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Chapitre 1 – Accès et Compréhension des Etats Financiers

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Objectifs d'apprentissage :

 Expliquer les trois perspectives à partir desquelles les états financiers peuvent être consultés
 Décrire les états financiers
 Expliquer pourquoi ils sont utilisés
 Etre en mesure de les préparer et de les utiliser pour analyser la performance historique d'une
entreprise.
L'analyste tire les données financières nécessaires à l'analyse financière de nombreuses sources. La
première source est les données fournies par l'entreprise elle-même dans son rapport annuel et les
informations requises. Le rapport annuel comprend le bilan, l’état de résultat, l’état des flux de trésorerie,
l’état (ou tableau) de variation des capitaux propres ainsi que les notes annexes. Les entreprises cotées
sont tenues par la loi de divulguer des informations supplémentaires, tel que la liste des actionnaires, la
liste des titulaires des certificats de droit de vote, la liste des titulaires d’obligations convertibles en actions,
la liste des membres du conseil d’administration, le rapport du ou des commissaires aux comptes, les
déclarations de franchissement des seuils, des indicateurs d’activité etc …

Par ailleurs, d’autres informations telles que les prix des titres des sociétés cotées, les indices boursiers
pour les industries et pour le marché dans son ensemble sont disponibles sur le site de la Bourse et dans
la presse financière.

L'analyste financier doit sélectionner les informations pertinentes permettant de juger de la situation
financière actuelle et future et de la performance opérationnelle et financière de l’entreprise. Nous
présentons dans la section 1 la réglementation comptable entourant la production et la publication des
états financiers. Nous présenterons dans la section 2 les principaux états comptables publiés par les
entreprises. La section 3 présente les outils analytiques pour obtenir un aperçu des états financiers.

Section 1 – Etats financiers : objet et réglementation

Les états financiers sont des documents comptables préparés par les entreprises et donnent un résumé
détaillé de leurs transactions sur une période donnée (généralement un an, un semestre ou un trimestre).
Ces déclarations fournissent des informations importantes sur un large éventail de décisions commerciales
et constituent donc une source majeure de confiance du public et des investisseurs dans les marchés
financiers.

Les états financiers sont des documents destinés à toutes les parties prenantes de l’entreprise et doivent
remplir quatre conditions (principes) essentielles 1:

 Intelligibilité: compréhensibles par des utilisateurs avertis ;


 Fiabilité : exempts d’erreurs ou d’omissions significatives ;
 Pertinence : accorder aux différents éléments une place proportionnelle à leur importance ;

1
Ces principes sont par le cadre conceptuel les normes comptables internationales (IFRS).
 Comparabilité : cette comparabilité couvre deux dimensions, une dimension temporelle (à travers
les années) et une dimension spatiale (par rapport aux autres entreprises).

Sous-Section 1- Principaux états financiers

Selon les normes IFRS (IAS 1), les états financiers comprennent cinq éléments importants ayant des
fonctions complémentaires :

1. Le bilan (ou état de la situation nette) fournit une vision d’ensemble du patrimoine et des
engagements de l’entreprise a un moment donné. C’est une photographie de ce que l’entreprise
possède et doit au moment où le bilan est dressé.
2. L’état (ou compte) de résultat récapitule les flux de fonds qui font varier le patrimoine et les
engagements de l’entreprise sur la période considérée (année, semestre ou trimestre).
3. L’état (ou tableau) des flux de trésorerie quantifie les mouvements de trésorerie pendant une
période déterminée (entre deux instants). Sa particularité est qu’il adopte une approche
fonctionnelle de l’entreprise en dégageant trois flux principaux: les flux de trésorerie liés à
l’exploitation, les flux de trésorerie liés à l’investissement et les flux de trésorerie liés au
financement.
4. L’état (ou tableau) de variation des capitaux propres met en relief les informations liées aux
variations de l’actif net (ou richesse de l’entreprise). C’est un document de synthèse qui retranscrit
les mouvements de capitaux propres qui ont eu lieu au cours d'un exercice comptable (notamment
dans le cadre de la consolidation des bilans des filiales avec celui de leur société mère). Il distingue
notamment les fonds provenant des nouvelles émissions et des bénéfices mis en réserve, les
distributions de dividendes et la variation des provisions réglementées. Il précise, par ailleurs, les
effets des changements de méthodes comptables sur les capitaux propres.
5. Les notes annexes complètent les informations recensées dans les états financiers (corrections,
explications d'une influence significative...). Elles permettent de détailler les informations
comptables non explicitées normalement par les autres états financiers (informations relatives aux
filiales, opérations de fusions-acquisitions, engagements hors bilan,…) afin de fournir une image
fidèle aux tiers.
Sous-Section 2 - Réglementation des états financiers

