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Table des Matières

La Bible , miroir de la création

Avis au lecteur

Avant-propos

Partie I - « Au commencement était le Verbe »

Partie II - Les Évangiles

1 La vie de Jésus et son enseignement s’inscrivent dans le

grand livre de la nature

2 Naissance de Jésus, naissance du Christ

3 « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a envoyé son fils

unique »

I. Dieu, notre Père à tous

II. Jésus, une manifestation du Christ

4 « Si un homme ne naît d’eau et d’esprit »

I. La deuxième naissance

II. Le baptême

5 Jésus tenté par le diable

6 Les noces de Cana

7 Les deux premiers commandements


I. « Tu aimeras le seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur… »

II. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

8 « Demandez et on vous donnera »

9 Jésus chasse les démons

10 Les deux paraboles du festin

11 « On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles outres »

12 La parabole de l’économe infidèle

13 « Si vous ne devenez pas comme des enfants »

I. Le corps éthérique et le corps astral

II. L’enfant et le vieillard

III. Nous aurons toujours besoin de nos parents célestes

14 « Ne vous inquiétez pas du lendemain »

15 « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé »

16 La parabole des talents

17 « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille

l’homme »

18 « Heureux les pauvres en esprit »

19 Jésus nous apprend à prier

I. « Ce que vous liez sur la terre sera lié dans le ciel »


II. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom »

III. « Quand tu pries, entre dans ta chambre… »1

20 « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas »

21 « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite »

22 La porte du Royaume de Dieu

I. Le riche et le chameau

II. La porte étroite

23 La tempête apaisée

24 « Je suis venu pour qu’ils aient la vie »

25 Suivre Jésus

I. « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. »

II. « Laisse les morts enterrer leurs morts. »

III. Le jeune homme riche

IV. Être digne de Jésus

V. « Si quelqu’un veut venir après moi… »

26 Bâtir sa maison sur le roc

27 « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement »

28 « Heureux ceux qui ont le cœur pur »

29 Le sel de la terre

I. « Vous êtes le sel de la terre »


II. « Si le sel perd sa saveur… »

III. « Car tout homme sera salé de feu »

IV. « Ayez du sel en vous-même »

30 « Amassez des trésors dans le Ciel »

31 Les paraboles des serviteurs

32 « Rendez à César ce qui est à César »

33 La guérison d’un aveugle-né

34 « Si le maître de la maison savait à quelle heure le voleur

doit venir »

35 « Ta foi t’a sauvé »

36 « Dieu n’est pas Dieu des morts mais des vivants »

37 Jésus sauve la femme adultère de la lapidation

38 « Aimez vos ennemis »

39 « Heureux ceux qui apportent la paix »

40 Les révélations de Jésus à la samaritaine

I. La source d’eau vive

II. Adorer Dieu « en esprit et en vérité »

41 « Le Royaume de Dieu est semblable à un grain de sénevé »

42 « Par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras


condamné »

43 « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute… »

44 « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le

jeter aux petits chiens »

45 La parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles

46 « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père »

47 « Cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice »

48 « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur »

49 Le figuier stérile et le figuier maudit

50 « Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur

maître revienne des noces »

51 « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite »

52 La parabole de l’ivraie et du bon grain

53 « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »

54 « Les derniers seront les premiers, et les premiers seront les

derniers »

55 Avant que le soleil se couche

56 « Si ton œil est pur, tout ton corps est dans la lumière »

57 La transfiguration de Jésus sur le mont thabor

58 La multiplication des cinq pains et des deux poissons


59 « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, Toi, le seul

vrai Dieu »

60 La parabole du fils prodigue

61 « Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les

cieux »

62 « Moi et le Père, nous sommes un »

63 « Je suis le cep et vous êtes les sarments »

64 Le péché contre le saint-Esprit

65 « Mon Père travaille et moi aussi je travaille »

66 L’annonce des grandes tribulations

I. « Que celui qui sera sur le toit ne descende pas… »

II. « Le soleil s’obscurcira… »

67 « Marchez pendant que vous avez la lumière »

68 « Je suis le chemin, la vérité et la vie »

69 Le dernier repas

I. Jésus lave les pieds de ses disciples

II. La trahison de Judas

III. Jésus donne le pain et le vin à ses disciples

70 Au jardin de Gethsémani
71 « Qu’est-ce que la vérité ? »

I. Jésus devant Pilate

II. La parabole du semeur

III. Les deux faces d’une médaille

IV. Des graines à mettre en terre

V. « Et la vérité vous rendra libres »

72 « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité »

73 Jésus crucifié

I. « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font »

II. Entre les deux malfaiteurs

III. « Mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? »

IV. Les puissances du sang. La coupe du Graal

74 Ressusciter : sortir de la croix

75 Jésus apparaît à ses disciples

I. Apparition à Marie de Magdala

II. Apparition dans un lieu fermé

III. Au bord de la mer de Tibériade : la pêche miraculeuse

76 « Et je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du

monde »

Partie III - Les Actes des Apôtres


Les apôtres reçoivent le Saint-Esprit

Partie IV - Les Épîtres de Paul

1 « Maintenant donc ces trois choses demeurent… »

2 « Nous sommes ouvriers avec Dieu »

3 « Nous sommes le temple du Dieu vivant »

4 « Nous n’avons pas à lutter contre des adversaires de chair et

de sang »

5 « Ce qu’on voit n’a pas été fait de choses visibles »

6 La descente de Jésus aux enfers

7 Jésus, souverain sacrificateur selon l’ordre de Melkhitsédek

Partie V - L’Apocalypse

1 « Je suis le premier et le dernier, et le vivant »

2 Lettres aux Églises

I. Aux Églises d’Éphèse et de Smyrne

II. À l’Église de Pergame

III. À l’Église de Laodicée

3 Les vingt-quatre Vieillards

4 Les quatre Animaux saints

5 Le livre que seul l’Agneau est digne d’ouvrir


6 Un ange marque au front les cent quarante-quatre mille

serviteurs de Dieu

7 La femme couronnée d’étoiles et la grande prostituée

8 L’archange Mikhaël et ses anges précipitent le dragon sur la

terre

9 Le dragon lance de l’eau contre la femme

10 La bête qui monte de la mer et la bête qui monte de la terre

11 Le festin des noces de l’Agneau

12 Le dragon lié pour mille ans

13 « Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre »

14 « Et il me montra la ville sainte, Jérusalem »

I. La pierre cubique

II. Les assises de pierres précieuses

III. Les portes de perle

IV. Le fleuve d’eau de la vie et l’arbre de vie

V. L’avènement de la nouvelle Jérusalem

Tableaux récapitulatifs

1 Comment aborder l’étude de l’être humain

2 Les six corps : nature supérieure et nature inférieure, leurs

relations
3 Chaque corps possède un double en relation avec un des

quatre éléments

4 Les six corps et leurs relations avec les constellations

zodiacales et les planètes

5 Organes et parties du corps physique en relation avec les

douze constellations zodiacales

6 Organes et parties du corps physique en relation avec les dix

séphiroth

Omraam Mikhaël Aïvanhov

La Bible ,

miroir de la création

Tome 2

Commentaires du Nouveau Testament

Dans la même collection :

Dictionnaire du livre de la nature


analogies, images, symboles

La Bible, miroir de la création

Tome 1 – Commentaires de l’Ancien Testament

© Copyright 2015 réservé à S.A. Éditions Prosveta pour tous pays. Toutes 7

reproductions, adaptations, représentations ou éditions quelconques ne


sauraient être faites sans l’autorisation de l’auteur et des éditeurs. De même
toutes copies privées, toutes reproductions audio-visuelles ou par quelque
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L’utilisateur est informé que ce livre peut contenir des schémas et des
caractères spéciaux qui risquent de se déplacer en cas d’agrandissement
important.

L’enseignement du Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov étant strictement


oral, ses ouvrages sont rédigés à partir de conférences improvisées,
sténographiées ou enregistrées sur bandes magnétiques.

Avis au lecteur
Omraam Mikhaël Aïvanhov a dispensé oralement un enseignement spirituel
développé dans près de cinq mille conférences spontanées données entre
1938 et 1985 ; ses propos ont été conservés dans leur intégralité, soit qu’ils
aient été transcrits par sténographie entre 1938 et le début des années
1960, soit que, pour la période postérieure, ils aient été enregistrés sur des
supports audio puis audiovisuels.

Ces enregistrements font l’objet, pour certains, de diffusion par les Éditions
Prosveta ; ils peuvent être consultés pour prendre connaissance de façon
exhaustive de l’enseignement.

Pour sa part, le présent ouvrage délivre, sous une forme synthétique


organisée, des passages de l’enseignement d’Omraam Mikhaël Aïvanhov
consacrés à la Bible.

Avant-propos1

On m’a quelquefois demandé d’où viennent les interprétations que j’ai


données de certains passages des Évangiles…

Très jeune déjà, je m’étais souvent posé des questions. Je voulais savoir ce
que pensait Jésus, ce qu’il avait dans sa tête, dans son âme, quand il
s’adressait à ses disciples et aux foules qui le suivaient. Je n’étais pas
tellement satisfait de ce que j’entendais à l’église, et j’ai commencé à lire
beaucoup de commentaires des Évangiles. C’était intéressant, mais je les
trouvais encore incomplets, superficiels. Alors, un jour, à force de réfléchir,
j’ai eu cette révélation : il fallait que j’arrive à entrer dans la tête de Jésus.
Et c’est avec l’imagination que j’ai commencé à travailler.

Parce que l’être humain ne se connaît pas, il n’a aucune idée de tous les
moyens que le Créateur a mis à sa disposition. Il ignore qu’il a reçu de Lui
cette faculté extraordinaire, l’imagination, pour se représenter ce qu’il ne
peut ni posséder ni exécuter dans le plan physique et pour créer ainsi les
conditions de la réalisation. Malheureusement, le plus souvent les humains
mettent cette faculté au service de leurs instincts les plus vils : la
sensualité, le désir de possession, de domination, de vengeance.
Et là, tout ce qui peut passer par leur tête est presque incroyable !

Personne ne leur a expliqué qu’ils doivent éduquer leur imagination car


c’est grâce à elle qu’ils auront des révélations dans le monde de l’âme et de
l’esprit. Et même, les clés de l’interprétation des livres sacrés sont là.

Les paroles de Jésus sont encore vivantes dans les archives cosmiques, et
c’est jusque-là que nous devons nous élever pour en découvrir le sens.

Ensuite, nous pouvons revenir vers le texte pour l’interpréter. C’est donc
très jeune que, pour comprendre le sens des paroles de Jésus, j’avais pris
l’habitude de me transporter en Palestine, dans tous les endroits que
mentionnent les Évangiles : les villes, les montagnes, le désert de Judée, les
bords du Jourdain ou du lac de Génézareth. J’imaginais que j’étais Jésus
prononçant devant ses disciples ou les foules qui se pressaient autour de lui
les phrases dont je voulais connaître le sens. J’entrais ainsi 10

dans la conscience de Jésus pour voir, sentir, penser comme lui.

Évidemment, les résultats n’ont pas été immédiats. J’ai dû travailler


longtemps, longtemps. Quelquefois je réussissais, quelquefois non. Mais je
peux quand même dire maintenant que si j’arrive à mieux élucider le sens
des Évangiles et à en tirer tant de lumière et de bienfaits, c’est à cet
exercice que je le dois. Je l’ai fait pendant des années…

Et surtout, chaque fois, je me préparais. Car on n’entre pas dans un


sanctuaire comme dans n’importe quel autre lieu, et c’est avec respect,
dévotion, amour, que je cherchais à pénétrer dans la tête de Jésus.

L’exercice ne pouvait être bénéfique qu’à cette condition. Si vous voulez


vous aussi pénétrer dans la tête de Jésus ou d’un autre grand Maître pour
comprendre vraiment le sens de ce qu’il a dit ou écrit, vous devez vous
mettre dans cet état intérieur où vous vibrerez à la même longueur d’onde
que lui. C’est grâce à cette concordance, à cette harmonisation, que vous
pourrez explorer le monde de sa pensée.

1 Nous rappelons seulement ici les explications données par le Maître


Omraam Mikhaël Aïvanhov concernant la méthode qu’il avait utilisée pour
interpréter les Évangiles. Il dit de cette méthode qu’elle est aussi valable
pour l’interprétation de tous les livres sacrés.

Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, Commentaires de l’Ancien


Testament, chap I : « À l’origine de tous les livres sacrés, le livre de la
nature ».

11

Partie I

« Au commencement était le Verbe »

« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu et le Verbe


était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout ce qui a été fait a été
fait par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui. En lui était la vie,
et la vie était la lumière des hommes… » 1

La vie et la lumière ne font donc qu’un. Mais qu’est-ce que la lumière ?

Elle est d’une telle subtilité qu’elle nous semble immatérielle. Et pourtant,
c’est une matière, la matière à travers laquelle le feu se manifeste. Sans la
lumière, nous ne saurions pas ce qu’est ce feu qui anime et soutient toutes
les existences, car il est lui-même invisible. Dans le livre de la Genèse, la
création du monde commence avec l’apparition de la lumière. Dieu dit : «

Que la lumière soit ! » 12 La lumière est donc cette substance que Dieu, le
feu primordial, a projetée hors de Lui afin qu’elle devienne la matière de sa
création. Et des siècles après le livre de la Genèse, l’ Évangile de saint Jean,
dans le Nouveau Testament, s’ouvre sur ces mots : « Au commencement
était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu… Tout ce qui
a été fait a été fait par lui… En lui était la vie, et la vie était la lumière des
hommes. » Comme le livre de la Genèse, l’ Évangile de saint Jean parle du
commencement. La lumière est le Verbe créateur que Dieu a prononcé au
commencement.

Le monde physique tel que nous le connaissons est une condensation de la


lumière cosmique. Dieu, le principe actif, le feu originel, s’est manifesté
sous forme de lumière, et sur cette lumière Il a ensuite travaillé comme sur
une matière. Il est donc inexact de dire, ainsi que l’ont fait certains
théologiens, que Dieu a créé le monde à partir de rien, « ex nihilo ». Il l’a
créé à partir de rien d’extérieur à Lui, oui ; et c’est ce que les humains ont
de la difficulté à concevoir, eux qui, pour réaliser quoi que ce soit, ont
besoin de matériaux et d’instruments extérieurs à eux. En réalité, on ne peut
rien créer de rien ; l’idée d’une création à partir de rien signifie seulement
12

que c’est de Lui-même que Dieu a tiré la matière de la création.

Dieu a donc créé l’univers à partir de cette quintessence subtile, la lumière,


qu’Il a extraite de Lui, et qui, bien que devenue extérieure à Lui, est
toujours Lui. Cela vous paraît peut-être inconcevable… Mais avec quoi le
ver à soie tisse-t-il son cocon, et l’araignée sa toile ? Avec quoi l’escargot
fabrique-t-il sa coquille ? 2 Avec une substance qu’ils extraient peu à peu
d’eux-mêmes. Si on étudie la nature et les lois qui la gouvernent, combien
de phénomènes peuvent nous révéler ce que l’on considère généralement
comme les mystères les plus impénétrables de la création !

Comment Dieu, l’Absolu, le Non-manifesté, a arraché de Lui-même une


substance qui est ensuite apparue sous forme de lumière ? La science
physique avec l’expérience du tube de Crookes peut aussi nous en donner
une idée.

Aux deux extrémités d’un tube de verre à l’intérieur duquel on a


préalablement fait le vide, on place deux électrodes reliées à une source
électrique. On fait maintenant passer le courant : la cathode émet un flux
d’électrons en direction de l’anode, mais la cathode reste obscure, et c’est
dans la région de l’anode qu’apparaît une luminescence. La cathode ici
représente Dieu, la volonté créatrice, et l’anode la manifestation de cette
volonté. Lorsque la force primordiale est sortie de Dieu, elle était esprit ;
lorsqu’elle est revenue vers Lui, elle était lumière.

Nous voyons aussi la lumière du soleil, mais cette lumière n’est pas celle
que Dieu fit apparaître au premier jour quand Il a dit : « Que la lumière soit
! » Au-delà du soleil visible existe un soleil invisible qu’on appelle le soleil
noir. Ce soleil noir projette sans cesse des courants d’énergies vers notre
soleil qui les transforme et nous les envoie sous forme de lumière.

Pour que la lumière devienne visible il faut qu’elle se heurte à un obstacle.

Si rien ne se trouve sur son passage, elle reste invisible. Seul l’obstacle
qu’elle rencontre peut la révéler. Ici le soleil noir représente la cathode et 13

le soleil visible qui nous envoie la lumière, représente l’anode.

Dans la Genèse, chaque étape de la création est annoncée par la formule : «


Dieu dit… »3. Mais il serait naïf de croire qu’il a suffi que Dieu prononce
quelques mots pour que le monde apparaisse. Le Verbe divin n’est pas une
parole. C’est pourquoi il est erroné de traduire le premier verset de
l’Évangile de saint Jean par « Au commencement était la parole », comme
on l’a fait parfois. Le Verbe créateur proféré par Dieu au commencement,
c’est la lumière. Au commencement, l’esprit de Dieu s’est manifesté
comme jaillissement, rayonnement, et dans cette aura, dans cette sphère
lumineuse qui émanait de Lui, Il a projeté des « images » qui se sont peu à
peu matérialisées.

On retrouve le même processus de création dans la pratique spirituelle.

Un Initié, un mage véritable est celui qui sait comment faire jaillir de lui la
lumière. Non seulement cette lumière, son aura, l’entoure et le protège, mais
elle lui fournit la matière de son travail. On peut dire qu’il utilise des
moyens analogues à ceux que Dieu a utilisés pour créer l’univers : il
projette une image ou prononce un mot qui, en traversant son aura,
s’imprègne de sa lumière. La lumière de l’aura sert donc de matière pour la
réalisation.
C’est grâce à cette matière subtile que le mage peut créer et manifester sa
puissance. Et il n’est même pas nécessaire qu’il prononce des paroles. Il
projette une pensée, et c’est déjà comme s’il parlait. Cette parole intérieure
est réelle, puissante, magique. C’est elle aussi qu’on peut appeler le Verbe.

Le Verbe est une pensée qui ne s’est pas encore traduite par des mots dans
le plan physique ; mais elle s’exprime déjà dans l’invisible par des formes,
des couleurs, des sons. Et les pierres, les plantes, les animaux, les humains
comprennent ce langage, et les planètes, les étoiles, les anges, les archanges
eux aussi le comprennent. Dans le monde invisible, les créatures ne se
parlent pas avec les mots d’une langue, mais avec des couleurs, des formes,
des mélodies qui émanent d’elles, et chacune sait immédiatement interpréter
ce langage. Un jour viendra où les humains communiqueront entre eux avec
leurs seules émanations, et ils se comprendront, parce que le Verbe est le
langage universel. Il n’a pas besoin de la parole, mais c’est Lui qui rend
toute parole vivante et agissante.

À un degré moindre, bien sûr, vous pouvez vous-même expérimenter le


pouvoir du Verbe. Certains jours, quand vous prenez la parole, vous ne
produisez aucun effet sur ceux à qui vous vous adressez. Alors que d’autres
14

fois, au contraire, avec les mêmes mots, vous les impressionnez : ils vous
écoutent parce qu’à ce moment-là votre parole est vivante. Et elle est
vivante parce que les mots que vous employez se sont imprégnés de la
matière subtile de votre aura ; ils s’y sont renforcés, et ainsi revêtus de
puissance, ils ont pu pénétrer jusqu’à l’âme des êtres et la faire vibrer. Il en
est de même de vos regards qui sont aussi des sortes de paroles : imprégnés
de la matière lumineuse de votre aura, ils agissent bénéfiquement sur les
êtres.

Les mots par eux-mêmes ne sont que des supports, ils ne peuvent produire
des effets que dans la mesure où ils sont imprégnés de cet élément créateur,
la lumière. Sans élever la voix, sans faire de gestes, grâce à la puissance de
son aura, un Initié arrive à se faire entendre des esprits supérieurs et à les
attirer à lui.
Au commencement était le Verbe, le premier mouvement de l’esprit
créateur. « Lorsque l’Éternel traça un cercle à la surface de l’abîme… »,34

dit la Sagesse dans le livre des Proverbes. 4 Ce cercle que l’Éternel a tracé
pour fixer les limites de la création, c’est aussi celui que le mage trace
autour de lui avant de commencer une cérémonie, d’entreprendre un travail.

5 Cette pratique très ancienne provient justement d’un savoir concernant


l’aura. Ce cercle dont s’entoure le mage est l’expression matérielle du
cercle de lumière au centre duquel son esprit doit être actif, vigilant. S’il se
contente de s’entourer d’un cercle matériel sans avoir, par sa façon de vivre,
travaillé préalablement sur son aura pour la rendre pure et lumineuse, les
pensées qu’il projettera, les formules qu’il prononcera resteront sans effet,
car il n’y aura pas de matière pour les habiller, les rendre puissantes.

Les pensées, les paroles ne prennent leur envol et ne deviennent agissantes


que si on leur donne des ailes, et ce qui fait mouvoir les ailes se trouve dans
l’aura.

Trop de gens parlent de magie sans savoir ce qu’est un véritable mage.

Au sens initiatique du terme, un mage est un créateur qui a d’abord appris à


travailler avec la lumière et avec l’amour. Lentement, patiemment il a tissé
ce vêtement spirituel, l’aura, et c’est son aura qui vivifie les paroles qu’il
prononce et leur donne le pouvoir de commander non seulement à la
matière mais aux esprits. Dieu, qui nous a faits à son image, nous a donné
les moyens de posséder un jour le pouvoir du Verbe. Donc, celui qui
travaille avec la lumière et l’amour sera un jour capable d’agir dans toute la
création, dans le monde visible et dans le monde invisible : sa parole mettra
en marche non seulement les humains, mais aussi les forces de la nature et
les entités qui peuplent l’univers.

15

Il peut arriver qu’un mage soit assez puissant pour s’imposer aux esprits
sans avoir fait préalablement un véritable travail sur lui-même. Mais alors,
au moment où il sort du cercle, les entités qui lui avaient obéi quand il était
à l’intérieur, parce qu’elles sont obligées de respecter ce symbole ainsi que
les formules magiques prononcées, se mettent à le poursuivre. Elles
cherchent à se venger d’avoir été contraintes d’obéir à un individu qui ne
respecte pas les règles de la magie divine. Il ignore qu’au commencement il
y a le Verbe, c’est-à-dire la lumière, et qu’avant de chercher à commander
aux esprits et aux forces de la nature, il doit tracer autour de lui le cercle
magique de l’aura. Et ce cercle ne se trace pas matériellement avec de la
craie ou tout autre moyen, il se prépare par l’amour, la pureté, l’esprit de
sacrifice.

« Et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu… » Lorsque Dieu a tracé
un cercle de lumière au-dessus de l’abîme, Il l’a imprégné de sa
quintessence. Les minéraux, les végétaux, les animaux, les humains ont été
d’abord des images flottantes dans son aura… Tout ce qui existe est plongé
dans l’aura divine, c’est en elle que nous vivons. « En Lui nous vivons,
nous nous mouvons et avons notre existence…»5, dit saint Paul. Nous
sommes tous plongés dans le cercle de l’aura de Dieu : elle nous pénètre,
elle nous traverse.

Il est impossible pour l’esprit humain de penser la création du monde ; et le


sens des premiers mots de l’Évangile de saint Jean est aussi, au premier
abord, difficile à saisir. Mais, là encore, le raisonnement par analogie peut
nous aider. Que fait l’enfant qui apprend à lire ? Il commence par bien
identifier les lettres de l’alphabet. Peu à peu, il devient capable de les
reconnaître dans les mots qu’il rencontre, jusqu’au jour où il arrive à lire
des phrases entières. De même, le disciple qui reçoit l’Initiation passe par
de nombreuses phases au cours desquelles il voit se dessiner et s’assembler
les lettres du grand livre cosmique qui sont les éléments constitutifs de la
création représentés symboliquement par les vingt-deux lettres de l’alphabet
hébraïque. « Tout ce qui a été fait a été fait par Lui… » signifie qu’au
commencement tous les principes actifs de l’alphabet divin se sont mis au
travail : à tous les étages de la création, et jusque dans le plan physique, ils
ont reproduit les structures qu’ils avaient d’abord créées en haut. Tout ce
qui existe dans le plan physique peut être considéré comme des mots, des
phrases, des poèmes formés à partir des différents éléments du Verbe.

Et maintenant, concentrons-nous sur cette figure que l’on appelle la rose


mystique.
16

Imaginons que les six cercles, les six pétales qui la composent représentent
les six jours de la création évoqués dans le livre de la Genèse.

En hébreu, ce livre commence par le mot Béréchit, qui signifie « au


commencement ». Des kabbalistes l’ont interprété comme le verbe bara :
créer, et chit : six. Dieu a donc créé les six. Dans chaque cercle de la rose
mystique est placée une couleur : violet, bleu, vert, jaune, orange et rouge.

Si à partir du centre de la rose, on trace un cercle dont la circonférence


passe par le centre des six autres cercles, on peut imaginer que de ce centre
jaillit un flot de lumière blanche qui se décompose en autant de couleurs :
en effet c’est de la lumière blanche décomposée par le prisme que
proviennent les couleurs du spectre que nous connaissons. Méditez sur ce
symbole de la rose mystique en prenant conscience qu’à chaque couleur
sont liés des esprits qui appartiennent à de puissantes hiérarchies, et les
mystères de la lumière vous seront peu à peu révélés.
La lumière est une matière si pure, si subtile qu’il est impossible de la peser
ou de la toucher. Elle se trouve très haut, auprès de Dieu, et pour l’atteindre
nous devons toujours penser à elle, nous concentrer sur elle, toujours la
souhaiter, la respirer, l’introduire en nous, puis nous mettre au travail pour
la façonner. Un être qui serait véritablement capable de travailler avec la
lumière pourrait reconstituer en lui un organe détruit. Si cela paraît
inimaginable et même insensé, c’est que les humains ont perdu le 17

secret du vrai travail, le travail avec la lumière, mais le redécouvrir ne


dépend que d’eux.

Et ils trouveraient aussi plus facilement des solutions à leurs problèmes s’ils
apprenaient à appliquer « au commencement était le Verbe » dans leur vie
quotidienne. Vous direz qu’il ne vous est pas possible d’utiliser dans la vie
quotidienne une phrase qui est presque incompréhensible. Eh bien si,
justement, c’est possible : il suffit que vous mettiez une pensée, une
intention lumineuse dans ce que vous faites afin de donner une bonne
orientation à votre activité. Le geste ou l’acte le plus simple peut avoir un
retentissement dans les mondes psychique et spirituel.

Je vous ai déjà souvent parlé sur ce sujet. Je vous ai donné des formules à
prononcer quand vous assistez au lever du soleil, au moment du
changement de lune, en faisant les exercices de gymnastique ou de
respiration, en touchant l’eau ou la terre… Il existe tellement d’occasions
chaque jour d’utiliser le pouvoir de la parole ! Vous essuyez un meuble, ou
vous faites la vaisselle, dites : « Comme j’enlève cette poussière, que la
poussière que j’ai accumulée en moi disparaisse »… ou « que mon cœur
soit lavé ! » Et même si par maladresse vous laissez tomber un objet et qu’il
se brise, dites : « Que tous les obstacles qui se dressent sur ma route vers la
lumière soient brisés ! »

Voilà le sens que peuvent avoir chaque jour pour vous les premiers mots de
l’Évangile de saint Jean. Tous les actes et les gestes que vous
accompagnerez d’une pensée lumineuse, constructive, transformeront votre
vie. Et vous comprendrez aussi les premiers mots du livre de la Genèse :

« Au commencement Dieu créa le ciel et la terre »,6 quelles réalités


contiennent les mots « ciel » et « terre », les relations qui existent entre eux
et le travail que vous pouvez faire avec eux. Le jour où vous aurez appris
comment lier le ciel, votre pensée, à la terre, vos activités quotidiennes,
vous saurez ce qu’est le Verbe, le Verbe vivant.

Références bibliques

1. « Au commencement était le Verbe » – Évangile de Jean 1 : 1

2. « Que la lumière soit » – Genèse 1 : 3

3. « Dieu dit » – Genèse 1 : 3, 6, 9, 14, etc.

4. « Lorsque l’Éternel traça un cercle à la surface de l’abîme » – Les


Proverbes 8 : 27

5. « En Lui nous vivons, nous nous mouvons et avons notre existence » –


Actes des Apôtres 17 : 28

18

6. « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre » – Genèse 1 :1

1 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. II-2 : « Que la lumière


soit ! »

2 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « l’Escargot ».

3 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. XVI-1 « Ainsi parle la


sagesse ».

4 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Cercle, le centre et la


périphérie – une structure universelle ».

5 Op. cit. « le Cercle magique ».

19
Partie II

Les Évangiles

20

La Palestine au temps de Jésus


1

La vie de Jésus et son enseignement

s’inscrivent dans le grand livre de la nature

Au cours d’une année, le soleil passe par quatre points cardinaux : le 21

mars, l’équinoxe de printemps ; le 21 juin, le solstice d’été ; le 21

septembre, l’équinoxe d’automne ; le 21 décembre, le solstice d’hiver. Ce


sont là quatre moments pendant lesquels se produisent dans la nature de
grands afflux d’énergies qui touchent toutes les formes de vie. Depuis des
temps très anciens les Initiés connaissent les lois qui président à ces
phénomènes. Par des invocations, des chants, des danses parfois, même
encore de nos jours, ils s’appliquent à inscrire dans l’invisible des figures
dont les lignes de force attirent de l’espace des courants bénéfiques ; et ils
utilisent ces courants pour leur travail.

Le passage d’une saison à l’autre se fait donc par quatre points cardinaux
qui sont comme des nœuds de forces déterminées pour chacune d’elles.1
Sur le cercle du zodiaque le printemps commence avec le Bélier, signe de
feu ; l’été avec le Cancer, signe d’eau ; l’automne avec la Balance, signe
d’air ; et l’hiver avec le Capricorne, signe de terre. Ainsi, l’entrée dans
chaque saison est en relation avec un des quatre éléments. Sur chaque
élément règnent de puissantes entités qui ont sous leurs ordres des myriades
de serviteurs chargés de répartir les nouveaux courants d’énergies à la
surface de la planète. Car l’univers n’est pas une machine, et les
mouvements qui l’animent ne se déclenchent pas mécaniquement : chaque
changement est produit par le travail de créatures vivantes, invisibles pour
nous, qui ont la charge de s’occuper particulièrement des pierres, ou des
plantes, ou des animaux, ou des humains.

C’est à ces quatre points cardinaux, solstices et équinoxes, que sont


rattachées les quatre fêtes chrétiennes de Noël, Pâques, la Saint-Jean et la
Saint-Michel. Au solstice d’hiver préside l’archange Gabriel, à l’équinoxe
de printemps l’archange Raphaël, au solstice d’été l’archange Ouriel, et à
l’équinoxe d’automne l’archange Mikhaël. Ces quatre fêtes cardinales nous
rappellent que le soleil met en mouvement des forces particulièrement
puissantes. Si nous sommes conscients, attentifs, si nous cherchons à nous
harmoniser avec elles, nous avons la sensation extraordinaire de participer
21

à la vie de l’univers et nous nous enrichissons de cette vie.

Noël, Pâques, la Saint-Jean, la Saint-Michel. Deux de ces quatre fêtes ont


pris pour les chrétiens une importance spéciale. À Noël, le 25

décembre, ils célèbrent la naissance de Jésus, et à Pâques, dont la date varie


chaque année en fonction du cycle lunaire, ils fêtent sa résurrection.

On n’a aucune preuve que Jésus soit né un 25 décembre, ni en hiver, et on


n’est même pas sûr de l’année. Quant à sa résurrection, seul un savoir
initiatique permet d’interpréter le récit qu’en ont fait les quatre évangélistes.

Noël se situe donc au début de l’hiver, et Pâques au début du printemps.

La conclusion à tirer de la place de ces deux fêtes dans l’année, c’est que la
naissance et la résurrection de Jésus sont en relation avec la vie de la nature.
Ceux qui en ont fixé les dates, il y a très longtemps, connaissaient les
analogies qui existent entre les phénomènes naturels et ceux qui se
produisent dans l’âme humaine. Ils avaient profondément médité la vie de
Jésus et son enseignement, et ils avaient senti qu’en s’identifiant au principe
cosmique du Christ, Jésus avait réalisé en lui la parfaite rencontre entre la
vie spirituelle et la vie de l’univers.

Et puis d’autres sont venus, des théologiens, des gens d’Église et, soit qu’ils
n’aient pas vraiment compris, soit qu’ils n’aient pas voulu comprendre, ils
n’ont plus fait de distinction entre l’homme Jésus et l’entité cosmique dont,
en s’identifiant au Christ, il était devenu l’expression vivante : ils ont
confondu ce qui appartient au monde physique et ce qui appartient au
monde spirituel.2 Et si les chrétiens ont eu besoin de voir du surnaturel dans
la vie de Jésus (sa naissance par l’opération du Saint-Esprit, sa résurrection
trois jours après sa mort), c’est qu’ils n’ont pas bien compris ce qu’est la vie
spirituelle et comment elle est liée à la vie de la nature.
Il suffit de lire un peu attentivement les Évangiles pour constater que Jésus
lui-même a souvent utilisé des images de la nature pour révéler les vérités
de l’âme et de l’esprit : le grain de sénevé, le champ ensemencé, les épis de
blé, la moisson, le cep et les sarments, le sel, le vin nouveau, le figuier, le
serpent, les mites et les vers, le lys des champs et les oiseaux du ciel, le
souffle du vent, l’arrivée des nuages, etc. Et combien de fois aussi l’eau est
présente !…. Jésus étudiait la nature, qui est l’oeuvre de Dieu, et il en
interprétait les manifestations. Elle était un livre pour lui. Et quand il ne
prenait pas des images dans la nature, il les prenait dans la vie quotidienne
des hommes, qui est un autre aspect de la vie de la nature : le levain pour
faire le pain, la lampe à huile, les talents (pièces de monnaie), 22

la maison et son toit, le festin des noces, les vêtements de fête, le voleur, le
serviteur et son maître, la pêche et les pêcheurs, etc.

Pourquoi tant de théologiens ont-ils négligé la dimension psychique,


spirituelle de toutes ces images que Jésus prenait dans la nature et dans la
vie quotidienne ? Ils ont préféré élaborer des théories compliquées,
fabriquer des mystères là où il n’y en a pas, et ils ont tout embrouillé. Tant
qu’on s’en tient à leur aspect extérieur, les images amusent les enfants et les
esprits superficiels, mais elles ont un sens plus profond, et ce sens est
déchiffrable seulement pour les sages, les Initiés ; il ne l’est pas pour les
gens dits instruits, car l’intellect est impuissant à découvrir leur contenu
symbolique. Le sens symbolique des images est pour ceux qui ont observé
et étudié la nature : ils ont médité ses différents aspects et manifestations, et
grâce à l’acuité de leur vision intérieure, ils réussissent à sentir le lien qui
existe entre la terre et le ciel, entre la nature et l’être humain, entre le monde
physique et le monde spirituel.

En voulant se séparer le plus nettement possible du paganisme qui se


caractérisait par le culte des astres et des forces de la nature, le
christianisme a coupé les liens vivants avec l’univers. C’est pourquoi,
maintenant encore, le sens profond de leur religion échappe aux chrétiens.

Ils fêtent la naissance de Jésus au début de l’hiver, ils fêtent sa résurrection


au printemps, mais la plupart n’en connaissent pas la raison. Seuls ceux qui
possèdent la véritable science des symboles, voient dans la naissance et la
résurrection de Jésus des processus qui, étant en relation avec la vie
cosmique, ont une portée universelle. Pourquoi, par exemple, dans le texte
évangélique sa résurrection suit-elle immédiatement sa mort ?…

Les fêtes de Noël et de Pâques représentent deux pages essentielles du livre


de la nature qui est à l’origine de tous les livres sacrés. C’est sous cet
aspect-là que nous devons méditer la naissance et la résurrection de Jésus.

Il ne sert à rien d’inventer à son sujet toutes sortes de récits merveilleux,


comme si les lois qui régissent le monde physique n’avaient eu aucune prise
sur lui. Il faut que ce soit bien clair : la grandeur de Jésus ne vient pas de ce
qu’il aurait échappé aux lois de la nature, mais au contraire de ce qu’il
savait lire ces lois, les interpréter et nous montrer comment elles
s’appliquent à la vie de l’âme et de l’esprit.

Naissance de Jésus, naissance du Christ

23

Chaque année, le 21 décembre, a donc lieu le solstice d’hiver auquel préside


l’archange Gabriel. Quelques jours plus tard, la fête de Noël célèbre la
naissance de Jésus. Or, qu’est-ce qu’une naissance ?

L’aboutissement d’une descente de l’esprit dans la matière.

L’archange Gabriel dirige les courants qui ont la propriété de faire


descendre l’esprit dans la matière, c’est pourquoi il préside à la naissance
des enfants. Ce n’est donc pas un hasard s’il est mentionné, dans l’Évangile
de saint Luc, que cet archange est apparu à Marie1 pour lui annoncer la
naissance de Jésus, et à Zacharie2, l’époux d’Élisabeth, cousine de Marie,
pour lui annoncer la naissance de son fils Jean, appelé plus tard Jean-
Baptiste. La période du solstice d’hiver offre les meilleures conditions pour
la matérialisation, c’est-à-dire pour la naissance de quelque chose sur la
terre. Les autres fêtes ont une autre signification : Pâques nous parle d’une
résurrection, la Saint-Jean d’un embrasement, la Saint-Michel d’une
séparation, d’un triage.
Les chrétiens célèbrent donc la naissance de Jésus le 25 décembre à minuit.
Quelques jours avant, le soleil est entré dans la constellation du Capricorne.
Le Capricorne est en relation avec les montagnes, les grottes ; or,
symboliquement c’est dans l’obscurité d’une grotte que l’Enfant-Christ doit
naître. 3 Pendant les mois précédents, les humains, la nature et les créatures
qui la peuplent ont déployé une grande activité, mais à l’approche de l’hiver
beaucoup de travaux s’arrêtent. Les jours diminuent, les nuits s’allongent,
l’heure est à la méditation, au recueillement, et celui qui sait comment
pénétrer dans les profondeurs de son être trouve les conditions pour y faire
naître l’Enfant divin.

Plus tard, le soleil quitte la constellation du Capricorne pour entrer dans


celle du Verseau ; et le Verseau, c’est l’eau, c’est le baptême, la vie
jaillissante qui crée sans cesse de nouveaux courants. Au sortir du Verseau,
il entre dans les Poissons, symboles de cette pêche dont Jésus parlait quand
il disait à ses disciples qu’ils seraient des « pêcheurs d’hommes »3…

Mais revenons à la fête de Noël. Chaque année, le 25 décembre à minuit, la


constellation de la Vierge monte à l’horizon, c’est pourquoi il est dit que
Jésus est né d’une vierge. À l’opposé, apparaissent les Poissons, et au
milieu du ciel on peut voir la magnifique constellation d’Orion avec, au
centre, l’alignement des trois étoiles qui, d’après la tradition populaire,
représentent les trois Rois mages. Peu importe donc la date exacte de la
naissance de Jésus. Ce qui nous intéresse, c’est qu’à cette période de
l’année a lieu dans la nature la naissance du principe christique. Et cette 24

fête se célèbre aussi dans le Ciel : les Anges chantent, et tous les saints, les
grands Maîtres et les Initiés sont réunis pour prier, pour rendre gloire à
l’Éternel et fêter la naissance du Christ qui naît réellement dans l’univers.

À Noël, les chrétiens fêtent la naissance de Jésus comme un événement


historique. En réalité, plus important que l’événement historique il y a
l’événement cosmique : la première manifestation de la vie dans la nature,
le commencement de tous les jaillissements. Mais surtout, cette naissance
est un événement mystique : le Christ doit naître dans chaque âme humaine
comme principe de lumière et de chaleur, de sagesse et d’amour. Chaque
année le Christ naît dans l’univers, et il peut naître aussi dans les âmes de
ceux qui se sont préparés à le recevoir. Pour quelques-uns il est déjà né,
pour d’autres il naîtra bientôt… Tout est dans la préparation des conditions.

Voilà pourquoi, chaque année, il faut longtemps à l’avance se préparer pour


la fête de Noël afin d’en comprendre et d’en vivre toute la signification.

Le récit le plus détaillé de la naissance de Jésus nous est donné par saint
Luc.

« En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement


de toute la terre. Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinus
était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa
ville. Joseph, lui aussi, quittant la ville de Nazareth en Galilée, monta en
Judée à la ville de David appelée Bethléem, parce qu’il était de la maison et
de la lignée de David, afin de s’y faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui
était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter
se trouva révolu. Elle mit au monde son fils premier-né, l’enveloppa de
langes et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour
eux à l’hôtellerie.

« Il y avait dans la contrée des bergers qui vivaient aux champs et qui la
nuit veillaient tour à tour à la garde de leur troupeau. L’Ange du Seigneur
leur apparut et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté, et ils furent
saisis d’une grande frayeur. Mais l’Ange leur dit : «

Rassurez-vous, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle
de tout le peuple : aujourd’hui dans la cité de David, un Sauveur vous est
né, qui est le Christ, le Seigneur. Et ceci vous servira de signe : vous
trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche. »
Et soudain se joignit à l’Ange une troupe nombreuse de l’armée céleste, qui
louait Dieu, en disant :

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux

Et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime ! »

25
« Or, lorsque les anges les eurent quittés pour le ciel, les bergers se dirent
entre eux : « Allons donc à Bethléem et voyons ce qui est arrivé et ce que le
Seigneur nous a fait connaître. » Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent
Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche. Et l’ayant vu, ils
firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant ; et tous ceux qui les
entendirent furent émerveillés de ce que leur racontaient les bergers. »4

Ce récit de saint Luc mérite qu’on s’y arrête, parce que les événements qu’il
a retenus sont ceux qui peuvent se produire aussi dans chaque être humain.
C’est donc sur les images symboliques que je veux attirer votre attention.

Dans la nature, comme pour l’être humain, une naissance est le résultat de
l’union du principe masculin, le père, et du principe féminin, la mère.

Sur le plan psychique, Joseph, le père, représente l’intellect, et à un niveau


supérieur, l’esprit ; Marie, la mère, représente le coeur, et à un niveau
supérieur, l’âme. Lorsqu’un être humain est parvenu à purifier son coeur et
son âme (la mère) l’Enfant divin naît. Mais il ne naît pas de son intellect et
de son esprit, il naît de l’Esprit cosmique, le Saint-Esprit, cette pure flamme
qui vient féconder son âme et son coeur. Le principe masculin, représenté
par l’intellect et l’esprit humain, n’est pas le véritable père de l’enfant, il
prépare seulement les conditions pour que le Saint-Esprit prenne possession
du principe féminin (le coeur et l’âme) et donne naissance à l’Enfant-Christ.

Quand Marie et Joseph ont voulu chercher refuge dans une hôtellerie, il n’y
avait plus de place pour eux. Cela signifie que les humains, tellement
accaparés par leurs affaires, leurs soucis, leurs divertissements, ne sont pas
disponibles pour accueillir celui qui porte en lui la lumière et la paix
qu’annoncent les anges… cette lumière et cette paix dont il voudrait les
faire bénéficier. Personne ne lui ouvre la porte, personne ne le comprend.

Alors, où aller maintenant avec cet enfant ? Mais voici une étable avec une
crèche…

D’après la tradition, Jésus est donc né dans une étable par une nuit d’hiver.
L’obscurité, le froid, la pauvreté… il est impossible d’imaginer plus
mauvaises conditions. Mais au-dessus de cette étable brille une lumière. Et
cette lumière représentée par l’étoile à cinq branches est une réalité. Elle
brille au-dessus de la tête de tous les Initiés dont le principe féminin (c’est-
à-dire l’âme et le coeur, Marie) a mis au monde l’Enfant-Christ conçu de
l’Esprit-Saint. Et à ce moment-là, que fait le principe masculin, Joseph ? Au
lieu d’éprouver de la colère et de répudier Marie comme un homme grossier
en criant : Cet enfant que tu as mis au monde 26

n’est pas de moi, va-t’en !… il s’incline en disant : C’est Dieu Lui-même


qui a effleuré son coeur et son âme. Moi, je n’en étais pas capable. Elle
attend un enfant, je dois la protéger, elle a besoin de mon soutien.

Joseph sent donc qu’il y a là quelque chose qui le dépasse. Rempli d’un
sentiment sacré, même si d’autres lui conseillent de répudier Marie, il la
garde près de lui. Répudier Marie, c’est répudier la moitié de son être et
devenir comme ceux qui, au nom de la supériorité de l’intellect et de la
raison, bannissent toute forme de sensibilité au monde spirituel, toute
aspiration mystique.

Quant à l’étoile à cinq branches, le pentagramme, qui brille au-dessus de


l’étable, elle est un symbole de la réalisation spirituelle. 4 Vous connaissez
le principe énoncé par Hermès Trismégiste : ce qui est en bas est comme ce
qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Dans le
plan physique, l’homme avec sa tête, et avec ses bras et ses jambes écartés,
est déjà un pentagramme, un pentagramme vivant. Et quand il parvient à
développer en lui les cinq vertus que sont la bonté, la justice, l’amour, la
sagesse, la vérité, il y a un pentagramme lumineux qui le représente dans le
plan subtil.

Celui qui a travaillé à faire naître le Christ en lui projette une lumière.

Un jour, cette lumière est aperçue de très loin par d’autres : ils sentent qu’il
s’est produit là quelque chose de spécial. Même de très grands personnages
comprennent qu’ils ont quelque chose à apprendre auprès de cet être, et ils
partent à sa rencontre. C’est pourquoi il est dit dans l’Évangile de saint
Matthieu que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et
demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons
vu son étoile à l’orient et nous sommes venus pour l’adorer. »5 Ces Rois
mages auxquels la tradition a donné les noms de Melchior, Balthazar et
Gaspard étaient des chefs religieux dans leur pays respectif. Ils possédaient
la science des astres, et en observant certaines configurations planétaires, ils
avaient conclu qu’elles annonçaient un événement exceptionnel. La
naissance de Jésus correspond donc aussi à un phénomène qui s’est produit
dans le ciel, il y a deux mille ans.

Les Rois mages apportèrent, dit-on, l’or, l’encens et la myrrhe, et chacun de


ces présents est symbolique. L’or signifie que Jésus était roi : la couleur or
est celle de la sagesse dont l’éclat brille au-dessus de la tête d’un Initié
comme une couronne de lumière. L’encens signifie que Jésus était prêtre.
On fait brûler l’encens dans les sanctuaires pour éloigner les esprits
ténébreux et attirer les entités célestes ; il appartient donc au domaine de la
religion, 27
c’est-à-dire aussi du coeur. Quant à la myrrhe, on s’en servait dans l’Égypte
ancienne pour embaumer les corps et les préserver de la putréfaction : elle
est un symbole d’immortalité. Les Rois mages ont donc apporté des
présents qui sont en relation avec les trois domaines de la pensée, du
sentiment et du corps physique. Chacun est aussi lié à une séphira de
l’Arbre de la Vie : l’or à Tiphéreth, la lumière ; l’encens à Hessed, la
dévotion ; la myrrhe à Binah, l’immortalité, l’éternité.

Occupons-nous maintenant de l’étable. Comme tout bâtiment, elle est une


image du corps physique. Bien qu’ils ne soient pas mentionnés dans les
Évangiles, la tradition place toujours un boeuf et un âne dans cette étable5.

28

Le boeuf, comme le taureau, est un symbole de fécondité, il est sous


l’influence de Vénus et il représente la force sexuelle. L’âne, lui, est sous
l’influence de Saturne ; il représente la personnalité, la nature inférieure de
l’homme, égoïste, instable. Il est capricieux, têtu, mais il peut être aussi un
bon serviteur. Alors, quel est le sens de la présence de ces deux animaux
dans l’étable ?

Quand l’homme prend la décision de faire un travail sur lui-même, il entre


en conflit avec les forces de sa personnalité et celles de sa sensualité.

Le but de son travail est de maîtriser ces deux sortes de forces pour les
mettre au service de sa nature divine. Il ne doit pas chercher à les anéantir :
l’âne et le boeuf n’ont pas été chassés de l’étable pour laisser la place à
Jésus, ils étaient là, présents. Et que faisaient-ils ? On dit qu’ils
réchauffaient l’Enfant-Jésus de leur souffle !… Donc, quand l’Initié arrive à
transmuer les forces brutes symbolisées par l’âne et le boeuf, elles viennent
servir en lui l’enfant nouveau-né. Ces forces ne sont plus là pour le
tourmenter ou l’égarer, mais pour le vivifier. Le souffle, c’est déjà la vie.

Le souffle de l’âne et du boeuf est une réminiscence lointaine du souffle par


lequel Dieu a donné l’âme au premier homme.

On n’a aucune certitude historique sur les circonstances de la naissance de


Jésus. Alors, si la tradition l’a fait naître dans une grotte ou dans une étable,
sur de la paille, et non dans une demeure digne de sa mission, un palais, un
temple, c’est encore une fois que le récit de cette naissance est symbolique.
La grotte dans laquelle doit naître l’enfant divin se trouve en réalité dans
notre corps, oui, et elle correspond à un centre spirituel situé environ à
quatre centimètres au-dessous du nombril. Ce centre, que les Japonais
appellent Hara – mot qui signifie « ventre » – était déjà connu des Initiés du
passé, et il a un rôle important à jouer dans la vie spirituelle pour ceux qui
savent comment travailler avec lui. Et c’est lui, cette grotte où doit naître le
Christ, entre le boeuf et l’âne, c’est-à-dire entre le foie et la rate.
Vous êtes certainement étonnés. Vous pensiez que le Christ ne peut naître
que dans notre tête. Mais avez-vous déjà vu un enfant naître du cerveau de
sa mère ?… Voilà un point sur lequel on ne s’est pas suffisamment arrêté.
Le ventre, les entrailles, ne sont pas généralement considérés comme des
parties nobles du corps, mais voilà que le Créateur a choisi justement cet
endroit pour que l’humanité se perpétue. Et c’est donc là aussi que nous
devons faire naître cette nouvelle conscience : l’Enfant Christ.

Il est dit aussi que cette nuit-là un ange apparut aux bergers à qui
appartenait l’étable. Ils gardaient leurs troupeaux non loin de là, et quand
l’ange leur annonça la nouvelle de la naissance d’un sauveur, remplis 29

d’émerveillement ils se hâtèrent pour le voir. Qui sont symboliquement ces


bergers ? Les esprits familiaux, réincarnés ou non, qui possèdent des

« actions » sur le corps physique de l’homme, l’étable, parce qu’ils ont


participé à sa construction ; c’est pourquoi ils sont avertis. Évidemment
cette nouvelle les remplit d’étonnement, ils n’avaient jamais pensé qu’un
événement aussi solennel se produirait dans leur étable et ils le fêtent en
apportant des présents : des brebis, des agneaux…6

Et vous aussi, le jour où vous serez arrivé à donner naissance à l’enfant


divin en vous, un ange en répandra la nouvelle. Alors, les esprits familiaux
qui ont participé à la construction de votre corps physique viendront
s’incliner en apportant des présents. Tous voudront accueillir l’Enfant divin
qui vient de naître et ils se mettront à son service. Ce n’est pas pour vous
qu’ils viendront, mais pour le principe divin, le Christ, le Fils de Dieu.

Rien n’est plus important pour un être humain que de travailler à la


naissance de cet Enfant en lui, cet Enfant-roi. Le jour où il naîtra, la terre et
le Ciel chanteront, car ils ont eux aussi participé à cette naissance. Il y aura
dans le monde des êtres qui comprendront qu’une nouvelle lumière est
apparue, et ils viendront avec des présents rencontrer le porteur de cette
lumière.

Bien sûr, il y aura aussi un roi Hérode (il y a toujours eu des Hérode,
symboles du pouvoir temporel opposé au pouvoir spirituel) qui, sentant son
règne menacé, appellera les Rois mages pour leur demander : « Allez,
renseignez-vous sur cet enfant, et quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi
savoir pour que moi aussi j’aille l’adorer. »6 Mais, heureusement, là encore
des anges viendront donner des avertissements. C’est ainsi qu’après avoir
reçu en songe l’ordre du Ciel de ne pas retourner auprès d’Hérode, les Rois
mages repartirent dans leur pays par un autre chemin.7 Cela signifie que
tous ceux qui viennent auprès de Jésus, auprès du principe christique, ne
peuvent pas prendre au retour le même chemin qu’à l’aller. Après ce qu’ils
ont vécu, ils sentent qu’ils doivent marcher dans une direction nouvelle.

Et maintenant, savez-vous pourquoi existe cette coutume de faire un


réveillon la nuit de Noël ? C’est aussi symbolique. Quand l’enfant est né, on
est heureux, alors on chante, on mange et on boit pour célébrer sa venue…

(mais il est conseillé de garder la mesure !) Et puis, l’enfant lui-même a


besoin de nourriture. La première nourriture de l’enfant à sa naissance est le
lait de sa mère. Quand elle le portait, elle le nourrissait de son sang ;
maintenant elle le nourrit de son lait. Il y a là deux couleurs symboliques. 7

30

Pendant la conception ces deux couleurs sont déjà présentes : la femme


donne le rouge et l’homme le blanc. Plus tard, ces deux couleurs sont
encore une fois présentes, lorsque la femme nourrit pendant neuf mois
l’enfant avec son sang, puis avec son lait. Et on retrouve ces deux couleurs
dans le sang lui-même avec les globules rouges et les globules blancs.

Le rouge et le blanc représentent les deux principes nécessaires à la vie.

Le rouge, le sang, c’est l’énergie vitale, l’amour, et c’est grâce à ce sang, à


notre amour, que l’Enfant-Christ devient chair et os en nous. Après sa
naissance l’enfant est nourri avec du lait, c’est-à-dire avec la lumière, la
sagesse. Et de même que la mère ne s’arrête pas de s’occuper de son enfant
après sa naissance, de même une fois que l’Enfant-Christ est né en nous,
nous devons continuer le travail, mais sous une autre forme. Dans notre
Enseignement nous faisons ce travail en nous concentrant sur le soleil, dont
la lumière et la chaleur sont les symboles de la sagesse et de l’amour du
Christ.
Le récit de la naissance de Jésus ne prend vraiment un sens que si on
accepte l’idée que les personnages qui le composent nous parlent de nous.

Joseph et Marie, l’âne et le boeuf, les bergers, les anges, les Rois mages,
tous sont là pour assister le moment venu à la naissance de l’enfant, y
participer, se réjouir. Cette naissance se fête au début de l’hiver, et c’est un
point sur lequel je voudrais encore m’arrêter.

Toute vie commence par une semence, une graine enfouie dans l’obscurité
de la terre ou dans les entrailles d’une femme. Et l’hiver est la saison où il
se fait dans ces graines un long travail de germination qui aboutira, au
printemps, à l’éclosion d’une multitude d’existences nouvelles.8 Un travail
identique se fait dans le psychisme de chaque être : dans la terre obscure de
sa nature inférieure, la semence du Moi divin, du Christ, doit commencer à
germer. Voilà l’événement que les chrétiens célèbrent la nuit de Noël… oui,
justement à minuit, au moment de la plus grande obscurité.

C’est cette idée qui est aussi représentée par les Vierges noires qu’on vénère
encore dans certaines églises. La plupart du temps elles se trouvent dans une
crypte, c’est-à-dire, comme la grotte, un endroit caché et obscur ; et ce n’est
pas par hasard. La Vierge noire qui porte sur ses genoux l’Enfant divin est
la représentation de ce processus alchimique par lequel toutes les tendances
obscures de notre subconscient sont soumises aux deux principes spirituels
de la sagesse et de l’amour. C’est alors que l’Enfant-Christ, notre 31

conscience supérieure, peut naître en nous.

Notre mission de fils et filles de Dieu est de faire naître en nous un enfant
de la même quintessence que son Père et sa Mère célestes. Lorsque cet
enfant naîtra, il sera roi. Il transformera toute matière en or et, comme Jésus,
il guérira les aveugles et les lépreux. Qu’est-ce que la lèpre ? Une maladie
qui ronge les chairs, et dans le plan psychique le péché est une lèpre qui
ronge la chair de l’âme. Le pouvoir de guérir les malades est donné à celui
qui a fait naître le Christ en lui grâce à la sagesse et à l’amour. Vous
demandez s’il les guérit réellement ? En leur faisant voir la vérité il
commence par guérir leur coeur et leur âme, avant de pouvoir un jour guérir
aussi leur corps.
Certains diront qu’ils ne sont pas chrétiens, ils ne savent pas ce qu’est le
Christ, et ça ne les intéresse pas tellement de le savoir. Eh bien, qu’ils
l’appellent d’un autre nom s’ils veulent, mais ce sera toujours le même
principe de sagesse et d’amour qui fait le lien entre l’humain et le divin,
quelle que soit leur religion… et même s’ils n’en ont pas. Que l’on soit
chrétien, juif, musulman, bouddhiste, etc., pour Dieu c’est sans importance
qu’il existe différentes religions. Il a créé l’être humain à son image, et pour
retrouver cette image en lui, chacun est libre de choisir le chemin à suivre,
pourvu que ce soit un chemin vers les hauteurs.

Fêter Noël, c’est donc nous préparer à faire naître le principe cosmique du
Christ dans notre âme. Ce n’est pas Jésus qui peut naître en nous : Jésus, lui,
est né il y a deux mille ans en Palestine, d’une femme, Marie. Mais le
Christ, qui est un principe cosmique, peut naître en nous comme il est né
dans Jésus. La naissance de Jésus a certainement été un événement
historique de la plus grande importance, mais il ne fallait pas tellement
insister sur cet événement avec la conviction qu’il a changé le cours de
l’histoire : la naissance d’un être humain à un moment donné ne change pas
grand-chose. S’il avait suffi que Jésus naisse il y a deux mille ans, pourquoi
le Royaume de Dieu n’est-il pas encore venu sur la terre ? Les guerres, les
famines, la misère, tout cela devrait avoir disparu. Les vraies
transformations peuvent être apportées seulement par un grand nombre
d’êtres qui ont fait de la naissance de Jésus un événement intérieur, un
événement spirituel : la naissance du Christ en eux. Jusque-là on pourra
relire le récit de la naissance de Jésus aussi souvent que l’on voudra, et
chanter « Il est né le divin Enfant», cela ne servira à rien.

Le cours de l’histoire ne peut pas être changé de l’extérieur. Tous ceux 32

qui ont voulu imposer des changements par la force n’ont souvent réussi
qu’à produire d’autres destructions, d’autres persécutions, d’autres
massacres. On pourra dire que la naissance de Jésus a vraiment changé le
cours de l’histoire lorsque les chrétiens seront capables de se manifester
partout comme des porteurs de lumière et de paix.

Chaque année, à l’approche de Noël, nous devons nous préparer à fêter


l’union de l’âme et de l’esprit. En nous comme dans l’univers, l’esprit, le
père, et l’âme, la mère, s’unissent pour mettre au monde un enfant divin :
une conscience nouvelle. Cette conscience se manifeste comme une lumière
intérieure qui chasse les ténèbres… comme une chaleur tellement intense
que même si le monde entier vous abandonne, vous ne vous sentez jamais
seul… comme une vie abondante qui jaillit partout où vos pieds vous
portent… comme un afflux de forces que vous consacrez à l’édification du
Royaume de Dieu… comme une joie aussi, cette joie extraordinaire d’être
en liaison avec tout l’univers, avec toutes les grandes âmes qui l’habitent,
de faire partie d’une immensité… et la certitude enfin que rien ni personne
ne peut vous enlever cette joie. En Inde, on appelle cet état la conscience
bouddhique ; les chrétiens l’appellent la naissance du Christ.

Références bibliques

1. L’archange Gabriel annonce à Marie la naissance de Jésus – Luc 1 : 26

2. L’archange Gabriel annonce à Zacharie la naissance de son fils Jean –


Luc 1 : 11

3. Jésus dit à ses disciples qu’ils seront des pêcheurs d’hommes – Marc 1 :
17

4. « En ce temps-là parut un édit de César Auguste » – Luc 2 : 1-17

5. « Où est le roi des juifs qui vient de naître ? » – Matthieu 2 : 2.

6. « Allez, renseignez-vous sur cet enfant » – Matthieu 2 : 8

7. Un ange donne l’ordre aux Rois mages de retourner chez eux par un autre
chemin –

Matthieu 2 : 12

« Dieu a tellement aimé le monde

qu’Il a envoyé son fils unique »

I. Dieu, notre Père à tous


Que signifie cette affirmation reprise de siècle en siècle et qui constitue 33

le fondement du christianisme : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a


envoyé son fils unique » ?1 C’est à partir de cette parole de saint Jean que
les Pères de l’Église et les théologiens qui leur ont succédé ont fixé les
principaux dogmes de la foi chrétienne, mais ont-ils su correctement
l’interpréter ? D’après eux, il y aurait eu un moment de l’histoire des
hommes où Dieu s’est décidé, enfin, à venir à leur secours. Jusque-là Il
avait laissé l’humanité patauger dans l’obscurité. Puis, un jour, après des
millions d’années, on ne sait pas pourquoi, Il a compris que c’était le
moment d’envoyer son fils unique, Jésus.

De ce fils, on ne sait pas grand-chose. Certains ont même mis en doute la


réalité de son existence. Les Évangiles rapportent qu’il est né dans une
étable, parce qu’il n’y avait plus de place dans les auberges,2 et
qu’immédiatement après, ses parents ont dû fuir en Égypte pour le mettre à
l’abri, car le roi Hérode voulait le faire périr.3 Après la mort d’Hérode, ils
quittèrent l’Égypte pour s’établir à Nazareth, en Galilée.4 Sur les premières
années de Jésus on trouve seulement cette mention dans l’Évangile de saint
Luc : « Or, l’enfant croissait et se fortifiait. Il était rempli de sagesse et la
grâce de Dieu était sur lui. »5 Cette mention est suivie de l’épisode où, à
l’âge de douze ans, étant avec ses parents à Jérusalem, il échappe à leur
surveillance : au lieu de rentrer avec eux à Nazareth, il reste à Jérusalem où
ils le retrouvent dans le Temple s’entretenant avec les docteurs de la Loi.6

Puis, on dirait que Jésus disparaît. Il réapparaît dix-huit ans plus tard, à
l’âge de trente ans, lorsqu’il vient se faire baptiser par Jean-Baptiste dans
les eaux du Jourdain.7 Ensuite, pendant trois ans, il parcourt la Judée, la
Samarie, la Galilée, parle sur les chemins à la foule qui le suit, enseigne
dans les synagogues, guérit des malades, chasse des démons… Mais ses
paroles et sa conduite irritent les pharisiens et les sadducéens qui se
considéraient comme les seuls gardiens de la Loi de Moïse, et ils cherchent
le moyen de le faire mourir.8 Ils finissent par le faire arrêter et condamner
par l’autorité romaine qui gouvernait alors le pays9, et à trente-trois ans il
est crucifié.10

Donc, pour les chrétiens, il y a deux mille ans Dieu s’est manifesté sur la
terre en envoyant son fils unique, et cette manifestation aurait duré trois ans
! Ensuite, Il a abandonné les humains à eux-mêmes, Il n’a plus de fils à
envoyer puisqu’Il n’en a qu’un. Et pourquoi n’en a-t-Il qu’un ?… Combien
de pères sont plus privilégiés que Lui ! Ils en ont parfois dix, ou même plus.

La vérité, c’est que les Pères de l’Église n’ont pas compris, ou n’ont pas
voulu comprendre, ou encore n’ont pas voulu révéler ce que signifie 34

réellement être fils de Dieu. Et il s’en est suivi deux affirmations erronées :
la première, que Jésus était lui-même Dieu ; la seconde, que seul Jésus est
réellement fils de Dieu, tous les autres humains sont des fils et des filles
d’une espèce inférieure. Or, en lisant les Évangiles on constate que Jésus
n’a jamais rien dit de tel. S’il est vrai que dans plusieurs passages il
s’adresse à Dieu en l’appelant « Père », quand il parle à ses disciples ou à la
foule qui le suit, il dit aussi « votre Père ». Et quand il leur enseigne
comment prier, les premiers mots de cette prière sont : « Notre Père, qui es
aux cieux ».11 Est-ce que ce terme de « Père » peut avoir deux sens
différents ? Non. Donc, le mot « fils » ne peut pas avoir deux sens différents
non plus. Pourquoi vouloir faire dire à Jésus ce qu’il n’a pas dit ?

Toute religion est fondée sur la conscience qu’il existe un lien entre l’être
humain et la Divinité, et chacune a présenté ce lien d’une manière qui lui
était propre. Dans l’Ancien Testament, Moïse, au début du livre de la
Genèse, écrit que « Dieu créa l’homme à son image » ;912 c’était déjà une
manière de révéler qu’il est son fils. Puis Jésus, en s’adressant à Dieu et en
Le mentionnant le plus souvent sous le nom de Père, a donné toute son
étendue à cette révélation.

Mais au lieu d’approfondir cette vérité, au lieu d’en tirer toutes les
conséquences et de comprendre que chacun peut trouver là le sens de la vie
pour lui-même et pour tous les humains, les Pères de l’Église ont déclaré
que Jésus, seul, était le véritable fils de Dieu, et donc Dieu Lui-même. Ce
que Jésus disait pour tous les hommes, ils ont voulu que ce ne soit vrai que
pour lui, et afin d’imposer leurs idées et de leur donner plus de force, ils ont
été obligés de fabriquer à son sujet des théories insensées. Puisqu’il était «
Dieu fait homme », Jésus ne pouvait pas venir au monde comme les autres
êtres humains : il a donc fallu dire qu’il était « né d’une vierge »
après avoir été « conçu par l’opération du Saint-Esprit ». Et comme il était
impensable que Dieu meure sur une croix, il a fallu aussi prétendre qu’il
était ressuscité et qu’étant ressuscité, c’est dans son corps physique qu’il
était monté au ciel, où il est, depuis, assis à la droite de Dieu.

Mais que signifie « la droite de Dieu » ? On ne peut parler de droite et de


gauche que pour un corps matériel. Dieu a-t-Il, Lui aussi, un corps physique
? Admettons que ce terme de « droite » soit symbolique, est-ce que Jésus
possède un corps à côté de Dieu qui n’en a pas ?… Et il se trouve donc là
avec son corps physique parmi des myriades d’anges et d’archanges qui
sont, eux, de purs esprits. Comment fait-il pour se nourrir ? Car il faut être
logique, si Jésus est monté au ciel dans son corps physique, il doit le nourrir.
Il a pu jeûner quarante jours au désert, mais peut-il jeûner depuis 35

deux mille ans, ou alors de quoi se nourrit-il ? Pourquoi la foi doit-elle à ce


point contredire les lois de la nature, ces lois fixées par le Créateur Lui-
même ?

Et maintenant parlons de Marie, mère de Jésus. Puisque l’Église a fait d’elle


« la mère de Dieu », il a fallu qu’elle la présente aussi comme un être
absolument à part, unique. C’est pourquoi Marie a été proclamée «

Immaculée Conception », c’est-à-dire conçue sans péché, donc préservée du


péché originel, et de plus toujours vierge. Je veux bien, mais alors, que
penser de ce passage des Évangiles où sont mentionnés les frères de Jésus ?

…13 Et puisqu’elle était la mère de Dieu, elle non plus ne pouvait pas
mourir : après qu’elle ait été plongée dans une sorte de sommeil, son corps
fut enlevé par des anges, et elle siège depuis à côté de son fils comme reine
du Ciel. Donc, dans le ciel peuplé d’esprits, Jésus et Marie seraient les seuls
à posséder un corps physique ! Quelle personne de bon sens peut croire cela
?

Comprenez-moi bien, il n’existe peut-être pas quelqu’un qui croie plus que
moi à la grandeur de Jésus, à sa sainteté, à sa lumière, à sa puissance.

Et je crois aussi qu’il était le fils de Dieu, oui, mais cette filiation est d’une
autre nature que ce que l’Église a enseigné. Je respecte également beaucoup
Marie et je l’aime, mais là encore, l’image que l’Église a voulu donner
d’elle est de la pure invention. En déclarant qu’elle a conçu Jésus par
l’opération du Saint-Esprit, la religion chrétienne a aussi considérablement
compliqué et obscurci la question de la sexualité. Le mot « pureté » lui-
même n’a pu être alors compris que d’une manière très étroite, ce qui a eu
de graves conséquences non seulement pour les fidèles mais aussi pour les
membres du clergé eux-mêmes, et tous ces religieux et religieuses dans les
couvents. Comment pouvaient-ils s’épanouir ? La pureté qu’on leur a
enseignée est une ennemie de la vie puisque c’est une ennemie du corps.

Même si les Évangiles ne donnent que très peu de détails, pour celui qui sait
lire, la vérité sur Jésus apparaît clairement. De l’enfant il est écrit « il
grandissait en sagesse, en stature, et en grâce ». Si quelqu’un grandit, c’est
qu’il n’est pas encore suffisamment grand. Alors, voilà que celui qui est
Dieu Lui-même serait obligé de « grandir » ? Déjà, on L’a obligé à naître en
passant par le corps d’une femme. Or, si pour naître Jésus n’avait pas besoin
d’un père physique, pourquoi avait-il besoin d’une mère ? S’il était
réellement possible de concevoir un enfant « par l’opération du Saint-Esprit
», il aurait pu aussi bien naître sans l’intermédiaire d’une mère physique.
Puisque Jésus a eu une mère, c’est qu’il a eu aussi un père. Et si le père
n’était pas Joseph, qui était-il ?…

36

Les Évangiles ne disent rien de ce qu’a fait Jésus à partir de l’âge de douze
ans, ni même où il était. Or, voici qu’à l’âge de trente ans il apparaît soudain
sur les bords du Jourdain pour demander à Jean-Baptiste de lui donner le
baptême. Quand il sort de l’eau, le Saint-Esprit descend sur lui sous la
forme d’une colombe. Là encore, pourquoi devait-il attendre l’âge de trente
ans pour recevoir le Saint-Esprit ? Pourquoi avait-il besoin de trente ans
d’apprentissage ? S’il avait été conçu par la vertu du Saint-Esprit, il aurait
dû être toujours habité par lui, il n’avait pas à attendre tant d’années pour le
recevoir…

Vous voyez combien tout cela est contradictoire. Si Jésus était Dieu Lui-
même, on se demande pourquoi Dieu a dû naître d’une femme, puis passer
par tous les stades du développement humain pour recevoir enfin le
baptême à l’âge de trente ans avant d’entreprendre sa mission. De plus,
cette mission n’a duré que trois ans ! Pour un être qui a l’éternité, qui vit
dans l’éternité, c’est bien pauvre, bien maigre ! En réalité, Dieu n’a jamais
été contraint de naître, de grandir et de s’instruire, ou alors quand on parle
de Lui, on ne sait pas de qui on parle. Dieu, c’est l’Esprit cosmique qui n’a
ni à apprendre ni à se perfectionner, car Il est la perfection. Ce sont les
créatures humaines qui doivent travailler à se perfectionner pour s’élever
jusqu’à Lui, et Jésus, qui était une créature humaine, n’a pas fait exception.

Dans l’Évangile selon saint Matthieu, le baptême de Jésus dans les eaux du
Jourdain et la descente de l’Esprit Saint sont immédiatement suivis par le
récit de sa retraite au désert. Là, quand il eut jeûné quarante jours, le diable
vint le tenter. Pourquoi Jésus a-t-il dû jeûner ? Et après ce jeûne, pourquoi
a-t-il été tenté par le diable ? 1014 Le jeûne est une purification, et si Jésus
avait été Dieu Lui-même, d’abord il n’aurait pas eu besoin de jeûner, et
ensuite le diable ne serait pas venu le tenter. Il n’est pas si bête, le diable, il
sait qu’il n’a aucune chance de séduire Dieu et de l’attirer dans ses filets, il
n’essaie même pas. Mais là, le diable s’est dit : « Jésus se présente comme
fils de Dieu, mais il a aussi quelque chose en lui de la nature humaine… Je
vais essayer de le tenter à travers cette nature humaine, et peut-être
tombera-t-il dans mes pièges, comme c’est arrivé avec tellement d’autres
qui étaient aussi des fils de Dieu. » Le diable sait toujours à qui il a affaire ;
il savait qui était Jésus, et si Jésus avait été Dieu Lui-même, sachant qu’il
serait vaincu d’avance, il n’aurait pas essayé de le tenter. Il n’a pas réussi,
mais s’il a essayé, c’est qu’il aurait pu réussir.

Pour affirmer la supériorité du christianisme, les Pères de l’Église ont


déclaré qu’il avait pour fondateur le Fils de Dieu Lui-même.

Malheureusement, il ne suffit pas d’affirmer quelque chose pour que ce soit


37

vrai. Beaucoup de chrétiens me diront, je le sais, que je n’ai pas compris la


véritable doctrine de l’Église. Chaque fois que j’ai voulu parler de cette
question avec des croyants ou même des religieux, ils m’ont tous fait la
même réponse : Jésus est à la fois « vrai Dieu et vrai homme ». Et chaque
fois, j’ai dû leur dire que cette affirmation n’a pas de sens. Pourquoi ?
Parce que les deux natures divine et humaine ne peuvent coexister qu’en un
être humain. Si Jésus était le Fils de Dieu dans le sens où ils l’entendent, il
ne pouvait être que Dieu.

Tous ceux qui ont échafaudé ces théories sur « Jésus vrai Dieu et vrai
homme » ont seulement révélé leur ignorance. Oui, une ignorance
anatomique, physiologique, psychologique… cosmique ! Jésus n’est pas fils
de Dieu dans le sens où, à un moment de l’histoire, Dieu Lui-même serait
devenu homme. En réalité, sont fils et filles de Dieu tous les êtres humains
qui prennent conscience de cette étincelle que Dieu a placée en eux : leur
esprit, et qui lui donnent toutes les possibilités de s’épanouir et de se
manifester. C’est ce que Jésus a fait en plénitude. Et cette faculté est donnée
à tous les humains, à condition qu’ils cessent de confondre ce qui est de
l’ordre de l’esprit avec ce qui est de l’ordre de la chair. En imposant aux
chrétiens une image de Jésus qu’elle avait elle-même fabriquée, l’Église les
a détournés du vrai chemin de la vie intérieure et du vrai travail spirituel.

La matière ne cesse de s’opposer à l’esprit en nous ; même lorsqu’après


bien des efforts nous réussissons à la dominer, cette victoire ne dure pas, il
faut chaque fois recommencer. Et quand je parle ici de matière, il ne s’agit
pas uniquement de la matière physique, mais également de la matière
psychique qui, elle aussi, nous résiste. Un moment nous réussissons à la
rendre obéissante, à la faire vibrer à l’unisson avec le monde de la lumière,
mais le moment d’après elle retourne à son inertie première et il faut
reprendre le travail : méditer, prier, faire des exercices. Évidemment, peu à
peu, on acquiert une plus grande maîtrise sur elle, mais pour ne pas perdre
cette maîtrise il faut continuer infatigablement à s’exercer.

Prenons le cas d’un musicien virtuose : il a réussi à développer des dons


exceptionnels, mais quel que soit le niveau où il est arrivé, il doit tous les
jours travailler plusieurs heures, afin de conserver la maîtrise de son
instrument et pouvoir exprimer à travers lui les mouvements les plus subtils
de son âme. De la même façon, un mystique, un Initié, un grand Maître doit
chaque jour, par la concentration, la méditation, la prière, par un effort de
volonté, soumettre sa matière psychique au pouvoir de l’esprit. Il est aussi
mentionné dans les Évangiles que Jésus se retirait à l’écart pour prier.15 S’il
avait été vraiment Dieu Lui-même, croyez-vous que cela aurait été 38
nécessaire ?

Si nous reprenons les deux épisodes de la vie de Jésus mentionnés tout à


l’heure : la descente de l’Esprit Saint au moment de son baptême et les trois
tentations, nous pouvons voir qu’ils confirment les explications que je suis
en train de vous donner : on y retrouve le lien qui existe entre la prise de
possession de Jésus par l’Esprit Saint et la victoire qu’il remporte ensuite
dans les trois plans, physique, astral et mental. Comme je vous l’ai déjà
montré, chacune de ces trois tentations touche un aspect de l’être humain :
la première concerne le corps physique, la seconde le corps astral, et la
troisième le corps mental.

Mais même après sa victoire sur ces trois tentations qui révèle le degré
d’évolution auquel il était parvenu, Jésus devait continuer à lutter pour
remporter d’autres victoires. Et au risque de scandaliser encore l’Église qui
refuse d’admettre la réincarnation, j’ajouterai que si Jésus a pu manifester
des vertus aussi exceptionnelles, c’est que, dans ses vies antérieures déjà, il
avait fait sur lui-même un travail gigantesque. Mais avant de commencer la
mission pour laquelle il était venu s’incarner, il devait s’instruire à nouveau.
Et c’est justement ce qu’il a fait entre douze et trente ans : il se 39

préparait, il étudiait…

En venant s’incarner sur la terre, un Initié comme tout être humain reçoit un
corps qui lui est en quelque sorte étranger. Mais il sait que c’est ce corps qui
doit être la matière de son travail. Alors, pendant des années, il s’impose
une discipline, il s’efforce de purifier, d’éclairer toutes les particules de son
être, il les anime de vibrations nouvelles. Jusqu’au jour où il sent que ce
corps, qui lui était étranger, devient réellement son corps, c’est-à-dire la
demeure de son esprit. La seule différence entre un Initié et les autres êtres
humains, c’est qu’il progresse très vite. Le degré de maîtrise, de sagesse,
d’élévation que Jésus avait atteint à l’âge de trente ans était tout à fait
exceptionnel, mais lui aussi devait travailler pour retrouver son savoir du
passé et aller plus loin. Sur la terre, il faut toujours s’exercer, toujours faire
des efforts, et rien n’est jamais définitivement acquis. D’une existence à
l’autre, il est nécessaire de reprendre le travail. C’est un perpétuel
recommencement.

Et sans doute beaucoup de chrétiens n’accepteront pas non plus l’idée que
Jésus ait eu besoin de Maîtres pour s’instruire. Mais qu’ils acceptent ou
non, c’est la réalité. On sait qu’un enfant qui a été abandonné à lui-même,
qui n’a pas eu à côté de lui des adultes pour lui apprendre à se tenir sur ses
jambes ou à parler, se comporte comme un petit animal : il continue à
marcher à quatre pattes, à émettre des sons inarticulés, et il est très difficile,
impossible même parfois, de l’éduquer. Même si, au départ, ses facultés
physiques et mentales sont identiques à celles de tout autre enfant, son
entourage doit l’aider à les développer. Cet enfant peut manifester plus tard
des qualités intellectuelles ou morales supérieures à celles des adultes qui
l’ont éduqué, et un disciple peut devenir supérieur à son Maître ; mais de
même que l’enfant a besoin de parents, les plus grands fils de Dieu ont aussi
besoin de parents dans le monde spirituel pour les mettre sur le chemin.

Jésus apportait avec lui une somme immense de savoir accumulé tout au
long de ses incarnations antérieures, mais il devait à nouveau s’instruire et
recevoir une initiation afin que ce savoir remonte à la surface.
Il faut chercher à comprendre les vérités spirituelles avec plus de largeur et
de profondeur, en tenant compte des analogies qu’elles présentent avec les
autres règnes de la nature et de la vie. Comme Jésus, tous les humains sont
faits de la même quintessence divine. La différence entre eux, c’est que
certains ont appris à travailler sur cette quintessence pour la développer,
alors que d’autres la laissent dormir. C’est cette quintessence que l’on
appelle l’image de Dieu. Si nous nous comparons à Jésus, évidemment,
entre lui et nous la distance est immense. Mais si nous n’étions pas de la 40

même quintessence que lui, il n’aurait pas dit : « Celui qui croit en moi fera
aussi les oeuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes. »16

Pour faire les mêmes choses, et même de plus grandes, il faut être de la
même nature que lui. Et s’il avait réellement été Dieu, cela signifierait que
les humains seraient capables de faire des oeuvres plus grandes que celles
de Dieu !… Eh oui, il faut réfléchir. On se demande comment cette phrase a
été laissée dans les Évangiles. Si on voulait maintenir cette distance entre
ces pauvres pécheurs que sont les humains et Jésus, « fils unique de Dieu »,
donc Dieu Lui-même, il fallait la supprimer.

Par ses paroles, par son exemple, Jésus est venu faire prendre conscience
aux humains de leur filiation divine. Mais comment peuvent-ils s’inspirer
de cet exemple, puisqu’en leur disant que Jésus était Dieu Lui-même, on a
créé entre eux et lui une distance infranchissable ? L’Église avait la tâche
d’éclairer l’enseignement de Jésus en montrant que si l’humain existe, c’est
parce qu’il est habité par le divin et que sa vocation est de se rapprocher de
plus en plus de ce divin qu’il porte en lui. Mais en fabriquant toutes sortes
d’histoires imaginaires à propos de Jésus, non seulement elle n’a pas éclairé
son enseignement, mais elle a contribué à l’obscurcir.

En révélant que les humains sont tous sans exception fils et filles de Dieu,
Jésus a bouleversé les mentalités. Jusque-là, cette vérité avait été
soigneusement cachée, de peur qu’en prenant conscience de cette origine
divine le peuple n’obéisse plus aux règles imposées par un petit nombre de
gens qui étaient surtout préoccupés d’assurer leur domination. Jésus a donc
été le plus grand révolutionnaire parmi les envoyés de Dieu, et il a expié sur
la croix son audace de dire non seulement qu’il était fils de Dieu, mais que
tous les êtres humains sont également fils et filles de Dieu.
Cette insistance avec laquelle Jésus soulignait la filiation divine de l’homme
scandalisait et irritait les scribes et les pharisiens au point qu’ils tentèrent un
jour de le lapider. Mais il leur dit : « Je vous ai fait voir plusieurs bonnes
oeuvres venant de mon Père : pour laquelle me lapidez-vous ? Les juifs lui
répondirent : Ce n’est pas pour une bonne oeuvre que nous te lapidons,
mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu.
»17 Et c’est alors que Jésus leur rappelle un verset des Psaumes : « N’est-il
pas écrit dans votre loi : J’ai dit : vous êtes des dieux ? »18 Jésus ne s’est
jamais présenté lui-même comme fils « unique »

de Dieu, et en insistant sur la divinité de l’homme, de tout homme, il ne


faisait que reprendre une vérité déjà inscrite dans l’Ancien Testament. Cette
vérité avait été volontairement laissée de côté… et elle l’est encore 41

aujourd’hui.

Références bibliques

1. « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a envoyé son fils unique » –


Évangile de Jean 3 : 16

2. Naissance de Jésus dans une étable – Luc 2 : 7

3. Fuite en Égypte – Matthieu 2 : 13

4. De l’Égypte à Nazareth, en Galilée – Luc 2 : 19-23

5. Or, l’enfant croissait et se fortifiait – Luc 2 : 40

6. Jésus âgé de 12 ans s’entretient dans le temple avec les docteurs de la Loi
– Luc 2 : 41-50

7. Baptême de Jésus – Matthieu 3 : 13-17.

8. Les pharisiens cherchent le moyen de faire mourir Jésus – Matthieu 12 :


14

9. Le sanhédrin accuse Jésus devant l’autorité romaine – Luc 23 : 1-6


10. Crucifixion de Jésus – Luc 23 : 33-34

11. « Notre Père, qui es aux cieux » – Matthieu 6 : 9-13

12. « Dieu créa l’homme à son image » – Genèse 1 : 27

13. Les frères de Jésus – Matthieu 12 : 46

14. Jésus tenté par le diable – Matthieu 4 : 1-11

15. Jésus se retire pour prier – Matthieu 14 :13, Marc 6 : 46, Luc 6 : 12 et 9
: 18, etc.

16. « Celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais » – Évangile
de Jean 14 :12

17. « Je vous ai fait voir plusieurs bonnes oeuvres venant de mon Père… »
– Évangile de Jean 10 : 32-35

18. « Vous êtes des dieux » – Psaume 82 : 6

II. Jésus, une manifestation du Christ

En faisant de Jésus « le fils unique » de Dieu, les Pères de l’Église ont


confondu le plan humain et le plan divin, le plan historique et le plan
cosmique. C’est seulement en tant que principe cosmique que le Fils,
deuxième personne de la Sainte Trinité, peut être dit « fils unique de Dieu »

et porte le nom de « Christ ». Quand Jésus disait : « Je suis le chemin, la


vérité et la vie »111, « Je suis le cep et vous êtes les sarments »122, « Je
suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé… »3, « Je suis le 42

pain vivant descendu du ciel »4, « Nul ne vient au Père que par moi »5, il
s’identifiait au Christ. Mais Jésus n’est pas le Christ. Toute la confusion est
venue de ce qu’on n’a pas su comment interpréter le mot « fils ». Le Christ
est le Fils unique de Dieu en tant qu’il est son émanation directe. Pour
comprendre cette idée, il faut se reporter à l’Arbre séphirotique des
kabbalistes et à la théorie des émanations. L’Arbre séphirotique est pour
moi le meilleur système d’explication de l’univers, c’est-à-dire aussi de
Dieu et de l’homme. C’est un schéma d’apparence très simple, mais dont
les possibilités d’application vont jusqu’à l’infini.

Quand les chrétiens présentent la Sainte Trinité comme le mystère d’un seul
Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ils transposent
une notion qui se trouve dans l’Arbre séphirotique. Le monde divin, Olam
Atsilouth, est formé de trois séphiroth : Kéther, qui correspond au Père,
Hohmah, qui correspond au Fils, et Binah, qui correspond au Saint-Esprit.
C’est donc cette trinité cosmique que les chrétiens appellent Dieu, et en
affirmant que Dieu a un Fils unique, ils s’inspirent de la théorie
kabbalistique des émanations. Le Christ, c’est Hohmah, le Fils engendré par
le Père, Kéther. Mais nous touchons ici un domaine presque inconcevable
pour un cerveau humain.

Il est dit que Dieu a créé le monde de rien « ex nihilo ». Or, « rien »

n’existe pas. « Rien » correspond à cette réalité que les kabbalistes appellent
Aïn Soph Aur et qu’ils situent au-delà même de Kéther. Aïn Soph Aur
signifie lumière sans fin, une lumière au-delà de la lumière, une lumière
d’une nature telle qu’elle peut être confondue avec les ténèbres ; c’est
l’Absolu, le Non-manifesté. Dans cette lumière infinie, Dieu a délimité un
espace, puis débordant des frontières de cet espace, Il a formé un premier
réceptacle qu’il a rempli de ses émanations. Ce premier réceptacle, c’est
Kéther, la première séphira. En débordant, Kéther elle-même a formé
Hohmah. Puis Hohmah en débordant a formé Binah… et ainsi de suite
jusqu’à Malhouth. Chaque séphira est une émanation de la précédente. À

partir de Kéther toute la création n’est qu’un processus ininterrompu par


lequel la lumière n’a cessé de se condenser. La création, c’est toujours la
lumière qui naît de la lumière.

43
Pour comprendre ce qu’est le Fils, la deuxième personne de la Trinité, il
faut se transporter par la pensée à l’origine de la création. Le Fils, c’est
Hohmah, la première émanation de Kéther, le Père. C’est lui qui a été
appelé le Verbe. Il est la première parole proférée par Dieu lorsqu’Il a dit :

« Que la lumière soit ! »136 La lumière est le fils premier-né de Dieu, la


substance que Dieu a engendrée pour en faire la matière de la création. Tout
ce que nous voyons autour de nous est de la lumière condensée. Et cette
lumière, qui devient en bas matière, est en haut la synthèse de toutes les
vertus divines.
La lumière est donc cette réalité cosmique et spirituelle que nous ne
pouvons pas encore concevoir. Les mystiques parlent de la lumière, les
physiciens et les astrophysiciens parlent de la lumière, et ce mot « lumière »

44

paraît correspondre à des réalités différentes. Et pourtant non, à l’origine il


s’agit bien de la même réalité. Mais la lumière restera encore longtemps une
énigme pour les humains ; ils peuvent la voir, ils peuvent la sentir, ils
peuvent en faire l’expérience intérieure, mais ce qu’elle est, ils ne le sauront
peut-être jamais, excepté s’ils arrivent, au terme d’un long travail intérieur,
à remonter jusqu’à son origine pour se fusionner avec elle comme l’a fait
Jésus. C’est pourquoi il disait : « Je suis la lumière du monde ».7

Jésus est le Fils de Dieu parce qu’il s’est fusionné avec la lumière, le Verbe
proféré par le Père. Est-ce que c’est clair ? Ce n’est pas parce qu’on emploie
les mêmes mots, « père » et « fils », qu’on doit confondre des réalités
humaines avec des réalités cosmiques. Dieu le Père est le principe créateur ;
et son Fils, que les chrétiens ont appelé le Christ, est son émanation. C’est
ce principe qui doit descendre dans chaque être humain par la puissance de
l’Esprit-Saint afin que chacun devienne un vrai fils de Dieu, une vraie fille
de Dieu.

Jésus a reçu le principe du Christ en plénitude, mais Jésus n’est pas le


Christ. Il a été le conducteur du Christ, il a été la voix du Christ, il a servi le
Christ, il s’est identifié au Christ, mais il n’est pas le Christ. Le Christ, je le
répète, est un principe cosmique. Ce principe peut se manifester à travers un
être qui s’est préparé à le recevoir ; mais un être humain, aussi exceptionnel
soit-il, ne peut pas être l’incarnation de Dieu Lui-même, cela n’a pas de
sens.

Jésus était un homme, un homme qui a vécu il y a deux mille ans en


Palestine. Le Christ, la deuxième face de Dieu Lui-même, n’a jamais pris de
corps physique et il n’en prendra jamais, il ne peut pas devenir un homme,
il entre seulement dans les âmes et les esprits qui sont prêts à le recevoir et à
se fusionner avec lui. C’est ainsi qu’il est entré dans tous les grands Maîtres
spirituels de l’humanité que nous connaissons, ainsi que chez beaucoup
d’autres que nous ne connaissons pas. Le Christ reste un esprit. Et Jésus,
comme tous les autres Initiés, devait parcourir un long chemin avant que cet
esprit descende en lui. S’il a été appelé Jésus-Christ, ce n’est pas parce qu’il
était le Christ, mais parce qu’il a reçu le Christ. Et s’il a reçu le Christ, c’est
qu’il avait la conscience la plus haute de la présence de Dieu en lui. C’est
donc cette conscience que les humains doivent développer jusqu’à se fondre
dans la Divinité pour pouvoir dire un jour comme Jésus :

« Moi et le Père, nous sommes un ».148

Et maintenant, comment peut-on croire que cette fusion d’un homme avec
la Divinité ne s’était jamais produite avant Jésus et qu’elle ne se produira
plus jamais après lui ? Une telle affirmation revient à nier l’essentiel de 45

l’enseignement de Jésus lui-même, qui est fondé sur la connaissance d’une


nature divine de l’homme, de tous les hommes, puisqu’il disait : « Soyez
parfaits comme votre Père céleste est parfait. »159 À qui le disait-il ? Est-ce
qu’il parlait comme ça, en l’air ?

Je sais que je ne suis pas le seul à penser ainsi. Même dans l’Église certains
ne croient pas ou ne croient plus qu’on puisse identifier Jésus au Christ. Ils
n’en parlent pas pour éviter des scandales ou, s’ils essaient de le dire, on
cherche immédiatement à étouffer leur voix. Mais il arrive toujours le
moment où une religion ne peut plus se maintenir sur des affirmations
erronées. Et on voit bien maintenant ce qui est en train de se produire : de
plus en plus les fidèles désertent les églises. Alors, les prêtres, les évêques,
les cardinaux se réunissent pour commenter ce phénomène qui les inquiète.

Et c’est vrai, les gens se détournent de la religion. Ils perdent la foi ou ils
adoptent des croyances hétéroclites auxquelles ils ne comprennent pas
grand-chose, mais la faute à qui ? Tout être humain vient au monde marqué
d’une empreinte divine, et s’il n’en prend pas conscience ou s’il perd cette
conscience, c’est que le clergé n’a pas fait correctement son travail.

On dirait que l’Église n’a pas voulu voir où était la véritable grandeur de
Jésus, cet homme qui est venu un jour révéler à tous les humains qu’ils
étaient fils et filles du même Père céleste. Au lieu de se donner tellement de
mal pour répéter et démontrer que Jésus était le Christ, il aurait été plus utile
de leur expliquer ce qu’ils sont eux-mêmes. Oui, la clé de la religion, c’est
que l’être humain apprenne avant tout qui il est, lui. C’est à cette seule
condition qu’il peut entreprendre un travail en profondeur. Jusque-là il ne
fait que plaquer toutes sortes de théories et de croyances sur une réalité qu’il
ne connaît pas : lui-même.

Si Jésus était par nature différent de tous les autres humains, comment
pouvait-il espérer être compris d’eux et surtout être un exemple pour eux ?

Si je vous demande d’aller prêcher une poule, une souris ou un chat en lui
disant : « Tu vois, je compose des symphonies et des opéras, j’écris des
poèmes, je fais des recherches sur l’atome et sur les étoiles, alors observe
bien comment je fais et tâche de suivre mon exemple », vous vous
demanderez si je n’ai pas perdu la tête… Eh oui, il faut quand même
raisonner un peu. Pourquoi la religion est-elle un domaine où le
raisonnement a si peu de place ?

Et si Jésus n’avait pas été un homme, qu’aurait-il compris des souffrances


de tous les malheureux qui venaient auprès de lui chercher du secours ? Et
comment aurait-il accepté de faire le sacrifice de sa vie pour 46

ouvrir à toute l’humanité un chemin vers Dieu ? …16 Jésus était un homme,
mais en s’identifiant au Christ, il était devenu un être cosmique, il avait
atteint ce niveau de conscience où il ressentait toutes les créatures humaines
comme une partie de lui : il vivait en elles et elles vivaient en lui. Sa
compassion s’étendait à tous les êtres. C’est ainsi qu’on a pu dire que Jésus
portait toutes les souffrances de l’humanité, et je le crois.

Cette confusion entre Jésus et le Christ a eu des conséquences déplorables :


la plus grave est la distance infranchissable que cela a créé entre les
humains et Jésus. Les chrétiens sont peut-être fiers d’appartenir à une
religion où on leur raconte qu’il y a deux mille ans Dieu a voulu manifester
son amour en envoyant son Fils unique pour les sauver.

Malheureusement, cette croyance que Jésus est le fils unique de Dieu ne


sauve personne, et il faut maintenant abandonner une énormité pareille. Car
c’est aussi une très mauvaise compréhension de l’amour de Dieu qui est
immense, inépuisable, infini. Dieu a eu beaucoup de fils et de filles, Il en a
et Il en aura encore beaucoup. Tout au long de leur histoire Dieu
accompagne les humains de son amour en leur envoyant des êtres qui les
aident à évoluer, et Il continuera à en envoyer d’autres. Il n’a que faire de
ces chrétiens qui Lui interdisent d’envoyer qui que ce soit après Jésus, ou
qui racontent qu’avant la venue de Jésus les humains étaient privés de la
vraie lumière. Comme si le salut des humains devait dépendre de l’époque
où ils ont vécu : avant Jésus ou après Jésus ! L’Église peut bien s’obstiner à
fixer un commencement et un terme à la révélation divine, le Seigneur, Lui,
n’est pas impressionné par ces décrets et Il continue à ne pas en tenir
compte.

Certains objecteront que Jésus lui-même a annoncé la venue de faux


prophètes : « De faux prophètes viennent à vous en vêtements de brebis,
mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. » Nous devons donc nous
méfier, c’est vrai. Mais il a ajouté : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits.

»10, ce qui signifie que nous devons développer cette faculté que Dieu nous
a aussi donnée : le discernement.

Le christianisme ne perdra rien de sa valeur si on ne dit plus que Jésus est le


Christ, deuxième personne de la Trinité, qui est descendu sur la terre.

Pourquoi continuer à vouloir fonder la religion sur une affirmation aussi


insensée ? Montrez-moi où sont les résultats tellement magnifiques de cette
croyance… Et maintenant, les chrétiens attendent à nouveau la venue du
Christ à la fin des temps. Mais, là encore, attendre la venue du Christ 47

comme un événement qui doit se produire dans le temps, c’est très naïf. Car
le Christ n’existe ni dans l’espace, ni dans le temps, il vit dans l’infini et
dans l’éternité. Donc, que l’on dise qu’il est venu, qu’il vient ou qu’il
viendra, cela revient au même. Puisqu’il ne faut pas confondre la venue du
Christ avec celle de Jésus, il ne faut pas attendre son retour. Nous devons
seulement nous mettre au travail pour le faire naître et se manifester en
nous. Il est temps d’abandonner toutes ces rêveries concernant le retour du
Christ. Vous direz : « Mais il est écrit qu’il viendra sur les nuées ! »11 Oui,
comme au théâtre, n’est-ce pas, lorsqu’à la fin on fait descendre du plafond
un dieu qui résout tous les problèmes des malheureux humains ? Il faut
comprendre que ces nuées sont symboliques. 17
Les nuées appartiennent au domaine de l’air et représentent
symboliquement le plan mental. C’est donc dans la tête des humains que le
Christ doit venir, et il vient d’abord comme sagesse. Puis il descend dans
leur coeur, qui représente le domaine de l’eau : là, il se manifeste comme
amour. Et enfin, quand cette sagesse et cet amour se concrétisent dans leurs
actes, on peut dire que le Christ établit réellement son Royaume sur la terre.

Voilà, on ne peut déchiffrer les Évangiles que si on connaît le langage des


symboles, qui est le langage universel. À celui qui ne connaît pas ce
langage, les livres sacrés resteront fermés pour toujours. Et puis, qu’est-ce
que vous croyez ? Dans l’état actuel des choses, même si Jésus revenait, ça
ne servirait à rien : il dérangerait les intérêts de tellement de gens qu’on
chercherait de nouveau à le faire disparaître. Le Christ ne peut se manifester
que dans des êtres qui travaillent à le faire d’abord naître en eux-mêmes.

Dans tout être humain qui vient au monde, c’est chaque fois le principe
divin qui descend s’incarner, ce principe qu’on appelle le Christ. Oui, ce
sacrifice que Dieu fait d’envoyer « son fils », c’est-à-dire une émanation de
Lui-même, se répète à la naissance de chaque être humain ; et c’est à cet
être ensuite de travailler toute sa vie pour que sa nature divine, le Christ,
étende son pouvoir sur sa nature humaine (c’est-à-dire sa nature physique
ainsi que sa nature psychique), et la mette à son service. En Jésus, la fusion
de la nature humaine et de la nature divine s’est faite en plénitude. Il a pu
s’identifier à son Père céleste parce qu’intérieurement il était arrivé à
dissoudre toutes les scories qui empêchaient cette fusion. Chaque être
humain possède au moins en germe cette nature divine, et sa vie sur la terre
n’a de sens que s’il devient conscient de la nécessité de cultiver ce germe en
lui. Quel que soit le Maître spirituel dont il suit la voie, il n’a pas de tâche
plus importante à remplir.

Donc, Jésus, ce n’est pas le Christ qui serait venu s’incarner à un moment
48

donné de l’histoire. Mais à un moment donné de l’histoire, il y a eu un être


qui avait pris au plus haut point conscience de sa dignité de fils de Dieu et
qui a voulu enseigner aux hommes qu’ils étaient tous, eux aussi, fils de
Dieu, porteurs du Christ. Au lieu de se pénétrer de cette vérité, les chrétiens
ont passé des siècles à célébrer la divinité de Jésus et à condamner les autres
religions, certains allant même jusqu’à exterminer tous ceux qui
n’acceptaient pas « la vraie foi». L’exemple de Jésus lui-même, ils n’ont pas
tellement cherché à le suivre. Et la question qui se pose maintenant est la
suivante : est-ce que ce n’est pas l’Église qui, par son attitude, a limité la
diffusion du message de Jésus ? Il suffisait de bien lire les Évangiles pour
comprendre ce qu’il fallait retenir de ce message. Mais non, l’Église a
fermé les yeux sur certaines vérités et en a fabriqué d’autres.

Je ne suis pas contre l’autorité de l’Église ; il est utile, nécessaire même,


qu’il existe une institution morale, spirituelle, qui donne aux humains une
orientation, des conseils. Ce que je ne peux pas accepter, ce sont les bases
sur lesquelles elle a assis cette autorité et comment elle l’a exercée. Elle
s’inquiète maintenant de la prolifération des sectes, mais n’est-ce pas elle
qui est la première responsable de cette situation ? Et si elle persiste à
vouloir poser ses fondements sur tant d’affirmations erronées, elle finira par
perdre tout crédit. Une religion doit avoir essentiellement pour but la
transformation, l’amélioration de l’être humain, et l’être humain ne peut pas
s’améliorer si on ne cesse de lui répéter que son fondateur, son modèle est
d’une autre essence que lui. Les chrétiens ne pourront vraiment se dire les
disciples de Jésus que s’ils s’efforcent d’imiter son exemple et de devenir
comme lui parce qu’ils sont de même nature que lui. Il n’a pas seulement dit
: « Je suis la lumière du monde », il a dit à ceux qui l’écoutaient, et donc
aussi à nous : « Vous êtes la lumière du monde »12.

En disant « Je suis la lumière du monde », Jésus s’identifiait au soleil, car


qu’est-ce que la lumière du monde, sinon le soleil ? Mais le soleil auquel
s’identifiait Jésus, ce n’est pas notre soleil, celui que nous voyons dans le
ciel ; c’est le Christ, le soleil cosmique, le soleil spirituel, dont notre soleil
est un représentant. Mais même s’il n’est que son représentant, c’est en le
contemplant que nous nous approchons du soleil spirituel. À

travers notre soleil, le Christ, qui est l’émanation du Père, ne cesse de


répandre ses bénédictions : chaque jour, sa vie, son sang coule vers la terre.

Le Christ bénit et vivifie toutes les créatures. Il est à la fois dans tout
l’univers, dans tous les astres du ciel, et pour nous les humains Il se
manifeste particulièrement à travers le soleil. Bienheureux ceux qui élèvent
et élargissent leur compréhension du Christ jusqu’à s’identifier à Lui, car 49
c’est leur âme qu’ils élèvent et qu’ils élargissent.

Tout être humain a une certaine apparence physique qui permet de le


reconnaître comme tel ou tel : devant certaines formes physiques, on ne
peut pas se tromper. Mais, intérieurement, nous possédons cette faculté de
nous identifier à tout ce qui existe, et c’est d’ailleurs ce que nous faisons
plus ou moins inconsciemment tout au long d’une journée : quelque chose
en nous ne cesse, par mimétisme, de s’identifier à ce que nous touchons,
voyons, entendons. C’est pourquoi nous devons être vigilants et, de temps à
autre, nous arrêter un moment pour nous demander à qui ou à quoi nous
sommes en train de nous identifier. Car ces êtres et ces choses auxquels
nous nous identifions, voilà ce que nous deviendrons tôt ou tard.

Puisque Jésus a dit : « Vous êtes la lumière du monde », c’est à la lumière


que nous devons nous identifier pour devenir réellement, un jour, cette
lumière. Si, à partir de l’étincelle qui habite en nous, notre esprit, nous
arrivons peu à peu à illuminer tout notre être, nous posséderons un jour les
mêmes puissances, nous apporterons les mêmes bénédictions que la lumière
solaire, la lumière du Christ. Il ne sert à rien de se prétendre chrétien,
disciple du Christ, si on ne travaille pas à réaliser ce que Jésus a lui-même
réalisé pour pouvoir affirmer : « Je suis la lumière du monde ».

Maintenant, bien sûr, n’importe qui peut raconter qu’il est la lumière du
monde. S’il n’a pas préalablement fait le travail qui le rend digne de
prononcer ces mots, il s’expose à de graves troubles psychiques. On dira
qu’il est fou. En apparence, oui, mais c’est peut-être aussi qu’il sent
intuitivement qu’il possède une autre nature, une nature divine. Seulement il
ne suffit pas d’avoir cette intuition et de la proclamer, il faut posséder un
savoir qu’il est difficile d’acquérir ; alors, en attendant, il vaut mieux rester
humble et travailler longtemps, très longtemps, afin d’être capable de
manifester un jour cette nature divine.

Évidemment, au cours de l’histoire il y a eu, parmi les chrétiens, des êtres


d’élite qui, malgré les obscurités et les limitations de l’enseignement qu’ils
avaient reçu, ont réussi à s’élever jusqu’à une compréhension
exceptionnelle du message de Jésus. Dans tous les domaines, que ce soit la
politique, les sciences, les arts, la philosophie, et donc aussi la religion, il y
a toujours des êtres qui sont capables de dépasser les limites qu’on veut leur
imposer. Mais ce n’est pas pour ces êtres-là que je parle ; je parle pour ceux
qui n’ont pas les mêmes facultés mentales, psychiques et spirituelles ; ceux-
là, à notre époque, l’enseignement de l’Église ne peut plus tellement 50

les éclairer. Et qu’on ne s’imagine pas que pour faire revenir les jeunes vers
la religion il suffit de « moderniser » les offices en les accompagnant de
danses et de musiques de dancings. Ce n’est pas ainsi qu’on va donner une
vraie foi aux jeunes. Pour se trémousser, ils se trouveront toujours mieux
dans une boîte de nuit que dans une église ; et à l’église ils n’auront rien
entendu qui puisse réellement les aider.

Le Christ n’appartient pas seulement à ceux qui se disent chrétiens, même


s’ils sont des millions sur la terre. Toutes ces planètes, tous ces soleils qui
existent dans l’univers, Dieu les aurait-Il privés de sa présence ? Peut-être
que sur les autres planètes aussi le Christ s’est incarné… Puisque Dieu est
amour, pourquoi ne serait-Il pas allé les visiter elles aussi ?… Si mes
paroles choquent les chrétiens, j’en suis navré, mais il faut qu’ils le sachent
: le christianisme ne pourra pas survivre encore très longtemps si l’Église ne
se décide pas à débarrasser son enseignement de tout ce qu’elle y a
accumulé d’inutile, et même de nuisible, pour se concentrer sur l’essentiel.
Et l’essentiel est dit dans le : « Notre Père »13. Cette prière ne remplit
même pas une page, mais ses quelques lignes suffisent pour révéler toute la
science que Jésus possédait18.

Références bibliques

1. « Je suis le chemin, la vérité et la vie » – Évangile de Jean 14 : 6

2. « Je suis le cep et vous êtes les sarments » – Évangile de Jean 15 : 5

3. « Je suis la porte » – Évangile de Jean 10 : 9

4. « Je suis le pain vivant » – Évangile de Jean 6 : 38

5. « Nul ne vient au Père que par moi » – Évangile de Jean 14 : 6

6. « Que la lumière soit ! » – Genèse 1 : 3


7. « Je suis la lumière du monde » – Évangile de Jean 8 : 12

8. « Le Père et moi nous sommes un » – Évangile de Jean 10 : 30

9. « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » – Matthieu 5 : 48

10. « De faux prophètes viennent à vous en vêtements de brebis » –


Matthieu 7 : 15

11. Le Christ viendra sur les nuées – Matthieu 24 : 30

12. « Vous êtes la lumière du monde » – Matthieu 5 : 14

13. « Notre Père, qui es aux cieux » – Matthieu 6 : 10

51

« Si un homme ne naît d’eau et d’esprit »

I. La deuxième naissance

« Il y eut un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des


Juifs, qui vint auprès de Jésus de nuit et lui dit : Rabbi, nous savons que tu
es un docteur venu de Dieu, car personne ne peut faire ces miracles que tu
fais, si Dieu n’est pas avec lui. Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te
le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu.
Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ?
Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus répondit : En vérité,
en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut entrer
dans le Royaume de Dieu. » 1

Pour s’incarner sur la terre un être humain a besoin d’un père et d’une mère
physiques. Pour entrer dans le Royaume de Dieu, il a besoin aussi d’un père
et d’une mère, mais d’un père et d’une mère de nature spirituelle.

Entrer dans le Royaume de Dieu est une autre forme de naissance, et cette
nouvelle naissance, dit Jésus, ne peut se produire que grâce à une mère qui
est l’eau et à un père qui est l’esprit. L’esprit, c’est le feu. Le feu est
l’expression de l’esprit. Et de même que la naissance d’un enfant est le
résultat d’un travail que le père a fait sur la mère, de même l’entrée dans le
Royaume de Dieu est le résultat d’un travail que le feu fait sur l’eau. Ces
deux principes masculin et féminin du feu et de l’eau sont représentés en
nous par l’intellect et le cœur, mais aussi, à un niveau supérieur, par l’esprit
et l’âme. Les quelques mots de la réponse de Jésus à Nicodème révèlent
qu’il possédait la science du feu et de l’eau, qui est la science des deux
grands principes cosmiques masculin et féminin.

L’enfant qui vient au monde est en possession des organes et des membres
dont il a besoin pour vivre et travailler sur la terre : une bouche, un estomac,
des poumons, des bras, des jambes… Et de même, quand l’esprit s’unit à la
pure matière de l’âme, ils conçoivent un enfant, et cet enfant lui aussi
respire, se nourrit, se déplace, parle, travaille.

L’Initié qui fait naître en lui l’enfant divin est à la fois homme et femme,
père et mère ; en tant que père, il déclenche le processus de la conception, et
en tant que mère il déclenche celui de la formation, il forme l’enfant et il le
nourrit. Un Initié est un être de plénitude, car en lui le principe masculin et
le principe féminin vivent en parfaite harmonie, et c’est cette harmonie qui
fait de lui un créateur. Qu’ils soient hommes ou femmes, mariés ou non, 52

tous les humains qui ne sont pas arrivés à réaliser cette union harmonieuse
du principe masculin et du principe féminin en eux, sont des célibataires.

Dans ce sens, on peut dire que la terre est presque entièrement peuplée de
célibataires. Et à la différence de ce qui se passe dans le plan physique, ceux
qui sont célibataires dans le plan spirituel ne peuvent pas mettre d’enfant au
monde. Chaque manifestation dans la vie est une naissance.

Mais seuls l’âme (qui est le coeur supérieur) et l’esprit (l’intellect supérieur)
sont à l’origine de toutes les naissances dans le plan spirituel.

Naître une deuxième fois, c’est naître dans le monde divin ; là, c’est vous
qui avez décidé de naître, et vous le faites grâce à vos efforts. Pour naître
dans le plan physique on ne vous a pas demandé votre opinion. Ce sont
d’autres qui vous ont appelé et qui vous ont façonné ; cela ne dépendait pas
de vous, vous n’en êtes pas responsable. Bien qu’en réalité, vous ayez là
quelque responsabilité, car votre existence actuelle a été décrétée et
déterminée par les vingt-quatre Vieillards, les Seigneurs des destinées,
d’après la manière dont vous avez vécu dans vos existences antérieures.

Mais enfin, aujourd’hui disons comme ça pour simplifier les choses. Tandis
que pour la deuxième naissance, c’est vous qui prenez la décision de naître
dans le monde de la lumière. Avec patience, lucidité, vous vous façonnez
une autre conscience afin de naître dans le Royaume de Dieu.

Les chercheurs qui se sont penchés sur la question du sommeil ont


découvert qu’il comporte plusieurs phases, plusieurs paliers. De la même
façon, dans les plans psychique et spirituel il existe plusieurs niveaux de
sommeil ou de veille, c’est-à-dire plusieurs niveaux de conscience, et nous
avons chaque jour pour tâche de chercher à accéder à un niveau plus élevé.
19 La tradition chrétienne ne parle pas d’éveil mais de nouvelle naissance.
La nouvelle naissance, comme l’éveil, est un processus continu : chaque
progrès dans la voie de la sagesse et de l’amour est une nouvelle naissance,
un nouvel éveil. L’éveil comme la nouvelle naissance est le but de la vie
spirituelle, et le nom Bouddha signifie « l’Éveillé ».

« Si un homme ne naît d’eau et d’esprit… » L’eau, en nous, la mère, c’est


l’amour de notre coeur sublimé par l’âme. Le feu, le père, c’est la sagesse
de notre intellect sublimé par l’esprit. Et l’enfant qui naît de l’union de
l’amour et de la sagesse, c’est la vérité, le Royaume de Dieu.

La réponse de Jésus à Nicodème rappelle le deuxième verset du livre de la


Genèse : « Et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. »202 Dans les
deux cas, c’est le même événement qui est évoqué, une naissance :
naissance de l’univers et naissance spirituelle de l’homme, pour lesquelles
53

on retrouve les mêmes éléments : le feu (l’esprit) et l’eau (la matière). De


même que l’univers est né du feu et de l’eau, pour entrer dans cet état de
conscience supérieur appelé le Royaume de Dieu, l’homme doit naître lui
aussi du feu et de l’eau. Les Initiés, qui connaissent le langage des
symboles, ne s’arrêtent pas seulement sur les mots « eau » et « esprit », ils
découvrent à quels phénomènes ils correspondent dans les autres plans, car
les mêmes lois agissent à tous les niveaux de la création.

L’eau et le feu, nous devons aussi les étudier en mouvement.

L’horizontale est la direction naturelle de l’eau, et la verticale celle de la


flamme. Quand ces deux directions se rencontrent, elles forment une croix.

La croix est un symbole d’une signification bien plus vaste que celle que les
chrétiens lui ont principalement donnée : le rappel de la mort de Jésus. La
croix dans sa véritable dimension, sa dimension cosmique, représente
l’union du principe masculin (le feu qui se dresse et monte) et du principe
féminin (l’eau qui coule et s’étale). Elle est le symbole du travail qu’ils
exécutent ensemble dans l’univers.

Mais le feu et l’eau ne s’opposent pas seulement dans leur mouvement, ils
s’opposent aussi par leur nature, et si on veut les faire se rencontrer
directement ils se conduisent comme des ennemis : l’eau tend à éteindre le
feu, et le feu à transformer l’eau en vapeur jusqu’à la faire disparaître. Pour
qu’ils travaillent ensemble, il faut trouver un ajustement. Lorsqu’on veut
faire bouillir de l’eau, on la verse dans une casserole ; grâce à cette paroi
qui les sépare, non seulement ils ne se détruisent pas mais ils produisent une
énergie.

Quand les humains ont découvert qu’en travaillant ensemble, le feu et l’eau
produisent une énergie qu’ils peuvent utiliser, il s’en est suivi de grands
progrès dans le domaine des techniques. Mais utiliser les pouvoirs du feu
sur l’eau pour faire fonctionner des machines, c’est encore peu de chose.
C’est dans tous les plans que le feu et l’eau sont les deux principes
indispensables pour la naissance de ce troisième principe qu’est l’énergie ;
et une fois qu’on a compris cela, on doit encore réfléchir à la façon de les
mettre en présence. Cela vous paraît évident ? Mais regardez ce qui se passe
avec tellement de couples : psychiquement, ils n’ont pas su placer une

« paroi » entre eux, c’est pourquoi quelque temps après on constate que le
mari est éteint et la femme évaporée. Alors là, c’est sûr, intérieurement les
portes du Royaume de Dieu qui est joie et plénitude leur sont fermées.
L’eau et le feu, Jésus les mentionne implicitement aussi dans un autre
passage des Évangiles quand il dit à ses disciples : « Soyez prudents comme
le serpent et simples comme la colombe ».3 Ce qui signifie qu’ils 54

devaient apprendre à utiliser les deux méthodes : celle de l’eau, le serpent,


dont Moïse dit dans la Genèse qu’il était le plus rusé des animaux4, et celle
du feu, la colombe, symbole du Saint-Esprit qui est un feu. Le serpent, c’est
l’eau qui avance horizontalement en décrivant des courbes, et la colombe,
c’est le feu qui s’élève à la verticale. L’eau et le feu s’opposent par leur
nature, leur mouvement, leur direction, mais pour bien agir nous devons
apprendre à les harmoniser en nous. Voilà encore ce que veut nous dire
Jésus.

Références bibliques

1. « Il y eut un homme d’entre les pharisiens nommé Nicodème » –


Évangile de Jean 3 : 1-5

2. « Et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux » – Genèse 1 : 2

3. « Soyez prudents comme le serpent et simples comme la colombe » –


Matthieu 10 : 4

4. « Le serpent était le plus rusé des animaux » – Genèse 3 : 1

II. Le baptême

« En ce temps-là parut Jean le Baptiste, prêchant dans le désert de Judée…


Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tout le pays des environs
du Jourdain, se rendaient auprès de lui et se faisaient baptiser par lui dans
le fleuve du Jourdain… »1 Et il leur disait : « Moi je vous baptise d’eau,
mais celui qui vient après moi vous baptisera du Saint-Esprit et du feu. »2
Quand Jésus vint lui aussi se faire baptiser par Jean, il est écrit que les cieux
s’ouvrirent et que le Saint-Esprit descendit sur lui « comme une colombe ».3

Dans la religion chrétienne il existe un sacrement, le baptême, dont on ne


peut vraiment comprendre la signification que si on se rappelle les paroles
de Jean-Baptiste, le baptême de Jésus, ainsi que les révélations qu’il fit à
Nicodème en lui disant : « Si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut
entrer dans le Royaume de Dieu. »4

L’enfant qui reçoit le baptême est admis dans la communauté des chrétiens,
et si cette communauté remplit correctement sa fonction, elle le prépare à
entrer dans le Royaume de Dieu. Ses parents l’ont fait naître dans le plan
physique et l’Église doit le faire naître dans le plan spirituel. C’est pourquoi
on donne à l’enfant un parrain et une marraine qui représentent, 55

pour sa vie spirituelle, ce que son père et sa mère représentent pour sa vie
physique. Mais cela ne signifie évidemment pas que son père et sa mère
n’ont aucun rôle à jouer pour sa vie spirituelle, bien au contraire.

À l’heure actuelle, on ne voit pas beaucoup de parrains et de marraines


prendre leur rôle spirituel très au sérieux ; souvent, ils se contentent de faire
de temps à autre un cadeau à l’enfant. Mais en vous parlant du baptême, je
veux vous faire prendre aussi conscience de ce que signifie naître à la vie
divine, et il existe dans la tradition chrétienne tous les éléments qui
permettent de comprendre ce que Jésus appelle naître « d’eau et d’esprit ».

Je n’entrerai pas dans le détail des différents rites du baptême par lesquels
on consacre l’enfant quelques jours après sa naissance : que le prêtre le
plonge dans l’eau ou l’asperge seulement de quelques gouttes, le symbole
de l’eau reste présent. Avec l’eau, le second élément utilisé est l’huile : le
prêtre y trempe le pouce, puis fait de petites croix sur le sommet de la tête
de l’enfant. L’huile est un élément qui nourrit la flamme, elle est donc
apparentée au feu, au feu de l’esprit. Enfin, le prêtre dépose quelques grains
de sel sur ses lèvres, et le sel, élément purificateur, a aussi une relation avec
le feu. 21 Ainsi, on retrouve dans le baptême l’eau et le feu que mentionne
Jésus quand il répond à la question de Nicodème. Et c’est là qu’il faut
savoir lire le livre de la nature et interpréter les symboles.
Le but du baptême est d’éveiller dans les êtres la conscience qu’ils sont
habités par ces deux principes cosmiques, l’eau et le feu, qui agissent à tous
les niveaux de la création, c’est-à-dire dans les plans physique, psychique,
spirituel et divin. Mais qu’en est-il en réalité ? Des parents amènent leur
enfant à l’église pour être baptisé, et lorsqu’il en sort, la communauté
chrétienne s’est enrichie d’un nouveau membre. On fait alors une petite
fête, et puis souvent on oublie. Quant à l’enfant qui a reçu le baptême, il
arrive que, lui aussi, n’y pense plus jusqu’à la fin de sa vie ; mais peu
importe, puisqu’il a été baptisé, il compte parmi les chrétiens. Alors, à quoi
a servi cette cérémonie ? Un prêtre pourra vous dire que lorsqu’Adam et
Ève ont commis le premier péché en désobéissant à Dieu, l’esprit impur a
pénétré en eux et il continue à contaminer toute leur descendance.22 Il faut
donc laver maintenant les humains du péché originel, les délivrer de cet
esprit impur pour faire entrer en eux l’Esprit Saint, c’est cela la fonction du
baptême. Je veux bien, mais en réalité un être qui n’a pas reçu le baptême
chrétien n’est pas pour autant une âme en perdition, égarée dans les
ténèbres. Et baptiser un nouveau-né alors qu’il n’en est même pas
conscient, ne suffit pas pour faire de lui la demeure de l’Esprit Saint. Ce
sera à lui de travailler ensuite toute sa vie pour conserver, amplifier les
effets du 56

baptême et alimenter la semence divine que le prêtre par ses gestes, par ses
prières, a introduite en lui.

Supposons qu’autrefois, il y a longtemps, on vous ait baptisé : vous avez été


purifié par l’eau, l’huile et le sel. Mais si vous, vous ne travaillez pas
chaque jour consciemment de tout votre coeur, de toute votre âme, à vous
purifier, ce baptême n’aura pas servi à grand-chose. C’est vous qui devez
chaque jour contribuer à votre salut. L’eau est là, le feu est là, ils font même
partie de votre vie quotidienne, vous les utilisez dans un grand nombre
d’activités et de tâches matérielles : prenez conscience que vous pouvez
aussi les faire entrer dans votre pratique spirituelle.

Vous vous lavez tous les jours. Or, l’eau a d’autres pouvoirs que celui de
contribuer à l’hygiène du corps physique. Si à travers elle, vous cherchez à
entrer en relation avec l’eau cosmique dont elle est l’expression matérielle,
vous vous libérez des miasmes déposés dans vos corps psychiques par les
pensées et les sentiments qui ne vous sont pas inspirés par la sagesse et
l’amour.23 Adressez-vous aussi aux entités qui habitent toutes les eaux
pures sur la terre et demandez-leur de vous donner leur limpidité, leur
transparence.

Quant au feu, vous n’avez peut-être pas souvent l’occasion d’en allumer en
plein air ou dans une cheminée, mais vous pouvez toujours allumer une
bougie.24 Attendez que la nuit soit tombée, puis prenez une bougie,
commencez par la consacrer à l’ange du feu, allumez-la et éteignez toutes
les autres lumières. Regardez cette flamme qui danse devant vous, vivante,
claire, joyeuse, et adressez-vous à elle en disant : « Ô flamme bien-aimée,
symbole du Saint-Esprit, symbole du Feu cosmique, illumine-moi,
sanctifie-moi ! » Comme l’eau que vous faites couler sur vos mains et tout
votre corps peut vous lier à l’océan cosmique, la seule flamme d’une bougie
peut vous lier au feu universel, au Saint-Esprit. Alors, regardez la flamme
jusqu’à sentir que vous devenez vous-même une flamme.

Je sais que ces méthodes ne sont pas familières à la plupart d’entre vous, et
que du point de vue intellectuel elles peuvent vous paraître surprenantes.

Mais vivre la vie spirituelle nécessite de dépasser l’intellect. Alors,


bienheureux ceux qui sauront aller au-delà de l’intellect pour recevoir le
vrai baptême de l’eau et du feu ! Ils entreront dans le Royaume de Dieu.

Le Royaume de Dieu, c’est le Paradis, le jardin d’Éden du livre de la


Genèse dont il est dit qu’Adam et Ève ont été chassés après avoir commis le
premier péché.255 Mais en réalité le Paradis ne nous est pas définitivement
fermé, sa porte nous sera ouverte si nous naissons d’eau et 57

de feu. L’eau, c’est la vie pure représentée dans l’Arbre séphirotique par la
séphira Iésod, où habitent les anges. Une fois que nous aurons été purifiés
par l’eau, nous pourrons franchir la frontière du feu. Et le feu est le domaine
des archanges, dans la séphira Hod. Pour entrer dans le Royaume de Dieu,
nous devons donc faire appel aux Anges et aux Archanges afin qu’ils nous
communiquent leurs vertus.

À la fin du « Notre Père » il est dit : « C’est à Toi qu’appartiennent le règne,


la puissance et la gloire».6 Ces trois attributs divins sont en relation avec les
trois séphiroth Malhouth, Iésod et Hod. Malhouth (la terre) représente le
règne, Iésod (l’eau), la puissance et Hod (le feu), la gloire.

(Voir Arbre Séphirotique)

Avec la séphira Hod commence donc le feu. Il étend son domaine jusqu’à la
séphira Tiphéreth, le soleil. Mais il ne s’arrête pas là : au-delà de Tiphéreth
existe un autre soleil que nous ne voyons pas.

Références bibliques

1. « En ce temps-là, parut Jean le Baptiste » – Matthieu 3 : 1-6

2. « Moi, je vous baptise d’eau » – Matthieu 3 : 11

3. L’Esprit de Dieu descend sur Jésus comme une colombe – Matthieu 3 :


17

4. « Si un homme ne naît d’eau et d’esprit » – Évangile de Jean 3 : 5

5. Adam et Ève chassés du paradis – Genèse 3 : 23

6. « Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire » –


Matthieu 6 : 13

Jésus tenté par le diable

« Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert pour être tenté par le
diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le
tentateur, s’étant approché, lui dit : Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces
pierres deviennent des pains. Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne
vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de
Dieu. Le diable le transporta dans la Ville Sainte, le plaça sur le haut du
Temple, et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il
donnera des ordres à ses anges à ton sujet ; et ils te porteront sur les mains
de peur que ton pied ne heurte contre une 58
pierre. Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton
Dieu. Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui
montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai
toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores. Jésus lui dit : Retire-toi,
Satan ! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras
lui seul. Alors le diable le laissa. Et voici, des anges vinrent auprès de lui et
le servaient. » 1

Nous ne commencerons pas par nous poser des questions sur ce diable qui
se présente devant Jésus pour le tenter. Mais une chose est sûre : la nature
même de ces tentations, la manière dont le diable les présente, ainsi que les
réponses que fait chaque fois Jésus, sont très significatives.

Il faut d’abord noter que c’est l’Esprit lui-même qui a amené Jésus dans le
désert pour y être tenté. C’est bien la preuve que les entités ténébreuses qui
cherchent à séduire les humains sont en réalité au service de Dieu ; et cela
rappelle le début du livre de Job où on voit Satan obtenir de Lui
l’autorisation de soumettre Job à des épreuves de plus en plus cruelles afin
d’éprouver sa fidélité.2

« Si tu es Fils de Dieu », commence par dire le diable à Jésus pour le


provoquer… Et il lui suggère :

– de changer des pierres en pains : il pourra ainsi apaiser sa faim après


quarante jours de jeûne.

– de se jeter du haut du Temple : il n’a rien à craindre, le Seigneur lui


enverra des anges pour le protéger dans sa chute.

– de se prosterner devant lui et de l’adorer : il lui donnera en échange tous


les royaumes du monde.

Puisque la scène se passe dans le désert, le sol est certainement jonché de


pierres et ce sont ces pierres que le diable suggère à Jésus de transformer en
pains. Mais ensuite, comment l’a-t-il transporté du désert dans la Ville
Sainte, donc Jérusalem, pour le placer sur le haut du Temple ; puis, de là,
comment l’a-t-il encore amené au sommet d’une haute montagne ? Il n’y a
pas de haute montagne en Palestine. Il faut donc étudier ce récit du point de
vue symbolique, et c’est ainsi qu’on découvrira que ces trois tentations sont
en relation avec les trois principes constitutifs de l’être humain : son corps
(plan physique), son cœur (plan astral), et son intellect (plan mental). Ces
trois principes correspondent à sa nature inférieure, la personnalité.

« Si tu es Fils de Dieu, transforme ces pierres en pains », dit d’abord 59

le diable à Jésus. Le pain est ici le symbole des nourritures terrestres et,
d’une façon plus générale, de tout ce qui permet à l’être humain de subsister
dans le plan physique. 26 Chaque jour, nous avons besoin de le recevoir, et
dans le « Notre Père » c’est ce « pain quotidien »3 que Jésus nous apprend à
demander à Dieu. Mais aux nourritures terrestres, il oppose ici les
nourritures spirituelles : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de
toute parole sortant de la bouche de Dieu. » La parole de Dieu est ici
identifiée à la nourriture ; c’est le Verbe vivant dont nous devons chaque
jour nous nourrir pour avoir la vie éternelle.

Quand le diable transporte Jésus sur le haut du Temple (un temple est un
symbole de la religion, donc du coeur), il lui suggère de se jeter en bas : il
n’a rien à craindre, il sera protégé. Que signifie se jeter en bas ? C’est
l’attitude de tous ceux qui s’imaginent que puisqu’ils aiment Dieu ils
peuvent s’exposer à n’importe quels dangers, se lancer dans n’importe
quelles aventures, ils ne risquent rien : Dieu enverra une armée de serviteurs
à leur secours.

Pour mieux persuader Jésus, le diable cite même un verset du Psaume 91 : «


Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet. » Ce qui montre que pour
induire l’homme en erreur, le diable, c’est-à-dire sa nature inférieure,
hypocrite, rusée, n’hésite pas à utiliser les arguments de la religion. Il
cherche à persuader Jésus qu’il a le droit de mettre Dieu à l’épreuve. Mais
Dieu ne protège pas les êtres déraisonnables qui justifient leur conduite en
se servant des textes sacrés. C’est pourquoi, à cette deuxième suggestion du
diable, Jésus répond : « Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu », ce qui
signifie : Tu ne mettras pas son amour et sa fidélité à l’épreuve. Le seul qui
soit protégé est celui qui ne se jette pas en bas. S’il se jette, c’est la loi de la
chute des corps qui entre en action, car cette loi régit aussi bien le plan
psychique que le plan physique.27
Enfin, le diable amène Jésus au sommet d’une haute montagne. Cette haute
montagne représente la tête, le plan mental, l’intellect qui pousse l’homme à
se croire supérieur aux autres et même l’égal du Créateur. En proposant à
Jésus tous les royaumes de la terre et leur gloire, le diable essaie d’éveiller
en lui l’esprit d’orgueil. C’est cet esprit d’orgueil qui avait poussé une
partie des anges à se dresser contre Dieu et persuadé Adam et Ève de
manger du fruit défendu afin de devenir ses égaux.28 Mais ce que Satan,
sous la forme du serpent, avait réussi à obtenir d’Adam et Ève, il ne réussit
pas à l’obtenir de Jésus. Ces royaumes du monde qu’il promet de lui donner
à condition qu’il se prosterne devant lui, Jésus n’en 60

veut pas, et il répond : « Retire-toi, Satan, car il est écrit : Tu adoreras le


Seigneur, ton Dieu, et tu Le serviras Lui seul. » Avec ce dernier échec, le
diable comprend qu’il n’y a plus rien à faire : l’homme qui est arrivé à
vaincre l’orgueil est incorruptible.

On peut se demander pourquoi Jésus n’a pas renvoyé le diable avec


colère… C’est tout simplement parce qu’il connaissait les lois. Il savait que
s’opposer violemment au mal ne fait que le renforcer, mais surtout que cette
entité qui représente le mal dans l’univers a sa raison d’être, elle fait partie
de l’ordre cosmique ; c’est à nous de lui résister. Jésus a donc seulement
répondu point par point au tentateur. Il existe une balance cosmique de la
lumière et des ténèbres ; sur un plateau le diable a mis les biens matériels, et
sur l’autre plateau Jésus a mis les biens spirituels. Alors, dit le texte, « le
diable le laissa ».

Apprenez, vous aussi, à répondre aux entités qui veulent vous écarter du
bon chemin. Vous pouvez commencer par leur dire que vous êtes enchanté
de leur venue. Oui, mais pour mieux les accueillir, apportez la lumière !

Allumez toutes vos lampes intérieures afin d’y voir clair dans leurs
manoeuvres. Vous direz que lorsque vous êtes tenté, une petite conversation
avec le diable ne suffit pas. Tout dépend de ce que vous appelez

« conversation ». Et là, je voudrais attirer votre attention sur un point : non


seulement Jésus n’a pas repoussé le diable avec violence, mais il n’a pas
cherché à se montrer supérieur à lui, il lui a seulement dit non et à la fin
« retire-toi ! ».

Dire non, c’est là que se trouve la véritable puissance de l’homme.

Puisqu’il a été créé à l’image de Dieu, l’homme est aussi puissant que Dieu,
mais seulement quand il s’agit de dire non. Personne au monde ne peut
l’obliger à faire ce qu’il ne veut pas. Même Dieu ne peut pas le contraindre.

S’il savait où est sa vraie puissance, l’homme triompherait de toutes les


séductions, de toutes les tentations. S’il commet des fautes, c’est qu’il y
consent. Les esprits mauvais ont le droit et les moyens de le tenter, mais ils
n’ont aucun droit de le forcer. C’est par ignorance de son origine divine que
l’homme succombe aux assauts du mal. S’il est capable de dire « non », le
diable le laisse et des anges viennent le servir comme ils sont venus servir
Jésus. Chaque fois que vous remportez une victoire intérieure, chaque fois
que vous résistez à une tentation, votre lumière et votre force augmentent.

C’est ainsi que se manifestent les présences angéliques.

Et que dire maintenant du diable ? Quand les croyants emploient ce mot, 61

ils ne savent pas toujours très bien à quelle réalité cosmique et psychique il
correspond. D’abord, le diable n’existe pas en tant qu’entité individuelle,
s’opposant à Dieu comme son égal, et beaucoup de ceux qui prétendent
qu’il leur est apparu n’ont fait que l’imaginer. Comme il existe des esprits
de la lumière, il existe des esprits des ténèbres. C’est cette collectivité
d’esprits ténébreux qu’on appelle le diable, et cette entité collective est
nourrie, renforcée par les pensées, les sentiments et les actes négatifs des
humains.

On peut dire aussi que le diable est une partie de l’être humain lui-même :
son moi inférieur, qu’au cours de ses réincarnations il n’a cessé d’alimenter
par ses faiblesses et ses vices. Mais il existe également en chaque être
humain une entité lumineuse, son Moi supérieur, qu’il a formée grâce à des
pensées, des sentiments et des actes inspirés par la bonté, la générosité,
l’amour, le sacrifice.
Dans combien de tableaux les esprits des ténèbres ont été représentés avec
des cornes, des griffes, une queue fourchue, mais ce n’est pas ainsi qu’ils
s’adressent aux humains, car ils n’ont pas intérêt à les effrayer. Ils
s’insinuent au contraire en eux sous la forme de promesses alléchantes :
tous leurs désirs seront satisfaits ; et ils insistent jusqu’à ce que, comme un
fruit trop mûr, les malheureux naïfs tombent dans leurs pièges. Voilà
comment ils arrivent à s’imposer : par la promesse de pouvoirs, de plaisirs,
d’argent. Quant aux esprits de la lumière, ils disent : « Il se peut qu’en nous
écoutant vous n’obteniez ni la gloire, ni les richesses, parce que c’est le
Prince de ce monde qui en est le dépositaire. Mais nous, nous avons autre
chose à vous donner : la lumière, la paix, le savoir et surtout la vie, la vie
abondante. »

D’après la tradition chrétienne chaque être humain est accompagné tout au


long de sa vie d’un ange et d’un démon : l’ange se tient à sa droite et le
démon à sa gauche. L’ange lui donne de bons conseils, l’éclaire, tandis que,
de l’autre côté, le démon veut l’induire en erreur pour qu’il devienne sa
victime. Là encore, l’ange gardien et le démon sont des images symboliques
: ils représentent les deux natures, supérieure et inférieure, qui coexistent en
nous, et c’est à nous de décider à laquelle des deux nous voulons donner les
possibilités de se manifester.

Références bibliques

1. Jésus tenté par le diable – Matthieu 4 : 1 – 11

2. Satan obtient de Dieu l’autorisation d’éprouver Job – Job 1 : 7, 2 : 1-6

62

3. « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien » – Matthieu 6 : 11

Les noces de Cana

« Il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là, et Jésus
fut invité aux noces avec ses disciples. Le vin ayant manqué, la mère de
Jésus lui dit : Ils n’ont plus de vin… Or, il y avait là six vases de pierre,
destinés aux purifications des Juifs, et contenant chacun deux ou trois
mesures. Jésus dit aux serviteurs : Remplissez d’eau ces vases. Et ils les
remplirent jusqu’au bord. Puisez maintenant, leur dit-il, et portez-en à
l’ordonnateur du repas. Et ils lui en portèrent. Quand l’ordonnateur du
repas eut goûté l’eau changée en vin – ne sachant d’où venait ce vin, tandis
que les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient bien – il appela
l’époux, et lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon
après qu’on s’est enivré ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent. Tel fut,
à Cana en Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. » 1

Pour que Jésus assiste à des noces et, surtout, pour faire là son premier
miracle, il fallait qu’il ait une conception très élevée de l’union d’un homme
et d’une femme. Du moment qu’ils se marient, les humains croient savoir
ce qu’est le mariage. Non, ils ne le savent pas ; ils ne savent pas qu’avant
d’être une institution humaine le mariage est un phénomène cosmique :
l’union des deux grands principes masculin et féminin, Dieu le Père et son
épouse la Mère divine. Parce que l’homme et la femme ont été créés à leur
image, instinctivement ils ne font que répéter ces mystères qui se célèbrent
depuis l’origine dans les régions célestes.

« Tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et tout ce qui est en
haut est comme ce qui est en bas », a dit Hermès Trismégiste. Ainsi, du haut
en bas de la création, le principe masculin et le principe féminin s’unissent
pour perpétuer la vie. Et quand le soleil s’unit à la terre, elle produit une
abondance de fleurs et de fruits. Tout ce qui existe dans l’univers a pour
origine une rencontre, une union, une fusion entre le principe masculin,
l’esprit, et le principe féminin, la matière.

Le mariage, sa signification, sa grandeur vient donc de ce qu’il est le reflet,


la répétition d’un phénomène cosmique, et il dépasse infiniment la
conception qu’en ont les hommes et les femmes qui décident, souvent à la
63

légère, d’unir leurs destinées. Étant donné la façon dont les choses se
passent, beaucoup de mariages ne durent pas, et c’est dommage, bien sûr,
mais laissons cela, vous connaissez tous cette question. C’est une autre
dimension du mariage que je veux vous faire entrevoir.
Dans le plan physique un être humain est soit un homme soit une femme,
mais dans le plan psychique, et plus haut encore, dans le plan spirituel, il
possède les deux principes masculin et féminin. C’est donc en chacun de
nous aussi que doit se célébrer l’union de ces deux principes, et là, cette
union est indissoluble. Un jour les pharisiens vinrent demander à Jésus si un
homme a le droit de répudier sa femme. Et Jésus répondit : « N’avez-vous
pas lu que le Créateur, dès l’origine, les fit homme et femme, et qu’il a dit :
Ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa
femme, et les deux ne feront qu’une seule chair ? »2 Ces paroles de Jésus
n’ont vraiment de sens que si on les comprend dans le plan spirituel : c’est
en lui-même que chaque être humain doit trouver son principe
complémentaire et s’unir à lui pour réaliser un travail divin.

Si l’épisode des noces de Cana est resté célèbre, c’est surtout, bien sûr,
parce que Jésus y a changé l’eau en vin. Comment ne pas être impressionné
? Combien de gens souhaiteraient bénéficier de ce genre de miracle ! Il y en
aura évidemment toujours pour le mettre en doute, mais cela n’a aucune
importance. « Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon après
qu’on s’est enivré », fait remarquer le serviteur à l’époux.

Si on prend ce texte littéralement, on va penser que Jésus a donné aux


convives la possibilité de continuer à s’enivrer avec un vin de la meilleure
qualité. Est-ce que c’était là sa mission ?

Changer l’eau en vin peut être interprété comme une opération alchimique.
Dans les traités d’alchimie, il est dit que l’argent qui est, comme la lune, lié
à la couleur blanche, doit être transformé en or, et l’or est, comme le soleil,
lié à la couleur rouge. Or, l’eau est blanche et le vin est rouge. Dans le
langage alchimique « arriver au rouge » signifie parvenir au roi, à la pierre
philosophale dont la couleur est le rouge écarlate. En changeant l’eau en
vin, Jésus a réalisé une transmutation alchimique. Il a montré qu’il y a
toujours une matière à transformer. L’eau est un liquide noble, mais
symboliquement le vin l’est encore davantage. Peu importe que Jésus ait
réellement changé l’eau en vin, l’important, c’est de comprendre qu’un
élément qui nous est donné par la nature peut être, par notre travail spirituel,
transformé en un élément encore plus précieux. Et cette transformation,
c’est en nous que nous devons la réaliser.
Si on garde à l’esprit que Jésus assiste là à un mariage, on peut voir 64

aussi dans l’eau et le vin, comme dans la couleur blanche et la couleur


rouge, une représentation de l’homme et de la femme. Dans le plan
physique, le rouge est la couleur de la femme, et le blanc celle de l’homme ;
et dans le plan spirituel, c’est le blanc qui est la couleur de la femme et le
rouge celle de l’homme. Avec les quelques éléments que je vous donne
aujourd’hui, vous pouvez continuer à approfondir cette question.

Références bibliques

1. « Il y eut des noces à Cana en Galilée » – Évangile de Jean 2 : 1-11

2. « N’avez-vous pas lu que le Créateur, dès l’origine, les fit homme et


femme ? » –

Matthieu 19 : 4

Les deux premiers commandements

I. « Tu aimeras le seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur… »

Un pharisien qui voulait mettre Jésus à l’épreuve lui posa cette question :

« Maître, quel est le plus grand des commandements ? » Et Jésus répondit


: « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de
toute ta pensée et de toute ta force ».1

En faisant cette réponse, Jésus mentionne les quatre principes qui


constituent le psychisme de l’être humain. Donc, le cœur, l’âme, l’intellect
(ou la pensée) et l’esprit (ou la force), car seul l’esprit possède la véritable
force. Mais pour bien comprendre le sens de cette réponse, nous devons
commencer par voir la différence qui existe entre le cœur et l’âme, ainsi
qu’entre l’intellect et l’esprit.

Le cœur et l’âme sont les supports, les véhicules de nos émotions, de nos
sentiments et de nos désirs ; mais, alors que le cœur est le support de
sentiments, d’émotions et de désirs liés aux satisfactions ou aux contrariétés
du moi purement humain, l’âme est celui des émotions et des élans
spirituels. La même opposition existe entre l’intellect et l’esprit : l’intellect
est le support des pensées et des raisonnements qui visent à la satisfaction
des intérêts personnels, des besoins matériels, tandis que l’esprit est celui de
l’activité mentale désintéressée, des pensées les plus élevées. Et de même
que le cœur et l’âme sont deux manifestations du principe féminin, 65

l’intellect et l’esprit sont deux manifestations du principe masculin. Dans


les régions inférieures du psychisme humain, le principe féminin s’exprime
à travers le coeur, et dans les régions supérieures à travers l’âme. Dans les
régions inférieures, le principe masculin s’exprime à travers l’intellect, et
dans les régions supérieures à travers l’esprit. Les deux principes masculin
et féminin utilisent donc quatre supports : le coeur, l’intellect, l’âme et
l’esprit. Ces deux principes et ces quatre supports sont logés dans une
même « maison » : le corps physique.

Pour mieux éclairer cette question, je vous raconterai une petite histoire.

Imaginez une belle demeure dans laquelle vivent les deux propriétaires ; ils
sont mari et femme et ils emploient un couple de serviteurs. Il arrive parfois
que le maître du logis parte en voyage : sa femme qui reste là, un peu triste
et languissante, attend son retour tout en veillant à la bonne marche de la
maison ; et quand il revient, chargé de cadeaux, il y a de grandes
réjouissances. Parfois, le mari emmène aussi sa femme en voyage. Alors, le
valet et la servante, se trouvant seuls et sans surveillance, décident de
profiter de cette liberté : ils commencent à explorer les placards où ils
découvrent toutes sortes de victuailles, et comme il vaut mieux être
nombreux pour s’amuser, ils font venir des voisins et voisines. Après
quelques heures, il y a évidemment des tables renversées, des bouteilles
cassées, et des coups ont été échangés. Lorsque les maîtres reviennent et
qu’ils découvrent le spectacle, ils sont scandalisés ; ils prennent alors des
sanctions, exigent que la maison soit remise en état, et tout rentre dans
l’ordre.

