreint ces lois ne peut pas espérer
une demeure vaste, riche et belle. Il se retrouvera plutôt enfermé dans un
petit cachot obscur. Dante décrit l’enfer comme un cône renversé : les
créatures qui durant leur vie ont écouté les voix de leur nature inférieure
s’entassent dans un lieu qui se rétrécit de plus en plus. L’étendue, les vastes
espaces, la dilatation sont des caractéristiques du monde divin, tandis que
les limitations, le resserrement, la contraction sont des caractéristiques de
l’enfer.
Et puisque Jésus a dit à ses disciples qu’il allait leur préparer une place, cela
signifie aussi que même s’il allait bientôt quitter la terre, il ne les
abandonnerait pas. Depuis la demeure où il allait se rendre, il travaillerait
avec eux, il les aiderait à remplir leur mission, afin qu’une fois cette
mission accomplie ils puissent rejoindre leurs demeures célestes dans la
maison du Père.
schéma)
Puisque l’être humain a été créé à l’image de l’univers, il est lui-même une
demeure dont les différents étages – ses différents corps – sont occupés par
de nombreuses entités.103 Ces entités, c’est lui qui les a attirées d’après ses
états de conscience, ses pensées, ses sentiments, ses actes. S’il attire des
entités lumineuses, déjà elles le feront vivre intérieurement dans les régions
dont elles sont elles-mêmes les habitantes. Plus tard, quand il quittera la
terre, ce sont elles aussi qui l’amèneront vivre dans ces régions.
Les entités avec lesquelles nous pouvons le plus facilement entrer en 233
Si vous arrivez à attirer ces esprits en vous, c’est eux qui, un jour, vous
emmèneront habiter dans ce lieu que les Psaumes appellent « la terre des
Vivants »2 : le soleil. Sur cette terre, le Christ qui disait « Je suis la lumière
du monde »3 nous prépare une place et nous attend.
Références bibliques
47
Mais alors, pourquoi Jésus dit-il que nous devons chercher le Royaume de
Dieu « et sa Justice » ?
Dans le monde d’en haut, le Royaume de Dieu n’a évidemment rien à faire
avec la justice, sinon il ne serait plus le Royaume de Dieu, où seule règne la
loi d’amour. Mais en bas, sur la terre, c’est différent : avant de pouvoir
devenir le royaume de l’amour, la terre doit commencer par être le royaume
de la justice, car le véritable amour ne peut pas se manifester si on ne règle
pas d’abord la question de la justice. Je vous ai expliqué un jour que
l’amour est une sorte d’injustice. Mais pour s’élever jusqu’à cette divine
injustice qu’est l’amour, il faut commencer par comprendre et appliquer la
justice sur la terre. Et là, quelles difficultés ! Donner ou rendre 234
chaque jour à chacun ce qui lui est dû selon ses mérites est presque
impossible.
Ce Royaume de Dieu dont parle Jésus doit d’abord être compris comme un
état de conscience, une façon de vivre et de travailler ; il ne peut pas être
réalisé dans le plan physique avant d’être déjà réalisé dans la pensée. Une
fois réalisé dans la pensée il descendra dans le cœur, dans les sentiments, et
c’est alors qu’il pourra enfin s’exprimer par des actes. Car tel est le
processus de la réalisation dans la matière : pensée – sentiment – acte. Le
Royaume de Dieu se réalisera véritablement un jour sur la terre. C’est lui
que dans le « Notre Père » Jésus nous apprend à demander quand il dit : «
Que Ton règne vienne, que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel
».2 Mais ce Royaume, les humains doivent d’abord l’établir dans leurs
pensées et leurs sentiments. Et là, on peut voir que le processus a déjà
commencé… Des milliers de personnes dans le monde nourrissent cet idéal
de lumière, de paix, de fraternité, et il y en a peut-être beaucoup plus que
vous ne le croyez.
C’est donc en bas, sur la terre, parmi les humains, que nous devons
maintenant le réaliser, en manifestant nous-mêmes les vertus divines. Tous
les grands Maîtres spirituels savent qu’ils sont venus sur la terre pour
travailler à cette réalisation. Et les philosophies qui incitent les humains à
négliger, à mépriser la terre sous prétexte qu’elle est une prison, une vallée
de larmes et que leur véritable patrie est ailleurs, ne sont pas conformes aux
projets de Dieu.
Mais c’est sur la fin de la phrase prononcée par Jésus que je trouve
particulièrement important de s’arrêter : « et tout le reste vous sera donné
par surcroît. » Cela signifie que celui qui est capable d’engager toutes les
puissances de son intellect, de son coeur et de sa volonté pour la réalisation
du Royaume de Dieu sur la terre, n’aura plus rien d’autre à chercher, plus
rien d’autre à demander. Car le Royaume de Dieu représente un état de
perfection, de plénitude, il est la synthèse de tout ce qu’un être humain peut
souhaiter.
Tel homme aspire au pouvoir, tel autre à la richesse, tel autre encore à
l’amour, ou à la liberté, ou à la sagesse, ou à la beauté… Mais ce ne sont
que des aspects du Royaume de Dieu, et dès qu’on commence à n’en
rechercher qu’un, on introduit le germe du déséquilibre. Le Royaume de
Dieu est un état d’équilibre et d’harmonie, et si on se concentre sur une 235
Puisqu’une idée est un être vivant, elle est douée de qualités propres, et dès
l’instant où vous travaillez pour elle, elle vous fait bénéficier de ses
richesses. Vous avez seulement une idée, une seule, et malgré toutes vos
imperfections, vos faiblesses, votre ignorance, cette idée qui habite le
monde de la lumière vous met en communication avec tous ses amis, elle
vous fait connaître d’autres créatures, d’autres régions en haut. C’est ainsi
qu’un jour vous sentirez que cette seule idée vous a apporté tout le Ciel. Il
faut bien comprendre le côté magique de cette question de l’idée, car ce qui
est vrai du pouvoir des idées inspirées par le bien est vrai aussi du pouvoir
des idées inspirées par le mal. C’est pourquoi, avant d’accepter une idée et
de décider de la soutenir, il faut être lucide et vigilant.
Je vous révèle là une des vérités parmi les plus importantes de la science
spirituelle. Une idée qui par elle-même semble limitée dans la mesure où
elle ne touche qu’un certain domaine, peut nous apporter d’autres richesses
qu’elle-même ne possède pas. Oui, parce qu’elle nous lie à toutes les autres
idées qui vibrent à l’unisson avec elle. Peu à peu, toutes ces autres idées
font connaissance avec nous, et comme chacune possède un terrain ici, une
236
Dans sa pensée, dans ses désirs, l’être humain a des possibilités infinies
; dans le monde de l’âme et de l’esprit, il n’y a pas de limites pour lui. S’il
sent des limites, c’est qu’il s’est lui-même limité. C’est donc consciemment
237
que vous devez être capable de nourrir un idéal irréalisable : peu à peu,
vous sentez que, grâce à vos désirs, à vos pensées, vous arrivez à monter
très haut dans l’espace ; là, vous touchez des êtres, des éléments qui sont en
correspondance exacte avec ces désirs, ces pensées, et vous les attirez à
vous.
», pour celui qui est habité par l’idée du Royaume de Dieu ?…. Vous
remarquerez que Jésus n’a pas dit que lorsque nous aurons réalisé le
Royaume de Dieu, tout le reste nous sera donné, mais seulement quand
nous le chercherons. C’est-à-dire qu’avant même qu’il soit réalisé,
seulement en le cherchant, en nous concentrant sur lui, en le souhaitant de
toutes nos forces, sans rien d’autre à côté qui nous fasse dévier, tout le reste
nous sera donné. Et ce « tout le reste », ce qui n’est pas le Royaume de
Dieu, qu’est-ce que c’est ? Eh bien, ce sont les bonnes conditions : le temps,
la santé, l’aide de vos amis, la liberté de le chercher… Voilà ce que c’est, «
tout le reste » : les bonnes conditions pour continuer à marcher vers lui.
Jésus avait dit : « Le Royaume de Dieu est proche ».4 Se serait-il trompé
puisque, depuis deux mille ans que de telles paroles ont été prononcées, on
238
voit bien qu’il est encore loin ? Non, il ne s’est pas trompé, mais il faut
comprendre dans quel sens ces paroles sont véridiques. Le Royaume de
Dieu n’est pas un mode de gouvernement qu’on peut décréter et imposer
aux peuples, mais un état de conscience. Par son enseignement Jésus en a
jeté les bases, et on peut dire que pour certains ce royaume est déjà venu :
dans l’âme et le coeur de ceux qui ont su comment le préparer en mettant en
pratique l’enseignement d’amour apporté par Jésus, il est déjà venu. Pour
d’autres, il est en train de venir… Et quand viendra-t-il pour tous ? On n’en
sait rien, mais il viendra.
Pour agir sur la terre le Ciel a besoin d’ouvriers : des ouvriers convaincus et
surtout désintéressés, qui se décident à mettre tout ce qu’ils possèdent
comme facultés, talents ou avantages matériels au service de ce seul but : le
Royaume de Dieu.104 Beaucoup diront qu’ils ne peuvent pas faire grand
chose, qu’il n’y a pas de place pour eux dans la société, qu’ils ne trouvent
pas de conditions pour faire reconnaître leurs capacités. Eh bien, ce n’est
pas une raison suffisante pour se sentir inférieurs ou inutiles.
L’être humain a été créé pour se développer parfaitement dans les trois
mondes : physique, spirituel et divin. Mais il y parvient difficilement parce
qu’il n’a pas compris combien il est nécessaire d’avoir une seule direction,
un seul but dans la vie. Vous direz que ce n’est pas possible : vous avez tant
de charges, tant d’obligations différentes ! Si, c’est possible. Quelles que
soient vos charges et vos obligations, vos préoccupations, vos pensées, vos
désirs, les mouvements même de vos cellules doivent aller dans une seule
direction : le Royaume de Dieu et sa Justice. À ce moment-là toutes les
énergies en vous sont mobilisées et participent au développement de cet être
parfait que vous devez devenir un jour.105
Références bibliques
48
« Ne vous faites pas appeler Rabbi106 , car un seul est votre Maître…
Ne vous faites pas appeler directeur, car un seul est votre Directeur, le
Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ».1
Cette parole de Jésus contredit l’idée que la plupart des gens se font du
service. En général, c’est l’inférieur qui sert le supérieur, le petit qui sert le
grand. Ils considèrent seulement l’aspect extérieur, social, de la question :
un ministre est au service d’un président ou d’un roi, un employé au service
d’un patron, etc. Mais Jésus ici parle d’une autre sorte de service.
On a vu dans l’histoire des hommes et des femmes se mettre au service de
personnes qu’ils haïssaient afin de les attirer sur des chemins où il était
évident qu’elles allaient se perdre. Ces personnes non seulement ne se
doutaient de rien, mais elles se félicitaient d’avoir des serviteurs aussi zélés
: zélés pour satisfaire leurs ambitions, leurs caprices, leurs mauvais
instincts, donc leur moi inférieur, ce qui était la meilleure façon de conduire
ces aveugles à la ruine. Alors, qui est en réalité le maître ? et qui est le 240
serviteur ?
Parce que Jésus était grand, il a su se faire infiniment petit. Il n’a jamais
exigé qu’on s’incline devant lui et le serve ; c’est lui qui s’est fait l’humble
serviteur de tous. Comme Jésus, celui qui est parvenu à s’élever
spirituellement ne doit pas prendre prétexte de sa grandeur pour s’imposer
aux autres. Plus il s’est élevé, plus il doit se manifester avec humilité. Il
dépasse les autres par sa force morale et spirituelle ? C’est très bien, mais
cela ne suffit pas. La question ensuite, c’est l’attitude, le comportement.
Mais qu’il commence par s’imposer à ces serviteurs que sont les cellules de
son corps.108 Chacun a en lui des millions de petits serviteurs sur lesquels
il peut exercer son autorité pour qu’ils contribuent à sa santé physique et
spirituelle. Mais partout ailleurs, qu’il se manifeste comme un serviteur !
Référence biblique
241
49
Toutes les religions anciennes ont pratiqué des sacrifices rituels d’animaux
afin que le sang versé, l’odeur des chairs brûlées servent de nourriture aux
dieux, ou à Dieu. 109 De nos jours, on allume des cierges, on fait brûler de
l’encens, on fleurit les autels, parce que ces lumières, ces exhalaisons et ces
parfums sont aussi des nourritures pour les entités spirituelles. Mais la
meilleure nourriture qu’un être humain puisse offrir à la Divinité, celle
qu’Elle apprécie le plus, ce sont ses pensées et ses sentiments. Car l’être
humain est un arbre d’une espèce particulière, et cet arbre doit s’efforcer de
donner les meilleurs fruits : des pensées et des sentiments remplis de
lumière et de chaleur, de sagesse et d’amour. C’est le sens de la parabole du
figuier stérile.
Le figuier est aussi présent dans un autre passage des Évangiles. Et là, ce
n’est pas une parabole. L’événement est rapporté comme ayant réellement
eu lieu.
« Après qu’ils furent sortis de Béthanie, Jésus eut faim. Apercevant de loin
un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il trouverait quelque chose, et
s’en étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était 242
pas la saison des figues. Prenant alors la parole il lui dit : Que jamais
personne ne mange de ton fruit ! Et à l’instant le figuier se dessécha. »2
Que ce soient les végétaux, les animaux ou les êtres humains, dans la nature
toutes les espèces se perpétuent parce qu’elles donnent des fruits.
Ces fruits sont très différents selon l’espèce, mais c’est le même principe, et
ceux qui ne donnent pas du fruit sont condamnés à disparaître. Cet instinct
de conservation qui habite toutes les créatures explique que, pendant des
millénaires, et encore de nos jours dans certains pays, les femmes stériles
ont été regardées avec mépris. Et avec quelle cruauté on les traitait parfois !
On peut donc donner une interprétation plus large de ce récit. Si, bien que
ce ne soit pas la saison, Jésus s’irrite de ne pas trouver de figues sur le
figuier, c’est que l’être humain, lui, ne doit pas attendre telle période ou
telle saison pour produire des fruits : des pensées lumineuses, des
sentiments chaleureux. Car le Seigneur peut venir à tout moment. Il
n’attend pas telle ou telle période, et Il ne s’annonce pas à l’avance. Au
moment où Il vient, que ce soit l’été ou l’hiver, le jour ou la nuit, cet arbre
qu’est l’homme doit pouvoir donner des fruits, sinon l’esprit l’abandonne,
et cet abandon est une malédiction pour lui ; il se dessèche et meurt. Jésus
et les grands Maîtres de l’humanité sont entrés dans l’immortalité parce
qu’ils avaient toujours des fruits à donner. 110
243
La sévérité avec laquelle Jésus traite ce figuier qui ne portait pas de fruit
rappelle la parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles. 111
Quand, au milieu de la nuit, l’époux arrive dans la salle des noces, les
vierges qui avaient négligé de mettre de l’huile dans leur lampe n’ont pas
été acceptées. Et Jésus conclut la parabole en disant : « Veillez donc, car
vous ne savez ni le jour ni l’heure ».4 De même que dans notre lampe nous
devons toujours avoir de l’huile, ce fluide vivant qui anime et éclaire tout
notre être intérieur, à chaque instant nous devons pouvoir offrir au Seigneur
les fruits de notre coeur et de notre âme.
Références bibliques
50
« Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne
des noces, afin de lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera.
Une grande force réside dans l’attente. C’est elle qui nous maintient
éveillés, afin qu’au moment où les visiteurs viendront, nous soyons prêts à
leur ouvrir immédiatement les portes de notre âme. C’est cette attitude
intérieure d’attente qui nous rend capables de percevoir les événements du
monde invisible, les courants qui le traversent et les présences qui nous
apportent leurs bénédictions. Vous direz que vous ne les voyez pas. Peut-
être, mais il existe des personnes qui les voient. Et d’ailleurs, est-il
tellement nécessaire de les voir ? Vous pouvez les sentir, ce qui est bien plus
important. Si votre coeur et votre âme ne sentent pas ce que vous apportent
les entités célestes, les voir ne vous servira pas à grand-chose.
245
Référence biblique
1. « Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne
des noces »
– Luc 12 : 36
51
« Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main
droite. »1
La main gauche et la main droite sont toutes les deux des instruments de
notre activité. Elles s’accordent, s’harmonisent, se complètent ; chacune est
un aspect de l’unité que nous représentons. Il est impossible de penser une
main indépendamment de l’autre, car elles sont polarisées : la droite,
émissive, possède la polarité masculine, et la gauche, réceptive, la polarité
féminine. C’est pourquoi on les a souvent mises en relation avec le soleil
(main droite) et la lune (main gauche), qui exercent l’un et l’autre leur
influence sur nous. Le principe masculin et le principe féminin projettent
des courants à travers nos deux mains, et elles agissent ensemble pour
travailler, soutenir, réparer, sauver.
Vous direz que dans la plupart des traditions, la droite est symboliquement
associée au bien et la gauche au mal. En effet, lorsqu’on dit de quelqu’un
qu’il suit la voie de gauche, cela signifie que sa conduite n’est pas fameuse.
Mais, dans notre vie quotidienne, la main gauche s’associe à la main droite
pour que nous agissions efficacement. Alors, que signifie le conseil de Jésus
?
Et s’il ne faut pas que la main gauche sache ce que fait la main droite, en
revanche la main droite doit connaître les agissements et les projets de la
main gauche afin de déjouer ses pièges. La nature inférieure est sans cesse
occupée à fomenter des affaires louches, ce qui oblige la nature supérieure à
rester constamment en éveil, à observer ce qui se passe et, au besoin,
intervenir pour remettre de l’ordre. Celui qui se trouve au-dessus a toujours
besoin de savoir ce qui se passe au-dessous. Un responsable doit se tenir au
courant de ce que font les personnes qui lui sont subordonnées, et de même
il est nécessaire que les parents exercent une vigilance constante sur leurs
enfants.
Étudiez bien les relations qu’entretiennent en vous la nature inférieure et la
nature supérieure. Vous prenez de bonnes résolutions : vous vous dites, par
exemple, qu’il est temps de vous débarrasser d’une mauvaise habitude, ou
vous avez l’intention d’aider quelqu’un… Sachez que votre nature
inférieure, qui vous observe, va vous envoyer des suggestions, des
tentations pour vous en détourner. Ou alors, elle attend patiemment le
moment de prendre sa revanche. La nature inférieure, c’est tout un peuple
qui habite en l’homme, et ce peuple, comme tous les peuples de la terre, ne
comporte pas uniquement des créatures honnêtes, nobles, généreuses ; il y
a, là aussi, des entités malfaisantes qui cherchent à s’exprimer à travers le
coeur et l’intellect pour pouvoir s’imposer.
contre ces projets et cherchera par tous les moyens à empêcher leur
réalisation. Elle vous chuchotera : « Mais rien ne presse… Tu as le temps…
Pourquoi te donner tout ce mal, alors que tu pourrais être tellement
tranquille ? » C’est ainsi que, le moment venu, vous n’aurez plus autant
d’entrain, de conviction, et vous ne ferez rien.
Et voici encore une autre application du conseil de Jésus. Quand vous avez
un projet qui vous tient à coeur, si vous voulez être bien au point, bien armé
pour le réaliser, ne l’annoncez pas à l’avance. Commencez par l’exécuter,
vous aurez ensuite assez de temps pour le présenter et le commenter.
Pourquoi, là encore, ces précautions ? Parce qu’autour de vous, comme en
vous, des entités obscures sont là, prêtes à vous faire obstacle en se servant
des membres de votre famille, de vos amis, de vos collègues de travail, de
vos voisins ; vous rencontrerez alors de grandes difficultés, ou même vous
échouerez, tout simplement. Sans parler de ceux qui, apparemment animés
des meilleures intentions, vont essayer de vous décourager en disant : «
Mais vous croyez que ça en vaut la peine ?…. Est-ce que vous ne devriez
pas plutôt laisser ça à d’autres ? »
Lorsque des hommes d’État, des ministres, des responsables, ont à prendre
des décisions utiles pour le pays, il vaudrait mieux qu’ils ne les annoncent
pas tout de suite, car il y a toujours quelques personnes plus ou moins bien
intentionnées pour leur mettre des bâtons dans les roues. Vous direz qu’ils
sont obligés d’annoncer leur programme, de présenter les lois devant le
Parlement pour qu’elles soient discutées et votées. C’est vrai, et c’est
normal, mais cela suscite des obstacles et il faut le savoir d’avance.
Quant à vous, autant que vous le pouvez, attendez que vos bons projets
aient au moins un début de réalisation pour en parler. Quand ils auront
commencé à prendre forme, ce sera comme un arbre bien enraciné que les
vents ne peuvent pas abattre. Et cet arbre donnera des fruits que vous
pourrez distribuer ensuite autour de vous.
votre geste peut provoquer en lui des réactions inattendues. Dans les
relations humaines, on ne tient jamais suffisamment compte des rapports
compliqués que la main gauche, la nature inférieure, entretient chez les
êtres avec la main droite, la nature supérieure.
Référence biblique
52
« Le Royaume des Cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne
semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son
ennemi vint, sema de l’ivraie parmi le blé et s’en alla. Lorsque l’herbe eut
poussé et donné du fruit, l’ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la
maison vinrent lui dire : Seigneur, n’as-tu pas semé une bonne semence
dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ? Il 249
leur répondit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent :
Veux-tu que nous allions l’arracher ? Non, dit-il, de peur qu’en arrachant
l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble
l’un et l’autre jusqu’à la moisson et, à l’époque de la moisson, je dirai aux
moissonneurs : Arrachez d’abord l’ivraie, liez-la en gerbes pour la brûler,
et amassez le blé dans mon grenier. »1
Le blé et l’ivraie sont les symboles de réalités qui existent non seulement
dans le règne végétal, mais aussi dans les règnes animal et humain. Le blé
représente tout ce qui est bon, utile, nutritif ; tandis que l’ivraie, qui est une
herbe particulièrement nuisible aux céréales, représente exactement son
contraire, donc le mal. Comme les serviteurs qui proposent à leur maître
d’aller arracher l’ivraie, les humains sont toujours prêts à combattre le mal,
et leur langage est rempli d’expressions où il est question d’extirper,
d’éliminer, d’écraser, d’anéantir. Ils sont certainement animés de bonnes
intentions, mais leur entreprise est d’avance vouée à l’échec : jamais ils ne
réussiront à extirper le mal de la société ou des êtres. Et non seulement ils
ne réussiront pas, mais dans cet immense champ qu’est le monde, le blé et
l’ivraie sont si inextricablement mêlés que lorsqu’ils croiront n’arracher que
l’ivraie, ils arracheront aussi le blé. Quelle sagesse dans la réponse du
maître à ses serviteurs : « Laissez-les croître l’un et l’autre jusqu’à la
moisson » !
Mais laisser croître le blé et l’ivraie jusqu’à la moisson ne signifie pas que
nous devons attendre cette moisson sans rien faire. Au contraire, c’est un
véritable travail que nous avons à entreprendre. Tout en laissant le bien et le
mal vivre ensemble, nous devons chercher à utiliser les forces
extraordinairement puissantes contenues dans les éléments du mal, c’est-à-
dire en extraire une quantité infinitésimale pour augmenter et intensifier les
forces du bien : ne pas chercher à arracher le mal, mais le mettre au service
du bien. La question est de savoir comment.
L’être humain n’est pas capable de vaincre le mal dans le monde. Et il n’est
pas non plus capable de le vaincre en lui-même, mais il a la liberté de
choisir les graines qu’il veut semer en lui. Imaginons que vous possédez un
champ. Vous y semez de bonnes graines, mais si par négligence vous en
semez de temps en temps de mauvaises, elles pousseront aussi, car la terre
alimente toutes les graines. Vous ne pouvez pas lui dire qu’elle est stupide,
qu’elle devrait étouffer les mauvaises graines et ne laisser pousser que les
bonnes, car elle vous répondra : « Je ne comprends pas ce que tu me
racontes. Je protège et je fais croître toutes les semences. Pour moi tout est
bon, même le mauvais est bon. » Si vous semez en vous de bonnes pensées,
la nature va les alimenter, les fortifier, et la moisson sera magnifique ; mais
elle alimentera aussi vos mauvaises pensées, puisque les mauvaises graines
ont également la liberté de pousser. 118Jusqu’à quand ?…
Une fois qu’il a achevé son travail, vous vous sentez mieux. Il y a ainsi de
grandes et de petites moissons. Et de même que le feu de la fièvre libère
l’homme d’une ivraie qui a poussé dans son corps physique, le feu de 251
l’amour spirituel le libère de l’ivraie qui pousse dans le plan psychique. 119
C’est cette même opération que nous devons nous efforcer de faire dans
notre vie psychique, car nous sommes semblables aux arbres. Grâce à la
lumière du soleil spirituel, nous pouvons transformer en nous la sève brute
de nos tendances instinctives en sève élaborée qui ira nourrir les fleurs et les
fruits de notre âme et de notre esprit. 121
Bien sûr, ces faits se sont déroulés il y a deux mille ans, mais ce n’est 252
pas une raison pour les laisser de côté, car les questions qu’ils posent
continuent et continueront à se poser. Celui qui ne veut fréquenter que des
personnes distinguées, instruites ou vertueuses ne peut pas évoluer, car il ne
sera jamais un bon alchimiste. En ne cherchant pas à utiliser les énergies
contenues dans les racines, il se prive de fleurs et de fruits.
« Ce ne sont pas, disait-il, ceux qui se portent bien qui ont besoin de
médecins, mais les malades. »2 Voyez comment il parle à Marie-Madeleine
qu’il avait délivrée de sept démons ou à la Samaritaine qui avait eu cinq
maris, comment il donne en exemple « la pécheresse » qui avait versé du
parfum sur ses pieds, ou encore comment il sauve la femme adultère de la
lapidation.3
Les êtres d’une grande pureté sentent qu’ils peuvent aller dans tous les
milieux et fréquenter n’importe qui, ils n’ont pas peur d’être salis par les
autres. Leur amour est plus fort que tout et c’est cet amour qui les rend
capables de transformer les impuretés autour d’eux. Donc, contrairement à
ce que croient encore beaucoup trop de gens, se tenir à l’écart des faibles et
des pécheurs n’est pas un signe d’évolution. Je ne dis pas cela pour vous
pousser à aller vivre parmi tous les réprouvés de la terre, les malfaiteurs, les
débauchés. Le désir d’aider les êtres ne suffit pas pour les arracher à leurs
vices ou à leurs faiblesses. Combien de fois on a vu des personnes animées
d’intentions généreuses se laisser entraîner aussi bas que ceux qu’elles
voulaient sauver ! Elles avaient présumé de leurs forces. Pour transformer
les êtres, c’est sur soi-même d’abord qu’il faut avoir appris à faire ce travail
de transformation.
253
Pour terminer, revenons encore sur ce que cette parabole peut nous
apprendre d’essentiel. Un ennemi est venu semer de l’ivraie au milieu d’un
champ de blé. Ce champ peut être une image du monde, d’une société, mais
aussi, je vous l’ai dit, une image de l’homme lui-même. Et cet ennemi qui
est en l’homme, avec quel zèle il entreprend de détruire le travail de tous
ceux qui cherchent à faire de leur être une terre fertile ! Parmi les germes
qu’il s’ingénie à introduire en eux, il a le choix : la jalousie, l’orgueil, la
sensualité, la cupidité, la vanité, la colère… Pourquoi réussit-il ? Parce que,
comme dans la parabole, les gens « dorment », ils ne sont pas vigilants.
Références bibliques
2. « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecins,
mais les malades » – Matthieu 9 :12
53
« Soyez parfaits
254
Depuis deux millénaires les chrétiens récitent : « Notre Père qui es aux
cieux ».1 Mais il est évident qu’ils n’ont pas encore bien tiré les
conséquences de cette filiation divine. Si Dieu est leur Père, c’est qu’ils
sont de même nature que Lui – on n’a jamais vu qu’un père et ses enfants
soient de nature différente. Et s’ils sont de même nature que Lui, ils peuvent
devenir comme Lui. C’est parce que Jésus savait que la véritable nature de
l’homme est sa nature divine qu’il a dit : « Soyez parfaits comme votre
Père céleste est parfait. »2 Vous remarquerez que Jésus n’a pas dit : Soyez
parfaits comme Dieu est parfait, mais « comme votre Père céleste est parfait
». Puisque Dieu est notre Père, nous portons en nous le germe de sa
perfection.
255
Il est écrit dans le livre de la Genèse que Dieu créa l’homme à son image,
ce qui signifie qu’Il a fait descendre son esprit en lui.3 On peut comparer
cette image de Dieu à une graine, et c’est donc en nourrissant cette graine,
en l’arrosant, en la vivifiant, que l’homme s’approchera peu à peu de la
perfection divine. Car qu’est-ce qu’une graine ? Une créature vivante qui ne
cesse de faire appel aux forces et aux matériaux de l’univers afin
d’accomplir sa tâche. Et sa tâche, c’est de ressembler à l’arbre qui l’a
produite. Le Créateur a donné à chaque graine la vocation de ressembler à
son père, l’arbre ; c’est pourquoi, une fois semée, toute son activité va dans
le sens de cette vocation : elle prend dans la terre et l’atmosphère les
éléments nécessaires à sa croissance, et elle délaisse les autres. C’est ainsi
qu’elle arrive à réaliser toutes les potentialités contenues dans le schéma
qu’elle porte en elle.
En apparence, il n’y a rien de très spécial dans une graine. Si vous l’ouvrez
pour l’observer au microscope, vous n’y découvrirez pas l’image de l’arbre.
Comment se fait-il qu’elle finisse par donner cette créature immense avec
des racines, un tronc, des branches, des feuilles, des fleurs et des fruits ?….
Étant donné que l’empreinte qu’elle porte en elle est de nature éthérique,
elle n’est pas visible : il faudrait donc avoir la possibilité de voir dans le
monde éthérique pour découvrir toute la structure de l’arbre tel qu’il doit se
développer d’après des lignes de forces déterminées. De même, aucune
observation microscopique de la « graine » que l’homme donne à la femme
ne peut indiquer ce que sera l’enfant. Mais une fois cette graine semée dans
le sein de la mère et nourrie de son sang, elle se développe, et un jour
l’enfant vient au monde en possession de tous ses traits physiques et
psychiques propres.
Chaque semence que l’on trouve dans la nature porte une empreinte
originelle d’après laquelle, une fois mise en terre, elle va se développer et
acquérir peu à peu les mêmes caractéristiques que la plante qui l’a produite
En disant : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait », Jésus ne
fait rien d’autre que nous encourager à travailler sur l’image de Dieu
inscrite en nous, afin de parvenir jusqu’à la ressemblance. Cette image de
Dieu que l’être humain porte en lui se trouve dans le germe du corps
atmique123, c’est-à-dire dans l’esprit, là où règne la perfection absolue. Il
est impossible de la percevoir, parce que cette image est recouverte par la
matière des autres corps qui sont comme des écrans, des verres opaques et
déformants, mais elle existe. Si nous nous concentrons sur le germe du
corps atmique, nous arriverons peu à peu à vivifier l’empreinte divine en
nous, et un jour cette empreinte changera non seulement les vibrations de
nos corps psychiques, mais aussi celles de notre corps physique.
toutes ces graines qui restaient là, cachées, invisibles, commencent à germer
et à croître. Vous direz que vous savez cela depuis longtemps… Bien sûr,
vous le savez, mais vous n’en avez pas encore compris tout le sens ni tiré
toutes les conséquences. Le savoir et la compréhension sont deux choses
différentes. On sait, on sait, mais ce savoir formidable, qu’a-t-il donné
jusqu’à présent ? Si vous aviez compris, vous auriez senti que, vous aussi,
vous possédez des semences et vous auriez commencé à les faire croître à la
lumière et à la chaleur du soleil.
Le soleil que nous voyons se lever chaque matin à l’horizon n’en est qu’un
lointain reflet ; mais si nous apprenons comment le regarder, la force
akashique ou force Télesma, qu’il propage à travers l’espace, viendra
vivifier en nous ce germe sublime qui porte l’empreinte parfaite du
Créateur.
Et cette eau est en nous : c’est l’amour. Quand nous sommes sous les rayons
du soleil, nous devons non seulement être actifs comme lui, mais penser
aussi à arroser en nous toutes ces graines avec notre amour, notre
reconnaissance. Chaque progrès que nous réalisons dans ce travail nous
suivra toute notre vie, et même au-delà, à travers nos existences
successives, et nous nous approcherons de plus en plus de la perfection du
Père céleste dont nous portons l’image inscrite en nous.
? Même s’il ne croyait pas que ce soit vraiment possible, c’est cet idéal que
Jésus nous a présenté, parce qu’il est le seul capable de répondre à ce besoin
d’absolu dont les humains ne sont pas toujours conscients. Leur existence
ne peut pas se limiter à la satisfaction de quelques désirs, de quelques
ambitions. Ils doivent chercher l’introuvable, marcher vers l’inaccessible,
tenter l’irréalisable. C’est ainsi qu’ils resteront toujours en haleine, vivants,
et progresseront dans la voie de la perfection.
258
L’Intelligence cosmique a tout prévu : le long des voies sans issue où ils
sont sans cesse tentés de s’égarer, elle a dressé des obstacles qui les obligent
à faire demi-tour ; tandis que sur la bonne voie, même difficile, ils ne sont
jamais arrêtés. Peu importe que l’idéal soit irréalisable, il est présent en
eux… idéalement ! Il participe chaque jour à ce qu’ils vivent, et c’est de lui
qu’ils reçoivent la force pour continuer à avancer. Peu importe que nous
n’atteignions jamais la perfection de notre Père céleste. Si Jésus nous a
donné cet idéal, c’est qu’il savait que l’évolution est une loi qui gouverne
l’univers. Ceux qui stagnent de quelque façon que ce soit finissent par être
écrasés, broyés par les courants puissants de la vie. Car la vie est toujours
en marche. C’est en ayant sans cesse devant notre regard intérieur cet idéal
de perfection divine que nous nous harmonisons avec ces courants.
Quelles que soient vos faiblesses, vos difficultés, n’oubliez jamais que vous
devez marcher vers la perfection divine. Si vous l’oubliez, ne soyez pas
étonné de ne jamais pouvoir sortir des déceptions, des chagrins, du
désespoir. Ensuite, bien sûr, vous donnerez du travail aux médecins.
attentif, vous vous rendriez compte que tout ce dont je vous parle dans mes
conférences touche d’une façon ou d’une autre à ce sujet. Alors, accrochez-
vous chaque jour à la pensée de votre avenir lumineux.
Références bibliques
54
trouva d’autres qui étaient sur la place, et il leur dit : Pourquoi vous tenez-
vous ici toute la journée sans rien faire ? Ils lui répondirent : C’est que
personne ne nous a loués. Allez aussi à ma vigne, leur dit-il.
Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle
les ouvriers, et paie-leur le salaire, en allant des derniers aux premiers.
Ceux de la onzième heure vinrent, et reçurent chacun un denier.
Les premiers vinrent ensuite, croyant recevoir davantage ; mais ils reçurent
chacun un denier. En le recevant ils murmurèrent contre le maître de la
maison, et dirent : Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et tu les
traites à l’égal de nous, qui avons supporté la fatigue du jour et la chaleur.
Il répondit à l’un d’eux : Mon ami, je ne te fais pas tort : n’as-tu pas
convenu avec moi d’un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en.
Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi. Ne m’est-il pas permis de faire
de mon bien ce que je veux ? Ou vois-tu d’un mauvais œil que je sois bon ?
Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. »1
Le maître sort donc à la première heure pour louer des ouvriers, puis il sort
à nouveau à la troisième, à la sixième, à la neuvième et à la onzième heure.
Il faut d’abord se demander si ces ouvriers qui ont été loués aux différentes
heures de la journée avaient les mêmes compétences : peut-être n’avaient-
ils pas les mêmes travaux à exécuter.
Beaucoup plus tard, apparaîtront les feuilles, les fleurs et enfin les fruits.
Les racines, qui sont apparues les premières, restent les dernières pour ce
qui est de l’organisation, de la subtilité, de la beauté ; c’est pourquoi on
n’accorde pas tellement d’attention aux racines, tous recherchent les fleurs
et les fruits. Les pauvres racines qui sont enfouies dans le sol sont oubliées,
et pourtant, du point de vue biologique, ce sont elles les plus importantes.
262
« Les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers…
Que signifient ces exemples ? Que celui qui se déplace dans un char à
boeufs, c’est-à-dire qui utilise seulement les possibilités du corps physique,
les vieilles méthodes pour résoudre tous les problèmes, ne trouvera la vérité
qu’après des milliers d’années. À celui qui voyage sur l’eau, c’est-à-dire qui
marche à la vitesse des sentiments ordinaires, il faudra presque autant de
temps. Celui qui se déplace dans les airs, c’est-à-dire qui utilise son
intellect, ira plus vite. Mais celui qui peut voyager par l’esprit, par
l’intuition, se déplace à la vitesse de la lumière et il trouve immédiatement
la vérité.