Les états financiers donnent un résumé détaillé des transactions d’une entreprise sur une période donnée
(généralement un an, un trimestre ou un semestre). Ces déclarations fournissent des informations
importantes sur un large éventail de décisions commerciales et constituent donc une source majeure de
confiance du public et des investisseurs dans les marchés financiers. Leur importance a été officiellement
reconnue lorsque les marchés financiers américains ont subi une perte massive de confiance des
investisseurs après le krach de 1929. Le Congrès américain a promulgué deux grandes lois sur les valeurs
mobilières en 1934 et 1935. Ces lois visaient à restaurer la confiance du public et des investisseurs en
réglementant les états financiers et les normes auxquelles ils doivent se conformer. Cette législation a créé
la Securities and Exchange Commission (SEC) et a conféré à la SEC l'autorité ultime sur les règles
comptables qui régissent les sociétés ouvertes lors de la préparation de leurs états financiers.
Des législations semblables ont vu le jour en Europe et partout dans le monde pour instaurer l’autorité du
marché financier, qui veille à la protection des investisseurs en règlementant les transactions et en
sanctionnant les abus commis par les sociétés cotées et par les investisseurs individuels (notamment les
délits d’initiés).
En Tunisie, c’est la loi N° 94-117 DU 14 Novembre 1994 portant réorganisation du marché financier, qui
a instauré dans son article 23 une autorité du marché. Cette autorité, dénommée "Conseil du Marché
Financier", est chargée de veiller à la protection de l'épargne investie en valeurs mobilières, produits
financiers négociables en bourse et tout autre placement donnant lieu à appel public à l'épargne.
Aujourd'hui, cette formalisation du processus de reporting financier a atteint de nouveaux sommets avec
l'exigence des autorités de marché en matière de reporting interactif de données. Cela porte les
divulgations d'une entreprise à de nouveaux niveaux et a fourni un plan global pour l'information
financière. C’est ainsi que de nouvelles règles ont été adoptées obligeant les sociétés ouvertes qui
préparent leurs états financiers conformément aux principes comptables généralement reconnus (GAAP).
Les entreprises fourniront leurs états financiers à l’autorité du marché et sur leurs sites Web dans un
format de données interactif en utilisant le langage extensible Business Reporting Language (XBRL). Les
données interactives ont le potentiel d'augmenter la vitesse, l'exactitude et la facilité d'utilisation de la
divulgation financière, et éventuellement de réduire les coûts.
Section 2 – Les Principaux états financiers