Interprétons maintenant cette petite histoire. La maison, c’est notre corps


physique ; la servante, c’est le coeur, et le serviteur, l’intellect ; la maîtresse
de maison, c’est l’âme, et le maître, l’esprit. Souvent, l’esprit nous quitte et
notre âme se sent un peu abandonnée, mais quand il revient, il apporte des
inspirations, une abondance de lumière dont l’âme est la première à
bénéficier. Lorsque l’âme et l’esprit partent en voyage, le coeur et
l’intellect, livrés à eux-mêmes, s’entendent pour se laisser aller à tous les
désordres, se permettre toutes les transgressions.

On peut s’arrêter encore un moment sur cette histoire pour mieux définir les
fonctions respectives du coeur, de l’intellect, de l’âme et de l’esprit.

Une servante est plutôt attachée au service de la maîtresse, et le serviteur à


celui du maître. Les maîtres sont séparés des serviteurs par leur mode de
vie, leurs préoccupations, leurs activités ; ils ne leur parlent pas facilement
de leur travail et de leurs projets. C’est ainsi que l’âme et l’esprit agissent :
ils ne révèlent pas toutes leurs intentions au coeur et à l’intellect.

66

Il arrive cependant que par sa conduite irréprochable, la servante obtienne


la confiance de sa maîtresse, alors celle-ci lui parle de ses activités, de
l’amour qu’elle ressent pour son époux, l’esprit, et ainsi la servante (le
coeur) est remplie de joie à cause de ces confidences. De même, si le
serviteur obtient, par sa fidélité, la confiance de son maître, celui-ci sent
qu’il peut partager ses pensées avec lui, il lui fait des révélations et le
serviteur (l’intellect) est plus éclairé, plus lucide. Mais cela n’est possible
que si le couple de serviteurs – le coeur et l’intellect –

vit ensemble en parfaite harmonie au service des maîtres. S’ils sont en


désaccord et si les désirs de l’un s’opposent aux préoccupations de l’autre,
ils troublent le travail de l’âme et de l’esprit. Les relations qui s’établissent
entre les quatre habitants de cette demeure que nous sommes, présentent
des combinaisons et des applications multiples sur lesquelles il vaut la peine
de méditer, car d’elles dépendent tous nos états intérieurs et même notre
santé physique.

Le couple coeur-intellect est donc la répétition sur un plan inférieur du


couple âme-esprit. Des enfants naissent de l’union de ces deux couples :
l’union de l’intellect et du coeur produit les actes du plan physique, tandis
que l’union de l’âme et de l’esprit produit les actes du plan spirituel. Tant
qu’ils n’acceptent pas l’autorité de l’esprit par qui se manifeste la sagesse
divine, ainsi que l’autorité de l’âme par qui se manifeste l’amour divin,
l’intellect et le coeur sont de médiocres serviteurs, et ils accumulent les
erreurs. Mais qu’ils marchent dans la voie de la sagesse et de l’amour, et
alors, comme l’esprit et l’âme ils deviendront eux aussi fils et fille de Dieu.

Le véritable fils est celui qui s’efforce de refléter la perfection du Père


céleste, et la véritable fille celle qui s’efforce de refléter la perfection de la
Mère divine. Donc, lorsque soumis à l’âme et à l’esprit le coeur et l’intellect
sauront agir d’après l’amour et la sagesse, eux aussi seront fils et fille de
Dieu qui les a créés à son image. Jusque-là, ils ne sont pas fils et fille de
Dieu, mais seulement de l’homme.

La plus grande erreur des humains, c’est de laisser leur coeur et leur
intellect couper les liens avec les régions sublimes de l’âme et de l’esprit.

Privés de ce lien, ils vivent dans les doutes et les tourments. Une seule
chose peut les sauver, c’est de retrouver leurs maîtres et de se mettre à leur
service. Alors, le coeur deviendra le conducteur de l’âme et l’amour divin
se déversera à travers lui ; l’intellect deviendra le conducteur de l’esprit et il
manifestera la sagesse divine. Voilà ce que signifient les paroles de Jésus : «
Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de
toute ta pensée et de toute ta force. »

67

Celui qui n’éprouve aucun besoin de se lier au monde divin se prive de


quelque chose de précieux. Bien sûr, s’il est intelligent, volontaire,
entreprenant, en bonne santé, il peut pendant un moment donner
l’impression de ne rien perdre de ses facultés. Mais peu à peu, étant donné
qu’il ne s’alimente pas aux courants d’en-haut pour recevoir des énergies
nouvelles, quelque chose en lui commence à se décomposer, et c’est alors la
porte ouverte aux entités indésirables qui, comme les vers rongent le bois,
vont ronger son coeur et son intellect. Les ignorants s’arrêtent sur des
situations temporaires et en tirent des conclusions : « Le lien avec le monde
divin ?…
Mais pourquoi ?… Je connais un tel pour qui ce monde divin n’existe pas et
à qui pourtant tout réussit. » Oui, mais il faut voir plus loin pour constater
comment agissent les lois : des années plus tard, d’une façon ou d’une
autre, psychiquement le « un tel » a très souvent fait faillite.

En disant : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute


ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force », Jésus sous-entendait que
toutes les facultés de l’homme doivent être mises au service de la Divinité.
Et souvenez-vous de ces paroles du Maître Peter Deunov :

« Ayez le coeur pur comme le cristal, l’intellect lumineux comme le soleil,


l’âme vaste comme l’univers, l’esprit puissant comme Dieu et uni à Dieu.»

C’est-à-dire que nous devons aimer le Seigneur avec la pureté de notre


coeur, la lumière de notre intellect, l’immensité de notre âme et la force de
notre esprit.

« On ne peut pas aimer ce qu’on ne voit pas», disent certaines personnes


pour justifier leur indifférence à l’égard de Dieu. C’est tout simplement
qu’elles ne cherchent pas à savoir sous quelle forme Il se présente à nous.

Est-ce que l’enfant qui vient de naître aime sa mère ? Il ne la connaît pas, il
n’a pas conscience de ce qu’elle représente pour lui, et on ne peut pas
encore appeler amour le lien qui l’unit à elle. Mais il aime le sein qui le
nourrit, c’est une première étape. Plus tard il aimera la main qui le lave, le
caresse, porte les aliments à sa bouche et tient la sienne pour lui apprendre à
marcher. Ensuite, il apprendra à apprécier le visage de sa mère, son sourire,
ses paroles, et un jour il aimera aussi son âme. Il en est de même pour
l’amour envers Dieu. Le nom sous lequel notre amour Le connaît : vie,
beauté, lumière, paix, joie… détermine notre âge spirituel et Le rend visible
pour nous.

C’est donc à Dieu que nous devons faire la première place dans notre
existence, à Lui que nous devons consacrer tout notre être et donner notre
amour, parce que cet amour nous apporte tout : la sagesse, la puissance, la
68
liberté, la beauté, la santé… et aussi l’amour, bien sûr. Dieu n’a pas besoin
de notre amour, mais nous avons, nous, besoin de L’aimer, car en L’aimant
nous nous ouvrons et nous recevons son amour en retour.

Chaque jour, plusieurs fois par jour, efforcez-vous au moins pour quelques
minutes de sortir de vous-même pour vous fondre dans cette immensité
d’où vous viennent la vie et toutes les bénédictions. Aucun amour ne
dépasse l’amour de Dieu, aucun amour ne peut vous donner quelque chose
d’aussi essentiel. Grâce à cet amour qui vient de la Source, vous apprendrez
non seulement à mieux aimer les autres, mais encore à mieux recevoir leur
amour.

Référence biblique

1. « Maître, quel est le plus grand des commandements ? » – Matthieu 22 :


37

II. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

Après avoir répondu au scribe qui lui demandait quel est le premier
commandement à observer, Jésus ajouta : « Et voici le second qui lui est
semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »1 Depuis deux
mille ans ces paroles ont été si souvent répétées qu’on ne les entend plus.

C’est exactement comme lorsqu’on écoute la pluie tomber : on finit par


s’endormir. Pourtant, que de choses à comprendre dans ces quelques lignes
!

Aimer Dieu, puis aimer le prochain comme soi-même… Jésus indique là


une hiérarchie à respecter : Dieu d’abord, et ensuite le prochain. Même si
Jésus ne dit pas que nous devons nous aimer nous-même, c’est sous-
entendu ; puisque nous devons aimer notre prochain comme nous-même,
c’est que nous nous aimons. Et la plupart du temps d’ailleurs, à l’inverse de
l’ordre indiqué par Jésus, les humains commencent par s’aimer eux-mêmes
: leur tendance la plus naturelle, la plus tenace est de satisfaire d’abord leurs
propres besoins, leurs propres désirs. Personne ne leur a jamais dit : « Tu
t’aimeras toi-même », et pourtant ils ne font que cela. Les deux autres
commandements ils les oublient, Dieu et le prochain leur paraissent
étrangers, lointains… C’est pourquoi, en réalité, ils ne peuvent pas s’aimer
eux-mêmes.

Mais pour appliquer le précepte de Jésus : « Tu aimeras ton prochain


comme toi-même », chacun devrait d’abord se demander comment il s’aime,
lui. Vous direz : « Mais il n’y a rien à se demander ! » Ah, vous 69

croyez ? Eh bien, moi je vous assure que si on prétend aimer les autres
comme on s’aime soi-même, c’est dommage pour eux. Que pourront-ils
faire dans la vie, soutenus par un amour comme celui-là ?…

Dites-moi un peu comment l’ivrogne s’aime lui-même. Il boit sans mesure,


et toutes ses cellules souffrent sans qu’il leur demande leur opinion sur cet
amour ! Et le glouton, qui surcharge son estomac de nourritures indigestes
et malpropres… Et le fumeur, de quelle manière aime-t-il ses poumons ? Il
ne les entend pas souffrir et se plaindre… Et ainsi de suite pour beaucoup
d’autres façons de s’aimer.

Nous oublions trop souvent que notre corps physique représente un peuple
de cellules avec des fonctions bien définies. On y trouve des soldats, des
médecins, des architectes, des évêques, des électriciens, des pharmaciens,
exactement comme dans la société ; les uns protègent l’organisme, les
autres y font des installations, des réparations… Nous sommes le roi de ce
peuple que nous ne connaissons pas, et les cellules se plaignent sans cesse
de ce roi ignorant, injuste, incapable de gouverner parce qu’il ne sait pas se
gouverner d’abord lui-même.

Dieu nous a créés à son image, et cette image, nous la manifestons par
l’intermédiaire de notre esprit, de notre âme, de notre intellect, de notre
coeur… et de notre corps physique aussi. Donc, s’aimer soi-même, c’est
aimer aussi notre corps et veiller sur lui, non parce qu’il peut être un
instrument de plaisir ou de séduction, mais en pensant avec reconnaissance
à ces bons serviteurs que sont nos yeux, nos oreilles, notre nez, notre
bouche, nos mains, nos pieds, ainsi que tous nos organes qui nous
permettent d’exprimer la présence de Dieu en nous.

Par leur façon de vivre, par leurs pensées, leurs sentiments, leurs désirs, les
humains passent une grande partie de leur temps à se détruire. Ils ne
s’aiment pas, ou plutôt ils s’aiment mal. Et s’ils s’aiment mal, comment
peuvent-ils aimer correctement les autres ? Vous demanderez : « Alors, que
faut-il faire pour s’aimer soi-même ? » La réponse est justement contenue
dans le premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu… »2

On ne peut véritablement s’aimer soi-même que si on a d’abord appris à


aimer le Seigneur. Car en aimant Dieu, c’est déjà soi que l’on aime, mais
son Soi supérieur, ce Soi qui est une parcelle de la Divinité.

Aimer Dieu, ce n’est pas aimer un être extérieur à nous, mais un être qui
habite en nous, qui est notre Moi sublime. Si nous ne L’aimons pas, si nous
n’aimons pas Dieu en nous, c’est notre moi inférieur que nous aimons, c’est
70

lui que nous servons, c’est à lui que nous consacrons notre temps et nos
énergies ; nous ne faisons donc que nous appauvrir, nous affaiblir, car le
moi inférieur est un gouffre qui engloutit toutes nos énergies.

Le véritable amour de soi passe nécessairement par l’amour de Dieu. En


aimant Dieu, c’est nous que nous aimons, notre partie divine. Grâce à cet
amour nous nous élevons jusqu’au monde de la beauté, de la lumière, de la
liberté. Et à ce moment-là nous nous conformons au deuxième
commandement énoncé par Jésus. Quand on a appris comment s’aimer,
c’est-à-dire quand on a appris à aimer Dieu en soi, alors on peut envisager
d’aimer le prochain comme soi-même. Jusque-là, c’est presque ridicule, et
c’est même dangereux pour le prochain, le pauvre !

Évidemment, tant d’abominations ont été commises au nom de l’amour de


Dieu que de plus en plus de gens refusent d’en entendre parler. Ils
abandonnent cette Divinité lointaine qui n’a été qu’un prétexte pour mener
des guerres « saintes», et ils insistent désormais sur le respect de la
personne humaine. C’est très bien. Mais en réalité, je vous dirai que vous ne
pouvez pas respecter vraiment les humains si vous n’avez pas de
considération pour quelque chose de supérieur qui habite en chacun d’eux :
votre nature inférieure vous fera oublier de les respecter. C’est seulement
quand vous aurez du respect pour quelque chose de bien plus grand que « la
personne humaine », que vous respecterez aussi votre prochain.
Si on n’apprend pas à aimer Dieu tout d’abord, on ne saura pas comment
aimer les hommes, car cet amour ne sera ni intelligent, ni éclairé. L’être
humain ne doit pas faire tellement confiance à ce qui sort de son coeur, car
s’il contient certainement de bonnes choses, il contient aussi l’avidité, la
violence, la possessivité. Le coeur humain est une caverne obscure d’où
peuvent sortir tous les monstres ; il faut donc le purifier, l’éclairer, et cela,
nous ne pouvons le faire que si nous apprenons à nous tourner vers le
Créateur. Même lorsque nous pensons aux créatures, nous ne devons jamais
oublier le Créateur afin de conserver la bonne orientation. Sinon, comment
voulez-vous aimer des créatures qui Lui sont tellement inférieures ? Vous
ne pouvez pas ! Ou bien votre amour sera si peu éclairé que vous leur ferez
du mal, ou bien c’est vous qui serez malheureux.

Si après avoir répondu au scribe qui l’interroge sur le premier


commandement Jésus ajoute « Et voici le second qui lui est semblable »,
c’est bien qu’il y a un lien étroit entre aimer Dieu, aimer son prochain et
s’aimer soi-même. Mais il est très rare que les humains fassent ce lien.

Certains pensent qu’ils peuvent aimer leur prochain sans aimer Dieu, dont
ils nient l’existence. D’autres, sous prétexte qu’ils aiment Dieu, se donnent
71

pour mission de persécuter leur prochain. Et il y en a même qui prétendent


qu’ils ne s’aiment pas eux-mêmes ! Mais qu’est-ce qu’ils appellent « eux-
mêmes » ? Leur moi inférieur. Car si c’était leur Moi supérieur qui est une
partie de la Divinité, ils ne pourraient pas faire autrement que de s’aimer
puisqu’ils aimeraient Dieu en eux-mêmes. Vous voyez, ces versets que l’on
répète depuis des siècles, on ne les a pas encore compris, car on n’a pas
compris ce lien qui existe entre Dieu, le prochain et soi-même… ou entre
soi-même, Dieu et le prochain, comme vous voudrez !

Et puisque c’est la Divinité que l’homme doit aimer en lui-même, c’est


aussi la Divinité qu’il doit aimer dans son prochain. Qu’est-ce que cela veut
dire ? Que chaque être humain étant par nature le réceptacle de la Divinité,
aucun ne peut être considéré comme inférieur à un autre. Mais ce n’est pas
tout ; de la même façon que nous devons arriver à bien distinguer en nous-
même le Moi supérieur du moi inférieur et à ne favoriser que les
manifestations du Moi supérieur, il est important d’avoir la même attitude
vis-à-vis des autres : toujours entrer en relation avec leur nature divine pour
lui donner les possibilités de se révéler et de s’épanouir.

Il ne s’agit donc pas seulement de dire qu’on va aimer son prochain, la


question est de savoir ce qu’on va aimer et nourrir en lui. Combien de fois,
sous prétexte de leur faire plaisir, de répondre à leurs souhaits et à leurs
exigences, les humains ne cessent de nourrir la nature inférieure chez les
membres de leur famille, leurs amis et les personnes qu’ils fréquentent ! Ils
ne savent pas que la nature inférieure des êtres se caractérise par l’avidité,
l’égocentrisme et l’ingratitude ; et alors qu’ils croient pouvoir s’attirer
amour et reconnaissance de leur part, en réalité ils s’exposent aux pires
déceptions. En récompense de leurs services, ils ne reçoivent
qu’indifférence, mépris ou même haine parfois. Et ensuite ils se plaignent :

« Après tout ce que j’ai fait pour lui – ou pour elle ! » Eh bien, avant de se
sacrifier pour les autres, ils auraient dû se demander ce qu’ils servaient en
eux : la nature supérieure ou la nature inférieure.

Observez seulement comment les parents éduquent leurs enfants…

Souvent, ils favorisent en eux le goût des plaisirs, de l’argent, du confort, du


succès, même si c’est aux dépens des autres. Et lorsqu’en grandissant ces
enfants agissent égoïstement avec leurs propres parents, évidemment ceux-
ci se lamentent : ils ne se souviennent pas que c’est eux qui les ont poussés
dans cette voie.

Le véritable amour du prochain, celui qu’enseignait Jésus et qu’enseignent


tous les véritables Initiés, consiste à nourrir chez les êtres uniquement leur
nature supérieure, afin de les rétablir dans la royauté de 72

leur esprit. Vous direz : « Mais c’est très difficile, comment y arriver ? » Je
vous donnerai un exercice. Efforcez-vous de vous projeter très haut par la
pensée pour atteindre l’Être qui porte en Lui toutes les créatures et les
nourrit de sa substance. Demandez-Lui comment Il envisage le devenir de
l’humanité, quels sont ses projets pour elle, pour son évolution. C’est ainsi
que, peu à peu, des transformations commenceront à se produire dans votre
superconscience, votre conscience et votre subconscience. Vous devez faire
cet exercice jusqu’à sentir que vous vous fondez dans un océan de pure
lumière, car c’est là, et là seulement, que vous parviendrez à ce niveau de
conscience qui fera de vous un être universel.

Quand cette pratique sera devenue pour vous une habitude, quand vous
serez arrivé à entrer en communion avec cette Entité qui vit dans les régions
les plus élevées de votre être et de l’univers, et que l’on appelle Dieu, vous
pourrez alors descendre dans l’âme des êtres, vous devinerez la nature
profonde de chacun et vous comprendrez comment vous devez vous
conduire avec eux. C’est cela véritablement aimer son prochain.

J’attends que la science s’occupe enfin de l’amour, du véritable amour,


qu’elle étudie toutes ses manifestations et découvre les effets bénéfiques
qu’il produit dans l’être humain lui-même et chez ceux qu’il aime. L’amour
crée une osmose entre les êtres. Lorsque vous aimez réellement un être, peu
à peu vous commencez à lui ressembler, d’abord psychiquement, et
quelquefois même physiquement. De même, lorsque vous aimez Dieu, vous
créez des échanges entre Lui et vous, votre amour travaille déjà à vous
imprégner de sa quintessence, et c’est ce qui vous permet ensuite d’aimer
tous les humains sans rien perdre de votre paix, de votre force, de votre
lumière. Car il ne faut pas se leurrer : là encore il ne suffit pas de se dire
qu’on va aimer son prochain pour y parvenir facilement et sans faire de
dégâts. Cela nécessite que l’on connaisse justement cette loi de l’osmose.

Un être pur, noble, intègre, qui donne son amour à des êtres moins évolués
que lui, peut beaucoup les aider, mais s’il n’est pas vigilant, il risque de
perdre dans ces échanges quelque chose de sa force, de sa paix et de sa
lumière. C’est pourquoi il doit d’abord se lier au Seigneur qui est l’infini,
l’éternité, comme à une source inépuisable de lumière et de vie.

Des échanges se produisent alors entre le Seigneur et lui, il se nourrit, il


s’abreuve, il se renforce, il s’éclaire ; et quand il donne ensuite son amour
aux humains, il ne s’affaiblit pas, il ne s’obscurcit pas, il ne s’appauvrit pas.

Vous pouvez, vous devez aimer les humains, tous les humains ; mais pour
qu’ils ne vous fassent pas descendre à leur niveau, pour qu’ils ne vous 73
accablent pas avec leurs problèmes, leurs souffrances, leurs fardeaux,
donnez d’abord votre coeur au Seigneur. Dès l’instant où vous aimez le
Seigneur, vous pouvez donner votre amour aux êtres les plus déchus, il n’y
aura plus de danger pour vous ; vous ne risquerez pas d’être englouti, vous
serez toujours au-dessus des ténèbres, vous serez toujours le plus fort.

Lorsqu’un sauveteur doit se jeter à l’eau pour rattraper un homme en train


de se noyer, il lui donne ses pieds pour qu’il s’y accroche ; il ne le laisse
surtout pas saisir ses bras, car il ne pourrait plus nager et ils se noieraient
ensemble. Alors, méditez cet exemple et vous comprendrez que vous devez
garder « vos bras » pour Dieu et n’abandonner que « vos pieds » aux
humains. Ne donnez pas tout votre amour aux humains, sinon vous vous
perdrez avec eux.

L’amour est une science, mais très peu se soucient de l’étudier. C’est
pourquoi tellement de gens, qui s’en vont remplis de bonnes intentions pour
se dévouer aux autres en n’ayant que le mot « amour » à la bouche, se
retrouvent quelque temps après déçus, aigris. C’était fatal : leur amour qui
n’était pas éclairé les a mis dans des situations déplorables, et les voilà
maintenant qui se plaignent que l’amour est la cause de tous les maux. Non,
c’est l’ignorance au sujet de l’amour qui apporte les malheurs, pas l’amour
lui-même, car le véritable amour, c’est Dieu. Voilà pourquoi il faut tout
d’abord aimer Dieu et s’imprégner de ses vibrations ; ensuite, on peut aimer
les humains sans danger et les aider. Si nous sommes liés à la Source, nous
pouvons donner aux autres sans nous affaiblir, car l’eau en nous – c’est-à-
dire nos forces, nos énergies – se renouvelle sans cesse ; mais si nous
coupons le lien, les autres nous épuiseront très vite, car nos réserves ne sont
pas illimitées. Là encore, nous rencontrons le symbolisme de la lettre
hébraïque Aleph . Aleph29, c’est l’être qui prend en haut pour donner en
bas, celui qui peut aider les humains parce qu’il est lié à Dieu dont il ne
cesse de recevoir la lumière et l’amour.

Pour pouvoir donner votre amour aux créatures sans jamais vous lasser,
sans danger pour elles ni pour vous, vous devez d’abord aimer Dieu, vous
fondre en Lui afin d’apprendre à regarder le monde et les êtres à travers
Lui. Bien sûr, au début, cet exercice paraîtra peut-être rebutant. Vous
voudrez aimer Dieu, mais votre coeur restera vide, vous vous ennuierez et
vous laisserez vagabonder vos pensées. Mais continuez, dites-vous que
toute votre vie dépend de ce lien que vous êtes en train de créer avec Lui.

Peu à peu, vous deviendrez si riche, si fort, que même seulement par la
pensée vous pourrez aider des milliers d’êtres dans le monde, car il n’y a
pas de frontières pour les ondes.

74

Plus tard, au moment de quitter ses disciples, Jésus leur a dit : « Je vous
donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme
je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »3 Pour bien comprendre ce
que cela signifie, il faut s’arrêter sur les mots : « comme je vous ai aimés…
» De quelle nature était l’amour de Jésus ? Que voyait-il dans un être
humain ? La réponse est dans cet autre commandement qu’il leur avait aussi
donné : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »304

Ce qui signifie que dans ses disciples, dans tous les êtres qui l’approchaient,
il reconnaissait l’image du Père céleste, et c’est à la Divinité en eux qu’il
s’adressait. Au-delà de leur apparence et de leur condition misérable, il
voyait des âmes et des esprits qui ne demandaient qu’à grandir dans la
beauté et la lumière, et c’étaient ces âmes et ces esprits qu’il aimait. Voilà
ce que signifie aimer son prochain comme soi-même. Il est inutile de
prêcher l’amour si on n’explique pas aux humains ce qu’ils doivent aimer
chez les autres et comment les aimer. Quand on voit la manière dont se
conduisent tellement de gens dans la vie de tous les jours, on ne peut pas les
aimer, c’est même inutile d’essayer. Voilà quelqu’un qui se montre égoïste,
méchant, odieux, et voilà qu’on vient vous dire qu’il est votre prochain,
qu’il faut l’aimer… C’est impossible ! C’est même tellement impossible
que non seulement vous n’y arriverez pas, mais en faisant des efforts pour
aimer ce monstre, vous allez le détester encore davantage. Pour parvenir à
l’aimer, il faut se projeter au-delà des apparences en se concentrant sur
l’étincelle divine qui l’habite et qui pourra se manifester un jour. Mais là
encore il y a une vérité importante à connaître : nous ne pouvons voir la
Divinité chez les autres que si nous avons déjà appris à la faire vivre en
nous.
Aimer son prochain comme soi-même, Jésus a encore présenté cette idée
sous une autre forme quand il a dit : « Tout ce que vous voulez que les
hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. »5 Alors, n’attendez
jamais que ce soient toujours les autres qui fassent le premier pas. Si vous
voulez être aimé, aimez ! Si vous voulez qu’on vous donne, donnez ! Et si
vous voulez être éclairé, commencez par éclairer celui qui l’est moins que
vous, car à ce moment-là, des êtres lumineux viendront vous donner leur
lumière. C’est une loi : en aidant les autres, vous attirez à vous des êtres
visibles ou invisibles qui vous aideront. Faites des efforts pour soutenir
quelqu’un, pour l’encourager, et vous constaterez que la volonté et la
puissance divines viendront vous soutenir, vous renforcer.

Quand on se donne la peine de les étudier, on découvre que rien ne dépasse


les principes donnés par Jésus. Il n’existe rien au-dessus de 75

l’amour et du sacrifice tels qu’il les a enseignés et dont il a été l’exemple.

La seule chose que peuvent faire ceux qui viennent après lui, c’est
d’approfondir cet enseignement, trouver des méthodes pour le mettre de
mieux en mieux en pratique. Là, oui, il peut sans cesse y avoir de nouvelles
lumières, de nouvelles applications. Il est toujours possible de donner de
nouvelles formes pour garder vivants les principes donnés par Jésus, et c’est
ce que je m’efforce de faire chaque fois que je m’adresse à vous. 31

Références bibliques

1. « Et voici le second qui lui est semblable : tu aimeras ton prochain


comme toi-même

» – Matthieu 22 : 39

2. « Tu aimeras le seigneur, ton Dieu » – Matthieu 22 : 37

3. « Je vous donne un commandement nouveau » – Évangile de Jean 13 :


34

4. « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » – Matthieu 5 : 48


5. « Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous » – Matthieu 7
: 12

« Demandez et on vous donnera »

Même des religions qui affirment la réalité d’un Dieu unique Le présentent
comme une trinité. Le christianisme enseigne le mystère d’un Dieu en trois
personnes qu’il nomme la Sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Mais est-ce vraiment un mystère ? Non, pour ceux qui savent comment
utiliser la loi de l’analogie, la Sainte Trinité n’est pas un mystère.

Une de ces analogies nous est donnée par le soleil.

Le soleil est une formidable puissance créatrice de vie qui se manifeste par
la lumière et la chaleur. Lorsqu’on approfondit ces manifestations, on
découvre les relations qui existent entre la vie, la lumière et la chaleur du
soleil et les trois personnes de la Sainte Trinité. À tous les niveaux de la
création, du plan physique au plan divin on retrouve ces trois principes.

Dans le plan spirituel, la vie, c’est-à-dire la toute-puissance créatrice, se


manifeste comme sagesse ou lumière, et comme amour ou chaleur. Ce sont
ces trois principes que l’on retrouve dans la Sainte Trinité : le Père, le Fils
et le Saint-Esprit sont indissociables comme sont indissociables la vie, la
lumière et la chaleur du soleil. Le mystère d’un Dieu en trois personnes
n’est donc pas si difficile à élucider. Ce qui reste mystérieux, c’est 76

seulement l’immensité, la splendeur de cette Essence primordiale d’où sont


issues toutes les existences.

Dieu, le Maître de la vie, est toute-puissance, toute-sagesse et tout-amour.


Et l’être humain qu’Il a créé à son image est lui aussi une trinité : par son
intellect il recherche la sagesse ; par son cœur il recherche l’amour ; par sa
volonté il recherche la puissance. C’est cette trinité que Jésus sous-entendait
quand il a dit : « Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous
trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. »1 Cela vous étonne ? Et pourtant
ces paroles ne s’expliquent que par la connaissance de cette trinité de
l’intellect, du coeur et de la volonté qui forme notre structure psychique.

Alors, qui demande en nous ?… Et qui cherche ?… Qui frappe ?… Celui


qui demande, c’est le coeur ; celui qui cherche, c’est l’intellect ; et c’est la
volonté qui frappe. Le coeur demande, et ce qu’il demande c’est l’amour, la
chaleur, la tendresse. L’intellect, lui, ne demande pas, il cherche. Mais il ne
cherche ni la chaleur ni l’amour, parce que dans la chaleur, il perd de sa
lucidité, il somnole ; il cherche la lumière, il cherche la sagesse et surtout
un chemin pour la trouver. Et la volonté frappe, parce qu’elle est
emprisonnée ; elle veut qu’on lui ouvre une porte, elle veut l’espace et la
liberté pour affirmer sa puissance créatrice.

Malheureusement, la plupart des humains se servent de leur intellect pour


chercher non pas la sagesse, mais l’argent et tout ce qui leur permet de
réaliser leurs ambitions. Leur coeur ne demande pas l’amour mais les
plaisirs égoïstes. Quant à leur volonté, elle use de sa liberté pour détruire au
lieu de créer ; et à ce moment-là, psychiquement, ou même physiquement,
la porte qui s’ouvre devant eux est celle de la prison, de l’hôpital, du
cimetière…

« Demandez et l’on vous donnera. Cherchez et vous trouverez. Frappez et


l’on vous ouvrira. » Depuis deux mille ans que les chrétiens répètent ces
paroles des Évangiles, ont-ils vu que par ces préceptes Jésus présente une
véritable conception de l’être humain qu’il définit comme coeur, intellect et
volonté ? Le coeur a pour idéal l’amour divin, l’intellect a pour idéal la
sagesse divine, et la volonté a pour idéal la puissance divine. Mais un jour,
celui qui s’efforce de réaliser cet idéal du coeur, de l’intellect et de la
volonté n’aura plus besoin de demander, de chercher et de frapper. Même
s’il ne demande pas, on lui donnera ; même s’il ne cherche pas, il trouvera ;
même s’il ne frappe pas, on lui ouvrira. Car le Ciel sait de quoi ses enfants
ont besoin.

77

Référence biblique

1. « Demandez et on vous donnera » – Luc 11 : 9


9

Jésus chasse les démons

À notre époque, on trouvera rarement des médecins disposés à accepter


l’idée que certains troubles nerveux ou psychiques ont pour cause des
entités du plan astral qui se sont introduites chez les humains pour se
nourrir à leurs dépens et y faire des ravages. À leur avis, il s’agit le plus
souvent d’éléments chimiques qui perturbent le bon fonctionnement du
cerveau.

C’est vrai, ce sont des éléments chimiques, mais ces éléments chimiques
sont la conséquence, la concrétisation de la présence d’esprits malfaisants
que l’homme, inconsciemment, a lui-même attirés. Ces entités pullulent
dans le monde astral, et si par ses faiblesses, ses transgressions, il leur ouvre
la porte, elles pénètrent en lui, et les troubles qu’elles provoquent peuvent
aussi bien toucher son organisme physique que son organisme psychique.

Quand Jésus disait : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon


Père l’aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure en lui »,1
c’est qu’il savait que l’être humain peut abriter différentes entités en lui. Et
ce qui est vrai pour le Seigneur, pour le Christ, pour le Saint-Esprit, pour les
esprits de la lumière, est malheureusement vrai aussi pour les esprits des
ténèbres. Plusieurs épisodes des Évangiles mentionnent des possédés que
Jésus a délivrés de leurs démons : Marie-Madeleine,2

l’homme de Gérasa,3 ou celui de Gadara que personne ne parvenait à


maîtriser même avec des chaînes. Et lorsque Jésus s’adresse au démon qui
habite cet homme et demande : « Quel est ton nom ? » l’esprit répond :

« Légion »,4 parce qu’un démon vient rarement seul, une foule de ses
semblables l’accompagne. La littérature de tous les pays rapporte de
multiples cas de personnes possédées par des esprits mauvais, et dans
chaque religion on trouve aussi des rites d’exorcisme avec des formules et
des gestes appropriés pour les chasser.

L’être humain est donc comme une maison avec une quantité d’étages : de
la cave au grenier jusque sur les terrasses, tout est occupé. Bien qu’il se
présente comme une entité unique, il héberge au-dedans de lui un grand
nombre d’habitants ; et les esprits mauvais que la littérature ésotérique
appelle aussi « indésirables » sont des créatures d’un ordre inférieur qui 78

s’installent en lui pour lui inspirer des actes insensés ou criminels. Il ne faut
pourtant pas croire que leur emprise sur l’homme se manifeste toujours de
façon spectaculaire comme dans les récits évangéliques : hurler, gesticuler,
se rouler par terre, proférer des blasphèmes… Non, ce sont là des cas
extrêmes, ces entités ont bien d’autres façons de se manifester. Tous les
actes déraisonnables, criminels sont dictés à l’homme par des esprits
malfaisants. Souvent, il ne comprend même pas ce qui l’a poussé à les
commettre, ce n’est pas ce qu’il voulait faire, mais il l’a fait parce que, par
sa façon de vivre, il a attiré des entités qui l’ont entraîné à son insu.32

Celui qui étudie le régime alimentaire des animaux constate que chaque
espèce (insectes, fauves, mammifères, reptiles, oiseaux) recherche une
nourriture déterminée. Les uns mangent des graines, les autres de l’herbe,
de la viande ou des vers, et certains comme les chacals, les hyènes, les
vautours, ne se nourrissent que de cadavres. Donc, pour pouvoir nourrir les
animaux, il faut connaître les aliments qui leur conviennent. Un autre
exemple : si, par négligence, vous laissez traîner chez vous des restes de
nourriture sur la table, vous allez voir arriver des mouches, des fourmis.

D’où viennent-elles ? Comment ont-elles trouvé le chemin ? Enlevez cette


nourriture, les bestioles disparaîtront.33

Et Jésus ne dit pas non plus autre chose. Un jour où ses disciples lui
demandent pourquoi ils n’ont pas réussi à chasser les démons du corps d’un
possédé, il répond : « Cette espèce de démon ne sort que par la prière et
par le jeûne. »5 Si les esprits du mal occupent le corps d’un homme
seulement sous la forme d’une maladie physique, un jeûne physique pourra
les chasser. Mais si ces esprits s’installent dans son corps astral et dans son
corps mental en lui inspirant des conduites insensées, il sera sans cesse
poussé à absorber la nourriture qui leur convient. Pour se libérer il ne doit
plus rien leur donner à manger, c’est-à-dire il doit repousser les pensées et
les sentiments que lui inspire sa nature inférieure. Il fera ainsi jeûner ces
esprits qui, se sentant menacés de mourir de faim, le quitteront.
Chaque pensée, chaque sentiment émet des courants électromagnétiques
favorables au bien ou au mal. Ainsi, selon la qualité de ses pensées et de ses
sentiments, l’homme attire des larves, des élémentaux, des démons, et les
esprits lumineux qui ne peuvent pas supporter leurs émanations
nauséabondes prennent la fuite. Ou alors, au contraire, il attire les esprits les
plus évolués, et leur présence repousse les créatures malfaisantes qui sont
précipitées sous terre et englouties. C’est justement le cas avec le
démoniaque gadarénien : au moment où Jésus le délivre de ses démons,
ceux-ci lui demandent « de ne pas leur ordonner d’aller dans l’abîme. »

79

Jésus les fait alors entrer dans un troupeau de pourceaux qui paissaient par
là et les pourceaux courent se précipiter dans la mer.6 Pourquoi des
pourceaux ?

Il faut savoir que d’après sa nature, son mode de vie, chaque animal est
prédestiné à capter et à retenir les bons ou les mauvais fluides qui circulent
dans l’atmosphère. C’est ainsi que les humains peuvent se décharger sur les
animaux des forces négatives qui les tourmentent, et c’est ce que font
d’ailleurs inconsciemment beaucoup de gens avec leurs animaux
domestiques, particulièrement avec leurs chats.34 Et Jésus qui possédait ce
savoir a fait entrer les démons dans des pourceaux.

Tant que la science officielle n’arrivera pas à admettre l’existence d’entités


invisibles, tant qu’elle réduira tout ce qui se passe dans l’homme à des
processus physico-chimiques, sa compréhension des troubles psychiques et
ses possibilités d’y remédier seront limitées. Je ne nie pas la réalité de ces
processus physico-chimiques, mais, je vous l’ai dit, ils sont eux-mêmes la
conséquence de phénomènes psychiques produits par des entités vivantes.
Évidemment, si les biologistes, les chirurgiens, attendent de découvrir ces
entités au bout de leurs microscopes ou de leurs scalpels, ils attendront
longtemps. Avec le progrès des techniques cela arrivera peut-être un jour,
mais quand ? Et nous, pourquoi attendre ? Ne pas voir les choses ou les
êtres n’est jamais une preuve qu’ils n’existent pas. Est-ce que vous voyez,
vous, les microbes et les virus ?… Alors, de même que celui qui laisse des
impuretés pénétrer dans son corps physique ouvre la porte aux microbes, de
même s’il laisse des impuretés pénétrer dans le plan astral et dans le plan
mental, il ouvre la porte aux entités ténébreuses qui provoquent des
désordres en lui.

Il est toujours possible pour un Maître spirituel de chasser les entités


malfaisantes qui se sont emparées d’un homme ou d’une femme.
Seulement, lorsqu’on délivre un être des esprits ténébreux qui ont pénétré
en lui, ils partent tout de suite chercher asile ailleurs chez d’autres êtres
vivants.

L’exorcisme est donc une question qu’il faut étudier avec beaucoup de soin.

C’est parce que Jésus chassait les entités ténébreuses de leur corps que les
insensés retrouvaient la raison, les muets la parole, et les paralytiques
l’usage de leurs membres. Mais ces entités n’acceptent pas si facilement
leur défaite, elles font tout ce qu’elles peuvent pour reprendre le dessus. Et
Jésus a expliqué : « Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va 80

dans des lieux arides pour chercher du repos. N’en trouvant point, il dit : Je
retournerai dans ma maison d’où je suis sorti ; et, quand il arrive, il la
trouve balayée et ornée. Alors il s’en va, et il prend sept autres esprits plus
méchants que lui ; ils entrent dans la maison, s’y établissent, et la dernière
condition de cet homme est pire que la première. »7

Voilà encore un aspect de la question des indésirables, il faut le connaître, et


je vous parle maintenant de ceux que nous devons chercher à expulser de
notre for intérieur. Au fur et à mesure que nous faisons des efforts pour
nous améliorer, des entités ténébreuses qui s’étaient installées en nous sont
obligées de nous quitter, car notre atmosphère intérieure leur devient
irrespirable ; mais une fois dehors, elles cherchent de nouveaux domiciles
en s’introduisant chez d’autres personnes, et c’est à travers ces personnes
qu’elles essaient alors de nous nuire. Mais les préjudices causés sont moins
grands que lorsque ces entités occupaient notre demeure, et puisque nous
avons vaincu ces ennemis à l’intérieur, nous sommes plus forts pour résister
quand ils se manifestent à l’extérieur.

Combien de personnes remarquables suscitent de terribles inimitiés !


Pourquoi ? Parce que les forces obscures qu’elles ont expulsées de leur
monde intérieur viennent maintenant les attaquer de l’extérieur par
l’intermédiaire de gens qui ne supportent pas leur supériorité morale et
spirituelle. Ceux qui mènent une vie ordinaire ne dérangent personne, tout
le monde est content d’eux. Mais qu’ils décident de se débarrasser de
quelques mauvaises habitudes, ces ennemis, une fois chassés, commencent
à les attaquer du dehors. Pourtant, même si les affronter est souvent
difficile, les ennemis extérieurs sont toujours moins dangereux que les
ennemis intérieurs qui, eux, s’attaquent à l’âme.

Alors, maintenant, comment agir vis-à-vis des ennemis extérieurs ? Avec


diplomatie, patience, bonté. Vis-à-vis des ennemis intérieurs, les
indésirables qu’on a attirés, il faut user de fermeté, d’autorité, mais pas avec
les ennemis extérieurs. Malheureusement, les humains font trop souvent le
contraire : ils manifestent patience, indulgence envers leurs ennemis
intérieurs, et ils se montrent agressifs vis-à-vis de leurs ennemis extérieurs.
Comment s’étonner s’ils continuent à se débattre dans des difficultés
inextricables ?

Références bibliques

1. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole » – Évangile de Jean 14 : 23

2. Jésus délivre Marie-Madeleine de sept démons – Marc 16 : 9

81

3. Le démoniaque gérasénien – Luc 8 : 34

4. Le démoniaque gadarénien – Marc 5 : 2-10

5. « Cette espèce de démons ne sort que par la prière et par le jeûne » –


Matthieu 17 : 21

6. Jésus fait entrer les démons dans un troupeau de pourceaux – Marc 5 :


12-14

7. « Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme » – Luc 11 : 24-26


10

Les deux paraboles du festin

« Un homme donna un grand souper, et il invita beaucoup de gens. À

l’heure du souper, il envoya son serviteur dire aux conviés : Venez, car tout
est déjà prêt. Mais tous unanimement se mirent à s’excuser. Le premier lui
dit : J’ai acheté un champ, et je suis obligé d’aller le voir ; excuse-moi, je
te prie. Un autre lui dit : J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les
essayer ; excuse-moi, je te prie. Un autre dit : Je viens de me marier, et
c’est pourquoi je ne puis aller. Le serviteur, de retour, rapporta ces choses à
son maître. Alors le maître de la maison irrité dit à son serviteur : Va
promptement dans les places et dans les rues de la ville, et amène ici les
pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. Le serviteur dit : Maître,
ce que tu as ordonné a été fait, et il y a encore de la place. Et le maître dit
au serviteur : Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu
trouveras, contrains-les d’entrer, afin que ma maison soit remplie. Car, je
vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon
souper. » 1

Les premiers invités que le maître de maison envoie chercher sont


apparemment des gens aisés : l’un a acheté un champ, l’autre cinq paires de
bœufs, le troisième vient de se marier ; mais chacun répond qu’il ne peut
pas se libérer, car il a d’abord à s’occuper de ses propres affaires. Alors,
puisque ces invités appartenant à la bonne société sont engagés ailleurs et
que le festin est prêt, il ne reste plus au maître de maison qu’à envoyer son
serviteur appeler, au hasard, les mendiants, les estropiés, les aveugles, les
boiteux, c’est-à-dire les déshérités.

Et c’est ce que faisait Jésus quand il allait à la rencontre des foules sur les
chemins. Puisque les scribes, les pharisiens, les sadducéens qui
représentaient alors l’élite intellectuelle et morale des Juifs, refusaient
d’entendre sa parole et le combattaient, il n’avait plus qu’à inviter les 82

autres au festin du Père : malgré leur ignorance, leurs insuffisances, leurs


faiblesses, Jésus pensait qu’ils n’étaient pas indignes de s’asseoir à la table
royale.
Et n’est-ce pas ce qui se passe encore de nos jours ? Il y a dans le monde
tellement de gens dont les facultés, l’instruction, la position sociale
laisseraient penser qu’ils peuvent se rendre disponibles pour participer aux

« festins » que Dieu donne dans le Ciel et s’y nourrir de sa sagesse et de son
amour ! Mais ils préfèrent eux aussi aller du côté de leurs intérêts et de leurs
plaisirs. De ceux-là Jésus n’attend pas grand-chose, et il continue à parler
pour ceux qui, malgré leurs limitations et leurs infirmités de toutes sortes,
aspirent à un monde d’harmonie, de lumière où ils trouveront une nourriture
pour leur âme. Quel que soit l’état dans lequel ils se trouvent, quelles que
soient les fautes qu’ils ont commises, ils doivent savoir que Dieu les invite
dans son royaume, à sa table. Ces pauvres, ces estropiés, ces aveugles, ces
boiteux dont parle Jésus ne sont pas nécessairement des gens affligés
d’infirmités physiques. Dans le plan psychique il y a tellement de façons
d’être pauvre, estropié, aveugle ou boiteux ! Mais Dieu ne rejette pas ces
créatures.

Quelle que soit la religion, il y a toujours eu et il y a encore un certain


clergé uniquement occupé à présenter le Seigneur comme un monarque ou
un juge qui demande aux humains des comptes pour la moindre de leur
faute. Sans doute ont-ils intérêt à Le présenter ainsi, mais ce n’est pas la
vérité. Dieu est le souverain d’un immense royaume, l’univers, et ce
royaume est évidemment régi par des lois. Mais dans un pays, ce n’est
jamais le roi qui s’occupe personnellement de faire respecter les lois ou de
punir ceux qui les transgressent ; il y a pour cela des ministres, des
magistrats, la police, la gendarmerie, les prisons… Le roi, lui, est occupé à
de grands projets pour la prospérité du royaume, pour le bien-être de tout
son peuple.

Et ce roi, qui est bon, miséricordieux, ne rejette pas les coupables. Vous
connaissez ces récits anciens où un condamné que l’on conduisait au
supplice réussissait à s’échapper : il pénétrait dans le palais royal,
franchissait toutes les portes sans que les sentinelles puissent l’arrêter,
faisait irruption dans la grande salle où le roi entouré de ses amis était en
train de festoyer, et s’écriait : « Grâce, Sire ! ». Et puisqu’il avait réussi à
arriver jusqu’à lui, le roi lui accordait sa grâce ; il ordonnait même parfois
de le faire asseoir et de lui servir à manger et à boire. Eh bien, le Seigneur
est semblable à ce roi plein de bonté. Vous avez commis des erreurs, vous
souffrez d’être encore si imparfait, si faible, si misérable ? Tel que vous 83

êtes, souvenez-vous qu’Il vous attend dans ses palais et à sa table. Élancez-
vous vers Lui, courez très vite pour vous arracher à tout ce qui peut vous
empêcher d’accéder jusqu’à Lui…

Et qu’est-ce qui vous permet de courir ainsi ? La prière. La prière intense,


fervente. C’est elle qui vous fait sauter pardessus les obstacles, franchir
toutes les portes… Et quand vous parvenez dans la salle du festin où le
Seigneur se réjouit au milieu des Anges et des âmes des Justes, Lui aussi dit
à ses serviteurs prêts à chasser cet intrus : « Non, puisque son élan l’a
projeté jusqu’ici, il a le droit de s’asseoir parmi nous. Faites-lui une place et
donnez-lui à manger. »

Dieu ne s’indigne pas contre les pauvres humains, Il les attend seulement à
la table du festin, et s’ils sont capables d’arriver jusqu’à Lui, Il les accueille.
Dans l’Antiquité, il existait une coutume qui correspond exactement à ce
que j’essaie de vous expliquer : si un criminel qui était poursuivi parvenait à
pénétrer dans le sanctuaire d’une divinité et à embrasser sa statue, il était
sous sa protection, personne n’avait le droit de se saisir de lui. Cette
coutume existait encore au Moyen Âge, où c’étaient les églises qui
servaient de refuge ; et cela peut se produire encore de nos jours.

Il arrive ainsi que l’on retrouve certaines vérités de la Science initiatique


sous forme de règles, de coutumes instaurées par les humains, au moins
pour un certain temps. Le droit d’asile est l’application de cette vérité de la
vie intérieure que, si nous parvenons à nous réfugier auprès de Dieu malgré
les ennemis intérieurs ou extérieurs qui nous poursuivent, nous sommes
accueillis et bien traités. 35

C’est plus rare, bien sûr, mais il peut aussi arriver que nous soyons projetés
dans le Ciel au moment où nous nous y attendons le moins. Et alors, nous
participons au festin divin. Évidemment nous souhaiterions rester là-haut
pour toujours, mais ce n’est pas possible, parce que nous n’avons pas
encore réussi à nous libérer entièrement : tant de choses nous retiennent
attachés au monde d’en bas ! Si le Ciel nous accorde cette grâce, c’est pour
que nous ayons le pressentiment, l’intuition de cet espace de lumière où
nous sommes prédestinés à aller vivre un jour.

Dans un autre passage des Évangiles, Jésus reprend l’image du festin. Un


roi marie son fils et comme là encore, sous différents prétextes, les invités
ne viennent pas, il envoie des serviteurs à travers la ville pour qu’ils
ramènent tous ceux qu’ils trouveront dans la salle des noces. Une fois la 84

salle pleine, le roi entre, mais voici qu’il aperçoit « un homme qui n’avait
pas revêtu un habit de noces. Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici
sans avoir un habit de noces ? L’homme resta muet. Alors le roi dit aux
serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du
dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Car il y a
beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. » 2

Ce texte est différent, beaucoup plus sévère que le précédent, mais cette
sévérité a aussi un sens. Par ce récit, il faut comprendre que, même si tous
les humains sont appelés au festin divin, pour y participer vraiment ils
doivent remplir certaines conditions. Comme je viens de vous l’expliquer,
pour être accueilli auprès de Dieu il faut être capable de se projeter jusqu’à
Lui. Dieu, c’est comme le soleil que cache une mer de nuages : si vous
parvenez à vous élever au-dessus des nuages, le soleil vous accueille, il
vous sourit, vous avez même la sensation qu’il vous attendait.36 Mais pour
vous élever au-dessus de vos nuages intérieurs, vous avez des efforts à faire
: vous devez vous alléger, c’est-à-dire vous débarrasser de toutes les
pesanteurs qui vous maintiennent dans les couches obscures de la
conscience. L’habit de noces symbolise l’état intérieur auquel est parvenu
celui qui a travaillé à s’alléger, à se purifier, afin de s’élancer vers la
lumière.

Les vêtements servent d’abord à couvrir le corps, à le protéger, mais même


dans la vie courante, les vêtements que l’on porte correspondent à certaines
activités, et donc aussi à certaines dispositions d’esprit. Il y a des vêtements
de deuil, de travail, de sport, etc. Ils supposent qu’on se trouve dans l’état
d’esprit correspondant. Celui qui porte un habit de fête – ici, une noce –
révèle non seulement qu’il va assister à une fête, mais aussi qu’il est dans
l’état d’esprit de la fête. Le Seigneur invite tout le monde à sa table, même
ceux qui peut-être n’en sont pas tellement dignes, mais au moins, pendant
un moment, ils doivent faire l’effort d’entrer en harmonie avec les entités
lumineuses qui participent au festin divin. C’est cela, porter « l’habit de
noces ». S’il ne le porte pas, il ne sera même pas nécessaire qu’on le
renvoie, c’est lui-même qui s’exclut du festin.

Le Seigneur nous attend, Il nous a tous invités, mais pour être acceptés nous
devons quand même remplir certaines conditions, comme dans les
réceptions de la terre. Imaginez qu’un roi vous invite à un grand repas qu’il
donne dans son palais : si vous vous présentez sale, hirsute, en guenilles, il
y aura à la porte des gardes ou des sentinelles qui vous diront : « Non, ce
n’est pas possible, vous ne pouvez pas entrer. – Mais j’ai été invité ! –

C’est entendu, mais êtes-vous conscient que c’est ici le palais royal ? Vous
85

ne pouvez pas y pénétrer dans cette tenue. » Il ne suffit pas d’être invité, il
faut se présenter dans une tenue convenable, et celui qui se présente
intérieurement sale et en guenilles ne sera pas accepté au festin divin.

C’est une idée analogue qui est exprimée dans la parabole des cinq vierges
sages et des cinq vierges folles. Seules les vierges sages, qui avaient de
l’huile dans leur lampe, furent acceptées par l’époux au festin des noces.
Cette huile qui donne la clarté a des affinités avec l’aura, ce vêtement de
lumière grâce auquel nous sommes admis dans la société céleste.

Tous les jours se célèbre l’union du Père céleste, l’esprit, et de la Mère


divine, la matière. Pour être admis à ces fêtes auxquelles participent toutes
les hiérarchies angéliques, nous devons porter intérieurement un habit de
noces, et même, pourquoi pas ? des bijoux : des colliers, des bracelets, des
bagues, des diadèmes, etc.37 Les pierres précieuses et les perles qui les
ornent sont des symboles des vertus divines. Il ne faut jamais perdre de vue
le sens symbolique de tous ces objets : vêtements de cérémonie, bijoux,
diadèmes ne sont pas uniquement des parures destinées à donner une
meilleure apparence à celui qui les porte ; ils sont l’expression des richesses
dont il a su remplir son coeur et son âme et qui le rendent digne d’assister
au festin royal.

Références bibliques
1. Première parabole du festin des noces – Luc 14 : 15 – 24

2. Deuxième parabole du festin des noces – Matthieu 22 : 1-14

11

« On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles

outres »

« Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieux vêtement, car elle
emporterait une partie du vêtement et la déchirure serait pire. On ne met
pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres, autrement les outres se
rompent, le vin se répand et les outres sont perdues. Mais on met le vin
nouveau dans des outres neuves : et le vin et les outres se conservent. »1

Il y a longtemps qu’on ne conserve plus le vin dans des outres, mais dans
des tonneaux ou des cuves. Les outres qu’on utilisait dans le passé étaient
86

faites de peaux d’animaux cousues en forme de sacs. Or, dans le vin


nouveau se produisent des fermentations, des dégagements gazeux qui
pouvaient faire éclater les outres usées. On mettait donc le vin nouveau
dans des outres neuves, solides, capables de résister à de fortes pressions.

Du point de vue scientifique, la fermentation est une décomposition


naturelle de la matière organique. Il existe différentes formes de
fermentations, et même certaines ont été étudiées par les alchimistes qui y
puisaient les éléments nécessaires à la fabrication de la pierre philosophale.
Des fermentations peuvent aussi se produire dans l’homme, non seulement
dans ses organes physiques : l’estomac, les intestins, mais encore dans son
cœur et dans sa tête, c’est-à-dire dans ses sentiments et ses pensées.

En disant : « On met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les
outres se conservent »,2 Jésus comparait son enseignement au vin nouveau,
et cet enseignement devait être versé dans des êtres solides, résistants,
capables de supporter les bouleversements qu’il produirait nécessairement
en eux. Car, comme le vin, un enseignement spirituel n’est pas quelque
chose d’inerte : il est actif, vivant, et cette vie ne cesse de produire des
changements, des liaisons, des ruptures. Si Jésus utilise l’image de l’outre,
c’est que l’être humain – ne soyez pas vexés – peut être lui-même comparé
à une outre. Et cette outre contient encore d’autres outres : le cerveau, les
poumons, l’estomac, le foie… Dans le plan psychique le coeur, l’intellect,
l’âme sont aussi des outres, et si on ne surveille pas la qualité et la quantité
de ce qu’on y introduit, ou si on néglige l’entretien de ces outres, les
résultats sont déplorables.

Certaines personnes viennent parfois se plaindre à moi : « Avant, je me


sentais beaucoup mieux, je vivais à ma façon, et tout allait bien. Mais
depuis que j’essaie de suivre votre enseignement, quelque chose ne va plus.

» Je leur réponds que c’est là un phénomène de fermentation tout à fait


naturel dont elles n’ont pas à s’inquiéter, mais je leur conseille de préparer
en elles des récipients solides capables de supporter ces idées nouvelles, cet
enseignement nouveau. Recevoir une philosophie nouvelle qui ouvre des
horizons nouveaux, qui présente un idéal toujours plus élevé à atteindre,
cela suppose qu’on soit capable de s’harmoniser avec elle, donc de fortifier
sa tête, son estomac, ses poumons et tout son organisme, afin de pouvoir
résister aux tensions qui vont nécessairement se produire. Il ne faut pas
s’imaginer que les courants de lumière et d’amour sont faciles à supporter.

Au contraire, on peut même dire que les humains sont mieux préparés pour
la souffrance, les peines et les déceptions que pour la lumière et l’amour 87

véritable.

Certaines personnes, sentant tout de suite qu’un engagement spirituel va


troubler le confort matériel et moral dans lequel elles se sont installées, se
dépêchent de s’en détourner. C’est qu’elles ignorent toutes les améliorations
non seulement psychologiques, mais physiologiques qui se produisent aussi
sous l’influence d’une idée divine. C’est ce bonheur qu’elles cherchent à
repousser. Mais où trouveront-elles ensuite des occasions de progresser ?

Elles craignent d’entrer en contact avec l’Esprit, et évidemment une telle


crainte est compréhensible : quelque chose leur dit qu’elles ne sont pas
encore des outres neuves, capables de supporter un tel élargissement de la
conscience. Tous ceux qui craignent de s’ouvrir à l’Esprit ne savent pas très
bien pourquoi, mais instinctivement ils sentent qu’il y a quelque chose à
craindre : ils devront abandonner leurs vieilles habitudes, ce qui est
tellement difficile ! et ils préfèrent rester comme de vieilles outres qui ne
seront jamais remplies de vin nouveau.

Mais ceux qui souhaitent ardemment devenir une de ces « outres neuves

» dont parle Jésus, doivent savoir que la nature a tout prévu pour que nous y
parvenions. Les cellules de notre corps se renouvellent constamment ;
chaque jour de vieilles cellules usées sont remplacées par des cellules
saines. Ce processus de renouvellement s’étale sur sept ans. Tous les sept
ans les cellules de notre corps ont été remplacées, mais cela ne signifie pas
que chacun est devenu une outre neuve, car les cellules possèdent une sorte
de mémoire qu’elles transmettent sous forme d’empreintes éthériques à
celles qui les remplacent. Les pensées, les sentiments, les énergies circulent
sur ces empreintes, comme dans des sillons bien tracés. Et puisque ces
nouvelles particules prennent la place des anciennes, elles héritent de leur
mémoire.

Prenons une personne d’une cinquantaine d’années. Elle a donc vécu sept
périodes de sept ans et pourtant elle reste fidèle aux mêmes habitudes, elle a
gardé la même façon de penser, elle répète les mêmes erreurs, car les
nouvelles cellules ont subi l’influence des anciennes empreintes ou, disons,
de l’ancienne mémoire. Si cette personne veut réellement se transformer, il
faut qu’elle change la mémoire de ses cellules, c’est-à-dire qu’au fur et à
mesure que les nouvelles cellules remplacent les anciennes, elle doit
s’efforcer de les imprégner de pensées et de sentiments plus élevés, plus
nobles. Tant qu’elle ne changera rien dans son for intérieur, l’enseignement
spirituel qu’elle reçoit ne fera que produire des fermentations dans son

« outre ». Il est nécessaire aussi qu’elle connaisse quelques règles


concernant la nutrition et la respiration ; mais l’essentiel est dans le travail
88

qu’elle fera en s’efforçant d’acquérir la maîtrise de sa vie psychique.


Maintenant que nous avons parlé des outres, nous pouvons aussi parler un
peu du vin. C’est une boisson très appréciée dans beaucoup de cultures,
surtout quand il s’agit de célébrer des événements heureux. Mais on sait
qu’il existe des vins qu’il est préférable de ne pas boire, parce que des gens
malhonnêtes y ont mélangé certains ingrédients nocifs pour la santé. Et
comme il existe des analogies entre le plan physique et le plan psychique,
on trouve aussi des enseignements, des systèmes philosophiques qui
ressemblent à des vins frelatés ; ils sont faits d’une quantité d’éléments
obscurs et malsains qui créent des troubles dans l’intellect et le coeur de
ceux qui les reçoivent. Choisissez donc avec discernement les vins que vous
vous préparez à boire. Et même, je vous dirai que le secret, c’est de les
préparer vous-même en travaillant sur vos pensées, vos sentiments et vos
actes afin de les rendre plus purs, plus nobles, plus généreux. Plantez une
vigne dans votre âme, cultivez-la avec attention et amour, puis récoltez ses
raisins, écrasez-les et buvez-en le jus. Le bon vin que vous préparerez vous-
même, dans les caves de votre coeur et de votre intellect, vous pourrez en
boire autant que vous voudrez. Là, les outres ne risquent pas d’éclater.

Verser le vin nouveau dans des outres neuves, on peut dire que c’est aussi
réaliser l’union de l’esprit et de la matière. Et là, la matière dont je vous
parle n’est pas uniquement celle du plan physique, mais également celle du
plan psychique. Vous ne pouvez pas vous contenter de verser un
Enseignement dans votre tête, vous devez renouveler en même temps la
matière de votre être physique et celle de votre être psychique. La
spiritualité est d’abord une science, bien sûr, et cette science, on l’acquiert
généralement en lisant différents ouvrages, ou en écoutant la parole d’un
sage. Mais c’est insuffisant et cela peut même s’avérer nocif si on se
contente de nourrir son intellect : bientôt les outres, gonflées, éclateront, car
elles ne seront pas adaptées aux courants nouveaux qui pénètrent en elles.

Celui qui décide de suivre un enseignement spirituel doit donc changer


aussi son mode de vie. Sinon, lorsque la fermentation commencera, il sera
tellement perturbé qu’il entrera en conflit avec lui-même tout d’abord, mais
aussi avec son entourage et avec la société. On l’a vu : après avoir soi-
disant embrassé la vie spirituelle, combien de personnes deviennent
insupportables pour leur famille, leurs amis, leurs voisins… C’est la preuve
que leurs outres n’ont pas résisté à la fermentation. Qu’elles fassent un
retour sur elles-mêmes, en sachant qu’un enseignement spirituel bien 89

compris ne doit pas produire de tels effets.

Et maintenant, le Ciel prépare l’envoi de courants puissants pareils à un vin


nouveau, et il veut verser ce vin dans toutes les outres, les vieilles comme
les neuves. Cela signifie que l’époque vient où les grands mystères seront
révélés. Et quand on apportera ce vin, on ne choisira pas : toutes les outres
seront remplies, et combien de vieilles outres risquent alors d’éclater !…
Pensez donc chaque jour à la manière de vous renouveler en travaillant sur
les cellules de tous vos organes.38 Je vous ai donné tellement de méthodes,
indiqué tellement d’exercices ! Ne les négligez pas, afin d’être prêts à
recevoir le vin nouveau, ces courants puissants et bénéfiques que les entités
célestes s’apprêtent à déverser sur la terre entière, et dans tous les humains.

Références bibliques

1. « Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieux vêtement –


Matthieu 9 :16

2. « On met le vin nouveau dans des outres neuves » – Matthieu 9 :17

12

La parabole de l’économe infidèle

« Jésus dit aussi à ses disciples : Un homme riche avait un économe, qui
lui fut dénoncé comme dissipant ses biens. Il l’appela, et lui dit : Qu’est-ce
que j’entends dire de toi ? Rends compte de ton administration, car tu ne
pourras plus administrer mes biens. L’économe se dit en lui-même : Que
ferai-je, puisque mon maître m’ôte l’administration de ses biens ?
Travailler à la terre ? Je ne le puis. Mendier ? J’en ai honte. Je sais ce que
je ferai pour qu’il y ait des gens qui me reçoivent dans leur maison quand
je serai destitué de mon emploi. Et, faisant venir chacun des débiteurs de
son maître, il dit au premier : Combien dois-tu à mon maître ? – Cent
mesures d’huile, répondit-il. Et il lui dit : Prends ton billet, assieds-toi vite,
et écris cinquante. Il dit ensuite à un autre : Et toi, combien dois-tu ? – Cent
mesures de blé, répondit-il. Et il lui dit : Prends ton billet, et écris quatre
vingts. Le maître loua l’économe infidèle de ce qu’il avait agi prudemment.
Car les enfants de ce siècle sont plus prudents à l’égard de leurs
semblables que ne le sont les enfants de lumière.

« Et moi, je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, 90

pour qu’ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles
viendront à vous manquer. Celui qui est fidèle dans les toutes petites choses
l’est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les toutes petites
choses l’est aussi dans les grandes. Si donc vous n’avez pas été fidèles dans
les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ? Et si vous n’avez
pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ?
Nul serviteur ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un et aimera
l’autre ; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir
Dieu et Mammon. » 1

Au premier abord, cette parabole est incompréhensible. Jésus présente le


cas d’un économe qui ne se conduit pas honnêtement envers son maître, et
au lieu de le réprimander, ce maître le loue. Or, Jésus semble approuver
cette attitude, puisqu’il dit : « Faites-vous des amis avec les richesses
injustes. » Mais, immédiatement après, il approuve au contraire la fidélité :

« Celui qui est fidèle dans les petites choses l’est également dans les
grandes… Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes,
qui vous confiera les véritables ? » Jésus encourage-t-il donc à la fois
l’infidélité et la fidélité ? Et que sont les richesses injustes et les richesses
véritables ?

Pour interpréter cette parabole, il faut avoir quelques notions claires


concernant l’être humain et sa double nature. On parle de « l’être humain »,
mais cette créature, qui est une, possède deux natures, supérieure et
inférieure. J’ai appelé la nature supérieure individualité, et la nature
inférieure personnalité. Ces deux natures qui s’opposent dans leurs
manifestations, ont cependant la même structure car l’une et l’autre ont leur
origine en Dieu. Ces deux natures possèdent les mêmes facultés de penser,
de sentir et d’agir, l’une sur un plan supérieur et l’autre sur un plan
inférieur. (Voir Tableaux récapitulatifs)
En venant s’incarner sur la terre, tout être humain entre nécessairement,
sans le savoir, au service de ce maître, sa personnalité, qui est représentée
par le corps physique, le corps astral et le corps mental. Mais, un jour ou
l’autre, il finit par être renvoyé ; et ici « être renvoyé » signifie mourir.

Alors celui qui est intelligent fait les mêmes réflexions que l’économe de la
parabole : « Que va-t-il me rester, puisque mon maître m’ôte
l’administration de ses biens ? Travailler la terre ? je ne puis. Mendier ?

j’en ai honte… » Il sait qu’il sera un jour chassé de son corps physique, ce
maître si exigeant ; mais ce n’est pas parce qu’il sera désincarné qu’il aura
appris à renoncer aux plaisirs qu’il pouvait satisfaire quand il était dans ce
corps. Comme il n’aura plus les moyens de travailler afin d’obtenir de quoi
91

payer ces plaisirs, il sera tenté de mendier, c’est-à-dire de descendre auprès


des vivants pour se satisfaire à travers eux. C’est ce qui arrive à tous ceux
qui sont les serviteurs trop fidèles de leur nature inférieure, la personnalité.
Une fois qu’ils ont quitté leur corps physique, ils deviennent des mendiants
dans le plan astral : ils se rendent dans les lieux où les humains se livrent à
des trafics louches et goûtent des plaisirs malsains, afin de se nourrir de
leurs émanations.

Pour ne pas entrer dans la catégorie des esprits mendiants, l’économe de la


parabole a décidé d’être infidèle à son maître, la personnalité, en se faisant
des amis à l’aide des « richesses injustes ». Il a donc réduit la dette des
débiteurs de son maître, ce qui signifie qu’au lieu de donner pleine
satisfaction aux désirs de ses corps physique, astral et mental, il a réduit les
portions. Autrement dit, il a établi un régime de restrictions pour la
personnalité : les énergies physiques, affectives et mentales ainsi que le
temps qui devaient être consacrés à ce maître insatiable, et engloutis par lui,
l’économe les a donnés secrètement aux « amis des tabernacles éternels ».

Il a ainsi amassé un capital qu’il a déposé dans la banque céleste afin que, le
jour où il se présentera au guichet de cette banque, il soit reconnu et bien
accueilli.39 Il a donc été infidèle à la personnalité pour se créer des amis
grâce aux richesses qu’il a « injustement » mises de côté. Voilà pourquoi
l’économe a été loué par son maître.
Mais voyons maintenant quel est ce maître qui l’a loué. Certainement pas la
personnalité : puisqu’elle a été en quelque sorte lésée, elle ne peut pas être
satisfaite de lui. C’est un autre maître, sa nature supérieure, l’individualité,
qui lui dit : « Tu as agi intelligemment. » La parabole n’est donc
compréhensible que si l’on admet qu’il n’y a pas là un seul maître, mais
deux. Et Jésus lui-même le confirme puisqu’il termine en disant : « Nul
serviteur ne peut servir deux maîtres. Car ou il haïra l’un et aimera l’autre
; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et
Mammon. » Mammon est le symbole des possessions terrestres, et il
s’oppose à Dieu qui représente les richesses spirituelles.

L’homme ne peut servir à la fois sa nature supérieure (Dieu) et sa nature


inférieure (Mammon), il doit choisir et être nécessairement infidèle à l’une
des deux. Or, il n’y a qu’une infidélité qui lui est permise, c’est celle qu’il
commet à l’égard de Mammon, sa personnalité.

Vous vous demandez peut-être ce que représentent les débiteurs auxquels


l’économe a remis leur dette et de quelle nature était cette dette. Les
débiteurs sont les entités inférieures des plans physique, astral et mental qui,
venant prendre certains éléments spirituels dans l’homme pour se 92

nourrir, doivent les lui payer sous forme d’énergies d’une moindre qualité.

En remettant leur dette à ces entités, il renonce aux plaisirs et aux facilités
qu’elles lui auraient donnés ; il entre donc dans la voie de l’abstinence. Ces
mesures de restriction réduisent les dépenses que la nature inférieure avait
l’habitude de faire, et de son côté la nature supérieure, qui n’a plus autant
d’énergies à lui fournir, se renforce.

On remarquera cependant que Jésus ne dit pas que l’économe infidèle a


remis aux débiteurs la totalité de leur dette, mais seulement une partie.

Parce que, s’il est bon de se restreindre, il ne faut pas pratiquer ces
restrictions avec excès : l’homme doit se mettre au service du premier
maître (l’individualité), mais il n’a pas le droit de quitter volontairement le
second (la personnalité) en se privant de tout. On n’exige pas de lui qu’il se
laisse mourir à force de renoncement. Il doit être infidèle au second maître,
mais dans une certaine mesure seulement. Par exemple, si jusque-là il
croyait devoir à son estomac des quantités de nourriture copieusement
arrosées des meilleurs vins, qu’il réduise un peu ses menus : il sera encore
bien nourri et il aura remis leur dette aux entités qui devaient lui fournir les
énergies nécessaires pour digérer de pareils repas. De cette façon, il se fera
des amis parmi les entités qui, plus tard, le recevront dans les tabernacles
éternels.40

Cet exemple est évidemment symbolique. Le régime de restrictions ne doit


pas uniquement concerner les plaisirs de l’estomac, mais tous ceux que
l’être humain peut prendre dans le plan physique. Et il concerne bien
davantage encore les plaisirs qu’il prend dans les plans astral et mental qui
constituent, avec le plan physique, sa nature inférieure.

« Celui qui est fidèle dans les toutes petites choses l’est aussi dans les
grandes », dit encore Jésus. « Si vous n’avez pas été fidèle dans les
richesses injustes, qui vous confiera les véritables ? » Cela signifie que tous
ceux qui sont infidèles à leur nature supérieure quand il s’agit seulement de
renoncer à quelques satisfactions matérielles, ne sont pas dignes de recevoir
les immenses richesses de l’esprit.

Le Créateur veut que l’être humain s’épanouisse avec ses deux natures,
inférieure et supérieure, car elles sont complémentaires, comme sont
complémentaires l’esprit et la matière. Et c’est cela le véritable
enseignement du Christ : comment utiliser la nature inférieure pour nourrir
la nature supérieure et ne servir qu’elle. Tous ceux qui ont propagé une
philosophie et une morale fondées sur le dégoût et la condamnation des
instincts sont dans l’erreur. Les chrétiens ont encore beaucoup à apprendre
et à comprendre pour devenir de véritables disciples du Christ, mais aussi,
93

tout simplement, pour se développer harmonieusement en tant qu’êtres


humains.

Référence biblique

1. La parabole de l’économe infidèle – Luc 16 : 1 – 15

13
« Si vous ne devenez pas comme des enfants »

« On lui amena des petits enfants, afin qu’il les touchât. Mais les disciples
reprirent ceux qui les amenaient. Jésus, voyant cela, fut indigné, et leur dit :
Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le
Royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en
vérité, quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant
n’y entrera point. Puis il les prit dans ses bras et les bénit en leur imposant
les mains. » 1

…« Les disciples s’approchèrent de Jésus, et dirent : Qui donc est le plus


grand dans le Royaume des cieux ? Jésus, ayant appelé un petit enfant, le
plaça au milieu d’eux, et dit : Je vous le dis en vérité, si vous ne vous
convertissez pas et si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous
n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. C’est pourquoi, quiconque se
rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le Royaume
des cieux. Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci,
me reçoit moi-même. » 2

Dans ces deux passages Jésus donne les enfants en exemple. Qu’y a-t-il
donc en eux que nous devons imiter ? Comme ils n’ont pas encore eu le
temps de se manifester, on peut croire qu’ils sont purs, innocents, candides.

Mais plus tard, quand on voit les adultes que certains sont devenus, il est
évident qu’ils n’avaient au fond rien d’innocent !

Pour comprendre l’attitude et les paroles de Jésus, il faut posséder certaines


connaissances concernant le développement psychique de l’être humain.

I. Le corps éthérique et le corps astral

94

Dès l’instant où il naît, et jusqu’à l’âge d’environ vingt-et-un ans, un être


humain se développe grâce à l’entrée en activité de ces trois corps subtils
que sont, dans l’ordre, le corps éthérique (double du corps physique), le
corps astral et le corps mental. Jusqu’à l’âge de sept ans, le corps éthérique
assure chez l’enfant la croissance et le développement de son corps
physique. Et même s’il possède déjà le corps astral (il éprouve des désirs,
des sentiments, des émotions) et le corps mental (il apprend, il étudie, il
comprend), son corps astral n’est vraiment formé que vers l’âge de quatorze
ans, et son corps mental vers vingt-et-un ans.

Le corps éthérique agit dans le tout jeune enfant comme dans les plantes.

Les plantes ne possèdent pas de corps astral, c’est pourquoi elles n’ont pas
une véritable sensibilité, ou en tout cas une sensibilité comparable à celle
des animaux : quand on les coupe, elles ne souffrent pas. Mais elles
possèdent un corps éthérique très puissant grâce auquel elles ne cessent de
croître : si on taille un arbre, ses branches repoussent, et si on met du fumier
ou des détritus à son pied, il les absorbe et les transforme pour produire des
feuilles, des fleurs et des fruits. Son corps éthérique purifie tout.

D’une certaine façon, on peut dire que le très jeune enfant ressemble à un
arbre : la circulation, l’élimination, la croissance se font naturellement en
lui grâce au corps éthérique dont l’activité n’est pas encore entravée par les
manifestations du corps astral. Vers quatorze ans commence la période de
l’adolescence, et c’est là que les choses se compliquent, car le corps astral
qui s’est éveillé déclenche les manifestations passionnelles : sexualité,
agressivité… Et comme ces manifestations produisent des toxines, le corps
éthérique doit continuellement s’occuper de les éliminer. Peu à peu,
l’activité du corps astral prend le dessus au point d’entraver celle du corps
éthérique, et c’est pourquoi l’adolescent s’arrête de grandir. Si le corps
astral n’entrait pas en activité, les humains continueraient à croître, comme
les arbres.

Revenons maintenant à la parole de Jésus : « Si vous ne devenez pas comme


les petits enfants… » Il faut d’abord remarquer qu’il n’a pas dit « si vous ne
restez pas des enfants », mais « si vous ne devenez pas comme des enfants
». Un adulte qui reste un enfant et un adulte qui devient comme un enfant,
ce n’est pas la même chose.

En présentant l’enfant comme un modèle à imiter, Jésus ne veut pas


dissuader les humains de devenir adultes, et d’ailleurs, comment y
parviendrait-il ? Il ne peut pas aller contre cette loi de la nature qui fait 95
qu’un jour tout enfant devient adulte. Il veut seulement les mettre en garde
contre les manifestations de leur corps astral, dont les réclamations ne
cessent de produire en eux des miasmes, des désordres et des troubles qui
leur interdisent l’entrée du Royaume de Dieu. Car il ne faut pas comprendre
le Royaume de Dieu comme un lieu physique, matériel, mais comme un
état de conscience où seules la pureté, la paix, l’harmonie et la lumière ont
leur place. Nous avons besoin de notre corps astral, et il doit se développer
normalement ; s’il fait partie de notre structure psychique, c’est qu’il a un
rôle à jouer : sans lui, nous n’éprouverions ni émotions, ni désirs, ni
sentiments, et il nous manquerait donc quelque chose d’essentiel. Mais ce
corps doit être maîtrisé, purifié, sinon il devient comme une énorme tumeur
qui nous empêche de franchir la porte du Royaume de Dieu.

Jésus a pris ici l’exemple des enfants, mais il a aussi traité ce sujet dans
d’autres passages des Évangiles. Quand il dit, par exemple : « Il est plus
facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche
d’entrer dans le Royaume de Dieu. »3 Ou bien : « Entrez par la porte
étroite, car large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition
».4 L’enfant, le trou d’une aiguille, la porte étroite : ces trois images nous
disent que seul celui qui a appris à maîtriser son corps astral entrera dans la
lumière et dans la joie. 41

Références bibliques

1. « On lui amena des petits enfants afin qu’il les touchât » – Marc 10 : 14

2. « Les disciples s’approchèrent de Jésus et dirent : Qui donc est le plus


grand dans le Royaume des cieux ? » – Matthieu 18 : 1 – 5

3. « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille » –


Marc 10 : 25

4. « Entrez par la porte étroite » – Matthieu 7 : 13

II. L’enfant et le vieillard

« Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le
Royaume de Dieu. » Pour approfondir encore cette parole de Jésus, il ne
faut pas s’arrêter seulement aux traits caractéristiques de l’enfant, mais voir
aussi, par contraste, ceux qui sont propres au vieillard.

Un enfant apprend à marcher : il fait un pas, il tombe, mais il se relève…

puis encore un ou deux pas, il tombe, et il se relève à nouveau. Jusqu’au


jour où il tiendra bien sur ses jambes. Tandis que le vieillard qui tombe doit
96

attendre qu’on lui porte secours et, quand on le relève, c’est souvent pour
l’emmener à l’hôpital. Il en est de même dans le plan psychique. Les échecs
ne découragent pas l’enfant, il n’abandonne pas, et quand enfin il a réussi, il
va tout content l’annoncer à ses parents. Au contraire, le vieillard n’a plus le
courage de surmonter ses échecs, il se dit : « C’est fini, je ne ferai plus
aucun essai, c’est à d’autres maintenant d’agir. »

Un enfant trouve un caillou, un insecte, une fleur, et il est émerveillé, il veut


les rapporter à la maison. Le vieillard, lui, non seulement ne s’émerveille
plus de rien, mais il découvre toujours des raisons d’être insatisfait et de se
plaindre.

Enfin, l’enfant est confiant, il ne s’inquiète pas du lendemain, tandis que le


vieillard devient de plus en plus méfiant et inquiet. Il se demande chaque
jour ce que l’avenir lui réserve et il se voit malade, dans la solitude et la
misère.

Présentée de façon très schématique, cette opposition entre l’enfant et le


vieillard permet de mieux comprendre pourquoi Jésus dit que seuls les
enfants entreront dans le Royaume de Dieu. Par « enfants » il faut entendre
les êtres qui continuent à avancer malgré les chutes, les êtres qui sont
toujours contents de ce que la vie leur apporte et qui ont toujours confiance
en l’avenir. Vous souhaitez être accepté dans le Royaume de Dieu quand
vous quitterez la terre ? Efforcez-vous déjà d’y entrer alors que vous êtes
encore sur la terre.

On constate malheureusement que la culture contemporaine apprend plutôt


aux humains à devenir des vieillards. Manifester les qualités de l’enfant
n’est pas très bien considéré. Pour être écouté, il faut se montrer soucieux,
blasé, désenchanté, et trouver toujours quelque chose ou quelqu’un à
critiquer. Je vous conseille de fuir cette philosophie qui tue tous vos bons
élans. Efforcez-vous de devenir des enfants avec un coeur toujours vivant,
se réjouissant des moindres choses, oubliant rapidement les vexations et les
échecs, un coeur constamment disposé à aimer, un coeur qui ne se rétrécit
pas, qui ne se refroidit pas. Tant que votre coeur garde sa chaleur, vous ne
pouvez pas vieillir et vous serez accueilli dans le Royaume de Dieu.

L’enfant et le vieillard… Si l’Intelligence cosmique fait nécessairement


passer l’être humain de l’enfance à la vieillesse, c’est que le grand âge peut
être aussi une période favorable. Symboliquement, on peut dire que
l’enfance et la vieillesse correspondent aux deux principales vertus que
nous avons à développer : l’enfant représente l’amour qui veut agir et 97

manifester toutes les possibilités de la vie ; le vieillard représente la sagesse


qui analyse et tire les conclusions de toutes ses expériences.

L’enfant et le vieillard, l’amour et la sagesse, il faut que les deux apprennent


à marcher ensemble : l’amour dans le coeur et la sagesse dans l’intellect. Le
coeur doit rester éternellement jeune, et l’intellect doit devenir très vieux.

III. Nous aurons toujours besoin de nos parents célestes

Devenir adulte fait partie de l’évolution normale d’un être humain, et il est
donc nécessaire qu’il se dégage peu à peu des faiblesses et des limitations
de l’enfance. Mais une fois qu’il y est parvenu, il doit retrouver cette qualité
qui est le propre de l’enfant : la confiance. Comme il se sent petit et sans
défense, l’enfant a un regard, des gestes qui attirent vers lui l’attention, la
tendresse, la bienveillance de ses parents et de son entourage.

Ils lui donnent à manger, le prennent par la main pour le conduire.

L’adolescent, lui, n’a plus besoin de son père ou de sa mère pour marcher,
ni pour manger ; mais dans le plan psychique il a encore besoin d’eux afin
d’être guidé et nourri affectivement et intellectuellement, sinon il va
s’égarer et il sera malheureux comme s’il était devenu subitement orphelin.
Tous ceux qui sont amenés à établir des comparaisons entre l’homme et
l’animal soulignent avec quelle rapidité le petit animal se développe et
acquiert son autonomie. En quelques mois, en un an, certains sont déjà
adultes et capables de se reproduire. Alors que les enfants des hommes se
développent si lentement ! Cette lenteur est due à l’extrême complexité et
richesse de leur nature. Tellement de mécanismes doivent se mettre en
place, physiquement et psychiquement surtout, pour qu’ils puissent entrer
en possession de toutes leurs facultés ! Jusqu’à ce qu’ils y parviennent, ils
ont besoin de l’aide et de la protection de leurs parents.

Mais leur évolution ne s’arrête pas au moment où leur père et leur mère ont
fini de remplir leur rôle, car les humains sont aussi des entités spirituelles
qui doivent progresser encore et encore. C’est pourquoi, bien que parvenus
à l’âge adulte, ils sont encore comme des enfants qui ont besoin de leurs
parents : le Père céleste et la Mère divine. Quels que soient son savoir et
son expérience, chacun doit conserver un coeur d’enfant, simple, spontané,
ouvert, plein de confiance envers ses parents célestes. Et alors, même
centenaire, il entrera dans le Royaume de Dieu. Parce qu’il se présentera
comme un enfant, il sera accueilli. Et, derrière lui, le vieillard suivra… oui,
le vieillard pourra se faufiler dans le Paradis à cause de l’enfant qu’il est
devenu !

98

Devenir un enfant pour entrer dans le Royaume de Dieu ne signifie pas


retourner à l’état d’enfance, « retomber en enfance », comme on dit. Au
contraire, pour devenir un enfant dans le plan spirituel, pour ouvrir son
coeur à ses parents célestes et se laisser guider par eux, il faut avoir
beaucoup vécu, beaucoup appris. Être un adulte ou être un enfant n’est donc
pas une question d’âge, mais d’état de conscience et d’attitude. On peut
envisager ce sujet sous différents aspects, mais je laisse cela aux
psychologues et aux moralistes. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de découvrir
comment se comporter dans la vie spirituelle.

Dans la vie spirituelle nous devons nous manifester comme des enfants,
c’est-à-dire être conscients que nous sommes fils et filles du Père céleste et
de la Mère divine, et rester liés à eux afin de recevoir leur aide et leurs
conseils. Nos parents divins ne peuvent nous nourrir, nous soutenir, nous
protéger que si nous nous conduisons comme des enfants attentifs,
obéissants, humbles, car « quiconque se rendra humble comme ce petit
enfant sera le plus grand dans le Royaume des cieux », disait Jésus. Mais
comprenez bien : il ne s’agit pas d’être humble, obéissant et soumis devant
n’importe qui, et surtout pas devant les riches et les puissants de la terre,
mais seulement devant nos parents divins.

Vous direz : « Mais jusqu’à quand devons-nous nous manifester comme des
enfants ? » Jusqu’au jour où nous deviendrons tellement purs que le Saint-
Esprit viendra habiter en nous. 42 Quand le Saint-Esprit, qui apporte la
vraie lumière, descend dans un être humain, à ce moment-là seulement il
peut être considéré comme adulte. Le Créateur n’a pas décidé que nous
devions rester des enfants pour l’éternité. Un jour, enfin, nous serons
déclarés majeurs. Mais en attendant, on est obligé de constater que la
plupart des humains n’ont pas atteint leur maturité spirituelle ; s’ils étaient
de vrais adultes, ils ne seraient plus là à se débattre au milieu
d’inextricables difficultés intérieures.

La vie spirituelle comporte des périodes de transformation qui marquent le


passage d’une étape à une autre, exactement comme dans la vie
physiologique il y a la période de la puberté, et, des dizaines d’années plus
tard, ce que l’on appelle « le retour d’âge ». Sur le plan spirituel ces
passages ne se font pas de façon aussi évidente, mais ils sont très
significatifs car ils entraînent de grands changements dans la vie intérieure.

Donc, de même que dans la vie physique se produit le passage de l’enfance


à l’adolescence puis à l’âge adulte, dans notre évolution spirituelle de tels
passages sont aussi prévus.

99

14

« Ne vous inquiétez pas du lendemain »

« Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour
votre corps de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la
nourriture, et le corps plus que le vêtement ?… Regardez les oiseaux du ciel
: ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers ;
et votre Père céleste les nourrit… Considérez comment croissent les lis des
champs : ils ne travaillent ni ne filent ; cependant je vous dis que Salomon
même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux… Ne vous
inquiétez pas du lendemain, car le lendemain aura soin de lui-même. À
chaque jour suffit sa peine. » 1

Les lis des champs et les oiseaux du ciel… Sous prétexte de suivre les
conseils de Jésus, combien de gens se sont retrouvés dans la misère, à la
charge des autres ! Jésus enseignait les foules en se servant d’images, mais
cela reste des images. S’il a dit : « Ne vous inquiétez pas du lendemain »,
c’est qu’il voyait les humains toujours soucieux de l’avenir, se demandant
s’ils auront de quoi se nourrir, se loger, assurer leur sécurité, etc. Tellement
pris par ces préoccupations, ils abusent de leur santé, bousculent les gens et
les choses, transgressent les lois de la justice et de l’amour. C’est ainsi
qu’ils laissent chaque jour des problèmes mal résolus, des erreurs qu’ils
devraient réparer mais qu’ils ne réparent pas et, tout cela s’accumulant, ils
finissent par être submergés, écrasés.

Jésus ne prêchait ni l’imprévoyance, ni l’insouciance. Au contraire, il


mettait l’accent sur la conscience, la vigilance. S’il a dit : « À chaque jour
suffit sa peine », c’est qu’il pensait qu’il est chaque jour nécessaire de

« peiner ». Pourquoi ? Parce que demain ne se débrouillera pas tout seul et


qu’il est imprudent de le laisser venir sans se préoccuper de lui ouvrir la
voie en s’acquittant des tâches d’aujourd’hui. Demain ne peut être assuré
que par le comportement d’aujourd’hui. Ne pas se soucier du lendemain
suppose qu’on se soucie d’aujourd’hui. Ainsi chaque jour nouveau nous
trouvera bien disposé, prêt à travailler et à vivre en harmonie avec toutes les
créatures, et notre vie prendra une couleur extraordinaire de bonheur et de
bénédiction. C’est en veillant à tout régler aujourd’hui que nous nous
occupons indirectement de demain. Nous semons une graine qui portera
100

nécessairement des fruits.

Penser à demain, c’est penser d’abord à aujourd’hui en sachant que tout


s’inscrit dans la matière éthérique, en nous et en dehors de nous. Une fois
que nous avons vécu une journée splendide, une journée de vie éternelle,
elle est enregistrée, elle ne meurt pas, elle reste vivante et tâche de
convaincre toutes celles qui suivent de lui ressembler. Essayez donc de bien
vivre au moins une seule journée, c’est elle qui influencera les autres : elle
va les inviter pour leur parler et les convaincre d’être comme elle,
équilibrées, ordonnées, harmonieuses. Parce que vous n’avez pas encore
étudié le côté magique de cette question, vous dites « Oh, une journée,
qu’est-ce que ça peut faire ? Aujourd’hui, j’ai un peu vécu dans le désordre,
mais demain ça ira mieux. » Oui, ça ira mieux à condition que vous fassiez
tout de suite des efforts pour rétablir l’ordre. Sinon cela se passera comme
dans certains jeux qu’on présente dans les foires : avec une boule on
bouscule une boîte ou une quille, et elle entraîne dans sa chute toutes les
autres au-dessus et à côté.

Voici un homme qui se réveille le matin : il saute du lit et se précipite pour


faire sa toilette, s’habiller, prendre ou, plus souvent, avaler son petit
déjeuner, en pensant à tout ce qui l’attend dans la journée. Il n’écoute pas ce
que lui disent sa femme et ses enfants, et c’est quand il est dans sa voiture,
dans le train ou le métro, ou même déjà au travail, qu’il pense à sa famille
qu’il vient de quitter. C’est ainsi qu’il n’est jamais à ce qu’il fait. Quand il
est à la maison, il pense au travail, et quand il est au travail, il pense à la
maison. Dans cette précipitation il oublie quelque chose d’important, il
commet des erreurs, prononce des paroles malheureuses qu’il devra réparer.
En se projetant sans cesse dans le futur, il est en réalité retenu par le passé.
Quand le lendemain lui présente son programme, il n’est pas libre pour le
réaliser correctement : il est encore occupé à corriger les erreurs de la veille,
ou de l’avant-veille…

« Ne vous inquiétez pas du lendemain car le lendemain aura soin de lui-


même. » Cette parole de Jésus nous oblige à méditer sur l’idée de
continuité. Celui qui fabrique une chaîne doit veiller à la solidité de chaque
maillon, car si un seul maillon est fragile et casse, ça ne sert à rien que tous
les autres tiennent bon : l’ensemble est rompu. Nous devons donc vivre
chaque jour selon les lois divines, pour faire de ce jour un maillon solide et
pour que la chaîne ne se rompe pas. Aujourd’hui est un nouveau maillon
qui doit s’ajouter aux autres, et nous devons nous concentrer sur ce maillon.
C’est aujourd’hui qui réclame toute notre attention, tous nos soins.

Combien de gens oublient le présent pour ne penser qu’à l’avenir !

101

Puisqu’ils sont en train de vivre le présent, ils croient qu’ils n’ont pas
tellement de questions à se poser à son sujet. Eh bien si, justement, il y a
des questions à se poser. Demain n’existe pas encore, et si on s’inquiète de
lui, c’est un peu comme si on se jetait dans le vide. C’est sur aujourd’hui
qu’il faut travailler, car aujourd’hui est là, il ne meurt pas, il ne fait que se
prolonger, et en se prolongeant il devient demain. Quand vous êtes arrivé au
terme de ce que vous appelez aujourd’hui, vous parlez de demain. Mais ce
demain, vous ne l’avez pas encore vu, ni goûté, ni touché, il n’a aucune
réalité. Au moment où vous le toucherez vous ne l’appellerez plus demain,
mais aujourd’hui, et ce qui était aujourd’hui vous l’appellerez hier.

Le passé est un souvenir et le futur est une projection. Seul le présent est le
temps véritable de notre vie. Celui qui se fait du souci pour le lendemain
oublie de bien vivre le présent, et il ne saura donc jamais comment ce
présent peut devenir un éternel présent dans l’harmonie, la beauté, la
lumière. En se projetant sans cesse dans un avenir qui n’existe pas encore,
on meurt à l’éternel présent.

Quand ils ne peuvent plus supporter le présent, les gens se projettent dans
l’avenir : bientôt, plus tard, ce sera mieux. Mais comme cet avenir qu’ils
imaginent meilleur n’a aucun fondement solide, c’est le vide et l’angoisse
qu’ils découvrent. Qu’ils se décident plutôt à bien vivre aujourd’hui où ils
ont tellement de choses à faire, à goûter, à voir, à penser !

Et pour bien vivre aujourd’hui, ils doivent d’abord apprendre à ne plus se


laisser emporter par le flux ininterrompu de l’existence en eux et en dehors
d’eux, mais être présents à ce qu’ils sont en train de vivre là, maintenant.

À l’instant où vous vous éveillez le matin, tâchez de bien prendre


conscience de l’importance de cet instant, car de lui va dépendre tout le
reste de votre journée, et de cette journée dépendra la suite de votre
existence. Si vous ne vivez pas correctement aujourd’hui, vous passerez
chaque lendemain à réparer les conséquences des fautes commises la veille.

Tous ceux qui se préoccupent de l’avenir en négligeant les vingt-quatre


heures présentes laissent des lacunes partout dans leur existence, et ils
reviendront sur la terre pour corriger, réparer et souffrir. Si vous arrivez
seulement à bien vivre vingt-quatre heures, vous préparez les vingt-quatre
heures à venir, et le programme qui se présente est facile à exécuter : le
terrain est défriché, il n’y a pas d’encombrement, et la vie est ainsi facilitée.

Commencez donc par bien vivre les premiers instants de la journée qui
commence, afin de préparer les heures suivantes. Dites-vous : « Le passé
est le passé, et l’avenir n’est pas encore là, mais je dispose d’aujourd’hui.

Alors, au travail ! » Combien de gens se contentent de ruminer le passé et


102

de rêver l’avenir ! Pour le présent, ils sont absents ; ils le laissent filer.

D’une certaine façon le passé est encore toujours vivant et il va continuer à


agir quelque temps sur votre présent, mais vous n’êtes pas obligé de lui
laisser prendre le pouvoir. C’est au présent que vous devez donner le
pouvoir, afin qu’il domine le passé, qu’il le terrasse même pour le
transformer. Quand le passé était le présent, il était tout-puissant.

Maintenant qu’il est le passé, c’est le présent qui a voix au chapitre. Le


passé est révolu et l’avenir est justement « à venir ». C’est au présent
d’imposer sa volonté afin d’orienter l’avenir. Quand l’avenir deviendra le
présent, à son tour il sera tout-puissant. Pour le moment il dépend du
présent, et si le présent est défectueux, l’avenir s’annonce lui aussi
défectueux.

Pour combien de gens le passé est un objet de regrets ou de remords ! Ils


regrettent le bon vieux temps, ou bien ils se reprochent leurs erreurs, les
choix qu’ils ont faits, les décisions qu’ils ont prises. Et s’ils ne savent pas
comment agir ici, maintenant, à quel avenir croient-ils pouvoir s’attendre ?
Tout en espérant qu’il sera meilleur, ils s’inquiètent : que faire pour être à
l’abri du besoin, des dangers ? Et il en sera ainsi tant qu’ils n’apprendront
pas comment fonder demain sur cette base solide qu’est aujourd’hui.

L’avenir est toujours incertain, c’est vrai. Le pire comme le meilleur, on ne


sait jamais ce qui peut arriver. Alors, il est inutile de perdre son temps et ses
énergies à s’inquiéter de tous les accidents qui peuvent se produire et des
moyens de s’en préserver. Quels que soient les événements qui se
présentent, la seule manière de trouver des solutions pour l’avenir est de
faire le mieux possible son travail d’aujourd’hui. « À chaque jour suffit sa
peine. »

On peut définir le présent comme le moyen de remédier aux erreurs du


passé et de créer l’avenir. Celui qui remet toujours à plus tard les efforts à
faire, ne vit jamais l’avenir, il est dans l’éternel passé. Tant que le présent
reste identique au passé, l’avenir ne peut-être que le prolongement,
l’amplification du passé. Pour les paresseux, les négligents, le passé
s’éternise, tandis que si le présent est conscient, il travaille sur le passé et il
devient déjà l’avenir.

Pour bien nous pénétrer de l’importance du jour présent, nous devons faire
comme s’il allait être le dernier. Certains diront que c’est affreux d’avoir
ainsi continuellement dans la tête la pensée de la mort. Non, vivre chaque
jour comme s’il devait être le dernier ne nous entraîne pas du côté 103

de la mort, mais au contraire du côté de la vie. C’est plutôt celui qui se


conduit avec légèreté et insouciance tout en continuant à espérer un avenir
meilleur, qui s’avance vers la mort. Car il gaspille sa vie. Quand les sages
nous disent que nous devons vivre chaque jour comme si c’était le dernier,
c’est pour que nous nous efforcions de faire aujourd’hui quelque chose de
plus utile, de plus beau, de plus précieux… quelque chose d’unique ! Vous
ne croyez pas vraiment que ce sera le dernier jour, vous ne faites qu’utiliser
une méthode pédagogique pour vivre pleinement aujourd’hui.

Le passé, il faut le subir et le digérer, et vous ne tenez pas encore l’avenir.


Seul donc le présent vous appartient, il est entre vos mains comme une
matière à modeler. Vous avez là une minute, une heure, une journée…
cette minute, cette heure, cette journée vous appartiennent pour créer votre
avenir. Et dites-vous que votre avenir, c’est la joie, la lumière. Ne vous
laissez pas influencer par ceux qui ne prédisent que des difficultés, des
malheurs, parce qu’ils ne savent pas ce qu’est véritablement l’avenir ni
comment le créer. Les insuffisances, les limitations, les malheurs, c’est le
passé, et non l’avenir. Pour se présenter dans toute sa splendeur, l’avenir,
votre véritable avenir de fils et de filles de Dieu attend que vous ayez tiré
toutes les leçons du passé. Mais lui, il est en marche, il est vivant, il est déjà
là puisque vous êtes en train de le créer.

Référence biblique

1. « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez » –


Matthieu 6 : 31-34

15

« Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé

Un jour où les disciples de Jésus s’étonnaient de ce qu’il possédait tant de


pouvoirs, il leur dit : « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé,
vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d’ici là, et elle se
transporterait. »1

Quelle est cette foi capable de transporter les montagnes ? Et est-ce que
Jésus souhaitait vraiment que ses disciples soient capables de tels exploits ?
Quels bouleversements dans le relief et dans les climats ! Les 104

fleuves aussi changeraient de cours… Il faut donc laisser les montagnes


tranquilles. Là où elles sont, elles ont leur rôle à jouer. L’Intelligence
cosmique les a placées avec beaucoup de sagesse pour qu’elles projettent et
transmettent des courants d’énergies à travers l’espace. Et Jésus n’a pas
cherché à changer de place les montagnes de Palestine. C’est dans la tête et
dans le cœur des êtres qu’il a déplacé non seulement des montagnes, mais
des continents entiers.
Les montagnes que Jésus nous demande de déplacer, ce sont nos montagnes
intérieures, psychiques. Tous les obstacles que nous avons laissés s’entasser
en nous, voilà les montagnes qui obstruent notre chemin et nous empêchent
d’avancer. Mais là encore, vous vous demandez comment une foi, aussi
forte soit-elle, peut suffire à déplacer une telle masse de difficultés et de
problèmes accumulés en nous depuis des incarnations et des incarnations…

Dans un autre passage des Évangiles, Jésus mentionne encore le grain de


sénevé : « Le Royaume de Dieu est semblable à un grain de sénevé qu’un
homme a pris et semé dans son champ. C’est la plus petite de toutes les
semences ; mais quand il a poussé, il est plus grand que les légumes et
devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses
branches. »2 Le grain de sénevé est minuscule, c’est vrai, mais que fait-on
d’un grain ? On le sème. Une fois mis en terre, il ne reste pas inactif : s’il
est sain et de bonne qualité, il germe, il pousse et devient un arbre.

Mais pas d’un seul coup, il faut du temps.

Pour interpréter correctement la parole de Jésus, il faut commencer par


réfléchir sur la nature et les propriétés de la graine. Voilà un homme dont la
foi, au début, est aussi minuscule qu’un grain : s’il peut un jour transporter
des montagnes, c’est parce que ce grain, une fois semé dans son coeur, son
intellect, son âme, croît et se développe. Le jour où il devient un arbre, les
oiseaux du ciel, c’est-à-dire toutes les entités lumineuses du monde
invisible, viennent l’habiter. Et ces entités n’arrivent pas les mains vides,
elles apportent toutes des présents du Ciel : la sagesse, l’amour, la pureté, la
paix, la force… C’est grâce à ces présents que l’homme arrivera peu à peu à
transporter des montagnes, c’est-à-dire que tous les pouvoirs lui seront
donnés, mais des pouvoirs sur lui-même d’abord.

Tant qu’on n’essaiera pas de comprendre par quels processus la foi est
capable de transporter des montagnes, on se contentera de répéter des mots
vides de sens. 43 On le voit bien, l’être humain est si faible, si chancelant,
comment imaginer qu’il déplacera des montagnes ? Ce n’est pas possible.

105
Et alors, par incompréhension, par négligence, par paresse, oui, surtout par
paresse, on laisse de côté la quintessence de l’enseignement du Christ.

Prenons un exemple très simple : un jardinier possède différentes graines, et


il les sème ; il peut dire, sans crainte de se tromper, que là il y aura des
salades, là des radis, etc. Et cela se vérifie, parce qu’il s’agit d’un savoir
fondé sur l’étude et l’expérience. Or, dans leurs croyances, beaucoup de
gens sont comme un jardinier qui s’attendrait à récolter alors qu’il n’a rien
semé, ou qui sèmerait des graines de carotte en pensant qu’il verra pousser
des poireaux. Ils attendent des choses irréalisables parce qu’ils n’ont ni
savoir ni expérience. On ne peut récolter que ce qu’on a semé. Quand on a
semé en respectant les règles, on peut être sûr que ce que l’on souhaite se
réalisera. Vous voyez, c’est dans la nature que nous trouvons l’explication
de cette image du grain de sénevé ! Pourquoi croyez-vous que l’exemple du
semeur prend une telle importance dans les Évangiles ? 443

Il ne faut pas se faire d’illusions. Quand on rencontre des échecs au lieu des
succès auxquels on s’attendait, c’est qu’on n’a rien semé ou qu’on n’a pas
su semer les bonnes graines, au bon endroit, au bon moment. Cela se vérifie
dans tous les domaines et donc aussi dans celui de la vie spirituelle.

La foi et le succès vont ensemble, et par « succès » je veux dire ici la


victoire sur les difficultés et les obstacles intérieurs.

La foi est donc comparable à une graine qu’il faut semer, mais évidemment
pas n’importe quelle graine. Cette graine qui devient un arbre où les oiseaux
du ciel viennent habiter, il n’est pas si facile de la reconnaître. Il est au
contraire très facile de la confondre avec les graines de croyances et de
superstitions de toutes sortes. 45 Voilà pourquoi, malgré Jésus, les chrétiens
n’ont pas encore transporté beaucoup de montagnes, et non seulement ils ne
les ont pas transportées, mais ils sont ensevelis dessous.

La foi s’accompagne d’un travail de longue haleine. On rencontre des


personnes qui, tout en se prétendant athées, disent envier ceux qui ont la foi.

Mais elles ne vont pas plus loin, elles font comme si avoir ou ne pas avoir la
foi était quelque chose qui ne dépendait absolument pas d’elles, comme si
la foi était un don qu’à la naissance on reçoit ou non de la nature. En réalité,
la foi est la cristallisation d’un savoir du passé, elle est fondée sur
l’expérience du monde divin, une expérience qui a laissé en chaque être des
traces indélébiles et qu’il lui appartient de vivifier. C’est parce que certaines
personnes découvrent en elles la présence de pareilles traces 106

qu’elles regrettent de ne pas avoir la foi ; elles sentent qu’il leur manque
quelque chose d’essentiel. Mais si elles ne font rien pour vivifier ces traces,
elles souffriront encore longtemps, et de plus en plus. Même les plus grands
génies des mathématiques ou de la musique, malgré leurs dons, ne seraient
arrivés à rien s’ils n’avaient pas travaillé, et avec quel acharnement ! Alors,
qu’on ne s’imagine pas qu’en ne faisant rien on peut trouver la foi comme
ça, d’un seul coup, sous l’effet d’une grâce divine imprévisible, c’est
impossible.

La foi est le résultat d’efforts répétés jour après jour ; elle est quelque chose
de vivant que nous ne devons jamais séparer de notre vie quotidienne. Voilà
ce qu’il faut comprendre pour pouvoir déchiffrer le sens des paroles de
Jésus sur le grain de sénevé. Nous pouvons transporter des montagnes, oui,
mais pas en une seule fois : une pierre après l’autre. Chaque pierre
déplacée, c’est-à-dire chaque succès, aussi minime soit-il, augmente notre
foi, car nous nous sentons plus solides, plus maîtres des situations. En jetant
un regard en arrière, nous mesurons le chemin parcouru… Et alors, il se
peut que, déjà, à la moitié du travail entrepris, notre foi se soit tellement
renforcée que nous pourrons transporter tout le reste d’un seul coup.

Mais il existe encore un moyen d’accélérer les choses : prendre exemple sur
les fourmis. Les fourmis parviennent en peu de temps à transporter de
vraies montagnes de grains – proportionnellement, ce sont des montagnes
pour elles ! Comment font-elles ?… Elles ne travaillent pas seules, ce sont
des multitudes qui se mettent à la tâche. Dans l’isolement, dans l’égoïsme,
on ne transportera jamais des montagnes. Si de grandes choses ont été
réalisées au cours de l’histoire, c’est parce que des hommes et des femmes
se sont réunis pour travailler ensemble. Et pour les disciples du Christ,

« transporter les montagnes » signifie faire tomber les obstacles qui


s’opposent à la venue du Royaume de Dieu.

Références bibliques
1. « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé » – Matthieu 17 : 20

2. « Le Royaume de Dieu est semblable à un grain de sénevé » – Matthieu


13 : 31

3. Images du semeur – Matthieu 13 : 4-9, 13-30…

16

107

La parabole des talents

« Il en sera comme d’un homme qui, partant en voyage, appela ses


serviteurs et leur confia ses biens. Il donna cinq talents à l’un, deux à
l’autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit.

Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il
gagna cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu deux talents en
gagna deux autres. Celui qui n’en avait reçu qu’un alla faire un creux dans
la terre et cacha l’argent de son maître. » À son retour le maître demande
des comptes aux trois serviteurs. Il félicite les deux premiers qui avaient fait
fructifier leurs talents, en leur disant : « Bon et fidèle serviteur, entre dans
la joie de ton maître » et il promet de leur conserver sa confiance. Puis, il
réprimande sévèrement le troisième, et il lui retire son talent pour le donner
à celui qui en a maintenant dix. « Car on donnera à celui qui a et il sera
dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a. »1

Quels sont ces talents que le maître a confiés à ses serviteurs ? On notera
qu’il s’intéresse seulement de savoir s’ils les ont fait fructifier. Celui à qui il
en a donné cinq lui en présente maintenant dix, celui à qui il en a donné
deux lui en présente quatre. Et le maître ne les leur reprend pas, il les
félicite en leur laissant le fruit de leur travail. Seul le serviteur paresseux est
privé de l’unique talent qu’il avait reçu. Même s’il n’en avait reçu qu’un, il
ne devait pas se contenter de le mettre à l’abri en l’enterrant.

Ces talents que le maître confie à ses serviteurs symbolisent les dons de la
vie que nous avons reçus de Dieu, notre Père céleste. Et comme la vie est le
lien le plus fort qui existe entre un père et ses enfants, tout père a l’espoir
qu’ils ne la gâcheront pas, mais encore qu’ils sauront la rendre utile, belle et
riche de sens. Dieu n’a besoin d’aucune de nos possessions. Nous les avons
acquises grâce à la vie que nous avons reçue de Lui, et Il nous les laisse :
que ferait-Il avec le peu que nous pourrions Lui apporter, Lui dont les
richesses sont infinies ? La seule chose qu’Il nous demande, c’est de
montrer de la considération pour cette vie dont nous sommes pour un temps
les dépositaires, car c’est sa vie et Il attend que nous la fassions fructifier en
nous, en lui donnant de nouvelles couleurs, de nouveaux parfums, de
nouvelles saveurs. Celui qui se montre négligent, paresseux, irrespectueux,
finit par perdre ces richesses inestimables que sont le goût des êtres et des
choses, l’inspiration ; les personnes qu’il rencontre, les objets qu’il possède
ne présentent plus pour lui autant d’intérêt, ils ne lui apportent plus autant
de joie.

108

Il est précisé dans la parabole que le maître a donné à chaque serviteur un


nombre de talents correspondant à ses capacités. C’est donc qu’il ne leur
demande pas d’obtenir plus de résultats qu’ils n’en sont naturellement
capables. Mais il attend qu’ils fassent quelque chose avec ce qu’il leur a
donné. Et nous aussi, cette vie que Dieu nous a donnée et qui se manifeste
par des qualités, des dons, des vertus, il nous sera demandé un jour ce que
nous en avons fait. Si nous avons enterré nos talents, c’est-à-dire si nous
avons négligé de mettre nos facultés au travail, nous les perdrons. Car on
perd toujours ce qu’on ne cherche pas à employer utilement. Tandis que si
nous nous sommes appliqués à développer nos dons, non seulement nous
serons récompensés, mais nous en recevrons d’autres plus précieux encore.

Qu’est-ce qu’un don ? En réalité, c’est une entité spirituelle qui est venue
habiter chez un être pour se manifester à travers lui. Alors, si vous voulez
que des entités plus élevées viennent se manifester à travers vous en vous
donnant de nouvelles lumières, de nouveaux pouvoirs, efforcez-vous de leur
donner de bonnes conditions. Et montrez-leur surtout que vous avez été
capable de faire fructifier ce que vous aviez déjà reçu. Alors, avec quelle
joie elles s’occuperont de vous enrichir et de vous embellir encore, et
d’embellir et d’enrichir aussi les autres à travers vous !
Malheureusement, ce qu’on voit souvent, ce sont des êtres qui développent
leurs dons et leurs facultés pour les mettre au service de leur nature
inférieure : le ventre, le sexe, la vanité, le besoin de dominer les autres…
C’est, là aussi, une façon d’enterrer leurs talents. Eh bien, qu’ils le sachent,
comme au mauvais serviteur de la parabole on leur ôtera même ce qu’ils
ont. En réalité, on n’aura même pas besoin de le leur enlever : c’est eux, par
leur propre faute, qui le perdront.

Qu’on les appelle dons, capacités, vertus, à chaque être humain Dieu confie
des talents qu’il doit faire fructifier afin de participer consciemment,
harmonieusement à la vie universelle. Et ne dites pas que c’est là beaucoup
trop de travail et d’efforts que les autres ne reconnaîtront peut-être pas. Que
les autres les reconnaissent ou non, cela ne doit pas vous préoccuper. Seule
doit compter pour vous l’opinion de votre Père céleste : comme les
serviteurs du maître de la parabole, c’est à Lui seul que vous aurez un jour à
rendre compte de l’usage que vous aurez fait de ses richesses. Puisqu’Il
vous les a données, elles sont à vous, mais elles ne vous appartiendront
vraiment que si vous apprenez comment les faire fructifier.

Il arrive aussi parfois que de façon inattendue vous receviez une lumière,
une grâce du Ciel. C’est aussi un « talent » que vous donne votre Père
céleste. Prenez-en conscience et arrêtez-vous un long moment pour vous en
109

imprégner. La plupart des humains ignorent que beaucoup de leurs


souffrances viennent justement de ce qu’ils n’ont pas cette conscience.

Combien de fois ils reçoivent du monde spirituel une inspiration, un élan,


un soutien, mais ils ont vite fait de les perdre, tout simplement parce qu’ils
ignorent la valeur de ce qu’ils ont reçu.46 Ils s’imaginent que le Ciel sera
toujours là, à leur disposition, et quand ils n’ont rien de plus intéressant à
faire, ils acceptent de s’arrêter quelques minutes pour les recevoir. Eh non !

le Ciel n’est pas à la disposition de gens légers et négligents. Si vous n’êtes


pas assez conscients pour sentir ce que le Ciel donne à votre âme et à votre
esprit, et décider de vous mettre au travail pour le faire fructifier, vous le
perdrez.
Nous sommes les fils et les filles de l’Esprit cosmique et de la Mère nature.
En nous donnant la vie, ils ont mis en nous et autour de nous des trésors
inouïs, et nous pouvons encore les augmenter par un travail quotidien de la
pensée et du sentiment. Même l’être le plus déshérité a la capacité de
commencer ce travail. Il n’a reçu qu’un talent ? Qu’il ne l’enterre pas, c’est-
à-dire qu’il ne reste pas inactif, mais qu’il fasse l’effort de l’exploiter pour
en obtenir au moins deux ! Alors, à lui aussi son maître dira un jour : «
C’est bien, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître. »

Référence biblique

1. « Il en sera comme d’un homme qui, partant en voyage, appela ses


serviteurs » –

Matthieu 25 : 14-28

17

« Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui

souille l’homme »

S’adressant à la foule qui le suivait, Jésus dit un jour : « Écoutez et


comprenez : ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme,
mais ce qui sort de la bouche, c’est cela qui souille l’homme. »1 Lorsque
Jésus eut prononcé ces mots, ses disciples vinrent lui rapporter qu’il avait
scandalisé les pharisiens. Puis, Pierre lui demanda : « Explique-nous cette
parabole. Et Jésus dit : « Vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence ?

Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va dans le


ventre, puis est rejeté dans les lieux secrets ? Mais ce qui sort de la 110

bouche vient du cœur et c’est cela qui souille l’homme. »2

Qu’est-ce qui entre dans notre bouche ? Principalement la nourriture.

Peut-on dire que les aliments ne nous souillent jamais ? S’ils ne sont pas
bien lavés, s’ils sont pollués par des produits toxiques, ils peuvent nous
rendre malades. Mais le mot « souillure » concerne plutôt le monde moral.
Il est vrai que certains aliments, certaines substances peuvent influencer
notre monde moral : la viande, l’alcool, le tabac, la drogue ont, à différents
degrés, des conséquences négatives sur la vie psychique de l’homme, donc
sur sa vie morale. C’est pourquoi, dès leur origine, la plupart des religions
ont imposé des règles très strictes concernant la nourriture et les boissons.

Mais Jésus, lui, s’est davantage préoccupé de ce qui sort de la bouche de


l’homme que de ce qui y entre, car « ce qui sort de la bouche vient du cœur,
et c’est cela qui souille l’homme.» Pour comprendre ces paroles, nous
devons encore nous reporter à ce que la Science initiatique enseigne sur les
différents corps qui constituent l’être humain. (Voir Tableaux récapitulatifs)
Le corps astral qui est le siège de l’affectivité, des sentiments, des désirs, est
représenté en nous par ce que nous appelons le coeur. Si nous étudions le
visage humain du point de vue de la physiognomonie, nous découvrons
qu’il existe des relations entre le front et l’esprit, les yeux et l’âme, le nez et
l’intellect, la bouche et le coeur. Ainsi, la bouche exprime ce qui vient du
coeur. Donc, ce qui sort de sa bouche souille l’homme s’il n’a pas appris à
purifier son coeur, son corps astral. À moins de troubles digestifs, rien de
matériel ne sort normalement par la bouche physique : elle ne fait
qu’absorber. En revanche, beaucoup de choses sortent par la bouche astrale,
car à travers elle s’expriment les sentiments, les émotions, les désirs, et si
ces sentiments, ces émotions et ces désirs lui sont inspirés par sa nature
inférieure, l’homme se salit. Il salit certainement les autres aussi, mais avant
de salir les autres il se salit lui-même.

Il existe cependant un lien entre les deux bouches, physique et astrale.

Quand on donne satisfaction à la bouche physique, aussitôt la bouche


astrale exprime son contentement par un sourire, un regard, ou même une
parole.

Les gens le savent bien, c’est pourquoi ils sont si attentifs au choix des
aliments et à leur préparation quand ils invitent à manger des parents, des
amis ou d’autres personnes. En offrant un repas succulent qui plaît aux
bouches physiques, ils comptent bien satisfaire aussi les bouches astrales. À

l’inverse, celui qui est mal nourri, qui avale n’importe quoi, sans
discernement, ou parce qu’il n’a rien d’autre à se mettre sous la dent, ne 111
peut pas ensuite exprimer de très bonnes choses par sa bouche astrale, son
coeur. Il faut donc comprendre les paroles de Jésus au sens large. Même si
on ne doit pas accorder trop d’importance aux prescriptions alimentaires, il
n’est pas bon non plus d’exagérer dans l’autre sens. Jésus n’approuvait
certainement pas qu’on ne porte aucune attention à la façon de se nourrir.

« Ce qui entre » passe le plus souvent par la bouche physique, et « ce qui


sort » passe le plus souvent par la bouche astrale. Mais certains éléments
peuvent aussi entrer par notre bouche astrale. Il arrive que celui à qui on a
fait des reproches s’exclame : « Qu’est-ce que j’ai dû avaler ! » Cette
expression connue de tous prouve que, de même que par notre bouche
astrale nous ressentons et exprimons des sentiments et des désirs, cette
bouche reçoit aussi les sentiments et les désirs ressentis et exprimés par les
autres. Et quelquefois, les sentiments et les désirs qui entrent dans notre
bouche astrale contiennent de véritables poisons. Quand ils nous ont été
inoculés, il est possible de les rendre inoffensifs en les transformant. Mais il
faut avoir fait un grand travail sur soi-même pour y parvenir, et ne proférer
ensuite que des sentiments nobles et généreux par sa bouche astrale, et par
sa bouche physique aussi. Les paroles de Jésus ne s’adressent donc ni aux
faibles ni aux ignorants.

Vous-même, chaque jour, vous êtes exposé aux influences et aux agressions
du monde extérieur. Ce sont là des sortes de nourritures qu’on vous
présente. Et si un regard, une parole, un geste, un acte parvient à vous
enlever votre foi, votre espérance, votre amour, votre lumière, donc à vous
salir, cela signifie que vous n’avez pas été vigilant : vous deviez tenir votre
bouche astrale fermée. Pourquoi l’avez-vous ouverte à ces nourritures ?

Vous direz qu’il est impossible de ne pas être troublé, blessé par certaines
réflexions malveillantes… Quand on vous parle, évidemment vous entendez
; mais si vous savez tenir votre bouche astrale fermée, vous ne vous sentez
pas atteint, diminué, blessé, vous restez invulnérable. Rien n’oblige votre
bouche astrale à absorber des nourritures nocives. Veillez donc à les
empêcher de pénétrer ; et si vous n’en avez pas été capable, efforcez-vous
de les transformer pour les rendre assimilables.

Même les êtres les meilleurs, les plus intègres, peuvent être calomniés,
salis. Alors, comment se conduit le véritable disciple du Christ ? Non
seulement il cherche à neutraliser les saletés qu’il reçoit, mais il arrive à
transformer l’impatience ou la colère qu’elles lui inspirent en douceur, en
amour, en bonté. Si Jésus a dit aussi : « Heureux serez-vous quand on vous
outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement toute sorte 112

de mal de vous »,3 c’est qu’il connaissait la capacité qu’a l’être humain de
faire ce travail alchimique de transformation. Quand nous y parvenons,
nous nous enrichissons, nous sommes heureux, et le Ciel se réjouit à cause
de nous.

Que font les arbres auxquels on apporte du fumier ? Ils savent, eux, que ce
qui entre dans leur bouche ne peut pas les souiller. Ils se mettent au travail
en opérant toutes les transformations dont ils ont le secret, et ils nous
donnent en échange des fruits aussi beaux, parfumés et savoureux que le
fumier qu’ils ont reçu était répugnant et malodorant. Or, comment agissent
généralement les humains ? Ils ont reçu une petite éclaboussure et ils
renvoient un seau d’ordures ! S’ils avaient compris les préceptes du Christ,
lorsqu’ils reçoivent du venin, ils s’efforceraient de renvoyer du miel.

Voici donc une méthode pour réagir sagement. Lorsqu’un geste, un mot, un
regard a introduit en vous le trouble, la colère, le désir de vengeance ou
quelque autre état négatif, ne bougez pas, et surtout taisez-vous ! Car si
vous vous laissez aller à vos réactions instinctives, vous risquez de faire
plus de mal que vous n’en avez reçu. La colère est comme l’irruption de la
force brute d’un torrent ; cette force n’est pas nécessairement mauvaise, elle
peut même être bénéfique pour vous et pour les autres, mais à condition que
vous sachiez la maîtriser afin de pouvoir ensuite la diriger. Et pour la
maîtriser, vous devez d’abord déposer les armes que cette réaction
instinctive vient de mettre brusquement à votre disposition. Donc, d’abord,
arrêtez-vous, et raisonnez ; le raisonnement est la seule branche, le seul
rocher auquel vous pouvez vous agripper pour ne pas être entraîné et roulé
dans les eaux du torrent.

Mais il ne suffit pas d’avoir su résister aux forces sauvages du torrent.

Comment surmonter maintenant le trouble ressenti ? En prenant une


respiration profonde, en faisant quelques mouvements harmonieux et
rythmés avec les jambes, les bras, la tête. Sachez que même si vous êtes
ligoté, un seul doigt laissé libre est capable de vous aider à rétablir
l’équilibre, la paix et l’harmonie en vous-même. Vous pouvez aussi par la
pensée écrire dans l’espace des mots magiques en lettres de lumière : paix,
sagesse, amour, beauté… Ces moyens très simples donnent de grands
résultats, mais à condition de garder assez de lucidité et de maîtrise pour
avoir le réflexe de les utiliser.

« Ce qui sort de la bouche vient du coeur et c’est cela qui souille l’homme
». Voilà aussi pourquoi l’état dans lequel on mange est encore plus 113

important que ce qu’on mange ; car on peut s’empoisonner avec les


meilleures nourritures quand on ne prend pas certaines précautions. En
effet, si en même temps que vous portez des aliments à la bouche, vous êtes
agité par le trouble, la colère ou d’autres états négatifs, ces aliments
s’imprègnent des poisons qui sortent de votre bouche astrale. C’est alors
tout votre organisme qui finira par être contaminé par ces poisons, et cela
aura des répercussions sur l’ensemble de votre comportement.

Donc, quand vous êtes troublé ou irrité par certains événements, même si
c’est l’heure du repas, avant de manger attendez un peu d’avoir retrouvé la
paix et l’harmonie intérieures. Et si vos obligations nécessitent que vous
mangiez à ce moment-là, faites au moins l’effort de vous concentrer sur la
nourriture en l’imprégnant de votre respect et de votre reconnaissance :
lorsqu’elle pénétrera en vous, ces sentiments dont elle sera devenue le
support transformeront vos états négatifs.

Vous voyez, là encore se vérifient les paroles de Jésus : c’est ce qui sort de
la bouche (et ici la bouche astrale : les pensées et les sentiments) qui souille
l’homme, puisque cela souille aussi ce qui va entrer en lui : la nourriture.
Alors que s’il est vraiment pur, rien de ce qui vient de l’extérieur ne peut le
salir. Même couvert de boue, un diamant garde sa pureté et sa beauté ; il
suffira de l’essuyer pour qu’il brille à nouveau de tout son éclat. Le
véritable spiritualiste est comparable au diamant : rien n’a le pouvoir de le
salir, sauf s’il renonce lui-même à sa qualité de diamant et accepte, par sa
négligence, de redevenir charbon.

La nutrition et la parole sont les deux fonctions essentielles de la bouche, et


la nourriture entre dans la bouche tandis que la parole en sort. Mais avez-
vous remarqué qu’il existe une relation entre elles ? Cette relation entre la
nourriture et la parole est particulièrement claire dans la personne du Christ.
Le Christ, le Fils, la deuxième personne de la Trinité, est le Verbe créateur
proféré par le Père. Et il s’est également manifesté comme nourriture,
lorsque Jésus a dit : « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si
quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. »4 Ou encore, au
moment de la Cène, quand il a donné le pain et le vin à ses disciples en
disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps… Buvez, ceci est mon sang…
»475

On trouve aussi dans les Évangiles un passage où le pain est clairement


identifié à la parole. Quand, après avoir jeûné quarante jours dans le désert,
Jésus eut faim, le diable vint le tenter en lui suggérant de transformer des
114

pierres en pain. Mais Jésus le repoussa en disant : « Il est écrit : L’homme


ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche
de Dieu. »6

Dans le plan spirituel, le Christ est le Verbe de Dieu, il est lié à Dieu comme
la parole est liée à l’homme qui la prononce ; et dans le plan physique, il est
le pain. Voilà un autre aspect des relations qui existent entre le monde d’en
bas et le monde d’en haut, entre le monde physique et le monde spirituel.

Références bibliques

1. « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche de l’homme qui souille


l’homme » –

Matthieu 15 : 11

2. « Explique-nous cette parabole » – Matthieu 15 : 15-18

3. « Heureux serez-vous quand on vous outragera » – Matthieu 5 : 11

4. « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel » – Évangile de Jean 6 :


51
5. « Prenez, mangez, ceci est mon corps » – Matthieu 26 : 26-28

6. « Il est écrit : L’homme ne vivra pas seulement de pain » – Matthieu 4 : 4

18

« Heureux les pauvres en esprit »

« Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne ; et après qu’il se fut assis,
ses disciples s’approchèrent de lui. Puis, prenant la parole il les enseigna,
et dit : « Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à
eux » !1

La langue que parlait Jésus était l’araméen, et les Évangiles ont été écrits en
grec. Il est donc impossible de savoir ce que Jésus a réellement dit, mais je
pense que la traduction française que l’on a donnée de cette première
Béatitude n’est pas exacte. « Pauvres en esprit », qu’est-ce que cela signifie
?… L’esprit est riche, il est même le plus riche, il possède toutes les
richesses en puissance : comment croire que celui qui en est dépourvu peut
être heureux ? Il serait plus exact de remplacer l’idée de pauvreté par celle
de simplicité, non pour dire « Heureux les simples d’esprit », en français ce
serait encore pire, mais dans le sens où la première caractéristique de
l’esprit, c’est d’être simple. Et par simple, il faut entendre pur, c’est-à-dire
sans mélange. Seul l’esprit possède cette 115

simplicité qui est le propre de l’unité. Tous ceux qui s’éloignent de l’esprit,
de l’unité, se débattent dans les pires complications, ils ne peuvent donc pas
être heureux.

Il faut comprendre la simplicité comme une démarche philosophique, une


orientation de la pensée qui consiste à choisir la direction du sommet, car
c’est au sommet48 que règne l’esprit, le 1. Loin du sommet, on n’a pas une
vision claire des choses, on ne maîtrise pas la situation, et tout se
complique. Qu’est-ce qui crée ces complications ? La nature inférieure de
l’homme. Dans le but de se satisfaire, elle le pousse à s’éparpiller à la
surface des choses, avec l’espoir de trouver enfin ce qu’il cherche. Pendant
un moment, oui, peut-être ; mais dans l’éparpillement, on ne trouve jamais
ce qu’on cherche, au contraire même, car plus on se disperse dans la
matière pour accumuler des possessions et multiplier les plaisirs, plus on se
limite intérieurement. Dans La Divine Comédie, Dante décrit l’Enfer
comme un cône renversé. Ce n’est là qu’une image, mais elle correspond à
une réalité. Plus un être, par sa conduite, s’éloigne de Dieu –

symboliquement le sommet d’un cône – plus il se condamne à descendre


dans les profondeurs d’un cône renversé pour y subir toutes les limitations.

Seul celui qui cherche à se simplifier en montant vers le sommet sent


augmenter en lui les possibilités de se déplacer, de créer, de s’exprimer
librement.

Je vous ai souvent donné l’exemple du diamant. 49 Le diamant possède un


éclat et une dureté qui le placent au-dessus de toutes les autres pierres
précieuses. Comme le diamant, l’esprit est une pure lumière, et c’est vers
cette lumière qui brille au sommet de notre être que nous devons nous
élever. Un jour ce sommet en nous se confondra avec le sommet de
l’univers, l’Esprit cosmique, et nous sentirons que le Royaume des Cieux
nous appartient. Heureux donc ceux qui s’efforcent de simplifier leur vie
dans la pureté et la lumière ! Tout en travaillant sur la terre, ils vivent déjà
dans le Ciel. Car il faut bien comprendre : retourner vers la simplicité,
l’unité de l’esprit, ne signifie pas abandonner la terre et les possibilités que
nous offre la matière. Tout est dans la façon de les utiliser. Donc, respirez,
mangez, aimez, travaillez, lisez, promenez-vous, etc., mais sans jamais
oublier de tout mettre en action pour retourner vers la simplicité, vers
l’unité.

La simplicité, nous devons l’introduire d’abord dans l’intellect :


comprendre la nécessité de vibrer à l’unisson avec le principe divin. De là,
elle descendra dans le coeur afin de purifier nos sentiments et nos désirs. Et
enfin, la volonté, se mettant au service de l’intellect et du coeur, apportera
116

partout l’ordre et l’harmonie. Parvenir à cette simplicité n’est


évidemment… pas si simple ! C’est même la chose la plus difficile. Il faut
acquérir beaucoup de connaissances et faire de grands efforts pour arriver à
se dépouiller de tous les éléments étrangers et contradictoires qui forment
dans l’être humain un mélange inextricable. C’est pour cette raison qu’un
enseignement spirituel donne tant d’explications, de méthodes, d’exercices.

Ne les négligez pas.

Le jour où le disciple réussit à triompher de tout ce qu’il traîne depuis si


longtemps comme conceptions erronées, sentiments troubles et mauvaises
habitudes, une clarté envahit son être entier, et il devient un diamant pur,
résistant, précieux. La véritable simplicité, c’est le nombre 1. Pour y
parvenir il faut tendre vers le sommet ou, pour employer une autre image,
s’éloigner de la périphérie pour aller vers le centre. Et c’est là qu’on trouve
encore le symbole du soleil, centre de notre système planétaire. Ce soleil
existe aussi en nous, c’est notre Moi supérieur : nous devons nous
approcher de lui pour vivre une vie simple dans la chaleur et la lumière.

Le livre de la Genèse évoque une période où les humains menaient cette vie
simple. C’est toute l’histoire d’Adam et Ève dans le jardin d’Éden, quand
ils se nourrissaient des fruits de l’arbre de vie. Puis est arrivé le serpent, qui
les a persuadés de goûter du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du
mal. Ils sont alors entrés dans la dualité et tout s’est compliqué. Ils ont été
chassés du Paradis, c’est-à-dire qu’ils ont été précipités dans l’obscurité, le
froid et les pesanteurs de la matière : l’homme a dû gagner son pain à la
sueur de son front et la femme enfanter dans la douleur. 502 Puis, le
premier crime a été commis : Caïn a tué son frère Abel,3 etc.

Ce que la Genèse a raconté sous la forme d’un récit peut être présenté sous
bien d’autres formes. On peut prendre des images dans la nature : la
montagne avec le sommet et la base, le fleuve avec la source et
l’embouchure, le soleil et les planètes qui gravitent autour de lui. On peut
aussi prendre des figures géométriques : la pyramide dont les arêtes se
rejoignent au sommet, le cercle avec le point central sans lequel aucune vie
organisée n’est possible. Dans ces images et ces figures, le sommet, la
source, le soleil, le point central représentent le Un, la simplicité de l’esprit.
51 C’est à ceux qui travaillent à réaliser en eux cette simplicité que Jésus
promet le Royaume des Cieux.

117
Références bibliques

1. « Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne » – Matthieu 5 : 1

2. Adam et Ève dans le jardin d’Éden » – Genèse 2 : 18, 3 : 24

3. Caïn et Abel. Le premier meurtre. – Genèse 4 : 1-8

19

Jésus nous apprend à prier

I. « Ce que vous liez sur la terre sera lié dans le ciel »

« Je vous le dis en vérité : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié
dans le ciel ; et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le
ciel. » 1

Le ciel et la terre… Dans le langage éternel des symboles, le ciel et la terre


représentent les deux principes masculin et féminin, émissif et réceptif.

Entre ces deux pôles positif et négatif qui travaillent dans l’univers il se fait
des échanges sans fin, et ce sont ces échanges qui entretiennent la vie.

Vous semez une graine : dans la terre déjà elle établit des liaisons, puisque
de nombreux éléments du sol contribueront à la nourrir. Mais elle entre
aussi en relation avec le ciel : la pluie l’arrose, le soleil lui envoie sa
lumière et sa chaleur, et elle commence à germer. Vous avez simplement
mis une graine ou un noyau en terre, et par ce geste vous avez aussi engagé
le ciel à participer à sa croissance. Des processus analogues se produisent
aussi en nous. Par exemple : quand nous introduisons une graine (de la
nourriture) dans la terre (l’estomac), tout de suite le ciel (le cerveau) envoie
vers lui des courants pour qu’il se mette au travail et transforme cette
nourriture en énergies. C’est donc le corps entier qui en bénéficie, y
compris le cerveau lui-même. Lorsqu’on lie la terre et le ciel, le bas et le
haut, grâce à ces liaisons il se fait des échanges ; lorsqu’on les délie, ces
échanges s’interrompent.
Lier et délier… On retrouve ces deux opérations dans tous les domaines de
l’existence. L’analyse et la synthèse en sont aussi des exemples. Quand on
fait une synthèse, on lie, et quand on fait une analyse, on délie. En nous,
c’est le coeur qui lie et l’intellect qui délie. Le coeur fait des synthèses : il
réunit, rassemble, rapproche, tandis que l’intellect analyse, fait des
distinctions, sépare ; c’est leur nature, et ils doivent travailler ensemble 118

pour toujours donner naissance à des actes constructifs, bénéfiques.

Mais revenons à la parole de Jésus : « Tout ce que vous liez sur la terre sera
lié dans le ciel, et tout ce que vous déliez sur la terre sera délié dans le ciel.
» Par « la terre» on peut entendre le plan physique, et par « le ciel »

le plan psychique ou spirituel. Ainsi, tout ce que nous faisons dans le plan
physique a des répercussions dans les autres plans.

Prenons des cas très simples. Quand une mère est obligée de laisser un
moment son enfant seul dans sa petite voiture, elle l’attache pour qu’il ne
tombe pas. L’enfant est lié dans le plan physique, mais il est lié aussi dans
le plan psychique ; il n’aime pas être attaché, et il pleure, il crie. Quand la
mère revient, elle le délie dans le plan physique, et elle le délie aussi dans le
plan psychique : il est content. Il en est de même pour l’homme que l’on
enferme dans un cachot et qu’un jour, enfin, on libère. Il existe de multiples
façons de lier les êtres et de les délier, et la parole en est une également. On
en voit chaque jour des exemples : combien de personnes ligotent les autres
ou les libèrent par leurs paroles !

Quand les humains se décideront à prendre plus au sérieux cette question de


la parole, ils comprendront le sens et les pouvoirs de la prière. C’est dans le
Sermon sur la montagne que Jésus dit à la foule qui le suivait :

« Voici donc comment vous devez prier :

Notre Père qui es aux cieux,

Que ton nom soit sanctifié,

Que ton règne vienne,


Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel... » 2

Ainsi, Jésus nous révèle que par la prière nous lions le monde d’en bas et le
monde d’en haut. Car c’est dans notre intelligence que le nom de Dieu doit
être sanctifié et c’est dans notre coeur que son règne doit venir, afin que
nous fassions sa volonté sur la terre comme les anges la font dans le ciel.

On raconte que dans un couvent vivait un moine qui savait à peine lire et
écrire. Chaque fois qu’il lavait la vaisselle ou balayait – c’étaient ses
occupations quotidiennes – il avait pris l’habitude de répéter avec foi et
amour : « Mon Dieu, comme je lave ces assiettes, je Te supplie de laver
mon âme… Comme je nettoie ce plancher, nettoie tout mon être de ses
impuretés », etc. Et de même pour les autres tâches matérielles dont il était
chargé. Cela dura des années… Pendant longtemps personne ne remarqua
119

rien, jusqu’au jour où son rayonnement attira l’attention de tous les autres
moines : ils sentaient qu’il était visité par l’Esprit Saint. Et les réponses
qu’il faisait aux questions qu’on lui posait étaient d’une telle sagesse, d’une
telle profondeur, que même des évêques et des cardinaux commencèrent à
venir le consulter. Comment avait-il découvert ce pouvoir de la parole ?

Grâce à la parole, beaucoup d’actes très simples de la vie quotidienne


peuvent devenir des occasions de créer des liens entre la terre et le ciel,
entre le monde d’en bas et le monde d’en haut. C’est pourquoi les exercices
que je vous donne à pratiquer sont souvent des prières, des formules.

L’être humain possède une baguette magique dans la bouche, une baguette
qui fait le lien entre la terre et le ciel. Lier et délier : en quelques mots Jésus
a résumé exactement ce qu’est la magie. Au lieu de s’offusquer chaque fois
qu’ils entendent parler de magie, les chrétiens devraient faire l’effort de
comprendre qu’elle est un art qui repose sur la connaissance des liens qui
existent entre les différentes régions de l’univers et de l’homme lui-même.
Puisqu’il y a lien, il y a aussi nécessairement influence. Même si plusieurs
interprétations peuvent être données de la phrase de Jésus, l’idée essentielle
à retenir ici est qu’il existe des relations entre le bas et le haut, entre la terre
et le monde divin, et que ces relations, l’homme a par sa parole le pouvoir
de les rendre plus vivantes, plus créatrices. Quand saura-t-on utiliser ce qui
est écrit dans les Évangiles ? C’est écrit, mais ça reste lettre morte, parce
qu’on ne cherche pas à l’appliquer dans la vie.

Références bibliques

1. « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel » – Matthieu
18 : 18

2. « Notre Père, qui es aux cieux» – Matthieu 6 : 10

II. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom »

Mais prier ne se limite pas à prononcer des paroles. Pour qu’une prière soit
puissante et donne des résultats, certaines conditions doivent être remplies.
C’est pourquoi Jésus ajoute : « Si sur la terre deux d’entre vous s’accordent
pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est dans
les cieux. Car là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis présent au
milieu d’eux. »1 Qui sont ces deux ou trois dont parle Jésus ? Deux ou trois
personnes ? Non. Ces deux ou trois sont l’intellect, le coeur et la volonté : la
lumière de l’intellect, la chaleur du 120

coeur et l’activité de la volonté. Si Jésus dit deux ou trois, c’est parce qu’il
suffit que deux soient liés pour faire apparaître le troisième. Deux, c’est la
pensée et le sentiment ; et trois, c’est l’action, l’enfant auquel ils donnent
naissance. Pour obtenir un résultat, on n’a pas besoin de quatre ou cinq,
mais seulement de deux, parce que l’action est le fruit des pensées et des
sentiments, elle les suit inévitablement.

« Si deux ou trois sont réunis en mon nom » ne peut pas signifier deux ou
trois personnes. Sinon, parce qu’il est seul quelque part, un être qui adresse
au Christ une prière ardente ne sera pas entendu ? Et si une dizaine de
personnes honnêtes et bonnes qui ne se connaissent pas se trouvent dans un
même lieu, est-ce que le Christ ne sera pas au milieu d’elles sous prétexte
qu’elles ne sont pas réunies en son nom ?… Il ne faut jamais prendre
littéralement les textes des Évangiles. Deux ou trois, c’est l’intellect, le
coeur et la volonté. Que vous soyez seul perdu dans un désert ou avec une
centaine de personnes, du moment que vos pensées et vos sentiments
s’unissent pour réaliser quelque chose de bénéfique, le Christ sera avec
vous, en vous.

D’où vient que très souvent, lorsqu’elles prient, les personnes joignent
spontanément leurs deux mains ? Par ce geste, elles retrouvent
instinctivement le sens profond de la prière : une main représente l’intellect
et l’autre le coeur. Pour que la prière soit reçue, il faut qu’elle vienne de
l’intellect et du coeur, de la pensée et du sentiment, c’est-à-dire des deux
principes masculin et féminin. De nombreux tableaux représentent des
personnes en prière, même des enfants, avec les mains jointes. Cela ne
signifie pas que, pour prier il faut obligatoirement joindre les mains
physiquement. On peut prier en joignant ou non les mains… et on peut
aussi prier, mains ouvertes à hauteur du visage, paumes en avant ; là, les
bras forment avec la tête la lettre hébraïque Schin . On peut prier dans
n’importe quelle posture, ce n’est pas l’attitude physique qui compte, mais
l’attitude intérieure.

Trop de croyants s’imaginent que, dans la prière, l’essentiel ce sont les


mots. Non. La bouche peut toujours marmonner quelque chose, si l’intellect
et le coeur ne sont pas présents et unis, rien ne vibre au-dedans et les mots
retombent à côté. Pour la réalisation, la parole prononcée est importante,
mais à condition que dans le plan psychique aussi, elle soit soutenue,
animée par la pensée et le sentiment. Elle est alors comme un ordre que l’on
donne, elle commande le déclenchement des forces d’en haut.

Le Créateur a placé en l’homme des centres subtils qu’il doit apprendre à


faire fonctionner. Vous connaissez dans les gares ces appareils 121

automatiques qui distribuent des boissons, des bonbons, des sandwichs, etc.

Les voyageurs les déclenchent en y introduisant une pièce de monnaie, le


chef de gare n’a pas à s’en occuper. Il en est de même avec nos appareils
intérieurs. Dieu qui les a placés en nous ne s’en mêle plus ; c’est à nous d’y
glisser des pièces de monnaie pour qu’ils se mettent en marche ! Une prière
faite correctement donne des résultats parce qu’elle est comme une pièce de
monnaie que nous glissons dans l’appareil. En priant, nous émettons une
force qui se projette à l’extérieur de nous, mais qui agit surtout en nous où
elle actionne certains rouages.

Il y a des jours où vous êtes soudain habité par une telle force, une telle
plénitude, que vous sentez qu’enfin le Ciel a entendu votre voix. Cela ne
veut pas dire que d’un seul coup vous obtiendrez des résultats visibles,
tangibles, mais vous avez été entendu, votre demande a été prise en
considération, et c’est cela l’essentiel : sentir que la prière a été entendue.

Tout est donc dans l’intensité. Et l’intensité est liée au pouvoir que l’on a de
dégager ses pensées et ses sentiments de toutes les préoccupations
étrangères à la prière. Dès que vous avez un doute, une angoisse, tournez-
vous vers les esprits célestes. Même si vous ne savez pas quels traits, quel
visage leur donner, ce n’est pas important ; prononcez leur nom, car le nom,
lui, est déjà une image, et cette lettre mentale que vous envoyez atteindra
son destinataire. Il est donc essentiel de connaître au moins le nom des
entités dont vous voulez vous faire entendre.

Une prière où le coeur se joint à l’intellect produit dans l’invisible des


courants qui attirent des éléments des régions sublimes ; car chaque élément
spirituel a sa correspondance dans le plan matériel, et chaque particule de
matière a sa correspondance dans le plan spirituel. C’est sur cette loi des
correspondances que tous les Initiés ont fondé leur travail. Leur principal
souci est de chercher comment accomplir la volonté de Dieu en eux-mêmes,
d’abord. Pour le reste, ils sont absolument convaincus que les lois de la
nature sont fidèles et que ce qu’ils ont réalisé dans leur monde intérieur sera
réalisé un jour dans le plan physique.