Le livre de la Genèse commence par les mots : « Bereschit bara Élohim eth
ha-schamaïm ve-eth ha-arets » : « Au commencement, Dieu créa le ciel et
la terre… »1262 Le nom Élohim est un pluriel ; on le traduit par «
Quand il est sorti pour la troisième fois, il a appelé des êtres qui ont
travaillé sur le règne animal. Quand il est sorti pour la quatrième fois, il a
loué des ouvriers capables de donner forme humaine à la matière. Enfin,
quand il est sorti pour la dernière fois, le travail était presque terminé, mais
il fallait de nouveaux ouvriers pour apporter les derniers perfectionnements,
et il a donc fait appel à des créatures angéliques. La venue de ces créatures
correspond à la naissance de la pensée dans l’homme. Elles sont venues les
dernières pour achever la création.
Ce n’est pas aux entités les plus élevées dans la hiérarchie que le Créateur
allait demander de s’occuper du monde minéral. Ces travaux 264
devaient être faits par d’autres. De même, dans la vie courante, on ne voit
pas un roi ou un Président de la République s’occuper de casser des cailloux
pour faire des routes… Et dans une entreprise, celui qui arrive le dernier, le
directeur, n’a parfois rien d’autre à faire, apparemment, que de donner
quelques signatures ; mais pour ces signatures il gagne davantage que les
ouvriers, car ce sont là des décisions très importantes pour la bonne marche
de l’entreprise. Il signe, puis il est libre… Mais quel travail il a dû réaliser
auparavant, afin de pouvoir un jour mettre simplement sa signature au bas
d’une feuille !
Voilà comment les premiers deviennent les derniers et comment les derniers
deviennent les premiers. Tout d’abord, cette parabole paraissait présenter un
maître injuste et capricieux, mais maintenant tout devient clair.
Les ouvriers de la première heure n’étaient pas les plus évolués, c’est 265
pourquoi, bien qu’ils aient travaillé plus longtemps, ils n’ont pas reçu un
salaire supérieur aux ouvriers de la onzième heure, qui ont accompli une
tâche beaucoup plus délicate. Il n’y a donc aucune injustice ; tous ont reçu
ce qui leur était dû. Il est dit pourtant qu’en recevant leur salaire, les
ouvriers de la première heure murmurèrent contre le maître de maison…
S’ils se sont révoltés, c’est qu’ils ne connaissaient pas les lois qui régissent
l’univers. Une de ces lois est celle de l’évolution. S’ils ne voulaient pas être
les derniers, il aurait fallu qu’ils progressent. Tous ceux qui ne progressent
pas sont un jour dépassés par d’autres.
Il existe deux méthodes pour ne pas être dépassé : l’une est l’amour, l’autre
la sagesse. Avec l’amour et la sagesse on avance très vite. Si vous
rencontrez des êtres qui possèdent ces vertus que vous-même n’avez pas su
encore bien développer, au lieu de les fuir parce que vous avez l’impression
qu’ils vous font ombrage, approchez-vous d’eux et regardez comment ils
travaillent : vous apprendrez beaucoup. Il y a des gens qui ne supportent pas
la supériorité morale et spirituelle de certains êtres, ils éprouvent à leur
égard des sentiments d’irritation, d’envie, de révolte. C’est la plus mauvaise
manière de réagir. Cette révolte et cette colère ne les aideront pas ; au
contraire, à cause d’elles ils seront un jour les derniers.
Celui qui craint que d’autres le dépassent ou qui jalouse ceux qui l’ont
dépassé, révèle simplement qu’il n’a ni amour ni sagesse. Quand on
possède l’amour et la sagesse, on n’est jamais inquiet ni jaloux : parce
qu’on se sent riche. Le riche a-t-il des raisons d’être envieux ? Non. Seul le
pauvre peut être envieux parce qu’il se sent démuni. Je parle évidemment là
de la richesse et de la pauvreté spirituelles.
Si vous voulez devenir le premier, étudiez, méditez, faites des exercices afin
de manifester l’amour et la sagesse. Vous avancerez alors si rapidement,
que ceux à côté de qui vous passerez auront à peine le temps de vous
entendre dire : « Bonjour, bonjour »… vous serez déjà loin ! Car en
travaillant avec l’amour et la sagesse, un jour vous vous déplacerez dans
l’espace à la vitesse de la lumière.
Références bibliques
Matthieu 20 : 1-16
55
Le conseil que donne ici Jésus est repris d’une autre façon par saint Paul
dans son Épître aux Éphésiens, lorsqu’il dit : « Que le soleil ne se couche
pas sur votre colère. »2 Avant de présenter son offrande à l’autel… pendant
qu’on est en chemin… avant le coucher du soleil… Ces trois images
signifient que nous devons chercher à régler les conflits que nous avons
avec les autres quand il en est encore temps.
Mais dans le langage symbolique, une journée n’est pas uniquement une
période de vingt-quatre heures : cela peut également représenter un mois,
une année, une vie, et même beaucoup plus. Souvenez-vous des six jours de
la création dans la Genèse.3 Avant le coucher du soleil, c’est la période de
la vie physique ; après le coucher du soleil, c’est la période de la vie astrale,
la vie dans l’au-delà. En hébreu, le mot iam signifie à la fois la mer et
l’ouest, la région du ciel où le soleil se couche. Il est dit, dans la tradition,
qu’en abandonnant son corps, l’âme de l’homme se couche à l’ouest ; là,
elle est contrainte de traverser la grande mer, le plan astral.
Puis, continuant sa marche, elle revient vers l’est, où se lève le soleil : elle
s’incarne à nouveau.
Se réconcilier avec son frère signifie rétablir l’harmonie avec lui. Le jour où
il quitte la terre, l’être humain doit être en paix avec toutes les créatures.
S’il y en a certaines avec lesquelles il est encore en conflit, qu’il ne laisse
pas traîner cette situation, sinon sa négligence s’inscrira en lui comme une
dette à payer. Vous direz : « Mais il y a des personnes que nous ne pourrons
jamais revoir, et d’autres qui ne voudront jamais faire la paix avec nous. »
C’est vrai, mais par la pensée vous pouvez rechercher ces personnes et,
dans votre coeur, dans votre âme, faire, vous, la paix avec elles.
267
Les humains ignorent que les pensées, les sentiments et les actes qui ne leur
sont pas inspirés par l’amour et la sagesse véritables produisent des troubles
qui se prolongent bien au-delà de leur vie terrestre. Eux-mêmes ne sont plus
là, mais leurs pensées, leurs sentiments et leurs actes égoïstes, malveillants,
qu’ils n’ont pas pris la peine de réparer, contribuent à alimenter les courants
destructeurs qui circulent dans l’espace et empoisonnent l’atmosphère
psychique de la terre. 127 Tâchez donc de prendre conscience que les
pensées, les sentiments et les actes ne produisent pas uniquement des effets
sur des personnes déterminées, à un moment donné, dans un lieu précis.
Dans le monde invisible ils provoquent des forces, bénéfiques ou
maléfiques et on ne sait pas jusqu’où ni jusqu’à quand elles agiront. Donc, «
avant que le soleil se couche », au moins par la pensée faites l’effort de
rétablir la paix en vous et autour de vous.
Références bibliques
2. « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère » – Épître de Paul aux
Éphésiens 4
: 28
56
268
« Si ton œil est pur,
Une bonne vision des choses ne s’acquiert que par la pureté. C’est pourquoi
notre Enseignement met l’accent sur la vie pure, aussi bien dans le plan
physique que dans le plan psychique. Toute la destinée de l’homme dépend
de la clarté de son œil intérieur, et cette clarté dépend de sa façon de vivre.
Quand il commet une faute, qu’il transgresse les lois divines, sa vision
spirituelle s’obscurcit, il n’est plus averti ni guidé, et il s’égare dans des
voies sans issue. Mais dès qu’il se décide à mener une existence droite,
honnête, intègre, ses centres subtils commencent à fonctionner, et non
seulement il voit, mais il vit dans la lumière.
C’est là le sens de la parole de Jésus : « Ton œil est la lampe de ton corps. Si
ton œil est pur, tout ton corps est dans la lumière ».1 Jésus parlait de notre
œil intérieur et non de nos yeux physiques. On doit d’ailleurs remarquer
qu’il ne dit pas « tes yeux » mais « ton œil » ; et ensuite, du point de vue
physiologique, l’état du corps ne dépend pas de celui de l’oeil, surtout d’un
seul oeil. Ce sont plutôt les yeux qui dépendent de l’état général de
l’organisme. Tandis que l’oeil intérieur est indépendant du corps physique,
et si nous le débarrassons des couches opaques qui l’obscurcissent, à travers
lui les courants lumineux du monde divin pénètrent jusque dans les
profondeurs de notre corps.
Certains êtres ont tellement travaillé à purifier leur oeil intérieur que
lorsqu’on se trouve devant eux, c’est immédiatement le mot « lumière » qui
vient à l’esprit. Comme si dans leur coeur, dans leur âme, ils étaient
capables de distiller une matière impondérable, puis de la projeter autour
d’eux sous forme de rayons. Ou alors, comme s’ils avaient capté quelque
chose de la lumière diffusée dans l’espace et l’avaient condensée en eux.
mystère parce qu’ils ne savent pas qu’elle est le résultat de processus très
réels de la vie intérieure. Le sage, l’Initié, obtient cette lumière par un
travail de tous les instants. De chaque pensée, de chaque sentiment, de
chaque désir et de chaque action qu’il parvient à rendre plus désintéressés,
plus purs, il retire une quantité infinitésimale de lumière.
270
Pour le moment, la plupart des humains ne reçoivent la lumière qu’avec les
yeux physiques, car leur troisième oeil est obstrué par des pensées et des
sentiments chaotiques, passionnels, qui l’empêchent de recevoir les
courants d’en haut. Et tant qu’ils n’ont pas appris la maîtrise de leur monde
psychique, il vaut mieux qu’ils ne s’exercent pas à se concentrer sur ce
troisième oeil, car cela pourrait provoquer en eux de graves déséquilibres.
« Si ton oeil est pur, tout ton corps est dans la lumière. » Pour que la
lumière divine pénètre en nous et se répande ensuite dans tout notre corps,
nous devons travailler à la purification de notre oeil spirituel en nourrissant
les désirs, les sentiments et les pensées les plus élevés. Une fois purifié, cet
oeil nous protège aussi, parce qu’il nous surveille, et il est tellement
souhaitable de se sentir surveillé afin de ne pas commettre d’erreurs ! C’est
pourquoi nous devons même lui demander de poser toujours son regard sur
nous, et nous réjouir lorsqu’au moment de dévier, la seule sensation de ce
regard nous protège et nous garde sur le bon chemin.
Références bibliques
271
57
« Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, son frère, et il
les conduisit à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux
; son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs
comme la lumière. Et voici, Moïse et Élie leur apparurent s’entretenant
avec lui. Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que
nous soyons ici ; si tu veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une
pour Moïse, et une pour Élie. Comme il parlait encore, une nuée lumineuse
les couvrit, et une voix fit entendre de la nuée ces paroles : Celui-ci est mon
Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection : écoutez-le ! Lorsqu’ils
entendirent cette voix, les disciples tombèrent sur leur face et furent saisis
d’une grande frayeur. Mais Jésus, s’approchant, les toucha et dit : Levez-
vous, n’ayez pas peur ! Ils levèrent les yeux, et ne virent que Jésus seul. »1
Jésus a donc conduit Pierre, Jacques et Jean « à l’écart, sur une haute
montagne ». La mention de cette haute montagne est symbolique, elle
annonce déjà qu’un événement d’une dimension spirituelle exceptionnelle
va se produire, et Jésus est transfiguré devant ses disciples qui le voient
s’entretenir avec Moïse et Élie. Pourquoi eux particulièrement ? C’est à
Moïse que Dieu avait dicté sa loi sur le mont Sinaï ;2 et Élie, dont le
prophète Malachie avait annoncé le retour, s’est réincarné plus tard en la
personne de Jean-Baptiste pour préparer la venue de Jésus.1303 Cela
signifie qu’il n’y a aucune rupture entre l’ancienne et la nouvelle Alliance,
entre l’ancien et le nouveau Testament. Jésus l’a lui-même souligné quand il
a dit
: « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi et les prophètes ; je suis
venu non pour l’abolir, mais pour l’accomplir. »4
leur être pour embraser leur corps entier et même leurs vêtements. En effet,
lorsque l’Esprit divin réussit à pénétrer la matière d’un être et à en prendre
possession, il lui communique des vibrations si puissantes que même le
corps physique semble devenir lumière. L’Esprit commence par toucher les
corps mental (la pensée) et astral (le sentiment), c’est pourquoi la vie
spirituelle commence par un travail sur les pensées et les sentiments. Mais
pour être complet, ce travail doit aussi toucher le corps physique afin qu’il
devienne lui-même l’habitacle de l’Éternel.
273
C’est grâce au corps éthérique que le corps physique est doué de vie, et
aussi de sensibilité. Il est lié à lui par ce que l’on appelle la corde d’argent.
En venant s’incarner sur la terre, l’être humain apporte avec lui ces quatre
germes qui sont des atomes minuscules sur lesquels est enregistré tout ce
qu’il possède comme caractères physiques et psychiques propres.
Que nous apprend encore la loi de l’analogie ? Puisque ce qui est en bas est
à l’image de ce qui est en haut, comme l’homme, la terre ainsi que les astres
qui peuplent l’espace possèdent un corps éthérique, un corps astral, un
corps mental et, au-delà encore, des corps supérieurs. Tous ces corps subtils
de la terre, des planètes, du soleil, des étoiles, pénètrent l’homme, le
nourrissent et le font grandir. Mais ce n’est pas parce qu’il est né
physiquement sur la terre, qu’il est déjà né dans les autres plans : des
cordons le relient aux autres matrices qui sont comme des mères
successives. Pour naître dans un monde, il faut couper le cordon ombilical
afin de devenir indépendant. Et si l’être humain est indépendant ici dans le
plan physique puisque le cordon ombilical qui le reliait à sa mère a été
coupé, les cordons qui le relient encore aux autres plans, aux autres « mères
Et là encore, tout se passe comme avec l’arbre. Chaque arbre provient d’un
germe et produit à son tour des germes, des graines, des semences. Le corps
éthérique produit lui aussi un germe dans lequel se concentrent les
différentes caractéristiques de la créature qui va naître. Ce germe se trouve
dans le coeur, à la pointe du ventricule gauche, et c’est à partir de ce germe
que le corps de gloire peut se former, car il est en relation avec les germes
des autres corps subtils qui sont tous liés les uns aux autres : le germe
physique, le germe éthérique, le germe astral et le germe mental se suivent
et communiquent entre eux. Quand vous avez une pensée, elle ne reste pas
isolée dans le corps mental, elle touche le corps astral où naissent les
émotions, les désirs. Et le corps astral touche à son tour le corps éthérique,
qui touche enfin le corps physique : à ce moment-là vous êtes poussé à agir.
Tout se tient.
Il est difficile d’expliquer le lien qui nous unit à toutes les âmes qui habitent
notre organisme. Mais ce lien existe et il est même très fort. Quand 276
nous en avons pris conscience, par la vie que nous menons, ainsi que par un
travail de la pensée nous pouvons entrer en contact avec nos cellules pour
les régénérer. Ce travail est facilité par le fait qu’elles ne cessent de se
renouveler. Au bout d’un certain temps – on dit généralement sept ans –
elles ont toutes été remplacées : de nouvelles cellules ont succédé aux
anciennes.
Vous vous demandez alors pourquoi les humains commettent les mêmes
erreurs durant toute leur vie ? Pourquoi se laissent-ils aller aux mêmes
faiblesses ? Pourquoi sont-ils victimes des mêmes maladies ? Je vous l’ai
déjà expliqué : c’est que, même si les vieilles cellules ont été remplacées
par de nouvelles, quelque chose d’essentiel n’a pas été renouvelé : leur
mémoire. Chaque nouvelle cellule continue le travail de celle dont elle a
pris la place. Dans notre organisme tout se passe comme dans les
administrations, les usines, les ateliers : quand les employés arrivent à l’âge
de la retraite, on les remplace par de plus jeunes à qui on donne à faire le
même travail, avec les mêmes objectifs, les mêmes méthodes. On peut donc
dire qu’ils se transmettent une certaine mémoire. Et c’est parce que ses
cellules se transmettent aussi leur mémoire que l’homme persiste dans son
ancienne vie : les cellules de son corps ont beau être remplacées, lui n’a pas
changé, car il n’a pas cherché à remplacer leur mémoire. Ce ne sont plus les
mêmes cellules, mais elles ont les mêmes activités qu’elles exercent de la
même manière.
277
Par vos pensées, vos sentiments, votre façon de vivre, vous ne cessez
d’alimenter quelque chose en vous. C’est donc à vous de décider si vous
voulez alimenter vos corps inférieurs ou votre corps de gloire. Cette
construction du corps de gloire est une entreprise de très longue haleine,
c’est vrai, mais vous pouvez commencer dès aujourd’hui. En apprenant à
mettre de l’ordre dans votre vie psychique, vous élevez votre niveau de
conscience, et ce que vous vous efforcez de vivre là, très haut, attire à vous
des particules de lumière.
Références bibliques
1. Jésus transfiguré sur le mont Thabor – Matthieu 17 : 1-13
4. « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la Loi et les prophètes » –
Matthieu 5 : 17
58
Pour comprendre la signification qu’ont ici les pains et les poissons, nous
devons commencer par interroger le grand livre du zodiaque.
280
Du point de vue astrologique le signe des Poissons est dominé par Jupiter,
et celui de la Vierge par Mercure. Jupiter représente un homme d’âge mûr et
Mercure un enfant ; ils s’opposent donc par la taille, la mentalité, l’activité.
La Vierge et l’enfant (Mercure) que l’on retrouve dans l’image de la Vierge
Marie portant l’Enfant-Jésus, est un symbole de pureté.
les premiers chrétiens n’avaient pas une croix pour symbole, mais un
poisson, car Jésus lui-même était appelé Ichthus, mot grec qui signifie «
poisson ». C’est à partir des lettres de ce mot qu’a été rédigée l’inscription
que l’on trouve sur certains tableaux : Iêsous Christos Théou Uios Sôtêr :
Jésus- Christ, Fils de Dieu, Sauveur.
Que nous apprend encore l’axe Vierge – Poissons ? Étant donné que l’être
humain, le microcosme, a été créé à l’image de l’univers, le macrocosme,
chaque partie de notre corps est en correspondance avec une constellation
zodiacale. C’est le plexus solaire qui est en relation avec la Vierge, et les
pieds avec les Poissons. Et puisque la Vierge et les Poissons, qui
représentent l’axe du Christ, sont liés entre eux, c’est qu’il existe aussi un
lien entre les pieds et le plexus solaire.
Ce que je veux vous expliquer ici est inscrit dans le grand livre de la nature,
et cela apparaît clairement quand on considère le rôle que joue le plexus
solaire dans notre organisme. Tant que l’enfant se trouve dans le sein de sa
mère, il est rattaché à elle par le cordon ombilical, dans la région du plexus
solaire qui est en relation avec la Vierge. C’est par ce cordon qu’il se
nourrit. À la naissance, on coupe le cordon et l’enfant est séparé de sa mère.
Mais il existe un autre cordon, invisible celui-là, qui le relie à la mère
nature et par lequel il continue à être nourri ; et ce cordon ne doit pas être
coupé avant que l’homme soit prêt à mener une vie indépendante. Si le
cordon est coupé prématurément, l’homme, enfant de la nature, n’est plus
alimenté et il meurt.
282
Chaîne des ganglions du sympathique
Vous trouverez peut-être que ces explications n’ont rien à voir avec le
miracle fait par Jésus… Alors, reportez-vous à ce passage de l’Évangile de
saint Matthieu qui suit la multiplication des pains : « Les disciples en
passant à l’autre bord, avaient oublié de prendre des pains. Jésus leur dit
n’avons pas pris des pains. Jésus devinant leur pensée, dit : Pourquoi
raisonnez-vous en vous-mêmes, gens de peu de foi, sur ce que vous n’avez
pas pris des pains ? Êtes-vous encore sans intelligence, et ne vous rappelez-
vous plus les cinq pains des cinq mille hommes et combien de paniers vous
avez emportés ?… Comment ne comprenez-vous pas que ce n’est pas au
sujet de pains que je vous ai parlé ? »8 Le pain symbolise donc aussi une
autre sorte de nourriture, une nourriture spirituelle.
Quand ils le virent marcher sur la mer, ils crurent que c’était un fantôme et
ils poussèrent des cris, car ils le voyaient tous et ils étaient troublés.
Aussitôt Jésus leur parla et leur dit : Rassurez-vous, c’est moi, n’ayez pas
peur ! Puis il monta avec eux dans la barque et le vent cessa. Ils furent en
eux-mêmes tout stupéfaits et remplis d’étonnement, car ils n’avaient pas
compris le miracle des pains parce que leur coeur était endurci. »9
Ces deux passages signifient d’abord que les poissons et les pains dont
Jésus a nourri la foule ne sont pas des poissons et des pains matériels.
Ensuite que ce miracle est bien en relation avec le pouvoir qu’avait Jésus de
se déplacer dans l’espace, et dans ce cas précis de marcher sur l’eau –
ce qui s’explique par le lien qui existe entre le plexus solaire et les pieds. Il
est dit que si ce pouvoir étonne les disciples, c’est « parce qu’ils n’avaient
pas compris le miracle des pains », et des poissons aussi, évidemment.
Dans chaque être humain le plexus solaire alimente des millions et des
millions de cellules grâce à « ses cinq pains et ses deux poissons ». S’il y a
si peu de personnes capables de recevoir cette nourriture, c’est qu’elles
mènent une vie qui perturbe son bon fonctionnement. Et surtout, elles
ignorent que le plexus solaire est aussi un organe de la vie spirituelle.
Admettons que Jésus ait nourri un jour toute une foule avec cinq pains et
deux poissons, c’est évidemment extraordinaire, mais si on se limite à une
interprétation littérale, ce miracle a une importance très limitée : il a eu lieu
il y a si longtemps ! Il n’est plus maintenant d’une grande utilité. Si
quelqu’un vous sert aujourd’hui un repas copieux et succulent, demain vous
serez à nouveau affamé, ce que vous avez mangé la veille ne vous nourrira
pas aujourd’hui, vous ne vous en souviendrez même plus.133 La foule
existe 284
Références bibliques
Matthieu 16 : 5-11
59
« Or, la vie éternelle, c’est qu’ils Te connaissent, Toi, le seul vrai Dieu, et
celui que Tu as envoyé, Jésus-Christ. »1
C’est pourquoi dans le Notre Père, Jésus commence par s’adresser à Dieu
en disant : « Que ton nom soit sanctifié ».2 Nous ne connaîtrons jamais
réellement Dieu, mais si nous prononçons son nom en cherchant à le
sanctifier en nous, en l’imprégnant de la lumière de notre esprit, nous
accéderons à ce degré supérieur de vie que Jésus appelle « la vie éternelle ».
La Bible ainsi que la Kabbale donnent plusieurs noms à Dieu, et chacun
représente un de ses attributs, une de ses manifestations. Parmi ces 285
noms, il y en a un qui occupe une place particulière, c’est le Tétragramme
Iod, Hé, Vav, Hé :
134 (l’hébreu se lit de droite à gauche). Dans ce nom qui s’écrit mais ne se
prononce pas (quand ils doivent le lire dans un texte, les Juifs disent «
Adonaï », le Seigneur), chaque lettre représente un principe qui agit dans
l’univers.
Connaître Dieu, c’est étudier les quatre lettres de son nom. Celui qui
patiemment s’applique à en approfondir le sens entre dans la vie éternelle.
Et puisque l’homme a été créé à l’image de Dieu, les quatre lettres du nom
divin se retrouvent aussi en lui, dans son organisme psychique. Ce sont
l’esprit : le Iod ; l’âme : le Hé ; l’intellect : le Vav ; et le coeur : le deuxième
Hé. En travaillant avec ces quatre lettres qu’il porte en lui, en même temps
qu’il progresse dans la connaissance de ce qu’il est, lui, il progresse dans la
connaissance de Dieu.
Mais Jésus ajoute que la vie éternelle, c’est aussi connaître « celui qu’Il a
envoyé, Jésus-Christ ». Aux quatre lettres du nom de Dieu s’en ajoute donc
une cinquième, le Schin , que l’on trouve au centre du nom de Jésus,
Iéschouah
Jésus est le fils de Dieu descendu sur la terre pour nous apprendre comment
nous manifester. Car si nous sommes sur la terre, c’est pour travailler dans
la matière. Nous ne devons pas rester dans le plan spirituel : l’esprit et
l’âme, ni dans le plan psychique : l’intellect et le coeur, mais exprimer
toutes leurs possibilités et leurs puissances au travers de notre corps
physique. Et notre main, avec ses cinq doigts, est un symbole du travail que
nous sommes prédestinés à faire sur la terre. 135 Jésus disait : «
Mon Père travaille, et moi aussi je travaille », 136 3 c’est-à-dire : Mon Père
travaille partout dans les têtes, les coeurs, les âmes, les esprits, et moi je 286
suis venu pour apprendre aux humains à travailler dans la matière avec
leurs mains, c’est-à-dire par l’intermédiaire de ces cinq doigts qui sont les
cinq vertus du Christ : la sagesse, l’amour, la vérité, la justice, la bonté.
De ce que je vous dis là, vous devez surtout retenir que la connaissance
n’est pas une faculté propre au cerveau comme on le croit généralement : on
a appris et compris, on a tiré des conclusions et on connaît. Et la
connaissance de Dieu qui donne la vie éternelle n’est pas seulement
l’affaire du cerveau, mais de toutes nos facultés psychiques et spirituelles.
Chaque cellule de notre corps possède une petite intelligence qui lui permet
d’exécuter une tâche déterminée dans l’organe auquel elle appartient, et le
cerveau fait la synthèse de toutes ces intelligences. Si les cellules ont des
capacités réduites, le cerveau reste obtus. Tout est lié, il ne faut pas séparer
le cerveau du reste du corps. C’est pourquoi, jour après jour, nous devons
penser à purifier, vivifier, éclairer les cellules de chacun de nos organes,
afin que leur bon fonctionnement se reflète sur notre cerveau. Les exercices
que donne notre enseignement concernant la respiration ou la nutrition, et
même aussi se laver, marcher, dormir, etc., n’ont pas d’autre but que la
régénération de nos cellules afin d’élargir, d’approfondir notre
compréhension.137 C’est à cette condition que nous vivrons cet état de
conscience que Jésus a appelé la vie éternelle. Car la vie éternelle n’est pas
une durée de temps ;138 et vivre la vie éternelle dépend de notre capacité à
entrer par tout notre être en harmonie avec la vie divine.
Références bibliques
287
60
« Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Mon père,
donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son
bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour
un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche.
Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, il
commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre au service d’un des
habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il
aurait bien voulu se rassasier des caroubes que mangeaient les pourceaux,
mais personne ne lui en donnait. Étant rentré en lui-même, il dit : «
Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi,
ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai :
Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être
appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires.
« Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le
vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et l’embrassa. Le
fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus
digne d’être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite
la plus belle robe, et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt et des
souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le.
Mangeons et réjouissons-nous : car mon fils que voici était mort, et il est
revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. »1
Combien de théologiens ont voulu faire croire que Dieu, irrité contre les
premiers hommes que leur désobéissance avait entraînés loin du Paradis, ne
leur pardonnerait jamais leur faute ! Pas du tout : Il savait qu’après avoir
beaucoup souffert, ils s’assagiraient et reviendraient. Il leur a donné du
temps et Il s’est dit : « Ils souffriront un moment – quelques millions
d’années ! – mais quand ils reviendront, ils seront tellement heureux qu’ils
oublieront ces souffrances. Leur esprit est immortel, ce n’est pas si grave de
souffrir un peu. Qu’est-ce que c’est, quelques millions d’années devant
l’éternité ? » Voilà le raisonnement du Seigneur, qui n’est évidemment pas
le nôtre. Il est tellement patient, Lui…
Semblables au fils prodigue qui n’avait pas oublié la maison paternelle, les
humains conservent le souvenir du jardin d’Éden. Toute cette vie qu’ils ont
vécue dans les régions célestes est enregistrée en eux comme une mémoire
ineffaçable, c’est pourquoi il leur arrive d’en éprouver la nostalgie.
Quelquefois une rencontre, un visage, une lecture, un paysage, une image,
une musique réveille quelque chose en eux. Ils vivent à nouveau quelques
moments du Paradis, ils se sentent habités par la paix et la lumière
Essayez chaque jour de vous souvenir que vous êtes un fils de Dieu, une
fille de Dieu, et que vous pouvez vous retrouver tel que vous étiez dans le
passé lointain, quand vous êtes sorti du sein de l’Éternel. Vous avez perdu
cet état en voulant, comme le fils prodigue de la parabole, faire des
expériences loin de la maison paternelle ; mais maintenant vous pouvez
revenir. C’est cela le retour vers le Père, « la réintégration des êtres » :
quand l’être humain redevient maître de lui-même et des forces de la nature,
quand il retrouve enfin sa dignité d’héritier de son Père céleste.
Même si des philosophes, des théologiens, des Initiés se sont penchés sur la
question de la création, de la manifestation, de l’incarnation, c’est-à-dire de
la descente de l’esprit dans la matière, ils se sont beaucoup plus préoccupés
d’encourager les humains à retourner intérieurement dans la patrie de leur
âme et de leur en indiquer le chemin.
L’histoire du fils prodigue est celle de tout le genre humain, et elle est aussi
l’histoire de chaque individu qui, au lieu de vivre en accord avec les lois
divines, décide de devenir indépendant, parce qu’il a soi-disant besoin de
liberté, d’aventures…139 Au début, sa nouvelle situation lui paraît
agréable, car il se croit affranchi de toutes les contraintes. Mais, peu à peu,
les choses se compliquent, et même s’il bénéficie d’excellentes conditions
sur le plan matériel, intérieurement il commence à connaître les privations :
la faim, la soif, le froid, car il n’a plus d’abri. Loin du soleil spirituel, il perd
peu à peu toutes les possibilités de vivre et de se manifester dans la joie,
l’amour, la liberté. En revanche, d’autres possibilités apparaissent : celles de
souffrir, de pleurer, de crier, et même de devenir méchant au point de
vouloir tout détruire, y compris lui-même.
chaleur, de sa vie. Vous pouvez très bien mener votre existence terrestre et
remplir vos obligations tout en gardant le lien avec Lui. Cela suppose
évidemment que vous ayez pris l’habitude de vous surveiller et, quand vous
sentez que vous vous éloignez, de tout faire pour réparer vos erreurs et
reprendre le chemin du retour. Le fils prodigue a au moins fini par
comprendre qu’il devait retourner dans la maison paternelle.
Il est écrit dans le Zohar que lorsque Dieu créa la pénitence (en hébreu
teschouvah), Il lui dit : « Chaque fois que les hommes se tourneront vers toi,
tu devras effacer leurs fautes. » Le mot teschouvah signifie aussi retour. Le
péché nous éloigne de Dieu et la pénitence nous ramène vers Lui.
Comme le fils prodigue qui, plein de remords, décida de retourner chez son
père, si nous prenons nous aussi conscience de nos fautes, et si nous
souhaitons sincèrement les corriger et retourner auprès de notre Père
céleste, Il nous recevra.
Depuis des siècles l’Église enseigne aux chrétiens que l’être humain est un
pécheur : il a été conçu dans le péché, il est né et il vit dans le péché.
Mais la parabole ne s’arrête pas au moment où le père embrasse son fils qui
revient à la maison et ordonne des réjouissances. Il y a là un fils aîné qui, au
moment de l’arrivée de son frère, était occupé à travailler dans les champs.
Et voici la suite du récit.
: Voici, il y a tant d’années que je te sers sans avoir jamais transgressé tes
ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour que je me réjouisse
avec mes amis. Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec
des prostituées, c’est pour lui que tu as tué le veau gras !
Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à
toi ; mais il fallait bien festoyer et se réjouir, parce que ton frère que voici
était mort et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est
retrouvé. »4
Arrêtons-nous sur les reproches que le fils aîné adresse à son père. « Il y a
tant d’années que je te sers sans avoir jamais transgressé tes ordres, et
jamais tu ne m’as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes
amis. » Et le père fait cette réponse : « Mon enfant, tu es toujours avec moi,
et tout ce que j’ai est à toi. » Ce qui signifie : « En vivant et en travaillant
auprès de moi, tu bénéficies non seulement de mon amour mais de mes
richesses. Que veux-tu de plus ? C’est à ton frère qui revient pauvre et
misérable que je dois donner quelque chose. » Donc, celui qui s’est
réellement mis au service de Dieu devrait ne se sentir privé de rien et
trouver là sa raison d’être et sa récompense. 140 Puisqu’il vit de la vie de
Dieu, il n’a besoin de rien d’autre, et il possède même tout ce qu’il lui faut
pour se réjouir avec ses amis. Tandis que celui qui revient avec la
conscience de s’être égaré et d’avoir tout perdu, souffre ; il faut donc
l’accueillir avec amour et fêter son retour.
Par cette parabole du fils prodigue, Jésus a aussi voulu affirmer que
personne n’a le droit de se mettre entre un être humain et son Père céleste.
: « Cet homme accueille des gens de mauvaise vie et mange avec eux. »5
Mais Jésus le faisait consciemment, sciemment. Pour tous il a voulu ouvrir
les portes du Royaume de Dieu, car même les plus humbles, même les plus
méprisés, les plus coupables, sont fils et filles de Dieu.141 Il a mis en eux
cette étincelle, l’esprit, qui est une part de Lui-même, et c’est la présence de
cette étincelle qui les fait participer de sa nature. S’ils commettent des
fautes, s’ils commettent des crimes, ils méritent bien sûr d’être réprimandés
et même punis. Mais même si on est obligé de les traiter avec sévérité et,
pour un moment, de les tenir à l’écart, il ne faut jamais oublier qu’il existe
quelque part en eux, profondément enfoui, un germe divin, et que ce germe
divin doit être respecté par tous.
Quand on dit que les êtres humains sont fils et filles du même Père et de la
même Mère, cela ne signifie pas qu’ils sont égaux, mais qu’ils sont frères.
Déjà, dans une famille, on est obligé de constater que tous les frères et
soeurs ne sont pas égaux : les facultés physiques, intellectuelles, morales,
spirituelles ne sont pas également réparties entre eux, mais le lien fraternel
qui les unit doit réparer ces inégalités. Dans toutes les sociétés aussi il y
aura toujours des riches et des pauvres, des bien portants et des malades,
des capables et des incapables, des sages et des têtes brûlées, des gens
vertueux et des criminels. Le seul moyen de remédier à ces inégalités est la
conscience du lien fraternel qui lie tous les humains entre eux.
Le fils aîné aurait pu se réjouir du retour de son frère qu’il n’avait plus revu
depuis longtemps. Or, non seulement il ne se réjouit pas, mais il se met en
colère et refuse d’entrer dans la maison pour participer à la fête qu’a
ordonnée le père. De même, ceux qui ne comprennent pas que le Père
céleste attend avec indulgence et amour tous les égarés qui reviennent
auprès de Lui, s’excluent de la fête : ils se privent de ses bénédictions.
293
Références bibliques
61
Des disciples vinrent dire à Jésus : « Seigneur, les démons mêmes nous
sont soumis en ton nom », et Jésus leur répondit : « Voici, je vous ai donné
le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et sur toute la
puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire. Cependant, ne vous
réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous
de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »1
Sans doute Jésus avait-il enseigné à ses disciples comment prononcer son
nom afin de chasser les entités maléfiques qui tiennent les humains en leur
pouvoir. Le nom d’un Initié, d’un grand Maître, est une puissance, une arme
que le disciple peut utiliser pour faire triompher le bien ; mais une arme est
maniée par un bras et ce bras doit être solide et bien exercé, sinon la
meilleure arme est inefficace. Si les disciples de Jésus avaient été des bras
solides et bien exercés, ils auraient eu une autre conduite au moment de son
arrestation dans le jardin de Gethsémani. Or, il est dit qu’à ce moment-là, «
tous les disciples l’abandonnèrent et prirent la fuite ».2
Combien de fois j’ai entendu des chrétiens réciter « Je peux tout par le
Christ-Jésus. » Le Christ est tout-puissant, oui, mais eux… S’ils n’ont pas
vraiment cherché à vivre la vie et l’enseignement du Christ, malgré cette
formule ils ne pourront pas grand-chose. Beaucoup se sont cru capables de
chasser des entités ténébreuses, sans savoir à quoi ils s’attaquaient. Et ces
entités ripostaient : « Le Christ, on le connaît, mais toi, qui es-tu ? Tu es
faible, misérable », et elles le terrassaient.
»3 Ou bien « Celui qui vaincra, je n’effacerai point son nom du livre de vie
et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. »4 Que les
noms soient inscrits dans les cieux ou dans le livre de vie, la signification
est la même.
Vous vous demandez comment savoir si votre nom est inscrit dans les
cieux… Je peux vous répondre en utilisant une analogie. Vous souhaitez,
par exemple, vous abonner à un journal : une secrétaire note votre nom,
votre adresse, et chaque jour le facteur glisse le nouveau numéro de ce
journal dans votre boîte aux lettres. Puisque vous recevez chaque jour ce
journal, c’est que votre nom est inscrit quelque part dans un fichier. De la
même façon, quand votre nom est inscrit en haut dans le livre de vie, c’est
comme si vous étiez abonné à un journal, mais un journal très spécial qui
s’adresse à votre âme, à votre esprit, et qui, vous le sentez bien, vous
apporte chaque jour une meilleure compréhension des choses, la paix, la
lumière, la joie.