A. Le bilan
Le bilan, établi à une date précise, enregistre les montants nets des actifs employés par l'entreprise (c'est-
à-dire les ressources engagées) et les passifs compensatoires encourus envers les prêteurs et les
propriétaires (c'est-à-dire les fonds obtenus).
Précisément, le bilan est un document comptable qui fournit une vue d’ensemble sur le patrimoine de
l’entreprise à une date donnée. Le bilan est divisé en deux parties : l’actif et le passif. L’actif recense tous
les emplois de fonds (ou investissements) de l’entreprise et le passif l’ensemble des origines des fonds (ou
sources de financement).
Les principales composantes de l'actif ou de fonds engagés sont classées par ordre de liquidité croissante:
1. Les actifs non courants sont des actifs durables qui conservent une valeur économique au fil du temps.
Ces actifs sont nécessaires à l’exploitation de l’entreprise. On recense trois types d’actifs non
courants :
• Les immobilisations incorporelles (actifs intangibles, tels que brevets, fonds de commerce,
droits au bail, marques et écarts d’acquisition),
• les immobilisations corporelles (terrains, ressources minérales, bâtiments, équipements,
machines et véhicules),
• et les immobilisations financières (titres de filiales, prêts et cautionnements consentis à
d’autres entreprise, titre de participations qui ont vocation à conserver durablement).
2. Les actifs courants destinés à être consommés, détruits ou cédés au cours d’un cycle normal
d’exploitation (exercice). On y trouve principalement quatre catégories :
• Les stocks de marchandises, de matières premières, de composants, de produits en cours
ou de produits finis,
• Les créances accordées aux clients (matérialisées ou non par des traites).
• Les valeurs mobilières de placement (titres financiers qui ne sont pas censés être conservés
durablement).
• Les disponibilités qui comprennent des placements peu risqués et très liquides (bons du
trésor à moins d’un an, dépôts bancaires et solde du compte caisse).
Les principales composantes du passif ou des sources de financement sont classées par ordre d’exigibilité
croissante:
1. Les capitaux propres (actionnaires), qui représentent le net montant des fonds versés par diverses
catégories de propriétaires de l'entreprise ainsi que les bénéfices accumulés conservés dans l'entreprise
après paiement des dividendes.
2. Les passifs non courants (ou à long terme), qui sont une variété d'instruments de créance
remboursables au-delà d'un an, comme les obligations, les prêts et les hypothèques. On y trouve aussi
les provisions pour risque et charges.
3. Les passifs courants, qui englobent les dettes commerciales, fiscales et sociales ainsi que les concours
bancaires à court terme.
4. Les passifs non courants, qui sont des obligations envers les vendeurs, les autorités fiscales, les
employés et les prêteurs exigibles dans un délai d'un an ou moins.
B. L’Etat de résultat
L’état des résultats récapitule les flux qui font varier le patrimoine de l’entreprise pendant une période
donnée (exercice comptable). Il distingue les produits qui augmentent la richesse de l’entreprise, et les
charges qui la réduisent. Le résultat de l’exercice est obtenu en déduisant les charges des produits et traduit
ainsi la richesse accumulée (bénéfice) ou l’appauvrissement subi (perte) par l’entreprise au cours de
l’exercice considéré.
Il y a deux façons de présenter l’état de résultat, soit par nature (modèle autorisé) soit par fonction (modèle
de référence). La présentation par nature est plus connue et plus commune puisqu’elle classe les charges
et les produits par nature et permet de déterminer plusieurs niveaux de création de richesse (appelés aussi
les soldes intermédiaires de gestion).
Le premier niveau (ou solde) est la valeur ajoutée (VA) qui exprime la capacité de l’entreprise à créer de
la valeur à partir des biens et services achetés auprès des tiers. La VA est la différence entre le chiffre
d’affaires et la consommation intermédiaire (marchandises et consommations achetées aux tiers).
Le deuxième niveau est l’excédent brut d’exploitation (EBE) est obtenu en déduisant de la valeur
ajoutée les charges de personnel et les impôts et taxes (diminués éventuellement des subventions
accordées à l’entreprise)2. L’acronyme anglo-saxon de l’EBE est l’EBITDA (Earnings Before Interest,
Taxes, Depreciation and Amortization). Selon l’approche par fonction, on a besoin d’une comptabilité
intégrée pour déterminer le cout des ventes, composante essentielle pour obtenir la marge commerciale 3.