Référence biblique

1. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom » – Matthieu 18 : 18-20

III. « Quand tu pries, entre dans ta chambre… » 1

Celui qui entre dans sa chambre et ferme la porte derrière lui, est seul.

122
Cela confirme bien que, pour être entendue, une prière ne suppose pas
nécessairement la réunion de deux ou trois personnes. Une fois la porte
fermée, « prie ton Père qui est là dans le lieu secret », ajoute Jésus. Ce lieu
secret ne doit pas être non plus compris comme un lieu physique, mais
comme un état de conscience. Quand vous parvenez à faire régner en vous
le silence, la paix, la lumière, vous êtes déjà dans cette chambre secrète :
pour un moment au moins, vous avez pu atteindre les régions de l’âme et de
l’esprit que vous portez en vous de toute éternité. Ces régions auxquelles il
est difficile d’avoir accès dans la vie ordinaire, la majorité des humains n’en
soupçonnent même pas l’existence. Car de même qu’ils ignorent ce qui se
passe dans leur subconscient, ils ignorent aussi ce qui se passe en haut dans
le ciel, leur ciel, leur esprit, leur conscience divine.

Vous méditez par exemple sur un problème d’ordre spirituel que vous
trouvez difficile à résoudre. Vous entrez profondément en vous-même pour
avoir une réponse et après quelque temps la lumière se fait peu à peu… Que
s’est-il passé ? D’où vous vient cette compréhension ? Votre esprit la
possédait, mais votre conscience n’était pas encore arrivée à s’élever
jusque-là. Voilà le sens des paroles de Jésus : celui qui prie, qui médite,
s’enferme dans sa chambre secrète, à l’abri de l’agitation et du bruit, et là il
reçoit des révélations.

La chambre secrète, c’est donc cet état de grande concentration, de paix, de


silence, de lumière où tout le reste s’efface, où il n’existe plus rien que la
prière, la parole intérieure qui parcourt l’espace. Cette chambre secrète est
une image magnifique. Elle nous dit que, pour que notre prière soit
entendue, nous devons entrer profondément en nous-même, parce qu’à
l’extérieur notre voix n’a pas tellement de portée ni de résonance.

Supposez que vous êtes dans la rue, et soudain, vous pensez que vous avez
quelque chose à dire à un ami qui se trouve dans une autre ville. Il est
impossible de lui parler à moins d’entrer dans une cabine téléphonique : il y
a là un appareil sur lequel vous faites un numéro et vous avez la
communication. Si vous restez dans la rue, et surtout sans téléphone, vous
aurez beau parler, crier, votre ami ne vous entendra pas. De la même façon,
pour être entendu par le Ciel, il faut entrer dans cette chambre secrète dont
parle Jésus, car elle est aussi très bien aménagée : elle a, elle aussi, des
« appareils téléphoniques » qui permettent de communiquer avec les
mondes supérieurs. 52

Combien cet exemple de la cabine téléphonique est instructif ! Quand vous


y entrez, vous prenez soin de fermer la porte derrière vous pour pouvoir
parler et entendre sans être dérangé par les bruits de la rue. Il en est 123

de même pour la prière. C’est dans un lieu caché, secret, que vous devez
entrer et bien fermer la porte. Fermer la porte signifie ne pas laisser pénétrer
en vous n’importe quels sentiments ou pensées, mais n’accueillir que des
sentiments inspirés par l’amour divin et des pensées inspirées par la sagesse
divine ; sinon, dans votre communication avec le Ciel, il y aura des
brouillages : vous ne serez pas bien entendu et vous ne recevrez pas de
réponse. Ce n’est que dans la chambre secrète que la prière est
véritablement une puissance : vous parlez et vous entendez, vous adressez
une demande et le Ciel vous donne une réponse. Si vous n’arrivez pas à
bien saisir ce qu’il vous dit, c’est que vous n’avez pas su utiliser vos
appareils ou que vous avez mal fermé la porte.

La chambre de la prière est donc un lieu de silence et de secret, car les


personnes autour de vous n’ont pas à savoir non plus à qui vous vous
adressez, ni ce que vous dites et comment vous le dites. Dans un autre
passage des Évangiles, Jésus parle d’un pharisien qui était monté au Temple
et qui, debout, priait avec ostentation. C’est exactement le contraire de la
chambre secrète, qui est la chambre du vrai silence, le silence du coeur. Ici,
le « coeur » n’est pas ce principe psychique qui correspond au plan astral, le
siège des sentiments et des désirs inférieurs : c’est le coeur spirituel, on peut
dire aussi l’âme. Il y a tellement de « chambres » en chaque être humain !
Parmi toutes ces chambres vous devez trouver la chambre du silence, la
seule qui contienne cette sorte d’appareil qui vous met en communication
avec le Ciel. Et votre voix sera chaque fois entendue.

Si vous priez, c’est évidemment pour obtenir quelque chose ; mais en


réalité, c’est dans la prière elle-même que vous devez trouver votre joie,
dans l’acte de prier, en sachant que le jour où vous serez exaucé, vous
n’aurez plus ce bonheur de demander. Quand les désirs se réalisent, on n’a
plus tellement de quoi se réjouir, il arrive même qu’on regrette ces beaux
jours du passé où on attendait, en l’imaginant, quelque chose de
merveilleux. C’est pourquoi vous devez surtout trouver votre joie dans ce
lien que par la prière vous créez avec le Ciel. Quand vous aurez compris la
véritable signification de la prière, vous serez toujours heureux ; même si
vous n’êtes pas encore exaucé, vous continuerez à créer dans le monde
subtil de la pensée des choses extraordinaires qui, tout en restant
inaccessibles, seront toujours présentes en vous.

Référence biblique

1. « Quand tu pries, entre dans ta chambre » – Matthieu 6 : 6

124

20

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas »

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il
meurt, il porte beaucoup de fruits. »1

L’alchimie est la science de la transmutation de la matière. La matière vile


que l’alchimiste a placée dans le creuset commence par mourir et se
putréfier ; cette opération correspond à la couleur noire. Ensuite, la matière
est dissoute et purifiée : elle devient blanche. Puis, c’est la distillation et la
conjonction : la matière passe au rouge. Enfin, c’est la sublimation, la
couleur or. Ces différentes opérations ne prennent un sens pour nous que si
nous les interprétons comme des étapes de la vie intérieure.

Le travail que l’alchimiste réalise sur la matière dans le creuset est en réalité
le travail de régénération que le disciple réalise dans ce creuset qu’est son
corps, et il doit y consacrer toute son existence. La matière régénérée sort
du creuset transformée en or : l’homme régénéré meurt à sa nature
inférieure pour naître à sa nature supérieure. C’est aussi le sens de cette
parabole de Jésus : « Si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ;
mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. » Cette phrase peut être
considérée comme un résumé du travail alchimique.
Pour que le grain de blé mis en terre se développe, il doit d’abord se diviser
; il devient donc 2. Alors apparaît le 3, le germe qui y était contenu et qui
puise dans les deux moitiés du grain les éléments dont il se nourrit.

Bientôt il ne reste plus que l’enveloppe, qui elle-même finit par disparaître.

On assiste donc à la mort du grain et cette mort est nécessaire pour que
naisse une vie nouvelle. En mourant la graine libère les puissances de vie
qu’elle contient. Dans l’être humain, c’est le moi inférieur qui doit mourir
afin de nourrir le principe divin, qui pourra alors croître, fleurir et porter des
fruits. Comme la nature, Jésus ne cesse de nous parler de vie, c’est-à-dire de
mort et de résurrection. Car ce que nous appelons la vie n’est en réalité
qu’une suite ininterrompue de morts et de résurrections. La mort est
toujours la promesse d’une vie nouvelle, et cette vie sera suivie d’une mort
pour que naisse encore une autre vie.53

On en revient donc toujours à la question des deux natures de l’être humain.


Considérons le tableau des six corps. À la nature inférieure correspondent
les corps physique, astral et mental, et à la nature supérieure les corps
causal, bouddhique et atmique. Les cercles qui relient les corps 125
inférieurs aux corps supérieurs nous indiquent comment celui qui est
capable de mourir aux actes, aux sentiments et aux pensées inspirés par la
nature inférieure bornée, égoïste, obscure, naîtra aux actes, aux sentiments
et aux pensées inspirés par la nature supérieure vaste, noble, lumineuse.

Chaque problème que nous avons à résoudre dans l’existence, chaque


décision, chaque expérience touche d’une façon ou d’une autre à cette
question : à quoi devons-nous mourir pour pouvoir continuer à vivre ?

C’est cela le véritable sens du sacrifice.

La plupart des humains considèrent le sacrifice comme une perte, et il y a


en effet des sacrifices que rien ne justifie et qui sont donc des pertes. Mais
ce n’est pas de ces sacrifices-là que parle Jésus. Pour Jésus faire des
sacrifices, ce n’est pas « se » sacrifier, mais laisser mourir quelque chose
d’inutile, de nuisible, d’inférieur en soi, afin d’obtenir quelque chose de
grand, de puissant, de précieux. Si on ne sacrifie pas ce qui est inférieur en
soi pour faire vivre ce qui est supérieur, on sacrifiera nécessairement ce
qu’on possède de meilleur au profit des instincts les plus grossiers. Il est
impossible d’échapper à cette loi : notre nature supérieure ne peut vivre que
126

si nous lui sacrifions notre nature inférieure ; ce qui est la vie pour l’une est
la mort pour l’autre. Voilà comment il faut comprendre cette parabole du
grain de blé.

Dans un autre passage des Évangiles Jésus dit aussi : « Celui qui voudra
sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la
sauvera ».2 Perdre sa vie à cause de Jésus signifie renoncer à son moi
humain limité, faible, pauvre, pour suivre le Christ afin de vivre la vie
divine et porter des fruits.

Références bibliques

1. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas... » – Évangile de Jean


12 : 24

2. « Celui qui voudra sauver sa vie la perdra...» – Marc 8 : 3


21

« Si quelqu’un te frappe sur la joue droite »

« Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, et dent pour dent.

Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe


sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre. »1

Ces paroles de Jésus signifient-elles qu’on doit non seulement supporter les
injures, les coups, mais encore s’exposer volontairement aux mauvais
traitements ? C’est ainsi qu’elles sont le plus souvent interprétées, mais je
ne pense pas que ce soit réellement leur sens. Être passif, soumis, se laisser
maltraiter, bien sûr, quand on ne possède pas la lumière qui donne la vraie
puissance, c’est tout ce qui reste à faire. Mais cette morale, bonne pour les
gens ignorants et faibles, ne doit pas durer éternellement. Il n’est nulle part
écrit que les gens de bien, les sages, les fils de Dieu, doivent toujours
accepter d’être tourmentés, massacrés, pour laisser triompher les imbéciles,
les malhonnêtes et les méchants. Il ne faut pas subir, car subir est une
situation d’esclave.

Moïse avait énoncé la règle : « œil pour œil, dent pour dent ». Puis Jésus est
venu enseigner une nouvelle morale : au lieu de répondre toujours avec la
pierre, le couteau, l’épée, les humains devaient apprendre à utiliser des
moyens plus nobles : la patience, la miséricorde, le sacrifice. Mais s’il
revenait maintenant, je pense qu’il dirait : « Désormais, il y a une conduite
127

meilleure encore. Lorsque vous subirez une injustice, efforcez-vous de


riposter avec une telle force de caractère, une telle sagesse, un tel amour,
que votre ennemi sera terrassé, foudroyé »… C’est-à-dire transformé ! Pas
anéanti, non, régénéré. Vous ne le tuerez pas, vous le vivifierez : il
comprendra ce qu’est la vraie vie, la vie spirituelle.

On ne doit pas faire de mal à ses ennemis, mais on ne doit pas non plus
accepter la situation d’éternelle victime. Il y a une troisième méthode, la
meilleure : apprendre à les neutraliser en prenant exemple sur le soleil,
c’est-à-dire projeter une telle lumière que, lorsqu’ils voudront vous attaquer,
ils seront soudain éblouis, aveuglés. Et ensuite, vous leur ouvrirez les yeux
comme le Christ l’a fait avec Saul sur le chemin de Damas quand il allait
massacrer les chrétiens : il l’a terrassé, aveuglé par une projection de
lumière.2 Cette lumière produisit sur Saul un tel effet que c’est lui qui
ensuite, sous le nom de Paul, répandit le christianisme avec plus d’ardeur
encore qu’il n’en avait mis auparavant à le combattre. Si vous arrivez pour
un moment à éblouir quelqu’un, quand il reviendra à lui, est-ce qu’il voudra
continuer à vous affronter ?…

La nouvelle morale, c’est de ne pas rester à la merci des gens violents et


cruels, mais de devenir comme le soleil qui ne projette que lumière et
chaleur. Quand ils s’approcheront, ils fondront comme de la cire. Si les
humains ne savent pas encore utiliser l’arme de la lumière, c’est qu’ils n’ont
jamais vraiment cru à son efficacité. Sous prétexte que Jésus a dit de tendre
l’autre joue, beaucoup ont adopté la philosophie de la passivité. Eh bien,
vous pouvez tendre toutes les joues que vous voulez, cela ne résoudra rien,
vos ennemis continueront à vous donner des gifles, et à la fin ils vous
assassineront. Maintenant il faut, bien sûr, commencer par comprendre
quelle est cette « autre joue » dont parle Jésus. Ce mot est symbolique.

L’autre joue, c’est l’autre côté de nous-même, le côté de l’esprit, de la


puissance, de la lumière. Comment Jésus a-t-il présenté l’autre joue, l’autre
côté à ses ennemis ? Il leur a dit : Vous avez le pouvoir d’emprisonner mon
corps physique, vous avez le pouvoir de le crucifier, mais je vous montrerai
l’autre côté, sublime, indestructible. Je reconstruirai mon temple en trois
jours.3 Voilà, vous pouvez frapper. Il a montré « l’autre côté », et toute la
terre a été bouleversée.

Nous devons nous efforcer de manifester la puissance de l’esprit à travers


notre savoir, notre amour, tout notre comportement. C’est cela la véritable
force. Pourquoi rester faible et poltron ? Pour se montrer chrétien ? Eh bien,
si c’est cela l’idéal de la chrétienté, jamais le bien ne triomphera. Il faut être
fort, puissant, dynamique, et trouver les meilleurs 128

moyens de s’imposer. Le christianisme mal compris n’apporte rien. Le


véritable chrétien doit être armé, mais armé avec de nouvelles armes. Si on
l’attaque, il doit manifester cet autre côté de lui-même dont parle Jésus et se
défendre avec les seules véritables armes que sont l’amour et la lumière.

Au cours des âges, ceux qui ont guidé les peuples ont dû commencer par
leur enseigner la justice. C’était déjà un progrès, et c’est ce qu’a fait Moïse.

Quand Jésus est venu, il a dit qu’il existait quelque chose de supérieur à la
justice : la bonté, l’indulgence, le pardon. Mais on ne doit pas non plus
s’arrêter là, car pardonner seulement ne résout rien. On doit pardonner, bien
sûr, mais si quelqu’un vient vous attaquer, est-il interdit d’être plus fort que
lui ? Être plus fort que votre ennemi, et par un geste, par un regard, par une
vibration divine, lui faire sentir non pas tellement votre supériorité mais la
supériorité de l’esprit, voilà l’ambition que vous devez avoir. Quand
arriverez-vous à la réaliser ? C’est une autre question. Mais au moins
travaillez dans ce sens, afin de ne pas être toujours tiraillé entre la tendance
à riposter par la violence et celle de vous laisser maltraiter.

Il ne faut pas répondre au mal avec les mêmes armes que lui, mais chercher
à monter au-dessus de lui en utilisant d’autres armes. On pourrait comparer
l’être humain à une forteresse avec des remparts sur lesquels sont installés
des engins capables de cracher des flammes. Qu’est-ce qui vous empêche
de monter sur vos remparts et de braquer tous ces engins sur vos ennemis ?
Non seulement vous ne leur faites pas de mal, mais en lançant sur eux des
projections de lumière, vous chassez les éléments nocifs de leur tête et de
leur cœur. C’est cela, présenter l’autre joue.

Maintenant, je vous raconterai une petite histoire. Il était une fois un jeune
instituteur, intelligent et sympathique, mais pas très robuste physiquement.
Un jour, sur la place du village, il parlait avec d’autres jeunes gens, et il y
avait là un gaillard, très costaud mais un peu bébête, qui n’était pas
d’accord avec ce qu’il disait, et toute une discussion s’ensuivit.

Quand le gaillard comprit qu’il n’aurait pas le dernier mot, car l’instituteur
le dépassait par l’intelligence de ses arguments, il se mit en colère et lui
donna deux gros coups de poing qui le firent tomber à la renverse. Tous les
autres garçons se mirent à rire et à applaudir : la force physique, c’est quand
même quelque chose !
Le pauvre instituteur retourna chez lui, penaud, malheureux… Et voilà
qu’en rentrant, il passa devant l’étable où une vache venait de mettre bas.

Le petit veau était tellement mignon qu’il se pencha pour le caresser, puis il
129

le prit dans ses bras et il oublia son chagrin. Le lendemain et les jours
suivants, il retourna voir le petit veau pour le caresser et le soulever… Cela
dura comme ça un certain temps : le veau devenait de plus en plus lourd,
mais il continuait à le soulever, et ses muscles évidemment se
développaient.

Alors, un jour, il retourna se promener sur la place du village où le gaillard


était toujours en train de plastronner devant ses copains. Il s’approcha et lui
dit : « Est-ce que tu me reconnais ? – Oh ! Oh ! si je te reconnais ! C’est à
toi que j’ai donné une bonne raclée ! » Mais l’instituteur le saisit par la
taille et le souleva en disant : « Maintenant, fais ta prière, car je vais te jeter
à terre. – Ah ! pardonne-moi. Je regrette de t’avoir frappé, etc. – Bon, bon,
si c’est comme ça, ça va », et il le redescendit gentiment. L’autre prit ses
jambes à son cou, pendant que ses copains applaudissaient, et l’instituteur
retourna chez lui content, vainqueur. Donc, vous voyez, pour vaincre il faut
se renforcer. Si on se laisse écraser sans réagir, les gens continuent à abuser
et ils ne deviennent pas meilleurs, ils se disent : « Celui-là est faible, très
bien, on va en profiter. »

Le Seigneur demande de ses serviteurs qu’ils aient l’intelligence et la force.


Donc, vous aussi trouvez « un petit veau » quelque part, dans votre coeur
ou dans votre tête, et appliquez-vous à le soulever chaque jour : vous
deviendrez si lumineux, si puissant, que vous pourrez ensuite soulever vos
ennemis de terre. Vous leur direz : « Tu veux que je te jette à terre… ? »

Mais vous ne les jetterez pas, vous les remettrez doucement sur leurs pieds.

C’est ainsi que vous les aiderez à devenir plus raisonnables. Voilà la vraie
morale : sans leur faire de mal, vous leur donnez une leçon magistrale dont
ils se souviendront.
Il ne faut pas s’abriter derrière la faiblesse ; elle ne vous sauvera jamais, et
l’ignorance, et la paresse non plus. Alors, cherchez, exercez-vous en
prenant modèle sur le soleil. Nourrissez-vous de sa chaleur, de sa lumière…
Qui peut toucher le soleil sans se brûler ? Les ennemis se tiendront à
distance, ils n’oseront plus s’approcher, parce que vous serez devenu du feu
et des flammes. Devant la puissance spirituelle, on est toujours obligé de
capituler.

Vous direz : « Oui, mais tout de même, quand un ennemi voit que celui
auquel il s’attaque tend l’autre joue, devant cette humilité, cette abnégation,
il est confus, il demande pardon… » Pensez-vous ! Il ne se repent pas du
tout, il continue de plus belle. Il faut suivre l’exemple de cet instituteur qui
allait chaque jour soulever le petit veau. Exercez-vous pendant des années,
et un jour, quand vous rencontrerez vos ennemis, c’est à peine s’ils vous
130

reconnaîtront. Ils croyaient vous avoir terrassé, ils étaient tranquilles. Mais
devant ce qui émanera de vous, votre assurance, votre lumière, ils
comprendront que pendant qu’ils se reposaient sur leurs lauriers, vous étiez
en train de devenir formidablement puissant. Est-ce clair maintenant ? Cela
contredit certainement un peu l’idée que vous vous faisiez de la morale des
Évangiles. Mais réfléchissez, et un jour vous serez obligé d’accepter cette
nouvelle vision des choses.

Il n’y a que ça, s’exercer. Mais commencez par chercher à vous imposer à
vos ennemis intérieurs. Quand vous vous sentez triste, découragé, angoissé,
ce sont souvent des entités hostiles qui vous harcèlent comme des mouches,
des moustiques, des guêpes. Est-ce que vous devez les laisser vous envahir
et vous grignoter ? N’est-ce pas plutôt le moment de montrer votre
supériorité par des paroles et des actes ? Pourquoi rester comme ça à
souffrir ? Manifestez l’autre côté, c’est-à-dire la volonté, la force,
n’acceptez pas de traîner des pensées et des sentiments qui vous
affaiblissent, qui vous tuent. C’est ainsi que vous arriverez à vous imposer
un jour à vos ennemis extérieurs.

Il faut apprendre à se battre. Jésus n’a pas seulement dit de présenter l’autre
joue, il a dit aussi : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. »4 Et
avec une épée, on se bat. Jésus a déclaré la guerre aux ténèbres, mais ses
armes étaient la chaleur et la lumière, c’est-à-dire l’amour et la sagesse, la
vraie force. 54

Références bibliques

1. « Vous avez appris qu’il a été dit » – Matthieu 5 : 38 ; Exode 21 : 23 ;


Lévitique 24 : 20 ; Deutéronome 19 : 21

2. Paul (Saul) sur le chemin de Damas – Actes des Apôtres 9 : 1-9.

3. Le temple détruit et reconstruit en trois jours – Évangile de Jean 2 : 18-


22

4. « Je ne suis pas venu pour apporter la paix, mais l’épée » – Matthieu 10 :


34

22

La porte du Royaume de Dieu

I. Le riche et le chameau

« Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille 131

qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »1

Comment expliquer cette comparaison étonnante que fait Jésus entre un


riche et un chameau, en accordant visiblement la supériorité au chameau ?

Les commentateurs qui l’ont prise au sérieux n’y ont vu, le plus souvent,
qu’une très ferme condamnation des riches : l’avidité, l’égoïsme, la dureté
dont ils font généralement preuve, leur ferment la porte du Royaume de
Dieu qui est le royaume de l’amour. Et puisqu’il est plus facile pour un
chameau, qui est énorme, de passer par le trou d’une aiguille que pour un
riche – qui peut être très maigre – d’entrer dans le Royaume de Dieu, on
peut croire que les riches en sont définitivement exclus. Non, cette
explication est très insuffisante. Si Jésus s’est servi de ces images, ce n’est
pas tellement pour condamner les gens riches, mais parce qu’elles
correspondent à des réalités psychiques.
Qu’est-ce qui est énorme chez le riche et qui l’empêche de passer par la
porte du Royaume de Dieu ? Son corps astral, son corps des désirs. Car le
propre du corps astral est d’être insatiable : il ne cesse de pousser les êtres à
désirer toujours davantage, même si c’est au détriment des autres, et même
s’ils ont beaucoup plus qu’il ne leur faut. Quand il n’est pas discipliné,
éduqué, le corps astral prend des proportions démesurées. Rencontre-t-on
souvent des gens riches qui, voyant qu’ils ont la possibilité de s’enrichir
encore davantage, se disent : « Non, maintenant ce que j’ai me suffit » ? Il
en existe sans doute, mais pas beaucoup ! Généralement, plus ils possèdent,
plus ils veulent posséder, car ils se laissent gouverner par leur corps astral
qui n’est jamais rassasié. C’est lui qui les pousse à accumuler toujours plus
: l’argent, les objets, les terrains, les immeubles, les succursales, etc.

Et puisqu’ils ne cessent de lui donner satisfaction, ce corps astral devient


quelque chose de monstrueux, une véritable tumeur qui obstrue pour eux la
porte du Royaume de Dieu. Car dans le Royaume de Dieu, on n’accepte que
les êtres capables de dépouillement, de désintéressement, de sacrifice, des
êtres qui ont appris à maîtriser leur corps astral55.

Quant au chameau, son comportement est exactement l’inverse de celui du


riche. Les conditions dans lesquelles il vit, ses longues marches à travers le
désert où il n’aura presque rien à manger et à boire pendant plusieurs jours,
font de lui un modèle de sobriété, cette qualité qui consiste à savoir
gouverner ses appétits. Or, pour l’être humain, les appétits peuvent être de
diverses sortes, et chez certains le corps astral ressemble à un estomac dont
rien ne peut apaiser la faim, à un gouffre sans fond prêt à tout engloutir. Il
faut comprendre : Jésus ne condamne pas la richesse et les gens riches,
certains sont bons et généreux. Il prend le riche et le chameau comme 132

symboles de réalités psychiques. Le riche représente l’être en proie à des


passions dévorantes que l’argent lui permet de satisfaire ; et à l’opposé, le
chameau habitué à se contenter de très peu cultive la tempérance.

Alors, maintenant, c’est clair : en opposant ainsi le riche et le chameau,


Jésus sous-entend l’existence du corps astral. Vous voyez, si on ne possède
pas sur l’être humain les mêmes connaissances que Jésus, beaucoup
d’images et de paraboles des Évangiles restent incompréhensibles.
Référence biblique

1. « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille » –


Matthieu 19 : 24

II. La porte étroite

« Entrez par la porte étroite, car large est la porte et spacieux le chemin qui
mènent à la perdition... Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui
mènent à la vie. »1

Il existe une analogie entre le trou de l’aiguille par lequel, dit Jésus, un
chameau passerait plus facilement qu’un riche, et la porte étroite qui est
celle du salut. Cette porte étroite est la porte de l’Initiation. Car qu’est-ce
que l’Initiation ? Une longue ascèse au cours de laquelle l’homme apprend
à maîtriser sa nature inférieure. Que fait le serpent lorsqu’il doit se
débarrasser de sa vieille peau ? Il tâche de se glisser par un orifice étroit.

Comme le serpent, le disciple se prépare à passer par une porte où il


abandonne ses vieilles peaux, ses corps inférieurs : il s’arrache non
seulement à son corps astral, mais aussi à son corps mental, pour vivre dans
ses corps supérieurs, les corps causal, bouddhique et atmique. (voir

schéma) Jésus nous encourage tous à passer par cette porte étroite. C’est,
bien sûr, l’aboutissement d’un chemin, une épreuve difficile, mais il ne faut
pas avoir peur à l’idée de subir certaines privations. Au contraire nous
devons nous réjouir de perdre notre vieille peau, afin de devenir un être
nouveau avec une compréhension plus large, un coeur plus généreux, digne
d’un fils de Dieu, d’une fille de Dieu qui n’apportera aux autres que des
bénédictions.

En venant s’incarner sur la terre, les humains ont nécessairement deux


portes à franchir : celle de la naissance et celle de la mort. Qu’ils soient
bons ou méchants, tous passent naturellement par ces deux portes. Mais il
en existe une troisième, et passer par cette porte nécessite un long travail
sur 133
soi-même, un travail de détachement, de renoncement. C’est la porte de
l’Initiation. Chaque accès à un niveau supérieur de conscience ne peut se
faire que par une porte de plus en plus étroite. Et on dirait que cette porte
est exactement adaptée à la taille et à la forme de chacun. Pour pouvoir
passer nous devons nous présenter nu, c’est-à-dire dépouillé de tout ce qui
nous obscurcit et nous alourdit, afin de nous présenter dans la pure lumière
de nos corps spirituels. 56

Référence biblique

1. « Entrez par la porte étroite » – Matthieu 7 : 13

23

La tempête apaisée

« Ce même jour, sur le soir, Jésus dit à ses disciples : Passons sur l’autre
bord. Et laissant la foule, ils l’emmenèrent dans la barque où il se trouvait ;
et il y avait aussi d’autres barques avec lui. Il s’éleva alors un grand
tourbillon, et les flots se jetaient dans la barque, au point qu’elle se
remplissait déjà. Et lui il dormait à la poupe sur le coussin. Ils le
réveillèrent et lui dirent : « Maître, ne t’inquiètes-tu pas de ce que nous
périssons ? » S’étant réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : «

Silence ! Tais-toi ! » Et le vent cessa, et il y eut un grand calme. Puis il leur


dit : « Pourquoi avez-vous ainsi peur, comment n’avez-vous point de foi ? »
Ils furent saisis d’une grande frayeur et ils se dirent les uns aux autres : «
Quel est donc celui-ci à qui obéissent même le vent et la mer ? »1

On a l’habitude de lire ce passage des Évangiles comme le simple récit d’un


des nombreux miracles faits par Jésus. Mais c’est aussi un récit symbolique
où on découvre des réalités de la vie psychique. Intérieurement, chaque être
humain se trouve sur une vaste mer, dans une barque que la tempête et les
vents – ses sentiments tumultueux et ses pensées chaotiques –

menacent souvent de faire chavirer. Le Christ, son Moi supérieur, est aussi
dans cette barque, et il faut le réveiller, c’est-à-dire faire appel à lui afin
qu’il se lève et ordonne à ces pensées et à ces sentiments : « Taisez-vous ! »
En s’éveillant, Jésus dit à ses disciples : « Pourquoi avez-vous ainsi peur,
comment n’avez-vous point de foi ? » Dans les Évangiles, Jésus parle
souvent de la foi à ses disciples, et de différentes manières. Ici, avoir la foi,
134

c’est savoir que dans les profondeurs de notre être vit une entité divine, le
Christ. Du moment qu’il se trouve dans notre barque, nous n’avons rien à
craindre : grâce à sa présence, même s’il dort encore, notre barque ne
chavirera pas, les forces hostiles sont tenues en respect.

Le jour où le Christ s’éveillera réellement en nous, il se manifestera dans


toute sa sagesse, son amour, sa puissance, et nous saurons que notre barque
ne peut pas chavirer. Même s’il n’est pas encore éveillé, nous devons croire
que puisqu’il se trouve dans la barque, si nous faisons appel à lui nous ne
ferons pas naufrage. La foi, c’est croire en une réalité qui n’est pas
perceptible par au moins un de nos cinq sens, et qui paraît même
impossible. Dans le plan spirituel, il y aura toujours des choses que nous ne
connaîtrons pas, des choses que nous n’aurons encore ni vues ni vécues,
mais dans lesquelles nous devons croire, car c’est le seul moyen d’avancer.

Puisque l’eau commençait à remplir la barque, il est naturel que les


disciples se soient inquiétés. Mais pour Jésus, ils ont eu peur parce qu’ils
n’avaient pas vraiment la foi. S’ils avaient eu la foi, ils auraient senti que,
même si Jésus était endormi, puisqu’il était là, ils ne risquaient rien. Quel
mérite auraient-ils eu de ne pas avoir peur quand il était éveillé, attentif,
vigilant parmi eux ? Ils devaient aussi être confiants quand il dormait.
Avant son réveil, les disciples ne pouvaient pas savoir qu’il apaiserait la
tempête.

C’était sans doute la première fois qu’un pareil événement se produisait, ils
n’avaient pas encore vu Jésus commander aux éléments. C’est pourquoi ils
se disaient ensuite avec étonnement : « Qui est celui-ci à qui même le vent
et la mer obéissent ? » Et ils découvraient le pouvoir du Verbe.

Dans le plan physique, un homme seul ou une femme seule ne peut pas
donner naissance à un enfant ; pour cela il faut être deux. Mais, par la
parole, chacun séparément peut devenir créateur grâce aux deux principes
masculin et féminin que sont la langue (principe masculin) et les deux
lèvres (principe féminin). Tous les Évangiles ne sont que l’illustration de
cette vérité. C’est grâce à la toute-puissance du Verbe que Jésus a fait des
miracles57. Il a dit au paralytique : « Lève-toi, prends ton lit et marche ! »2

et le paralytique a marché. Pour ressusciter Lazare, il s’est rendu devant son


tombeau et a crié d’une voix forte : « Lazare, sors ! »3 Pour ressusciter la
fille de Jaïre, il lui a pris la main et a dit : « Enfant, lève-toi ! »4 Quand il
guérissait des possédés, il ordonnait au démon : « Sors de cet homme ! »5

Quand il a guéri un lépreux, il a dit : « Je le veux, sois pur ! »6 Et lorsqu’il a


apaisé la tempête, il a dit à la mer : « Silence, tais-toi ! »7

135

Notre Père céleste qui nous a créés réclame de nous une foi identique à
celle que les disciples auraient dû manifester pendant la tempête. Puisque le
Christ est en nous, même s’il sommeille, nous devons rester paisibles et
confiants. Notre barque sera ballottée, mais elle ne chavirera pas tant que
nous saurons conserver en nous ce trésor précieux, l’enfant Christ. Il dort, il
est tout petit, mais il est là bien réel, immortel, et quand il s’éveillera, il
accomplira des prodiges. En attendant, veillez sur son sommeil en prenant
soin de répandre l’amour et la confiance autour de lui. Et si vous cherchez à
l’éveiller, tâchez au moins de ne pas le tourmenter avec des plaintes et des
soucis mesquins. Ne commencez pas à lui raconter les ennuis que vous
causent votre famille ou votre entourage, vos craintes de perdre de l’argent,
du prestige…

Même si le Christ n’est pas encore tout à fait éveillé en vous, c’est grâce à
votre foi que vous surmonterez les épreuves de la vie. Le Christ représente
la sagesse et l’amour, et lorsque des bouleversements se produisent dans
votre existence, si vous appelez la sagesse et l’amour à votre secours, vous
retrouverez bientôt la paix. La sagesse est capable de disperser les nuages,
de calmer les vents, et l’amour apaise la mer, car la sagesse agit sur le vent
(la pensée) et l’amour agit sur la mer (les sentiments). L’air et l’eau, le vent
et la mer sont des symboles éternels58.

Ceux qui ont écrit les Évangiles se sont appliqués à rapporter des
événements dont chaque détail présente des correspondances avec notre vie
psychique. C’est pourquoi des générations et des générations pourront
encore méditer longtemps sur la vie de Jésus et de ses disciples.

Références bibliques

1. « Ce même jour, sur le soir, Jésus dit à ses disciples : Passons sur l’autre
bord » –

Marc 4 : 35-41

2. « Lève-toi, prends ton lit et marche ! » – Marc 2 : 11

3. « Lazare, sors ! » – Évangile de Jean 11 : 44

4. « Enfant, lève-toi ! » – Marc 5 : 41

5. « Sors de cet homme ! » – Marc 1 : 26

6. « Je le veux, sois pur ! » – Matthieu 8 : 3

7. « Silence, tais-toi » – Marc 4 : 39

24

136

« Je suis venu pour qu’ils aient la vie »

« Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu
pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. »1

De quelle vie parle ici Jésus, puisque nous sommes déjà vivants ?… Ce sont
ces paroles qui, depuis le jour où je les ai lues, m’ont poussé à faire tant
d’études et de recherches pour comprendre ce qu’il appelle la vie.

Lisez attentivement les Évangiles et vous verrez que Jésus ne parle que de
la vie. C’est pourquoi nous avons besoin de revenir sans cesse sur cette
question.
Les humains cherchent les pouvoirs, la richesse, le savoir, l’amour… Eh
bien, non, c’est la vie, avant tout, qu’ils devraient chercher. Vous direz que
vous n’avez pas besoin de chercher la vie puisque vous l’avez : c’est ce que
l’on n’a pas qu’on doit chercher. Vous êtes vivant, c’est vrai, mais la vie
n’est pas la même chez tous les êtres, elle a des degrés. Depuis le minéral
jusqu’à Dieu, en passant par les végétaux, les animaux, les humains et les
hiérarchies angéliques, tout ce qui existe est vivant. Mais être vivant ne
suffit pas, il faut se demander de quelle vie on vit. Par sa conformation
physique, un être humain bien sûr mène la vie d’un humain. Mais
intérieurement, sa vie peut prendre toutes sortes d’aspects, celui des pierres
ou des animaux, comme celui des archanges. La vie dont parle Jésus et qu’il
veut apporter à tous les humains est la vie divine, ce courant qui jaillit pur
et limpide de la Source originelle. 59

On a souvent comparé la vie à de l’eau. Mais quelle différence entre l’eau


qui coule de la source au sommet de la montagne, et celle qui arrive à
l’embouchure du fleuve, après un long parcours où elle a reçu toutes sortes
de saletés et même de produits toxiques. L’eau, les humains en ont
tellement besoin pour vivre ! Elle leur est même plus nécessaire que la
nourriture puisqu’on peut rester plus longtemps sans manger que sans boire.
Mais il arrive qu’elle soit aussi une cause de maladie et de mort. Lorsqu’un
fleuve arrive dans la plaine et traverse une grande ville, qui penserait à s’y
abreuver ? C’est toujours le même cours d’eau, mais ce n’est plus l’eau
pure qui a jailli là-haut, au sommet. Pure ou polluée, l’eau est toujours
l’eau, comme la vie est toujours la vie ; mais rien n’est plus vivifiant que
l’eau pure, alors que l’eau polluée peut être un poison.

Gardons cette image du fleuve, car elle nous éclaire sur cette unité infinie
qu’est la vie. 60 Depuis qu’elle est apparue dans l’univers, combien de
régions différentes elle a traversées ! C’est pourtant le même fleuve, et 137

rien ni personne ne peut sortir de ce fleuve de la vie. Mais pour bénéficier


des éléments qui nous purifieront, nous renforceront, nous éclaireront, nous
devons nous rapprocher de la Source, Dieu. En disant : « Je suis venu pour
qu’ils aient la vie », Jésus nous oblige à prendre conscience que la vie est
une question que nous devons sans cesse approfondir. Les humains ont reçu
la vie et ils puisent en elle, ils la dépensent pour satisfaire leurs désirs, leurs
besoins, en croyant que c’est ainsi qu’ils vont s’épanouir ; mais en réalité, le
plus souvent, ils s’affaiblissent, ils s’appauvrissent. Et Dieu, qui leur avait
donné cette vie qui est la sienne pour qu’ils soient forts, beaux, puissants,
lumineux, dans la plénitude, n’aperçoit que de pauvres malheureux, chétifs,
ternes, rabougris.

S’il y a une chose que j’ai comprise en méditant les Évangiles, c’est que la
seule science qui vaut la peine d’être étudiée est la science de la vie. Et je
voudrais vous entraîner aussi avec moi. Car tous les autres sujets que vous
aborderez, toutes les autres activités que vous entreprendrez ne vous
apporteront vraiment quelque chose que si vous avez compris cette réalité
essentielle : la vie. Alors, au lieu d’en faire un moyen de satisfaire vos
désirs, vos ambitions, vos caprices, apprenez au contraire à la considérer
comme un but et employez toutes vos facultés à la renforcer, l’éclairer, la
purifier. Car sans la vie, il ne vous reste rien. Je ne nie pas la valeur de
certaines acquisitions, mais c’est grâce à la science de la vie que chaque
chose trouve vraiment sa place et son sens.

C’est la vie qui alimente l’intellect, le coeur et la volonté. Quand l’homme


entretient cette vie en lui, son intellect comprend, son coeur aime et se
réjouit, sa volonté se renforce et crée. Sans la vie, il n’y a même plus de
savoir possible, plus de philosophie, plus de religion, plus d’art. C’est
pourquoi la science de la vie est la clé de toutes les réalisations. Augmentez
la vie, nettoyez la source en vous pour que l’eau coule plus librement : vous
pourrez alors remplir des réservoirs et envoyer cette vie jusqu’à votre
intellect qui s’éclairera, à votre coeur qui s’ouvrira aux dimensions de
l’univers, et à votre volonté qui deviendra créatrice, infatigable.

« Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Et moi je suis venu
pour qu’ils aient la vie… » Pourquoi Jésus oppose-t-il ainsi les intentions
du voleur à ses intentions à lui ? Parce que le voleur vient pour prendre
alors que Jésus, lui, vient pour donner. Et quel est ce voleur qui vient
prendre la vie des humains ? En réalité, il s’agit de plusieurs voleurs, et de
toutes sortes de vols. Certains sont au-dehors, mais la plupart sont surtout
en l’homme : ce sont les désirs et les convoitises qui l’obligent à 138

sacrifier ce qu’il possède de plus précieux, les richesses de son âme et de


son esprit.
La vie, c’est comme l’huile pour la lampe, l’eau pour le moulin, l’essence
pour la voiture, le courant électrique pour l’usine, le sang pour l’organisme.
C’est la vie qui permet que tout fonctionne. Et pourtant elle est la plus
ignorée, la plus méprisée. Les humains ne cessent de la sacrifier à leurs
plaisirs, à leurs ambitions, à leur compte en banque. Vous allez bien sûr
protester en disant que si un soir, dans l’obscurité, au coin d’une rue,
quelqu’un vous saute dessus en criant : « La bourse ou la vie ! » vous
donnerez la bourse. En effet, quand la question se présente ainsi, c’est la vie
qu’on choisit. Autrement on ne pense pas à elle, on la gâche, on l’avilit. Il
faut être mis au pied du mur pour comprendre. Jusque-là on n’est pas
conscient et on gaspille sa vie à la poursuite de satisfactions et d’avantages
qui ne sont jamais aussi importants que la vie elle-même. Pour gagner
quelques sous, pour séduire un homme ou une femme, pour pouvoir
plastronner en remportant quelques succès, combien de gens sont capables
de gâcher leur vie ! Sur leur balance intérieure, il ne leur vient jamais l’idée
de peser les trésors de vie qu’ils sont en train de perdre, en face du peu
qu’ils arrivent à gagner.

Voulez-vous devenir plus vivant ? Voulez-vous que votre vie devienne plus
intense dans ses vibrations, dans ses émanations ? Parmi les dizaines de
méthodes que je peux vous donner, retenez-en au moins une. Prenez
conscience de toute la vie qui existe autour de vous, partout dans la nature,
mais aussi chez les humains. Saluez les personnes que vous rencontrez,
tâchez de sentir en elles l’étincelle de vie divine, remerciez-les pour tout ce
qu’elles vous donnent ou font pour vous, et quelquefois sans même que
vous le sachiez. Devenir vivant, c’est toujours s’émerveiller, c’est toujours
voir les êtres et les choses comme si c’était la première fois.

Puisque la vie est le lien le plus fort qui nous unit à Dieu, pour devenir de
véritables fils et filles de Dieu nous devons travailler à diviniser notre
propre vie. Il est possible de trouver la religion dans les églises, mais elle
est d’abord dans la vie. C’est donc à nous d’entretenir une relation
consciente avec ses manifestations les plus puissantes et les plus belles.

L’étude de la vie doit se poursuivre sur des millions d’années, car c’est une
science sans fin, et c’est ce qui la rend tellement captivante. Une fois que
vous avez commencé, vous sentez que vous ne pourrez jamais vous arrêter.
C’est cette science, la plus dédaignée, la plus méprisée que j’ai choisie, tout
en sachant d’avance qu’il n’y aurait peut-être pas beaucoup d’amateurs
pour l’étudier avec moi. Alors, pourquoi je m’obstine ? Parce 139

que ce qui est méprisé aujourd’hui sera apprécié demain. La science de la


vie, c’est cette pierre dont parle Jésus : « La pierre que les ouvriers ont
rejetée est devenue la pierre d’angle. »2

Références bibliques

1. « Le voleur ne vient que pour voler » – Évangile de Jean 10 : 10

2. « La pierre que les ouvriers ont rejetée » – Matthieu 21 : 42 et Psaume


118 : 22-23

25

Suivre Jésus

I. « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. »

« Jésus, voyant une grande foule autour de lui, donna l’ordre de passer à
l’autre bord. Un scribe s’approcha, et lui dit : Maître, je te suivrai partout
où tu iras. Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux
du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. »1

Il n’est pas dit que Jésus a accepté que cet homme le suive, et il n’est pas dit
non plus qu’il a refusé. Mais la réponse qu’il lui a faite : « Le Fils de
l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête » mérite d’être étudiée. Jésus
ne se plaignait évidemment pas de n’avoir aucun lieu pour dormir ou
prendre du repos, plusieurs passages des Évangiles révèlent au contraire
qu’il y avait toujours des maisons où il était bien accueilli. Mais il avait
certainement senti que même si cet homme était un scribe, c’est-à-dire un
docteur de la Loi, il était encore trop habité par des pensées, des sentiments
et des désirs qui l’empêcheraient de recevoir sa parole et de la mettre en
pratique. En assurant Jésus qu’il le suivrait partout, il était sans doute
sincère, mais il ne se connaissait pas. Et Jésus s’est servi de l’image des
tanières et des nids, qui sont des demeures d’animaux, pour lui dire qu’il
n’avait pas encore préparé en lui un lieu convenable pour recevoir l’esprit.

« Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête » signifie que


l’enseignement, la sagesse de Jésus ne trouveraient pas chez lui un véritable
accueil. Mais a-t-il compris ?…

Combien de personnes se croient capables de suivre Jésus, ou un Maître


spirituel, alors que sans le savoir, elles abritent intérieurement toutes sortes
140

d’animaux qui ont d’autres besoins ! C’est pourquoi, malgré Jésus, malgré
un Maître, le monde de l’âme et de l’esprit leur reste fermé : il n’y a pas de
place en elles pour leur enseignement. Et souvent il vaudrait mieux qu’elles
s’en tiennent éloignées, car en voulant marcher sur un chemin qui n’est pas
fait pour elles, elles se trouveront prises un jour dans les pires
contradictions. Elles ne comprendront pas pourquoi rien ne se passe
conformément à ce qu’elles attendaient, et non seulement elles souffriront
et feront souffrir les autres, mais elles gêneront le travail de celui auprès
duquel elles prétendent s’instruire. Contrairement à ce qu’on peut croire, un
Maître spirituel ne tient pas à être entouré d’une foule de gens. Il sait que
son enseignement n’est pas pour tous, mais il souhaite que tous ceux qui
l’approchent reçoivent au moins quelques vérités qui les aideront à vivre.

Référence biblique

1. « Jésus voyant une grande foule autour de lui… » – Matthieu 8 : 18

II. « Laisse les morts enterrer leurs morts. »

Immédiatement après le scribe, c’est un des disciples de Jésus qui


s’approche :

« Un autre d’entre les disciples lui dit : Seigneur, permets-moi d’aller


d’abord ensevelir mon père. Mais Jésus lui répondit : Suis-moi, et laisse les
morts enterrer leurs morts. »1

Si on prend à la lettre la réponse de Jésus, ce qu’il dit là est monstrueux.


Comment lui, qui avait reproché un jour aux scribes et aux pharisiens de ne
pas respecter le commandement donné par Moïse : « Honore ton père et ta
mère »,2 pouvait-il conseiller à un fils d’abandonner le cadavre de son père
? De plus, cette phrase prise à la lettre n’a aucun sens : comment des morts
feraient-ils pour enterrer d’autres morts ? En réalité, Jésus ne parlait pas là
des morts que l’on porte au cimetière, il est nécessaire de les amener
jusqu’au lieu où ils doivent reposer. Et même si leur corps est mort, leur
âme est toujours vivante. Jésus pensait donc à d’autres morts, car bien que
vivants, les humains portent en eux quelque chose qui, du point de vue de la
science spirituelle, est mort et les entraîne vers la mort : leur nature
inférieure. Car les manifestations de la nature inférieure sont à classer parmi
les morts, et ceux qui cherchent tellement à satisfaire ses caprices, finissent
eux-mêmes par mourir. Leurs pensées, leurs sentiments et leurs actes qui ne
sont pas imprégnés de la vie de l’âme et de l’esprit les 141

conduisent vers la mort.

En apparence, bien sûr, la nature inférieure des humains est vivante, et bien
vivante ! C’est elle qui se manifeste partout dans leurs activités
quotidiennes, et jusque dans la littérature, les spectacles, les journaux, à la
radio, à la télévision… Mais cette vie-là est en réalité une marche vers la
mort. Dans leur tête, dans leur coeur, combien de gens passent leur temps
avec des morts ! Ils s’occupent d’eux, ils les accompagnent… Et ces morts,
cela peut être aussi des objets, des idées, des opinions, des sentiments. Le
conseil que donne Jésus de laisser les morts enterrer les morts, nous devons
le comprendre de tous les points de vue et l’appliquer dans tous les
domaines : la philosophie, la littérature, la religion, la science, l’art, la
politique, l’économie, la vie quotidienne…

« Et toi, suis-moi », ajoute Jésus. Pourquoi ? Pour être vivant. Car c’est du
côté du Christ qu’est la vie véritable. En réalité, nous sommes donc en
même temps morts et vivants. Il y a des vivants qui sont morts, puisqu’ils
s’occupent d’autres morts. Et il y a des morts qui n’ont pas cessé d’être
vivants, car durant leur existence terrestre ils ont, dans toutes les
circonstances, cherché à donner la première place à l’esprit en eux. Ils ont
choisi de suivre le Christ et même dans la mort ils demeurent vivants.
Pour choisir de suivre le Christ, il faut d’abord apprendre à se concentrer
sur l’essentiel. Or, les humains cherchent souvent leur nourriture dans ce
qui n’est pas essentiel. Ils passent la plus grande partie de leur temps dans
des occupations qui n’apportent rien à leur âme et à leur esprit.

Ils se justifieront en disant que l’existence quotidienne, leurs obligations, la


famille, le métier, la société, les contraignent à des activités dans lesquelles
l’âme et l’esprit ne peuvent avoir aucune part. D’abord, ce n’est pas sûr,
l’âme et l’esprit peuvent avoir partout leur mot à dire. Et puis, que font-ils
quand ils rentrent du travail ou qu’ils ont du temps libre ? Quelles sont leurs
préoccupations, leurs conversations, leurs distractions ? Ils ne font peut-être
rien de vraiment répréhensible, mais au lieu de construire en eux-mêmes
quelque chose de solide, d’impérissable, ils perdent leur temps et leurs
énergies dans des futilités. C’est donc comme s’ils laissaient s’introduire la
mort en eux. Tout ce qui n’est pas essentiel, c’est cela que Jésus appelle

« les morts » : des scories, des épluchures qu’il est inutile de conserver
parce qu’elles ont perdu les éléments de la vie divine.

Comprendre l’essentiel, c’est éprouver le besoin d’organiser notre existence


autour de ce centre, l’esprit, l’étincelle qui nous habite et qui est le signe de
notre filiation divine. C’est ainsi que toutes nos activités, et nos distractions
même, contribueront à alimenter la vie en nous. L’esprit qui 142

habite en l’homme ne rejette pas le foie, les intestins ou les pieds sous
prétexte qu’ils n’ont pas des activités aussi nobles que lui. Tout est à sa
place et l’esprit s’en sert, c’est lui qui dirige. Mais dès que manque, au
centre, cette force qui unifie, qui gouverne, tous les éléments commencent à
se disperser, et c’est la mort qui s’ensuit, la mort spirituelle.

Les humains portent leur corps, ils vivent avec lui, ils le soignent, ils le
nourrissent, ils le lavent, l’habillent et le maquillent même, mais ils ne
s’occupent pas de déchiffrer ce que veut leur dire ce corps avec ses
membres et ses organes. Qu’ils étudient comment l’Intelligence cosmique a
pensé les choses en mettant leur corps au service de leur intellect, de leur
coeur, de leur volonté ; ils comprendront qu’ils doivent s’inspirer de cette
leçon pour la conduite de leur vie intérieure, et ils sauront mettre tout ce qui
est matériel et éphémère au service de ce principe éternel, leur esprit.
Le matériel et l’éphémère ont nécessairement un rôle à jouer dans notre
existence ; mais pour que ce rôle soit bénéfique, il faut les faire participer à
l’activité de l’esprit. Il ne suffit pas de multiplier les rencontres, les
informations, les connaissances, les aventures, même si, sur le moment,
elles donnent la sensation de vivre pleinement. Ce n’est pas « sur le
moment

» qui compte ; c’est, des années après, le bilan que l’on fait de sa vie. Voilà
pourquoi, de temps à autre, il est utile de réviser ses choix et ses activités en
se demandant : « Qu’est-ce que tout cela m’apporte vraiment ?… Est-ce
que je ne suis pas en train d’« enterrer des morts » ? Qu’est-ce que je peux
faire pour être plus vivant ? »

Si Jésus met tellement l’accent sur la vie, c’est que la compréhension de ce


qu’est la vraie vie nous fait entrer en relation avec le Créateur, notre Père
céleste. Jusque-là, on ne peut avoir de Lui que des conceptions
approximatives, superficielles et donc erronées. Au lieu de chercher Dieu
en nous, dans cette vie qu’Il nous a donnée, on se contente de ce qui a été
dit à son sujet, et alors on discute le pour et le contre, on se pose des
questions, on se demande s’Il existe ou s’Il n’existe pas, et on reste toujours
dans l’incertitude, on ne construit rien. Seul celui qui fait jaillir la vie en lui
ne se posera plus jamais de questions sur l’existence de Dieu.

La vie, la vie divine existe en dehors de nous, mais elle existe aussi en nous,
nous en sommes imprégnés. Même s’ils sont peu nombreux, on rencontre
sur la terre des êtres qui ont compris la valeur, la beauté de cette vie et qui
la vivent. Alors, qu’y a-t-il de plus important que de se décider à participer
à leur travail ? À celui qui cherche la vraie vie, les puissances 143

célestes indiquent où sont les êtres qui l’ont trouvée afin qu’ils puissent
l’aider et l’entraîner avec eux. Même au milieu des plus grandes difficultés,
il ne se sentira jamais réellement isolé ou abandonné.

Les fils et les filles de Dieu ne pensent qu’à intensifier la vie en eux, à la
rendre pure, lumineuse, abondante, afin de la faire partager à tous. Ce n’est
pas d’eux que Jésus dira qu’ils sont des morts occupés à ensevelir d’autres
morts ; non, ils sont vivants car ils travaillent avec lui, ils le suivent pour
faire jaillir et couler la vie divine.
Références bibliques

1. « Un autre d’entre les disciples lui dit… » – Matthieu 8 : 21-22

2. « Honore ton père et ta mère » – Exode 20 : 12

III. Le jeune homme riche

« Et voici, un homme s’approcha, et dit à Jésus : Maître, que dois-je faire


de bon pour avoir la vie éternelle ? Il lui répondit : Si tu veux entrer dans la
vie, observe les commandements : Tu ne tueras point ; tu ne commettras
point d’adultère ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux
témoignages ; honore ton père et ta mère. Le jeune homme lui dit : J’ai
observé toutes ces choses ; que me manque-t-il encore ? Jésus lui dit : Si tu
veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu
auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi. Après avoir entendu
ces paroles, le jeune homme s’en alla tout triste ; car il avait de grands
biens. »1

Là, Jésus accepte ce jeune homme comme disciple, à condition qu’il


abandonne tous ses biens. Mais, incapable de faire ce sacrifice, et tout en
éprouvant une grande tristesse, le jeune homme renonce à le suivre et s’en
va. C’est lui pourtant qui demandait ce qu’il devait faire pour avoir la vie
éternelle, mais en posant cette question il ne s’attendait certainement pas à
la réponse de Jésus.

Même s’il n’y a rien de mauvais à posséder de grands biens, ils sont autant
de liens qui, de toutes sortes de façons, attachent l’homme à la terre, à la
matière. Or, pour vivre la vie éternelle il faut être libre, avoir l’esprit libre.
Et peut-on être vraiment libre quand on a de grands biens à administrer ?
Sans parler des tentations qu’ils représentent. Il est si facile d’utiliser
l’argent et les possibilités qu’il donne pour obtenir ce qu’on 144

devrait acquérir seulement par ses efforts, ses qualités de patience, de


persévérance, d’attention, de bonté ! Et comment renoncer aux plaisirs,
quand on a tellement de moyens de satisfaire ses envies ?
Faut-il maintenant en conclure que, pour pouvoir le suivre, Jésus nous
demande de nous débarrasser réellement de toutes nos possessions et de
donner aux pauvres l’argent récolté ? Certains l’ont fait, mais tous n’ont
pas, pour cela, mieux suivi Jésus. Il ne sert à rien de renoncer aux biens
matériels dont la possession nous encombre et réclame sans cesse notre
attention, si nous ne nous débarrassons pas aussi des pensées, des
sentiments et des désirs qui nous encombrent encore bien davantage et
obscurcissent notre regard intérieur.

Il est très méritoire de faire des renoncements et des sacrifices, mais


renoncer à quoi ? sacrifier quoi ? et pour le remplacer par quoi ?…. Ceux
qui ignorent ce qu’est la vraie spiritualité peuvent s’imaginer qu’en
abandonnant leurs biens matériels ils trouveront le salut. Alors, ils fuient la
société pour se réfugier dans des monastères, ou ailleurs… Et voilà qu’ils
ne trouvent que le vide. Et même pire : privés de tout ce que le monde
extérieur apporte comme activités, préoccupations, distractions, au lieu de
rencontrer des anges, des présences lumineuses, ils sont confrontés à leurs
propres démons. Avant de choisir une existence de pauvreté sous prétexte
de suivre Jésus, il faut s’assurer qu’on possède suffisamment de richesses
intérieures pour être capable de vivre la vie de l’âme et de l’esprit.

Référence biblique

1. Le jeune homme riche – Matthieu 19 : 16-22

IV. Être digne de Jésus

« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi,
et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. »1

Certaines personnes ont pu interpréter ces paroles de Jésus comme une


invitation à quitter leur famille sans se préoccuper des souffrances qu’elles
allaient lui infliger, et elles se sentaient justifiées : elles suivaient Jésus.

Voilà une très mauvaise compréhension de ses paroles. Tout être humain a
des devoirs envers ses parents, et s’il fonde une famille, il a des devoirs
envers sa femme, ou son mari, et ses enfants. Jésus n’a jamais demandé
que, 145
pour l’aimer et le servir, on transgresse les lois de la bonté et de la
générosité et qu’on fasse souffrir ses proches en les négligeant. Alors, que
signifie aimer Jésus plus que son père, sa mère, afin d’être digne de lui ?

Demandons-nous d’abord comment les humains manifestent généralement


leur amour pour leur famille. On en a vu qui étaient prêts à sacrifier le
monde entier pour elle. Peut-être sont-ils arrivés à assurer la sécurité et le
bien-être matériel de leurs parents et de leurs enfants, mais est-ce une
protection suffisante ? L’abri et le confort matériels n’ont jamais empêché
les êtres de souffrir quand il leur manque l’essentiel : une nourriture
spirituelle. Cette nourriture, trop souvent ils ne peuvent pas la trouver
auprès des seuls membres de leur famille, et ils ne peuvent pas non plus la
leur donner. Pour comprendre la conception que Jésus avait de la famille, il
faut se reporter à cet épisode de l’Évangile où quelqu’un l’avertit que sa
mère et ses frères cherchent à lui parler. Et Jésus répond : « Qui est ma mère
et qui sont mes frères ? Puis, étendant la main vers ses disciples, il dit :
Voici ma mère et mes frères. Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui
est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma soeur, et ma mère. »2

Si Jésus dit que, pour être digne de lui, il faut l’aimer plus que son père, sa
mère, son fils ou sa fille, c’est qu’il pense à une autre famille que la famille
humaine, terrestre : la famille spirituelle. Ce n’est pas lui en tant que
personne qu’il nous demande d’aimer, mais le Père céleste à travers lui.

Car cet amour pour notre Père céleste, toute notre famille en bénéficiera.

Un être humain ne vient pas de rien et de nulle part, mais d’un père et d’une
mère. Il est leur fruit si l’on peut dire, et lui-même donnera des fruits : des
fils et des filles. Il est donc lié à ses parents comme à ses enfants. Et de
même qu’il leur manifeste son amour en les aidant dans le plan matériel, il
les aide dans le plan spirituel en aimant Jésus, le Christ, c’est-à-dire en
progressant sur la voie de l’amour et de la sagesse.

Les humains ne savent pas encore comment faire véritablement du bien à


leur famille. Ils ne savent pas que grâce au lien qui les unit à leurs parents,
ils peuvent les influencer favorablement alors même qu’ils ont quitté la
terre, car les âmes de ces parents sont toujours là, près d’eux, et participent
à leur vie. Si leurs fils et leurs filles étudient et s’améliorent, dans l’autre
monde les parents bénéficient aussi de leurs efforts. Et quand ces fils et ces
filles ont eux-mêmes des enfants, ils leur transmettent en héritage les
richesses spirituelles qu’ils ont acquises.

Celui qui aime Jésus plus que ses parents et ses enfants ne les prive pas 146

de l’amour qui leur est dû. Au contraire, il les aime d’un amour toujours
plus éclairé qui les soutiendra dans ce monde et dans l’autre.

Références bibliques

1. « Celui qui aime son père et sa mère plus que moi » – Matthieu 10 : 37

2. « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » – Matthieu 12 : 48-50

V. « Si quelqu’un veut venir après moi… »

« Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il
renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ».1

Parce que Jésus a été crucifié, les chrétiens associent toujours la croix à sa
mort, et en mémoire de son supplice il est encore de tradition, dans certains
pays, que le Vendredi saint des hommes traversent les villes ou les villages
en portant une lourde croix sur l’épaule. De quelqu’un qui a de grandes
épreuves à subir, on dit aussi qu’il porte sa croix. Mais en réalité chaque
être, dès sa naissance, porte déjà une croix : la croix de sa destinée, car la
destinée de tout être est inscrite astrologiquement dans une croix.

Le zodiaque est composé de douze signes qui se répartissent sur trois 147

croix. Chaque croix est faite de deux axes qui se coupent à angle droit : les
axes Bélier-Balance et Cancer-Capricorne ; les axes Taureau-Scorpion et
Lion-Verseau ; les axes Gémeaux-Sagittaire et Vierge-Poissons. Et tout être
qui vient s’incarner sur la terre a, dans son thème de naissance, une croix
qui lui est propre ; cette croix est formée de quatre points cardinaux :
l’Ascendant et le Descendant, le Milieu du Ciel et le Fond du Ciel, et
suivant les signes du zodiaque dans lesquels se trouvent les branches de
cette croix, il a des indications sur ce que sera sa destinée.
Lorsque Jésus dit que pour le suivre nous devons nous charger de notre
croix, il parle de cette croix de la destinée que nous nous sommes
construite, forgée au cours de nos incarnations antérieures. Notre thème
astral indique les événements heureux ou malheureux qui nous attendent.

D’après la vie que nous avons menée dans nos existences antérieures, les
Seigneurs du karma ont décrété ce que sera notre croix dans cette existence-
ci, et leurs décrets sont justes. C’est pourquoi au lieu de se plaindre des
difficultés que l’on rencontre, il faut se dire : « Si je dois maintenant
affronter telle ou telle épreuve, c’est que dans une incarnation passée, je
n’ai pas su ou pas voulu résoudre les problèmes qui m’étaient posés, et ils
148

se présentent à nouveau à moi. Désormais, c’est en connaissance de cause


que je prendrai ma croix, et je suivrai Jésus, mon Maître. » Il ne sert à rien
de se révolter ou de vouloir se débarrasser de sa croix.

Lorsqu’un prisonnier se révolte contre sa condition en proférant des injures,


des menaces ou en commettant des actes de violence, on le punit.

S’il s’évade de la prison, on le rattrape et on le met dans un lieu où il sera


encore mieux surveillé. Il ne s’agit pas de dire si ces mesures sont bonnes
ou mauvaises, c’est ainsi. Par cet exemple, je veux encore vous faire
comprendre que le monde d’en bas et le monde d’en haut sont régis par des
lois analogues. Celui qui se révolte au lieu de comprendre que sa destinée
est régie par les lois de la justice divine, aggrave sa situation : il sera obligé
de reprendre sa croix, comme le prisonnier que l’on ramène entre les quatre
murs de sa cellule et que l’on surveille encore plus étroitement. La cellule
d’un prisonnier se présente comme un cube, la figure géométrique qui
symbolise le mieux l’enfermement. Et si on développe le cube, ses six faces
forment une croix.

Jésus nous parle donc d’une croix inscrite dans le ciel de naissance de tous
les êtres, c’est la croix de leur destinée. Cette croix, il ne faut ni chercher à
l’ignorer ni se laisser écraser par elle, mais la porter consciemment. Et c’est
pourquoi il précise : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à
lui-même… » Ici, ce « lui-même » auquel l’homme doit renoncer, c’est son
moi inférieur qui le pousse à rechercher la facilité, le plaisir, à fuir le travail
et les responsabilités. Plus il se laisse guider par son moi inférieur, plus il
tombe sous l’emprise de la matière, et il limite les pouvoirs de l’esprit en
lui. En cherchant à échapper aux efforts, il provoque les lois sévères qui
régissent la destinée de chaque être, et les 149

problèmes qu’il rencontrera seront de plus en plus difficiles à résoudre, il se


sentira de plus en plus à l’étroit. Les Juges célestes lui diront : « Tu n’as pas
voulu apprendre ta leçon alors que tu avais de bonnes conditions ? Eh bien,
maintenant, voilà les mêmes problèmes. Tu as de moins bonnes conditions
pour les résoudre, mais tant pis pour toi ! Tâche de te mettre au travail,
sinon ta situation ne fera qu’empirer. »

Ne fuyez pas les difficultés, mais cherchez à bien comprendre leur sens et
faites ce qui est nécessaire pour les surmonter. Dites-vous que, souvent, ce
qui paraît facile au premier abord est en réalité très difficile, et inversement.
Alors, choisissez le chemin le plus difficile en disant : « Ce sont là les
devoirs dont j’ai à m’acquitter : que de choses à apprendre ! » Si vous faites
vraiment des efforts, le Seigneur enverra ses anges pour alléger vos
épreuves. Tandis que si vous choisissez la route facile, vous aurez
également des anges pour compagnons, mais des anges d’une autre nature,
car parmi les anges il y a aussi des agents de police, des gendarmes, des
gardiens de prison !

« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se


charge de sa croix. » Cette croix, le disciple doit en faire le fondement de sa
demeure en refusant de satisfaire les exigences de son moi inférieur.
Alors, par son Moi supérieur, son véritable Moi, il ira vivre « sur le toit »

de la maison qui est aussi une croix.

Souvenez-vous de l’interprétation que je vous ai donnée de la parole de


Jésus : « Que celui qui est sur le toit ne descende pas… »61 Nous avons vu
qu’une maison peut être schématiquement représentée par un carré qui
symbolise la matière, surmonté d’un triangle qui symbolise l’esprit. Dans
l’espace à trois dimensions, le carré devient un cube. Et le cube développé
forme une croix dite « croix latine ». Mais si on développe le volume du
toit, on obtient quatre triangles. C’est ainsi que le toit lui aussi devient une
croix appelée « croix de Malte ».

150

Avez-vous remarqué que certaines croix données aux personnes qu’on veut
récompenser pour leurs mérites ont justement la forme d’une croix de Malte
? Instinctivement, les humains retrouvent les archétypes révélés par la
science spirituelle et s’inspirent de ces archétypes.

Le cube, formé de six carrés, représente la croix de la matière qui


emprisonne, tandis que les quatre triangles représentent la croix de l’esprit
qui libère. La première croix est l’expression de la justice, et la seconde
l’expression de la grâce. Donc, même s’il est prédestiné à souffrir, celui qui
travaille d’après les lois de l’esprit attire l’attention des Juges célestes qui
lui accordent une grâce : ils diminuent sa peine. C’est dans ce sens que
chacun est maître de sa destinée. Il porte toujours sa croix ; mais en sachant
supporter les difficultés, au lieu d’être écrasé sous leur poids, il en fait un
moyen de libération. Monté sur le toit de la maison, il voit le soleil se lever,
il contemple les astres, il lit les lois et les prescriptions de l’Intelligence
cosmique.

La croix représente la synthèse de toutes les expériences que l’être humain


doit vivre pour en tirer des leçons et progresser. Si porter notre croix n’était
pas nécessaire à notre développement, Jésus aurait seulement dit : Laissez
là votre croix, car pour pouvoir marcher longtemps à ma suite, vous devez
être débarrassés de cette charge. Mais il a dit au contraire :

« Prenez votre croix », car c’est en portant notre croix que nous nous
libérerons.

Et dans un autre passage des Évangiles, Jésus présente une idée analogue en
utilisant non plus l’image de la croix, mais celle du joug et du fardeau. Il dit
: « Prenez mon joug… car mon joug est doux et mon fardeau léger. »2

Qu’est-ce qu’un joug ? Une pièce de bois qui sert à atteler des boeufs.

Quant au fardeau, il évoque plutôt l’âne. Au premier abord ce sont là de


drôles d’images et elles n’ont rien de flatteur pour nous, personne n’a envie
151

de ressembler à un boeuf ou à un âne. Mais en réalité, si Jésus parle de son


joug et de son fardeau, c’est pour les opposer aux jougs et aux fardeaux que
nous nous mettons nous-mêmes sur les épaules et sur le dos, ou que nous
acceptons sans réfléchir de la part des autres.

Les humains se croient libres, ils croient être leurs seuls maîtres, et en
réalité ils sont esclaves de leur nature inférieure tellement avide de biens et
de succès matériels ; ou alors ils se mettent au service de gens qui les
utilisent dans leur seul intérêt. Et comme c’est le Principe divin, le Christ,
qui s’exprime par la bouche de Jésus, ce joug, ce lien, ce fardeau dont il
parle, c’est la lumière. Quel lien peut être plus doux que la lumière, et
quelle charge plus légère ? La lumière est une attache qui nous libère et une
charge qui nous allège.

Références bibliques
1. « Alors Jésus dit à ses disciples : si quelqu’un veut venir après moi » –
Matthieu 16 : 24

2. « Prenez mon joug » – Matthieu 11 : 29

26

Bâtir sa maison sur le roc

« Quiconque entend les paroles que je dis et les met en pratique sera
semblable à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est
tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre
cette maison : elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur le roc.
Mais quiconque entend ces paroles que je dis et ne les met pas en pratique
sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La
pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu
cette maison : elle est tombée et sa ruine a été grande. »1

La maison dont parle ici Jésus n’est pas le bâtiment où un homme peut se
mettre à l’abri avec sa famille et ses biens. Cette maison, c’est son for
intérieur, la partie la plus intime, la plus précieuse de lui-même. Voilà la
maison qu’il doit construire sur le roc, la seule base solide, et non sur le
sable où les intempéries menacent de l’abattre. Ces intempéries, ce sont ses
sentiments (la pluie et les torrents) et ses pensées (le vent) qui ne cessent de
l’assaillir parce qu’il n’a pas appris à maîtriser les mouvements de son cœur
et de son intellect.

152

Dites-vous bien que vous ne trouverez jamais la stabilité et la sécurité


intérieures que vous cherchez, tant que vous resterez dans la région des
sentiments et des émotions, le plan astral. Dans cette région, le climat, les
conditions atmosphériques ne cessent de changer : un moment le soleil
brille et vous êtes heureux ; puis arrivent des nuages et voilà la tristesse. Un
moment vous aimez, puis un incident se produit et vous n’aimez plus…

Dans le plan astral rien n’est jamais ni stable, ni sûr. Et le plan mental, le
monde des pensées, n’est pas plus sûr : combien de fois changez-vous
d’opinions au gré de ce que vous croyez être vos intérêts ! Et là encore, que
de déceptions !

Ces intempéries dont parle Jésus, ce sont aussi les événements de la vie
auxquels on n’est pas préparé à faire face parce qu’on n’a pas su où placer
intérieurement sa maison, son abri. Pour pouvoir se défendre, pour dominer
les situations, il faut savoir changer de plan, c’est-à-dire se dégager des
plans astral et mental – les sentiments et les pensées inspirés par la nature
inférieure – et s’élever jusqu’au plan causal. Le plan causal, c’est lui le roc
sur lequel Jésus nous conseille de bâtir notre maison. (Voir schéma)

Les humains auront toujours un coeur et un intellect, des sentiments et des


pensées, et ils auront donc toujours quelque chose à faire dans les plans
astral et mental. Mais c’est à l’étage supérieur, le plan causal, qu’ils doivent
chercher à s’installer pour être enfin en sécurité, car, ainsi que son nom
l’indique, « causal », c’est de là que partent les courants qui influencent les
plans mental, astral et physique. Jusqu’à ce qu’ils y parviennent, les
humains continueront à se débattre au milieu des passions, des intrigues,
des doutes, des malentendus, ils ne trouveront jamais de bonnes solutions et
ils souffriront. Qu’ils décident de se transporter dans les régions où règnent
l’amour et l’intelligence véritables, c’est ainsi qu’ils maîtriseront toutes les
situations, et quand ils auront à affronter les pluies et les vents, leur
habitation, la vraie, résistera.

Alors, voilà ce que vous avez maintenant à faire : déménager !

Malheureusement, il ne suffit pas de le vouloir pour y parvenir. Et c’est là


qu’on voit combien il est difficile de se dégager affectivement et
mentalement pour s’élever jusqu’au plan causal où l’esprit dicte sa loi. De
même que le poisson qui déciderait de quitter la mer ou la rivière pour sortir
à l’air libre devrait se préparer des poumons, celui qui veut s’élancer
jusqu’au plan causal a besoin de développer des organes appropriés. Et
même quand il a réussi à se projeter jusque-là, il ne peut pas y rester plus
d’un moment : les conditions intérieures pour s’y maintenir longtemps lui
manquent encore.

153
Ces conditions, vous pouvez les réaliser si, chaque jour, par la prière et la
méditation, vous vous efforcez de monter très haut, le plus haut possible.

Peu à peu vous sentirez les répercussions de ce travail sur vos pensées, vos
sentiments, votre comportement quotidien et même sur votre santé. Ce sera
comme si des ordres étaient donnés d’en haut pour tout organiser et
harmoniser en vous.62 Et même pourquoi ne pas imaginer que vous faites
l’ascension d’une montagne ? Cette image vous amènera vers une autre
montagne au-dedans de vous, et puis encore une autre. Jusqu’au jour où
vous atteindrez le sommet, le plan causal, votre Moi supérieur.

Dans l’Ancien Testament, dans les Psaumes en particulier, Dieu est souvent
appelé le Très-Haut parce que, symboliquement, c’est sur les hauteurs que
se trouve la puissance.632 Alors, n’oubliez jamais que c’est en haut
seulement que, vous aussi, vous trouverez la véritable puissance, la maîtrise
des orages et des tempêtes, et donc la véritable sécurité. Jamais plus les
intempéries n’abattront votre demeure.

Références bibliques

1. « Quiconque entend les paroles que je dis et les met en pratique » –


Matthieu 7 : 24-27

2. « Le très-haut » – Genèse 14 : 18-22 ; Nombres 24 : 16 ; Psaume 9 : 3 ;


18 : 14 ; 50 : 14 ; 91 : 1

27

« Vous avez reçu gratuitement,

donnez gratuitement »

Un des plus graves défauts des humains est l’ingratitude. Pourquoi ?

Parce qu’on ne leur a jamais appris à reconnaître les richesses qu’ils ont
reçues et reçoivent encore. Alors, comment seraient-ils reconnaissants ? Ils
sont toujours en train de se plaindre : il leur manque ceci ou cela, on les
prive de ce qui leur est dû, d’autres qui ne le méritent pas sont plus
privilégiés. Et alors, si on leur parle de donner !… Mais qu’ils commencent
par prendre conscience de tout ce qu’ils ont reçu du Créateur, ils
comprendront le sens de la parole de Jésus : « Vous avez reçu gratuitement,
donnez gratuitement. »1

« Mais nous ne croyons pas en Dieu », diront certains. Eh bien qu’ils 154

pensent à tout ce qu’ils doivent à la nature. Les éléments dont leur corps est
formé et tout ce qui leur permet de subsister : l’air, l’eau, la nourriture, la
lumière et la chaleur du soleil, les matériaux dont ils fabriquent leurs
vêtements, leurs maisons, leurs outils… de qui les ont-ils reçus ? Ils sont
souvent fiers, et à juste titre, de leur ingéniosité, mais d’où ont-ils tiré les
matériaux à partir desquels ils fabriquent leurs instruments, leurs appareils
et même leurs œuvres d’art ? De la nature. Or, non seulement ils ne sentent
pas qu’ils devraient lui donner quelque chose en retour, mais ils la salissent
et gaspillent ses richesses. Ils ne se rendent pas compte qu’en agissant ainsi,
ils transgressent les lois de l’ordre cosmique dont le symbole est la balance :
puisqu’ils reçoivent gratuitement, ils doivent aussi donner gratuitement.

La nature nous distribue largement ses richesses et en apparence elle ne


nous demande rien, c’est vrai, mais chaque fois, ce que nous prenons
s’inscrit en détail quelque part. Ce sont des dettes que nous contractons
auprès d’elle, et nous devons nous en acquitter. Comment ? Avec une
monnaie qui s’appelle le respect, la reconnaissance, l’amour et la volonté
d’étudier tout ce qui est écrit dans son grand livre. Payer signifie donner
quelque chose en échange. Tout ce que notre coeur, notre intelligence, notre
âme et notre esprit sont capables de produire de bon peut être un paiement.

Dans le plan physique nous sommes limités, et la nature ne nous demandera


pas de rendre la nourriture, l’eau, l’air ou les rayons du soleil qu’elle nous a
donnés. Mais dans le plan spirituel nos possibilités sont infinies, et là nous
pouvons rendre même au centuple tout ce que nous avons reçu. Il ne faut
jamais oublier que la nature avec la terre, les planètes, le soleil, les étoiles,
ne sont pas que des corps matériels privés d’intelligence et de sensibilité. La
terre, le soleil et tous les corps célestes sont des entités intelligentes et
sensibles.
Lorsque Dieu a créé l’homme, Il a déposé en lui les germes de toutes les
qualités et vertus ainsi que de tous les dons. Ils sont là, encore endormis, et
pour les développer il doit d’abord utiliser sa pensée, puis la vivifier par le
sentiment, et enfin mettre sa volonté à l’oeuvre. C’est comme un appel qu’il
lance aux entités spirituelles qui se trouvent très loin, très haut, et ces entités
répondent à son appel en venant se manifester à travers lui. Cela est peut-
être nouveau pour vous, mais sachez-le, les qualités, les dons que les
humains parviennent à développer, ils les doivent aux sacrifices d’entités du
monde spirituel. C’est avec joie qu’elles font ces sacrifices, mais pour qu’ils
en bénéficient pleinement, il faut qu’ils en soient conscients et
reconnaissants. Reconnaissants comment ? En s’efforçant d’être eux aussi
155

attentifs, bons et généreux envers les créatures qui les entourent, non
seulement les humains mais aussi les animaux, les plantes. Ces entités ne
demandent rien d’autre.

À tous les êtres visibles et invisibles qui nous aident à vivre, à grandir, nous
devons offrir quelque chose en échange. C’est ainsi qu’ils nous
reconnaissent et deviennent nos amis. Dans le monde spirituel aucune âme
ne peut recevoir quelque chose d’une autre âme sans lui donner en retour
une joie, un regard, un rayon. « Vous avez reçu gratuitement, donnez
gratuitement », mais combien de personnes n’attendent même pas de
recevoir : elles prennent ! Matériellement, affectivement, mentalement,
elles pensent surtout à prendre : les situations, les événements, les humains
ne les intéressent vraiment que dans la mesure où elles auront là quelque
chose à prendre. C’est pourquoi dans la société comme dans le monde
tellement de problèmes restent insolubles !

Prendre et donner, ou recevoir et donner sont comme les deux plateaux


d’une balance. Quand vous prenez ou que vous recevez, vous devez donner
pour rétablir l’équilibre. Et même si on ne vous donne rien, donnez !

Pourquoi ? Parce que de cette façon vous déclenchez un mouvement, et


vous recevez quelque chose en retour. Mais commencez au moins par
apprendre à donner en échange de ce que vous avez reçu, ce sera déjà un
progrès.
Révisez vos relations avec les êtres qui vous entourent, examinez très
sincèrement comment vous vous comportez avec vos parents, vos enfants,
vos amis, la société, mais aussi avec la nature, et enfin avec Dieu. Vous
verrez que vous avez pris des quantités de choses aux créatures visibles et
invisibles sans vous préoccuper de rendre quoi que ce soit. Vous avez donc
des dettes, et sachez que c’est aussi pour payer toutes ces dettes que l’on se
réincarne. Si vous voulez vraiment qu’il reste quelque chose de bon de
votre passage sur la terre, habituez-vous à donner. Regardez une source : les
animaux viennent s’y désaltérer, auprès d’elle les arbres et les plantes
poussent, les hommes construisent leurs demeures : parce qu’elle ne cesse
de donner à tous l’eau pure qu’elle a reçue du sommet. La source nous
apprend qu’il existe une seule véritable méthode pour créer et entretenir la
vie, c’est de donner, donner ce que nous avons de meilleur dans notre coeur
et dans notre âme, donner en échange de tout ce que nous recevons. 64 Et
ne craignez pas l’ingratitude des gens. Tant pis pour eux s’ils sont ingrats :
ils resteront pauvres ; et tant mieux pour vous si vous êtes une source : vous
deviendrez riche ! Vous ne possédez vraiment que ce que vous êtes capable
de donner, ne l’oubliez jamais.

156

Référence biblique

1. « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » – Matthieu : 10 : 8

28

« Heureux ceux qui ont le cœur pur »

À l’époque où on s’éclairait encore à la lampe à pétrole, il fallait souvent


nettoyer le tube de verre pour faire disparaître la couche de fumée qui s’y
était déposée. Sinon, même si la mèche était allumée, l’éclairage n’était pas
suffisant. Depuis, heureusement, il y a l’électricité.

Pourquoi je vous parle de la lampe à pétrole ? Parce que l’être humain est
aussi une sorte de lampe. S’il alimente sa flamme avec du pétrole, c’est-à-
dire s’il se laisse aller à des sentiments grossiers, vulgaires, ils se déposent
comme de la fumée, de la suie dans son corps astral, et la lumière en lui, les
rayons de son Moi supérieur ne peuvent pas traverser cette couche opaque.
Il reste dans l’obscurité, aveugle au monde divin, jusqu’au jour où il
apprendra à brûler de meilleurs combustibles, des sentiments qui ne
dégagent aucune impureté. Si les Initiés, les sages voient des choses que les
autres ne peuvent pas voir, c’est qu’ils ont longtemps travaillé à rendre leur
matière psychique transparente pour leur Moi supérieur, dont les rayons se
projettent au loin, rendant visible pour eux tout un monde subtil.

Comme la propreté pour le verre de la lampe, seule la pureté du cœur


permet la vision claire. C’est pourquoi n’imitez jamais ceux qui
développent la clairvoyance par les moyens et les méthodes de l’occultisme.
La véritable clairvoyance, les yeux véritables se trouvent dans le cœur, et
c’est l’amour qui ouvre les yeux. Lorsque vous aimez un être, vous voyez
en lui des choses que personne d’autre ne voit : des vertus, des beautés…
Ceux qui n’ont pas cet amour pour lui trouveront votre opinion très
exagérée, et elle est sans doute exagérée. Mais vous, vous le voyez tel que
Dieu l’a créé à l’origine, ou tel qu’il sera quand il retournera dans le sein de
l’Éternel. Seul l’amour a le pouvoir d’ouvrir les yeux de l’âme.

Alors, celui qui veut devenir clairvoyant doit apprendre à aimer. Il faut que
son coeur appelle au secours, comme les deux aveugles de l’Évangile.

Assis sur le bord d’un chemin, ils avaient entendu dire que Jésus passait et
ils crièrent : « Aie pitié de nous, Seigneur ! » Jésus s’arrêta et leur demanda
ce qu’ils voulaient. Ils répondirent : « Que nos yeux s’ouvrent ».1

Lancez vous aussi un appel, un jour la lumière viendra et vous demandera :


157

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? – Que mes yeux s’ouvrent ! » Et
comme ces deux aveugles, vous serez exaucé : vos yeux s’ouvriront.

« Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu »,2 a dit Jésus
dans le Sermon sur la montagne. En réalité, pour voir Dieu avec nos yeux
intérieurs, la pureté du coeur ne suffit pas, il faut encore celle de l’intellect,
de l’âme et de l’esprit. Mais il est vrai que dans notre vie psychique, le
travail de purification doit commencer par le coeur, car c’est dans le coeur,
qui correspond au plan astral, que les impuretés s’accumulent d’abord : les
convoitises, la jalousie, la colère, la haine, le désir de vengeance, etc. Ceux
qui ont purifié leur coeur de tous les désirs et sentiments inférieurs
commencent à voir Dieu, c’est-à-dire à sentir sa présence, son amour. Mais
Dieu est encore bien au-delà. Pour Le voir, il faut pouvoir s’élever jusqu’à
la sainteté de l’esprit.

Maintenant, que signifie réellement « voir Dieu » ? S’il est écrit dans la
Bible qu’Il est apparu aux patriarches, aux prophètes et leur a parlé, c’est
que pour présenter aux humains les vérités du monde spirituel, il faut les
leur rendre accessibles. Et elles dépassent tellement leurs capacités
ordinaires de compréhension ! Ce qui est petit ne peut pas comprendre
l’immensité, ce qui est limité ne peut pas comprendre l’illimité, ce qui est
fini ne peut pas comprendre l’infini. Quand le comprendra-t-il ? Quand il
entrera dans l’immensité, quand il se fusionnera avec elle, quand il
participera de sa vie. À ce moment-là, oui, il connaîtra ce que sont l’illimité
et l’infini.

Tant qu’une goutte d’eau est séparée de l’océan, bien qu’elle ait une
composition identique, elle ne peut pas le connaître. Mais si elle retourne à
l’océan, on ne peut plus l’en séparer, elle devient l’océan, et en devenant
l’océan, elle le connaît. Il en est de même pour l’être humain : tant qu’il se
pense séparé de Dieu, il ne peut pas Le connaître. Mais s’il se fond et se
perd en Lui, à ce moment-là il Le connaîtra, parce qu’il deviendra Lui.

L’homme est fini, limité, mais s’il travaille longtemps à se purifier, il


éveillera en lui, dans ses corps bouddhique et atmique, des facultés dont les
possibilités sont presque sans limites : il se fondra dans l’immensité et il
pourra connaître l’éternité et l’infini de Dieu.

Se purifier est toujours la condition essentielle, et pour que ce soit plus clair,
je vous donnerai une autre image. Vous avez du mercure que vous avez
éparpillé en petites gouttes. Maintenant rapprochez-les : elles s’unissent
pour n’en former à nouveau qu’une seule. Mais si sur ces gouttes qui ont été
158

éparpillées sont tombés quelques grains de poussière, quoi que vous fassiez
ensuite pour les réunir, elles resteront séparées. Eh bien, c’est ce qui se
passe aussi avec nous. Le Seigneur est la splendeur, la lumière, l’immensité,
et c’est seulement quand nous aurons enlevé les couches d’impuretés
accumulées en nous, que nous parviendrons à nous fusionner avec Lui, et
donc à « Le voir », au sens où Jésus l’entend. Cependant, la vérité, c’est que
personne n’a jamais vu Dieu.

Vous demanderez : « Mais Jésus, lui, il n’a pas vu Dieu ? » Là encore, cela
dépend ce que l’on comprend par « voir ». En s’identifiant au Christ, Jésus
a vu Dieu, parce que le Christ, le Fils, deuxième personne de la Trinité, est
fondu dans le Père, il est le seul qui contemple le Père, parce qu’il est un
avec Lui. Mais le Christ est un esprit cosmique, et si un être humain, Jésus,
ou un autre grand Initié, a vu Dieu, c’est qu’il s’est identifié à l’esprit du
Christ, mais il est impossible qu’il L’ait vu de ses yeux.65

Personne n’a jamais vu Dieu. On peut sentir sa présence, on peut même voir
ses manifestations : des éclairs, des projections de lumière, mais on ne peut
pas voir l’Auteur de ces manifestations, car il est impossible à des yeux
physiques de voir Dieu, tout simplement. Pour voir un objet ou un être, il
faut qu’il ait une forme, des dimensions, des limites, qu’il soit situé quelque
part dans l’espace et dans le temps ; or, Dieu échappe à l’espace et au
temps. Nous ne pouvons donc apercevoir de Lui que des reflets, des
manifestations éparses partout, parmi les pierres, les plantes, les animaux, et
surtout parmi les humains : dans leurs pensées élevées, leurs sentiments
généreux, leurs gestes de bonté ou de courage, dans leurs oeuvres d’art.

Plus nous nous purifions, plus nous distinguons des traces de Dieu, la vie, le
parfum, la musique de Dieu. Quand nous contemplons le soleil, nous
pouvons dire : « J’ai vu Dieu dans sa lumière, j’ai senti Dieu dans sa
chaleur, et maintenant je suis plus vivant. »66 Mais raconter qu’on a vu
Dieu et qu’on a parlé avec Lui, non.

Il n’y a que des inconscients et des insensés pour prétendre avoir vu Dieu
face à face et parlé avec Lui. Que celui qui veut voir Dieu, commence par
s’élever au-dessus de ses préjugés et de ses partis pris, qu’il apprenne à
regarder les êtres et les choses avec des verres disons… incolores, et ce sera
déjà beaucoup. Les coeurs purs sont des verres incolores, voilà une
définition ! Et c’est ce que nous enseigne le cristallin de notre oeil.
Pourquoi l’appelle-t-on justement « cristallin » ? Le cristallin n’est ni jaune,
ni vert, ni bleu, c’est une pure transparence, sinon nous ne pourrions pas
voir objectivement le monde autour de nous.

159

Et quel rapport existe-t-il entre le coeur et l’oeil ?… Il se produit pour le


coeur le même phénomène que pour le cristallin : une accommodation est
sans cesse nécessaire. Si le cristallin est aplati ou trop bombé, on y voit mal
; et si le coeur est « aplati » ou « trop bombé » on y voit mal aussi.

Quand on n’aime pas, on ne voit pas les magnifiques qualités des autres ni
les beautés de la nature, et non seulement on ne les voit pas, mais on ne
cesse de critiquer et même de corriger le Créateur. Tant de gens prétendent
qu’Il a mal fait les choses ! Il est évident qu’à sa place ils les auraient faites
autrement… et mieux ! Avec cette attitude déplorable ils n’entreront jamais
dans le royaume des mystères car, contrairement à ce qu’ils pensent, Dieu a
créé le monde d’une façon inexprimablement sage et belle.

La véritable vision est donnée seulement à celui qui a mis la pureté au


centre de son travail psychique. Voilà ce que doivent comprendre toutes les
personnes – et elles sont de plus en plus nombreuses, à l’heure actuelle –

qui se déclarent clairvoyantes ; et de plus en plus nombreux sont aussi ceux


qui vont les consulter en leur faisant aveuglément confiance. Je ne
condamne pas les clairvoyants ni ceux qui vont les consulter, mais
malheureusement ceux qui prétendent « voir » ne sont pas toujours très
honnêtes ni très rigoureux, et ceux qui leur demandent de voir se montrent
souvent un peu trop naïfs. Combien d’aveugles conduisent ainsi d’autres
aveugles ! Vous vous souvenez de ce que dit Jésus à leur sujet ? Les uns et
les autres tombent dans le fossé.3 Et il y a tellement de façons de tomber
ensemble dans des fossés !

Pour moi, la seule véritable clairvoyance est celle qui permet de voir les
réalités du monde spirituel, c’est-à-dire de capter ce qui existe de plus subtil
dans la nature et dans les âmes humaines. La clairvoyance qui consiste à
voir les événements passés ou à venir, ou bien les esprits du monde astral,
n’a rien de si extraordinaire. Tout le monde ou presque peut l’acquérir par
certains exercices, par l’absorption de certaines drogues ; mais ces moyens-
là ne mènent pas très loin et ils présentent même de grands dangers pour le
psychisme.

Il ne faut pas se leurrer, les humains ne captent de l’invisible que les réalités
correspondant au niveau de conscience qu’ils ont eux-mêmes atteint. Il
n’est donc pas étonnant que la plupart des clairvoyants voient surtout les
accidents, les maladies, les catastrophes qui se préparent, ainsi que les
entités inférieures qui circulent parmi les humains. J’ai connu des
personnes, des femmes surtout, qui souhaitaient perdre leur don de voyance
tellement elles souffraient de ce qu’elles voyaient dans le monde astral, 160

parce qu’elles ne parvenaient pas à s’élever plus haut. Pour voir les esprits
lumineux, les anges, les archanges, il faut pouvoir s’élever intérieurement
très haut. La seule clairvoyance à rechercher est celle qui fera de nous un
prisme de cristal, un pur cristal qui laisse passer la lumière céleste. Voilà
pourquoi Jésus disait : « Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront
Dieu. »

Dans l’Arbre séphirotique, la pureté est représentée par Iésod, la neuvième


séphira, et la place qu’elle occupe sur le Pilier de l’Équilibre nous fait
comprendre pourquoi Jésus a dit que la pureté nous donne la vision de
Dieu. Par « Dieu », on peut comprendre la plénitude des qualités et vertus
de toutes les séphiroth, c’est-à-dire, de bas en haut, la science de Hod
(Mercure) ; la beauté et l’amour de Netsah (Vénus) ; la lumière de
Tiphéreth (le Soleil) ; la force de Guébourah (Mars) ; la clémence et la
générosité de Hessed (Jupiter) ; la stabilité de Binah (Saturne) ; la sagesse
de Hohmah (le zodiaque) ; la toute-puissance de Kéther (les premiers
tourbillons). Et Iésod, dont le nom signifie « fondement », « base », reçoit
les vertus de toutes ces séphiroth, elle en est le réceptacle, la synthèse. Si
elle est appelée « la base », c’est qu’elle est aussi la condition de toutes les
acquisitions spirituelles.

161
Quand on a longtemps travaillé à se purifier, peu à peu, par l’intermédiaire
de Iésod, toutes les qualités et les vertus des autres séphiroth se concrétisent
dans Malhouth, le plan physique, la dixième séphira située au-dessous de
Iésod. Il a existé des êtres qui n’avaient jamais étudié, qui n’avaient jamais
lu un livre, leur seul désir était de se purifier.

Et voilà qu’un jour ils faisaient l’étonnement de tous. On se demandait d’où


venaient leur savoir, leur clairvoyance, leur don de guérison. C’est qu’en
arrivant à dissoudre toutes les couches opaques en eux, ils avaient libéré le
passage pour la lumière céleste ; et quand la lumière céleste se manifeste en
l’homme, elle réveille toutes ses facultés, il accomplit des merveilles.

En ouvrant en nous un passage à la lumière, la pureté de Iésod nous donne


la possibilité de voir Dieu dans toute la création, de nous imprégner 162

de sa quintessence, de manifester ses pouvoirs. Dans la parole de Jésus

« Heureux ceux qui ont le coeur pur car ils verront Dieu », on peut lire
l’essentiel de la morale divine.

Références bibliques

1. « Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu » – Matthieu 5 :
8

2. Jésus guérit deux aveugles – Matthieu 20 : 29-34

3. L’aveugle qui conduit un autre aveugle – Luc 6 : 39

29

Le sel de la terre

I. « Vous êtes le sel de la terre »

Jésus s’étant assis, ses disciples s’approchèrent de lui et il leur dit : «

Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui
rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les
hommes. »1

Cette parole de Jésus peut avoir des applications tellement vastes ! Mais il
faut d’abord s’arrêter sur le mot « sel ». On croit bien connaître le sel
puisqu’il fait partie de notre vie quotidienne, et particulièrement de notre
alimentation. Avant chaque repas, on met le sel sur la table comme on met
l’eau et le pain, ça paraît tout naturel. On oublie de combien de péripéties
est jalonnée son histoire, depuis qu’il est apparu dans l’océan primitif d’où
peu à peu la terre a émergé. Il est inséparable de nos origines, nous avons de
lui un besoin vital. Tant d’aliments aussi nous paraîtraient insipides si nous
n’y ajoutions pas du sel ; et il ne leur donne pas seulement de la saveur, on
l’utilise aussi pour leur conservation.

À quoi pensez-vous quand vous mettez du sel dans un plat ou dans votre
assiette ? Vous goûtez un peu pour vérifier si ça suffit, et c’est votre langue
qui vous répond pendant que votre pensée, souvent, se promène ailleurs.

N’est-ce pas le moment de déchiffrer le message que le Créateur vous


envoie par l’intermédiaire du sel ? Venu de la mer, séché aux rayons du
soleil jusqu’à ce qu’il arrive chez vous sur votre table, quel long chemin il a
parcouru ! Et maintenant qu’il va pénétrer en vous, il y a aussi à
approfondir sa signification symbolique en méditant la parole de Jésus : 163

« Vous êtes le sel de la terre. »

Puisque le sel a la propriété de conserver les aliments, c’est-à-dire de les


protéger de la putréfaction, il est lié à l’idée de préservation et de pureté.
C’est pourquoi il est utilisé dans certaines cérémonies religieuses, comme le
baptême chrétien par exemple, où le prêtre met quelques grains de sel sur
les lèvres de l’enfant.67 Dans l’Ancien Testament, il y a un passage où le
prophète Élisée assainit les eaux d’une source en y jetant du sel.2 Mais,
avant tout, le sel était pour les Hébreux le symbole de l’alliance conclue
avec Dieu. Lorsqu’Il instruit Moïse sur le rituel des sacrifices, Dieu lui dit :
« Tu mettras du sel sur toutes tes offrandes, tu ne laisseras pas tes offrandes
manquer de sel, signe de l’alliance de ton Dieu. »3

Étant donné les pouvoirs et les vertus du sel, Jésus, en révélant à ses
disciples qu’ils étaient « le sel de la terre », leur confiait une mission
grandiose. C’est comme s’il leur disait : « Grâce à vous, la terre prendra de
la saveur. Vous conserverez tout ce qui est bon et beau, et vous donnerez un
sens à la vie. Car c’est cela le sens de la vie : une saveur. Vous êtes porteurs
du sens de la vie que je représente, et avec vous tout prendra aussi un sens
dans le monde. Restez donc vigilants, ne perdez jamais votre qualité de sel
». Cette mission que Jésus a donnée à ses disciples, il nous la donne à nous
aussi. Des philosophes font d’interminables dissertations sur le sens de la
vie. En réalité, c’est très simple : le sens de la vie est dans le goût que nous
trouvons aux êtres et aux choses, et c’est l’esprit, oui, l’esprit en nous qui,
comme le sel, leur donne ce goût.

Le sel est une condensation du magnétisme de la terre, c’est de là que lui


viennent ses vertus et son pouvoir d’attraction. Ces vertus, ce pouvoir
d’attraction, le Créateur les a aussi donnés aux humains, et ils doivent non
seulement les conserver, mais encore chercher comment les développer. Le
sel représente des puissances que le Créateur a placées dans leur esprit, pour
qu’ils n’aient pas toujours besoin de rechercher leurs raisons de vivre dans
le monde extérieur, physique, matériel.

Maintenant que les sciences et les techniques leur en ont donné les
possibilités, nos contemporains se jettent à corps perdu dans l’exploitation
de toutes les ressources que leur offre le monde physique. Ils ignorent que
s’ils acceptaient de développer davantage leurs possibilités intérieures, non
seulement ils auraient moins besoin de piller les ressources de la planète et
d’exploiter leurs frères humains, mais ils sentiraient qu’à la différence des
richesses matérielles, leurs richesses intérieures sont inépuisables, infinies.

164

Car le Créateur a placé en eux, à l’état subtil, l’équivalent de tout ce qu’il


est possible de trouver dans l’univers. Alors, au lieu d’accaparer et
d’épuiser la terre, pourquoi ne cherchent-ils pas à se nourrir des richesses
qu’ils possèdent déjà, les richesses de l’esprit ? Tout ce qu’ils réaliseront
ensuite dans le plan physique sera marqué du sceau de l’esprit. Pour
beaucoup, cette idée est peut-être difficile à comprendre, mais je vous
donnerai un exemple très simple qui rappellera sans doute à certains d’entre
vous des expériences vécues.

Un médecin qu’on vient consulter peut se contenter de prescrire des


médicaments. Pour exercer son métier il lui suffit de se servir de
connaissances acquises dans les livres : il se penche sur le malade
exactement comme un mécanicien se penche sur une voiture tombée en
panne, et ses soins auront certainement une efficacité. Mais voilà un autre
médecin véritablement animé par le besoin d’aider les êtres, de soulager
leurs maux, de les réconforter : sa bonté, sa compassion sont si fortes
qu’elles imprègnent tout son comportement. Alors, quand il est face à ses
patients, ce qui émane de son regard, de sa voix, de sa poignée de main,
éveille dans leur coeur et dans leur âme des puissances qui vont agir
insensiblement sur leur corps physique et produire dans leur organisme des
effets aussi bénéfiques qu’un médicament.

Ce n’est là qu’un exemple. Le clergé vis-à-vis des fidèles, les parents et les
éducateurs vis-à-vis des enfants, les patrons vis-à-vis des employés, etc.,
dans tous les domaines de l’existence on peut constater comment ce qui
émane du plus profond des êtres influence la matière psychique et, par voie
de conséquence, le comportement de ceux qu’ils fréquentent. Vous-même,
vous avez dû également le constater. N’y a-t-il pas des êtres que vous aimez
plus particulièrement voir et rencontrer parce qu’à leur simple contact vous
avez l’impression de devenir meilleur, plus intelligent, plus confiant en
l’existence, et que physiquement aussi vous vous sentez mieux ?

Alors, puisque vous avez constaté que les éléments des plans subtils
peuvent susciter en vous des états de conscience tellement bénéfiques,
décidez-vous à chercher et à fouiller en vous-même pour y trouver les
mêmes éléments : vous serez moins poussé à prendre ce qui appartient à
d’autres et dont ils ont parfois plus besoin que vous. Mais surtout, vous
sentirez que la source des richesses en vous est inépuisable et qu’avec peu
de choses vous êtes rassasié, désaltéré, comblé. On en revient donc toujours
à la même question : comment libérer l’esprit en nous, cet esprit que Jésus
appelle « le sel de la terre » ?

C’est sur nous, sur l’esprit en nous que nous devons compter. Oui, 165

l’esprit, car dans les moments d’épreuves et de troubles, seul l’esprit a le


pouvoir de nous soutenir et de nous donner les moyens de nous
reconstruire.

Tout peut nous abandonner, nous pouvons tout perdre, tout, sauf nous-
même, notre esprit. Alors, pourquoi ne pas chercher là, en nous, puisque
c’est la seule possession, la seule certitude que nous ayons vraiment ? Nos
succès et nos joies, bien sûr, mais surtout nos épreuves et nos peines, tout
peut nous servir à rechercher ce sel qui vivifiera et purifiera la terre, notre
propre terre d’abord, et ensuite toutes les terres autour de nous, tous les
êtres humains.
Aujourd’hui, je voudrais que vous vous imprégniez de cette vérité, la plus
importante pour votre évolution. Elle a déjà été exprimée ici et là dans les
livres de quelques auteurs, mais insuffisamment ; et c’est cette vérité que
Jésus nous oblige à creuser en disant : « Vous êtes le sel de la terre. » Allez
donc fouiller en vous pour trouver toutes les richesses que Dieu y a
déposées. Bien sûr, elles ne sont pas très apparentes, car ce qu’Il nous a
donné de plus précieux est profondément enfoui en nous. Mais grâce à cet
effort que nous ferons pour les découvrir et les utiliser pour le bien de tous,
nous grandirons dans le monde de l’esprit.

Références bibliques

1. « Vous êtes le sel de la terre » – Matthieu 5 :13

2. Élisée assainit les eaux d’une source en y jetant du sel – Deuxième livre
des Rois 2 : 19-22

3. « tu mettras du sel sur toutes tes offrandes » – Lévitique 2 : 13

II. « Si le sel perd sa saveur… »

La vie est un perpétuel mouvement. C’est pourquoi les êtres humains


doivent être aussi en mouvement et regarder toujours vers l’avant. Ceux qui
refusent d’avancer régressent, ils perdent leur lumière, ils perdent le
souvenir de l’empreinte divine inscrite en eux. Ils retournent vers
l’inconscience de la pierre, qui n’est rien d’autre qu’une conscience
endormie, et toutes leurs manifestations sont alors l’expression de cette vie
pétrifiée. C’est de ces êtres que parle Jésus quand il dit : « Si le sel perd sa
saveur, il ne sert qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes.
»1 Symboliquement, le dehors, c’est la matière ; le dedans, c’est l’esprit.
Toutes les créatures qui ont abandonné l’esprit, ont perdu leur sel ; et elles
sont foulées aux pieds car elles ont régressé au stade de la pierre.

166

Toutes les nations, les sociétés qui perdent leur sel sont piétinées, jusqu’à ce
qu’elles arrivent à le retrouver.
Malgré leur apparence humaine, combien de créatures restent
intérieurement semblables aux pierres ! Elles sont, comme elles, incapables
de se mouvoir, il faut sans cesse les pousser pour qu’elles changent de
place. Et un jour, la vie, les événements les cassent à grands coups de
marteau pour en faire des routes, des ponts, des murs. Ce ne sont là que des
images, mais elles reflètent une réalité. Que ces créatures fassent au moins
l’effort de sortir du règne minéral pour devenir des plantes et croître ! Plus
tard, comme les animaux, elles apprendront à se mouvoir sans avoir besoin
d’être cueillies, arrachées ou transplantées. C’est un grand avantage d’être
autonome, de pouvoir se déplacer sans intervention extérieure. Les animaux
sont capables de chercher leur nourriture, d’échapper aux dangers, de se
mettre à l’abri des intempéries. Le jour où, dans leur vie intérieure, les
humains auront développé ces mêmes capacités, ils auront fait de grands
progrès. Mais il leur restera encore à accéder réellement au règne humain,
c’est-à-dire au monde de la pensée, de la raison, afin de se rendre maîtres de
leur destinée.

On rencontre des personnes qui possèdent quelque chose

d’indéfinissable, une sorte de charme qui attire l’attention et fait qu’on les
recherche. On est attiré par ce « sel » qui donne de la saveur à leurs paroles,
à leurs regards, à leurs gestes. Même quand elles restent immobiles et
silencieuses, on sent en elles quelque chose de spécial. Mais si elles ne sont
pas conscientes que c’est là un don du Ciel à préserver, à cultiver, si elles se
laissent aller à une existence prosaïque, elles perdent ce sel, elles
deviennent insignifiantes, ternes, et on n’a plus tellement le désir de les
rechercher, on ne les remarque même plus. C’est aussi ce que Jésus sous-
entend quand il dit : « Si le sel perd sa saveur, il ne sert plus qu’à être jeté
dehors et foulé aux pieds… »

Le sel représente la quintessence de la terre. Celui qui perd sa saveur est,


symboliquement, jeté dehors où il devient une sorte d’engrais chimique, et
il souffre. Car pour celui qui perd sa saveur, plus rien n’a de saveur non
plus. Quoi qu’il fasse, tout est fade, ennuyeux, triste. Il mange et boit ce
qu’il y a de plus délicieux, il multiplie les succès et les conquêtes
amoureuses, mais il est blasé, il n’a plus de goût pour rien. Pourquoi a-t-il
perdu ce goût des êtres et des choses ? Parce que tous ses efforts se sont
portés sur les acquisitions matérielles et les plaisirs. Il a abandonné l’esprit
en lui et il a perdu la saveur de la vie : il n’est plus qu’une pierre. Que faire
avec un être pareil ? Même le Seigneur ne peut rien pour lui.

167

Vous direz : « Mais s’il rencontre un grand sage, un Maître spirituel… »

Les sages, les Maîtres spirituels ne sont pas tout-puissants, et ils le savent,
c’est pourquoi ils s’occupent seulement de ceux qui, dans l’échelle de
l’évolution, représentent au moins des plantes. Ils ne peuvent rien pour une
pierre, puisqu’elle ne bouge pas : il faut encore et toujours la pousser, lui
donner un élan pour qu’elle change de place. Cet élan épuisé, elle s’arrête
jusqu’au moment où elle recevra, du dehors, une nouvelle impulsion.
Tandis qu’en présence d’une plante, un sage se dit : « Je vais m’occuper
d’elle, je la mettrai en terre et elle se développera. Bien sûr, de temps en
temps j’aurai à l’arroser, à la nourrir, mais elle sera capable de grandir sans
mon aide. » Quant à l’animal, il est capable de subvenir seul à sa nourriture,
et c’est encore mieux.

Il est inutile de s’indigner en disant qu’un Maître spirituel devrait avoir


assez d’amour pour s’occuper de tous les êtres. Malheureusement, aussi
grand que soit son amour, il ne peut rien faire avec ceux qui sont des pierres
et veulent rester des pierres. Pour faire quelque chose avec les pierres, il
faut au moins qu’elles aient le désir de devenir des plantes. Si leur condition
de pierres les satisfait, personne ne pourra les persuader de bouger.
Demandez à un instituteur, même le plus patient, le plus dévoué, s’il peut
apprendre quelque chose à un enfant qui reste obstinément fermé à tout ce
qu’on lui enseigne. Il faut attendre que la vie le bouscule pour lui faire
comprendre tout ce qu’il a perdu en ne voulant pas s’instruire. Eh bien, il en
est de même de certaines personnes : la vie les bousculera, elle les cassera
même en morceaux, jusqu’à ce qu’elles comprennent que ces pierres
qu’elles sont encore doivent au moins évoluer jusqu’au règne végétal.

Ces correspondances entre les humains et les différents règnes de la nature


sont évidemment schématiques, mais elles sont exactes. Ceux qui se
laissent absorber par les affaires matérielles se lient au monde minéral, et
les traits de leur visage même se figent, s’épaississent. D’autres, qui ont une
vitalité débordante, sont comme des plantes dont rien n’arrête la croissance.

Ceux que leurs instincts, leurs émotions, leurs sentiments mettent sans cesse
en mouvement ont atteint le stade animal. C’est bien, mais c’est encore
insuffisant. Qu’ils étudient, qu’ils pensent, qu’ils réfléchissent et ils
entreront dans le royaume des hommes ! Et s’ils parviennent un jour à
mettre l’esprit à la première place, ils entreront dans le royaume des anges.

Référence biblique

1. « Si le sel perd sa saveur » – Matthieu 5 : 13

168

III. « Car tout homme sera salé de feu »

Les pierres sont là, immobiles, inertes, on n’a rien à leur reprocher, elles
sont conformes à la mission que le Créateur leur a donnée. Mais à l’être
humain, le Créateur a donné une autre mission, celle de faire descendre
l’esprit, d’être habité par l’esprit, pour que tout ce qui était inanimé en lui
soit vivifié. Il a de grands obstacles à surmonter avant que l’esprit pénètre
profondément la matière de son être, mais c’est là son travail : réveiller les
puissances que le Créateur a placées en lui afin de réaliser pleinement sa
prédestination divine. Désormais, vous savez ce que vous avez à faire, il
vous suffit de vouloir le faire. C’est quand on ne veut pas travailler qu’on
prétend ne pas savoir clairement en quoi consiste le travail spirituel ; et là,
on n’est pas honnête envers soi-même, c’est tout. Celui qui veut vraiment
travailler reçoit l’enseignement et les conseils nécessaires ; s’il refuse, il
sera comme ce sel qui a perdu sa saveur, et il devra souffrir pour la
retrouver.

C’est aussi le sens de cet autre passage des Évangiles où Jésus fait mention
du sel : « Car tout homme sera salé de feu. »1 Quel lien y a-t-il entre le feu
et le sel ? Comme le sel, le feu est un symbole de l’esprit, et le sel, comme
le feu, brûle. Or, le feu existe sous différentes formes. Je vous ai plusieurs
fois parlé des différentes sortes de feux. Le feu est synonyme de vie, mais il
est aussi synonyme de souffrance et de mort. Le feu soutient la vie, mais il a
également le pouvoir de la détruire, et de la détruire radicalement : il ne
reste plus rien. Il en est de même du sel : le sel qui est tellement lié aux
origines de la vie et qui la conserve, a aussi le pouvoir de la détruire, il la
brûle. Ce que les anciens Hébreux appelaient la Mer salée, nous l’appelons
aujourd’hui la Mer morte, car le sel a rendu toute vie impossible. Dans l’
Ancien Testament, lorsque Dieu veut punir les hommes de leur méchanceté,
il arrive, comme il est écrit dans les Psaumes qu’« Il change le pays fertile
en pays salé. »2 De même, il est écrit qu’Il fit tomber le soufre, le sel et le
feu sur Sodome et Gomorrhe. Et parce que la femme de Loth ne respectait
pas l’ordre qu’Il avait donné de ne pas se retourner en fuyant ces villes, Il la
transforma en statue de sel.3

Le sel, comme le feu, peut donc être porteur de mort comme il est porteur
de vie. Ainsi, lorsque Jésus dit : « Tout homme sera salé de feu », cela
signifie que personne ne peut échapper au sel et au feu. Ceux qui ont
accueilli l’esprit en eux et qui ont travaillé avec lui, seront salés au feu de
169

la vie, tandis que ceux qui se sont opposés à l’esprit, seront salés au feu de
la souffrance et de la mort. C’est une loi à laquelle il leur sera
malheureusement impossible d’échapper. Vous demanderez : « Mais si on
arrive à garder et à augmenter le sel en soi, on ne souffrira plus ?» Si, bien
sûr, on souffrira, car sur la terre il est impossible d’échapper à la souffrance,
mais ce ne sera pas la même sorte de souffrance. La souffrance de celui qui
a perdu son sel est terrible, car il a introduit la mort en lui, et une fois que la
mort est entrée, quelles armes a-t-il pour lutter et reprendre le dessus ?
Tandis que s’il a su garder son sel, la souffrance deviendra pour lui une
bénédiction, car il saura comment l’utiliser pour grandir dans la lumière et
goûter la plénitude de la vie.

Références bibliques

1. « Car tout homme sera salé de feu » – Marc 9 : 49

2. « Il change le pays fertile en pays salé » – Psaume 107 : 34

3. La femme de Loth changée en statue de sel – Genèse 19 : 26


IV. « Ayez du sel en vous-même »

Jésus avait dit à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre ».1 Plus tard, il a
encore ajouté : « Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec
les autres ».2 Quel lien y a-t-il entre le sel et la paix dans laquelle il leur
demande de vivre, cette paix qui doit aussi régner entre tous les humains ?

Dans certains pays la coutume est d’offrir le sel avec le pain en signe de
bienvenue. Cela sous-entend que l’on souhaite établir des relations
harmonieuses avec les personnes que l’on accueille… Car le pain et le sel
se trouvent toujours sur la table autour de laquelle on se réunit pour un
repas, et manger ensemble est généralement une marque de bonne entente.

Lorsqu’on a de l’affection, de la sympathie pour quelqu’un, on pense


spontanément à l’inviter à manger.

Alors, quel est ce sel en nous qui nous permettra de vivre en paix les uns
avec les autres ? Dans une de ses conférences, le Maître Peter Deunov disait
: « Ce n’est que par le sel, par cet équilibre entre votre intellect et votre
coeur, que vous rétablirez la paix en vous et que vous comprendrez le
monde divin. » Pour interpréter ce sel qui représente l’équilibre entre
l’intellect et le coeur, c’est vers la chimie et même l’alchimie que nous 170

devons nous tourner.

La chimie appelle « sel » le produit résultant de l’action d’un acide sur une
base. L’acide est une substance active, dynamique, qui peut être assimilée
au principe masculin ; et la base est une substance passive, réceptive, qui
peut être assimilée au principe féminin. En présence d’un acide la base
réagit pour donner un sel. Le sel est donc le produit, l’enfant, le fruit du
père acide et de la mère base.

Père, mère, enfant, voilà la première cellule familiale. Que ce soit dans le
plan physique, psychique ou spirituel, toute manifestation est fondée sur
trois principes, les deux premiers donnant naissance au troisième. Ce
schéma est la répétition du schéma originel : les deux grands principes
cosmiques masculin et féminin, le Père céleste et la Mère divine, qui
s’unissent pour créer. Tout ce qui existe est le produit de l’union de ces
deux principes. Toutes les manifestations dans l’univers sont le résultat de
la rencontre d’un principe masculin et d’un principe féminin.

Sur ce modèle père, mère, enfant, on peut former ainsi plusieurs familles :
sagesse, amour, vérité ; intellect, coeur, volonté ; pensée, sentiment, action ;
lumière, chaleur, mouvement ; acide, base, sel. En effet, la vérité est
l’enfant de la sagesse et de l’amour ; la volonté est l’enfant de l’intellect et
du coeur ; et l’action est l’enfant de la pensée et du sentiment ; le
mouvement, celui de la lumière et de la chaleur ; le sel, celui d’un acide et
d’une base. On retrouve cette même famille dans l’alchimie, avec le soufre,
le mercure et le sel.

Les alchimistes, comme les chimistes, travaillent avec un élément qu’ils


appellent sel. Mais ce qu’ils appellent sel, comme ce qu’ils appellent
mercure et soufre, n’a rien de commun avec les substances chimiques du
même nom. Seule la correspondance est identique : de même que le sel est
en chimie le produit d’un acide et d’une base, il est dans l’alchimie le 171

produit du soufre et du mercure. 68

Par soufre, il faut donc entendre le principe masculin qui se manifeste en


nous comme intellect et, plus haut, comme esprit ; par mercure, il faut
entendre le principe féminin qui se manifeste comme coeur et plus haut,
comme âme. Et le sel, en tant que volonté, représente l’équilibre qui doit
idéalement régner entre les deux. La volonté s’exprime par des actes, et
c’est par ses actes que l’homme révèle dans quelle mesure il a su créer
l’harmonie entre son intellect et son coeur, entre ses pensées et ses
sentiments. À travers son corps physique, il exprime les richesses de son
esprit et de son âme dont l’intellect et le coeur sont les instruments. Et c’est
encore par son corps physique, instrument de sa volonté, qu’il doit faire
descendre le divin sur la terre.

Vous ne trouverez donc jamais le soufre, le mercure et le sel des alchimistes


dans la nature, car matériellement ils n’existent pas. Ce sont les symboles
de principes agissant dans la création et dans la vie psychique de l’homme.
C’est pourquoi le soufre, masculin, peut désigner le feu, ou l’esprit, ou
l’intellect ; et le mercure, féminin, peut désigner l’eau, ou l’âme, ou le
coeur. Quant au sel, il représente le fruit de leur union. Pour exprimer cette
idée, les alchimistes ont utilisé la figure du triangle équilatéral. Et moi aussi
je me suis souvent servi du triangle équilatéral pour vous expliquer la
structure psychique d’un être humain parfaitement développé.69

Vous comprenez maintenant pourquoi le Maître Peter Deunov appelle

« sel » l’équilibre entre le coeur et l’intellect. Et vous comprenez aussi la


parole de Jésus : « Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec
les autres. » Quand nous obtiendrons ce sel, produit de l’accord entre les
deux principes du coeur et de l’intellect, la paix s’établira en nous. Et quand
nous avons établi la paix en nous, nous sommes aussi en paix avec les
autres. Pas avant.

Références bibliques

1. « Vous êtes le sel de la terre » – Matthieu 5 :13

2. « Ayez du sel en vous-même » – Marc 9 : 51

30

« Amassez des trésors dans le Ciel »

172

« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre où les vers et la rouille
détruisent et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez des trésors
dans le ciel où les vers et la rouille ne détruisent point et où les voleurs ne
percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur…
Nul ne peut servir deux maîtres. Car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il
s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et
Mammon. »1

Comme dans la parabole de l’économe infidèle, Jésus parle ici des richesses
matérielles et des richesses spirituelles.702 Les deux passages sont
d’ailleurs suivis du même commentaire sur les deux maîtres : « Nul ne
peut servir deux maîtres… Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. »
Voyons ce que ce passage nous enseigne de plus.

On place généralement ses trésors dans le coffre d’une banque, et Jésus


nous conseille de confier nos trésors à la « banque » du Ciel. 71 Il existe
donc deux sortes de banques, terrestre et céleste, mais de la même façon
que les deux maîtres de l’économe infidèle, sa nature inférieure, la
personnalité, et sa nature supérieure, l’individualité, ne sont pas à chercher
ailleurs qu’en l’homme lui-même, ces deux banques sont également en lui.

On peut dire qu’une banque terrestre se compose généralement de trois


services. Le premier est celui des dépôts, avec les coffres-forts où on met
les réserves à l’abri. Le second s’occupe des échanges : la circulation des
capitaux, les prêts. Le troisième s’intéresse aux opérations financières, aux
spéculations. Ces trois services se retrouvent exactement dans la structure
de la personnalité. Les coffres-forts correspondent aux réserves du corps
physique. Le service des échanges correspond aux sentiments, au plan
astral, au monde du coeur qui établit sans cesse des relations basées sur
l’intérêt. Et le service des spéculations correspond au plan mental, à
l’intellect qui s’emploie à faire des calculs pour tirer toujours le meilleur
parti des situations, même si cela doit se faire au détriment des autres. Car
on est obligé de le constater : les banques terrestres ont tendance à
s’enrichir aux dépens d’autrui, tout en tâchant de les convaincre que leurs
préoccupations, leurs agissements ne sont inspirés que par l’intérêt général.

De ces banques, Jésus nous dit qu’elles ne sont pas sûres : nos trésors n’y
sont pas en sécurité, car ils sont menacés par la rouille, les vers et les
voleurs.

Que représentent la rouille, les vers et les voleurs ?


La rouille attaque et ronge le fer. Dans la hiérarchie des règnes de la nature,
le métal, comme le minéral, correspond au plan physique, et le plan 173

physique est celui où l’homme exerce sa volonté. La rouille symbolise donc


ce qui paralyse la volonté de l’homme et l’empêche d’agir.

Les vers pullulent dans l’humidité. Avec eux, on entre dans le monde astral,
le monde des sentiments, des désirs. Un être dont le coeur est rempli de
sentiments et de désirs égoïstes, de jalousie, de malveillance, est la proie
des vers. De quelqu’un qui est tourmenté par de mauvais sentiments, ne dit-
on pas que quelque chose le ronge ?

Quant au voleur, il attend qu’une maison soit vide, endormie ou plongée


dans l’obscurité pour commettre ses larcins. Les voleurs sont le symbole
des ennemis du plan mental. Quelqu’un dont l’intellect est assoupi ou
assombri sera visité par des pensées de doute, de méfiance, d’inquiétude.

Toutes les pensées qui limitent, affaiblissent, épuisent les humains, sont des
voleurs qui viennent les dépouiller de leurs richesses.72

La rouille, les vers et les voleurs représentent donc les ennemis de la


volonté, du coeur et de l’intellect, et Jésus nous met en garde contre eux, en
disant : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre… » Cette « terre »,
c’est la nature inférieure qui ne cesse d’entretenir en nous la rouille
(l’inertie de la volonté), les vers (les passions du coeur) et les voleurs
(l’obscurité de l’intellect). Celui qui confie ses trésors à la « terre » perdra
tout.

Et Jésus donne lui-même l’explication de ses conseils : « Car là où est ton


trésor, là aussi sera ton coeur. » L’homme attache toujours son coeur à ce
qu’il considère comme son bien le plus précieux, et si ce bien vient à lui
échapper de quelque façon que ce soit, il souffre. Donc, comme tout ce qui
satisfait sa nature inférieure est éphémère, périssable, décevant, aussi
longtemps qu’il cherchera à amasser des trésors sur la terre, c’est-à-dire
qu’il utilisera sa volonté, son coeur et son intellect pour sa seule satisfaction
égoïste, il les perdra. Ces vrais trésors dont parle Jésus, ne peuvent
s’acquérir que si nous mettons notre volonté, notre coeur et notre intellect
au service de notre nature supérieure, le Ciel en nous. Là, ils seront à l’abri
de la rouille, des vers et des voleurs.

« Amassez des trésors dans le Ciel... » Cette recommandation de Jésus est


la synthèse de toute une science de la vie.

Références bibliques

1. « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre » – Matthieu 6 :19-21

174

2. Parabole de l’économe infidèle – Luc 16 : 1-13

31

Les paraboles des serviteurs

Quand on voit ce que la plupart des gens appellent liberté, c’est en réalité le
mot « libertinage » qui serait souvent plus approprié. Combien veulent être
libres pour se laisser aller à la paresse, aux plaisirs, aux passions, sans se
rendre compte que c’est là justement qu’ils se limitent et deviennent
esclaves ! La véritable liberté ne s’obtient pas en s’affranchissant de toutes
les contraintes, elle s’obtient en se faisant serviteur. Oui, serviteur, mais de
qui ?

Dans les Évangiles, plusieurs paraboles ont pour thème les relations d’un ou
plusieurs serviteurs avec un maître.1 Ce mot « serviteur » ne plaît pas
tellement aux humains, car il évoque la position d’un être subalterne qui est
à la disposition de celui qui l’emploie. Le maître, souvent, ne fait pas grand-
chose, excepté profiter de ses richesses, tandis que le serviteur, accablé de
travail, ne reçoit qu’un maigre salaire. C’est ce qui se passe, en effet, dans
les sociétés humaines où les maîtres sont autoritaires et quelquefois aussi
égoïstes et vaniteux. Mais Jésus parle d’un autre maître : Dieu. Ce maître
est déjà servi par des légions d’anges, que pourraient Lui apporter de plus
les pauvres humains ?
C’est nous qui avons intérêt à servir Dieu, car en travaillant pour Lui, nous
participons à sa vie ; et la vie divine, c’est la lumière, la paix, la force,
l’amour, la joie… et la liberté ! Ce lien entre le service et la liberté est
mentionné dans un Psaume : « Ô Éternel, je suis ton serviteur… Tu as
détaché mes liens… »2 Car l’Être que nous devons servir n’est pas extérieur
à nous, Il existe en nous de toute éternité. Il est ce qui existe de plus grand
et de plus noble en nous. C’est pourquoi en Le servant, nous nous libérons.

Oui, contrairement au serviteur des hommes, le serviteur de Dieu devient de


plus en plus libre, et plus riche aussi. Mais à condition que ce soit vraiment
Dieu qu’il serve en lui-même. Beaucoup, à leur insu, servent leurs appétits,
leurs convoitises, leurs ambitions… et pour cela ils mettent en oeuvre toutes
les facultés qu’ils ont reçues du Créateur. Ils ne s’en rendent pas compte,
mais c’est là qu’ils sont véritablement en train de se ligoter et de
s’appauvrir, car ils coupent le lien qui les relie à la Source. Dans un 175

premier temps, la coupure de ce lien semble n’avoir aucune répercussion : il


leur reste des réserves, quelques caisses, quelques boîtes de conserve…

Une poutre ne s’effrite pas immédiatement quand les vers commencent à la


ronger. Leurs dons, leurs facultés ne disparaissent pas d’un seul coup, ils
remportent encore quelques succès. Mais comme de nouvelles forces ne
viennent pas les alimenter, peu à peu, psychiquement, spirituellement, et
quelquefois même physiquement, ils dépérissent.

Vous direz que beaucoup se mettent au service de l’art, de la science, de la


philosophie. C’est magnifique, mais devenir artiste, philosophe ou savant,
la prédestination de l’être humain ne s’arrête pas là. La prédestination de
l’être humain est d’entrer en contact avec le Principe divin qui habite en lui
et de le servir. Lorsque le Principe divin pénétrera profondément ses
facultés physiques, psychiques et spirituelles, il deviendra véritablement
libre et créateur.

Il y a là quelque chose d’essentiel à comprendre. Celui qui se met au service


du Principe divin ne sert pas quelqu’un ou quelque chose d’extérieur à lui ;
c’est pourquoi il est impossible qu’il perde sa liberté, au contraire il la
conquiert. Voilà le fondement de la religion. Et tant que les humains ne
chercheront pas à découvrir et à servir Dieu en eux-mêmes, ils n’auront de
Lui qu’une conception incomplète ou déformée. Et il est normal que la
pensée de se mettre au service d’une puissance qui se trouve on ne sait où,
et qui peut-être même n’existe pas, soit insupportable pour beaucoup.

Donc, l’idée de service, de serviteur telle que la concevait Jésus ne sera


correctement comprise et acceptée que si l’être humain prend conscience
que la Divinité à servir est en lui-même. Plus il se met à son service, plus il
entre en communication avec Elle. Peu à peu, il parvient à dissoudre les
scories formées en lui par ses pensées, ses sentiments, ses désirs inférieurs,
et il découvre la quintessence de son être. À défaut de trouver un mot plus
juste, on peut appeler cette quintessence « la lumière ». En réalité, Dieu est
beaucoup plus que l’idée que la lumière peut nous donner de Lui ; et rien ne
peut nous donner une idée de Lui, rien ne peut Le définir, excepté ce que
nous arriverons à découvrir en nous lorsque nous nous mettrons à son
service. Mais à ce moment-là encore, même si nous pouvons dire ce que
nous vivons, ce que nous ressentons, nous ne pouvons pas dire ce qu’est
Dieu.

Être serviteur de Dieu, c’est donc se mettre au service de tout ce qui 176

existe en nous de plus pur, de plus noble, de plus lumineux, et lui donner la
possibilité de se manifester. Mais la vérité, c’est qu’il ne suffit pas de
vouloir servir Dieu pour être un bon serviteur. Il faut se préparer, apprendre,
s’exercer. Regardez seulement ce qui se passe dans la vie courante : est-ce
que, même s’il le souhaite sincèrement, le premier venu est capable de faire
un bon employé, un bon secrétaire, un bon ministre ? Non, il faut pour cela
qu’il ait étudié et développé certaines facultés et qualités.

Alors, à plus forte raison quand il s’agit d’entrer au service du Seigneur.

Que fera celui qui ne s’est pas préparé ? Combien d’erreurs il va commettre
! Il croira être entré au service du Seigneur et en réalité il restera serviteur
de ces maîtres que sont ses préjugés, ses partis pris, ses illusions.

Pour devenir un bon serviteur de Dieu, il faut faire de tout son être un lieu
réservé. Or, on voit les humains déployer une énergie et des moyens
formidables pour mettre leurs maisons et tous leurs biens à l’abri des intrus,
mais intérieurement ils n’ont ni portes ni fenêtres ; même les murs parfois
ne tiennent pas debout, et tous les voleurs, les animaux et les courants
chaotiques circulent en eux librement. La médecine, la psychologie donnent
des noms très savants aux troubles et maladies qui en résultent, mais celui
qui est instruit dans la Science initiatique dira tout simplement qu’ils n’ont
pas su se protéger.

Il émane de tous les êtres humains des éléments fluidiques qui servent de
matériaux aux entités du monde invisible. S’ils étaient plus attentifs, plus
conscients, ils sentiraient que par leurs émanations psychiques ils attirent
des entités lumineuses ou ténébreuses, et qu’ils sont donc en train de
participer à tout ce qui se réalise de constructif ou de destructeur dans le
monde. Alors, comprenez combien il est important que vous fassiez de
votre être intérieur un lieu réservé à la Divinité. Plusieurs fois au cours de la
journée, tournez-vous vers les entités célestes, dites-leur que vous vous
mettez à leur disposition, demandez-leur de vous inspirer, d’agir à travers
vous. C’est ainsi que vous deviendrez un bon serviteur de Dieu qui participe
au travail de son maître.73 Comme le dit saint Paul : « Nous sommes
ouvriers avec Dieu ».3 Dieu ne nous demande pas d’entreprendre des
tâches surhumaines, mais seulement de Lui consacrer chacune de nos
activités, aussi modeste soit-elle, afin de contribuer à l’établissement de son
Royaume sur la terre.

C’est pourquoi servir Dieu ne signifie pas négliger son prochain, au


contraire. Les véritables fils de Dieu sont aussi ceux qui s’efforcent de Le
servir dans leur prochain.74 Même s’ils ne récoltent qu’ingratitude, ils ne se
découragent pas. Ils ont réglé et dépassé leurs problèmes personnels, 177

familiaux, sociaux, ils sont libres de penser plus loin et plus haut. Ils se
sentent membres de la famille universelle, et c’est en travaillant pour cette
famille universelle que leur âme se dilate dans l’espace et trouve sa
nourriture. Semblables aux oiseaux dont les ailes se sont renforcées, ils sont
enfin prêts pour l’envol.

Il peut arriver que vous éprouviez par moment une sorte de lassitude, que
vous ayez besoin de relâcher un peu vos efforts. C’est normal, mais sachez
qu’à ce moment-là vous êtes sans défense. Pour vous protéger, adressez
cette demande au Seigneur : « Seigneur, en ce moment je suis un peu
fatigué, je ne sais pas à quoi je peux Te servir, mais je suis à ta disposition.
»

Aucune entité maléfique n’a alors le droit de pénétrer chez vous pour vous
utiliser, vous êtes comme un lieu réservé. N’abandonnez jamais cette
certitude : c’est en vous mettant au service du Seigneur que vous vivrez
pleinement votre vie. Pourquoi voudrait-Il vous priver d’une vie qu’Il vous
a donnée ? Non seulement Il ne vous en privera pas, mais jour après jour Il
vous fera découvrir toutes ses richesses.

Cependant, ne vous imaginez pas qu’en vous mettant au service du


Seigneur vous allez mener une vie paisible à l’abri des difficultés, des
heurts, des souffrances. Comme tous les autres êtres humains, le serviteur
de Dieu sera éprouvé. Et c’est là justement qu’il doit se souvenir que pour
traverser les épreuves de la vie, il n’y a pas de meilleure méthode que de se
faire serviteur. À ce moment-là, des entités qui sont elles-mêmes au service
du Seigneur viennent le secourir. Elles prennent une partie de ses fardeaux
et l’aident à supporter ses souffrances. Mais il faut comprendre que ce
phénomène se produit dans la conscience. Ce n’est pas dans le plan
physique, dans le plan matériel que nous sommes aidés, mais dans le plan
psychique, dans le plan spirituel. C’est là que nous recevons la lumière et
les forces pour mieux supporter les épreuves.

Références bibliques

1. Les paraboles des serviteurs – Matthieu 13 : 24 ; 20 : 1 ; 25 : 14 ; Marc


12 : 1 ; Luc 12 : 36 ; 16 : 1 ; 17 : 7

2. « Ô Éternel, je suis ton serviteur » – Psaume 116 : 16

3. « Nous sommes ouvriers avec Dieu » – Paul, Première épître aux


Corinthiens 3 : 9

32

« Rendez à César ce qui est à César »

178
Que l’être humain possède une nature inférieure et une nature supérieure, et
qu’il se trouve sans cesse tiraillé entre les deux, cela n’est pas difficile à
comprendre. Ce qui est difficile, c’est de résoudre dans la vie quotidienne
les problèmes posés par la coexistence de ces deux natures. Là, il faut
pouvoir chaque fois situer les choses, donc posséder un savoir qui permet
de discerner les manifestations de l’une et de l’autre, puis placer la nature
inférieure, que j’ai appelée la personnalité, sous l’autorité de la nature
supérieure, l’individualité. « Nul ne peut servir deux maîtres », 751 a dit
Jésus dans la parabole de l’économe infidèle. Il ne peut donc pas exister
deux maîtres en nous, et si nous voulons que ce soit la nature supérieure qui
commande, il faut mettre la nature inférieure à son service. C’est là qu’elle
a sa place, et elle est une magnifique servante, mais une servante qu’on doit
sans cesse surveiller, car elle est rusée, rebelle. Même si en apparence elle
accepte l’autorité de la nature supérieure, en réalité elle cherche sans cesse
comment renverser son pouvoir, elle ne capitule jamais complètement.

Dans ces conditions, on peut penser que le plus simple serait d’anéantir la
nature inférieure. Eh non, elle fait partie de l’être humain et il n’est pas
question de l’anéantir. Sans elle, il ne pourrait pas subsister, car elle est la
dépositaire de ressources cachées, les instincts, les appétits, tout ce qui lui
permet de s’accrocher à la terre où il est pour un certain temps destiné à
vivre ; c’est grâce à elle qu’il conserve et augmente ses possessions. Dans
ce sens, la personnalité ressemble à une vieille grand-mère qui tient les clés
des coffres et des placards ; cela suscite évidemment beaucoup de
convoitises, et c’est pourquoi, en fin de compte, elle réussit le plus souvent
à s’imposer. Il faut apprendre à être plus intelligent et plus fort qu’elle, sans
jamais chercher à l’anéantir, car elle peut être, je viens de vous le dire, la
meilleure servante de la nature supérieure. Or, pour pouvoir travailler, elle a
besoin d’être nourrie : on ne laisse jamais une servante sans nourriture. La
question qui se pose alors est de savoir combien lui donner. Vous allez
voir…

Dans le but de confondre Jésus, des pharisiens envoyèrent leurs disciples lui
poser des questions au sujet de l’impôt dû à César. « Dis-nous ce qu’il t’en
semble : est-il permis ou non de payer le tribut à César ? » Et Jésus
répondit : « Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils
lui présentèrent un denier. Il leur demanda : De qui sont cette effigie et
cette inscription ? – De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit : Rendez
à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »2

César était le titre donné à tous les empereurs romains. À cette époque les
Romains occupaient la Judée, et César représente donc les puissances 179

de la terre par opposition à Dieu, le Roi céleste. On peut donc interpréter


César comme une des formes de la personnalité qui, de même que César
faisait prélever l’impôt, réclame nos ressources. Nous avons tous un César
en nous qui réclame constamment. Puisqu’il doit vivre, il faut bien lui
donner quelque chose à manger, mais pas trop. Alors, combien ? Là encore,
je me servirai d’une image tirée du livre de la nature.

Vous voulez faire un feu et vous brûlez quelques morceaux de bois mort.

Que se passe-t-il ? Des flammes jaillissent, une quantité de flammes… Il y


a aussi des gaz qui s’échappent, en moindre quantité, de même que de la
vapeur d’eau, encore moins… À la fin, il ne reste qu’un peu de cendre qui
retourne à la terre. Alors, où sont allés ces éléments ? Le feu, les gaz, la
vapeur d’eau sont montés vers le ciel ; seule la cendre est restée sur le sol.

Voilà, cela nous indique combien nous avons à donner à César, la


personnalité : seulement ce qui correspond à la terre ; disons, pour être
généreux, un quart. Et les trois autres quarts, il faut les donner à Dieu,
l’individualité. Oui, un quart suffit pour César ; tout le reste il faut le donner
à Dieu. Mais que font la majorité des gens ? Exactement le contraire : ils
donnent un quart à Dieu – et encore, ce n’est même pas sûr ! – et trois
quarts à César. Ils ignorent qu’ils enfreignent ainsi les lois de l’économie
cosmique.

Quand Jésus disait : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui
est à Dieu », il faisait donc la distinction entre les valeurs matérielles,
terrestres, et les valeurs spirituelles, mais il ne préconisait pas d’abandonner
le monde pour se tourner uniquement vers Dieu. Aussi longtemps que nous
sommes sur la terre, il n’est pas question de l’abandonner. Mais sur cette
terre nous devons seulement poser nos pieds, et tenir notre tête dans le ciel,
c’est-à-dire mettre de la sagesse et de l’amour dans toutes nos activités afin
que chacune d’elles nous rapproche du monde divin. Nous avons une
mission à remplir sur la terre. Cette mission consiste à voir Dieu en chaque
être et en chaque chose, et à le manifester à chaque instant. Il faut vivre la
vie terrestre à la manière des plantes : elles restent fixées à la terre, mais
elles la transforment et la font évoluer. Non seulement l’homme ne doit pas
quitter la terre, la matière, mais il doit se concentrer sur elle pour la
transformer. Les plantes nous révèlent comment ne pas quitter la terre, tout
en nous dirigeant vers le ciel.

Voilà une autre leçon que nous donne la nature.

Mais arrêtons-nous encore un moment sur la réponse que Jésus fait aux
pharisiens : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à 180

Dieu. » Elle révèle d’abord que Jésus ne se considérait pas au-dessus des
lois humaines. En effet, il aurait pu dire qu’il ne reconnaissait que l’autorité
de son Père céleste et qu’il n’avait pas à se soumettre aux exigences d’un
empereur romain qui imposait alors sa domination sur la Palestine. C’est
certainement ce qu’espéraient les pharisiens afin d’avoir un motif pour le
faire condamner. Par sa réponse Jésus montre qu’il fait la différence entre le
plan humain et le plan divin, entre le pouvoir temporel et le pouvoir
spirituel, donc aussi entre les biens temporels et les biens spirituels. Nous
pouvons donc donner à César ce qu’il réclame, quelques pièces de monnaie,
mais donner à Dieu toutes les richesses de notre coeur et de notre âme.

Et si on approfondit encore la réponse de Jésus, on comprend combien il est


essentiel de ne pas confondre la terre et le Ciel, de bien discerner les
affaires de la terre et celles du Ciel. Le véritable disciple du Christ ne
cherche jamais à retirer des avantages matériels de son engagement
spirituel.

Références bibliques

1. « Nul ne peut servir deux maîtres » – Matthieu 6 : 24

2. « Dis-nous ce qu’il t’en semble : est-il permis ou non de payer le tribut à


César ? » –

Matthieu 22 : 17
33

La guérison d’un aveugle-né

« Jésus vit en passant un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui


firent cette question : Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour
qu’il soit né aveugle ? Jésus répondit : Ce n’est pas que lui ou ses parents
aient péché, mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en
lui. »1

On peut s’étonner que les disciples aient posé cette question à Jésus. Si une
infirmité est une punition infligée par le Ciel pour une transgression
commise, quand cet homme, qui est né aveugle, s’est-il rendu coupable ?

Est-ce dans le ventre de sa mère ? Quel péché peut commettre un enfant


dans le ventre de sa mère ? On est obligé d’admettre que la question que les
disciples posent à Jésus sous-entend la croyance en une vie antérieure.

181

Vous direz qu’on ne trouve pas le mot « réincarnation » dans la Bible, et il


n’est dit nulle part que Jésus croyait à la réincarnation… C’est vrai, mais si
on lit attentivement les Évangiles, on voit que certains passages ne sont
compréhensibles que si on les interprète à la lumière de cette croyance. Par
exemple, Jésus demande un jour à ses disciples : « Qui dit-on que je suis
? » Et les disciples répondent : « Les uns disent que tu es Jean-Baptiste, les
autres Élie, les autres Jérémie ou l’un des prophètes. »2

Comment dire de quelqu’un qu’il est une personne déjà morte, et


quelquefois même depuis longtemps, si on ne croit pas qu’il peut être sa
réincarnation ?

Mais revenons à cette rencontre avec l’aveugle-né. Les disciples demandent


donc si c’est lui ou ses parents qui ont péché pour qu’il soit né aveugle. Et
Jésus ne semble pas étonné par cette question, il répond, comme si elle était
tout à fait naturelle : « Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché… »
Et là, il y a aussi un point important à noter. Les disciples demandent si ce
sont les parents qui ont péché pour que leur fils soit né aveugle. En effet,
d’après la loi de Moïse, les infirmités et les épreuves qui frappent les
humains sont dues à des transgressions qu’ils ont commises dans un passé
plus ou moins proche. Mais une personne peut aussi payer les dettes d’une
autre. C’est pourquoi, lorsqu’on voit quelqu’un dans le malheur, on ne peut
pas savoir s’il expie ses propres fautes ou les fautes d’autres personnes, et
en particulier celles commises par ses parents.

Les disciples ont posé la question parce qu’ils savaient qu’un homme ne
peut naître aveugle sans raison… ou seulement parce qu’il a plu à Dieu de
le faire aveugle. Tellement de croyants s’imaginent que Dieu distribue
bonheurs et malheurs aux humains suivant son bon plaisir ! Donc, Jésus
répond : « Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché, mais afin que les
oeuvres de Dieu soient manifestées en lui », c’est-à-dire pour que, se
trouvant sur son chemin, Jésus le guérisse et que le peuple croie en lui. Cela
signifie qu’il existe aussi des êtres qui acceptent de souffrir afin que
d’autres soient instruits par leur exemple. Cet aveugle-né était l’un d’eux : il
était descendu sur la terre avec cette infirmité, afin que sa guérison amène
tous ceux qui en seraient les témoins à réfléchir. Et en effet, saint Jean, qui
rapporte cet épisode, insiste longuement sur le trouble qu’éprouvent les
pharisiens devant ce miracle : pour avoir des raisons de le mettre en doute,
ils n’en finissent pas d’interroger le malheureux qui a maintenant retrouvé
la vue, ainsi que ses parents. Et tandis que certains commencent à murmurer
contre Jésus en le traitant d’impie et d’imposteur, d’autres admettent que
s’il a pu opérer cette guérison, c’est qu’il est habité par la grâce divine. À

182

travers cet aveugle à qui Jésus a rendu la vue, les oeuvres de Dieu ont été
manifestées.