Il est impossible d’oublier ceux qui figurent sur une liste, les humains le
savent bien, eux qui sont toujours en train de tenir des registres. La
différence entre les registres célestes et les registres terrestres, c’est que
pour y être inscrit il ne suffit pas d’en faire la demande ; il faut le mériter
par son travail, par ses efforts, et alors, sans même demander quoi que ce
soit, on est inscrit. Celui qui ne travaille pas n’est inscrit nulle part et ne
reçoit rien. Il n’existe évidemment pas dans les cieux un livre où des noms
seraient inscrits. Le livre est ici le symbole de l’univers et les noms ne sont
pas ceux de l’état civil. Ce terme de « nom » est également symbolique : du
point de vue de la science spirituelle, le nom exprime la quintessence d’une
créature, il est une synthèse de tout son être.
Avoir son nom inscrit dans les cieux, ou dans le livre de vie, rien ne doit
nous réjouir davantage, dit Jésus. Le pouvoir, les richesses, la gloire, tout
pâlit à côté. C’est pourquoi nous devons travailler en nous mettant au
service d’une idée sublime. Cette idée sublime est celle du Royaume de
Dieu sur la terre, un royaume de justice et d’amour, afin que tous les êtres
humains vivent dans la lumière, la paix, l’abondance.142
Voilà ce que signifie avoir son nom inscrit dans les cieux.
On peut prendre une autre image et dire que cet être est branché sur une
sorte de centrale électrique : par les fils subtils qui le relient à cette centrale,
descendent des courants qui le pénètrent et mettent en marche ses appareils
psychiques et spirituels.144 Dans une maison, toutes sortes d’appareils se
mettent à fonctionner quand on les branche sur des prises électriques :
lampes, radiateurs, machine à laver, fer à repasser, cuisinière, postes de
radio et de télévision… Tellement d’activités sont possibles grâce au
courant distribué par une centrale ! Il en est de même dans l’être humain.
Combien de récepteurs vous possédez ! Veillez à ce qu’ils soient en état de
fonctionner : quand le courant céleste vous pénètrera, toute une vie nouvelle
s’éveillera et commencera à circuler en vous.
Vous avez tous les moyens de participer à la vie divine et de répandre cette
vie partout où vous allez. Alors, rien ne doit être plus important pour vous
que de devenir des ouvriers dans le champ du Seigneur, afin que votre nom
soit inscrit dans le livre de vie. Si vous avez la sensation de ne rien recevoir,
d’être oublié, c’est parce que vous ne vous êtes pas encore mis au travail.
Mais sachez qu’il n’est jamais trop tard pour vous rendre dignes d’être
inscrits dans ce livre.
Références bibliques
296
62
Maintenant que les humains ont fait de grands progrès dans la connaissance
du monde psychique, il leur est possible de comprendre que ce Dieu auquel
ils pensent encore comme à un être extérieur à eux est en réalité en eux.
Dieu est l’infini, l’immensité, Il imprègne l’univers entier de sa présence,
chacun de nous est une partie infinitésimale de Lui. C’est ce que saint Paul
a ainsi exprimé : « En Lui nous vivons, nous nous mouvons et avons notre
existence ».1 Mais combien de fois j’ai entendu des personnes se plaindre :
« Je prie, je demande de l’aide à Dieu, mais Il ne m’entend pas, Il ne me
répond pas. Et puisque Dieu est sourd, pourquoi continuer à se tourner vers
Lui ? » Eh non, Dieu n’est pas sourd. Si elles n’ont pas la conscience du
lien qui les unit à Lui, c’est qu’elles sont entourées de carapaces tellement
épaisses que sa présence, sa lumière, son amour ne peuvent pas pénétrer en
elles. Les couches d’impuretés qu’elles ont formées par leurs pensées, leurs
sentiments, leurs actes, obstruent toutes les voies de communication.
Qu’elles travaillent patiemment à se purifier jusqu’à rendre leurs corps
subtils réceptifs, sensibles : un jour le contact sera rétabli et elles se
sentiront envahies par la présence divine.
Et de même que nous vivons en Dieu, Dieu vit aussi en nous. C’est ce que
Jésus a encore révélé lorsqu’il a dit : « Moi et le Père, nous sommes un ».2
Quand les humains parviendront à une telle compréhension de Dieu, ils Le
sentiront en eux comme une vie, une force, une lumière dont rien ne peut
les séparer ; sinon, ils continueront à se poser des questions sur son
existence ou à se croire abandonnés par Lui.
, c’est-à-
dire un sur l’infini (un divisé par l’infini) tend vers zéro. Interprétée 297
Nous devons travailler chaque jour à nous approcher du nombre 1, qui est
Dieu. En disant « Moi et le Père, nous sommes un », Jésus montrait qu’il
avait compris et réalisé ce grand principe de l’unité : il s’est fondu dans le
Père pour devenir un avec Lui.
Il est presque inutile de se prétendre chrétien tant qu’on ne cherche pas à
suivre cette voie tracée par Jésus, la seule qui permette à un être humain de
se réaliser en tant que créature spirituelle et de faire le bien autour de lui ;
car les véritables richesses, les véritables pouvoirs lui viennent de la
conscience que Dieu est présent en lui. Celui qui prend conscience qu’il est
inséparable du Créateur, y voit de plus en plus clair pour affronter ses
difficultés et faire le bien autour de lui. Tandis seules ressources, qui sont
bien limitées. Quand il faisait des miracles, Jésus disait : « Le Père qui
demeure en moi, c’est Lui qui fait les oeuvres. Croyez-moi, je suis dans le
Père et le Père est en moi ».3 Celui qui s’efface, qui se fond dans le
Seigneur pour ne plus faire qu’un avec Lui, devient une formidable
puissance.
Malgré leur diversité, les exercices spirituels ont pour seul et unique but la
fusion de l’être humain avec la Divinité. Chaque progrès qu’il réalise dans
l’identification avec Elle le détache des fausses représentations qu’il a de
lui-même et le rapproche de son vrai moi. Cette conscience divine qu’il
parvient à développer, participe à toutes ses activités. Il commence à se
sentir un autre être et c’est Dieu Lui-même qui vient se manifester en lui.
Moi, c’est Lui ». C’est-à-dire Lui seul existe ; moi je n’existe que pour
autant que je peux m’identifier à Lui. Et les disciples apprennent à méditer
sur cette formule qu’ils prononcent jusqu’à ce qu’elle devienne en eux chair
et os. Celui pour qui cette identification devient vraiment une réalité vit
dans la plénitude. Même s’il est rare que des êtres humains arrivent à
s’élever jusqu’à ce sommet, en faisant des efforts chacun peut sortir de
certaines limitations, à condition de savoir utiliser les moyens que Dieu a
mis à sa disposition. Car Dieu a donné à tous les êtres la possibilité de
s’approcher de Lui et de devenir comme Lui. Même les créatures les plus
limitées possèdent les moyens de se dépasser ; si elles acceptent de tourner
leur regard et leur pensée vers ces régions en elles où brille l’étincelle
divine, elles auront au moins l’intuition de ce qu’est leur véritable 298
prédestination. 145
« Moi et le Père, nous sommes un ». Ces paroles sont l’expression de la
rencontre rare, sublime, qui peut se produire entre un être humain et la
Divinité. Au moment où une telle rencontre se produit, par son esprit il
entre dans l’éternité. C’est de cette rencontre que parlait aussi Jésus quand il
a dit : « La vie éternelle, c’est qu’ils Te connaissent, Toi, le seul vrai Dieu
».4 La vraie connaissance est une fusion, une union féconde : elle engendre
la vie. On lit dans la Genèse : « Adam connut Ève, sa femme, elle conçut et
enfanta Caïn ».5 C’est une loi : pour connaître vraiment un être il faut se
fusionner avec lui ; et cette loi se vérifie non seulement dans le plan
physique, mais aussi dans le plan psychique et spirituel.
Celui qui arrive à réaliser cette fusion sent qu’il ne reste plus un atome de
ce qui est pesant et obscur en lui. C’est le Grand, le Puissant, le Fort qui
descend occuper toute la place. Dans ce sens, on peut dire que le sceau de
Salomon est aussi un symbole de la résurrection. 146 Car ressusciter, c’est
arriver à réaliser la rencontre idéale de notre matière (la matière physique et
la matière psychique) avec l’Esprit cosmique, dont notre propre esprit est
une étincelle.
Parce que ce qui se dissout et disparaît en vous est aussitôt remplacé par la
Divinité, et vous, vous devenez de plus en plus vivant.
Références bibliques
: 10
63
300
C’est parce que les sarments sont attachés au cep qu’ils portent du fruit.
Quels pouvoirs possède donc le cep pour arriver à transformer tous les
éléments qu’il reçoit de la terre et du ciel, et donner ce fruit extraordinaire,
le meilleur qui existe, le raisin ? Bien sûr, le cep n’est pas beau, sa couleur
est sombre, il est tordu. Mais en disant « je suis le cep », ce n’est pas à son
aspect extérieur que Jésus s’est arrêté. Il pensait à tout ce travail de
transformation qui se fait à travers lui et grâce auquel les sarments pourront
bientôt porter des fruits si doux et si nourrissants. Quel symbole magnifique
que le cep, le Christ, auquel nous devons rester liés pour pouvoir nous aussi
donner du fruit ! L’esprit du Christ est la force qui transforme tous les
éléments grossiers en nous jusqu’à en faire un suc délicieux. C’est parce
que nous resterons liés à lui que tous les courants impurs qui nous
traversent seront filtrés. Il ne restera qu’une liqueur que nous pourrons boire
et que nous donnerons aussi à boire aux êtres qui nous entourent. 147
Quant au sarment qui ne porte pas de fruit, que dire de lui ? Il est mort et
n’est bon qu’à être jeté au feu. Grâce au feu, il est vivifié et il donne au
moins un peu de lumière et de chaleur. 148
Ces sarments attachés au cep dont parle Jésus, ce sont les âmes humaines
liées à Dieu, le Père céleste, c’est-à-dire la vie. Et le Christ, auquel Jésus
s’identifie ici, est le Fils, le canal qui conduit au Père. L’âme puise la vie en
Dieu ; c’est pourquoi, comme la feuille détachée d’un arbre se dessèche et
meurt, l’âme détachée de Dieu s’étiole peu à peu et disparaît.149 Seule
l’âme qui reste attachée à l’arbre divin croît et fleurit éternellement.
Le cep et les sarments, l’arbre et les feuilles : ces images nous donnent une
idée de ce que sont l’éternité et le temps. L’éternité, c’est le cep, Dieu Lui-
même. Le temps, ce sont les petites feuilles qui se détachent de l’éternité :
elles se dessèchent, tombent sur le sol et bientôt disparaissent.
temps est donc toujours limité. Même des milliards d’années ne sont encore
que des fragments limités de temps ; et tout ce qui est limité meurt. Pour
échapper au temps et vivre dans l’éternité, nous devons nous lier au cep :
alors la vie coulera en nous, toujours pure, abondante, inépuisable comme
l’eau d’une source.
La vie éternelle est un état de conscience dans lequel nous pouvons nous
projeter instantanément. Dès l’instant où nous entrons en contact avec la
Source divine, et aussi longtemps que nous demeurons en elle, plus rien ne
nous sépare du Tout, et la vie éternelle commence à circuler en nous. Car la
vie dans le temps, instable, fugitive, détachée, est une particule à qui il reste
à peine quelques énergies… ; on peut aussi la comparer à la queue coupée
d’un lézard qui bouge encore un moment, mais qui va bientôt s’immobiliser
puisqu’elle est séparée du corps dans lequel circule la vie.
64
« Si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’Homme, cela lui sera
remis, mais s’il parle contre le Saint-Esprit, cela ne lui sera remis ni dans
ce monde ni dans l’autre. »1
Dans la religion chrétienne, Dieu est présenté comme une entité triple : le
Père, le Fils et le Saint-Esprit. Je vous ai expliqué que, dans cette trinité, la
première personne, le Père, représente la source de la vie, la puissance ; la
deuxième, le Fils, le Christ, représente la lumière, la sagesse, l’intelligence ;
et la troisième personne, le Saint-Esprit, représente le feu, l’amour. Comme
le Christ est la lumière de l’intelligence, le Saint-Esprit est le feu de
l’amour. Ils sont les deux manifestations de la puissance de vie du Père.
il en supporte les conséquences. Mais celui qui pèche contre l’amour est
encore plus sévèrement puni, parce qu’il souille le courant d’énergie qui
soutient sa propre existence.
Vous comprendrez mieux si vous connaissez les relations qui existent entre
la Trinité divine et le corps physique de l’homme. Le Père est lié au cerveau
qui a la maîtrise sur tout l’organisme. Le Christ est lié au cœur. Et par «
cœur » il ne faut pas entendre le muscle cardiaque, mais le plexus solaire
qui est le vrai coeur dans le sens où on parle de l’intelligence du coeur.
Quant au Saint-Esprit, ne soyez pas choqués si je vous dis qu’il est lié aux
organes génitaux par lesquels se transmet et se perpétue la vie.
Donc, pour ne pas commettre de fautes et être puni, il faut étudier avec
quelle science, quelle sagesse ces organes ont été créés, et les respecter. Or,
ce sont eux, justement, qui sont le moins respectés : les puritains en parlent
avec dégoût, les débauchés en abusent, les humoristes et les gens grossiers
en font un sujet de plaisanteries, et la plupart des hommes et des femmes
n’y voient qu’une source de jouissances.
Les humains doivent donc se poser des questions sur la manière dont ils
utilisent ces organes au travers desquels se manifeste l’énergie cosmique de
l’amour. Et ils devraient même les consacrer à la Divinité, afin que cette
énergie, au lieu de les traverser seulement et d’aller se perdre, prenne le
chemin ascendant et vivifie toutes les cellules de leur organisme jusqu’au
cerveau. Cela nécessite évidemment de connaître des méthodes, mais
comme la plupart n’en ont pas la moindre idée, ils se contentent de ressentir
cette force comme une grande pression, une grande tension dont ils
cherchent à se libérer le plus rapidement possible. C’est ainsi qu’ils se
privent de tout ce que l’amour pourrait leur apporter comme joie, mais aussi
comme savoir, comme puissance.
Tant que les humains continueront à donner libre cours à leur instinct sexuel
sans réflexion, sans maîtrise, tant qu’ils se serviront de leurs organes sans
respect, sans véritable amour, sans volonté de réaliser quelque chose de
grand, ils commettront le péché contre le Saint-Esprit, ce qui est
actuellement une des fautes les plus répandues. C’est par l’amour qu’ils
retourneront un jour dans le Paradis, mais malheureusement, c’est par ce
qu’ils appellent « faire l’amour » qu’ils s’en éloignent de plus en plus.
Personne. C’est eux qui en transgressant les lois de l’amour se mettent dans
la situation de s’appauvrir, de s’avilir. C’est cela la punition. Il n’est pas
nécessaire que quelqu’un vienne la leur infliger. Mais le jour où ils sauront
305
on aime, un autre jour on n’aime plus. Tandis que l’amour vécu comme état
de conscience se situe bien au-delà des circonstances et des personnes.
Références bibliques
65
Il est dit dans la Genèse qu’Adam et Ève, ayant désobéi à Dieu, furent
chassés du jardin d’Éden. « C’est à force de peines que tu tireras ta
nourriture du sol, dit Dieu à Adam… C’est à la sueur de ton visage que tu
mangeras du pain. »1 Depuis, les humains sont donc obligés de travailler
pour subvenir à leurs besoins, et à l’idée de travail on associe le plus
souvent celle d’effort, de fatigue, et même parfois d’épuisement.
Mais alors, quel est le sens de la parole de Jésus : « Mon Père travaille, et
moi aussi je travaille » ? N’est-il pas dit aussi dans la Genèse qu’après
avoir créé le monde en six jours, le septième jour Dieu s’est reposé ?2 Oui,
mais Dieu ne ressemble pas à n’importe quel travailleur qui, après avoir
exercé un métier pendant un certain nombre d’années, prend sa retraite. La
tradition Le représente comme un œil ouvert au centre d’un triangle. C’est
donc qu’Il est toujours éveillé, vigilant, actif. Dans le livre d’Isaïe, Il dit 307
À l’heure actuelle où le progrès technique les libère des tâches les plus
pénibles et permet de faire en quelques heures ce qui nécessitait dans le
passé plusieurs jours, il est encore plus important de comprendre et
d’approfondir le sens du mot « travail ». Sinon, à quoi riment ces progrès ?
Est-ce que le but est seulement que les humains n’aient plus rien à faire,
même plus à marcher parce qu’il existe des véhicules pour les transporter,
ou des appareils qui peuvent exécuter à leur place toutes les tâches ? Non,
ces améliorations sont apparues pour qu’ils puissent se libérer des activités
matérielles qui les surchargent, afin de se consacrer à des activités d’un
ordre supérieur.
Lorsque vous aurez compris cela, vous saurez que la seule chose sur
laquelle vous pouvez compter dans la vie, c’est ce travail que vous décidez
d’entreprendre pour votre perfectionnement et le bien du monde entier. Le
jour où vous serez capable de mettre vraiment ce travail à la première place,
vous ne trouverez pas de mots pour dire ce que vous ressentez, car c’est
dans ce travail que la vraie vie commencera à jaillir en vous.
309
Alors, veillez à ce que tout ce que vous faites soit comme une graine semée
dans le sol spirituel, afin que les forces mises en mouvement par chacune de
ces activités soient bénéfiques pour vous-même et pour le monde entier.
C’est de ce travail que parlait Jésus.
Tâchez de réviser tout ce que je vous ai dit depuis des années : vous
trouverez des méthodes, des exercices pour réaliser ce travail. Je suis
comme un maître de maison qui invite chaque jour une quantité de
personnes à sa table. Comme vous n’avez pas tous le même caractère, les
mêmes besoins, les mêmes facultés, la même puissance de travail, pour être
sûr de satisfaire tous les convives je présente le plus grand nombre possible
de nourritures et de boissons. Mais évidemment, ce n’est pas parce que tout
est sur la table que vous devez vous croire obligé de tout manger, sinon
vous aurez une indigestion. Gardez surtout présentes à l’esprit les quelques
règles que je vous ai données pour la conduite de la vie quotidienne.
« Mon Père travaille, et moi aussi je travaille. » Comme Jésus, tous ceux
qui ont la conscience éveillée participent chaque jour au travail de Dieu. Et
vous aussi, vous pouvez y participer. Certains diront : « Bien sûr, on
comprend un peu ce que vous nous expliquez. Mais nous, si ignorants, si
faibles, nous sommes incapables de participer au travail de Dieu ! » Et ils
croiront faire ainsi preuve d’humilité alors qu’ils sont tout simplement des
paresseux. Oui, ne pas vouloir s’engager dans cette activité, la seule qui
vaille vraiment la peine, ce n’est pas de l’humilité, c’est de la paresse !153
N’acceptez jamais l’inertie. Quel que soit le degré d’évolution auquel vous
êtes arrivé, efforcez-vous d’aller toujours plus loin dans l’exploration de
votre conscience et le développement de vos facultés. Comme tout est 310
lié, le moindre résultat en entraîne un autre, puis celui-là encore un autre…
Références bibliques
66
alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes ; que celui
qui sera sur le toit ne descende pas pour prendre ce qui est dans sa maison
; et que celui qui sera dans les champs ne retourne pas en arrière 311
Il y a deux mille ans qu’à la suite du prophète Daniel,2 Jésus a annoncé que
de terribles catastrophes s’abattraient sur l’humanité. Ces catastrophes ont-
elles déjà eu lieu ou sont-elles à venir ? Beaucoup se sont posé la question,
mais ce n’est pas l’essentiel ici. Au cours des siècles, combien de fois les
humains ont vu s’écrouler le monde autour d’eux ! Ils doivent donc
s’attendre à d’autres tribulations. Pourront-ils se sauver ? « Que celui qui
sera sur le toit ne descende pas pour prendre ce qui est dans sa maison »,
dit Jésus, et c’est sur cette recommandation que je voudrais m’arrêter.
Vous pensez sans doute que les gens se tiennent rarement sur le toit de leur
maison, et qu’en cas de catastrophes, ce n’est pas sur un toit qu’ils sont
nécessairement le plus en sécurité. C’est vrai, mais le toit est ici un symbole
qu’il faut interpréter en conservant l’image de la maison.
312
Dans le langage éternel des symboles, le toit, c’est l’esprit, et chacun doit se
mettre sous l’inspiration de l’esprit pour ne pas se laisser gagner par le
désordre et la confusion. Lorsque des troubles éclatent dans le monde ou en
vous-même, efforcez-vous de monter le plus haut possible et de vous
maintenir là, au sommet, c’est-à-dire réfléchir, raisonner, vous lier au
monde divin, afin de trouver la paix et la lumière. Alors seulement vous y
verrez clair ; vous découvrirez comment agir pour vous sauver et sauver les
autres aussi. Combien de fois il est arrivé qu’au lieu de fuir un incendie, les
gens se jettent dans le feu ! Pourquoi ? Parce qu’ils sont « descendus du toit
», ils ont perdu la tête, ils se sont laissé gagner par le trouble et les
émotions.
Le conseil de Jésus est extrêmement précieux, car il touche tous les aspects
de notre existence. Quels que soient les dangers physiques ou psychiques
auxquels nous pouvons être exposés, c’est en restant sur le toit, le monde
spirituel, que nous avons les plus grandes chances de trouver les solutions
pour agir efficacement dans la matière. La matière, elle, ne nous assure
jamais tout à fait le salut. Les conditions matérielles ont leur utilité, 313
mais même les plus favorables ne nous mettent pas définitivement à l’abri.
Et cela va même plus loin : si nous n’avons pas recours à l’esprit pour
découvrir la meilleure manière d’utiliser les bonnes conditions matérielles,
elles peuvent se retourner contre nous.
Vous direz : « Mais alors, est-ce qu’il faut toujours rester sur le toit et
abandonner le bâtiment au-dessous ? » Non, bien sûr, le toit est inséparable
du bâtiment qu’il abrite. Et puisque nous avons à vivre sur la terre, dans la
matière, dans notre corps physique, nous devons travailler sur ce bâtiment
que nous sommes, mais à partir du toit. C’est alors que nous devenons une
vraie maison, une vraie demeure pour le Seigneur et pour ses anges. Il faut
cesser de ressembler à des demeures sans toit, car une fois le toit arraché on
est sans protection, exposé aux intempéries.
Il est évidemment plus facile de descendre d’un toit que d’y monter ; et
quand on a réussi à monter, il est difficile de rester là-haut. Descendre ne
demande aucun effort, il suffit de se laisser glisser, et ça peut être tellement
agréable ! Mais malgré cela il faut monter et rester en haut, car c’est en haut
qu’il y a l’air pur, la lumière, la liberté. Dans notre univers, c’est le soleil
qui représente le toit, l’esprit. Alors, pour atteindre votre toit intérieur, par
la pensée efforcez-vous chaque jour de vous hisser jusqu’au soleil. Quand
vous devrez ensuite redescendre pour faire face aux événements quels
qu’ils soient, une partie de vous restera là-haut, dans le soleil, et vous
inspirera dans toutes vos décisions.
Plus loin, Jésus dit encore : « Alors, de deux hommes qui seront dans un
champ, l’un sera pris, l’autre sera laissé. »4 Qu’un homme soit pris, c’est-
à-dire choisi pour être sauvé, dépend des choix qu’il a lui-même
préalablement faits. Le Ciel ne décide jamais rien arbitrairement ou au
hasard. Si tel homme est choisi, c’est qu’il s’est déjà lui-même déterminé ;
il est entraîné vers les régions de la lumière et de la paix, les régions de
l’esprit, car il a depuis longtemps commencé à marcher vers elles. Et c’est
aussi cela, le toit.
Références bibliques
314
Les étoiles désignent les personnes qui, par leur position sociale, attirent
tous les regards. Celles qui occupent des fonctions dont elles ne sont pas
dignes, qui reçoivent des honneurs qu’elles ne méritent pas, perdront leur
rang, leur prestige et leurs privilèges. Elles tomberont de leur piédestal.
Et Jésus dit ensuite que « le Fils de l’homme viendra sur les nuées du ciel ».
Les nuées appartiennent au domaine de l’air, elles représentent
symboliquement les pensées : leurs formes que les vents ne cessent de
modifier sont l’expression du monde mental. Et le Fils de l’homme qui
vient sur les nuées du ciel, cela signifie que, lorsque les fausses valeurs
auront été rejetées, le Christ se manifestera dans les intelligences.
Voilà le sens des prédictions de Jésus. Le soleil, la lune, les étoiles, les 315
nuées doivent être interprétés comme des réalités et des événements de
notre vie psychique. Et ils peuvent être aussi interprétés comme des réalités
et des événements de la vie sociale, conséquences de la vie psychique des
humains.
Référence biblique
67
« Il faut que je fasse, tandis qu’il est jour, les œuvres de Celui qui m’a
envoyé »…1
« Marchez pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous
surprennent point ; celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va.
»2
316
Au niveau qui est le sien, chacun doit s’efforcer de « faire les oeuvres de
Celui qui l’a envoyé », son Père céleste. Et faire les oeuvres de son Père
céleste, c’est participer à l’avènement de son Royaume. Ainsi qu’il est dit
dans le « Notre Père » : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur
la terre comme au Ciel. »3 Des entités lumineuses du monde invisible ne
cessent de donner aux humains des conditions favorables à leur travail.
Mais parce que ces conditions se présentent rarement comme ils les
attendent, ils n’en prennent pas conscience. C’est ce qui s’est passé avec les
Juifs du temps de Jésus. Ils attendaient le Messie sous la forme d’un roi
terrestre : les Rois mages en arrivant à Jérusalem n’avaient-ils pas demandé
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître » ?4 Très peu l’ont reconnu
lorsqu’il s’est présenté sous une humble apparence : on disait qu’il était le
fils de Joseph, le charpentier…
Nous devons également penser à ces jours et à ces nuits, à ces flux et à ces
reflux qui, comme les marées de l’océan, se produisent en nous. Et chaque
mois, nous voyons aussi la lune croître et décroître dans le ciel.
Nous sommes soumis aux mêmes alternances que la nature, et il est donc
nécessaire d’être conscients de l’époque où chaque phénomène risque de se
produire. Supposez qu’une période difficile approche : si vous ne le sentez
pas, vous prenez imprudemment des engagements ; alors quand vient le
moment d’agir, vous n’avez plus ni inspiration ni goût et vous échouez dans
votre entreprise. Vous auriez pu éviter cet échec, si vous aviez su prévoir
qu’il viendrait fatalement des périodes où vous y verriez moins clair. Toutes
les fautes se font dans les ténèbres, au moment où la conscience s’est
obscurcie. Apprenez à reconnaître ces moments et prenez des précautions.
317
Quand il s’agit de la vie physique, matérielle, les humains ont appris à agir
sagement. Lorsque l’hiver approche, ils préparent suffisamment de quoi
s’éclairer et se chauffer. Mais ils sont bien moins prévoyants quand il s’agit
d’affronter les hivers intérieurs. Ils ne pensent pas qu’ils doivent préparer
des éléments spirituels afin que, le moment venu, ils n’aient pas à souffrir
de l’obscurité et du froid. À l’intérieur comme à l’extérieur, personne ne
peut échapper à cette alternance du jour et de la nuit, de la clarté et de
l’obscurité, de la chaleur et du froid.
Vous direz que les saisons de la vie intérieure ne reviennent pas avec la
même régularité que dans la nature et elles ne sont donc pas prévisibles.
C’est vrai, mais il faut savoir que l’hiver revient nécessairement de temps à
autre. Si vous apprenez à vous observer, vous découvrirez chaque fois en
vous certains signes avant-coureurs, vous saurez que cette période de froid
et d’obscurité approche. 157 Alors, soyez vigilants. Préparez les éléments
spirituels qui continueront à entretenir en vous le feu et la lumière.
« Marchez pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous
surprennent point. » Cette lumière représente les bonnes conditions
intérieures, et extérieures aussi, qui nous sont données pour progresser et
faire les oeuvres de Celui qui nous a envoyés. Combien de personnes,
quand elles sont plongées dans les difficultés et les épreuves, se rendent
compte soudain des erreurs qu’elles ont commises par négligence, par
ignorance ou par faiblesse, et elles se disent : « Si j’avais su !… » Elles
auraient pu savoir, car toutes les conditions leur étaient données à un certain
moment pour apprendre et travailler. Mais la vie spirituelle demande des
efforts qu’elles n’étaient pas prêtes à faire, et elles ont négligé ces bonnes
conditions. D’autres activités, d’autres préoccupations leur paraissaient à ce
moment-là plus importantes, et elles se sont laissé surprendre par les
ténèbres.
Mais quelles que soient vos erreurs, ne perdez pas de temps à vous
lamenter, et surtout ne vous découragez pas. Le pire, ce n’est pas de
commettre des erreurs, mais de se dire qu’un idéal spirituel est quelque
chose d’irréalisable et de l’abandonner. Il n’est jamais trop tard pour
reprendre le chemin de la lumière et faire le travail que votre Père céleste
vous a confié. D’autres conditions vous seront à nouveau données un jour.
Quelles que soient les erreurs commises, rien ne peut vous empêcher de
retrouver la voie du salut si vous le souhaitez vraiment. Et dites-vous même
318
que le Ciel a davantage confiance en un être qui a commis des fautes et qui
s’est repenti, qu’en celui qui n’a encore rien fait de mal. Pourquoi ? Parce
que celui qui n’est jamais tombé ignore souvent qu’il doit prendre des
précautions : il n’a pas d’expérience, il n’est donc pas encore solide, il peut
aller n’importe où aveuglément, et un jour, c’est la chute. Tandis que celui
qui est passé par les griffes du diable, qui a souffert et qui prend la
résolution de sortir de là pour accomplir la volonté de Dieu, s’il réussit, le
Ciel le prendra à son service en disant : « Enfin, en voilà un sur qui on peut
compter ! » Quelles que soient les chutes, il est toujours possible de se
relever. Mais de ce que je vous dis là, ne concluez pas que vous pouvez
encore vous permettre certains égarements pour mieux reprendre ensuite le
bon chemin ! De toute façon, vous avez tous commis suffisamment
d’erreurs jusqu’à maintenant : il est temps de vous assagir afin de bénéficier
des bonnes conditions que vous donne la lumière.
Références bibliques
1. « Il faut que je fasse, tandis qu’il est jour, les oeuvres de Celui qui m’a
envoyé » –
Évangile de Jean 9 : 4
68
À l’apôtre Thomas qui lui disait : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas
; comment pouvons-nous en savoir le chemin ? » Jésus répondit : « Je suis
le chemin, la vérité et la vie. »1
ce qu’elle est.
Une image pourtant nous permet de réunir les trois mots chemin, vérité et
vie, pour en faire un ensemble cohérent : c’est celle du fleuve.158 À
l’origine d’un fleuve, il y a une source qui jaillit. Cette source représente la
vérité. De cette source coule l’eau, la vie, et au fur et à mesure du temps
l’eau creuse son lit : c’est le chemin. Jésus voulait donc dire : Je suis pareil
au fleuve qui descend de la source céleste, la vérité, et j’apporte l’eau de la
vie ; si vous voulez boire de cette eau, suivez-moi, je vous montre le
chemin.
À l’origine, il y a donc une source, la vérité. L’eau, la vie qui coule de cette
source, est l’amour. Et le lit du fleuve, le chemin, est la sagesse. Au fur et à
mesure que l’eau jaillit de la source, elle descend et vivifie l’univers entier.
Mais si nous voulons boire cette eau dans toute sa pureté, nous devons
remonter jusqu’à la source en empruntant le chemin de la sagesse.
La sagesse nous conduit, elle n’est jamais un but, mais seulement un guide ;
et pour avancer nous devons avoir la vie, l’eau qui nous soutient, l’amour.
Si nous marchons, c’est pour nous élever jusqu’à la source, la vérité, afin de
boire l’eau cristalline des sommets. Grâce à cette image du fleuve, la parole
de Jésus qui paraît d’abord difficile à interpréter devient à la fin très claire :
elle représente le programme à réaliser. Nourris par l’amour qui est la vie, et
guidés par la sagesse qui est le chemin, nous arrivons à la vérité qui est la
source.
En disant « Je suis le chemin, la vérité et la vie », Jésus, même s’il n’a pas
utilisé explicitement cette image, a donné toute sa dimension spirituelle au
symbole du fleuve. Et vous comprenez maintenant l’importance de ces trois
principes : amour, sagesse et vérité sur lesquels est fondé notre
enseignement. Au fur et à mesure que nous approfondissons ces trois
principes, nous entrons en relation avec le fleuve de la vie universelle.
sortez pour rencontrer ceux que vous aimez… vous sortez pour voir le
soleil, pour écouter chanter les oiseaux… vous sortez pour acheter des
cadeaux, pour venir en aide à des malheureux… L’amour ne vous laisse pas
en place, car lui-même change de lieu ; il a la mobilité de l’eau et on ne
peut que le suivre à la trace en parcourant les lieux qu’il a traversés ou qu’il
a un moment habités.
Le Christ nous dit : Je suis la vie, l’amour, qui circule dans le lit du fleuve,
et je suis la sagesse, le chemin par lequel vous pouvez monter jusqu’à la
source, la vérité. Efforcez-vous de boire chaque jour à cette source limpide
et pure. Vous pensez peut-être que ce n’est pas possible…
Si, grâce aux liens qui unissent nos corps inférieurs à nos corps supérieurs,
nous pouvons, par l’amour et la sagesse nous rapprocher de la vérité.159
(Voir schéma)
Nous nous fixons un but, la vérité, et pour atteindre ce but, nous devons
suivre un chemin, c’est-à-dire appliquer certaines méthodes. Mais en
réalité, le but et la méthode sont une seule et même chose. En disant : « Je
suis le chemin, la vérité et la vie »,2 Jésus se confondait avec le chemin : il
marchait sur le chemin et il était lui-même devenu le chemin, parce que par
son amour il était arrivé à s’identifier au but même de sa démarche : la
Source divine d’où procède toute vie. Et nous, en suivant Jésus, nous
marchons sur le chemin et nous devenons nous aussi le chemin. Dieu, la
Source, est notre but, nous nous dirigeons vers Lui, et en marchant nous
nous identifions au but de notre démarche. Le but devient ainsi la méthode.
Et la méthode, c’est tous les exercices qui nous permettent d’avancer afin
de réaliser la fusion avec Dieu et de pouvoir dire un jour comme Jésus : «
Moi et le Père, nous sommes un ».*3
Références bibliques
69
Le dernier repas
321
C’était le dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, et à un moment
il s’est donc levé pour leur laver les pieds. Ce geste qu’il n’avait jamais fait
– on le comprend d’après la réaction de Pierre – des commentateurs l’ont
interprété comme une leçon d’humilité qu’il voulait leur donner. Cette
interprétation contient certainement une part de vérité.
Mais en lavant les pieds de ses disciples, Jésus avait encore autre chose à
leur apprendre. À Pierre qui commence par protester, il dit : « Ce que je
fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt. »
Jésus a lavé les pieds de ses disciples pour leur faire prendre conscience de
ce lien. En touchant leurs pieds, il cherchait à éveiller les forces
constructives, régénératrices, qui circulent dans le plexus solaire.
Lorsqu’on a très froid aux pieds, on sent une contraction dans le plexus, et
si on mange à ce moment-là, la digestion se fait mal. Tandis que si on
plonge ses pieds dans de l’eau chaude, on sent dans le plexus solaire une
sensation agréable de dilatation.
322
Ce qui perturbe le plus le plexus solaire et, en conséquence, tous les organes
internes : le foie, les reins, l’estomac, etc., c’est le doute, la sensualité, la
peur, la colère, la cupidité, tous les sentiments désharmonieux et violents.
Quand vous avez une frayeur, un choc, vos jambes ne vous soutiennent
plus, vos mains tremblent, votre cerveau se vide. Cela signifie que votre
plexus solaire a épuisé ses énergies.
Mais puisqu’il peut se vider, le plexus solaire peut aussi se remplir. Il existe
pour cela différentes méthodes, et en particulier prendre des bains de pieds
bien chauds. Il n’est pas nécessaire que ces bains durent longtemps.
Comme toutes les cellules du corps, les cellules des pieds sont de petites
créatures vivantes, et parce que dans le passé ces créatures se sont montrées
orgueilleuses, cruelles, elles ont été placées dans les pieds pour apprendre
l’humilité et la bonté. Un jour, on leur fera passer des examens, et si elles
réussissent, l’Intelligence cosmique leur dira : « Vous pouvez maintenant
aller plus haut », et elles monteront dans les poumons, dans le coeur, dans le
cerveau pour continuer leur évolution. Vous direz que tout cela n’est pas
scientifique. Si, mais il s’agit d’une autre science… Toutes les cellules
doivent évoluer. Les plus évoluées, les plus désintéressées sont celles du
coeur. Alors que les autres dorment, s’amusent ou se reposent, les cellules
du coeur travaillent jour et nuit, sans arrêt, pour soutenir l’organisme et
répartir les forces en lui.