2
Il s’agit ici des impôts et taxes indirects (c.à.d. en dehors de l’impôt sur les bénéfices)
3
L’approche par fonction détaille les produits et charges en fonction de leur moment de survenance dans le cycle
l’exploitation. Ainsi. Les charges de personnel par exemple sont éclatées selon les fonctions occupées par les salariés. Il n’y
a pas de charges d’amortissements, ces dernières sont reparties entre les différents types de couts.
Ainsi, le premier niveau selon l’approche par fonction est la marge commerciale (pour les entreprises
commerciales) ou la marge sur cout matières (pour les entreprises industrielles). Cette marge est obtenue
en déduisant du chiffre d’affaires le cout des ventes (ou couts des matières consommées).
Le deuxième niveau selon l’approche par fonction est le résultat d’exploitation, qui est obtenu en
corrigeant la marge des autres produits (en plus) et charges (en moins) d’exploitation (et d’investissement).
Dans l’approche par nature, le résultat d’exploitation (ou operating income) est obtenu en corrigeant de
l’EBE des dotations nettes aux amortissements et provisions non financières. A partir de ce niveau, les
deux présentations (par nature et par fonction) deviennent identiques.
Le résultat financier n’est pas un solde intermédiaire, mais se limite à déterminer le solde des charges et
produits de financement. Il est obtenu en soustrayant les charges financières (intérêts payes, moins-values
de cession de titres) des produits financiers (intérêts et dividendes reçus et plus-values de cession des
titres)4.
Le résultat courant avant impôt est obtenu en additionnant les RBE et le résultat financier. C’est un
indicateur très important de la capacité de l’entreprise à générer des profits stables.
Le résultat exceptionnel regroupe les produits et charges non récurrents de l’exercice (recouvrement
inattendu de créances, vente d’usine, dépenses de restructuration).
L’impôt sur les sociétés est au résultat imposable multiplié par le taux de l’IS, corrigé des impôts différés,
des déficits reportables et des déductions et abattements divers.
Le résultat net (net income) est égal à la différence entre l’intégralité des produits et des charges de
l’entreprise. Il peut être obtenu aussi en ajustant le résultat courant (en ajoutant le résultat exceptionnel et
en déduisant l’impôt sur les sociétés).

C. L’état des flux de trésorerie

Un analyste financier averti doit s’intéresser aux effets combinés des décisions d'investissement, de
financement et d'exploitation. En effet, en analysant à la fois l’état de résultat de la période et le bilan
différentiel (de début et de fin de période), on obtient plus d’informations qu’en se limitant à un seul état.
Par ailleurs, les décisions de gestion n'affectent pas seulement le bénéfice de la période, mais provoquent
des changements d'accompagnement dans la plupart des actifs et passifs, en particulier dans les comptes
constituant le fonds de roulement, tels que la trésorerie, les créances, les stocks et les dettes courantes.
L’état financier qui capte à la fois les résultats d'exploitation courants et les changements qui

4
Les charges financières sont généralement largement supérieures aux produits financiers.
l'accompagnent dans le bilan est l’état des flux de trésorerie. L’état de flux de trésorerie est un document
comptable obligatoire faisant partie de l’ensemble des états financiers exigés par l’entreprise. Il permet
d’élaborer une comparaison dans l’espace (entre les entités) et dans le temps (inclut les informations
relatives à l’exercice comptable en cours et celui de l’année précédente). Il reflète l’impact des décisions
prises en matière d’investissement et de financement, sur la trésorerie d’exploitation, et apporte une idée
sur la solvabilité de l’organisme. Les informations produites par ce document doivent être simples, claires,
compréhensibles et exploitables par les différents utilisateurs. En effet, l’état de flux de trésorerie sert à
mettre en place des études rétrospectives et prévisionnelles. Il décortique les différentes ressources
financières de l’entité en précisant les moyens de financement et la méthode de leur allocation.

L'état des flux de trésorerie est le plus intuitif de tous les états financiers car il suit la trésorerie selon
ces trois activités principales: (1) la trésorerie liée à l’activité de financement (FTFI) (2) la trésorerie liée
à l’activité d’investissement (FTI) et (3) la trésorerie liée à l’activité d’exploitation (FTE). Comme vous
pouvez le constater l’état des flux de trésorerie se divise en trois sections (voir tableau 1):

1. Les flux de trésorerie provenant du financement comprennent les liquidités reçues (entrées) pour
émission de dettes et de capitaux propres. Comme prévu, le FTF est réduit des dividendes payés (sortie).

2. Les flux de trésorerie liés à l'investissement sont généralement négatifs car la plus grande partie est la
dépense (sortie) pour l'achat d'actifs à long terme comme les usines ou les machines. Mais cela peut inclure
les espèces reçues des investissements séparés (c'est-à-dire non consolidés) ou coentreprises. Enfin, il peut
inclure les entrées / sorties de trésorerie ponctuelles dues aux acquisitions et désinvestissements.