Références bibliques

1. « Jésus vit en passant un aveugle de naissance » – Évangile de Jean 9 : 1

2. « Qui dit-on que je suis ? » – Matthieu 16 : 13

34
« Si le maître de la maison savait

à quelle heure le voleur doit venir »

« Si le maître de la maison savait à quelle heure le voleur doit venir, il


veillerait et ne laisserait pas percer sa maison. »1

Ici encore, Jésus nous parle d’une des plus grandes qualités que l’être
humain puisse acquérir : la vigilance. Il est certain qu’à un moment ou à un
autre un voleur viendra, et puisqu’on ne sait pas à quelle heure il viendra,
on doit rester attentif et prendre des précautions.

Voici un voleur qui se faufile à travers la foule. On dirait qu’il a des


antennes : il sent quelles personnes sont bien éveillées, présentes, et
lesquelles rêvassent ou dorment à moitié. Quel est l’indice pour lui ? La
lumière. D’une personne éveillée, il émane une sorte de clarté, et ce n’est
donc pas à elle que le voleur va s’en prendre. Il recherche celle qui somnole
les yeux ouverts, et il s’empare de son portefeuille ou de son sac sans que
l’autre s’en aperçoive, car elle est en fait plongée dans l’obscurité.

Cette maison sur laquelle le maître doit veiller pour que le voleur ne puisse
pas s’y introduire, représente évidemment notre for intérieur. Et le voleur
représente toutes les entités malfaisantes du monde invisible. Ces entités ne
peuvent pas pénétrer là où il y a une lampe allumée – c’est-à-dire une
conscience éveillée – car elles sont tout de suite repérées et repoussées.

Chacun sait combien il est important d’être attentif, mais l’attention a


plusieurs aspects. L’aspect le plus connu est cette application soutenue qui
est nécessaire pour que nous puissions faire correctement notre travail,
comprendre ce qu’on nous dit, lire un livre, etc. Mais il existe aussi une
autre forme d’attention qui s’appelle observation de soi. Elle consiste à
prendre conscience à chaque moment de la journée de ce qui se passe en
183

nous, à discerner les courants, les désirs, les pensées qui nous traversent, les
influences, les tiraillements que nous ressentons. C’est cette attention-là qui
n’est pas suffisamment développée et qui permet aux voleurs de
s’introduire.
Du point de vue étymologique, le mot « vigilance » appartient à la même
famille que « veiller », « veille », « éveillé ». Être éveillé signifie ne pas
dormir. Mais qu’est-ce qui ne doit pas dormir en nous ? La conscience.

Notre corps, lui, a besoin de sommeil et il ne faut pas l’en priver. Ne pas
dormir est une chose, avoir la conscience éveillée en est une autre. On peut
très bien ne pas dormir et avoir une conscience somnolente, de même qu’on
peut dormir tout en gardant sa conscience éveillée. Car la conscience est
comme une lampe, et chez les êtres très évolués cette lampe ne s’éteint
jamais.

Que ce soit physiquement ou psychiquement, la vigilance, l’attention sont


indispensables. Vous manquez d’attention ? Vous allez faire un geste
maladroit, vous heurter à un obstacle, tomber… Ni votre savoir, ni votre
fortune, ni vos vertus ne vous préserveront. Combien de gens remarquables
ont été victimes d’accidents provoqués par leur manque d’attention ! Les
malfaiteurs, eux, conscients qu’ils peuvent toujours se faire surprendre, sont
extrêmement vigilants, et c’est ainsi qu’ils échappent souvent aux
poursuites. Alors, pourquoi laisser la vigilance aux malfaiteurs ? Vous vous
imaginez que votre innocence, votre bonne volonté, vous attireront
automatiquement la protection divine ? Eh bien non, si vous êtes négligent,
rien ni personne ne vous mettra à l’abri.

Vous direz : « Mais si je me confie à Dieu, si je L’aime, Il me protégera.

» Détrompez-vous : si vous n’êtes pas vigilant, même votre amour pour


Dieu ne vous sauvera pas. Il vous dira : « Tu m’aimes ? C’est très bien,
mais je ne suis pas le gardien de ta demeure et de ta personne. » Ni votre
amour, ni toutes vos bonnes qualités ne peuvent vous dispenser d’être
vigilant. Et c’est encore plus vrai dans le plan psychique.

Pourquoi vous arrive-t-il d’être visité par des pensées et des sentiments qui
vous enlèvent votre courage, votre confiance, votre joie ? Vous pouvez
donner toutes les explications que vous voulez, la seule explication valable,
c’est le manque de vigilance. Et ce qui endort la vigilance, c’est le goût de
la facilité, des plaisirs. En effet, comment être vigilant quand on n’a que
l’envie de se laisser aller à ce qui est facile, agréable ? C’est comme une
humidité qui se dépose sur les ailes de l’âme et l’empêche de voler. Et
quand votre âme ne peut plus voler, n’importe quelle entité ténébreuse du
monde invisible peut se saisir d’elle et vous enlever la paix, la joie, 184

l’espérance.

On ne sait jamais à quelle heure le voleur viendra, mais une chose est sûre :
il viendra, et celui qui manque d’attention lui laisse sa porte ouverte.

Sans la vigilance, aucune acquisition spirituelle durable n’est possible, la


vigilance dans la pensée, dans le sentiment et dans la volonté. Elle est
comme une lumière qui marche devant vous, et la lumière inquiète les
voleurs, elle les met en fuite. La vigilance, c’est ce qu’un Maître spirituel
apprécie surtout chez un disciple. Qu’il soit intelligent, sensible, dévoué,
c’est très bien ; mais s’il n’est pas vigilant, il laissera le voleur « percer sa
maison » et il perdra au fur et à mesure les richesses que son Maître lui
donne, ou celles qu’il vient si difficilement de gagner lui-même par ses
efforts. Alors, quelle confiance le Maître peut-il lui accorder ?

La vigilance doit se manifester dans les moindres choses. Si, au moment de


vous endormir, vous ne vous souvenez pas d’avoir fermé à clé la porte de
votre maison, quittez votre lit et allez vérifier : les anges n’ont pas à monter
la garde devant chez vous. Mais, là encore, cela ne suffit pas ; il y a aussi
des voleurs dans le monde invisible, des entités ténébreuses du plan astral
qui peuvent vous dépouiller pendant votre sommeil si vous ne leur fermez
pas la porte de votre âme. Alors, au moment de vous coucher, pensez à vous
mettre sous la protection des entités lumineuses.76 Vous pouvez placer
quelque chose auprès de votre lit : une prière, une pensée que vous aurez
écrite, une image sainte, la photographie d’un sage, d’un Initié. Mais faites-
le consciemment. Ce sera comme une veilleuse dont la clarté écartera les
voleurs.

Référence biblique

1. « Si le maître de la maison savait à quelle heure le voleur doit venir » –


Luc 12 : 39

35
« Ta foi t’a sauvé »

« Qu’il te soit fait selon ta foi »1 ou « Ta foi t’a sauvé »2, c’est souvent
par ces mots que Jésus répondait aux malades qui le suppliaient de les
guérir. Cela nous amène à réfléchir au rôle que joue la foi dans la guérison
des maladies.

Jésus avait besoin que ceux qui demandaient son aide croient en lui, car 185

la foi est une condition préalable : elle ouvre des portes et des fenêtres pour
laisser entrer les courants d’énergies qui viennent du monde spirituel. En
pénétrant dans l’homme ces courants harmonisent, purifient, régénèrent la
matière de son être. La lumière, la pureté de Jésus faisaient de lui un
réceptacle de l’énergie divine, et cette énergie qu’il communiquait aux
malades provoquait leur guérison. En s’adressant à lui, les malades
déclenchaient en quelque sorte le processus ; ensuite, grâce à leur foi ils
ouvraient une porte ; et enfin, la puissance de Jésus se manifestait. Les
miracles de Jésus, ou ce que l’on a appelé ainsi (car en réalité, il n’y a pas
de miracles au sens où la plupart des gens l’entendent), supposaient que ces
trois conditions soient remplies.

Parce que Jésus disait : « Qu’il te soit fait selon ta foi » ou bien « Ta foi
t’a sauvé », beaucoup de chrétiens en ont tiré la conclusion que c’est la foi
qui provoque la guérison. Non, la foi aide à la guérison, mais elle ne fait pas
les miracles qu’ils imaginent. La guérison est provoquée par une autre force
que la foi. Qu’appelle-t-on en général « miracles » ? Des phénomènes qui
défient ou nient les lois de la nature. Mais de tels phénomènes n’existent
pas : ceux qui parlent de miracles ignorent tout simplement les lois qui
peuvent les expliquer. En réalité, aucune manifestation n’échappe aux lois
physiques et chimiques. Il peut seulement exister des phénomènes
exceptionnels, parce que très rares sont les personnes capables de les
produire, mais ils obéissent toujours aux lois de la nature. Même les faits les
plus extraordinaires sont naturels, rien n’est « surnaturel » ou

« supranaturel ». Mais il y a dans la nature différents degrés, différents


plans, des plus matériels aux plus subtils. Les lois du monde psychique et
du monde spirituel sont aussi des lois de la nature, seulement il faut savoir
sur quel plan elles agissent.
Si Jésus guérissait les malades, c’est qu’il possédait une force spirituelle qui
lui permettait de se projeter jusqu’au plan causal, ou plan mental supérieur,
pour y déclencher des courants capables de s’opposer à la maladie. Mais
cette force, combien la possèdent ?… Quand certaines personnes prétendent
que par des formules magiques, des prières, des passes magnétiques ou
l’imposition des mains, elles guériront ceux qui croient en leur pouvoir,
elles peuvent en effet obtenir quelques résultats s’il ne s’agit pas de
maladies graves, mais pas plus. Pour pouvoir guérir comme Jésus, il faut
non seulement posséder la force de l’esprit, mais aussi s’être longtemps
exercé à travailler sur cet instrument de l’esprit qu’est la pensée.

Or très peu de personnes en sont capables. Et là encore, il ne suffit pas de


croire à la puissance de la pensée, il faut parvenir à s’en rendre maître.

186

Parce qu’ils sont déçus par les insuffisances de la médecine ou effrayés par
ses tendances de plus en plus matérialistes, beaucoup de malades cherchent
la guérison du côté des pratiques spirituelles. C’est bien, mais à condition
d’être tout à fait au clair sur cette question. Il existe des maladies physiques
et il existe des maladies psychiques. Comme il n’y a pas de séparation entre
le corps physique et les corps psychiques, ils s’influencent mutuellement ;
mais pour obtenir des résultats sur le corps physique par des moyens
psychiques, c’est une autre affaire. La pensée est surtout efficace pour
guérir les maladies psychiques. Même si les résultats sont longs à obtenir,
celui qui sait comment travailler avec elle, finit par triompher de ses
chagrins, de ses troubles, de ses angoisses. Alors que pour pouvoir guérir
une maladie physique par la pensée, il faut non seulement s’être exercé à
concentrer sa pensée, mais avoir longtemps travaillé sur les intermédiaires
qui existent entre le plan mental et le plan physique. En attendant, avant d’y
parvenir, il faut accepter cette réalité : les maladies physiques ne sont
combattues efficacement que par des remèdes physiques.

Bien sûr, avoir la foi, c’est croire aussi au pouvoir de l’esprit sur la matière,
il n’est pas question de revenir là-dessus. Dans la mesure où le psychisme
exerce une influence sur le physique, la foi peut favoriser la guérison. Parce
qu’ils ont souvent une cause psychique (colère, angoisse, chagrin,
découragement…), des maux de tête, d’estomac, de foie, de coeur,
d’intestins, etc., peuvent être guéris par des exercices de la pensée. Mais
d’une façon générale une maladie physique doit être soignée par des
moyens physiques. Il ne faut pas jouer avec sa santé. Sous prétexte qu’ils
sont croyants ou disciples d’un enseignement spirituel, certains malades se
montrent très imprudents ; il faut reconnaître que dans leur comportement
vis-à-vis de la maladie, les matérialistes font preuve de plus de bon sens.

Maintenant, il y a quelque chose d’essentiel à ajouter. La guérison obtenue


par des moyens physiques peut ne pas être définitive. Dans la mesure où les
troubles de l’organisme sont souvent une concrétisation de troubles
psychiques, pour redresser définitivement la situation il faut toucher les
causes, c’est-à-dire améliorer quelque chose dans le psychisme.

Alors, voici la solution : en même temps que le malade utilise toutes les
ressources de la médecine, pour faire disparaître les causes du mal il doit
corriger les erreurs qu’il a commises en ne sachant pas contrôler, orienter
ses pensées et ses sentiments. Qu’il prenne des médicaments, qu’il suive
des traitements, c’est entendu, mais qu’il les accompagne d’un travail 187

psychique. Un jour l’esprit finit par toucher le corps physique et provoque


sa guérison.

Il y a des années, je connaissais à Paris un homme d’une cinquantaine


d’années qui était complètement paralysé ; il était au lit depuis plus d’un an
et les médecins le jugeaient incurable. On disait que « seul un miracle
pourrait le sauver ». Sa famille ainsi que son médecin me demandèrent
d’essayer de l’aider. J’allai donc le voir et lui parlai ainsi : « La médecine
dit qu’elle ne peut plus rien pour vous. Mais si vous appliquez exactement
les méthodes que je vais vous donner, d’ici deux mois vous recommencerez
à marcher… Me croyez-vous ? » Il répondit qu’il me croyait. Le médecin et
la famille qui étaient là me dirent, eux aussi, qu’ils me faisaient confiance,
mais une guérison en deux mois !… À leur expression, je voyais qu’ils
doutaient un peu. J’indiquai donc au malade quelques règles de vie et des
exercices à pratiquer quotidiennement. Avec une confiance absolue il a
suivi tous mes conseils et, en effet, deux mois après il se remettait peu à peu
à marcher.
Rien n’est possible sans la foi, mais croire ne suffit pas. Il ne faut pas se
contenter de croire et attendre passivement que le miracle se produise.

Puisque le miracle est un phénomène qui obéit aux lois de la nature, la


personne peut, par un travail intérieur, mais aussi par des exercices
physiques, participer au processus de guérison. Il n’est pas nécessaire que je
vous explique ce que sont des exercices physiques ; en revanche, vous avez
besoin de plus de lumière concernant le travail intérieur.

Pour agir efficacement par la pensée sur le corps physique, il faut


commencer par déclencher une énergie. Comme cette énergie vient de très
haut, le premier effort à faire est donc d’élever sa pensée jusqu’au plan
causal, qui est le plan mental supérieur. (voir schéma) Et le travail de la
pensée ne se limite pas à répéter : « Je serai en bonne santé, je n’aurai plus
mal à la tête… ou au foie », ni à adresser des prières à Jésus, à la Vierge
Marie et à tous les saints pour leur demander la guérison. Évidemment, il
vaut mieux faire cela que de se concentrer sur ses maux en gémissant et en
importunant son entourage. Mais le véritable pouvoir de la pensée sur le
corps physique ne s’acquiert que si on parvient à s’élever beaucoup plus
haut que le plan astral, et plus haut encore que le plan mental, pour atteindre
le plan causal. Voilà comment s’expliquent certaines guérisons dites
miraculeuses. C’est en haut qu’il faut aller toucher quelque chose pour
déclencher le courant d’énergies qui provoquera la guérison.

Il est arrivé qu’on me pose des questions concernant les guérisons qui se
produisent parfois à Lourdes… Évidemment, la foi du malade a là une part
188

très importante. Mais il est certain aussi que, dans cette atmosphère de
ferveur, au milieu des chants et des prières de toute une foule, des personnes
peuvent être soulevées et transportées très haut, jusqu’au plan causal. C’est
cela qui fait le miracle : le malade est intérieurement comme arraché à son
état de conscience ordinaire et projeté jusqu’à un sommet en lui. Dès
l’instant où il a atteint ce sommet, il se déclenche dans tout son être de
puissants courants d’énergie pure, et ce sont ces courants qui, descendant
jusqu’au plan physique, rétablissent l’harmonie dans son corps.
Mais laissons ces cas exceptionnels : tout le monde ne va pas en pèlerinage
à Lourdes, ou ailleurs. En revanche, chacun de vous peut s’exercer chez lui,
tous les jours, à faire ce travail de la pensée : s’exercer à monter jusqu’au
plan causal. Au fur et à mesure que vous vous élèverez intérieurement, vous
entrerez en contact avec des éléments de plus en plus puissants. Et lorsque
vous arriverez au sommet, vous sentirez que vous touchez ce point capable
d’introduire l’ordre et l’harmonie dans toutes les autres régions de votre
être. C’est du sommet seulement qu’on a tout pouvoir sur les régions situées
au-dessous.77 Aucune maladie, aucun état psychique aussi grave soit-il,
rien n’est nécessairement incurable ou irrémédiable, mais il faut pouvoir se
projeter jusqu’au sommet.

Références bibliques

1. « Qu’il te soit fait selon ta foi » – Matthieu 8 : 13 ; 9 : 29

2. « Ta foi t’a sauvé » – Matthieu 9 : 22 ; Marc 10 : 52 ; Luc 8 : 48

36

« Dieu n’est pas Dieu des morts

mais des vivants »

Un homme meurt, on l’enterre, et désormais il doit attendre dans la tombe


le jour où il ressuscitera dans son corps physique pour être jugé : voilà
l’enseignement que l’Église donne aux chrétiens. Donc, depuis le début de
l’histoire des hommes, c’est-à-dire depuis des millions d’années, tous ceux
qui sont morts attendent la résurrection : ils sortiront alors tous ensemble
des tombeaux pour être jugés. Ce jugement n’aura lieu qu’à la fin des
temps… donc, on ne sait quand.

Eh bien, non, c’est impossible. Matériellement, déjà, c’est impossible, 189

parce que lorsqu’un homme meurt, son corps peu à peu se désagrège et les
particules qui le constituaient finissent par retourner aux quatre éléments :
la terre, l’eau, l’air et le feu d’où elles sont venues. Et elles entreront bientôt
dans la constitution de nouveaux corps. 78 Alors, puisqu’avec les mêmes
matériaux la nature a fait successivement des générations et des générations
d’êtres humains, le jour de la résurrection, est-ce qu’il faudra décomposer
les uns pour recomposer les autres ? On voit bien que tout cela ne tient pas
devant la logique et le bon sens.

Mais admettons pourtant que les morts ressuscitent dans leur corps
physique. Maintenant, il s’agit de les juger. Bon. Ils sont restés des milliers
et des milliers d’années à dormir dans la tombe, et on va les juger pour une
vie de cinquante, quatre-vingts ou cent ans au maximum, et souvent
beaucoup moins ? Supposons que certains aient vécu aussi vieux que
Mathusalem, neuf cents ans d’après la Genèse ; c’est encore bien peu en
comparaison du temps écoulé depuis qu’ils sont morts. Donc, après avoir
vécu très peu de temps les humains dorment immensément longtemps.

Qu’est-ce que c’est cette école de paresse que le Seigneur a inventée ? Et


qu’Il est patient de garder tant de gens immobilisés sans qu’ils contribuent
en quoi que ce soit à l’économie cosmique !

Encore autre chose… Tous ces êtres, au lieu de les laisser dormir pendant
des millénaires, on aurait pu leur donner les conditions de se racheter en
réparant leurs fautes. Mais là, non, enterrés jusqu’à la fin des temps ! Eh
bien, les humains, eux, aussi imparfaits qu’ils soient, ont su beaucoup
mieux organiser les choses. Par exemple, dans chaque administration, il y a
un trésorier. Supposons qu’on ne fasse aucun contrôle, et que des milliers
d’années après seulement, un inspecteur vienne voir ce que ce trésorier a
fait de l’argent qu’il avait dans sa caisse. Oh là là ! il sera bien tranquille, le
trésorier, ça lui est bien égal qu’il y ait une vérification et un jugement des
milliers d’années après.

J’ignore comment cela se passe exactement dans les administrations, et si


on vient vérifier les comptes chaque année ou tous les trois mois ; en tout
cas, il y a régulièrement un contrôle, et ce contrôle est chaque fois une
forme de jugement. Suivant la manière dont le trésorier a travaillé, on le
garde à son poste ou on lui inflige une sanction en exigeant qu’il agisse
mieux à l’avenir. On n’attend pas des milliers d’années. Alors, pourquoi
l’Intelligence cosmique serait-elle si lente pour rendre ses jugements ? Quel
manque de pédagogie ! Que de temps perdu pendant lequel les humains
auraient pu réparer leurs fautes et s’améliorer !… En réalité, pour chacun il
y a sans cesse des jugements derniers, et sous plusieurs formes. Quand un
190

homme meurt, c’est déjà un jugement dernier : les Seigneurs des destinées
ont jugé qu’il a appris ce qu’il devait apprendre pour cette incarnation. Et
quand il est malade, c’est aussi un jugement avec une sanction qui dure une
semaine, un mois, ou plus.

Pour éduquer les humains, l’Intelligence cosmique a toujours une épreuve


plus ou moins difficile à leur présenter, et cette épreuve est chaque fois une
forme de « jugement dernier », même s’il n’est jamais vraiment le dernier.
Chaque fois qu’ils ont à subir une maladie, un échec, des souffrances, c’est
qu’ils ont commis certaines erreurs et ils sont jugés. À

leur insu, ils sont sans cesse jugés, et dans tous ces jugements, il y a une
sagesse, un amour, une pédagogie : ils apprennent chaque fois quelque
chose. Tandis que le Jugement dernier tel qu’il est présenté aux chrétiens
n’a aucun sens. Oui, aucun sens, alors que tout ce que fait le Créateur est au
contraire d’une intelligence et d’une utilité inouïes.

Même si la mort est une forme de jugement, elle n’est jamais un jugement
définitif. Celui qui meurt ne va pas rester dans la tombe à attendre et
devenir poussière. C’est son vêtement, c’est son corps qui se désagrège ;
mais lui, son esprit reviendra après un certain temps sur la terre où il
prendra un autre corps. Car la vie continue. Et sa nouvelle existence
dépendra du jugement qui aura été porté sur la précédente. Vous direz :

« Mais alors, la résurrection, qu’est-ce que c’est ? » Vous le saurez quand


vous aurez compris la réponse que Jésus a faite sur ce sujet aux sadducéens
qui l’interrogeaient.

« Les sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, vinrent


auprès de Jésus et lui firent cette question : Maître, voici ce que Moïse nous
a prescrit : Si le frère de quelqu’un meurt et laisse une femme sans avoir
d’enfants, son frère épousera sa veuve et suscitera une postérité à son frère.
Or, il y avait sept frères. Le premier se maria et mourut sans laisser de
postérité. Le second prit la veuve pour femme et mourut sans laisser de
postérité. Il en fut de même du troisième, et aucun des sept ne laissa de
postérité. Après eux tous, la femme mourut aussi. À la résurrection, duquel
d’entre eux sera-t-elle la femme ? Car les sept l’ont eue pour femme. Jésus
répondit : N’êtes-vous pas dans l’erreur parce que vous ne comprenez ni les
Écritures ni la puissance de Dieu ? Car à la résurrection des morts, les
hommes ne prendront point de femmes ni les femmes de maris, mais ils
seront comme les anges dans les cieux. Pour ce qui est de la résurrection
des morts, n’avez-vous pas lu, dans le livre de Moïse, ce que Dieu lui dit à
propos du buisson : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu
de Jacob ? Dieu n’est pas Dieu des 191

morts, mais des vivants. Vous êtes grandement dans l’erreur. »1

« À la résurrection des morts les hommes ne prendront point de femmes, ni


les femmes de maris, mais ils seront comme les anges dans les cieux », dit
Jésus. Il ne faut pourtant pas conclure de ses paroles que les anges sont
asexués et que, dans l’autre monde, les hommes et les femmes deviennent
des esprits eux aussi asexués. Les esprits sont des êtres désincarnés, mais ils
ne sont pas asexués, car ils sont polarisés en masculin et féminin. Dans
toutes les régions de l’univers, depuis le monde physique jusqu’au Trône de
Dieu, la polarisation existe, parce que sans la polarisation il ne peut y avoir
de manifestation. Les anges sont donc eux aussi polarisés en masculin et
féminin, ils font sans arrêt des échanges d’amour, et de ces échanges jaillit
une vie riche, abondante, qui se propage à travers l’espace. Le fait qu’ils ne
prennent ni mari ni femme ne signifie pas que les anges ne font aucun
échange. Au contraire, comme les rayons du soleil qui pénètrent toute la
création, en se rencontrant ils se pénètrent des purs rayons de leur amour et
ils sont continuellement dans la beauté et dans la joie.

Maintenant on peut aussi se demander comment et où les humains auront


pu évoluer au point de devenir « comme les anges dans les cieux ». Pas
dans la tombe, en tout cas : dans la tombe, il n’y a pas d’évolution. Ce n’est
pas après être restés des milliers d’années sous terre qu’ils vont ressusciter
pareils aux anges. Et de toute façon, s’ils étaient devenus des êtres
angéliques, pourquoi les juger ? On ne juge pas les anges. Il faut donc
comprendre qu’entre la mort et la résurrection, il y a tout un intervalle de
temps durant lequel les humains travaillent à leur perfectionnement. Oui,
parce qu’ils se réincarnent. Combien de fois ils partiront, ils reviendront, ils
repartiront… C’est ainsi qu’ils s’instruiront, se purifieront jusqu’à devenir
comme des anges. Voilà comment il faut comprendre la résurrection.

Vous direz que la réincarnation n’est pas mentionnée dans ce passage.

C’est vrai, mais elle est sous-entendue. Car si on demande ce qui s’est passé
entre l’enterrement d’un homme et sa transformation angélique, personne
ne pourra répondre. Il faut pourtant bien admettre qu’il s’est passé quelque
chose pour qu’une telle métamorphose se soit produite. Tous les humains
sont prédestinés à ressusciter un jour, mais cette résurrection sous-entend la
réincarnation. Les morts, ou plutôt les corps, ne ressuscitent pas, c’est fini
pour eux. Ce sont les vivants qui ressuscitent. Les âmes, qui ont quitté leur
vêtement, qui sont vivantes, elles, oui, peuvent ressusciter, mais pas les
corps physiques. Jésus le dit : « Dieu n’est pas Dieu des morts, 192

mais Dieu des vivants. » Et sa puissance consiste à amener les humains


jusqu’à la résurrection. La puissance de Dieu, c’est la puissance qui
transforme, qui sublime, et elle ne se trouve pas dans la tombe où les morts
sont couchés. Dans la tombe, il n’y a que la dislocation, la désagrégation.

Dieu ne transforme que les vivants. Rappelez-vous cet autre passage des
Évangiles où Jésus dit : « L aisse les morts enterrer leurs morts, et toi, suis-
moi ! ». 792

Il n’est donc pas nécessaire de mourir physiquement pour ressusciter, il


n’est pas nécessaire d’être placé d’abord dans la tombe. Ressusciter signifie
travailler sur nos pensées, nos sentiments et nos actes afin de triompher de
toutes nos faiblesses. Ce travail agit sur les cellules de notre corps, il les
purifie, il les éclaire, il les fait vibrer plus intensément. Ce mouvement
vibratoire de plus en plus intense qui peu à peu se communique à toutes nos
cellules prépare notre résurrection.

Si les humains savaient le nombre de tombeaux qu’ils transportent en eux !


Ces tombeaux, ce sont toutes les cellules qu’ils doivent régénérer en
apprenant à se nourrir d’éléments de la vie spirituelle. Alors, un à un, les
tombeaux s’ouvrent et une quantité de petites âmes qui étaient mortes en
apparence, mais qui en réalité sommeillaient, commencent à sortir. Des
phénomènes analogues s’observent partout dans la nature. L’image du
tombeau ouvert d’où il est dit que Jésus est sorti ressuscité trois jours après
sa mort, est un symbole universel. Une graine, une toute petite graine est un
tombeau où la vie reste enfouie jusqu’au moment où l’ange du printemps
vient frapper à la porte pour la faire sortir. De même le cocon dans lequel la
chenille se transforme en chrysalide pour s’élancer enfin comme un
papillon. Ou encore la coquille d’où sort le poussin. S’il existe la coutume
d’offrir des oeufs à Pâques, c’est que l’oeuf, justement, symbolise la
promesse d’une vie nouvelle.

Jésus a dit : « Je suis la résurrection et la vie. »3 Pourquoi n’a-t-il pas dit


seulement : « Je suis la résurrection » ? Pourquoi a-t-il ajouté « la vie

» ? Est-ce que la vie est différente de la résurrection ? Non. « Je suis la


résurrection et la vie » signifie que la résurrection n’est rien d’autre qu’un
passage, l’entrée dans une vie renouvelée, purifiée, élaborée, une vie plus
intense. Il ne faut pas attendre des siècles pour vivre cette vie. Le Christ est
la résurrection et la vie, alors prenez le Christ pour modèle, liez-vous à lui,
efforcez-vous de vivre la vie qu’il a vécue, et vous serez vous aussi la
résurrection et la vie. Cette vérité est la seule capable de sortir les humains
du tombeau. Oui, car c’est maintenant qu’ils sont dans un tombeau. Bien
avant de mourir ils sont enfermés dans un tombeau.

193

Jésus a dit aux sadducéens qu’ils ne comprenaient pas la puissance de Dieu.


Cette puissance de Dieu, c’est celle qui est capable de transformer la
chenille en papillon. Si la chenille est arrivée à devenir cette créature ailée
aux couleurs magnifiques, c’est que la puissance divine agit en elle. Alors,
quand nous saurons comment travailler avec cette puissance, combien plus
elle agira en nous pour nous conduire à la résurrection !

Il est possible d’approfondir encore davantage ce processus de la


résurrection en faisant appel à des langues slaves comme le bulgare et le
russe. En bulgare, la résurrection se dit « veuzkressénié » et en russe

« voskressénié ». Ces deux mots sont construits à partir du mot « croix », et


ils signifient littéralement : sortie de la croix.
Dessinez une croix à deux dimensions : elle est faite de six surfaces carrées,
et si vous pliez ces surfaces, elles forment un cube. (Voir schéma) Le cube
avec ses quatre faces symbolise l’enfermement. Et le 4 est le nombre de la
matière dont les quatre états, solide, liquide, gazeux, igné sont en relation
avec les quatre éléments : terre, eau, air, feu. Ressusciter signifie donc sortir
de cette dépendance, de cette prison de la matière qui est le plus souvent
une croix pour l’homme. Quand on dit « porter sa croix », c’est porter ses
difficultés physiques et morales.80 La croix est lourde, et quand l’homme
sort de la croix, il sort de la prison, il sort du tombeau, c’est-à-dire de tout
ce qui le limite intérieurement : il est libre et il prend son envol, comme le
papillon.

La résurrection est un phénomène bien réel, mais il n’y a pas de


résurrection des morts ; il n’y a que la résurrection des vivants, et ce sont
même les plus vivants qui ressuscitent, ceux qui vivent la vie divine, la vie
christique.

L’interprétation que je vous donne de ce passage de l’Évangile est la seule


qui rende compréhensible cette question de la résurrection et du Jugement
dernier. Il ne peut pas y avoir un Jugement dernier tel qu’il est présenté aux
chrétiens depuis des siècles : des créatures qui, à la fin des temps, se
dresseront et sortiront toutes ensemble des tombeaux pour être jugées. Je
vous l’ai dit, on est sans cesse jugé. La moindre épreuve, la moindre
souffrance est déjà la preuve qu’une sentence a été rendue. Quand
quelqu’un est piqué par une puce, c’est déjà un jugement : cette bestiole a
senti que son sang contient certaines impuretés, et comme c’est une 194

nourriture qui lui plaît, elle a été attirée. 81 Qu’il purifie son sang et il
n’attirera plus de puces !

Tellement de faits de la vie quotidienne peuvent aider à comprendre ce que


sont la résurrection et le Jugement dernier ! Vous vous êtes donné un grand
coup à la jambe : vous avez un bleu qui, quelques jours après, disparaît.
Quand on se fait un bleu, certaines cellules meurent ; puis, peu de temps
après, la peau retrouve son apparence normale. Est-ce que ce sont les
cellules mortes qui ont ressuscité ? Non, mais de nouvelles cellules sont
venues les remplacer, ce sont elles qui sont la cause de cette régénération.
L’organisme entier demeure en bonne santé aussi longtemps que des
cellules vivantes viennent remplacer celles qui sont mortes.

Un phénomène analogue se produit dans le plan spirituel, avec cette


différence qu’il ne s’agit pas de cellules, mais d’entités. De même que le
corps physique de l’homme est constitué de milliards de cellules, son être
spirituel est constitué d’une multitude d’entités. Et là aussi, il arrive que des
entités meurent, ou bien que l’homme soit habité d’entités ténébreuses et
malfaisantes qu’il doit s’efforcer de remplacer par des entités lumineuses et
pures. Un remplacement, c’est ainsi qu’on peut aussi définir la résurrection.

Sans être définitive ni complète, la résurrection a commencé pour certains.

Qu’ils poursuivent patiemment ce travail de remplacement. Un jour, d’un


seul coup ils seront ressuscités.

Dans sa Première épitre aux Corinthiens, saint Paul écrit : « … en un


instant, en un clin d’oeil, au son de la trompette finale, car elle sonnera, la
trompette, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons
transformés. »4 Ici, c’est la chimie qui peut nous éclairer. Vous versez, par
exemple, quelques gouttes de tournesol dans une solution acide : le liquide
devient rouge. Vous ajoutez maintenant, goutte après goutte, une solution
basique… Vous ne voyez d’abord aucun changement. Mais continuez…

Soudain, ce liquide rouge vire au bleu. Voilà encore un processus qui


présente des analogies avec la résurrection : le rouge changé en bleu. Le
rouge, symboliquement, c’est le vieil Adam qui ressuscite en Christ, le bleu
du ciel. Longtemps, vous avez versé goutte après goutte, et puis, soudain,
c’est la transformation. Le processus de la résurrection avait déjà
commencé depuis longtemps, mais aucun changement n’était encore
visible, parce que ressusciter est un processus de régénération extrêmement
lent.

C’est avec la dernière goutte que s’opère la transformation.

Beaucoup parmi vous ont déjà commencé à ressusciter, c’est-à-dire à


remplacer en eux certaines entités qui les maintenaient dans les niveaux 195
inférieurs de la conscience, par des entités lumineuses et pleines d’amour.

Ils se plaignent de ne constater aucun changement en eux ? Qu’ils soient


patients, il faut attendre la dernière goutte. La dernière goutte, c’est cela la

« trompette » dont parle saint Paul. Sinon, aucune trompette ne peut


ressusciter les morts.

La résurrection est un processus ininterrompu qui se déroule dans l’âme de


celui qui fait un travail sur lui-même, un travail conscient, éclairé, orienté
vers un but divin. Car nous commençons à ressusciter par la tête.

Cela signifie que si nous mettons au centre de notre vie une idée très élevée,
et si nous la maintenons fermement en nous, depuis les plans subtils cette
idée attirera des particules éthériques qui lui correspondent, des particules
inoxydables comme l’or, transparentes comme le cristal. C’est ainsi que,
peu à peu, tout sera transformé en nous, parce qu’au commencement il y
aura eu une idée. La résurrection est un processus très facile à comprendre,
mais il est très difficile et très long à réaliser. Il faut avoir beaucoup de
volonté, beaucoup de patience, et beaucoup d’amour pour un idéal divin.

L’essentiel est donc de commencer par une idée. Mais cela peut être aussi
une image qui concrétise cette idée, comme l’image du soleil. Si vous
acceptez l’image du soleil qui est lumière, chaleur et vie, vous marchez déjà
sur le chemin de la résurrection. Maintenez-la fermement, entretenez-la et
elle fera son travail. La résurrection, c’est le soleil qui commence à se
manifester en l’homme, le vrai soleil qui introduit en lui une quintessence
de sa propre nature, un levain, un ferment.

La résurrection physique ? La mort et la résurrection physiques ?… Non,


c’est de la résurrection spirituelle que je vous parle. Il n’y aura pas de
résurrection physique. Pour ceux qui sont morts, c’est fini ; mais ceux qui
sont vivants, c’est-à-dire ceux dont l’âme est vivante, pour eux, oui, il y
aura une résurrection, car « Dieu est le Dieu des vivants ». Et cela doit être
désormais bien clair. Si on parle de morts qui ont ressuscité, c’est qu’ils
n’étaient morts qu’en apparence : la corde d’argent qui relie le corps
physique au corps éthérique n’était pas coupée ; ils étaient peut-être dans le
coma, ou bien leur coeur s’était momentanément arrêté de battre, mais ils
n’étaient pas morts. On connaît de nombreux cas semblables. Mais une fois
que l’âme, le principe de vie, a quitté le corps, inutile de chercher à la faire
revenir.

Combien d’histoires inventées par des ignorants ou des imposteurs ont été
racontées à propos de morts que des magiciens auraient réussi à 196

ressusciter ! Non, la seule chose qu’ils ont pu faire, c’est utiliser certains
procédés (des conjurations, la présentation de différentes nourritures) pour
évoquer des entités terrestres ou souterraines qu’ils ont contraintes à entrer
dans le corps du mort. Ce n’était donc pas l’âme du mort lui-même qui
revenait, mais d’autres entités qui entraient dans son corps où elles restaient
pour un temps plus ou moins long. Il y a des nécromanciens qui s’adonnent
à ce genre de pratiques, mais les véritables mages, eux, ne s’occupent
jamais de ranimer des cadavres.

Même Jésus n’a pas ramené des morts à la vie. Vous direz que pourtant les
Évangiles rapportent plusieurs cas de morts ressuscités par Jésus. S’il les a
« ressuscités », c’est qu’ils n’étaient pas encore vraiment morts. Les
connaissances qu’on possédait à l’époque ne permettaient pas de se
prononcer exactement. On croyait morts beaucoup d’hommes et de femmes
qui étaient seulement dans le coma. Quant à Lazare qu’on disait mort
depuis trois jours, lui aussi était encore vivant. Rappelez-vous ce que dit
Jésus :

« Lazare, notre ami, dort, mais je vais le réveiller. »5 Et cela ne diminue en


rien le mérite de Jésus, car Lazare serait réellement mort si Jésus n’était pas
venu l’arracher au tombeau.

Et ce que l’on dit de la mort de Jésus, et donc de sa résurrection, que faut-il


en croire ?… J’hésite toujours à toucher cette question car je ne veux pas
troubler les consciences chrétiennes. Si Jésus avait été réellement mort, il ne
serait pas ressuscité. Puisqu’il est sorti du tombeau, c’est qu’il restait
quelque chose de vivant en lui, et par la puissance de son esprit il a ranimé,
vivifié toute la matière de son corps. Comprenez bien : le mort ne ressuscite
pas, c’est le vivant qui ressuscite, le vivant en léthargie. Comme l’arbre
dont les branches sont « mortes » pendant l’hiver.
La véritable résurrection n’est pas celle des corps. La véritable résurrection
est un processus psychique, spirituel, et il ne peut se faire que
progressivement. Quand vous allumez une bougie, vous êtes sûr que vous
pouvez enflammer la terre entière puisque vous possédez déjà une flamme.

De la même façon, dès l’instant où vous éclairez au moins une cellule dans
votre cerveau ou dans votre coeur, votre être entier sera un jour illuminé.

Veillez seulement à ne rien accepter en vous qui puisse s’opposer à ce


processus de régénération. La résurrection définitive ne peut être que le
résultat d’une suite ininterrompue de résurrections.

Références bibliques

1. « Les sadducéens qui disent qu’il n’y a point de résurrection » – Marc 12


:18-27

197

2. « Laisse les morts enterrer leurs morts » – Luc 9 : 60


3. « Je suis la résurrection et la vie » – Évangile de Jean 11 : 25

4. « En un instant, en un clin d’oeil, au son de la trompette finale » – Paul,


Première épître aux Corinthiens 15 : 52

5. « Lazare, notre ami, dort » – Évangile de Jean 11 :11

37

Jésus sauve la femme adultère de la lapidation

Les scribes et les pharisiens étaient d’ardents défenseurs de la Loi de Moïse,


et c’est au nom de cette Loi qu’ils se dressaient contre Jésus et s’efforçaient
de le prendre en défaut. Ils se présentaient devant lui et lui disaient : « Pour
tel cas Moïse a donné cette prescription, mais toi, que dis-tu ? » Jésus
trouvait chaque fois une réponse qui les mettait dans l’embarras et ils se
taisaient ; mais au fond d’eux-mêmes ils n’étaient pas convaincus et ils
cherchaient comment le faire condamner.

Un des passages les plus connus de l’Évangile de saint Jean est celui de la
femme adultère. « Les scribes et les pharisiens amenèrent une femme
surprise en adultère ; et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus :
Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.

Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes : toi donc,
que dis-tu ? Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de pouvoir l’accuser.

Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. Comme ils
continuaient à l’interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est
sans péché jette le premier la pierre contre elle. Et s’étant de nouveau
baissé, il écrivait sur la terre. »1

On n’a jamais expliqué ce que Jésus écrivait sur le sol. Était-ce des
griffonnages comme ceux que les gens font machinalement sur une feuille
de papier parce qu’ils s’ennuient ? Ou alors voulait-il donner l’impression
de penser à autre chose pour éviter de répondre à la question ? Évidemment,
non. Et même si personne ne l’a dit avant moi, je vous révélerai ce qu’il
faisait : il inscrivait sur le sol des figures et des signes sacrés de la tradition
juive, des symboles kabbalistiques connus des scribes et des pharisiens, car
ils étaient instruits dans la même tradition. Jésus voulait leur dire par là :
vous pouvez appliquer la loi de Moïse et punir cette femme, mais seulement
à condition d’être, vous, irréprochables. Sinon, attention, le châtiment que
vous lui infligerez retombera aussi sur vous. Alors ils ont eu 198

peur et ils sont partis laissant la femme avec Jésus.

Est-ce que ces scribes et ces pharisiens auraient si vite renoncé à la lapider
s’ils ne s’étaient pas sentis menacés par les signes que Jésus avait écrits sur
la terre ? Ces signes étaient ceux qui correspondent à la séphira Guébourah.
Sur l’Arbre séphirotique, en face de la séphira Hessed, qui représente la
miséricorde, la clémence, est placée la séphira Guébourah qui représente la
justice, la sévérité. Jésus n’avait pas besoin d’expliquer aux scribes et aux
pharisiens le sens des symboles qu’il avait tracés. Ils les connaissaient et ils
ont compris ce qu’il voulait leur dire à travers eux.

Quand Jésus s’est relevé il a simplement demandé : « Femme, où sont ceux


qui t’accusaient ? Personne ne t’a condamnée ? Elle répondit : Non,
Seigneur. Et Jésus lui dit : Je ne te condamne pas non plus. Va maintenant,
et ne pèche plus. »

Il y aurait, bien sûr, certaines remarques à faire sur ce passage. D’abord que,
dans un cas d’adultère, seule la femme devait être condamnée. C’est ce
qu’ordonnait la loi de Moïse. Mais Jésus a voulu montrer qu’il existe une
loi supérieure à celle de Moïse : une femme ne doit pas être considérée plus
condamnable que l’homme avec qui elle commet l’adultère. Et l’adultère
est-il une faute si grave qu’il mérite la mort ? Vous remarquerez aussi que
Jésus ne répond pas directement aux scribes et aux pharisiens, il se contente
de leur dire : « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la
pierre contre elle. »

Pour Jésus, l’adultère n’était donc pas un plus grand péché que les autres ;
tous les péchés sont des impuretés et les scribes et les pharisiens, du
moment qu’ils n’étaient pas impeccables, n’avaient aucun droit d’accabler
cette femme. « Mais pourquoi, direz-vous, Jésus qui était pur, ne l’a-t-il pas
condamnée ? » Parce que la pureté ne s’occupe pas de condamner
l’impureté. Ceux qui sont purs ne s’occupent pas de l’impureté des autres.
Par leur rayonnement, par leur lumière ils les éclairent et les purifient. Alors
que ceux qui sont impurs et prétendent corriger les autres ne font que les
salir.

Si on savait seulement ce qui pousse certains êtres à s’ériger en moralistes


et en justiciers ! Souvent, ils poursuivent chez les autres ce qu’ils refusent
de voir en eux-mêmes. Qu’ils soient un peu plus lucides ! S’ils recherchent
la pureté comme ils le prétendent, qu’ils commencent par faire un travail
sur leurs pensées, leurs sentiments, leurs désirs. Quand les autres sentiront
qu’il émane d’eux quelque chose de clair, de lumineux, peut-être se
laisseront-ils influencer. Mais en attendant, qu’ils les laissent tranquilles !

199

Référence biblique

1. « Les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en adultère


»-

Évangile de Jean 8 : 3-11

38

« Aimez vos ennemis »

« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras
ton ennemi. Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis. »1

Aimer nos ennemis ! Combien, même parmi les chrétiens, trouvent ce


commandement impossible à mettre en pratique ! Il n’est pas toujours sûr
qu’on sache aimer ses amis, alors comment aimer des gens qui nous font du
mal ? Ne pas les détester est déjà beaucoup ; les aimer est impossible. Si,
c’est possible, mais uniquement quand on arrive à admettre que ce sont des
amis déguisés : la Providence nous les fait rencontrer pour nous obliger à
progresser dans la voie de la maîtrise et de la libération.
Avoir des amis est certainement un grand bonheur. Seulement ce n’est pas
toujours de vrais amis que les humains recherchent, mais des alliés, afin
d’être approuvés et soutenus même dans leurs mauvais côtés. En
connaissez-vous beaucoup qui acceptent que leurs amis soient tout à fait
sincères avec eux et ne les approuvent pas toujours dans ce qu’ils disent ou
ce qu’ils font ? À la moindre critique ils se sentent trahis et se fâchent. C’est
dommage : ils laissent passer des occasions de s’améliorer. Celui qui veut
véritablement évoluer accepte les observations et les critiques. Et même,
s’il est vraiment sage, il comprendra l’utilité d’avoir des ennemis. S’il
apprend comment les considérer, il se rendra compte qu’ils sont souvent
plus utiles que ses amis. Car ce sont ses ennemis qui l’obligeront à
travailler, à trouver des solutions aux problèmes qu’ils lui posent, et ainsi,
grâce à eux, il deviendra plus perspicace, plus résistant, il découvrira en lui
des ressources qu’il ne soupçonnait pas encore. Alors qu’avec ses amis et
tout leur soutien et leurs compliments, il devient de plus en plus faible et
vulnérable.

Tant qu’on refuse de comprendre l’utilité des ennemis, on les déteste, on


souffre, on tâche de se venger, de se débarrasser d’eux, et alors, que de
temps et d’énergies perdus ! Moi, je vous dirai que si j’ai appris quelque
chose d’important dans ma vie, c’est à apprécier mes ennemis. Oui, je 200

trouve qu’ils m’ont rendu des services formidables. Ah, les ennemis, c’est
quelque chose ! Quand est-ce qu’on saura les estimer à leur juste valeur ?

On élève des statues à ceux que l’on considère comme des bienfaiteurs de
l’humanité et on a raison : ils ont sauvé la patrie, ils ont été des génies dans
les sciences, les arts, la littérature, la philosophie, etc., ils méritent d’être
placés sur un piédestal. Pourtant, je trouve que c’est à nos ennemis que nous
devrions dresser les plus belles statues, car ce sont eux nos véritables
bienfaiteurs ! Apparemment, ils ne nous apportent rien de bon, mais en
réalité ils nous font le plus grand cadeau : ils nous obligent à travailler sur
nous-mêmes, à nous renforcer, à devenir plus intelligents. Comment ne pas
les aimer à cause de tout ce que nous gagnons grâce à eux ?

Vous trouvez que ce que je vous dis là n’est pas sérieux. Trouvez ce que
vous voulez, mais réfléchissez-y quand même. Bien sûr, aimer ses ennemis
est difficile. C’est même la chose la plus difficile, et on se demande d’où
Jésus a pu tirer cette loi morale… C’est très simple : il l’a trouvée dans le
soleil. Le soleil brille, et il brille sans se préoccuper de savoir si les
créatures qui reçoivent ses rayons sont bonnes ou mauvaises, si elles
méritent ou ne méritent pas ses bienfaits ; à toutes sans distinction il envoie
la lumière, la chaleur et la vie. Le soleil nous parle chaque jour de l’amour
divin, il est le seul qui porte sur les humains le même regard que Dieu.

Aimer ses ennemis est la plus haute expression de la morale, et seul le soleil
peut nous l’enseigner, car c’est à travers lui que se manifeste dans l’univers
le principe divin qui habite aussi en nous : notre esprit. En regardant le
soleil se lever le matin, nous cherchons à nous approcher de ces régions
intérieures où aucun mal ne peut plus nous atteindre. Quelles que soient les
épreuves et les inimitiés, c’est de là-haut seulement que nous pourrons
continuer à envoyer notre lumière et notre amour.

Les humains ont l’habitude de répondre au mal par le mal, à la haine par la
haine, mais cette vieille philosophie n’a jamais donné de bons résultats.

Combien de gens qui veulent se débarrasser d’un ennemi ne font en réalité


que se lier à lui ! Lorsqu’on déteste quelqu’un, c’est exactement comme si
on l’aimait. On s’imagine que la haine coupe les liens… Non, au contraire,
elle crée des liens aussi forts et tenaces que l’amour. Ces liens sont
évidemment différents : l’amour apporte certaines choses, et la haine en
apporte d’autres mais tout aussi sûrement et puissamment que l’amour.
C’est par le bien que l’on s’oppose au mal, c’est par l’amour que l’on
s’oppose à la haine. Le mal finit toujours par être vaincu, Dieu lui a refusé
l’immortalité. Toute parole, tout acte de haine peut être comparé à une
pierre que l’on jette en l’air : plus les secondes passent, moins elle a de 201

force pour s’élever. Au contraire, une bonne parole, un acte de bonté peut
être comparé à une pierre que l’on jetterait du haut d’une tour : avec le
temps son mouvement et sa puissance s’accélèrent. C’est là le secret du
bien : même s’il est faible au commencement, à la fin il est tout-puissant et
il triomphe.

Même avec la meilleure volonté, il est impossible de ne pas s’attirer


l’inimitié d’au moins quelques personnes ; et l’arme la plus efficace que
l’on ait pour se défendre, je veux dire pour ne pas en souffrir, c’est l’amour.
Tâchez donc de trouver chez vos ennemis quelque chose qui vous les fasse
quand même un peu apprécier. Si vous les haïssez, il se produit des
déchirures dans votre aura, et par ces déchirures une communication
s’établit avec tout ce qui est négatif en eux : vous recevez ainsi des
éléments nocifs qui, une fois entrés en vous, commencent à vous détruire.
C’est pour cette raison que Jésus disait : « Aimez vos ennemis ». Il
connaissait ces grandes lois, il savait que la haine rend vulnérable.82

Pour se défendre, il faut entrer dans la forteresse imprenable de l’amour


divin. L’amour est la plus grande protection contre les ennemis. Aimer ses
ennemis est une des choses les plus difficiles à réaliser, mais c’est la seule
arme efficace.

Référence biblique

1. « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain » – Matthieu
5 : 43

39

« Heureux ceux qui apportent la paix »

« Heureux ceux qui apportent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
»1

En lisant les Évangiles, nous voyons que Jésus a souvent prononcé le mot

« paix » : « Que la paix soit avec vous ! »2,« Allez en paix ! »,3 « Je vous
ai dit cela pour qu’en moi vous ayez la paix. »4 Et à la fin, au moment de
quitter ses disciples, il leur a dit : « Je vous laisse ma paix, je vous donne
ma paix »,5 comme s’il leur faisait là le cadeau le plus précieux.

C’est dans « le Sermon sur la montagne » que Jésus parle pour la première
fois de la paix : « Heureux ceux qui apportent la paix, car ils seront
appelés fils de Dieu. » Et voilà que la terre n’est toujours qu’un 202

immense champ de bataille. Même si la plupart des humains souhaitent la


paix, les guerres continuent parce qu’ils ne savent ni ce qu’est la paix, ni
comment la chercher, alors comment pourraient-ils l’apporter à d’autres ?

Demandez-leur ce qu’est la paix : ils vous répondront que c’est la


possibilité de vivre tranquillement à l’abri de toute agression. Eh non, la
paix est le résultat d’un travail de chaque instant réalisé dans le monde par
des êtres qui ont compris qu’elle est une victoire remportée de haute lutte
sur tous les tiraillements psychiques qui menacent de les disloquer. Pour
connaître ce qu’est la paix, il faut donc l’étudier du point de vue de la
Science initiatique, et même lorsqu’on l’a bien étudiée, elle est une des
choses les plus difficiles à réaliser.

Vous remarquerez que, généralement, c’est en supprimant quelque chose ou


quelqu’un d’extérieur à eux que les humains croient pouvoir installer la
paix. Et c’est là qu’ils se trompent. Même s’ils étaient d’accord pour
supprimer les armées et les canons, ils trouveraient d’autres moyens de se
détruire. Ils peuvent décréter la paix et tenter de l’imposer par la force, elle
ne durera pas tant qu’ils entretiendront en eux des causes de guerre. La paix
est d’abord un état intérieur : il est impossible de l’obtenir en se contentant
de faire disparaître quelque chose à l’extérieur. C’est au-dedans de soi qu’il
faut commencer par travailler sur la paix.

Voici quelqu’un qui, pour satisfaire ses convoitises, a emprunté une somme
d’argent, mais il ne peut pas la rembourser comme il s’y était engagé et il a
maintenant toute une meute de créanciers derrière lui : comment peut-il
avoir la paix ? « En prenant la fuite ! » direz-vous. Oui, mais les créanciers
qui sont en lui : les inquiétudes, la peur d’être rattrapé, comment les fuira-t-
il ?… Et quelles agressions, quels actes insensés cette peur va le pousser à
commettre !

En apparence, il est facile de trouver la paix : il suffit d’aller habiter dans un


endroit solitaire et silencieux. Là, en effet, on est tranquille, mais ce n’est
pas pour autant qu’on est en paix. Pourquoi ? Parce qu’on a emporté son «
transistor » ! Les humains emportent toujours une petite radio dans leur tête,
ils ne s’en séparent jamais, jour et nuit ils la gardent allumée et branchée sur
les mêmes stations : le mari, la femme, les enfants, le beau-père, la belle-
mère, les voisins, le patron, les concurrents, les rivaux… les hommes
politiques ! Et alors là, quelles discussions ! Leur nature inférieure ne cesse
de présenter ses griefs, ses déceptions, ses rancunes, ses exigences. Même si
c’est calme à l’extérieur, intérieurement les tempêtes et les ouragans font
rage, et toutes ces agitations intérieures, à un moment ou à un autre,
finissent par provoquer des éruptions à l’extérieur.

203

Prenons l’exemple du corps physique. Chaque organe remplit la fonction


particulière qui lui a été assignée par la nature, mais en même temps tous
sont aussi liés entre eux et ils doivent s’accorder, sinon il se produit ce qui
s’appelle en musique des dissonances, c’est-à-dire des maladies. L’homme
ne peut être en bonne santé que si chaque organe fait son travail en accord
avec l’organisme entier. Cette santé lui apporte une certaine forme de paix,
mais elle ne touche encore que son corps physique. Pour avoir la paix
intérieure, il doit aller beaucoup plus haut, afin que tous les éléments qui
constituent son organisme psychique vibrent aussi à l’unisson, c’est-à-dire
sans égoïsme, sans tiraillements, sans parti pris, comme les organes d’un
organisme physique en bonne santé.

La paix est donc un état de conscience supérieur. Cependant cet état dépend
aussi en partie du bon fonctionnement de l’organisme physique, car même
si l’essentiel est la paix de l’âme et de l’esprit, il est difficile de goûter cette
paix lorsque le corps physique est tourmenté par la maladie.

Quand les instruments d’un orchestre sont parfaitement accordés et que tous
les musiciens obéissent au chef qui les dirige, il en résulte une harmonie
parfaite. Dans l’être humain, la paix résulte d’une harmonie entre tous les
éléments physiques, psychiques et spirituels qui le composent, et cette
harmonie n’est possible que lorsque ces éléments acceptent de se mettre
sous l’autorité de l’esprit.

Mais revenons à la paix intérieure. De même que la santé résulte d’un


accord entre les différentes parties qui constituent l’organisme physique, la
paix est le résultat d’un accord entre les différents principes qui constituent
l’organisme psychique : l’esprit, l’âme, l’intellect, le coeur, la volonté. S’il
est si difficile d’obtenir cet accord, c’est que chacun a des besoins
particuliers à satisfaire. Tel homme a des pensées lucides, sages, mais voilà
que dans son coeur se sont glissés des sentiments passionnels qui lui font
perdre tout contrôle. Ou s’il est animé des meilleurs désirs, c’est sa volonté
qui est paralysée. Ou encore, son âme et son esprit aspirent au
recueillement, mais le monde environnant présente tellement de séductions
que le coeur et l’intellect se laissent entraîner. Comment peut-il se sentir en
paix au milieu de tous ces tiraillements ?

On saura enfin ce qu’est la paix, et surtout on arrivera à la réaliser quand on


aura compris qu’elle est un résultat, un aboutissement : un état de
conscience qui a pour condition que toutes les fonctions, toutes les activités
psychiques soient parfaitement équilibrées et harmonisées. Dès qu’on cesse
d’écouter la voix de sa nature supérieure, on introduit en soi les germes du
désordre, et par conséquent de la guerre.

204

Pour obtenir la paix, il est donc indispensable de connaître la nature et les


propriétés de chaque élément : pensées, sentiments, désirs, impulsions, afin
de ne jamais rien laisser pénétrer en soi qui puisse troubler l’harmonie
intérieure. Celui qui mange et boit sans mesure ni discernement, introduit
dans son organisme des éléments indigestes qui lui donnent des nausées,
des coliques, des aigreurs d’estomac, etc. Il en est de même dans le plan
psychique : celui qui ne se préoccupe pas de la qualité des sentiments, des
pensées et des désirs dont il se nourrit, s’expose à des « indigestions » qui
l’empêchent de vivre dans la paix.

Et en même temps que l’homme apprend à connaître la nature des éléments


dont il se nourrit dans chaque plan, il doit développer aussi une grande
attention et une volonté puissante afin d’empêcher des éléments nocifs,
impurs de s’introduire en lui. Les sages, les Initiés, qui donnent une telle
importance à la pureté, ne sont pas des fanatiques : c’est en eux d’abord
qu’ils ont constaté que les impuretés dans les sentiments ou les pensées
enlèvent la paix. Et si, vous aussi, vous savez vous observer, vous ferez les
mêmes constatations.

Quand il se produit des désordres dans votre coeur ou votre intellect, c’est
que vous avez absorbé des éléments impurs, et par « impurs » il faut
seulement comprendre étrangers, inassimilables. Comme pour le plan
physique, il est donc nécessaire de procéder à une élimination, à un triage.
C’est cela la purification. Contrairement à ce que pensent beaucoup de
gens, il faut cesser d’associer la pureté au seul domaine sexuel : ce n’en est
qu’un aspect très limité. La pureté concerne tous les domaines de
l’existence. Tant qu’on ne l’a pas compris, cela donne lieu à d’interminables
discussions qui rendent le sujet encore plus obscur.

Vous ne connaîtrez la paix que lorsque vous aurez introduit la pureté dans
tout votre être, grâce à des pensées et des sentiments désintéressés : des
pensées et des sentiments fraternels de justice, de générosité, d’abnégation.

Quelqu’un s’est mal conduit envers vous : si vous ne pensez qu’à la


manière de riposter ou de vous venger, comment trouverez-vous la paix ?
Or, c’est à des ruminations de ce genre que les humains occupent une partie
de leur temps. Dans leur tête, dans leur coeur, à combien de règlements de
comptes ils se livrent chaque jour ! Et même s’ils sont tranquilles pour un
moment, on ne peut pas encore dire qu’ils ont trouvé la paix. Peut-être un
peu de répit, oui, une accalmie, et cette paix-là, même les méchants peuvent
l’avoir. Mais ensuite, de nouveau, ils sont repris par les désordres et les
tourments.

Ne ressentir ni agitation ni trouble pendant quelques heures, cela ne 205

s’appelle pas encore la paix. La paix, la véritable paix est un état stable,
constant. Une fois que vous avez réussi à la réaliser vraiment, vous ne
pouvez plus la perdre. Elle vous suit partout : vous l’avez sentie hier,
aujourd’hui elle est encore là… et le lendemain, dès votre réveil, à nouveau
elle vous attend. Vous êtes étonné de constater que vous n’avez même plus
besoin de faire de grands efforts pour la retrouver. De temps en temps il
peut se produire quelques troubles, mais ce n’est là qu’une agitation
superficielle.

Vous direz : « Mais la vie n’est qu’une succession de changements : succès


et échec, abondance et pauvreté, santé et maladie, joie et peine…

comment pouvons-nous conserver notre paix ? » En pensant à rétablir


chaque jour le lien entre votre conscience et les centres spirituels qui sont
dans votre cerveau et dans votre plexus solaire. Quand vous y parviendrez,
ni les tourments, ni les angoisses n’auront vraiment prise sur vous. Vous
pourrez tomber malade, perdre soudain toute votre fortune, être
emprisonné, persécuté, voir disparaître les êtres que vous aimez, si vous
vous êtes accroché solidement à un point fixe en vous, cette paix ne vous
quittera plus. Je ne dis pas que vous n’allez plus souffrir. Mais souffrir ne
signifie pas perdre sa paix. Dans la mesure où votre conscience ne stagne
pas au niveau des événements, pour chaque difficulté, chaque épreuve vous
trouvez une explication, une vérité qui vous apaise et vous console. Parce
que vous êtes arrivé à vous projeter jusqu’à un sommet, très haut, vous
comprenez que ces états sont passagers, que vous êtes, vous, immortel, et
qu’il y a une région en vous où aucun mal ne peut plus vous atteindre.83

En réalité, cette paix, vous la portez déjà en vous. Si vous n’en êtes pas
conscient, c’est que vous restez encore trop bas, au niveau des événements.

On peut dire aussi qu’au lieu de vous maintenir au centre, vous êtes allé
vous égarer à la périphérie de vous-même, et à la périphérie on est toujours
exposé à des turbulences84. À peine avez-vous goûté une petite accalmie
que le trouble revient vous assaillir, comme pour vous punir d’avoir volé
quelque part ces instants de tranquillité.

Seul celui qui arrive à garder intact ce royaume qu’il représente lui-même,
peut obtenir une paix durable. Il vit dans une telle harmonie que le Ciel
entier se reflète en lui. Il commence à percevoir toutes les splendeurs qui lui
restaient jusque-là cachées : trop d’éléments contraires se heurtaient en lui,
son regard intérieur et même extérieur ne pouvait pas les découvrir.

Observez ce qui se passe quand vous avez appris une mauvaise nouvelle ou
que vous êtes angoissé, irrité : même si vous posez vos yeux sur les êtres ou
les objets, vous ne les voyez pas. Seule la paix, comme le miroir d’une eau
206

tranquille, permet de sentir et de comprendre la présence de réalités


subtiles. C’est pourquoi les Initiés, qui sont arrivés à goûter la véritable
paix, découvrent les merveilles de l’univers.

Ne vous imaginez donc pas que vous trouverez enfin la paix en changeant
de mari ou de femme, d’appartement, d’amis, de métier, de pays, de
religion, etc. La paix ne dépend pas de ces changements-là. Une petite
tranquillité, un répit, oui, peut-être, mais tout de suite après, d’autres
tourments viennent vous assaillir. Vous devez comprendre qu’être en paix
dépend seulement de votre capacité à apporter des changements dans votre
vie psychique. Apportez ces changements et vous pourrez rester avec les
mêmes personnes, dans les mêmes endroits, aux prises avec les mêmes
difficultés, rien ne pourra plus vous troubler. Car la paix véritable vient du
dedans, elle jaillit, elle vous envahit malgré les turbulences et les
trépidations du monde extérieur. C’est comme un fleuve de lumière qui
descend des hauteurs et vient vous traverser.

Seuls ceux qui ont travaillé à soumettre toutes les particules de leur être
physique et psychique aux lois de l’harmonie, sont capables d’apporter la
paix. Cette paix émane d’eux comme quelque chose de réel, de vivant : ils
répandent des ondes bienfaisantes sur toutes les créatures autour d’eux.

C’est de ces êtres-là que Jésus parlait quand il disait : « Heureux ceux qui
apportent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ».

Références bibliques

1. « Heureux ceux qui apportent la paix » – Matthieu 5 : 9

2. « Que la paix soit avec vous ! » – Évangile de Jean 20 : 26

3. « Allez en paix » – Luc 8 : 48

4. « Je vous ai dit cela pour qu’en moi vous ayez la paix » – Évangile de
Jean 16 : 33

5. « Je vous laisse ma paix » – Évangile de Jean 14 : 27

40

Les révélations de Jésus à la samaritaine

« Jésus arriva dans une ville de Samarie, nommée Sychar, près du champ
que Jacob avait donné à Joseph, son fils. Là se trouvait le puits de Jacob.
Jésus, fatigué du voyage, était assis au bord du puits. C’était 207
environ la sixième heure.

Une femme de Samarie vint puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à
boire. Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres. La
femme samaritaine lui dit : Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à
boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? – Les Juifs, en effet, n’ont
pas de relations avec les Samaritains. – Jésus lui répondit : Si tu
connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire !

tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t’aurait donné de l’eau vive.

Seigneur, lui dit la femme, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond :
d’où as-tu donc cette eau vive ? Es-tu plus grand que notre père Jacob, qui
nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses
troupeaux ? Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore
soif, mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et
l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira en
vie éternelle. La femme lui dit : Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je
n’aie plus soif, et que je ne vienne plus puiser ici. Va, lui dit Jésus, appelle
ton mari, et viens ici. La femme répondit : Je n’ai point de mari. Jésus lui
dit : Tu as raison de dire : Je n’ai point de mari. Car tu as eu cinq maris, et
celui que tu as maintenant n’est pas ton mari. En cela tu as dit vrai.
Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es prophète. Nos pères ont adoré
sur cette montagne : et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à
Jérusalem. « Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni
sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. L’heure vient,
et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et
en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est
esprit, il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. »1

Référence biblique

1. « Jésus arriva dans une ville de Samarie nommée Sychar » – Évangile de


Jean 4 : 1-23

I. La source d’eau vive


À la femme qui vient puiser de l’eau au puits, Jésus demande de lui donner
à boire. Et comme elle s’étonne de ce qu’un Juif fasse une telle demande à
une Samaritaine, il répond que c’est elle d’abord qui devrait lui 208

demander de l’eau. Cela l’étonne encore davantage : elle ne comprend pas


de quelle eau il lui parle, elle croit sans doute qu’il peut lui montrer un autre
puits qui lui évitera la fatigue de venir chaque jour jusqu’à celui-là…

Et elle comprend sans doute encore moins quand Jésus lui répond d’aller
chercher son mari. Elle est obligée de dire qu’elle n’en a pas.

Laissons de côté la question de la clairvoyance de Jésus qui « voit » que


cette femme a eu cinq maris et que l’homme avec qui elle vit maintenant
n’est pas son mari. Ce qui est important ici, c’est la relation qui existe entre
l’eau dont parle Jésus, cette eau qui donne la vie éternelle, et le mariage.

Qu’est-ce que la vie éternelle ? Un état de conscience qui résulte du travail


que font ensemble en nous le principe masculin et le principe féminin,
l’intellect et le coeur, l’esprit et l’âme. Ni le principe masculin seul ni le
principe féminin seul ne peut vivre la vie éternelle. Intérieurement, il faut
les deux. Et c’est cela le vrai mariage. Vous voulez rester célibataire ? Cela
ne se justifie que dans le plan physique ; dans le plan spirituel chacun doit
unir en lui le masculin et le féminin et veiller à ce qu’ils fassent « bon
ménage ». 85

Dans un autre passage de l’Évangile de saint Jean, il est dit que « le grand
jour de la fête, Jésus, se tenant debout, s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il
vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive
couleront de son sein. » Ou, d’après d’autres versions : « de ses entrailles
jailliront des sources d’eau vive ».1 Le sein, les entrailles correspondent
dans notre corps physique à la région du plexus solaire et du centre Hara. Il
est donc nécessaire d’avoir quelques connaissances de ces centres pour
pouvoir interpréter les paroles de Jésus.

Généralement, les chrétiens n’ont pas ces connaissances, car sous prétexte
qu’il faut donner la première place à l’âme et à l’esprit, l’Église leur a
enseigné à négliger leur corps physique, à le mépriser, ou même à le
maltraiter en considérant qu’il n’a aucun rôle à jouer dans la vie spirituelle
et qu’il est même un obstacle. Eh bien, c’est une erreur, une grave erreur, il
n’est pas bon de séparer le corps physique de l’âme et de l’esprit. En faisant
des exercices destinés à éveiller les centres subtils situés dans différents
endroits du corps physique, celui qui vit selon les règles de l’amour et de la
sagesse entre en contact avec les puissances de l’âme et de l’esprit et
parvient à une compréhension supérieure des choses.

Voilà pourquoi les chrétiens ont beaucoup à apprendre des Orientaux.

Les hindous, par exemple, sont dans le vrai quand ils associent leurs trois
209

grandes divinités, Brahma, Vishnou et Shiva, aux trois centres vitaux du


corps physique : Brahma, le créateur, au plexus solaire ; Vishnou, le
conservateur, au coeur ; et Shiva, le destructeur, au cerveau. Ainsi Brahma
le créateur, le maître de la vie, a sa demeure dans le plexus solaire. La vie
physique se perpétue par les organes génitaux, mais par le plexus solaire
l’homme entre en relation avec le fleuve de la vie cosmique. Quand son
plexus solaire s’ouvre à l’eau de la vie divine, il devient lui-même une
source, et l’eau qui irrigue tout son être abreuve aussi les créatures autour
de lui.

Pour comprendre quelle est cette eau qui coule des entrailles dont parle
Jésus, il faut savoir que le plexus solaire est aussi un organe de la vie
spirituelle. Sinon, quelle est cette eau qui coulerait de ces entrailles ? Parce
que l’être humain est construit à l’image de l’univers, l’eau vive qui jaillit
de Dieu, la Source cosmique, jaillit aussi en lui, à travers son plexus solaire.
C’est pourquoi Jésus dit encore à la Samaritaine : « Celui qui boira l’eau
que je lui donnerai n’aura plus jamais soif, et l’eau que je lui donnerai
deviendra en lui une source qui jaillira en vie éternelle. » Il faut être allé
très loin dans la connaissance des correspondances qui existent entre l’être
humain et l’univers pour mesurer la profondeur de ces paroles.

Cet homme créé par Dieu à l’image de l’univers, les kabbalistes l’appellent
Adam Kadmon (de « adam », homme, et « kadmon », primordial), je vous
en ai déjà parlé. Adam Kadmon, c’est l’homme cosmique, le premier être
créé par Dieu, dont le corps est formé des constellations et des mondes.
Dieu Lui-même est au-delà de l’univers créé représenté par l’Arbre
séphirotique, Il est au-delà de la séphira Kéther.

C’est Adam qui commence dans Kéther. Kéther est sa tête ; Hohmah son
oeil droit et le côté droit de son visage ; Binah son oeil gauche et le côté
gauche de son visage ; Hessed est son bras droit et Guébourah son bras
gauche ; Tiphéreth est son coeur et son plexus solaire ; Netsah sa jambe
droite et Hod sa jambe gauche ; Iésod est son sexe et Malhouth ses pieds.

Adam Kadmon est l’archétype à partir duquel l’être humain a été créé. Cette
entité que les chrétiens appellent le Christ est une figure d’ Adam Kadmon.

Celui qui parvient à s’identifier au Christ, l’Homme cosmique, sent l’eau de


la Source divine couler à travers ses entrailles.

210
Référence biblique

1. « Le grand jour de la fête, Jésus se tenant debout s’écria » – Évangile de


Jean 7 : 37-38

II. Adorer Dieu « en esprit et en vérité »

« L’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que


vous adorerez le Père… L’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais
adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. »1 Ce qui est
extraordinaire, c’est que, là encore, Jésus fait cette révélation à une femme
qui ne pouvait pas réellement comprendre le sens de ses paroles. Et il 211

n’indique pas un autre lieu qui pourrait remplacer la montagne de Samarie


ou le temple de Jérusalem, il ne mentionne aucun lieu, mais il prononce
deux mots abstraits parmi les plus inconcevables pour l’intelligence
humaine : esprit et vérité. L’esprit s’oppose à la matière et la vérité s’oppose
à l’apparence, à l’illusion, à l’erreur, au mensonge. Donc, adorer Dieu « en
esprit », c’est abandonner les formes matérielles qui limitent, emprisonnent
; et L’adorer « en vérité », c’est Le chercher au-delà de l’illusion et des
apparences.

Une religion n’est qu’une forme que prend l’esprit divin pour se manifester.
Or, aucune forme ne peut demeurer inchangée. Le christianisme, qui est né
dans le Moyen Orient, a reçu dès le début certains éléments des cultures
grecque et latine ; ces éléments se sont ajoutés à ceux hérités de la religion
juive, qui avait elle-même été influencée par les religions des pays voisins :
Égypte, Mésopotamie, etc. Une religion ne naît jamais de rien, elle reçoit
certains éléments des religions antérieures, et elle-même se transforme au
fur et à mesure de sa diffusion loin de son lieu d’origine.

Même si ce sont toujours les mêmes textes sacrés, il y a une distance de


plus en plus grande entre ce que les personnes lisent et la manière dont elles
comprennent et ressentent ces textes. L’évolution est la loi de la vie, c’est
pourquoi il n’est pas raisonnable de s’acharner à éterniser la forme d’une
religion quelle qu’elle soit, il faut seulement veiller à ce qu’elle soit
toujours vivifiée par l’esprit.

Pour beaucoup de chrétiens, l’expression « en esprit et en vérité »

caractérise seulement la nouvelle religion que Jésus apportait, et qu’il aurait


ainsi opposée à la religion de Moïse et aux cultes païens très nombreux
alors en Palestine. Non, Jésus ne parlait pas pour une religion particulière,
car toutes les religions ont tendance à se matérialiser, à s’accrocher à des
objets, à des lieux, à des pratiques extérieures. S’il revenait aujourd’hui, il
prononcerait certainement à peu près les mêmes paroles, il dirait aux
croyants de toutes les religions : « L’heure vient où ce ne sera ni à
Jérusalem, ni à Rome, ni à la Mecque, ni à Bénarès… que vous adorerez
Dieu, mais en esprit et en vérité. » Après deux mille ans, combien en sont
capables ?

Pour comprendre, un enfant a besoin qu’on lui raconte des histoires, qu’on
lui montre des images, des objets concrets. Dans le domaine de la religion,
la plupart des humains en sont encore au stade de l’enfance : ils ont besoin
de quelque chose de concret, de tangible. Si on leur annonçait un jour : «
Désormais, il n’y aura plus de lieux de culte, plus de cérémonies, 212

plus de pèlerinages, plus de statues ni d’images saintes, plus rien de


matériel ni d’extérieur : vous allez adorer Dieu en esprit et en vérité », que
se passerait-il ? Ce serait le vide pour eux, ils seraient désorientés.

Seul un être très évolué peut trouver en lui le sanctuaire où il entrera pour
s’adresser au Seigneur, où il touchera, goûtera et respirera les splendeurs du
Ciel.86 Pour celui qui est capable d’arriver jusque-là, il n’y a plus de limite
; il travaille et avance à l’infini dans le monde de l’âme et de l’esprit. Mais
il ne serait pas raisonnable de demander à tous les croyants d’abandonner
du jour au lendemain les expressions matérielles, extérieures de leur
religion afin d’adorer Dieu « en esprit et en vérité ». La plupart n’y sont pas
prêts. Longtemps encore ils auront besoin de donner à leur foi certaines
formes matérielles : des lieux, des images, des objets de culte et, à certaines
périodes de l’année, ils continueront à célébrer des fêtes qui sont
l’expression de leurs croyances. Mais justement, ils doivent comprendre
qu’elles n’en sont qu’une expression, qu’une forme, elles ne sont pas la
religion ou la spiritualité elle-même.

Le culte des saints est en soi une bonne chose ; on ne peut pas reprocher à
des croyants de vénérer des icônes, des statues, des reliques, et de prier, de
s’agenouiller devant elles. Mais ils doivent prendre conscience que ce n’est
pas ces reliques ou ces images qui vont les aider, les protéger : elles les
mettent seulement en communication avec l’entité qu’elles représentent, et
c’est déjà beaucoup. Ils ont là de grandes possibilités, mais à condition de
rester conscients que ces images ou ces objets sont seulement des formes.
Au-delà de ces formes, ils doivent chercher le principe, l’entité spirituelle
qu’elles représentent, car c’est cette entité qui est puissante et qui peut
exaucer leurs prières. 87 Comprenez bien : l’essentiel c’est de s’habituer à
tourner ses pensées vers les entités supérieures afin d’être un jour habité par
elles. C’est ainsi que vous avancerez sur le chemin en gardant toujours la
tête dans la lumière.

Une église, un temple sont des lieux consacrés où des multitudes de


personnes sont déjà venues se recueillir, et vous y trouverez de meilleures
conditions pour entrer en contact avec la Divinité que dans un endroit où les
gens se rencontrent pour discuter, se distraire, passer le temps. Mais
l’essentiel, c’est vous. Vous pouvez aller prier Dieu dans le sanctuaire le
plus beau et le plus fréquenté du monde ; si vous ne cherchez pas d’abord à
devenir vous-même un sanctuaire, c’est en vain que vous prierez. Mais
introduisez en vous l’ordre, la pureté, la lumière, où que vous soyez votre
213

prière s’élèvera jusqu’au trône de Dieu.

Et de même qu’il ne doit pas y avoir nécessairement un lieu pour adorer


Dieu « en esprit et en vérité », il ne doit pas non plus y avoir nécessairement
un moment. Chaque religion a choisi un jour particulier réservé au culte.
Pour les musulmans, c’est le vendredi, pour les juifs le samedi, pour les
chrétiens le dimanche… Il n’y a en réalité aucune différence entre ces jours.
Aux yeux de Dieu, tous les jours sont également sacrés, bénis. Passer six
jours à oublier Dieu dans des préoccupations et des activités matérielles,
prosaïques, et le septième, enfin, se rappeler qu’Il existe et tourner ses
regards vers Lui, cela n’a aucun sens. Dans quel état arrivez-vous devant
Lui si vous avez vécu les six autres jours dans la négligence, l’inconscience
? Croyez-vous qu’Il appréciera cette hypocrisie ? Ce que vous vivez le
septième jour dépend de la façon dont vous avez déjà vécu les six autres, il
ne faut pas se leurrer. Donc, dans la véritable religion du Christ « en esprit
et en vérité », c’est partout et tous les jours que nous devons nous sentir
dans le temple de Dieu pour Le célébrer et L’adorer.

On ne peut pas vivre une religion en esprit et en vérité si on reste accroché à


ce qui est là, à portée de la main ou de la bouche. Car Dieu est très haut, très
haut, et celui qui veut boire de l’eau vive doit faire l’ascension de la
montagne pour se désaltérer à la source. 88

Référence biblique
1. « L’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem » –
Évangile de Jean 4 : 23

41

« Le Royaume de Dieu

est semblable à un grain de sénevé »

« Le Royaume de Dieu est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a


pris et semé dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences ;
mais quand il a poussé, il devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel
viennent habiter dans ses branches. »1

Que pouvez-vous savoir d’une graine tant qu’elle n’est pas semée ? 89

Rien, car la vie y est figée, elle attend… Mais dès que vous la mettez en
214

terre, elle se divise, un germe apparaît et il devient une tige qui commence à
pousser. C’est alors que peu à peu vous découvrez comment sera l’arbre
qu’elle contient en puissance. Ce n’est jamais la taille du grain qui compte,
mais sa vigueur. Et dans ce sens on peut interpréter le grain de sénevé
comme une pensée ou un sentiment. Une pensée, un sentiment sont
imperceptibles, mais s’ils sont intenses et si on leur en donne les conditions,
ils produisent d’immenses réalisations.

« Et les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches », dit Jésus.

Les oiseaux, ce sont les esprits du monde invisible : ils viennent visiter les
créatures qui ont embrassé la vie spirituelle, car ils trouvent un abri en elles.

Du point de vue de la science kabbalistique, la graine mise en terre dans le


monde d’en haut, c’est la première séphira de l’Arbre de vie, Kéther, la
Couronne. (voir schéma) Du moment où elle a été semée, la graine se divise
et se polarise. C’est Hohmah, la Sagesse, le binaire, la polarisation en
masculin et féminin, en positif et négatif ; les forces contenues dans la
Couronne se séparent.
En réalité, ces forces ne sont pas complètement séparées, car elles restent
attachées à la Couronne qui leur dit : « Vous êtes masculines et féminines,
positives et négatives, alors unissez-vous et allez travailler dans le monde. »
C’est alors qu’intervient Binah, l’Intelligence, qui les harmonise. Comme le
lui a ordonné la Couronne, Binah réconcilie les contraires et le germe
apparaît.

Kéther, Hohmah et Binah sont les racines enfouies dans le sol du monde
d’en haut. Vous direz : « Pourtant, c’est en bas, dans la terre, qu’un arbre
enfonce ses racines ? » Oui, mais la véritable tête d’un arbre, ce sont ses
racines, car c’est par elles qu’il se nourrit. Pour l’homme, les véritables
racines sont en haut, dans sa tête, comme l’Arbre de vie. L’homme est un
arbre dont les racines s’enfoncent profondément dans le Ciel. De même que
les trois séphiroth Kéther, Hohmah et Binah, notre tête, le sommet de notre
être, respire et se nourrit dans le sol du monde divin.

L’arbre émerge maintenant du sol : c’est la quatrième séphira, Hessed, la


Miséricorde. Hessed représente le tronc de l’arbre qui doit tenir debout quoi
qu’il arrive.

La cinquième séphira, Guébourah, la Force, correspond aux branches qui


commencent à s’étendre de tous côtés, afin de s’affirmer en occupant le
plus d’espace possible.

215

La sixième séphira, Tiphéreth, la Beauté, ce sont les feuilles qui donnent


une parure à l’arbre, et lui permettent aussi de respirer et de se nourrir de
lumière.

Après les feuilles apparaissent les bourgeons. C’est la septième séphira,


Netsah, la Victoire. Si l’arbre est parvenu à ce stade, c’est qu’il a été
capable de résister aux intempéries, de surmonter toutes les difficultés, et il
produira des fruits.

Grâce au travail réalisé dans les bourgeons, des fleurs maintenant


apparaissent. C’est la huitième séphira, Hod, la Gloire, la Louange. L’arbre
se couvre de fleurs et offre ses parfums, comme de l’encens, pour célébrer
la gloire de l’Éternel.

Enfin, dans la fleur se forme le fruit, et le soleil le fait mûrir en lui donnant
des couleurs. C’est la formation de l’enfant, la neuvième séphira, Iésod, le
Fondement.

Et le fruit sera le point de départ d’une autre vie, d’un nouvel arbre. Car le
fruit issu de Kéther qui est la graine originelle, contient lui-même des
graines. C’est Malhouth, la dixième séphira. De 1 qu’il était, le grain est
devenu 10, c’est-à-dire, symboliquement, la multitude.

Le grain est toujours un commencement, le point de départ d’une vie


nouvelle. Mais, et retenez bien ceci, alors que dans le plan physique le
commencement est en bas – on construit toujours un édifice en commençant
par le bas – dans le plan spirituel le déroulement des processus s’inverse :
on commence à construire à partir d’en haut. C’est pourquoi, à l’inverse du
plan physique, dans le plan spirituel la croissance se fait de haut en bas.

Le grain enfoui dans la terre d’en haut est donc la première séphira, Kéther.
Pour se développer, il se divise d’abord en deux, puis il devient tige,
branches, feuilles, bourgeons, fleurs et fruits ; et le fruit à son tour donne
des graines. Le grain semé, Kéther, devient un arbre en passant
successivement par toutes les autres séphiroth jusqu’à Malhouth. Le fruit
mûr, le fruit qui donne la vie, la chair que l’on mange, c’est Iésod, et il porte
la graine. À la fin de sa croissance, le grain semé devient donc le grain dans
le fruit, et Malhouth, le grain d’en bas, est identique à Kéther, le grain d’en
haut, car le commencement et la fin des choses sont toujours identiques.
Chaque point de départ n’est rien d’autre que le terme d’un développement
antérieur, et chaque aboutissement est le point de départ d’un autre
développement. Toute chose a un commencement et une fin, mais il
n’existe pas de véritable commencement. Une cause engendre toujours 216

des conséquences, et ces conséquences sont les causes de conséquences


nouvelles…

Chaque graine ou semence produite par le fruit représente Malhouth, le


Royaume de Dieu. Comment reconnaître que ce fruit est bien le Royaume
de Dieu ? En mettant la graine en terre : on verra bientôt apparaître toutes
les richesses qu’elle possède en puissance. Voilà pourquoi Jésus compare le
Royaume de Dieu, Malhouth, au grain de sénevé. « Et quand il a poussé il
devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses
branches. » Qui sont ces oiseaux ? Les hiérarchies angéliques qui peuplent
l’univers.

L’Arbre de Vie représente donc l’univers que Dieu habite et imprègne de sa


quintessence, et il représente également l’être humain qu’Il a créé à son
image.2 L’être humain, le microcosme est à une échelle réduite la répétition
de l’Arbre cosmique, le macrocosme. S’il en est conscient, s’il travaille
dans le sens de sa prédestination divine, les oiseaux du ciel, les anges,
viennent s’abriter dans ses branches : ils trouvent en lui une demeure, et ils
le remplissent de leur lumière et de leurs grâces.

Références bibliques

1. Parabole du grain de sénevé – Matthieu 13 : 31

2. L’être humain créé à l’image de Dieu – Genèse 1 : 26

42

« Par tes paroles tu seras justifié,

et par tes paroles tu seras condamné »

Vous avez aidé un membre de votre famille, une personne de votre


entourage, ou même un inconnu. Puis, un jour, vous découvrez que cette
personne ne méritait pas votre aide et vous allez vous plaindre partout :
après ce que vous avez fait pour elle, elle s’est montrée ingrate, elle vous a
trompé, trahi, et vous regrettez l’aide que vous lui avez apportée. Mais
pourquoi raconter tout ça ? Il était inscrit dans les registres d’en haut que
vous deviez être récompensé pour votre bonne action, et maintenant, en
agissant comme vous le faites, vous effacez cette bonne action. Même si
quelqu’un vous a trompé, même si quelqu’un vous a lésé, n’en parlez pas.

Que croyez-vous gagner en faisant savoir partout que vous avez été 217
victime ? Est-ce que cela vous dédommagera de ce que vous avez fait de
bon pour cette personne alors que, d’après vous, elle ne le méritait pas ?

Qui sait si par vos paroles vous ne lui porterez pas un préjudice plus grand
que celui que vous avez subi ?

On parle, on parle, sans être conscient que la parole est une arme terrible et
qu’on est responsable de l’usage que l’on en fait. En apparence une parole
n’est qu’un souffle d’air et ne porte pas à conséquence. Eh bien, si, ce
souffle d’air porte à conséquence. « C’est de l’abondance du cœur que la
bouche parle », disait Jésus. « L’homme bon tire de bonnes choses de son
bon trésor, et l’homme méchant tire de mauvaises choses de son mauvais
trésor. Je vous le dis : au jour du jugement, les hommes rendront compte de
toute parole vaine qu’ils auront proférée. Car par tes paroles tu seras
justifié et par tes paroles tu seras condamné. »1

Sur le plan des actes, on est limité : il n’est pas si facile de ruiner quelqu’un,
de briser sa carrière, de l’éliminer ou de détruire sa famille ; et en admettant
même que ce soit réalisable, on s’expose à être pris et condamné. Mais on
peut jeter facilement et sans trop de risque des paroles à droite et à gauche,
et ces paroles, comme des allumettes enflammées, provoquent des incendies
partout, dans les familles, dans l’entourage, sur le lieu de travail, dans la
société et même parfois dans le monde entier.

Combien de ruptures, de tragédies, ont pour cause quelques paroles,


prononcées ou écrites, lancées consciemment à un moment où on sait
qu’elles produiront le plus de dégâts ! Et de nos jours par le téléphone, la
presse, la radio, la télévision, etc., les humains ont tellement de possibilités
d’agir par la parole ! C’est pourquoi ils doivent se montrer de plus en plus
vigilants.

Si tellement de gens parlent sans se rendre compte de ce qu’ils disent et


pourquoi ils le disent, c’est qu’ils ne contrôlent ni leurs pensées, ni leurs
sentiments. Et ils croient que ce n’est pas grave, parce qu’ils ignorent le
trajet que suivent leurs paroles et les dégâts qu’elles peuvent produire en
chemin. Une parole est comparable à une fusée qui parcourt l’espace : sur
son passage elle déclenche des forces, excite des entités et provoque des
effets irréversibles. Il y a toujours dans la nature un des éléments, la terre,
l’eau, l’air ou le feu qui est là, attentif, attendant le moment de participer à
la réalisation de tout ce que les humains expriment par les mots. Il arrive
que cette réalisation se produise très loin de ceux qui en ont donné les
germes. Mais ce n’est pas parce qu’ils ne voient rien qu’il ne se produit
rien. La parole est une puissance qui parcourt l’espace et qui agit. 90

218

Il arrive évidemment que certaines personnes se rendent compte qu’elles


sont allées trop loin dans les critiques ou qu’elles ont même porté des
accusations mensongères, et elles le regrettent. Supposons maintenant que
quelqu’un vienne me voir pour me demander comment réparer le mal qu’il
a fait par ses paroles. D’abord, je lui ferai comprendre que ce mal est
irréparable, car les paroles prononcées se sont enregistrées et elles ont déjà
provoqué des dégâts dans les régions invisibles, et même visibles parfois.

Mais je lui conseillerai de parler maintenant de la personne dont il a dit du


mal, en insistant sur ses qualités. Comme il y a toujours quelque chose de
bon dans chaque créature, il trouvera une qualité, et cela atténuera un peu
les effets des paroles négatives. Mais qu’il se dépêche ! Car plus le temps
passe, plus les mauvaises paroles produisent des effets négatifs. Les bonnes
paroles ne suffisent pas pour réparer, elles ne neutralisent pas les mauvaises,
car ayant été prononcées plus tard, elles se sont enregistrées dans une autre
couche de l’atmosphère, et les couches se superposent. On ne peut pas
rattraper les paroles que l’on a lancées : elles se trouvent déjà enfouies sous
d’autres couches physiques ou psychiques. Le temps est donc là un facteur
très important.

Il existe bien un moyen encore plus puissant que la parole, c’est la pensée.
Mais là, une autre sorte de difficulté se présente : pensée et parole
appartiennent à deux plans différents. La parole appartient au plan
physique, c’est une vibration, une onde qui se déplace dans l’air ; tandis que
la pensée appartient déjà au plan éthérique. 91 Si vous avez laissé échapper
quelques mots injustes ou méchants contre quelqu’un, tâchez, dès que vous
en prenez conscience, de vous lier aux entités bienveillantes du monde
invisible et concentrez votre pensée en lui envoyant beaucoup de lumière et
d’amour.
Quelques dégâts se seront certainement déjà produits et il faudra du temps
pour qu’il ressente les effets de vos bonnes pensées, mais vous aurez évité
le pire.

Combien de personnes s’imaginent qu’il suffit d’aller s’excuser auprès de


ceux à qui leurs paroles ont porté préjudice ! Eh bien, non, cela ne suffit
pas. Dire : « Je suis navré, pardonnez-moi », c’est bien, mais c’est
insuffisant. Il faut réparer les dégâts. Quand on vous fait un cadeau, vous
dites « merci », mais le mot « merci » n’est pas l’équivalent de ce que vous
avez reçu. De la même manière, le mot « pardon » ne peut pas réparer le
mal que vous avez fait. Et même si la personne que vos paroles ont lésée
vous pardonne, la question n’est pas réglée non plus, car la loi et la
personne sont deux choses différentes. En vous pardonnant la personne fait
219

preuve de générosité, de noblesse, et elle se libère. Mais la loi, elle, ne vous


pardonne pas, elle vous poursuit jusqu’à ce que vous ayez réparé.

Tant que vous n’avez pas réparé, les paroles négatives que vous avez
prononcées contre quelqu’un continuent à produire des serpents, des tigres,
des loups – symboliquement parlant – qui viennent massacrer et dévorer ses
brebis. Cela veut dire que les mauvaises conséquences de vos paroles
nuisent aussi aux parents, aux enfants ou aux amis de la victime. Donc, rien
n’est rétabli. Vous devez maintenant trouver d’autres paroles, d’autres
pensées, d’autres actes qui répareront les dégâts. À ce moment-là, vous
serez pardonné non seulement par la personne que vous avez lésée, mais
aussi par la loi qui avait enregistré ces dégâts. Ne croyez donc pas que l’on
peut tout réparer facilement avec des excuses. C’est peut-être réglé pour la
personne généreuse qui grandit intérieurement en vous pardonnant ; mais ce
n’est pas réglé du point de vue de la justice cosmique. Il ne faut donc pas
s’étonner que Jésus se soit exprimé aussi sévèrement : « Je vous le dis : au
jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils
auront proférée. Car par tes paroles tu seras justifié et par tes paroles tu
seras condamné. » Jésus connaissait la loi.

Combien de gens, insatisfaits de leurs conditions de vie, en veulent au


monde entier parce que l’existence est difficile pour eux ! Les paroles
haineuses qu’ils lancent alors contre ceux qui sont plus privilégiés ou qu’ils
croient responsables de leur situation sont vraiment destructrices : elles sont
remplies d’énergies dont ils ne sont certainement pas conscients mais qui
risquent de faire beaucoup de mal. Il n’est pas permis d’agir ainsi. Celui qui
se sent désavantagé, frustré, peut se plaindre et pleurer si ça doit le soulager,
mais qu’il laisse les autres tranquilles, il n’a pas à les attaquer. Il doit
comprendre que s’il a tendance à prononcer des paroles négatives, c’est là
une faiblesse et non une force dont il peut être fier. Qu’il prenne donc des
précautions et essaie de dominer ses impulsions négatives ; un jour, tôt ou
tard, il aura le dessus. Mais pour parvenir à ce résultat, il doit être bien
conscient qu’aucune parole prononcée ne reste sans conséquence.

Les paroles négatives sont comme un support matériel qui est fourni aux
esprits malfaisants, et ils s’en servent pour l’exécution de leurs mauvais
desseins. Alors, attention, car même si vous ne pensez pas vraiment le mal
que vous dites de quelqu’un, des entités maléfiques peuvent se servir de la
matière de ces paroles pour les réaliser. Et inutile de le leur reprocher : vous
n’aviez pas à leur fournir les occasions de faire du mal.

Donc, désormais quand vous parlerez de quelqu’un, évitez les critiques,


surtout si vous n’êtes pas tout à fait sûr des faits que vous rapportez. Et 220

même si pour certaines raisons vous êtes obligé de parler du comportement


d’une personne qui a mal agi, n’oubliez pas, par mesure pédagogique, de
finir en mentionnant au moins une de ses qualités. Souligner les défauts ou
le mauvais comportement des gens n’a jamais servi à les corriger. Avec des
critiques, on ne fait qu’ajouter du mal au mal.

Quand des chrétiens se laissent aller à la médisance, ils savent très bien
qu’ils ne respectent pas les préceptes évangéliques, ce qui ne les empêche
pas de continuer. Mais ce qu’ils ignorent, c’est qu’il existe aussi une loi
selon laquelle celui qui s’acharne sur les autres, leur communique ses
propres énergies ; à son insu c’est donc lui qui les renforce. Quelqu’un vous
a fait du tort et vous le considérez comme un ennemi… C’est entendu. Mais
si vous voulez que cet ennemi s’affaiblisse, dites du bien de lui, trouvez-lui
au moins une bonne qualité et parlez aux autres de cette qualité. À ce
moment-là, les entités du monde invisible chargées de rétablir la justice se
présenteront devant lui et lui diront : « Combien as-tu dans ta caisse ?…
Bon, une partie sera pour celui-là, là-bas, parce qu’il a dit du bien de toi. »

Mais si vous le poursuivez de vos critiques, de vos médisances, ces entités


se présentent devant vous et c’est vous qui êtes obligé de lui donner de vos
énergies psychiques et même physiques ! Donc, vous renforcez votre
ennemi. C’est cela que vous voulez ?

Référence biblique

1. « C’est de l’abondance du coeur que la bouche parle » – Matthieu 12 :


35-37

43

« Si ton œil droit est pour toi

une occasion de chute… »

« Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le
loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres
périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne. 92 Et si ta
main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de
toi… »1

Puisque Jésus n’a rien écrit, il est possible que certaines de ses paroles aient
été incorrectement ou incomplètement rapportées. Comment savoir si Jésus
a réellement prononcé ces paroles ?… En comparant le texte des 221

Évangiles avec ce qui est écrit dans le grand livre de la nature vivante.

Beaucoup de tentations passent évidemment par les yeux, mais ce ne sont


pas eux qui en sont l’origine. Si l’homme arrache son œil droit, la tentation
passera par son œil gauche ; il devra l’arracher lui aussi, mais ce n’est pas
pour autant qu’il cessera d’être tenté. Et de même pour les mains. Ce ne
sont pas les mains qui lui inspirent le désir de s’emparer de ce qui
appartient aux autres ou de les maltraiter. Même sans les mains il trouvera
toujours le moyen d’arriver à les léser ou à leur nuire. Donc, sans yeux, sans
mains, les hommes et les femmes seront toujours tentés, et si on devait
suivre le conseil de Jésus à la lettre, la terre entière serait remplie
d’aveugles et de manchots. Est-ce vraiment cela qu’il souhaitait ? Et même
aveugles et manchots ils seront précipités dans la géhenne, car d’une façon
ou d’une autre ils auront trouvé le moyen de succomber à la tentation.

Il faut donc réfléchir et s’instruire auprès de la nature. Et là, que nous


apprend-elle ? Que ce ne sont ni les organes, ni les membres de l’homme
qui éprouvent des désirs : ils sont seulement des instruments qui lui
permettent de les réaliser. Ce qui en lui éprouve des désirs, c’est le corps
astral. C’est donc sur ce corps qu’il doit travailler pour purifier, ennoblir ses
désirs, car selon leur nature obscure ou lumineuse, généreuse ou égoïste, il
se lie aux régions de l’espace et aux entités qui leur correspondent.

L’être humain sera toujours habité par des instincts, des désirs qui sont pour
lui des occasions de chute. Mais il ne doit pas chercher à les combattre, les
arracher, les extirper, car ils représentent les racines de son être, et s’il
arrache ses racines, la source de sa vie finit par se tarir. Ses instincts, ses
désirs, il doit uniquement s’efforcer de les transformer, de les sublimer.
Seulement, voilà : dans quelque domaine que ce soit, chacun comprend
mieux les mots rejeter, arracher, couper, extirper, que les mots transformer,
transmuter, sublimer. C’est donc là qu’il y a un travail à faire.

Quand vous sentez qu’un désir peut vous amener à mal agir, il est souvent
presque inutile de lutter directement contre lui. Laissez donc ce désir
tranquille, ne vous attaquez pas à lui, mais cherchez à vous élever plus haut
jusqu’au plan des sentiments, de la pensée, de l’âme, de l’esprit, et là,
orientez-le différemment.

Quand un homme rencontre une femme, il peut éprouver le besoin de se


jeter sur elle comme sur une proie, ou bien la considérer comme une
émanation de la Mère divine qu’il doit respecter : son attitude ne dépend
pas de ses yeux, mais de son niveau de conscience. Et s’il a un ennemi, son
bras peut servir à lui donner des coups, ou au contraire à l’aider si
l’occasion s’en présente, parce qu’il a compris que cet être est comme lui
222

un fils de Dieu, et il se souvient des paroles de Jésus : « Aimez vos ennemis


».932 Il y a eu dans l’histoire des exaltés, des fanatiques qui, pour résoudre
la question du désir sexuel, se sont mutilés. Mais ne pas pouvoir donner une
issue physique à ce désir n’empêche pas de le ressentir ! Pour échapper à ce
qu’ils croyaient être les feux de l’enfer, ils sont tombés dans un enfer encore
plus brûlant, et là, même privés de leurs organes sexuels, ils ont été poussés
à commettre des actes criminels. C’est intérieurement et non physiquement
qu’il faut régler cette question. 94

On ne peut pas encourager les humains à travailler sur la maîtrise de soi en


leur parlant d’arracher un membre ou des organes. Qu’a dit réellement Jésus
? Il est impossible de le savoir. Il ne faut évidemment pas supprimer des
passages des Évangiles sous prétexte qu’ils sont obscurs, mais il faut
donner des explications. En réalité, ces versets posent la question de
l’abstinence, du renoncement. À quoi l’homme doit-il renoncer pour ne pas
être précipité dans la géhenne, mais entrer dans le Royaume de Dieu ?… En
tout cas, pas à ses membres et à ses organes ! Mais qu’il renonce à ses
pensées et à ses sentiments passionnels, qu’il cherche à les purifier, à les
éclairer, et il trouvera le salut.

Références bibliques

1. « Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute » – Matthieu 5 : 29

2. « Aimez vos ennemis » – Matthieu 5 : 44

44

« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants

et de le jeter aux petits chiens »

« Jésus, étant parti de là, se retira dans le territoire de Tyr et de Sidon.

Et voici, une femme cananéenne, qui venait de ces contrées, lui cria : Aie
pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est cruellement tourmentée
par le démon. Il ne lui répondit pas un mot, et ses disciples s’approchèrent
de lui, et lui dirent avec instance : Renvoie-la, car elle crie derrière nous !
Il répondit : Je n’ai été envoyé que pour les brebis perdues de la maison
d’Israël. Mais elle vint se prosterner devant lui, disant : Seigneur, secours-
moi ! Il répondit : Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le
jeter aux petits chiens. Oui, Seigneur, dit-elle, 223

mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs
maîtres. Alors Jésus lui dit : Femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait
comme tu veux. Et, à l’heure même, sa fille fut guérie. »1

Si on se contente de faire une lecture superficielle de ce texte, on ne peut


que s’étonner de la réaction de Jésus. Une femme vient le supplier de
délivrer sa fille d’un démon et il commence par refuser : puisque cette
femme est cananéenne, elle ne fait pas partie de ses brebis (les Cananéens,
en effet, n’étaient pas fidèles au Dieu unique, le Dieu d’Israël, ils vouaient
aussi un culte à d’autres divinités). Ce n’est pas là l’image que l’on a
habituellement de Jésus qui, partout où il allait, ouvrait son cœur et ses bras
aux malheureux qui lui demandaient de l’aide. Quand il parlait aux foules,
il ne faisait pas de différence entre les êtres, il s’adressait à tous, et ceux qui
étaient capables de recevoir sa parole étaient secourus, éclairés. Mais il ne
pouvait pas guérir tous les malades ni délivrer tous les possédés de leurs
démons. Un Maître spirituel a une mission déterminée à remplir. Là où il se
trouve et dans le temps qui lui est donné pour son travail, il ne peut pas
s’occuper de tous ceux qui auraient besoin de son aide. La mission de Jésus
a duré trois ans, et il devait se concentrer sur les brebis qui faisaient partie
de son troupeau qu’il appelle : « les brebis perdues de la maison d’Israël

».

Il est difficile d’imaginer ce que coûte à un Maître spirituel de prendre sur


lui les fardeaux des humains. On croit que c’est facile : il a tellement de
pouvoirs ! Il n’a qu’à prononcer quelques paroles, poser ses mains sur eux,
et comme par un coup de baguette magique ils deviennent sains de corps et
d’esprit. Eh bien, non, ce n’est pas ainsi que les choses se passent. En
délivrant les humains de leurs maux physiques et psychiques, il se charge
de leur karma, et quel travail il doit faire ensuite pour se débarrasser de tous
les miasmes qu’il a ainsi reçus ! Et puis, comme je vous l’ai déjà expliqué,
une fois chassés du corps d’un possédé, les esprits mauvais cherchent une
autre demeure à occuper. Quand Jésus avait délivré l’homme de Gadara de
ses démons, il les avait fait entrer dans des pourceaux. 952 Mais il ne
pouvait pas empêcher que certains esprits, une fois sortis du corps des
possédés, aillent chercher refuge chez ses ennemis et se servent d’eux pour
lui nuire. 96

On peut aussi s’étonner de l’image utilisée par Jésus pour dire à la


Cananéenne qu’il ne délivrera pas sa fille du démon qui la tourmente : « Il
n’est pas bon de prendre la nourriture des enfants et de la jeter aux petits
chiens. » Elle semble cruelle et même insultante. Mais cette femme, qui est
vraiment intelligente, lui répond que les petits chiens reçoivent au moins
quelques miettes de la table des maîtres, ce qui sous-entend qu’elle veut 224

bien se contenter de miettes, cela représente déjà beaucoup. Alors Jésus,


touché par son humilité et la confiance qu’elle lui manifeste, sent qu’il peut
la considérer comme une de ses brebis et lui dit : « Femme, ta foi est
grande. Qu’il te soit fait comme tu veux. »

Mais arrêtons-nous sur la première réponse de Jésus pour en approfondir le


sens : « Il n’est pas bon de prendre le pain des enfants et de le jeter aux
petits chiens »… Le pain, cette nourriture essentielle des hommes, est très
présent dans les Évangiles, où il est le plus souvent le symbole des
nourritures spirituelles. Il faut donc chercher à comprendre à quoi
correspondent le pain et les chiens dans notre vie psychique. Le pain, ce
sont toutes les bonnes choses que préparent notre coeur, notre intellect,
notre âme et notre esprit. Nous ne devons pas les donner à manger aux
chiens, c’est-à-dire aux animaux du plan astral, les entités inférieures, mais
les garder précieusement pour nourrir ces enfants de Dieu que sont les
anges et les entités célestes.97

Des visiteurs du monde divin seraient heureux de séjourner parmi nous,


mais ils ne peuvent pas venir dans n’importe quelles conditions. Si, en
arrivant, ils constatent qu’ils n’étaient pas attendus et que des entités
inférieures ont déjà tout mangé, ils s’éloignent. Prenez cette vérité au
sérieux. Dites-vous que les esprits lumineux descendent chaque jour auprès
des humains. Ces visiteurs sont chargés de présents, mais il faut au moins
être capable de les accueillir avec une nourriture qu’ils apprécient : des
pensées et des sentiments inspirés par le besoin de grandir de plus en plus
dans la lumière. Sinon, ils s’en vont, car ils ne veulent pas mourir de faim et
ils n’accepteront jamais de se nourrir d’impuretés.
Si les humains cherchaient à adopter dans leur vie intérieure les mêmes
règles qu’ils respectent dans la vie en société, ce serait déjà beaucoup. Ils
invitent des amis, des hôtes de marque, et s’ils souhaitent que ces amis se
sentent bien chez eux et veuillent revenir, ils savent comment les recevoir.

Non seulement ils leur servent la meilleure nourriture, mais ils la présentent
dans une vaisselle spéciale qu’ils sortent exceptionnellement. Là, ils se
montrent attentifs. Et l’idée ne leur viendrait pas de nourrir leurs animaux
avec des mets rares et succulents ; cette nourriture est chère et il ne resterait
plus rien pour les grandes occasions. Si vous approfondissez ce simple fait
de la vie quotidienne, peu à peu, au moment où vous serez tenté de gaspiller
vos richesses intérieures, une sorte de signal se déclenchera, et vous
déciderez de les conserver en sentant que ce sont là des fruits que vous
devez réserver aux visiteurs célestes.

225

Évidemment, la société des humains est ainsi faite que si vous voulez
inviter des princes et des princesses, même en préparant tout ce qu’il faut
pour les accueillir, il n’est pas sûr qu’ils viendront. Si vous n’appartenez pas
à la même classe sociale, ils ne vous trouveront peut-être pas dignes d’eux.
Mais avec les entités spirituelles, c’est différent : elles ne tiennent pas
compte des classes sociales. Elles, c’est auprès des âmes qu’elles se
rendent, et elles sentent tout de suite lesquelles sont nobles, belles et
capables de les recevoir. Du jour où vous avez appris à ne plus nourrir les
animaux du plan astral, pour les entités spirituelles votre âme est celle d’un
prince, d’une princesse. Dans la Cananéenne Jésus a reconnu une telle âme.

C’est pourquoi, même si elle ne faisait pas partie de ses brebis, il a exaucé
sa prière.

Références bibliques

1. « Jésus étant parti de là, se retira dans le territoire de Tyr et de Sidon » –


Matthieu 15

: 22-28
2. Jésus fait entrer les démons dans des pourceaux – Marc 5 : 11-15

45

La parabole des cinq vierges sages

et des cinq vierges folles

« Alors le Royaume des Cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris
leurs lampes, allèrent à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient
folles, et cinq sages. Les folles, en prenant leurs lampes, ne prirent point
d’huile avec elles ; mais les sages prirent, avec leurs lampes, de l’huile
dans des vases. Comme l’époux tardait, toutes s’assoupirent et
s’endormirent. Au milieu de la nuit, on cria : Voici l’époux, allez à sa
rencontre ! Alors toutes ces vierges se réveillèrent et préparèrent leurs
lampes. Les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, car nos
lampes s’éteignent. Les sages répondirent : Non, il n’y en aurait pas assez
pour nous et pour vous ; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en
pour vous. Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva ; celles qui
étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut
fermée. Plus tard, les autres vierges vinrent, et dirent : Seigneur, Seigneur,
ouvre-nous. Mais il répondit : Je vous le dis en vérité, je ne vous connais
pas.

226

Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour ni l’heure. »1

Dans cette parabole, combien de détails peuvent paraître étranges !

D’abord, ce sont dix vierges, dix jeunes filles qui vont à la rencontre d’un
seul époux. Ensuite, pour entrer dans la salle des noces, elles doivent
chacune apporter une lampe – il faut donc supposer que rien n’a été prévu
pour l’éclairer – sans oublier de prendre aussi de l’huile pour le cas où leur
propre lampe viendrait à en manquer. Enfin, quand l’époux arrive, en pleine
nuit, cinq des dix vierges n’ont plus assez d’huile dans leur lampe, et elles
doivent aller en acheter… comme si les lampes des autres ne suffisaient pas
pour donner de la lumière ! Mais voilà qu’à leur retour elles se trouvent
devant une porte fermée, et l’époux refuse de leur ouvrir. Quel individu
désagréable et mal éduqué que cet époux ! Cela vaut-il vraiment la peine
d’attendre un homme aussi antipathique qui fait tant d’histoires pour un peu
d’huile ? Certaines des paraboles de Jésus contiennent ainsi des détails un
peu bizarres, mais justement, ce sont ces détails qui révèlent la profonde
sagesse des Évangiles.

Commençons par les vierges. Cinq vierges sages et cinq vierges folles…

Que signifie ici ce nombre cinq ? Pourquoi pas quatre ou six ?… Parce que
le cinq est le nombre des vertus fondamentales : la bonté, la justice,
l’amour, la sagesse et la vérité. Les cinq vierges sages personnifient ces
vertus, tandis que les cinq vierges folles personnifient les défauts
correspondants ; vous les connaissez, il n’est pas utile de préciser. Le mot «

folles » n’est certainement pas ici celui qui convient le mieux, mais puisque
c’est celui qu’utilise la tradition, conservons-le.

Voyons maintenant ce qu’est cette lampe que chaque vierge devait apporter
pour éclairer la salle des noces. À l’heure actuelle, nous n’utilisons plus de
lampes à huile, mais en tant que symboles, l’huile et la lampe correspondent
à quelque chose dans notre vie physique et notre vie psychique. Supposez
que vous soyez anémié, votre force vitale est amoindrie : la lampe de votre
corps manque d’huile, et elle commence à s’éteindre. Il arrive qu’on porte à
l’hôpital cette lampe dont la flamme vacille ; on lui donne un peu d’huile, et
la flamme peu à peu se ranime et elle brille. Dans ce cas, l’huile, c’est le
sang. Mais on retrouve ce symbole dans tous les domaines de la vie : pour
l’estomac, c’est la nourriture ; pour les poumons, c’est l’air ; pour le coeur,
c’est le sentiment ; pour l’intellect, c’est une idée…

Cette « huile », on peut dire aussi que les plantes la puisent dans le sol, dans
l’air, dans les rayons du soleil, et grâce à cette huile, elles préparent la sève.
Il y a de même une sève vivante qui coule en nous. Où ? Dans notre 227

plexus solaire. Le plexus solaire est un réservoir de forces vitales, un


accumulateur d’énergies. Si vous savez comment le remplir
quotidiennement, vous pourrez puiser à chaque instant les forces qui vous
sont nécessaires ; c’est-à-dire que votre lampe pourra vous fournir les
moyens d’attendre celui qui doit venir, l’époux que les vierges attendaient.

Et cet époux peut se présenter chaque jour sous forme de lumière,


d’inspiration et d’amour.

Si, dans la parabole, Jésus a parlé de vierges sages et de vierges folles, c’est
que précisément le plexus solaire est en relation avec le signe astrologique
de la Vierge. Le plexus solaire, c’est cette partie de notre corps que Jésus a
désignée par le mot « sein » lorsqu’il a dit : « De son sein couleront des
sources d’eau vive ».982 Cela signifie que lorsque nous vivons, pensons et
sentons en accord avec les lois divines, notre plexus solaire se remplit d’une
énergie pure qu’il distribue ensuite dans tout notre organisme.

228
Les cinq vierges sages et les cinq vierges folles représentent donc deux
catégories d’êtres : ceux qui préparent consciemment de l’huile pour leur
lampe et ceux qui n’y pensent pas. Quant à l’huile de la lampe, elle
représente toutes les conditions intérieures que nous devons remplir pour
être là, disponibles, éveillés, actifs au moment où l’occasion se présente
d’assister à un événement important ou de faire une rencontre qui peut
transformer notre vie : la rencontre d’un être, la rencontre de la beauté, la
rencontre d’une vérité. Celui qui s’est laissé aller à des activités ou des états
inférieurs qui l’ont vidé de ses énergies, n’est pas prêt à vivre pleinement
ces rencontres : intérieurement il se trouvera toujours devant une porte
fermée.

Dans une certaine mesure, ce genre de situation peut se produire tous les
229

jours. Vous êtes contrarié, de mauvaise humeur, et voici que, de façon tout à
fait inattendue, vous devez faire une démarche ou recevoir une visite
importante pour vous : vous êtes incapable de vous présenter avec le visage
et l’état d’esprit qui conviennent, et cela ne se passera donc pas aussi bien
que si vous étiez dans de bonnes dispositions. Vous êtes là physiquement,
mais vous ne participez pas en pleine conscience à l’événement, parce que
vous avez laissé votre lampe, le plexus solaire, se vider de son huile. Or,
cette huile ne s’obtient que par une vie harmonieuse. Même si la nature
entière distribue cette huile à profusion, c’est vous, surtout, qui devez savoir
la préparer en vous.

Les cinq vierges folles n’ont donc pas été admises dans la salle des noces
parce qu’elles n’avaient pas préparé de l’huile pour leur lampe, et c’est ce
qui explique la réponse de l’époux : « En vérité, je ne vous connais pas. »
Autrement dit : « Vous n’avez pas encore appris à vivre la vie de l’esprit, je
ne vous ai jamais vues, votre place n’est pas ici ! » Cet époux est un
symbole du Saint-Esprit, et il ne peut pas accueillir les inconscients et les
étourdis. Vous direz qu’il est cruel. Non, il fait seulement preuve de la
même sévérité que la nature : à celui qui a dépensé les énergies les plus
précieuses qu’elle lui a données, elle ne se presse pas de les rendre. Et privé
de ses énergies, que peut-il lui arriver de bénéfique ?

« Veillez, car vous ne savez ni le jour ni l’heure », dit Jésus en conclusion


de la parabole. Voilà une phrase importante. « Veillez » ne signifie pas ici «
ne dormez pas ». Toutes les vierges s’étaient endormies, les sages comme
les folles, mais la parabole ne dit pas que c’était une faute.

Ici, veiller signifie rester vigilant spirituellement, car nous ne savons jamais
exactement à quel moment le Saint-Esprit viendra nous visiter.

Qu’ils soient hommes ou femmes, seuls ceux qui mènent une vie en
harmonie avec les lois de l’Esprit sont acceptés par lui. Jésus a employé le
mot « vierge » parce qu’il voulait parler de l’âme humaine, et que l’âme,
aussi bien chez l’homme que chez la femme, est toujours une jeune vierge
qui doit se montrer attentive, réceptive, afin d’attirer cet élément subtil
répandu à doses infinitésimales dans toute la nature. Si elle s’efforce d’en
faire chaque jour provision, goutte après goutte, elle n’en manquera jamais,
quoi qu’il arrive.

Cette parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles n’a donc
vraiment de sens que si on interprète la figure de l’époux comme un
symbole du Saint-Esprit. C’est pour lui que nous devons avoir de l’huile,
230

car il est une flamme, et une flamme a besoin d’être nourrie ; sans huile,
elle s’éteint. Le Saint-Esprit, c’est l’époux de lumière, et il ne nous
acceptera que si nous avons assez d’huile pour nourrir sa flamme. Vous
comprenez maintenant pourquoi il est dit que, cinquante jours après Pâques,
le Saint-Esprit est descendu sur les apôtres sous forme de langues de feu qui
brûlaient au-dessus de leur tête : parce qu’ils avaient de l’huile. 993

Je peux maintenant vous présenter cette parabole sous l’aspect d’un


exercice. Si vous placez les cinq vierges (les cinq doigts de votre main
droite) sur votre lampe (le plexus solaire), en vous concentrant sur une idée,
une image d’une grande élévation, vous remplissez votre plexus solaire
d’une huile que vous aurez ensuite en réserve. Et quand vous vivez un
moment de joie, de plénitude, c’est là encore une source d’énergies que
vous ne devez pas dépenser en gestes ou en paroles inutiles. Mettez aussi
votre main droite sur votre plexus solaire et concentrez-vous afin de le
remplir de cette énergie.100

Et voici encore une méthode. Choisissez un gros arbre : chêne, pin, hêtre,
bouleau… Saluez-le en lui demandant de vous donner de sa force. Puis
adossez-vous à lui en plaçant la main gauche dans le dos, la paume contre le
tronc de l’arbre, et la paume de la main droite sur votre plexus solaire.

Concentrez-vous en pensant que vous recevez des courants de vie de cet


arbre par la main gauche, et que vous les déversez par la main droite dans
votre plexus solaire. Après quelques minutes vous vous sentirez apaisé,
renforcé, et remerciez l’arbre de ce qu’il vous a donné. Évidemment, pour
bien pratiquer cette transfusion d’énergies, il faut être conscient que les
arbres sont des êtres vivants et les aimer. De nos jours, très peu de
personnes soupçonnent la force prodigieuse que possèdent les arbres des
forêts ; la plupart ont perdu la compréhension du langage de chaque chose
dans la nature, c’est pourquoi elles ignorent les secrets de leur régénération.

C’est un de ces secrets que je vous révèle aujourd’hui. Apprenez à vous


vivifier auprès des arbres, et vous retrouverez peu à peu ces secrets.101

Vous pouvez faire encore provision de cette huile par la nutrition, par la
respiration, par la méditation et la prière. En mangeant avec beaucoup
d’attention, beaucoup d’amour, vous arriverez à extraire la quintessence de
la nourriture comme on extrait la quintessence des roses : à peine quelques
grammes pour d’énormes quantités de pétales. En apprenant comment
respirer, vous puiserez aussi les éléments les plus subtils de l’air. Et en
méditant, en priant, vous absorberez des éléments de vie éternelle.102 Un
231

parfum délicieux émanera alors de attirera les entités spirituelles. Et, à la


fin, c’est l’époux lui-même qui viendra vous visiter, l’époux divin, le Saint-
Esprit. Quand il habitera en vous, non seulement sa lumière vous fera voir
toutes choses, mais elle vous donnera sa chaleur, puisque cette lumière est
aussi une flamme.

Références bibliques

1. Parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles – Matthieu 25 :
1-13

2. « De son sein couleront des sources d’eau vive » – Évangile de Jean 7 :


38

3. Les apôtres reçoivent le Saint-Esprit – Actes des Apôtres 2 : 1-4

46

« Il y a plusieurs demeures
dans la maison de mon Père »

« Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ; sinon vous


aurais-je dit que je vais vous préparer une place ? »1

Qu’est-ce qu’une demeure ? Un lieu où on s’abrite, où on travaille, où on


vit. Mais on peut dire que notre corps physique est déjà une demeure, et il
en est de même de tout corps matériel : un animal, un arbre, une fleur, une
pierre sont des demeures.

Dans le plan physique, nous possédons au moins deux demeures : notre


maison et notre corps. Or, la demeure n’est pas seulement une réalité du
plan physique, c’est aussi une réalité des plans psychique et spirituel. Dans
les plans subtils, nous possédons aussi des demeures : les corps astral,
mental, causal, bouddhique et atmique. Ainsi, de même que plusieurs
demeures peuvent être contenues dans un même bâtiment, nos différentes
demeures psychiques sont contenues dans notre corps physique. Et cette
question de la demeure va encore beaucoup plus loin, car la maison de bois,
de pierre ou de béton qui abrite notre corps physique, habite elle-même
dans une autre maison, bien plus grande et plus vaste : la terre ; la terre
habite dans le système solaire, et le système solaire habite dans le cosmos.

Voilà comment se présente la question de la maison.

La « maison du Père » dont parle Jésus est l’univers avec ses différentes
régions, mais dans cet univers les demeures qu’il nous prépare ne sont
évidemment pas matérielles, ce sont les espaces spirituels où nous irons un
232

jour habiter suivant notre degré d’évolution : nous y recevrons un logement


correspondant aux qualités et aux vertus que nous aurons développées. La
maison du Père est vaste, immense, et Dieu a pensé donner de l’espace à
chaque créature, mais elle ne recevra que l’espace qu’elle mérite.

Même si Jésus a dit à ses disciples : « Je vais vous préparer une place »,
chacun doit aussi contribuer à préparer cette place en menant une vie
conforme aux lois divines. Celui qui enfreint ces lois ne peut pas espérer
une demeure vaste, riche et belle. Il se retrouvera plutôt enfermé dans un
petit cachot obscur. Dante décrit l’enfer comme un cône renversé : les
créatures qui durant leur vie ont écouté les voix de leur nature inférieure
s’entassent dans un lieu qui se rétrécit de plus en plus. L’étendue, les vastes
espaces, la dilatation sont des caractéristiques du monde divin, tandis que
les limitations, le resserrement, la contraction sont des caractéristiques de
l’enfer.

Et puisque Jésus a dit à ses disciples qu’il allait leur préparer une place, cela
signifie aussi que même s’il allait bientôt quitter la terre, il ne les
abandonnerait pas. Depuis la demeure où il allait se rendre, il travaillerait
avec eux, il les aiderait à remplir leur mission, afin qu’une fois cette
mission accomplie ils puissent rejoindre leurs demeures célestes dans la
maison du Père.

La maison du Père est donc l’univers, et dans cette maison il y a différentes


demeures. Ce sont elles que les kabbalistes appellent « séphiroth

», et elles sont au nombre de dix : Kéther : la Couronne ; Hohmah : la


Sagesse ; Binah : l’Intelligence ; Hessed : la Grâce ; Guébourah : la Force ;
Tiphéreth : la Beauté ; Netsah : la Victoire ; Hod : la Gloire ; Iésod : le
Fondement ; Malhouth : le Royaume. Dans chaque séphira se manifeste un
aspect de la Divinité ; là demeure et travaille une hiérarchie angélique, et la
région de l’espace qu’elle occupe est symbolisée par une planète. (Voir

schéma)

Puisque l’être humain a été créé à l’image de l’univers, il est lui-même une
demeure dont les différents étages – ses différents corps – sont occupés par
de nombreuses entités.103 Ces entités, c’est lui qui les a attirées d’après ses
états de conscience, ses pensées, ses sentiments, ses actes. S’il attire des
entités lumineuses, déjà elles le feront vivre intérieurement dans les régions
dont elles sont elles-mêmes les habitantes. Plus tard, quand il quittera la
terre, ce sont elles aussi qui l’amèneront vivre dans ces régions.

Les entités avec lesquelles nous pouvons le plus facilement entrer en 233

relation appartiennent à la hiérarchie angélique des Malahim, les Vertus, qui


habitent la région de Tiphéreth, le Soleil. Même si nous n’arrivons pas à
toucher les Malahim, car ils sont d’essence trop subtile, nous pouvons
rencontrer leurs serviteurs : les esprits qu’ils envoient porter dans l’espace
la lumière, la chaleur et la vie du soleil. Ils se manifestent à travers ses
rayons qui viennent chaque jour jusqu’à nous, et si nous apprenons
comment les accueillir dans la pureté, avec amour, peu à peu ils établiront
leur demeure en nous. Pensez-y le matin quand vous assistez au lever du
soleil.

Si vous arrivez à attirer ces esprits en vous, c’est eux qui, un jour, vous
emmèneront habiter dans ce lieu que les Psaumes appellent « la terre des
Vivants »2 : le soleil. Sur cette terre, le Christ qui disait « Je suis la lumière
du monde »3 nous prépare une place et nous attend.

Références bibliques

1. « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père » – Évangile de


Jean 14 : 2

2. « La terre des Vivants » – Psaume 116 : 9

3. « Je suis la lumière du monde » – Évangile de Jean 8 : 12

47

« Cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice »

« Cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice, et tout le reste vous sera


donné par surcroît. »1

Le Royaume de Dieu représente la perfection : l’ordre, l’harmonie, la


lumière, toutes les qualités et les vertus. Il n’y a rien à souhaiter au-delà.

Mais alors, pourquoi Jésus dit-il que nous devons chercher le Royaume de
Dieu « et sa Justice » ?

Dans le monde d’en haut, le Royaume de Dieu n’a évidemment rien à faire
avec la justice, sinon il ne serait plus le Royaume de Dieu, où seule règne la
loi d’amour. Mais en bas, sur la terre, c’est différent : avant de pouvoir
devenir le royaume de l’amour, la terre doit commencer par être le royaume
de la justice, car le véritable amour ne peut pas se manifester si on ne règle
pas d’abord la question de la justice. Je vous ai expliqué un jour que
l’amour est une sorte d’injustice. Mais pour s’élever jusqu’à cette divine
injustice qu’est l’amour, il faut commencer par comprendre et appliquer la
justice sur la terre. Et là, quelles difficultés ! Donner ou rendre 234

chaque jour à chacun ce qui lui est dû selon ses mérites est presque
impossible.

Ce Royaume de Dieu dont parle Jésus doit d’abord être compris comme un
état de conscience, une façon de vivre et de travailler ; il ne peut pas être
réalisé dans le plan physique avant d’être déjà réalisé dans la pensée. Une
fois réalisé dans la pensée il descendra dans le cœur, dans les sentiments, et
c’est alors qu’il pourra enfin s’exprimer par des actes. Car tel est le
processus de la réalisation dans la matière : pensée – sentiment – acte. Le
Royaume de Dieu se réalisera véritablement un jour sur la terre. C’est lui
que dans le « Notre Père » Jésus nous apprend à demander quand il dit : «

Que Ton règne vienne, que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel

».2 Mais ce Royaume, les humains doivent d’abord l’établir dans leurs
pensées et leurs sentiments. Et là, on peut voir que le processus a déjà
commencé… Des milliers de personnes dans le monde nourrissent cet idéal
de lumière, de paix, de fraternité, et il y en a peut-être beaucoup plus que
vous ne le croyez.

Le Royaume de Dieu est déjà fondé en haut depuis la création du monde.

C’est donc en bas, sur la terre, parmi les humains, que nous devons
maintenant le réaliser, en manifestant nous-mêmes les vertus divines. Tous
les grands Maîtres spirituels savent qu’ils sont venus sur la terre pour
travailler à cette réalisation. Et les philosophies qui incitent les humains à
négliger, à mépriser la terre sous prétexte qu’elle est une prison, une vallée
de larmes et que leur véritable patrie est ailleurs, ne sont pas conformes aux
projets de Dieu.

Mais c’est sur la fin de la phrase prononcée par Jésus que je trouve
particulièrement important de s’arrêter : « et tout le reste vous sera donné
par surcroît. » Cela signifie que celui qui est capable d’engager toutes les
puissances de son intellect, de son coeur et de sa volonté pour la réalisation
du Royaume de Dieu sur la terre, n’aura plus rien d’autre à chercher, plus
rien d’autre à demander. Car le Royaume de Dieu représente un état de
perfection, de plénitude, il est la synthèse de tout ce qu’un être humain peut
souhaiter.

Tel homme aspire au pouvoir, tel autre à la richesse, tel autre encore à
l’amour, ou à la liberté, ou à la sagesse, ou à la beauté… Mais ce ne sont
que des aspects du Royaume de Dieu, et dès qu’on commence à n’en
rechercher qu’un, on introduit le germe du déséquilibre. Le Royaume de
Dieu est un état d’équilibre et d’harmonie, et si on se concentre sur une 235

acquisition particulière, on le fait nécessairement au détriment d’autre


chose. Jésus a voulu nous dire que tout ce dont notre âme, notre esprit, notre
coeur et notre intellect ont besoin est contenu dans ces deux mots : le
Royaume de Dieu. Donc, en nourrissant seulement en nous cet idéal, nous
trouverons nécessairement en chemin tout ce que nous souhaitons.

Cherchez le Royaume de Dieu et votre vie prendra immédiatement un


sens… pourquoi ? Parce que la vie ne prend de sens que pour celui qui se
met au service d’une idée sublime. Seules les idées ont le pouvoir de donner
un sens. Ce sont des êtres vivants qui font un travail sur nous, et si nous
apprenons à les entretenir en nous, elles nous façonnent, nous modèlent, au
point qu’un jour, dans notre manière de penser et d’agir, nous arriverons à
incarner quelque chose de ce monde de perfection qui est le leur. En
travaillant pour une idée sublime, nous devenons les citoyens du monde
divin où habitent ces créatures qui s’appellent les Idées.

Puisqu’une idée est un être vivant, elle est douée de qualités propres, et dès
l’instant où vous travaillez pour elle, elle vous fait bénéficier de ses
richesses. Vous avez seulement une idée, une seule, et malgré toutes vos
imperfections, vos faiblesses, votre ignorance, cette idée qui habite le
monde de la lumière vous met en communication avec tous ses amis, elle
vous fait connaître d’autres créatures, d’autres régions en haut. C’est ainsi
qu’un jour vous sentirez que cette seule idée vous a apporté tout le Ciel. Il
faut bien comprendre le côté magique de cette question de l’idée, car ce qui
est vrai du pouvoir des idées inspirées par le bien est vrai aussi du pouvoir
des idées inspirées par le mal. C’est pourquoi, avant d’accepter une idée et
de décider de la soutenir, il faut être lucide et vigilant.

Sans le discernement, sans la vigilance, on court toujours le danger d’être


entraîné là où on ne voulait pas aller. Il est dit dans l’épître de saint Pierre :
« Soyez vigilants, car votre adversaire, le diable, rôde comme un lion
rugissant, cherchant qui il dévorera. »3 Ce diable qui rôde comme un lion
rugissant, les humains devraient le voir et l’entendre ; mais, tellement
occupés à nourrir des idées qui leur permettent de satisfaire leurs instincts,
leurs passions, ils deviennent sourds et aveugles, ils n’ont pas conscience
des dangers qui les guettent et ils se laissent dévorer.

Je vous révèle là une des vérités parmi les plus importantes de la science
spirituelle. Une idée qui par elle-même semble limitée dans la mesure où
elle ne touche qu’un certain domaine, peut nous apporter d’autres richesses
qu’elle-même ne possède pas. Oui, parce qu’elle nous lie à toutes les autres
idées qui vibrent à l’unisson avec elle. Peu à peu, toutes ces autres idées
font connaissance avec nous, et comme chacune possède un terrain ici, une
236

demeure là (symboliquement parlant), nous en bénéficions aussi. En haut,


tout est lié, il n’y a pas de séparation. Du moment que nous sommes en
bonne relation avec une idée divine, que nous l’aimons, que nous la
nourrissons, que nous voulons la réaliser, elle nous met en communication
avec les entités qui habitent le même monde qu’elle, et ces entités nous
apportent leurs trésors.

« Cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice… et tout le reste vous sera


donné par surcroît. » Entre le commencement et la fin de cette phrase, il y a
tout un espace que je m’efforce de remplir en vous expliquant ce qui n’est
pas écrit. «… Tout le reste vous sera donné par surcroît » s’explique grâce
au lien magnétique, magique, qui, par la loi de l’affinité, met une idée
sublime en relation avec toutes les autres idées de la même nature qu’elle,
de la même quintessence. Et parce qu’une idée a aussi des représentants ici
sur la terre, ils sont alertés et ils viennent nous soutenir. Voilà pourquoi nous
obtenons « tout le reste ». La promesse de Jésus est tellement immense
qu’elle paraît d’abord irréalisable. Au contraire, elle est tout à fait
réalisable, car plus une idée est vaste, sublime, plus elle a de relations avec
toutes les autres idées qui ont des affinités avec elle. Et l’idée du Royaume
de Dieu est une entité qui a des ramifications, des échos, des
retentissements dans toutes les régions de l’univers, du haut en bas de la
création. Si nous la nourrissons en nous-mêmes, nous sentons que nous
pénétrons dans la région où elle vit, où elle respire, s’épanouit. Et la
conscience que nous avons de travailler pour quelque chose d’immense, de
sublime, nous remplit d’inspiration, de courage et de joie.

Vous direz qu’avec tant de gens ignorants, égoïstes et méchants qui


peuplent la terre, le Royaume de Dieu ne se réalisera pas de sitôt. C’est
malheureusement un peu vrai, mais ce n’est pas une raison pour s’arrêter de
le souhaiter et de travailler pour lui. Vous trouvez que nourrir un idéal aussi
inaccessible est décourageant ? Si vous n’êtes pas un bon psychologue,
vous serez en effet vite découragé. Mais analysez-vous : comment vous
sentez-vous lorsque vous avez obtenu ce que vous souhaitez ? Pendant un
moment vous êtes satisfait, mais ensuite ?… Dès l’instant où vous n’avez
plus d’efforts à faire pour atteindre un but, vous perdez votre élan et même
parfois le goût de vivre. Mais donnez-vous un but que vous n’atteindrez
jamais et vous resterez toujours en éveil, actif, enthousiaste.

Dans sa pensée, dans ses désirs, l’être humain a des possibilités infinies

; dans le monde de l’âme et de l’esprit, il n’y a pas de limites pour lui. S’il
sent des limites, c’est qu’il s’est lui-même limité. C’est donc consciemment
237

que vous devez être capable de nourrir un idéal irréalisable : peu à peu,
vous sentez que, grâce à vos désirs, à vos pensées, vous arrivez à monter
très haut dans l’espace ; là, vous touchez des êtres, des éléments qui sont en
correspondance exacte avec ces désirs, ces pensées, et vous les attirez à
vous.

Tous ceux qui cherchent sincèrement le Royaume de Dieu sentent que,


réellement, tout le reste leur est donné. Et qu’est-ce que c’est, « tout le reste

», pour celui qui est habité par l’idée du Royaume de Dieu ?…. Vous
remarquerez que Jésus n’a pas dit que lorsque nous aurons réalisé le
Royaume de Dieu, tout le reste nous sera donné, mais seulement quand
nous le chercherons. C’est-à-dire qu’avant même qu’il soit réalisé,
seulement en le cherchant, en nous concentrant sur lui, en le souhaitant de
toutes nos forces, sans rien d’autre à côté qui nous fasse dévier, tout le reste
nous sera donné. Et ce « tout le reste », ce qui n’est pas le Royaume de
Dieu, qu’est-ce que c’est ? Eh bien, ce sont les bonnes conditions : le temps,
la santé, l’aide de vos amis, la liberté de le chercher… Voilà ce que c’est, «
tout le reste » : les bonnes conditions pour continuer à marcher vers lui.

Il est dans la nature de l’être humain d’avoir toujours quelque chose à


chercher, à demander. Alors, que ceux qui sont affamés et assoiffés de
justice, de véritable justice, cherchent uniquement le Royaume de Dieu, en
ayant conscience qu’ils sont des ouvriers dans le champ du Seigneur et
participent à un grand travail : jamais ils ne se sentiront seuls ou
abandonnés. Même s’ils sont totalement inconnus sur la terre, leur nom est
déjà inscrit dans le livre de la vie et ils sont comblés par les bénédictions du
Ciel.

Efforcez-vous de prendre conscience de tout ce que vous pouvez acquérir


intérieurement si vous mettez le Royaume de Dieu comme but de votre
existence. Vous trouvez que vous êtes faible, que vous n’êtes ni instruit ni
préparé pour une telle entreprise ? Cela n’a pas d’importance : tous sont
acceptés dans ce travail. La preuve, lorsque Jésus a dit «

Cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice », il ne s’adressait pas à une


élite, mais à la foule qui l’avait suivi sur la montagne. Et vous, même si
c’est pour apporter une toute petite pierre, tâchez de participer. C’est la
participation qui compte, la qualité de votre participation, votre ardeur au
travail, l’intensité de votre pensée et de votre amour.

Jésus avait dit : « Le Royaume de Dieu est proche ».4 Se serait-il trompé
puisque, depuis deux mille ans que de telles paroles ont été prononcées, on
238

voit bien qu’il est encore loin ? Non, il ne s’est pas trompé, mais il faut
comprendre dans quel sens ces paroles sont véridiques. Le Royaume de
Dieu n’est pas un mode de gouvernement qu’on peut décréter et imposer
aux peuples, mais un état de conscience. Par son enseignement Jésus en a
jeté les bases, et on peut dire que pour certains ce royaume est déjà venu :
dans l’âme et le coeur de ceux qui ont su comment le préparer en mettant en
pratique l’enseignement d’amour apporté par Jésus, il est déjà venu. Pour
d’autres, il est en train de venir… Et quand viendra-t-il pour tous ? On n’en
sait rien, mais il viendra.

Pour agir sur la terre le Ciel a besoin d’ouvriers : des ouvriers convaincus et
surtout désintéressés, qui se décident à mettre tout ce qu’ils possèdent
comme facultés, talents ou avantages matériels au service de ce seul but : le
Royaume de Dieu.104 Beaucoup diront qu’ils ne peuvent pas faire grand
chose, qu’il n’y a pas de place pour eux dans la société, qu’ils ne trouvent
pas de conditions pour faire reconnaître leurs capacités. Eh bien, ce n’est
pas une raison suffisante pour se sentir inférieurs ou inutiles.

En réalité, chacun de vous peut prendre une valeur extraordinaire, unique,


en participant au travail pour la venue du Royaume de Dieu. Si vous mettez
cette idée dans chaque pensée, chaque sentiment, chaque action,
intérieurement vous sentirez peu à peu que vous trouvez votre vraie place.

Et peu importe si d’autres qui ne le méritent pas, occupent le devant de la


scène ! Un jour ils seront de toute façon obligés de la quitter. Et pendant ce
temps, vous qui travaillez loin des regards, vous ferez grandir dans votre
âme quelque chose qu’aucune considération, aucune gloire humaine ne peut
éclipser ni même égaler. Dès l’instant où vous décidez de participer à ce
travail tellement important pour votre avenir et celui de l’humanité, dès
l’instant où vous y mettez toutes vos forces et vos énergies, vous entrez
dans un ordre nouveau.

Pour la vie spirituelle, il est essentiel de savoir au service de qui on


travaille, dans quelle activité on place ses énergies. Ceux qui participent à
des entreprises en ayant seulement en vue le confort, le plaisir, l’intérêt,
s’imprègnent sans le savoir d’éléments obscurs qu’ils ne cessent de remuer,
et ils finissent par éteindre toute lumière en eux. Soyez bien conscients de
cela. Ne vous demandez pas quand le Royaume de Dieu se réalisera enfin
sur la terre, si beaucoup de gens comprendront dans quelle entreprise vous
vous êtes engagé. L’important, c’est qu’en travaillant à son avènement,
vous faites un travail bénéfique sur vous-même : chaque jour vous ajoutez à
vos corps subtils des particules de lumière, et c’est d’abord en vous qu’il
commence à descendre, c’est en vous au moins que vous le faites vivre.
239

L’être humain a été créé pour se développer parfaitement dans les trois
mondes : physique, spirituel et divin. Mais il y parvient difficilement parce
qu’il n’a pas compris combien il est nécessaire d’avoir une seule direction,
un seul but dans la vie. Vous direz que ce n’est pas possible : vous avez tant
de charges, tant d’obligations différentes ! Si, c’est possible. Quelles que
soient vos charges et vos obligations, vos préoccupations, vos pensées, vos
désirs, les mouvements même de vos cellules doivent aller dans une seule
direction : le Royaume de Dieu et sa Justice. À ce moment-là toutes les
énergies en vous sont mobilisées et participent au développement de cet être
parfait que vous devez devenir un jour.105

Références bibliques

1. « Cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice » – Matthieu 6 : 33

2. « Que Ton règne vienne » – Matthieu 6 : 10

3. « Soyez vigilants, car votre adversaire, le diable, rôde » – Première épître


de Pierre 5 : 8

4. « Le Royaume de Dieu est proche » – Matthieu 10 : 7

48

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur »

« Ne vous faites pas appeler Rabbi106 , car un seul est votre Maître…

Ne vous faites pas appeler directeur, car un seul est votre Directeur, le
Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ».1

Cette parole de Jésus contredit l’idée que la plupart des gens se font du
service. En général, c’est l’inférieur qui sert le supérieur, le petit qui sert le
grand. Ils considèrent seulement l’aspect extérieur, social, de la question :
un ministre est au service d’un président ou d’un roi, un employé au service
d’un patron, etc. Mais Jésus ici parle d’une autre sorte de service.
On a vu dans l’histoire des hommes et des femmes se mettre au service de
personnes qu’ils haïssaient afin de les attirer sur des chemins où il était
évident qu’elles allaient se perdre. Ces personnes non seulement ne se
doutaient de rien, mais elles se félicitaient d’avoir des serviteurs aussi zélés
: zélés pour satisfaire leurs ambitions, leurs caprices, leurs mauvais
instincts, donc leur moi inférieur, ce qui était la meilleure façon de conduire
ces aveugles à la ruine. Alors, qui est en réalité le maître ? et qui est le 240

serviteur ?

Jésus a répondu à cette question quand il a dit : « Le plus grand parmi


vous sera votre serviteur ». Seul, en effet, celui dont l’âme est noble et
généreuse, pure, sait non seulement que c’est le Moi supérieur qu’il doit
servir chez les autres, mais aussi comment le servir.107 Il faut être très
grand pour se mettre au service du Moi supérieur des humains. Et celui qui
en est capable ne se sent jamais diminué, parce que sa grandeur est celle de
l’esprit. De même que l’esprit ne se sent jamais humilié quand il pénètre la
matière pour l’éclairer, la vivifier, celui qui est véritablement grand accepte
de se mettre au service des autres pour les aider à y voir plus clair, à trouver
les meilleures solutions à leurs problèmes, même quand ces problèmes lui
paraissent insignifiants. Parce qu’il est conscient de la puissance de son
esprit, un sage, un Maître spirituel ne craint pas de s’abaisser au niveau des
petits, des faibles et des ignorants : il sait que rien ne le fera descendre du
sommet intérieur qu’il a pu atteindre. S’il quitte un jour ce sommet, ce ne
sera pas la faute des autres mais la sienne : il aura été faible, négligent, il
aura manqué de vigilance et de discernement.