Chaque cellule est une créature vivante qui doit travailler en harmonie avec
toutes les autres pour le bien de l’organisme. Quand certaines commencent
à former un royaume séparé, une maladie se déclare. Mais en réalité, si elles
se mettent à vivre de façon anarchique, ce ne sont pas elles les vraies
coupables. Le vrai coupable, c’est l’homme : il s’est laissé aller 323
à des pensées, des sentiments et des actes qui n’étaient inspirés ni par la
sagesse ni par l’amour, et cela a agi sur son système sympathique, puis de là
sur ses cellules.
Que les pieds puissent avoir de l’importance pour la vie spirituelle étonnera
certaines personnes. Parce que nous portons des chaussures, nous avons
tendance à oublier que c’est par les pieds que nous sommes sans cesse en
contact avec la terre et les courants telluriques, et que nos pieds sont donc
des sortes d’antennes. Mais les courants électriques et magnétiques qui
s’élèvent de la terre ou y pénètrent, ne circulent normalement à travers les
pieds qu’à condition de ne pas être arrêtés par des couches fluidiques
d’impuretés. C’est pourquoi il est toujours bon de les laver avant de se
coucher.
Pierre a d’abord refusé que Jésus lui lave les pieds. Puis, lorsque Jésus lui a
dit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi », il lui a
demandé de lui laver aussi les mains et la tête. Mais Jésus a répondu : «
Celui qui est lavé n’a besoin que de laver ses pieds pour être entièrement
pur. » Pourquoi ?… Les pieds sont la partie du corps la plus en contact avec
la terre, avec le plan physique, et le plan physique touche toujours plus ou
moins au monde souterrain, aux enfers, au subconscient. Ils représentent
donc, symboliquement, la partie la plus vulnérable du corps, la plus exposée
aux courants ténébreux. On retrouve cette idée dans la mythologie grecque.
Pour rendre son fils Achille invulnérable, sa mère, Thétis, qui était une
divinité marine, l’avait plongé tout jeune dans les eaux du Styx ; mais
comme le talon par lequel elle le tenait n’avait pas été trempé, Achille
mourut sous les murs de Troie touché au talon par une flèche empoisonnée.
Références bibliques
« Le soir étant venu, Jésus se mit à table avec les douze. Pendant qu’il
mangeait, il dit : Je vous le dis en vérité, l’un de vous me livrera. Ils furent
profondément attristés, et chacun se mit à lui dire : Est-ce moi, Seigneur ?
Il répondit : Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c’est celui qui
me livrera ».1 Or, c’est Judas qui avait mis avec lui la main dans le plat, et
Jésus lui dit : « Ce que tu fais, fais-le vite ».2
325
S’il n’avait pas été décrété que Jésus serait trahi et mourrait sur la croix, il
n’y aurait pas eu de Judas. La mort de Jésus était écrite depuis longtemps, et
Jésus le savait, il l’avait déjà annoncée plusieurs fois à ses disciples 3, c’est
pourquoi il n’a pas cherché à y échapper, et il ne s’est défendu ensuite ni
devant Caïphe4, ni devant Pilate5. Il a même encouragé Judas puisque
pendant le repas il lui a dit : « Ce que tu fais, fais-le vite ! » Que de choses à
méditer et à comprendre ! Aucun Maître, le plus grand soit-il, ne peut
empêcher que des êtres ténébreux, des traîtres rôdent autour de lui pour lui
nuire et cherchent à détruire son oeuvre. La seule chose qu’il puisse faire,
c’est utiliser ces épreuves pour grandir encore intérieurement.
326
D’après la tradition, Jacob avait eu douze fils qui sont à l’origine des douze
tribus d’Israël ;1626 ces douze tribus étaient représentées par douze pierres
précieuses qui figuraient sur le pectoral du grand Prêtre Aaron, frère de
Moïse. 163 7 La Jérusalem céleste que décrit saint Jean dans l’Apocalypse
repose sur douze assises de pierres précieuses et sa muraille a douze portes
qui sont douze perles. 164 8 Le 12 est donc le nombre de ce qui forme un
tout, un ensemble complet : un jour, une année, un peuple, une ville. Et le
13, c’est 12 + 1. Le 1 qui vient s’ajouter n’appartient pas à cet ensemble ; il
est comme un élément étranger, et s’il n’est pas pur, s’il ne vibre pas en
harmonie avec l’entité à laquelle il s’ajoute, c’est tout l’ensemble qui est
menacé. Voilà pourquoi le 13 est considéré comme un nombre difficile qui
apporte des épreuves et même parfois la mort. La treizième carte du Tarot
est celle de la mort.
Références bibliques
« Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain et après avoir rendu grâces
il le rompit et le donna aux disciples en disant : Prenez, mangez, ceci est
mon corps. Il prit ensuite une coupe et après avoir rendu grâces 327
il la leur donna en disant : Buvez-en tous, car ceci est mon sang… »1
Pour beaucoup de chrétiens ces paroles qu’ils entendent chaque fois qu’ils
assistent à la messe ou au culte gardent toujours leur mystère. En les
prononçant Jésus révélait encore que tout son être s’était fusionné avec le
principe cosmique du Christ. Quelle relation existe-t-il entre le pain et le
corps, ainsi qu’entre le vin et le sang ? Et comment pouvons-nous nous
nourrir du corps et du sang du Christ par l’intermédiaire du pain et du vin ?
Le symbolisme du pain et du vin était déjà connu bien avant Jésus, puisqu’il
est dit dans le livre de la Genèse que Melkhitsédek, sacrificateur du Très-
Haut, vint à la rencontre d’Abraham en lui apportant le pain et le vin. 166 2
Il faut aller très loin, très haut, pour parvenir à la compréhension de ces
symboles. Manger et boire sont deux actes complémentaires de la vie
quotidienne par lesquels l’homme se nourrit, et le pain et le vin n’ont
apparemment par eux-mêmes rien d’exceptionnel. Mais c’est à travers eux
que Melkhitsédek a apporté à Abraham le savoir initiatique concernant les
deux grands principes, masculin et féminin, qui sont à l’origine de la
création. Dans tous les règnes de la nature, et jusqu’au monde divin, on
trouve les manifestations de ces deux principes. Et lorsque Jésus a donné le
pain et le vin à ses disciples en disant : « Mangez, ceci est mon corps »…
« Buvez, ceci est mon sang », il a non seulement transmis mais complété le
savoir donné par Melkhitsédek à Abraham.167
Comme il est difficile pour un être humain d’accéder aux grands mystères
de l’univers, les Initiés ont dû les arracher au monde sublime qui est le leur
pour les présenter de façon concrète, tangible. Les rites institués par les
religions ne sont que des formes. Ces formes sont évidemment utiles, mais
seulement dans la mesure où le croyant est capable de les animer, d’y
mettre un contenu vivant. Pour les chrétiens le rite le plus important est la
messe dont le moment essentiel est la communion. Mais ils en auront une
meilleure compréhension le jour où ils cesseront de croire qu’il suffit de
manger le pain ou d’avaler une hostie, et de boire le vin pour recevoir le
Christ. Le Christ ne se laisse pas enfermer dans les nourritures matérielles
pour être absorbé à un moment précis d’un office religieux. Comment
peuvent-ils s’imaginer que le Christ, première émanation divine, peut être
emprisonné dans une hostie par des mains plus ou moins dignes ? Pour qui
le prend-on ?… On appelle cela « le mystère de l’Eucharistie ». Non, il n’y
a là aucun mystère, mais seulement des réalités spirituelles qui obéissent à
des lois.
Le temps est maintenant venu de donner un contenu à ces formes dans 328
C’est ce même symbolisme qui était déjà présent dans la réponse que Jésus
avait faite à Nicodème, docteur en Israël, venu un soir pour l’interroger : «
Si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de
Dieu ».3 L’eau, c’est le principe féminin, l’amour ; et l’esprit, le feu, c’est le
principe masculin, la sagesse. Manger la chair du Christ et boire son sang a
la même signification que naître d’eau et d’esprit
coutume est de tenir les femmes enfermées loin des regards, la mariée est
présente au mariage. Elle est peut-être voilée, mais elle est là. À la
cérémonie, l’homme doit être là et la femme aussi, parce qu’ils représentent
les deux principes grâce auxquels la vie continuera à se perpétuer.
Si le pain et le vin ont un caractère sacré, c’est qu’ils sont en relation avec
la perpétuation de la vie, et ils résument également tous les aliments dont
l’homme doit se nourrir pour subsister. On ne boit pas du vin dans toutes les
régions du monde, il y a même des religions qui l’interdisent, mais le vin
reste le symbole du liquide nutritif complémentaire de la nourriture solide,
le pain. Vous direz que notre boisson principale est surtout l’eau. C’est vrai.
Mais pourquoi aux noces de Cana Jésus a-t-il justement changé l’eau en vin
?…1684 Et le soir de la Cène, ce n’est pas de l’eau qu’il a donnée à ses
disciples. L’eau a une autre signification dans la pensée de Jésus. Il faut
apprendre à s’orienter parmi les symboles.
C’est à Cana, en Galilée, où il était invité pour des noces, que Jésus avait
fait son premier miracle en changeant l’eau en vin. Et l’institution de
l’Eucharistie fut le dernier acte qu’il a accompli avant sa mort. Si nous
faisons le lien entre ces deux événements qui se situent au commencement
et à la fin de sa mission, nous prendrons vraiment conscience que son
Enseignement repose sur la connaissance des deux principes. Le pain et le
vin que le prêtre, pendant la messe, présente aux fidèles comme le corps et
le sang du Christ, sont les symboles de réalités spirituelles, cosmiques, qui
doivent prendre place dans leur conscience. C’est à cette condition qu’ils
trouveront dans le pain et le vin une nourriture pour leur âme et pour leur
esprit, et peu à peu ils accéderont à ce degré supérieur de vie que Jésus 330
Il est vrai qu’après avoir partagé le pain et le vin avec ses disciples, Jésus
leur a dit : « Faites ceci en mémoire de moi. »5 Mais commémorer, garder
seulement un souvenir, c’est pauvre ; il faut aller plus loin et approfondir la
signification immense que Jésus a voulu mettre dans cet acte.
Car il n’a pas seulement partagé le pain et le vin avec ses disciples, comme
il avait déjà dû souvent le faire auparavant. En leur donnant le pain il leur a
dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps » ; et en leur donnant le vin : «
Buvez-en tous, car ceci est mon sang. » Pourquoi n’a-t-il pas créé un autre
rite ? Il le pouvait, mais il a répété ce que Melkhitsédek avait fait avant lui
en apportant le pain et le vin à Abraham. Cela révèle non seulement
l’importance qu’il donnait à ces deux symboles du pain et du vin, mais sa
volonté de marquer son appartenance à la lignée de Melkhitsédek.
Références bibliques
1. « Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain » – Matthieu 26 : 26-28
De ce dernier repas que Jésus prit avec ses disciples, les Évangiles n’ont
retenu que le pain et le vin. Mais dans le pain et le vin on peut voir
symboliquement tous les aliments que nous offre la nature pour entretenir la
vie en nous. C’est ainsi que chaque jour la nutrition peut devenir un moyen
d’approfondir encore le mystère de la Sainte Cène. Bien sûr, la respiration,
et surtout les exercices spirituels comme la prière, la méditation, sont une
forme de communion. Mais tout le monde n’a pas nécessairement le temps,
les conditions, ni même le goût et les dons pour la pratique spirituelle.
331
Tandis que chacun est obligé de manger chaque jour. On peut donc déjà
commencer par apprendre à communier pendant les repas en ayant
davantage de considération pour la nourriture.
La manière dont les gens mangent en dit beaucoup sur leur degré
d’évolution. S’ils n’ont pas de respect pour la nourriture qui chaque jour
leur donne la vie, envers qui en auront-ils ? Et ils ne comprendront jamais
les mystères de la communion et pourquoi Jésus a dit : « Mangez, ceci est
mon corps…Buvez, ceci est mon sang… », « Celui qui mange ma chair et
qui boit mon sang a la vie éternelle. »1. La nourriture est déjà bénie par le
Créateur. La plus grande preuve qu’elle est bénie, c’est justement qu’elle
nous donne la vie. Dieu est dans la nourriture sous forme de vie, elle n’a
donc pas besoin d’être bénie par les humains pour leur donner la vie. Vous
direz : « Mais alors, à quoi servent les paroles de bénédiction qu’il est de
tradition de prononcer avant les repas ? » Une bénédiction est une sorte de
rite magique, chaque parole prononcée possède des vibrations qui ont le
pouvoir d’agir sur la matière. Les paroles de bénédiction préparent la 332
Référence biblique
: 53
la chaleur.
Tout ce qui nous nourrit et nous abreuve, le Christ, Verbe vivant proféré au
commencement par le Père, nous le donne par l’intermédiaire du soleil :
c’est sa vie, sa chaleur, sa lumière. Par la nourriture nous recevons donc
tous les éléments du Verbe symbolisés par les vingt-deux lettres de
l’alphabet hébraïque, et c’est avec ces lettres, dit le Zohar, que Dieu a créé
le monde. Il existe évidemment d’autres langues avec d’autres alphabets qui
n’ont pas vingt-deux, mais vingt-quatre, vingt-six lettres, ou beaucoup plus.
», 1691 cela signifie que la création est l’oeuvre du Verbe proféré par Dieu ;
et le Verbe, le Christ, le Soleil cosmique est notre nourriture. Vous voyez,
tout se tient, tout est lié.
Manger la chair du Christ et boire son sang, on peut aller très loin dans la
compréhension de ces symboles. Mais je ne vous en dirai pas plus. Pour les
comprendre, vous devez les faire vibrer, résonner en vous. Le jour où vous
aurez appris à manger et à boire avec la conscience que c’est le Christ, le
Soleil cosmique, qui vous nourrit, vous commencerez à entendre et à
déchiffrer le sens de ce que disent dans l’espace ces éléments qui chantent
l’histoire de la création et la gloire de Dieu, et vous entrerez dans la vie
éternelle.
Alors, cette lumière et cette chaleur vivantes se propagent dans toutes les
cellules de notre corps, et elles les éclairent, les renforcent, les purifient, les
vivifient. Il est tellement important d’approfondir le sens des images et des
rites que nous présentent les religions !
Chaque jour vous êtes devant le soleil qui projette dans l’espace des
particules de lumière. En le regardant, pensez que vous rejetez toutes les
impuretés de votre organisme pour les remplacer par les particules de
lumière qu’il vous envoie. De tout votre coeur, de toute votre âme, essayez
de prendre ces particules divines et de les placer en vous. C’est ainsi que,
peu à peu, grâce au soleil, vous imprégnerez la matière de votre être de
vibrations spirituelles, et vous vivrez la vie éternelle. Car le soleil est
vivant. Voilà ce que signifie aussi la communion, voilà ce que signifie
manger la chair et boire le sang du Christ.
Référence biblique
70
Au jardin de Gethsémani
Après le repas, Jésus et ses disciples allèrent dans un lieu appelé
Gethsémani, un jardin où ils s’étaient souvent réunis. Il prit à part Pierre,
Jacques et Jean et leur dit : « Restez ici et veillez et priez avec moi. »1
« Père, s’il n’est pas possible que cette coupe s’éloigne sans que je la boive,
que ta volonté soit faite et non la mienne. »4
Ils n’ont pas su rester présents par la pensée auprès de Jésus ; ils ne se sont
336
réveillés qu’au moment où des hommes armés envoyés par les grands
prêtres et conduits par Judas sont venus l’arrêter.5 Et que se passa-t-il alors
dans leur cerveau ensommeillé ? Pierre tira son épée, frappa un de ces
hommes et lui coupa un morceau d’oreille. Et Jésus qui avait retrouvé toute
la puissance de son esprit donna une dernière leçon à ses disciples en disant
: « Pierre, remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prendront l’épée
périront par l’épée. »6 Il guérit l’oreille de l’homme et se laissa emmener.
En emmenant avec lui Pierre, Jacques et Jean, Jésus leur avait dit : «
Veillez et priez, afin de ne pas entrer dans la tentation ; l’esprit est fort,
mais la chair est faible ».8 Veiller signifie être disponible, attentif, vigilant.
Mais la vigilance ne suffit pas, la prière est aussi nécessaire : elle est un
appel aux entités célestes afin qu’elles apportent leur lumière et leur
soutien. En s’endormant, les disciples, privés de cette lumière et de ce
soutien, avaient déjà abandonné Jésus. Il leur avait annoncé les événements
à venir, mais sans doute pensaient-ils qu’avec tous les pouvoirs qu’il
possédait, il échapperait à ses ennemis. Et en effet, il aurait pu échapper,
mais il ne l’a pas voulu, car il fallait que « les Écritures s’accomplissent ».9
C’est cela sans doute qui a profondément troublé ses disciples. Ils ne
croyaient pas qu’il se laisserait arrêter comme n’importe quel malfaiteur. Ils
n’avaient pas encore compris que le véritable pouvoir de leur Maître n’était
pas un pouvoir terrestre et que, sur la terre, il devait laisser les événements
se dérouler.
Références bibliques
337
4. « Père, s’il n’est pas possible que cette coupe s’éloigne sans que je la
boive » –
Matthieu 26 : 42
71
Mais Jésus n’avait aucune ambition terrestre. Pour lui, la véritable royauté
était la royauté céleste, il ne confondait pas la gloire humaine et la gloire
divine. C’est pourquoi il dit aussi : « Mon royaume n’est pas de ce monde.
Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour
moi afin que je ne sois pas livré aux Juifs. Je suis né et je suis venu dans le
monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité
écoute ma voix. »3 Pilate demanda alors : « Qu’est-ce que la vérité ? »4
Mais là Jésus ne répondit pas.
338
Même si tous les humains possèdent une structure psychique identique, ils
sont différents dans leur sensibilité, leur compréhension, leurs besoins, leurs
aspirations, et ils ne peuvent donc pas avoir la même perception des choses.
Alors, quand ils se disputent en prétendant chacun être dans le vrai, cela ne
rime à rien. Vous direz : « Mais alors, il n’existe pas de vérité ? »
Ces perles qu’il est dangereux de jeter devant les pourceaux, ce sont les
vérités que les humains ne sont pas encore prêts à recevoir. Non seulement
ils ne les apprécieront pas, mais ils s’attaqueront à celui qui les leur donne.
Combien de fois, dans l’histoire, les êtres qui osaient apporter la vérité ont
été menacés, tourmentés, massacrés ! Et même si Jésus avait répondu à la
question de Pilate, est-ce que Pilate aurait compris ? est-ce qu’il se serait
opposé à sa condamnation ? Il savait que Jésus était innocent de ce dont on
l’accusait, puisqu’il a dit aux principaux sacrificateurs : « Je ne trouve rien
de coupable dans cet homme ».6 Mais, sur leur insistance et celle de la
foule, il le leur a quand même livré pour être crucifié.
Références bibliques
1. « Es-tu le roi des Juifs ? » – Évangile de Jean 18 : 33
339
Une autre partie tomba dans les endroits pierreux où elle n’avait pas
beaucoup de terre : elle leva aussitôt parce qu’elle ne trouva pas un sol
profond, mais quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha faute de racines.
Une autre partie tomba parmi les épines : les épines montèrent et
l’étouffèrent. Une autre partie tomba dans la bonne terre : elle donna du
fruit… 1 Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole du semeur.
Il ne suffit donc pas d’entendre une parole de vérité. Elle ne peut être
comprise que si elle tombe dans une bonne terre. Pour éclairer cette
question, nous devons revenir une fois de plus à la structure psychique de
l’être humain. Cette structure repose sur trois principes : l’intellect grâce
auquel il pense, le coeur grâce auquel il éprouve des sentiments, et la
volonté qui le pousse à l’action. Or, la volonté n’agit jamais sans mobile,
mais sous l’impulsion de pensées et de sentiments.
Observez-vous : c’est parce que les êtres et les choses vous inspirent des
340
Pour se décider à travailler, il ne suffit pas de penser que c’est utile, il faut
aussi aimer ce travail. On peut donc dire que les actes sont la concrétisation
des pensées produites par l’intellect et des sentiments produits par le coeur,
ils sont leurs enfants ; et d’après la qualité de ces pensées et de ces
sentiments, les actes exécutés par la volonté sont bons ou mauvais. Ils sont
bons si l’intellect est inspiré par la sagesse et le coeur inspiré par l’amour.
Références bibliques
Vous ne trouverez jamais la vérité comme un élément isolé, car elle ne peut
pas se concevoir indépendamment du cœur et de l’intellect. C’est l’amour et
la sagesse qui vous conduisent à la vérité. Si elle était indépendante de
l’activité du cœur et de l’intellect, tout le monde devrait découvrir la même.
Or, ce n’est évidemment pas le cas, chacun ou presque trouve une vérité
différente. Seuls ceux qui possèdent l’amour et la sagesse découvrent la
même vérité, c’est pourquoi malgré leurs origines et leurs cultures
différentes ils parlent, au fond, le même langage.
341
Désormais, vous n’avez donc que ces questions à vous poser : « Voyons,
quelle est la nature de mes sentiments : est-ce qu’ils manifestent le véritable
amour ?… Et ma pensée, comment envisage-t-elle les choses : est-ce
qu’elle suit la voie de la sagesse ? Ne s’y est-il pas glissé quelque chose qui
va m’induire en erreur ? » Chaque fois que vous introduisez dans vos
pensées et vos sentiments les éléments de la sagesse et de l’amour, vous
vous approchez de la vérité, vous en touchez un nouvel aspect, vous
atteignez un nouveau degré, et ces aspects, ces degrés sont en nombre
infini.
considérer comme une graine à mettre en terre. Une fois que nous l’aurons
semée dans notre sol spirituel, nous pourrons observer sa croissance et nous
sentirons une vie nouvelle naître et se développer en nous. Vous avez vu
combien les images de la graine, du champ, du semeur sont fréquentes dans
les paraboles !170
Si, même pour beaucoup de ceux qui se disent croyants, la religion
chrétienne est devenue une pratique vide de sens, c’est qu’ils ne savent pas
travailler avec les paroles de vérité que contiennent les Évangiles. Mais
qu’ils sèment ces paroles dans leur terre intérieure comme on sème des
graines, et chaque jour qu’ils prennent soin d’elles, qu’ils les débarrassent
des mauvaises herbes qui risquent de les étouffer, et des bestioles qui
s’apprêtent à les grignoter, c’est-à-dire qu’ils empêchent que des pensées et
des sentiments inspirés par leur nature inférieure viennent s’attaquer à elles,
comme le font les parasites, et ils sentiront une vie nouvelle croître et se
développer en eux.
Référence biblique
« Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous
connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. »1
La sagesse voit clair, mais cela ne suffit pas. L’amour aussi est puissant :
c’est un alchimiste capable de transformer ce qui est négatif. Mais la plus
grande force, celle que rien ne peut abattre, c’est la vérité, parce que la
vérité, union de la sagesse et de l’amour, appartient au monde de l’esprit.
Prenons une image : l’arbre. Un arbre est constitué de racines, d’un tronc et
de branches qui portent des feuilles, des fleurs et des fruits. Les racines sont
enfouies dans le sol, elles vivent et travaillent dans une profonde obscurité ;
là, elles absorbent les éléments contenus dans la terre pour fabriquer la sève
brute qui montera dans le tronc de l’arbre. Loin de l’air et de la lumière, les
racines accomplissent un travail difficile et ingrat, ne connaissant
qu’obstacles, contraintes, limitations. Le tronc, lui, s’élance vers le ciel, et il
est traversé par des courants de vie intense : au centre les canaux ascendants
de la sève brute, à la périphérie les canaux descendants de la sève élaborée.
Au fur et à mesure que le tronc s’élève et se renforce, il s’enrichit de
nouvelles branches qui sont heureuses de se balancer librement dans le vent
et la lumière et de pouvoir présenter à tous leurs feuilles, leurs fleurs et
leurs fruits.
Alors que les racines absorbent les éléments de la terre, les feuilles
absorbent la lumière solaire qui favorise la transformation de la sève brute
en sève élaborée. Les fleurs, colorées et parfumées, se préparent à devenir
des fruits qui non seulement sont une nourriture pour les animaux et les
hommes, mais renferment en eux les germes qui donneront naissance à
d’autres arbres. Les racines, comme le tronc et les branches, ont leur utilité
et leur beauté, mais qui ne préférera pas vivre dans les branches avec les
feuilles, les fleurs et les fruits, pour recevoir la lumière et la chaleur du
soleil ?
De même qu’il existe une analogie entre les racines et l’estomac, il existe
aussi une analogie entre le tronc de l’arbre et notre cage thoracique.
Les branches avec les feuilles, les fleurs et les fruits correspondent à la tête,
au plan mental. Ceux qui sont arrivés à monter jusque-là s’épanouissent
librement et dans la clarté.172
La loi de la volonté libre gouverne des êtres plus évolués qui, dans leurs
vies antérieures, ont pensé et agi de telle sorte qu’ils ont maintenant
certaines possibilités de choisir leur orientation. À cette catégorie
appartiennent les disciples des enseignements spirituels, les artistes, les
savants, les philosophes, tous ceux pour qui le sens de l’existence est dans
une ascension ininterrompue, quels que soient les obstacles. Ils souffriront,
345
« La vérité vous rendra libres », a dit Jésus. Plus nous avançons sur le
chemin de la vérité, plus nous nous libérons. Nous devons donc nous
efforcer de monter de plus en plus haut. Mais la véritable liberté ne se
trouve qu’au sommet de l’Arbre cosmique, c’est pourquoi, pour l’être
humain comme pour n’importe quelle créature, la liberté absolue n’existe
pas. Le seul qui soit absolument libre est Dieu, le Créateur. Toutes les autres
créatures ne sont pas totalement libres, même les anges et les archanges,
même les chérubins et les séraphins : ils sont plongés dans l’âme du
Seigneur, ils sont les instruments de sa volonté, ils ne sont donc pas
entièrement libres. Ils sont libres de la liberté du Seigneur, mais pas libres
par rapport au Seigneur. Seul le Seigneur est libre, et dans la mesure où
elles se rapprochent du Seigneur, les créatures sont libres de sa liberté, pas
autrement.
Tous les êtres créés sont dépendants du Créateur, le Sommet, et ils ne sont
libres qu’en fonction du niveau où ils se situent dans l’immense hiérarchie
des êtres. C’est donc au niveau le plus élevé, dans le plan divin, que le mot
« liberté » prend tout son sens. Quand nous accomplissons sa volonté, Dieu
se manifeste en nous, et c’est parce qu’Il est libre que nous sommes nous-
mêmes libres. C’est sa présence en nous qui nous rend libres : nous sommes
libres de sa liberté. Dieu agit en nous, et c’est de son action libre que nous
vivons.
Référence biblique
72
Au cours du dernier repas qu’il prit avec ses disciples, Jésus, avant de les
quitter, leur avait dit :
346
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les
porter maintenant. Mais quand le consolateur viendra, lui, l’Esprit de
vérité, il vous conduira dans toute la vérité. »1
D’après la tradition, Jésus était âgé de trente ans lorsqu’il reçut le baptême
de son cousin, Jean, dans les eaux du Jourdain et qu’il appela ses premiers
disciples. Lorsqu’il les a quittés à trente-trois ans, il aurait eu encore
beaucoup de révélations à leur faire. C’est pourquoi, il leur a dit :
« Quand il sera venu, lui, l’Esprit de vérité… » Qui est cet Esprit de vérité ?
Sept Esprits se tiennent devant le Trône de Dieu, les Esprits des sept
lumières. Ainsi qu’il est dit dans le « Livre du Zohar » ou « Livre de la
Splendeur » : « Sept lumières il y a dans le Très-Haut, et c’est là qu’habite
l’Ancien des Anciens, le Mystérieux des Mystérieux, le Caché des Cachés :
Aïn Soph. »2 Ces Esprits des sept lumières sont l’Esprit de la vie, de
l’amour (la lumière rouge), l’Esprit de la sainteté (la lumière orange),
l’Esprit de la sagesse (la lumière jaune), l’Esprit de l’éternité (la lumière
verte), l’Esprit de la vérité (la lumière bleue), l’Esprit de la force (la lumière
indigo), l’Esprit de l’amour divin, du sacrifice (la lumière violette). Ce sont
les sept Esprits des vertus divines.
Les couleurs agissent sur le cerveau et, par l’intermédiaire du cerveau, sur
le corps entier. Au fur et à mesure que votre foi dans la puissance des
couleurs augmentera, vous obtiendrez de meilleurs résultats. En étudiant
durant des années la science des couleurs, j’ai compris que la connaissance
des différents rayons et leur utilisation est un savoir supérieur. Un jour, nous
serons tous obligés d’étudier cette science de la lumière et des couleurs qui
était celle des anciens hiérophantes. C’est aussi celle du Christ. Le monde a
été créé par la lumière, et par la lumière nous pouvons nous aussi devenir
créateurs. Même si, par suite de certains événements, toutes les
connaissances acquises par les humains étaient un jour amenées à
disparaître, il resterait la science de la lumière et des couleurs.
ainsi qu’avec l’Esprit de l’amour, les rayons rouges… Puisque la vérité est
le fruit de la sagesse et de l’amour, peu à peu l’Esprit de vérité nous
pénétrera de ses rayons d’un bleu céleste qui ouvriront notre âme sur
l’immensité.
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les
porter maintenant. Quand le Consolateur viendra, l’Esprit de Vérité, il vous
conduira dans toute la vérité ». Ces paroles de Jésus signifient que seul
l’Esprit peut nous donner la véritable compréhension de son enseignement.
Cet enseignement, nous devons donc le méditer, nous en imprégner en nous
liant aux entités célestes afin d’exalter son essence en nous. Le jour où nous
parviendrons à éprouver les grandes vérités contenues dans les Évangiles
comme des réalités vivantes et agissantes, tout notre être intérieur en sera
purifié, éclairé, régénéré. Car ces vibrations qui viennent du monde de
l’âme et de l’esprit sont ressenties par notre être entier, et alors quelque
chose qui sommeillait en nous s’éveille et se met en mouvement. Les textes
évangéliques sont comparables à des courants de forces qui ont le pouvoir
de faire naître notre âme à une vie nouvelle.
Références bibliques
73
Jésus crucifié
Jésus avait dit : « Aimez vos ennemis175 … priez pour ceux qui vous
persécutent ».1 Et maintenant, cloué sur la croix, il ne dit pas qu’il leur
pardonne, mais il prononce cette prière : « Père, pardonne-leur, car ils ne
savent ce qu’ils font ».2 Qui a su analyser vraiment cette phrase ?… «
vraiment que Jésus L’éclaire à leur sujet ? Au lieu de leur dire : « Je vous
pardonne », pourquoi dit-il : « Père, pardonne-leur » ? Et pourquoi est-ce
Dieu qui devait pardonner ? Ce n’était pas Lui qui était martyrisé sur la
croix.
Depuis deux mille ans les chrétiens répètent qu’on doit pardonner à ses
ennemis comme Jésus a pardonné, mais ils n’y arrivent pas, pourquoi ?
Jésus connaissait une vérité et tant qu’on ne connaît pas cette vérité, même
si on veut prendre Jésus pour modèle, c’est impossible. Il ne suffit pas de
vouloir prendre Jésus pour modèle : tant qu’on n’est pas capable d’établir
un contact avec lui pour arriver à la connaissance et à la compréhension de
ce qu’il connaissait, on ne peut pas agir comme lui.
Beaucoup pensent que puisque Jésus était le fils de Dieu, puisqu’il était le
Christ, il lui était facile de pardonner. Non, même pour Jésus pardonner
était très difficile. Alors, comment y est-il parvenu ? Justement,
l’explication est là, dans ces mots qu’il a prononcés : « Père, pardonne-
leur… » En les prononçant Jésus s’est élevé jusqu’à son Père céleste, il s’est
lié à Lui et, par ce lien, il s’est placé très au-dessus de ses bourreaux.
« Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » est une sorte de
formule magique que Jésus a utilisée pour pouvoir vaincre et transformer la
dernière goutte de rancune qui pouvait rester en lui. Plusieurs épisodes des
Évangiles révèlent qu’il n’était pas toujours indulgent et doux,
particulièrement quand il s’adressait aux scribes et aux pharisiens en les
traitant d’aveugles, d’hypocrites, d’insensés, de sépulcres blanchis, de race
de vipères…3 Il y avait donc quelque chose en lui qui pouvait ne pas
pardonner. Mais il voulait pardonner. Puisque dans le « Notre Père » il avait
enseigné à la foule comment prier Dieu en disant : « Pardonne-nous nos
offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé »,4 il ne
voulait pas conserver un seul atome d’hostilité à l’égard de ses ennemis. Et
c’est en s’adressant à son Père pour lui demander de leur pardonner, qu’il a
pu s’élever jusqu’aux régions de la paix et de la lumière. En se projetant
350
Il faut méditer longtemps les Évangiles pour comprendre ce que Jésus avait
dans sa tête et dans son coeur au moment où il prononçait certaines paroles.
Et nous aussi, lorsque nous sommes victimes d’injustices, nous pouvons
faire à Dieu la même prière que Jésus afin d’échapper à nos tourments
intérieurs.
Références bibliques
Seul, saint Luc rapporte ce dialogue entre les deux larrons crucifiés aux
côtés de Jésus et la question n’est pas de savoir si ce dialogue a vraiment eu
lieu. Les traits de caractère des deux malfaiteurs s’opposent si nettement !
On dirait que cette opposition tellement marquée contient une leçon que
nous devons méditer. En effet, nous retrouvons ces traits de caractère chez
tous les êtres humains, et donc aussi en nous. Cette scène de la crucifixion
de Jésus entre les deux larrons reflète des réalités de notre vie psychique.
351
Le premier larron refusait de reconnaître qu’il existe une loi des causes et
des conséquences établie par l’Intelligence cosmique. Il ne voulait pas
admettre qu’il avait mérité son sort. Le second, plus sensible, car le coeur
est plus facilement touché, pouvait admettre qu’il avait mal agi et sentait
que Jésus était innocent. Du point de vue de la symbolique astrologique, on
peut dire que le premier larron était né sous une mauvaise influence de
Jupiter en aspect dissonant avec Saturne, et le second sous une mauvaise
influence de Mars en aspect dissonant avec Vénus.
Symboliquement encore, on peut dire que le premier larron avait tué son
père, et le second sa femme, par jalousie. Le premier ne regrettait pas son
crime. Mais le second se repentait d’avoir tué celle que, certainement, il
aimait encore. Il souffrait, mais comprenant que Jésus avait été injustement
condamné, il participait aussi à ses souffrances, et bien qu’il soit, comme
lui, cloué sur une croix, il était capable de reconnaître sa grandeur et sa
puissance. S’il a demandé à Jésus de se souvenir de lui quand il serait dans
son royaume, c’est qu’il espérait que, par son intermédiaire, il pourrait
obtenir le pardon de sa faute ; et Jésus, qui n’avait pas réagi aux insultes du
premier larron, lui a répondu : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le
Paradis. »
352
En réalité, les choses ne se passent pas ainsi. Si Jésus a pu lui dire qu’il
serait avec lui dans le Paradis, c’est parce qu’il sentait que dans d’autres
incarnations il avait été un homme de bien, sinon il ne lui aurait pas fait
cette promesse. D’après la loi de justice, le deuxième larron devait, malgré
son crime, être récompensé pour ses bonnes actions. La promesse que Jésus
lui a faite prouve certainement l’efficacité du repentir, mais le repentir ne
permet pas d’expier complètement les fautes qu’on a commises. Et si ce
deuxième larron est entré dans le Royaume de Dieu avec Jésus, ce ne
pouvait être que pour un certain temps : il a dû ensuite revenir sur la terre
pour réparer son crime. Ce sont là des lois que même Jésus ne pouvait pas
enfreindre.177 Contrairement à la plupart des humains, un véritable Initié
ne se sert jamais de son pouvoir pour s’opposer aux lois ou prendre des
décisions arbitraires : même s’il éprouve une grande compassion pour lui, il
sait que celui qui a commis des fautes doit payer pour ces fautes et les
réparer.
L’orgueil et la colère sont deux poisons violents que très peu de personnes
sont capables de neutraliser. Pour les poisons physiques, il est encore facile
de trouver des antidotes, mais pour les poisons psychiques on est souvent
démuni. Et pourtant ces antidotes existent. Quand Jésus disait : «
Venez auprès de moi, vous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai
du repos… car je suis doux et humble de coeur »,2 il voulait soulager les
humains de ces deux grands maux : la colère et l’orgueil. Le remède à
l’orgueil est l’humilité, et le remède à la colère est la douceur.
Douceur et humilité sont deux vertus qui permettent de régler les 353
questions les plus difficiles. Celui qui sait les manifester n’est pas un faible
comme on a tendance à le croire ordinairement ; puisqu’il possède la
chaleur du coeur insufflée par l’âme, et la lumière de l’intellect insufflée par
l’esprit, il marche sur le chemin de la puissance. Tous ceux qui croient
qu’en cultivant l’humilité et la douceur ils deviendront obligatoirement
esclaves ou victimes, se trompent ; au contraire, ils accumulent des réserves
de forces, grâce auxquelles ils sauront de mieux en mieux se défendre et
s’imposer pour le bien.
Références bibliques
354
Jérusalem au temps de Jésus
Tout au long des Évangiles Jésus n’a cessé de rappeler le lien qui l’unit à
son Père : il est un avec Lui, il participe à son travail, à sa lumière et à sa
gloire. Mais là, crucifié, insulté par la foule, il fait soudain au moment de
mourir l’expérience de cet état de conscience terrible que même les plus
grands fils de Dieu ont pu connaître : il s’est senti seul, précipité dans le
vide et les ténèbres, et il s’est écrié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m’as-Tu abandonné ? : Eli, Eli, lama sabachtani ? »1 Certains
commentateurs ont été profondément troublés par ces paroles. Ils 355
Vous direz qu’il y a eu des martyrs qui, au milieu des pires supplices,
chantaient et louaient le Seigneur. Ont-ils manifesté une force d’âme
supérieure à celle de Jésus ? En apparence, peut-être ; mais s’ils n’ont pas
éprouvé le même sentiment d’abandon que Jésus, c’est que des entités du
monde invisible sont venues les soutenir. Tandis que Jésus n’a pas reçu
cette aide : tout ce qui pouvait le soutenir dans le plan du sentiment et de la
pensée lui avait été retiré. Le lien qui l’unissait à son Père était d’une nature
si subtile, il appartenait à un monde si élevé que, pendant un moment, il en
a perdu conscience. Il fallait qu’il éprouve cette solitude, cet abandon
jusqu’à un point extrême.
Mais même au plus profond de cette solitude, Jésus ne s’est pas révolté, il a
seulement demandé « pourquoi ? » Une réponse lui a certainement été
donnée, puisqu’il a dit ensuite : « Tout est accompli. »2 Il avait reçu une
mission qu’il a remplie jusqu’au bout, et c’est dans la paix et la lumière
qu’il a pu au moment de mourir prononcer ces mots : « Père, je remets mon
esprit entre tes mains. »3 Ces derniers mots de Jésus révèlent toute sa
grandeur. Quel travail intérieur il avait été obligé de faire pour parvenir
jusqu’à ce sommet ! Ses disciples et tous ceux qui avaient écouté sa parole
ou avaient été témoins de ses miracles s’attendaient à ce qu’il manifeste sa
puissance en échappant à ses bourreaux. Mais la véritable puissance d’un
être humain n’est pas d’échapper aux épreuves du plan physique ; sa vraie
puissance, c’est de pouvoir les accepter dans la clarté, l’abnégation et
surtout dans la paix et l’unité de l’esprit.
mondes.
Références bibliques
C’est en transportant avec eux l’image de Jésus crucifié que les chrétiens
ont entrepris de convertir la terre entière. Depuis deux mille ans, ils ne
cessent de répéter : « Jésus a versé son sang pour nous… Jésus nous a
sauvés… » Malheureusement, on est obligé de constater que les chrétiens
ne sont pas davantage sauvés que les croyants des autres religions, et ils ne
sont pas davantage sauvés non plus que beaucoup d’incroyants : ils
commettent les mêmes malhonnêtetés, les mêmes crimes, car c’est toujours
la même nature humaine égoïste, cupide, vindicative, qui les habite. Un être
humain ne change pas miraculeusement de nature parce qu’il a été baptisé
catholique, protestant ou orthodoxe. « C’est vrai, diront certains, nous aussi,
les chrétiens, nous sommes de pauvres pécheurs, mais si nous croyons
sincèrement que Jésus, fils de Dieu, est mort sur la croix pour le rachat de
nos péchés, nous serons sauvés. C’est ce que l’Église nous enseigne. » Non,
s’ils n’agissent pas correctement pendant leur vie sur la terre, leur foi ne
leur assurera pas le salut dans l’autre monde.
Cela n’a pas de sens de se contenter de réciter : « Agneau de Dieu, qui ôtes
les péchés du monde… », en répétant que Jésus nous a sauvés. Jésus était
un précurseur et il a payé de sa vie sa volonté d’apporter une nouvelle
lumière aux humains, mais il n’est pas venu pour prendre toutes leurs fautes
sur lui. S’ils commettent des fautes, ils en sont responsables et c’est eux qui
devront un jour payer pour elles. S’ils s’imaginent que quelqu’un
d’extérieur à eux peut les sauver des conséquences de leurs actes, c’est
qu’ils n’ont rien compris à la vie spirituelle – ni même à la vie psychique.
On peut leur donner des explications et des méthodes pour qu’ils se sauvent
eux-mêmes, mais on ne peut pas les sauver. Quand on voit certains
chrétiens, même parmi ceux qui se présentent comme les plus convaincus,
les plus fervents, il est évident que Jésus ne les a pas sauvés : dans quel état
de misère spirituelle ils se trouvent !
357
Comment se pourrait-il que, parce que Jésus a été crucifié il y a deux mille
ans, toutes les générations de chrétiens à venir soient automatiquement
sauvées à condition d’avoir la foi ?… Et sait-on seulement ce que c’est, «
être sauvé » ?… En réalité, Jésus a fait plus que de prendre sur lui les
péchés des hommes, ce qui de toute façon est impossible : il leur a ouvert
un chemin afin qu’ils arrivent, par leurs propres efforts, à se sauver eux-
mêmes, et sur ce chemin ils pourront marcher pour l’éternité.
Chaque grand fils de Dieu qui vient s’incarner sur la terre apporte aux
humains des vérités, des méthodes nouvelles pour les libérer, mais c’est à
eux de les appliquer, c’est à eux de travailler à leur propre libération, à leur
propre salut. Et ne pensez pas qu’en disant cela je diminue la grandeur du
sacrifice de Jésus. La grandeur du sacrifice de Jésus ne peut pas être
diminuée si je vous dis que vous ne serez sauvé que par vos efforts. Dieu
veut une seule chose : le perfectionnement des créatures humaines. Et pour
se perfectionner, elles doivent travailler. On peut leur donner l’exemple,
leur ouvrir un chemin et leur dire comment marcher, mais personne ne peut
marcher à leur place, c’est elles qui doivent marcher. Et le sacrifice de Jésus
est le prix qu’il a dû payer pour ouvrir ce chemin. Mais y a-t-il beaucoup de
chrétiens prêts à le comprendre ? Et est-ce que quelqu’un leur a vraiment
expliqué pourquoi Jésus a accepté de verser son sang ?
Jésus est apparu à une époque où le chemin qui mène au monde spirituel
était tellement obstrué par des entités ténébreuses, que seuls des êtres d’une
élévation, d’une volonté, d’une audace exceptionnelles avaient la possibilité
d’avancer. La foule, le peuple végétait. La religion était partout l’affaire
d’une élite, soi-disant, et ceux qui n’appartenaient pas à cette élite étaient
volontairement maintenus dans l’ignorance et les degrés inférieurs de la
conscience. On les amusait avec des superstitions et des histoires à dormir
debout. Et même si certains mythes, certaines pratiques avaient en réalité un
sens profond, on se gardait bien de le leur révéler. Il fallait donc rendre le
chemin plus accessible pour tous les humains, et c’est ce que Jésus a fait.
sacrifices sanglants, et donc les entités du monde astral, ces entités que l’on
appelle larves, élémentaux, qui se nourrissent des émanations produites par
le sang des victimes, ne cessaient de se multiplier, de se renforcer, formant
autour des humains une atmosphère ténébreuse, malsaine. C’est à travers
ces miasmes du plan astral que Jésus a voulu ouvrir une voie pour que tous,
même les plus déshérités, puissent intérieurement aller à la rencontre de
leur Père céleste. Mais, de même que pour faire une route sur la terre il faut
commencer par déblayer le terrain, dans le plan astral il fallait chasser les
entités qui obstruaient le chemin. C’est pourquoi, à la place du sang des
victimes qui leur servait de nourriture, Jésus a accepté de donner le sien.
Oui, c’est là un grand mystère : le pouvoir du sang. Quand on dit que Jésus
a versé son sang pour nous, il faut comprendre ce sang comme un fluide
très pur qui est une condensation de la vie divine. Car avant d’être le liquide
rouge qui circule dans un corps, le sang est une quintessence subtile
porteuse de vie. Même si, chimiquement, le sang de tous les humains est
composé d’éléments identiques, toutes les créatures n’ont pas le même sang
: sa qualité dépend de leur façon de vivre, de leurs qualités et vertus, de leur
degré d’évolution. Et si, en apparence, le sang de Jésus ne différait pas de
celui de n’importe quel autre être humain, en réalité chaque goutte de son
sang était pareille à une pure particule de lumière d’une extraordinaire
intensité. Seule la lumière du soleil peut lui être comparée.
Jésus avait fait un si grand travail sur lui-même, il s’était tellement identifié
à son Père céleste, que son sang était devenu une condensation de la vie
divine. En tombant sur le sol, les substances dont ce sang était imprégné ont
modifié quelque chose dans la matière éthérique de la terre, faisant
apparaître des forces et des vertus qu’elle ne possédait pas jusque-là. Et
lorsque les entités du monde astral se sont précipitées sur ce sang pour s’en
nourrir, il a produit sur elles le même effet qu’une liqueur trop forte : elles
n’ont pas pu la supporter, et elles ont été comme enivrées, anesthésiées.
Elles ne présentaient donc plus aucune résistance et, à partir de ce moment-
là, la voie était libre pour tous les humains.
Les énergies célestes dont son sang était imprégné ont déclenché des
courants jusque-là inconnus qui allaient donner naissance à une nouvelle
époque. En versant son sang, Jésus n’a pas « sauvé » les humains au sens où
les chrétiens l’entendent généralement, mais il a ouvert un chemin pour que,
par leurs efforts, ils puissent se sauver eux-mêmes. C’est à eux de marcher
sur ce chemin, en étudiant et en appliquant son enseignement qui apporte
une 359
Alors, à plus forte raison fallait-il payer pour ouvrir dans le monde
psychique un chemin jusqu’à Dieu. Et c’est parce qu’il a tracé ce chemin
que Jésus a pu s’identifier au principe du Christ et dire : « Je suis le chemin,
la vérité et la vie »,1781 ou encore « Nul ne peut aller au Père que par moi.
»2
Le sacrifice de Jésus n’est donc pas ce que les chrétiens ont cru ou voulu
faire croire. À quoi cela sert-il de payer une fois dans l’histoire pour les
fautes des hommes ? Il est tellement évident qu’ils recommenceront à
pécher ! Quand on paie pour les fautes de quelqu’un sans l’éclairer, il ne
comprend même pas ce qu’on a fait pour lui et il continue à commettre les
mêmes erreurs. Quelqu’un s’est mis dans de mauvais draps et vous le tirez
de là, c’est très bien, mais il est à peu près certain qu’à la première occasion
il retombera. Comme il n’a rien appris, rien compris, il n’est même pas
reconnaissant et il oublie ce que vous avez fait pour lui. La fois suivante, il
vous redemandera de l’aide, et si vous ne la lui donnez pas, il sera furieux.
Alors, comment peut-il progresser ?
Par son sacrifice, Jésus a ouvert dans le plan psychique une route qui peut
conduire les humains jusqu’au monde divin ; c’est bien plus important que
d’avoir pris sur lui tous leurs péchés. Il a donné un enseignement, une
lumière pour qu’ils se sauvent eux-mêmes en apprenant à marcher sur leurs
jambes. Ils voudraient que ce soit Jésus qui les porte sur ses épaules pour
les amener jusqu’au Ciel. Eh bien, non, Jésus n’est pas le maître des
paresseux. Pour être sauvé il ne suffit pas de croire. Si vous travaillez, si
vous vous préparez, oui, Jésus sera puissant à travers votre bonne volonté,
360
et il vous sauvera. Mais si vous ne faites rien, vous ne serez pas sauvé.
Depuis deux mille ans, lorsque les chrétiens rappellent la mort de Jésus sur
la croix, ils disent « il a versé son sang pour nous ». Ils insistent sur le sang
versé comme s’ils avaient l’intuition que ce sang, qui n’est en apparence
qu’un simple liquide rouge, est en réalité une condensation d’essences
précieuses. Et c’est vrai, je vous ai dit de quelle puissance il était imprégné.
Cela doit vous amener à prendre aussi conscience de l’importance du sang
qui circule dans notre corps. Dans une goutte de sang l’Initié découvre la
quintessence de la matière, les principes des quatre éléments : la terre, l’eau,
l’air et le feu. Le sang représente la vie qui circule dans l’univers, et il est
en nous ce qui se rapproche le plus de la lumière.
C’est donc avec un immense respect que nous devons considérer notre
propre sang qui est de la lumière condensée, de la vie divine condensée. Et
de même que le sang retourne au coeur, notre vie comme celle de Jésus doit
retourner au coeur de l’univers, le Créateur.
Le sacrifice de Jésus qui a versé son sang sur la croix a inspiré beaucoup de
mystiques, de poètes, de romanciers même, et c’est là l’origine de la
légende du Graal. D’après certaines traditions, cette coupe du saint Graal
avait été taillée dans une émeraude tombée du front de Lucifer au moment
où, s’étant révolté contre Dieu, il avait été précipité dans l’abîme avec tous
les anges rebelles.179 Une de ces traditions rapporte même que Jésus s’était
servi de cette coupe le soir de la Cène quand il avait donné le vin à ses
disciples en disant : « Buvez, ceci est mon sang »,3 puis qu’au moment de la
crucifixion, Joseph d’Arimathie y a recueilli son sang.4 Donc, l’émeraude
tombée du front de Lucifer, la coupe de vin donnée par Jésus à ses disciples
le soir de la Cène et dans laquelle son sang a été ensuite recueilli : le Graal
fait symboliquement le lien entre ces trois moments : la chute des anges
rebelles (chute qui a entraîné celle des premiers hommes), la Cène, et la
crucifixion. Par son sacrifice, Jésus, le Christ, a permis à l’humanité de
reprendre le chemin ascendant.
Références bibliques
74
l’alchimie qui nous instruit. La croix, c’est le creuset des alchimistes – ces
deux mots appartiennent d’ailleurs à la même famille. Il est important de
passer de la croix au creuset, car le creuset est le lieu des transformations.
La mort n’est jamais un état définitif, elle est une transition, le passage
d’une ancienne vie à une vie nouvelle. C’est là le principal enseignement de
l’alchimie. Cet enseignement, les alchimistes l’ont tiré de l’observation de
la nature. En effet, pourquoi décrivent-ils la transformation de la matière du
Grand OEuvre comme une succession de couleurs ? Parce qu’ils ont
observé cette succession dans la vie végétale. Regardez les arbres fruitiers
: à quelques nuances près, car la nature est riche de différences, ils passent
par une série de couleurs et toujours dans le même ordre. Pendant l’hiver,
les arbres sont noirs et nus. Au printemps, ils deviennent blancs avec les
fleurs et verts avec le feuillage. Puis arrive l’été : les fruits en mûrissant
deviennent jaunes, bleus, orange, violets, rouges… Et à l’automne, c’est le
feuillage qui devient rouge et or. Avec le rouge et l’or, le processus est
terminé, c’est la fin du cycle, comme dans l’oeuvre alchimique.180
363
Pour les alchimistes, ces analogies sont très claires : dans le sacrifice de
Jésus sur la croix ils voient la mort de la matière première à partir de
laquelle ils prépareront la pierre philosophale qui transmutera les métaux en
or. Le corps de Jésus sur la croix représente cette matière qui doit mourir
pour ressusciter. Il s’agit du même processus de transmutation. Et c’est ce
qui justifie l’interprétation que donnent les alchimistes du coup de lance
porté dans le flanc de Jésus par un soldat romain. À la fin, pour s’assurer
que Jésus était bien mort, un soldat lui perça le flanc de sa lance.2 Or, dans
le symbolisme alchimique, la lance représente le principe masculin, l’esprit,
qui travaille sur le principe féminin, la matière.
La mort n’est donc jamais la fin ultime : nous mourons pour ressusciter,
c’est-à-dire pour renaître. Depuis les mystères de l’Égypte et de la Grèce
anciennes jusqu’au christianisme, combien de religions mentionnent cette
mort suivie d’une résurrection ! Après que le dieu Osiris ait été tué par son
frère Seth qui le jalousait, son épouse Isis retrouve son corps et le ressuscite
avec l’aide du dieu Anubis. De même, Athéna sauve le coeur de Dionysos
dont les Titans avaient fait bouillir et mangé le corps, et elle lui rend la vie.
éthérique et astral de son corps physique afin qu’il puisse voyager dans
l’espace et visiter toutes les régions du monde d’en haut et du monde d’en
bas. Il regardait, et il était étonné, effrayé, émerveillé. À son retour, les liens
qui rattachaient ses corps éthérique et astral à son corps physique étaient de
nature totalement différente : il connaissait la réalité. C’est pourquoi on
pouvait dire qu’il était ressuscité. Ce que les Évangiles disent de Jésus mort,
descendu aux enfers181 et ressuscité le troisième jour, décrit une expérience
analogue.
Pour ressusciter, il faut avoir compris l’arcane de la mort, car la mort et la
résurrection restent toujours étroitement liées. Toute la nature nous parle de
mort et de résurrection : les arbres jaunissent, perdent leurs feuilles, puis
reverdissent. La graine doit mourir pour permettre la manifestation de cette
puissance de vie enfouie en elle, et la chenille aussi doit mourir pour
devenir papillon. 182 De même, en l’homme, la chenille, c’est-à-dire la
nature inférieure, doit mourir pour laisser la place au papillon, à l’esprit, à
ce principe divin, qui trouve alors la possibilité de se dégager pour agir et
tout transformer. Le secret de la résurrection est là devant nos yeux, il
attend que nous le comprenions, que nous nous décidions à mourir
consciemment à notre nature inférieure pour que sorte de nous un homme
nouveau. C’est le sens de la parole de saint Paul : « Comme tous meurent en
Adam (le vieil homme, celui qui en désobéissant à Dieu s’est séparé de Lui)
tous aussi doivent revivre en Christ»3 (l’homme nouveau).
Références bibliques
75
pierre était ôtée du sépulcre. Elle courut vers Simon Pierre et vers l’autre
disciple que Jésus aimait, et leur dit : Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur,
et nous ne savons pas où ils l’ont mis. Pierre et l’autre disciple sortirent et
allèrent au sépulcre. 1
Elle se retourna, et elle vit Jésus debout ; mais elle ne savait pas que c’était
Jésus. Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle,
pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c’est toi qui l’as
emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je le prendrai. Jésus lui dit : Marie ! Elle
se retourna, et lui dit en hébreu : Rabbouni ! c’est-à-dire, Maître ! Jésus lui
dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. »2
Jésus avait longtemps travaillé sur les deux germes de son corps
bouddhique et de son corps éthérique, ces deux corps qui participent à la
formation du corps de gloire. C’est dans son corps bouddhique et dans son
corps éthérique qu’il est sorti du tombeau, pas dans son corps physique.
Une fois matérialisé, le corps éthérique prend la même apparence que le
corps physique, parce qu’il en est la reproduction exacte, et le visage a 366
aussi les mêmes traits. Quand Jésus est apparu à Marie, son corps éthérique
ne s’était pas encore suffisamment matérialisé, il n’avait donc pas pris tout
à fait son apparence et ses traits, c’est pourquoi elle ne l’a pas
immédiatement reconnu et l’a confondu avec le jardinier. Sinon, comment
aurait-elle pu se tromper alors qu’elle connaissait si bien Jésus ? Et s’il lui a
dit : « Ne me touche pas ! » c’est qu’il ne devait pas se laisser toucher avant
d’avoir donné à son corps éthérique une consistance plus matérielle.
Il a permis plus tard à son disciple Thomas de le toucher, afin qu’il soit
convaincu qu’il était là bien réel ;3 mais avant ce n’était pas possible, il
fallait encore attendre.
Références bibliques
3. Jésus donne à Thomas les preuves qu’il est ressuscité – Évangile de Jean
20 : 24 –
29
Les portes sont fermées et pourtant Jésus apparaît soudain au milieu de ses
disciples. Comment est-ce possible ? C’est que l’Initié qui est arrivé à
former son corps de gloire n’est arrêté par aucun obstacle matériel, il a tout
pouvoir sur la matière. Il peut apparaître et disparaître, se déplacer dans
l’espace, passer à travers les montagnes, pénétrer dans les entrailles de la
terre, et il agit aussi à distance sur les créatures. Même malade, même
mourant, même mort, il continue à travailler, car le corps physique et le
corps de gloire sont deux réalités différentes. Le corps de gloire est toujours
là, vivant, rayonnant, et c’est à travers lui que l’Initié peut toucher les
créatures à travers l’espace pour les instruire, les conseiller, les consoler et
leur apporter des bénédictions.
Référence biblique
367
À la fin de l’Évangile de saint Jean, il est écrit que Jésus apparut encore à
ses disciples au bord de la mer de Tibériade. Pierre et d’autres disciples qui
avaient pêché toute la nuit n’avaient rien pris dans leurs filets. Or, « le
matin étant venu, Jésus se trouva sur le rivage ; mais les disciples ne
savaient pas que c’était Jésus. Jésus leur dit : Enfants, n’avez-vous rien à
manger ? Ils répondirent : Non. Il leur dit : Jetez le filet du côté droit de la
barque, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient plus le
retirer à cause de la grande quantité de poissons… 1 Lorsqu’ils furent
descendus à terre, ils virent là des charbons allumés, du poisson dessus et
du pain… Jésus leur dit : Venez, mangez… Jésus s’approcha, prit le pain et
leur en donna ; il fit de même du poisson. »2
Lors du dernier repas que Jésus avait pris avec ses disciples avant d’être
arrêté et condamné à mort, il leur avait donné le pain et le vin. Il leur
apparaît maintenant au bord de la mer de Tibériade, et quand ils répondent à
sa question qu’ils n’ont rien à manger, il leur indique comment remplir leur
filet. Puis il partage avec eux un repas : du pain et des poissons.
Cette pêche miraculeuse après une nuit où les disciples n’ont rien pris dans
leur filet, ainsi que le pain donné en même temps que des poissons,
rappellent l’épisode où Jésus nourrit toute une foule avec deux poissons et
cinq pains ; je vous ai expliqué sa signification. 1843 On dirait qu’avant de
les quitter, Jésus a voulu une dernière fois partager avec ses disciples cette
nourriture symbolique. Nous avons vu comment le pain et les poissons sont
en relation avec les constellations zodiacales qui ont présidé à la naissance
du christianisme : la Vierge, symbole de pureté, que l’on présente comme
une jeune fille portant une gerbe de blé, et les Poissons, symbole du
sacrifice. Jésus souhaitait que ses disciples approfondissent encore le sens
de ces symboles, le pain et les poissons, et nous devons, nous aussi, les
approfondir après eux.
Références bibliques
368
76
Un enfant vient de naître : est-ce que l’esprit qui s’est incarné en lui est petit
? Non, il est grand, puissant, c’est une étincelle de Dieu Lui-même.
Mais comme le corps dans lequel il est entré est celui d’un bébé, il ne peut
pas encore s’y manifester en plénitude. De même, quand l’esprit du Christ
est descendu sur la terre, il était grand, aussi grand qu’il l’a toujours été. Ce
qui était petit, c’était son corps, ou plus exactement les membres qui
formaient son corps collectif, c’est-à-dire ceux qui le rencontraient,
l’entouraient, le suivaient. Ils n’ont pas su sentir et comprendre sa grandeur,
ils n’ont pas été capables de se laisser pénétrer assez profondément par lui.
369
L’esprit d’un Maître fait donc des efforts pour s’incarner, non seulement
dans son propre corps physique, mais aussi dans le corps collectif d’une
communauté spirituelle, afin qu’elle ne cesse de se développer dans la
lumière. Mais ce corps collectif doit, en retour, faire autant d’efforts pour
aider l’esprit du Maître à se manifester en lui. C’est pourquoi, au lieu de
rester fixé sur le corps de Jésus cloué sur une croix, un chrétien doit avoir
pour unique préoccupation de devenir une parcelle purifiée, lumineuse, de
ce corps collectif que l’esprit du Christ cherche à animer. Il y a deux mille
ans Jésus a été crucifié, c’est un fait, on ne peut pas revenir là-dessus ; mais
c’est à nous maintenant de renforcer le corps du Christ pour que son esprit
continue à travailler puissamment dans le monde.
Depuis deux millénaires, les chrétiens font des pèlerinages en Terre sainte,
mais la présence de Jésus n’imprègne plus ces lieux. Je ne dis pas 370
qu’il est inutile de les visiter et d’en rapporter quelques cailloux ou un peu
de terre. Si vous les considérez avec respect, avec amour, en vous liant à
Jésus, évidemment cela peut vous aider, mais par eux-mêmes ils ne vous
apporteront rien, car ils ont perdu les vibrations dont il les avait imprégnés.
Quelle que soit la sainteté d’un lieu, quelles que soient les empreintes pures
et lumineuses qui ont été déposées partout, sur les murs, sur les objets, par
des êtres d’une grande élévation spirituelle, tout s’efface quand il est exposé
aux allées et venues de gens qui ne savent pas, par leur attitude, préserver
son caractère sacré : les entités célestes qui habitaient là s’en vont. Si vous
souhaitez vraiment visiter « les lieux saints », faites-le en étant bien
conscients qu’ils doivent surtout être pour vous une incitation à trouver le
seul vrai lieu saint : celui qui est en vous. Trouvez ce lieu en vous, et alors,
où que vous alliez, vous vous sentirez en communion avec tous les grands
esprits qui sont venus s’incarner sur la terre, vous vous nourrirez de leur
sagesse et de leur amour.
la terre des Vivants ». 1855 C’est aussi sur cette terre des Vivants qu’il faut
aller chercher Jésus, car c’est là qu’il continue à participer à l’oeuvre de son
Père céleste. Depuis cette terre, il protège, éclaire, guide tous ceux qui
veulent suivre son chemin ; il travaille sur les intelligences humaines pour
les pénétrer de sa lumière. Certains peintres dans leurs tableaux ont
représenté le Christ entouré de rayons ; cela signifie que par sa conscience,
il est présent et agit dans toutes les régions de l’univers. Le Christ, principe
cosmique, projette sa lumière partout et totalement, il ne laisse aucune place
à l’obscurité.
Il est dit qu’après sa mort Jésus a été enlevé au ciel.6 Oui, son esprit est
dans le ciel, mais il travaille sur la terre. Nous, les humains, nous sommes
sur la terre et nos antennes sont dans le ciel ; tandis que Jésus, tout son être
est dans le ciel, mais son activité, son « quartier général » si l’on peut dire,
se trouve sur la terre, dans les plans supérieurs de cette région que les
kabbalistes appellent la séphira Malhouth, et où demeurent les Ischim, les
Hommes parfaits. Jésus est là, avec tous ces êtres. Donc, pour retrouver 371
Jésus et les grands Maîtres spirituels de l’humanité, il faut s’élever jusqu’à
eux, communier avec leur esprit ; et leur esprit n’est plus dans les lieux où
ils ont vécu, mais dans leur enseignement et dans les régions pures et
lumineuses de la terre. C’est là que leur esprit retourne afin de continuer le
travail.
Avant de quitter ses disciples, Jésus leur avait dit aussi : « Vous êtes
maintenant dans la tristesse ; mais je vous reverrai, et votre coeur se
réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. » Il faut étudier, prier, travailler
très longtemps pour qu’une telle rencontre puisse avoir lieu. Mais le jour où
elle se produit, c’est définitif, et c’est pourquoi Jésus ajoute « et nul ne vous
ravira votre joie ».8 Cette joie qui est vécue dans le silence comme lumière,
comme plénitude, est indestructible.
Références bibliques
372
2 Voir Part II, chap. 3-II : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a envoyé
son fils unique ». – « Jésus une manifestation du Christ ».
3 Il est dit traditionnellement que Jésus naquit dans une étable. Une autre
tradition le fait naître dans une grotte. En effet, dans la région de Bethléem
se trouvent de nombreuses grottes où les bergers pouvaient s’abriter avec
leurs troupeaux. De nos jours encore on visite « la grotte de la Nativité ».
6 Sur les esprits familiaux, voir Marchez tant que vous avez la lumière,
Collection Izvor n° 244, chap. X.
12 Voir Part. II, chap. 63 : « Je suis le cep et vous êtes les sarments ».
15 Voir Part. II, chap. 53 : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait ».
16 Voir Part. II, chap. 73-IV : « Les puissances du sang. La coupe du Graal
».
18 Le Notre Père – Son commentaire a fait l’objet d’une brochure (Br. 313).
21 Voir Part. II, chap. 29 : « Le sel de la terre », III : « Car tout homme sera
salé du feu ».
373
30 Voir Part. II, chap. 53 « Soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait ».
46 Voir Part. II, chap. 50 : « Soyez semblables à des hommes qui attendent
que leur maître revienne des noces ».
55 Voir Part. II, chap. 13 : « Si vous ne devenez pas comme des enfants ».
374
74 Voir Part. II, chap. 7-II : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
« le Sommeil – un voyage ».
79 Voir Part. II, chap. 25-II : « Suivre Jésus » – « Laisse les morts enterrer
leurs morts »
80 Voir Part. II, chap. 25-V : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se
charge de sa croix ».
81 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Appâts ».
82 Voir Part. II, chap. 73-I : « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils
font ».
naissance.
96 Voir Part. IV, chap. 4 : « Nous n’avons pas à lutter contre des adversaires
de chair et de sang ».
104 Voir Part. II, chap. 31 : « Les paraboles des ouvriers » et Part. IV, chap.
2 : « Nous sommes ouvriers avec Dieu »
105 Voir Part. II, chap. 53 : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait ».
107 Voir Part. II, chap. 7-II : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même
».
109 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, Chap. XII-2 : « Les quatre
cent cinquante prophètes de Baal » et Chap. XVIII-1 : « J’ai en horreur
l’encens ».
110 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Fruit qui doit mûrir ».
111 Voir Part. II, chap. 45 : « La parabole des cinq vierges sages et des cinq
vierges folles ».
114 Voir Part. II, chap. 45 : « La parabole des cinq vierges sages et des cinq
vierges folles
».
376
123 Voir Part. II, chap. 57: « Jésus transfiguré sur le mont Thabor ».
124 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Terre à labourer »
».
129 Voir Part. II, chap. 28 : « Heureux ceux qui ont le coeur pur ».
132 Le point vernal se déplace à raison de 1° tous les 72 ans, d’où, pour
parcourir un signe zodiacal correspondant à 30°, 30 x 72 = 2160 ans.
134 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. IX-3 : « Ehié asher
Ehié » et IX-9
136 Voir Part. II, chap. 65 : « Mon Père travaille, et moi aussi je travaille ».
139 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. III-7 : « Une histoire
éternelle ».
140 Voir Part. II, chap. 31 : « Les paraboles des serviteurs », et Part. IV,
chap. 2 : « Nous sommes ouvriers avec Dieu ».
143 Voir Part. II, chap. 31 : « Les paraboles des serviteurs » et Part. IV,
chap. 2 : « Nous sommes ouvriers avec Dieu ».
145 Voir Part. II, chap. 53 : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait ».
377
147 Voir Part. II, chap. 11 : « On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles
outres ».
».
155 Op. cit. « les Quatre éléments dans notre vie quotidienne » et « les
Quatre points cardinaux ».
156 Voir Part. II, chap. 50 : « Soyez semblables à des hommes qui
attendent que leur maître revienne des noces. »
159 Voir Part. II, chap. 71-III : « Qu’est-ce que la vérité ? » – « Les deux
faces d’une médaille ».
160 Voir Part. II, chap. 58 : « La multiplication des cinq pains et des deux
poissons ».
161 Voir Part. II, chap 58 : « La multiplication des cinq pains et des deux
poissons ».
165 Voir Part. II, chap. 73 : « Jésus crucifié » – 4. Les puissances du sang.
La coupe du Graal ».
166 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. VII-1 : «
Melkhitsédek apporte le pain et le vin à Abraham ».
167 Voir Part. IV, chap.7 : « Jésus souverain sacrificateur selon l’ordre de
Melkhitsédek
».
170 Voir Part. II, chap. 41 : « Le Royaume de Dieu est semblable à un grain
de sénevé » ; chap. 15 : « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé
» ; chap. 20 : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas » ; chap. 52 :
« La parabole de l’ivraie et du bon grain
».
172 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap III 4-II : L’arbre
cosmique : des fruits aux racines ».
».
184 Voir Part. II, chap. 58 : « La multiplication des cinq pains et des deux
poissons ».
186 Voir Part. II, chap. 65 : « Mon Père travaille, et moi aussi je travaille ».
379
Partie III
Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il
remplit toute la maison où ils étaient assis.
Des langues semblables à des langues de feu leur apparurent séparées les
unes des autres et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis
du Saint-Esprit. »1
À Nicodème, le docteur de la Loi qui était venu l’interroger, Jésus avait dit :
« Le vent souffle où il veut et tu en entends la voix, mais tu ne sais ni d’où il
vient ni où il va ; il en est ainsi de tout homme né de l’esprit. »2
L’esprit est un feu, mais il est toujours associé à l’air, au vent, au souffle qui
entretient et attise la flamme, et c’est avec le bruit d’un grand vent que le
Saint- Esprit est descendu sur les apôtres sous la forme de langues de feu.
Le texte précise que c’était le jour de la Pentecôte, cette fête qui se célèbre
cinquante jours après Pâques. Le nom de Pentecôte a pour origine un mot
grec qui signifie « cinquantième ». Pour les kabbalistes ce nombre 50 est
très significatif, il révèle la relation qui existe entre le Saint-Esprit et la
séphira Binah qui ouvre les cinquante portes de la connaissance. 50 c’est 5
fois 10 ; 10 est le nombre des séphiroth et 5 celui des éléments qui
constituent chacune d’elles, c’est-à-dire :
– l’émanation divine qui s’y manifeste sous la forme d’un nom divin
Celui qui, inlassablement, s’efforce de s’élever à travers les dix régions 380
Jésus a dit dans les Évangiles : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite
».13 Pour naître dans le plan physique, l’être humain doit déjà passer par
une porte étroite, et il en est de même pour naître dans le plan spirituel.
C’est donc le jour de la Pentecôte que les apôtres ont reçu le Saint-Esprit, le
feu céleste. Parce qu’il est le symbole de l’esprit, le feu est toujours présent
dans les temples et les églises. Mais les humains ont rarement conscience
qu’avec le feu ils touchent et mettent en action des puissances primordiales,
et ce que représente le feu dans le plan psychique leur échappe aussi.
Dans le plan psychique on peut dire qu’il existe deux sortes de feu : le feu
astral des désirs inférieurs qui consume les humains en les faisant passer par
de grandes souffrances, et le feu des aspirations spirituelles qui fait briller
tout ce qui est pur et noble en eux. Combien connaissent le feu astral des
convoitises, des passions sensuelles qui les plongent dans un véritable enfer
! Avec quel plaisir ce feu se jette sur eux pour les dévorer, car ils ont tout ce
qu’il faut pour lui servir de nourriture et il ne reste bientôt plus que cendres
et fumée. Le feu spirituel recherche, lui, ceux qui marchent sur le chemin de
l’amour désintéressé, de l’abnégation, du sacrifice. Au moment où il
pénètre en eux, il les embrase et les transforme en créatures de lumière. Ce
feu possède la propriété de ne jamais détruire ce qui est de même nature que
lui. Au moment où il pénètre en l’homme, il ne brûle que les quelques
impuretés qui restent encore en lui ; la matière pure de son être ne se
consume pas, elle devient elle-même lumière parce qu’elle vibre à l’unisson
avec le feu divin.
Il sait que ce feu viendra seulement dans un lieu préparé pour lui. Ce lieu,
qui est évidemment en lui-même, inlassablement il s’efforce de le sanctifier.
Par la méditation, la prière, mais aussi par tous ses sentiments, ses pensées
et ses actes, il édifie en lui une demeure faite de matériaux lumineux pour
que le feu, en reconnaissant sa propre quintessence, soit attiré. Et ce
locataire divin n’arrive pas seul, il vient accompagné de nombreux 381
serviteurs : des anges ainsi que des esprits de la nature qui s’installent en lui
sous forme de dons, de qualités, de vertus. Dans son apparence, rien n’aura
peut-être changé, mais intérieurement tout sera transformé, car il aura
accueilli des locataires magnifiques.
Combien croient encore qu’il suffit de s’abandonner à de vagues impulsions
mystiques pour attirer le Saint-Esprit ! Ils sont saisis de tremblements,
gesticulent et profèrent des paroles incompréhensibles en prétendant «
parler en langues ». Non, pour recevoir un jour les dons du Saint-Esprit il
ne faut justement pas « s’abandonner » ; ou plutôt, on peut s’abandonner,
mais après avoir réalisé un grand travail intérieur de purification et de
maîtrise de soi. Quoi que l’on veuille entreprendre, il faut commencer par
préparer les conditions, et la première de ces conditions est le nettoyage.
Quand on doit verser un liquide, du lait par exemple, dans un récipient, on
veille à ce qu’il soit propre, et s’il est sale, on le lave. Alors, comment celui
qui ressemble intérieurement à un récipient sale peut-il croire que les esprits
lumineux viendront l’habiter ? Ce qui viendra, ce sont des entités
ténébreuses, impures, parce qu’elles seront attirées par cette nourriture qui
est là, en lui : tous ces sentiments et ces pensées inspirés par sa nature
inférieure.