Parce que Jésus était grand, il a su se faire infiniment petit. Il n’a jamais
exigé qu’on s’incline devant lui et le serve ; c’est lui qui s’est fait l’humble
serviteur de tous. Comme Jésus, celui qui est parvenu à s’élever
spirituellement ne doit pas prendre prétexte de sa grandeur pour s’imposer
aux autres. Plus il s’est élevé, plus il doit se manifester avec humilité. Il
dépasse les autres par sa force morale et spirituelle ? C’est très bien, mais
cela ne suffit pas. La question ensuite, c’est l’attitude, le comportement.

Aucun savoir, aucun pouvoir spirituel ne donne le droit de dominer les


autres, de s’imposer à eux. Que chacun monte aussi haut qu’il en est
capable, mais seulement dans sa vie intérieure ; à l’extérieur, il n’a pas à se
percher sur un piédestal. Cela n’a aucun sens de s’élever, si c’est pour
écraser ensuite ses semblables. L’Initié, le sage doit manifester sa grandeur
à travers l’amour, la bonté, la douceur.

Quelqu’un dira : « Mais moi je veux devenir un maître ! » Pourquoi pas ?

Mais qu’il commence par s’imposer à ces serviteurs que sont les cellules de
son corps.108 Chacun a en lui des millions de petits serviteurs sur lesquels
il peut exercer son autorité pour qu’ils contribuent à sa santé physique et
spirituelle. Mais partout ailleurs, qu’il se manifeste comme un serviteur !

Référence biblique

241

1. « Ne vous faites pas appeler « Rabbi » – Matthieu 23 : 11

49

Le figuier stérile et le figuier maudit

Toutes les religions anciennes ont pratiqué des sacrifices rituels d’animaux
afin que le sang versé, l’odeur des chairs brûlées servent de nourriture aux
dieux, ou à Dieu. 109 De nos jours, on allume des cierges, on fait brûler de
l’encens, on fleurit les autels, parce que ces lumières, ces exhalaisons et ces
parfums sont aussi des nourritures pour les entités spirituelles. Mais la
meilleure nourriture qu’un être humain puisse offrir à la Divinité, celle
qu’Elle apprécie le plus, ce sont ses pensées et ses sentiments. Car l’être
humain est un arbre d’une espèce particulière, et cet arbre doit s’efforcer de
donner les meilleurs fruits : des pensées et des sentiments remplis de
lumière et de chaleur, de sagesse et d’amour. C’est le sens de la parabole du
figuier stérile.

« Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint pour y chercher


du fruit, et il n’en trouva point. Alors il dit au vigneron : Voilà trois ans que
je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’en trouve point. Coupe-le :
pourquoi occupe-t-il la terre inutilement ? Le vigneron lui répondit :
Seigneur, laisse-le encore cette année ; je creuserai tout autour, et j’y
mettrai du fumier. Peut-être à l’avenir donnera-t-il du fruit ; sinon tu le
couperas. »1

La parabole ne dit pas ce qu’a décidé le maître de la vigne, mais on peut


penser que, comme le lui conseillait son serviteur, il a accepté d’attendre
encore un peu avant d’arracher le figuier. Jésus montre par là qu’il faut
savoir être patient avec les âmes, leur laisser du temps. Même si pour le
moment elles sont encore improductives, on peut espérer qu’en les
soignant, en les nourrissant, elles finiront par fructifier dans le monde
spirituel.

Le figuier est aussi présent dans un autre passage des Évangiles. Et là, ce
n’est pas une parabole. L’événement est rapporté comme ayant réellement
eu lieu.

« Après qu’ils furent sortis de Béthanie, Jésus eut faim. Apercevant de loin
un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il trouverait quelque chose, et
s’en étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était 242

pas la saison des figues. Prenant alors la parole il lui dit : Que jamais
personne ne mange de ton fruit ! Et à l’instant le figuier se dessécha. »2

Comment interpréter maintenant le mouvement d’irritation qu’a eu Jésus


devant ce malheureux figuier ? Quel droit avait-il d’exiger qu’il ait des
fruits alors que ce n’était pas la saison ? Plus encore que dans la parabole, il
est clair que Jésus ne voyait pas seulement ce figuier comme un arbre, il
savait bien qu’un arbre ne peut donner des fruits que la saison venue. En
s’adressant au figuier, il pensait certainement à une catégorie d’hommes
dont l’intellect et le coeur étaient improductifs, et en particulier au
Sanhédrin, cette assemblée composée de l’élite des scribes, des pharisiens
et des sadducéens. C’est eux qui avaient le pouvoir et le savoir ; ils se
considéraient comme les gardiens de la loi de Moïse, mais sous prétexte
d’en respecter les préceptes ils manifestaient beaucoup d’intransigeance et
d’étroitesse d’esprit. C’est ce que Jésus leur reproche, et quelquefois
violemment, dans plusieurs passages des Évangiles.3 Il aurait voulu qu’ils
abandonnent leurs conceptions tellement limitées de la religion dans
lesquelles ils maintenaient aussi le peuple. Ils se comportaient déjà comme
des arbres desséchés. Et l’esprit quitte l’arbre qui ne donne pas de fruit. Il
est dit que Jésus lança une malédiction contre le figuier, qui immédiatement
se dessécha. En réalité, être quitté par l’esprit est la pire des malédictions.

Que ce soient les végétaux, les animaux ou les êtres humains, dans la nature
toutes les espèces se perpétuent parce qu’elles donnent des fruits.

Ces fruits sont très différents selon l’espèce, mais c’est le même principe, et
ceux qui ne donnent pas du fruit sont condamnés à disparaître. Cet instinct
de conservation qui habite toutes les créatures explique que, pendant des
millénaires, et encore de nos jours dans certains pays, les femmes stériles
ont été regardées avec mépris. Et avec quelle cruauté on les traitait parfois !

Jésus, lui, ne condamnait que la stérilité spirituelle.

On peut donc donner une interprétation plus large de ce récit. Si, bien que
ce ne soit pas la saison, Jésus s’irrite de ne pas trouver de figues sur le
figuier, c’est que l’être humain, lui, ne doit pas attendre telle période ou
telle saison pour produire des fruits : des pensées lumineuses, des
sentiments chaleureux. Car le Seigneur peut venir à tout moment. Il
n’attend pas telle ou telle période, et Il ne s’annonce pas à l’avance. Au
moment où Il vient, que ce soit l’été ou l’hiver, le jour ou la nuit, cet arbre
qu’est l’homme doit pouvoir donner des fruits, sinon l’esprit l’abandonne,
et cet abandon est une malédiction pour lui ; il se dessèche et meurt. Jésus
et les grands Maîtres de l’humanité sont entrés dans l’immortalité parce
qu’ils avaient toujours des fruits à donner. 110

243

La sévérité avec laquelle Jésus traite ce figuier qui ne portait pas de fruit
rappelle la parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles. 111

Quand, au milieu de la nuit, l’époux arrive dans la salle des noces, les
vierges qui avaient négligé de mettre de l’huile dans leur lampe n’ont pas
été acceptées. Et Jésus conclut la parabole en disant : « Veillez donc, car
vous ne savez ni le jour ni l’heure ».4 De même que dans notre lampe nous
devons toujours avoir de l’huile, ce fluide vivant qui anime et éclaire tout
notre être intérieur, à chaque instant nous devons pouvoir offrir au Seigneur
les fruits de notre coeur et de notre âme.
Références bibliques

1. La parabole du figuier – Luc 13 : 6-9

2. Le figuier maudit – Marc 11 : 13-14

3. Reproches de Jésus aux scribes et aux pharisiens – Matthieu 23 : 13-36

4. « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure » – Matthieu 25 :


13-36

50

« Soyez semblables à des hommes

qui attendent que leur maître revienne des noces »

« Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne
des noces, afin de lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera.

Heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera veillant ! Je


vous le dis en vérité, il se ceindra, les fera mettre à table et s’approchera
pour les servir. Qu’il arrive à la deuxième ou à la troisième veille, heureux
ces serviteurs s’il les trouve veillant ! »1

Des serviteurs ont attendu en veillant le retour de leur maître… Et lorsque


le maître rentre, non seulement il les invite à sa table, mais c’est lui qui les
sert. Il a assisté à des noces, donc à une fête, et la fête est un moment de
joie. Cette joie, le maître est prêt à la partager avec ses serviteurs ; il suffit
qu’ils veillent en attendant son retour, car c’est lui alors qui leur servira un
repas. Là encore Jésus utilise l’image du festin. 112

Attendre le retour du maître en restant vigilant, voilà un conseil que


devraient méditer les spiritualistes ! Car ils prient, ils demandent de
recevoir la lumière et l’aide des anges, mais quand la lumière et les anges
244

viennent se présenter à eux, ils somnolent. Et ensuite, ils se plaignent de ce


que la vie spirituelle ne leur apporte aucun soutien. Évidemment, quel
soutien peut-elle leur apporter si leur conscience est endormie ? Il ne leur
sert à rien d’adresser des prières au Ciel s’ils n’ont pas d’abord développé
les facultés qui leur permettront de recevoir ses réponses et son aide. Ces
facultés, ce sont d’abord l’attention, la vigilance, et on peut les comparer à
un appareil très sensible qui les avertit qu’ils vont être exaucés. Alors, au
lieu de fatiguer le Seigneur et ses anges avec des réclamations, qu’ils
pensent à faire fonctionner cet appareil qui vibrera à leur approche, leur
annonçant l’arrivée d’un messager, d’une visite.113

Une grande force réside dans l’attente. C’est elle qui nous maintient
éveillés, afin qu’au moment où les visiteurs viendront, nous soyons prêts à
leur ouvrir immédiatement les portes de notre âme. C’est cette attitude
intérieure d’attente qui nous rend capables de percevoir les événements du
monde invisible, les courants qui le traversent et les présences qui nous
apportent leurs bénédictions. Vous direz que vous ne les voyez pas. Peut-
être, mais il existe des personnes qui les voient. Et d’ailleurs, est-il
tellement nécessaire de les voir ? Vous pouvez les sentir, ce qui est bien plus
important. Si votre coeur et votre âme ne sentent pas ce que vous apportent
les entités célestes, les voir ne vous servira pas à grand-chose.

Je sais bien qu’entendre parler d’attente est quelque chose d’insupportable


pour nos contemporains : avides de succès, d’avantages matériels, ils sont
toujours pressés d’arriver au but et ils veulent tout avoir tout de suite. C’est
pourquoi leurs oreilles intérieures sont atrophiées, ils n’entendent pas
l’appel de celui qui revient de la fête et qui est prêt à les faire asseoir à sa
table. Le disciple, lui, sait qu’il doit toujours être prêt.

Jour après jour il cherche à développer en lui-même ses appareils


récepteurs, il affine sa sensibilité, et parce qu’il reste vigilant, il a l’espoir
de ne pas être absent ou sourd, ou aveugle, lorsque le Ciel s’ouvrira, lorsque
l’Esprit viendra.114 Il est aussi comme le veilleur au sommet d’une tour,
attentif à la moindre approche.

Ne vous montrez jamais impatient ; au contraire, apprenez à cultiver


l’attente, car à chaque instant vous pouvez recevoir un avertissement, une
nouvelle, un éclaircissement, une nourriture. Grâce à votre attente, vos
centres subtils sont toujours en activité. Vous créez ainsi en vous une sorte
de cellule photoélectrique qui vous avertira de l’arrivée d’un messager, d’un
visiteur céleste. 115 Cette entité appartient à un monde supérieur, et puisque
vous l’avez attendue en veillant, c’est elle qui vient vers vous et elle vous
sert.

245

Référence biblique

1. « Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne
des noces »

– Luc 12 : 36

51

« Que ta main gauche ignore

ce que fait ta main droite »

« Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main
droite. »1

La main gauche et la main droite sont toutes les deux des instruments de
notre activité. Elles s’accordent, s’harmonisent, se complètent ; chacune est
un aspect de l’unité que nous représentons. Il est impossible de penser une
main indépendamment de l’autre, car elles sont polarisées : la droite,
émissive, possède la polarité masculine, et la gauche, réceptive, la polarité
féminine. C’est pourquoi on les a souvent mises en relation avec le soleil
(main droite) et la lune (main gauche), qui exercent l’un et l’autre leur
influence sur nous. Le principe masculin et le principe féminin projettent
des courants à travers nos deux mains, et elles agissent ensemble pour
travailler, soutenir, réparer, sauver.

Vous direz que dans la plupart des traditions, la droite est symboliquement
associée au bien et la gauche au mal. En effet, lorsqu’on dit de quelqu’un
qu’il suit la voie de gauche, cela signifie que sa conduite n’est pas fameuse.
Mais, dans notre vie quotidienne, la main gauche s’associe à la main droite
pour que nous agissions efficacement. Alors, que signifie le conseil de Jésus
?

On a parfois interprété les deux mains comme des représentations de


l’intellect et du cœur, et on en a conclu que l’un ne doit pas se mêler des
affaires de l’autre. Non, ce n’est pas une bonne interprétation. Il arrive que
le cœur avec ses désirs, ses passions, ses caprices, s’oppose à des projets
qui sont sages et raisonnables, et l’intellect doit alors intervenir pour
l’éclairer. Mais l’intellect, de son côté, fait souvent preuve de sécheresse, de
rigidité, et il est bon que le coeur vienne dire son mot pour le rendre plus
souple, plus conciliant. Ils doivent donc travailler en bonne intelligence.

La main droite et la main gauche que mentionne Jésus représentent en 246

réalité les deux natures de l’être humain : sa nature supérieure et sa nature


inférieure. Quand la main droite, symboliquement la nature supérieure, veut
agir, « faire l’aumône » (expression qu’il faut prendre dans un sens très
large : donner, soutenir, encourager, faire le bien), elle doit veiller à ce que
la main gauche, la nature inférieure, ne soit pas au courant, afin qu’elle ne
vienne pas dresser des obstacles. C’est un principe de stratégie : on n’a
jamais vu des généraux étaler partout les plans de bataille qu’ils sont en
train de mettre au point, car si l’adversaire en prenait connaissance il
pourrait préparer une riposte. Non seulement la main droite, la nature
supérieure, doit faire preuve d’intelligence afin de penser les meilleurs
projets, mais elle doit les protéger des manoeuvres de la main gauche, la
nature inférieure.

Et s’il ne faut pas que la main gauche sache ce que fait la main droite, en
revanche la main droite doit connaître les agissements et les projets de la
main gauche afin de déjouer ses pièges. La nature inférieure est sans cesse
occupée à fomenter des affaires louches, ce qui oblige la nature supérieure à
rester constamment en éveil, à observer ce qui se passe et, au besoin,
intervenir pour remettre de l’ordre. Celui qui se trouve au-dessus a toujours
besoin de savoir ce qui se passe au-dessous. Un responsable doit se tenir au
courant de ce que font les personnes qui lui sont subordonnées, et de même
il est nécessaire que les parents exercent une vigilance constante sur leurs
enfants.
Étudiez bien les relations qu’entretiennent en vous la nature inférieure et la
nature supérieure. Vous prenez de bonnes résolutions : vous vous dites, par
exemple, qu’il est temps de vous débarrasser d’une mauvaise habitude, ou
vous avez l’intention d’aider quelqu’un… Sachez que votre nature
inférieure, qui vous observe, va vous envoyer des suggestions, des
tentations pour vous en détourner. Ou alors, elle attend patiemment le
moment de prendre sa revanche. La nature inférieure, c’est tout un peuple
qui habite en l’homme, et ce peuple, comme tous les peuples de la terre, ne
comporte pas uniquement des créatures honnêtes, nobles, généreuses ; il y
a, là aussi, des entités malfaisantes qui cherchent à s’exprimer à travers le
coeur et l’intellect pour pouvoir s’imposer.

La main droite et la main gauche ne représentent donc pas l’intellect et le


coeur, mais la nature supérieure et la nature inférieure qui se manifestent
par leur intermédiaire : l’un comme l’autre sont leurs serviteurs, leurs
instruments. Lorsque la nature supérieure en vous fait des projets, profitez
des moments où la nature inférieure est assoupie, sinon elle se dressera 247

contre ces projets et cherchera par tous les moyens à empêcher leur
réalisation. Elle vous chuchotera : « Mais rien ne presse… Tu as le temps…
Pourquoi te donner tout ce mal, alors que tu pourrais être tellement
tranquille ? » C’est ainsi que, le moment venu, vous n’aurez plus autant
d’entrain, de conviction, et vous ne ferez rien.

Et voici encore une autre application du conseil de Jésus. Quand vous avez
un projet qui vous tient à coeur, si vous voulez être bien au point, bien armé
pour le réaliser, ne l’annoncez pas à l’avance. Commencez par l’exécuter,
vous aurez ensuite assez de temps pour le présenter et le commenter.
Pourquoi, là encore, ces précautions ? Parce qu’autour de vous, comme en
vous, des entités obscures sont là, prêtes à vous faire obstacle en se servant
des membres de votre famille, de vos amis, de vos collègues de travail, de
vos voisins ; vous rencontrerez alors de grandes difficultés, ou même vous
échouerez, tout simplement. Sans parler de ceux qui, apparemment animés
des meilleures intentions, vont essayer de vous décourager en disant : «
Mais vous croyez que ça en vaut la peine ?…. Est-ce que vous ne devriez
pas plutôt laisser ça à d’autres ? »
Lorsque des hommes d’État, des ministres, des responsables, ont à prendre
des décisions utiles pour le pays, il vaudrait mieux qu’ils ne les annoncent
pas tout de suite, car il y a toujours quelques personnes plus ou moins bien
intentionnées pour leur mettre des bâtons dans les roues. Vous direz qu’ils
sont obligés d’annoncer leur programme, de présenter les lois devant le
Parlement pour qu’elles soient discutées et votées. C’est vrai, et c’est
normal, mais cela suscite des obstacles et il faut le savoir d’avance.

Quant à vous, autant que vous le pouvez, attendez que vos bons projets
aient au moins un début de réalisation pour en parler. Quand ils auront
commencé à prendre forme, ce sera comme un arbre bien enraciné que les
vents ne peuvent pas abattre. Et cet arbre donnera des fruits que vous
pourrez distribuer ensuite autour de vous.

Le malfaiteur sent instinctivement qu’il doit dissimuler ses intentions, agir


dans l’obscurité. Alors, comment celui qui veut faire le bien s’imagine-t-il
pouvoir s’exposer sans risque aux regards de tous ? Quelle naïveté !

Certaines personnes même, par vanité, s’exhibent, et voilà comment elles


déclenchent des oppositions, excitent la malveillance, la jalousie. Pour faire
le bien comme pour faire le mal, il vaut mieux ne pas attirer les regards.

Vous voulez offrir quelque chose à quelqu’un ? Soyez prudent, peut-être


vaut-il mieux qu’il n’y ait pas de témoin. Quelquefois il serait même
préférable que celui à qui vous faites du bien ignore d’où cela lui vient, car
248

votre geste peut provoquer en lui des réactions inattendues. Dans les
relations humaines, on ne tient jamais suffisamment compte des rapports
compliqués que la main gauche, la nature inférieure, entretient chez les
êtres avec la main droite, la nature supérieure.

Et le conseil de Jésus est aussi valable pour la vie spirituelle. Là encore,


tâchez de vous montrer prudent, réservé. Travaillez longtemps afin
d’affermir vos convictions et vos aspirations. Si vous commencez à raconter
que vous avez enfin trouvé le chemin de la lumière, que vous êtes décidé à
suivre ce chemin, etc., vous vous mettez dans la situation de vous créer des
obstacles, de provoquer des ripostes. Tant que vos aspirations n’ont pas
commencé à se concrétiser, il vaut mieux ne pas les exposer, mais veiller
sur elles, les nourrir de vos pensées et de vos sentiments les meilleurs à
l’abri des regards. 116 S’il existe des portes et des fenêtres, c’est qu’il est
aussi utile de les fermer que de les ouvrir. Quand on les ferme, c’est
généralement pour se protéger du froid, ou du bruit, ou de la poussière, ou
des intrus. Dans la vie spirituelle également, il faut savoir fermer certaines
portes et fenêtres pour se protéger. Voilà encore ce que signifie : « Que ta
main gauche ignore ce que fait ta main droite. »

Référence biblique

1. « Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore… » – Matthieu 6 :


3

52

La parabole de l’ivraie et du bon grain

Pourquoi le mal existe-t-il ? Il est inutile de poser cette question, personne


ne peut y répondre. Et si vous demandez à un sage ce qu’il faut faire pour le
supprimer, il vous conseillera de renoncer à cette entreprise ; il vous
enseignera seulement comment considérer le mal afin de devenir capable de
travailler avec lui, sur lui. C’est le sens de la parabole de l’ivraie et du
froment.

« Le Royaume des Cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne
semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son
ennemi vint, sema de l’ivraie parmi le blé et s’en alla. Lorsque l’herbe eut
poussé et donné du fruit, l’ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la
maison vinrent lui dire : Seigneur, n’as-tu pas semé une bonne semence
dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ? Il 249

leur répondit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent :
Veux-tu que nous allions l’arracher ? Non, dit-il, de peur qu’en arrachant
l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble
l’un et l’autre jusqu’à la moisson et, à l’époque de la moisson, je dirai aux
moissonneurs : Arrachez d’abord l’ivraie, liez-la en gerbes pour la brûler,
et amassez le blé dans mon grenier. »1
Le blé et l’ivraie sont les symboles de réalités qui existent non seulement
dans le règne végétal, mais aussi dans les règnes animal et humain. Le blé
représente tout ce qui est bon, utile, nutritif ; tandis que l’ivraie, qui est une
herbe particulièrement nuisible aux céréales, représente exactement son
contraire, donc le mal. Comme les serviteurs qui proposent à leur maître
d’aller arracher l’ivraie, les humains sont toujours prêts à combattre le mal,
et leur langage est rempli d’expressions où il est question d’extirper,
d’éliminer, d’écraser, d’anéantir. Ils sont certainement animés de bonnes
intentions, mais leur entreprise est d’avance vouée à l’échec : jamais ils ne
réussiront à extirper le mal de la société ou des êtres. Et non seulement ils
ne réussiront pas, mais dans cet immense champ qu’est le monde, le blé et
l’ivraie sont si inextricablement mêlés que lorsqu’ils croiront n’arracher que
l’ivraie, ils arracheront aussi le blé. Quelle sagesse dans la réponse du
maître à ses serviteurs : « Laissez-les croître l’un et l’autre jusqu’à la
moisson » !

Mais laisser croître le blé et l’ivraie jusqu’à la moisson ne signifie pas que
nous devons attendre cette moisson sans rien faire. Au contraire, c’est un
véritable travail que nous avons à entreprendre. Tout en laissant le bien et le
mal vivre ensemble, nous devons chercher à utiliser les forces
extraordinairement puissantes contenues dans les éléments du mal, c’est-à-
dire en extraire une quantité infinitésimale pour augmenter et intensifier les
forces du bien : ne pas chercher à arracher le mal, mais le mettre au service
du bien. La question est de savoir comment.

Le champ de la parabole est évidemment le monde, et le froment et l’ivraie


représentent les gens de bien et les méchants qui seront un jour séparés.
Mais ce champ, c’est également l’homme lui-même qui porte aussi en lui le
froment et l’ivraie, c’est-à-dire sa bonne et sa mauvaise nature. On peut se
demander comment il se fait que les humains, créés à l’image de Dieu et
ayant reçu de Lui tant de dons exceptionnels, puissent en certaines
occasions se manifester de manière aussi vicieuse. Comment est-il possible
que Dieu soit le créateur d’êtres aussi malfaisants ?… Un ennemi est venu
pendant que les gens dormaient, dit la parabole, et il a semé de l’ivraie
parmi le blé. C’est donc un ennemi qui a semé en nous des germes d’une
250
autre nature que ceux que nous avions reçus de Dieu, si bien que, dans ce
champ que nous sommes, deux sortes de semences croissent ensemble.

« Pendant que les gens dormaient… » L’explication est là et c’est sur ce


point qu’il faut aussi s’arrêter. Quand la conscience s’endort, l’intelligence
s’assombrit ; l’ennemi (qui symbolise ici une grande collectivité d’êtres
maléfiques ayant des buts contraires à l’évolution) sème des pensées, des
sentiments et des désirs mauvais dans l’âme humaine. Nous devons donc
être très vigilants, très éveillés, même pendant le sommeil : même quand
notre corps est plongé dans le sommeil, notre âme, elle, ne doit pas
dormir.117

L’être humain n’est pas capable de vaincre le mal dans le monde. Et il n’est
pas non plus capable de le vaincre en lui-même, mais il a la liberté de
choisir les graines qu’il veut semer en lui. Imaginons que vous possédez un
champ. Vous y semez de bonnes graines, mais si par négligence vous en
semez de temps en temps de mauvaises, elles pousseront aussi, car la terre
alimente toutes les graines. Vous ne pouvez pas lui dire qu’elle est stupide,
qu’elle devrait étouffer les mauvaises graines et ne laisser pousser que les
bonnes, car elle vous répondra : « Je ne comprends pas ce que tu me
racontes. Je protège et je fais croître toutes les semences. Pour moi tout est
bon, même le mauvais est bon. » Si vous semez en vous de bonnes pensées,
la nature va les alimenter, les fortifier, et la moisson sera magnifique ; mais
elle alimentera aussi vos mauvaises pensées, puisque les mauvaises graines
ont également la liberté de pousser. 118Jusqu’à quand ?…

La parabole se termine sur ces paroles du maître du champ : « À

l’époque de la moisson je dirai aux moissonneurs : arrachez d’abord


l’ivraie et liez-la en gerbes pour la brûler. » L’ivraie est donc jetée au feu.

Et nous aussi, nous ne pouvons nous débarrasser de l’ivraie qu’en passant


par le feu. De même qu’on ne libère le métal de sa gangue qu’en le livrant
au feu, seul le feu en nous peut séparer le bien du mal.

Je prendrai un exemple que vous connaissez tous. Lorsqu’il vous arrive


d’avoir de la fièvre, c’est que, d’une certaine manière, l’heure de la moisson
est arrivée ! Cela peut être une petite moisson ; la grande moisson aurait été
plus difficile à supporter, et nul ne sait si vous auriez été mis au grenier ou
brûlé. Lorsque le feu (la fièvre) est là, il brûle l’ivraie qui est en vous : il
élimine les déchets, les matières qui vous empêchent de croître.

Une fois qu’il a achevé son travail, vous vous sentez mieux. Il y a ainsi de
grandes et de petites moissons. Et de même que le feu de la fièvre libère
l’homme d’une ivraie qui a poussé dans son corps physique, le feu de 251

l’amour spirituel le libère de l’ivraie qui pousse dans le plan psychique. 119

C’est pourquoi il doit toujours entretenir en lui le feu de l’amour divin.

Se lancer dans d’interminables élucubrations philosophiques sur l’origine


ou l’existence du mal et vouloir lutter contre lui est inutile et même
dangereux. C’est en s’occupant seulement du bien qu’on puisera dans le
mal des énergies qu’il est possible ensuite de transformer. Exactement
comme pour une greffe.120 Que fait le jardinier ? Sur la tige d’un arbre
improductif mais vigoureux, il fixe la pousse d’un arbre de bonne qualité
qui profitera de sa vigueur.

C’est cette même opération que nous devons nous efforcer de faire dans
notre vie psychique, car nous sommes semblables aux arbres. Grâce à la
lumière du soleil spirituel, nous pouvons transformer en nous la sève brute
de nos tendances instinctives en sève élaborée qui ira nourrir les fleurs et les
fruits de notre âme et de notre esprit. 121

Combien de fois les forces du mal se permettent de détourner les forces du


bien pour les faire servir à leurs desseins ! C’est au bien désormais de se
saisir des forces du mal pour les mettre au service d’un idéal élevé. Il ne
faut jamais perdre de vue les relations qui existent entre le monde d’en bas
et le monde d’en haut. Ces relations entre le bas (la nature inférieure) et le
haut (la nature supérieure) qui existent en nous, existent aussi dans la
société, car la société est elle-même un immense organisme dans lequel
nous pouvons découvrir les mêmes mécanismes que dans l’individu, et
donc appliquer les mêmes règles.

C’est cette science que possédait Jésus. Il connaissait la nécessité d’une


circulation entre les mondes inférieur et supérieur, et c’est pourquoi il ne
cessait de rencontrer les gens simples, les pécheurs, les criminels. De même
que l’arbre transforme en sève élaborée la sève brute qui monte des racines,
Jésus puisait chez tous les êtres frustes, les déshérités, les malfaiteurs, des
énergies qu’il transformait et redistribuait sous forme de pureté, de lumière
et d’amour. Voilà ce que les pharisiens et les sadducéens n’ont pas compris.

Ils croyaient manifester une supériorité morale et spirituelle en se tenant


loin du peuple, alors qu’en réalité leur suffisance, leur orgueil ouvraient
largement la porte de leur âme aux impuretés et aux faiblesses. Jésus, au
contraire, est descendu dans le peuple, et il l’a fait consciemment,
volontairement, en s’efforçant de l’instruire, et son audace, sa conviction et
son amour purifiaient l’atmosphère partout où il passait.

Bien sûr, ces faits se sont déroulés il y a deux mille ans, mais ce n’est 252

pas une raison pour les laisser de côté, car les questions qu’ils posent
continuent et continueront à se poser. Celui qui ne veut fréquenter que des
personnes distinguées, instruites ou vertueuses ne peut pas évoluer, car il ne
sera jamais un bon alchimiste. En ne cherchant pas à utiliser les énergies
contenues dans les racines, il se prive de fleurs et de fruits.

Si on étudie les différents épisodes de la vie de Jésus rapportés par les


Évangiles, on voit qu’il ne se préoccupait pas de séparer le bon grain de
l’ivraie. Il ouvrait son cœur et ses bras à tous ceux que les autres
méprisaient, repoussaient, condamnaient. Il n’a pas choisi pour disciples
des hommes instruits ou influents. Il n’allait pas seulement s’entretenir dans
le Temple avec les docteurs de la Loi, mais il marchait sur les chemins pour
instruire les foules et guérir les malades. Il entrait dans les maisons des gens
les plus simples ou de mauvaise réputation pour manger avec eux.

« Ce ne sont pas, disait-il, ceux qui se portent bien qui ont besoin de
médecins, mais les malades. »2 Voyez comment il parle à Marie-Madeleine
qu’il avait délivrée de sept démons ou à la Samaritaine qui avait eu cinq
maris, comment il donne en exemple « la pécheresse » qui avait versé du
parfum sur ses pieds, ou encore comment il sauve la femme adultère de la
lapidation.3
Les êtres d’une grande pureté sentent qu’ils peuvent aller dans tous les
milieux et fréquenter n’importe qui, ils n’ont pas peur d’être salis par les
autres. Leur amour est plus fort que tout et c’est cet amour qui les rend
capables de transformer les impuretés autour d’eux. Donc, contrairement à
ce que croient encore beaucoup trop de gens, se tenir à l’écart des faibles et
des pécheurs n’est pas un signe d’évolution. Je ne dis pas cela pour vous
pousser à aller vivre parmi tous les réprouvés de la terre, les malfaiteurs, les
débauchés. Le désir d’aider les êtres ne suffit pas pour les arracher à leurs
vices ou à leurs faiblesses. Combien de fois on a vu des personnes animées
d’intentions généreuses se laisser entraîner aussi bas que ceux qu’elles
voulaient sauver ! Elles avaient présumé de leurs forces. Pour transformer
les êtres, c’est sur soi-même d’abord qu’il faut avoir appris à faire ce travail
de transformation.

Jésus ne s’est donc pas préoccupé de séparer le bon grain de l’ivraie, et il


nous a donné le meilleur exemple. Il a montré qu’un grand Maître ne reste
pas dans les hautes sphères de l’esprit, mais qu’il se penche sur les êtres
encore frustes et primitifs. Il sait en effet qu’en retour il reçoit de ces êtres
de puissants courants d’énergies, et dans son travail pour le bien de tous, il
transforme ces énergies.

253

Pour terminer, revenons encore sur ce que cette parabole peut nous
apprendre d’essentiel. Un ennemi est venu semer de l’ivraie au milieu d’un
champ de blé. Ce champ peut être une image du monde, d’une société, mais
aussi, je vous l’ai dit, une image de l’homme lui-même. Et cet ennemi qui
est en l’homme, avec quel zèle il entreprend de détruire le travail de tous
ceux qui cherchent à faire de leur être une terre fertile ! Parmi les germes
qu’il s’ingénie à introduire en eux, il a le choix : la jalousie, l’orgueil, la
sensualité, la cupidité, la vanité, la colère… Pourquoi réussit-il ? Parce que,
comme dans la parabole, les gens « dorment », ils ne sont pas vigilants.

Cherchez donc à identifier cet ennemi intérieur qui essaie de se faufiler


pour faire pousser en vous de mauvaises herbes ou même des plantes
vénéneuses. Étudiez les méthodes qu’il emploie et vous pourrez alors être
averti d’avance de sa venue. Car chaque fois qu’il s’approche, il est
annoncé par quelques signes avant-coureurs : une pensée, une image, une
sensation, un désir. 122 Si vous devenez sa victime, c’est que vous ne
cherchez pas à vous analyser, vous vous promenez à la surface de votre être,
vous attendez les grands tourments pour commencer à vous préoccuper de
ce qui se passe en vous. Maintenant que vous êtes prévenu, tâchez de mieux
vous observer afin de percevoir les indices qui annoncent la venue de
l’ennemi.

Références bibliques

1. La parabole de l’ivraie et du bon grain – Matthieu 13 : 24-30

2. « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecins,
mais les malades » – Matthieu 9 :12

3. Jésus – et Marie-Madeleine – Marc 16 : 9

– et la Samaritaine – Évangile de Jean 4 : 4-26

– et la pécheresse qui oint ses pieds de parfum – Luc 7 : 36-50

– et la femme adultère – Évangile de Jean 8 : 3-11

53

« Soyez parfaits

comme votre Père céleste est parfait »

254

Depuis deux millénaires les chrétiens récitent : « Notre Père qui es aux
cieux ».1 Mais il est évident qu’ils n’ont pas encore bien tiré les
conséquences de cette filiation divine. Si Dieu est leur Père, c’est qu’ils
sont de même nature que Lui – on n’a jamais vu qu’un père et ses enfants
soient de nature différente. Et s’ils sont de même nature que Lui, ils peuvent
devenir comme Lui. C’est parce que Jésus savait que la véritable nature de
l’homme est sa nature divine qu’il a dit : « Soyez parfaits comme votre
Père céleste est parfait. »2 Vous remarquerez que Jésus n’a pas dit : Soyez
parfaits comme Dieu est parfait, mais « comme votre Père céleste est parfait
». Puisque Dieu est notre Père, nous portons en nous le germe de sa
perfection.

Mais avant d’aller plus loin, arrêtons-nous un moment sur le mot

« perfection ». Pour qu’un enfant puisse progresser, s’instruire, il est


souhaitable qu’il soit « parfait », on peut dire aussi « accompli », c’est-à-
dire que son cerveau, ses yeux, ses oreilles, ses bras, ses jambes, etc., soient
en état de fonctionner correctement, sinon tout sera beaucoup plus difficile
pour lui. De même, pour que nous parvenions à cette perfection dont parle
Jésus, les organes de notre vie psychique et spirituelle doivent être bien
développés et en bon état de fonctionnement. C’est la condition première
pour que nous puissions tendre vers la perfection de Dieu qui est
omniscient, tout amour et tout-puissant. Pour devenir parfait, il faut donc
être déjà parfait, c’est-à-dire être arrivé à un premier degré de

« perfection » qui, à force de travail, nous rapprochera de la perfection de


Dieu Lui-même.

Contrairement à une théorie généralement répandue, l’homme ne descend


pas du singe ou de n’importe quel autre animal. Lorsque la croûte terrestre
s’est solidifiée, il y a des milliards d’années, les plantes sont apparues, puis
les animaux, et enfin, l’homme. De la plante à l’homme il y a bien eu
évolution, mais seulement évolution des formes. Lorsqu’est apparue une
forme convenable pour lui, l’esprit humain est descendu dans cette forme.

Exactement comme un propriétaire vient prendre possession de la maison


qu’on a fini de lui construire. Ce n’est pas la maison qui produit l’homme, il
ne sort pas des murs, il vient d’ailleurs et il ne s’installe qu’au moment où
la maison est prête. De la même façon, quand l’esprit a trouvé un corps
capable de le recevoir et des conditions pour se manifester à travers ce
corps, il est descendu des régions célestes et, depuis des millions d’années,
il ne cesse de descendre. Il a donc fallu une évolution des formes pour qu’il
puisse y avoir l’involution de l’esprit.

255
Il est écrit dans le livre de la Genèse que Dieu créa l’homme à son image,
ce qui signifie qu’Il a fait descendre son esprit en lui.3 On peut comparer
cette image de Dieu à une graine, et c’est donc en nourrissant cette graine,
en l’arrosant, en la vivifiant, que l’homme s’approchera peu à peu de la
perfection divine. Car qu’est-ce qu’une graine ? Une créature vivante qui ne
cesse de faire appel aux forces et aux matériaux de l’univers afin
d’accomplir sa tâche. Et sa tâche, c’est de ressembler à l’arbre qui l’a
produite. Le Créateur a donné à chaque graine la vocation de ressembler à
son père, l’arbre ; c’est pourquoi, une fois semée, toute son activité va dans
le sens de cette vocation : elle prend dans la terre et l’atmosphère les
éléments nécessaires à sa croissance, et elle délaisse les autres. C’est ainsi
qu’elle arrive à réaliser toutes les potentialités contenues dans le schéma
qu’elle porte en elle.

En apparence, il n’y a rien de très spécial dans une graine. Si vous l’ouvrez
pour l’observer au microscope, vous n’y découvrirez pas l’image de l’arbre.
Comment se fait-il qu’elle finisse par donner cette créature immense avec
des racines, un tronc, des branches, des feuilles, des fleurs et des fruits ?….
Étant donné que l’empreinte qu’elle porte en elle est de nature éthérique,
elle n’est pas visible : il faudrait donc avoir la possibilité de voir dans le
monde éthérique pour découvrir toute la structure de l’arbre tel qu’il doit se
développer d’après des lignes de forces déterminées. De même, aucune
observation microscopique de la « graine » que l’homme donne à la femme
ne peut indiquer ce que sera l’enfant. Mais une fois cette graine semée dans
le sein de la mère et nourrie de son sang, elle se développe, et un jour
l’enfant vient au monde en possession de tous ses traits physiques et
psychiques propres.

Chaque semence que l’on trouve dans la nature porte une empreinte
originelle d’après laquelle, une fois mise en terre, elle va se développer et
acquérir peu à peu les mêmes caractéristiques que la plante qui l’a produite

: forme, dimensions, couleurs, saveur, parfum, propriétés nutritives,


curatives… Ce phénomène naturel que nous voyons sans cesse se répéter
sous nos yeux nous révèle le mystère de l’être humain, le mystère de sa vie
psychique et spirituelle ; car lui aussi possède intérieurement un schéma
d’après lequel les forces qui sont en lui se déterminent et s’orientent.
De la même façon que la graine est prédestinée à devenir comme son père,
l’arbre, c’est la vocation de l’être humain de tendre vers la perfection de son
Père céleste : elle est inscrite dans sa structure. Mais il faut évidemment
admettre que cette évolution ne peut se dérouler que sur des millénaires. En
disant : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est 256

parfait », Jésus sous-entendait donc la réincarnation. Sinon, que penser de


ces paroles ? Ou bien il parlait sans réfléchir en demandant à des créatures
tellement imparfaites de parvenir en quelques dizaines d’années à la
perfection du Père céleste, ou bien il s’imaginait qu’il est facile de devenir
comme Lui ! Dans les deux cas, cela ne parle pas en sa faveur. En réalité,
Jésus ne pouvait pas penser que l’être humain est capable de devenir parfait
en une seule existence, non, mais il savait qu’à force de souhaiter cette
perfection et de travailler pour l’obtenir, après des incarnations et des
incarnations, il finira par atteindre le but.

Vous regardez un chêne et vous pensez : quel arbre formidable ! Pourtant, il


n’était d’abord qu’un gland tombé à terre et exposé à être mangé par un
cochon qui passait par là. Nous aussi, nous ne sommes presque rien, mais si
nous savons nous servir de la force akashique pour travailler sur l’image
divine qui est en nous, nous deviendrons tels que le Seigneur nous a conçus
à l’origine. C’est cette force akashique que mentionne Hermès Trismégiste
dans la Table d’Émeraude, « la force forte de toutes les forces ». De cette
force, qu’il appelle Télesma, il dit « Le soleil est son père. » D’autres
traditions lui ont donné un nom différent, mais quel que soit le nom qu’on
lui donne, c’est toujours la même force qui vient du soleil ; c’est lui qui en
est le distributeur, la source intarissable à laquelle nous pouvons puiser. Une
des manifestations de cette force est l’amour, non pas ce sentiment qui
apporte aux humains plus de tourments que de joies, mais l’énergie
cosmique qui fait mouvoir les mondes.

En disant : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait », Jésus ne
fait rien d’autre que nous encourager à travailler sur l’image de Dieu
inscrite en nous, afin de parvenir jusqu’à la ressemblance. Cette image de
Dieu que l’être humain porte en lui se trouve dans le germe du corps
atmique123, c’est-à-dire dans l’esprit, là où règne la perfection absolue. Il
est impossible de la percevoir, parce que cette image est recouverte par la
matière des autres corps qui sont comme des écrans, des verres opaques et
déformants, mais elle existe. Si nous nous concentrons sur le germe du
corps atmique, nous arriverons peu à peu à vivifier l’empreinte divine en
nous, et un jour cette empreinte changera non seulement les vibrations de
nos corps psychiques, mais aussi celles de notre corps physique.

Observez comment travaillent les forces de la nature. Pendant l’hiver, bien


que la terre soit remplie de semences de toutes sortes, aucune ne pousse, car
il manque la chaleur et la lumière. Alors, elles attendent… Mais avec le
retour du printemps, la chaleur et la lumière du soleil reviennent et 257

toutes ces graines qui restaient là, cachées, invisibles, commencent à germer
et à croître. Vous direz que vous savez cela depuis longtemps… Bien sûr,
vous le savez, mais vous n’en avez pas encore compris tout le sens ni tiré
toutes les conséquences. Le savoir et la compréhension sont deux choses
différentes. On sait, on sait, mais ce savoir formidable, qu’a-t-il donné
jusqu’à présent ? Si vous aviez compris, vous auriez senti que, vous aussi,
vous possédez des semences et vous auriez commencé à les faire croître à la
lumière et à la chaleur du soleil.

Et quand je parle ainsi du soleil, j’entends, bien sûr, le soleil spirituel.

Le soleil que nous voyons se lever chaque matin à l’horizon n’en est qu’un
lointain reflet ; mais si nous apprenons comment le regarder, la force
akashique ou force Télesma, qu’il propage à travers l’espace, viendra
vivifier en nous ce germe sublime qui porte l’empreinte parfaite du
Créateur.

Chaque matin, en nous présentant consciemment devant le soleil, nous


devenons les cultivateurs de notre propre terre, et peu à peu nous sentons
naître en nous de toutes petites pousses : les qualités et les vertus de notre
Père céleste qui ne demandent qu’à croître et à s’épanouir.124 Et il faut
aussi, bien sûr, les arroser. Le soleil envoie sa lumière et sa chaleur, mais il
ne peut pas arroser les plantes ; il a donc besoin d’une collaboratrice, l’eau.

Et cette eau est en nous : c’est l’amour. Quand nous sommes sous les rayons
du soleil, nous devons non seulement être actifs comme lui, mais penser
aussi à arroser en nous toutes ces graines avec notre amour, notre
reconnaissance. Chaque progrès que nous réalisons dans ce travail nous
suivra toute notre vie, et même au-delà, à travers nos existences
successives, et nous nous approcherons de plus en plus de la perfection du
Père céleste dont nous portons l’image inscrite en nous.

« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »… On se demande


d’abord comment Jésus a pu donner un pareil programme à cette foule qui,
souvent, ne savait même pas pourquoi elle le suivait sur les chemins. L’être
humain a tellement de faiblesses, tellement de lacunes !

Comment imaginer qu’il puisse parvenir à la perfection de son Père céleste

? Même s’il ne croyait pas que ce soit vraiment possible, c’est cet idéal que
Jésus nous a présenté, parce qu’il est le seul capable de répondre à ce besoin
d’absolu dont les humains ne sont pas toujours conscients. Leur existence
ne peut pas se limiter à la satisfaction de quelques désirs, de quelques
ambitions. Ils doivent chercher l’introuvable, marcher vers l’inaccessible,
tenter l’irréalisable. C’est ainsi qu’ils resteront toujours en haleine, vivants,
et progresseront dans la voie de la perfection.

258

L’Intelligence cosmique a tout prévu : le long des voies sans issue où ils
sont sans cesse tentés de s’égarer, elle a dressé des obstacles qui les obligent
à faire demi-tour ; tandis que sur la bonne voie, même difficile, ils ne sont
jamais arrêtés. Peu importe que l’idéal soit irréalisable, il est présent en
eux… idéalement ! Il participe chaque jour à ce qu’ils vivent, et c’est de lui
qu’ils reçoivent la force pour continuer à avancer. Peu importe que nous
n’atteignions jamais la perfection de notre Père céleste. Si Jésus nous a
donné cet idéal, c’est qu’il savait que l’évolution est une loi qui gouverne
l’univers. Ceux qui stagnent de quelque façon que ce soit finissent par être
écrasés, broyés par les courants puissants de la vie. Car la vie est toujours
en marche. C’est en ayant sans cesse devant notre regard intérieur cet idéal
de perfection divine que nous nous harmonisons avec ces courants.

À quelque niveau de l’évolution qu’il se trouve, chaque être humain doit


s’efforcer d’aller plus loin. S’il ne fait pas d’effort, c’est le plus souvent
parce qu’il s’imagine que la voie est obstruée. Mais peut-être est-elle
libre… Comment le savoir quand on ne cherche pas à avancer ? Chacun
doit faire des expériences pour savoir de quoi il est capable. Et même s’il
est obligé d’admettre qu’il ne peut pas aller très loin, il doit garder présent à
l’esprit que la perfection divine est le but de son existence terrestre. En
imaginant cet état extraordinaire d’épanouissement, de joie, de plénitude,
déjà il le goûtera, et pendant un moment au moins il sera réalisé pour lui.

Quand vous devez affronter une situation redoutable : passer un examen,


subir une opération, comparaître devant un tribunal, plusieurs jours à
l’avance vous vous inquiétez en vous demandant comment cela va se passer
et vous vivez déjà péniblement ces moments… Et quand vous pensez que
vous allez rencontrer celui ou celle que vous aimez, là aussi vous vivez ce
moment par avance et vous en ressentez déjà de la joie. Alors, puisque la
pensée peut vous projeter dans un avenir tout proche, pourquoi pas dans un
avenir lointain ? La pensée est une puissance dont vous n’avez pas encore
mesuré la portée.

Quelles que soient vos faiblesses, vos difficultés, n’oubliez jamais que vous
devez marcher vers la perfection divine. Si vous l’oubliez, ne soyez pas
étonné de ne jamais pouvoir sortir des déceptions, des chagrins, du
désespoir. Ensuite, bien sûr, vous donnerez du travail aux médecins.

Tellement de gens se débattent dans des problèmes insolubles ! On dit qu’ils


souffrent d’angoisse, de dépression, de neurasthénie, de névrose… les
appellations scientifiques ne manquent pas. Mais en réalité, il s’agit
toujours de la même maladie : l’oubli de leur véritable nature, de leur
essence divine et de leur prédestination finale. Si vous étiez vraiment 259

attentif, vous vous rendriez compte que tout ce dont je vous parle dans mes
conférences touche d’une façon ou d’une autre à ce sujet. Alors, accrochez-
vous chaque jour à la pensée de votre avenir lumineux.

Même si la perfection divine est, pour le moment, un idéal inaccessible,


c’est pourtant à la réalisation de cet idéal que vous devez travailler pour
construire votre avenir. À ce moment-là, les pensées, les sentiments et les
désirs disparates qui vous tirent dans tous les sens et vous affaiblissent
trouveront leur maître ; ils seront obligés de participer à votre entreprise de
régénération comme vous l’avez vous-même décidé. Tous les animaux qui
voudront piétiner les fleurs de votre jardin intérieur devront rester dehors.

La porte sera seulement ouverte aux entités lumineuses du monde invisible


qui viendront faire un travail sur vous.

Pour s’approcher seulement de cet idéal de perfection divine que nous


présente Jésus, quelle science à acquérir, quelle discipline à accepter, quels
efforts à faire chaque jour ! Mais c’est cela qui est magnifique : être
toujours en mouvement, avancer, grimper. Tout le sens de notre existence
est inscrit dans cette aspiration à la perfection divine ; et pas seulement le
sens de notre existence actuelle, mais aussi celui de toutes nos existences
futures, et cela pour l’éternité.

Références bibliques

1. « Notre Père, qui es aux cieux » – Matthieu 6 : 10-13

2. « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » – Matthieu 5 : 48

3. « Dieu créa l’homme à son image » – Genèse 1 : 26

54

« Les derniers seront les premiers,

et les premiers seront les derniers »

« Le Royaume des Cieux est semblable à un maître de maison qui sortit


dès le matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne. Il convint avec eux
d’un denier par jour, et il les envoya à sa vigne. Il sortit vers la troisième
heure, et il en vit d’autres qui étaient sur la place sans rien faire. Il leur dit
: Allez aussi à ma vigne, et je vous donnerai un salaire équitable. Et ils y
allèrent. Il sortit de nouveau vers la sixième heure et vers la neuvième et il
fit de même. Étant sorti vers la onzième heure, il en 260

trouva d’autres qui étaient sur la place, et il leur dit : Pourquoi vous tenez-
vous ici toute la journée sans rien faire ? Ils lui répondirent : C’est que
personne ne nous a loués. Allez aussi à ma vigne, leur dit-il.
Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle
les ouvriers, et paie-leur le salaire, en allant des derniers aux premiers.
Ceux de la onzième heure vinrent, et reçurent chacun un denier.

Les premiers vinrent ensuite, croyant recevoir davantage ; mais ils reçurent
chacun un denier. En le recevant ils murmurèrent contre le maître de la
maison, et dirent : Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et tu les
traites à l’égal de nous, qui avons supporté la fatigue du jour et la chaleur.
Il répondit à l’un d’eux : Mon ami, je ne te fais pas tort : n’as-tu pas
convenu avec moi d’un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en.

Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi. Ne m’est-il pas permis de faire
de mon bien ce que je veux ? Ou vois-tu d’un mauvais œil que je sois bon ?

Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. »1

Au premier abord, n’importe qui trouvera l’attitude de ce maître de maison


illogique et injuste. Le plus difficile à admettre, c’est la réponse qu’il fait à
celui qui, ayant travaillé toute la journée, se plaint de ne pas être mieux
payé que celui qui a seulement travaillé une heure : « Ne m’est-il pas
permis de faire de mon bien ce que je veux ? » Et si on considère que ce
maître de maison représente Dieu Lui-même, on en conclut qu’Il prend des
décisions arbitraires. Pourquoi ceux qui ont travaillé depuis le matin ne
sont-ils pas payés davantage que ceux qui n’ont travaillé qu’une heure ?…

Et comment se fait-il que les derniers deviennent les premiers, et les


premiers les derniers ? C’est le monde à l’envers.

Le maître sort donc à la première heure pour louer des ouvriers, puis il sort
à nouveau à la troisième, à la sixième, à la neuvième et à la onzième heure.
Il faut d’abord se demander si ces ouvriers qui ont été loués aux différentes
heures de la journée avaient les mêmes compétences : peut-être n’avaient-
ils pas les mêmes travaux à exécuter.

Les humains ont naturellement tendance à faire des classements ; que ce


soit pour l’intelligence, le talent, la force, l’adresse, la beauté, la richesse,
etc., partout et toujours il y a un premier et aussi un dernier. Mais ces
classements sont très relatifs. Quand on considère un nombre limité
d’individus, on peut dire qu’un tel est le premier et tel autre le dernier ;
mais quand on considère la vie comme une chaîne infinie et ininterrompue,
261

où trouvera-t-on le premier et le dernier ?… De même, si l’on compare


l’existence à une roue qui tourne, celui qui est le premier devient le dernier
et inversement. Et dans une famille, qui est le premier : le père, la mère ou
l’enfant ? Pour l’âge, l’enfant est le dernier, mais pour l’importance, il est le
premier, car son père et sa mère concentrent toute leur attention sur lui. Ou
encore, certains qui sont les premiers là où il faut se montrer sage,
intelligent ou instruit, sont les derniers pour la résistance physique, et
inversement. Ainsi va le monde : ceux qui sont les premiers dans un
domaine sont les derniers dans un autre. Chacun peut donc se réjouir en se
disant qu’il est le premier quelque part !

L’être humain possède cinq sens : le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe et la


vue. Le premier qui est apparu est le toucher, et le dernier la vue ; mais pour
ce qui concerne l’organisation, la structure et les possibilités, c’est la vue
qui est le premier, c’est-à-dire le plus riche, le plus subtil. Ainsi le premier
est devenu le dernier et le dernier le premier… Et quand on plante une
graine ou un noyau, ce sont tout d’abord les racines qui se développent ;
puis, quand les racines sont solidement enfoncées dans la terre, une tige
commence à s’élever au-dessus du sol et elle se ramifie en branches.

Beaucoup plus tard, apparaîtront les feuilles, les fleurs et enfin les fruits.

Les racines, qui sont apparues les premières, restent les dernières pour ce
qui est de l’organisation, de la subtilité, de la beauté ; c’est pourquoi on
n’accorde pas tellement d’attention aux racines, tous recherchent les fleurs
et les fruits. Les pauvres racines qui sont enfouies dans le sol sont oubliées,
et pourtant, du point de vue biologique, ce sont elles les plus importantes.

Sans racines, pas d’arbre.

Prenons maintenant la question de l’amour et de la sexualité. C’est l’instinct


sexuel, l’instinct de procréation qui est apparu le premier. Ensuite, au cours
des millénaires, cet instinct primitif a évolué en une tendance de plus en
plus complexe et élaborée, comme s’il était la racine d’un arbre qui s’est
développé pour donner des feuilles, des fleurs et des fruits. Plus un être
évolue, moins il peut se satisfaire dans les plaisirs physiques, et plus il
cherche au contraire à manifester son amour dans la générosité, la finesse,
la poésie. La forme de l’amour qui est apparue la première dans le monde se
trouve donc maintenant la dernière, parce qu’il y a eu une évolution. Ces
exemples empruntés aux différents domaines de l’existence nous montrent
que dans la nature rien ne reste en place, tout est en mouvement, tout
évolue…

262

« Les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers…

» On ne peut comprendre cette parole de Jésus que si l’on tient compte de


l’idée d’évolution. 125 Dans la vie, celui qui s’accroche à ses points de vue,
à ses partis pris, à ses habitudes, finit par être le dernier, tandis que celui qui
cherche à s’adapter aux courants de l’évolution et connaît les moyens d’y
parvenir, peut devenir le premier. Supposez que vous vouliez aller jusqu’au
soleil dans un char tiré par des boeufs – en admettant qu’il existe d’ici au
soleil un bon chemin pour vos boeufs ! – combien de milliers d’années
mettrez-vous ? Si vous partez en barque sur l’océan cosmique, vous mettrez
presque autant de temps. Si vous prenez le train, vous irez déjà plus vite. Si
vous prenez l’avion, encore plus vite. Et si vous voyagez à la vitesse de la
lumière, vous arriverez en huit minutes et quelques secondes.

Que signifient ces exemples ? Que celui qui se déplace dans un char à
boeufs, c’est-à-dire qui utilise seulement les possibilités du corps physique,
les vieilles méthodes pour résoudre tous les problèmes, ne trouvera la vérité
qu’après des milliers d’années. À celui qui voyage sur l’eau, c’est-à-dire qui
marche à la vitesse des sentiments ordinaires, il faudra presque autant de
temps. Celui qui se déplace dans les airs, c’est-à-dire qui utilise son
intellect, ira plus vite. Mais celui qui peut voyager par l’esprit, par
l’intuition, se déplace à la vitesse de la lumière et il trouve immédiatement
la vérité.

Pour arriver le premier, pour atteindre rapidement le but, il faut en quelque


sorte changer de moyen de locomotion. Alors que les connaissances en
mécanique ont tellement progressé, on ne gagne pas une course automobile
en conduisant un vieux modèle ; il était certainement nouveau il y a des
années, mais maintenant il est dépassé. Cet exemple vous paraîtra peut-être
trop prosaïque, mais au moins il est clair. Pour comprendre pourquoi Jésus a
dit que les premiers seront les derniers, il faut tenir compte de l’évolution
qui se fait dans tous les domaines. Ce qui apparaît le premier ne peut pas
posséder le plus haut degré de perfectionnement. Beaucoup de nos
possibilités qui sont actuellement les premières seront plus tard les
dernières, et elles laisseront la place à des possibilités nouvelles. Nous
avons cinq sens, mais un jour nous développerons un sixième sens et il nous
révélera un univers extraordinaire que les cinq premiers étaient incapables
de nous faire découvrir.

Revenons maintenant à la parabole. Elle nous présente un maître de maison,


une vigne et des ouvriers embauchés à différentes heures de la journée,
mais qui ont reçu le même salaire. Cela paraît injuste, mais dans la 263

vie courante, est-ce qu’on donne le même salaire à un casseur de pierres,


par exemple, et à un peintre de talent ? On donne 150 ou 200 francs par jour
au casseur de pierres qui a travaillé huit ou dix heures, et 10 000 francs au
peintre qui a mis une demi-heure pour esquisser votre portrait en quelques
coups de crayon. De tels cas sont fréquents. Il y a des professions où on
gagne en une demi-heure beaucoup plus que d’autres en une semaine. Est-
ce une injustice ? Non. Cette différence entre les salaires prouve qu’il existe
des travaux et des ouvriers de différentes sortes, et c’est ce qui laisse
supposer que les ouvriers embauchés aux différentes heures par le maître de
la vigne n’avaient pas les mêmes compétences.

Le livre de la Genèse commence par les mots : « Bereschit bara Élohim eth
ha-schamaïm ve-eth ha-arets » : « Au commencement, Dieu créa le ciel et
la terre… »1262 Le nom Élohim est un pluriel ; on le traduit par «

Dieu », mais il représente en réalité un ordre angélique qui a créé le monde


avec l’aide de beaucoup d’autres entités : ce sont les « ouvriers » de la
parabole. Il ne faut pas croire qu’avant la création telle que la décrit la
Genèse il n’y avait rien ni personne. Il existait en réalité de nombreuses
créatures dont certaines ont participé à la formation de notre univers. Les
six jours de la Genèse correspondent aux différentes heures de la parabole.
Comme dans d’autres paraboles, la vigne est une image du monde, et les
ouvriers sont les créatures qui se sont succédé pour participer au grand
travail de sa construction. C’est une longue histoire qu’on peut présenter
ainsi. Lorsque le maître de maison (qui ne représente donc pas Dieu Lui-
même, mais les Élohim) a voulu avoir des ouvriers pour sa vigne, il a
d’abord appelé ceux qui étaient seulement capables d’accomplir des tâches
rudimentaires. Ces premiers ouvriers sont descendus pour travailler dans les
régions les plus denses de la matière, le règne minéral. Cette période
écoulée, il fallait de nouveaux ouvriers pour continuer le travail, et le maître
de maison a appelé des êtres qui se sont occupés du règne végétal.

Quand il est sorti pour la troisième fois, il a appelé des êtres qui ont
travaillé sur le règne animal. Quand il est sorti pour la quatrième fois, il a
loué des ouvriers capables de donner forme humaine à la matière. Enfin,
quand il est sorti pour la dernière fois, le travail était presque terminé, mais
il fallait de nouveaux ouvriers pour apporter les derniers perfectionnements,
et il a donc fait appel à des créatures angéliques. La venue de ces créatures
correspond à la naissance de la pensée dans l’homme. Elles sont venues les
dernières pour achever la création.

Ce n’est pas aux entités les plus élevées dans la hiérarchie que le Créateur
allait demander de s’occuper du monde minéral. Ces travaux 264

devaient être faits par d’autres. De même, dans la vie courante, on ne voit
pas un roi ou un Président de la République s’occuper de casser des cailloux
pour faire des routes… Et dans une entreprise, celui qui arrive le dernier, le
directeur, n’a parfois rien d’autre à faire, apparemment, que de donner
quelques signatures ; mais pour ces signatures il gagne davantage que les
ouvriers, car ce sont là des décisions très importantes pour la bonne marche
de l’entreprise. Il signe, puis il est libre… Mais quel travail il a dû réaliser
auparavant, afin de pouvoir un jour mettre simplement sa signature au bas
d’une feuille !

Prenons encore l’exemple de notre corps physique qui est constitué de


différents systèmes. Le premier est le système osseux. C’est une charpente
solide dont la structure ne se transforme presque pas au cours de
l’existence. On peut l’assimiler au règne minéral : il représente les ouvriers
de la première heure. Le deuxième groupe d’ouvriers est représenté par le
système musculaire, qui lui aussi évolue peu ; il correspond au royaume des
végétaux dont les racines sont profondément fixées à ce sol qu’est le
système osseux. Le troisième groupe d’ouvriers est représenté par les
systèmes circulatoire et respiratoire : ils correspondent au royaume des
animaux qui se déplacent librement sur la terre, dans l’eau et dans l’air. Le
quatrième groupe d’ouvriers correspond au système nerveux qui s’est
développé beaucoup plus tard dans l’homme ; comme sa structure est plus
fine que celle des précédents, il est capable de grandes avancées. Le
cinquième groupe d’ouvriers correspond aux entités qui travaillent dans la
partie spirituelle de notre être, notre aura ; car l’aura est aussi un système
qui se caractérise par une très grande mobilité et subtilité. Avec l’aura on
entre donc dans le monde spirituel, et les derniers ouvriers représentent le
règne angélique.

Et maintenant pourquoi les premiers deviennent-ils les derniers ? Parce


qu’ils n’évoluent pas. Tous les humains qui se contentent d’utiliser les
possibilités les plus élémentaires de leur être correspondant aux systèmes
osseux, musculaire, circulatoire et respiratoire, n’évoluent pas. Tandis que
ceux qui utilisent les possibilités du système nerveux et du système aurique,
évoluent rapidement et deviennent les premiers. Par la suite, beaucoup
d’autres êtres viendront encore qui développeront d’autres facultés, et grâce
à ces facultés, c’est eux qui seront les premiers.

Voilà comment les premiers deviennent les derniers et comment les derniers
deviennent les premiers. Tout d’abord, cette parabole paraissait présenter un
maître injuste et capricieux, mais maintenant tout devient clair.

Les ouvriers de la première heure n’étaient pas les plus évolués, c’est 265

pourquoi, bien qu’ils aient travaillé plus longtemps, ils n’ont pas reçu un
salaire supérieur aux ouvriers de la onzième heure, qui ont accompli une
tâche beaucoup plus délicate. Il n’y a donc aucune injustice ; tous ont reçu
ce qui leur était dû. Il est dit pourtant qu’en recevant leur salaire, les
ouvriers de la première heure murmurèrent contre le maître de maison…

S’ils se sont révoltés, c’est qu’ils ne connaissaient pas les lois qui régissent
l’univers. Une de ces lois est celle de l’évolution. S’ils ne voulaient pas être
les derniers, il aurait fallu qu’ils progressent. Tous ceux qui ne progressent
pas sont un jour dépassés par d’autres.

Il existe deux méthodes pour ne pas être dépassé : l’une est l’amour, l’autre
la sagesse. Avec l’amour et la sagesse on avance très vite. Si vous
rencontrez des êtres qui possèdent ces vertus que vous-même n’avez pas su
encore bien développer, au lieu de les fuir parce que vous avez l’impression
qu’ils vous font ombrage, approchez-vous d’eux et regardez comment ils
travaillent : vous apprendrez beaucoup. Il y a des gens qui ne supportent pas
la supériorité morale et spirituelle de certains êtres, ils éprouvent à leur
égard des sentiments d’irritation, d’envie, de révolte. C’est la plus mauvaise
manière de réagir. Cette révolte et cette colère ne les aideront pas ; au
contraire, à cause d’elles ils seront un jour les derniers.

Seuls l’amour et la sagesse peuvent nous aider à devenir les premiers.

Celui qui craint que d’autres le dépassent ou qui jalouse ceux qui l’ont
dépassé, révèle simplement qu’il n’a ni amour ni sagesse. Quand on
possède l’amour et la sagesse, on n’est jamais inquiet ni jaloux : parce
qu’on se sent riche. Le riche a-t-il des raisons d’être envieux ? Non. Seul le
pauvre peut être envieux parce qu’il se sent démuni. Je parle évidemment là
de la richesse et de la pauvreté spirituelles.

Si vous voulez devenir le premier, étudiez, méditez, faites des exercices afin
de manifester l’amour et la sagesse. Vous avancerez alors si rapidement,
que ceux à côté de qui vous passerez auront à peine le temps de vous
entendre dire : « Bonjour, bonjour »… vous serez déjà loin ! Car en
travaillant avec l’amour et la sagesse, un jour vous vous déplacerez dans
l’espace à la vitesse de la lumière.

Références bibliques

1. Le Royaume de Dieu est semblable à un maître de maison qui sortit dès


le matin –

Matthieu 20 : 1-16

2. « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre » – Genèse 1-1


266

55

Avant que le soleil se couche

« Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que


ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et
va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter ton offrande.
Accorde-toi promptement avec ton adversaire pendant que tu es en chemin
avec lui, de peur qu’il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l’officier
de justice et que tu ne sois mis en prison. »1

Le conseil que donne ici Jésus est repris d’une autre façon par saint Paul
dans son Épître aux Éphésiens, lorsqu’il dit : « Que le soleil ne se couche
pas sur votre colère. »2 Avant de présenter son offrande à l’autel… pendant
qu’on est en chemin… avant le coucher du soleil… Ces trois images
signifient que nous devons chercher à régler les conflits que nous avons
avec les autres quand il en est encore temps.

Le coucher du soleil représente la fin de ce cycle qu’est une journée.

Mais dans le langage symbolique, une journée n’est pas uniquement une
période de vingt-quatre heures : cela peut également représenter un mois,
une année, une vie, et même beaucoup plus. Souvenez-vous des six jours de
la création dans la Genèse.3 Avant le coucher du soleil, c’est la période de
la vie physique ; après le coucher du soleil, c’est la période de la vie astrale,
la vie dans l’au-delà. En hébreu, le mot iam signifie à la fois la mer et
l’ouest, la région du ciel où le soleil se couche. Il est dit, dans la tradition,
qu’en abandonnant son corps, l’âme de l’homme se couche à l’ouest ; là,
elle est contrainte de traverser la grande mer, le plan astral.

Puis, continuant sa marche, elle revient vers l’est, où se lève le soleil : elle
s’incarne à nouveau.

Se réconcilier avec son frère signifie rétablir l’harmonie avec lui. Le jour où
il quitte la terre, l’être humain doit être en paix avec toutes les créatures.
S’il y en a certaines avec lesquelles il est encore en conflit, qu’il ne laisse
pas traîner cette situation, sinon sa négligence s’inscrira en lui comme une
dette à payer. Vous direz : « Mais il y a des personnes que nous ne pourrons
jamais revoir, et d’autres qui ne voudront jamais faire la paix avec nous. »
C’est vrai, mais par la pensée vous pouvez rechercher ces personnes et,
dans votre coeur, dans votre âme, faire, vous, la paix avec elles.

267

Le soleil qui se lève chaque matin marque le début d’une journée, et en ce


début de journée, si vous avez des projets, vous êtes libre de les réaliser ou
pas, ainsi que d’y apporter des modifications. Mais au moment où le soleil
se couche, quand la journée s’achève, ce qui est fait est fait, rien de plus et
rien de moins. Alors, n’attendez pas le coucher du soleil, c’est-à-dire
n’attendez pas que le délai soit passé.

Il est donné à chacun un délai suffisamment long pour se réconcilier avec


son frère, s’accorder avec son adversaire, réparer ses erreurs. Une fois ce
temps écoulé, celui qui n’a pas voulu payer ses dettes ou qui n’a pas su le
faire, subira la loi du karma : la loi des causes et des conséquences. Tout est
inscrit, parce que tout laisse une empreinte, et une fois le délai passé il est
impossible de s’arranger à l’amiable, comme on dit. Quand on n’a pas mis
ses affaires en ordre avant le coucher du soleil, c’est-à-dire avant de quitter
la terre, on retrouvera les mêmes difficultés dans une prochaine incarnation.

Et par « affaires » il ne faut bien sûr pas comprendre uniquement les


affaires matérielles.

Les humains ignorent que les pensées, les sentiments et les actes qui ne leur
sont pas inspirés par l’amour et la sagesse véritables produisent des troubles
qui se prolongent bien au-delà de leur vie terrestre. Eux-mêmes ne sont plus
là, mais leurs pensées, leurs sentiments et leurs actes égoïstes, malveillants,
qu’ils n’ont pas pris la peine de réparer, contribuent à alimenter les courants
destructeurs qui circulent dans l’espace et empoisonnent l’atmosphère
psychique de la terre. 127 Tâchez donc de prendre conscience que les
pensées, les sentiments et les actes ne produisent pas uniquement des effets
sur des personnes déterminées, à un moment donné, dans un lieu précis.
Dans le monde invisible ils provoquent des forces, bénéfiques ou
maléfiques et on ne sait pas jusqu’où ni jusqu’à quand elles agiront. Donc, «
avant que le soleil se couche », au moins par la pensée faites l’effort de
rétablir la paix en vous et autour de vous.

Références bibliques

1. « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel » – Matthieu 5 : 23-25

2. « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère » – Épître de Paul aux
Éphésiens 4

: 28

3. Les six jours de la Création – Genèse 1-31

56

268
« Si ton œil est pur,

tout ton corps est dans la lumière »

Grâce aux progrès des sciences et des techniques, l’humanité a acquis un


pouvoir considérable sur la matière, et dans ce sens on peut dire que notre
siècle dépasse tous les autres. Mais le monde matériel exerce maintenant
une telle fascination sur nos contemporains, il a sur eux une telle emprise,
qu’ils perdent de vue les réalités du monde spirituel. Seuls sont ouverts
leurs yeux physiques et ils cherchent partout de quoi satisfaire leur curiosité
ou leurs convoitises ; leur œil intérieur, cet œil qu’ils possèdent dans les
régions subtiles de leur être, est comme frappé d’aveuglement.

Une bonne vision des choses ne s’acquiert que par la pureté. C’est pourquoi
notre Enseignement met l’accent sur la vie pure, aussi bien dans le plan
physique que dans le plan psychique. Toute la destinée de l’homme dépend
de la clarté de son œil intérieur, et cette clarté dépend de sa façon de vivre.
Quand il commet une faute, qu’il transgresse les lois divines, sa vision
spirituelle s’obscurcit, il n’est plus averti ni guidé, et il s’égare dans des
voies sans issue. Mais dès qu’il se décide à mener une existence droite,
honnête, intègre, ses centres subtils commencent à fonctionner, et non
seulement il voit, mais il vit dans la lumière.

C’est là le sens de la parole de Jésus : « Ton œil est la lampe de ton corps. Si
ton œil est pur, tout ton corps est dans la lumière ».1 Jésus parlait de notre
œil intérieur et non de nos yeux physiques. On doit d’ailleurs remarquer
qu’il ne dit pas « tes yeux » mais « ton œil » ; et ensuite, du point de vue
physiologique, l’état du corps ne dépend pas de celui de l’oeil, surtout d’un
seul oeil. Ce sont plutôt les yeux qui dépendent de l’état général de
l’organisme. Tandis que l’oeil intérieur est indépendant du corps physique,
et si nous le débarrassons des couches opaques qui l’obscurcissent, à travers
lui les courants lumineux du monde divin pénètrent jusque dans les
profondeurs de notre corps.

Certains êtres ont tellement travaillé à purifier leur oeil intérieur que
lorsqu’on se trouve devant eux, c’est immédiatement le mot « lumière » qui
vient à l’esprit. Comme si dans leur coeur, dans leur âme, ils étaient
capables de distiller une matière impondérable, puis de la projeter autour
d’eux sous forme de rayons. Ou alors, comme s’ils avaient capté quelque
chose de la lumière diffusée dans l’espace et l’avaient condensée en eux.

Leur corps entier semble fait d’une substance translucide à l’intérieur de


laquelle brûle une flamme. Pour beaucoup, cette lumière reste un grand 269

mystère parce qu’ils ne savent pas qu’elle est le résultat de processus très
réels de la vie intérieure. Le sage, l’Initié, obtient cette lumière par un
travail de tous les instants. De chaque pensée, de chaque sentiment, de
chaque désir et de chaque action qu’il parvient à rendre plus désintéressés,
plus purs, il retire une quantité infinitésimale de lumière.

L’oeil au centre d’un triangle est un symbole très répandu dans le


christianisme et dans certains mouvements spirituels. Même si, d’après la
tradition, cet oeil représente l’oeil de Dieu qui voit tout, cela ne signifie pas,
comme certains le croient naïvement, que Dieu passe son temps à observer
les humains et à noter toutes leurs bonnes et mauvaises actions pour ensuite
les récompenser ou les punir. Cet oeil de Dieu est en réalité en nous, et celui
qui est capable de sentir le regard de cet oeil qui « sonde les reins et les
coeurs »2, comme il est dit dans le livre du prophète Jérémie, avancera
toujours sans risque de s’égarer. Il dépend de nous que cet oeil soit ouvert
ou fermé. Les yogis de l’Inde qui l’appellent le « troisième oeil

» le situent à la racine du nez. Dans le système des chakras il correspond à


Ajna chakra. Nos deux yeux physiques forment avec le troisième oeil, un
triangle, disons plutôt un prisme.128 Quand un faisceau de lumière traverse
les parois d’un prisme, il se décompose en sept couleurs. De même, quand
un faisceau de lumière spirituelle vient frapper notre troisième oeil, il se
décompose en autant de couleurs qui renforcent notre aura et la rendent
sensible aux réalités de l’âme et de l’esprit.

270
Pour le moment, la plupart des humains ne reçoivent la lumière qu’avec les
yeux physiques, car leur troisième oeil est obstrué par des pensées et des
sentiments chaotiques, passionnels, qui l’empêchent de recevoir les
courants d’en haut. Et tant qu’ils n’ont pas appris la maîtrise de leur monde
psychique, il vaut mieux qu’ils ne s’exercent pas à se concentrer sur ce
troisième oeil, car cela pourrait provoquer en eux de graves déséquilibres.

Il faut posséder de grandes qualités morales et être très fort psychiquement


pour franchir les frontières du monde invisible.129

« Si ton oeil est pur, tout ton corps est dans la lumière. » Pour que la
lumière divine pénètre en nous et se répande ensuite dans tout notre corps,
nous devons travailler à la purification de notre oeil spirituel en nourrissant
les désirs, les sentiments et les pensées les plus élevés. Une fois purifié, cet
oeil nous protège aussi, parce qu’il nous surveille, et il est tellement
souhaitable de se sentir surveillé afin de ne pas commettre d’erreurs ! C’est
pourquoi nous devons même lui demander de poser toujours son regard sur
nous, et nous réjouir lorsqu’au moment de dévier, la seule sensation de ce
regard nous protège et nous garde sur le bon chemin.
Références bibliques

1. « Ton oeil est la lampe de ton corps » – Luc 11 : 34.

2. Dieu qui sonde les reins et les coeurs – Jérémie 11 : 20

271

57

La transfiguration de Jésus sur le mont Thabor

« Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, son frère, et il
les conduisit à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux
; son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs
comme la lumière. Et voici, Moïse et Élie leur apparurent s’entretenant
avec lui. Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que
nous soyons ici ; si tu veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une
pour Moïse, et une pour Élie. Comme il parlait encore, une nuée lumineuse
les couvrit, et une voix fit entendre de la nuée ces paroles : Celui-ci est mon
Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection : écoutez-le ! Lorsqu’ils
entendirent cette voix, les disciples tombèrent sur leur face et furent saisis
d’une grande frayeur. Mais Jésus, s’approchant, les toucha et dit : Levez-
vous, n’ayez pas peur ! Ils levèrent les yeux, et ne virent que Jésus seul. »1

Jésus a donc conduit Pierre, Jacques et Jean « à l’écart, sur une haute
montagne ». La mention de cette haute montagne est symbolique, elle
annonce déjà qu’un événement d’une dimension spirituelle exceptionnelle
va se produire, et Jésus est transfiguré devant ses disciples qui le voient
s’entretenir avec Moïse et Élie. Pourquoi eux particulièrement ? C’est à
Moïse que Dieu avait dicté sa loi sur le mont Sinaï ;2 et Élie, dont le
prophète Malachie avait annoncé le retour, s’est réincarné plus tard en la
personne de Jean-Baptiste pour préparer la venue de Jésus.1303 Cela
signifie qu’il n’y a aucune rupture entre l’ancienne et la nouvelle Alliance,
entre l’ancien et le nouveau Testament. Jésus l’a lui-même souligné quand il
a dit
: « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi et les prophètes ; je suis
venu non pour l’abolir, mais pour l’accomplir. »4

Et maintenant, comment comprendre la transfiguration de Jésus ?

La transfiguration est une manifestation de ce que la tradition initiatique


appelle le corps de gloire. Comme l’aura, le corps de gloire est une
émanation de l’être humain. Mais avec cette différence : l’aura exprime la
totalité de l’être humain avec ses qualités et ses défauts, et elle peut donc
être lumineuse ou terne, alors que le corps de gloire qui est l’expression de
la vie spirituelle la plus intense est pure lumière. C’est pourquoi il se
manifeste seulement chez les plus grands Maîtres. Cette manifestation est
d’une telle intensité qu’un flot de lumière semble surgir du plus profond de
272

leur être pour embraser leur corps entier et même leurs vêtements. En effet,
lorsque l’Esprit divin réussit à pénétrer la matière d’un être et à en prendre
possession, il lui communique des vibrations si puissantes que même le
corps physique semble devenir lumière. L’Esprit commence par toucher les
corps mental (la pensée) et astral (le sentiment), c’est pourquoi la vie
spirituelle commence par un travail sur les pensées et les sentiments. Mais
pour être complet, ce travail doit aussi toucher le corps physique afin qu’il
devienne lui-même l’habitacle de l’Éternel.

Nous possédons tous le corps de gloire en germe, et ce germe se trouve


dans le corps éthérique, qui est le double du corps physique. Pour que vous
compreniez mes explications, je dois commencer par vous rappeler
comment l’être humain, par sa structure, présente des analogies avec les
différents règnes de la nature : son corps physique avec le règne minéral ;
son corps astral avec le règne animal ; son corps mental avec le règne
humain. Quant au corps éthérique, qui est le double subtil du corps
physique, il correspond au règne végétal. Comme les plantes qui sont fixées
au sol mais communiquent en même temps avec le ciel, le double éthérique,
qui est fixé au corps physique, est aussi en communication avec les corps
supérieurs. Vous savez que la végétation est une des conditions de la vie sur
terre, et cette végétation a besoin d’eau : sur une terre privée d’eau la vie
disparaîtrait. De même, si on sépare le double éthérique du corps physique,
l’homme meurt.
La terre a besoin d’être remuée, transformée, et les plantes se chargent de
cette tâche. Ce sont les premières ouvrières, les plus tenaces et les plus
dévouées. On dirait que l’Intelligence cosmique a mis en elles le désir de ne
pas laisser un atome de terre sans le vivifier. Et si elles y parviennent, c’est
qu’elles savent lier le monde d’en bas au monde d’en haut. Prenons un
arbre : profondément enfoncé dans le sol par ses racines, il capte des
énergies du soleil, de l’atmosphère ; la sève transporte ensuite ces énergies
jusqu’aux racines qui font dans la terre un grand travail de transformation.

La terre est inerte, passive, mais pleine de substances, d’éléments qu’elle ne


peut transmettre que par l’intermédiaire des plantes.

De même que la végétation pénètre la terre, le double éthérique pénètre le


corps physique, et comme il possède aussi des ramifications dans les corps
supérieurs, il y capte des énergies qu’il introduit dans l’organisme. Il vivifie
la matière du corps physique en faisant apparaître les qualités cachées en
elle. De même que l’arbre fait le lien entre le monde d’en bas et le monde
d’en haut, le corps éthérique fait le lien entre le corps physique et les corps
subtils.

273

C’est grâce au corps éthérique que le corps physique est doué de vie, et
aussi de sensibilité. Il est lié à lui par ce que l’on appelle la corde d’argent.

Cette corde a quatre ramifications : la première a un point d’attache dans le


cerveau, la deuxième dans le coeur, la troisième dans le plexus solaire, et la
quatrième dans le foie. À ces quatre points d’attache sont fixés les germes
du corps physique, du corps éthérique, du corps astral et du corps mental.

En venant s’incarner sur la terre, l’être humain apporte avec lui ces quatre
germes qui sont des atomes minuscules sur lesquels est enregistré tout ce
qu’il possède comme caractères physiques et psychiques propres.

Le corps éthérique, de même que les autres corps subtils, se forme


exactement comme se forme le corps physique de l’enfant dans le sein de sa
mère, d’après les mêmes lois. Lorsque le père a déposé le germe, c’est tout
un processus qui se déclenche. À l’insu même de la mère, des courants
d’énergies commencent à apporter des matériaux dont la quantité et la
qualité correspondent au germe qu’elle a reçu ; et ces matériaux qui entrent
dans la constitution du corps de l’enfant s’organisent autour de lignes de
forces. Partout dans la nature on observe le même processus. Une graine est
mise en terre : arrosée par la pluie, chauffée par le soleil, elle commence à
croître, et peu à peu les éléments qui la nourrissent s’ordonnent d’après
certaines lignes de forces pour former la tige, les branches, les feuilles et,
plus tard, les fleurs et les fruits.

Que nous apprend encore la loi de l’analogie ? Puisque ce qui est en bas est
à l’image de ce qui est en haut, comme l’homme, la terre ainsi que les astres
qui peuplent l’espace possèdent un corps éthérique, un corps astral, un
corps mental et, au-delà encore, des corps supérieurs. Tous ces corps subtils
de la terre, des planètes, du soleil, des étoiles, pénètrent l’homme, le
nourrissent et le font grandir. Mais ce n’est pas parce qu’il est né
physiquement sur la terre, qu’il est déjà né dans les autres plans : des
cordons le relient aux autres matrices qui sont comme des mères
successives. Pour naître dans un monde, il faut couper le cordon ombilical
afin de devenir indépendant. Et si l’être humain est indépendant ici dans le
plan physique puisque le cordon ombilical qui le reliait à sa mère a été
coupé, les cordons qui le relient encore aux autres plans, aux autres « mères

», ne sont pas coupés : et il n’est donc pas encore né, c’est-à-dire


indépendant dans son corps astral, son corps mental et ses corps spirituels.

Je pourrais vous parler en détail des différents corps de l’homme, comment


ils se forment successivement et comment ils s’emboîtent et s’interpénètrent
les uns les autres. Mais aujourd’hui, je m’arrêterai 274

seulement sur le corps éthérique, parce qu’il participe à la formation du


corps de gloire, ce corps dans lequel Jésus est apparu transfiguré devant ses
disciples.

La Science initiatique enseigne que le corps éthérique se compose de quatre


couches, ou strates, superposées. La première, qui correspond à la terre, est
appelée l’éther chimique et elle permet la croissance, l’élimination. La
deuxième, qui correspond à l’eau, est appelée l’éther vital
; elle permet la reproduction et donne la sensibilité au corps physique. La
troisième qui correspond à l’air est appelée l’éther lumière ; elle maintient
la chaleur, la vitalité du corps, mais elle est surtout le siège des perceptions.
Enfin, la quatrième, appelée l’éther réflecteur, est le siège de la mémoire :
tous les événements de la vie de l’homme s’enregistrent en elle, et c’est en
elle aussi que se trouve le germe qui rassemble tous les traits
caractéristiques du corps en train de se former.

Et là encore, tout se passe comme avec l’arbre. Chaque arbre provient d’un
germe et produit à son tour des germes, des graines, des semences. Le corps
éthérique produit lui aussi un germe dans lequel se concentrent les
différentes caractéristiques de la créature qui va naître. Ce germe se trouve
dans le coeur, à la pointe du ventricule gauche, et c’est à partir de ce germe
que le corps de gloire peut se former, car il est en relation avec les germes
des autres corps subtils qui sont tous liés les uns aux autres : le germe
physique, le germe éthérique, le germe astral et le germe mental se suivent
et communiquent entre eux. Quand vous avez une pensée, elle ne reste pas
isolée dans le corps mental, elle touche le corps astral où naissent les
émotions, les désirs. Et le corps astral touche à son tour le corps éthérique,
qui touche enfin le corps physique : à ce moment-là vous êtes poussé à agir.

Tout se tient.

Et chaque corps subtil est aussi plus particulièrement relié à certains


organes du corps physique : le corps mental au cerveau et à la moelle
épinière ; le corps astral au foie et aux organes génitaux ; le corps éthérique
à la rate et au plexus solaire. C’est par la rate et le plexus solaire que le
corps éthérique capte les énergies du soleil et les distribue dans tout
l’organisme. De même que l’estomac reçoit et digère les aliments qui
nourrissent le corps physique, le plexus solaire nourrit le corps éthérique
avec la lumière qu’il reçoit du soleil.

Reportons-nous maintenant au schéma des six corps. Étant donné que le


corps éthérique fait partie du corps physique, il n’est pas toujours 275
nécessaire de lui attribuer une place particulière. Mais si on doit lui en
donner une, en établissant les mêmes correspondances on voit comment il
est lié au corps bouddhique. C’est ce lien qui existe entre le corps
bouddhique et le corps éthérique qui explique la transfiguration de Jésus : la
lumière de son corps bouddhique est descendue dans son corps éthérique et
s’y est projetée avec une telle puissance qu’elle a jailli à travers son corps
physique. Le corps bouddhique est le corps de l’amour désintéressé, du
sacrifice, et Jésus était l’exemple même de l’amour et du sacrifice. Il ne
cessait de nourrir son corps bouddhique avec les sentiments, les aspirations
les plus élevés. C’est pourquoi, par l’intermédiaire du corps astral auquel le
corps bouddhique est lié, les états de conscience supérieurs que Jésus vivait
dans son corps bouddhique ont agi sur son corps éthérique au point de se
manifester comme un embrasement du corps physique.

Ce travail qu’a fait Jésus, c’est aussi celui du véritable disciple de la


Science spirituelle qui, par ses pensées, ses sentiments, ses désirs, cherche à
opérer des transformations jusqu’au coeur même de ses cellules. Car les
milliards de cellules qui constituent le corps physique d’un être humain sont
les demeures de petites âmes, et à chacune d’elles a été confiée une activité
déterminée. Une cellule n’est pas, en effet, une simple particule de matière
occupant une place quelconque dans notre organisme. Elle se conduit
comme une ouvrière consciente du travail qu’elle doit accomplir dans la
partie du corps où elle se trouve, et c’est de son travail que dépend le bon
fonctionnement de l’ensemble.

Il est difficile d’expliquer le lien qui nous unit à toutes les âmes qui habitent
notre organisme. Mais ce lien existe et il est même très fort. Quand 276

nous en avons pris conscience, par la vie que nous menons, ainsi que par un
travail de la pensée nous pouvons entrer en contact avec nos cellules pour
les régénérer. Ce travail est facilité par le fait qu’elles ne cessent de se
renouveler. Au bout d’un certain temps – on dit généralement sept ans –

elles ont toutes été remplacées : de nouvelles cellules ont succédé aux
anciennes.

Vous vous demandez alors pourquoi les humains commettent les mêmes
erreurs durant toute leur vie ? Pourquoi se laissent-ils aller aux mêmes
faiblesses ? Pourquoi sont-ils victimes des mêmes maladies ? Je vous l’ai
déjà expliqué : c’est que, même si les vieilles cellules ont été remplacées
par de nouvelles, quelque chose d’essentiel n’a pas été renouvelé : leur
mémoire. Chaque nouvelle cellule continue le travail de celle dont elle a
pris la place. Dans notre organisme tout se passe comme dans les
administrations, les usines, les ateliers : quand les employés arrivent à l’âge
de la retraite, on les remplace par de plus jeunes à qui on donne à faire le
même travail, avec les mêmes objectifs, les mêmes méthodes. On peut donc
dire qu’ils se transmettent une certaine mémoire. Et c’est parce que ses
cellules se transmettent aussi leur mémoire que l’homme persiste dans son
ancienne vie : les cellules de son corps ont beau être remplacées, lui n’a pas
changé, car il n’a pas cherché à remplacer leur mémoire. Ce ne sont plus les
mêmes cellules, mais elles ont les mêmes activités qu’elles exercent de la
même manière.

Celui qui s’efforce de maîtriser, de purifier, d’enrichir sa vie psychique, agit


non seulement sur les particules matérielles de son corps, mais il touche
aussi leur mémoire : tous ses mauvais penchants, ses mauvaises habitudes
laissent peu à peu la place à de nouveaux comportements, meilleurs. Sa
mémoire intime est ainsi remplacée. C’est cette mémoire, dont le corps
éthérique est le support, qui se trouve plus particulièrement dans cette zone
appelée l’éther réflecteur.
Chaque organe de notre corps physique, chaque cellule de chaque organe
possède un double éthérique porteur de mémoire. Toutes nos cellules, et
particulièrement celles qui constituent la matière grise et la matière blanche
du cerveau et du plexus solaire, enregistrent nos actions, nos désirs, nos
sentiments, nos pensées. Ces enregistrements sont des sortes de clichés, et
une fois imprimés, ils ont tendance à se répéter ; c’est ainsi que naît
l’habitude. 131 Si vous voulez changer d’habitudes, vous devez changer les
clichés en vous efforçant d’agir conformément à la nouvelle orientation que
vous souhaitez prendre. Cela nécessite une vigilance extraordinaire. Si vous
êtes négligent, vous oubliez, et l’ancien cliché se reproduit fidèlement.

277

La vigilance est le secret du changement. Vous devez donc veiller à ce que


chaque geste, chaque parole, chaque pensée, chaque sentiment devienne
l’occasion d’imprimer en vous les clichés de la nouvelle vie. Ces nouveaux
clichés vous feront entrer en relation avec les régions lumineuses de
l’univers. Et parce que ces régions sont aussi en vous, vous recevrez d’elles
les courants les plus purs, les particules les plus précieuses qui entreront
dans la formation de votre corps de gloire.

Par vos pensées, vos sentiments, votre façon de vivre, vous ne cessez
d’alimenter quelque chose en vous. C’est donc à vous de décider si vous
voulez alimenter vos corps inférieurs ou votre corps de gloire. Cette
construction du corps de gloire est une entreprise de très longue haleine,
c’est vrai, mais vous pouvez commencer dès aujourd’hui. En apprenant à
mettre de l’ordre dans votre vie psychique, vous élevez votre niveau de
conscience, et ce que vous vous efforcez de vivre là, très haut, attire à vous
des particules de lumière.

Que faisons-nous le matin quand nous regardons le soleil se lever ? Par la


pensée nous allons recueillir quelques particules de lumière et de chaleur
pour nourrir notre corps de gloire. Mais que ce soit devant le soleil, au
sommet d’une montagne, dans une église ou chez nous, peu importe, nous
pouvons toujours attirer des particules de la plus grande pureté. Ainsi, le
jour où nous devrons abandonner notre corps physique, qui n’est qu’une
enveloppe, nous partirons dans l’espace avec ce corps lumineux qui est le
vrai temple de Dieu. C’est dans ce corps-là que nous vivrons éternellement,
et nous regagnerons tous les pouvoirs que nous possédions dans le passé
lointain, quand nous n’avions pas encore quitté le Paradis terrestre. Alors, à
nouveau les animaux seront nos amis, les esprits de la nature nous
serviront… Toutes les forces des mondes visibles et invisibles obéissent à
celui qui est arrivé à édifier son corps glorieux.

Ce que je vous explique là, concernant le corps de gloire, complète ce que


je vous ai dit au sujet de la résurrection. L’être humain est obligé de rendre
un jour tous les éléments qui composent son corps physique à la Terre mère
dont il est sorti. Mais dans son corps de gloire, son corps de lumière, il
vivra éternellement, car par sa pureté et l’intensité de ses vibrations, la
lumière s’oppose aux processus de la désagrégation, de la maladie et de la
mort, et le jour où la lumière triomphe en l’homme, il devient immortel.

La résurrection concerne bien le corps physique, mais un corps physique


278

que l’être humain au cours de ses incarnations successives est parvenu à


vivifier par l’esprit, au point qu’au moment de sa disparition dans la mort, il
laisse place à un corps de lumière. Ce corps de lumière peut déjà se
manifester durant son existence terrestre, et c’est cette manifestation que
rapporte le récit de la transfiguration de Jésus sur le mont Thabor :
l’irruption de son corps spirituel, son corps de gloire, à travers son corps
physique.

Si le Créateur nous a donné un esprit et un corps, ce n’est pas pour qu’ils


vivent en étrangers, ou même, pire encore, en adversaires. Le véritable
spiritualiste est celui qui apprend à purifier son corps physique, afin que
l’esprit, trouvant le champ libre, parvienne peu à peu à l’imprégner de ses
quintessences au point de devenir visible, tangible. À ce moment-là, le
corps et l’esprit ne sont plus distincts, ils ne font qu’un. En apparaissant
transfiguré devant ses disciples Pierre, Jacques et Jean, Jésus leur a révélé
comment le corps physique peut lui aussi devenir lumière par la puissance
de l’esprit, par la puissance de l’amour. C’était la plus grande révélation
qu’il pouvait faire à ceux qu’il avait élus.

Références bibliques
1. Jésus transfiguré sur le mont Thabor – Matthieu 17 : 1-13

2. Moïse sur le mont Sinaï – Exode 24

3. Prophétie de Malachie concernant le retour d’Élie – Malachie 4 : 5

4. « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la Loi et les prophètes » –
Matthieu 5 : 17

58

La multiplication des cinq pains

et des deux poissons

« Jésus monta sur la montagne, et là il s’assit avec ses disciples. Or la


Pâque, la fête des Juifs, était proche. Ayant levé les yeux et voyant une
grande foule qui venait à lui, Jésus dit à Philippe : Où achèterons-nous des
pains, afin que ces gens aient à manger ? Il disait cela pour l’éprouver, car
il savait bien ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : Les pains qu’on
aurait pour deux cents deniers ne suffiraient pas pour que chacun en
reçoive un peu. Un de ses disciples, André, frère de Simon 279
Pierre, lui dit : Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux
poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de gens ? Alors Jésus dit :
Faites-les asseoir. Il y avait en ce lieu beaucoup d’herbe. Ils s’assirent
donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Jésus prit les pains, rendit
grâces et les distribua à ceux qui étaient assis ; il leur donna de même des
poissons, autant qu’ils en voulurent. Lorsqu’ils furent rassasiés, il dit à ses
disciples : Ramassez les morceaux qui restent afin que rien ne se perde. Ils
les ramassèrent donc, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux qui
étaient restés des cinq pains d’orge, après que tous eurent mangé. »1

Il n’est pas utile de se demander, comme l’ont fait certains commentateurs,


à quelles puissances surnaturelles Jésus a dû faire appel pour nourrir cinq
mille hommes en multipliant cinq pains et deux poissons.

Je vous expliquerai ce passage d’un tout autre point de vue, en vous


montrant qu’il contient des vérités essentielles de la science spirituelle.

Pour comprendre la signification qu’ont ici les pains et les poissons, nous
devons commencer par interroger le grand livre du zodiaque.

Le soleil parcourt en un an les douze constellations zodiacales : Bélier,


Taureau, Gémeaux, etc. Le point vivant de la voûte céleste, ou point vernal
(situé à l’intersection des circonférences dans le plan de l’écliptique et dans
le plan de l’équateur, correspondant à l’équinoxe du printemps), tourne en
sens inverse du soleil. Tous les 2160 ans, ce point vivant entre dans une
nouvelle constellation,132 ce qui entraîne des changements dans tous les
domaines de la vie : les nouveaux courants qui commencent à circuler dans
l’univers exercent leur influence sur toutes les créatures vivantes.

280

Chaque grande religion est placée sous l’influence de deux constellations


opposées sur le cercle du zodiaque. La religion chrétienne est placée sous
l’influence des Poissons et donc du signe qui lui est opposé, la Vierge. Dans
les Évangiles, plusieurs passages rappellent ces deux signes de la Vierge et
des Poissons. Le symbole de la Vierge existe depuis des temps
immémoriaux ; c’est l’image de la nature pure, chaste, inviolée, qui met au
monde le Fils éternel, le Moi supérieur, le Christ, et les chrétiens lui ont
donné le visage de Marie, mère de Jésus. Quand Jésus appelle ses premiers
disciples, Pierre et André son frère, qui étaient des pêcheurs, il leur dit : «

Suivez-moi et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »2 Les humains sont donc


ici comparés à des poissons. Et un jour où on réclamait à Pierre les deux
drachmes du tribut à payer à l’occupant romain, Jésus lui dit : « Va à la mer,
jette l’hameçon et tire le premier poisson qui viendra ; ouvre-lui la bouche
et tu trouveras un statère. Prends-le et donne-le leur pour toi et pour moi.
»3

Dans un autre passage Jésus demande : « Lequel de vous donnera une


pierre à son fils, s’il lui demande du pain ? Ou s’il demande un poisson, lui
donnera-t-il un serpent ? »4 Ces paroles ne sont pas prononcées par hasard,
elles renvoient au signe des Poissons et à celui de la Vierge qui, dans le
zodiaque, est traditionnellement représenté par une jeune fille portant une
gerbe de blé, et avec le blé on fait du pain. Jésus lui-même s’est identifié au
pain. « Je suis le pain de vie 5 … Je suis le pain vivant descendu du ciel. Si
quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. »6 Et à la fin de
l’Évangile de saint Jean, il y a l’épisode de la pêche miraculeuse suivi du
repas que Jésus ressuscité partage avec ses disciples en leur donnant du
poisson et du pain.7

Du point de vue astrologique le signe des Poissons est dominé par Jupiter,
et celui de la Vierge par Mercure. Jupiter représente un homme d’âge mûr et
Mercure un enfant ; ils s’opposent donc par la taille, la mentalité, l’activité.
La Vierge et l’enfant (Mercure) que l’on retrouve dans l’image de la Vierge
Marie portant l’Enfant-Jésus, est un symbole de pureté.

Tandis que Jupiter, qui est la planète de la générosité, de la bienveillance,


domine dans les Poissons, signe de la vie collective et du sacrifice. L’axe
Vierge-Poissons (voir schéma) représente donc l’axe du Christ. C’est sous
l’influence de ces deux constellations – la Vierge, symbole de pureté, et les
Poissons, symbole du sacrifice – que le christianisme est apparu. Le Christ,
né de la Vierge, s’est manifesté comme Poisson. Vous le savez sans doute,
281

les premiers chrétiens n’avaient pas une croix pour symbole, mais un
poisson, car Jésus lui-même était appelé Ichthus, mot grec qui signifie «
poisson ». C’est à partir des lettres de ce mot qu’a été rédigée l’inscription
que l’on trouve sur certains tableaux : Iêsous Christos Théou Uios Sôtêr :
Jésus- Christ, Fils de Dieu, Sauveur.

Que nous apprend encore l’axe Vierge – Poissons ? Étant donné que l’être
humain, le microcosme, a été créé à l’image de l’univers, le macrocosme,
chaque partie de notre corps est en correspondance avec une constellation
zodiacale. C’est le plexus solaire qui est en relation avec la Vierge, et les
pieds avec les Poissons. Et puisque la Vierge et les Poissons, qui
représentent l’axe du Christ, sont liés entre eux, c’est qu’il existe aussi un
lien entre les pieds et le plexus solaire.

Le plexus solaire fait partie du système sympathique qui se présente comme


un ensemble de ganglions et de plexus reliés par des filets nerveux.

Situé en arrière de l’estomac, il comprend cinq ganglions ordinaires et deux


ganglions dits semi-lunaires. Si on considère leur forme, les cinq ganglions
ordinaires sont ronds et font penser à des pains, et les deux ganglions semi-
lunaires font penser à des poissons. On retrouve donc là les cinq pains et les
deux poissons du récit évangélique. (Voir schéma)

Ce que je veux vous expliquer ici est inscrit dans le grand livre de la nature,
et cela apparaît clairement quand on considère le rôle que joue le plexus
solaire dans notre organisme. Tant que l’enfant se trouve dans le sein de sa
mère, il est rattaché à elle par le cordon ombilical, dans la région du plexus
solaire qui est en relation avec la Vierge. C’est par ce cordon qu’il se
nourrit. À la naissance, on coupe le cordon et l’enfant est séparé de sa mère.
Mais il existe un autre cordon, invisible celui-là, qui le relie à la mère
nature et par lequel il continue à être nourri ; et ce cordon ne doit pas être
coupé avant que l’homme soit prêt à mener une vie indépendante. Si le
cordon est coupé prématurément, l’homme, enfant de la nature, n’est plus
alimenté et il meurt.

282
Chaîne des ganglions du sympathique

Mais le rôle du plexus solaire ne se limite pas à la conservation de notre vie


physique. Les cinq pains et les deux poissons que Jésus a multipliés pour
nourrir la foule et qui sont représentés par les cinq ganglions ordinaires et
les deux ganglions semi-lunaires correspondent à des réalités de la vie
spirituelle. Chacun des cinq ganglions ordinaires, qui représentent les cinq
pains, est lié à une des cinq vertus du Christ : la bonté, la justice, l’amour, la
sagesse et la vérité. L’enfant dont il est dit qu’il avait les pains et les
poissons est en relation avec Mercure, qui domine dans la Vierge. La foule,
ce sont toutes les cellules qui constituent le corps humain et qui attendent
chaque jour d’être nourries. Quant aux deux ganglions semi-lunaires, ils
permettent à tous ceux qui ont travaillé sur leurs corps subtils de voyager
dans l’espace.

Vous trouverez peut-être que ces explications n’ont rien à voir avec le
miracle fait par Jésus… Alors, reportez-vous à ce passage de l’Évangile de
saint Matthieu qui suit la multiplication des pains : « Les disciples en
passant à l’autre bord, avaient oublié de prendre des pains. Jésus leur dit

: Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et des sadducéens. Les


disciples raisonnaient en eux-mêmes et disaient : C’est parce que nous 283

n’avons pas pris des pains. Jésus devinant leur pensée, dit : Pourquoi
raisonnez-vous en vous-mêmes, gens de peu de foi, sur ce que vous n’avez
pas pris des pains ? Êtes-vous encore sans intelligence, et ne vous rappelez-
vous plus les cinq pains des cinq mille hommes et combien de paniers vous
avez emportés ?… Comment ne comprenez-vous pas que ce n’est pas au
sujet de pains que je vous ai parlé ? »8 Le pain symbolise donc aussi une
autre sorte de nourriture, une nourriture spirituelle.

Quant au pouvoir de se déplacer dans l’espace, on lit dans l’Évangile de


saint Marc : « Le soir étant venu, la barque était au milieu de la mer et
Jésus était seul à terre. Il vit qu’ils (ses disciples) avaient beaucoup de
peine à ramer car le vent leur était contraire. À la quatrième veille de la
nuit environ, il alla vers eux, marchant sur la mer, et il allait les dépasser.

Quand ils le virent marcher sur la mer, ils crurent que c’était un fantôme et
ils poussèrent des cris, car ils le voyaient tous et ils étaient troublés.

Aussitôt Jésus leur parla et leur dit : Rassurez-vous, c’est moi, n’ayez pas
peur ! Puis il monta avec eux dans la barque et le vent cessa. Ils furent en
eux-mêmes tout stupéfaits et remplis d’étonnement, car ils n’avaient pas
compris le miracle des pains parce que leur coeur était endurci. »9

Ces deux passages signifient d’abord que les poissons et les pains dont
Jésus a nourri la foule ne sont pas des poissons et des pains matériels.

Ensuite que ce miracle est bien en relation avec le pouvoir qu’avait Jésus de
se déplacer dans l’espace, et dans ce cas précis de marcher sur l’eau –

ce qui s’explique par le lien qui existe entre le plexus solaire et les pieds. Il
est dit que si ce pouvoir étonne les disciples, c’est « parce qu’ils n’avaient
pas compris le miracle des pains », et des poissons aussi, évidemment.
Dans chaque être humain le plexus solaire alimente des millions et des
millions de cellules grâce à « ses cinq pains et ses deux poissons ». S’il y a
si peu de personnes capables de recevoir cette nourriture, c’est qu’elles
mènent une vie qui perturbe son bon fonctionnement. Et surtout, elles
ignorent que le plexus solaire est aussi un organe de la vie spirituelle.

Admettons que Jésus ait nourri un jour toute une foule avec cinq pains et
deux poissons, c’est évidemment extraordinaire, mais si on se limite à une
interprétation littérale, ce miracle a une importance très limitée : il a eu lieu
il y a si longtemps ! Il n’est plus maintenant d’une grande utilité. Si
quelqu’un vous sert aujourd’hui un repas copieux et succulent, demain vous
serez à nouveau affamé, ce que vous avez mangé la veille ne vous nourrira
pas aujourd’hui, vous ne vous en souviendrez même plus.133 La foule
existe 284

encore maintenant, et Jésus ne peut pas l’alimenter chaque jour


physiquement. Il y a tant de gens affamés sur la terre ! Mais dans le plan
spirituel, le Christ peut nourrir chaque jour tous ceux qui ont éveillé leur
conscience supérieure en pratiquant les vertus représentées par la Vierge et
les Poissons : la pureté et l’amour désintéressé du prochain.

Références bibliques

1. « Jésus monta sur la montagne, et là il s’assit avec ses disciples » –


Évangile de Jean 6 : 3-13

2. « Suivez-moi et je vous ferai pêcheurs d’hommes » – Matthieu 4 :19

3. « Va à la mer, jette l’hameçon… » – Matthieu 17 : 27

4. « Lequel de vous donnera une pierre à son fils ? » – Matthieu 7 : 9

5. « Je suis le pain de vie » – Évangile de Jean 6 : 35

6. « Je suis le pain vivant descendu du ciel » – Évangile de Jean 6 : 51

7. La pêche miraculeuse – Évangile de Jean 21 : 2-13


8. « Les disciples en passant à l’autre bord avaient oublié de prendre des
pains » –

Matthieu 16 : 5-11

9. « Le soir étant venu, la barque était au milieu de la mer » – Marc 6 : 47-


52

59

« La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent,

Toi, le seul vrai Dieu »

« Or, la vie éternelle, c’est qu’ils Te connaissent, Toi, le seul vrai Dieu, et
celui que Tu as envoyé, Jésus-Christ. »1

Pour comprendre cette parole de Jésus, nous commencerons par nous


reporter à la tradition kabbalistique. Cette tradition enseigne que connaître
Dieu, c’est connaître son nom, car le nom exprime la quintessence d’un
être.

C’est pourquoi dans le Notre Père, Jésus commence par s’adresser à Dieu
en disant : « Que ton nom soit sanctifié ».2 Nous ne connaîtrons jamais
réellement Dieu, mais si nous prononçons son nom en cherchant à le
sanctifier en nous, en l’imprégnant de la lumière de notre esprit, nous
accéderons à ce degré supérieur de vie que Jésus appelle « la vie éternelle ».
La Bible ainsi que la Kabbale donnent plusieurs noms à Dieu, et chacun
représente un de ses attributs, une de ses manifestations. Parmi ces 285
noms, il y en a un qui occupe une place particulière, c’est le Tétragramme
Iod, Hé, Vav, Hé :

134 (l’hébreu se lit de droite à gauche). Dans ce nom qui s’écrit mais ne se
prononce pas (quand ils doivent le lire dans un texte, les Juifs disent «
Adonaï », le Seigneur), chaque lettre représente un principe qui agit dans
l’univers.

Le Iod est le principe masculin créateur, l’Esprit cosmique, qu’on peut


appeler le père. Le Hé est le principe féminin, l’Âme universelle, la matière,
la mère. Lorsqu’ils s’unissent, ils donnent naissance à un fils, le Vav et à
une fille, le deuxième Hé . Donc Iod : le père, Hé : la mère, Vav

: le fils, Hé : la fille, ces quatre lettres représentent la famille cosmique. Le


nom de Dieu est la synthèse des forces qui sont à l’oeuvre dans la création
et des manifestations qu’elles engendrent. En lui sont contenues
symboliquement toutes les possibilités de la vie.

Connaître Dieu, c’est étudier les quatre lettres de son nom. Celui qui
patiemment s’applique à en approfondir le sens entre dans la vie éternelle.

Et puisque l’homme a été créé à l’image de Dieu, les quatre lettres du nom
divin se retrouvent aussi en lui, dans son organisme psychique. Ce sont
l’esprit : le Iod ; l’âme : le Hé ; l’intellect : le Vav ; et le coeur : le deuxième
Hé. En travaillant avec ces quatre lettres qu’il porte en lui, en même temps
qu’il progresse dans la connaissance de ce qu’il est, lui, il progresse dans la
connaissance de Dieu.

Mais Jésus ajoute que la vie éternelle, c’est aussi connaître « celui qu’Il a
envoyé, Jésus-Christ ». Aux quatre lettres du nom de Dieu s’en ajoute donc
une cinquième, le Schin , que l’on trouve au centre du nom de Jésus,
Iéschouah

. Ce nom est le symbole de la descente de Dieu dans


le plan physique. À travers le Christ auquel Jésus s’est identifié, les quatre
principes divins représentés par l’esprit, l’âme, l’intellect et le coeur
s’incarnent dans l’homme.

Jésus est le fils de Dieu descendu sur la terre pour nous apprendre comment
nous manifester. Car si nous sommes sur la terre, c’est pour travailler dans
la matière. Nous ne devons pas rester dans le plan spirituel : l’esprit et
l’âme, ni dans le plan psychique : l’intellect et le coeur, mais exprimer
toutes leurs possibilités et leurs puissances au travers de notre corps
physique. Et notre main, avec ses cinq doigts, est un symbole du travail que
nous sommes prédestinés à faire sur la terre. 135 Jésus disait : «

Mon Père travaille, et moi aussi je travaille », 136 3 c’est-à-dire : Mon Père
travaille partout dans les têtes, les coeurs, les âmes, les esprits, et moi je 286

suis venu pour apprendre aux humains à travailler dans la matière avec
leurs mains, c’est-à-dire par l’intermédiaire de ces cinq doigts qui sont les
cinq vertus du Christ : la sagesse, l’amour, la vérité, la justice, la bonté.

Le Créateur a mis à la disposition de l’être humain tous les éléments


nécessaires pour vivre la vie éternelle. Pourquoi la plupart des théologiens
et des philosophes en ont-ils fait une question abstraite ? La vie éternelle,
c’est d’arriver à ouvrir notre esprit, notre âme, notre intellect, notre coeur à
toutes les vertus du nom de Dieu et de son Fils. Nous serons alors alimentés
par la Source inépuisable, exactement comme une lampe électrique est
alimentée par un générateur d’énergie. En ouvrant notre coeur à la pureté,
notre intellect à la lumière, notre âme à l’amour spirituel et notre esprit à la
toute-puissance divine, nous parviendrons un jour à nous manifester sur la
terre comme Jésus nous en a donné l’exemple.

De ce que je vous dis là, vous devez surtout retenir que la connaissance
n’est pas une faculté propre au cerveau comme on le croit généralement : on
a appris et compris, on a tiré des conclusions et on connaît. Et la
connaissance de Dieu qui donne la vie éternelle n’est pas seulement
l’affaire du cerveau, mais de toutes nos facultés psychiques et spirituelles.

Et j’ajouterai encore ceci : la faculté de comprendre et de connaître que


possède le cerveau représente la synthèse des propriétés que possèdent
toutes les cellules de nos organes, donc les cellules du coeur, des poumons,
de l’estomac, du foie, du sexe, des bras, des jambes…

Chaque cellule de notre corps possède une petite intelligence qui lui permet
d’exécuter une tâche déterminée dans l’organe auquel elle appartient, et le
cerveau fait la synthèse de toutes ces intelligences. Si les cellules ont des
capacités réduites, le cerveau reste obtus. Tout est lié, il ne faut pas séparer
le cerveau du reste du corps. C’est pourquoi, jour après jour, nous devons
penser à purifier, vivifier, éclairer les cellules de chacun de nos organes,
afin que leur bon fonctionnement se reflète sur notre cerveau. Les exercices
que donne notre enseignement concernant la respiration ou la nutrition, et
même aussi se laver, marcher, dormir, etc., n’ont pas d’autre but que la
régénération de nos cellules afin d’élargir, d’approfondir notre
compréhension.137 C’est à cette condition que nous vivrons cet état de
conscience que Jésus a appelé la vie éternelle. Car la vie éternelle n’est pas
une durée de temps ;138 et vivre la vie éternelle dépend de notre capacité à
entrer par tout notre être en harmonie avec la vie divine.

Références bibliques

287

1. « La vie éternelle, c’est qu’ils Te connaissent » – Évangile de Jean 17 : 3

2. « Que ton nom soit sanctifié » – Matthieu 6 : 10

3. « Mon Père travaille et moi aussi je travaille » – Évangile de Jean 5 : 17

60

La parabole du fils prodigue

« Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Mon père,
donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son
bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour
un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche.
Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, il
commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre au service d’un des
habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il
aurait bien voulu se rassasier des caroubes que mangeaient les pourceaux,
mais personne ne lui en donnait. Étant rentré en lui-même, il dit : «
Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi,
ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai :
Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être
appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires.

« Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le
vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et l’embrassa. Le
fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus
digne d’être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite
la plus belle robe, et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt et des
souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le.

Mangeons et réjouissons-nous : car mon fils que voici était mort, et il est
revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. »1

Dans ce récit, Jésus a résumé toute l’aventure humaine. L’homme a décidé


de quitter la maison paternelle pour courir le monde en croyant qu’il serait
plus libre, plus heureux. Pourquoi l’en empêcher ? Dieu, son Père céleste ne
l’a pas retenu. S’Il n’avait pas consenti à son départ, le fils n’aurait pas pu
s’éloigner ; mais parce qu’Il savait comment les événements se
dérouleraient, Il l’a laissé faire ses expériences. Loin de la maison
paternelle, c’est-à-dire loin de la lumière, le fils ne pouvait que dilapider
son héritage dans les plaisirs, les excès, au point d’être réduit à une 288

existence misérable. Jusqu’au jour où il a enfin compris qu’il valait mieux


maintenant pour lui reprendre le chemin de la maison ; et là son père
ordonne des réjouissances pour fêter son retour.

Cette parabole reprend et prolonge en quelque sorte le récit de la chute,


dans la Genèse.2 Ce récit s’arrête au moment où Adam et Ève, séduits par
les promesses du serpent, ont désobéi à Dieu et ont dû quitter le Paradis.
Dans la parabole du fils prodigue, Jésus veut montrer que cet exil n’est pas
définitif. Celui qui a tiré toutes les leçons de son expérience et souhaite
retourner dans la maison du Père doit savoir qu’il y est attendu.

Combien de théologiens ont voulu faire croire que Dieu, irrité contre les
premiers hommes que leur désobéissance avait entraînés loin du Paradis, ne
leur pardonnerait jamais leur faute ! Pas du tout : Il savait qu’après avoir
beaucoup souffert, ils s’assagiraient et reviendraient. Il leur a donné du
temps et Il s’est dit : « Ils souffriront un moment – quelques millions
d’années ! – mais quand ils reviendront, ils seront tellement heureux qu’ils
oublieront ces souffrances. Leur esprit est immortel, ce n’est pas si grave de
souffrir un peu. Qu’est-ce que c’est, quelques millions d’années devant
l’éternité ? » Voilà le raisonnement du Seigneur, qui n’est évidemment pas
le nôtre. Il est tellement patient, Lui…

En attendant de retourner auprès de Dieu, les humains apprennent


beaucoup. Car maintenant qu’ils ont commencé cette exploration de la
matière dense, ils doivent poursuivre l’expérience jusqu’au bout et
parcourir toutes les étapes. Imaginez que vous ayez grimpé sur un sommet :
si vous êtes raisonnable et attentif à ne pas glisser, vous pouvez rester là
autant que vous voulez. Mais si vous décidez de vous laisser glisser, vous
allez dégringoler au milieu des rochers, des ronces, avec le risque de finir
dans un précipice. Une fois que vous avez déclenché le mécanisme, rien ne
dépend plus de vous, vous subissez les conséquences de votre décision. Le
retour, la remontée est possible, mais après combien de difficultés !

Semblables au fils prodigue qui n’avait pas oublié la maison paternelle, les
humains conservent le souvenir du jardin d’Éden. Toute cette vie qu’ils ont
vécue dans les régions célestes est enregistrée en eux comme une mémoire
ineffaçable, c’est pourquoi il leur arrive d’en éprouver la nostalgie.
Quelquefois une rencontre, un visage, une lecture, un paysage, une image,
une musique réveille quelque chose en eux. Ils vivent à nouveau quelques
moments du Paradis, ils se sentent habités par la paix et la lumière

: ils retournent dans la maison paternelle. Malheureusement, cela ne dure


289
pas. Quand ils doivent reprendre leurs activités quotidiennes, ils ne font rien
pour retenir ces états, et ils oublient. C’est pourquoi ils ne cessent
d’éprouver des manques, des privations, et ils se promènent partout avec
leurs petits malheurs.

Essayez chaque jour de vous souvenir que vous êtes un fils de Dieu, une
fille de Dieu, et que vous pouvez vous retrouver tel que vous étiez dans le
passé lointain, quand vous êtes sorti du sein de l’Éternel. Vous avez perdu
cet état en voulant, comme le fils prodigue de la parabole, faire des
expériences loin de la maison paternelle ; mais maintenant vous pouvez
revenir. C’est cela le retour vers le Père, « la réintégration des êtres » :
quand l’être humain redevient maître de lui-même et des forces de la nature,
quand il retrouve enfin sa dignité d’héritier de son Père céleste.

Et la mission de toutes les religions, de toutes les Initiations, est d’amener


l’être humain à retrouver l’état de pureté et de lumière dans lequel il vivait
avant de quitter sa patrie céleste. Elles ne se préoccupent pas tellement de
raconter les différents moments de la Création – le livre de la Genèse n’y
consacre pas plus d’une page.3 Par contre, la Bible et tous les Livres sacrés
donnent un grand nombre de conseils, de prescriptions, de méthodes pour
que l’homme puisse rétablir le lien primordial avec Dieu.

Même si des philosophes, des théologiens, des Initiés se sont penchés sur la
question de la création, de la manifestation, de l’incarnation, c’est-à-dire de
la descente de l’esprit dans la matière, ils se sont beaucoup plus préoccupés
d’encourager les humains à retourner intérieurement dans la patrie de leur
âme et de leur en indiquer le chemin.

L’histoire du fils prodigue est celle de tout le genre humain, et elle est aussi
l’histoire de chaque individu qui, au lieu de vivre en accord avec les lois
divines, décide de devenir indépendant, parce qu’il a soi-disant besoin de
liberté, d’aventures…139 Au début, sa nouvelle situation lui paraît
agréable, car il se croit affranchi de toutes les contraintes. Mais, peu à peu,
les choses se compliquent, et même s’il bénéficie d’excellentes conditions
sur le plan matériel, intérieurement il commence à connaître les privations :
la faim, la soif, le froid, car il n’a plus d’abri. Loin du soleil spirituel, il perd
peu à peu toutes les possibilités de vivre et de se manifester dans la joie,
l’amour, la liberté. En revanche, d’autres possibilités apparaissent : celles de
souffrir, de pleurer, de crier, et même de devenir méchant au point de
vouloir tout détruire, y compris lui-même.

C’est pourquoi, chaque jour, le matin, le soir, tâchez de retrouver le chemin


jusqu’à Dieu, le soleil spirituel, pour bénéficier de sa lumière, de sa 290

chaleur, de sa vie. Vous pouvez très bien mener votre existence terrestre et
remplir vos obligations tout en gardant le lien avec Lui. Cela suppose
évidemment que vous ayez pris l’habitude de vous surveiller et, quand vous
sentez que vous vous éloignez, de tout faire pour réparer vos erreurs et
reprendre le chemin du retour. Le fils prodigue a au moins fini par
comprendre qu’il devait retourner dans la maison paternelle.

Il est écrit dans le Zohar que lorsque Dieu créa la pénitence (en hébreu
teschouvah), Il lui dit : « Chaque fois que les hommes se tourneront vers toi,
tu devras effacer leurs fautes. » Le mot teschouvah signifie aussi retour. Le
péché nous éloigne de Dieu et la pénitence nous ramène vers Lui.

Comme le fils prodigue qui, plein de remords, décida de retourner chez son
père, si nous prenons nous aussi conscience de nos fautes, et si nous
souhaitons sincèrement les corriger et retourner auprès de notre Père
céleste, Il nous recevra.

Depuis des siècles l’Église enseigne aux chrétiens que l’être humain est un
pécheur : il a été conçu dans le péché, il est né et il vit dans le péché.

Mais pourquoi continuer à souligner et à propager tellement cette idée qui


leur fait perdre l’espoir et le désir de se redresser ? Pourquoi le péché
d’Adam et Ève devrait-il obligatoirement se transmettre de génération en
génération pendant l’éternité ? Si les humains se décidaient à cultiver la
justice, la bonté, la sagesse, et surtout s’ils apprenaient comment concevoir
leurs enfants dans la lumière, la pureté et le véritable amour, de nouvelles
générations se lèveraient capables de ramener le paradis, l’âge d’or sur
terre. Pourquoi toujours rappeler le péché d’Adam et Ève ? Pourquoi
continuer à inculquer aux humains des croyances qui les maintiennent dans
la culpabilité ? Nous sommes tous des pécheurs, c’est entendu, mais nous
ne sommes pas obligés de le rester indéfiniment : nous pouvons progresser
jusqu’à la perfection.
Il est dit aussi dans le Zohar qu’au Paradis le visage du premier homme
était identique à celui du Créateur. Mais quand il a désobéi à Dieu, il a
quitté les régions de la lumière, il a connu le froid, l’obscurité, la maladie,
la mort, et son visage s’est altéré. Maintenant qu’il n’est plus l’image fidèle
de Dieu, l’être humain a perdu sa puissance, les esprits de la nature ne lui
obéissent plus et se plaisent à le tourmenter. Mais qu’il s’efforce de
retrouver son visage originel, et tous les esprits de l’univers se soumettront
de nouveau à lui. Jusque-là, il continuera à ressembler au fils prodigue de la
parabole qui dut mener l’existence misérable de gardien de pourceaux.

Mais, au moins, ce fils prodigue-là a fini par comprendre qu’il devait


regagner la maison paternelle. Comme lui, ne souhaitez-vous pas retourner
291

dans la lumière, l’amour et la vie du Père céleste, afin de retrouver votre


vrai visage ?

Mais la parabole ne s’arrête pas au moment où le père embrasse son fils qui
revient à la maison et ordonne des réjouissances. Il y a là un fils aîné qui, au
moment de l’arrivée de son frère, était occupé à travailler dans les champs.
Et voici la suite du récit.

« Lorsqu’il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les


danses. Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c’était. Ce
serviteur lui dit : Ton frère est de retour et, parce qu’il l’a retrouvé en
bonne santé, ton père a tué le veau gras. Il se mit en colère, et ne voulut pas
entrer. Son père sortit, et le pria d’entrer. Mais il répondit à son père

: Voici, il y a tant d’années que je te sers sans avoir jamais transgressé tes
ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour que je me réjouisse
avec mes amis. Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec
des prostituées, c’est pour lui que tu as tué le veau gras !

Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à
toi ; mais il fallait bien festoyer et se réjouir, parce que ton frère que voici
était mort et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est
retrouvé. »4
Arrêtons-nous sur les reproches que le fils aîné adresse à son père. « Il y a
tant d’années que je te sers sans avoir jamais transgressé tes ordres, et
jamais tu ne m’as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes
amis. » Et le père fait cette réponse : « Mon enfant, tu es toujours avec moi,
et tout ce que j’ai est à toi. » Ce qui signifie : « En vivant et en travaillant
auprès de moi, tu bénéficies non seulement de mon amour mais de mes
richesses. Que veux-tu de plus ? C’est à ton frère qui revient pauvre et
misérable que je dois donner quelque chose. » Donc, celui qui s’est
réellement mis au service de Dieu devrait ne se sentir privé de rien et
trouver là sa raison d’être et sa récompense. 140 Puisqu’il vit de la vie de
Dieu, il n’a besoin de rien d’autre, et il possède même tout ce qu’il lui faut
pour se réjouir avec ses amis. Tandis que celui qui revient avec la
conscience de s’être égaré et d’avoir tout perdu, souffre ; il faut donc
l’accueillir avec amour et fêter son retour.

Il y a toujours quelque chose de suspect dans l’attitude des gens soi-disant


vertueux qui voudraient que les « pécheurs » soient rejetés par Dieu et ne
trouvent plus jamais grâce auprès de Lui. Au cours des siècles, ce sont ces
gens étroits, fanatiques, qui se sont servis de la religion pour condamner
292

et persécuter ceux qui n’avaient pas, d’après eux, une conduite


irréprochable. Certains sont même allés jusqu’à inventer l’Enfer où les
damnés (damnés d’après eux !) sont précipités pour subir des châtiments
éternels, privés pour toujours de la présence de Dieu et de son amour.

Par cette parabole du fils prodigue, Jésus a aussi voulu affirmer que
personne n’a le droit de se mettre entre un être humain et son Père céleste.

Si quelqu’un décide de se retrancher lui-même de l’amour divin,


évidemment il est libre, mais personne ne peut l’exclure et personne n’a le
droit de penser qu’il est exclu. Tous les enfants égarés sont accueillis quand
ils désirent sincèrement revenir, et leur Père céleste fête leur retour.

Souvent, les pharisiens et les scribes murmuraient contre Jésus en disant

: « Cet homme accueille des gens de mauvaise vie et mange avec eux. »5
Mais Jésus le faisait consciemment, sciemment. Pour tous il a voulu ouvrir
les portes du Royaume de Dieu, car même les plus humbles, même les plus
méprisés, les plus coupables, sont fils et filles de Dieu.141 Il a mis en eux
cette étincelle, l’esprit, qui est une part de Lui-même, et c’est la présence de
cette étincelle qui les fait participer de sa nature. S’ils commettent des
fautes, s’ils commettent des crimes, ils méritent bien sûr d’être réprimandés
et même punis. Mais même si on est obligé de les traiter avec sévérité et,
pour un moment, de les tenir à l’écart, il ne faut jamais oublier qu’il existe
quelque part en eux, profondément enfoui, un germe divin, et que ce germe
divin doit être respecté par tous.

Quand on dit que les êtres humains sont fils et filles du même Père et de la
même Mère, cela ne signifie pas qu’ils sont égaux, mais qu’ils sont frères.
Déjà, dans une famille, on est obligé de constater que tous les frères et
soeurs ne sont pas égaux : les facultés physiques, intellectuelles, morales,
spirituelles ne sont pas également réparties entre eux, mais le lien fraternel
qui les unit doit réparer ces inégalités. Dans toutes les sociétés aussi il y
aura toujours des riches et des pauvres, des bien portants et des malades,
des capables et des incapables, des sages et des têtes brûlées, des gens
vertueux et des criminels. Le seul moyen de remédier à ces inégalités est la
conscience du lien fraternel qui lie tous les humains entre eux.

Le fils aîné aurait pu se réjouir du retour de son frère qu’il n’avait plus revu
depuis longtemps. Or, non seulement il ne se réjouit pas, mais il se met en
colère et refuse d’entrer dans la maison pour participer à la fête qu’a
ordonnée le père. De même, ceux qui ne comprennent pas que le Père
céleste attend avec indulgence et amour tous les égarés qui reviennent
auprès de Lui, s’excluent de la fête : ils se privent de ses bénédictions.

293

Références bibliques

1. « Un homme avait deux fils » – Luc 15 : 11-31

2. Adam et Ève : la chute – Genèse 3

3. La création du monde d’après la Genèse – Genèse 1 : 1


4. « Lorsqu’il revint et approcha de la maison » – L uc 15 : 11-31

5. « Cet homme accueille des gens de mauvaise vie » – Luc 15 : 2

61

« Réjouissez-vous de ce que vos noms

sont inscrits dans les cieux »

Des disciples vinrent dire à Jésus : « Seigneur, les démons mêmes nous
sont soumis en ton nom », et Jésus leur répondit : « Voici, je vous ai donné
le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et sur toute la
puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire. Cependant, ne vous
réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous
de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »1

Sans doute Jésus avait-il enseigné à ses disciples comment prononcer son
nom afin de chasser les entités maléfiques qui tiennent les humains en leur
pouvoir. Le nom d’un Initié, d’un grand Maître, est une puissance, une arme
que le disciple peut utiliser pour faire triompher le bien ; mais une arme est
maniée par un bras et ce bras doit être solide et bien exercé, sinon la
meilleure arme est inefficace. Si les disciples de Jésus avaient été des bras
solides et bien exercés, ils auraient eu une autre conduite au moment de son
arrestation dans le jardin de Gethsémani. Or, il est dit qu’à ce moment-là, «
tous les disciples l’abandonnèrent et prirent la fuite ».2

Combien de fois j’ai entendu des chrétiens réciter « Je peux tout par le
Christ-Jésus. » Le Christ est tout-puissant, oui, mais eux… S’ils n’ont pas
vraiment cherché à vivre la vie et l’enseignement du Christ, malgré cette
formule ils ne pourront pas grand-chose. Beaucoup se sont cru capables de
chasser des entités ténébreuses, sans savoir à quoi ils s’attaquaient. Et ces
entités ripostaient : « Le Christ, on le connaît, mais toi, qui es-tu ? Tu es
faible, misérable », et elles le terrassaient.

Mais laissons cela, et occupons-nous de la réponse de Jésus : « Ne vous 294


réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous
de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux. » Dans plusieurs passages
de la Bible, il est aussi fait mention d’un livre appelé « livre de vie », dans
lequel des noms sont inscrits. Il est dit par exemple : « Qu’ils soient effacés
du livre de vie, qu’avec les justes ils ne soient pas inscrits.

»3 Ou bien « Celui qui vaincra, je n’effacerai point son nom du livre de vie
et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. »4 Que les
noms soient inscrits dans les cieux ou dans le livre de vie, la signification
est la même.

Vous vous demandez comment savoir si votre nom est inscrit dans les
cieux… Je peux vous répondre en utilisant une analogie. Vous souhaitez,
par exemple, vous abonner à un journal : une secrétaire note votre nom,
votre adresse, et chaque jour le facteur glisse le nouveau numéro de ce
journal dans votre boîte aux lettres. Puisque vous recevez chaque jour ce
journal, c’est que votre nom est inscrit quelque part dans un fichier. De la
même façon, quand votre nom est inscrit en haut dans le livre de vie, c’est
comme si vous étiez abonné à un journal, mais un journal très spécial qui
s’adresse à votre âme, à votre esprit, et qui, vous le sentez bien, vous
apporte chaque jour une meilleure compréhension des choses, la paix, la
lumière, la joie.

Il est impossible d’oublier ceux qui figurent sur une liste, les humains le
savent bien, eux qui sont toujours en train de tenir des registres. La
différence entre les registres célestes et les registres terrestres, c’est que
pour y être inscrit il ne suffit pas d’en faire la demande ; il faut le mériter
par son travail, par ses efforts, et alors, sans même demander quoi que ce
soit, on est inscrit. Celui qui ne travaille pas n’est inscrit nulle part et ne
reçoit rien. Il n’existe évidemment pas dans les cieux un livre où des noms
seraient inscrits. Le livre est ici le symbole de l’univers et les noms ne sont
pas ceux de l’état civil. Ce terme de « nom » est également symbolique : du
point de vue de la science spirituelle, le nom exprime la quintessence d’une
créature, il est une synthèse de tout son être.

Avoir son nom inscrit dans les cieux, ou dans le livre de vie, rien ne doit
nous réjouir davantage, dit Jésus. Le pouvoir, les richesses, la gloire, tout
pâlit à côté. C’est pourquoi nous devons travailler en nous mettant au
service d’une idée sublime. Cette idée sublime est celle du Royaume de
Dieu sur la terre, un royaume de justice et d’amour, afin que tous les êtres
humains vivent dans la lumière, la paix, l’abondance.142

Oui, tous, et pas seulement quelques-uns comme c’est le cas pour le


moment. Nous ne représentons quelque chose de grand et de beau qu’en
295

proportion de ce que nous faisons pour la collectivité, pour l’humanité


entière ; c’est là que nous prenons notre vraie valeur, car nous devenons des
collaborateurs de Dieu Lui-même.

Celui qui travaille pour le bien de la collectivité devient un ouvrier dans le


champ du Seigneur. 143 Les esprits lumineux s’approchent de lui pour le
marquer de leur sceau. Et une fois qu’il est marqué, c’est comme s’il était
inscrit sur un registre : à côté de son nom est noté ce qui lui est dû, et
chaque jour il reçoit un courrier, on peut dire aussi un « salaire ». Ce salaire
prend diverses formes : force pour l’esprit, dilatation pour l’âme, lumière
pour l’intellect, chaleur pour le coeur, santé pour le corps physique.

Voilà ce que signifie avoir son nom inscrit dans les cieux.

On peut prendre une autre image et dire que cet être est branché sur une
sorte de centrale électrique : par les fils subtils qui le relient à cette centrale,
descendent des courants qui le pénètrent et mettent en marche ses appareils
psychiques et spirituels.144 Dans une maison, toutes sortes d’appareils se
mettent à fonctionner quand on les branche sur des prises électriques :
lampes, radiateurs, machine à laver, fer à repasser, cuisinière, postes de
radio et de télévision… Tellement d’activités sont possibles grâce au
courant distribué par une centrale ! Il en est de même dans l’être humain.
Combien de récepteurs vous possédez ! Veillez à ce qu’ils soient en état de
fonctionner : quand le courant céleste vous pénètrera, toute une vie nouvelle
s’éveillera et commencera à circuler en vous.

Vous avez tous les moyens de participer à la vie divine et de répandre cette
vie partout où vous allez. Alors, rien ne doit être plus important pour vous
que de devenir des ouvriers dans le champ du Seigneur, afin que votre nom
soit inscrit dans le livre de vie. Si vous avez la sensation de ne rien recevoir,
d’être oublié, c’est parce que vous ne vous êtes pas encore mis au travail.
Mais sachez qu’il n’est jamais trop tard pour vous rendre dignes d’être
inscrits dans ce livre.

Références bibliques

1. « Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis » – Luc 10 : 17-20

2. « Tous les disciples l’abandonnèrent et prirent la fuite » – Matthieu 26 :


56

3. « Qu’ils soient effacés du livre de vie » – Psaume 69 : 29

4. « Celui qui vaincra, je n’effacerai point son nom du livre de vie » –


Apocalypse 3 : 5

296

62

« Moi et le Père, nous sommes un »

On ne doit pas s’étonner si à l’heure actuelle tant de gens prétendent ne plus


croire en Dieu et nient même son existence. Ils ne peuvent plus accepter
l’image qu’on leur donne de Lui, une image puérile, simpliste ; et comme
ils ne savent pas par quoi la remplacer, ils sont là à se poser des questions
inutiles sur son existence. Mais ce n’est pas en se posant des questions sur
l’existence de Dieu qu’on obtient des réponses. On a des réponses en
travaillant à approfondir en soi-même la conscience d’une vie, d’une
présence. C’est en soi-même qu’on peut découvrir la réalité de Dieu.

Maintenant que les humains ont fait de grands progrès dans la connaissance
du monde psychique, il leur est possible de comprendre que ce Dieu auquel
ils pensent encore comme à un être extérieur à eux est en réalité en eux.
Dieu est l’infini, l’immensité, Il imprègne l’univers entier de sa présence,
chacun de nous est une partie infinitésimale de Lui. C’est ce que saint Paul
a ainsi exprimé : « En Lui nous vivons, nous nous mouvons et avons notre
existence ».1 Mais combien de fois j’ai entendu des personnes se plaindre :
« Je prie, je demande de l’aide à Dieu, mais Il ne m’entend pas, Il ne me
répond pas. Et puisque Dieu est sourd, pourquoi continuer à se tourner vers
Lui ? » Eh non, Dieu n’est pas sourd. Si elles n’ont pas la conscience du
lien qui les unit à Lui, c’est qu’elles sont entourées de carapaces tellement
épaisses que sa présence, sa lumière, son amour ne peuvent pas pénétrer en
elles. Les couches d’impuretés qu’elles ont formées par leurs pensées, leurs
sentiments, leurs actes, obstruent toutes les voies de communication.
Qu’elles travaillent patiemment à se purifier jusqu’à rendre leurs corps
subtils réceptifs, sensibles : un jour le contact sera rétabli et elles se
sentiront envahies par la présence divine.

Et de même que nous vivons en Dieu, Dieu vit aussi en nous. C’est ce que
Jésus a encore révélé lorsqu’il a dit : « Moi et le Père, nous sommes un ».2
Quand les humains parviendront à une telle compréhension de Dieu, ils Le
sentiront en eux comme une vie, une force, une lumière dont rien ne peut
les séparer ; sinon, ils continueront à se poser des questions sur son
existence ou à se croire abandonnés par Lui.

Je vous ai déjà expliqué que certaines formules mathématiques peuvent être


transposées dans le plan psychique. Prenons la formule :

, c’est-à-

dire un sur l’infini (un divisé par l’infini) tend vers zéro. Interprétée 297

symboliquement, elle signifie que l’être humain qui se disperse, s’éloigne


de l’Un, Dieu ; peu à peu il va totalement se perdre à la périphérie de
l’existence, il se disloque, se désagrège, et un jour il ne restera presque rien
de lui ; c’est la mort, la mort spirituelle qui l’attend. La vie est dans le 1.

Nous devons travailler chaque jour à nous approcher du nombre 1, qui est
Dieu. En disant « Moi et le Père, nous sommes un », Jésus montrait qu’il
avait compris et réalisé ce grand principe de l’unité : il s’est fondu dans le
Père pour devenir un avec Lui.
Il est presque inutile de se prétendre chrétien tant qu’on ne cherche pas à
suivre cette voie tracée par Jésus, la seule qui permette à un être humain de
se réaliser en tant que créature spirituelle et de faire le bien autour de lui ;
car les véritables richesses, les véritables pouvoirs lui viennent de la
conscience que Dieu est présent en lui. Celui qui prend conscience qu’il est
inséparable du Créateur, y voit de plus en plus clair pour affronter ses
difficultés et faire le bien autour de lui. Tandis seules ressources, qui sont
bien limitées. Quand il faisait des miracles, Jésus disait : « Le Père qui
demeure en moi, c’est Lui qui fait les oeuvres. Croyez-moi, je suis dans le
Père et le Père est en moi ».3 Celui qui s’efface, qui se fond dans le
Seigneur pour ne plus faire qu’un avec Lui, devient une formidable
puissance.

Malgré leur diversité, les exercices spirituels ont pour seul et unique but la
fusion de l’être humain avec la Divinité. Chaque progrès qu’il réalise dans
l’identification avec Elle le détache des fausses représentations qu’il a de
lui-même et le rapproche de son vrai moi. Cette conscience divine qu’il
parvient à développer, participe à toutes ses activités. Il commence à se
sentir un autre être et c’est Dieu Lui-même qui vient se manifester en lui.

Les Initiés de l’Inde ont résumé ce travail d’identification par la formule : «

Moi, c’est Lui ». C’est-à-dire Lui seul existe ; moi je n’existe que pour
autant que je peux m’identifier à Lui. Et les disciples apprennent à méditer
sur cette formule qu’ils prononcent jusqu’à ce qu’elle devienne en eux chair
et os. Celui pour qui cette identification devient vraiment une réalité vit
dans la plénitude. Même s’il est rare que des êtres humains arrivent à
s’élever jusqu’à ce sommet, en faisant des efforts chacun peut sortir de
certaines limitations, à condition de savoir utiliser les moyens que Dieu a
mis à sa disposition. Car Dieu a donné à tous les êtres la possibilité de
s’approcher de Lui et de devenir comme Lui. Même les créatures les plus
limitées possèdent les moyens de se dépasser ; si elles acceptent de tourner
leur regard et leur pensée vers ces régions en elles où brille l’étincelle
divine, elles auront au moins l’intuition de ce qu’est leur véritable 298

prédestination. 145
« Moi et le Père, nous sommes un ». Ces paroles sont l’expression de la
rencontre rare, sublime, qui peut se produire entre un être humain et la
Divinité. Au moment où une telle rencontre se produit, par son esprit il
entre dans l’éternité. C’est de cette rencontre que parlait aussi Jésus quand il
a dit : « La vie éternelle, c’est qu’ils Te connaissent, Toi, le seul vrai Dieu
».4 La vraie connaissance est une fusion, une union féconde : elle engendre
la vie. On lit dans la Genèse : « Adam connut Ève, sa femme, elle conçut et
enfanta Caïn ».5 C’est une loi : pour connaître vraiment un être il faut se
fusionner avec lui ; et cette loi se vérifie non seulement dans le plan
physique, mais aussi dans le plan psychique et spirituel.

Vous avez rencontré quelqu’un et échangé quelques mots. Vous dites


ensuite que vous le connaissez. Non, vous avez seulement fait connaissance
avec lui, mais vous ne le connaissez pas : pour le connaître vous devez ne
faire qu’un avec lui (évidemment je parle ici d’une union psychique). Et
c’est encore plus vrai quand il s’agit de Dieu. Tant qu’on ne s’est pas fondu
en Lui, on ne Le connaît pas. Seule la fusion, l’union, l’extase permet à
l’homme de connaître Dieu et de vivre la vie éternelle. Dieu est Sagesse,
Amour, Puissance. Pour vivre la vie éternelle nous devons parvenir à Le
connaître dans ces trois qualités, en faisant participer chaque cellule de
notre corps à cette immense entreprise. Lorsque vous méditez, pensez que
chaque cellule de votre corps peut contribuer à cette connaissance de Dieu
qui donne la vie éternelle, car chaque cellule possède une sensibilité, une
intelligence, une conscience.

Ce processus par lequel un être humain se fusionne avec la Divinité, je peux


vous l’expliquer en utilisant le symbole de l’hexagramme. Cette figure
géométrique que la science spirituelle appelle sceau de Salomon est faite de
deux triangles équilatéraux : l’un avec une pointe tournée vers le haut,
l’autre avec une pointe tournée vers le bas. Ces deux triangles représentent
les deux processus universels de l’évolution et de l’involution : l’évolution
de la matière qui tend vers l’esprit (le triangle avec la pointe tournée vers le
haut) et l’involution de l’esprit qui descend vers la matière pour la vivifier
(le triangle avec la pointe tournée vers le bas). Ils nous apprennent comment
nous pouvons nous élever jusqu’à la Divinité pour nous fondre en elle, car
en même temps que nous nous élevons, il se produit un mouvement inverse
: la Divinité descend pour vivre et se manifester en nous.
299

Celui qui arrive à réaliser cette fusion sent qu’il ne reste plus un atome de
ce qui est pesant et obscur en lui. C’est le Grand, le Puissant, le Fort qui
descend occuper toute la place. Dans ce sens, on peut dire que le sceau de
Salomon est aussi un symbole de la résurrection. 146 Car ressusciter, c’est
arriver à réaliser la rencontre idéale de notre matière (la matière physique et
la matière psychique) avec l’Esprit cosmique, dont notre propre esprit est
une étincelle.

Pour que vous puissiez faire un jour l’expérience de ce qu’est cette


rencontre, je vous donnerai un exercice. Imaginez que vous vous élancez
dans l’espace. En même temps que vous montez en essayant d’atteindre un
sommet au loin dans les hauteurs sublimes, concentrez-vous en pensant que
l’Esprit divin descend habiter dans votre âme. Alors, c’est lui qui
commencera à parler, qui commencera à agir. N’ayez pas peur de
disparaître, vous serez toujours vous. Ou plutôt, tout en n’étant plus vous,
vous ne perdrez rien de votre véritable identité. Même si vous vouliez vous
dissoudre, disparaître dans l’infini, vous n’y arriverez jamais. Pourquoi ?