Celui qui veut acquérir les pouvoirs de l’esprit, doit savoir qu’ils ne
s’obtiennent jamais avec de l’argent, mais grâce à un travail sur soi-même,
des efforts, des sacrifices. Et celui qui est parvenu à acquérir ces pouvoirs
de l’esprit ne doit pas chercher à les vendre ni à s’en servir pour obtenir des
avantages matériels. Pierre avait donc bien retenu l’enseignement de Jésus,
qui avait non seulement repoussé le diable venu le tenter en lui proposant
des biens terrestres, mais avait répondu aussi aux pharisiens : «
Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »,25 et à
Pilate : « Mon Royaume n’est pas de ce monde ».36
Il est dit que le Saint-Esprit est descendu sur chaque apôtre sous la forme
d’une flamme. Cette flamme est évidemment un symbole, celui d’une
présence que chaque apôtre devait recevoir et vivifier en lui. Le Saint-
Esprit, qui est un principe cosmique, ne s’est pas divisé matériellement en
autant de flammes pour se poser sur chacun d’eux. Le Saint-Esprit est un, et
il n’est pas une entité séparée du Père et du Fils. Le Père, le Fils et le Saint-
Esprit sont trois entités indissociables ; si on les mentionne séparément,
c’est pour que Dieu, cet Être par essence inconnaissable, soit plus
accessible à l’entendement humain. La Sainte Trinité est une des
représentations symboliques de ce grand mystère du feu primordial. De ce
feu, le Père qui est la vie, procèdent le Fils, la lumière, la sagesse, et le
Saint-Esprit, la chaleur, l’amour. Nous portons tous en nous une entité qui a
pour origine ces trois principes cosmiques, et qui participe donc de ces
mêmes attributs : cette entité est notre Moi supérieur.
n’est pas parce qu’il a reçu ce coup de foudre qu’il est soudain en
possession de toutes les vertus. Le chemin de la perfection lui est ouvert,
mais il devra travailler encore longtemps avant d’atteindre le but. Il peut
aussi arriver que, n’ayant pas su comment se maintenir dans cet état de
grâce, il perde le contact avec le feu divin en lui, et c’est la perte la plus
terrible. Il lui sera possible de le reconquérir, mais au prix de combien
d’efforts et de souffrances ! Si ce feu accepte de revenir, il s’accroche alors
si fort, il pousse et enfonce ses racines si loin à l’intérieur de son âme qu’il
ne le quittera plus : il ordonne, il oriente sa vie, et il fait de lui un tabernacle
de l’Éternel.
Le feu visible est l’expression du feu invisible. C’est pourquoi, chaque fois
que nous allumons un feu, ne serait-ce qu’une simple bougie, par notre âme
et notre esprit nous pouvons nous lier au feu céleste, le feu du Saint-Esprit.
Quand ce feu voit un être qui s’intéresse à lui, qui chante avec lui, qui le
comprend, il se sent attiré. Voilà pourquoi on l’a présenté comme un fiancé,
comme un époux qui va vers sa bien-aimée, l’âme humaine.
Et puisque le soleil se lève chaque matin, c’est chaque matin que nous
pouvons rétablir à travers lui le contact avec le feu céleste, nous laisser
embraser par lui, jusqu’au jour où nous sentirons des flammes jaillir des
profondeurs de notre être. C’est le soleil qui nous révèle le mystère du feu,
le mystère du Saint-Esprit. Inlassablement, en nous liant à lui de tout notre
amour, de toute notre intelligence, nous continuerons à marcher vers lui.
384
4. « Lorsque Simon vit que le Saint-Esprit était donné par imposition des
mains des apôtres » – Actes des Apôtres 8 : 9-23
7. La parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles – Matthieu
25 : 1-13
4 Voir Part. II, chap. 45 : « La parabole des cinq vierges sages et des cinq
vierges folles ».
385
Partie IV
1
« Maintenant donc ces trois choses demeurent… »
C’est dans une lettre adressée par saint Paul aux Corinthiens que l’on voit,
réunies pour la première fois, ces trois vertus : la foi, l’espérance et la
charité. Mais ne soyez pas surpris si je remplace le mot « charité » par le
mot « amour ». Car « charité » n’a plus actuellement ce sens d’amour
spirituel qui était le sien à l’origine du christianisme, afin de le différencier
de cette impulsion souvent désordonnée et passionnelle que les humains
appellent généralement « amour ».
Dans son sens originel, la charité désigne l’amour de l’homme pour Dieu,
d’où découle nécessairement l’amour du prochain. Avec le temps ce mot a
fini par perdre sa signification sublime, et ce qu’on appelle maintenant
charité s’exprime par des actes qui peuvent n’être accompagnés d’aucun
sentiment d’amour véritable : faire la charité. Beaucoup « font la charité »
parce que l’Église et la famille leur ont appris qu’il faut donner aux
pauvres, secourir les malheureux, etc. La charité est donc souvent le produit
d’une petite éducation et elle n’a même plus rien à voir avec la bonté. Que
de personnes « charitables » empoisonnent la vie de leur famille et de leur
entourage ! Il existe ainsi beaucoup de personnes charitables, mais on en
rencontre très peu de vraiment bonnes, c’est pourquoi je préfère employer
le mot « amour ».
Lui-même pour objet. Mais tout cela est très loin et ne leur dit plus grand-
chose. Et pourtant, quels qu’ils soient, quel que soit leur degré d’évolution
ou leur éducation, tous les humains croient, espèrent et aiment. Mais si leurs
croyances, leurs espoirs, leurs amours ne les aident pas et leur apportent
même de grandes déceptions, c’est qu’ils ne savent pas où les placer ni à
qui les adresser. Et sans doute ignorent-ils même ce que signifie croire en
Dieu, espérer en Dieu et aimer Dieu.
Si ces trois vertus qui ont Dieu pour objet paraissent lointaines, étrangères à
la plupart des humains, c’est qu’ils les considèrent de façon trop abstraite,
ils ne sentent pas qu’elles constituent les piliers de leur vie psychique ; ils
ne le sentent pas parce que Dieu n’est pas encore pour eux une réalité
vivante. Quand ils ne L’imaginent pas comme un vieillard avec une grande
barbe blanche occupé à inscrire leurs bonnes et leurs mauvaises actions
pour les récompenser et les punir, la plupart ne savent pas trop comment se
Le représenter. Or, je n’ai jamais cessé de vous l’expliquer : la meilleure
image de Dieu, c’est le soleil, dispensateur de vie, de lumière et de chaleur,
qui nous la donne. Seules la vie, la lumière et la chaleur du soleil peuvent
nous donner une idée de ce que sont la puissance, la sagesse et l’amour de
Dieu. C’est donc à nous de chercher à entrer en relation avec cette
puissance, cette sagesse et cet amour divins, et nous y parvenons seulement
par l’espérance, la foi et l’amour.
Pour vous y aider, je vous donnerai cet exercice. Dites lentement et en vous
concentrant sur chaque mot, la prière suivante : « Seigneur, j’aime ta
sagesse, j’ai foi en ton amour, j’espère en ta puissance. » Par votre amour
vous vous liez à la sagesse de Dieu, par votre foi vous vous liez à son
amour, par votre espérance vous vous liez à sa puissance. Et voici comment
se fait ce lien.
387
Sur le pouvoir de l’argent, des armes, ou sur des êtres faibles, instables, en
s’imaginant qu’ils sont capables de résoudre leurs problèmes. C’est
pourquoi ces espoirs sont le plus souvent déçus. En réalité, on ne peut
compter que sur la seule vraie force, la seule vraie stabilité : la toute-
puissance divine.
qui, comme une source, doit jaillir en nous. Nous pouvons acquérir toutes
les connaissances et les richesses, mais notre vie ne prend un sens que grâce
à l’amour, et l’amour agit bénéfiquement sur le cerveau.
Quand ils sont déçus par les événements, insatisfaits de leur sort, les
humains ont tendance à se projeter dans l’avenir : bientôt, dans quelques
jours, dans quelques mois… ça ira mieux. L’espoir est sans doute ce que
l’on abandonne en dernier. Mais en attendant des jours meilleurs, on a
besoin de trouver sur quoi s’appuyer pour tenir bon. Or, pour tenir bon, il
faut avoir la foi. Mais il faut aussi entretenir la vie en soi, recevoir une
chaleur, un élan, et c’est grâce à l’amour qu’on garde cet élan. Sinon,
l’espérance peut n’être qu’une fuite devant la réalité, et alors elle aussi, un
jour, nous abandonne.
Dans une de ses conférences intitulée « Les trois grandes forces », le Maître
Peter Deunov disait : « Les humains se découragent très facilement et, pour
se justifier, ils accusent les mauvaises conditions. Non, la cause profonde de
leur découragement n’est pas à chercher dans les conditions extérieures,
mais dans leur manque d’espérance, leur manque de foi et leur manque
d’amour. Pour marcher fermement sur le chemin de la vie, ils ont besoin de
renforcer en eux-mêmes les trois sources de l’espérance, de la foi et de
l’amour. Ces sources se trouvent dans le cerveau où nous possédons trois
centres qui sont les conducteurs de ces puissances cosmiques. »
Comme toutes nos facultés, l’espérance, la foi et l’amour ont leur siège
dans le cerveau, et parce qu’elles sont des vertus qui nous relient 389
J’appelle saint tout homme qui porte les trois vêtements de l’espérance, de
la foi et de l’amour… » Et encore : « L’espérance résout la question d’un
jour, la foi résout la question des siècles, et l’amour embrasse l’éternité. »
Pourquoi le Maître dit-il que l’espérance résout la question d’un jour ? Cela
rejoint le passage des Évangiles où Jésus dit : « Ne vous inquiétez pas du
lendemain, car le lendemain aura soin de lui-même. À chaque jour suffit sa
peine. »33 Vous voyez, tout se tient.
Parmi nos contemporains, vous n’en rencontrerez pas beaucoup qui ont
recours à l’espérance, à la foi et à l’amour pour résoudre les problèmes de
leur vie quotidienne. Ils font confiance aux progrès des sciences et des
techniques, à l’argent, aux assurances, aux tribunaux, etc. Mais ils sont vite
obligés de constater que les sciences, les techniques, les assurances et les
tribunaux ne leur apportent pas les vraies solutions et ils continuent à être
inquiets, malheureux… On ne peut évidemment pas nier l’utilité de tous ces
moyens mis à notre disposition, et si l’Esprit universel a laissé les humains
prendre certaines orientations, c’est qu’Il juge ces expériences nécessaires.
Quand ils les auront faites, ils retourneront vers le Créateur enrichis de leurs
nouvelles acquisitions. L’être humain créé à l’image de Dieu doit se
développer dans toutes les directions pour pouvoir un jour Lui ressembler.
Et pour Lui ressembler, il faut que son espérance, sa foi et son amour aient
390
En vivant selon la foi, l’espérance et l’amour, vous vivez selon les lois
universelles, et c’est sur elles que vous construisez votre existence.
Références bibliques
« Nous sommes ouvriers avec Dieu »,1 il nous fait une révélation d’une
extrême importance. Car tout le sens de notre vie est là. Certains diront que
ce verset est incompréhensible. D’autres, au contraire, qu’ils l’ont compris
depuis longtemps… Je veux bien, mais où voit-on les bons résultats de cette
compréhension ?
Si les humains peuvent être ouvriers avec Dieu, c’est qu’ils peuvent aussi
travailler contre Lui et empêcher que ses œuvres s’accomplissent.
des moyens dont nous disposons pour participer au travail divin. Ce sont
des moyens très simples, mais pour qu’ils soient efficaces il faut faire
preuve de patience, de persévérance et d’une grande force de caractère, car
ils nécessitent des efforts de tous les instants.
Être ouvrier avec Dieu, c’est consacrer sa vie à libérer le chemin par lequel
les courants d’en haut descendent pour agir sur la terre. Bien sûr, la nature
est belle, mais ce que vous ne savez pas, c’est que derrière cette apparence
de beauté et d’harmonie, les montagnes, les vallées, les rivières, les mers, le
sol même sur lequel nous marchons sont imprégnés de fluides malsains,
nocifs, produits depuis des siècles et des siècles par des générations de
créatures qui vivent dans la violence, l’anarchie, le chaos.
C’est pourquoi il est nécessaire que des êtres conscients de la mission que
Dieu a donnée à l’homme, décident de se mettre au travail pour neutraliser
les courants ténébreux qui s’opposent à l’ordre divin. C’est ainsi que par
leurs pensées, leurs sentiments, leurs actes, toutes leurs émanations même,
ils deviendront ouvriers avec Dieu et prépareront la venue de son Royaume.
Même s’il vous est difficile de l’admettre, commencez par prendre
conscience que les objets, lorsque vous les touchez, s’imprègnent de vos
émanations. Autour de vous, dans toutes les pièces de la maison que vous
habitez, les objets sont recouverts de couches, bonnes ou mauvaises
conductrices de la lumière du monde d’en haut. Des pensées et des
sentiments haineux, des paroles méchantes, de mauvais regards se déposent
sur les objets qui deviennent comme des aimants : ils attirent les courants
maléfiques qui circulent dans l’univers. 4 Donc, soyez attentifs afin que
grâce à vos paroles, vos pensées, vos sentiments, les objets autour de vous
deviennent des aimants qui n’attireront que la lumière, la joie, la beauté, la
santé même, et les répandront autour de vous.
En créant l’homme à son image,2 Dieu a voulu qu’il soit lui aussi créateur :
même s’il n’en est pas conscient, il ne cesse de créer. Il doit donc
développer son intelligence, son attention, sa vigilance, afin de ne déposer
toujours et partout qu’une matière bonne conductrice des courants célestes.
Cette matière nous est apportée par le soleil, car le soleil purifie tout. Ce
sont les humains qui salissent. Si le soleil ne projetait pas constamment sur
la terre des courants d’énergie pure pour neutraliser, remplacer tout ce que
leur nature inférieure fabrique de ténébreux, depuis longtemps déjà
l’humanité aurait disparu.
Vous pouvez dès maintenant commencer le travail chez vous, dans votre
chambre. Nettoyez cet espace en prononçant des paroles de sagesse et 392
Vous vivez depuis toujours dans des maisons sans avoir la moindre idée que
les murs, les meubles, les objets sont imprégnés de vos pensées, de vos
sentiments, de vos paroles. Combien de fois ces pensées, ces sentiments,
ces paroles ont été inspirés par le trouble, le découragement, l’impatience,
la colère ! Vous sortez, vous entrez et vous déposez sur tout ce qui vous
entoure des vibrations qui ne sont pas toujours de bonnes conductrices de la
lumière divine. Jamais vous ne vous dites : Voilà, maintenant je vais
purifier, consacrer ces lieux où je vis, afin qu’il émane d’eux une
atmosphère bienfaisante qui m’inspirera et inspirera tous ceux qui
viendront. C’est pourtant cela, être le disciple d’un enseignement spirituel.
C’est parce que Dieu a fait de nous des créateurs que nous pouvons être
ouvriers avec Lui. Et là, les futurs parents ont un rôle essentiel à jouer.
« Et si nous n’avons pas d’enfant, si nous ne devenons pas des pères et 393
« Mais, diront encore certains, c’est toujours la même boule brillante que
nous voyons chaque matin monter dans le ciel, on en a assez ! » Vous en
avez assez parce que vous ne savez pas regarder le soleil. Regardez-le
comme si vous le voyiez pour la première fois, voilà le secret. Chaque
matin regardez le soleil comme si vous ne l’aviez encore jamais vu et vous
serez émerveillé. Oui, émerveillé comme les amoureux qui se donnent un
premier baiser. Malheureusement, eux non plus ne connaissent pas ce
secret, et alors déjà au deuxième ou au troisième baiser, ils ne sentent plus
le même émerveillement, ils sont blasés.
Émerveillez-vous chaque jour des êtres et des choses qui vous entourent
; non seulement vous comprendrez que vous ne les connaissiez pas, mais
encore c’est ainsi que vous deviendrez créateurs comme votre Père céleste
qui vous a faits à son image. Voilà ce que signifie aussi « être ouvrier avec
Dieu ». Pensez que chaque jour tout est nouveau comme au premier matin
du monde. Pour ce travail de création, je vous l’ai dit, le lever du soleil nous
donne les meilleures conditions. Commencez déjà par regarder plus
attentivement le chemin sur lequel vous marchez, et tellement de détails que
vous n’aviez pas encore vus vous apparaîtront !
Combien d’êtres négligent ou même rejettent ce qui a été déposé dans leur
âme ! C’est pourquoi ils ont si peu d’enfants : si peu d’idées, si peu
d’inspirations. Pour peupler la terre d’enfants ailés, angéliques, nous devons
nourrir les germes que le soleil dépose en nous. Vous pensez que ce que je
vous dis là n’est que symbolique. Non, c’est réel. Et même si on le
considère comme symbolique, il faut savoir que les symboles sont des
représentations de la réalité. Il n’y aurait pas de symboles s’il n’existait pas
en haut une réalité qui les soutient. Les symboles sont tirés de la réalité.
395
« Nous sommes ouvriers avec Dieu »… Cette parole de saint Paul est à la
fois facile et difficile à comprendre. Elle nous parle d’un travail que nous
pouvons réaliser en commençant par être plus attentifs aux objets qui nous
entourent. Prenez un objet et donnez-lui votre amour. Dites-lui : « Voilà, je
te place ici, tu purifieras l’air, tu chanteras… »
Vous avez lu que dans l’Égypte ancienne les prêtres préparaient des objets
qu’ils déposaient dans les tombeaux afin d’aider les défunts. Ils utilisaient
pour cela des techniques spéciales et prononçaient des formules qu’il n’est
pas nécessaire que je vous révèle. Sans connaître ces formules vous pouvez
déjà commencer à faire un travail avec les objets. Et parce que vous les
regarderez comme des êtres vivants, vous comprendrez mieux aussi ces
histoires qu’on raconte sur des icônes, des statues qui saluaient,
s’inclinaient, parlaient, souriaient, pleuraient. Même si vous ne les voyez
pas bouger, même si vous ne les entendez pas parler, un lien réel s’établira
entre ces objets et vous. Ils vous soutiendront dans vos efforts pour créer un
monde nouveau, ils vous accompagneront sur le chemin de la lumière, et
c’est encore ainsi que vous deviendrez ouvriers avec Dieu…
Références bibliques
La manière la plus simple de présenter l’être humain est de dire qu’il est
constitué d’un principe matériel, le corps physique, et d’un principe subtil,
l’esprit. Mais toute son histoire révèle qu’il a très rarement su quelle place
accorder à l’un et à l’autre : les relations que doivent entretenir l’esprit et le
corps sont pour lui, depuis l’origine, une des questions les plus difficiles à
résoudre.
Des penseurs dits idéalistes, des ascètes, des mystiques, ont écrit et 396
Il n’y a pas notre esprit d’un côté et notre corps physique de l’autre.
Notre esprit a pour première mission de travailler sur notre corps, et ensuite,
grâce au corps, de travailler sur la terre entière, car la terre est d’une
certaine façon le prolongement de notre corps. On dirait que les humains
n’ont aucune idée de ce qu’ils viennent faire sur la terre. Pourtant, au plus
profond d’eux-mêmes ils le savent, ils savent qu’ils sont descendus pour
devenir des créateurs par la puissance de leur esprit. L’Intelligence
cosmique a inscrit ce programme en eux. Mais pris dans les pesanteurs de la
matière, ils l’oublient et ils s’en retournent après avoir davantage détruit
397
que construit, à commencer justement par leur propre corps. Vous direz
qu’à l’heure actuelle les humains ont bien compris l’importance du corps
physique. Oui, mais tout le temps qu’ils passent à l’entretenir, tout le soin
qu’ils mettent à lui procurer le confort, les plaisirs et les moyens de paraître
séduisant, attirant, est-ce pour faire de lui un temple du Dieu vivant ?…
Il existe des temples, des églises, des cathédrales, ce sont des lieux que les
chrétiens ont consacrés en les dédiant à la Vierge Marie, à des saints.
Et vous aussi, veillez à ne pas faire de votre corps un repaire d’animaux, car
ce n’est évidemment pas le Seigneur qui viendra l’habiter, mais des entités
inférieures, des indésirables qui apprécient beaucoup cette compagnie.
Par l’intermédiaire de ses corps subtils, l’être humain est en relation avec
l’univers entier et il participe à tous les événements qui s’y produisent.
Vous direz : « Mais comment se fait-il que nous n’en sachions rien ? »
Parce que votre cerveau n’est pas encore suffisamment exercé pour
transmettre à la conscience les impressions qu’il reçoit. Et l’état de votre
cerveau dépend de l’état de tout votre organisme physique. C’est donc de
votre corps 398
physique que vous devez vous occuper pour faire de lui un meilleur
instrument de perception. Votre esprit, qui est omniscient, tout-puissant
comme Dieu, n’a pas besoin qu’on lui apporte quoi que ce soit ; c’est sur la
matière de votre corps que vous devez travailler pour que l’esprit puisse se
manifester à travers lui.
l’affinité nous entrons en relation avec tous les autres temples qui sont
innombrables dans l’univers. Ainsi, nous commençons à vivre dans la
conscience cosmique, à partager la vie du Créateur.
Références bibliques
1. « Car nous sommes le temple du Dieu vivant » – Paul, Deuxième épître
aux Corinthiens 6 : 16
Mais quand ils nous font du mal, ce n’est pas vraiment eux qui cherchent à
nous nuire, mais les entités mauvaises qui se manifestent à travers eux. Or,
ces entités se déplacent, et après s’être servies de telle ou telle personne
pour réaliser leurs mauvais desseins, elles la quittent et en cherchent une
autre… Il est donc possible que la personne qui s’est manifestée comme
une ennemie se manifeste ensuite différemment et qu’elle regrette même ses
actes ; il peut aussi arriver qu’elle ne s’en souvienne même pas. Il n’est
donc pas raisonnable de lui garder rancune ou de vouloir se venger d’elle.
Vous direz : « C’est donc contre des esprits que nous devons lutter…
Les humains sont des médiums inconscients. Ils peuvent s’en prendre à
vous sans même savoir pourquoi, et vous aussi vous pouvez ignorer
pourquoi vous vous en prenez à eux. Ce sont là des phénomènes qui
échappent à la conscience ordinaire. Une personne qui s’est montrée hostile
envers vous peut venir, quelque temps après, vous apporter son aide, car des
esprits d’une autre nature seront à son insu entrés en elle. Mais elle vous
aidera seulement si vous ne lui gardez pas rancune pour le mal qu’elle vous
a fait, et que vous ne ruminiez pas contre elle des projets de vengeance, car
elle le sentirait. S’il vous arrive de la rencontrer, faites comme si rien de
négatif ne s’était passé. C’est peut-être difficile à admettre, mais c’est la
réalité : les humains sont le plus souvent des instruments inconscients de
forces obscures, et on ne peut pas les juger sur une parole ou sur un acte.
Le combat que nous devons mener est donc d’une nature beaucoup plus
subtile. Il faut laisser les ennemis tranquilles, ne pas chercher à leur nuire,
mais seulement nous exercer intérieurement, nous renforcer, cultiver des
qualités de pureté, de bonté, de patience, afin d’attirer l’aide des entités
lumineuses. Quand elles viendront, elles chasseront les entités ténébreuses
qui se servent de nos ennemis, et elles s’installeront à leur place. Alors, un
jour les mêmes personnes qui s’étaient manifestées comme des adversaires
se conduiront comme des amies, et elles nous aideront dans notre travail
pour le Royaume de Dieu, pour la fraternité universelle. C’est déjà arrivé
plusieurs fois.
Référence biblique
« Ce qu’on voit
« C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la
parole de Dieu, en sorte que ce qu’on voit n’a pas été fait de choses
visibles. »1
En écrivant dans son Épître aux Hébreux : « Nous reconnaissons que le
monde a été formé par la parole de Dieu », saint Paul nous rappelle le début
du livre de la Genèse où les différentes étapes de la Création sont chaque
fois annoncées par « Et Dieu dit. »2 Il nous rappelle aussi le début de l’
Évangile de saint Jean : « Au commencement était le Verbe… tout ce qui a
été fait a été fait par Lui. »63 Et saint Paul conclut : « en sorte que ce qu’on
voit n’a pas été fait de choses visibles ».
Que savons-nous d’un être humain ? On peut décrire son corps physique, le
toucher, mais l’entité qui a formé ce corps, qui l’habite et qui fait qu’il est
vivant, il est impossible de la décrire et de la toucher. Un homme est là
étendu sur le sol, il est visible, il est palpable, mais voilà qu’il est mort :
c’est donc que quelque chose d’invisible l’a quitté, ce « quelque chose »
qui le faisait marcher, parler, aimer, penser… Et vous pouvez déposer à côté
de lui toute la nourriture et tous les trésors du monde en lui disant : «
C’est pour toi, tout ça, mon vieux, réjouis-toi ! » rien à faire, il ne bouge
pas.
Le monde visible ne serait rien s’il n’était pas soutenu, animé par le monde
invisible. À l’origine du visible, il faut toujours chercher l’invisible.
Genèse appelle « la lumière ». Mais cela ne signifie pas non plus qu’avant
la lumière régnaient les ténèbres.
Dans le plan physique, nous appelons lumière ce qui permet à nos yeux de
voir. Quand ils ne voient pas, nous parlons d’obscurité, d’ombre, de nuit.
Ces « ténèbres » évoquées dans la Genèse, ce sont elles que les kabbalistes
appellent Aïn Soph Aur : lumière sans fin, un espace comme un voile tendu
au-delà duquel on ne peut pas pénétrer. C’est l’Absolu, le Non-manifesté.
Or, comme toute création suppose une limitation, le Créateur a dû s’imposer
des limites. 8 Il est sorti de cet état d’infinie dilatation, Il a condensé une
partie de sa substance pour former un réceptacle, Kéther, la première
séphira sur l’Arbre de la Vie, qu’Il a remplie de ses émanations.
404
Notre terre appartient à la région de Malhouth dont elle est l’émanation la
plus matérielle. Toutes les existences visibles qui la peuplent, les humains,
les animaux, les végétaux et les minéraux, ne sont que des formations, des
condensations de la quintessence divine que nous ne voyons pas et dont
nous ne savons rien… ou si peu ! C’est pourquoi, si derrière le visible nous
nous habituons à chercher l’invisible, nous nous approcherons de ce qu’est
la réalité, et nous apprendrons beaucoup.
Et saint Paul écrit aussi que la foi est « une démonstration des choses qu’on
ne voit pas. »5 La foi nous ouvre en effet l’accès à un monde inconnu,
infiniment vaste, et peu à peu ce qui nous était inconnu nous devient connu
: 405
nous savons. Il ne faut donc pas opposer foi et savoir ; la foi ouvre le
chemin pour l’acquisition de nouvelles connaissances. On peut dire que la
foi est un espace infini, et dans cet infini le savoir étend toujours plus son
territoire. C’est la foi qui sonde l’infini, qui l’explore et nous y fait pénétrer
toujours plus avant. Ainsi, notre connaissance des réalités spirituelles
augmente grâce à notre foi.
La foi précède toujours le savoir, c’est elle qui pratique des ouvertures et
nous permet d’avancer. Pour parvenir au savoir, nous devons commencer
par croire. Quand nous savons, nous n’avons plus besoin de croire. La foi
nous porte vers un objet que nous ne connaissons pas encore, et c’est ainsi
que, peu à peu, elle nous conduira vers la connaissance parfaite.
Références bibliques
1. « C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été créé par la
parole de Dieu » – Paul, Épître aux Hébreux 11 : 3
5. « La foi est une démonstration des choses qu’on ne voit pas » – Paul,
Épître aux Hébreux 11 : 1
Ce sont quelques mots de saint Paul dans l’ Épître aux Éphésiens qui ont
inspiré la croyance qu’avant de ressusciter des morts et de retourner auprès
de son Père, Jésus était descendu aux enfers afin d’y libérer des âmes. Il est
écrit : « Étant monté dans les hauteurs, il a emmené des captifs… Or, que
signifie « il est monté », sinon qu’il est aussi descendu dans les régions
inférieures de la terre ? »1 Cet article de foi est donc traditionnellement
enseigné aux chrétiens.
En réalité, si on peut dire que Jésus est descendu aux enfers, c’est que,
comme tous les grands Initiés, il a dû se mesurer avec les puissances du
mal. Les véritables Initiés ne se contentent pas de connaître le bien et de
travailler avec lui, ils explorent aussi le mal, ils « descendent aux enfers9 ».
Longtemps ils se préparent et, une fois bien armés, en prenant de grandes
406
Pour avoir des notions plus exactes sur ce que la religion chrétienne a
appelé les enfers, ou l’Enfer, il suffit d’observer comment les choses se
passent dans la vie quotidienne. Toutes les créatures ont besoin, pour
subsister, de manger et de boire, mais ensuite elles doivent éliminer des
déchets, tous les éléments qui ne sont plus utiles à leur organisme. Pourtant,
ces éléments se trouvaient dans une nourriture et des boissons qui étaient
saines, fraîches, puisqu’elles leur ont permis de se maintenir en vie et en
santé. C’est là un fait sur lequel il vaut la peine de s’arrêter : quelle que soit
la qualité de ce que nous mangeons et buvons, il y a des déchets à évacuer,
et ils sont expédiés dans des endroits déterminés. Ce sont là des processus
que l’on retrouve dans tous les plans et à tous les niveaux de la création.
Ainsi, l’Enfer, dont la chrétienté a tellement parlé depuis des siècles et 407
qu’elle a dépeint sous des formes et des couleurs effrayantes, est en réalité
le lieu où se déverse « le mal », c’est-à-dire les déchets rejetés par toutes les
créatures dans l’univers. C’est donc un endroit très nécessaire.
Et voici un autre exemple. Chaque jour les gens doivent se débarrasser d’un
certain nombre de détritus, d’ordures, de matières inutiles. Ils ne les gardent
pas près d’eux, ils les mettent dans des poubelles, et puis dans des
décharges où on les enterre, ou dans des incinérateurs où on les brûle.
Alors, si les humains ont trouvé des solutions pour se débarrasser des
matières inutiles ou polluées, comment imaginer que l’Intelligence
cosmique n’a pas été capable d’en faire autant ?
L’Enfer n’est rien d’autre que le dépôt de toutes les matières qui sont
rejetées. Mais une fois rejetées, ces matières ne sont pas abandonnées et
oubliées. De puissantes entités descendent dans ce dépôt afin d’y recueillir
des éléments qu’elles réutiliseront pour leurs travaux. Ce que nous appelons
aujourd’hui « recyclage », la nature l’a toujours pratiqué : elle envoie les
matériaux pollués à « la station d’épuration », car pour elle rien ne doit
rester inemployé. Une fois débarrassés de leurs impuretés, ces matériaux
serviront pour d’autres créations.
Donc, même l’Enfer est utile, même l’Enfer a sa place dans l’économie
cosmique. Une telle idée choquera évidemment tous ceux qui préfèrent se le
représenter comme un lieu où de malheureux pécheurs, jetés dans les
flammes, sont condamnés à subir les pires supplices pendant l’éternité. Ils
ne se rendent pas compte à quel point cette croyance contredit l’amour de
Dieu. Oui, car Dieu ne rejette jamais définitivement aucune créature. Et elle
contredit aussi sa sagesse : puisque Dieu est sage, Il ne laisse rien perdre,
tout est utile dans sa création et tout est utilisé.
l’harmonie cosmique sont rejetés vers ce lieu, que Jésus a appelé « les
ténèbres extérieures » ou « les ténèbres du dehors ». Dans ce sens on peut
dire que l’Enfer est un lieu retranché de la lumière divine. Mais les
matériaux en ressortent renouvelés pour être remis dans les circuits de la
vie.
Cet Enfer, dont on parle comme d’un lieu où des créatures sont condamnées
à aller souffrir éternellement après leur mort, n’est donc rien d’autre qu’un
état de conscience que l’homme, pour se purifier, est obligé de vivre dans la
partie inférieure du plan astral, qui correspond à la région obscure de la
séphira Iésod. Une fois purifié par la souffrance, il est libre.
Ainsi, ce que les chrétiens ont appelé l’Enfer n’existe pas, car il n’existe pas
un lieu de châtiments éternels. Seul existe le Purgatoire qui est, comme son
nom l’indique, la région où, pendant un temps plus ou moins long, 409
Tant qu’il est sur la terre, un criminel peut rester indifférent, insensible à ce
qu’il fait subir aux autres, et il peut même réussir à échapper à la justice des
hommes. Mais quand il meurt, il n’échappe pas à la justice divine. Dès
l’instant où il arrive dans le plan astral, il est confronté à tout le mal qu’il a
commis. Puisqu’il n’a plus cette carapace qu’est le corps physique pour le
protéger, il ne peut plus trouver de refuge nulle part et il est obligé de
ressentir intensément ce mal. Ce n’est pas que l’Intelligence cosmique
veuille se venger ou le punir ; non, elle a simplement établi des lois que
chacun doit apprendre à respecter afin d’avancer sur le chemin de la
lumière. S’il transgresse ces lois, il doit passer par des souffrances
identiques à celles qu’il a infligées aux autres. C’est le seul moyen de le
rendre conscient de ses actes et de l’obliger à tirer des leçons pour sa
prochaine incarnation.
Référence biblique
1. « Étant monté sur les hauteurs, il a emmené des captifs. » – Paul, Épître
aux Éphésiens 4 : 9
410
selon l’ordre de Melkhitsédek
De par son nom Melkhitsédek est roi de justice, et puisqu’il est roi de Salem
(nom de la même famille que le mot « schalom » : la paix) il est aussi roi de
paix… Mais où se trouve ce royaume de Salem ? Et comment faut-il
comprendre la royauté de Melkhitsédek ? Est-il aussi un roi terrestre ou
uniquement un roi céleste ? Ce que saint Paul dit de lui, de qui l’avait-il
appris ?… Certainement de son maître Gamaliel qui était un grand docteur
de la Loi, car dans la tradition orale des Juifs se transmettait un
enseignement concernant Melkhitsédek.
l’instructeur des plus grands de tous. Quel que soit l’endroit où ils se
trouvaient, il est allé à leur rencontre. Mais ce sont les régions inviolées de
l’Himalaya qui présentent les meilleures conditions pour entrer en relation
avec lui.
Par ses épîtres, saint Paul a beaucoup contribué à poser les bases du
christianisme, et il révèle quelque chose d’essentiel quand il écrit que Jésus
était « sacrificateur du Très-Haut selon l’ordre de Melkhitsédek ». Celui qui
entre dans un ordre doit se soumettre à une discipline, observer un rituel.
Comment saint Paul qui voyait en Jésus un être tellement sublime peut-il
affirmer qu’il appartient à un ordre ? Il le place ainsi sous l’autorité de
Melkhitsédek. Mais cela ne diminue en rien la grandeur de Jésus. Il faut
comprendre. Jésus est venu s’incarner sur la terre pour montrer aux
humains comment un fils d’homme peut se manifester comme fils de Dieu.
Il avait reçu cette mission de Melkhitsédek, parce que Melkhitsédek
reconnaissait en lui la même élévation, la même lumière.
Mais Melkhitsédek ne descend pas sur la terre prendre un corps parmi les
humains, c’est son esprit qui les instruit et qui pénètre en eux quand ils sont
devenus capables de s’élever jusqu’à lui. Jésus devait venir et repartir, mais
Melkhitsédek demeure, parce qu’il a une autre mission à remplir. Vous direz
que Jésus non plus n’est pas parti, puisqu’il a dit : « Je suis avec vous tous
les jours jusqu’à la fin du monde. »4 Oui, Jésus est toujours là, il continue à
travailler dans le corps éthérique de la terre. Mais Melkhitsédek a une autre
fonction : il instruit tous les grands Maîtres de l’humanité. C’est pourquoi,
suivant les traditions dans lesquelles il est mentionné, il peut être connu
sous d’autres noms. Quand j’étais en Inde, j’ai demandé à des prêtres, à des
yogis : « Votre tradition mentionne certainement un être qui est pour
toujours le représentant de Dieu sur terre… Comment l’appelez-vous ?
» Et ils m’ont répondu : « Oui, dans notre tradition un tel être existe, on le
nomme Markandé. »
Melkhitsédek est l’être le plus mystérieux de la tradition initiatique, mais
nous pouvons penser à lui, nous lier à lui, le prier. Il semble que la
chrétienté lui donne très peu de place. Tellement d’églises ont été dédiées
au Christ, à la Vierge, aux anges, aux apôtres, aux saints ! C’est très bien,
mais comment se fait-il qu’on ait oublié Melkhitsédek, le seul dont on
puisse rapprocher Jésus ? Il est représenté sur une façade de la cathédrale de
Chartres, mais quel visage on lui a donné… effacé, sans expression !
Dans les temps anciens, il était de tradition que des prêtres et des prêtresses
aient pour unique fonction d’entretenir dans les temples un feu qui ne devait
jamais s’éteindre. Et à l’heure actuelle encore, il y a dans les églises une
lampe qui brûle jour et nuit. Le feu, la flamme, la lumière dans les
sanctuaires rappellent la présence de la Divinité dans l’univers, mais aussi
en l’homme. Ce feu, c’est l’amour qui, à l’image du soleil, doit sans cesse
brûler dans son coeur. Sur la terre, c’est Melkhitsédek qui entretient ce feu,
et ce feu ne peut être alimenté que grâce au sacrifice. C’est pourquoi il a été
appelé « sacrificateur du Très-Haut ».