Parce que ce qui se dissout et disparaît en vous est aussitôt remplacé par la
Divinité, et vous, vous devenez de plus en plus vivant.

Références bibliques

1. « En Lui nous vivons, nous nous mouvons et avons notre existence » –


Actes des Apôtres 17 : 28

2. « Moi et le Père, nous sommes un » – Évangile de Jean 10 : 30


3. « Le Père qui demeure en moi, c’est Lui qui fait les oeuvres » – Évangile
de Jean 14

: 10

4. « La vie éternelle, c’est qu’ils Te connaissent » – Évangile de Jean 17 : 3

5. « Adam connut Ève, sa femme » – Genèse 4 :1

63

300

« Je suis le cep et vous êtes les sarments »

« Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure


pas attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez pas non plus, si vous ne
demeurez en moi. Je suis le cep, et vous êtes les sarments : celui qui
demeure en moi porte beaucoup de fruits… Mais si quelqu’un ne demeure
pas en moi, on le jette dehors comme le sarment, et il se dessèche ; puis on
le ramasse, on le jette au feu et il brûle. »1

C’est parce que les sarments sont attachés au cep qu’ils portent du fruit.

Quels pouvoirs possède donc le cep pour arriver à transformer tous les
éléments qu’il reçoit de la terre et du ciel, et donner ce fruit extraordinaire,
le meilleur qui existe, le raisin ? Bien sûr, le cep n’est pas beau, sa couleur
est sombre, il est tordu. Mais en disant « je suis le cep », ce n’est pas à son
aspect extérieur que Jésus s’est arrêté. Il pensait à tout ce travail de
transformation qui se fait à travers lui et grâce auquel les sarments pourront
bientôt porter des fruits si doux et si nourrissants. Quel symbole magnifique
que le cep, le Christ, auquel nous devons rester liés pour pouvoir nous aussi
donner du fruit ! L’esprit du Christ est la force qui transforme tous les
éléments grossiers en nous jusqu’à en faire un suc délicieux. C’est parce
que nous resterons liés à lui que tous les courants impurs qui nous
traversent seront filtrés. Il ne restera qu’une liqueur que nous pourrons boire
et que nous donnerons aussi à boire aux êtres qui nous entourent. 147
Quant au sarment qui ne porte pas de fruit, que dire de lui ? Il est mort et
n’est bon qu’à être jeté au feu. Grâce au feu, il est vivifié et il donne au
moins un peu de lumière et de chaleur. 148

Ces sarments attachés au cep dont parle Jésus, ce sont les âmes humaines
liées à Dieu, le Père céleste, c’est-à-dire la vie. Et le Christ, auquel Jésus
s’identifie ici, est le Fils, le canal qui conduit au Père. L’âme puise la vie en
Dieu ; c’est pourquoi, comme la feuille détachée d’un arbre se dessèche et
meurt, l’âme détachée de Dieu s’étiole peu à peu et disparaît.149 Seule
l’âme qui reste attachée à l’arbre divin croît et fleurit éternellement.

Le cep et les sarments, l’arbre et les feuilles : ces images nous donnent une
idée de ce que sont l’éternité et le temps. L’éternité, c’est le cep, Dieu Lui-
même. Le temps, ce sont les petites feuilles qui se détachent de l’éternité :
elles se dessèchent, tombent sur le sol et bientôt disparaissent.

Le temps n’est fait que de moments qui se détachent de l’arbre éternité. Le


301

temps est donc toujours limité. Même des milliards d’années ne sont encore
que des fragments limités de temps ; et tout ce qui est limité meurt. Pour
échapper au temps et vivre dans l’éternité, nous devons nous lier au cep :
alors la vie coulera en nous, toujours pure, abondante, inépuisable comme
l’eau d’une source.

La vie éternelle est un état de conscience dans lequel nous pouvons nous
projeter instantanément. Dès l’instant où nous entrons en contact avec la
Source divine, et aussi longtemps que nous demeurons en elle, plus rien ne
nous sépare du Tout, et la vie éternelle commence à circuler en nous. Car la
vie dans le temps, instable, fugitive, détachée, est une particule à qui il reste
à peine quelques énergies… ; on peut aussi la comparer à la queue coupée
d’un lézard qui bouge encore un moment, mais qui va bientôt s’immobiliser
puisqu’elle est séparée du corps dans lequel circule la vie.

On appelle généralement éternité une durée qui n’a ni commencement ni


fin… Mais en réalité, dans le moment présent nous pouvons déjà vivre la
vie éternelle. Même si l’éternité telle qu’on la conçoit en général comprend
le passé et l’avenir, dans le moment que nous vivons maintenant, nous
pouvons goûter la vie éternelle. La notion d’éternité est difficile à expliquer,
parce qu’elle est de l’ordre de la quatrième, de la cinquième dimension,
alors que les mots dont nous nous servons ne peuvent rendre compte que de
réalités qui appartiennent à la troisième dimension. Seules des images
peuvent donner une idée de ce qu’est l’éternité.

Je prendrai maintenant l’image du bâton. Un bâton est un objet long et


rectiligne avec un commencement et une fin, donc, quelque chose de limité,
et ce n’est pas avec ce quelque chose de limité qu’on arrivera à mesurer
l’éternité. Mais supposons maintenant que ce bâton soit flexible et qu’on le
courbe jusqu’à joindre les deux extrémités : il devient un cercle, et avec ce
cercle on peut donner une idée de l’éternité : pas de commencement, pas de
fin… une unité infinie.150 Ainsi, chaque moment que nous parvenons à lier
à la Source divine entre dans le cercle et devient vie éternelle. En entrant
dans le cercle, il a changé de nature, il n’est plus une parcelle détachée du
Tout. Alors que chaque point de la ligne droite est un moment du temps,
chaque point du cercle est un moment de l’éternité.

Des particules anarchiques qui se sont détachées de l’arbre de l’éternité


pour établir leur propre royaume, voilà encore le temps ! Les particules se
détachent, elles vivent un moment, et c’est cela qu’on appelle « temps »,
puis elles meurent. Et même en supposant que toutes ces particules qui se
sont détachées les unes après les autres puissent s’enchaîner, se succéder sur
des milliards d’années, elles resteront du temps parce qu’il y aura 302

toujours un commencement et une fin de la chaîne. Vous voulez sortir du


temps ? Liez-vous au principe divin, le Christ, et votre conscience
personnelle deviendra une conscience illimitée, universelle, une conscience
de l’éternité.

Lorsque vous aurez retrouvé le chemin de la Source divine, tâchez de ne


plus vous en séparer. Parce que la séparation entraîne la mort, la mort
spirituelle d’abord, et même, à la fin, la mort physique. La nature est riche
de présences qui peuvent nous aider à remonter vers la Source, mais aucune
ne nous aide autant que le soleil. Le soleil nous parle sans cesse de la
Divinité qui soutient l’univers entier de sa vie. 151 Le jour où nous saurons
nous pénétrer de sa lumière et de sa chaleur, nous deviendrons ces sarments
liés au cep et nous vivrons la vie éternelle.
Référence biblique

1. « Je suis le cep et vous êtes les sarments » – Évangile de Jean 15 : 4-6

64

Le péché contre le Saint-Esprit

« Si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’Homme, cela lui sera
remis, mais s’il parle contre le Saint-Esprit, cela ne lui sera remis ni dans
ce monde ni dans l’autre. »1

Que signifie parler contre le Saint-Esprit ? et pourquoi est-ce un péché


particulièrement grave qui ne peut pas être remis, c’est-à-dire pardonné ?

Dans la religion chrétienne, Dieu est présenté comme une entité triple : le
Père, le Fils et le Saint-Esprit. Je vous ai expliqué que, dans cette trinité, la
première personne, le Père, représente la source de la vie, la puissance ; la
deuxième, le Fils, le Christ, représente la lumière, la sagesse, l’intelligence ;
et la troisième personne, le Saint-Esprit, représente le feu, l’amour. Comme
le Christ est la lumière de l’intelligence, le Saint-Esprit est le feu de
l’amour. Ils sont les deux manifestations de la puissance de vie du Père.

Il est évidemment préférable de ne pas « parler contre le Fils », c’est-à-dire


de ne pas pécher contre l’intelligence. Dans l’existence quotidienne,
l’intelligence est d’une importance capitale et celui qui pèche contre elle
commet des erreurs, subit des échecs, donc d’une certaine façon il est puni,
303

il en supporte les conséquences. Mais celui qui pèche contre l’amour est
encore plus sévèrement puni, parce qu’il souille le courant d’énergie qui
soutient sa propre existence.

Vous comprendrez mieux si vous connaissez les relations qui existent entre
la Trinité divine et le corps physique de l’homme. Le Père est lié au cerveau
qui a la maîtrise sur tout l’organisme. Le Christ est lié au cœur. Et par «
cœur » il ne faut pas entendre le muscle cardiaque, mais le plexus solaire
qui est le vrai coeur dans le sens où on parle de l’intelligence du coeur.
Quant au Saint-Esprit, ne soyez pas choqués si je vous dis qu’il est lié aux
organes génitaux par lesquels se transmet et se perpétue la vie.

Donc, pour ne pas commettre de fautes et être puni, il faut étudier avec
quelle science, quelle sagesse ces organes ont été créés, et les respecter. Or,
ce sont eux, justement, qui sont le moins respectés : les puritains en parlent
avec dégoût, les débauchés en abusent, les humoristes et les gens grossiers
en font un sujet de plaisanteries, et la plupart des hommes et des femmes
n’y voient qu’une source de jouissances.

La Science initiatique nous apprend que l’énergie qui se manifeste à travers


les organes génitaux vient d’en haut, elle descend des régions célestes.
Seuls des ignorants, des abrutis (qu’ils me pardonnent !) peuvent dire que
l’amour est « une friction de deux épidermes ». Ils ne font là que constater
des conséquences : la cause, elle, qui est lointaine, leur reste inconnue. Or,
la cause, l’origine est en haut : si cette énergie ne descend pas d’en haut, les
hommes et les femmes pourront se livrer à toutes les frictions possibles, il
ne se produira rien, ils ne sentiront rien.

Les humains doivent donc se poser des questions sur la manière dont ils
utilisent ces organes au travers desquels se manifeste l’énergie cosmique de
l’amour. Et ils devraient même les consacrer à la Divinité, afin que cette
énergie, au lieu de les traverser seulement et d’aller se perdre, prenne le
chemin ascendant et vivifie toutes les cellules de leur organisme jusqu’au
cerveau. Cela nécessite évidemment de connaître des méthodes, mais
comme la plupart n’en ont pas la moindre idée, ils se contentent de ressentir
cette force comme une grande pression, une grande tension dont ils
cherchent à se libérer le plus rapidement possible. C’est ainsi qu’ils se
privent de tout ce que l’amour pourrait leur apporter comme joie, mais aussi
comme savoir, comme puissance.

On peut comparer l’être humain à un bâtiment de plusieurs dizaines


d’étages. Une grande pression est donc nécessaire pour que l’eau, l’énergie,
puisse monter jusqu’aux habitants qui occupent les derniers étages en haut,
dans le cerveau. Des gens ingénieux ont inventé les tuyaux, les
canalisations 304
pour faire monter et circuler l’eau dans les maisons, mais la nature les avait
inventés bien avant eux. Depuis des millénaires, elle a installé dans l’être
humain tout un réseau de canaux subtils par lesquels l’énergie sexuelle, en
reprenant le chemin vers le haut, peut contribuer à l’épanouissement de
toutes ses facultés dans la lumière, dans la beauté. Évoluer, c’est apprendre
à orienter ses énergies vers les régions sublimes. Ainsi, ces énergies
éveilleront dans les cellules du cerveau des facultés dont on ne soupçonne
même pas encore l’existence. 152

Tant que les humains continueront à donner libre cours à leur instinct sexuel
sans réflexion, sans maîtrise, tant qu’ils se serviront de leurs organes sans
respect, sans véritable amour, sans volonté de réaliser quelque chose de
grand, ils commettront le péché contre le Saint-Esprit, ce qui est
actuellement une des fautes les plus répandues. C’est par l’amour qu’ils
retourneront un jour dans le Paradis, mais malheureusement, c’est par ce
qu’ils appellent « faire l’amour » qu’ils s’en éloignent de plus en plus.

D’après le comportement que les hommes et les femmes adoptent vis-à-vis


de l’amour et des organes génitaux, d’après le comportement qu’ils ont les
uns vis-à-vis des autres, ils entrent ou n’entrent pas en harmonie avec cet
Être sublime, le Saint-Esprit. S’ils entrent en harmonie avec Lui, c’est le
Royaume de Dieu qu’ils découvrent en eux-mêmes. Mais s’ils transgressent
ses lois, qu’ils en soient conscients ou non, ces transgressions ne restent
jamais sans conséquences. Ils doivent savoir qu’avec les mêmes organes ils
peuvent descendre jusqu’en enfer ou s’élever jusqu’au Ciel. Par eux-
mêmes, ces organes sont neutres, exactement comme un robinet ou une
fontaine est neutre ; ce qui compte, c’est la qualité de l’eau qui passe par
eux. Si elle n’est pas pure, ce n’est pas la faute du robinet ou de la fontaine.

Ce que les humains donnent à travers leurs organes dépend de la nature de


leurs pensées, de leurs sentiments, de leur niveau de conscience, de leurs
aspirations. Chez ceux qui ont appris à la sublimer, cette quintessence est
animée de vibrations intenses, elle contient des puissances et attire des
entités lumineuses qui, à travers eux, créent une vie nouvelle, dans la
lumière et la beauté.

Le péché contre le Saint-Esprit est donc le péché contre l’amour. Ce péché


n’est remis ni dans ce monde ni dans l’autre, les lois divines ne le
pardonnent pas, parce que l’amour est ce qui a été donné de plus précieux
aux humains. Et qu’ils ne demandent pas qui viendra les punir et
comment…

Personne. C’est eux qui en transgressant les lois de l’amour se mettent dans
la situation de s’appauvrir, de s’avilir. C’est cela la punition. Il n’est pas
nécessaire que quelqu’un vienne la leur infliger. Mais le jour où ils sauront
305

vivre l’amour divinement, en apprenant comment considérer les organes par


lesquels il se manifeste, cette force cosmique les transportera dans des
régions où ils goûteront des joies infinies.

Je reçois chaque jour beaucoup de courrier, et je constate que de plus en


plus de lettres viennent d’hommes et de femmes souvent jeunes qui me
racontent combien leurs expériences amoureuses les ont déçus. On leur a
annoncé « la libération sexuelle », on leur a dit que désormais ils pourraient
goûter tous les plaisirs, multiplier les partenaires, et on leur en a même
fourni les moyens. Leurs amours ont chaque fois duré quelque temps et ils
ont goûté quelques plaisirs, mais maintenant ils sont blasés, malheureux, et
même parfois malades. « Je cherchais l’amour, m’écrit une jeune fille, et je
croyais qu’en ayant des relations avec beaucoup de garçons je finirais par le
trouver. » Il était évident qu’elle ne le trouverait pas, et que c’était même le
meilleur moyen de ne pas le trouver.

Ne croyez pas pourtant qu’en parlant ainsi je veuille vous ramener à la


morale prêchée depuis des siècles par l’Église qui présente la pureté, la
sainteté comme des états où les hommes et les femmes doivent s’efforcer de
n’éprouver aucune sensation, aucune attirance les uns pour les autres. Est-
ce que pour être un saint il faut devenir comme un morceau de bois mort ?
Non, ce n’est pas ce que le Saint-Esprit, qui au moment du baptême de
Jésus était descendu sur lui comme une colombe,2 attend des humains. Et
rappelez-vous ce passage des Évangiles où Jésus répond à l’homme qui,
avant de le suivre, veut aller enterrer son père. Il lui dit : « Suis-moi, et
laisse les morts enterrer les morts. »3 Pourquoi ? Pour être vivant, parce
que c’est auprès de Jésus qu’il trouverait la vie véritable. La sainteté, ce
n’est pas la mort, mais la vie, l’élan, le mouvement, l’ouverture aux êtres, à
la nature, à l’univers entier. Mais la vie a des degrés, et comme la vie,
l’amour a aussi des degrés. On ne devient pas un saint en fuyant l’amour,
car l’amour, c’est la vie. Et pour s’élever jusqu’aux degrés supérieurs de la
vie on doit apprendre à transformer ses instincts et ses sentiments en
lumière.

L’amour, le véritable amour est non seulement au-dessus de l’attraction


sexuelle, mais il est même au-dessus du sentiment. Le véritable amour n’est
pas un sentiment, mais un état de conscience. L’attraction sexuelle est une
question de vibrations, d’émanations fluidiques, elle dépend d’éléments
purement physiques et elle est donc sujette à des variations. Le sentiment
est supérieur à l’attraction, car il peut être inspiré par des facteurs d’ordre
moral, intellectuel, spirituel. Mais le sentiment aussi est variable : un jour
306

on aime, un autre jour on n’aime plus. Tandis que l’amour vécu comme état
de conscience se situe bien au-delà des circonstances et des personnes.

Pour votre perfectionnement, et pour votre bonheur aussi, méditez sur ce


sujet. Tant que vous ne chercherez pas à connaître l’amour comme un état
de conscience supérieur, vous ne connaîtrez pas grand-chose de la vie.
Parmi les qualités qui peuvent vous aider à vous rapprocher de cette
connaissance de l’amour, la pureté est la plus importante. Et quand je parle
de pureté, je veux dire la pureté des pensées et des sentiments : des pensées
et des sentiments débarrassés de leur égoïsme. Les trois mots vie, amour et
pureté sont liés, car la vie dépend de l’amour, et plus l’amour est pur, plus la
vie est riche, belle, claire. Le sens de la vie, c’est aimer et être aimé. Quand
vous aimez les autres d’un amour désintéressé, vous êtes pour eux comme
une source qui leur apporte la vie. Et ceux qui vous aiment vous apportent
aussi une vie abondante.

Références bibliques

1. « Si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’homme » – Matthieu 12 :


32

2. Le Saint-Esprit descend sur Jésus au moment de son baptême – Matthieu


3 : 16
3. « Suis-moi, et laisse les morts enterrer les morts » – Matthieu 8 : 22

65

« Mon Père travaille et moi aussi je travaille »

Il est dit dans la Genèse qu’Adam et Ève, ayant désobéi à Dieu, furent
chassés du jardin d’Éden. « C’est à force de peines que tu tireras ta
nourriture du sol, dit Dieu à Adam… C’est à la sueur de ton visage que tu
mangeras du pain. »1 Depuis, les humains sont donc obligés de travailler
pour subvenir à leurs besoins, et à l’idée de travail on associe le plus
souvent celle d’effort, de fatigue, et même parfois d’épuisement.

Mais alors, quel est le sens de la parole de Jésus : « Mon Père travaille, et
moi aussi je travaille » ? N’est-il pas dit aussi dans la Genèse qu’après
avoir créé le monde en six jours, le septième jour Dieu s’est reposé ?2 Oui,
mais Dieu ne ressemble pas à n’importe quel travailleur qui, après avoir
exercé un métier pendant un certain nombre d’années, prend sa retraite. La
tradition Le représente comme un œil ouvert au centre d’un triangle. C’est
donc qu’Il est toujours éveillé, vigilant, actif. Dans le livre d’Isaïe, Il dit 307

Lui-même qu’Il va créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre ;3 c’est


évidemment symbolique, mais cela signifie qu’Il n’est jamais en repos. Et
de nos jours, les recherches des astrophysiciens les ont amenés à la
conclusion que l’univers est en expansion : c’est donc que la création n’est
pas achevée.

Mais laissons aux spécialistes cette question de l’univers en expansion pour


nous concentrer sur la parole de Jésus. S’il a dit : « Mon Père travaille, et
moi aussi je travaille », c’est que Dieu est toujours là, présent, et Il continue
à soutenir la création de sa vie et de son amour. Le repos de Dieu doit donc
être compris comme un travail, un autre travail, et Jésus, en s’identifiant au
Christ, participe à ce travail avec les anges, les archanges et toutes les
hiérarchies angéliques. Mais y a-t-il beaucoup de chrétiens qui se
demandent ce qu’est le travail de Dieu et comment Jésus s’est associé à ce
travail ?
Pour pouvoir dire un jour « je travaille » au sens où Jésus l’entendait, il faut
être capable de s’élever jusqu’à l’Esprit cosmique, s’imprégner de sa
quintessence. Ce travail est l’activité d’un être exceptionnel qui a su se
libérer intérieurement de tout ce qui est pesant, obscur, tortueux. Pourtant à
quelque niveau qu’il se trouve, chaque être humain peut faire l’effort de
participer à l’oeuvre de Dieu en s’engageant dans une activité ordonnée, en
faisant converger tous les courants qui circulent en lui et en dehors de lui
vers la Source de la vie. L’univers entier en bénéficiera un jour.

Pensez-y le matin quand vous assistez au lever du soleil. Regardez le soleil


en prenant conscience qu’il ne cesse d’éclairer, de chauffer et de vivifier
toutes les créatures. Il est le meilleur symbole du travail d’harmonisation,
de purification que nous avons à réaliser, et ce travail aura nécessairement
des conséquences bénéfiques pour le monde entier. Au début vous ne
comprendrez peut-être pas son importance, car les activités quotidiennes
retiennent la conscience au niveau du plan physique, matériel, tellement
épais, tellement opaque. Il faut beaucoup de temps et d’efforts pour que les
événements qui se produisent dans les régions subtiles de notre être
viennent se refléter sur la conscience. Donc, les premiers moments, les
premières années, vous ne vous rendrez certainement pas compte des effets
que produit votre participation à ce travail ; mais même inconsciente, cette
participation sera réelle.

Beaucoup disent qu’ils trouvent le sens de la vie dans l’amour, d’autres


dans le pouvoir, ou dans l’étude, ou dans le plaisir. C’est possible, bien sûr,
308

c’est possible… Mais en réalité, l’homme ne peut trouver véritablement le


sens de la vie que dans le travail, un travail orienté vers un but divin, qui
fait de lui un facteur bénéfique pour l’humanité ; au point que pendant son
sommeil les esprits lumineux qui veillent sur notre planète l’invitent à
prendre part à leurs conseils. Voilà ce qu’enseigne la Science initiatique :
elle nous révèle les mystères de l’être humain, ce qu’est son esprit, ce qu’est
son âme, et jusqu’où s’étendent leurs activités.

À l’heure actuelle où le progrès technique les libère des tâches les plus
pénibles et permet de faire en quelques heures ce qui nécessitait dans le
passé plusieurs jours, il est encore plus important de comprendre et
d’approfondir le sens du mot « travail ». Sinon, à quoi riment ces progrès ?

Est-ce que le but est seulement que les humains n’aient plus rien à faire,
même plus à marcher parce qu’il existe des véhicules pour les transporter,
ou des appareils qui peuvent exécuter à leur place toutes les tâches ? Non,
ces améliorations sont apparues pour qu’ils puissent se libérer des activités
matérielles qui les surchargent, afin de se consacrer à des activités d’un
ordre supérieur.

Lorsque vous aurez compris cela, vous saurez que la seule chose sur
laquelle vous pouvez compter dans la vie, c’est ce travail que vous décidez
d’entreprendre pour votre perfectionnement et le bien du monde entier. Le
jour où vous serez capable de mettre vraiment ce travail à la première place,
vous ne trouverez pas de mots pour dire ce que vous ressentez, car c’est
dans ce travail que la vraie vie commencera à jaillir en vous.

Vous vous demandez pourquoi il est si important de compter sur le travail,


quand il y a tellement d’autres choses sur lesquelles on peut compter… oui,
tellement de choses ou de gens sur lesquels compter pour pouvoir ensuite
dormir tranquille ! Eh bien, moi, je vous dirai que je ne compte sur rien ni
sur personne, pas même sur le Seigneur : je compte seulement sur mon
travail ! Voilà des paroles qui vont indigner les chrétiens, à qui on a dit : il
suffit d’avoir la foi, Dieu fera le reste. Ils peuvent s’indigner, cela ne
changera rien à la loi : ceux qui n’ont rien planté, rien semé pour donner
aux forces de l’univers une raison de se mettre en marche, ne récolteront
rien, le Seigneur ne pourra rien faire pour eux. Mais qu’ils sèment au moins
une graine, et toutes les puissances du ciel et de la terre, la pluie, le soleil
seront là pour la faire germer et croître. Un jour ils auront un champ entier
pour se nourrir et nourrir une multitude de créatures. Voilà la seule chose à
quoi je crois : l’activité. Car toute activité, la plus insignifiante soit-elle en
apparence (un mouvement, un sentiment, une pensée, une parole) produit
obligatoirement des résultats.

309

Alors, veillez à ce que tout ce que vous faites soit comme une graine semée
dans le sol spirituel, afin que les forces mises en mouvement par chacune de
ces activités soient bénéfiques pour vous-même et pour le monde entier.
C’est de ce travail que parlait Jésus.

Tâchez de réviser tout ce que je vous ai dit depuis des années : vous
trouverez des méthodes, des exercices pour réaliser ce travail. Je suis
comme un maître de maison qui invite chaque jour une quantité de
personnes à sa table. Comme vous n’avez pas tous le même caractère, les
mêmes besoins, les mêmes facultés, la même puissance de travail, pour être
sûr de satisfaire tous les convives je présente le plus grand nombre possible
de nourritures et de boissons. Mais évidemment, ce n’est pas parce que tout
est sur la table que vous devez vous croire obligé de tout manger, sinon
vous aurez une indigestion. Gardez surtout présentes à l’esprit les quelques
règles que je vous ai données pour la conduite de la vie quotidienne.

Et j’ajouterai encore quelques mots très importants du point de vue


psychologique. Il peut arriver qu’une méthode qui vous a paru efficace hier
ne le soit plus autant aujourd’hui, tout simplement parce que vous vous
trouvez dans des dispositions différentes. Alors n’insistez pas, cherchez la
méthode convenable pour aujourd’hui. Là encore, on peut faire une
comparaison avec la nourriture : un jour vous avez de l’appétit pour une
omelette ou des macaronis, et le lendemain ça ne vous dit plus rien, vous
avez envie de poisson, ou de pommes de terre, ou seulement de fruits ; et
c’est très bien, l’organisme a besoin de nourritures variées. Cela se vérifie
aussi dans le plan spirituel : vous devez pouvoir disposer de différentes
nourritures, différentes méthodes.

« Mon Père travaille, et moi aussi je travaille. » Comme Jésus, tous ceux
qui ont la conscience éveillée participent chaque jour au travail de Dieu. Et
vous aussi, vous pouvez y participer. Certains diront : « Bien sûr, on
comprend un peu ce que vous nous expliquez. Mais nous, si ignorants, si
faibles, nous sommes incapables de participer au travail de Dieu ! » Et ils
croiront faire ainsi preuve d’humilité alors qu’ils sont tout simplement des
paresseux. Oui, ne pas vouloir s’engager dans cette activité, la seule qui
vaille vraiment la peine, ce n’est pas de l’humilité, c’est de la paresse !153

N’acceptez jamais l’inertie. Quel que soit le degré d’évolution auquel vous
êtes arrivé, efforcez-vous d’aller toujours plus loin dans l’exploration de
votre conscience et le développement de vos facultés. Comme tout est 310
lié, le moindre résultat en entraîne un autre, puis celui-là encore un autre…

C’est une chaîne ininterrompue. Alors, décidez-vous à entreprendre cette


activité qui aura des répercussions jusqu’à l’infini. Ce que vous gagnez
ainsi, personne ne peut vous l’enlever, parce que c’est un travail que vous
réalisez d’abord en vous-même, là où personne d’autre que vous n’a accès.

Même si certains événements vous privent de vos activités habituelles,


partout et quelles que soient les conditions vous pouvez faire ce travail, car
personne ne peut vous prendre votre intelligence, votre coeur ou votre
volonté. Et même si vous avez un métier formidablement intéressant et
important, commencez aussi ce travail intérieur, car il rendra chacune de
vos activités encore plus bénéfique pour tous.

Maintenant je vous donnerai une méthode. Restez tout d’abord un long


moment dans l’immobilité et le silence, puis commencez à vous élever par
la pensée… Imaginez que vous quittez peu à peu votre corps physique en
sortant par cette ouverture qui se trouve au sommet du crâne. Continuez en
imaginant que vous traversez vos corps causal, bouddhique et atmique, que
vous vous liez à l’Âme universelle, ce principe cosmique qui remplit
l’espace, et que là, vous participez à son travail dans toutes les régions de
l’univers à la fois. Vous-même, vous ne saurez peut-être pas clairement à ce
moment-là ce que vous faites, mais votre esprit, lui, le saura.

Références bibliques

1. « C’est à force de peines que tu tireras la nourriture du sol » – Genèse 3 :


17

2. « Mon Père travaille, et moi aussi je travaille » – Évangile de Jean 5 : 17

3. Dieu va créer un nouveau ciel et une nouvelle terre – Isaïe 51 : 16 ; 65 :


17

66

L’annonce des grandes tribulations


I. « Que celui qui sera sur le toit ne descende pas… »

« Lorsque vous verrez l’abomination de la désolation dont a parlé le


prophète Daniel établie en lieu saint – que celui qui lit fasse attention ! –

alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes ; que celui
qui sera sur le toit ne descende pas pour prendre ce qui est dans sa maison
; et que celui qui sera dans les champs ne retourne pas en arrière 311

pour prendre son manteau… »1

Il y a deux mille ans qu’à la suite du prophète Daniel,2 Jésus a annoncé que
de terribles catastrophes s’abattraient sur l’humanité. Ces catastrophes ont-
elles déjà eu lieu ou sont-elles à venir ? Beaucoup se sont posé la question,
mais ce n’est pas l’essentiel ici. Au cours des siècles, combien de fois les
humains ont vu s’écrouler le monde autour d’eux ! Ils doivent donc
s’attendre à d’autres tribulations. Pourront-ils se sauver ? « Que celui qui
sera sur le toit ne descende pas pour prendre ce qui est dans sa maison »,
dit Jésus, et c’est sur cette recommandation que je voudrais m’arrêter.

Vous pensez sans doute que les gens se tiennent rarement sur le toit de leur
maison, et qu’en cas de catastrophes, ce n’est pas sur un toit qu’ils sont
nécessairement le plus en sécurité. C’est vrai, mais le toit est ici un symbole
qu’il faut interpréter en conservant l’image de la maison.

Schématiquement, une maison se présente comme un carré (le corps du


bâtiment) surmonté d’un triangle (le toit). Rien n’est plus simple que de
dessiner une maison, demandez aux enfants. Mais ce schéma si simple a
beaucoup à nous révéler sur nous-mêmes et sur notre vie.
Une maison est donc faite d’un triangle, le 3, ici placé au-dessus d’un carré,
le 4. Le 3 représente symboliquement les trois principes intellect, coeur et
volonté,154 par lesquels se manifeste en nous la Trinité divine : le Père, le
Fils et le Saint-Esprit ; il correspond donc au monde spirituel. Et le 4, ce
sont les quatre éléments (terre, eau, air, feu), c’est-à-dire le monde
physique, et il est aussi les quatre directions de l’espace. Car l’espace
autour de nous n’est pas quelque chose de vague et d’indéfini, il est régi par
le nombre 4 : les quatre points cardinaux. 155

Ce nombre 4, nous le retrouvons dans notre corps physique, qui est un


microcosme créé à l’image du macrocosme : avec les bras écartés et les
jambes rapprochées, notre corps reproduit les quatre directions de l’espace.

312

Et nous retrouvons aussi le 3, la tête, notre partie spirituelle, placée au


sommet. La tête, c’est symboliquement le triangle qui surmonte le carré, les
quatre membres, et en tournant le triangle équilatéral engendre un cône.

Pourquoi doit-il tourner ? Pour se maintenir en équilibre, sinon il tombe,


comme la toupie qui tombe dès qu’elle cesse de tourner. La tête est placée
en haut pour déclencher le mouvement en l’homme, car le mouvement est
la loi de la vie, et ce mouvement, cette impulsion doit toujours venir d’en
haut.

Le 4 représente donc le corps de la maison au-dessus duquel on place le


toit, le 3. La maison, cette demeure des hommes, est là comme un rappel du
travail que l’esprit ne cesse de réaliser dans la matière. Ce travail est la
condition de la vie ; chacun doit le réaliser en lui-même afin de devenir,
selon la parole de saint Paul, la demeure du Seigneur, « le temple du Dieu
vivant ».3

Pour échapper aux limitations de la matière, il faut sortir du 4 et monter


dans le 3, l’esprit. Si on attend son salut de la matière, il est impossible
d’échapper aux difficultés, on est limité, emprisonné. C’est pourquoi, sortir
du 4 pour monter dans le 3 est la seule issue au moment des épreuves. Le 3,
le toit, c’est là qu’il faut monter ou qu’il faut rester, quoi qu’il arrive. Voilà
le véritable sens des paroles de Jésus : « Que celui qui est sur le toit ne
descende pas pour prendre ce qui est dans sa maison. » Ne pas descendre
du toit… Cette recommandation doit être comprise dans le plan spirituel :
ne pas quitter les hauteurs, le monde de l’esprit.

Dans le langage éternel des symboles, le toit, c’est l’esprit, et chacun doit se
mettre sous l’inspiration de l’esprit pour ne pas se laisser gagner par le
désordre et la confusion. Lorsque des troubles éclatent dans le monde ou en
vous-même, efforcez-vous de monter le plus haut possible et de vous
maintenir là, au sommet, c’est-à-dire réfléchir, raisonner, vous lier au
monde divin, afin de trouver la paix et la lumière. Alors seulement vous y
verrez clair ; vous découvrirez comment agir pour vous sauver et sauver les
autres aussi. Combien de fois il est arrivé qu’au lieu de fuir un incendie, les
gens se jettent dans le feu ! Pourquoi ? Parce qu’ils sont « descendus du toit

», ils ont perdu la tête, ils se sont laissé gagner par le trouble et les
émotions.

Le conseil de Jésus est extrêmement précieux, car il touche tous les aspects
de notre existence. Quels que soient les dangers physiques ou psychiques
auxquels nous pouvons être exposés, c’est en restant sur le toit, le monde
spirituel, que nous avons les plus grandes chances de trouver les solutions
pour agir efficacement dans la matière. La matière, elle, ne nous assure
jamais tout à fait le salut. Les conditions matérielles ont leur utilité, 313

mais même les plus favorables ne nous mettent pas définitivement à l’abri.

Et cela va même plus loin : si nous n’avons pas recours à l’esprit pour
découvrir la meilleure manière d’utiliser les bonnes conditions matérielles,
elles peuvent se retourner contre nous.

Vous direz : « Mais alors, est-ce qu’il faut toujours rester sur le toit et
abandonner le bâtiment au-dessous ? » Non, bien sûr, le toit est inséparable
du bâtiment qu’il abrite. Et puisque nous avons à vivre sur la terre, dans la
matière, dans notre corps physique, nous devons travailler sur ce bâtiment
que nous sommes, mais à partir du toit. C’est alors que nous devenons une
vraie maison, une vraie demeure pour le Seigneur et pour ses anges. Il faut
cesser de ressembler à des demeures sans toit, car une fois le toit arraché on
est sans protection, exposé aux intempéries.
Il est évidemment plus facile de descendre d’un toit que d’y monter ; et
quand on a réussi à monter, il est difficile de rester là-haut. Descendre ne
demande aucun effort, il suffit de se laisser glisser, et ça peut être tellement
agréable ! Mais malgré cela il faut monter et rester en haut, car c’est en haut
qu’il y a l’air pur, la lumière, la liberté. Dans notre univers, c’est le soleil
qui représente le toit, l’esprit. Alors, pour atteindre votre toit intérieur, par
la pensée efforcez-vous chaque jour de vous hisser jusqu’au soleil. Quand
vous devrez ensuite redescendre pour faire face aux événements quels
qu’ils soient, une partie de vous restera là-haut, dans le soleil, et vous
inspirera dans toutes vos décisions.

Plus loin, Jésus dit encore : « Alors, de deux hommes qui seront dans un
champ, l’un sera pris, l’autre sera laissé. »4 Qu’un homme soit pris, c’est-
à-dire choisi pour être sauvé, dépend des choix qu’il a lui-même
préalablement faits. Le Ciel ne décide jamais rien arbitrairement ou au
hasard. Si tel homme est choisi, c’est qu’il s’est déjà lui-même déterminé ;
il est entraîné vers les régions de la lumière et de la paix, les régions de
l’esprit, car il a depuis longtemps commencé à marcher vers elles. Et c’est
aussi cela, le toit.

Références bibliques

1. « Lorsque vous verrez l’abomination de la désolation… » – Matthieu 24 :


15

2. La prophétie de Daniel – Daniel 12 : 1

3. « Le temple du Dieu vivant » – Paul, deuxième épître aux Corinthiens 6 :


16

4. « Alors, de deux hommes qui seront dans un champ » – Matthieu 24 : 40

314

II. « Le soleil s’obscurcira… »

« Aussitôt après ces jours de détresse, le soleil s’obscurcira, la lune ne


donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des
cieux seront ébranlées. Alors le signe du Fils de l’homme paraîtra dans le
ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de
l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire.
»1

Jésus instruisait les foules qui le suivaient en se servant de paraboles


inspirées par les phénomènes de la nature, et c’est aussi dans la nature qu’il
a pris des images pour annoncer des événements à venir. Depuis des siècles,
beaucoup, qui ne savaient pas comment interpréter ces prédictions, ont
attendu dans la crainte que le soleil et la lune s’obscurcissent et que les
étoiles tombent du ciel. Encore de nos jours des chrétiens sont persuadés
que de telles calamités vont arriver. Non, ici encore, le soleil, la lune et les
étoiles doivent être compris symboliquement.

Le soleil, principe masculin, représente l’intellect des humains. Ce soleil


qui s’est obscurci signifie qu’ils se sont éloignés de la vraie lumière pour
adopter des conceptions matérialistes du monde. À cause de cet
éloignement, la science et la philosophie ne pourront plus répondre aux
nouvelles questions que la vie ne cesse de poser.

La lune, principe féminin, représente le domaine du coeur, du sentiment, de


la religion. Toutes les religions qui ont fondé leur autorité sur des bases
erronées, donc sur des superstitions, sur le fanatisme, perdront de leur
rayonnement, de leur influence, et les humains se détourneront d’elles.

Les étoiles désignent les personnes qui, par leur position sociale, attirent
tous les regards. Celles qui occupent des fonctions dont elles ne sont pas
dignes, qui reçoivent des honneurs qu’elles ne méritent pas, perdront leur
rang, leur prestige et leurs privilèges. Elles tomberont de leur piédestal.

Et Jésus dit ensuite que « le Fils de l’homme viendra sur les nuées du ciel ».
Les nuées appartiennent au domaine de l’air, elles représentent
symboliquement les pensées : leurs formes que les vents ne cessent de
modifier sont l’expression du monde mental. Et le Fils de l’homme qui
vient sur les nuées du ciel, cela signifie que, lorsque les fausses valeurs
auront été rejetées, le Christ se manifestera dans les intelligences.

Voilà le sens des prédictions de Jésus. Le soleil, la lune, les étoiles, les 315
nuées doivent être interprétés comme des réalités et des événements de
notre vie psychique. Et ils peuvent être aussi interprétés comme des réalités
et des événements de la vie sociale, conséquences de la vie psychique des
humains.

Référence biblique

1. « Aussitôt après ces jours de détresse, le soleil s’obscurcira » – Matthieu


24 : 29

67

« Marchez pendant que vous avez la lumière »

« Il faut que je fasse, tandis qu’il est jour, les œuvres de Celui qui m’a
envoyé »…1

« Marchez pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous
surprennent point ; celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va.
»2

Quand il parle de « jour » ou de « lumière », Jésus ne pense évidemment


pas au jour ou à la lumière physique, mais à ces moments où se font sentir
certaines influences favorables. Nous devons être conscients de ces
moments et chercher à les utiliser pour notre travail et notre
perfectionnement intérieurs, car ils ne durent pas. Si par négligence nous les
laissons passer, les mêmes bonnes conditions ne se reproduiront peut-être
pas de sitôt.

Prenons le cas d’un disciple qui suit un enseignement spirituel. Il sent, il a


conscience d’être habité par quelque chose de beau et de grand qui ne
cherche qu’à se manifester et il demande l’aide des entités lumineuses du
monde invisible. Son désir émane de lui comme un fluide subtil et les
entités qui le captent sont toujours prêtes à répondre à sa demande : dans le
plan psychique, comme dans le plan physique parfois aussi, elles lui
préparent des conditions favorables à la réalisation de ce souhait. 156 Mais
une chose est d’avoir un idéal spirituel, autre chose est de le maintenir
fermement dans son âme et d’être capable de discerner les occasions, les
rencontres qui permettent de le réaliser. Souvent le disciple se laisse aller à
la facilité, il relâche son attention et ses efforts, il néglige ses exercices. Il
commet donc des erreurs, et quand de bonnes conditions pour la réalisation
de ce qu’il souhaite se présentent, il ne remarque rien et il les laisse passer.

316

À partir de ce moment-là, la nuit commence pour lui.

Au niveau qui est le sien, chacun doit s’efforcer de « faire les oeuvres de
Celui qui l’a envoyé », son Père céleste. Et faire les oeuvres de son Père
céleste, c’est participer à l’avènement de son Royaume. Ainsi qu’il est dit
dans le « Notre Père » : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur
la terre comme au Ciel. »3 Des entités lumineuses du monde invisible ne
cessent de donner aux humains des conditions favorables à leur travail.

Mais parce que ces conditions se présentent rarement comme ils les
attendent, ils n’en prennent pas conscience. C’est ce qui s’est passé avec les
Juifs du temps de Jésus. Ils attendaient le Messie sous la forme d’un roi
terrestre : les Rois mages en arrivant à Jérusalem n’avaient-ils pas demandé

« Où est le roi des Juifs qui vient de naître » ?4 Très peu l’ont reconnu
lorsqu’il s’est présenté sous une humble apparence : on disait qu’il était le
fils de Joseph, le charpentier…

Il est si facile de se laisser tromper par les apparences ! Lorsqu’ils décident


d’entreprendre un travail spirituel, combien s’attendent à ce que la
Providence leur accorde des grâces particulières et les meilleures conditions
pour leur faciliter la tâche ! Et voilà qu’ils rencontrent des oppositions, des
épreuves. Plutôt que de se plaindre et de se laisser accabler, ils doivent bien
étudier ce qui leur arrive. Qu’ils se demandent ce que le monde invisible
attend d’eux en ne leur épargnant ni difficultés ni échecs. Car ces
difficultés, ces échecs sont aussi des « jours » qu’ils doivent mettre à profit
pour travailler à la réalisation du Royaume de Dieu en eux et dans le
monde.

Nous devons également penser à ces jours et à ces nuits, à ces flux et à ces
reflux qui, comme les marées de l’océan, se produisent en nous. Et chaque
mois, nous voyons aussi la lune croître et décroître dans le ciel.

Comme elle, notre conscience s’éclaire et s’obscurcit, se remplit et se vide.

Nous sommes soumis aux mêmes alternances que la nature, et il est donc
nécessaire d’être conscients de l’époque où chaque phénomène risque de se
produire. Supposez qu’une période difficile approche : si vous ne le sentez
pas, vous prenez imprudemment des engagements ; alors quand vient le
moment d’agir, vous n’avez plus ni inspiration ni goût et vous échouez dans
votre entreprise. Vous auriez pu éviter cet échec, si vous aviez su prévoir
qu’il viendrait fatalement des périodes où vous y verriez moins clair. Toutes
les fautes se font dans les ténèbres, au moment où la conscience s’est
obscurcie. Apprenez à reconnaître ces moments et prenez des précautions.

Priez, méditez, lisez, mais n’entreprenez rien d’important : l’obscurité n’est


pas propice au travail.

317

Quand il s’agit de la vie physique, matérielle, les humains ont appris à agir
sagement. Lorsque l’hiver approche, ils préparent suffisamment de quoi
s’éclairer et se chauffer. Mais ils sont bien moins prévoyants quand il s’agit
d’affronter les hivers intérieurs. Ils ne pensent pas qu’ils doivent préparer
des éléments spirituels afin que, le moment venu, ils n’aient pas à souffrir
de l’obscurité et du froid. À l’intérieur comme à l’extérieur, personne ne
peut échapper à cette alternance du jour et de la nuit, de la clarté et de
l’obscurité, de la chaleur et du froid.

Vous direz que les saisons de la vie intérieure ne reviennent pas avec la
même régularité que dans la nature et elles ne sont donc pas prévisibles.

C’est vrai, mais il faut savoir que l’hiver revient nécessairement de temps à
autre. Si vous apprenez à vous observer, vous découvrirez chaque fois en
vous certains signes avant-coureurs, vous saurez que cette période de froid
et d’obscurité approche. 157 Alors, soyez vigilants. Préparez les éléments
spirituels qui continueront à entretenir en vous le feu et la lumière.
« Marchez pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous
surprennent point. » Cette lumière représente les bonnes conditions
intérieures, et extérieures aussi, qui nous sont données pour progresser et
faire les oeuvres de Celui qui nous a envoyés. Combien de personnes,
quand elles sont plongées dans les difficultés et les épreuves, se rendent
compte soudain des erreurs qu’elles ont commises par négligence, par
ignorance ou par faiblesse, et elles se disent : « Si j’avais su !… » Elles
auraient pu savoir, car toutes les conditions leur étaient données à un certain
moment pour apprendre et travailler. Mais la vie spirituelle demande des
efforts qu’elles n’étaient pas prêtes à faire, et elles ont négligé ces bonnes
conditions. D’autres activités, d’autres préoccupations leur paraissaient à ce
moment-là plus importantes, et elles se sont laissé surprendre par les
ténèbres.

Mais quelles que soient vos erreurs, ne perdez pas de temps à vous
lamenter, et surtout ne vous découragez pas. Le pire, ce n’est pas de
commettre des erreurs, mais de se dire qu’un idéal spirituel est quelque
chose d’irréalisable et de l’abandonner. Il n’est jamais trop tard pour
reprendre le chemin de la lumière et faire le travail que votre Père céleste
vous a confié. D’autres conditions vous seront à nouveau données un jour.

Tâchez alors de ne pas les laisser passer !

Quelles que soient les erreurs commises, rien ne peut vous empêcher de
retrouver la voie du salut si vous le souhaitez vraiment. Et dites-vous même
318

que le Ciel a davantage confiance en un être qui a commis des fautes et qui
s’est repenti, qu’en celui qui n’a encore rien fait de mal. Pourquoi ? Parce
que celui qui n’est jamais tombé ignore souvent qu’il doit prendre des
précautions : il n’a pas d’expérience, il n’est donc pas encore solide, il peut
aller n’importe où aveuglément, et un jour, c’est la chute. Tandis que celui
qui est passé par les griffes du diable, qui a souffert et qui prend la
résolution de sortir de là pour accomplir la volonté de Dieu, s’il réussit, le
Ciel le prendra à son service en disant : « Enfin, en voilà un sur qui on peut
compter ! » Quelles que soient les chutes, il est toujours possible de se
relever. Mais de ce que je vous dis là, ne concluez pas que vous pouvez
encore vous permettre certains égarements pour mieux reprendre ensuite le
bon chemin ! De toute façon, vous avez tous commis suffisamment
d’erreurs jusqu’à maintenant : il est temps de vous assagir afin de bénéficier
des bonnes conditions que vous donne la lumière.

Références bibliques

1. « Il faut que je fasse, tandis qu’il est jour, les oeuvres de Celui qui m’a
envoyé » –

Évangile de Jean 9 : 4

2. « Marchez pendant que vous avez la lumière » – Évangile de Jean 12 :


35

3. « Que ton règne vienne » – Matthieu 6 : 10

4. « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » – Matthieu 2 : 2

68

« Je suis le chemin, la vérité et la vie »

À l’apôtre Thomas qui lui disait : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas
; comment pouvons-nous en savoir le chemin ? » Jésus répondit : « Je suis
le chemin, la vérité et la vie. »1

« Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Dans combien d’églises et de


temples on a inscrit cette parole ! Mais pour la comprendre il faut pouvoir
situer les trois mots « chemin », « vérité » et « vie » les uns par rapport aux
autres. Au premier abord, c’est presque impossible, car ils appartiennent à
des domaines totalement différents. Le chemin représente une réalité
physique, concrète. La vérité, au contraire, est une notion philosophique sur
laquelle les humains arrivent rarement à se mettre d’accord. Quant à la vie,
ils la ressentent comme quelque chose d’extrêmement vague et vaste, car ils
en constatent les innombrables manifestations sans pouvoir dire exactement
319

ce qu’elle est.
Une image pourtant nous permet de réunir les trois mots chemin, vérité et
vie, pour en faire un ensemble cohérent : c’est celle du fleuve.158 À

l’origine d’un fleuve, il y a une source qui jaillit. Cette source représente la
vérité. De cette source coule l’eau, la vie, et au fur et à mesure du temps
l’eau creuse son lit : c’est le chemin. Jésus voulait donc dire : Je suis pareil
au fleuve qui descend de la source céleste, la vérité, et j’apporte l’eau de la
vie ; si vous voulez boire de cette eau, suivez-moi, je vous montre le
chemin.

À l’origine, il y a donc une source, la vérité. L’eau, la vie qui coule de cette
source, est l’amour. Et le lit du fleuve, le chemin, est la sagesse. Au fur et à
mesure que l’eau jaillit de la source, elle descend et vivifie l’univers entier.
Mais si nous voulons boire cette eau dans toute sa pureté, nous devons
remonter jusqu’à la source en empruntant le chemin de la sagesse.

La sagesse nous conduit, elle n’est jamais un but, mais seulement un guide ;
et pour avancer nous devons avoir la vie, l’eau qui nous soutient, l’amour.

Si nous marchons, c’est pour nous élever jusqu’à la source, la vérité, afin de
boire l’eau cristalline des sommets. Grâce à cette image du fleuve, la parole
de Jésus qui paraît d’abord difficile à interpréter devient à la fin très claire :
elle représente le programme à réaliser. Nourris par l’amour qui est la vie, et
guidés par la sagesse qui est le chemin, nous arrivons à la vérité qui est la
source.

En disant « Je suis le chemin, la vérité et la vie », Jésus, même s’il n’a pas
utilisé explicitement cette image, a donné toute sa dimension spirituelle au
symbole du fleuve. Et vous comprenez maintenant l’importance de ces trois
principes : amour, sagesse et vérité sur lesquels est fondé notre
enseignement. Au fur et à mesure que nous approfondissons ces trois
principes, nous entrons en relation avec le fleuve de la vie universelle.

Pour trouver la vérité, il faut remonter le cours du fleuve, la sagesse ; et


pour vivre dans la vérité, pour s’imprégner d’elle, il faut aimer. Un
philosophe ou un savant peut prétendre qu’il a trouvé la vérité : en suivant
le chemin de la sagesse il a certainement trouvé quelque chose ; mais s’il ne
sait pas aimer, il ne possède pas encore la vérité, car il ne la vit pas. Seul
l’amour rend la vérité vivante et vibrante en nous, car l’amour est toujours
en mouvement et il met tout en mouvement. C’est donc par l’amour plus
que par la sagesse que nous arrivons à la vérité.

La sagesse, on peut toujours l’acquérir en restant tranquillement chez soi à


réfléchir, à méditer, à lire. Mais l’amour, lui, oblige à se déplacer : vous 320

sortez pour rencontrer ceux que vous aimez… vous sortez pour voir le
soleil, pour écouter chanter les oiseaux… vous sortez pour acheter des
cadeaux, pour venir en aide à des malheureux… L’amour ne vous laisse pas
en place, car lui-même change de lieu ; il a la mobilité de l’eau et on ne
peut que le suivre à la trace en parcourant les lieux qu’il a traversés ou qu’il
a un moment habités.

Le Christ nous dit : Je suis la vie, l’amour, qui circule dans le lit du fleuve,
et je suis la sagesse, le chemin par lequel vous pouvez monter jusqu’à la
source, la vérité. Efforcez-vous de boire chaque jour à cette source limpide
et pure. Vous pensez peut-être que ce n’est pas possible…

Si, grâce aux liens qui unissent nos corps inférieurs à nos corps supérieurs,
nous pouvons, par l’amour et la sagesse nous rapprocher de la vérité.159

(Voir schéma)

Nous nous fixons un but, la vérité, et pour atteindre ce but, nous devons
suivre un chemin, c’est-à-dire appliquer certaines méthodes. Mais en
réalité, le but et la méthode sont une seule et même chose. En disant : « Je
suis le chemin, la vérité et la vie »,2 Jésus se confondait avec le chemin : il
marchait sur le chemin et il était lui-même devenu le chemin, parce que par
son amour il était arrivé à s’identifier au but même de sa démarche : la
Source divine d’où procède toute vie. Et nous, en suivant Jésus, nous
marchons sur le chemin et nous devenons nous aussi le chemin. Dieu, la
Source, est notre but, nous nous dirigeons vers Lui, et en marchant nous
nous identifions au but de notre démarche. Le but devient ainsi la méthode.
Et la méthode, c’est tous les exercices qui nous permettent d’avancer afin
de réaliser la fusion avec Dieu et de pouvoir dire un jour comme Jésus : «
Moi et le Père, nous sommes un ».*3
Références bibliques

1. « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas » – Évangile de Jean 14 : 5

2. « Je suis le chemin, la vérité et la vie » – Évangile de Jean 14 : 6

3. « Moi et le Père, nous sommes un » – Évangile de Jean 10 : 30

69

Le dernier repas

I. Jésus lave les pieds de ses disciples

321

« Pendant le souper, lorsque le diable avait déjà inspiré au cœur de Judas


Iscariot, fils de Simon, le dessein de le livrer, Jésus, qui savait que le Père
avait remis toutes choses entre ses mains, qu’il était venu de Dieu et qu’il
s’en allait à Dieu, se leva de table, ôta ses vêtements et prit un linge, dont il
se ceignit. Ensuite, il versa de l’eau dans un bassin, et se mit à laver les
pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Il vint
donc à Simon Pierre ; et Pierre lui dit : Toi, Seigneur, tu me laves les pieds !
Jésus lui répondit : Ce que je fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais
tu le comprendras bientôt. Pierre lui dit : Non, jamais tu ne me laveras les
pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec
moi. Simon Pierre lui dit : Seigneur, non seulement les pieds, mais encore
les mains et la tête. Jésus lui dit : Celui qui est lavé n’a besoin que de laver
ses pieds pour être entièrement pur… »1

C’était le dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, et à un moment
il s’est donc levé pour leur laver les pieds. Ce geste qu’il n’avait jamais fait
– on le comprend d’après la réaction de Pierre – des commentateurs l’ont
interprété comme une leçon d’humilité qu’il voulait leur donner. Cette
interprétation contient certainement une part de vérité.

C’était comme s’il leur disait : « Je vous montre l’exemple. Apprenez à


vous conduire envers les autres avec la même bonté, la même abnégation. »
Jésus a aussi lavé les pieds de Judas dont il savait pourtant qu’il allait le
trahir. Symboliquement, celui qui renonce à se venger de ses ennemis leur
lave les pieds.

Mais en lavant les pieds de ses disciples, Jésus avait encore autre chose à
leur apprendre. À Pierre qui commence par protester, il dit : « Ce que je
fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt. »

Souvenez-vous de l’interprétation que je vous ai donnée de la multiplication


des deux poissons et des cinq pains.160 J’ai pris le corps humain pour point
de départ, en vous montrant comment les pieds sont liés au plexus solaire.

Jésus a lavé les pieds de ses disciples pour leur faire prendre conscience de
ce lien. En touchant leurs pieds, il cherchait à éveiller les forces
constructives, régénératrices, qui circulent dans le plexus solaire.

Dans des circonstances très simples de la vie, on peut déjà faire


l’expérience de la relation qui existe entre les pieds et le plexus solaire.

Lorsqu’on a très froid aux pieds, on sent une contraction dans le plexus, et
si on mange à ce moment-là, la digestion se fait mal. Tandis que si on
plonge ses pieds dans de l’eau chaude, on sent dans le plexus solaire une
sensation agréable de dilatation.

322

Tout le monde n’est pas capable de ressentir et d’analyser ce qui se passe


dans le plexus solaire. Mais les disciples de la science spirituelle doivent en
prendre de plus en plus conscience afin d’éviter tout ce qui est susceptible
de le contracter. Le plexus solaire devient alors un guide pour eux, leur
transmet presque instantanément des informations sur les êtres, les objets,
les événements. On parle quelquefois du sixième sens. Le plexus solaire est
déjà une forme du sixième sens.

Ce qui perturbe le plus le plexus solaire et, en conséquence, tous les organes
internes : le foie, les reins, l’estomac, etc., c’est le doute, la sensualité, la
peur, la colère, la cupidité, tous les sentiments désharmonieux et violents.
Quand vous avez une frayeur, un choc, vos jambes ne vous soutiennent
plus, vos mains tremblent, votre cerveau se vide. Cela signifie que votre
plexus solaire a épuisé ses énergies.

Mais puisqu’il peut se vider, le plexus solaire peut aussi se remplir. Il existe
pour cela différentes méthodes, et en particulier prendre des bains de pieds
bien chauds. Il n’est pas nécessaire que ces bains durent longtemps.

L’essentiel, c’est de les prendre consciemment, en touchant doucement ses


pieds et même en leur parlant. Mais oui ! Vous pouvez leur dire que,
désormais, vous leur serez plus reconnaissant pour tous les services qu’ils
vous rendent en supportant le poids de votre corps, en vous conduisant
partout où vous voulez aller… Quelle humilité, quelle patience ! Pour
certaines cellules, les pieds sont une école où elles doivent faire un stage.

Comme toutes les cellules du corps, les cellules des pieds sont de petites
créatures vivantes, et parce que dans le passé ces créatures se sont montrées
orgueilleuses, cruelles, elles ont été placées dans les pieds pour apprendre
l’humilité et la bonté. Un jour, on leur fera passer des examens, et si elles
réussissent, l’Intelligence cosmique leur dira : « Vous pouvez maintenant
aller plus haut », et elles monteront dans les poumons, dans le coeur, dans le
cerveau pour continuer leur évolution. Vous direz que tout cela n’est pas
scientifique. Si, mais il s’agit d’une autre science… Toutes les cellules
doivent évoluer. Les plus évoluées, les plus désintéressées sont celles du
coeur. Alors que les autres dorment, s’amusent ou se reposent, les cellules
du coeur travaillent jour et nuit, sans arrêt, pour soutenir l’organisme et
répartir les forces en lui.

Chaque cellule est une créature vivante qui doit travailler en harmonie avec
toutes les autres pour le bien de l’organisme. Quand certaines commencent
à former un royaume séparé, une maladie se déclare. Mais en réalité, si elles
se mettent à vivre de façon anarchique, ce ne sont pas elles les vraies
coupables. Le vrai coupable, c’est l’homme : il s’est laissé aller 323

à des pensées, des sentiments et des actes qui n’étaient inspirés ni par la
sagesse ni par l’amour, et cela a agi sur son système sympathique, puis de là
sur ses cellules.
Que les pieds puissent avoir de l’importance pour la vie spirituelle étonnera
certaines personnes. Parce que nous portons des chaussures, nous avons
tendance à oublier que c’est par les pieds que nous sommes sans cesse en
contact avec la terre et les courants telluriques, et que nos pieds sont donc
des sortes d’antennes. Mais les courants électriques et magnétiques qui
s’élèvent de la terre ou y pénètrent, ne circulent normalement à travers les
pieds qu’à condition de ne pas être arrêtés par des couches fluidiques
d’impuretés. C’est pourquoi il est toujours bon de les laver avant de se
coucher.

Pierre a d’abord refusé que Jésus lui lave les pieds. Puis, lorsque Jésus lui a
dit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi », il lui a
demandé de lui laver aussi les mains et la tête. Mais Jésus a répondu : «

Celui qui est lavé n’a besoin que de laver ses pieds pour être entièrement
pur. » Pourquoi ?… Les pieds sont la partie du corps la plus en contact avec
la terre, avec le plan physique, et le plan physique touche toujours plus ou
moins au monde souterrain, aux enfers, au subconscient. Ils représentent
donc, symboliquement, la partie la plus vulnérable du corps, la plus exposée
aux courants ténébreux. On retrouve cette idée dans la mythologie grecque.
Pour rendre son fils Achille invulnérable, sa mère, Thétis, qui était une
divinité marine, l’avait plongé tout jeune dans les eaux du Styx ; mais
comme le talon par lequel elle le tenait n’avait pas été trempé, Achille
mourut sous les murs de Troie touché au talon par une flèche empoisonnée.

Alors, le sens du geste de Jésus lavant les pieds de ses disciples et la


réponse qu’il fait à Pierre, tout est clair maintenant. Puisque les pieds sont
associés au plan physique, se laver les pieds représente le terme de la
purification. Celui qui a appris à se laver les pieds en se concentrant sur les
centres qu’ils possèdent au-dessus et au-dessous, se libère et il devient
capable d’accéder aux régions supérieures. Dans la mythologie grecque
encore, le dieu Hermès est représenté avec des ailes aux talons. Hermès
était le messager des dieux, et ses ailes étaient le symbole de son pouvoir de
voyager dans l’espace. Ces ailes attachées aux talons d’Hermès peuvent être
interprétées comme une représentation des centres spirituels que l’être
humain possède dans ses pieds. Si ces centres sont éveillés, il a lui aussi la
possibilité de se projeter dans les plans subtils. Quand j’ai commenté la
multiplication des cinq pains et des deux poissons, je vous ai aussi montré
324

qu’on doit mettre ce miracle en relation avec le pouvoir qu’avait Jésus de


marcher sur l’eau. 1612

Vous comprenez maintenant pourquoi le geste de Jésus lavant les pieds de


ses disciples a une signification beaucoup plus profonde que celle qu’on lui
donne généralement. Réfléchissez à ces relations qui existent entre les pieds
et le plexus solaire, et faites des exercices. Vous sentirez peu à peu les
bienfaits qu’ils vous apporteront.

Références bibliques

1. « Pendant le souper, lorsque le diable avait inspiré au coeur de Judas… »


– Évangile de Jean 13 : 2-10

2. La multiplication des cinq pains et des deux poissons – Évangile de Jean


6 : 3-13

II. La trahison de Judas

« Le soir étant venu, Jésus se mit à table avec les douze. Pendant qu’il
mangeait, il dit : Je vous le dis en vérité, l’un de vous me livrera. Ils furent
profondément attristés, et chacun se mit à lui dire : Est-ce moi, Seigneur ?
Il répondit : Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c’est celui qui
me livrera ».1 Or, c’est Judas qui avait mis avec lui la main dans le plat, et
Jésus lui dit : « Ce que tu fais, fais-le vite ».2

La présence de Judas auprès de Jésus a troublé beaucoup de consciences


chrétiennes. Comment se fait-il que Jésus l’ait accepté parmi les douze
apôtres ?

Certains ésotéristes se sont arrêtés sur le caractère maléfique du nombre 13.


En réalité, il n’a rien de maléfique, mais comme tous les autres nombres il
est une entité vivante, et cette entité ne supporte pas les impuretés, elle les
combat. Jésus et ses disciples étaient treize, et quand treize personnes se
réunissent, particulièrement quand elles mangent à la même table, si l’une
d’entre elles est habitée par des pensées, des sentiments et des désirs
mauvais, il se peut qu’une ou plusieurs de celles qui partagent ce repas en
subissent les conséquences. Or, Judas avait des doutes au sujet de Jésus : il
l’entendait dire qu’il était le fils de Dieu, il le voyait marcher sur les eaux,
apaiser la tempête, chasser les démons, guérir les malades, et il se
demandait jusqu’où allaient ses pouvoirs. Il a donc voulu l’éprouver. Il
ignorait ce qu’est le sacrifice, et que celui qui sauve les autres ne cherche
pas nécessairement à se sauver lui-même.

325

Judas représente une entité collective, cette sorte d’êtres médiocres et


faibles, susceptibles de laisser pénétrer en eux des entités ténébreuses qui
cherchent tous les moyens de s’opposer aux puissances de la lumière. Les
Maîtres de la lumière le savent, ils savent que par leurs paroles et leurs actes
ils provoquent les forces du mal. Si ces forces réussissent à l’emporter, c’est
que cela a été déterminé par les Seigneurs des destinées.

S’il n’avait pas été décrété que Jésus serait trahi et mourrait sur la croix, il
n’y aurait pas eu de Judas. La mort de Jésus était écrite depuis longtemps, et
Jésus le savait, il l’avait déjà annoncée plusieurs fois à ses disciples 3, c’est
pourquoi il n’a pas cherché à y échapper, et il ne s’est défendu ensuite ni
devant Caïphe4, ni devant Pilate5. Il a même encouragé Judas puisque
pendant le repas il lui a dit : « Ce que tu fais, fais-le vite ! » Que de choses à
méditer et à comprendre ! Aucun Maître, le plus grand soit-il, ne peut
empêcher que des êtres ténébreux, des traîtres rôdent autour de lui pour lui
nuire et cherchent à détruire son oeuvre. La seule chose qu’il puisse faire,
c’est utiliser ces épreuves pour grandir encore intérieurement.

La trahison d’un disciple et la mort de Jésus avaient donc été décrétées


depuis longtemps par les Puissances célestes ; mais qui serait ce traître, cela
n’était pas déterminé. On peut dire que la place de traître était vacante, et
c’est Judas qui l’a occupée parce que tout en lui l’y préparait. Ne soyez pas
surpris si, pour être plus clair, je fais une analogie avec le théâtre. Dans une
pièce de Shakespeare, par exemple, ou de Molière, on ne peut pas changer
les rôles : il y aura toujours un Falstaff ou un Harpagon, ainsi que d’autres
personnages. Mais les acteurs qui doivent les incarner ne sont pas
déterminés d’avance : on les choisit le moment venu en fonction de leurs
aptitudes à interpréter ces rôles. Nostradamus, par exemple, dans ses
prédictions, a indiqué des événements et quelquefois des noms, mais on ne
savait pas qui porterait ces noms. Lorsqu’il s’agit d’événements importants,
les rôles sont fixés, et quelquefois les noms, mais pas les personnes. C’est
au fur et à mesure de leur évolution, au cours de leurs incarnations
successives, que les êtres se mettent peu à peu dans la situation de jouer tel
ou tel rôle. On ne les enferme pas dans un bocal des siècles avant pour les
sortir le moment venu afin qu’ils l’interprètent. Inconsciemment ils s’y sont
en quelque sorte préparés.

Et maintenant j’ajouterai encore quelques mots à propos du nombre 13.

Pour comprendre pourquoi il a été considéré comme un nombre maléfique,


il faut commencer par s’arrêter un moment sur le nombre 12. Une journée
se divise en deux fois douze heures, une année en douze mois, et il y a
douze signes du zodiaque. Dans la Bible, on trouve souvent le nombre 12.

326

D’après la tradition, Jacob avait eu douze fils qui sont à l’origine des douze
tribus d’Israël ;1626 ces douze tribus étaient représentées par douze pierres
précieuses qui figuraient sur le pectoral du grand Prêtre Aaron, frère de
Moïse. 163 7 La Jérusalem céleste que décrit saint Jean dans l’Apocalypse
repose sur douze assises de pierres précieuses et sa muraille a douze portes
qui sont douze perles. 164 8 Le 12 est donc le nombre de ce qui forme un
tout, un ensemble complet : un jour, une année, un peuple, une ville. Et le
13, c’est 12 + 1. Le 1 qui vient s’ajouter n’appartient pas à cet ensemble ; il
est comme un élément étranger, et s’il n’est pas pur, s’il ne vibre pas en
harmonie avec l’entité à laquelle il s’ajoute, c’est tout l’ensemble qui est
menacé. Voilà pourquoi le 13 est considéré comme un nombre difficile qui
apporte des épreuves et même parfois la mort. La treizième carte du Tarot
est celle de la mort.

Maintenant on peut dire aussi que le 1 qui s’ajoute au 12 représente le


commencement d’un autre cycle ou d’un autre ensemble. Dans la Science
initiatique, la mort n’est jamais considérée comme une fin, quelque chose
de définitif, mais comme le début d’une vie nouvelle. Et cette vie nouvelle,
c’est celle que Jésus apportait. Mais cette vie nouvelle, il a dû accepter de la
payer par sa mort sur la croix.165

Références bibliques

1. « Le soir étant venu, Jésus se mit à table » – Matthieu 26 : 20

2. « Ce que tu fais, fais le vite » – Évangile de Jean 13 : 28

3. Jésus annonce sa mort – Matthieu 16 : 21, 17 : 22, 20 : 17, etc.

4. Jésus devant Caïphe – Matthieu 26 : 57-68

5. Jésus devant Pilate – Matthieu 27 : 11-14

6. Les douze tribus d’Israël – Genèse 49 : 2-28

7. Les douze pierres précieuses sur le pectoral d’Aaron – Exode 28 : 15-22

8. La Jérusalem céleste : ses douze assises et ses douze portes – Apocalypse


21 : 12-14

III. Jésus donne le pain et le vin à ses disciples

1 – Le symbolisme du pain et du vin

« Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain et après avoir rendu grâces
il le rompit et le donna aux disciples en disant : Prenez, mangez, ceci est
mon corps. Il prit ensuite une coupe et après avoir rendu grâces 327

il la leur donna en disant : Buvez-en tous, car ceci est mon sang… »1

Pour beaucoup de chrétiens ces paroles qu’ils entendent chaque fois qu’ils
assistent à la messe ou au culte gardent toujours leur mystère. En les
prononçant Jésus révélait encore que tout son être s’était fusionné avec le
principe cosmique du Christ. Quelle relation existe-t-il entre le pain et le
corps, ainsi qu’entre le vin et le sang ? Et comment pouvons-nous nous
nourrir du corps et du sang du Christ par l’intermédiaire du pain et du vin ?
Le symbolisme du pain et du vin était déjà connu bien avant Jésus, puisqu’il
est dit dans le livre de la Genèse que Melkhitsédek, sacrificateur du Très-
Haut, vint à la rencontre d’Abraham en lui apportant le pain et le vin. 166 2
Il faut aller très loin, très haut, pour parvenir à la compréhension de ces
symboles. Manger et boire sont deux actes complémentaires de la vie
quotidienne par lesquels l’homme se nourrit, et le pain et le vin n’ont
apparemment par eux-mêmes rien d’exceptionnel. Mais c’est à travers eux
que Melkhitsédek a apporté à Abraham le savoir initiatique concernant les
deux grands principes, masculin et féminin, qui sont à l’origine de la
création. Dans tous les règnes de la nature, et jusqu’au monde divin, on
trouve les manifestations de ces deux principes. Et lorsque Jésus a donné le
pain et le vin à ses disciples en disant : « Mangez, ceci est mon corps »…

« Buvez, ceci est mon sang », il a non seulement transmis mais complété le
savoir donné par Melkhitsédek à Abraham.167

Comme il est difficile pour un être humain d’accéder aux grands mystères
de l’univers, les Initiés ont dû les arracher au monde sublime qui est le leur
pour les présenter de façon concrète, tangible. Les rites institués par les
religions ne sont que des formes. Ces formes sont évidemment utiles, mais
seulement dans la mesure où le croyant est capable de les animer, d’y
mettre un contenu vivant. Pour les chrétiens le rite le plus important est la
messe dont le moment essentiel est la communion. Mais ils en auront une
meilleure compréhension le jour où ils cesseront de croire qu’il suffit de
manger le pain ou d’avaler une hostie, et de boire le vin pour recevoir le
Christ. Le Christ ne se laisse pas enfermer dans les nourritures matérielles
pour être absorbé à un moment précis d’un office religieux. Comment
peuvent-ils s’imaginer que le Christ, première émanation divine, peut être
emprisonné dans une hostie par des mains plus ou moins dignes ? Pour qui
le prend-on ?… On appelle cela « le mystère de l’Eucharistie ». Non, il n’y
a là aucun mystère, mais seulement des réalités spirituelles qui obéissent à
des lois.

Le temps est maintenant venu de donner un contenu à ces formes dans 328

lesquelles on présente la religion. Si celui qui mange la « chair » et boit le


« sang » du Christ représentés par le pain et le vin a la vie éternelle, c’est
que cette chair et ce sang correspondent à des réalités de l’âme et de
l’esprit. La chair du Christ, c’est la sagesse, le principe masculin ; le sang
du Christ, c’est l’amour, le principe féminin. Lorsque nous apprendrons à
nourrir notre intellect avec la sagesse divine et notre coeur avec l’amour
divin, nous aurons la vie éternelle.

C’est ce même symbolisme qui était déjà présent dans la réponse que Jésus
avait faite à Nicodème, docteur en Israël, venu un soir pour l’interroger : «
Si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de
Dieu ».3 L’eau, c’est le principe féminin, l’amour ; et l’esprit, le feu, c’est le
principe masculin, la sagesse. Manger la chair du Christ et boire son sang a
la même signification que naître d’eau et d’esprit

: par la sagesse et par l’amour l’homme entre dans la vie éternelle, « le


Royaume de Dieu ».

C’est pour rappeler ce moment où Jésus a donné à ses disciples le pain et le


vin que les chrétiens ont institué le sacrement de l’Eucharistie. Mais alors,
on peut se demander pourquoi l’Église catholique a décidé que les fidèles
communieraient seulement avec le pain, l’hostie, la chair du Christ, le
principe masculin ; communier aussi avec le vin, le sang du Christ, le
principe féminin, est réservé aux prêtres. Il y a sans doute des raisons, mais
la véritable communion suppose les deux principes – le pain et le vin – et le
fait d’en supprimer un crée un déséquilibre.

Certains penseront que ce n’est pas tellement important : puisque la


communion est un acte symbolique, on peut considérer que le ciboire, la
coupe, est le principe féminin qui reçoit l’hostie, le principe masculin. Non,
c’est insuffisant : quand il s’agit de symboles, particulièrement, on doit tenir
compte de tous les aspects afin d’en approfondir le sens. L’important, ce
n’est pas que les fidèles reçoivent une hostie ou un morceau de pain, et
boivent une gorgée de vin, ils n’en seront pas davantage en bonne santé ou
éclairés. L’important, c’est qu’ils comprennent le symbole ; et si dans sa
représentation le symbole est mutilé, leur compréhension des grands
mystères de la vie sera aussi mutilée.
La vie ne peut pas naître d’un seul principe, elle naît de la rencontre des
deux principes masculin et féminin. Est-ce qu’on imagine un mariage où
seul le marié serait présent ? Si, au moment de la célébration, quelqu’un
venait expliquer à l’assistance : « La mariée n’a pas pu venir, mais ce n’est
pas si grave, on va quand même faire la cérémonie », comment serait-il
accueilli ? On n’a jamais vu ça nulle part ; même dans les pays où la 329

coutume est de tenir les femmes enfermées loin des regards, la mariée est
présente au mariage. Elle est peut-être voilée, mais elle est là. À la
cérémonie, l’homme doit être là et la femme aussi, parce qu’ils représentent
les deux principes grâce auxquels la vie continuera à se perpétuer.

Et, justement, cette comparaison de l’Eucharistie avec le mariage souligne


que l’un et l’autre sont deux sacrements qui célèbrent l’union des deux
principes masculin et féminin. La différence, c’est que le mariage concerne
davantage le plan physique, la vie sociale, tandis que la communion
concerne le plan spirituel, la vie intérieure. Mais le symbolisme est le
même. Prenons seulement le fait que la couleur blanche est généralement
associée au pain et la couleur rouge au vin. Le blanc et le rouge sont les
deux couleurs de la vie, à commencer par le sang qui est composé de
globules blancs et de globules rouges. Ces deux couleurs sont aussi
présentes au moment des premiers rapports sexuels d’un homme et d’une
femme : l’homme apporte le blanc, le pain, et la femme apporte le vin, le
rouge. Et quand l’enfant est conçu, il est d’abord nourri avec le sang (le
rouge) dans le sein de sa mère ; ensuite, quand il est né, sa nourriture est le
lait (le blanc). Tout le mystère de la vie est là.

Si le pain et le vin ont un caractère sacré, c’est qu’ils sont en relation avec
la perpétuation de la vie, et ils résument également tous les aliments dont
l’homme doit se nourrir pour subsister. On ne boit pas du vin dans toutes les
régions du monde, il y a même des religions qui l’interdisent, mais le vin
reste le symbole du liquide nutritif complémentaire de la nourriture solide,
le pain. Vous direz que notre boisson principale est surtout l’eau. C’est vrai.
Mais pourquoi aux noces de Cana Jésus a-t-il justement changé l’eau en vin
?…1684 Et le soir de la Cène, ce n’est pas de l’eau qu’il a donnée à ses
disciples. L’eau a une autre signification dans la pensée de Jésus. Il faut
apprendre à s’orienter parmi les symboles.
C’est à Cana, en Galilée, où il était invité pour des noces, que Jésus avait
fait son premier miracle en changeant l’eau en vin. Et l’institution de
l’Eucharistie fut le dernier acte qu’il a accompli avant sa mort. Si nous
faisons le lien entre ces deux événements qui se situent au commencement
et à la fin de sa mission, nous prendrons vraiment conscience que son
Enseignement repose sur la connaissance des deux principes. Le pain et le
vin que le prêtre, pendant la messe, présente aux fidèles comme le corps et
le sang du Christ, sont les symboles de réalités spirituelles, cosmiques, qui
doivent prendre place dans leur conscience. C’est à cette condition qu’ils
trouveront dans le pain et le vin une nourriture pour leur âme et pour leur
esprit, et peu à peu ils accéderont à ce degré supérieur de vie que Jésus 330

appelle « la vie éternelle ».

Le sacrifice de sa chair et de son sang, Jésus l’a fait ensuite physiquement


sur la croix. Mais pour mesurer la grandeur de ce sacrifice, il faut avoir
d’abord compris ce que signifie dans le plan spirituel la communion avec le
pain et le vin. Maintenant, pour beaucoup de chrétiens elle ne représente
plus que la répétition, le rappel d’un événement historique qui s’est produit
un jour, il y a deux mille ans, à Jérusalem.

Il est vrai qu’après avoir partagé le pain et le vin avec ses disciples, Jésus
leur a dit : « Faites ceci en mémoire de moi. »5 Mais commémorer, garder
seulement un souvenir, c’est pauvre ; il faut aller plus loin et approfondir la
signification immense que Jésus a voulu mettre dans cet acte.

Car il n’a pas seulement partagé le pain et le vin avec ses disciples, comme
il avait déjà dû souvent le faire auparavant. En leur donnant le pain il leur a
dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps » ; et en leur donnant le vin : «

Buvez-en tous, car ceci est mon sang. » Pourquoi n’a-t-il pas créé un autre
rite ? Il le pouvait, mais il a répété ce que Melkhitsédek avait fait avant lui
en apportant le pain et le vin à Abraham. Cela révèle non seulement
l’importance qu’il donnait à ces deux symboles du pain et du vin, mais sa
volonté de marquer son appartenance à la lignée de Melkhitsédek.

Références bibliques
1. « Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain » – Matthieu 26 : 26-28

2. Melkhitsédek apporte le pain et le vin à Abraham – Genèse 14 : 17-20

3. « Si un homme ne naît d’eau et d’esprit » – Évangile de Jean 3 : 3

4. Les noces de Cana – Évangile de Jean 2 : 1-10

5. « Faites ceci en mémoire de moi » – Luc 22 : 19

2 – Toute nutrition est une communion

De ce dernier repas que Jésus prit avec ses disciples, les Évangiles n’ont
retenu que le pain et le vin. Mais dans le pain et le vin on peut voir
symboliquement tous les aliments que nous offre la nature pour entretenir la
vie en nous. C’est ainsi que chaque jour la nutrition peut devenir un moyen
d’approfondir encore le mystère de la Sainte Cène. Bien sûr, la respiration,
et surtout les exercices spirituels comme la prière, la méditation, sont une
forme de communion. Mais tout le monde n’a pas nécessairement le temps,
les conditions, ni même le goût et les dons pour la pratique spirituelle.

331

Tandis que chacun est obligé de manger chaque jour. On peut donc déjà
commencer par apprendre à communier pendant les repas en ayant
davantage de considération pour la nourriture.

Qu’est-ce que communier ? Faire un échange : vous recevez une chose et


vous en donnez une autre. Si vous ne donnez rien, ce n’est pas une véritable
communion. La véritable communion est un échange divin. Et l’hostie – ou
le pain – et le vin, n’apportent leurs bénédictions aux fidèles que si en
échange ils leur donnent leur respect, leur foi, leur amour. Ce ne sont pas les
objets eux-mêmes – le pain et le vin – qui agissent sur nous, mais la façon
dont nous les considérons à cause de ce qu’ils représentent. Si les fidèles
avaient la même considération pour la nourriture que pour le pain et le vin
de la communion, elle se transformerait en eux non seulement en énergies
physiques, mais aussi en énergies psychiques et spirituelles, car ils
communieraient avec la nature elle-même, qui est le corps de Dieu. Lorsque
vous prenez conscience que Dieu a mis sa vie dans la nourriture, au
moment où vous allez manger vous êtes comme le prêtre qui bénit le pain et
le vin, et chaque jour, à chaque repas, vous recevez la vie divine.

Mon intention n’est pas de détourner les chrétiens du sacrement de


l’Eucharistie ni d’en diminuer l’importance. Je dis seulement que la
véritable communion ne se limite pas à prendre de temps en temps une
hostie ou un morceau de pain et une gorgée de vin bénis par un prêtre. En
réalité, chacun doit devenir un prêtre, et donner chaque jour,
symboliquement, le pain et le vin à ses cellules. Si vous êtes conscient de
cette mission sacrée, vos cellules recevront de vous la véritable
communion, c’est-à-dire un élément spirituel qui les aidera dans leur travail
pour le bien de tout votre organisme.

La manière dont les gens mangent en dit beaucoup sur leur degré
d’évolution. S’ils n’ont pas de respect pour la nourriture qui chaque jour
leur donne la vie, envers qui en auront-ils ? Et ils ne comprendront jamais
les mystères de la communion et pourquoi Jésus a dit : « Mangez, ceci est
mon corps…Buvez, ceci est mon sang… », « Celui qui mange ma chair et
qui boit mon sang a la vie éternelle. »1. La nourriture est déjà bénie par le
Créateur. La plus grande preuve qu’elle est bénie, c’est justement qu’elle
nous donne la vie. Dieu est dans la nourriture sous forme de vie, elle n’a
donc pas besoin d’être bénie par les humains pour leur donner la vie. Vous
direz : « Mais alors, à quoi servent les paroles de bénédiction qu’il est de
tradition de prononcer avant les repas ? » Une bénédiction est une sorte de
rite magique, chaque parole prononcée possède des vibrations qui ont le
pouvoir d’agir sur la matière. Les paroles de bénédiction préparent la 332

nourriture à entrer en harmonie avec ceux qui vont la consommer : il se crée


dans leurs corps subtils un contact, une adaptation qui leur permet de mieux
recevoir tous les trésors de vie divine qu’elle contient.

Déclarer que la communion se célèbre uniquement dans une église ou un


temple, c’est en limiter le sens. Il faut désormais donner à cet acte un sens
plus large, plus vaste. Car la communion est la condition même de la vie.

Chaque jour, à chaque repas, nous pouvons communier à travers la


nourriture. Tous les éléments que nous prenons sont imprégnés de la vie du
Créateur, et par un travail de la pensée, de la conscience, nous arriverons un
jour à en retirer les éléments plus subtils pour nourrir aussi tous nos corps
subtils.

Manger, boire, mais aussi respirer, marcher, regarder, écouter, aimer,


travailler et chercher à entrer sans cesse en relation avec toutes les créatures
et les forces vivantes qui animent les pierres, les plantes, les montagnes, les
sources, c’est cela aussi communier. Tous les actes de la vie quotidienne
peuvent devenir pour nous des occasions de vivre des états de conscience
magnifiques qui sont des formes de communion. C’est même toutes ces
formes de communion qui donnent ensuite un sens à la communion des
chrétiens. Le jour où nous comprendrons la communion dans sa véritable
dimension, sa dimension cosmique, nous mangerons véritablement la chair
du Christ et nous boirons son sang. Dans toutes les régions de notre être,
nous sentirons circuler des courants d’énergies abondantes et pures, et nous
saurons que c’est cela, la vie éternelle qui n’a ni commencement ni fin.

Référence biblique

1. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » –


Évangile de Jean 6

: 53

3 – Le pain et le vin, deux symboles solaires : le Verbe vivant Se nourrir


est, dans tous les plans, la condition de la vie. En tant que symboles, le pain
et le vin ont donc une application dans nos organismes physique, psychique
et spirituel. Nous absorbons de la nourriture par la bouche, ainsi que par
tous nos organes des sens, mais encore par le coeur, l’intellect, l’âme et
l’esprit. Nous communions pour recevoir la vie, pour participer à la vie, la
vie spirituelle. Et la vie spirituelle est le résultat en nous d’une rencontre,
celle de la sagesse avec l’amour, de la lumière avec 333

la chaleur.

Il existe donc des analogies entre le pain et le vin, le corps et le sang du


Christ, la sagesse et l’amour, la lumière et la chaleur ; et ces symboles, ces
principes qui vous apparaissent encore comme des réalités éloignées, vous
les sentirez vivants en vous quand vous les chercherez dans la lumière et la
chaleur du soleil. Par sa lumière, le soleil représente la sagesse, et par sa
chaleur il représente l’amour. Chaque jour, à travers le soleil le Christ nous
donne « le pain », sa chair à manger, et « le vin », son sang à boire. Le pain
que l’on fait avec le blé, et le vin que l’on fait avec le raisin sont deux
symboles solaires.

Tout ce qui nous nourrit et nous abreuve, le Christ, Verbe vivant proféré au
commencement par le Père, nous le donne par l’intermédiaire du soleil :
c’est sa vie, sa chaleur, sa lumière. Par la nourriture nous recevons donc
tous les éléments du Verbe symbolisés par les vingt-deux lettres de
l’alphabet hébraïque, et c’est avec ces lettres, dit le Zohar, que Dieu a créé
le monde. Il existe évidemment d’autres langues avec d’autres alphabets qui
n’ont pas vingt-deux, mais vingt-quatre, vingt-six lettres, ou beaucoup plus.

Mais nous parlons ici de l’alphabet initiatique, kabbalistique, qui comprend


vingt-deux lettres : les vingt-deux puissances symboliques qui, depuis
l’origine, sont à l’oeuvre dans la création. Lorsque saint Jean écrit : « Au
commencement était le Verbe… Tout ce qui a été fait a été fait par lui

», 1691 cela signifie que la création est l’oeuvre du Verbe proféré par Dieu ;
et le Verbe, le Christ, le Soleil cosmique est notre nourriture. Vous voyez,
tout se tient, tout est lié.

Manger la chair du Christ et boire son sang, on peut aller très loin dans la
compréhension de ces symboles. Mais je ne vous en dirai pas plus. Pour les
comprendre, vous devez les faire vibrer, résonner en vous. Le jour où vous
aurez appris à manger et à boire avec la conscience que c’est le Christ, le
Soleil cosmique, qui vous nourrit, vous commencerez à entendre et à
déchiffrer le sens de ce que disent dans l’espace ces éléments qui chantent
l’histoire de la création et la gloire de Dieu, et vous entrerez dans la vie
éternelle.

Des chrétiens s’indigneront sans doute de cette analogie entre le soleil et le


Christ. Mais n’y a-t-il pas déjà dans la forme ronde de l’hostie que le prêtre
donne aux fidèles quelque chose qui rappelle le soleil ? Sans doute ceux
qui, il y a longtemps, ont décidé que le corps du Christ serait représenté par
cette fine rondelle de pain, possédaient des connaissances 334
qui sont maintenant perdues ou que l’on ne trouve pas nécessaire
d’enseigner aux chrétiens. Et le geste du prêtre qui élève l’hostie au
moment de sa consécration, ne rappelle-t-il pas le soleil qui se lève le matin
à l’horizon ?…

Cette vérité de la lumière et de la chaleur considérées comme une nourriture


se retrouve dans d’autres traditions, celle des anciens Perses, par exemple.
Il est dit dans le Zend-Avesta que Zoroastre demanda un jour au dieu
Ahoura Mazda comment se nourrissait le premier homme, et le dieu lui
répondit : « Il mangeait du feu et il buvait de la lumière ». Où trouver ce feu
que nous devons manger et cette lumière que nous devons boire ? Dans le
soleil. Voilà pourquoi dans notre école nous allons le matin contempler le
soleil à son lever ; et en le contemplant nous le mangeons, nous le buvons.

Alors, cette lumière et cette chaleur vivantes se propagent dans toutes les
cellules de notre corps, et elles les éclairent, les renforcent, les purifient, les
vivifient. Il est tellement important d’approfondir le sens des images et des
rites que nous présentent les religions !

Chaque jour vous êtes devant le soleil qui projette dans l’espace des
particules de lumière. En le regardant, pensez que vous rejetez toutes les
impuretés de votre organisme pour les remplacer par les particules de
lumière qu’il vous envoie. De tout votre coeur, de toute votre âme, essayez
de prendre ces particules divines et de les placer en vous. C’est ainsi que,
peu à peu, grâce au soleil, vous imprégnerez la matière de votre être de
vibrations spirituelles, et vous vivrez la vie éternelle. Car le soleil est
vivant. Voilà ce que signifie aussi la communion, voilà ce que signifie
manger la chair et boire le sang du Christ.

Référence biblique

1. « Au commencement était le Verbe » – Évangile de Jean 1 : 1

70

Au jardin de Gethsémani
Après le repas, Jésus et ses disciples allèrent dans un lieu appelé
Gethsémani, un jardin où ils s’étaient souvent réunis. Il prit à part Pierre,
Jacques et Jean et leur dit : « Restez ici et veillez et priez avec moi. »1

Puis, sentant monter en lui l’angoisse de la mort, il s’écarta un peu, se jeta


la face contre terre et pria : « Père, toutes choses te sont possibles, éloigne
335

cette coupe de moi ».2

Jésus savait depuis longtemps à quel supplice il serait condamné et il l’avait


révélé à ses disciples.3 Mais là, au dernier moment, il a ressenti si
violemment l’horreur de ce supplice, qu’il a demandé à son Père de le lui
épargner. Il restait donc encore en lui quelque chose à vaincre. S’il y
parvenait, cette victoire devait s’imprimer profondément dans la substance
de son être, car tous les combats intérieurs que mène un être humain
laissent en lui une trace indélébile. Et personne ne fait exception. Du
moment qu’un esprit accepte de s’incarner sur la terre, il doit affronter des
épreuves qui représentent autant d’étapes à franchir. S’il remporte la
victoire, c’est que la nature divine en lui a eu le dernier mot, et il finit par
dire, comme Jésus :

« Père, s’il n’est pas possible que cette coupe s’éloigne sans que je la boive,
que ta volonté soit faite et non la mienne. »4

Comment ne pas être saisi d’admiration devant cette humilité, cette


abnégation ? Tellement de croyants s’imaginent avoir le droit d’exiger de
Dieu qu’Il réponde à leurs demandes et se détournent de Lui sous prétexte
qu’Il ne les exauce pas ! Or, que réclament-ils souvent ? Des choses
tellement futiles et qu’ils pourraient même obtenir sans son aide s’ils
faisaient quelques efforts ! Tandis que Jésus, lui, a accepté sans murmurer le
plus affreux des supplices.

Cette attitude de Jésus contient tout un enseignement. En disant : « Que ta


volonté soit faite, et non la mienne », il prononçait une formule puissante,
magique, par laquelle la volonté humaine se fond dans la volonté divine. Il
est impossible d’empêcher que les événements qui ont déjà été décrétés se
produisent, mais celui qui prononce une telle formule trouve au moins en
lui-même la force, la paix, l’unité ; il ne ressent pas une opposition entre ses
propres désirs et les décrets du Ciel. Il ne pourra pas éviter les épreuves, il
devra les subir, mais en confondant sa propre volonté avec la volonté
divine, il les vivra différemment. Du moment qu’il parvient à s’élever
jusqu’au monde divin, il surmonte sa souffrance au point de l’éprouver
comme quelque chose qui ne fait plus vraiment partie de lui, et il se détache
d’elle.
Et pendant que Jésus endurait les souffrances de l’agonie, que faisaient les
disciples ? Ils dormaient. Deux fois il revint vers eux, et deux fois il les
trouva endormis. Le sommeil est un état du corps physique, mais le
sommeil auquel les disciples n’ont pas pu résister était aussi celui de la
conscience.

Ils n’ont pas su rester présents par la pensée auprès de Jésus ; ils ne se sont
336

réveillés qu’au moment où des hommes armés envoyés par les grands
prêtres et conduits par Judas sont venus l’arrêter.5 Et que se passa-t-il alors
dans leur cerveau ensommeillé ? Pierre tira son épée, frappa un de ces
hommes et lui coupa un morceau d’oreille. Et Jésus qui avait retrouvé toute
la puissance de son esprit donna une dernière leçon à ses disciples en disant

: « Pierre, remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prendront l’épée
périront par l’épée. »6 Il guérit l’oreille de l’homme et se laissa emmener.

« Alors, dit l’Évangile, tous les disciples l’abandonnèrent et prirent la fuite.


»7

En emmenant avec lui Pierre, Jacques et Jean, Jésus leur avait dit : «

Veillez et priez, afin de ne pas entrer dans la tentation ; l’esprit est fort,
mais la chair est faible ».8 Veiller signifie être disponible, attentif, vigilant.

Mais la vigilance ne suffit pas, la prière est aussi nécessaire : elle est un
appel aux entités célestes afin qu’elles apportent leur lumière et leur
soutien. En s’endormant, les disciples, privés de cette lumière et de ce
soutien, avaient déjà abandonné Jésus. Il leur avait annoncé les événements
à venir, mais sans doute pensaient-ils qu’avec tous les pouvoirs qu’il
possédait, il échapperait à ses ennemis. Et en effet, il aurait pu échapper,
mais il ne l’a pas voulu, car il fallait que « les Écritures s’accomplissent ».9
C’est cela sans doute qui a profondément troublé ses disciples. Ils ne
croyaient pas qu’il se laisserait arrêter comme n’importe quel malfaiteur. Ils
n’avaient pas encore compris que le véritable pouvoir de leur Maître n’était
pas un pouvoir terrestre et que, sur la terre, il devait laisser les événements
se dérouler.

La vie et l’enseignement de Jésus sont placés sous l’influence de l’axe


Vierge-Poissons qui correspond à la sixième et à la douzième maison
astrologiques. La maison VI (la Vierge) est la maison de la pureté et de la
santé. C’est parce que Jésus était pur qu’il avait le pouvoir de chasser les
démons et de guérir les malades. Et la douzième maison, les Poissons, est
celle des épreuves, des trahisons, du sacrifice. Au jardin de Gethsémani
Jésus a été trahi par Judas, il a guéri l’homme à qui Pierre avait coupé
l’oreille, il a vu ses disciples l’abandonner et il a accepté de faire le sacrifice
de sa vie.

Références bibliques

1. « Restez ici, et veillez avec moi » – Matthieu 26 : 39

2. « Toutes choses te sont possibles, éloigne cette coupe de moi » – Marc 14


: 36

3. Jésus annonce sa condamnation et sa mort – Matthieu 20 : 1.

337

4. « Père, s’il n’est pas possible que cette coupe s’éloigne sans que je la
boive » –

Matthieu 26 : 42

5. Des hommes armés viennent arrêter Jésus – Matthieu 26 : 47-56

6. « Pierre, remets ton épée au fourreau » – Évangile de Jean 18 : 10, et


Matthieu 26 : 52

7. « Alors, tous les disciples l’abandonnèrent et prirent la fuite » – Marc 14


: 50

8. « Veillez et priez afin de ne pas tomber dans la tentation » – Marc 14 : 38


9. Il fallait que « les Écritures s’accomplissent » – Matthieu 26 : 54

71

« Qu’est-ce que la vérité ? »

I. Jésus devant Pilate

Des hommes envoyés par les principaux sacrificateurs et les pharisiens


vinrent arrêter Jésus dans le jardin de Gethsémani. Après avoir été amené
devant le Sanhédrin, il fut conduit devant le gouverneur romain, Pilate, qui
lui demanda : « Es-tu le roi des Juifs ? »1 Et Jésus répondit : « Tu le dis, je
suis roi ».2

Mais Jésus n’avait aucune ambition terrestre. Pour lui, la véritable royauté
était la royauté céleste, il ne confondait pas la gloire humaine et la gloire
divine. C’est pourquoi il dit aussi : « Mon royaume n’est pas de ce monde.
Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour
moi afin que je ne sois pas livré aux Juifs. Je suis né et je suis venu dans le
monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité
écoute ma voix. »3 Pilate demanda alors : « Qu’est-ce que la vérité ? »4
Mais là Jésus ne répondit pas.

Pourquoi Jésus n’a-t-il pas répondu à la question de Pilate ? Parce que la


vérité n’est pas une sorte de pilule qu’on donne à quelqu’un en lui disant :

« Voilà, c’est ça, prends ! » ou une formule magique qui transformera


instantanément sa compréhension des choses. Comme Pilate, combien de
gens espèrent qu’ils rencontreront un jour un Maître, un Initié qui à la
question « Qu’est-ce que la vérité ? » leur donnera tout de suite une réponse
! Certains imaginent même la scène : les quelques mots qu’il prononcera
tomberont sur eux comme l’éclair et ils seront illuminés. Si c’était si simple
!…

338

Même si tous les humains possèdent une structure psychique identique, ils
sont différents dans leur sensibilité, leur compréhension, leurs besoins, leurs
aspirations, et ils ne peuvent donc pas avoir la même perception des choses.
Alors, quand ils se disputent en prétendant chacun être dans le vrai, cela ne
rime à rien. Vous direz : « Mais alors, il n’existe pas de vérité ? »

Si. Plus un être s’élève intérieurement, plus il se détache de ses intérêts


personnels, égoïstes et se purifie, plus il se laisse pénétrer par la lumière
divine et plus il se rapproche de la vérité. Mais la Vérité en tant que
principe absolu, il est impossible de dire s’il la connaîtra un jour. La seule
chose dont nous pouvons avoir la certitude, c’est que si nous nous efforçons
de rejeter les couches opaques que nos pensées, nos sentiments et nos désirs
obscurs, désordonnés, ont accumulées autour de nous, en nous, nous nous
rapprochons chaque fois un peu plus de la vérité.

Un Maître spirituel révèle toujours la vérité à ses disciples ; mais il faut


d’abord entendre par là les lois et les méthodes qui leur permettront de faire
un travail sur eux-mêmes, car c’est grâce à ce travail préparatoire qu’ils
pourront accéder à la vérité. Sinon, que se passe-t-il ? Il y a d’abord ceux
qui, quoi qu’on leur dise, n’entendent rien. Ensuite, il y a ceux qui
comprennent de travers et qui inconsciemment se servent de cette vérité
pour faire du mal aux autres et à eux-mêmes. Enfin, il y a ceux qui
n’acceptent pas la vérité parce qu’elle les dérange, elle va contre ce qu’ils
croient être leurs intérêts. C’est pourquoi Jésus avait mis en garde ses
disciples : « Ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne
les foulent aux pieds et, se retournant contre vous, ils ne vous déchirent ».5

Ces perles qu’il est dangereux de jeter devant les pourceaux, ce sont les
vérités que les humains ne sont pas encore prêts à recevoir. Non seulement
ils ne les apprécieront pas, mais ils s’attaqueront à celui qui les leur donne.

Combien de fois, dans l’histoire, les êtres qui osaient apporter la vérité ont
été menacés, tourmentés, massacrés ! Et même si Jésus avait répondu à la
question de Pilate, est-ce que Pilate aurait compris ? est-ce qu’il se serait
opposé à sa condamnation ? Il savait que Jésus était innocent de ce dont on
l’accusait, puisqu’il a dit aux principaux sacrificateurs : « Je ne trouve rien
de coupable dans cet homme ».6 Mais, sur leur insistance et celle de la
foule, il le leur a quand même livré pour être crucifié.

Références bibliques
1. « Es-tu le roi des Juifs ? » – Évangile de Jean 18 : 33

339

2. « Tu le dis, je suis roi » – Évangile de Jean 18 : 37

3. « Mon royaume n’est pas de ce monde » – Évangile de Jean 18 : 36

4. « Qu’est-ce que la vérité ? » – Évangile de Jean 18 : 38

5. « Ne jetez pas vos perles devant les pourceaux » – Matthieu 7 : 6

6. « Je ne trouve rien de coupable dans cet homme » – Luc 23 : 14

II. La parabole du semeur

Dans la parabole du semeur, Jésus présente la vérité comme une semence


qui tombe dans un terrain plus ou moins favorable.

« Un semeur sortit pour semer. Comme il semait, une partie de la semence


tomba le long du chemin : les oiseaux vinrent et la mangèrent.

Une autre partie tomba dans les endroits pierreux où elle n’avait pas
beaucoup de terre : elle leva aussitôt parce qu’elle ne trouva pas un sol
profond, mais quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha faute de racines.
Une autre partie tomba parmi les épines : les épines montèrent et
l’étouffèrent. Une autre partie tomba dans la bonne terre : elle donna du
fruit… 1 Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole du semeur.

Lorsqu’un homme écoute la parole du Royaume et ne la comprend pas, le


Malin vient et enlève ce qui a été semé dans son coeur : cet homme est celui
qui a reçu la semence le long du chemin. Celui qui a reçu la semence dans
les endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt
avec joie ; mais il n’a pas de racine en lui-même, il manque de persistance,
et dès que vient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y
trouve une occasion de chute. Celui qui a reçu la semence parmi les épines,
c’est celui qui entend la parole, mais en qui les soucis du siècle et la
séduction des richesses étouffent cette parole et la rendent infructueuse.
Celui qui a reçu la semence dans une bonne terre, c’est celui qui entend la
parole et la comprend. »2

Il ne suffit donc pas d’entendre une parole de vérité. Elle ne peut être
comprise que si elle tombe dans une bonne terre. Pour éclairer cette
question, nous devons revenir une fois de plus à la structure psychique de
l’être humain. Cette structure repose sur trois principes : l’intellect grâce
auquel il pense, le coeur grâce auquel il éprouve des sentiments, et la
volonté qui le pousse à l’action. Or, la volonté n’agit jamais sans mobile,
mais sous l’impulsion de pensées et de sentiments.

Observez-vous : c’est parce que les êtres et les choses vous inspirent des
340

pensées et des sentiments que votre volonté se met ou non en mouvement.

Pour se décider à travailler, il ne suffit pas de penser que c’est utile, il faut
aussi aimer ce travail. On peut donc dire que les actes sont la concrétisation
des pensées produites par l’intellect et des sentiments produits par le coeur,
ils sont leurs enfants ; et d’après la qualité de ces pensées et de ces
sentiments, les actes exécutés par la volonté sont bons ou mauvais. Ils sont
bons si l’intellect est inspiré par la sagesse et le coeur inspiré par l’amour.

C’est alors que la vérité se manifeste : elle se manifeste par la volonté,


comme une semence qui a poussé dans une terre fertile.

Références bibliques

1. « Un semeur sortit pour semer » – Matthieu 13 : 4-8

2. « Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole du semeur » – Matthieu


13 : 18-23

III. Les deux faces d’une médaille

S’il est si difficile de donner une définition de la vérité, c’est justement


qu’elle n’existe pas en tant que telle ; seuls existent la sagesse et l’amour.
C’est le comportement des êtres qui révèle s’ils sont dans la vérité, non les
théories qu’ils présentent aux autres. On fait souvent de la vérité une sorte
d’abstraction, alors que c’est au contraire dans les manifestations
quotidiennes de chacun qu’elle apparaît le plus clairement. Combien de
gens disent qu’ils cherchent la vérité ! Et, bien sûr, ils ne la trouvent pas.

Pourquoi ? Parce qu’il n’y a rien à chercher : il y a seulement à progresser


chaque jour de sa vie dans l’amour et la sagesse. Quant à ceux qui
prétendent l’avoir trouvée, ils ne seront convaincants que s’ils sont capables
de manifester l’amour et la sagesse : sans qu’ils disent quoi que ce soit, tous
sentiront qu’ils sont dans la vérité.

La vérité, on peut la présenter très simplement en disant qu’elle est


comparable à une médaille dont une face est l’amour et l’autre la sagesse.

Vous ne trouverez jamais la vérité comme un élément isolé, car elle ne peut
pas se concevoir indépendamment du cœur et de l’intellect. C’est l’amour et
la sagesse qui vous conduisent à la vérité. Si elle était indépendante de
l’activité du cœur et de l’intellect, tout le monde devrait découvrir la même.

Or, ce n’est évidemment pas le cas, chacun ou presque trouve une vérité
différente. Seuls ceux qui possèdent l’amour et la sagesse découvrent la
même vérité, c’est pourquoi malgré leurs origines et leurs cultures
différentes ils parlent, au fond, le même langage.

341

Tout dépend donc du développement harmonieux du cœur inspiré par


l’âme, et de l’intellect inspiré par l’esprit. S’il n’a pas fait un grand travail
intérieur, celui qui expose ses points de vue risque de se tromper et
d’induire aussi les autres en erreur. Il sera peut-être sincère, mais il ne sera
pas dans la vérité. La sincérité est une chose et la vérité en est une autre. On
peut être sincère tout en pataugeant dans les pires erreurs, et il ne faut
jamais prendre le prétexte de la sincérité pour se justifier.

Tant que l’on considérera la vérité comme une abstraction, il sera


impossible de l’approcher. Il faut comprendre que la vérité est le monde
dans lequel nous sommes plongés : nous sommes liés à elle, nous ne faisons
qu’un avec elle, nous ne pouvons pas nous séparer d’elle. Nous vivons dans
la vérité, nous la mangeons, nous la respirons, et il faut donc cesser de
penser qu’elle peut nous être donnée de l’extérieur. Ce qui peut venir de
l’extérieur, ce sont seulement les rencontres, les êtres, les objets, les
ouvrages de la pensée et de l’art, dont le contact réveille en nous une
intuition de la vérité. Mais prétendre qu’on la cherche est la meilleure façon
de ne pas la trouver. On peut seulement s’approcher d’elle en étudiant
comment manifester plus de sagesse et plus d’amour.

Désormais, vous n’avez donc que ces questions à vous poser : « Voyons,
quelle est la nature de mes sentiments : est-ce qu’ils manifestent le véritable
amour ?… Et ma pensée, comment envisage-t-elle les choses : est-ce
qu’elle suit la voie de la sagesse ? Ne s’y est-il pas glissé quelque chose qui
va m’induire en erreur ? » Chaque fois que vous introduisez dans vos
pensées et vos sentiments les éléments de la sagesse et de l’amour, vous
vous approchez de la vérité, vous en touchez un nouvel aspect, vous
atteignez un nouveau degré, et ces aspects, ces degrés sont en nombre
infini.

La vérité, il faut l’avoir trouvée et en même temps continuer à la chercher,


c’est-à-dire s’attacher à ces deux principes immuables de l’amour et de la
sagesse, et en même temps, mobiliser toutes les ressources de la volonté
pour incarner ces deux principes dans sa vie.

IV. Des graines à mettre en terre

Revenons maintenant à la parabole du semeur. Elle est la seule dont les


Évangiles rapportent l’interprétation que Jésus en a faite. Il est donc
d’autant plus important de s’arrêter sur l’enseignement qu’elle nous donne.

Lorsque nous entendons « la parole du Royaume »,1 c’est-à-dire une parole


inspirée par la sagesse et l’amour du Royaume de Dieu, nous devons la 342

considérer comme une graine à mettre en terre. Une fois que nous l’aurons
semée dans notre sol spirituel, nous pourrons observer sa croissance et nous
sentirons une vie nouvelle naître et se développer en nous. Vous avez vu
combien les images de la graine, du champ, du semeur sont fréquentes dans
les paraboles !170
Si, même pour beaucoup de ceux qui se disent croyants, la religion
chrétienne est devenue une pratique vide de sens, c’est qu’ils ne savent pas
travailler avec les paroles de vérité que contiennent les Évangiles. Mais
qu’ils sèment ces paroles dans leur terre intérieure comme on sème des
graines, et chaque jour qu’ils prennent soin d’elles, qu’ils les débarrassent
des mauvaises herbes qui risquent de les étouffer, et des bestioles qui
s’apprêtent à les grignoter, c’est-à-dire qu’ils empêchent que des pensées et
des sentiments inspirés par leur nature inférieure viennent s’attaquer à elles,
comme le font les parasites, et ils sentiront une vie nouvelle croître et se
développer en eux.

Référence biblique

1. « La parole du royaume » – Matthieu 13 :19

V. « Et la vérité vous rendra libres »

« Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous
connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. »1

Comme chaque vertu, la sagesse, l’amour et la vérité possèdent des


propriétés particulières : la propriété de la sagesse est d’apporter la lumière,
celle de l’amour d’apporter la chaleur, et celle de la vérité de nous donner la
liberté, parce que la vérité a un lien avec la volonté, avec la puissance. C’est
pourquoi Jésus a dit à ses disciples : « La vérité vous rendra libres ». La
sagesse donne de grands pouvoirs, mais pour se libérer il faut posséder la
vraie force, que la sagesse à elle seule ne possède pas.

La sagesse voit clair, mais cela ne suffit pas. L’amour aussi est puissant :
c’est un alchimiste capable de transformer ce qui est négatif. Mais la plus
grande force, celle que rien ne peut abattre, c’est la vérité, parce que la
vérité, union de la sagesse et de l’amour, appartient au monde de l’esprit.

Et comme la vérité a différents degrés de manifestation, notre liberté


dépend donc du niveau auquel nous nous trouvons par rapport à elle. Pour
comprendre la liberté, on doit lui associer la notion de hiérarchie. 171
Quelle 343
liberté peuvent avoir les créatures qui se trouvent au bas de l’échelle de
l’évolution ? Est-ce que les pierres sont libres ? Et les plantes ?… Et les
animaux ?… Même parmi les humains, beaucoup ne sont pas libres : ils
sont poussés, influencés par d’autres, des humains ou des entités du monde
invisible, parce qu’intérieurement ils se trouvent très bas, prisonniers de
leurs désirs, de leurs convoitises. Ce n’est donc pas eux qui décident.

Prenons une image : l’arbre. Un arbre est constitué de racines, d’un tronc et
de branches qui portent des feuilles, des fleurs et des fruits. Les racines sont
enfouies dans le sol, elles vivent et travaillent dans une profonde obscurité ;
là, elles absorbent les éléments contenus dans la terre pour fabriquer la sève
brute qui montera dans le tronc de l’arbre. Loin de l’air et de la lumière, les
racines accomplissent un travail difficile et ingrat, ne connaissant
qu’obstacles, contraintes, limitations. Le tronc, lui, s’élance vers le ciel, et il
est traversé par des courants de vie intense : au centre les canaux ascendants
de la sève brute, à la périphérie les canaux descendants de la sève élaborée.
Au fur et à mesure que le tronc s’élève et se renforce, il s’enrichit de
nouvelles branches qui sont heureuses de se balancer librement dans le vent
et la lumière et de pouvoir présenter à tous leurs feuilles, leurs fleurs et
leurs fruits.

Alors que les racines absorbent les éléments de la terre, les feuilles
absorbent la lumière solaire qui favorise la transformation de la sève brute
en sève élaborée. Les fleurs, colorées et parfumées, se préparent à devenir
des fruits qui non seulement sont une nourriture pour les animaux et les
hommes, mais renferment en eux les germes qui donneront naissance à
d’autres arbres. Les racines, comme le tronc et les branches, ont leur utilité
et leur beauté, mais qui ne préférera pas vivre dans les branches avec les
feuilles, les fleurs et les fruits, pour recevoir la lumière et la chaleur du
soleil ?

Dans sa structure, l’univers est comparable à un arbre, c’est pourquoi de


nombreuses traditions philosophiques et religieuses ont fait de l’Arbre
cosmique un symbole de la création. Cet arbre est peuplé de myriades de
créatures qui, suivant leur degré d’évolution, se situent symboliquement
dans ses racines, son tronc ou ses branches. Celles qui se situent dans les
racines sont plongées dans l’obscurité, et se sentent écrasées par les
conditions de la vie ; la vérité leur est donc en grande partie cachée. Les
créatures qui vivent dans le tronc de l’Arbre cosmique sont plus libres parce
qu’elles sont plus éclairées ; mais là encore, la lumière n’est pas suffisante
pour que toute la vérité leur soit révélée, et elles sont limitées dans leurs
mouvements. Quand elles monteront dans les feuilles, les fleurs 344

et les fruits, elles découvriront la vérité et la liberté.

La fonction des racines est comparable à celle de l’estomac qui, comme


elles, absorbe la nourriture. Les humains pour qui la vérité se limite aux
besoins du plan physique : boire, manger, etc., se trouvent dans l’estomac,
dans les racines. La possibilité de satisfaire ces besoins leur procure
certainement des satisfactions, mais ils ne doivent pas s’étonner s’ils se
sentent souvent dans l’obscurité, à l’étroit ou écrasés.

De même qu’il existe une analogie entre les racines et l’estomac, il existe
aussi une analogie entre le tronc de l’arbre et notre cage thoracique.

Dans la cage thoracique se trouvent le coeur et les poumons : là se


produisent des phénomènes comparables à ceux de la transformation de la
sève brute en sève élaborée. Le coeur envoie aux poumons le sang vicié qui,
grâce à l’oxygène de l’air, se purifie et peut continuer à alimenter
l’organisme. Comme la sève brute, le sang vicié monte, et comme la sève
élaborée, le sang purifié descend. Cette région du coeur et des poumons
correspond aux sentiments, aux émotions, le plan astral. Ceux qui se situent
dans cette région sont exposés aux variations : comme leur humeur, leur
vision du monde monte et descend, elle s’éclaire puis s’assombrit ; et après
s’être un moment libérés de leurs entraves, ils se sentent à nouveau ligotés
et dépendants.

Les branches avec les feuilles, les fleurs et les fruits correspondent à la tête,
au plan mental. Ceux qui sont arrivés à monter jusque-là s’épanouissent
librement et dans la clarté.172

Ainsi, les racines, le tronc et les branches correspondent à trois catégories


d’êtres. Chacune de ces catégories est régie par une loi : la première par la
loi de la nécessité, la deuxième par la loi de la volonté libre, et la troisième
par la loi de la Providence divine.
À la loi de la nécessité sont soumis les êtres qui depuis des réincarnations
ne cherchent que la satisfaction de leurs instincts les plus primitifs. Ils se
sont tellement enfoncés dans la matière qu’ils n’ont aucune liberté de
mouvement ; il y a pour eux un seul chemin, très pénible, sur lequel ils sont
contraints de marcher.

La loi de la volonté libre gouverne des êtres plus évolués qui, dans leurs
vies antérieures, ont pensé et agi de telle sorte qu’ils ont maintenant
certaines possibilités de choisir leur orientation. À cette catégorie
appartiennent les disciples des enseignements spirituels, les artistes, les
savants, les philosophes, tous ceux pour qui le sens de l’existence est dans
une ascension ininterrompue, quels que soient les obstacles. Ils souffriront,
345

mais ils ne cesseront pas de progresser.

Enfin, la loi de la Providence divine, ou de la grâce, gouverne la vie des


Initiés, des grands Maîtres. L’horizon s’ouvre devant eux, vaste et
splendide. Ils sont des soleils, ils ont en eux la lumière.

« La vérité vous rendra libres », a dit Jésus. Plus nous avançons sur le
chemin de la vérité, plus nous nous libérons. Nous devons donc nous
efforcer de monter de plus en plus haut. Mais la véritable liberté ne se
trouve qu’au sommet de l’Arbre cosmique, c’est pourquoi, pour l’être
humain comme pour n’importe quelle créature, la liberté absolue n’existe
pas. Le seul qui soit absolument libre est Dieu, le Créateur. Toutes les autres
créatures ne sont pas totalement libres, même les anges et les archanges,
même les chérubins et les séraphins : ils sont plongés dans l’âme du
Seigneur, ils sont les instruments de sa volonté, ils ne sont donc pas
entièrement libres. Ils sont libres de la liberté du Seigneur, mais pas libres
par rapport au Seigneur. Seul le Seigneur est libre, et dans la mesure où
elles se rapprochent du Seigneur, les créatures sont libres de sa liberté, pas
autrement.

Tous les êtres créés sont dépendants du Créateur, le Sommet, et ils ne sont
libres qu’en fonction du niveau où ils se situent dans l’immense hiérarchie
des êtres. C’est donc au niveau le plus élevé, dans le plan divin, que le mot
« liberté » prend tout son sens. Quand nous accomplissons sa volonté, Dieu
se manifeste en nous, et c’est parce qu’Il est libre que nous sommes nous-
mêmes libres. C’est sa présence en nous qui nous rend libres : nous sommes
libres de sa liberté. Dieu agit en nous, et c’est de son action libre que nous
vivons.

Référence biblique

1. « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples » –


Évangile de Jean 8 : 32.

72

« Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité »

Au cours du dernier repas qu’il prit avec ses disciples, Jésus, avant de les
quitter, leur avait dit :

346

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les
porter maintenant. Mais quand le consolateur viendra, lui, l’Esprit de
vérité, il vous conduira dans toute la vérité. »1

D’après la tradition, Jésus était âgé de trente ans lorsqu’il reçut le baptême
de son cousin, Jean, dans les eaux du Jourdain et qu’il appela ses premiers
disciples. Lorsqu’il les a quittés à trente-trois ans, il aurait eu encore
beaucoup de révélations à leur faire. C’est pourquoi, il leur a dit :

« Quand le consolateur viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira


dans toute la vérité ». Cela signifie que pendant le temps où il était resté
avec eux, il les avait seulement préparés à recevoir l’Esprit.

Il y a dans la promesse de Jésus une idée importante : pour trouver la vérité,


nous avons besoin d’être conduits, guidés, mais guidés par des esprits
supérieurs. C’est eux qui nous mèneront à la vérité, qui nous lieront au
Christ et au Créateur de tous les mondes. La direction, le savoir véritable
viennent toujours d’en haut. Depuis des temps immémoriaux, les Initiés, les
grands Maîtres enseignent que, de bas en haut de la création, depuis les
pierres jusqu’aux archanges et jusqu’à Dieu, la vie est une hiérarchie
ininterrompue d’êtres liés entre eux ; chacun est une cellule de cet immense
organisme vivant, l’univers, que de nombreuses traditions représentent
comme un arbre.173 Nous occupons tous une place quelque part dans cet
arbre : au-dessus, de même qu’au-dessous de nous, se trouvent des êtres liés
à nous. Il est essentiel que nous en soyons conscients afin de travailler à
entrer en relation avec les entités supérieures qui, en nous donnant leur
clarté, nous entraîneront toujours plus haut à leur suite.

« Quand il sera venu, lui, l’Esprit de vérité… » Qui est cet Esprit de vérité ?
Sept Esprits se tiennent devant le Trône de Dieu, les Esprits des sept
lumières. Ainsi qu’il est dit dans le « Livre du Zohar » ou « Livre de la
Splendeur » : « Sept lumières il y a dans le Très-Haut, et c’est là qu’habite
l’Ancien des Anciens, le Mystérieux des Mystérieux, le Caché des Cachés :
Aïn Soph. »2 Ces Esprits des sept lumières sont l’Esprit de la vie, de
l’amour (la lumière rouge), l’Esprit de la sainteté (la lumière orange),
l’Esprit de la sagesse (la lumière jaune), l’Esprit de l’éternité (la lumière
verte), l’Esprit de la vérité (la lumière bleue), l’Esprit de la force (la lumière
indigo), l’Esprit de l’amour divin, du sacrifice (la lumière violette). Ce sont
les sept Esprits des vertus divines.

La lumière, cette substance impalpable et apparemment si faible, est en


réalité la plus grande puissance qui existe dans l’univers et dont notre
lumière visible n’est qu’un lointain reflet. C’est elle que Dieu créa la 347

première lorsqu’Il a dit : « Que la lumière soit ! »3 Quant aux couleurs,


nous oublions trop souvent qu’elles ne sont pas uniquement des
particularités présentées par les objets, qui nous font dire qu’ils sont bleus,
jaunes ou rouges, mais des modulations de la lumière. 174 À travers les
couleurs se manifestent des entités qui travaillent dans les pierres, les
plantes, les animaux, les hommes. En nous concentrant sur les couleurs,
nous arrivons à les rendre vivantes en nous : elles nous aident à développer
les vertus auxquelles elles sont liées, elles nous soutiennent dans nos
efforts. De même que les couleurs sont des variations de la lumière, de
même les vertus sont des variations de la perfection divine qui les contient
toutes.
L’Esprit de vérité, en hébreu Rouah ha-Emeth, est mentionné dans la
Kabbale. Pour entrer en relation avec lui, vous pouvez vous concentrer sur
la lumière bleue. L’Esprit de vérité ne se confond évidemment pas avec la
couleur bleue, mais pour entrer en contact avec le monde spirituel, nous
pouvons nous servir des moyens que nous offre la nature. Imaginez les
rayons bleus autour de vous, sentez qu’ils vous pénètrent : peu à peu une
immense paix va vous envahir. Dans cette paix profonde votre coeur et
votre intellect font enfin silence, vous vous libérez des convoitises, des
préjugés, des partis pris, et tout vous apparaît plus clairement. Le Ciel vient
se réfléchir dans votre âme comme sur la surface immobile d’un lac, et vous
contemplez la vérité.

Les couleurs agissent sur le cerveau et, par l’intermédiaire du cerveau, sur
le corps entier. Au fur et à mesure que votre foi dans la puissance des
couleurs augmentera, vous obtiendrez de meilleurs résultats. En étudiant
durant des années la science des couleurs, j’ai compris que la connaissance
des différents rayons et leur utilisation est un savoir supérieur. Un jour, nous
serons tous obligés d’étudier cette science de la lumière et des couleurs qui
était celle des anciens hiérophantes. C’est aussi celle du Christ. Le monde a
été créé par la lumière, et par la lumière nous pouvons nous aussi devenir
créateurs. Même si, par suite de certains événements, toutes les
connaissances acquises par les humains étaient un jour amenées à
disparaître, il resterait la science de la lumière et des couleurs.

Combien de richesses l’Intelligence cosmique a mises à notre disposition

! Parmi ces richesses il y a donc la lumière et les couleurs. Ce sont des


puissances qui agissent à la frontière des mondes matériel et immatériel, et
en nous concentrant sur elles, nous attirons et renforçons en nous la
présence d’entités spirituelles. Pour toucher l’Esprit de vérité nous pouvons
aussi apprendre à travailler avec l’Esprit de la sagesse, les rayons jaunes,
348

ainsi qu’avec l’Esprit de l’amour, les rayons rouges… Puisque la vérité est
le fruit de la sagesse et de l’amour, peu à peu l’Esprit de vérité nous
pénétrera de ses rayons d’un bleu céleste qui ouvriront notre âme sur
l’immensité.
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les
porter maintenant. Quand le Consolateur viendra, l’Esprit de Vérité, il vous
conduira dans toute la vérité ». Ces paroles de Jésus signifient que seul
l’Esprit peut nous donner la véritable compréhension de son enseignement.
Cet enseignement, nous devons donc le méditer, nous en imprégner en nous
liant aux entités célestes afin d’exalter son essence en nous. Le jour où nous
parviendrons à éprouver les grandes vérités contenues dans les Évangiles
comme des réalités vivantes et agissantes, tout notre être intérieur en sera
purifié, éclairé, régénéré. Car ces vibrations qui viennent du monde de
l’âme et de l’esprit sont ressenties par notre être entier, et alors quelque
chose qui sommeillait en nous s’éveille et se met en mouvement. Les textes
évangéliques sont comparables à des courants de forces qui ont le pouvoir
de faire naître notre âme à une vie nouvelle.

Références bibliques

1. « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire » – Évangile de Jean 16 :


12-13

2. « Les sept esprits qui se tiennent devant le trône de Dieu » – Apocalypse


4:5

3. « Que la lumière soit ! » – Genèse 1 : 3

73

Jésus crucifié

I. « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font »

Jésus avait dit : « Aimez vos ennemis175 … priez pour ceux qui vous
persécutent ».1 Et maintenant, cloué sur la croix, il ne dit pas qu’il leur
pardonne, mais il prononce cette prière : « Père, pardonne-leur, car ils ne
savent ce qu’ils font ».2 Qui a su analyser vraiment cette phrase ?… «

Père, pardonne-leur, car… » Jésus demande à son Père de pardonner à ses


bourreaux et il Lui en explique la raison : ils ne savent pas ce qu’ils font.
Dieu avait-Il vraiment besoin de cette explication ? Est-ce qu’Il ignore à
quel point les humains sont ignorants, bornés, inconscients ? Fallait-il 349

vraiment que Jésus L’éclaire à leur sujet ? Au lieu de leur dire : « Je vous
pardonne », pourquoi dit-il : « Père, pardonne-leur » ? Et pourquoi est-ce
Dieu qui devait pardonner ? Ce n’était pas Lui qui était martyrisé sur la
croix.

Depuis deux mille ans les chrétiens répètent qu’on doit pardonner à ses
ennemis comme Jésus a pardonné, mais ils n’y arrivent pas, pourquoi ?

Jésus connaissait une vérité et tant qu’on ne connaît pas cette vérité, même
si on veut prendre Jésus pour modèle, c’est impossible. Il ne suffit pas de
vouloir prendre Jésus pour modèle : tant qu’on n’est pas capable d’établir
un contact avec lui pour arriver à la connaissance et à la compréhension de
ce qu’il connaissait, on ne peut pas agir comme lui.

Beaucoup pensent que puisque Jésus était le fils de Dieu, puisqu’il était le
Christ, il lui était facile de pardonner. Non, même pour Jésus pardonner
était très difficile. Alors, comment y est-il parvenu ? Justement,
l’explication est là, dans ces mots qu’il a prononcés : « Père, pardonne-
leur… » En les prononçant Jésus s’est élevé jusqu’à son Père céleste, il s’est
lié à Lui et, par ce lien, il s’est placé très au-dessus de ses bourreaux.

C’est pourquoi il ne pouvait que les plaindre : leur conduite prouvait


combien ils étaient privés de lumière, combien ils étaient pauvres et
misérables. Depuis le sommet, son Père céleste, où il s’était élevé, ses
ennemis lui paraissaient si pitoyables qu’il ne pouvait même pas les haïr
pour les souffrances qu’ils lui faisaient endurer. C’est pour pouvoir lui-
même pardonner qu’il a demandé : « Père, pardonne-leur ». Sinon, cela
voudrait dire qu’il cherchait à protéger les humains de la colère de Dieu et
qu’il se mettait donc au-dessus de Lui, qu’il se croyait plus généreux, plus
miséricordieux que Lui, ce qui n’est pas possible.

« Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » est une sorte de
formule magique que Jésus a utilisée pour pouvoir vaincre et transformer la
dernière goutte de rancune qui pouvait rester en lui. Plusieurs épisodes des
Évangiles révèlent qu’il n’était pas toujours indulgent et doux,
particulièrement quand il s’adressait aux scribes et aux pharisiens en les
traitant d’aveugles, d’hypocrites, d’insensés, de sépulcres blanchis, de race
de vipères…3 Il y avait donc quelque chose en lui qui pouvait ne pas
pardonner. Mais il voulait pardonner. Puisque dans le « Notre Père » il avait
enseigné à la foule comment prier Dieu en disant : « Pardonne-nous nos
offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé »,4 il ne
voulait pas conserver un seul atome d’hostilité à l’égard de ses ennemis. Et
c’est en s’adressant à son Père pour lui demander de leur pardonner, qu’il a
pu s’élever jusqu’aux régions de la paix et de la lumière. En se projetant
350

jusqu’au plus haut sommet, l’amour divin, la miséricorde divine, il a suscité


dans son coeur une immense pitié pour ses ennemis. Quand on voit
combien les humains peuvent être pauvres et misérables, on n’a aucune
envie d’aller encore les écraser. Et c’est cela la noblesse : quand on est
grand, on ne s’attaque pas à un petit ; quand on est fort, on ne se jette pas
sur un faible.

Il faut méditer longtemps les Évangiles pour comprendre ce que Jésus avait
dans sa tête et dans son coeur au moment où il prononçait certaines paroles.
Et nous aussi, lorsque nous sommes victimes d’injustices, nous pouvons
faire à Dieu la même prière que Jésus afin d’échapper à nos tourments
intérieurs.

Références bibliques

1. « Aimez vos ennemis » – Matthieu 5 : 43

2. « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font » – Luc 23 : 34

3. Jésus s’adresse durement aux scribes et aux pharisiens – Matthieu 23 :


13-33

4. « Pardonne-nous nos offenses » – Matthieu 6 : 12

II. Entre les deux malfaiteurs


« On conduisait en même temps les deux malfaiteurs qui devaient être mis à
mort avec Jésus. Lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, ils le
crucifièrent là, ainsi que les deux malfaiteurs, l’un à droite, l’autre à
gauche… L’un des malfaiteurs crucifiés injuriait Jésus, disant : N’es-tu pas
le Christ ? Sauve-toi toi-même, et sauve-nous ! Mais l’autre le reprenait, et
disait : Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation ? Pour
nous, c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes ; mais
celui-ci n’a rien fait de mal. Et il dit à Jésus : Souviens-toi de moi, quand tu
viendras dans ton royaume. Jésus lui répondit : Je te le dis en vérité,
aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. »1

Seul, saint Luc rapporte ce dialogue entre les deux larrons crucifiés aux
côtés de Jésus et la question n’est pas de savoir si ce dialogue a vraiment eu
lieu. Les traits de caractère des deux malfaiteurs s’opposent si nettement !

On dirait que cette opposition tellement marquée contient une leçon que
nous devons méditer. En effet, nous retrouvons ces traits de caractère chez
tous les êtres humains, et donc aussi en nous. Cette scène de la crucifixion
de Jésus entre les deux larrons reflète des réalités de notre vie psychique.

351

Le premier malfaiteur représente l’intellect et ses manifestations inférieures


: l’orgueil, le doute, la révolte. L’intellect dit : « Si Dieu existait, Il se
montrerait, Il me donnerait tout ce dont j’ai besoin, Il m’épargnerait les
épreuves. » C’est ainsi qu’il raisonne. D’après sa logique, s’il y a un Dieu,
c’est pour qu’Il règle ses affaires à sa convenance, et à la moindre difficulté,
même s’il en est lui-même responsable, c’est à Dieu qu’il adresse des
récriminations. Pour croire, il veut voir des miracles, mais alors même que
des miracles se produisent chaque jour sous ses yeux, il est incapable de les
voir.

Le deuxième malfaiteur représente le coeur. Et on connaît le coeur : il ne


désire que la facilité et les plaisirs. Il est avide, possessif, et lorsqu’il sent
que les choses ou les êtres lui échappent ou ne lui appartiennent pas
exclusivement, la colère s’empare de lui et il est prêt à tout détruire.
Ainsi, les deux larrons correspondent aux manifestations de l’intellect et du
coeur, lorsqu’ils ont coupé les liens avec l’esprit et l’âme, c’est-à-dire avec
la sagesse et l’amour. Et comme ils commettent des fautes, ils reçoivent des
châtiments. Une seule chose peut les sauver, c’est de trouver chacun son
maître et de le servir. Le coeur deviendra alors le conducteur de l’âme et il
manifestera l’amour divin ; l’intellect deviendra le conducteur de l’esprit et
il manifestera la sagesse divine. 176

Le premier larron refusait de reconnaître qu’il existe une loi des causes et
des conséquences établie par l’Intelligence cosmique. Il ne voulait pas
admettre qu’il avait mérité son sort. Le second, plus sensible, car le coeur
est plus facilement touché, pouvait admettre qu’il avait mal agi et sentait
que Jésus était innocent. Du point de vue de la symbolique astrologique, on
peut dire que le premier larron était né sous une mauvaise influence de
Jupiter en aspect dissonant avec Saturne, et le second sous une mauvaise
influence de Mars en aspect dissonant avec Vénus.

Symboliquement encore, on peut dire que le premier larron avait tué son
père, et le second sa femme, par jalousie. Le premier ne regrettait pas son
crime. Mais le second se repentait d’avoir tué celle que, certainement, il
aimait encore. Il souffrait, mais comprenant que Jésus avait été injustement
condamné, il participait aussi à ses souffrances, et bien qu’il soit, comme
lui, cloué sur une croix, il était capable de reconnaître sa grandeur et sa
puissance. S’il a demandé à Jésus de se souvenir de lui quand il serait dans
son royaume, c’est qu’il espérait que, par son intermédiaire, il pourrait
obtenir le pardon de sa faute ; et Jésus, qui n’avait pas réagi aux insultes du
premier larron, lui a répondu : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le
Paradis. »

352

On a beaucoup discuté au sujet de cette réponse. Certains ont compris que


Jésus, qui avait certainement été touché par l’humilité de cet homme et la
confiance qu’il lui manifestait, lui avait accordé le pardon de ses péchés.

En réalité, les choses ne se passent pas ainsi. Si Jésus a pu lui dire qu’il
serait avec lui dans le Paradis, c’est parce qu’il sentait que dans d’autres
incarnations il avait été un homme de bien, sinon il ne lui aurait pas fait
cette promesse. D’après la loi de justice, le deuxième larron devait, malgré
son crime, être récompensé pour ses bonnes actions. La promesse que Jésus
lui a faite prouve certainement l’efficacité du repentir, mais le repentir ne
permet pas d’expier complètement les fautes qu’on a commises. Et si ce
deuxième larron est entré dans le Royaume de Dieu avec Jésus, ce ne
pouvait être que pour un certain temps : il a dû ensuite revenir sur la terre
pour réparer son crime. Ce sont là des lois que même Jésus ne pouvait pas
enfreindre.177 Contrairement à la plupart des humains, un véritable Initié
ne se sert jamais de son pouvoir pour s’opposer aux lois ou prendre des
décisions arbitraires : même s’il éprouve une grande compassion pour lui, il
sait que celui qui a commis des fautes doit payer pour ces fautes et les
réparer.

Mais revenons à ce qui est essentiel dans ce récit de la crucifixion de Jésus


que tant de peintres, au cours des siècles, ont cherché à représenter. Je vous
ai dit que, par ses réactions, le premier larron symbolise l’intellect, et le
deuxième larron le coeur ; et Jésus, entre les deux, symbolise le principe
divin qui, à travers l’esprit et l’âme, cherche à se manifester comme sagesse
et amour, lumière et chaleur. Mais, en nous, l’intellect qui est naturellement
habité par l’orgueil et le coeur qui est naturellement prompt à la colère, au
lieu de recevoir les bonnes influences de l’esprit et de l’âme, ont tendance à
s’y opposer. C’est ainsi que le Christ est sans cesse crucifié en nous entre
les deux larrons : l’intellect rempli d’orgueil et le coeur prompt à la colère.

L’orgueil et la colère sont deux poisons violents que très peu de personnes
sont capables de neutraliser. Pour les poisons physiques, il est encore facile
de trouver des antidotes, mais pour les poisons psychiques on est souvent
démuni. Et pourtant ces antidotes existent. Quand Jésus disait : «

Venez auprès de moi, vous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai
du repos… car je suis doux et humble de coeur »,2 il voulait soulager les
humains de ces deux grands maux : la colère et l’orgueil. Le remède à
l’orgueil est l’humilité, et le remède à la colère est la douceur.

Douceur et humilité sont deux vertus qui permettent de régler les 353

questions les plus difficiles. Celui qui sait les manifester n’est pas un faible
comme on a tendance à le croire ordinairement ; puisqu’il possède la
chaleur du coeur insufflée par l’âme, et la lumière de l’intellect insufflée par
l’esprit, il marche sur le chemin de la puissance. Tous ceux qui croient
qu’en cultivant l’humilité et la douceur ils deviendront obligatoirement
esclaves ou victimes, se trompent ; au contraire, ils accumulent des réserves
de forces, grâce auxquelles ils sauront de mieux en mieux se défendre et
s’imposer pour le bien.

Références bibliques

1. « On conduisit en même temps les deux malfaiteurs » – Luc 23 : 32-43

2. « Venez auprès de moi, vous qui êtes fatigués » – Matthieu 11 : 28-30

354
Jérusalem au temps de Jésus

III. « Mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? »

Tout au long des Évangiles Jésus n’a cessé de rappeler le lien qui l’unit à
son Père : il est un avec Lui, il participe à son travail, à sa lumière et à sa
gloire. Mais là, crucifié, insulté par la foule, il fait soudain au moment de
mourir l’expérience de cet état de conscience terrible que même les plus
grands fils de Dieu ont pu connaître : il s’est senti seul, précipité dans le
vide et les ténèbres, et il s’est écrié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m’as-Tu abandonné ? : Eli, Eli, lama sabachtani ? »1 Certains
commentateurs ont été profondément troublés par ces paroles. Ils 355

considéraient Jésus comme le fils unique de Dieu, donc Dieu Lui-même :


comment Dieu pouvait-Il abandonner Dieu ? Ils ont donc proposé une autre
traduction : « Mon Dieu, Tu m’as glorifié ». Non, il est inutile de se cacher
la réalité : Jésus s’est senti abandonné par son Père.

Vous direz qu’il y a eu des martyrs qui, au milieu des pires supplices,
chantaient et louaient le Seigneur. Ont-ils manifesté une force d’âme
supérieure à celle de Jésus ? En apparence, peut-être ; mais s’ils n’ont pas
éprouvé le même sentiment d’abandon que Jésus, c’est que des entités du
monde invisible sont venues les soutenir. Tandis que Jésus n’a pas reçu
cette aide : tout ce qui pouvait le soutenir dans le plan du sentiment et de la
pensée lui avait été retiré. Le lien qui l’unissait à son Père était d’une nature
si subtile, il appartenait à un monde si élevé que, pendant un moment, il en
a perdu conscience. Il fallait qu’il éprouve cette solitude, cet abandon
jusqu’à un point extrême.

Mais même au plus profond de cette solitude, Jésus ne s’est pas révolté, il a
seulement demandé « pourquoi ? » Une réponse lui a certainement été
donnée, puisqu’il a dit ensuite : « Tout est accompli. »2 Il avait reçu une
mission qu’il a remplie jusqu’au bout, et c’est dans la paix et la lumière
qu’il a pu au moment de mourir prononcer ces mots : « Père, je remets mon
esprit entre tes mains. »3 Ces derniers mots de Jésus révèlent toute sa
grandeur. Quel travail intérieur il avait été obligé de faire pour parvenir
jusqu’à ce sommet ! Ses disciples et tous ceux qui avaient écouté sa parole
ou avaient été témoins de ses miracles s’attendaient à ce qu’il manifeste sa
puissance en échappant à ses bourreaux. Mais la véritable puissance d’un
être humain n’est pas d’échapper aux épreuves du plan physique ; sa vraie
puissance, c’est de pouvoir les accepter dans la clarté, l’abnégation et
surtout dans la paix et l’unité de l’esprit.

Même si ce n’est évidemment pas comparable avec ce que Jésus a souffert


sur la croix, tout être humain peut connaître dans sa vie un terrible
sentiment d’abandon. Et cette expérience est nécessaire pour ceux qui
décident de marcher sur le chemin de l’Initiation. Quand on vit dans la
facilité, satisfait, entouré d’amis, on ne peut pas s’élever jusqu’aux vérités
de l’âme et de l’esprit ; pour découvrir l’essentiel, il faut se sentir seul,
privé de tout soutien. En réalité, aucun être n’est abandonné dans le vrai
sens du terme. Même lorsque nous devons traverser les épreuves les plus
terribles, nous sommes entourés d’entités lumineuses qui nous parlent et
veillent sur nous. La solitude n’existe pas, elle n’est qu’un état de
conscience passager, et pour dépasser le plus rapidement possible cet état de
conscience, nous ne devons jamais douter de l’Être qui soutient tous les 356

mondes.

Références bibliques

1. « Mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? » – Matthieu 27 : 46

2. « Tout est accompli » – Évangile de Jean 19 : 30

3. « Père, je remets mon esprit entre tes mains » – Luc 23 : 46

IV. Les puissances du sang. La coupe du Graal

C’est en transportant avec eux l’image de Jésus crucifié que les chrétiens
ont entrepris de convertir la terre entière. Depuis deux mille ans, ils ne
cessent de répéter : « Jésus a versé son sang pour nous… Jésus nous a
sauvés… » Malheureusement, on est obligé de constater que les chrétiens
ne sont pas davantage sauvés que les croyants des autres religions, et ils ne
sont pas davantage sauvés non plus que beaucoup d’incroyants : ils
commettent les mêmes malhonnêtetés, les mêmes crimes, car c’est toujours
la même nature humaine égoïste, cupide, vindicative, qui les habite. Un être
humain ne change pas miraculeusement de nature parce qu’il a été baptisé
catholique, protestant ou orthodoxe. « C’est vrai, diront certains, nous aussi,
les chrétiens, nous sommes de pauvres pécheurs, mais si nous croyons
sincèrement que Jésus, fils de Dieu, est mort sur la croix pour le rachat de
nos péchés, nous serons sauvés. C’est ce que l’Église nous enseigne. » Non,
s’ils n’agissent pas correctement pendant leur vie sur la terre, leur foi ne
leur assurera pas le salut dans l’autre monde.

Cela n’a pas de sens de se contenter de réciter : « Agneau de Dieu, qui ôtes
les péchés du monde… », en répétant que Jésus nous a sauvés. Jésus était
un précurseur et il a payé de sa vie sa volonté d’apporter une nouvelle
lumière aux humains, mais il n’est pas venu pour prendre toutes leurs fautes
sur lui. S’ils commettent des fautes, ils en sont responsables et c’est eux qui
devront un jour payer pour elles. S’ils s’imaginent que quelqu’un
d’extérieur à eux peut les sauver des conséquences de leurs actes, c’est
qu’ils n’ont rien compris à la vie spirituelle – ni même à la vie psychique.

On peut leur donner des explications et des méthodes pour qu’ils se sauvent
eux-mêmes, mais on ne peut pas les sauver. Quand on voit certains
chrétiens, même parmi ceux qui se présentent comme les plus convaincus,
les plus fervents, il est évident que Jésus ne les a pas sauvés : dans quel état
de misère spirituelle ils se trouvent !

357

Comment se pourrait-il que, parce que Jésus a été crucifié il y a deux mille
ans, toutes les générations de chrétiens à venir soient automatiquement
sauvées à condition d’avoir la foi ?… Et sait-on seulement ce que c’est, «

être sauvé » ?… En réalité, Jésus a fait plus que de prendre sur lui les
péchés des hommes, ce qui de toute façon est impossible : il leur a ouvert
un chemin afin qu’ils arrivent, par leurs propres efforts, à se sauver eux-
mêmes, et sur ce chemin ils pourront marcher pour l’éternité.

Chaque grand fils de Dieu qui vient s’incarner sur la terre apporte aux
humains des vérités, des méthodes nouvelles pour les libérer, mais c’est à
eux de les appliquer, c’est à eux de travailler à leur propre libération, à leur
propre salut. Et ne pensez pas qu’en disant cela je diminue la grandeur du
sacrifice de Jésus. La grandeur du sacrifice de Jésus ne peut pas être
diminuée si je vous dis que vous ne serez sauvé que par vos efforts. Dieu
veut une seule chose : le perfectionnement des créatures humaines. Et pour
se perfectionner, elles doivent travailler. On peut leur donner l’exemple,
leur ouvrir un chemin et leur dire comment marcher, mais personne ne peut
marcher à leur place, c’est elles qui doivent marcher. Et le sacrifice de Jésus
est le prix qu’il a dû payer pour ouvrir ce chemin. Mais y a-t-il beaucoup de
chrétiens prêts à le comprendre ? Et est-ce que quelqu’un leur a vraiment
expliqué pourquoi Jésus a accepté de verser son sang ?
Jésus est apparu à une époque où le chemin qui mène au monde spirituel
était tellement obstrué par des entités ténébreuses, que seuls des êtres d’une
élévation, d’une volonté, d’une audace exceptionnelles avaient la possibilité
d’avancer. La foule, le peuple végétait. La religion était partout l’affaire
d’une élite, soi-disant, et ceux qui n’appartenaient pas à cette élite étaient
volontairement maintenus dans l’ignorance et les degrés inférieurs de la
conscience. On les amusait avec des superstitions et des histoires à dormir
debout. Et même si certains mythes, certaines pratiques avaient en réalité un
sens profond, on se gardait bien de le leur révéler. Il fallait donc rendre le
chemin plus accessible pour tous les humains, et c’est ce que Jésus a fait.

Pour éclairer cette question je commencerai par une analogie. Il y a des


régions sur la terre où il serait impossible d’aller d’un point à un autre si on
ne s’était pas occupé d’aménager des routes, des voies de chemin de fer,
etc. Mais pour cela, il fallait d’abord assécher des marécages infestés de
toutes sortes de bestioles, percer des tunnels dans la montagne, ou se frayer
un passage à travers une végétation inextricable. Une fois ces travaux
terminés, le chemin était enfin ouvert pour tous ceux qui voulaient
l’emprunter. Du temps de Jésus, toutes les religions pratiquaient des 358

sacrifices sanglants, et donc les entités du monde astral, ces entités que l’on
appelle larves, élémentaux, qui se nourrissent des émanations produites par
le sang des victimes, ne cessaient de se multiplier, de se renforcer, formant
autour des humains une atmosphère ténébreuse, malsaine. C’est à travers
ces miasmes du plan astral que Jésus a voulu ouvrir une voie pour que tous,
même les plus déshérités, puissent intérieurement aller à la rencontre de
leur Père céleste. Mais, de même que pour faire une route sur la terre il faut
commencer par déblayer le terrain, dans le plan astral il fallait chasser les
entités qui obstruaient le chemin. C’est pourquoi, à la place du sang des
victimes qui leur servait de nourriture, Jésus a accepté de donner le sien.

Oui, c’est là un grand mystère : le pouvoir du sang. Quand on dit que Jésus
a versé son sang pour nous, il faut comprendre ce sang comme un fluide
très pur qui est une condensation de la vie divine. Car avant d’être le liquide
rouge qui circule dans un corps, le sang est une quintessence subtile
porteuse de vie. Même si, chimiquement, le sang de tous les humains est
composé d’éléments identiques, toutes les créatures n’ont pas le même sang
: sa qualité dépend de leur façon de vivre, de leurs qualités et vertus, de leur
degré d’évolution. Et si, en apparence, le sang de Jésus ne différait pas de
celui de n’importe quel autre être humain, en réalité chaque goutte de son
sang était pareille à une pure particule de lumière d’une extraordinaire
intensité. Seule la lumière du soleil peut lui être comparée.

Jésus avait fait un si grand travail sur lui-même, il s’était tellement identifié
à son Père céleste, que son sang était devenu une condensation de la vie
divine. En tombant sur le sol, les substances dont ce sang était imprégné ont
modifié quelque chose dans la matière éthérique de la terre, faisant
apparaître des forces et des vertus qu’elle ne possédait pas jusque-là. Et
lorsque les entités du monde astral se sont précipitées sur ce sang pour s’en
nourrir, il a produit sur elles le même effet qu’une liqueur trop forte : elles
n’ont pas pu la supporter, et elles ont été comme enivrées, anesthésiées.
Elles ne présentaient donc plus aucune résistance et, à partir de ce moment-
là, la voie était libre pour tous les humains.

En faisant sur la croix le sacrifice de sa vie, Jésus a libéré des puissances


spirituelles inouïes qui ont agi pour l’évolution de l’humanité.

Les énergies célestes dont son sang était imprégné ont déclenché des
courants jusque-là inconnus qui allaient donner naissance à une nouvelle
époque. En versant son sang, Jésus n’a pas « sauvé » les humains au sens où
les chrétiens l’entendent généralement, mais il a ouvert un chemin pour que,
par leurs efforts, ils puissent se sauver eux-mêmes. C’est à eux de marcher
sur ce chemin, en étudiant et en appliquant son enseignement qui apporte
une 359

nouvelle conception de Dieu et de l’homme. Jésus s’est sacrifié, il a payé


pour qu’un chemin soit ouvert, car il faut toujours payer. Même pour une
route, vous le savez, il faut payer, et pas seulement avec de l’argent : depuis
des siècles, combien de gens dans le monde ont payé de leur vie la
construction de routes, de tunnels, de ponts, de voies de chemin de fer !

Alors, à plus forte raison fallait-il payer pour ouvrir dans le monde
psychique un chemin jusqu’à Dieu. Et c’est parce qu’il a tracé ce chemin
que Jésus a pu s’identifier au principe du Christ et dire : « Je suis le chemin,
la vérité et la vie »,1781 ou encore « Nul ne peut aller au Père que par moi.
»2

Le sacrifice de Jésus n’est donc pas ce que les chrétiens ont cru ou voulu
faire croire. À quoi cela sert-il de payer une fois dans l’histoire pour les
fautes des hommes ? Il est tellement évident qu’ils recommenceront à
pécher ! Quand on paie pour les fautes de quelqu’un sans l’éclairer, il ne
comprend même pas ce qu’on a fait pour lui et il continue à commettre les
mêmes erreurs. Quelqu’un s’est mis dans de mauvais draps et vous le tirez
de là, c’est très bien, mais il est à peu près certain qu’à la première occasion
il retombera. Comme il n’a rien appris, rien compris, il n’est même pas
reconnaissant et il oublie ce que vous avez fait pour lui. La fois suivante, il
vous redemandera de l’aide, et si vous ne la lui donnez pas, il sera furieux.
Alors, comment peut-il progresser ?

Le sacrifice de Jésus dont les chrétiens ne cessent de se gargariser depuis


des siècles, il est temps qu’ils commencent à le comprendre correctement.
Vous direz : « Mais comment… « se gargariser », ce n’est pas respectueux !
» Est-ce que vous pensez, vous, qu’il est respectueux d’avoir rempli la terre
des représentations du supplice de Jésus ? Vous pensez que Jésus est
heureux de se voir partout représenté cloué sur une croix ?

Combien de chrétiens ont porté la croix aux quatre coins du monde en


menaçant des peuples innocents : « Si vous ne croyez pas qu’en mourant
sur la croix Jésus a sauvé le genre humain, nous allons vous massacrer. »
Est-ce cela que Jésus voulait ?

Par son sacrifice, Jésus a ouvert dans le plan psychique une route qui peut
conduire les humains jusqu’au monde divin ; c’est bien plus important que
d’avoir pris sur lui tous leurs péchés. Il a donné un enseignement, une
lumière pour qu’ils se sauvent eux-mêmes en apprenant à marcher sur leurs
jambes. Ils voudraient que ce soit Jésus qui les porte sur ses épaules pour
les amener jusqu’au Ciel. Eh bien, non, Jésus n’est pas le maître des
paresseux. Pour être sauvé il ne suffit pas de croire. Si vous travaillez, si
vous vous préparez, oui, Jésus sera puissant à travers votre bonne volonté,
360

et il vous sauvera. Mais si vous ne faites rien, vous ne serez pas sauvé.
Depuis deux mille ans, lorsque les chrétiens rappellent la mort de Jésus sur
la croix, ils disent « il a versé son sang pour nous ». Ils insistent sur le sang
versé comme s’ils avaient l’intuition que ce sang, qui n’est en apparence
qu’un simple liquide rouge, est en réalité une condensation d’essences
précieuses. Et c’est vrai, je vous ai dit de quelle puissance il était imprégné.
Cela doit vous amener à prendre aussi conscience de l’importance du sang
qui circule dans notre corps. Dans une goutte de sang l’Initié découvre la
quintessence de la matière, les principes des quatre éléments : la terre, l’eau,
l’air et le feu. Le sang représente la vie qui circule dans l’univers, et il est
en nous ce qui se rapproche le plus de la lumière.

C’est donc avec un immense respect que nous devons considérer notre
propre sang qui est de la lumière condensée, de la vie divine condensée. Et
de même que le sang retourne au coeur, notre vie comme celle de Jésus doit
retourner au coeur de l’univers, le Créateur.

Le sacrifice de Jésus qui a versé son sang sur la croix a inspiré beaucoup de
mystiques, de poètes, de romanciers même, et c’est là l’origine de la
légende du Graal. D’après certaines traditions, cette coupe du saint Graal
avait été taillée dans une émeraude tombée du front de Lucifer au moment
où, s’étant révolté contre Dieu, il avait été précipité dans l’abîme avec tous
les anges rebelles.179 Une de ces traditions rapporte même que Jésus s’était
servi de cette coupe le soir de la Cène quand il avait donné le vin à ses
disciples en disant : « Buvez, ceci est mon sang »,3 puis qu’au moment de la
crucifixion, Joseph d’Arimathie y a recueilli son sang.4 Donc, l’émeraude
tombée du front de Lucifer, la coupe de vin donnée par Jésus à ses disciples
le soir de la Cène et dans laquelle son sang a été ensuite recueilli : le Graal
fait symboliquement le lien entre ces trois moments : la chute des anges
rebelles (chute qui a entraîné celle des premiers hommes), la Cène, et la
crucifixion. Par son sacrifice, Jésus, le Christ, a permis à l’humanité de
reprendre le chemin ascendant.

Combien d’aventuriers sont partis à la recherche de la coupe du Graal !

Ils n’ont évidemment rien trouvé et il est inutile de la chercher. L’essentiel


est de comprendre que cette coupe est le symbole du corps d’un être humain
qui est parvenu à attirer et à fixer en lui l’esprit divin. L’émeraude est de
couleur verte : du point de vue astrologique c’est la couleur de Vénus, le
principe féminin, la matière. Le sang est rouge, la couleur complémentaire
du vert : du point de vue astrologique c’est la couleur de Mars, le principe
masculin, l’esprit. Nous devons donc travailler sur notre propre matière, la
purifier, la rendre inaltérable, incorruptible, afin qu’elle soit digne de 361

recueillir le sang du Christ, son esprit, son amour.

Références bibliques

1. « Je suis le chemin, la vérité et la vie » – Évangile de Jean 14 : 6

2. « Nul ne peut aller au Père que par moi » – Évangile de Jean 14 : 7

3. « Buvez, ceci est mon sang » – Matthieu 26 : 28

4. Joseph d’Arimathie – Matthieu 27 : 57 ; Marc 15 : 43 ; Luc 23 : 50-51 ;


Évangile de Jean 19 : 38

74

Ressusciter : sortir de la croix

En faisant de la croix le symbole de leur religion, les chrétiens ont mis


particulièrement l’accent sur la passion et la mort de Jésus afin que tous
prennent conscience de l’immensité de son sacrifice. Certains mystiques ont
même ressenti si intensément l’horreur de sa crucifixion que des stigmates
sont apparus sur leur corps. C’étaient des êtres exceptionnels, capables
d’une telle abnégation et animés d’un tel amour pour Jésus qu’ils sont
arrivés à revivre ses souffrances telles qu’elles sont enregistrées dans
l’Akasha Chronica, cette bibliothèque cosmique où sont inscrits depuis
l’origine tous les événements de la vie de l’univers et des créatures.

Mais de nos jours, il faut le reconnaître, l’image de Jésus crucifié laisse de


plus en plus les gens indifférents. Ils l’ont trop vue. Est-ce une raison pour
la supprimer ? Non, on doit seulement faire l’effort d’en approfondir le
sens. Car à la vérité, le symbole de la croix, qui s’est peu à peu répandu
dans le monde entier, n’a pas encore été pleinement compris : à travers lui
on voit seulement Jésus faible, mourant, victime bafouée par les hommes.
Comment ne pas se rendre compte qu’insister tellement sur le supplice de
Jésus obscurcit quelque chose dans la conscience des chrétiens ? En ayant
continuellement sous les yeux la vision d’un être martyrisé, sanglant,
couronné d’épines, comment peuvent-ils éprouver le désir de marcher sur
ses traces et de suivre son exemple ?

On peut parler de la crucifixion de Jésus, mais à condition de présenter


l’autre aspect de ce symbole tellement puissant qu’est la croix. Car si elle
est un instrument de souffrance et de mort, elle peut être aussi associée à
l’idée de régénération, de renaissance, de résurrection. Et là, c’est 362

l’alchimie qui nous instruit. La croix, c’est le creuset des alchimistes – ces
deux mots appartiennent d’ailleurs à la même famille. Il est important de
passer de la croix au creuset, car le creuset est le lieu des transformations.

Or, tant qu’il y a transformation, il y a vie.

L’alchimie est une science de la transformation de la matière. Dans le


creuset, l’alchimiste place la matière première qui commence par mourir et
se putréfier ; cette opération correspond à la couleur noire. Après s’être
décomposée, cette matière sous l’effet du feu se purifie : elle devient
blanche. Puis, c’est la distillation et la conjonction, et elle passe au rouge.

Enfin, c’est la sublimation, la couleur or. Ces opérations doivent être


interprétées comme différentes étapes de la vie intérieure : le travail que
l’alchimiste réalise sur la matière dans le creuset est analogue au travail
spirituel que le disciple doit réaliser sur sa propre matière, dans ce creuset
qu’est son corps. Chaque fois que l’esprit descend s’incarner dans un corps
humain, c’est le mystère de la mort du Christ sur la croix qui se répète. La
matière, qui est représentée par les quatre éléments, terre, eau, air et feu, est
la croix sur laquelle l’esprit du Christ ne cesse de se sacrifier.

Lorsque la matière alchimique sort du creuset, elle a été transformée en or,


et on peut dire qu’elle est ressuscitée. De même, l’homme doit sortir de la
croix, cette croix qui, dans le plan psychique correspond aux quatre
éléments, terre, eau, air et feu, qu’il a longtemps appris à maîtriser, à
purifier, à transformer en lui. Et cette transformation, cette résurrection ne
peut se faire qu’en passant par la mort, non pas la mort physique, mais celle
dont parlait Jésus quand il disait : « Si le grain de blé tombé en terre ne
meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »1

La mort n’est jamais un état définitif, elle est une transition, le passage
d’une ancienne vie à une vie nouvelle. C’est là le principal enseignement de
l’alchimie. Cet enseignement, les alchimistes l’ont tiré de l’observation de
la nature. En effet, pourquoi décrivent-ils la transformation de la matière du
Grand OEuvre comme une succession de couleurs ? Parce qu’ils ont
observé cette succession dans la vie végétale. Regardez les arbres fruitiers

: à quelques nuances près, car la nature est riche de différences, ils passent
par une série de couleurs et toujours dans le même ordre. Pendant l’hiver,
les arbres sont noirs et nus. Au printemps, ils deviennent blancs avec les
fleurs et verts avec le feuillage. Puis arrive l’été : les fruits en mûrissant
deviennent jaunes, bleus, orange, violets, rouges… Et à l’automne, c’est le
feuillage qui devient rouge et or. Avec le rouge et l’or, le processus est
terminé, c’est la fin du cycle, comme dans l’oeuvre alchimique.180

363

Tous ces rapprochements entre les phénomènes de la nature, les processus


alchimiques et la vie de Jésus ne doivent pas vous surprendre.

Pour les alchimistes, ces analogies sont très claires : dans le sacrifice de
Jésus sur la croix ils voient la mort de la matière première à partir de
laquelle ils prépareront la pierre philosophale qui transmutera les métaux en
or. Le corps de Jésus sur la croix représente cette matière qui doit mourir
pour ressusciter. Il s’agit du même processus de transmutation. Et c’est ce
qui justifie l’interprétation que donnent les alchimistes du coup de lance
porté dans le flanc de Jésus par un soldat romain. À la fin, pour s’assurer
que Jésus était bien mort, un soldat lui perça le flanc de sa lance.2 Or, dans
le symbolisme alchimique, la lance représente le principe masculin, l’esprit,
qui travaille sur le principe féminin, la matière.

Les Évangiles peuvent donc être compris et interprétés à la lumière de la


science alchimique. En apparence, ils ne font que rapporter ce que fut la vie
d’un homme, Jésus, né il y a deux mille ans en Palestine ; mais en réalité, à
travers les différentes étapes de sa vie, depuis sa naissance jusqu’à sa mort
et sa résurrection, ce sont des processus alchimiques qui sont aussi décrits et
qu’on retrouve à l’oeuvre.

Si dans les Évangiles la mort de Jésus est suivie de sa résurrection, c’est


parce que la mort n’est pas une fin, mais seulement une étape nécessaire qui
prépare la résurrection. Cette résurrection doit être comprise d’un point de
vue symbolique et spirituel, non d’un point de vue physique ou historique.

La résurrection suppose d’abord la mort, et elle vient ensuite comme un


processus de transformation qui se fait par phases successives.

La mort n’est donc jamais la fin ultime : nous mourons pour ressusciter,
c’est-à-dire pour renaître. Depuis les mystères de l’Égypte et de la Grèce
anciennes jusqu’au christianisme, combien de religions mentionnent cette
mort suivie d’une résurrection ! Après que le dieu Osiris ait été tué par son
frère Seth qui le jalousait, son épouse Isis retrouve son corps et le ressuscite
avec l’aide du dieu Anubis. De même, Athéna sauve le coeur de Dionysos
dont les Titans avaient fait bouillir et mangé le corps, et elle lui rend la vie.

Mourir et ressusciter, mourir pour ressusciter, ces deux expériences sont le


but de l’Initiation, et dans le passé elles étaient accompagnées d’un rituel
précis. Par exemple, le disciple qui avait franchi avec succès les étapes
préliminaires, était placé dans un sarcophage où il devait rester enfermé
trois jours et trois nuits. Après lui avoir fait absorber certains breuvages et
prononcé au-dessus de lui des formules magiques, ses instructeurs le
maintenaient dans une sorte d’état cataleptique. Ils détachaient ses corps
364

éthérique et astral de son corps physique afin qu’il puisse voyager dans
l’espace et visiter toutes les régions du monde d’en haut et du monde d’en
bas. Il regardait, et il était étonné, effrayé, émerveillé. À son retour, les liens
qui rattachaient ses corps éthérique et astral à son corps physique étaient de
nature totalement différente : il connaissait la réalité. C’est pourquoi on
pouvait dire qu’il était ressuscité. Ce que les Évangiles disent de Jésus mort,
descendu aux enfers181 et ressuscité le troisième jour, décrit une expérience
analogue.
Pour ressusciter, il faut avoir compris l’arcane de la mort, car la mort et la
résurrection restent toujours étroitement liées. Toute la nature nous parle de
mort et de résurrection : les arbres jaunissent, perdent leurs feuilles, puis
reverdissent. La graine doit mourir pour permettre la manifestation de cette
puissance de vie enfouie en elle, et la chenille aussi doit mourir pour
devenir papillon. 182 De même, en l’homme, la chenille, c’est-à-dire la
nature inférieure, doit mourir pour laisser la place au papillon, à l’esprit, à
ce principe divin, qui trouve alors la possibilité de se dégager pour agir et
tout transformer. Le secret de la résurrection est là devant nos yeux, il
attend que nous le comprenions, que nous nous décidions à mourir
consciemment à notre nature inférieure pour que sorte de nous un homme
nouveau. C’est le sens de la parole de saint Paul : « Comme tous meurent en
Adam (le vieil homme, celui qui en désobéissant à Dieu s’est séparé de Lui)
tous aussi doivent revivre en Christ»3 (l’homme nouveau).

Références bibliques

1. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas » – Évangile de Jean 12 :


24

2. Un soldat romain perce d’une lance le flanc de Jésus – Évangile de Jean


19 : 34

3. « Comme tous meurent en Adam, tous aussi doivent ressusciter en Christ


» – Paul, Première épître aux Corinthiens 15 : 22

75

Jésus apparaît à ses disciples

I. Apparition à Marie de Magdala

« Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rendit au sépulcre


dès le matin, comme il faisait encore obscur ; et elle vit que la 365

pierre était ôtée du sépulcre. Elle courut vers Simon Pierre et vers l’autre
disciple que Jésus aimait, et leur dit : Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur,
et nous ne savons pas où ils l’ont mis. Pierre et l’autre disciple sortirent et
allèrent au sépulcre. 1

…Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait…

Elle se retourna, et elle vit Jésus debout ; mais elle ne savait pas que c’était
Jésus. Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle,
pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c’est toi qui l’as
emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je le prendrai. Jésus lui dit : Marie ! Elle
se retourna, et lui dit en hébreu : Rabbouni ! c’est-à-dire, Maître ! Jésus lui
dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. »2

Arrivée au tombeau, Marie découvre qu’il est vide. On a parfois interprété


ce tombeau vide comme un symbole du corps physique dont l’esprit, enfin,
est parvenu à se libérer. En réalité, le corps physique n’est pas le tombeau
de l’esprit. Ce qui empêche la manifestation de l’esprit en l’homme, ce
n’est pas tellement son corps physique, mais plutôt cette carapace fluidique
faite de tous les désirs, convoitises et tiraillements de sa nature inférieure ;
c’est elle qui s’interpose entre son esprit et son corps. Si sa nature inférieure
n’était pas en train de produire continuellement toutes sortes de miasmes,
son esprit aurait la maîtrise parfaite de son corps physique.

La résurrection de Jésus, de même que la deuxième naissance qu’il avait


révélée à Nicodème,183 doivent être comprises comme deux aspects d’un
seul et même processus : la régénération de l’homme, son accès au monde
spirituel. C’est bien dans son corps qu’il naît une deuxième fois et qu’il
ressuscite, mais cette deuxième naissance et cette résurrection ne se
produisent pas dans le plan physique. C’est dans son corps de gloire qu’il
ressuscite et devient immortel. La résurrection, c’est la vie, c’est la
puissance qu’un être humain est arrivé à donner à son corps de gloire en le
nourrissant de pensées, de sentiments et d’actes marqués du sceau de la
Divinité.

Jésus avait longtemps travaillé sur les deux germes de son corps
bouddhique et de son corps éthérique, ces deux corps qui participent à la
formation du corps de gloire. C’est dans son corps bouddhique et dans son
corps éthérique qu’il est sorti du tombeau, pas dans son corps physique.
Une fois matérialisé, le corps éthérique prend la même apparence que le
corps physique, parce qu’il en est la reproduction exacte, et le visage a 366

aussi les mêmes traits. Quand Jésus est apparu à Marie, son corps éthérique
ne s’était pas encore suffisamment matérialisé, il n’avait donc pas pris tout
à fait son apparence et ses traits, c’est pourquoi elle ne l’a pas
immédiatement reconnu et l’a confondu avec le jardinier. Sinon, comment
aurait-elle pu se tromper alors qu’elle connaissait si bien Jésus ? Et s’il lui a
dit : « Ne me touche pas ! » c’est qu’il ne devait pas se laisser toucher avant
d’avoir donné à son corps éthérique une consistance plus matérielle.

Il a permis plus tard à son disciple Thomas de le toucher, afin qu’il soit
convaincu qu’il était là bien réel ;3 mais avant ce n’était pas possible, il
fallait encore attendre.

Références bibliques

1. « Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rendit au sépulcre


» – Évangile de Jean 20 : 1-3

2. « Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre » – Évangile de Jean


20 : 11-17

3. Jésus donne à Thomas les preuves qu’il est ressuscité – Évangile de Jean
20 : 24 –

29

II. Apparition dans un lieu fermé

« Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où


se trouvaient les disciples étant fermées, Jésus se présenta au milieu d’eux.
»1

Les portes sont fermées et pourtant Jésus apparaît soudain au milieu de ses
disciples. Comment est-ce possible ? C’est que l’Initié qui est arrivé à
former son corps de gloire n’est arrêté par aucun obstacle matériel, il a tout
pouvoir sur la matière. Il peut apparaître et disparaître, se déplacer dans
l’espace, passer à travers les montagnes, pénétrer dans les entrailles de la
terre, et il agit aussi à distance sur les créatures. Même malade, même
mourant, même mort, il continue à travailler, car le corps physique et le
corps de gloire sont deux réalités différentes. Le corps de gloire est toujours
là, vivant, rayonnant, et c’est à travers lui que l’Initié peut toucher les
créatures à travers l’espace pour les instruire, les conseiller, les consoler et
leur apporter des bénédictions.

Référence biblique

1. « Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine » – Évangile de


Jean 20 :19

367

III. Au bord de la mer de Tibériade : la pêche miraculeuse

À la fin de l’Évangile de saint Jean, il est écrit que Jésus apparut encore à
ses disciples au bord de la mer de Tibériade. Pierre et d’autres disciples qui
avaient pêché toute la nuit n’avaient rien pris dans leurs filets. Or, « le
matin étant venu, Jésus se trouva sur le rivage ; mais les disciples ne
savaient pas que c’était Jésus. Jésus leur dit : Enfants, n’avez-vous rien à
manger ? Ils répondirent : Non. Il leur dit : Jetez le filet du côté droit de la
barque, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient plus le
retirer à cause de la grande quantité de poissons… 1 Lorsqu’ils furent
descendus à terre, ils virent là des charbons allumés, du poisson dessus et
du pain… Jésus leur dit : Venez, mangez… Jésus s’approcha, prit le pain et
leur en donna ; il fit de même du poisson. »2

Lors du dernier repas que Jésus avait pris avec ses disciples avant d’être
arrêté et condamné à mort, il leur avait donné le pain et le vin. Il leur
apparaît maintenant au bord de la mer de Tibériade, et quand ils répondent à
sa question qu’ils n’ont rien à manger, il leur indique comment remplir leur
filet. Puis il partage avec eux un repas : du pain et des poissons.

Cette pêche miraculeuse après une nuit où les disciples n’ont rien pris dans
leur filet, ainsi que le pain donné en même temps que des poissons,
rappellent l’épisode où Jésus nourrit toute une foule avec deux poissons et
cinq pains ; je vous ai expliqué sa signification. 1843 On dirait qu’avant de
les quitter, Jésus a voulu une dernière fois partager avec ses disciples cette
nourriture symbolique. Nous avons vu comment le pain et les poissons sont
en relation avec les constellations zodiacales qui ont présidé à la naissance
du christianisme : la Vierge, symbole de pureté, que l’on présente comme
une jeune fille portant une gerbe de blé, et les Poissons, symbole du
sacrifice. Jésus souhaitait que ses disciples approfondissent encore le sens
de ces symboles, le pain et les poissons, et nous devons, nous aussi, les
approfondir après eux.

Références bibliques

1. « Le matin étant venu, Jésus se trouva sur le rivage » – Évangile de Jean


21 : 4-6

2. « Lorsqu’ils furent descendus à terre » – Évangile de Jean 21 : 9-13

3. La multiplication des cinq pains et des deux poissons – Évangile de Jean


6 : 5-13

368

76

« Et je suis avec vous tous les jours,

jusqu’à la fin du monde »

Reportons-nous maintenant par la pensée à l’époque de la passion et de la


crucifixion de Jésus, à ces événements formidables au cours desquels une
étincelle est descendue des régions célestes pour donner à l’humanité une
impulsion nouvelle. Jésus n’avait pas trouvé en son temps de conditions
favorables pour manifester pleinement son savoir et sa puissance, et c’est ce
que le Maître Peter Deunov a exprimé un jour en disant : « Dans le passé, le
Christ était petit, c’est pourquoi on l’a crucifié. Mais quand il viendra à
nouveau, on ne pourra plus le crucifier, car il n’y aura pas d’arbre assez
grand pour lui dresser une croix. Réjouissons-nous donc que le Christ soit
devenu très grand, car il n’y aura plus de croix pour lui. » L’idée que si
Jésus a été crucifié, c’est qu’il était petit, peut choquer certains d’entre
vous. Celui qui disait : « Je suis la lumière du monde… 1 Je suis le pain
vivant descendu du ciel… 2 » ne pouvait pas être petit. C’est vrai, mais
voici encore une analogie qui peut nous éclairer.

Un enfant vient de naître : est-ce que l’esprit qui s’est incarné en lui est petit
? Non, il est grand, puissant, c’est une étincelle de Dieu Lui-même.

Mais comme le corps dans lequel il est entré est celui d’un bébé, il ne peut
pas encore s’y manifester en plénitude. De même, quand l’esprit du Christ
est descendu sur la terre, il était grand, aussi grand qu’il l’a toujours été. Ce
qui était petit, c’était son corps, ou plus exactement les membres qui
formaient son corps collectif, c’est-à-dire ceux qui le rencontraient,
l’entouraient, le suivaient. Ils n’ont pas su sentir et comprendre sa grandeur,
ils n’ont pas été capables de se laisser pénétrer assez profondément par lui.

C’est pourquoi Jésus a pu être crucifié. Quand, au moment de la Pâque, il


était entré dans Jérusalem monté sur une ânesse, la foule lui avait fait un
triomphe : « Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, et
d’autres des branches qu’ils coupaient dans les champs. Ceux qui
précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : « Hosanna ! Béni soit
celui qui vient au nom du Seigneur ! »3 Mais lorsque les hommes envoyés
par les principaux sacrificateurs et les scribes sont venus l’arrêter, même ses
disciples l’ont abandonné et Pierre l’a renié. C’est donc dans ses disciples
que Jésus était encore petit, comment aurait-il pu résister aux autres,
tellement plus nombreux, qui avaient décidé de l’anéantir ?

369

Maintenant, au cours des siècles, l’esprit du Christ a peu à peu pénétré le


monde entier. On ne peut plus le crucifier parce qu’il est incarné dans un
corps immense, abrité dans les coeurs et les intelligences de millions
d’êtres. Même si on continue à le persécuter, on ne peut pas le crucifier en
tous. C’est là une forme d’incarnation qu’il faut comprendre. Pour travailler
sur l’humanité un Maître spirituel a besoin d’un corps collectif. Tels de ses
disciples sont les yeux, ou les oreilles, ou la bouche de ce corps ; tels autres
sont le cerveau, le coeur, l’estomac, les poumons, les bras, les jambes…
Tant qu’il ne peut pas animer ce corps collectif, sur la terre un Maître est
petit, faible, chancelant, son esprit arrive difficilement à exprimer l’étendue
de sa sagesse, de son amour, de sa puissance.

L’esprit d’un Maître fait donc des efforts pour s’incarner, non seulement
dans son propre corps physique, mais aussi dans le corps collectif d’une
communauté spirituelle, afin qu’elle ne cesse de se développer dans la
lumière. Mais ce corps collectif doit, en retour, faire autant d’efforts pour
aider l’esprit du Maître à se manifester en lui. C’est pourquoi, au lieu de
rester fixé sur le corps de Jésus cloué sur une croix, un chrétien doit avoir
pour unique préoccupation de devenir une parcelle purifiée, lumineuse, de
ce corps collectif que l’esprit du Christ cherche à animer. Il y a deux mille
ans Jésus a été crucifié, c’est un fait, on ne peut pas revenir là-dessus ; mais
c’est à nous maintenant de renforcer le corps du Christ pour que son esprit
continue à travailler puissamment dans le monde.

Au moment de quitter définitivement ses disciples, Jésus leur a dit : « Je


suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »4 Il n’a donc pas
quitté la terre. Il a quitté la terre physique, mais il vit toujours dans la terre
éthérique, et c’est là que nous devons le chercher.

« Mais, direz-vous, en Palestine, en Terre sainte, où il a vécu, marché, on ne


peut pas retrouver ses traces ? » Ne soyez pas déçus si je dis que ses traces
ont presque entièrement disparu. Trop de gens dont les pensées et les
sentiments n’étaient ni lumineux ni purs sont passés par là. Trop de choses
se sont produites qui justement n’étaient pas saintes. Les chrétiens ont fait
d’interminables guerres aux musulmans « pour défendre le tombeau du
Christ », et ne grattons pas trop pour savoir si c’est seulement le tombeau
qu’ils voulaient défendre… ni même si le corps de Jésus a vraiment été mis
dans ce tombeau.

Depuis deux millénaires, les chrétiens font des pèlerinages en Terre sainte,
mais la présence de Jésus n’imprègne plus ces lieux. Je ne dis pas 370

qu’il est inutile de les visiter et d’en rapporter quelques cailloux ou un peu
de terre. Si vous les considérez avec respect, avec amour, en vous liant à
Jésus, évidemment cela peut vous aider, mais par eux-mêmes ils ne vous
apporteront rien, car ils ont perdu les vibrations dont il les avait imprégnés.
Quelle que soit la sainteté d’un lieu, quelles que soient les empreintes pures
et lumineuses qui ont été déposées partout, sur les murs, sur les objets, par
des êtres d’une grande élévation spirituelle, tout s’efface quand il est exposé
aux allées et venues de gens qui ne savent pas, par leur attitude, préserver
son caractère sacré : les entités célestes qui habitaient là s’en vont. Si vous
souhaitez vraiment visiter « les lieux saints », faites-le en étant bien
conscients qu’ils doivent surtout être pour vous une incitation à trouver le
seul vrai lieu saint : celui qui est en vous. Trouvez ce lieu en vous, et alors,
où que vous alliez, vous vous sentirez en communion avec tous les grands
esprits qui sont venus s’incarner sur la terre, vous vous nourrirez de leur
sagesse et de leur amour.

Combien de sanctuaires non seulement en Palestine, mais aussi en Grèce,


en Thrace, en Égypte, en Inde, ont perdu la puissance spirituelle, le
rayonnement qu’ils possédaient dans le passé ! Siècle après siècle, des gens
sont venus et ont profané ces endroits que des êtres exceptionnels avaient
marqués de leur empreinte. Les traces qu’ils avaient laissées ne sont plus
perceptibles dans le plan physique ; il faut aller chercher ailleurs, dans le
plan éthérique de la terre, ces régions lumineuses que le Psaume appelle «

la terre des Vivants ». 1855 C’est aussi sur cette terre des Vivants qu’il faut
aller chercher Jésus, car c’est là qu’il continue à participer à l’oeuvre de son
Père céleste. Depuis cette terre, il protège, éclaire, guide tous ceux qui
veulent suivre son chemin ; il travaille sur les intelligences humaines pour
les pénétrer de sa lumière. Certains peintres dans leurs tableaux ont
représenté le Christ entouré de rayons ; cela signifie que par sa conscience,
il est présent et agit dans toutes les régions de l’univers. Le Christ, principe
cosmique, projette sa lumière partout et totalement, il ne laisse aucune place
à l’obscurité.

Il est dit qu’après sa mort Jésus a été enlevé au ciel.6 Oui, son esprit est
dans le ciel, mais il travaille sur la terre. Nous, les humains, nous sommes
sur la terre et nos antennes sont dans le ciel ; tandis que Jésus, tout son être
est dans le ciel, mais son activité, son « quartier général » si l’on peut dire,
se trouve sur la terre, dans les plans supérieurs de cette région que les
kabbalistes appellent la séphira Malhouth, et où demeurent les Ischim, les
Hommes parfaits. Jésus est là, avec tous ces êtres. Donc, pour retrouver 371
Jésus et les grands Maîtres spirituels de l’humanité, il faut s’élever jusqu’à
eux, communier avec leur esprit ; et leur esprit n’est plus dans les lieux où
ils ont vécu, mais dans leur enseignement et dans les régions pures et
lumineuses de la terre. C’est là que leur esprit retourne afin de continuer le
travail.

Aux pharisiens et aux sadducéens qui lui reprochaient d’avoir guéri un


malade le jour du sabbat, Jésus avait répondu : « Mon Père travaille, et moi
aussi je travaille », 1867 car le travail divin ne connaît aucune interruption.
Et Jésus continue à travailler, il participe à toutes les activités inspirées par
la lumière, l’amour, le sacrifice. C’est pourquoi, chaque fois que nous, ici,
sur la terre, nous mettons à la première place le désir de nous perfectionner
pour contribuer à l’avènement du Royaume de Dieu, nous commençons à
habiter avec Jésus sur la terre des Vivants. Cette terre est d’abord en nous
comme un niveau de conscience supérieur ; et en nous efforçant d’atteindre
chaque jour ce niveau de conscience nous entrons en communication avec
les fils de la lumière, avec les anges, avec les divinités, avec l’esprit du
Christ.

Avant de quitter ses disciples, Jésus leur avait dit aussi : « Vous êtes
maintenant dans la tristesse ; mais je vous reverrai, et votre coeur se
réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. » Il faut étudier, prier, travailler
très longtemps pour qu’une telle rencontre puisse avoir lieu. Mais le jour où
elle se produit, c’est définitif, et c’est pourquoi Jésus ajoute « et nul ne vous
ravira votre joie ».8 Cette joie qui est vécue dans le silence comme lumière,
comme plénitude, est indestructible.

Références bibliques

1. « Je suis la lumière du monde » – Évangile de Jean 9 : 5

2. « Je suis le pain vivant descendu du ciel » – Évangile de Jean 6 : 51

3. « Beaucoup de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin » – Marc 11


: 8-10

4. « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » – Matthieu 28 : 20


5. « La terre des Vivants » – Psaume 116 : 9

6. « Jésus enlevé au ciel » – Actes des Apôtres 1 : 9

7. « Mon Père travaille, et moi aussi je travaille » – Évangile de Jean 5 : 17

8. « Vous êtes maintenant dans la tristesse… » – Évangile de Jean 16 : 22

1 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Quatre points cardinaux »,


« les Quatre saisons de l’année ».

372

2 Voir Part II, chap. 3-II : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a envoyé
son fils unique ». – « Jésus une manifestation du Christ ».

3 Il est dit traditionnellement que Jésus naquit dans une étable. Une autre
tradition le fait naître dans une grotte. En effet, dans la région de Bethléem
se trouvent de nombreuses grottes où les bergers pouvaient s’abriter avec
leurs troupeaux. De nos jours encore on visite « la grotte de la Nativité ».

4 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Pentagramme ».

5 Tradition qui remonte au 12e siècle. L’âne et le boeuf sont seulement


mentionnés dans un évangile apocryphe attribué à saint Matthieu. C’est
saint François d’Assise qui, le premier, a donné de la naissance de Jésus
dans une étable la représentation que les chrétiens ont conservée jusqu’à
aujourd’hui sous le nom de « crèche de Noël ».

6 Sur les esprits familiaux, voir Marchez tant que vous avez la lumière,
Collection Izvor n° 244, chap. X.

7 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Rouge et le blanc ».

8 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Graine s’éveille au soleil ».

9 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. II-6 : « Faisons


l’homme à notre image ».
10 Voir Part. II, chap. 5 : « Jésus tenté par le diable ».

11 Voir Part. II, chap. 68 : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ».

12 Voir Part. II, chap. 63 : « Je suis le cep et vous êtes les sarments ».

13 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap II-2 : « Que la lumière


soit ! ».

14 Voir Part. II, chap. 62 : « Moi et le Père, nous sommes un ».

15 Voir Part. II, chap. 53 : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait ».

16 Voir Part. II, chap. 73-IV : « Les puissances du sang. La coupe du Graal
».

17 Voir Part. II, chap. 66-II : « L’annonce des grandes tribulations – Le


soleil s’obscurcira ».

18 Le Notre Père – Son commentaire a fait l’objet d’une brochure (Br. 313).

19 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Sommeil »

20 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. II-2 « Au


commencement Dieu créa le ciel de la terre ».

21 Voir Part. II, chap. 29 : « Le sel de la terre », III : « Car tout homme sera
salé du feu ».

22 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap III-3 : « Le serpent ».

23 Voir Dictionnaire du livre de la nature – « l’Eau qui absorbe » et « de


l’Eau physique à l’Eau spirituelle ».

24 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Bougie ».

25 Voir La Bible, miroir de la création tome 1, chap III-5 : « Chute et


descente : une distinction à faire ».
26 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Pain ».

27 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « Lois de la gravitation et de


l’accélération du mouvement ».

373

28 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. III-3 « Le serpent ».

29 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Bateleur : première carte du


Tarot ».

30 Voir Part. II, chap. 53 « Soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait ».

31 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Formes doivent être


renouvelées » et

« les Formes – chercher toujours au-delà ».

32 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Maison occupée par une


multitude d’habitants » ; « la Maison – surveiller les entrées et les sorties » ;
« la Maison qu’on charge un ami de garder ».

33 Op. cit. « les Appâts »

34 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Chat – animal mystérieux ?


».

35 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Droit d’asile ».

36 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « au-dessus des Nuages ».

37 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Pierres précieuses ».

38 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Peuple ».

39 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Banque : l’emprunt ».


40 Voir Part. II, chap. 30 : « Amassez des trésors dans le ciel ».

41 Voir Part. II, chap. 22 : « La porte du Royaume de Dieu » – 1 : Le riche


et le chameau, 2 : « La porte étroite ».

42 Voir Part. III : « Les apôtres reçoivent le Saint-Esprit ».

43 Voir Part. II, chap. 35 : « Ta foi t’a sauvé ».

44 Voir Part. II, chap. 52 : « La parabole de l’ivraie et du bon grain » et


chap.71 :

« Qu’est-ce que la vérité ? », II : « La parabole du semeur ».

45 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Graine – les sélections à


faire. »

46 Voir Part. II, chap. 50 : « Soyez semblables à des hommes qui attendent
que leur maître revienne des noces ».

47 Voir Part. II, chap. 69 : « Le dernier repas » III-3 : « le pain et le vin,


deux symboles solaires. Le Verbe vivant ».

48 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Sommet d’où l’on maîtrise


les situations », « le Sommet donne les meilleures conditions pour agir ».

49 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Diamant ».

50 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. III : « Dans le jardin


d’Éden ».

51 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Montagne : la base et le


sommet » ; « le Fleuve – de la source à l’embouchure » ; « le Soleil – centre
de notre système planétaire » ; « la Pyramide » ; « le Cercle, centre et
périphérie » et « le Centre autour duquel on tourne ».

52 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Téléphone – le numéro », «


le Téléphone – l’intermédiaire ».
53 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Graine – sa place n’est pas
au grenier ».

54 Voir Part. II, chap. 38 : « Aimez vos ennemis ».

55 Voir Part. II, chap. 13 : « Si vous ne devenez pas comme des enfants ».

374

56 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Nudité – pauvreté ou


richesse ».

57 Voir Part. I : « Au commencement était le Verbe ».

58 Voir Part. II, chap. 26 : « Bâtir sa maison sur le roc ».

59 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Vie – ses degrés ».

60 Voir Part. II, chap. 68 : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » et


Dictionnaire du livre de la nature : « le Fleuve – de la source à
l’embouchure ».

61 Voir Part. II, chap. 66 : « L’annonce des grandes tribulations, 1 : Que


celui qui sera sur le toit ».

62 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. XII-1 : « Au torrent


de Kérith et à Sarepta ».

63 Op.cit, chap. XV-6 : « Mon refuge et ma forteresse ».

64 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Source qui rejette les


impuretés » ; « la Source qui entretient la vie ».

65 Voir Part. I, chap. 62 : « Moi et le Père, nous sommes un ».

66 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Soleil – lumière, chaleur et


vie ».
67 Voir Part. II, chap. 4 : « Si un homme ne naît d’eau et d’esprit » – II : le
baptême.

68 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « Soufre, mercure et sel ».

69 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « Triangles équilatéral, isocèle,


quelconque ».

70 Voir Part. II, chap. 12 : La parabole de l’économe infidèle.

71 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Banque ».

72 Voir Part. II, chap. 34 : « Si le maître de la maison savait à quelle heure


le voleur doit venir... »

73 Voir Part. IV, chap. 2 : « Nous sommes ouvriers avec Dieu ».

74 Voir Part. II, chap. 7-II : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

75 Voir Part. II, chap. 12 : « La parabole de l’économe infidèle ».

76 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Sommeil – la perte de la


vigilance » et

« le Sommeil – un voyage ».

77 Voir La Bible, miroir de la création Tome 1, chap. XV-6 « Mon refuge et


ma forteresse ».

78 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Caractères d’imprimerie ».

79 Voir Part. II, chap. 25-II : « Suivre Jésus » – « Laisse les morts enterrer
leurs morts »

et voir Dictionnaire du livre de la nature : « de la Chenille au papillon ».

80 Voir Part. II, chap. 25-V : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se
charge de sa croix ».
81 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Appâts ».

82 Voir Part. II, chap. 73-I : « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils
font ».

83 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. XV-6 : « Mon refuge


et ma forteresse ».

84 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Cercle, centre et périphérie


– le centre autour duquel on tourne ».

85 Voir Part. II, chap. 4-I : « Si un homme ne naît d’eau et d’esprit » ‒ La


deuxième 375

naissance.

86 Voir Part. IV, chap. 3 : « Vous êtes le temple du Dieu vivant ».

87 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Formes doivent être


renouvelées »,

« les Formes – chercher toujours au-delà ».

88 Voir Part. II, chap. 68 : « Je suis le chemin, la vérité et la vie »

89 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Graine – sa place n’est pas


au grenier ».

90 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Parole – ses pouvoirs ».

91 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Ondes – leur circulation


dans l’espace ».

92 La géhenne : dans la tradition judaïque, séjour des morts condamnés par


la justice divine.

93 Voir Part. II, chap. 38 : « Aimez vos ennemis ».

94 Voir Part. II, chap. 64 : « Le péché contre le Saint-Esprit ».


95 Voir Part. II, chap. 9 : « Jésus chasse les démons ».

96 Voir Part. IV, chap. 4 : « Nous n’avons pas à lutter contre des adversaires
de chair et de sang ».

97 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Nutrition – la nourriture que


l’on reçoit et celle que l’on donne ».

98 Voir Part. II, chap. 40-I : « Les révélations de Jésus à la Samaritaine. –


La source d’eau vive »

99 Voir Part. III : « Les apôtres reçoivent le Saint-Esprit ».

100 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Main – le capteur et


l’émetteur ».

101 Op.cit. : « l’Arbre, présence vivante. »

102 Op.cit. : « la Quintessence ».

103 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Maison occupée par une


multitude d’habitants ».

104 Voir Part. II, chap. 31 : « Les paraboles des ouvriers » et Part. IV, chap.
2 : « Nous sommes ouvriers avec Dieu »

105 Voir Part. II, chap. 53 : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait ».

106 Rabbi : mot hébreu qui signifie « Maître ».

107 Voir Part. II, chap. 7-II : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même
».

108 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Peuple ».

109 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, Chap. XII-2 : « Les quatre
cent cinquante prophètes de Baal » et Chap. XVIII-1 : « J’ai en horreur
l’encens ».
110 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Fruit qui doit mûrir ».

111 Voir Part. II, chap. 45 : « La parabole des cinq vierges sages et des cinq
vierges folles ».

112 Voir Part. II, chap. 10 : « Les deux paraboles du festin ».

113 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Appareils ».

114 Voir Part. II, chap. 45 : « La parabole des cinq vierges sages et des cinq
vierges folles

».

115 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Cellule photoélectrique ».

376

116 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Graine – ne pas la déterrer


».

117 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Sommeil – la perte de la


vigilance ».

118 Op. cit : « la Graine – des sélections à faire ».

119 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Feu purificateur ».

120 Op. cit : « l’Arbre – la greffe ».

121 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « l’Arbre – la circulation de la


sève » et «

l’Arbre – des racines aux fruits ».

122 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Signes avant-coureurs ».

123 Voir Part. II, chap. 57: « Jésus transfiguré sur le mont Thabor ».
124 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Terre à labourer »

125 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la loi de l’Évolution ».

126 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. II-1 « Au


commencement Dieu créa le ciel et la terre ».

127 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Ondes – leur circulation


dans l’espace

».

128 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « Yeux, oreilles, bouche ».

129 Voir Part. II, chap. 28 : « Heureux ceux qui ont le coeur pur ».

130 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. XII-5 : « Elie et


Jean-Baptiste ».

131 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Cliché ».

132 Le point vernal se déplace à raison de 1° tous les 72 ans, d’où, pour
parcourir un signe zodiacal correspondant à 30°, 30 x 72 = 2160 ans.

133 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Nutrition – manger, une


nécessité de chaque jour ».

134 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. IX-3 : « Ehié asher
Ehié » et IX-9

: « Le nom imprononçable de Dieu ».

135 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Main – résumé de


l’homme et de l’univers ».

136 Voir Part. II, chap. 65 : « Mon Père travaille, et moi aussi je travaille ».

137 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Peuple ».


138 Voir Part. II chap. 63 : « Je suis le cep et vous êtes les sarments ».

139 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. III-7 : « Une histoire
éternelle ».

140 Voir Part. II, chap. 31 : « Les paraboles des serviteurs », et Part. IV,
chap. 2 : « Nous sommes ouvriers avec Dieu ».

141 Voir Part. II, chap. 52 : « La parabole de l’ivraie et du bon pain ».

142 Voir Part. II, chap. 47 : « Cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice ».

143 Voir Part. II, chap. 31 : « Les paraboles des serviteurs » et Part. IV,
chap. 2 : « Nous sommes ouvriers avec Dieu ».

144 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Centrale électrique ».

145 Voir Part. II, chap. 53 : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait ».

146 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les deux Triangles inversés –


le sceau de Salomon ».

377

147 Voir Part. II, chap. 11 : « On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles
outres ».

148 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Feu – la purification »

149 Voir Part. II, chap. 49 : « Le figuier stérile et le figuier maudit ».

150 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Serpent – réunir la tête et


la queue ».

151 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Soleil – lumière, chaleur et


vie »

152 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Canaux d’irrigation ».


153 Voir Part. IV, chap. 2 : « Nous sommes ouvriers avec Dieu ».

154 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « Triangles équilatéral, isocèle,


quelconque

».

155 Op. cit. « les Quatre éléments dans notre vie quotidienne » et « les
Quatre points cardinaux ».

156 Voir Part. II, chap. 50 : « Soyez semblables à des hommes qui
attendent que leur maître revienne des noces. »

157 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Signes avant-coureurs ».

158 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Fleuve – de la source à


l’embouchure ».

159 Voir Part. II, chap. 71-III : « Qu’est-ce que la vérité ? » – « Les deux
faces d’une médaille ».

160 Voir Part. II, chap. 58 : « La multiplication des cinq pains et des deux
poissons ».

161 Voir Part. II, chap 58 : « La multiplication des cinq pains et des deux
poissons ».

162 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. VIII-4 : « Sur le


point de mourir, Jacob bénit ses douze fils ».

163 Op. cit. chap. IX-8 : « L’éphod et le pectoral ».

164 Voir Part. V, chap.14 : « Et il me montra la ville sainte, Jérusalem » – 2.


les assises de pierres précieuses – 3. les portes de perles ».

165 Voir Part. II, chap. 73 : « Jésus crucifié » – 4. Les puissances du sang.
La coupe du Graal ».
166 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. VII-1 : «
Melkhitsédek apporte le pain et le vin à Abraham ».

167 Voir Part. IV, chap.7 : « Jésus souverain sacrificateur selon l’ordre de
Melkhitsédek

».

168 Voir Part. II, chap. 6 : « Les noces de Cana »

169 Voir Part. I : « Au commencement était le Verbe ».

170 Voir Part. II, chap. 41 : « Le Royaume de Dieu est semblable à un grain
de sénevé » ; chap. 15 : « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé
» ; chap. 20 : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas » ; chap. 52 :
« La parabole de l’ivraie et du bon grain

».

171 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la loi de la Hiérarchie ».

172 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap III 4-II : L’arbre
cosmique : des fruits aux racines ».

173 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « l’Arbre – totalité et unité ».

174 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Couleurs – modulation de


la lumière 378

».

175 Voir Part. II, chap. 38 : « Aimez vos ennemis ».

176 Voir Part. II, chap. 7 : « Les deux premiers commandements » – I. « Tu


aimeras le Seigneur, ton Dieu. »

177 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Lois ».

178 Voir Part. II, chap. 68 : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ».


179 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap III-2 : « L’arbre de la
vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal ».

180 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Couleurs – leur


succession au cours des saisons ».

181 Voir Part. IV, chap. 6 : « La descente de Jésus aux enfers ».

182 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « de la Chenille au papillon ».

183 Voir Part. II, chap. 4 : « Si un homme ne naît d’eau et d’esprit » – 1. La


deuxième naissance.

184 Voir Part. II, chap. 58 : « La multiplication des cinq pains et des deux
poissons ».

185 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. XV-8 : « Je


marcherai devant l’Éternel sur la terre des Vivants ».

186 Voir Part. II, chap. 65 : « Mon Père travaille, et moi aussi je travaille ».

379

Partie III

Les Actes des Apôtres

Les apôtres reçoivent le Saint-Esprit

« Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu.

Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il
remplit toute la maison où ils étaient assis.

Des langues semblables à des langues de feu leur apparurent séparées les
unes des autres et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis
du Saint-Esprit. »1
À Nicodème, le docteur de la Loi qui était venu l’interroger, Jésus avait dit :
« Le vent souffle où il veut et tu en entends la voix, mais tu ne sais ni d’où il
vient ni où il va ; il en est ainsi de tout homme né de l’esprit. »2

L’esprit est un feu, mais il est toujours associé à l’air, au vent, au souffle qui
entretient et attise la flamme, et c’est avec le bruit d’un grand vent que le
Saint- Esprit est descendu sur les apôtres sous la forme de langues de feu.

Le texte précise que c’était le jour de la Pentecôte, cette fête qui se célèbre
cinquante jours après Pâques. Le nom de Pentecôte a pour origine un mot
grec qui signifie « cinquantième ». Pour les kabbalistes ce nombre 50 est
très significatif, il révèle la relation qui existe entre le Saint-Esprit et la
séphira Binah qui ouvre les cinquante portes de la connaissance. 50 c’est 5
fois 10 ; 10 est le nombre des séphiroth et 5 celui des éléments qui
constituent chacune d’elles, c’est-à-dire :

– la séphira elle-même qui est une région de l’étendue céleste

– l’émanation divine qui s’y manifeste sous la forme d’un nom divin

– la hiérarchie angélique qui l’habite

– l’archange qui est à sa tête

– la planète qui est son support matériel. (Voir l’Arbre séphirotique).

Celui qui, inlassablement, s’efforce de s’élever à travers les dix régions 380

de l’espace, parvient un jour jusqu’à la séphira Binah : les cinquante portes


lui seront ouvertes. En réalité, l’essentiel c’est que la première porte
s’ouvre, car dès ce moment-là, la seconde est prête à s’ouvrir, puis la
troisième… La première porte est très étroite, personne ne peut la passer
sans s’être d’abord dépouillé de tout ce qui encombre sa vie affective et
mentale.

Jésus a dit dans les Évangiles : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite
».13 Pour naître dans le plan physique, l’être humain doit déjà passer par
une porte étroite, et il en est de même pour naître dans le plan spirituel.
C’est donc le jour de la Pentecôte que les apôtres ont reçu le Saint-Esprit, le
feu céleste. Parce qu’il est le symbole de l’esprit, le feu est toujours présent
dans les temples et les églises. Mais les humains ont rarement conscience
qu’avec le feu ils touchent et mettent en action des puissances primordiales,
et ce que représente le feu dans le plan psychique leur échappe aussi.

Dans le plan psychique on peut dire qu’il existe deux sortes de feu : le feu
astral des désirs inférieurs qui consume les humains en les faisant passer par
de grandes souffrances, et le feu des aspirations spirituelles qui fait briller
tout ce qui est pur et noble en eux. Combien connaissent le feu astral des
convoitises, des passions sensuelles qui les plongent dans un véritable enfer
! Avec quel plaisir ce feu se jette sur eux pour les dévorer, car ils ont tout ce
qu’il faut pour lui servir de nourriture et il ne reste bientôt plus que cendres
et fumée. Le feu spirituel recherche, lui, ceux qui marchent sur le chemin de
l’amour désintéressé, de l’abnégation, du sacrifice. Au moment où il
pénètre en eux, il les embrase et les transforme en créatures de lumière. Ce
feu possède la propriété de ne jamais détruire ce qui est de même nature que
lui. Au moment où il pénètre en l’homme, il ne brûle que les quelques
impuretés qui restent encore en lui ; la matière pure de son être ne se
consume pas, elle devient elle-même lumière parce qu’elle vibre à l’unisson
avec le feu divin.

Attirer ce feu doit être la principale préoccupation du disciple du Christ.

Il sait que ce feu viendra seulement dans un lieu préparé pour lui. Ce lieu,
qui est évidemment en lui-même, inlassablement il s’efforce de le sanctifier.

Par la méditation, la prière, mais aussi par tous ses sentiments, ses pensées
et ses actes, il édifie en lui une demeure faite de matériaux lumineux pour
que le feu, en reconnaissant sa propre quintessence, soit attiré. Et ce
locataire divin n’arrive pas seul, il vient accompagné de nombreux 381

serviteurs : des anges ainsi que des esprits de la nature qui s’installent en lui
sous forme de dons, de qualités, de vertus. Dans son apparence, rien n’aura
peut-être changé, mais intérieurement tout sera transformé, car il aura
accueilli des locataires magnifiques.
Combien croient encore qu’il suffit de s’abandonner à de vagues impulsions
mystiques pour attirer le Saint-Esprit ! Ils sont saisis de tremblements,
gesticulent et profèrent des paroles incompréhensibles en prétendant «
parler en langues ». Non, pour recevoir un jour les dons du Saint-Esprit il
ne faut justement pas « s’abandonner » ; ou plutôt, on peut s’abandonner,
mais après avoir réalisé un grand travail intérieur de purification et de
maîtrise de soi. Quoi que l’on veuille entreprendre, il faut commencer par
préparer les conditions, et la première de ces conditions est le nettoyage.
Quand on doit verser un liquide, du lait par exemple, dans un récipient, on
veille à ce qu’il soit propre, et s’il est sale, on le lave. Alors, comment celui
qui ressemble intérieurement à un récipient sale peut-il croire que les esprits
lumineux viendront l’habiter ? Ce qui viendra, ce sont des entités
ténébreuses, impures, parce qu’elles seront attirées par cette nourriture qui
est là, en lui : tous ces sentiments et ces pensées inspirés par sa nature
inférieure.

Le Saint-Esprit n’entre que chez celui qui s’est longtemps préparé


intérieurement, afin de le recevoir dans une demeure purifiée et illuminée
pour lui. Quand vous invitez un ami à passer quelques jours chez vous, vous
veillez à le recevoir le mieux possible. Vous ne l’installez pas dans une
chambre sale et en désordre. Eh bien, que les croyants me pardonnent si je
leur dis qu’ils se montrent souvent plus négligents vis-à-vis du Saint-Esprit
que vis-à-vis de leurs amis ou même de leurs voisins. Ils ne se rendent pas
compte qu’en eux c’est le capharnaüm. Les apôtres ont reçu le Saint-Esprit
après le départ de Jésus. Pourquoi ne l’ont-ils pas reçu quand il était avec
eux ? Parce qu’ils avaient encore un grand travail intérieur à faire, et c’est
ce travail auquel Jésus les préparait chaque jour.

En recevant le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte, les apôtres ont reçu le


don de le faire descendre aussi sur ceux à qui ils imposaient les mains. Ces
prodiges attirèrent l’attention d’un certain Simon qui pratiquait la magie. Il
faisait l’étonnement de tous, mais il dut bientôt reconnaître que les pouvoirs
des apôtres étaient supérieurs aux siens. Alors, « lorsque Simon vit que le
Saint-Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur offrit
de l’argent en disant : Accordez-moi aussi ce pouvoir… Mais Pierre lui dit :
Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de 382
Dieu s’acquérait à prix d’argent. »4

Celui qui veut acquérir les pouvoirs de l’esprit, doit savoir qu’ils ne
s’obtiennent jamais avec de l’argent, mais grâce à un travail sur soi-même,
des efforts, des sacrifices. Et celui qui est parvenu à acquérir ces pouvoirs
de l’esprit ne doit pas chercher à les vendre ni à s’en servir pour obtenir des
avantages matériels. Pierre avait donc bien retenu l’enseignement de Jésus,
qui avait non seulement repoussé le diable venu le tenter en lui proposant
des biens terrestres, mais avait répondu aussi aux pharisiens : «

Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »,25 et à
Pilate : « Mon Royaume n’est pas de ce monde ».36

Il est dit que le Saint-Esprit est descendu sur chaque apôtre sous la forme
d’une flamme. Cette flamme est évidemment un symbole, celui d’une
présence que chaque apôtre devait recevoir et vivifier en lui. Le Saint-
Esprit, qui est un principe cosmique, ne s’est pas divisé matériellement en
autant de flammes pour se poser sur chacun d’eux. Le Saint-Esprit est un, et
il n’est pas une entité séparée du Père et du Fils. Le Père, le Fils et le Saint-
Esprit sont trois entités indissociables ; si on les mentionne séparément,
c’est pour que Dieu, cet Être par essence inconnaissable, soit plus
accessible à l’entendement humain. La Sainte Trinité est une des
représentations symboliques de ce grand mystère du feu primordial. De ce
feu, le Père qui est la vie, procèdent le Fils, la lumière, la sagesse, et le
Saint-Esprit, la chaleur, l’amour. Nous portons tous en nous une entité qui a
pour origine ces trois principes cosmiques, et qui participe donc de ces
mêmes attributs : cette entité est notre Moi supérieur.

Sous différentes formes, la descente du Saint-Esprit en l’homme est un


symbole que l’on retrouve dans toutes les traditions spirituelles. Mais même
s’il est dit que le Saint-Esprit « descend » en l’homme, il n’est pas une
entité extérieure à lui : en réalité c’est son Moi supérieur qui se manifeste,
cette quintessence divine déposée en lui par le Créateur. Dire que l’homme
reçoit le Saint-Esprit signifie qu’il est parvenu à faire le lien avec son
propre esprit, son Moi supérieur. Comme une goutte d’eau dans l’océan,
comme une étincelle dans le feu, notre Moi supérieur est fait de la même
quintessence divine. Aucun événement dans la vie d’un être humain, aucun
bonheur, aucune grâce ne peut se comparer à ce moment où il entre en
contact avec l’Esprit Saint. C’est comme un coup de foudre céleste. Mais ce
383

n’est pas parce qu’il a reçu ce coup de foudre qu’il est soudain en
possession de toutes les vertus. Le chemin de la perfection lui est ouvert,
mais il devra travailler encore longtemps avant d’atteindre le but. Il peut
aussi arriver que, n’ayant pas su comment se maintenir dans cet état de
grâce, il perde le contact avec le feu divin en lui, et c’est la perte la plus
terrible. Il lui sera possible de le reconquérir, mais au prix de combien
d’efforts et de souffrances ! Si ce feu accepte de revenir, il s’accroche alors
si fort, il pousse et enfonce ses racines si loin à l’intérieur de son âme qu’il
ne le quittera plus : il ordonne, il oriente sa vie, et il fait de lui un tabernacle
de l’Éternel.

Le feu visible est l’expression du feu invisible. C’est pourquoi, chaque fois
que nous allumons un feu, ne serait-ce qu’une simple bougie, par notre âme
et notre esprit nous pouvons nous lier au feu céleste, le feu du Saint-Esprit.
Quand ce feu voit un être qui s’intéresse à lui, qui chante avec lui, qui le
comprend, il se sent attiré. Voilà pourquoi on l’a présenté comme un fiancé,
comme un époux qui va vers sa bien-aimée, l’âme humaine.

Souvenez-vous de la parabole des cinq vierges sages…47

Nous ne devons souhaiter que le feu céleste, ne penser qu’à ce feu et le


contempler jusqu’à ce qu’il vienne embraser notre coeur, notre être tout
entier. Toutes les explications que nous pouvons lire ou entendre sur le
Saint-Esprit ne nous serviront à rien, tant que nous ne chercherons pas à
allumer dans notre âme ce feu qui fera de nous un être vivant, vivant
comme le soleil qui est la forme visible, sensible du feu spirituel.

Et puisque le soleil se lève chaque matin, c’est chaque matin que nous
pouvons rétablir à travers lui le contact avec le feu céleste, nous laisser
embraser par lui, jusqu’au jour où nous sentirons des flammes jaillir des
profondeurs de notre être. C’est le soleil qui nous révèle le mystère du feu,
le mystère du Saint-Esprit. Inlassablement, en nous liant à lui de tout notre
amour, de toute notre intelligence, nous continuerons à marcher vers lui.

L’Initiation est le chemin à parcourir pour arriver jusqu’à ce feu.


Références bibliques

1. « Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu » –


Actes des Apôtres 2 : 1-3

2. « Le vent souffle où il veut » – Évangile de Jean 3 : 8

3. « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite » – Matthieu 7 : 1

384

4. « Lorsque Simon vit que le Saint-Esprit était donné par imposition des
mains des apôtres » – Actes des Apôtres 8 : 9-23

5. « Rendez à César ce qui est à César » – Marc 12-17

6. « Mon Royaume n’est pas de ce monde » – Évangile de Jean 18 : 36

7. La parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles – Matthieu
25 : 1-13

1 Voir Part. II, chap. 22 : « La porte du Royaume de Dieu – 2. La porte


étroite ».

2 Voir Part. II, chap. 32 : « Rendez à César ce qui est à César ».

3 Voir Part.II, chap. 71 : « Qu’est-ce que la vérité ? – 1. Jésus devant Pilate.


»

4 Voir Part. II, chap. 45 : « La parabole des cinq vierges sages et des cinq
vierges folles ».

385

Partie IV

Les Épîtres de Paul

1
« Maintenant donc ces trois choses demeurent… »

« Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance et la


charité. »1

C’est dans une lettre adressée par saint Paul aux Corinthiens que l’on voit,
réunies pour la première fois, ces trois vertus : la foi, l’espérance et la
charité. Mais ne soyez pas surpris si je remplace le mot « charité » par le
mot « amour ». Car « charité » n’a plus actuellement ce sens d’amour
spirituel qui était le sien à l’origine du christianisme, afin de le différencier
de cette impulsion souvent désordonnée et passionnelle que les humains
appellent généralement « amour ».
Dans son sens originel, la charité désigne l’amour de l’homme pour Dieu,
d’où découle nécessairement l’amour du prochain. Avec le temps ce mot a
fini par perdre sa signification sublime, et ce qu’on appelle maintenant
charité s’exprime par des actes qui peuvent n’être accompagnés d’aucun
sentiment d’amour véritable : faire la charité. Beaucoup « font la charité »
parce que l’Église et la famille leur ont appris qu’il faut donner aux
pauvres, secourir les malheureux, etc. La charité est donc souvent le produit
d’une petite éducation et elle n’a même plus rien à voir avec la bonté. Que
de personnes « charitables » empoisonnent la vie de leur famille et de leur
entourage ! Il existe ainsi beaucoup de personnes charitables, mais on en
rencontre très peu de vraiment bonnes, c’est pourquoi je préfère employer
le mot « amour ».

La foi, l’espérance et l’amour… Que représentent réellement ces trois mots


pour la majorité des humains ? Si vous les interrogez, quelques-uns se
souviendront peut-être que, dans leur enfance, ils avaient entendu parler à
l’église de ces trois vertus dites « théologales » – c’est-à-dire qui ont Dieu
386

Lui-même pour objet. Mais tout cela est très loin et ne leur dit plus grand-
chose. Et pourtant, quels qu’ils soient, quel que soit leur degré d’évolution
ou leur éducation, tous les humains croient, espèrent et aiment. Mais si leurs
croyances, leurs espoirs, leurs amours ne les aident pas et leur apportent
même de grandes déceptions, c’est qu’ils ne savent pas où les placer ni à
qui les adresser. Et sans doute ignorent-ils même ce que signifie croire en
Dieu, espérer en Dieu et aimer Dieu.

Revenons un instant au début de l’ Évangile de saint Matthieu, lorsque


Jésus, après avoir jeûné quarante jours dans le désert, est tenté par le diable.
12 Je vous ai montré comment ces trois tentations concernent le corps
physique, le coeur et l’intellect, c’est-à-dire les plans physique, astral et
mental. Dans chacun de ces plans nous avons tout au long de notre vie des
épreuves à affronter, et nous ne les surmonterons que si nous espérons en
Dieu, si nous avons foi en Lui et si nous L’aimons. Espérer en Dieu nous
aide à voir au-delà des difficultés de la vie matérielle, avoir foi en Lui nous
préserve des illusions, et enfin, L’aimer nous projette jusqu’à un sommet en
nous et nous aide à nous y maintenir. Celui qui a la foi, l’espérance et
l’amour devient vivant de la vie de Dieu. C’est pourquoi, quelles que soient
les circonstances, intérieurement il se renforce, il s’enrichit.

Si ces trois vertus qui ont Dieu pour objet paraissent lointaines, étrangères à
la plupart des humains, c’est qu’ils les considèrent de façon trop abstraite,
ils ne sentent pas qu’elles constituent les piliers de leur vie psychique ; ils
ne le sentent pas parce que Dieu n’est pas encore pour eux une réalité
vivante. Quand ils ne L’imaginent pas comme un vieillard avec une grande
barbe blanche occupé à inscrire leurs bonnes et leurs mauvaises actions
pour les récompenser et les punir, la plupart ne savent pas trop comment se
Le représenter. Or, je n’ai jamais cessé de vous l’expliquer : la meilleure
image de Dieu, c’est le soleil, dispensateur de vie, de lumière et de chaleur,
qui nous la donne. Seules la vie, la lumière et la chaleur du soleil peuvent
nous donner une idée de ce que sont la puissance, la sagesse et l’amour de
Dieu. C’est donc à nous de chercher à entrer en relation avec cette
puissance, cette sagesse et cet amour divins, et nous y parvenons seulement
par l’espérance, la foi et l’amour.

Pour vous y aider, je vous donnerai cet exercice. Dites lentement et en vous
concentrant sur chaque mot, la prière suivante : « Seigneur, j’aime ta
sagesse, j’ai foi en ton amour, j’espère en ta puissance. » Par votre amour
vous vous liez à la sagesse de Dieu, par votre foi vous vous liez à son
amour, par votre espérance vous vous liez à sa puissance. Et voici comment
se fait ce lien.

387

« Seigneur, j’aime ta sagesse. » La sagesse a des affinités avec le froid, et


l’amour avec la chaleur. Le coeur a beaucoup d’élan, d’enthousiasme, mais
il manque de discernement, de mesure, ce qui l’expose à commettre de
nombreuses erreurs et à souffrir. Il doit donc tempérer sa chaleur en
recherchant la sagesse divine.

« Je crois en ton amour… » On n’a pas besoin d’aimer l’amour, mais on a


besoin de croire en lui. L’enfant croit à l’amour de ses parents et c’est
pourquoi il se sent en sécurité auprès d’eux. L’amour et la foi sont liés. Si
vous croyez en quelqu’un, il vous aimera ; et si vous l’aimez, il croira en
vous. Et parce que l’amour du Créateur est le fondement de l’univers, c’est
en Lui et en Lui seul que nous pouvons avoir une confiance absolue. Notre
confiance dans les êtres et les choses ne reposera sur des bases stables que
si nous plaçons d’abord notre foi dans l’amour divin.

« J’espère en ta puissance… » Combien de fois on entend dire que l’espoir


fait vivre ! Seulement, sur quoi les gens fondent-ils leurs espoirs ?

Sur le pouvoir de l’argent, des armes, ou sur des êtres faibles, instables, en
s’imaginant qu’ils sont capables de résoudre leurs problèmes. C’est
pourquoi ces espoirs sont le plus souvent déçus. En réalité, on ne peut
compter que sur la seule vraie force, la seule vraie stabilité : la toute-
puissance divine.

Prononcez consciemment chaque mot de cette prière en pensant que vous


êtes en train d’établir des liens avec le monde divin. Lorsque vous dites : «

Seigneur, j’aime ta sagesse », votre amour et sa sagesse entrent en relation,


et le Seigneur vous aide à être plus sage à cause de votre amour. Lorsque
vous dites : « Seigneur, je crois en ton amour », votre foi attire son amour,
et Il vous aime parce que vous croyez en Lui. Quand vous dites : « J’espère
en ta puissance », votre espérance fait appel à la puissance divine et elle
commence à vous protéger à cause de votre espoir.

Maintenant, si on approfondit ces notions, on peut dire que l’espérance, la


foi et l’amour correspondent aux trois plans de la forme, du contenu et du
sens. L’espérance est liée à la forme (le corps physique), la foi est liée au
contenu (le coeur) et l’amour est lié au sens (l’intellect). C’est la forme qui
prépare et préserve le contenu. Le contenu porte la force, l’énergie, et cette
énergie n’a de raison d’être que si elle possède un sens. L’espérance qui
correspond à la forme agit sur le corps physique, et elle influence
bénéfiquement l’estomac ainsi que tout le système digestif. La foi, qui
correspond au contenu, influence les poumons : grâce à elle, nous respirons
des effluves célestes qui nous remplissent d’énergies. Enfin, pour que notre
vie prenne sa signification la plus large et la plus profonde, c’est l’amour
388

qui, comme une source, doit jaillir en nous. Nous pouvons acquérir toutes
les connaissances et les richesses, mais notre vie ne prend un sens que grâce
à l’amour, et l’amour agit bénéfiquement sur le cerveau.

Quand ils sont déçus par les événements, insatisfaits de leur sort, les
humains ont tendance à se projeter dans l’avenir : bientôt, dans quelques
jours, dans quelques mois… ça ira mieux. L’espoir est sans doute ce que
l’on abandonne en dernier. Mais en attendant des jours meilleurs, on a
besoin de trouver sur quoi s’appuyer pour tenir bon. Or, pour tenir bon, il
faut avoir la foi. Mais il faut aussi entretenir la vie en soi, recevoir une
chaleur, un élan, et c’est grâce à l’amour qu’on garde cet élan. Sinon,
l’espérance peut n’être qu’une fuite devant la réalité, et alors elle aussi, un
jour, nous abandonne.

Pour ne jamais perdre l’espoir, il est nécessaire d’entretenir en soi la foi et


l’amour, et devant chaque difficulté qui se présente, de les appeler au
secours. Or, en général, les humains font plutôt le contraire : à la moindre
déception, au moindre obstacle, ils ferment leur coeur, ils perdent la foi, et
alors l’espoir les quitte aussi… sauf celui de prendre leur revanche, et par
des moyens qui ne sont pas toujours recommandables. Mais peu importe, ils
trouvent toutes sortes d’arguments pour justifier leur attitude hostile et
vindicative. Comment leur faire comprendre qu’au contraire les difficultés
ne sont vaincues que par la foi, l’espérance et l’amour ? Oui, les difficultés
nous sont données pour développer ces trois vertus, mais à condition que
cette foi, cette espérance et cet amour se tournent vers Dieu. Ces trois vertus
peuvent être comparées aux trois faces d’un prisme de cristal ; et la
présence divine est le rayon de soleil qui tombe sur ce prisme pour se
décomposer en sept couleurs2…

Dans une de ses conférences intitulée « Les trois grandes forces », le Maître
Peter Deunov disait : « Les humains se découragent très facilement et, pour
se justifier, ils accusent les mauvaises conditions. Non, la cause profonde de
leur découragement n’est pas à chercher dans les conditions extérieures,
mais dans leur manque d’espérance, leur manque de foi et leur manque
d’amour. Pour marcher fermement sur le chemin de la vie, ils ont besoin de
renforcer en eux-mêmes les trois sources de l’espérance, de la foi et de
l’amour. Ces sources se trouvent dans le cerveau où nous possédons trois
centres qui sont les conducteurs de ces puissances cosmiques. »
Comme toutes nos facultés, l’espérance, la foi et l’amour ont leur siège
dans le cerveau, et parce qu’elles sont des vertus qui nous relient 389

directement à Dieu, les centres qui leur correspondent se situent dans la


partie supérieure : au sommet, l’amour ; de part et d’autre, un peu à l’avant,
la foi, et un peu en arrière, l’espérance.

Le Maître Peter Deunov disait aussi : « Il faut que l’homme porte


intérieurement ces trois vêtements : l’espérance qui est le vêtement humain,
la foi qui est le vêtement angélique, et l’amour qui est le vêtement divin.

J’appelle saint tout homme qui porte les trois vêtements de l’espérance, de
la foi et de l’amour… » Et encore : « L’espérance résout la question d’un
jour, la foi résout la question des siècles, et l’amour embrasse l’éternité. »

Pourquoi le Maître dit-il que l’espérance résout la question d’un jour ? Cela
rejoint le passage des Évangiles où Jésus dit : « Ne vous inquiétez pas du
lendemain, car le lendemain aura soin de lui-même. À chaque jour suffit sa
peine. »33 Vous voyez, tout se tient.

Parmi nos contemporains, vous n’en rencontrerez pas beaucoup qui ont
recours à l’espérance, à la foi et à l’amour pour résoudre les problèmes de
leur vie quotidienne. Ils font confiance aux progrès des sciences et des
techniques, à l’argent, aux assurances, aux tribunaux, etc. Mais ils sont vite
obligés de constater que les sciences, les techniques, les assurances et les
tribunaux ne leur apportent pas les vraies solutions et ils continuent à être
inquiets, malheureux… On ne peut évidemment pas nier l’utilité de tous ces
moyens mis à notre disposition, et si l’Esprit universel a laissé les humains
prendre certaines orientations, c’est qu’Il juge ces expériences nécessaires.

Quand ils les auront faites, ils retourneront vers le Créateur enrichis de leurs
nouvelles acquisitions. L’être humain créé à l’image de Dieu doit se
développer dans toutes les directions pour pouvoir un jour Lui ressembler.

Et pour Lui ressembler, il faut que son espérance, sa foi et son amour aient
390

été mis à l’épreuve de la matière ; et cette matière non seulement leur


résiste, mais encore elle leur présente des séductions auxquelles il est
difficile de ne pas céder, des pièges qu’il est difficile de déjouer.

En vivant selon la foi, l’espérance et l’amour, vous vivez selon les lois
universelles, et c’est sur elles que vous construisez votre existence.

Appelez à vous ces forces cosmiques, demandez-leur d’être vos


conseillères, et vous deviendrez vraiment utile à vous-même et au monde
entier.

Références bibliques

1. « Maintenant donc ces trois choses demeurent » – Paul, Première épître


aux Corinthiens 13 : 13

2. Jésus tenté par le diable – Matthieu 4 : 1-11

3. « Ne vous inquiétez pas du lendemain » – Matthieu 6 : 34

« Nous sommes ouvriers avec Dieu »

Lorsque saint Paul écrit dans sa Première épître aux Corinthiens :

« Nous sommes ouvriers avec Dieu »,1 il nous fait une révélation d’une
extrême importance. Car tout le sens de notre vie est là. Certains diront que
ce verset est incompréhensible. D’autres, au contraire, qu’ils l’ont compris
depuis longtemps… Je veux bien, mais où voit-on les bons résultats de cette
compréhension ?

Si les humains peuvent être ouvriers avec Dieu, c’est qu’ils peuvent aussi
travailler contre Lui et empêcher que ses œuvres s’accomplissent.

Vous vous demandez si Dieu a vraiment donné aux humains de si grands


pouvoirs. Oui. En fait nul ne peut résister à Dieu, sauf Dieu Lui-même,
mais comme Il a mis en l’homme sa propre volonté, c’est par elle qu’il
s’oppose à Lui. Dieu est tout-puissant, mais Il a voulu la collaboration de
l’homme et Il lui a donné la liberté. Combien de ceux qui ont eu
connaissance de ces pouvoirs que l’homme a reçus de Dieu s’en sont servi
pour faire le mal ! Je pourrais vous en citer certains, en vous révélant
comment ils ont utilisé la magie noire. Mais je ne le ferai pas, car des
personnes qui liraient ce que j’ai dit ou en entendraient parler, pourraient
être entraînées à commettre des actes dangereux pour elles et pour les
autres. Je ne vous parlerai donc que 391

des moyens dont nous disposons pour participer au travail divin. Ce sont
des moyens très simples, mais pour qu’ils soient efficaces il faut faire
preuve de patience, de persévérance et d’une grande force de caractère, car
ils nécessitent des efforts de tous les instants.

Être ouvrier avec Dieu, c’est consacrer sa vie à libérer le chemin par lequel
les courants d’en haut descendent pour agir sur la terre. Bien sûr, la nature
est belle, mais ce que vous ne savez pas, c’est que derrière cette apparence
de beauté et d’harmonie, les montagnes, les vallées, les rivières, les mers, le
sol même sur lequel nous marchons sont imprégnés de fluides malsains,
nocifs, produits depuis des siècles et des siècles par des générations de
créatures qui vivent dans la violence, l’anarchie, le chaos.

C’est pourquoi il est nécessaire que des êtres conscients de la mission que
Dieu a donnée à l’homme, décident de se mettre au travail pour neutraliser
les courants ténébreux qui s’opposent à l’ordre divin. C’est ainsi que par
leurs pensées, leurs sentiments, leurs actes, toutes leurs émanations même,
ils deviendront ouvriers avec Dieu et prépareront la venue de son Royaume.
Même s’il vous est difficile de l’admettre, commencez par prendre
conscience que les objets, lorsque vous les touchez, s’imprègnent de vos
émanations. Autour de vous, dans toutes les pièces de la maison que vous
habitez, les objets sont recouverts de couches, bonnes ou mauvaises
conductrices de la lumière du monde d’en haut. Des pensées et des
sentiments haineux, des paroles méchantes, de mauvais regards se déposent
sur les objets qui deviennent comme des aimants : ils attirent les courants
maléfiques qui circulent dans l’univers. 4 Donc, soyez attentifs afin que
grâce à vos paroles, vos pensées, vos sentiments, les objets autour de vous
deviennent des aimants qui n’attireront que la lumière, la joie, la beauté, la
santé même, et les répandront autour de vous.

En créant l’homme à son image,2 Dieu a voulu qu’il soit lui aussi créateur :
même s’il n’en est pas conscient, il ne cesse de créer. Il doit donc
développer son intelligence, son attention, sa vigilance, afin de ne déposer
toujours et partout qu’une matière bonne conductrice des courants célestes.

Cette matière nous est apportée par le soleil, car le soleil purifie tout. Ce
sont les humains qui salissent. Si le soleil ne projetait pas constamment sur
la terre des courants d’énergie pure pour neutraliser, remplacer tout ce que
leur nature inférieure fabrique de ténébreux, depuis longtemps déjà
l’humanité aurait disparu.

Vous pouvez dès maintenant commencer le travail chez vous, dans votre
chambre. Nettoyez cet espace en prononçant des paroles de sagesse et 392

d’amour. Touchez les objets avec douceur, bénissez-les, consacrez-les en


souhaitant que la lumière et la pureté viennent les visiter.* Dites : « Esprits
de lumière, de pureté, de vérité, je vous consacre ces objets pour qu’ils
deviennent les dépositaires de vos vertus. Que rien d’obscur ne demeure en
eux. » Ces esprits viendront les habiter et votre chambre sera même un
refuge pour eux. Voilà la vraie science ! Les objets sont vivants, ils
retiennent ce qui se passe autour d’eux. Ils sont comme les plaques
sensibles du photographe. On pourrait leur faire raconter tous les
événements dont ils ont été les témoins.

Vous vivez depuis toujours dans des maisons sans avoir la moindre idée que
les murs, les meubles, les objets sont imprégnés de vos pensées, de vos
sentiments, de vos paroles. Combien de fois ces pensées, ces sentiments,
ces paroles ont été inspirés par le trouble, le découragement, l’impatience,
la colère ! Vous sortez, vous entrez et vous déposez sur tout ce qui vous
entoure des vibrations qui ne sont pas toujours de bonnes conductrices de la
lumière divine. Jamais vous ne vous dites : Voilà, maintenant je vais
purifier, consacrer ces lieux où je vis, afin qu’il émane d’eux une
atmosphère bienfaisante qui m’inspirera et inspirera tous ceux qui
viendront. C’est pourtant cela, être le disciple d’un enseignement spirituel.

Apprenez à parler aux objets, souriez-leur, imprégnez-les de lumière afin


que tout vibre, parle et chante pour vous. Qu’il s’agisse d’une lampe, d’une
statue, d’un vase, d’une chaise, d’un tableau, faites qu’ils deviennent tout
vibrants de l’amour que vous déposez sur eux et qu’ils vous parlent de cet
amour ! Eux aussi commenceront à vous aimer, à vous protéger, à vous
inspirer. Mais avant de les consacrer, vous devez faire un travail par la
pensée afin de les débarrasser des couches d’impuretés dont ils pourraient
être recouverts.

C’est parce que Dieu a fait de nous des créateurs que nous pouvons être
ouvriers avec Lui. Et là, les futurs parents ont un rôle essentiel à jouer.

Avant de concevoir un enfant, ils doivent se préparer, en étant bien


conscients que par leurs états intérieurs ils attireront dans leur famille l’âme
d’un bienfaiteur de l’humanité, ou bien celle d’un être médiocre qui
n’apportera rien aux autres, et pire encore d’un criminel. Par le pouvoir
qu’ils ont reçu de transmettre la vie, les parents peuvent être ouvriers avec
Dieu… ou contre Dieu, c’est-à-dire contre les lois de l’harmonie sur
lesquelles Il a fondé l’univers.

« Et si nous n’avons pas d’enfant, si nous ne devenons pas des pères et 393

des mères ? » direz-vous. Quand vous allez le matin au lever du soleil,


avant de sortir de chez vous, prenez bien conscience du lieu où vous vous
rendez, et dans quel but. Le soleil est comme le père qui dépose des germes
dans les coeurs et dans les âmes. Si vous les recevez avec respect et amour,
les enfants qui naîtront alors s’appelleront clarté, force, inspirations. Voilà
les enfants que le père cosmique, le soleil, fait naître dans les coeurs et les
âmes. Mais si vous ne savez pas clairement ce que vous allez faire au lever
du soleil, vos enfants seront l’ennui, la faiblesse, l’insatisfaction.

« Mais, diront encore certains, c’est toujours la même boule brillante que
nous voyons chaque matin monter dans le ciel, on en a assez ! » Vous en
avez assez parce que vous ne savez pas regarder le soleil. Regardez-le
comme si vous le voyiez pour la première fois, voilà le secret. Chaque
matin regardez le soleil comme si vous ne l’aviez encore jamais vu et vous
serez émerveillé. Oui, émerveillé comme les amoureux qui se donnent un
premier baiser. Malheureusement, eux non plus ne connaissent pas ce
secret, et alors déjà au deuxième ou au troisième baiser, ils ne sentent plus
le même émerveillement, ils sont blasés.

Donc, le secret, c’est de s’efforcer de tout voir comme si c’était la première


fois. Non seulement vous découvrirez réellement quelque chose de
nouveau, mais vous goûterez de nouvelles joies. Les gens se croient très
intelligents, très renseignés : ils ont tout vu, tout connu, tout compris, ils
jettent sur tout ce qui les entoure un regard superficiel, c’est pourquoi ils
n’apprennent plus rien. Vous respirez, vous mangez, vous buvez… faites
comme si c’était la première fois et tout vous paraîtra succulent. Souvent, à
table, vous m’entendez m’exclamer : « Ah ! jamais je n’ai mangé quelque
chose de pareil ! » et vous êtes étonnés, parce que vous voyez que je ne
mange vraiment rien d’extraordinaire. En réalité, si chaque repas m’offre
une nourriture nouvelle, unique, c’est simplement parce je l’accueille avec
de nouvelles pensées, et mon organisme la reçoit autrement. Essayez vous
aussi : vous vous sentirez plus vivants, plus jeunes et joyeux.

Et pourquoi je suis toujours émerveillé de vous voir ? Parce que là encore je


ne cesse de vous regarder comme si c’était la première fois, et vous me
paraissez toujours nouveaux, intéressants… magnifiques ! Faites la même
chose avec les êtres qui vous entourent : votre mari, votre femme, vos
enfants, vos amis. Vous me direz qu’il faut posséder un grand pouvoir
d’autosuggestion pour trouver nouveau, nouvelle, un mari ou une femme
dont on s’est depuis longtemps lassé ! Certainement, mais si vous
persévérez, si vous cherchez vraiment, la suggestion deviendra réalité. Et
quand je vous parle, au lieu de penser que vous en avez assez d’entendre
394
toujours les mêmes vérités, dites-vous : « Ah ! je n’avais encore jamais
entendu ça ! » C’est ainsi que vous progresserez, parce que vous les
entendrez autrement. Un homme vient de mourir à cent vingt ans. J’aurais
voulu lui demander si ce n’est pas ce secret qui l’a maintenu si longtemps
en vie : voir les êtres et les choses comme si c’était la première fois.

Émerveillez-vous chaque jour des êtres et des choses qui vous entourent

; non seulement vous comprendrez que vous ne les connaissiez pas, mais
encore c’est ainsi que vous deviendrez créateurs comme votre Père céleste
qui vous a faits à son image. Voilà ce que signifie aussi « être ouvrier avec
Dieu ». Pensez que chaque jour tout est nouveau comme au premier matin
du monde. Pour ce travail de création, je vous l’ai dit, le lever du soleil nous
donne les meilleures conditions. Commencez déjà par regarder plus
attentivement le chemin sur lequel vous marchez, et tellement de détails que
vous n’aviez pas encore vus vous apparaîtront !

Dans la Table d’Émeraude d’Hermès Trismégiste on lit cette phrase


mystérieuse : « Le soleil est son père, la lune est sa mère, le vent l’a porté
dans son ventre et la terre est sa nourrice. » Par sa lumière le soleil donne
les germes. La lune, c’est l’éther qui reflète et renvoie cette lumière. Le
vent transporte les germes, et la terre, c’est nous qui devons nous nourrir
des rayons du soleil pour ensuite les nourrir à notre tour comme la mère
nourrit son enfant. Car c’est à nous aussi de leur donner quelque chose de
notre propre substance, afin qu’ils croissent et grandissent en nous. Chaque
jour nous recevons du soleil lumière, chaleur et vie et nous devons les
alimenter jusqu’au lendemain pour qu’elles pénètrent profondément en
nous. Hommes ou femmes, nous sommes comme la mère dans le sein de
laquelle s’accomplit le travail de gestation. Chacun doit soutenir, aider,
nourrir ce que le soleil lui a confié. 5 Mais voilà, c’est triste, que
d’avortements encore

Combien d’êtres négligent ou même rejettent ce qui a été déposé dans leur
âme ! C’est pourquoi ils ont si peu d’enfants : si peu d’idées, si peu
d’inspirations. Pour peupler la terre d’enfants ailés, angéliques, nous devons
nourrir les germes que le soleil dépose en nous. Vous pensez que ce que je
vous dis là n’est que symbolique. Non, c’est réel. Et même si on le
considère comme symbolique, il faut savoir que les symboles sont des
représentations de la réalité. Il n’y aurait pas de symboles s’il n’existait pas
en haut une réalité qui les soutient. Les symboles sont tirés de la réalité.

Sans réalité, pas de symboles.

395

« Nous sommes ouvriers avec Dieu »… Cette parole de saint Paul est à la
fois facile et difficile à comprendre. Elle nous parle d’un travail que nous
pouvons réaliser en commençant par être plus attentifs aux objets qui nous
entourent. Prenez un objet et donnez-lui votre amour. Dites-lui : « Voilà, je
te place ici, tu purifieras l’air, tu chanteras… »

Vous avez lu que dans l’Égypte ancienne les prêtres préparaient des objets
qu’ils déposaient dans les tombeaux afin d’aider les défunts. Ils utilisaient
pour cela des techniques spéciales et prononçaient des formules qu’il n’est
pas nécessaire que je vous révèle. Sans connaître ces formules vous pouvez
déjà commencer à faire un travail avec les objets. Et parce que vous les
regarderez comme des êtres vivants, vous comprendrez mieux aussi ces
histoires qu’on raconte sur des icônes, des statues qui saluaient,
s’inclinaient, parlaient, souriaient, pleuraient. Même si vous ne les voyez
pas bouger, même si vous ne les entendez pas parler, un lien réel s’établira
entre ces objets et vous. Ils vous soutiendront dans vos efforts pour créer un
monde nouveau, ils vous accompagneront sur le chemin de la lumière, et
c’est encore ainsi que vous deviendrez ouvriers avec Dieu…

Références bibliques

1. « Nous sommes ouvriers avec Dieu » – Paul, Première épître aux


Corinthiens 3 : 9

2. L’homme créé à l’image de Dieu – Genèse 1 : 26

« Nous sommes le temple du Dieu vivant »


« Car nous sommes le temple du Dieu vivant », écrit saint Paul dans sa
deuxième épître aux Corinthiens.1 Et dans un autre passage : « Ne savez-
vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’esprit de Dieu habite en
vous ? »2.

La manière la plus simple de présenter l’être humain est de dire qu’il est
constitué d’un principe matériel, le corps physique, et d’un principe subtil,
l’esprit. Mais toute son histoire révèle qu’il a très rarement su quelle place
accorder à l’un et à l’autre : les relations que doivent entretenir l’esprit et le
corps sont pour lui, depuis l’origine, une des questions les plus difficiles à
résoudre.

Des penseurs dits idéalistes, des ascètes, des mystiques, ont écrit et 396

répété que le corps est le tombeau de l’esprit. En méprisant leur corps, en le


maltraitant même, ils croyaient libérer leur esprit. Quelques-uns, doués
d’une grande volonté, d’une grande puissance mentale, y sont parvenus,
mais les autres… Il faut apprendre à mieux raisonner. Si le corps physique
était un tel handicap, un tel fardeau, s’il s’opposait à ce point à leur
évolution, pourquoi l’Intelligence cosmique envoie-t-elle les humains
s’incarner sur la terre ? Ils devraient rester en haut, de purs esprits… S’ils
négligent leur corps physique sous prétexte de se consacrer aux nobles
fonctions de l’intellect, de l’âme et de l’esprit, ces fonctions aussi finissent
par s’affaiblir et péricliter en eux.

En réalité, ce qui empêche la manifestation de l’esprit chez les humains, ce


n’est pas tellement leur corps physique, mais plutôt cette carapace fluidique
faite des désirs, des convoitises et des tiraillements de leur nature inférieure.
C’est elle qui se dresse comme un obstacle entre leur esprit et leur corps
physique. Si elle n’était pas en train de créer continuellement toutes sortes
de miasmes et de fumées, leur esprit aurait la maîtrise parfaite de leur corps.

Un temple est un édifice, une construction. Puisque l’esprit est immatériel,


ce n’est pas lui qui peut être le temple de Dieu ; l’esprit est l’officiant dans
le temple, celui qui célèbre la cérémonie. C’est le corps physique qui est le
temple, et c’est sur lui que nous devons travailler. Un simple regard sur sa
structure, son fonctionnement, suffit pour découvrir avec quelle ingéniosité,
quelle sagesse il a été construit. Comment penser qu’il serait non seulement
inutile, mais même nuisible à notre épanouissement psychique et spirituel ?
L’Intelligence cosmique nous a donné tellement de moyens d’agir sur notre
corps physique pour faire de lui le porte-parole de l’esprit, l’instrument de
l’esprit ! Lorsque nous apprendrons à les utiliser, toutes les merveilles de
l’univers se révéleront à travers lui, car notre corps est lui-même construit à
l’image de l’univers.

Il n’y a pas notre esprit d’un côté et notre corps physique de l’autre.

Notre esprit a pour première mission de travailler sur notre corps, et ensuite,
grâce au corps, de travailler sur la terre entière, car la terre est d’une
certaine façon le prolongement de notre corps. On dirait que les humains
n’ont aucune idée de ce qu’ils viennent faire sur la terre. Pourtant, au plus
profond d’eux-mêmes ils le savent, ils savent qu’ils sont descendus pour
devenir des créateurs par la puissance de leur esprit. L’Intelligence
cosmique a inscrit ce programme en eux. Mais pris dans les pesanteurs de la
matière, ils l’oublient et ils s’en retournent après avoir davantage détruit
397

que construit, à commencer justement par leur propre corps. Vous direz
qu’à l’heure actuelle les humains ont bien compris l’importance du corps
physique. Oui, mais tout le temps qu’ils passent à l’entretenir, tout le soin
qu’ils mettent à lui procurer le confort, les plaisirs et les moyens de paraître
séduisant, attirant, est-ce pour faire de lui un temple du Dieu vivant ?…

Il existe des temples, des églises, des cathédrales, ce sont des lieux que les
chrétiens ont consacrés en les dédiant à la Vierge Marie, à des saints.

Mais aucun édifice sacré ne peut se comparer à un corps que l’homme a


purifié, illuminé, sanctifié, afin qu’il devienne une demeure de la Divinité.

Combien de temps faudra-t-il encore pour que les humains en acceptent au


moins l’idée ? En mettant continuellement leur corps au service de leurs
convoitises, ils en font une écurie, une basse-cour remplie d’immondices.

Comme le Temple de Jérusalem à l’époque de Jésus : les marchands y


avaient amené les boeufs, les brebis, les pigeons qu’ils vendaient pour les
sacrifices, et cela ne choquait apparemment personne. Mais Jésus prit des
cordes, il en fit un fouet et il chassa tous ces marchands en disant : « Ôtez
cela d’ici, ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »3

Et vous aussi, veillez à ne pas faire de votre corps un repaire d’animaux, car
ce n’est évidemment pas le Seigneur qui viendra l’habiter, mais des entités
inférieures, des indésirables qui apprécient beaucoup cette compagnie.

Depuis des siècles, pour se justifier de ne pas pouvoir résister aux


tentations, les chrétiens répètent que « la chair est faible ». Non, en réalité la
chair, c’est-à-dire le corps, est neutre, il n’est que l’intermédiaire par lequel
nous réalisons nos pensées, nos sentiments, nos désirs. Non seulement il ne
nous oblige pas à commettre des erreurs ou des excès, mais c’est grâce à lui
que nous pouvons entreprendre des oeuvres magnifiques ; il est même le
meilleur instrument de notre évolution. Dans notre corps physique
l’Intelligence cosmique a placé tous les éléments dont nous avons besoin
pour retrouver l’ordre et l’harmonie célestes. Par sa structure même, il est
un livre ouvert qui nous enseigne comment nous approcher du Créateur, car
il est le reflet de sa sagesse, de son amour, de sa beauté.

Par l’intermédiaire de ses corps subtils, l’être humain est en relation avec
l’univers entier et il participe à tous les événements qui s’y produisent.

Vous direz : « Mais comment se fait-il que nous n’en sachions rien ? »
Parce que votre cerveau n’est pas encore suffisamment exercé pour
transmettre à la conscience les impressions qu’il reçoit. Et l’état de votre
cerveau dépend de l’état de tout votre organisme physique. C’est donc de
votre corps 398

physique que vous devez vous occuper pour faire de lui un meilleur
instrument de perception. Votre esprit, qui est omniscient, tout-puissant
comme Dieu, n’a pas besoin qu’on lui apporte quoi que ce soit ; c’est sur la
matière de votre corps que vous devez travailler pour que l’esprit puisse se
manifester à travers lui.

La spiritualité ne consiste pas à avoir uniquement des activités dites


spirituelles, comme la méditation, la prière ou l’étude. Ce qui caractérise le
spiritualiste, c’est le but qu’il donne à toutes ses occupations, et ce but doit
être la réalisation d’une idée, d’un idéal supérieur. C’est pourquoi, quand on
voit que de plus en plus de personnes s’adonnent à des pratiques spirituelles
pour dominer les autres, les séduire, obtenir le succès, l’argent, la gloire,
etc., il y a de quoi s’attrister et s’indigner. Dans la vie spirituelle l’essentiel,
c’est l’intention, le but. Ainsi, n’importe quel acte de la vie quotidienne
peut être spiritualisé si on sait comment y introduire un élément de l’esprit.

« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu ? » Non, évidemment,


la plupart des humains ne le savent pas… Un temple doit être construit avec
les meilleurs matériaux, les plus solides, les plus précieux, afin que tout en
lui parle le langage de la pureté et de la lumière. Et c’est là encore que la
nutrition prend toute son importance. En mangeant, vous contribuez à la
construction, à l’entretien et à la restauration de votre corps, votre temple.
Donc, si pendant les repas vous apprenez à vous concentrer sur la nourriture
afin d’en retirer les particules de vie divine qu’elle contient, vous travaillez
à renouveler sa matière. Et pas seulement manger, mais encore respirer, se
laver, dormir, tout peut contribuer à faire de votre corps un temple de Dieu.
Tâchez d’en prendre de plus en plus conscience chaque jour. Et surveillez
aussi vos pensées, vos sentiments, vos désirs, tout ce qui entre en vous
comme ce qui en sort. Car les pensées, les sentiments, les désirs sont des
nourritures.

Ce temple de Dieu dont vous entreprenez la construction restera encore


longtemps invisible, car il est le résultat d’un travail intérieur de très longue
haleine. Mais, un jour, la lumière qui se dégagera de votre visage et de tout
votre être révélera que le Seigneur a fait de vous sa demeure. Il viendra y
habiter avec ses anges, et le temple de votre corps vibrera à l’unisson avec
le temple immense de la Nature.

Le Seigneur est partout, la nature entière est sa demeure et son temple. Et


nous, en travaillant à la construction de notre propre temple, par la loi de
399

l’affinité nous entrons en relation avec tous les autres temples qui sont
innombrables dans l’univers. Ainsi, nous commençons à vivre dans la
conscience cosmique, à partager la vie du Créateur.

Références bibliques
1. « Car nous sommes le temple du Dieu vivant » – Paul, Deuxième épître
aux Corinthiens 6 : 16

2. « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu ? » – Paul,


Première épître aux Corinthiens 3 : 16

3. « Ôtez cela d’ici » – Évangile de Jean 2 : 16

« Nous n’avons pas à lutter

contre des adversaires de chair et de sang »

Quand le Maître Peter Deunov commença à donner son enseignement à


Sofia, il suscita beaucoup d’oppositions de la part de certains membres du
clergé orthodoxe, mais aussi du gouvernement. Et comme nous, ses
disciples, nous lui demandions ce que nous devions faire pour le défendre et
défendre aussi la Fraternité, il nous répondit par cette citation de saint Paul
dans l’ Épître aux Éphésiens : « Nous n’avons pas à lutter contre des
adversaires de chair et de sang, mais contre les princes du monde des
ténèbres, contre les esprits du mal… »1 Qu’a voulu dire saint Paul, et que
voulait nous faire comprendre le Maître en le citant ?

Les adversaires de chair et de sang, ce sont évidemment les humains.

Mais quand ils nous font du mal, ce n’est pas vraiment eux qui cherchent à
nous nuire, mais les entités mauvaises qui se manifestent à travers eux. Or,
ces entités se déplacent, et après s’être servies de telle ou telle personne
pour réaliser leurs mauvais desseins, elles la quittent et en cherchent une
autre… Il est donc possible que la personne qui s’est manifestée comme
une ennemie se manifeste ensuite différemment et qu’elle regrette même ses
actes ; il peut aussi arriver qu’elle ne s’en souvienne même pas. Il n’est
donc pas raisonnable de lui garder rancune ou de vouloir se venger d’elle.

Si vous ripostez, elle aussi ripostera, et ce sera tout un engrenage auquel on


finira par ne plus rien comprendre, chacun accusant l’autre d’avoir
commencé les hostilités.
400

Vous direz : « C’est donc contre des esprits que nous devons lutter…

Mais comment ? » En cultivant des qualités et vertus qui les empêcheront


d’avoir prise sur vous. Même s’ils continuent à vous poursuivre, ils ne vous
atteindront pas ; les acquisitions que vous aurez faites dans le plan spirituel
seront comme un rempart autour de vous. En tout cas, ce n’est pas parce
que vous mettrez une distance entre vous et les personnes qui vous sont
hostiles, que vous serez nécessairement débarrassés des esprits qui veulent
vous nuire. L’éloignement vous donnera un moment de répit, mais ces
mêmes esprits trouveront d’autres personnes au travers desquelles ils
continueront à vous poursuivre. Aussi longtemps que vous conservez de
mauvaises habitudes, des faiblesses qui les attirent et leur servent de
nourriture, même si vous allez au bout du monde, vous ne vous sauverez
pas.

Les humains sont des médiums inconscients. Ils peuvent s’en prendre à
vous sans même savoir pourquoi, et vous aussi vous pouvez ignorer
pourquoi vous vous en prenez à eux. Ce sont là des phénomènes qui
échappent à la conscience ordinaire. Une personne qui s’est montrée hostile
envers vous peut venir, quelque temps après, vous apporter son aide, car des
esprits d’une autre nature seront à son insu entrés en elle. Mais elle vous
aidera seulement si vous ne lui gardez pas rancune pour le mal qu’elle vous
a fait, et que vous ne ruminiez pas contre elle des projets de vengeance, car
elle le sentirait. S’il vous arrive de la rencontrer, faites comme si rien de
négatif ne s’était passé. C’est peut-être difficile à admettre, mais c’est la
réalité : les humains sont le plus souvent des instruments inconscients de
forces obscures, et on ne peut pas les juger sur une parole ou sur un acte.

Pour se protéger des humains, il faut d’abord apprendre à se protéger des


esprits malfaisants qui se sont installés en eux, et donc être bien armé. Je
me souviens que lorsque j’étais un jeune disciple auprès du Maître Peter
Deunov en Bulgarie, il arrivait qu’il me demande : « Mikhaël, est-ce que
ton épée est bien affûtée ? » C’est maintenant seulement que je comprends
la signification de cette question… Maintenant que je dois me défendre,
défendre mes amis et défendre l’enseignement de certaines attaques, je la
comprends, et mon épée, c’est la parole. Est-elle bien affûtée ? On le saura
un jour. Tellement de forces hostiles cherchent à s’introduire dans les
humains pour détruire le travail que nous faisons ici pour l’avènement du
Royaume de Dieu ! Elles font d’eux leurs instruments, ce sont donc elles
que nous devons combattre, et là, les prières, les invocations sont aussi des
armes. Pour nous soutenir dans notre lutte, nous devons faire appel aux
puissances d’en haut afin qu’elles agissent à travers nous. Avec nos seules
401

forces nous n’y arriverons pas.

Derrière un ennemi physique, c’est toujours un esprit qui est à l’oeuvre.

Le combat que nous devons mener est donc d’une nature beaucoup plus
subtile. Il faut laisser les ennemis tranquilles, ne pas chercher à leur nuire,
mais seulement nous exercer intérieurement, nous renforcer, cultiver des
qualités de pureté, de bonté, de patience, afin d’attirer l’aide des entités
lumineuses. Quand elles viendront, elles chasseront les entités ténébreuses
qui se servent de nos ennemis, et elles s’installeront à leur place. Alors, un
jour les mêmes personnes qui s’étaient manifestées comme des adversaires
se conduiront comme des amies, et elles nous aideront dans notre travail
pour le Royaume de Dieu, pour la fraternité universelle. C’est déjà arrivé
plusieurs fois.

Référence biblique

1. « Nous n’avons pas à lutter contre des adversaires de chair et de sang » –


Épître de Paul aux Éphésiens 6 : 12

« Ce qu’on voit

n’a pas été fait de choses visibles »

« C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la
parole de Dieu, en sorte que ce qu’on voit n’a pas été fait de choses
visibles. »1
En écrivant dans son Épître aux Hébreux : « Nous reconnaissons que le
monde a été formé par la parole de Dieu », saint Paul nous rappelle le début
du livre de la Genèse où les différentes étapes de la Création sont chaque
fois annoncées par « Et Dieu dit. »2 Il nous rappelle aussi le début de l’
Évangile de saint Jean : « Au commencement était le Verbe… tout ce qui a
été fait a été fait par Lui. »63 Et saint Paul conclut : « en sorte que ce qu’on
voit n’a pas été fait de choses visibles ».

Au premier abord le monde autour de nous, ce monde que nous pouvons


voir, toucher, mesurer, nous paraît être la seule réalité. Non, même si on ne
peut pas nier qu’il soit une réalité, il n’est pas toute la réalité. Il est
seulement la concrétisation, la matérialisation d’un monde invisible où
circulent des forces, des courants, des entités. La vraie réalité n’est pas 402

accessible à nos cinq sens.

Que savons-nous d’un être humain ? On peut décrire son corps physique, le
toucher, mais l’entité qui a formé ce corps, qui l’habite et qui fait qu’il est
vivant, il est impossible de la décrire et de la toucher. Un homme est là
étendu sur le sol, il est visible, il est palpable, mais voilà qu’il est mort :
c’est donc que quelque chose d’invisible l’a quitté, ce « quelque chose »

qui le faisait marcher, parler, aimer, penser… Et vous pouvez déposer à côté
de lui toute la nourriture et tous les trésors du monde en lui disant : «

C’est pour toi, tout ça, mon vieux, réjouis-toi ! » rien à faire, il ne bouge
pas.

Le monde visible ne serait rien s’il n’était pas soutenu, animé par le monde
invisible. À l’origine du visible, il faut toujours chercher l’invisible.

Et si le monde physique existe pour nous, si nous pouvons voir le ciel, le


soleil, la terre, c’est grâce à ce principe invisible en nous qui nous permet
d’en prendre connaissance à travers ces organes physiques que sont nos
yeux. Si ce principe invisible n’était pas là en nous, nos yeux qui sont là ne
nous serviraient à rien, nous n’y verrions pas. Le monde visible n’est que
l’enveloppe, l’écorce du monde invisible sans lequel nous ne pourrions rien
connaître de tout ce qui existe autour de nous.
On ne voit pas la vie, mais les manifestations de la vie ; on ne voit pas les
pensées et les sentiments, mais leurs différentes expressions à travers les
actes et les créations qu’ils inspirent. De la même façon, le monde que nous
connaissons ne représente que des condensations, des sécrétions, des
enveloppes de l’Être invisible qui a créé l’univers et qui le vivifie. « Ce
qu’on voit n’a pas été fait de choses visibles », comme l’écrit saint Paul. Et
ce que l’on voit est toujours peu de chose en comparaison de ce que l’on ne
voit pas. Tout ce qui nous entoure nous révèle les limites de ce que l’on voit
et l’immensité de ce que l’on ne voit pas.

Imaginons maintenant que nous assistions à la création du monde. Même


s’il est impossible de savoir exactement comment l’univers est apparu, tous
les grands esprits qui ont pu s’élever assez haut pour recevoir des réponses
et les approfondir, disent qu’à l’origine régnait un état de non-activité que
l’on a assimilé au repos, au sommeil. Cet état de non-activité était en réalité
animé d’un mouvement puissant, et l’image qui peut nous en donner la
meilleure idée est celle d’une roue qui tourne si vite qu’elle semble
immobile. Dieu, pour créer, est sorti de cet état de repos apparent dans
l’immensité infinie. Il a projeté hors de Lui-même une substance que la 403

Genèse appelle « la lumière ». Mais cela ne signifie pas non plus qu’avant
la lumière régnaient les ténèbres.

Dans le plan physique, nous appelons lumière ce qui permet à nos yeux de
voir. Quand ils ne voient pas, nous parlons d’obscurité, d’ombre, de nuit.

Mais nous ne pouvons jamais dire si les ténèbres sont véritablement


ténèbres, ou bien si elles nous apparaissent telles à cause de notre incapacité
à voir. Comment savoir si elles ont ou non une réalité ? Les Initiés qui ont
voulu instruire les humains sur les mystères du Créateur et de la création,
enseignent que la lumière est sortie des ténèbres. Au début du livre de la
Genèse il est écrit : « La terre était informe et vide. Il y avait des ténèbres à
la surface de l’abîme et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut. »74

Ces « ténèbres » évoquées dans la Genèse, ce sont elles que les kabbalistes
appellent Aïn Soph Aur : lumière sans fin, un espace comme un voile tendu
au-delà duquel on ne peut pas pénétrer. C’est l’Absolu, le Non-manifesté.
Or, comme toute création suppose une limitation, le Créateur a dû s’imposer
des limites. 8 Il est sorti de cet état d’infinie dilatation, Il a condensé une
partie de sa substance pour former un réceptacle, Kéther, la première
séphira sur l’Arbre de la Vie, qu’Il a remplie de ses émanations.

Débordant de Kéther, la lumière divine s’est déversée dans Hohmah, la


deuxième séphira, puis dans Binah… et ainsi de suite jusqu’à la dixième
séphira Malhouth. De Kéther à Malhouth, l’univers a été créé par
émanations et condensations successives. Ainsi Kéther, Hohmah, Binah,
Hessed, Guébourah, Tiphéreth, Netsah, Hod, Iésod, Malhouth représentent
différentes phases de la matérialisation de la lumière originelle.

404
Notre terre appartient à la région de Malhouth dont elle est l’émanation la
plus matérielle. Toutes les existences visibles qui la peuplent, les humains,
les animaux, les végétaux et les minéraux, ne sont que des formations, des
condensations de la quintessence divine que nous ne voyons pas et dont
nous ne savons rien… ou si peu ! C’est pourquoi, si derrière le visible nous
nous habituons à chercher l’invisible, nous nous approcherons de ce qu’est
la réalité, et nous apprendrons beaucoup.

Et saint Paul écrit aussi que la foi est « une démonstration des choses qu’on
ne voit pas. »5 La foi nous ouvre en effet l’accès à un monde inconnu,
infiniment vaste, et peu à peu ce qui nous était inconnu nous devient connu
: 405

nous savons. Il ne faut donc pas opposer foi et savoir ; la foi ouvre le
chemin pour l’acquisition de nouvelles connaissances. On peut dire que la
foi est un espace infini, et dans cet infini le savoir étend toujours plus son
territoire. C’est la foi qui sonde l’infini, qui l’explore et nous y fait pénétrer
toujours plus avant. Ainsi, notre connaissance des réalités spirituelles
augmente grâce à notre foi.

La foi précède toujours le savoir, c’est elle qui pratique des ouvertures et
nous permet d’avancer. Pour parvenir au savoir, nous devons commencer
par croire. Quand nous savons, nous n’avons plus besoin de croire. La foi
nous porte vers un objet que nous ne connaissons pas encore, et c’est ainsi
que, peu à peu, elle nous conduira vers la connaissance parfaite.

Références bibliques

1. « C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été créé par la
parole de Dieu » – Paul, Épître aux Hébreux 11 : 3

2. « Et Dieu dit » – Genèse 1 : 3, 6, 9, etc.

3. « Au commencement était le Verbe » – Évangile de Jean 1 : 1

4. « La terre était informe et vide… » – Genèse 1 : 2-3

5. « La foi est une démonstration des choses qu’on ne voit pas » – Paul,
Épître aux Hébreux 11 : 1

La descente de Jésus aux enfers

Ce sont quelques mots de saint Paul dans l’ Épître aux Éphésiens qui ont
inspiré la croyance qu’avant de ressusciter des morts et de retourner auprès
de son Père, Jésus était descendu aux enfers afin d’y libérer des âmes. Il est
écrit : « Étant monté dans les hauteurs, il a emmené des captifs… Or, que
signifie « il est monté », sinon qu’il est aussi descendu dans les régions
inférieures de la terre ? »1 Cet article de foi est donc traditionnellement
enseigné aux chrétiens.

En réalité, si on peut dire que Jésus est descendu aux enfers, c’est que,
comme tous les grands Initiés, il a dû se mesurer avec les puissances du
mal. Les véritables Initiés ne se contentent pas de connaître le bien et de
travailler avec lui, ils explorent aussi le mal, ils « descendent aux enfers9 ».

Longtemps ils se préparent et, une fois bien armés, en prenant de grandes
406

précautions, ils décident d’affronter ces régions et leurs habitants. C’est là


que la formule « savoir, vouloir, oser, se taire » qu’ils se transmettent de
siècle en siècle prend tout son sens. Une fois qu’il sait, l’Initié a la volonté
d’agir. Il ose alors entreprendre cette descente aux enfers pour affronter les
puissances du mal. Et quand il a remporté la victoire, il se tait, parce qu’il
est dangereux de parler des enfers à ceux qui ne sont pas prêts à entendre.

Il ne faut jamais oublier que la réalité est double : il y a le pur et l’impur, le


lumineux et le ténébreux, le bien et le mal ; et le vrai savoir doit
comprendre les deux. Évidemment, tant qu’on n’a pas acquis de
connaissances suffisantes, qu’on ne s’est pas suffisamment exercé pour
acquérir les vrais pouvoirs, il vaut mieux ne pas aller explorer les enfers, et
je ne vous conseille pas d’essayer. Je vous explique seulement que, comme
Jésus, les plus grands Initiés sont ceux qui ont été capables de descendre
jusque-là et de remonter.

Le problème du mal dépasse l’entendement humain, et c’est pourquoi on ne


peut le résoudre par le raisonnement. En vérité, le mal n’existe réellement et
n’est réellement redoutable que parce que les humains ne sont pas encore
capables de l’utiliser. Mais pour les fils de Dieu, les Initiés, les grands
Maîtres, le mal est une matière précieuse, riche, qu’ils ont appris à exploiter
afin de réaliser de grandes choses. Parce qu’ils sont très forts, très purs, ils
osent s’attaquer au mal en plongeant dans les profondeurs obscures de leur
être, et ils en rapportent des trésors. Ils sont comme les pêcheurs qui
plongent dans l’océan à la recherche d’huîtres perlières en sachant éviter les
algues, les pieuvres et les requins. Ensuite, quels que soient les humains
qu’ils rencontreront, rien de ce qu’ils découvrent dans les abîmes de leur
subconscient ne peut plus les effrayer. Mais laissons cela.

Pour avoir des notions plus exactes sur ce que la religion chrétienne a
appelé les enfers, ou l’Enfer, il suffit d’observer comment les choses se
passent dans la vie quotidienne. Toutes les créatures ont besoin, pour
subsister, de manger et de boire, mais ensuite elles doivent éliminer des
déchets, tous les éléments qui ne sont plus utiles à leur organisme. Pourtant,
ces éléments se trouvaient dans une nourriture et des boissons qui étaient
saines, fraîches, puisqu’elles leur ont permis de se maintenir en vie et en
santé. C’est là un fait sur lequel il vaut la peine de s’arrêter : quelle que soit
la qualité de ce que nous mangeons et buvons, il y a des déchets à évacuer,
et ils sont expédiés dans des endroits déterminés. Ce sont là des processus
que l’on retrouve dans tous les plans et à tous les niveaux de la création.

Ainsi, l’Enfer, dont la chrétienté a tellement parlé depuis des siècles et 407

qu’elle a dépeint sous des formes et des couleurs effrayantes, est en réalité
le lieu où se déverse « le mal », c’est-à-dire les déchets rejetés par toutes les
créatures dans l’univers. C’est donc un endroit très nécessaire.

Et voici un autre exemple. Chaque jour les gens doivent se débarrasser d’un
certain nombre de détritus, d’ordures, de matières inutiles. Ils ne les gardent
pas près d’eux, ils les mettent dans des poubelles, et puis dans des
décharges où on les enterre, ou dans des incinérateurs où on les brûle.

Alors, si les humains ont trouvé des solutions pour se débarrasser des
matières inutiles ou polluées, comment imaginer que l’Intelligence
cosmique n’a pas été capable d’en faire autant ?

L’Enfer n’est rien d’autre que le dépôt de toutes les matières qui sont
rejetées. Mais une fois rejetées, ces matières ne sont pas abandonnées et
oubliées. De puissantes entités descendent dans ce dépôt afin d’y recueillir
des éléments qu’elles réutiliseront pour leurs travaux. Ce que nous appelons
aujourd’hui « recyclage », la nature l’a toujours pratiqué : elle envoie les
matériaux pollués à « la station d’épuration », car pour elle rien ne doit
rester inemployé. Une fois débarrassés de leurs impuretés, ces matériaux
serviront pour d’autres créations.
Donc, même l’Enfer est utile, même l’Enfer a sa place dans l’économie
cosmique. Une telle idée choquera évidemment tous ceux qui préfèrent se le
représenter comme un lieu où de malheureux pécheurs, jetés dans les
flammes, sont condamnés à subir les pires supplices pendant l’éternité. Ils
ne se rendent pas compte à quel point cette croyance contredit l’amour de
Dieu. Oui, car Dieu ne rejette jamais définitivement aucune créature. Et elle
contredit aussi sa sagesse : puisque Dieu est sage, Il ne laisse rien perdre,
tout est utile dans sa création et tout est utilisé.

Voilà encore un domaine à approfondir : les lois de l’économie cosmique.


Comme dans le plan physique, les éléments impurs du plan psychique sont
envoyés dans un endroit où des entités s’occupent de les transformer. C’est
ainsi que de l’autre côté sortent des courants d’énergie pure. L’Enfer n’est
pas un espace clos où ce qui entre ne ressort plus. Il y a tout un système de
tuyaux, de canalisations par où ressortent les matières une fois qu’elles ont
été purifiées. Vous êtes étonnés ? Non, il ne faut pas être étonné, l’Enfer
n’est pas un cul-de-sac qui n’aboutit à rien : les courants du mal retournent
par des chemins déterminés pour alimenter, arroser, fertiliser des régions
encore inconnues. Ce ne sont donc pas toujours les mêmes éléments impurs
qui s’accumulent et stagnent dans l’Enfer, il arrive sans cesse de nouveaux
déchets qui remplacent ceux qui ont été traités. Tous les éléments qui ne
vibrent pas à l’unisson avec 408

l’harmonie cosmique sont rejetés vers ce lieu, que Jésus a appelé « les
ténèbres extérieures » ou « les ténèbres du dehors ». Dans ce sens on peut
dire que l’Enfer est un lieu retranché de la lumière divine. Mais les
matériaux en ressortent renouvelés pour être remis dans les circuits de la
vie.

De nos jours, les croyants ne sont plus tellement impressionnés quand


l’Église les menace du feu et des châtiments de l’Enfer. Mais celui qui
aborde la Science initiatique est obligé d’étudier cette question et, d’une
façon plus générale, la question de l’au-delà. Cela commence par la
connaissance des relations qui existent entre l’homme et l’univers. Comme
l’univers, l’homme est composé de régions : ses corps physique, astral,
mental, causal, bouddhique et atmique par l’intermédiaire desquels il est en
relation avec toutes les régions de l’espace. (Voir Tableaux récapitulatifs)
Selon la nature de ses pensées, de ses sentiments, de ses désirs et de ses
actes, il entre en contact avec le monde de la lumière ou celui des ténèbres.

À sa mort, l’homme quitte seulement son corps physique. Si pendant son


existence il s’est efforcé de dominer les manifestations de sa nature
inférieure, il a purifié son corps astral et, par la loi de l’affinité, il se dirige
alors vers le plan astral supérieur qui est un monde de beauté et de joie.

Sinon, il est entraîné vers l’astral inférieur où il souffrira.

Avant d’être des régions de l’espace où l’homme ira souffrir ou se réjouir


après sa mort, ce que les chrétiens ont appelé l’Enfer et le Paradis sont
d’abord des régions qui existent en lui. Elles font partie de lui et il ne peut y
échapper. Prenons le cas d’un criminel : pendant son existence terrestre, son
corps physique est comme une carapace qui l’empêche de sentir la réalité
du monde psychique. Mais quand, à sa mort, il est séparé de son corps
physique, il se retrouve dans son corps astral ; là, il est livré sans défense à
son monde psychique, et les tourments qu’il ressent alors ne sont que la
conséquence des conditions qu’il s’est lui-même créées tout au long de sa
vie.

Cet Enfer, dont on parle comme d’un lieu où des créatures sont condamnées
à aller souffrir éternellement après leur mort, n’est donc rien d’autre qu’un
état de conscience que l’homme, pour se purifier, est obligé de vivre dans la
partie inférieure du plan astral, qui correspond à la région obscure de la
séphira Iésod. Une fois purifié par la souffrance, il est libre.

Ainsi, ce que les chrétiens ont appelé l’Enfer n’existe pas, car il n’existe pas
un lieu de châtiments éternels. Seul existe le Purgatoire qui est, comme son
nom l’indique, la région où, pendant un temps plus ou moins long, 409

l’homme va « se purger » de ses fautes, c’est-à-dire se purifier. Et cette


purgation, cette purification s’accompagne évidemment de souffrances.

Tant qu’il est sur la terre, un criminel peut rester indifférent, insensible à ce
qu’il fait subir aux autres, et il peut même réussir à échapper à la justice des
hommes. Mais quand il meurt, il n’échappe pas à la justice divine. Dès
l’instant où il arrive dans le plan astral, il est confronté à tout le mal qu’il a
commis. Puisqu’il n’a plus cette carapace qu’est le corps physique pour le
protéger, il ne peut plus trouver de refuge nulle part et il est obligé de
ressentir intensément ce mal. Ce n’est pas que l’Intelligence cosmique
veuille se venger ou le punir ; non, elle a simplement établi des lois que
chacun doit apprendre à respecter afin d’avancer sur le chemin de la
lumière. S’il transgresse ces lois, il doit passer par des souffrances
identiques à celles qu’il a infligées aux autres. C’est le seul moyen de le
rendre conscient de ses actes et de l’obliger à tirer des leçons pour sa
prochaine incarnation.

Quand l’homme a payé exactement ses dettes, il entre dans la région de


l’astral supérieur, la partie éclairée de Iésod. Là, il vit dans la joie,
l’émerveillement, parce qu’il est récompensé pour tout ce qu’il a fait de bon
quand il était sur la terre. Là, commence pour lui le paradis…

Maintenant, j’ajouterai encore ceci. La véritable évolution de l’homme se


fait sur la terre, pas ailleurs. Celui qui, à cause de ses crimes, est condamné
après sa mort à souffrir longtemps dans les régions de l’astral inférieur, doit
ensuite revenir sur terre pour réparer le mal qu’il y a fait. Car il ne suffit pas
de souffrir, la souffrance n’est pas une réparation pour toutes les fautes qu’il
a commises. Puisque c’est sur la terre qu’il a commis ces fautes, c’est sur la
terre qu’il doit venir les réparer. Il n’y a pas d’autres explications à la
réincarnation. Si l’homme avait déjà expié ses fautes dans l’au-delà,
pourquoi devrait-il redescendre sur la terre ? La loi l’oblige à réparer ses
erreurs dans toutes les régions de l’univers où ces erreurs ont produit des
désordres et des destructions.

Référence biblique

1. « Étant monté sur les hauteurs, il a emmené des captifs. » – Paul, Épître
aux Éphésiens 4 : 9

Jésus, souverain sacrificateur

410
selon l’ordre de Melkhitsédek

« Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l’âme, sûre et


solide ; elle pénètre au-delà du voile, là où Jésus est entré pour nous
comme précurseur, ayant été fait souverain sacrificateur pour toujours
selon l’ordre de Melkhitsédek. »1

Melkhitsédek, dont le nom signifie « roi de justice », est ce personnage


mystérieux dont il est seulement dit, dans la Genèse, qu’il avait apporté le
pain et le vin à Abraham. « Après qu’Abraham fut revenu vainqueur de
Kédorlaomer et des rois qui étaient avec lui… Melkhitsédek, roi de Salem,
fit apporter du pain et du vin : il était sacrificateur du Très-Haut. »2 Et
c’est dans son Épître aux Hébreux que saint Paul, après avoir révélé que
Jésus appartenait à l’ordre de Melkhitsédek, ajoute : « Ce Melkhitsédek, roi
de Salem, c’est-à-dire roi de paix, qui est sans père, sans mère, sans
généalogie, qui n’a ni commencement de jour ni fin de vie

– mais qui est rendu semblable au fils de Dieu – Melkhitsédek demeure


sacrificateur à perpétuité. »3

De par son nom Melkhitsédek est roi de justice, et puisqu’il est roi de Salem
(nom de la même famille que le mot « schalom » : la paix) il est aussi roi de
paix… Mais où se trouve ce royaume de Salem ? Et comment faut-il
comprendre la royauté de Melkhitsédek ? Est-il aussi un roi terrestre ou
uniquement un roi céleste ? Ce que saint Paul dit de lui, de qui l’avait-il
appris ?… Certainement de son maître Gamaliel qui était un grand docteur
de la Loi, car dans la tradition orale des Juifs se transmettait un
enseignement concernant Melkhitsédek.

Melkhitsédek est le représentant de Dieu sur terre, il a la charge


d’accompagner le développement de l’humanité. Sous quelle forme un être
qui n’a ni père, ni mère, ni commencement, ni fin, peut-il exister ? Pour se
manifester, il est nécessaire d’avoir un corps ; et en effet, il a un corps, mais
un corps éthérique qu’il peut matérialiser lorsqu’il décide d’aller au-devant
d’un être humain. Celui qui est le représentant de Dieu sur terre possède la
maîtrise de la matière. Par le pouvoir de son esprit, qui est l’esprit de Dieu
Lui-même, il peut à volonté se former un corps et le désagréger. La matière
lui obéit.
Melkhitsédek est donc cette entité chargée par Dieu d’une mission spéciale
sur la terre. On ignore quand il a reçu cette charge, mais il est toujours là, et
il sera là jusqu’à la fin des temps. Tous les grands Maîtres spirituels
viennent et s’en vont, Melkhitsédek, lui, demeure, et il est 411

l’instructeur des plus grands de tous. Quel que soit l’endroit où ils se
trouvaient, il est allé à leur rencontre. Mais ce sont les régions inviolées de
l’Himalaya qui présentent les meilleures conditions pour entrer en relation
avec lui.

Par ses épîtres, saint Paul a beaucoup contribué à poser les bases du
christianisme, et il révèle quelque chose d’essentiel quand il écrit que Jésus
était « sacrificateur du Très-Haut selon l’ordre de Melkhitsédek ». Celui qui
entre dans un ordre doit se soumettre à une discipline, observer un rituel.
Comment saint Paul qui voyait en Jésus un être tellement sublime peut-il
affirmer qu’il appartient à un ordre ? Il le place ainsi sous l’autorité de
Melkhitsédek. Mais cela ne diminue en rien la grandeur de Jésus. Il faut
comprendre. Jésus est venu s’incarner sur la terre pour montrer aux
humains comment un fils d’homme peut se manifester comme fils de Dieu.
Il avait reçu cette mission de Melkhitsédek, parce que Melkhitsédek
reconnaissait en lui la même élévation, la même lumière.

Mais Melkhitsédek ne descend pas sur la terre prendre un corps parmi les
humains, c’est son esprit qui les instruit et qui pénètre en eux quand ils sont
devenus capables de s’élever jusqu’à lui. Jésus devait venir et repartir, mais
Melkhitsédek demeure, parce qu’il a une autre mission à remplir. Vous direz
que Jésus non plus n’est pas parti, puisqu’il a dit : « Je suis avec vous tous
les jours jusqu’à la fin du monde. »4 Oui, Jésus est toujours là, il continue à
travailler dans le corps éthérique de la terre. Mais Melkhitsédek a une autre
fonction : il instruit tous les grands Maîtres de l’humanité. C’est pourquoi,
suivant les traditions dans lesquelles il est mentionné, il peut être connu
sous d’autres noms. Quand j’étais en Inde, j’ai demandé à des prêtres, à des
yogis : « Votre tradition mentionne certainement un être qui est pour
toujours le représentant de Dieu sur terre… Comment l’appelez-vous ?

» Et ils m’ont répondu : « Oui, dans notre tradition un tel être existe, on le
nomme Markandé. »
Melkhitsédek est l’être le plus mystérieux de la tradition initiatique, mais
nous pouvons penser à lui, nous lier à lui, le prier. Il semble que la
chrétienté lui donne très peu de place. Tellement d’églises ont été dédiées
au Christ, à la Vierge, aux anges, aux apôtres, aux saints ! C’est très bien,
mais comment se fait-il qu’on ait oublié Melkhitsédek, le seul dont on
puisse rapprocher Jésus ? Il est représenté sur une façade de la cathédrale de
Chartres, mais quel visage on lui a donné… effacé, sans expression !

Comment a-t-on pu représenter cet être si grand, si puissant, si lumineux,


sous des traits insignifiants ?

Pour remplir sa mission dans le monde, Melkhitsédek n’est évidemment


412

pas seul : des myriades d’anges, d’archanges, d’esprits de la nature sont à


son service, mais aussi les saints, les prophètes, les Initiés. Et Jésus
appartenait à son ordre. La preuve la plus évidente de cette filiation
spirituelle est la sainte Cène : le dernier repas qu’il prit avec ses disciples et
au cours duquel il renouvela le don du pain et du vin fait par Melkhitsédek à
Abraham.5

Dans les temps anciens, il était de tradition que des prêtres et des prêtresses
aient pour unique fonction d’entretenir dans les temples un feu qui ne devait
jamais s’éteindre. Et à l’heure actuelle encore, il y a dans les églises une
lampe qui brûle jour et nuit. Le feu, la flamme, la lumière dans les
sanctuaires rappellent la présence de la Divinité dans l’univers, mais aussi
en l’homme. Ce feu, c’est l’amour qui, à l’image du soleil, doit sans cesse
brûler dans son coeur. Sur la terre, c’est Melkhitsédek qui entretient ce feu,
et ce feu ne peut être alimenté que grâce au sacrifice. C’est pourquoi il a été
appelé « sacrificateur du Très-Haut ».

Le terme de sacrificateur évoque généralement un personnage terrible qui,


armé d’un glaive, s’apprête à égorger un animal, ou même parfois un être
humain. Non, le sacrificateur véritable est celui qui possède le secret de la
transmutation de la matière, car c’est cela le sacrifice : une transmutation.
Cette transmutation de la matière, qui est la condition même de la vie, ne
peut se faire que par le feu, et surtout par le feu spirituel de l’amour. La vie
n’est possible que grâce au sacrifice, et tout l’enseignement de Jésus,
comme sa vie, a été marqué du sceau du sacrifice. C’est là encore le signe
qu’il se plaçait sous l’autorité de Melkhitsédek, sacrificateur du Très-Haut.

Mais comment Jésus comprenait-il le sacrifice ? La Bible et les Livres


sacrés de toutes les religions mentionnent des sacrifices d’animaux faits à
Dieu ou aux dieux. Ces sacrifices s’expliquent par la connaissance
qu’avaient les Anciens concernant les énergies contenues dans le sang et
leur utilisation comme puissances magiques. 10 Lorsqu’il est écrit dans
l’Ancien Testament que l’odeur des victimes brûlées sur des bûchers était
agréable aux narines du Seigneur, c’était une façon de dire que les énergies
libérées par le sang des animaux et utilisées par les prêtres donnaient
puissance et efficacité à leurs invocations. 11 Mais quand Jésus est venu, il
a voulu amener les humains vers une conception supérieure du sacrifice. Au
lieu d’immoler de pauvres animaux innocents, ils devaient apprendre à
immoler leurs animaux intérieurs : leurs convoitises, leurs passions, leurs
413

vices, car le sacrifice de ces animaux-là libère en l’homme des énergies


encore plus précieuses qui alimentent et renforcent ses corps subtils.

Jésus est venu pour enseigner aux humains que le véritable sacrifice ne
consiste pas à offrir à Dieu quelque chose d’extérieur à soi : des fruits, de la
farine, du bétail… Car même si l’offrande de produits de la terre ou
d’animaux peut marquer une volonté de renoncement, ce n’est quand même
pas un sacrifice aussi essentiel que de renoncer à satisfaire les appétits et les
convoitises de sa nature inférieure qui est le repaire de tous les bestiaux, de
tous les fauves. Nos vices, nos instincts grossiers, voilà les animaux que
nous devons offrir en holocauste. Et de ce sacrifice que nous faisons en les
brûlant au feu de notre autel intérieur, se dégagent des énergies que nous
pouvons mettre au service de la Divinité.

Il existera toujours quelque part sur la terre un feu divin qui ne cesse de
brûler, et c’est Melkhitsédek qui entretient ce feu. Il est lui-même ce feu, et
tous les grands êtres qui se préparent pour la mission spirituelle qui leur est
confiée vont s’allumer à sa flamme.

Références bibliques
1. « Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l’âme » –
Paul, Épître aux Hébreux 6 : 19-20

2. « Après qu’Abraham fut revenu vainqueur de Kédorlaomer » – Genèse


14 : 17-18

3. « Ce Melkhitsédek, roi de Salem » – Épître aux Hébreux 7 : 1-3

4. « Je suis avec vous, tous les jours jusqu’à la fin du monde » – Matthieu
28 : 20

5. La Cène : Jésus renouvelle le don du pain et du vin fait par Melkhitsédek


à Abraham »

– Matthieu 26 : 26-28

1 Voir Part. II, chap. 5 : « Jésus tenté par le diable ».

2 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Prisme ».

3 Voir Part. II, chap. 14 : « Ne vous inquiétez pas du lendemain ».

4 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Ondes : leur circulation dans


l’espace ».

5 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Soleil qui pénètre la terre de


ses rayons »

et « le Soleil – lumière, chaleur et vie ».

6 Voir Part. I : « Au commencement était le Verbe ».

7 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. II-1 : « Au


commencement Dieu créa le ciel et la terre » et chap II-2 : « Que la lumière
soit ! »

8 Op. cit. chap. XVI-1, I : « Lorsque l’Éternel traça un cercle à la surface de


l’abîme ».
9 Etymologiquement, le mot « enfer » désigne le monde d’en bas.

10 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. XII-2 : « Les quatre


cent cinquante 414

prophètes de Baal ».

11 Op. cit. chap. XVIII-1 : « J’ai en horreur l’encens ».

415

Partie V
L’Apocalypse

Dans les années 94-96, sous le règne de l’empereur romain Domitien, saint
Jean fut envoyé en captivité dans l’île de Patmos. C’est là qu’il écrivit aux
sept églises.

416

« Je suis le premier et le dernier, et le vivant »

Saint Jean vivait dans l’île appelée Patmos, lorsqu’il fut un jour « ravi en
esprit ». Il entendit derrière lui une voix forte, et s’étant retourné il vit

« sept chandeliers d’or et au milieu des sept chandeliers, quelqu’un qui


ressemblait à un fils d’homme vêtu d’une longue robe et ayant une ceinture
d’or sur la poitrine. Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine
blanche, comme de la neige ; ses yeux étaient comme une flamme de feu ;
ses pieds étaient semblables à de l’airain ardent comme s’ils eussent été
embrasés dans une fournaise ; et sa voix était comme le bruit de grandes
eaux. Il avait dans sa main droite sept étoiles. De sa bouche sortait une
épée aiguë à deux tranchants ; et son visage était comme le soleil lorsqu’il
brille dans sa force.

« Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il posa sur moi sa
main droite, en disant : « Ne crains point ! Je suis le premier et le dernier,
et le vivant… »1

Depuis deux mille ans, des théologiens, des exégètes cherchent à savoir
quel est le personnage mystérieux qui est apparu à saint Jean, et toutes
sortes de réponses ont été données. Pour les uns, c’est Dieu Lui-même…

Non, car Dieu n’est jamais apparu à un être humain. Pour d’autres, c’est
Jésus… Non plus, car si c’était Jésus, saint Jean qui avait vécu plusieurs
années auprès de lui l’aurait reconnu et appelé par son nom. Or, non
seulement il ne le reconnaît pas, mais il tombe « comme mort » aux pieds
de cet être formidable qui avait une épée dans la bouche et dont les yeux
étaient des flammes. Certains ont aussi pensé que ce devait être un
archange. Non plus.

En réalité le personnage qui est apparu à saint Jean est Melkhitsédek. 1 Il


s’est présenté à lui parce qu’il est le Maître des Initiations et Jésus, dont
saint Jean avait été « le disciple bien-aimé », appartenait à son ordre. On
comprend qu’il y a là une sorte de filiation. Les chandeliers d’or qui
l’entourent révèlent qu’il possède tout le savoir, et les sept étoiles dans sa
main, qu’il a tous les pouvoirs. Une épée flamboyante sort de sa bouche
pour montrer que la puissance du Verbe lui appartient. Les deux tranchants
de cette épée signifient qu’il a la maîtrise des forces du bien et des forces du
mal : il libère les esprits de la lumière et enchaîne les esprits des ténèbres.
Sa parole déclenche les événements, les oriente, les contrôle.

Jésus, « sacrificateur du Très-Haut selon l’ordre de Melkhitsédek »22, 417

comme l’écrit saint Paul dans son É pître aux Hébreux, possédait lui aussi la
puissance du Verbe. C’est par le Verbe qu’il faisait des miracles. À

propos de démoniaques qu’on lui avait présentés, il est dit qu’« il chasse les
esprits par sa parole. »3 Il guérit un lépreux en lui disant : « Je le veux, sois
pur ! »4 Il apaise une tempête en disant à la mer : « Silence, tais-toi !

»,5 etc. Cette puissance du Verbe, Jésus l’a transmise aux apôtres lorsqu’il
leur a dit : « Ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le Ciel, et ce que
vous délierez sur la terre sera délié dans le Ciel. »6

Vous remarquerez que Melkhitsédek ne se présente pas à saint Jean en


donnant son nom. Il dit seulement : « Je suis le premier et le dernier, et le
vivant. » Et à la fin du livre, il dit : « Je suis l’alpha et l’oméga… le
commencement et la fin. »7 Comme l’Apocalypse a été écrite en grec, les
lettres utilisées sont la première et la dernière de l’alphabet grec. En hébreu,
qui est la langue de l’Ancien Testament, ainsi que celle de la Kabbale, ces
deux lettres sont aleph et tav. Mais pourquoi cette mention des lettres de
l’alphabet ? Quelle est la valeur d’une lettre pour qu’un être de la grandeur
de Melkhitsédek se présente en disant : « Je suis l’alpha et l’oméga » ? Cela
doit être interprété en tenant compte de la fonction symbolique de
l’alphabet dans la pensée hébraïque.
Pour les kabbalistes les vingt-deux lettres de l’alphabet représentent
infiniment plus que ce que nous appelons, nous, des lettres, ces caractères
qui nous servent chaque jour à lire et à écrire. Il existe toute une science sur
ce sujet. Et les deux lettres aleph et tav, de même que les deux lettres alpha
et oméga de l’alphabet grec, ne doivent pas être considérées isolément :
entre la première et la dernière lettre d’un alphabet, il y a toutes les autres,
car on ne peut pas séparer la fin du commencement, comme on ne peut pas
séparer les pieds de la tête. Un alphabet est un corps, un ensemble vivant
formé d’une succession de lettres, et l’ordre dans lequel elles sont placées a
un sens. En disant : « Je suis le premier et le dernier, l’alpha et l’oméga »,
donc aleph et tav, Melkhitsédek fait le lien entre le monde d’en haut et le
monde d’en bas. Aleph est le premier mouvement, l’énergie originelle. Elle
descend en passant par toutes les autres lettres et quand elle arrive à tav,
c’est la fin du processus : la condensation, la matérialisation.

Dans les vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque, les kabbalistes voient la


représentation analogique des vingt-deux puissances par lesquelles Dieu a
arraché l’univers à l’abîme, le « tohou vabohou » de la Genèse. Chaque
lettre représente une force qui a participé à la création. Le 418

Sépher Iétzirah ou Livre de la Création, attribué à Abraham, rapporte qu’au


commencement, après avoir gravé les lettres de l’alphabet, Dieu leur a
donné pour mission de créer le monde. Les trois lettres mères, aleph, mem
et schin, ont créé respectivement l’air, l’eau et le feu ; les sept lettres
doubles, beth, ghimel, daleth, kaf, pé, rech et tav ont créé les sept planètes

; enfin, les douze lettres simples : hé, vav, zaïn, heth, teth, iod, lamed, nun,
samech, aïn, tsadé et qof, ont créé les douze constellations zodiacales.

Ainsi, ces vingt-deux lettres qui embrassent symboliquement la totalité de


la création, représentent les puissances, les éléments par la combinaison
desquels l’univers est venu à l’existence. Grâce à ces lettres vivantes, Dieu
a fait des mots et des phrases, et Il continue à faire des mots et des phrases.

Le monde n’a pas été créé une fois pour toutes, il est toujours en devenir.

Et quand les kabbalistes étudient les lettres de l’alphabet, c’est pour lire et
pénétrer le grand livre de la création que Dieu continue à écrire. Ils
apprennent aussi à connaître les puissances qui agissent par l’intermédiaire
de ces lettres afin de pouvoir les utiliser pour leur travail. Et comme chaque
lettre de l’alphabet hébraïque correspond aussi à un nombre, le mot ou le
nom qu’elles forment est donc non seulement un ensemble de lettres mais
aussi la somme de plusieurs nombres. Chaque lettre se charge ainsi de la
force du nombre. Lorsqu’il invoque le nom de Dieu, celui d’un archange ou
d’un génie planétaire, le kabbaliste sait qu’il entre en relation avec une
entité déterminée, car le nom qu’il prononce produit des vibrations, des
ondes qui lui correspondent ; elles atteignent donc directement cette entité
et elle répond à son appel.