Jésus est venu pour enseigner aux humains que le véritable sacrifice ne
consiste pas à offrir à Dieu quelque chose d’extérieur à soi : des fruits, de la
farine, du bétail… Car même si l’offrande de produits de la terre ou
d’animaux peut marquer une volonté de renoncement, ce n’est quand même
pas un sacrifice aussi essentiel que de renoncer à satisfaire les appétits et les
convoitises de sa nature inférieure qui est le repaire de tous les bestiaux, de
tous les fauves. Nos vices, nos instincts grossiers, voilà les animaux que
nous devons offrir en holocauste. Et de ce sacrifice que nous faisons en les
brûlant au feu de notre autel intérieur, se dégagent des énergies que nous
pouvons mettre au service de la Divinité.
Il existera toujours quelque part sur la terre un feu divin qui ne cesse de
brûler, et c’est Melkhitsédek qui entretient ce feu. Il est lui-même ce feu, et
tous les grands êtres qui se préparent pour la mission spirituelle qui leur est
confiée vont s’allumer à sa flamme.
Références bibliques
1. « Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l’âme » –
Paul, Épître aux Hébreux 6 : 19-20
4. « Je suis avec vous, tous les jours jusqu’à la fin du monde » – Matthieu
28 : 20
– Matthieu 26 : 26-28
prophètes de Baal ».
415
Partie V
L’Apocalypse
Dans les années 94-96, sous le règne de l’empereur romain Domitien, saint
Jean fut envoyé en captivité dans l’île de Patmos. C’est là qu’il écrivit aux
sept églises.
416
Saint Jean vivait dans l’île appelée Patmos, lorsqu’il fut un jour « ravi en
esprit ». Il entendit derrière lui une voix forte, et s’étant retourné il vit
« Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il posa sur moi sa
main droite, en disant : « Ne crains point ! Je suis le premier et le dernier,
et le vivant… »1
Depuis deux mille ans, des théologiens, des exégètes cherchent à savoir
quel est le personnage mystérieux qui est apparu à saint Jean, et toutes
sortes de réponses ont été données. Pour les uns, c’est Dieu Lui-même…
Non, car Dieu n’est jamais apparu à un être humain. Pour d’autres, c’est
Jésus… Non plus, car si c’était Jésus, saint Jean qui avait vécu plusieurs
années auprès de lui l’aurait reconnu et appelé par son nom. Or, non
seulement il ne le reconnaît pas, mais il tombe « comme mort » aux pieds
de cet être formidable qui avait une épée dans la bouche et dont les yeux
étaient des flammes. Certains ont aussi pensé que ce devait être un
archange. Non plus.
comme l’écrit saint Paul dans son É pître aux Hébreux, possédait lui aussi la
puissance du Verbe. C’est par le Verbe qu’il faisait des miracles. À
propos de démoniaques qu’on lui avait présentés, il est dit qu’« il chasse les
esprits par sa parole. »3 Il guérit un lépreux en lui disant : « Je le veux, sois
pur ! »4 Il apaise une tempête en disant à la mer : « Silence, tais-toi !
»,5 etc. Cette puissance du Verbe, Jésus l’a transmise aux apôtres lorsqu’il
leur a dit : « Ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le Ciel, et ce que
vous délierez sur la terre sera délié dans le Ciel. »6
; enfin, les douze lettres simples : hé, vav, zaïn, heth, teth, iod, lamed, nun,
samech, aïn, tsadé et qof, ont créé les douze constellations zodiacales.
Le monde n’a pas été créé une fois pour toutes, il est toujours en devenir.
Et quand les kabbalistes étudient les lettres de l’alphabet, c’est pour lire et
pénétrer le grand livre de la création que Dieu continue à écrire. Ils
apprennent aussi à connaître les puissances qui agissent par l’intermédiaire
de ces lettres afin de pouvoir les utiliser pour leur travail. Et comme chaque
lettre de l’alphabet hébraïque correspond aussi à un nombre, le mot ou le
nom qu’elles forment est donc non seulement un ensemble de lettres mais
aussi la somme de plusieurs nombres. Chaque lettre se charge ainsi de la
force du nombre. Lorsqu’il invoque le nom de Dieu, celui d’un archange ou
d’un génie planétaire, le kabbaliste sait qu’il entre en relation avec une
entité déterminée, car le nom qu’il prononce produit des vibrations, des
ondes qui lui correspondent ; elles atteignent donc directement cette entité
et elle répond à son appel.
incarné, il peut vivre comme principe de sagesse et d’amour dans l’âme des
Initiés qui, comme Jésus, sont parvenus à faire de tout leur être le véritable
temple de Dieu, mais il ne prend aucune apparence physique. Melkhitsédek
dont saint Paul dit qu’il n’a « ni commencement ni fin de vie, » mais « qui
est rendu semblable au Fils de Dieu »,9 peut prendre, lui, une apparence
physique. Il a les mêmes pouvoirs que le Christ et il va au-devant de ceux
qu’il veut instruire et conduire.
Ce qui rend aussi ce livre difficile à interpréter, c’est que les images, les
symboles, les nombres ne sont pas placés dans l’ordre auquel on pourrait
s’attendre : certains, qui se trouvent à la fin, sont en relation avec des
passages du début ou du milieu ; exactement comme les cartes d’un jeu
qu’on aurait jetées au hasard. Mais celui qui possède la vraie science prend
ces cartes, les replace dans l’ordre et lit. Quand on a approfondi la
signification des nombres et le sens caché des symboles, tous les éléments
qui n’ont en apparence aucune relation entre eux peuvent être rapprochés.
420
Alors, chacun jetant une lueur sur les autres, cela donne un ensemble
logique et clair.
Références bibliques
1. La vision de saint Jean – Apocalypse 1 : 9-17
6. « Ce que vous liez sur la terre sera lié dans le ciel » – Matthieu 18 : 18
9. Melkhitsédek « qui n’a ni commencement ni fin de vie mais qui est rendu
semblable au Fils de Dieu » – Paul, Épître aux Hébreux 7 : 3
Le personnage formidablement puissant qui est apparu à saint Jean lui dicte
maintenant les lettres qu’il doit adresser à sept Églises. Toutes ces lettres
contiennent d’abord un jugement sur leur conduite, puis des conseils, et
elles se terminent par des promesses de récompense pour celui qui sera sorti
victorieux des épreuves.
– À l’Église d’Éphèse :
– À l’Église de Smyrne :
421
Les fruits de l’arbre de vie ce sont les joies de l’amour divin, l’aspect
supérieur de Vénus dans le plan bouddhique en relation avec la Balance.
Références bibliques
Mais il est tout aussi important que celui qui prépare un talisman connaisse
les mobiles des personnes qui lui en font la demande. Est-ce pour être
soutenues dans un travail lumineux, désintéressé, ou bien pour réussir sans
faire d’effort, dominer les autres, les évincer ? Malheureusement, c’est 424
Dans le livre de l’ Exode il est dit que la manne était la nourriture que Dieu
faisait chaque jour tomber du ciel pour soutenir les Hébreux alors qu’ils
traversaient le désert sous la conduite de Moïse. 82 La « manne cachée
» représente la nourriture spirituelle que reçoit celui qui par ses efforts est
parvenu à atteindre un niveau de conscience supérieur : il goûte la
plénitude, l’immensité, l’éternité. Quant au caillou blanc, il est le symbole
de la maîtrise, de la force intérieure obtenue grâce à la pureté. En effet,
d’après la loi de l’analogie, les cristaux, les pierres précieuses, si pures, si
limpides, représentent la sphère la plus haute du monde spirituel, elles sont
liées au plan atmique et possèdent le pouvoir de condenser une énergie
cosmique que l’Initié peut ensuite extraire. Le caillou blanc est donc une
cristallisation de la quintessence du plan atmique qui est pure lumière.
425
Par ses vibrations, le nom nouveau que reçoit l’homme régénéré exprime la
quintessence de son être spirituel. Chaque homme, chaque femme porte un
nom que lui ont donné ses parents à la naissance, mais souvent ce nom ne
correspond pas à sa vraie nature. Tandis que le nom qu’il reçoit des entités
célestes est exactement celui qui lui correspond : il exprime pleinement ce
qu’il est au plus profond de lui. Et ce nom, il est en effet le seul à le
connaître véritablement, parce qu’il se confond avec lui.
Références bibliques
Puisses-tu être froid ou chaud ! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni
froid ni chaud, je te vomirai de ma bouche. Parce que tu dis : je suis riche,
je me suis enrichi et je n’ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que
tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu, je te conseille d’acheter
de moi de l’or éprouvé par le feu afin que tu deviennes riche, et des
vêtements blancs afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne
paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux afin que tu voies. Moi je
reprends et je châtie tous ceux que j’aime…
« Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi
j’ai vaincu et je me suis assis avec mon Père sur son trône. »1
un ordre de prendre une position claire, car être tiède signifie n’être ni bon
ni méchant, ce qui est quelquefois le pire des comportements. Avec ceux
qui ne sont ni bons ni méchants, on ne sait jamais à quoi s’en tenir : est-ce
qu’on doit leur faire confiance ? est-ce qu’on doit se méfier ? Dans la vie
quotidienne, avoir affaire à de tels êtres est compliqué, car on ne peut pas
prévoir de quel côté ils vont pencher. Mais étudions un peu mieux ce que
sont le chaud et le froid. 10
Prenons le cycle de l’eau dans la nature. Sous l’effet des rayons du soleil,
elle se réchauffe et s’évapore. Arrivée dans la haute atmosphère, elle se
refroidit, se cristallise et retombe ensuite sous forme de neige au sommet
des montagnes. Mais après un certain temps, quand le soleil a fait fondre la
neige, l’eau descend dans les vallées, où elle rejoint les fleuves, les lacs, les
océans. Puis elle s’évapore et le cycle recommence… Voilà comment la
nature utilise cette alternance du chaud et du froid pour entretenir la vie. Et
les Initiés, qui observent la nature, en ont tiré des leçons pour l’être humain.
Dans l’être humain, l’intellect doit être froid pour penser correctement et
progresser dans la voie de la sagesse ; et le coeur, lui, doit être chaud pour
manifester l’amour. Symboliquement, celui qui pense fait l’ascension d’un
sommet. Mais sur ce sommet où il fait froid il se trouve souvent seul, et là,
c’est l’orgueil qui le guette. Il doit alors redescendre dans la vallée, c’est-à-
dire réveiller de bons sentiments dans son coeur pour participer à la vie de
tous. Les paroles adressées à l’Église de Laodicée « Tu n’es ni froid ni
chaud », signifient donc : tu n’es ni sur la montagne ni dans la vallée, tu ne
possèdes ni sagesse ni amour. Car c’est cela véritablement être tiède :
n’avoir ni le froid de la sagesse ni la chaleur de l’amour. Quand on n’a ni
sagesse ni amour, on commet des erreurs car on ne peut pas connaître la
réalité des choses.
tiède. Les humains qui sont sous son influence sont aussi fades, irrésolus,
indéterminés. S’ils ne veulent pas être vomis, ils doivent sortir de cet état de
tiédeur. Ils trouveront le froid dont ils ont besoin en montant sur les
sommets (la réflexion, la méditation) et la chaleur dont ils ont également
besoin en descendant dans la vallée pour s’ouvrir à leurs frères humains. Il
est important de savoir passer du sommet de la montagne à la plaine, et de
la plaine au sommet : dans ce mouvement de montée et de descente, on
découvre la vraie vie.
Le Lion est un signe de feu, le Soleil y a son domicile et il règne sur l’été.
Dans l’Homme cosmique, le Lion représente le coeur qui est lié à la
chaleur, au sang, à la vie. C’est la cinquième maison astrologique, celle de
l’amour, des enfants, de la création sous toutes ses formes. À l’autre
extrémité de l’axe se trouve le Verseau : il est régi par Saturne qui règne sur
l’hiver. Saturne est représenté par un vieillard, un être qui possède la
sagesse acquise par l’expérience. Les deux pôles de l’axe sont donc bien
l’amour et la sagesse, la chaleur des vallées et le froid des sommets.
collyre.
« L’or éprouvé par le feu ». Il existe un lien entre l’or et le feu. Les
alchimistes qui cherchent à transformer les métaux en or les font passer par
le feu. L’or et le feu ont toujours quelque chose à faire ensemble. Avant
d’être ce métal que l’on trouve dans les entrailles de la terre, l’or existe à
l’état éthérique dans le soleil, il est une condensation des rayons solaires.11
L’or éprouvé par le feu représente les puissantes énergies que projette le
Soleil, le Lion céleste, coeur de l’univers. Cet or, c’est son amour. Dans
certaines langues, l’étymologie souligne ces correspondances entre le lion,
le coeur et l’amour. En hébreu, le coeur se dit « lèv » et le lion « lavi » ; en
bulgare et en russe, le lion se dit « lèv » et l’amour « lioubov », racine que
l’on retrouve dans l’anglais « love », l’amour. Et en allemand « Liebe »
Celui qui a compris qu’il est lui-même la matière à cuire et que l’amour est
le feu avec lequel il doit la cuire, entre en possession de la pierre
philosophale qui transformera un jour tout son être en or pur.
« U n collyre pour oindre tes yeux afin que tu voies ». Ce collyre, c’est
Uranus, la vérité, qui est liée aux yeux. La vérité est une lumière qui éclaire
notre route. Sans elle nous sommes dans l’obscurité, l’erreur, le mensonge.
Jésus disait : « Si ton oeil est pur, tout ton corps est dans la lumière »,132
c’est-à-dire, ton être entier est dans la vérité. Pour débarrasser notre oeil
intérieur de tout ce qui l’empêche de voir, nous avons besoin de ce collyre
qu’est la vérité.
Dans les Initiations anciennes, Uranus était représenté sous la forme d’un
oeil volant au-dessus d’un océan. Il ne faut pas croire que les Anciens
ignoraient l’existence d’Uranus et que cette planète n’a été découverte que
429
L’Esprit dit encore à l’Église : « Ceux que j’aime, je les réprimande et je les
châtie. » Celui qui aime, c’est le Soleil qui a son domicile en Lion ; celui
qui châtie, c’est Saturne, mais aussi Uranus qui amène de grands
bouleversements ; et tous deux ont leur domicile en Verseau. Même si le
Ciel nous aime, il est parfois obligé de nous « châtier » pour nous obliger à
comprendre que nous devons changer de conduite ; et il le fait à travers les
épreuves que nous impose la destinée, gouvernée par Saturne. C’est
pourquoi quand arrivent ces épreuves, nous devons savoir y lire l’amour de
Dieu qui se manifeste à nous par la chaleur du soleil dans le Lion, mais
aussi par le froid de Saturne dans le Verseau. Une tradition associe
symboliquement Saturne au vieil Adam, celui que saint Paul appelle « le
vieil homme ».3 C’est lui que sa désobéissance a chassé du jardin d’Éden où
il vivait dans la chaleur de l’amour de Dieu, et il a été condamné à vivre
dans le froid et les ténèbres. 144 Ce vieil Adam doit devenir un être
nouveau sous l’influence du Soleil qui est un symbole du Christ. Quand
nous avons étudié les relations qui existent entre les douze fils de Jacob,
ancêtres des douze tribus d’Israël, et les douze constellations zodiacales,
nous avons vu que Juda correspond à la constellation du Lion.155 Or, c’est
de la tribu de Juda qu’est né Jésus, en qui le Christ s’est manifesté.
« Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône. » Ce trône
est celui du Lion où est assis le Soleil, le Christ, dont Melkhitsédek se fait
ici l’interprète. Dans son aspect symboliquement le plus élevé, le Lion est le
coeur qui répand son sang, son amour dans tout l’univers. Seul, celui qui
triomphe de la haine et de la mort (le froid intérieur) est digne de s’asseoir
avec le Christ sur le trône de Dieu.
Références bibliques
430
2. « Si ton oeil est pur, tout ton corps est dans la lumière » – Luc 11 : 34
« Une porte était ouverte dans le ciel. La première voix que j’avais
entendue, comme le son d’une trompette, et qui me par lait, dit : Monte
ici… Aussitôt je fus ravi en esprit. Et voici, il y avait un trône dans le ciel,
et sur ce trône Quelqu’un était assis. Celui qui était assis avait l’aspect
d’une pierre de jaspe et de sardoine ; et le trône était environné d’un arc-
en-ciel semblable à de l’émeraude. Autour du trône je vis vingt-quatre
trônes et sur ces trônes, vingt-quatre Vieillards assis, revêtus de vêtements
blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or… Devant le trône brûlent sept
lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu. »1
La voix que saint Jean avait déjà entendue lui dit maintenant : « Monte ».
Il est alors soudain arraché à son corps et projeté dans le ciel devant un
trône sur lequel est assis un être qu’il ne nomme pas et qu’il ne mentionne
qu’en le comparant à des pierres précieuses ; comme si seul l’éclat des
pierres précieuses pouvait donner une idée de la présence divine. De ce
trône sortent des éclairs et sept lampes ardentes brûlent devant lui. Ces
lampes sont les sept Esprits de Dieu. On retrouve cette image dans le Zohar
où il est dit : « Sept lumières il y a dans le Très-Haut, et c’est là qu’habite
l’Ancien des Anciens, le Mystérieux des Mystérieux, le Caché des Cachés :
Aïn Soph. »
Aïn Soph qui signifie sans fin, sans limite, est aussi traditionnellement
appelé Aïn Soph Aur, c’est-à-dire « lumière sans fin ». Les sept lampes
ardentes, les sept Esprits, sont les sept couleurs : rouge, orange, jaune, vert,
bleu, indigo et violet qui représentent la première différenciation de la
lumière primordiale. La lumière qui est une, se décompose en sept, les sept
couleurs. Le 7 est un des nombres qui expriment la totalité, et on le retrouve
souvent dans l’Apocalypse : les sept étoiles, les sept chandeliers d’or qui
représentent les sept Églises, les sept sceaux qui ferment le livre, les sept
trompettes, les sept cornes de la bête, les sept fléaux, les sept coupes 431
d’or…
Les vingt-quatre Vieillards sont assis sur des trônes. Le trône est un siège
royal, et sa taille, sa forme qui donnent l’impression de quelque chose de
solide font de lui un symbole de stabilité. Rien ne semble pouvoir ébranler
celui qui est assis sur un trône. Cette stabilité est la vertu sur laquelle nous
devons fonder notre vie intérieure. Comment la définir ? Est stable celui
qui, ayant décidé de marcher sur le chemin de la lumière, maintient quoi
qu’il arrive son orientation divine. Dès qu’il a compris une vérité et l’a
acceptée dans son coeur, dans son âme, non seulement il ne la laisse pas
s’effacer en lui, mais il en fait une règle de vie, un programme. Et c’est une
qualité très rare. Pour ceux qui ont embrassé la vie spirituelle, la plus
grande difficulté n’est pas tellement d’accéder à un niveau de conscience
supérieur, mais de s’y maintenir. Un jour ils remportent une victoire, mais le
lendemain, les conditions extérieures ou intérieures ayant changé, ils sont
plus négligents et ont tendance à prendre une autre direction.
La vérité, c’est qu’il est presque impossible de se maintenir définitivement
et sans broncher sur les hauteurs de la vie spirituelle. C’est pourquoi la
stabilité est le point culminant de l’Initiation, ce moment où le disciple peut
dire enfin, comme le hiérophante de l’ancienne Égypte : « Je suis stable, fils
de stable, conçu et engendré dans le territoire de la stabilité.
Dans la Kabbale, en effet, les vingt-quatre Vieillards sont appelés les 432
Seigneurs des destinées. Ce sont eux qui jugent les humains, car rien de ce
qu’ils font ne leur échappe, aucun acte, aucun sentiment, aucune pensée. La
destinée d’un être après sa mort, ainsi que dans sa prochaine vie, dépend de
leurs décrets. C’est pourquoi, dans un autre passage de l’Apocalypse, ce
sont les vingt-quatre Vieillards qui disent à Dieu : « Le temps est venu de
juger les morts, de récompenser tes serviteurs, les prophètes, les saints et
ceux qui craignent ton nom, les petits et les grands, et de détruire ceux qui
détruisent la terre. »2 C’est aux vingt-quatre Vieillards qu’il appartient de
prononcer des jugements, et ces jugements sont sans appel.
Références bibliques
« Quelqu’un » est assis. Saint Jean ne précise pas qui Il est, sans doute lui
est-il impossible de dire qu’il a vu Dieu, car personne n’a jamais vu Dieu, il
ne peut donc que suggérer sa présence. Puis il ajoute : « Au milieu du trône
et autour du trône, il y a quatre êtres vivants remplis d’yeux devant et
derrière. Le premier être vivant est semblable à un lion, le second être
vivant est semblable à un taureau, le troisième être vivant a la face d’un
homme, et le quatrième être vivant est semblable à un aigle qui vole. Les
quatre êtres vivants ont chacun six ailes et ils sont remplis d’yeux tout
autour et au-dedans. Ils ne cessent de dire jour et nuit : Saint, saint, saint
est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant qui était, qui est et qui vient ! »1
La description que fait maintenant saint Jean des quatre êtres vivants révèle
qu’il est monté jusqu’à la première séphira, Kéther (Voir schéma. ) À
cette séphira est attaché l’ordre angélique des Séraphins : les Hayoth ha-
Kodesch, littéralement « animaux de sainteté » ; et « animaux » a
évidemment ici le sens d’êtres animés, êtres vivants. Les prophètes Isaïe 2
« svet ». La sainteté définit l’essence même de Dieu parce qu’Il est pure
lumière et que c’est par la lumière qu’Il a créé le monde. Si un être humain
peut être appelé saint, c’est seulement dans la mesure où la lumière brille en
lui, la lumière de l’esprit.
Les quatre Animaux saints représentent donc les quatre éléments, mais il ne
faut pas les confondre avec les quatre éléments qui constituent notre monde
matériel : ils sont au-delà de ce que nous pouvons percevoir par nos cinq
sens ou même par les appareils les plus perfectionnés. Les quatre éléments
que nous connaissons ici sous l’apparence du feu, de l’air, de l’eau et de la
terre, ne nous en donnent qu’une faible idée ; ils ne sont que des
condensations grossières de la matière primordiale, en haut, dans la séphira
Kéther. C’est pourquoi, pour accéder à cette séphira, il faut avoir atteint un
degré d’évolution exceptionnel. Très peu nombreux sont les êtres 434
Quelques-uns ont survécu par la grâce spéciale d’une entité céleste qui leur
avait donné à absorber un élément dont la propriété est de protéger le corps
physique.
Si saint Jean n’a pas perdu la vie au cours des visions qu’il décrit dans l’
Apocalypse, c’est qu’il a reçu cet élément : le livre que l’ange lui a donné à
manger en disant « Il remplira tes entrailles d’amertume, mais dans ta
bouche il aura la douceur du miel ».4 Le prophète Ézéchiel parle lui aussi
d’un livre qu’un ange lui a donné à manger.5 Cet élément est encore
symbolisé par le charbon ardent qu’un Séraphin a posé sur les lèvres du
prophète Isaïe.6
Les Anges des quatre éléments, les Séraphins, se situent donc au sommet de
la hiérarchie céleste, et c’est très exceptionnellement que des créatures
humaines ont pu s’élever jusqu’à eux. Quand nous nous adressons aux
Anges de la terre, de l’eau, de l’air ou du feu, nous ne pouvons toucher que
des entités qui sont à leur service. Il ne faut pas les confondre avec les
quatre Entités sublimes, les quatre principes de la matière qui demeurent
dans Kéther. C’est eux le feu, l’air, l’eau et la terre véritables ; ils sont
inaccessibles, et quand ils décident de se manifester, ils le font par
l’intermédiaire de leurs serviteurs. C’est pourquoi, quand saint Jean décrit
les cataclysmes qui s’abattent sur la terre, il montre comment les quatre
Animaux saints donnent des ordres aux éléments du plan physique, et ces
cataclysmes se présentent comme quatre cavaliers qui apparaissent l’un
après l’autre pour semer la mort et la désolation.7
? La nature n’est pas quelque chose d’inerte, d’insensible, qu’ils ont le droit
de mettre au service de leurs intérêts ou de leurs plaisirs les plus égoïstes.
La nature est vivante, consciente, et chaque fois que les humains dépassent
les limites de ce qu’elle peut accepter, elle réagit.
435
Ces quatre Animaux saints qui ne cessent de célébrer la sainteté du
Seigneur, on trouve aussi leur trace dans le zodiaque où ils sont répartis sur
cette croix que forment les axes Verseau-Lion et Taureau-Scorpion. Vous
direz : « Mais alors, l’aigle a été remplacé par le scorpion ! Cela n’a pas de
sens… » Si, ce remplacement de l’aigle par le scorpion a un sens, mais il
faut le comprendre comme l’expression d’un processus psychique. L’aigle
vole très haut dans le ciel et regarde le soleil en face, tandis que le scorpion
se traîne sur le sol. Le scorpion doit donc être interprété comme un aigle qui
est tombé.
Alors voilà votre travail : faire en sorte qu’en nous le scorpion cède un jour
la place à l’aigle.16
Références bibliques
1. « Au milieu du trône et autour du trône » – Apocalypse 4 : 6-8
436
« Puis je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône un livre
écrit en dedans et en dehors, scellé de sept sceaux. Et je vis un ange
puissant qui criait d’une voix forte : Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en
rompre les sceaux ?… Et je pleurai beaucoup de ce que personne ne fût
trouvé digne d’ouvrir le livre ni de le regarder. Et l’un des Vieillards me dit
: Ne pleure pas, voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a
vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux.
Sur sa tête l’Agneau porte sept cornes qui sont les sept rayons. Du point de
vue symbolique les cornes représentent la lumière qui jaillit de la tête d’un
être spirituel. C’est pourquoi Moïse et de même d’autres grands Initiés ont
été parfois représentés avec des cornes. 19
Références bibliques
438
1. « Puis je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône » –
Apocalypse 5 : 1-7
« Après cela, je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre ; ils
retenaient les quatre vents de la terre afin qu’il ne soufflât point de vent sur
la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre. Et je vis un autre ange qui
montait du côté du soleil levant et qui tenait le sceau du Dieu vivant ; il cria
d’une voix forte aux quatre anges, à qui il avait été donné de malmener la
terre et la mer, et il dit : Ne malmenez pas la terre, ni la mer, ni les arbres,
jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre
Dieu. Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau :
cent quarante-quatre mille de toutes les tribus des fils d’Israël : de la tribu
de Juda, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Ruben, douze
mille… »1 Et de même douze mille pour les tribus des douze autres fils de
Jacob : Gad, Aser, Nephtali, Manassé, Siméon, Lévi, Issacar, Zabulon,
Joseph, Benjamin.
Combien de chrétiens ont cru et croient peut-être encore que le feu du ciel
tombera un jour sur la terre, n’épargnant que cent quarante-quatre mille élus
! La terre est peuplée de plusieurs milliards d’êtres humains, et cent
quarante-quatre mille à peine échapperont à ce châtiment terrible ?… Alors,
quelle angoisse pour tous : chacun a si peu de chances d’être épargné ! Mais
pourquoi ce nombre de cent quarante-quatre mille ?
« Après cela, je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre ».
Les quatre « coins » de la terre où se tiennent les quatre anges sont les
quatre points cardinaux de l’espace entre lesquels s’inscrit le cercle du
zodiaque. Et le zodiaque est représenté ici par les douze tribus des fils
d’Israël, c’est-à-dire des fils de Jacob, Israël étant l’autre nom de Jacob.
Vous vous souvenez des explications que je vous ai données à propos des
paroles qu’il prononce avant de mourir lorsqu’il bénit ses fils : d’après leur
caractère, leurs activités, les événements de leur vie, ces paroles les mettent
439
Avant que Jacob prenne Rachel pour femme, Dieu lui avait promis : « Ta
postérité sera comme la poussière de la terre ; tu t’étendras à l’occident et
à l’orient, au septentrion et au midi (les quatre points cardinaux) …
Cette postérité de Jacob, ce sont donc les douze tribus d’Israël. Mais il ne
faut jamais oublier que ce texte est symbolique. Ces douze tribus
représentent le peuple de Dieu, et si elles sont en relation avec les douze
constellations zodiacales, c’est parce que le cercle du zodiaque est une
image de la totalité.
Dans chaque tribu, douze mille élus sont marqués d’un sceau sur le front, ce
qui, multiplié par douze, qui est le nombre des tribus, donne cent quarante-
quatre mille. Ce nombre douze, qui est donc celui de la totalité, de
l’accomplissement, est aussi très présent dans la description de la Jérusalem
céleste à la fin de l’ Apocalypse.214 La Jérusalem céleste a douze
fondations, douze portes gardées par douze anges, ses murs ont douze mille
stades de côté, ses remparts cent quarante-quatre coudées… Il existe un lien
étroit entre les cent quarante-quatre mille élus et la nouvelle Jérusalem, la
Cité céleste « qui descend du ciel ». C’est le même symbole de la vie
parfaite, représentée dans le premier cas sous l’aspect d’une assemblée de
serviteurs de Dieu et, dans le second, sous la forme d’une ville.
Et maintenant, quel est ce sceau dont des anges marquent le front des élus
pour qu’ils soient à l’abri des quatre vents qui vont se déchaîner sur la terre
Et c’est vrai, mais ce n’est pas une marque physique qu’un ange vient poser
de l’extérieur. Ce sceau est l’expression de leur vie intérieure, de leur vie
spirituelle. Les actes, les sentiments, les pensées, les états de conscience des
humains s’enregistrent automatiquement en eux et y laissent des traces.
Tout leur être est imprégné, modelé, façonné par les manifestations de leur
vie psychique. S’ils agissent avec bonté, justice, patience, amour, ces vertus
s’inscrivent en eux ; et non seulement elles s’inscrivent en eux, mais elles
créent autour d’eux une sorte de champ magnétique qui attire de l’espace
des influences bénéfiques. Parce que chez certains êtres ce magnétisme est
très puissant, on a pu dire qu’ils étaient marqués d’un signe spécial, un
signe d’élection, qui les protège des forces obscures.
Quant à vous, il est inutile de vous demander si vous ferez partie des cent
quarante-quatre mille élus qui seront marqués du sceau de l’ange.
Références bibliques
1. « Après cela, je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre » –
Apocalypse 7
: 1-5
et la grande prostituée
441
442
Mais pourquoi est-ce au désert que Dieu a préparé à la mère une place où
elle sera nourrie ? Le désert apparaît d’abord comme un lieu vide, sans vie,
et donc sans intérêt, ou même dangereux parfois, qu’on se dépêche de
traverser. En réalité, loin du bruit, de l’agitation et du désordre des humains,
les déserts, comme les sommets des montagnes, sont des lieux vivants,
habités. Les esprits de la nature, mais aussi certains êtres très évolués qui
ont maintenant quitté la terre viennent s’y réfugier afin de ne pas être
dérangés dans leurs travaux, et on peut percevoir leur présence. Dans le
silence de ces immenses étendues entre la terre et le ciel, l’âme a la
sensation de retourner vers la Source originelle, de s’y abreuver, de s’y
nourrir. Voilà pourquoi c’est au désert que la femme qui a échappé au
serpent trouve un lieu préparé par Dieu où elle sera nourrie. Il faut avoir
longtemps appris le détachement, le renoncement aux distractions, aux
plaisirs faciles, symbolisés ici par le serpent, pour trouver au désert une
nourriture spirituelle. Seuls les saints, les Initiés, qui ont dominé le serpent
en eux en sont capables, et dans ce silence vivant, vibrant, leur pensée se
libère pour entreprendre un véritable travail de création.
Références bibliques
Puisqu’il a été chassé du ciel, le monde de la pensée, il sait que son temps
est maintenant compté : il va bientôt perdre son pouvoir sur la mer, le
monde du sentiment, et sur la terre, celui des actes.
Références bibliques
445
« Quand le dragon vit qu’il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la
femme qui avait enfanté l’enfant mâle. Et les deux ailes du grand aigle
furent données à la femme, afin qu’elle s’envolât au désert, loin du
serpent… Et de sa bouche, le serpent lança de l’eau, comme un fleuve
derrière la femme, afin de l’entraîner par le fleuve. Et la terre secourut la
femme, et la terre ouvrit sa bouche et engloutit le fleuve que le dragon avait
lancé de sa bouche… »1
Souvenez-vous aussi que dans le chapitre sur les quatre Animaux saints,
nous avons vu que, dans le zodiaque, le Scorpion est remplacé par l’Aigle
qui est tombé. 25 Ce qu’on peut interpréter comme un changement
d’orientation de la force sexuelle qui n’a pas conservé la direction
ascendante. Le serpent, comme le scorpion, se traîne sur le sol et recherche
l’humidité, c’est le même symbolisme. Ici, la femme qui échappe au serpent
et s’envole grâce aux ailes de l’aigle représente la force sexuelle sublimée.
Cette eau est absorbée par la terre qui vient donc aussi au secours de la
femme. Dans le plan physique les quatre éléments ont la propriété de se
renforcer mutuellement ou de se neutraliser. L’air attise le feu ou l’éteint.
L’eau aussi éteint le feu, mais le feu peut la transformer en vapeur. Quant à
la terre, elle absorbe l’eau. On retrouve l’équivalent de ces phénomènes
dans le plan psychique. Je vous ai indiqué des exercices à faire avec la terre,
parce que dans le plan psychique aussi la terre absorbe les mauvais 446
fluides. Lorsque vous vous sentez troublé, traversé par des courants
négatifs, vous pouvez faire un petit trou dans la terre, y placer un doigt et
demander aux entités qui travaillent là dans ses entrailles, de les absorber.26
Référence biblique
1. « Quand le dragon vit qu’il avait été précipité sur la terre » – Apocalypse
12 : 13-17
10
« Puis je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, et
sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème. La
bête que je vis était semblable à un léopard ; ses pieds étaient comme ceux
d’un ours, et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa
puissance et son trône et une grande autorité. Et je vis l’une de ses têtes
comme blessée à mort ; mais sa blessure mortelle fut guérie. Et toute la
terre était dans l’admiration derrière la bête. Et ils adorèrent le dragon,
parce qu’il avait donné l’autorité à la bête… 1
« Puis je vis monter de la terre une autre bête… Elle exerçait toute
l’autorité de la première bête en sa présence, et elle faisait que la terre et
ses habitants adoraient la première bête dont la blessure mortelle avait 447
été guérie […] Et elle séduisait les habitants de la terre par des prodiges
qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête. Que celui qui a de
l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme,
et son nombre est six cent soixante-six. »2
En réalité, 666 est le nombre 6 répété dans les trois plans physique, astral et
mental. Pour comprendre le 6, il faut l’étudier par rapport au 5. Le 5 est le
nombre de l’homme qui, lorsqu’il écarte ses bras et ses jambes, s’inscrit
dans l’étoile à cinq branches, le pentagramme. Le 5 représente l’homme qui
s’est débarrassé du côté animal, symbolisé par la queue. Le 6
doit donc être interprété ici comme le nombre de l’animal, et 666 comme
les trois plans dans lesquels se manifeste la nature inférieure, animale, de
l’homme. C’est pourquoi nous devons vivifier le nombre 5 en nous, en 448
Si la nature animale est si puissante en l’être humain, c‘est que pendant des
millénaires, il a dû, pour survivre, affronter des conditions particulièrement
difficiles. Regardez toute la peine que se donnent les animaux pour trouver
de la nourriture, se procurer un abri et le conserver, élever leurs petits, se
protéger des attaques d’autres animaux… Après avoir vécu dans de
pareilles conditions, comment la nature instinctive de l’homme pourrait-elle
être bonne et généreuse ? C’est donc là maintenant le problème que nous
avons à résoudre : maîtriser cette force formidable que nous avons tous en
nous et qui est justement ce que l’Apocalypse appelle la Bête. Cette Bête, il
est inutile d’aller la chercher chez les autres, dans l’histoire ou ailleurs.
C’est en chacun de nous qu’elle se trouve. Elle existe extérieurement,
collectivement, c’est entendu. Mais elle existe aussi en nous.
Références bibliques
1. « Puis je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes »
–
Apocalypse 13 : 1-7
449
11
Et plus loin il est écrit : « Puis un des sept anges m’adressa la parole en
disant : Viens, je te montrerai l’épouse, la femme de l’Agneau… Et il me
montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d’auprès de Dieu.
»2
Une grande fête se prépare maintenant dans le ciel : les noces de l’Agneau.
Et l’épouse de l’Agneau est… une ville : Jérusalem. Comment ne pas être
surpris par cette image de l’union d’un agneau et d’une ville ? Pour
comprendre ces noces symboliques, il faut d’abord partir de l’idée que le
vrai mariage est l’union des deux grands principes cosmiques, l’éternel
masculin et l’éternel féminin, l’esprit et la matière.
Mais, en réalité, pour nous ce festin peut avoir lieu tous les jours, car c’est
tous les jours que se célèbrent les noces de l’esprit et de la matière, du Ciel
et de la terre : c’est tous les jours que nous, les humains, nous pouvons nous
unir à l’esprit divin en nous revêtant de la robe lumineuse de l’aura, tissée
de nos pensées, de nos sentiments et de nos actes les plus purs. Ceux qui se
sont préparés seront bien accueillis. Quant aux autres, ils subiront le 450
même sort que l’homme dont parle Jésus dans la deuxième parabole du
festin des noces : il s’est présenté sans sa robe de cérémonie et il a été
chassé de la salle. 314 Cette robe est le symbole de l’état intérieur dans
lequel il faut se trouver pour pouvoir participer au festin des noces de
l’Agneau. C’est déjà beaucoup d’être appelé. On ne vous fera peut-être pas
asseoir en haut de la table, près du maître de maison, mais qu’importe ?
Même à l’autre bout de la table, cela vaut la peine d’avoir une petite place
pour participer à ce festin.
Références bibliques
3. La parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles – Matthieu
25 : 1-13
12
« Puis je vis descendre du ciel un ange qui avait la clé de l’abîme et une
grande chaîne dans sa main. Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le
Diable et Satan, et il le lia pour mille ans. Il le jeta dans l’abîme, ferma et
scella l’entrée au-dessus de lui, afin qu’il ne séduisît plus les nations,
jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis. Après cela, il faut qu’il soit
délié pour un peu de temps. »1
blanche » et « la loge noire ». Mais ces deux loges sont dominées par une
troisième, dont même les Initiés savent peu de chose, car c’est une réalité
qui dépasse l’entendement humain. Cette troisième loge est le domaine
exclusif de Dieu, qui est au-dessus du bien et du mal, et qui utilise l’un et
l’autre. Les humains ne doivent pas chercher à combattre la loge noire, ils
ne sont pas armés pour cette lutte. La seule chose qu’ils ont à faire est de se
lier à la loge blanche, aux puissances du bien, à suivre leurs instructions :
elles leur donneront les éléments qui neutraliseront les poisons sécrétés par
la loge noire. C’est ainsi qu’ils arriveront à faire triompher le bien en
conservant leurs forces et leur paix.
Le dragon sera donc ligoté et jeté dans l’abîme pour mille ans. Ensuite, il
est dit qu’on le laissera sortir pour un peu de temps. Est-ce qu’il
recommencera à faire du mal ? Non, parce que pendant ces mille ans on ne
va pas le laisser livré à lui-même : des éducateurs, des pédagogues lui
feront faire un bon apprentissage. En bas, sous terre, il existe aussi des
sortes d’ateliers avec des pédicures, des manucures, des dentistes – disons
les choses ainsi ! – qui lui limeront les griffes et les dents et lui enlèveront
son venin afin de le rendre inoffensif. Sinon, à quoi cela sert-il d’enfermer
un dragon pendant mille ans si, en sortant, il doit continuer à faire les
mêmes dégâts, les mêmes ravages ? Un dragon ne se transforme que s’il est
corrigé, éduqué. Exterminer des créatures est contraire à la sagesse divine,
même si elles sont malfaisantes. Mais les laisser inactives aussi. Pour
l’Intelligence cosmique il ne doit y avoir ni mort ni inactivité : partout elle
veut voir la vie et l’activité se manifester. C’est pourquoi il est prévu que les
créatures infernales qui forment cet égrégore32 appelé le Dragon ou le
Diable pourront aussi être éduquées et retourner un jour vers Dieu. Vous ne
me croyez pas ?… Eh bien, si, le Seigneur les attend, sa patience est infinie,
Il n’est pas pressé. Il existe encore des entités malfaisantes qui tourmentent
les humains, mais il est écrit qu’une époque viendra où elles ne les 452
tourmenteront plus.
Comment je sais cela ? Parce que je l’ai lu, tout simplement. Où je l’ai lu
?… Pas dans les livres des humains en tout cas, mais dans le Livre de la
nature vivante. C’est dans ce livre que j’ai découvert que l’amour de Dieu,
la vie de Dieu descend jusque dans les profondeurs de la terre et des
abîmes. Même là, il reste encore quelques particules de vie qui permettent
aux habitants de ces régions de subsister. Et puisque la vie de Dieu descend
jusque dans les abîmes, c’est que les créatures des profondeurs peuvent
toujours en bénéficier pour se racheter. 33
Donc, le dragon, on ne le tue pas, mais on ne le laisse pas non plus livré à
lui-même : on l’éduque. Ou bien alors on le mange !… Eh oui, c’est là une
autre façon de présenter les choses pour dire comment on peut résoudre le
problème du mal. Dans l’Ancien Testament le livre de Job mentionne un
monstre marin appelé le Léviathan : son aspect est si effrayant que celui qui
l’aperçoit est immédiatement terrassé. 2 Ce monstre marin personnifie les
forces obscures. En effet, à cause de son caractère inorganisé et chaotique,
avec ses abîmes sans fond habités par des créatures qu’on ne connaît même
pas, la mer est considérée, symboliquement, comme le lieu où naissent et se
développent les puissances des ténèbres.34 Eh bien, ce Léviathan, il est dit
dans le Talmud qu’aux derniers jours il sera capturé, dépecé, salé et mis en
conserve pour le régal des justes ! Là encore il s’agit d’un repas. Alors,
vous imaginez maintenant le festin qui attend les justes : la chair du
Léviathan, quelles délices et quelles réjouissances en perspective ! Si on
doit comprendre cela littéralement, évidemment il risque de ne pas y avoir
beaucoup d’amateurs pour ce festin. Mais voici l’interprétation : puisque le
Léviathan, qui est un monstre, doit faire le régal des justes, cela signifie que
si on sait comment considérer le mal et agir avec lui, il devient une
nourriture, c’est-à-dire une source d’énergies, de richesses et de
bénédictions.
Dans la nature tous les êtres servent de nourriture à d’autres, c’est une loi,
et cette loi se vérifie dans le plan psychique comme dans le plan physique.
Qu’est-ce que la lutte du bien et du mal ? L’affrontement de deux entités
affamées. On le voit : les deux ne font que se dévorer mutuellement.
Si on fait prévaloir le bien, il sait comment s’y prendre pour avaler le mal,
mais si on laisse faire le mal un seul instant, aussitôt il engloutit le bien. 35
cinquante fois par jour, elle essaie de nous attraper pour se repaître de nous,
et ceux qui n’ont pas été vigilants lui abandonnent quelques morceaux.
Ensuite, bien sûr, ils se sentent affaiblis, tandis qu’elle, toujours affamée,
part à la recherche de nouvelles proies. C’est pourquoi nous devons donner
la première place à notre nature supérieure et faire en sorte qu’elle ait au
moins, chaque jour, un petit morceau de notre nature inférieure à se mettre
sous la dent. Une fois qu’elle l’a bien mâché et absorbé, elle le transforme
en sa propre substance. La psychologie de l’avenir sera fondée sur la
compréhension de ce processus : l’absorption et la digestion, l’assimilation
de la nature inférieure par la nature supérieure.
Références bibliques
2. Le Léviathan – Job 40 : 20
13
« Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la
première terre avaient disparu… »1
En réalité, par le mot « ciel », il faut comprendre une chose, et par le mot
la terre forment une unité, dans l’être humain ils sont également liés. Un
La tête est dans le ciel, les pieds sont sur la terre, et les pieds marchent
d’après ce que suggère la tête, ils courent toujours là où la tête a quelques
projets. C’est donc le comportement, la conduite, la façon d’agir des
humains qui changeront à cause du changement de la tête, c’est-à-dire à
cause d’une nouvelle philosophie. En réalité, ce ciel ne sera pas vraiment
nouveau, il est là de toute éternité. C’est pour les humains qu’il sera
nouveau. Car même s’il est là devant leurs yeux, ils ne le voient pas ; mais
le jour où ils le découvriront, il sera évidemment « nouveau » et il
deviendra pour eux une source d’inspiration.
désintéressés, à chaque pas que vous faites pour vous rapprocher de votre
haut idéal, vous entrez déjà dans ce ciel nouveau, et ce ciel nouveau
entraîne obligatoirement une terre nouvelle : des comportements nouveaux.
Car celui qui embrasse une philosophie divine est naturellement amené à
changer ses habitudes, ses façons d’agir. Toutes les méthodes que donne
notre enseignement concernant la nutrition, la respiration, le travail et tous
les actes de la vie quotidienne, la naissance et l’éducation des enfants, les
relations avec les êtres humains et tout l’univers, c’est déjà cela la nouvelle
terre sur laquelle vous pouvez marcher. C’est elle aussi que le Psaume
appelle « la terre des Vivants ».3
La fin du monde, c’est seulement la fin d’un monde : une époque est
révolue. Ainsi, les humains sont sans cesse en train de vivre les derniers
jours d’un ancien monde et les premiers jours d’un monde nouveau.
Actuellement, nous vivons les derniers « jours » d’un monde, parce qu’une
nouvelle époque vient. Il faut donc toujours se préparer pour entrer avec sa
tête dans un nouveau ciel et marcher avec ses pieds sur une nouvelle terre.
Ce nouveau ciel et cette nouvelle terre sont seulement des images pour dire
que la vie ne cesse de se renouveler, qu’elle est toujours en mouvement et
que nous devons suivre ce mouvement, nous harmoniser avec lui, sinon
nous risquons d’être broyés par la marche des événements.
Bien sûr, certains diront qu’au spectacle du monde actuel, on sent que le
pire pourrait arriver : une guerre atomique, des épidémies, des famines, des
catastrophes naturelles, etc., capables d’entraîner la disparition de
l’humanité. C’est pourquoi des voix se font entendre pour annoncer que les
fléaux décrits dans l’ Apocalypse vont s’abattre sur la terre. Mais les
événements ne sont jamais absolument déterminés : suivant le
comportement des humains, ils peuvent prendre une tout autre orientation.
Il n’y a pas de détermination, il n’y a pas de destin irrévocable, ni pour une
personne, ni pour le monde entier. En créant les humains Dieu leur a donné
une volonté libre, ils disposent de leur avenir. S’ils vivent dans
l’inconscience, le désordre, ils déclenchent des courants chaotiques, et alors
évidemment les 456
lois de la nature37, qui sont les lois de la justice, les entraînent à leur perte,
c’est mathématique. Mais s’ils réfléchissent aux conséquences de leurs
actes, s’ils prennent de sages décisions, s’ils projettent autour d’eux des
forces harmonieuses, s’ils cessent de troubler l’équilibre de la nature,
beaucoup de malheurs peuvent être évités.
Références bibliques
14
« Celui qui me parlait avait pour mesure un roseau d’or… La ville avait la
forme d’un carré… La muraille était construite en jaspe, et la ville était
d’or pur, semblable à du verre pur. Les fondements de la muraille de la ville
étaient ornés de pierres précieuses de toute espèce : le premier fondement
était de jaspe, le second de saphir, le troisième de calcédoine, le quatrième
d’émeraude, le cinquième de sardonyx, le sixième de sardoine, le septième
de chrysolithe, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième de
chrysoprase, le onzième d’hyacinthe, le douzième d’améthyste. Les douze
portes étaient douze perles ; chaque porte était d’une seule perle. La place
de la ville était d’or pur, comme du verre transparent.
l’Agneau est son flambeau… Ses portes ne se fermeront point le jour, car là
il n’y aura point de nuit… Il n’entrera que ceux qui sont écrits dans le livre
de l’Agneau.
Référence biblique
I. La pierre cubique
Cette ville sainte, la Jérusalem nouvelle dont saint Jean fait la description, a
la forme d’un cube : « Sa longueur, sa largeur et sa hauteur étaient égales.
» Dans le symbolisme du cube, comme dans celui du carré, on retrouve le 4
qui est le nombre de la matière : les quatre éléments (terre, eau, air et feu) et
les quatre directions de l’espace (nord, sud, est, ouest), etc. La forme
cubique de la nouvelle Jérusalem, qui est l’épouse de l’Agneau, souligne
qu’elle est bien un symbole de la matière à laquelle s’unit l’Agneau, c’est-à-
dire le Christ, l’Esprit cosmique, qui l’imprègne de sa lumière pour lui
donner l’éclat d’une pierre précieuse, la transparence du cristal.
Mais le symbolisme du cube va beaucoup plus loin, puisque cette figure une
fois développée devient une croix. La croix, les kabbalistes la présentent
aussi en trois dimensions. Elle est alors constituée de vingt-deux faces, sur
lesquelles ils inscrivent les vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque, les
vingt-deux principes de la création.
Les alchimistes voient dans la croix le creuset où ils effectuent toutes 458
La nouvelle Jérusalem n’est donc pas une ville qu’on doit s’attendre à voir
descendre du ciel, aucune ville n’est jamais descendue du ciel ; elle est le
symbole de l’homme qui a transformé sa propre matière par la puissance de
l’esprit. Les assises de pierres précieuses, les portes de perle, tous les
éléments de son architecture décrits par saint Jean, sont aussi en lui.
vertus sont les véritables assises de notre être intérieur. Les pierres
précieuses représentent cet idéal vers lequel nous devons tendre en nous
efforçant de transmuter la matière brute de nos instincts.
Mais quels sont les humains qui ont compris l’enseignement des pierres
précieuses ? Ils désirent les posséder, c’est tout. Et depuis des millénaires,
de pauvres malheureux sont envoyés dans les mines où leurs conditions de
travail sont extrêmement pénibles. Avec ce qu’ils ramènent, on fait des
profits, des trafics à travers le monde entier, on commet des vols, des
meurtres même… Et tout cela pour donner à quelques gens riches et
puissants l’occasion de plastronner avec des couronnes, des colliers, des
bracelets, des bagues, etc., sur lesquels brillent toutes sortes de pierreries.
Dans les murailles de la ville s’ouvrent douze portes : trois au nord, trois au
sud, trois à l’est, trois à l’ouest, et il est dit que chaque porte est une perle.
Ces douze portes, situées aux quatre points cardinaux, sont encore une
représentation des douze constellations zodiacales. C’est par ces douze
portes du zodiaque que les courants de forces et les entités invisibles qui
travaillent dans l’univers se fraient le chemin et exercent leur influence
bénéfique sur tous les habitants du système solaire. Sur ces portes sont
inscrits les noms des douze tribus des enfants d’Israël. Pourquoi ? Parce 460
Ces douze portes n’existent pas seulement dans l’univers, elles existent
également en nous. Notre corps physique a aussi douze portes : les deux
yeux, les deux oreilles, les deux narines, la bouche, les deux seins, le
nombril, et deux autres encore plus bas. Donc, douze portes. Et de même
que les portes du zodiaque sont un lieu de passage pour les influences
cosmiques, les portes de notre corps physique permettent le passage de
substances, de forces et aussi d’entités ; car nous avons été construits dans
les ateliers du Créateur de manière à pouvoir faire des échanges avec tout le
cosmos.40
Il est précisé que les portes de la nouvelle Jérusalem sont des perles. La
perle, qui capte et fixe la lumière sur sa surface lisse et nacrée, est un
symbole de pureté. Par toutes les portes de son corps, celui qui a réalisé en
lui-même un véritable travail de purification entre en relation avec les
régions de la limpidité, de la clarté. C’est pourquoi il est dit qu’un ange se
tient à chaque porte. L’ange est une pure énergie et cette énergie non
seulement attire les influences bénéfiques, mais elle transforme les courants
négatifs qui tentent de s’introduire en l’homme. Des anges veillent aux
portes de tous ceux qui ont travaillé à faire de leur être le tabernacle du
Dieu vivant.
Et c’est pourquoi aussi il est dit : « Je ne vis point de temple dans la ville,
car le Seigneur Dieu Tout-Puissant est son temple ainsi que l’Agneau. La
ville n’a besoin ni de la lune, ni du soleil pour l’éclairer, car la gloire de
Dieu l’éclaire et l’Agneau est son flambeau. » Un corps purifié est lui-
même un temple, et dans la Jérusalem nouvelle aucun autre temple n’est
donc nécessaire, pas plus que la lune et le soleil. Je vous l’ai déjà expliqué :
le soleil est un symbole de l’intellect, la lune un symbole du coeur, et quand
l’homme sera habité par la lumière divine et par l’amour divin, il n’aura
plus besoin ni du soleil, ni de la lune, c’est-à-dire qu’il ne sera plus utile de
lui enseigner la philosophie et la religion : elles seront inscrites en lui.41
« Ses portes ne se fermeront point le jour, car là il n’y aura point de nuit…
Il n’entrera que ceux qui sont inscrits dans le livre de l’Agneau. »
ce sont ces êtres-là qui sont inscrits dans le livre de l’Agneau.42 Avoir son
nom dans les registres de telle Église, de telle confrérie spirituelle ne suffit
pas pour être inscrit dans le livre de l’Agneau. Les églises et les temples de
la terre sont seulement des salles d’attente. Des années et des années
d’efforts et de travail sont nécessaires pour être accepté dans le Saint des
Saints. Mais celui qui est accepté sent tout de suite qu’il est soutenu,
conseillé, guidé. S’il a à subir des épreuves, à affronter des difficultés, il lui
est donné des forces pour les supporter ou les traverser plus rapidement.
Dès qu’il a franchi les portes de la Jérusalem céleste, il est à l’abri derrière
ses murailles. Voilà les véritables Écritures, les Écritures vivantes.
Référence biblique
Enfin, cette ville d’or pur aux murailles de jaspe, aux portes de perle et aux
assises de pierres précieuses est traversée en son centre par « le fleuve d’eau
de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de
l’Agneau. » La vie tout entière est circulation, transvasement d’énergies, et
ce fleuve de vie qui jaillit de la Source descend pour alimenter toutes les
régions de l’univers. L’Arbre séphirotique est une représentation de ce
fleuve d’eau de la vie. De Kéther à Malhouth, les séphiroth sont les vases
sacrés que remplit la source inépuisable de la vie divine.
C’est là un arbre étrange enraciné dans les deux rives d’un fleuve et qui
donne des fruits tous les mois. Une telle image n’est compréhensible que si
on considère la ville comme une représentation du corps humain. Cette
place au centre de la ville que traverse un fleuve avec un arbre enraciné sur
ses deux bords, c’est le plexus solaire.
462
l’arbre de vie. Et il est dit que même les feuilles de cet arbre servent à la
guérison des nations. Donc, non seulement les fruits, mais même les
feuilles, et certainement aussi les fleurs et les racines… Dans l’arbre de vie,
rien n’est inutile, tous les éléments ont des propriétés bénéfiques, curatives.
Dans cette cité céleste qu’est l’homme nouveau inspiré par le nouvel
enseignement, ces deux images du fleuve et de l’arbre représentent l’amour
et la sagesse. Le fleuve, c’est l’amour, et l’arbre sur les deux bords du
fleuve c’est la sagesse, car la sagesse possède deux rives, et l’amour, qui est
1, passe sous le 2.44 La sagesse est à l’extérieur, elle enveloppe et délimite
les choses, c’est le contenant, tandis que l’amour est à l’intérieur, c’est le
contenu ; voilà pourquoi l’arbre est enraciné sur les deux bords du fleuve.
En tant qu’amour et sagesse, l’arbre et le fleuve sont dans la ville : l’homme
lui-même. La nouvelle Jérusalem ne peut pas exister sans le fleuve amour et
l’arbre sagesse. Lorsque l’amour et la sagesse régneront, ce sera le
Royaume de Dieu, et il n’y aura plus de nuit car la lumière habitera dans
chaque être.
Ainsi, la nouvelle Jérusalem est le modèle d’un être parfait, donc d’une vie
parfaite. Depuis des années, je ne cesse de vous parler d’elle, mais sans
toujours la nommer, de crainte que vous ne pensiez pas : « Ah ! entendre
encore mentionner la religion juive et la religion chrétienne, on en a assez !
Mais comment ne pas voir que, par la richesse et la beauté de ses symboles,
cette ville décrite par saint Jean exprime magnifiquement l’idéal de vie
sublime vers lequel nous devons tendre ? Par ses proportions, ses mesures
et les éléments qui la composent, elle est un reflet de l’ordre cosmique.
C’est cet ordre qui doit descendre sur la terre, et c’est à nous de le faire
descendre, car il ne viendra pas tout seul. Le Royaume de Dieu peut venir,
mais il ne faut pas attendre que ce soit sous la forme d’une ville qui
descendra un beau jour du ciel. Si saint Jean la voit « descendre », c’est
parce que symboliquement la lumière, c’est-à-dire l’intelligence, la sagesse
qui permet d’organiser et d’harmoniser les choses, vient toujours d’en haut,
du ciel, pour se réaliser en bas, sur la terre.
qu’on ne possède pas les clés qui ouvrent le livre de vie de l’Agneau. La
nouvelle Jérusalem est avant tout le symbole des transformations que les
humains ont à réaliser en eux-mêmes afin de devenir, comme le dit aussi
saint Paul, « le temple du Dieu vivant ». 451 Quand chacun aura fait ce
travail, la nouvelle Jérusalem descendra dans le corps collectif de
l’humanité. Depuis longtemps déjà elle a commencé à descendre, mais il lui
faut beaucoup de temps pour prendre vraiment chair et os. Combien
d’esprits lumineux sont occupés à travailler sur les humains pour remplacer
en eux les particules obscures qui ne vibrent pas en harmonie avec le Ciel,
par d’autres particules plus pures, plus lumineuses ! C’est ainsi que des
milliers de petites Jérusalem nouvelles se préparent à former ensemble cette
nouvelle Jérusalem où tous vivront dans la fraternité et la paix. Même si
elle ne s’est pas encore réalisée dans le monde comme société idéale,
chacun de vous peut déjà en goûter les bénédictions en travaillant à devenir
cette nouvelle Jérusalem.
Depuis des siècles, les chrétiens ont tellement rêvé de cette nouvelle
Jérusalem qui allait descendre du Ciel et dont ils attendaient la venue ! Ils
ne savaient pas qu’en réalité cette ville est déjà en construction en chacun
d’eux… Pour le moment ils en sont encore, symboliquement, à la vieille
Jérusalem en proie aux désordres et aux discordes. Ils n’ont pas pris
conscience qu’ils peuvent devenir cette cité d’or pur dont les assises de
pierres précieuses sont les vertus, et dont les portes de perle permettent des
échanges subtils, vivifiants, avec les entités lumineuses de l’univers.
La nouvelle Jérusalem, c’est l’homme parfait, c’est une vie sociale parfaite,
et c’est ce royaume de paix et de justice sur lequel règne Melkhitsédek, roi
de Salem. 473 Ce royaume existe, et il a toujours existé.
maintient à travers les âges, car c’est de ce centre initiatique que les grands
Maîtres de toutes les religions sont venus pour apporter la lumière à
l’humanité. Quand vous aurez appris à vivre avec l’image de la nouvelle
Jérusalem, cette image travaillera en vous et chaque jour vous vous sentirez
nourri, fortifié, éclairé.
Références bibliques
».
13 Voir Part. II, chap. 56: « Si ton oeil est pur, tout ton corps est dans la
lumière. »
15 Op. cit. tome 1, chap. VIII-4 « Sur le point de mourir Jacob bénit ses fils
».
18 Voir Part. II, chap. 48 : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ».
30 Voir Part. II, chap. 45 : « La parabole des cinq vierges sages et des cinq
vierges folles
».
».
en esprit et en vérité ».
467
Tableaux récapitulatifs
Les hindous, par exemple, divisent l’homme en 6 (les six corps) et les
théosophes ont aussi adopté cette division. Les astrologues le divisent en
12, en correspondance avec les douze signes du zodiaque ; et les alchimistes
en 4, d’après les quatre éléments. Les kabbalistes ont choisi le 4
et le 10 en relation avec les quatre mondes : Olam Atsilouth (monde des
émanations), Olam Briah (monde de la création), Olam Iétsirah (monde de
la formation) et Olam Assiah (monde de l’action), et les dix séphiroth :
Kéther, Hohmah, Binah, Hessed, Guébourah, Tiphéreth, Netzah, Hod,
Iésod, Malhouth. La religion des anciens Perses, le mazdéisme, puis le
manichéisme se sont arrêtés sur le 2, d’après les deux principes du bien et
du mal, de la lumière et des ténèbres, Ormuzd et Ahriman. Pour les 468
chrétiens, c’est le 3 : l’homme est constitué d’un corps, d’une âme et d’un
esprit. Et si certains ésotéristes ont choisi la division en 9, c’est qu’ils
répètent le 3 dans les trois mondes physique, psychique et spirituel, ou
encore physique, spirituel et divin.
leurs relations
Les trois grands cercles concentriques indiquent les relations qui existent
entre les corps inférieurs et les corps supérieurs. Le corps physique qui
s’exprime par des actes, mais dont les possibilités sont limitées, est lié au
corps atmique, l’esprit, qui manifeste la toute-puissance divine.
Le corps astral qui s’exprime par des sentiments et des désirs égoïstes,
personnels, est lié au corps bouddhique, l’âme, qui manifeste l’amour divin.
Le corps mental qui s’exprime par des pensées étroites, des opinions
partiales, tendancieuses, est lié au corps causal, l’intellect supérieur, qui
manifeste la sagesse divine.
470
471
L’être humain est donc constitué de six corps, mais vous m’entendez
quelquefois en mentionner un septième, le corps éthérique qui est le double
du corps physique. C’est ce double qui, en pénétrant profondément en lui,
anime le corps physique. Il est rattaché à lui par ce que l’on appelle la corde
d’argent et lorsque ce lien est rompu, l’homme meurt, il n’est plus qu’un
cadavre. C’est aussi le double éthérique qui donne la sensibilité au corps
physique, comme cela se vérifie dans les séances spirites : la personne dont
on attire le double éthérique hors du corps physique devient insensible ;
même si on la pique ou la frappe, elle ne sent rien. Si des médecins
voulaient bien étudier ces faits, ils découvriraient que ce n’est pas le corps
physique qui possède la sensibilité, mais son double, le corps éthérique.
Cela leur ouvrirait de nombreuses perspectives, et ils auraient là aussi
l’explication de certains troubles physiques, mais aussi psychiques, dont
souffrent certains de leurs patients.
Comme le corps physique, tous nos corps psychiques ont aussi un double,
fait d’une matière encore plus subtile, et ces doubles doivent fonctionner
correctement pour que les différents corps puissent remplir leur tâche. Vous
comprendrez mieux comment se présente cette question si je vous montre
les analogies qui existent entre l’être humain et la planète qu’il habite, la
terre.
le feu (les rayons du soleil qui pénètrent l’air). Avec les quatre éléments,
nous retrouvons donc le principe du double, et nous pouvons voir
maintenant comment ils se répartissent sur le tableau des six corps (voir
schéma).
473
Le corps causal est placé sous l’influence des Gémeaux, où règne Mercure,
et de son opposé, le Sagittaire, où règne Jupiter.
Vous remarquerez que ce sont les mêmes planètes qui se trouvent dans les
parties inférieure et supérieure du tableau. L’explication est la suivante : les
planètes ayant chacune un aspect positif et un aspect négatif, pour les corps
physique, astral et mental elles se manifestent dans leur aspect 474
négatif, c’est-à-dire comme défauts ; et, pour les corps causal, bouddhique
et atmique, dans leur aspect positif, donc comme qualités et vertus. Et
puisqu’elles se répètent dans le plan inférieur et dans le plan supérieur, elles
établissent des relations entre les différents corps.
Concernant le Soleil et la Lune une précision doit être donnée. Pour le plan
physique, c’est la Lune qui est associée à Saturne, et pour le plan atmique,
c’est le Soleil. En effet, dans le plan physique comme dans le plan atmique
s’exprime la volonté réalisatrice de Saturne, mais alors que dans le plan
atmique se manifeste la volonté divine, le Soleil, dans le plan physique se
manifeste la volonté humaine, souvent mal inspirée, la Lune. C’est donc le
Soleil, symbole de la nature supérieure, qui est associé à Saturne dans le
plan atmique, et la Lune, symbole de la nature inférieure, qui lui est associé
dans le plan physique.
475
Et de même qu’il existe une relation entre les constellations opposées sur le
cercle du zodiaque, de même il existe une relation entre les organes qu’elles
régissent.
476
– Le Bélier qui régit la tête est lié à la Balance qui régit les reins.
– le Taureau qui régit la gorge est lié au Scorpion qui régit les organes
génitaux.
– les Gémeaux qui régissent la région des poumons et des bras sont liés au
Sagittaire qui régit les cuisses.
– Le Cancer qui régit l’estomac est lié au Capricorne qui régit les genoux.
– Le Lion qui régit le coeur est lié au Verseau qui régit les mollets.
– La Vierge qui régit le plexus solaire et les intestins est liée aux Poissons
qui régissent les pieds.
6
Organes et parties du corps physique
la tête : Kéther
477
le bras droit : Hessed
478
L’homme cosmique
Adam Kadmon
479
Table of Contents
Table of Contents
Avis au lecteur
Avant-propos
10
12
20
1 La vie de Jésus et son enseignement s’inscrivent dans le 21
23
unique »
33
42
51
I. La deuxième naissance
52
II. Le baptême
55
58
63
7 Les deux premiers commandements
65
65
69
76
78
82
86
90
94
94
II. L’enfant et le vieillard
96
100
104
480
107
l’homme »
115
118
118
120
III. « Quand tu pries, entre dans ta chambre… »1
122
125
127
131
I. Le riche et le chameau
131
133
23 La tempête apaisée
134
136
25 Suivre Jésus
140
140
II. « Laisse les morts enterrer leurs morts. »
141
144
145
147
152
154
157
29 Le sel de la terre
163
163
166
III. « Car tout homme sera salé de feu »
169
170
172
175
178
181
doit venir »
185
189
198
38 « Aimez vos ennemis »
200
202
207
208
211
42 « Par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras 217
condamné »
221
folles
234
240
242
246
249
254
54 « Les derniers seront les premiers, et les premiers seront les 260
derniers »
267
56 « Si ton œil est pur, tout ton corps est dans la lumière »
269
272
vrai Dieu »
288
482
288
cieux »
297
300
303
311
311
315
316
319
69 Le dernier repas
321
321
325
327
70 Au jardin de Gethsémani
335
338
338
340
341
342
343
346
73 Jésus crucifié
349
349
355
357
362
365
365
367
483
monde »
380
380
Partie IV Les Épîtres de Paul
386
386
391
396
de sang »
402
406
Partie V L’Apocalypse
416
417
421
423
426
431
433
437
serviteurs de Dieu
441
terre
450
451
454
457
I. La pierre cubique
458
459
460
484
460
464
Tableaux récapitulatifs
468
468
relations
quatre éléments
séphiroth
485
Document Outline
Table of Contents
La Bible , miroir de la création
Avis au lecteur
Avant-propos
Partie I « Au commencement était le Verbe »
Partie II Les Évangiles
1 La vie de Jésus et son enseignement s’inscrivent dans le
grand livre de la nature
2 Naissance de Jésus, naissance du Christ
3 « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a envoyé son fils
unique »
I. Dieu, notre Père à tous
II. Jésus, une manifestation du Christ
4 « Si un homme ne naît d’eau et d’esprit »
I. La deuxième naissance
II. Le baptême
5 Jésus tenté par le diable
6 Les noces de Cana
7 Les deux premiers commandements
I. « Tu aimeras le seigneur, ton Dieu, de tout ton
cœur… »
II. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »
8 « Demandez et on vous donnera »
9 Jésus chasse les démons
10 Les deux paraboles du festin
11 « On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles outres »
12 La parabole de l’économe infidèle
13 « Si vous ne devenez pas comme des enfants »
I. Le corps éthérique et le corps astral
II. L’enfant et le vieillard
III. Nous aurons toujours besoin de nos parents célestes
14 « Ne vous inquiétez pas du lendemain »
15 « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé »
16 La parabole des talents
17 « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille
l’homme »
18 « Heureux les pauvres en esprit »
19 Jésus nous apprend à prier
I. « Ce que vous liez sur la terre sera lié dans le ciel »
II. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom »
III. « Quand tu pries, entre dans ta chambre… »1
20 « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas »
21 « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite »
22 La porte du Royaume de Dieu
I. Le riche et le chameau
II. La porte étroite
23 La tempête apaisée
24 « Je suis venu pour qu’ils aient la vie »
25 Suivre Jésus
I. « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. »
II. « Laisse les morts enterrer leurs morts. »
III. Le jeune homme riche
IV. Être digne de Jésus
V. « si quelqu’un veut venir après moi… »
26 Bâtir sa maison sur le roc
27 « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement »
28 « Heureux ceux qui ont le cœur pur »
29 Le sel de la terre
I. « Vous êtes le sel de la terre »
II. « Si le sel perd sa saveur… »
III. « Car tout homme sera salé de feu »
IV. « Ayez du sel en vous-même »
30 « Amassez des trésors dans le Ciel »
31 Les paraboles des serviteurs
32 « Rendez à César ce qui est à César »
33 La guérison d’un aveugle-né
34 « Si le maître de la maison savait à quelle heure le voleur
doit venir »
35 « Ta foi t’a sauvé »
36 « Dieu n’est pas Dieu des morts mais des vivants »
37 Jésus sauve la femme adultère de la lapidation
38 « Aimez vos ennemis »
39 « Heureux ceux qui apportent la paix »
40 Les révélations de Jésus à la samaritaine
I. La source d’eau vive
II. Adorer Dieu « en esprit et en vérité »
41 « Le Royaume de Dieu est semblable à un grain de
sénevé »
42 « Par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu
seras condamné »
43 « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute… »
44 « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le
jeter aux petits chiens »
45 La parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges
folles
46 « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père »
47 « Cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice »
48 « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur »
49 Le figuier stérile et le figuier maudit
50 « Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur
maître revienne des noces »
51 « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite »
52 La parabole de l’ivraie et du bon grain
53 « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »
54 « Les derniers seront les premiers, et les premiers seront
les derniers »
55 Avant que le soleil se couche
56 « Si ton œil est pur, tout ton corps est dans la lumière »
57 La transfiguration de Jésus sur le mont thabor
58 La multiplication des cinq pains et des deux poissons
59 « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, Toi, le seul
vrai Dieu »
60 La parabole du fils prodigue
61 « Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans
les cieux »
62 « Moi et le Père, nous sommes un »
63 « Je suis le cep et vous êtes les sarments »
64 Le péché contre le saint-Esprit
65 « Mon Père travaille et moi aussi je travaille »
66 L’annonce des grandes tribulations
I. « Que celui qui sera sur le toit ne descende pas… »
II. « Le soleil s’obscurcira… »
67 « Marchez pendant que vous avez la lumière »
68 « Je suis le chemin, la vérité et la vie »
69 Le dernier repas
I. Jésus lave les pieds de ses disciples
II. La trahison de Judas
III. Jésus donne le pain et le vin à ses disciples
70 Au jardin de Gethsémani
71 « Qu’est-ce que la vérité ? »
I. Jésus devant Pilate
II. La parabole du semeur
III. Les deux faces d’une médaille
IV. Des graines à mettre en terre
V. « Et la vérité vous rendra libres »
72 « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité »
73 Jésus crucifié
I. « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font »
II. Entre les deux malfaiteurs
III. « Mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? »
IV. Les puissances du sang. La coupe du Graal
74 Ressusciter : sortir de la croix
75 Jésus apparaît à ses disciples
I. Apparition à Marie de Magdala
II. Apparition dans un lieu fermé
III. Au bord de la mer de Tibériade : la pêche
miraculeuse
76 « Et je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du
monde »
Partie III Les Actes des Apôtres
Les apôtres reçoivent le Saint-Esprit
Partie IV Les Épîtres de Paul
1 « Maintenant donc ces trois choses demeurent… »
2 « Nous sommes ouvriers avec Dieu »
3 « Nous sommes le temple du Dieu vivant »
4 « Nous n’avons pas à lutter contre des adversaires de chair
et de sang »
5 « Ce qu’on voit n’a pas été fait de choses visibles »
6 La descente de Jésus aux enfers
7 Jésus, souverain sacrificateur selon l’ordre de
Melkhitsédek
Partie V L’Apocalypse
1 « Je suis le premier et le dernier, et le vivant »
2 Lettres aux Églises
I. Aux Églises d’Éphèse et de Smyrne
II. À l’Église de Pergame
III. À l’Église de Laodicée
3 Les vingt-quatre Vieillards
4 Les quatre Animaux saints
5 Le livre que seul l’Agneau est digne d’ouvrir
6 Un ange marque au front les cent quarante-quatre mille
serviteurs de Dieu
7 La femme couronnée d’étoiles et la grande prostituée
8 L’archange Mikhaël et ses anges précipitent le dragon sur
la terre
9 Le dragon lance de l’eau contre la femme
10 La bête qui monte de la mer et la bête qui monte de la
terre
11 Le festin des noces de l’Agneau
12 Le dragon lié pour mille ans
13 « Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre »
14 « Et il me montra la ville sainte, Jérusalem »
I. La pierre cubique
II. Les assises de pierres précieuses
III. Les portes de perle
IV. Le fleuve d’eau de la vie et l’arbre de vie
V. L’avènement de la nouvelle Jérusalem
Tableaux récapitulatifs
1 Comment aborder l’étude de l’être humain
2 Les six corps : nature supérieure et nature inférieure, leurs
relations
3 Chaque corps possède un double en relation avec un des
quatre éléments
4 Les six corps et leurs relations avec les constellations
zodiacales et les planètes
5 Organes et parties du corps physique en relation avec les
douze constellations zodiacales
6 Organes et parties du corps physique en relation avec les
dix séphiroth