En disant seulement « je suis l’alpha et l’oméga » sans donner son nom,


Melkhitsédek, représentant de Dieu sur terre, a voulu signifier qu’il possède
les vingt-deux éléments du Verbe créateur. Ainsi apparaissent encore les
relations entre l’Apocalypse divisée en vingt-deux chapitres (le même
nombre que les lettres de l’alphabet hébraïque) et l’ Évangile de saint Jean
dont les premiers mots sont : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe
était avec Dieu et le Verbe était Dieu… Toutes choses ont été faites par lui
et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui… »38 Ces deux livres
tellement essentiels du christianisme, l’ Évangile et l’ Apocalypse de saint
Jean, sont placés sous le signe du Verbe divin, le Christ.

On m’a parfois demandé quelle relation existe entre Melkhitsédek et le


Christ. Le Christ est un principe cosmique, la deuxième personne de la
Sainte Trinité, le Fils, fusionné avec le Père, et il se manifeste à travers
Melkhitsédek qui est son représentant sur la terre. Le Christ n’est pas 419

incarné, il peut vivre comme principe de sagesse et d’amour dans l’âme des
Initiés qui, comme Jésus, sont parvenus à faire de tout leur être le véritable
temple de Dieu, mais il ne prend aucune apparence physique. Melkhitsédek
dont saint Paul dit qu’il n’a « ni commencement ni fin de vie, » mais « qui
est rendu semblable au Fils de Dieu »,9 peut prendre, lui, une apparence
physique. Il a les mêmes pouvoirs que le Christ et il va au-devant de ceux
qu’il veut instruire et conduire.

C’est par l’intermédiaire de ce personnage mystérieux, Melkhitsédek, que


se fait aussi le lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Car il ne faut
pas croire que le christianisme est soudainement apparu un jour dans le
monde à partir de rien. Il est l’aboutissement de plusieurs traditions, et tout
particulièrement de la tradition juive que nous connaissons maintenant sous
le nom de « Kabbale ». L’ Apocalypse est la meilleure preuve que, pour
interpréter de nombreux passages de la Bible, il est nécessaire de connaître
cette tradition. Je vous en ai donné quelques interprétations et je pourrais
continuer, mais comme mon souci est surtout de vous être utile dans votre
vie de chaque jour, je trouve qu’il y a des sujets plus importants pour vous à
aborder. Que ferez-vous avec l’Apocalypse si vous n’avez pas déjà travaillé
à acquérir les véritables bases de la vie spirituelle ? Il ne suffit pas d’étudier
les symboles que contient ce livre, il faut pouvoir les vivifier en soi. Quelles
que soient les révélations qu’on lui fait, celui qui n’a pas d’abord entrepris
un travail préalable de purification, de maîtrise de soi, d’élévation
intérieure, restera en dehors des merveilles de l’ Apocalypse.

Comprendre l’ Apocalypse nécessite de connaître mais surtout de sentir les


correspondances qui existent entre l’homme et l’univers, entre le monde
physique et les mondes psychique et spirituel. Si ce livre semble tellement
obscur, c’est qu’au lieu de n’y voir que l’essentiel, c’est-à-dire la
description symbolique d’éléments et de processus de la vie intérieure en
relation avec la vie cosmique, on a cherché à y reconnaître des personnages
historiques, des pays, des événements passés ou à venir. Et on a fait ainsi
beaucoup d’erreurs d’interprétation.

Ce qui rend aussi ce livre difficile à interpréter, c’est que les images, les
symboles, les nombres ne sont pas placés dans l’ordre auquel on pourrait
s’attendre : certains, qui se trouvent à la fin, sont en relation avec des
passages du début ou du milieu ; exactement comme les cartes d’un jeu
qu’on aurait jetées au hasard. Mais celui qui possède la vraie science prend
ces cartes, les replace dans l’ordre et lit. Quand on a approfondi la
signification des nombres et le sens caché des symboles, tous les éléments
qui n’ont en apparence aucune relation entre eux peuvent être rapprochés.

420

Alors, chacun jetant une lueur sur les autres, cela donne un ensemble
logique et clair.

Références bibliques
1. La vision de saint Jean – Apocalypse 1 : 9-17

2. Jésus « sacrificateur du Très-Haut selon l’ordre de Melkhitsédek » –


Paul, Épître aux Hébreux 7 : 21

3. Jésus « chasse les esprits par sa parole » – Matthieu 8 : 16

4. « Je le veux, sois pur » – Matthieu 8 : 3

5. « Silence, tais-toi ! » – Marc 4 : 39.

6. « Ce que vous liez sur la terre sera lié dans le ciel » – Matthieu 18 : 18

7. « Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin » – Apocalypse


22 : 13

8. « Au commencement était le Verbe » – Évangile de Jean 1 : 1

9. Melkhitsédek « qui n’a ni commencement ni fin de vie mais qui est rendu
semblable au Fils de Dieu » – Paul, Épître aux Hébreux 7 : 3

Lettres aux Églises

Voir localisation des sept Églises de l’Apocalypse.

I. Aux Églises d’Éphèse et de Smyrne

Le personnage formidablement puissant qui est apparu à saint Jean lui dicte
maintenant les lettres qu’il doit adresser à sept Églises. Toutes ces lettres
contiennent d’abord un jugement sur leur conduite, puis des conseils, et
elles se terminent par des promesses de récompense pour celui qui sera sorti
victorieux des épreuves.

– À l’Église d’Éphèse :

« Je connais tes œuvres, ton travail et ta persévérance… Mais ce que j’ai


contre toi, c’est que tu as abandonné ton premier amour. Souviens-toi donc
d’où tu es tombé, repens-toi et pratique tes premières œuvres… Tu as
pourtant ceci, c’est que tu hais les œuvres des nicolaïtes, œuvres que je hais
aussi. À celui qui vaincra, je donnerai à manger de l’arbre de vie qui est
dans le paradis de Dieu. »1

– À l’Église de Smyrne :

421

« Je connais ta tribulation et ta pauvreté, bien que tu sois riche… Sois


fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie… Celui qui
vaincra n’aura pas à souffrir la seconde mort. »2

Pour interpréter le récit de la chute des premiers hommes dans la Genèse, je


m’étais servi des deux axes formés par les constellations zodiacales Bélier–
Balance et Taureau–Scorpion, ainsi que des deux planètes Mars et Vénus
qui dominent dans ces signes. Sur l’axe Bélier–

Balance, Mars et Vénus se manifestent dans leurs aspects supérieurs, et sur


l’axe Taureau–Scorpion dans leurs aspects inférieurs. Ce sont ces deux axes
qui peuvent maintenant éclairer les paroles adressées aux Églises d’Éphèse
et de Smyrne.4
À l’Église d’Éphèse il est dit : « Je connais tes oeuvres, ton travail, ta
persévérance… (le travail, la persévérance, le courage sont des qualités de
Mars supérieur dont la constellation du Bélier est le domicile) mais ce que
j’ai contre toi, c’est que tu as abandonné ton premier amour (Vénus
supérieure dans la constellation de la Balance). Souviens-toi donc d’où tu es
tombé, repens-toi et pratique tes premières oeuvres (c’est-à-dire ne reste pas
dans les marécages du plan astral, auquel est liée la constellation du
Scorpion, mais efforce-toi de retrouver la force et l’amour du plan
bouddhique). Tu as pourtant ceci, c’est que tu hais les oeuvres des
nicolaïtes, oeuvres que je hais aussi. (Le bélier, animal dont les Anciens ont
fait une constellation, est un herbivore, alors que les nicolaïtes étaient
considérés comme une secte hérétique car ils participaient à des banquets
422

où on servait des viandes immolées aux idoles). « À celui qui vaincra, je


donnerai à manger de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu ».

Les fruits de l’arbre de vie ce sont les joies de l’amour divin, l’aspect
supérieur de Vénus dans le plan bouddhique en relation avec la Balance.

À l’Église de Smyrne il est dit : « Je connais ta tribulation et ta pauvreté,


bien que tu sois riche. » Le Taureau correspond à la deuxième maison
astrologique, celle de la richesse, de la prospérité. Matériellement, cette
Église est donc riche, mais elle est pauvre spirituellement ; elle est tombée
sous l’influence de Vénus inférieure dans le Taureau et de Mars inférieur
dans le Scorpion, d’où s’ensuivent pour elle des tribulations. Puis viennent
les promesses : « Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne
de vie… Celui qui vaincra n’aura pas à souffrir de la seconde mort. »
Personne ne peut échapper à la première mort, la mort physique, mais celui
qui remporte la victoire sur ses passions échappe à la seconde mort, la mort
spirituelle, donnée symboliquement par le Scorpion, et il reçoit la couronne
de vie.

À l’Église d’Éphèse, il est donc promis que le vainqueur recevra « du fruit


de l’arbre de vie qui est dans le Paradis de Dieu » ; et à l’Église de Smyrne
qu’il « n’aura pas à souffrir de la seconde mort ». Là encore les promesses
faites à ces deux Églises n’ont de sens que si on se reporte au récit du péché
originel dans la Genèse. Adam et Ève devaient manger seulement du fruit
de l’Arbre de vie, 5 Dieu leur avait interdit de manger du fruit de l’Arbre de
la connaissance du bien et du mal. S’ils en mangeaient, ils mourraient. Bien
qu’ils en aient mangé ils ont continué à vivre ; mais ils sont morts à la vie
divine : ils ont été chassés du Paradis.3 Mais pour ceux qui écoutent les
conseils donnés aux Églises, cet exil du Paradis n’est pas définitif. 6

Références bibliques

1. « Je connais tes oeuvres, ton travail… » – Apocalypse 2 : 2

2. « Je connais ta tribulation et ta pauvreté » – Apocalypse 2 : 9

3. Adam et Ève mangent du fruit défendu – Genèse 3 : 6

II. À l’Église de Pergame

De la lettre adressée à l’Église de Pergame je ne retiendrai que la 423

dernière phrase : « À celui qui vaincra je donnerai de la manne cachée et je


lui donnerai un caillou blanc : et sur ce caillou est écrit un nom nouveau
que personne ne connaît, si ce n’est celui qui le reçoit. »1

On se demande ce qu’un caillou peut avoir de si extraordinaire pour être


donné en récompense à celui qui a remporté une victoire. Mais puisqu’un
nom est écrit dessus, c’est qu’il porte des signes semblables à ceux que l’on
inscrit sur les talismans, les pantacles, bien que talismans et pantacles ne
soient pas tout à fait la même chose. Un talisman est un objet (pierre, fleur,
insecte, bague, bracelet, etc.) que la nature elle-même, ou un être puissant
psychiquement a imprégné d’une énergie.7 Un pantacle est une figure qui a
été gravée dans le métal, la pierre, ou peinte sur un parchemin, ou encore
brodée sur une étoffe, et des lettres aussi y sont inscrites.

Beaucoup de pantacles portent des mots écrits en hébreu, puisque d’après la


Kabbale chaque lettre de l’alphabet hébraïque est en relation avec une
forme géométrique qui existe dans la nature et qu’à travers chaque forme
géométrique, agissent des forces déterminées. Donc, celui qui sait comment
chaque lettre est en relation avec les puissances invisibles peut déclencher
des courants cosmiques : en inscrivant ou en gravant certaines formes, il
établit une communication avec les entités correspondantes de l’au-delà.
Quand un Initié cherche à connaître les relations entre les forces, les formes
et les lettres, ainsi que leur maniement, c’est pour établir un lien bénéfique
entre la terre et le Ciel, entre le monde d’en bas et le monde d’en haut.

Le mage, l’Initié qui prépare un talisman ou un pantacle fait un travail


identique à celui de la nature qui remplit les pierres, les plantes, les animaux
ou même les êtres humains, d’une quintessence qu’il est ensuite possible
d’extraire : il utilise les énergies naturelles présentes en toutes choses. Mais
il doit connaître les lois et ne jamais se servir de ces énergies à des fins
égoïstes et intéressées. C’est pourquoi, si on veut posséder un talisman, il
vaut mieux connaître la personne qui l’a préparé, être sûr qu’elle est pure,
honnête, éclairée, sinon ce qu’on croira être un objet bénéfique sera tout à
fait inefficace, ou même nuisible. Car chaque être n’attire de l’espace que
des éléments de nature et de qualité identiques à ceux qu’il possède déjà en
lui-même.

Mais il est tout aussi important que celui qui prépare un talisman connaisse
les mobiles des personnes qui lui en font la demande. Est-ce pour être
soutenues dans un travail lumineux, désintéressé, ou bien pour réussir sans
faire d’effort, dominer les autres, les évincer ? Malheureusement, c’est 424

le deuxième cas qui est le plus fréquent. Au fond de ce désir de posséder un


talisman, il y a souvent les convoitises et la paresse. Il faut donc prévoir
comment cet objet sera utilisé. Il est arrivé que des personnes me
demandent de leur préparer un talisman ou un pantacle, et elles étaient
prêtes à me le payer très cher. Sans dire pourquoi, je me suis arrangé pour
ne pas répondre à leur désir : je savais d’avance qu’étant donné l’usage
qu’elles en feraient, elles ne gagneraient rien de bon, au contraire, elles ne
pourraient qu’alourdir leur karma et même nuire à leur entourage.

Il arrive aussi que le pantacle ou le talisman le plus puissant n’ait aucune


efficacité, parce qu’en réalité son pouvoir dépend de plusieurs facteurs.

L’Esprit dit à l’Église de Pergame : « À celui qui vaincra, je donnerai un


caillou blanc. » Il le lui donnera, oui, mais à condition qu’il remporte
d’abord la victoire. Et qui doit-il vaincre ? Un ennemi ? Un rival ?… Non,
lui-même, ses faiblesses, ses passions. Il faut savoir lire : l’homme ne
vaincra pas grâce au talisman qu’il aura reçu. Il doit vaincre d’abord, c’est-
à-dire qu’il doit commencer par acquérir les vertus et les qualités
nécessaires qui lui permettront de remporter la victoire, et c’est seulement
après avoir remporté la victoire qu’en récompense il recevra du Ciel le
caillou blanc et la manne cachée.

Dans le livre de l’ Exode il est dit que la manne était la nourriture que Dieu
faisait chaque jour tomber du ciel pour soutenir les Hébreux alors qu’ils
traversaient le désert sous la conduite de Moïse. 82 La « manne cachée

» représente la nourriture spirituelle que reçoit celui qui par ses efforts est
parvenu à atteindre un niveau de conscience supérieur : il goûte la
plénitude, l’immensité, l’éternité. Quant au caillou blanc, il est le symbole
de la maîtrise, de la force intérieure obtenue grâce à la pureté. En effet,
d’après la loi de l’analogie, les cristaux, les pierres précieuses, si pures, si
limpides, représentent la sphère la plus haute du monde spirituel, elles sont
liées au plan atmique et possèdent le pouvoir de condenser une énergie
cosmique que l’Initié peut ensuite extraire. Le caillou blanc est donc une
cristallisation de la quintessence du plan atmique qui est pure lumière.

Et sur ce caillou est écrit un nom nouveau… Je vous ai déjà parlé de


l’importance des noms. Il est dit dans le livre du prophète Isaïe : « Le
Seigneur, l’Éternel, donnera à ses serviteurs un autre nom ». Quand un être
parvient à s’élever à un degré supérieur de conscience, il reçoit un nom
nouveau, comme Abram à qui Dieu Lui-même donna le nom d’Abraham, et
à sa femme Saraï celui de Sara.3 Jésus donna à Simon le nom de Pierre,4 et
Saul reçut celui de Paul. 95

425

Par ses vibrations, le nom nouveau que reçoit l’homme régénéré exprime la
quintessence de son être spirituel. Chaque homme, chaque femme porte un
nom que lui ont donné ses parents à la naissance, mais souvent ce nom ne
correspond pas à sa vraie nature. Tandis que le nom qu’il reçoit des entités
célestes est exactement celui qui lui correspond : il exprime pleinement ce
qu’il est au plus profond de lui. Et ce nom, il est en effet le seul à le
connaître véritablement, parce qu’il se confond avec lui.
Références bibliques

1. « À celui qui vaincra je donnerai de la manne cachée » – Apocalypse 2 :


17

2. « Il y avait à la surface du désert quelque chose de menu comme des


grains » – Exode 16 : 14

3. Dieu donne à Abram le nom d’Abraham, et à sa femme Saraï celui de


Sara – Genèse 17 : 5 et 15 : 15

4. Jésus donne à Simon le nom de Pierre – Matthieu 16 : 17-18

5. Saul appelé Paul – Actes des Apôtres 13 : 9

III. À l’Église de Laodicée

« … Je connais tes oeuvres. Je sais que tu n’es ni froid ni chaud.

Puisses-tu être froid ou chaud ! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni
froid ni chaud, je te vomirai de ma bouche. Parce que tu dis : je suis riche,
je me suis enrichi et je n’ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que
tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu, je te conseille d’acheter
de moi de l’or éprouvé par le feu afin que tu deviennes riche, et des
vêtements blancs afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne
paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux afin que tu voies. Moi je
reprends et je châtie tous ceux que j’aime…

« Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi
j’ai vaincu et je me suis assis avec mon Père sur son trône. »1

« Parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni chaud, je te vomirai de ma


bouche. » Il y a deux mille ans qu’on entend répéter ces paroles et on croit
les comprendre, parce qu’on sait généralement ce que sont le chaud, le froid
et le tiède. Mais qu’en est-il en réalité ?

Le froid est souvent assimilé au mal, à tout ce qui contracte et paralyse,


tandis que la chaleur symbolise plutôt ce qui est bon, vivant, généreux. On
peut donc interpréter les paroles adressées à l’Église de Laodicée comme
426

un ordre de prendre une position claire, car être tiède signifie n’être ni bon
ni méchant, ce qui est quelquefois le pire des comportements. Avec ceux
qui ne sont ni bons ni méchants, on ne sait jamais à quoi s’en tenir : est-ce
qu’on doit leur faire confiance ? est-ce qu’on doit se méfier ? Dans la vie
quotidienne, avoir affaire à de tels êtres est compliqué, car on ne peut pas
prévoir de quel côté ils vont pencher. Mais étudions un peu mieux ce que
sont le chaud et le froid. 10

Il existe deux espèces de chaleur et de froid. Il y a la chaleur qui dilate,


vivifie, fait mûrir, et celle qui brûle, dessèche, ne laissant que des cendres.

Il y a le froid qui conserve tout ce qui est bon et donne d’excellentes


conditions pour la pensée, et le froid qui paralyse toute vie. Ce sont donc
ces deux espèces de chaleur et de froid que nous devons analyser dans
différents domaines.

Prenons le cycle de l’eau dans la nature. Sous l’effet des rayons du soleil,
elle se réchauffe et s’évapore. Arrivée dans la haute atmosphère, elle se
refroidit, se cristallise et retombe ensuite sous forme de neige au sommet
des montagnes. Mais après un certain temps, quand le soleil a fait fondre la
neige, l’eau descend dans les vallées, où elle rejoint les fleuves, les lacs, les
océans. Puis elle s’évapore et le cycle recommence… Voilà comment la
nature utilise cette alternance du chaud et du froid pour entretenir la vie. Et
les Initiés, qui observent la nature, en ont tiré des leçons pour l’être humain.

Dans l’être humain, l’intellect doit être froid pour penser correctement et
progresser dans la voie de la sagesse ; et le coeur, lui, doit être chaud pour
manifester l’amour. Symboliquement, celui qui pense fait l’ascension d’un
sommet. Mais sur ce sommet où il fait froid il se trouve souvent seul, et là,
c’est l’orgueil qui le guette. Il doit alors redescendre dans la vallée, c’est-à-
dire réveiller de bons sentiments dans son coeur pour participer à la vie de
tous. Les paroles adressées à l’Église de Laodicée « Tu n’es ni froid ni
chaud », signifient donc : tu n’es ni sur la montagne ni dans la vallée, tu ne
possèdes ni sagesse ni amour. Car c’est cela véritablement être tiède :
n’avoir ni le froid de la sagesse ni la chaleur de l’amour. Quand on n’a ni
sagesse ni amour, on commet des erreurs car on ne peut pas connaître la
réalité des choses.

Faites cette expérience : plongez un moment votre main gauche dans de


l’eau chaude et votre main droite dans de l’eau froide ; chacune de vos
mains prend peu à peu la température de l’eau dans laquelle elle est
plongée. Mettez maintenant vos deux mains dans de l’eau tiède : vous
constatez que votre main gauche la trouve froide, tandis que votre main
droite la trouve chaude. Il est donc impossible de se prononcer : l’eau tiède
427

est-elle froide ou chaude ? De la même façon, on n’a jamais de notion claire


sur quoi que ce soit si on se contente de pensées et de sentiments « tièdes »,
et tout ce que l’on fait est indécis, flottant.

Revenons maintenant aux deux sortes de chaleur et de froid. Les


astrologues vous diront qu’il y a une chaleur qui vient du Soleil et une autre
qui vient de Mars, ainsi qu’un froid qui vient de Saturne et un autre de la
Terre. Symboliquement, le Soleil représente la chaleur vivifiante, et Mars le
feu destructeur des passions ; Saturne représente le froid de l’intelligence,
de la sagesse, et la Terre le froid de la séparation et de la mort. Le froid est
donc représenté par Saturne et la Terre, et la chaleur par le Soleil et Mars.

Quant au tiède, il est un aspect caractéristique de la Lune. La Lune a


quelque chose de mal défini qui rend ce qu’elle touche fade, insipide…

tiède. Les humains qui sont sous son influence sont aussi fades, irrésolus,
indéterminés. S’ils ne veulent pas être vomis, ils doivent sortir de cet état de
tiédeur. Ils trouveront le froid dont ils ont besoin en montant sur les
sommets (la réflexion, la méditation) et la chaleur dont ils ont également
besoin en descendant dans la vallée pour s’ouvrir à leurs frères humains. Il
est important de savoir passer du sommet de la montagne à la plaine, et de
la plaine au sommet : dans ce mouvement de montée et de descente, on
découvre la vraie vie.

Après lui avoir reproché sa tiédeur, l’Esprit dit à l’Église de Laodicée :


« Je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé par le feu, afin que tu
deviennes riche, et des vêtements blancs afin que tu sois vêtu et que la honte
de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux afin que tu
voies. Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime. » Je vous ai montré
que les paroles adressées aux Églises d’Éphèse et de Smyrne sont en
relation avec les axes Bélier-Balance et Taureau-Scorpion. Celles qui
s’adressent à l’Église de Laodicée sont en relation avec l’axe Verseau-Lion.

Le Lion est un signe de feu, le Soleil y a son domicile et il règne sur l’été.
Dans l’Homme cosmique, le Lion représente le coeur qui est lié à la
chaleur, au sang, à la vie. C’est la cinquième maison astrologique, celle de
l’amour, des enfants, de la création sous toutes ses formes. À l’autre
extrémité de l’axe se trouve le Verseau : il est régi par Saturne qui règne sur
l’hiver. Saturne est représenté par un vieillard, un être qui possède la
sagesse acquise par l’expérience. Les deux pôles de l’axe sont donc bien
l’amour et la sagesse, la chaleur des vallées et le froid des sommets.

Voyons maintenant ce que signifient l’or, les vêtements blancs et le 428

collyre.

« L’or éprouvé par le feu ». Il existe un lien entre l’or et le feu. Les
alchimistes qui cherchent à transformer les métaux en or les font passer par
le feu. L’or et le feu ont toujours quelque chose à faire ensemble. Avant
d’être ce métal que l’on trouve dans les entrailles de la terre, l’or existe à
l’état éthérique dans le soleil, il est une condensation des rayons solaires.11

L’or éprouvé par le feu représente les puissantes énergies que projette le
Soleil, le Lion céleste, coeur de l’univers. Cet or, c’est son amour. Dans
certaines langues, l’étymologie souligne ces correspondances entre le lion,
le coeur et l’amour. En hébreu, le coeur se dit « lèv » et le lion « lavi » ; en
bulgare et en russe, le lion se dit « lèv » et l’amour « lioubov », racine que
l’on retrouve dans l’anglais « love », l’amour. Et en allemand « Liebe »

signifie l’amour, et « Löwe » le lion.

La préparation de la pierre philosophale qui permet de transformer les


métaux en or est inscrite dans le grand livre de la vie, et le livre de la vie,
c’est l’univers, mais aussi l’être humain. En travaillant sur notre propre
matière, nous pouvons devenir nous-même cet « or éprouvé par le feu ».

Celui qui a compris qu’il est lui-même la matière à cuire et que l’amour est
le feu avec lequel il doit la cuire, entre en possession de la pierre
philosophale qui transformera un jour tout son être en or pur.

« Des vêtements blancs ». Les vêtements blancs, plusieurs fois mentionnés


dans l’Apocalypse, sont évidemment symboliques aussi. Toutes les autres
couleurs se fondent dans la couleur blanche, et avoir un vêtement blanc
signifie posséder la lumière, c’est-à-dire la sagesse qui est la synthèse de
toutes les vertus, comme la lumière blanche est la synthèse de toutes les
couleurs. Ce vêtement spirituel que tisse la sagesse, on l’appelle aussi «
l’aura », et c’est grâce à lui qu’on nous reconnaît dans le monde divin. 12

« U n collyre pour oindre tes yeux afin que tu voies ». Ce collyre, c’est
Uranus, la vérité, qui est liée aux yeux. La vérité est une lumière qui éclaire
notre route. Sans elle nous sommes dans l’obscurité, l’erreur, le mensonge.

Jésus disait : « Si ton oeil est pur, tout ton corps est dans la lumière »,132

c’est-à-dire, ton être entier est dans la vérité. Pour débarrasser notre oeil
intérieur de tout ce qui l’empêche de voir, nous avons besoin de ce collyre
qu’est la vérité.

Dans les Initiations anciennes, Uranus était représenté sous la forme d’un
oeil volant au-dessus d’un océan. Il ne faut pas croire que les Anciens
ignoraient l’existence d’Uranus et que cette planète n’a été découverte que
429

par Herschel. Les Initiés de la Grèce antique la connaissaient, et ils


l’appelaient Ouranos, le ciel, en latin Uranus.

Ainsi, le Soleil nous apporte la chaleur, l’amour ; Saturne nous apporte la


sagesse pour nous vêtir ; et Uranus nous fait voir la vérité. Bien que l’Église
de Laodicée se croie riche (« tu dis : je suis riche, je me suis enrichi et je
n’ai besoin de rien »), l’Esprit qui la sait pauvre, aveugle et nue, lui
conseille d’« acheter » de l’or, des vêtements blancs et un collyre pour les
yeux. Pour avoir les moyens d’acheter, il faut travailler. Celui qui ne veut
pas rester pauvre, aveugle et nu, doit donc travailler sur l’amour, la sagesse
et la vérité représentés dans le zodiaque par l’axe Verseau-Lion.

L’Esprit dit encore à l’Église : « Ceux que j’aime, je les réprimande et je les
châtie. » Celui qui aime, c’est le Soleil qui a son domicile en Lion ; celui
qui châtie, c’est Saturne, mais aussi Uranus qui amène de grands
bouleversements ; et tous deux ont leur domicile en Verseau. Même si le
Ciel nous aime, il est parfois obligé de nous « châtier » pour nous obliger à
comprendre que nous devons changer de conduite ; et il le fait à travers les
épreuves que nous impose la destinée, gouvernée par Saturne. C’est
pourquoi quand arrivent ces épreuves, nous devons savoir y lire l’amour de
Dieu qui se manifeste à nous par la chaleur du soleil dans le Lion, mais
aussi par le froid de Saturne dans le Verseau. Une tradition associe
symboliquement Saturne au vieil Adam, celui que saint Paul appelle « le
vieil homme ».3 C’est lui que sa désobéissance a chassé du jardin d’Éden où
il vivait dans la chaleur de l’amour de Dieu, et il a été condamné à vivre
dans le froid et les ténèbres. 144 Ce vieil Adam doit devenir un être
nouveau sous l’influence du Soleil qui est un symbole du Christ. Quand
nous avons étudié les relations qui existent entre les douze fils de Jacob,
ancêtres des douze tribus d’Israël, et les douze constellations zodiacales,
nous avons vu que Juda correspond à la constellation du Lion.155 Or, c’est
de la tribu de Juda qu’est né Jésus, en qui le Christ s’est manifesté.

« Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône. » Ce trône
est celui du Lion où est assis le Soleil, le Christ, dont Melkhitsédek se fait
ici l’interprète. Dans son aspect symboliquement le plus élevé, le Lion est le
coeur qui répand son sang, son amour dans tout l’univers. Seul, celui qui
triomphe de la haine et de la mort (le froid intérieur) est digne de s’asseoir
avec le Christ sur le trône de Dieu.

Références bibliques

1. « Je connais tes oeuvres. Je sais que tu n’es ni froid ni chaud » –


Apocalypse 3 : 15

430
2. « Si ton oeil est pur, tout ton corps est dans la lumière » – Luc 11 : 34

3. « Le vieil homme » – Épîtres aux Romains 6 : 6 ; aux Éphésiens 4 : 22 ;


aux Colossiens 3 : 9

4. Dieu chasse Adam du jardin d’Éden – Genèse : 3 : 22-24

5. Les douze fils de Jacob – Genèse 35 : 23-26

Les vingt-quatre Vieillards

« Une porte était ouverte dans le ciel. La première voix que j’avais
entendue, comme le son d’une trompette, et qui me par lait, dit : Monte
ici… Aussitôt je fus ravi en esprit. Et voici, il y avait un trône dans le ciel,
et sur ce trône Quelqu’un était assis. Celui qui était assis avait l’aspect
d’une pierre de jaspe et de sardoine ; et le trône était environné d’un arc-
en-ciel semblable à de l’émeraude. Autour du trône je vis vingt-quatre
trônes et sur ces trônes, vingt-quatre Vieillards assis, revêtus de vêtements
blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or… Devant le trône brûlent sept
lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu. »1

La voix que saint Jean avait déjà entendue lui dit maintenant : « Monte ».

Il est alors soudain arraché à son corps et projeté dans le ciel devant un
trône sur lequel est assis un être qu’il ne nomme pas et qu’il ne mentionne
qu’en le comparant à des pierres précieuses ; comme si seul l’éclat des
pierres précieuses pouvait donner une idée de la présence divine. De ce
trône sortent des éclairs et sept lampes ardentes brûlent devant lui. Ces
lampes sont les sept Esprits de Dieu. On retrouve cette image dans le Zohar
où il est dit : « Sept lumières il y a dans le Très-Haut, et c’est là qu’habite
l’Ancien des Anciens, le Mystérieux des Mystérieux, le Caché des Cachés :
Aïn Soph. »

Aïn Soph qui signifie sans fin, sans limite, est aussi traditionnellement
appelé Aïn Soph Aur, c’est-à-dire « lumière sans fin ». Les sept lampes
ardentes, les sept Esprits, sont les sept couleurs : rouge, orange, jaune, vert,
bleu, indigo et violet qui représentent la première différenciation de la
lumière primordiale. La lumière qui est une, se décompose en sept, les sept
couleurs. Le 7 est un des nombres qui expriment la totalité, et on le retrouve
souvent dans l’Apocalypse : les sept étoiles, les sept chandeliers d’or qui
représentent les sept Églises, les sept sceaux qui ferment le livre, les sept
trompettes, les sept cornes de la bête, les sept fléaux, les sept coupes 431

d’or…

Autour du trône de Dieu, vingt-quatre Vieillards sont eux-mêmes assis sur


des trônes : cela signifie que saint Jean s’est élevé jusqu’à la troisième
séphira de l’Arbre de la Vie, Binah, à laquelle est attaché l’ordre angélique
des Aralim que la religion chrétienne nomme justement « les Trônes » (Voir

schéma). Ces vingt-quatre Vieillards sont vêtus de vêtements blancs et


portent des couronnes d’or sur la tête. Les vêtements blancs, comme les
couronnes d’or, sont des symboles de la lumière spirituelle qui émane de
ces entités sublimes. Le vêtement blanc représente le corps glorieux. Et la
couronne, cet insigne de la royauté que l’on place sur la tête, est une
représentation concrète de cette matière subtile qui n’est déjà plus le corps
physique, mais au-delà de la tête, une émanation de l’esprit, de sa sagesse,
de sa toute-puissance. Cette couronne est d’or, et l’or, d’après la science
spirituelle, est une condensation de la lumière.

Les vingt-quatre Vieillards sont assis sur des trônes. Le trône est un siège
royal, et sa taille, sa forme qui donnent l’impression de quelque chose de
solide font de lui un symbole de stabilité. Rien ne semble pouvoir ébranler
celui qui est assis sur un trône. Cette stabilité est la vertu sur laquelle nous
devons fonder notre vie intérieure. Comment la définir ? Est stable celui
qui, ayant décidé de marcher sur le chemin de la lumière, maintient quoi
qu’il arrive son orientation divine. Dès qu’il a compris une vérité et l’a
acceptée dans son coeur, dans son âme, non seulement il ne la laisse pas
s’effacer en lui, mais il en fait une règle de vie, un programme. Et c’est une
qualité très rare. Pour ceux qui ont embrassé la vie spirituelle, la plus
grande difficulté n’est pas tellement d’accéder à un niveau de conscience
supérieur, mais de s’y maintenir. Un jour ils remportent une victoire, mais le
lendemain, les conditions extérieures ou intérieures ayant changé, ils sont
plus négligents et ont tendance à prendre une autre direction.
La vérité, c’est qu’il est presque impossible de se maintenir définitivement
et sans broncher sur les hauteurs de la vie spirituelle. C’est pourquoi la
stabilité est le point culminant de l’Initiation, ce moment où le disciple peut
dire enfin, comme le hiérophante de l’ancienne Égypte : « Je suis stable, fils
de stable, conçu et engendré dans le territoire de la stabilité.

» Le territoire de la stabilité, c’est justement la séphira Binah, la région des


vingt-quatre Vieillards. C’est pourquoi celui qui à travers les tentations, les
difficultés, reste fidèle à son haut idéal, gagne leur amitié ; ils peuvent alors
décréter certains changements dans son existence et beaucoup d’obstacles
tombent devant lui.

Dans la Kabbale, en effet, les vingt-quatre Vieillards sont appelés les 432

Seigneurs des destinées. Ce sont eux qui jugent les humains, car rien de ce
qu’ils font ne leur échappe, aucun acte, aucun sentiment, aucune pensée. La
destinée d’un être après sa mort, ainsi que dans sa prochaine vie, dépend de
leurs décrets. C’est pourquoi, dans un autre passage de l’Apocalypse, ce
sont les vingt-quatre Vieillards qui disent à Dieu : « Le temps est venu de
juger les morts, de récompenser tes serviteurs, les prophètes, les saints et
ceux qui craignent ton nom, les petits et les grands, et de détruire ceux qui
détruisent la terre. »2 C’est aux vingt-quatre Vieillards qu’il appartient de
prononcer des jugements, et ces jugements sont sans appel.

Références bibliques

1. « Une porte était ouverte dans le ciel » – Apocalypse 4 : 1-5

2. « Le temps est venu de juger les morts » – Apocalypse 11 : 18

Les quatre Animaux saints

Les vingt-quatre Vieillards se tiennent sur un trône sur lequel

« Quelqu’un » est assis. Saint Jean ne précise pas qui Il est, sans doute lui
est-il impossible de dire qu’il a vu Dieu, car personne n’a jamais vu Dieu, il
ne peut donc que suggérer sa présence. Puis il ajoute : « Au milieu du trône
et autour du trône, il y a quatre êtres vivants remplis d’yeux devant et
derrière. Le premier être vivant est semblable à un lion, le second être
vivant est semblable à un taureau, le troisième être vivant a la face d’un
homme, et le quatrième être vivant est semblable à un aigle qui vole. Les
quatre êtres vivants ont chacun six ailes et ils sont remplis d’yeux tout
autour et au-dedans. Ils ne cessent de dire jour et nuit : Saint, saint, saint
est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant qui était, qui est et qui vient ! »1

La description que fait maintenant saint Jean des quatre êtres vivants révèle
qu’il est monté jusqu’à la première séphira, Kéther (Voir schéma. ) À

cette séphira est attaché l’ordre angélique des Séraphins : les Hayoth ha-
Kodesch, littéralement « animaux de sainteté » ; et « animaux » a
évidemment ici le sens d’êtres animés, êtres vivants. Les prophètes Isaïe 2

et Ezéchiel 3 en font aussi mention.

Ces quatre Animaux saints représentent les quatre principes de la matière.


Dieu, l’Absolu, est une entité insaisissable, inconcevable, il n’est 433

possible d’avoir une idée de Lui qu’à travers ses manifestations, et la


première de ses manifestations est la matière qu’Il a extraite de Lui-même
pour créer. La matière est d’origine divine, et dans son état primordial, elle
est si pure, si subtile qu’elle est indissociable de l’esprit, elle ne fait qu’un
avec l’esprit. Cette matière primordiale est symbolisée par les quatre
Animaux saints qui sont les racines des quatre éléments : le taureau
représente la terre, l’aigle l’eau, l’homme l’air, et le lion le feu. Ces entités,
les premières qui reçoivent les émanations divines, sont plongées dans
l’océan de la matière primordiale encore en pleine ébullition. Elles boivent
à la source de la lumière, à la source de l’amour qui est leur unique
nourriture, et jour et nuit elles répètent : « Saint, Saint, Saint est le Seigneur
Dieu, le Tout-Puissant… » Elles se nourrissent en contemplant le Seigneur,
car l’amour véritable est une contemplation, c’est pourquoi on les
représente avec des yeux sur tout le corps.

Donc, jour et nuit les Hayoth ha-Kodesch ne cessent de proclamer la


sainteté du Seigneur, car l’adjectif « saint » est celui qui exprime le plus
exactement l’essence de la Divinité, et très souvent dans la Kabbale Dieu
est appelé « le Saint ». Or, on doit reconnaître que l’usage que l’on fait de
cet adjectif dans le langage courant en donne une idée bien faible. D’un être
qui mène une vie conforme aux lois de la morale et de la religion, qui fait
preuve de dévouement, d’abnégation, d’humilité, on dit souvent « c’est un
saint » ou « c’est une sainte ». En réalité, la sainteté est inséparable de
l’idée de lumière. Cette relation, je vous l’ai déjà dit, apparaît nettement
dans certaines langues slaves, comme en bulgare, par exemple, où le saint
se dit « svétia », la sainteté « svétost », la lumière « svétlina », et le monde

« svet ». La sainteté définit l’essence même de Dieu parce qu’Il est pure
lumière et que c’est par la lumière qu’Il a créé le monde. Si un être humain
peut être appelé saint, c’est seulement dans la mesure où la lumière brille en
lui, la lumière de l’esprit.

Les quatre Animaux saints représentent donc les quatre éléments, mais il ne
faut pas les confondre avec les quatre éléments qui constituent notre monde
matériel : ils sont au-delà de ce que nous pouvons percevoir par nos cinq
sens ou même par les appareils les plus perfectionnés. Les quatre éléments
que nous connaissons ici sous l’apparence du feu, de l’air, de l’eau et de la
terre, ne nous en donnent qu’une faible idée ; ils ne sont que des
condensations grossières de la matière primordiale, en haut, dans la séphira
Kéther. C’est pourquoi, pour accéder à cette séphira, il faut avoir atteint un
degré d’évolution exceptionnel. Très peu nombreux sont les êtres 434

qui ont pu s’élever jusque-là ; et la plupart de ceux qui y sont parvenus


n’ont pas pu redescendre dans leur corps physique. La séphira Kéther est
une région animée des vibrations les plus puissantes : là toutes les formes
s’abolissent, c’est pourquoi il est extrêmement rare que celui qui atteint
cette région puisse survivre dans son corps à une telle expérience.

Quelques-uns ont survécu par la grâce spéciale d’une entité céleste qui leur
avait donné à absorber un élément dont la propriété est de protéger le corps
physique.

Si saint Jean n’a pas perdu la vie au cours des visions qu’il décrit dans l’
Apocalypse, c’est qu’il a reçu cet élément : le livre que l’ange lui a donné à
manger en disant « Il remplira tes entrailles d’amertume, mais dans ta
bouche il aura la douceur du miel ».4 Le prophète Ézéchiel parle lui aussi
d’un livre qu’un ange lui a donné à manger.5 Cet élément est encore
symbolisé par le charbon ardent qu’un Séraphin a posé sur les lèvres du
prophète Isaïe.6

Les Anges des quatre éléments, les Séraphins, se situent donc au sommet de
la hiérarchie céleste, et c’est très exceptionnellement que des créatures
humaines ont pu s’élever jusqu’à eux. Quand nous nous adressons aux
Anges de la terre, de l’eau, de l’air ou du feu, nous ne pouvons toucher que
des entités qui sont à leur service. Il ne faut pas les confondre avec les
quatre Entités sublimes, les quatre principes de la matière qui demeurent
dans Kéther. C’est eux le feu, l’air, l’eau et la terre véritables ; ils sont
inaccessibles, et quand ils décident de se manifester, ils le font par
l’intermédiaire de leurs serviteurs. C’est pourquoi, quand saint Jean décrit
les cataclysmes qui s’abattent sur la terre, il montre comment les quatre
Animaux saints donnent des ordres aux éléments du plan physique, et ces
cataclysmes se présentent comme quatre cavaliers qui apparaissent l’un
après l’autre pour semer la mort et la désolation.7

En réalité, si les quatre éléments se déchaînent, ce sont les humains eux-


mêmes qui en sont la cause : par leurs actes, mais aussi par leurs pensées,
leurs sentiments, leur attitude anarchique, ils ne cessent de provoquer les
forces de la nature, qui finissent par riposter pour rétablir l’ordre. Pourquoi
ne comprennent-ils pas que rien de ce qu’ils font ne reste sans
conséquences

? La nature n’est pas quelque chose d’inerte, d’insensible, qu’ils ont le droit
de mettre au service de leurs intérêts ou de leurs plaisirs les plus égoïstes.

La nature est vivante, consciente, et chaque fois que les humains dépassent
les limites de ce qu’elle peut accepter, elle réagit.

435
Ces quatre Animaux saints qui ne cessent de célébrer la sainteté du
Seigneur, on trouve aussi leur trace dans le zodiaque où ils sont répartis sur
cette croix que forment les axes Verseau-Lion et Taureau-Scorpion. Vous
direz : « Mais alors, l’aigle a été remplacé par le scorpion ! Cela n’a pas de
sens… » Si, ce remplacement de l’aigle par le scorpion a un sens, mais il
faut le comprendre comme l’expression d’un processus psychique. L’aigle
vole très haut dans le ciel et regarde le soleil en face, tandis que le scorpion
se traîne sur le sol. Le scorpion doit donc être interprété comme un aigle qui
est tombé.

Et qu’est-ce qui a fait que l’aigle soit tombé au point de se transformer en


scorpion ? Considérons une fois encore le zodiaque comme une clé qui
nous permet de comprendre certains processus physiques et psychiques qui
se déroulent dans l’être humain. Le passage de l’aigle au scorpion
correspond à un changement d’orientation de la force sexuelle : au lieu de
garder la direction ascendante, cette force a pris le chemin vers le bas.

Alors voilà votre travail : faire en sorte qu’en nous le scorpion cède un jour
la place à l’aigle.16

Références bibliques
1. « Au milieu du trône et autour du trône » – Apocalypse 4 : 6-8

2. Vision d’Isaïe – Isaïe 6 : 1-3

436

3. Vision d’Ézéchiel – Ézéchiel 1 : 4-14

4. « Il remplira tes entrailles d’amertume » – Apocalypse 10 : 9

5. Un ange donne un livre à manger au prophète Ézéchiel – Ézéchiel 2 : 1-3

6. Le charbon ardent posé sur les lèvres du prophète Isaïe – Isaïe 6 : 6

7. Les quatre cavaliers sèment la mort et la désolation – Apocalypse 6 : 1-7

Le livre que seul l’Agneau est digne d’ouvrir

« Puis je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône un livre
écrit en dedans et en dehors, scellé de sept sceaux. Et je vis un ange
puissant qui criait d’une voix forte : Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en
rompre les sceaux ?… Et je pleurai beaucoup de ce que personne ne fût
trouvé digne d’ouvrir le livre ni de le regarder. Et l’un des Vieillards me dit
: Ne pleure pas, voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a
vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux.

« Et je vis au milieu du trône et des quatre Êtres vivants et au milieu des


Vieillards, un Agneau qui était là comme immolé. Il avait sept cornes… Les
quatre Êtres vivants et les vingt-quatre Vieillards se prosternèrent devant
l’Agneau en disant : Tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les
sceaux ; car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu, par ton sang, des
hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation. »1

En décrivant sa vision des quatre Animaux saints et des vingt-quatre


Vieillards, saint Jean dévoile les mystères des séphiroth Kéther et Binah.
Maintenant, la vision de l’Agneau immolé entouré par les quatre Animaux
saints et les vingt-quatre Vieillards proclamant qu’il est le seul digne
d’ouvrir le livre, nous introduit dans les mystères de la deuxième séphira,
Hohmah, la sagesse. La séphira Hohmah est la région du Christ, la
deuxième personne de la Trinité, le Fils, le Verbe proféré au
commencement par le Père. Souvenez-vous de quelle façon la sagesse,
Hohmah, se présente dans le livre des Proverbes : « Moi, la sagesse,
l’Éternel m’a créée la première de ses oeuvres. »172 Tous les éléments qui
ont participé à la création du monde se trouvent dans Hohmah, et ces
éléments sont symbolisés par les vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque.
(Voir schéma)

Hohmah, c’est l’alphabet cosmique qui a servi à écrire le livre de la 437

création. « Au commencement était le Verbe »,3 dit saint Jean au début de


son Évangile. Le Verbe, c’est le Christ qui siège à la droite du Père. C’est
lui le lion de la tribu de Juda qui a conquis le pouvoir d’ouvrir le livre. Et
c’est lui aussi qui apparaît sous l’aspect de « l’Agneau qui était là comme
immolé. » Comment expliquer que celui qui est appelé « le lion de la tribu
de Juda » soit ensuite représenté comme un agneau immolé ? Pour
comprendre, il faut se souvenir que toutes les constellations zodiacales ont
un lien avec les différentes parties du corps humain. (Voir schéma). Le lion
est associé au coeur et il évoque d’abord l’autorité, la puissance. Mais la
véritable grandeur d’un être, sa véritable puissance ne consiste pas
seulement à s’imposer, à dicter ses volontés aux autres. Plus un être est
grand, puissant, plus il est capable de manifester son amour en allant
jusqu’au sacrifice.18

Sur sa tête l’Agneau porte sept cornes qui sont les sept rayons. Du point de
vue symbolique les cornes représentent la lumière qui jaillit de la tête d’un
être spirituel. C’est pourquoi Moïse et de même d’autres grands Initiés ont
été parfois représentés avec des cornes. 19

La présence de l’Agneau au milieu des Animaux saints et des vingt-quatre


Vieillards signifie qu’à l’origine, le Christ, l’esprit de l’amour, s’est offert
en sacrifice, car l’amour est la seule force capable de lier entre eux tous les
atomes de l’univers. Le Christ, l’esprit de l’amour a été placé comme
fondement de la création. C’est lui qui attire, rapproche, soutient. Le sang
de l’Agneau immolé est un symbole du fluide qui imprègne la matière de
cet édifice. Il est le ciment qui en assure la cohésion, qui maintient les «

lettres » ensemble. Partout, depuis les pierres jusqu’aux étoiles, l’amour


soutient la charpente de l’univers. Si l’amour disparaissait, notre corps
même tomberait en poussière. C’est grâce à l’amour, grâce aux sacrifices
des humains les uns pour les autres, que les familles et les nations peuvent
subsister. L’amour est la plus grande force de l’univers, et parce qu’il
accepte de se sacrifier, l’Agneau est le seul digne de prendre le livre et d’en
ouvrir les sceaux.

Une tradition rapporte que l’archange de Hohmah, Raziel, avait transmis à


Adam le livre contenant les secrets de la création, mais qu’il lui a été repris
après la chute. La Kabbale est une tentative pour reconstituer les éléments
de ce livre perdu.

Références bibliques

438

1. « Puis je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône » –
Apocalypse 5 : 1-7

2. « Moi, la sagesse, l’Éternel m’a créée la première de ses oeuvres » –


Proverbes 8 : 23-31

3. « Au commencement était le Verbe » – Évangile de Jean 1 : 1

Un ange marque au front

les cent quarante-quatre mille serviteurs de Dieu

« Après cela, je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre ; ils
retenaient les quatre vents de la terre afin qu’il ne soufflât point de vent sur
la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre. Et je vis un autre ange qui
montait du côté du soleil levant et qui tenait le sceau du Dieu vivant ; il cria
d’une voix forte aux quatre anges, à qui il avait été donné de malmener la
terre et la mer, et il dit : Ne malmenez pas la terre, ni la mer, ni les arbres,
jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre
Dieu. Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau :
cent quarante-quatre mille de toutes les tribus des fils d’Israël : de la tribu
de Juda, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Ruben, douze
mille… »1 Et de même douze mille pour les tribus des douze autres fils de
Jacob : Gad, Aser, Nephtali, Manassé, Siméon, Lévi, Issacar, Zabulon,
Joseph, Benjamin.

Combien de chrétiens ont cru et croient peut-être encore que le feu du ciel
tombera un jour sur la terre, n’épargnant que cent quarante-quatre mille élus
! La terre est peuplée de plusieurs milliards d’êtres humains, et cent
quarante-quatre mille à peine échapperont à ce châtiment terrible ?… Alors,
quelle angoisse pour tous : chacun a si peu de chances d’être épargné ! Mais
pourquoi ce nombre de cent quarante-quatre mille ?

« Après cela, je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre ».

Les quatre « coins » de la terre où se tiennent les quatre anges sont les
quatre points cardinaux de l’espace entre lesquels s’inscrit le cercle du
zodiaque. Et le zodiaque est représenté ici par les douze tribus des fils
d’Israël, c’est-à-dire des fils de Jacob, Israël étant l’autre nom de Jacob.

Vous vous souvenez des explications que je vous ai données à propos des
paroles qu’il prononce avant de mourir lorsqu’il bénit ses fils : d’après leur
caractère, leurs activités, les événements de leur vie, ces paroles les mettent
439

chacun en relation avec une constellation zodiacale. 202

Avant que Jacob prenne Rachel pour femme, Dieu lui avait promis : « Ta
postérité sera comme la poussière de la terre ; tu t’étendras à l’occident et
à l’orient, au septentrion et au midi (les quatre points cardinaux) …

toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. »3

Cette postérité de Jacob, ce sont donc les douze tribus d’Israël. Mais il ne
faut jamais oublier que ce texte est symbolique. Ces douze tribus
représentent le peuple de Dieu, et si elles sont en relation avec les douze
constellations zodiacales, c’est parce que le cercle du zodiaque est une
image de la totalité.

Dans chaque tribu, douze mille élus sont marqués d’un sceau sur le front, ce
qui, multiplié par douze, qui est le nombre des tribus, donne cent quarante-
quatre mille. Ce nombre douze, qui est donc celui de la totalité, de
l’accomplissement, est aussi très présent dans la description de la Jérusalem
céleste à la fin de l’ Apocalypse.214 La Jérusalem céleste a douze
fondations, douze portes gardées par douze anges, ses murs ont douze mille
stades de côté, ses remparts cent quarante-quatre coudées… Il existe un lien
étroit entre les cent quarante-quatre mille élus et la nouvelle Jérusalem, la
Cité céleste « qui descend du ciel ». C’est le même symbole de la vie
parfaite, représentée dans le premier cas sous l’aspect d’une assemblée de
serviteurs de Dieu et, dans le second, sous la forme d’une ville.

Et maintenant, quel est ce sceau dont des anges marquent le front des élus
pour qu’ils soient à l’abri des quatre vents qui vont se déchaîner sur la terre

? De certains êtres vraiment exceptionnels, on dit qu’ils sont choisis, élus, et


qu’ils portent sur le front une marque spéciale qui les distingue entre tous.

Et c’est vrai, mais ce n’est pas une marque physique qu’un ange vient poser
de l’extérieur. Ce sceau est l’expression de leur vie intérieure, de leur vie
spirituelle. Les actes, les sentiments, les pensées, les états de conscience des
humains s’enregistrent automatiquement en eux et y laissent des traces.

Tout leur être est imprégné, modelé, façonné par les manifestations de leur
vie psychique. S’ils agissent avec bonté, justice, patience, amour, ces vertus
s’inscrivent en eux ; et non seulement elles s’inscrivent en eux, mais elles
créent autour d’eux une sorte de champ magnétique qui attire de l’espace
des influences bénéfiques. Parce que chez certains êtres ce magnétisme est
très puissant, on a pu dire qu’ils étaient marqués d’un signe spécial, un
signe d’élection, qui les protège des forces obscures.

Quand un étudiant réussit à un examen, il reçoit un diplôme qui lui ouvre


certaines portes et lui donne de nouvelles possibilités. De la même façon,
440
celui qui passe les épreuves de la vie avec succès reçoit un diplôme, mais ce
n’est pas un papier comme les diplômes des universités qui peuvent être
déchirés, brûlés, effacés ou volés. Là, c’est comme un sceau qui, dans les
plans subtils, s’imprime sur son visage, sur son corps, sur tout son être, et
personne ne peut le lui arracher. Les esprits de la nature le reconnaissent
même de loin ; à travers l’espace, partout où il va, les esprits voient cette
marque inscrite sur lui, et alors ils accourent pour l’aider, le protéger. Cette
empreinte vivante, faite d’émanations puissantes et lumineuses, c’est cela la
marque posée sur le front des serviteurs de Dieu.

Quant à vous, il est inutile de vous demander si vous ferez partie des cent
quarante-quatre mille élus qui seront marqués du sceau de l’ange.

Travaillez, c’est tout ! La faiblesse, la vulnérabilité sont des dangers qui


guettent les adeptes d’un enseignement spirituel. Parce qu’ils ont choisi le
chemin de la lumière, ils ont trop souvent tendance à s’imaginer qu’ils vont
avancer sous la protection de puissantes entités, à l’abri des accidents, des
maladies, des attaques de gens malveillants. Alors, quand ils ont à affronter
des épreuves auxquelles ils ne s’attendaient pas, ils ne savent pas comment
faire face et ils s’effondrent. Désormais, chacun doit savoir par avance
qu’un enseignement spirituel ne lui prépare pas un refuge où il sera à l’abri
des accidents de la vie ; mais en lui donnant une lumière, des méthodes, il
fait tellement plus !

Éclairez-vous à cette lumière, pratiquez ces méthodes, et quoi qu’il arrive,


vous resterez ferme et inébranlable. La grâce de Dieu ne tombe pas au
hasard sur les êtres, mais seulement sur ceux qui marchent inlassablement
sur le chemin de la lumière.

Références bibliques

1. « Après cela, je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre » –
Apocalypse 7

: 1-5

2. Avant de mourir Jacob s’adresse à ses fils – Genèse 49 : 1-27


3. « T a postérité sera comme la poussière de la terre » – Genèse 28 : 14

4. La Jérusalem céleste – Apocalypse 21 : 10-22

La femme couronnée d’étoiles

et la grande prostituée

441

« Un grand signe parut dans le ciel : une femme enveloppée du soleil, la


lune sous ses pieds et une couronne de douze étoiles sur sa tête. Elle était
enceinte, et elle criait, étant en travail et dans les douleurs de
l’enfantement. Un autre signe parut encore dans le ciel ; et voici, c’était un
grand dragon rouge ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept
diadèmes. Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel et les jetait sur la
terre. Le dragon se tint devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer
son enfant, lorsqu’elle aurait enfanté. Elle enfanta un fils qui doit paître
toutes les nations avec une verge de fer. Et son enfant fut enlevé vers Dieu
et vers son trône. Et la femme s’enfuit dans le désert, où elle avait un lieu
préparé par Dieu, afin qu’elle y fût nourrie pendant mille deux cent
soixante jours. »1

Dans le jardin d’Éden le serpent était parvenu à persuader Ève de manger


du fruit défendu. Je vous ai expliqué ce récit en utilisant le symbolisme de
l’Arbre séphirotique.22 Ève, le principe féminin, c’est Iésod, la Lune ; et
comme Iésod est proche de Malhouth, la Terre, si elle n’est pas liée à
Tiphéreth, le Soleil, située au-dessus d’elle, elle se trouve exposée aux
seules influences terrestres ou même souterraines. Car sous la terre
demeurent les Kliphoth, les séphiroth noires, les forces du mal, symbolisées
par le serpent, ou le dragon qui est une autre figure du serpent.

Si le serpent a réussi à séduire Ève, c’est-à-dire à l’entraîner vers les régions


souterraines où il a sa demeure, c’est qu’elle n’était pas assez solidement
liée à Tiphéreth, le Soleil.
Mais la femme décrite par saint Jean est au contraire parvenue à quitter
Iésod puisqu’elle a la lune sous ses pieds – et à s’élever jusqu’à Tiphéreth,
puisqu’elle est enveloppée de soleil. Enfin, sa tête est couronnée de douze
étoiles pour signifier qu’elle reçoit aussi la lumière des douze
constellations. Devant cette femme se dresse un dragon à dix cornes (les dix
séphiroth noires, les Kliphoth) et sept têtes (les sept planètes dans leurs
manifestations inférieures) portant des diadèmes. Ce sont les sept rois
sinistres d’Édom que mentionne le Zohar.* Ce dragon représente donc
l’Arbre séphirotique inversé. De même qu’il existe des princes de la
lumière, il existe des princes des ténèbres, c’est pourquoi le dragon porte lui
aussi des diadèmes.

La femme devant laquelle se dresse le dragon est enceinte, et il attend


qu’elle mette au monde son enfant afin de le dévorer. Cet enfant symbolise
l’avènement d’une ère nouvelle, et s’il est dit que le dragon attend de
pouvoir le dévorer, c’est que les ténèbres cherchent toujours à engloutir
chaque nouvelle apparition de la lumière. Mais là, elles ne réussissent pas.

442

Malgré sa puissance le dragon ne parvient pas à s’emparer de la mère et de


l’enfant. L’enfant est sauvé, ainsi que sa mère.

Mais pourquoi est-ce au désert que Dieu a préparé à la mère une place où
elle sera nourrie ? Le désert apparaît d’abord comme un lieu vide, sans vie,
et donc sans intérêt, ou même dangereux parfois, qu’on se dépêche de
traverser. En réalité, loin du bruit, de l’agitation et du désordre des humains,
les déserts, comme les sommets des montagnes, sont des lieux vivants,
habités. Les esprits de la nature, mais aussi certains êtres très évolués qui
ont maintenant quitté la terre viennent s’y réfugier afin de ne pas être
dérangés dans leurs travaux, et on peut percevoir leur présence. Dans le
silence de ces immenses étendues entre la terre et le ciel, l’âme a la
sensation de retourner vers la Source originelle, de s’y abreuver, de s’y
nourrir. Voilà pourquoi c’est au désert que la femme qui a échappé au
serpent trouve un lieu préparé par Dieu où elle sera nourrie. Il faut avoir
longtemps appris le détachement, le renoncement aux distractions, aux
plaisirs faciles, symbolisés ici par le serpent, pour trouver au désert une
nourriture spirituelle. Seuls les saints, les Initiés, qui ont dominé le serpent
en eux en sont capables, et dans ce silence vivant, vibrant, leur pensée se
libère pour entreprendre un véritable travail de création.

À cette femme couronnée d’étoiles qui a mis au monde un fils de la lumière


s’oppose la grande prostituée décrite plus loin. Elle est assise sur une bête
qui a elle-même sept têtes et dix cornes, comme le dragon, et sur son front
est écrit : « Babylone la grande, la mère des impudiques et des
abominations de la terre. »2 Car elle aussi met des enfants au monde. Vous
remarquerez que, dans les deux cas, il s’agit d’une femme, pourquoi ? Parce
que le principe féminin possède les clés de la réalisation, de la
matérialisation. Que ce soit le bien ou le mal, c’est le principe féminin qui
réalise. La femme a pour fonction de mettre des enfants au monde, mais un
enfant peut être aussi le symbole d’un accomplissement dans les plans
psychique et spirituel. Quels que soient les plans, physique, psychique ou
spirituel, ce sont les mêmes lois qui agissent. Et la femme est ainsi
construite qu’il émane d’elle des particules très subtiles, une matière
éthérique qui peut servir à incarner des idées, des projets, à leur donner un
corps.23

C’est pourquoi les femmes doivent devenir conscientes de leur immense


pouvoir et décider à quels projets elles veulent s’associer. Le salut de
l’humanité dépend de l’orientation qu’elles prendront. De même que dans le
443

plan des archétypes en haut il n’existe qu’une femme, la Femme cosmique


environnée de soleil et couronnée d’étoiles, de même, sur la terre, toutes les
femmes doivent s’unir pour ne former qu’une seule femme. C’est cette
femme collective qui mettra au monde la nouvelle vie : le Royaume de
Dieu, symbolisé à la fin de l’Apocalypse par la descente de la Jérusalem
céleste. Le Royaume de Dieu a besoin des femmes, de toutes les femmes,
pour se réaliser sur la terre, car c’est elles qui possèdent la matière dans
laquelle il peut prendre corps.

Références bibliques

1. « Un grand signe parut dans le ciel » – Apocalypse 12 : 1-6

2. « Babylone, mère des impudiques » – Apocalypse 17 : 5


8

L’archange Mikhaël et ses anges

précipitent le dragon sur la terre

« Et il y eut une guerre dans le ciel. Mikhaël et ses anges combattirent


contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent, mais ils ne furent
pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. Le grand
dragon, le serpent ancien appelé le Diable et Satan, celui qui séduit toute la
terre, fut précipité sur la terre et ses anges furent précipités avec lui… 1

« Malheur à la terre et à la mer ! car le diable est descendu vers vous,


animé d’une grande colère, sachant qu’il a peu de temps. »2

Dans de nombreux mythes le dragon est associé au principe cosmique du


mal, considéré comme une entité collective. Dans la tradition judéo-
chrétienne cette entité est aussi présentée comme une armée d’anges
rebelles qui, avant la création de l’homme, s’étaient révoltés contre Dieu
sous la conduite de leur chef, Lucifer. C’est à eux que s’oppose ici la milice
céleste avec, à sa tête, l’archange Mikhaël. Pourquoi Mikhaël ? Une
tradition rapporte que, lorsque Lucifer se dressa contre Dieu en se déclarant
son égal, un autre archange, indigné par tant d’orgueil, se présenta devant
lui en criant : « Mi (qui) ka (comme) El (Dieu) ? » c’est-à-dire : « Qui est
comme Dieu ? » Il fut alors appelé Mikaël et placé à la tête des armées
célestes. C’est lui aussi qui est apparu à Josué avant la prise de Jéricho en
444

disant : « Je suis le chef de l’armée de l’Éternel »,3 et Josué remporta la


victoire.24

Dans l’Arbre séphirotique, Mikhaël est l’archange de la séphira Tiphéreth, il


est la lumière qui combat les ténèbres. C’est cette tradition qui est reprise
dans l’ Apocalypse : le dragon, le serpent ancien, et les anges des ténèbres
qui l’ont suivi dans sa révolte n’ont plus leur place dans le ciel, ils en sont
donc chassés par Mikhaël et ses anges.
Mais même s’ils sont chassés du ciel, les anges des ténèbres ne sont pas
anéantis. Ils ne s’avouent pas vaincus. C’est pourquoi il est dit : « Malheur
à la terre et à la mer car le diable est descendu vers vous. » La terre et la
mer sont ici des symboles qu’il faut interpréter. En l’homme, le ciel
représente le monde de la pensée, et c’est là d’abord, dans sa pensée, qu’il
peut commencer par triompher du mal. Je vous l’ai souvent dit : pour bien
agir, il faut apporter d’abord un changement dans la pensée (le ciel), c’est-à-
dire accepter une nouvelle lumière, de nouvelles idées, et prendre de bonnes
décisions. De la pensée, ce changement descend dans le sentiment (l’eau, la
mer) et ensuite dans les actes (la terre). L’archange Mikhaël, c’est la
lumière qui disperse les obscurités du ciel de l’homme. Et ces obscurités
s’accrochent avec d’autant plus de force à ses sentiments et à ses actes
qu’elles savent qu’elles en seront bientôt chassées aussi. Voilà comment il
faut interpréter la colère du dragon qui s’acharne sur la mer et la terre.

Puisqu’il a été chassé du ciel, le monde de la pensée, il sait que son temps
est maintenant compté : il va bientôt perdre son pouvoir sur la mer, le
monde du sentiment, et sur la terre, celui des actes.

Comprendre le symbole du dragon, c’est déjà l’affaiblir. Méditez sur


l’image de l’archange Mikhaël terrassant le dragon et vous irez du chaos
vers l’harmonie, de l’obscurité vers la lumière.

Références bibliques

1. « Et il y eut une guerre dans le ciel » – Apocalypse 12 : 7-9

2. « Malheur à la terre et à la mer » – Apocalypse 12 : 12

3. « Je suis le chef de l’armée de l’Éternel » – Josué 5 : 14

Le dragon lance de l’eau contre la femme

445
« Quand le dragon vit qu’il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la
femme qui avait enfanté l’enfant mâle. Et les deux ailes du grand aigle
furent données à la femme, afin qu’elle s’envolât au désert, loin du
serpent… Et de sa bouche, le serpent lança de l’eau, comme un fleuve
derrière la femme, afin de l’entraîner par le fleuve. Et la terre secourut la
femme, et la terre ouvrit sa bouche et engloutit le fleuve que le dragon avait
lancé de sa bouche… »1

Une fois précipité sur la terre, le dragon se met à la poursuite de la femme,


et elle ne peut lui échapper que parce qu’elle a reçu les ailes d’un aigle. Au
dragon, monstre terrestre et même souterrain, s’oppose l’aigle qui s’élève
très haut dans le ciel. Vous remarquerez que la femme ne reçoit pas des
armes pour combattre le dragon sur son terrain, mais des ailes, car pour
échapper à l’emprise des puissances ténébreuses il n’y a pas d’autre issue
que de s’envoler vers les régions célestes.

Souvenez-vous aussi que dans le chapitre sur les quatre Animaux saints,
nous avons vu que, dans le zodiaque, le Scorpion est remplacé par l’Aigle
qui est tombé. 25 Ce qu’on peut interpréter comme un changement
d’orientation de la force sexuelle qui n’a pas conservé la direction
ascendante. Le serpent, comme le scorpion, se traîne sur le sol et recherche
l’humidité, c’est le même symbolisme. Ici, la femme qui échappe au serpent
et s’envole grâce aux ailes de l’aigle représente la force sexuelle sublimée.

La femme a donc échappé au serpent, mais il ne reconnaît pas si vite sa


défaite. Pour rattraper la femme et l’entraîner avec lui, il dispose encore
d’un moyen : l’eau. Il projette donc un fleuve derrière elle. Ce fleuve, ce
sont ses propres énergies, car l’eau est le symbole de la vie ; toutes les
énergies qui circulent dans l’univers peuvent être représentées comme une
eau, un fluide qui soutient et alimente la vie. Que ce soit la vie divine, la vie
angélique, la vie humaine ou la vie infernale, l’eau est toujours associée à la
vie. Bien qu’étant une créature déchue, le dragon lui aussi possède la vie, et
cette eau qu’il projette pour capturer et engloutir la femme est l’expression
de sa vie.

Cette eau est absorbée par la terre qui vient donc aussi au secours de la
femme. Dans le plan physique les quatre éléments ont la propriété de se
renforcer mutuellement ou de se neutraliser. L’air attise le feu ou l’éteint.
L’eau aussi éteint le feu, mais le feu peut la transformer en vapeur. Quant à
la terre, elle absorbe l’eau. On retrouve l’équivalent de ces phénomènes
dans le plan psychique. Je vous ai indiqué des exercices à faire avec la terre,
parce que dans le plan psychique aussi la terre absorbe les mauvais 446

fluides. Lorsque vous vous sentez troublé, traversé par des courants
négatifs, vous pouvez faire un petit trou dans la terre, y placer un doigt et
demander aux entités qui travaillent là dans ses entrailles, de les absorber.26

La terre a secouru la femme en engloutissant le fleuve que le dragon


projetait sur elle ; de la même façon, la terre peut aussi nous secourir en
absorbant les courants malsains que notre nature inférieure, le dragon,
projette sur nous. À l’heure actuelle, les changements qui se produisent
dans la société font que les humains sont de moins en moins en contact avec
la terre ; c’est dommage, car ces contacts sont toujours bénéfiques pour le
psychisme. À plusieurs reprises j’ai conseillé à des personnes qui
souffraient d’angoisses, d’obsessions, de travailler la terre, car piocher,
creuser, désherber, planter peut être pratiqué comme une thérapie.

Combien de commentateurs n’ont vu dans l’Apocalypse qu’une


accumulation de fantasmagories ! Certains ont même suggéré que saint
Jean, devenu vieux, avait un peu perdu la tête. Mais comme vous pouvez le
constater, ces images, ces récits sont fondés sur une réalité et beaucoup ont
même des applications dans notre vie quotidienne.

Référence biblique

1. « Quand le dragon vit qu’il avait été précipité sur la terre » – Apocalypse
12 : 13-17

10

La bête qui monte de la mer

et la bête qui monte de la terre

« Puis je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, et
sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème. La
bête que je vis était semblable à un léopard ; ses pieds étaient comme ceux
d’un ours, et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa
puissance et son trône et une grande autorité. Et je vis l’une de ses têtes
comme blessée à mort ; mais sa blessure mortelle fut guérie. Et toute la
terre était dans l’admiration derrière la bête. Et ils adorèrent le dragon,
parce qu’il avait donné l’autorité à la bête… 1

« Puis je vis monter de la terre une autre bête… Elle exerçait toute
l’autorité de la première bête en sa présence, et elle faisait que la terre et
ses habitants adoraient la première bête dont la blessure mortelle avait 447

été guérie […] Et elle séduisait les habitants de la terre par des prodiges
qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête. Que celui qui a de
l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme,
et son nombre est six cent soixante-six. »2

Le dragon a été précipité sur la terre par l’Archange Mikhaël et sa milice,


mais il reçoit maintenant le renfort de deux bêtes : celle qui monte de la mer
et celle qui monte de la terre. L’eau et la terre sont, nous l’avons vu, des
régions qui n’ont pas encore été visitées, organisées par l’esprit ; elles
représentent donc la nature inférieure de l’homme.

D’après la Science initiatique, il existe d’une part une entité cosmique du


mal appelée, selon le cas, le diable, Satan, Lucifer, le serpent, le dragon, le
Léviathan, etc., et d’autre part, des réservoirs de forces ténébreuses. Ces
réservoirs sont formés par l’accumulation des pensées, des sentiments et des
actes mauvais des humains. Ces réservoirs sont appelés

« égrégores ». 27 Et de même qu’il existe des égrégores des ténèbres, il


existe des égrégores de la lumière, émanations des pensées, des sentiments
et des actes inspirés par la sagesse et l’amour. Les égrégores des ténèbres
prennent la forme d’animaux féroces, ce qui explique la mention du
léopard, de l’ours et du lion dans la description de la bête qui monte de la
terre. La bête qui monte de la mer est aussi un égrégore. Le dragon donne
son pouvoir à ces deux bêtes, mais réciproquement elles renforcent elles-
mêmes le pouvoir du dragon en exhortant les habitants de la terre à lui
rendre un culte et à blasphémer le nom de Dieu.
De la seconde bête, celle qui monte de la terre, saint Jean dit que son
nombre est six cent soixante-six. Depuis des siècles, ce nombre a excité les
imaginations. Au lieu de s’efforcer de comprendre son symbolisme,
combien de personnes se sont contentées de chercher quel personnage
historique, quelle doctrine, quelle idéologie il représentait. Cela a varié avec
les époques : on y a vu Néron, le protestantisme, Napoléon, Hitler, le
communisme, etc.

En réalité, 666 est le nombre 6 répété dans les trois plans physique, astral et
mental. Pour comprendre le 6, il faut l’étudier par rapport au 5. Le 5 est le
nombre de l’homme qui, lorsqu’il écarte ses bras et ses jambes, s’inscrit
dans l’étoile à cinq branches, le pentagramme. Le 5 représente l’homme qui
s’est débarrassé du côté animal, symbolisé par la queue. Le 6

doit donc être interprété ici comme le nombre de l’animal, et 666 comme
les trois plans dans lesquels se manifeste la nature inférieure, animale, de
l’homme. C’est pourquoi nous devons vivifier le nombre 5 en nous, en 448

travaillant avec les cinq vertus du pentagramme : la sagesse, l’amour, la


vérité, la bonté, la justice.28

Passer de l’animal à l’homme, c’est passer du 6 au 5, ce qui exige de grands


efforts, car la nature humaine est tellement proche encore de la nature
animale avec tous ses instincts et ses appétits ! Nous traînons tous avec
nous notre passé animal : la ruse, la brutalité, la cruauté, la voracité, la
sensualité.29 Nous ne pourrons tenir tête à toutes ces tendances instinctives
qu’en cherchant à développer nos facultés spirituelles.

Si la nature animale est si puissante en l’être humain, c‘est que pendant des
millénaires, il a dû, pour survivre, affronter des conditions particulièrement
difficiles. Regardez toute la peine que se donnent les animaux pour trouver
de la nourriture, se procurer un abri et le conserver, élever leurs petits, se
protéger des attaques d’autres animaux… Après avoir vécu dans de
pareilles conditions, comment la nature instinctive de l’homme pourrait-elle
être bonne et généreuse ? C’est donc là maintenant le problème que nous
avons à résoudre : maîtriser cette force formidable que nous avons tous en
nous et qui est justement ce que l’Apocalypse appelle la Bête. Cette Bête, il
est inutile d’aller la chercher chez les autres, dans l’histoire ou ailleurs.
C’est en chacun de nous qu’elle se trouve. Elle existe extérieurement,
collectivement, c’est entendu. Mais elle existe aussi en nous.

Tâchez donc de prendre conscience de l’importance de ce travail qu’il reste


à faire pour maîtriser la Bête, votre nature inférieure, avec les armes de
l’esprit. Sinon, que croyez-vous ? Qu’elle vous sera reconnaissante de
l’avoir nourrie et servie ? Pas du tout ! L’avidité et l’ingratitude sont les
caractéristiques de la nature inférieure, et elle finira par vous dévorer…

Regardez comment est traitée finalement la grande prostituée qui était


assise sur la bête à dix cornes et à sept têtes : « Les dix cornes (qui sont, je
vous l’ai dit, le symbole des dix séphiroth noires) et la bête haïront la
prostituée, la dépouilleront et la mettront à nu, mangeront ses chairs et la
consumeront par le feu. »3 Après l’avoir réchauffée et nourrie, on finit
toujours par être mis en pièces par la nature inférieure.

Références bibliques

1. « Puis je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes »

Apocalypse 13 : 1-7

2. « Puis je vis monter de la terre une autre bête » – Apocalypse 13 : 11-18

3. « Les dix cornes et la bête haïront la prostituée » – Apocalypse 17 : 16

449

11

Le festin des noces de l’Agneau

« Et j’entendis comme une voix d’une foule nombreuse, comme un bruit de


grosses eaux, disant : Alléluia ! car le Seigneur notre Dieu tout-puissant est
entré dans son règne. Soyons dans l’allégresse et donnons-lui la gloire ; car
les noces de l’Agneau sont venues et son épouse s’est préparée et il lui a été
donné de se revêtir de lin fin, éclatant, pur. Car le lin fin, ce sont les œuvres
justes des saints. Et l’ange me dit : Écris : Heureux ceux qui sont appelés
au festin des noces de l’agneau !… »1

Et plus loin il est écrit : « Puis un des sept anges m’adressa la parole en
disant : Viens, je te montrerai l’épouse, la femme de l’Agneau… Et il me
montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d’auprès de Dieu.
»2

Une grande fête se prépare maintenant dans le ciel : les noces de l’Agneau.
Et l’épouse de l’Agneau est… une ville : Jérusalem. Comment ne pas être
surpris par cette image de l’union d’un agneau et d’une ville ? Pour
comprendre ces noces symboliques, il faut d’abord partir de l’idée que le
vrai mariage est l’union des deux grands principes cosmiques, l’éternel
masculin et l’éternel féminin, l’esprit et la matière.

L’Agneau dont on célèbre les noces est un symbole du Christ, de l’esprit ; et


son épouse est cette cité terrestre, symbole de la matière qui, par son union
avec lui, deviendra la Jérusalem céleste, la cité de Dieu. Pour cette
cérémonie, l’épouse est revêtue de lin éclatant. Ce tissu précieux lui est en
quelque sorte offert par les justes, car ce sont les justes qui tissent par leurs
œuvres la matière du vêtement dont elle est parée. Et comme on n’imagine
pas des noces sans festin, « Heureux, dit l’ange, ceux qui sont appelés au
festin des noces de l’Agneau ». Ce qui signifie que tous ne sont pas invités,
mais seulement ceux qui en sont dignes parce qu’ils se sont préparés. De
même que les vierges sages de la parabole ont été acceptées par l’époux
parce qu’elles avaient apporté de l’huile pour leur lampe. 303

Mais, en réalité, pour nous ce festin peut avoir lieu tous les jours, car c’est
tous les jours que se célèbrent les noces de l’esprit et de la matière, du Ciel
et de la terre : c’est tous les jours que nous, les humains, nous pouvons nous
unir à l’esprit divin en nous revêtant de la robe lumineuse de l’aura, tissée
de nos pensées, de nos sentiments et de nos actes les plus purs. Ceux qui se
sont préparés seront bien accueillis. Quant aux autres, ils subiront le 450

même sort que l’homme dont parle Jésus dans la deuxième parabole du
festin des noces : il s’est présenté sans sa robe de cérémonie et il a été
chassé de la salle. 314 Cette robe est le symbole de l’état intérieur dans
lequel il faut se trouver pour pouvoir participer au festin des noces de
l’Agneau. C’est déjà beaucoup d’être appelé. On ne vous fera peut-être pas
asseoir en haut de la table, près du maître de maison, mais qu’importe ?

Même à l’autre bout de la table, cela vaut la peine d’avoir une petite place
pour participer à ce festin.

Références bibliques

1. « Et j’entendis comme une voix d’une foule nombreuse » – Apocalypse


19 : 6-9

2. « Puis un des sept anges m’adressa la parole » – Apocalypse 21 : 9

3. La parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles – Matthieu
25 : 1-13

4. Deuxième parabole du festin des noces – Matthieu 22 : 1-14

12

Le dragon lié pour mille ans

« Puis je vis descendre du ciel un ange qui avait la clé de l’abîme et une
grande chaîne dans sa main. Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le
Diable et Satan, et il le lia pour mille ans. Il le jeta dans l’abîme, ferma et
scella l’entrée au-dessus de lui, afin qu’il ne séduisît plus les nations,
jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis. Après cela, il faut qu’il soit
délié pour un peu de temps. »1

L’Archange Mikhaël et la milice céleste avaient précipité le dragon du haut


des cieux, et maintenant un ange le saisit, le ligote et le jette dans l’abîme
pour mille ans. On voit là que la lutte contre le mal est l’affaire des entités
célestes, et non des humains : ils n’en ont ni la taille, ni l’envergure, ni les
méthodes. Tous ceux qui se sont imaginé qu’ils étaient assez forts pour
partir en guerre contre le mal ont été terrassés, car il est une force cosmique
extrêmement puissante. Mais c’est également une erreur de croire, comme
le font certains, que le mal possède autant de pouvoir que le bien et que le
Diable est une entité assez formidable pour tenir éternellement tête à Dieu.
Le bien et le mal, la lumière et les ténèbres sont deux puissances qui
agissent dans l’univers. La science ésotérique les appelle « la loge 451

blanche » et « la loge noire ». Mais ces deux loges sont dominées par une
troisième, dont même les Initiés savent peu de chose, car c’est une réalité
qui dépasse l’entendement humain. Cette troisième loge est le domaine
exclusif de Dieu, qui est au-dessus du bien et du mal, et qui utilise l’un et
l’autre. Les humains ne doivent pas chercher à combattre la loge noire, ils
ne sont pas armés pour cette lutte. La seule chose qu’ils ont à faire est de se
lier à la loge blanche, aux puissances du bien, à suivre leurs instructions :
elles leur donneront les éléments qui neutraliseront les poisons sécrétés par
la loge noire. C’est ainsi qu’ils arriveront à faire triompher le bien en
conservant leurs forces et leur paix.

Quand certains audacieux se donnent pour mission d’anéantir le mal dans le


monde, ils ignorent à quels dangers ils s’exposent. Mais il n’est pas
question non plus d’attendre sans rien faire que les entités célestes viennent
terrasser le dragon et le ligoter. Chaque jour nous pouvons renforcer
l’armée du bien, l’armée des fils et des filles de Dieu, l’armée de la lumière,
afin de hâter sa victoire. Quand cette armée sera suffisamment nombreuse,
les entités des ténèbres seront vaincues. Si elles continuent à exercer leur
activité destructrice, c’est qu’elles sont encore trop alimentées par les
convoitises et les désirs inférieurs des humains.

Le dragon sera donc ligoté et jeté dans l’abîme pour mille ans. Ensuite, il
est dit qu’on le laissera sortir pour un peu de temps. Est-ce qu’il
recommencera à faire du mal ? Non, parce que pendant ces mille ans on ne
va pas le laisser livré à lui-même : des éducateurs, des pédagogues lui
feront faire un bon apprentissage. En bas, sous terre, il existe aussi des
sortes d’ateliers avec des pédicures, des manucures, des dentistes – disons
les choses ainsi ! – qui lui limeront les griffes et les dents et lui enlèveront
son venin afin de le rendre inoffensif. Sinon, à quoi cela sert-il d’enfermer
un dragon pendant mille ans si, en sortant, il doit continuer à faire les
mêmes dégâts, les mêmes ravages ? Un dragon ne se transforme que s’il est
corrigé, éduqué. Exterminer des créatures est contraire à la sagesse divine,
même si elles sont malfaisantes. Mais les laisser inactives aussi. Pour
l’Intelligence cosmique il ne doit y avoir ni mort ni inactivité : partout elle
veut voir la vie et l’activité se manifester. C’est pourquoi il est prévu que les
créatures infernales qui forment cet égrégore32 appelé le Dragon ou le
Diable pourront aussi être éduquées et retourner un jour vers Dieu. Vous ne
me croyez pas ?… Eh bien, si, le Seigneur les attend, sa patience est infinie,
Il n’est pas pressé. Il existe encore des entités malfaisantes qui tourmentent
les humains, mais il est écrit qu’une époque viendra où elles ne les 452

tourmenteront plus.

Comment je sais cela ? Parce que je l’ai lu, tout simplement. Où je l’ai lu

?… Pas dans les livres des humains en tout cas, mais dans le Livre de la
nature vivante. C’est dans ce livre que j’ai découvert que l’amour de Dieu,
la vie de Dieu descend jusque dans les profondeurs de la terre et des
abîmes. Même là, il reste encore quelques particules de vie qui permettent
aux habitants de ces régions de subsister. Et puisque la vie de Dieu descend
jusque dans les abîmes, c’est que les créatures des profondeurs peuvent
toujours en bénéficier pour se racheter. 33

Donc, le dragon, on ne le tue pas, mais on ne le laisse pas non plus livré à
lui-même : on l’éduque. Ou bien alors on le mange !… Eh oui, c’est là une
autre façon de présenter les choses pour dire comment on peut résoudre le
problème du mal. Dans l’Ancien Testament le livre de Job mentionne un
monstre marin appelé le Léviathan : son aspect est si effrayant que celui qui
l’aperçoit est immédiatement terrassé. 2 Ce monstre marin personnifie les
forces obscures. En effet, à cause de son caractère inorganisé et chaotique,
avec ses abîmes sans fond habités par des créatures qu’on ne connaît même
pas, la mer est considérée, symboliquement, comme le lieu où naissent et se
développent les puissances des ténèbres.34 Eh bien, ce Léviathan, il est dit
dans le Talmud qu’aux derniers jours il sera capturé, dépecé, salé et mis en
conserve pour le régal des justes ! Là encore il s’agit d’un repas. Alors,
vous imaginez maintenant le festin qui attend les justes : la chair du
Léviathan, quelles délices et quelles réjouissances en perspective ! Si on
doit comprendre cela littéralement, évidemment il risque de ne pas y avoir
beaucoup d’amateurs pour ce festin. Mais voici l’interprétation : puisque le
Léviathan, qui est un monstre, doit faire le régal des justes, cela signifie que
si on sait comment considérer le mal et agir avec lui, il devient une
nourriture, c’est-à-dire une source d’énergies, de richesses et de
bénédictions.

Dans la nature tous les êtres servent de nourriture à d’autres, c’est une loi,
et cette loi se vérifie dans le plan psychique comme dans le plan physique.
Qu’est-ce que la lutte du bien et du mal ? L’affrontement de deux entités
affamées. On le voit : les deux ne font que se dévorer mutuellement.

Si on fait prévaloir le bien, il sait comment s’y prendre pour avaler le mal,
mais si on laisse faire le mal un seul instant, aussitôt il engloutit le bien. 35

En nous, le bien et le mal sont présents sous la forme de la nature


supérieure et de la nature inférieure. Le plus grand désir de la nature
inférieure est de nous saisir pour nous dévorer. Vingt fois, trente fois, 453

cinquante fois par jour, elle essaie de nous attraper pour se repaître de nous,
et ceux qui n’ont pas été vigilants lui abandonnent quelques morceaux.

Ensuite, bien sûr, ils se sentent affaiblis, tandis qu’elle, toujours affamée,
part à la recherche de nouvelles proies. C’est pourquoi nous devons donner
la première place à notre nature supérieure et faire en sorte qu’elle ait au
moins, chaque jour, un petit morceau de notre nature inférieure à se mettre
sous la dent. Une fois qu’elle l’a bien mâché et absorbé, elle le transforme
en sa propre substance. La psychologie de l’avenir sera fondée sur la
compréhension de ce processus : l’absorption et la digestion, l’assimilation
de la nature inférieure par la nature supérieure.
Références bibliques

1. « Puis je vis descendre du ciel un ange qui avait la clé de l’abîme » –


Apocalypse 20 : 1-4

2. Le Léviathan – Job 40 : 20

13

« Puis je vis un nouveau ciel

et une nouvelle terre »

« Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la
première terre avaient disparu… »1

Un nouveau ciel et une nouvelle terre… Faut-il comprendre que le Créateur


a été obligé de recommencer sa création, et pourquoi ? Est-ce qu’elle avait à
ce point vieilli ? La terre, oui, à la rigueur, on comprend qu’elle ait un peu
vieilli, parce qu’elle a été faite d’éléments matériels qui s’usent, se
désagrègent, et avec le temps il peut paraître nécessaire de les remplacer.
Mais le ciel, lui, dont la matière est pure, lumineuse, incorruptible ?… Il est
écrit dans la Genèse qu’après avoir créé le ciel et la terre, « Dieu vit que
cela était bon ».2 S’Il a dû en faire de nouveaux, cela ne parle pas tellement
en faveur de sa perfection.

En réalité, par le mot « ciel », il faut comprendre une chose, et par le mot

« terre », il faut en comprendre une autre : dans le langage des symboles, le


ciel représente la partie psychique de l’être humain, le domaine de la
pensée, des projets ; et la terre représente le domaine de la concrétisation,
de la réalisation dans la matière. Et de même que, dans le cosmos, le ciel et
454

la terre forment une unité, dans l’être humain ils sont également liés. Un

« nouveau ciel » signifie des idées nouvelles, une compréhension, une


perception, une philosophie nouvelles qui, nécessairement, entraîneront une
« nouvelle terre », c’est-à-dire des attitudes nouvelles, des comportements
nouveaux, une nouvelle façon de vivre.

La tête est dans le ciel, les pieds sont sur la terre, et les pieds marchent
d’après ce que suggère la tête, ils courent toujours là où la tête a quelques
projets. C’est donc le comportement, la conduite, la façon d’agir des
humains qui changeront à cause du changement de la tête, c’est-à-dire à
cause d’une nouvelle philosophie. En réalité, ce ciel ne sera pas vraiment
nouveau, il est là de toute éternité. C’est pour les humains qu’il sera
nouveau. Car même s’il est là devant leurs yeux, ils ne le voient pas ; mais
le jour où ils le découvriront, il sera évidemment « nouveau » et il
deviendra pour eux une source d’inspiration.

Prenons l’image du fleuve. On parle du Danube, de la Seine ou de la


Tamise… Depuis des siècles leur nom reste le même, mais l’eau qui coule
dans leur lit est toujours nouvelle.36 Et le soleil, que nous voyons identique
chaque jour, est lui aussi toujours nouveau, car ses émanations, ses
radiations sont à chaque instant différentes. Ce qui est à chaque instant
nouveau, c’est la vie, le contenu. Si vous êtes capable d’aller suffisamment
loin, suffisamment haut, au-delà du contenant, de la forme, afin de pénétrer
dans le contenu, c’est-à-dire dans la vie, vous trouverez que tout est
nouveau ; le ciel et la terre sont sans cesse nouveaux.

Donc, le nouveau ciel, cela signifie que le niveau de conscience des


humains s’élèvera jusqu’à un degré où ils découvriront ce qui a toujours
existé, mais qu’ils n’avaient encore jamais vu. Depuis toujours le soleil
brille au-dessus de leur tête, mais tant qu’ils ne se réjouissent pas de sa
présence, tant qu’ils ne le contemplent pas, ne le sentent pas comme un être
vivant, intelligent, avec lequel ils peuvent entrer en relation, tant qu’ils ne
cherchent pas à devenir comme lui, c’est qu’ils sont encore dans l’ancien
ciel.

Il faut apprendre à interpréter le langage des symboles, sinon beaucoup de


textes sacrés paraissent n’avoir aucun sens. Comment voulez-vous que le
ciel et la terre disparaissent pour laisser la place à un autre ciel et à une
autre terre ? Le ciel restera ce qu’il est, et la terre aussi (à moins que les
humains eux-mêmes finissent par la détruire), mais les humains adopteront
une nouvelle philosophie qui entraînera une nouvelle manière de vivre. Ce
nouveau ciel, c’est donc dès aujourd’hui que vous pouvez y entrer. Chaque
fois que vous nourrissez des pensées et des sentiments nobles, 455

désintéressés, à chaque pas que vous faites pour vous rapprocher de votre
haut idéal, vous entrez déjà dans ce ciel nouveau, et ce ciel nouveau
entraîne obligatoirement une terre nouvelle : des comportements nouveaux.

Car celui qui embrasse une philosophie divine est naturellement amené à
changer ses habitudes, ses façons d’agir. Toutes les méthodes que donne
notre enseignement concernant la nutrition, la respiration, le travail et tous
les actes de la vie quotidienne, la naissance et l’éducation des enfants, les
relations avec les êtres humains et tout l’univers, c’est déjà cela la nouvelle
terre sur laquelle vous pouvez marcher. C’est elle aussi que le Psaume
appelle « la terre des Vivants ».3

Un nouveau ciel et une nouvelle terre… Combien de fois on a interprété la


vision de saint Jean comme l’annonce de la fin du monde ! Et depuis deux
mille ans, certains continuent à la prédire, en donnant même la date ! Alors,
à l’approche de cette date, quelle angoisse, quel affolement ! Certains se
préparent à mourir, d’autres cherchent comment se mettre à l’abri. Et voilà
que la date passe et le monde continue. Il se produit bien de temps à autre
quelques bouleversements, car le changement est la loi de la vie, mais le
monde continue…

La fin du monde, c’est seulement la fin d’un monde : une époque est
révolue. Ainsi, les humains sont sans cesse en train de vivre les derniers
jours d’un ancien monde et les premiers jours d’un monde nouveau.

Actuellement, nous vivons les derniers « jours » d’un monde, parce qu’une
nouvelle époque vient. Il faut donc toujours se préparer pour entrer avec sa
tête dans un nouveau ciel et marcher avec ses pieds sur une nouvelle terre.

Ce nouveau ciel et cette nouvelle terre sont seulement des images pour dire
que la vie ne cesse de se renouveler, qu’elle est toujours en mouvement et
que nous devons suivre ce mouvement, nous harmoniser avec lui, sinon
nous risquons d’être broyés par la marche des événements.
Bien sûr, certains diront qu’au spectacle du monde actuel, on sent que le
pire pourrait arriver : une guerre atomique, des épidémies, des famines, des
catastrophes naturelles, etc., capables d’entraîner la disparition de
l’humanité. C’est pourquoi des voix se font entendre pour annoncer que les
fléaux décrits dans l’ Apocalypse vont s’abattre sur la terre. Mais les
événements ne sont jamais absolument déterminés : suivant le
comportement des humains, ils peuvent prendre une tout autre orientation.
Il n’y a pas de détermination, il n’y a pas de destin irrévocable, ni pour une
personne, ni pour le monde entier. En créant les humains Dieu leur a donné
une volonté libre, ils disposent de leur avenir. S’ils vivent dans
l’inconscience, le désordre, ils déclenchent des courants chaotiques, et alors
évidemment les 456

lois de la nature37, qui sont les lois de la justice, les entraînent à leur perte,
c’est mathématique. Mais s’ils réfléchissent aux conséquences de leurs
actes, s’ils prennent de sages décisions, s’ils projettent autour d’eux des
forces harmonieuses, s’ils cessent de troubler l’équilibre de la nature,
beaucoup de malheurs peuvent être évités.

Références bibliques

1. « Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre » – Apocalypse 21 : 1

2. « Dieu vit que cela était bon » – Genèse 1 : 1-31

3. « La terre des Vivants » – Psaume 116 : 9

14

« Et il me montra la ville sainte, Jérusalem »

« Et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel,


d’auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu. Son éclat était semblable à celui
d’une pierre très précieuse, d’une pierre de jaspe transparente comme du
cristal. Elle avait une grande et haute muraille. Elle avait douze portes ; et
sur les portes douze anges ; et des noms écrits, ceux des douze tribus des
fils d’Israël : à l’orient trois portes, au nord trois portes, au midi trois
portes, et à l’occident trois portes. La muraille de la ville avait douze
fondements…

« Celui qui me parlait avait pour mesure un roseau d’or… La ville avait la
forme d’un carré… La muraille était construite en jaspe, et la ville était
d’or pur, semblable à du verre pur. Les fondements de la muraille de la ville
étaient ornés de pierres précieuses de toute espèce : le premier fondement
était de jaspe, le second de saphir, le troisième de calcédoine, le quatrième
d’émeraude, le cinquième de sardonyx, le sixième de sardoine, le septième
de chrysolithe, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième de
chrysoprase, le onzième d’hyacinthe, le douzième d’améthyste. Les douze
portes étaient douze perles ; chaque porte était d’une seule perle. La place
de la ville était d’or pur, comme du verre transparent.

« Je ne vis point de temple dans la ville ; car le Seigneur Dieu tout-puissant


est son temple, ainsi que l’Agneau. La ville n’a besoin ni du soleil ni de la
lune pour l’éclairer ; car la gloire de Dieu l’éclaire et 457

l’Agneau est son flambeau… Ses portes ne se fermeront point le jour, car là
il n’y aura point de nuit… Il n’entrera que ceux qui sont écrits dans le livre
de l’Agneau.

« Puis l’ange me montra un fleuve d’eau de la vie, limpide comme du


cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de la place de
la ville et sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie, produisant
douze fois des fruits, rendant son fruit chaque mois, et dont les feuilles
servaient à la guérison des nations. »1

Référence biblique

1. « Et il me montra la ville sainte, Jérusalem » – Apocalypse 21 : 11-27

I. La pierre cubique

Cette ville sainte, la Jérusalem nouvelle dont saint Jean fait la description, a
la forme d’un cube : « Sa longueur, sa largeur et sa hauteur étaient égales.
» Dans le symbolisme du cube, comme dans celui du carré, on retrouve le 4
qui est le nombre de la matière : les quatre éléments (terre, eau, air et feu) et
les quatre directions de l’espace (nord, sud, est, ouest), etc. La forme
cubique de la nouvelle Jérusalem, qui est l’épouse de l’Agneau, souligne
qu’elle est bien un symbole de la matière à laquelle s’unit l’Agneau, c’est-à-
dire le Christ, l’Esprit cosmique, qui l’imprègne de sa lumière pour lui
donner l’éclat d’une pierre précieuse, la transparence du cristal.

Mais le symbolisme du cube va beaucoup plus loin, puisque cette figure une
fois développée devient une croix. La croix, les kabbalistes la présentent
aussi en trois dimensions. Elle est alors constituée de vingt-deux faces, sur
lesquelles ils inscrivent les vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque, les
vingt-deux principes de la création.

La croix est la matière dans laquelle l’esprit descend afin de la vivifier.

Si cette matière oppose de la résistance, si elle ne se laisse pas travailler,


elle devient le tombeau de l’esprit ; et c’est ce qui se produit avec toutes les
créatures qui, dans leur inconscience, enterrent l’esprit en elles. La matière
est la croix sur laquelle l’esprit ne cesse de se sacrifier, mais ce sacrifice n’a
sa raison d’être que si la matière se soumet docilement à son pouvoir.

Les alchimistes voient dans la croix le creuset où ils effectuent toutes 458

leurs opérations sur la matière afin de la transformer en or. Mais le seul


véritable alchimiste est celui qui a compris que la matière à transformer en
or est en lui-même. C’est sa propre matière, et il s’efforce d’étudier les
différents éléments qui la constituent, leurs combinaisons, ainsi que les
formules qui permettent leur transmutation. C’est nous qui sommes la croix
et nous devons travailler sur cette croix. De même que Dieu a travaillé avec
les vingt-deux éléments du Verbe pour créer l’univers, nous devons
travailler avec les éléments qui constituent notre matière et les combiner
comme les lettres d’un alphabet, afin de faire de tout notre être la nouvelle
Jérusalem.

La nouvelle Jérusalem n’est donc pas une ville qu’on doit s’attendre à voir
descendre du ciel, aucune ville n’est jamais descendue du ciel ; elle est le
symbole de l’homme qui a transformé sa propre matière par la puissance de
l’esprit. Les assises de pierres précieuses, les portes de perle, tous les
éléments de son architecture décrits par saint Jean, sont aussi en lui.

II. Les assises de pierres précieuses

Les pierres précieuses sont l’aboutissement de tout un travail de


transformation réalisé par l’intelligence de la nature sur la matière brute que
la terre porte en son sein ; on dirait qu’elles veulent non seulement refléter,
mais concrétiser la lumière et les splendeurs du Ciel.38 C’est pourquoi dans
beaucoup de religions et de mouvements spiritualistes, les pierres
précieuses sont considérées comme les symboles des vertus divines. Et si
elles constituent les assises de la nouvelle Jérusalem, c’est parce que les 459

vertus sont les véritables assises de notre être intérieur. Les pierres
précieuses représentent cet idéal vers lequel nous devons tendre en nous
efforçant de transmuter la matière brute de nos instincts.

Mais quels sont les humains qui ont compris l’enseignement des pierres
précieuses ? Ils désirent les posséder, c’est tout. Et depuis des millénaires,
de pauvres malheureux sont envoyés dans les mines où leurs conditions de
travail sont extrêmement pénibles. Avec ce qu’ils ramènent, on fait des
profits, des trafics à travers le monde entier, on commet des vols, des
meurtres même… Et tout cela pour donner à quelques gens riches et
puissants l’occasion de plastronner avec des couronnes, des colliers, des
bracelets, des bagues, etc., sur lesquels brillent toutes sortes de pierreries.

Quelles futilités ! On est là bien loin de la Jérusalem céleste !


Il ne vous est évidemment pas interdit d’aimer les pierres précieuses, ni
même de désirer en posséder. Mais apprenez alors à les considérer comme
un lien avec le monde spirituel. Concentrez-vous sur elles, sur leur pureté,
leurs couleurs, sur leur pouvoir de laisser passer la lumière, puis demandez-
leur d’entrer en vous avec toutes leurs propriétés et vertus, afin que votre
être entier soit éclairé des mille feux des saphirs, des diamants, des rubis,
des émeraudes, des topazes, etc. Aimez les pierres précieuses, admirez-les,
mais apprenez surtout à vous nourrir de leur quintessence, afin de poser en
vous les fondations de la Cité céleste.

III. Les portes de perle

La nouvelle Jérusalem est faite « d’or pur semblable à un pur cristal » ;


cela signifie qu’elle possède la transparence et l’éclat de la lumière. Et elle
est aussi entourée d’une grande et haute muraille de jaspe. Une muraille est
un abri, donc cette muraille de jaspe est le symbole d’une aura puissante qui
entoure l’être humain et le protège. Celui qui possède une aura puissante est
protégé par le rayonnement de sa propre lumière.

Dans les murailles de la ville s’ouvrent douze portes : trois au nord, trois au
sud, trois à l’est, trois à l’ouest, et il est dit que chaque porte est une perle.
Ces douze portes, situées aux quatre points cardinaux, sont encore une
représentation des douze constellations zodiacales. C’est par ces douze
portes du zodiaque que les courants de forces et les entités invisibles qui
travaillent dans l’univers se fraient le chemin et exercent leur influence
bénéfique sur tous les habitants du système solaire. Sur ces portes sont
inscrits les noms des douze tribus des enfants d’Israël. Pourquoi ? Parce 460

que, symboliquement, elles sont en relation avec les douze signes du


zodiaque, comme je l’ai montré quand j’ai interprété les paroles que Jacob
adresse à ses fils au moment de mourir. 391

Ces douze portes n’existent pas seulement dans l’univers, elles existent
également en nous. Notre corps physique a aussi douze portes : les deux
yeux, les deux oreilles, les deux narines, la bouche, les deux seins, le
nombril, et deux autres encore plus bas. Donc, douze portes. Et de même
que les portes du zodiaque sont un lieu de passage pour les influences
cosmiques, les portes de notre corps physique permettent le passage de
substances, de forces et aussi d’entités ; car nous avons été construits dans
les ateliers du Créateur de manière à pouvoir faire des échanges avec tout le
cosmos.40

Il est précisé que les portes de la nouvelle Jérusalem sont des perles. La
perle, qui capte et fixe la lumière sur sa surface lisse et nacrée, est un
symbole de pureté. Par toutes les portes de son corps, celui qui a réalisé en
lui-même un véritable travail de purification entre en relation avec les
régions de la limpidité, de la clarté. C’est pourquoi il est dit qu’un ange se
tient à chaque porte. L’ange est une pure énergie et cette énergie non
seulement attire les influences bénéfiques, mais elle transforme les courants
négatifs qui tentent de s’introduire en l’homme. Des anges veillent aux
portes de tous ceux qui ont travaillé à faire de leur être le tabernacle du
Dieu vivant.

Et c’est pourquoi aussi il est dit : « Je ne vis point de temple dans la ville,
car le Seigneur Dieu Tout-Puissant est son temple ainsi que l’Agneau. La
ville n’a besoin ni de la lune, ni du soleil pour l’éclairer, car la gloire de
Dieu l’éclaire et l’Agneau est son flambeau. » Un corps purifié est lui-
même un temple, et dans la Jérusalem nouvelle aucun autre temple n’est
donc nécessaire, pas plus que la lune et le soleil. Je vous l’ai déjà expliqué :
le soleil est un symbole de l’intellect, la lune un symbole du coeur, et quand
l’homme sera habité par la lumière divine et par l’amour divin, il n’aura
plus besoin ni du soleil, ni de la lune, c’est-à-dire qu’il ne sera plus utile de
lui enseigner la philosophie et la religion : elles seront inscrites en lui.41

« Ses portes ne se fermeront point le jour, car là il n’y aura point de nuit…
Il n’entrera que ceux qui sont inscrits dans le livre de l’Agneau. »

Dans leur vie psychique, la plupart des humains ne cessent de passer


alternativement de la lumière à l’obscurité. Seuls ceux qui sont habités par
une lumière intérieure restent dans la clarté, même pendant leur sommeil, et
461

ce sont ces êtres-là qui sont inscrits dans le livre de l’Agneau.42 Avoir son
nom dans les registres de telle Église, de telle confrérie spirituelle ne suffit
pas pour être inscrit dans le livre de l’Agneau. Les églises et les temples de
la terre sont seulement des salles d’attente. Des années et des années
d’efforts et de travail sont nécessaires pour être accepté dans le Saint des
Saints. Mais celui qui est accepté sent tout de suite qu’il est soutenu,
conseillé, guidé. S’il a à subir des épreuves, à affronter des difficultés, il lui
est donné des forces pour les supporter ou les traverser plus rapidement.

Dès qu’il a franchi les portes de la Jérusalem céleste, il est à l’abri derrière
ses murailles. Voilà les véritables Écritures, les Écritures vivantes.

Référence biblique

1. « Au moment de mourir Jacob s’adresse à ses fils » – Genèse 49 : 1-27

IV. Le fleuve d’eau de la vie et l’arbre de vie

Enfin, cette ville d’or pur aux murailles de jaspe, aux portes de perle et aux
assises de pierres précieuses est traversée en son centre par « le fleuve d’eau
de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de
l’Agneau. » La vie tout entière est circulation, transvasement d’énergies, et
ce fleuve de vie qui jaillit de la Source descend pour alimenter toutes les
régions de l’univers. L’Arbre séphirotique est une représentation de ce
fleuve d’eau de la vie. De Kéther à Malhouth, les séphiroth sont les vases
sacrés que remplit la source inépuisable de la vie divine.

« Au milieu de la place de la ville et sur les deux bords du fleuve, il y avait


un arbre de vie produisant douze fois des fruits, donnant son fruit chaque
mois et dont les feuilles servaient à la guérison des nations. »

C’est là un arbre étrange enraciné dans les deux rives d’un fleuve et qui
donne des fruits tous les mois. Une telle image n’est compréhensible que si
on considère la ville comme une représentation du corps humain. Cette
place au centre de la ville que traverse un fleuve avec un arbre enraciné sur
ses deux bords, c’est le plexus solaire.

Le plexus solaire, vous le savez, fait partie du système sympathique qui


comprend une partie centrale, la moelle épinière logée dans la colonne
vertébrale, et une partie périphérique constituée de nerfs et de ganglions
réunis entre eux par des réseaux de filets nerveux, les plexus. 43 Au niveau
de l’estomac, donc au milieu de cette partie du corps appelée « le tronc », se
trouve le plexus solaire, « le milieu de la place de la ville ».

462

Chaîne des ganglions du sympathique

En regardant ce schéma on comprend comment, depuis le cerveau qui


représente en nous le trône de Dieu, un courant d’énergies (le fleuve)
descend à travers la colonne vertébrale. Par l’intermédiaire des douze paires
de nerfs et de ganglions dorsaux (les racines de l’arbre), ce courant
d’énergies vient alimenter le plexus solaire (l’arbre de vie qui se trouve au
milieu de la place de la ville). Et si cet arbre produit douze fois des fruits,
c’est qu’il est, lui aussi, en relation avec le zodiaque, car chaque
constellation possède des qualités et des pouvoirs particuliers qu’on peut
appeler ses fruits.
Les fruits de l’arbre de vie sont les qualités et les vertus symbolisées par les
constellations zodiacales : le Bélier, l’activité ; le Taureau, la sensibilité et
la bonté ; les Gémeaux, le goût de l’étude ; le Cancer, la perception du
monde invisible ; le Lion, la noblesse et le courage ; la Vierge, la pureté ; la
Balance, le sens de l’équilibre cosmique ; le Scorpion, la compréhension de
la vie et de la mort ; le Sagittaire, le lien avec le Ciel ; le Capricorne, la
maîtrise de soi qui donne l’autorité ; le Verseau, la fraternité et l’universalité
; les Poissons, le sacrifice. Voilà les qualités des fruits de 463

l’arbre de vie. Et il est dit que même les feuilles de cet arbre servent à la
guérison des nations. Donc, non seulement les fruits, mais même les
feuilles, et certainement aussi les fleurs et les racines… Dans l’arbre de vie,
rien n’est inutile, tous les éléments ont des propriétés bénéfiques, curatives.

Dans cette cité céleste qu’est l’homme nouveau inspiré par le nouvel
enseignement, ces deux images du fleuve et de l’arbre représentent l’amour
et la sagesse. Le fleuve, c’est l’amour, et l’arbre sur les deux bords du
fleuve c’est la sagesse, car la sagesse possède deux rives, et l’amour, qui est
1, passe sous le 2.44 La sagesse est à l’extérieur, elle enveloppe et délimite
les choses, c’est le contenant, tandis que l’amour est à l’intérieur, c’est le
contenu ; voilà pourquoi l’arbre est enraciné sur les deux bords du fleuve.
En tant qu’amour et sagesse, l’arbre et le fleuve sont dans la ville : l’homme
lui-même. La nouvelle Jérusalem ne peut pas exister sans le fleuve amour et
l’arbre sagesse. Lorsque l’amour et la sagesse régneront, ce sera le
Royaume de Dieu, et il n’y aura plus de nuit car la lumière habitera dans
chaque être.

V. L’avènement de la nouvelle Jérusalem

Ainsi, la nouvelle Jérusalem est le modèle d’un être parfait, donc d’une vie
parfaite. Depuis des années, je ne cesse de vous parler d’elle, mais sans
toujours la nommer, de crainte que vous ne pensiez pas : « Ah ! entendre
encore mentionner la religion juive et la religion chrétienne, on en a assez !

Mais comment ne pas voir que, par la richesse et la beauté de ses symboles,
cette ville décrite par saint Jean exprime magnifiquement l’idéal de vie
sublime vers lequel nous devons tendre ? Par ses proportions, ses mesures
et les éléments qui la composent, elle est un reflet de l’ordre cosmique.
C’est cet ordre qui doit descendre sur la terre, et c’est à nous de le faire
descendre, car il ne viendra pas tout seul. Le Royaume de Dieu peut venir,
mais il ne faut pas attendre que ce soit sous la forme d’une ville qui
descendra un beau jour du ciel. Si saint Jean la voit « descendre », c’est
parce que symboliquement la lumière, c’est-à-dire l’intelligence, la sagesse
qui permet d’organiser et d’harmoniser les choses, vient toujours d’en haut,
du ciel, pour se réaliser en bas, sur la terre.

Au cours des siècles, de nombreux mouvements spiritualistes ont prétendu


être l’incarnation de la nouvelle Jérusalem, mais on ne peut pas incarner la
nouvelle Jérusalem tant qu’on reste dans les vieilles formes, tant 464

qu’on ne possède pas les clés qui ouvrent le livre de vie de l’Agneau. La
nouvelle Jérusalem est avant tout le symbole des transformations que les
humains ont à réaliser en eux-mêmes afin de devenir, comme le dit aussi
saint Paul, « le temple du Dieu vivant ». 451 Quand chacun aura fait ce
travail, la nouvelle Jérusalem descendra dans le corps collectif de
l’humanité. Depuis longtemps déjà elle a commencé à descendre, mais il lui
faut beaucoup de temps pour prendre vraiment chair et os. Combien
d’esprits lumineux sont occupés à travailler sur les humains pour remplacer
en eux les particules obscures qui ne vibrent pas en harmonie avec le Ciel,
par d’autres particules plus pures, plus lumineuses ! C’est ainsi que des
milliers de petites Jérusalem nouvelles se préparent à former ensemble cette
nouvelle Jérusalem où tous vivront dans la fraternité et la paix. Même si
elle ne s’est pas encore réalisée dans le monde comme société idéale,
chacun de vous peut déjà en goûter les bénédictions en travaillant à devenir
cette nouvelle Jérusalem.

La nouvelle Jérusalem, c’est donc tout d’abord l’être humain lui-même.

Ensuite, c’est une société idéale. Et enfin, c’est la véritable Église


universelle de Dieu, l’Église « en esprit et en vérité »46 où les religions ne
s’opposent plus les unes aux autres. Personne ne pourra empêcher
l’avènement de cette Église. Alors, tout sera expliqué, tout sera clair. Il est
écrit dans le livre de Jérémie : « Après ces jours-là, dit l’Éternel, je mettrai
ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur coeur… Celui-ci
n’enseignera plus son prochain, ni celui-là son frère en disant : Connaissez
l’Éternel ! 2 Car tous me connaîtront. » Alors les humains n’auront plus
besoin qu’on leur parle de religion et de morale, intérieurement tous seront
éclairés et sauront comment agir.

Depuis des siècles, les chrétiens ont tellement rêvé de cette nouvelle
Jérusalem qui allait descendre du Ciel et dont ils attendaient la venue ! Ils
ne savaient pas qu’en réalité cette ville est déjà en construction en chacun
d’eux… Pour le moment ils en sont encore, symboliquement, à la vieille
Jérusalem en proie aux désordres et aux discordes. Ils n’ont pas pris
conscience qu’ils peuvent devenir cette cité d’or pur dont les assises de
pierres précieuses sont les vertus, et dont les portes de perle permettent des
échanges subtils, vivifiants, avec les entités lumineuses de l’univers.

La nouvelle Jérusalem, c’est l’homme parfait, c’est une vie sociale parfaite,
et c’est ce royaume de paix et de justice sur lequel règne Melkhitsédek, roi
de Salem. 473 Ce royaume existe, et il a toujours existé.

Grâce à lui la véritable tradition, la véritable science spirituelle, se 465

maintient à travers les âges, car c’est de ce centre initiatique que les grands
Maîtres de toutes les religions sont venus pour apporter la lumière à
l’humanité. Quand vous aurez appris à vivre avec l’image de la nouvelle
Jérusalem, cette image travaillera en vous et chaque jour vous vous sentirez
nourri, fortifié, éclairé.

Références bibliques

1. « Nous sommes le temple du Dieu vivant » – Deuxième Épître de Paul


aux Corinthiens 6 : 16

2. « Après ces jours-là, dit l’Éternel, je mettrai ma loi au-dedans d’eux » –


Jérémie 31 : 33-34

3. Melkhitsédek – Genèse 14 : 17, et Épître de Paul aux Hébreux 7 : 1-21

1 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap VII-1 : « Melkhitsédek


apporte le pain et le vin à Abraham ».
2 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap VII-1 : « Melkhitsédek
apporte le pain et le vin à Abraham ».

3 Voir Part. I : « Au commencement était le Verbe ».

4 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap III-4, III : « le zodiaque


: les deux axes Bélier – Balance et Taureau – Scorpion ».

5 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. III-2 : « L’arbre de la


vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal ».

6 Voir Part. II, chap. 60 : « La parabole du fils prodigue ».

7 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Talisman ».

8 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. III-6 : « Quarante ans


dans le désert

».

9 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « Noms et prénoms ».

10 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Chaud et le froid ».

11 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « l’Or – le soleil est son père ».

12 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Vêtements dont on prend


soin ».

13 Voir Part. II, chap. 56: « Si ton oeil est pur, tout ton corps est dans la
lumière. »

14 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. III-4, II : « L’arbre


cosmique : des fruits aux racines ».

15 Op. cit. tome 1, chap. VIII-4 « Sur le point de mourir Jacob bénit ses fils
».

16 Voir Part. II, chap. 64 : « Le péché contre le Saint-Esprit ».


17 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. XVI-1 : « Ainsi parle
la sagesse ».

18 Voir Part. II, chap. 48 : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ».

19 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. IX-3 : « Éhié asher


Éhié ».

20 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. VIII-4 : « Sur le point


de mourir 466

Jacob bénit ses fils ».

21 Voir Partie IV, chap. 14 : « Et il me montra la ville sainte, Jérusalem ».

22 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. III-4, VI : «


L’inversion dans l’ordre des principes : les séphiroth Iésod, Tiphéreth et
Kéther ».

23 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. XIII-2 : « Sept cents


femmes et trois cents concubines ».

24 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap. X : « La conquête du


pays de Canaan ».

25 Voir Part. V, chap. 4 : « Les quatre Animaux saints ».

26 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « la Terre – la transformation


des déchets ».

27 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « l’Égrégore ».

28 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Pentagramme ».

29 Op. cit. : « les Animaux – une hérédité ».

30 Voir Part. II, chap. 45 : « La parabole des cinq vierges sages et des cinq
vierges folles
».

31 Voir Part. II, chap. 10 : « Les deux paraboles du festin ».

32 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « l’Égrégore ».

33 Op. cit. : « le Fleuve – de la source à l’embouchure ».

34 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Fonds marins ».

35 Op. cit. : « la Nutrition – manger et être mangé ».

36 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Fleuve – son eau est


toujours nouvelle

».

37 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Lois de la nature ».

38 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Pierres précieuses ».

39 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, chap VIII-4 : « Sur le point


de mourir Jacob bénit ses fils ».

40 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « les Portes à ouvrir et à fermer


».

41 Op. cit. : « le Soleil et la lune ».

42 Voir Part. II chap. 61 : « Réjouissez-vous de ce que vos noms sont


inscrits dans les cieux ».

43 Voir Dictionnaire du livre de la nature : « le Système sympathique ».

44 Voir Part. II, chap. 68 : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ».

45 Voir Part. IV, chap. 3 : « Nous sommes le temple du Dieu vivant ».


46 Voir Part. II, chap. 40 : « Les révélations de Jésus à la Samaritaine ». II.
Adorer Dieu «

en esprit et en vérité ».

47 Voir La Bible, miroir de la création, tome 1, Commentaires de l’Ancien


Testament, chap. VII-1 : « Melkhitsédek apporte le pain et le vin à Abraham
». Tome 2, Commentaires du Nouveau Testament, Part. IV-7 : « Jésus
souverain sacrificateur selon l’ordre de Melkhitsédek » et Part. V, chap.1 : «
Je suis le premier et le dernier et le vivant ».

467

Tableaux récapitulatifs

L’être humain et ses différents corps

en relation avec les quatre éléments,

les constellations zodiacales,

les planètes et l’Arbre séphirotique

Comment aborder l’étude de l’être humain

Il n’existe aucune description de l’être humain qui puisse rendre compte de


ce qu’il est réellement. Concernant seulement son corps physique, tellement
de découvertes sont encore à venir ! Alors, à plus forte raison pour ce qui
concerne son psychisme. Et il ne faut pas s’étonner si les religions et les
différents systèmes philosophiques ne donnent pas tous la même
représentation des éléments qui le constituent.

Les hindous, par exemple, divisent l’homme en 6 (les six corps) et les
théosophes ont aussi adopté cette division. Les astrologues le divisent en
12, en correspondance avec les douze signes du zodiaque ; et les alchimistes
en 4, d’après les quatre éléments. Les kabbalistes ont choisi le 4
et le 10 en relation avec les quatre mondes : Olam Atsilouth (monde des
émanations), Olam Briah (monde de la création), Olam Iétsirah (monde de
la formation) et Olam Assiah (monde de l’action), et les dix séphiroth :
Kéther, Hohmah, Binah, Hessed, Guébourah, Tiphéreth, Netzah, Hod,
Iésod, Malhouth. La religion des anciens Perses, le mazdéisme, puis le
manichéisme se sont arrêtés sur le 2, d’après les deux principes du bien et
du mal, de la lumière et des ténèbres, Ormuzd et Ahriman. Pour les 468
chrétiens, c’est le 3 : l’homme est constitué d’un corps, d’une âme et d’un
esprit. Et si certains ésotéristes ont choisi la division en 9, c’est qu’ils
répètent le 3 dans les trois mondes physique, psychique et spirituel, ou
encore physique, spirituel et divin.

Où est la vérité ? Chez tous. Chacune de ces divisions se justifie, c’est


pourquoi je n’en écarte aucune. Souvent, par commodité, j’adopte la
division en 2 : la nature inférieure ou personnalité, et la nature supérieure
469

ou individualité, parce qu’elle facilite la compréhension de certains


problèmes. (Voir schéma) Mais il m’arrive d’utiliser aussi les autres
divisions, cela dépend du sujet que je traite. Chaque division me sert à
présenter tel ou tel aspect de la réalité. Aucune ne contredit ou n’exclut
l’autre.

Les six corps :

nature supérieure et nature inférieure,

leurs relations

L’être humain se caractérise par trois manifestations essentielles : les actes


qui ont pour instrument le corps physique, les sentiments qui ont pour siège
le cœur, les pensées qui ont pour véhicule l’intellect. Comme le corps
physique, le cœur et l’intellect sont aussi faits de matière, mais d’une
matière beaucoup plus subtile.

Une longue tradition ésotérique inspirée de la philosophie hindoue enseigne


que le support ou véhicule du sentiment est le corps astral, et celui de
l’intellect le corps mental. Cette trinité corps physique, corps astral et corps
mental constitue la nature inférieure de l’être humain. Ces mêmes facultés
de penser, de ressentir et d’agir se retrouvent en lui à un niveau plus élevé,
et là, leurs véhicules sont les corps causal, bouddhique et atmique qui
constituent sa nature supérieure.

Les trois grands cercles concentriques indiquent les relations qui existent
entre les corps inférieurs et les corps supérieurs. Le corps physique qui
s’exprime par des actes, mais dont les possibilités sont limitées, est lié au
corps atmique, l’esprit, qui manifeste la toute-puissance divine.

Le corps astral qui s’exprime par des sentiments et des désirs égoïstes,
personnels, est lié au corps bouddhique, l’âme, qui manifeste l’amour divin.
Le corps mental qui s’exprime par des pensées étroites, des opinions
partiales, tendancieuses, est lié au corps causal, l’intellect supérieur, qui
manifeste la sagesse divine.

470

Ce tableau, très simple, résume ce que doit être le véritable cheminement


spirituel : un passage des pensées, des sentiments et des actes inspirés par la
nature inférieure à des pensées, des sentiments et des actes inspirés par la
nature supérieure.

En apparence ces différents corps sont séparés. Mais en réalité, depuis le


corps atmique jusqu’au corps physique des liens existent entre eux, c’est
pourquoi ils agissent les uns sur les autres. Ces liens sont de deux sortes :
ceux qui mettent en relation les corps inférieurs et les corps supérieurs
correspondants, ainsi que l’indiquent les cercles concentriques, et ceux qui
les relient verticalement : le corps atmique qui agit sur le corps bouddhique,
le corps bouddhique sur le corps causal, et ainsi de suite jusqu’au corps
physique.

Chaque corps possède un double

en relation avec un des quatre éléments

471

L’être humain est donc constitué de six corps, mais vous m’entendez
quelquefois en mentionner un septième, le corps éthérique qui est le double
du corps physique. C’est ce double qui, en pénétrant profondément en lui,
anime le corps physique. Il est rattaché à lui par ce que l’on appelle la corde
d’argent et lorsque ce lien est rompu, l’homme meurt, il n’est plus qu’un
cadavre. C’est aussi le double éthérique qui donne la sensibilité au corps
physique, comme cela se vérifie dans les séances spirites : la personne dont
on attire le double éthérique hors du corps physique devient insensible ;
même si on la pique ou la frappe, elle ne sent rien. Si des médecins
voulaient bien étudier ces faits, ils découvriraient que ce n’est pas le corps
physique qui possède la sensibilité, mais son double, le corps éthérique.
Cela leur ouvrirait de nombreuses perspectives, et ils auraient là aussi
l’explication de certains troubles physiques, mais aussi psychiques, dont
souffrent certains de leurs patients.

Le monde subtil commence donc en nous avec le corps éthérique (double


du corps physique), le corps astral (corps des sentiments) et le corps mental
(corps des pensées). Mais nous possédons aussi en germe des corps
spirituels : les corps causal, bouddhique et atmique. Ces corps, il vous est
certainement arrivé au moins une fois d’en sentir la présence en vous. Une
idée vous apporte soudain une telle lumière que l’ordre de l’univers se
révèle à vous, vous comprenez ses lois : c’est le corps causal qui se fait une
place dans votre cerveau… Devant une œuvre d’art, un paysage, un visage,
vous avez des frissons, vous vous sentez dilaté, transporté de joie : c’est une
manifestation du corps bouddhique qui commence à vibrer en vous…
Vous êtes traversé par une énergie spirituelle qui vous donne la force
d’affronter les obstacles : c’est le corps atmique qui arrive à se frayer un
chemin… Si ces manifestations se produisent souvent, c’est que les trois
corps causal, bouddhique et atmique prennent peu à peu possession de tout
votre être.

Comme le corps physique, tous nos corps psychiques ont aussi un double,
fait d’une matière encore plus subtile, et ces doubles doivent fonctionner
correctement pour que les différents corps puissent remplir leur tâche. Vous
comprendrez mieux comment se présente cette question si je vous montre
les analogies qui existent entre l’être humain et la planète qu’il habite, la
terre.

Au-dessus de la terre proprement dite il y a l’eau qui recouvre une partie de


sa surface et pénètre en elle de toutes parts pour la vivifier. Encore au-
dessus se trouve l’atmosphère, qui est constituée de deux éléments : l’air et
472

le feu (les rayons du soleil qui pénètrent l’air). Avec les quatre éléments,
nous retrouvons donc le principe du double, et nous pouvons voir
maintenant comment ils se répartissent sur le tableau des six corps (voir

schéma).

Dans la partie inférieure du tableau, le petit cercle de la terre représente


pour chaque corps une « forme » que l’eau vient pénétrer et animer. Dans la
partie supérieure, la « forme » n’est plus la terre, mais l’air, pénétré et
animé par le feu. Les trois corps inférieurs sont en relation avec les
éléments terre et eau, et les trois corps supérieurs sont en relation avec les
éléments air et feu. Par analogie, nos trois corps supérieurs représentent
l’atmosphère de notre terre.

Les six corps et leurs relations

avec les constellations zodiacales et les planètes


Chaque partie de notre corps est en relation avec les douze constellations
zodiacales, et ces douze constellations sont représentées dans nos six corps,
deux pour chaque corps. Quant aux planètes, elles exercent leur influence
dans les deux mondes : le monde d’en haut (les corps supérieurs) et le
monde d’en bas (les corps inférieurs).

Commençons par la partie inférieure du schéma.

473

Le corps physique reçoit l’influence du Capricorne où règne Saturne, et de


son double le Cancer, qui est opposé au Capricorne sur le cercle du
zodiaque et où règne la Lune.

Le corps astral reçoit l’influence du Taureau, où règne Vénus, et de son


double, le Scorpion, son opposé, où règne Mars.

Le corps mental reçoit l’influence de la Vierge, où règne Mercure, et de son


double, les Poissons, son opposé, où règne Jupiter.
Voyons maintenant la partie supérieure du schéma.

Le corps causal est placé sous l’influence des Gémeaux, où règne Mercure,
et de son opposé, le Sagittaire, où règne Jupiter.

Le corps bouddhique est placé sous l’influence de la Balance, où règne


Vénus, et de son opposé, le Bélier, où règne Mars.

Le corps atmique est placé sous l’influence du Verseau, où règne Saturne, et


de son opposé, le Lion, où règne le Soleil.

Vous remarquerez que ce sont les mêmes planètes qui se trouvent dans les
parties inférieure et supérieure du tableau. L’explication est la suivante : les
planètes ayant chacune un aspect positif et un aspect négatif, pour les corps
physique, astral et mental elles se manifestent dans leur aspect 474

négatif, c’est-à-dire comme défauts ; et, pour les corps causal, bouddhique
et atmique, dans leur aspect positif, donc comme qualités et vertus. Et
puisqu’elles se répètent dans le plan inférieur et dans le plan supérieur, elles
établissent des relations entre les différents corps.

Mercure et Jupiter régissent les deux plans de la pensée (corps mental et


corps causal). Vénus et Mars régissent les deux plans du sentiment (corps
astral et corps bouddhique).

Concernant le Soleil et la Lune une précision doit être donnée. Pour le plan
physique, c’est la Lune qui est associée à Saturne, et pour le plan atmique,
c’est le Soleil. En effet, dans le plan physique comme dans le plan atmique
s’exprime la volonté réalisatrice de Saturne, mais alors que dans le plan
atmique se manifeste la volonté divine, le Soleil, dans le plan physique se
manifeste la volonté humaine, souvent mal inspirée, la Lune. C’est donc le
Soleil, symbole de la nature supérieure, qui est associé à Saturne dans le
plan atmique, et la Lune, symbole de la nature inférieure, qui lui est associé
dans le plan physique.

Organes et parties du corps physique en relation


avec les douze constellations zodiacales

Puisque l’être humain, le microcosme, a été créé à l’image de l’univers, le


macrocosme, il existe une relation entre les différentes parties de son corps
et les douze constellations zodiacales.

475
Et de même qu’il existe une relation entre les constellations opposées sur le
cercle du zodiaque, de même il existe une relation entre les organes qu’elles
régissent.

476

– Le Bélier qui régit la tête est lié à la Balance qui régit les reins.

– le Taureau qui régit la gorge est lié au Scorpion qui régit les organes
génitaux.

– les Gémeaux qui régissent la région des poumons et des bras sont liés au
Sagittaire qui régit les cuisses.

– Le Cancer qui régit l’estomac est lié au Capricorne qui régit les genoux.

– Le Lion qui régit le coeur est lié au Verseau qui régit les mollets.

– La Vierge qui régit le plexus solaire et les intestins est liée aux Poissons
qui régissent les pieds.

6
Organes et parties du corps physique

en relation avec les dix séphiroth

la tête : Kéther

l’œil droit et la partie droite du visage : Hohmah

l’œil gauche et la partie gauche du visage : Binah

477
le bras droit : Hessed

le bras gauche : Guébourah

le cœur et le plexus solaire : Tiphéreth

le foie et la jambe droite : Netsah


la rate et la jambe gauche : Hod

les organes génitaux : Iésod

les pieds : Malhouth

478

L’homme cosmique

Adam Kadmon

479

Table of Contents

Table of Contents

La Bible , miroir de la création

Avis au lecteur

Avant-propos

10

Partie I « Au commencement était le Verbe »

12

Partie II Les Évangiles

20
1 La vie de Jésus et son enseignement s’inscrivent dans le 21

grand livre de la nature

2 Naissance de Jésus, naissance du Christ

23

3 « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a envoyé son fils 33

unique »

I. Dieu, notre Père à tous

33

II. Jésus, une manifestation du Christ

42

4 « Si un homme ne naît d’eau et d’esprit »

51

I. La deuxième naissance

52

II. Le baptême

55

5 Jésus tenté par le diable

58

6 Les noces de Cana

63
7 Les deux premiers commandements

65

I. « Tu aimeras le seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur… »

65

II. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

69

8 « Demandez et on vous donnera »

76

9 Jésus chasse les démons

78

10 Les deux paraboles du festin

82

11 « On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles outres »

86

12 La parabole de l’économe infidèle

90

13 « Si vous ne devenez pas comme des enfants »

94

I. Le corps éthérique et le corps astral

94
II. L’enfant et le vieillard

96

III. Nous aurons toujours besoin de nos parents célestes 98

14 « Ne vous inquiétez pas du lendemain »

100

15 « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé »

104

480

16 La parabole des talents

107

17 « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille 110

l’homme »

18 « Heureux les pauvres en esprit »

115

19 Jésus nous apprend à prier

118

I. « Ce que vous liez sur la terre sera lié dans le ciel »

118

II. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom »

120
III. « Quand tu pries, entre dans ta chambre… »1

122

20 « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas »

125

21 « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite »

127

22 La porte du Royaume de Dieu

131

I. Le riche et le chameau

131

II. La porte étroite

133

23 La tempête apaisée

134

24 « Je suis venu pour qu’ils aient la vie »

136

25 Suivre Jésus

140

I. « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. »

140
II. « Laisse les morts enterrer leurs morts. »

141

III. Le jeune homme riche

144

IV. Être digne de Jésus

145

V. « si quelqu’un veut venir après moi… »

147

26 Bâtir sa maison sur le roc

152

27 « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement »

154

28 « Heureux ceux qui ont le cœur pur »

157

29 Le sel de la terre

163

I. « Vous êtes le sel de la terre »

163

II. « Si le sel perd sa saveur… »

166
III. « Car tout homme sera salé de feu »

169

IV. « Ayez du sel en vous-même »

170

30 « Amassez des trésors dans le Ciel »

172

31 Les paraboles des serviteurs

175

32 « Rendez à César ce qui est à César »

178

33 La guérison d’un aveugle-né

181

34 « Si le maître de la maison savait à quelle heure le voleur 481

doit venir »

35 « Ta foi t’a sauvé »

185

36 « Dieu n’est pas Dieu des morts mais des vivants »

189

37 Jésus sauve la femme adultère de la lapidation

198
38 « Aimez vos ennemis »

200

39 « Heureux ceux qui apportent la paix »

202

40 Les révélations de Jésus à la samaritaine

207

I. La source d’eau vive

208

II. Adorer Dieu « en esprit et en vérité »

211

41 « Le Royaume de Dieu est semblable à un grain de sénevé » 214

42 « Par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras 217

condamné »

43 « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute… »

221

44 « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le 223

jeter aux petits chiens »

45 La parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges 226

folles

46 « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père »


232

47 « Cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice »

234

48 « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur »

240

49 Le figuier stérile et le figuier maudit

242

50 « Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur 244

maître revienne des noces »

51 « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite »

246

52 La parabole de l’ivraie et du bon grain

249

53 « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »

254

54 « Les derniers seront les premiers, et les premiers seront les 260

derniers »

55 Avant que le soleil se couche

267

56 « Si ton œil est pur, tout ton corps est dans la lumière »
269

57 La transfiguration de Jésus sur le mont thabor

272

58 La multiplication des cinq pains et des deux poissons 279

59 « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, Toi, le seul 285

vrai Dieu »

60 La parabole du fils prodigue

288

482

60 La parabole du fils prodigue

288

61 « Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les 294

cieux »

62 « Moi et le Père, nous sommes un »

297

63 « Je suis le cep et vous êtes les sarments »

300

64 Le péché contre le saint-Esprit

303

65 « Mon Père travaille et moi aussi je travaille »


307

66 L’annonce des grandes tribulations

311

I. « Que celui qui sera sur le toit ne descende pas… »

311

II. « Le soleil s’obscurcira… »

315

67 « Marchez pendant que vous avez la lumière »

316

68 « Je suis le chemin, la vérité et la vie »

319

69 Le dernier repas

321

I. Jésus lave les pieds de ses disciples

321

II. La trahison de Judas

325

III. Jésus donne le pain et le vin à ses disciples

327

70 Au jardin de Gethsémani
335

71 « Qu’est-ce que la vérité ? »

338

I. Jésus devant Pilate

338

II. La parabole du semeur

340

III. Les deux faces d’une médaille

341

IV. Des graines à mettre en terre

342

V. « Et la vérité vous rendra libres »

343

72 « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité »

346

73 Jésus crucifié

349

I. « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font »

349

II. Entre les deux malfaiteurs


351

III. « Mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? »

355

IV. Les puissances du sang. La coupe du Graal

357

74 Ressusciter : sortir de la croix

362

75 Jésus apparaît à ses disciples

365

I. Apparition à Marie de Magdala

365

II. Apparition dans un lieu fermé

367

III. Au bord de la mer de Tibériade : la pêche miraculeuse 368

483

monde »

Partie III Les Actes des Apôtres

380

Les apôtres reçoivent le Saint-Esprit

380
Partie IV Les Épîtres de Paul

386

1 « Maintenant donc ces trois choses demeurent… »

386

2 « Nous sommes ouvriers avec Dieu »

391

3 « Nous sommes le temple du Dieu vivant »

396

4 « Nous n’avons pas à lutter contre des adversaires de chair et 400

de sang »

5 « Ce qu’on voit n’a pas été fait de choses visibles »

402

6 La descente de Jésus aux enfers

406

7 Jésus, souverain sacrificateur selon l’ordre de Melkhitsédek 410

Partie V L’Apocalypse

416

1 « Je suis le premier et le dernier, et le vivant »

417

2 Lettres aux Églises


421

I. Aux Églises d’Éphèse et de Smyrne

421

II. À l’Église de Pergame

423

III. À l’Église de Laodicée

426

3 Les vingt-quatre Vieillards

431

4 Les quatre Animaux saints

433

5 Le livre que seul l’Agneau est digne d’ouvrir

437

6 Un ange marque au front les cent quarante-quatre mille 439

serviteurs de Dieu

7 La femme couronnée d’étoiles et la grande prostituée

441

8 L’archange Mikhaël et ses anges précipitent le dragon sur la 444

terre

9 Le dragon lance de l’eau contre la femme


445

10 La bête qui monte de la mer et la bête qui monte de la terre 447

11 Le festin des noces de l’Agneau

450

12 Le dragon lié pour mille ans

451

13 « Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre »

454

14 « Et il me montra la ville sainte, Jérusalem »

457

I. La pierre cubique

458

II. Les assises de pierres précieuses

459

III. Les portes de perle

460

484

III. Les portes de perle

460

IV. Le fleuve d’eau de la vie et l’arbre de vie


462

V. L’avènement de la nouvelle Jérusalem

464

Tableaux récapitulatifs

468

1 Comment aborder l’étude de l’être humain

468

2 Les six corps : nature supérieure et nature inférieure, leurs 470

relations

3 Chaque corps possède un double en relation avec un des 471

quatre éléments

4 Les six corps et leurs relations avec les constellations 473

zodiacales et les planètes

5 Organes et parties du corps physique en relation avec les 475

douze constellations zodiacales

6 Organes et parties du corps physique en relation avec les dix 477

séphiroth

485
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Table of Contents
La Bible , miroir de la création
Avis au lecteur
Avant-propos
Partie I « Au commencement était le Verbe »
Partie II Les Évangiles
1 La vie de Jésus et son enseignement s’inscrivent dans le
grand livre de la nature
2 Naissance de Jésus, naissance du Christ
3 « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a envoyé son fils
unique »
I. Dieu, notre Père à tous
II. Jésus, une manifestation du Christ
4 « Si un homme ne naît d’eau et d’esprit »
I. La deuxième naissance
II. Le baptême
5 Jésus tenté par le diable
6 Les noces de Cana
7 Les deux premiers commandements
I. « Tu aimeras le seigneur, ton Dieu, de tout ton
cœur… »
II. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »
8 « Demandez et on vous donnera »
9 Jésus chasse les démons
10 Les deux paraboles du festin
11 « On ne met pas le vin nouveau dans de vieilles outres »
12 La parabole de l’économe infidèle
13 « Si vous ne devenez pas comme des enfants »
I. Le corps éthérique et le corps astral
II. L’enfant et le vieillard
III. Nous aurons toujours besoin de nos parents célestes
14 « Ne vous inquiétez pas du lendemain »
15 « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé »
16 La parabole des talents
17 « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille
l’homme »
18 « Heureux les pauvres en esprit »
19 Jésus nous apprend à prier
I. « Ce que vous liez sur la terre sera lié dans le ciel »
II. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom »
III. « Quand tu pries, entre dans ta chambre… »1
20 « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas »
21 « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite »
22 La porte du Royaume de Dieu
I. Le riche et le chameau
II. La porte étroite
23 La tempête apaisée
24 « Je suis venu pour qu’ils aient la vie »
25 Suivre Jésus
I. « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. »
II. « Laisse les morts enterrer leurs morts. »
III. Le jeune homme riche
IV. Être digne de Jésus
V. « si quelqu’un veut venir après moi… »
26 Bâtir sa maison sur le roc
27 « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement »
28 « Heureux ceux qui ont le cœur pur »
29 Le sel de la terre
I. « Vous êtes le sel de la terre »
II. « Si le sel perd sa saveur… »
III. « Car tout homme sera salé de feu »
IV. « Ayez du sel en vous-même »
30 « Amassez des trésors dans le Ciel »
31 Les paraboles des serviteurs
32 « Rendez à César ce qui est à César »
33 La guérison d’un aveugle-né
34 « Si le maître de la maison savait à quelle heure le voleur
doit venir »
35 « Ta foi t’a sauvé »
36 « Dieu n’est pas Dieu des morts mais des vivants »
37 Jésus sauve la femme adultère de la lapidation
38 « Aimez vos ennemis »
39 « Heureux ceux qui apportent la paix »
40 Les révélations de Jésus à la samaritaine
I. La source d’eau vive
II. Adorer Dieu « en esprit et en vérité »
41 « Le Royaume de Dieu est semblable à un grain de
sénevé »
42 « Par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu
seras condamné »
43 « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute… »
44 « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le
jeter aux petits chiens »
45 La parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges
folles
46 « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père »
47 « Cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice »
48 « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur »
49 Le figuier stérile et le figuier maudit
50 « Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur
maître revienne des noces »
51 « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite »
52 La parabole de l’ivraie et du bon grain
53 « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »
54 « Les derniers seront les premiers, et les premiers seront
les derniers »
55 Avant que le soleil se couche
56 « Si ton œil est pur, tout ton corps est dans la lumière »
57 La transfiguration de Jésus sur le mont thabor
58 La multiplication des cinq pains et des deux poissons
59 « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, Toi, le seul
vrai Dieu »
60 La parabole du fils prodigue
61 « Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans
les cieux »
62 « Moi et le Père, nous sommes un »
63 « Je suis le cep et vous êtes les sarments »
64 Le péché contre le saint-Esprit
65 « Mon Père travaille et moi aussi je travaille »
66 L’annonce des grandes tribulations
I. « Que celui qui sera sur le toit ne descende pas… »
II. « Le soleil s’obscurcira… »
67 « Marchez pendant que vous avez la lumière »
68 « Je suis le chemin, la vérité et la vie »
69 Le dernier repas
I. Jésus lave les pieds de ses disciples
II. La trahison de Judas
III. Jésus donne le pain et le vin à ses disciples
70 Au jardin de Gethsémani
71 « Qu’est-ce que la vérité ? »
I. Jésus devant Pilate
II. La parabole du semeur
III. Les deux faces d’une médaille
IV. Des graines à mettre en terre
V. « Et la vérité vous rendra libres »
72 « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité »
73 Jésus crucifié
I. « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font »
II. Entre les deux malfaiteurs
III. « Mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? »
IV. Les puissances du sang. La coupe du Graal
74 Ressusciter : sortir de la croix
75 Jésus apparaît à ses disciples
I. Apparition à Marie de Magdala
II. Apparition dans un lieu fermé
III. Au bord de la mer de Tibériade : la pêche
miraculeuse
76 « Et je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du
monde »
Partie III Les Actes des Apôtres
Les apôtres reçoivent le Saint-Esprit
Partie IV Les Épîtres de Paul
1 « Maintenant donc ces trois choses demeurent… »
2 « Nous sommes ouvriers avec Dieu »
3 « Nous sommes le temple du Dieu vivant »
4 « Nous n’avons pas à lutter contre des adversaires de chair
et de sang »
5 « Ce qu’on voit n’a pas été fait de choses visibles »
6 La descente de Jésus aux enfers
7 Jésus, souverain sacrificateur selon l’ordre de
Melkhitsédek
Partie V L’Apocalypse
1 « Je suis le premier et le dernier, et le vivant »
2 Lettres aux Églises
I. Aux Églises d’Éphèse et de Smyrne
II. À l’Église de Pergame
III. À l’Église de Laodicée
3 Les vingt-quatre Vieillards
4 Les quatre Animaux saints
5 Le livre que seul l’Agneau est digne d’ouvrir
6 Un ange marque au front les cent quarante-quatre mille
serviteurs de Dieu
7 La femme couronnée d’étoiles et la grande prostituée
8 L’archange Mikhaël et ses anges précipitent le dragon sur
la terre
9 Le dragon lance de l’eau contre la femme
10 La bête qui monte de la mer et la bête qui monte de la
terre
11 Le festin des noces de l’Agneau
12 Le dragon lié pour mille ans
13 « Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre »
14 « Et il me montra la ville sainte, Jérusalem »
I. La pierre cubique
II. Les assises de pierres précieuses
III. Les portes de perle
IV. Le fleuve d’eau de la vie et l’arbre de vie
V. L’avènement de la nouvelle Jérusalem
Tableaux récapitulatifs
1 Comment aborder l’étude de l’être humain
2 Les six corps : nature supérieure et nature inférieure, leurs
relations
3 Chaque corps possède un double en relation avec un des
quatre éléments
4 Les six corps et leurs relations avec les constellations
zodiacales et les planètes
5 Organes et parties du corps physique en relation avec les
douze constellations zodiacales
6 Organes et parties du corps physique en relation avec les
dix séphiroth

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