3. Les flux de trésorerie provenant de l’exploitation incluent naturellement les liquidités collectées des
ventes et liquidités dépensées pour les générer. Cela comprend les dépenses d'exploitation comme les
salaires, le loyer et les impôts. Deux éléments supplémentaires réduisent le FTE: trésorerie payée pour les
stocks et intérêts payés sur la dette.
Tableau 1 : Etat des flux de trésorerie

Flux de trésorerie liés aux activités d’exploitation (méthode directe)


+ Encaissement reçus des clients
- Sommes verses aux fournisseurs et au personnel
- Intérêts et autres frais financiers payés
- Impôts sur les résultats payés

Flux de trésorerie liés aux activités d’exploitation (méthode directe)


résultat net de l’exercice
+ Dotations aux amortissements et provisions
- Variation du BFR d’exploitation (Stocks + Clients – Fournisseurs +/- autres activités d'exploitation)

Flux de trésorerie liés aux activités d’investissement


- Décaissements sur acquisition (+ Encaissements de la cession) d’immobilisations corporelles,
incorporelles et financières
+ Intérêts encaissés sur placements financiers
- Dividendes et quote-part des résultats

Flux de trésorerie liés aux activités de financement


+ Encaissements suite à l’émission d’actions
- Dividendes et autres distributions effectués
+ Encaissements provenant d’emprunts
- Remboursements d’emprunts ou d’autres dettes assimilées

Le total des flux de trésorerie correspond au flux de trésorerie net: CFF + CFI + CFO.

On peut être tenté d'utiliser le cash-flow net comme mesure de la performance, mais le principal problème
est qu'il inclut les flux de financement. Plus précisément, il pourrait être anormalement élevé simplement
parce que l'entreprise a émis de nouvelles dettes, ou anormalement faible parce qu'elle a racheté ses dettes.

D. L'état de changement des capitaux propres

Le quatrième état financier communément fourni par une entreprise est une analyse des principales
évolutions, sur une période déterminée, des capitaux propres, ou de la situation nette. Au fait, la
comparaison de deux bilans de deux périodes successives nous indique la richesse créée ou détruite
pendant la période. Le résultat net de l’exercice (obtenu du bilan de fin période et du l’état de résultat de
la période) est l’élément principal du changement des capitaux propres. Mais d'autres les décisions de la
direction peuvent affecter aussi les capitaux propres, tel que l’émission de nouvelles actions, l’affectation
des résultats et les changements de méthodes comptables.

Dans notre cadre décisionnel, ces quatre états peuvent être combinés pour nous aider à visualiser leur
texture et leur relation comme un ensemble intégré. Notez que la vue d'ensemble généralisée de la figure
ci-dessous montre non seulement ce que ces quatre états couvrent en termes d'informations clés, mais
également comment elles sont liées, dérivées des mêmes informations de base. Les lignes pointillées
indiquent l'impact des pertes et profits comptables.

Figure : Etat de variation des capitaux propres

Exploitation Financement
Investissement
Bilan
(à une date donnée)
Passifs
Actifs
Etat de résultat Capitaux propres
Actifs non courants
Revenus
- Couts des ventes
DMLT
Actifs courants = Marge Brute
- Charges (+ Produits)
d'exploitation Autres passifs
Autres actifs - Charges (+ Produits)
extraordinaires

- Impot sur les sociétés Passifs totaux


Actifs totaux
= Résultat de l'exercice
Etat de changement des
capitaux propres:

Etat des flux de tresorerie

flux issus de l'invwstissemnt flux provenant de l'exploitation Flux issus du financement

Pour résumer, le bilan décrit la situation financière d'une entreprise à un moment donné. Il montre l'effet
cumulatif des décisions antérieures et inclut les profits ou pertes des périodes précédentes. L’état de
résultat correspond aux flux des produits et charges qui font varier le patrimoine de l’entreprise sur la
période considérée.

Contrairement aux deux états précédents, l’état des flux de trésorerie est une représentation dynamique en
ce qu'il met en évidence les variations nettes des actifs et des passifs sur une période spécifique. Il reflète
les origines et les emplois des flux de trésorerie résultant des décisions de la direction concernant les
investissements, les opérations et le financement.

Enfin, l’état de variation des capitaux propres donne plus de détails sur l’évolution des capitaux propres
tels qu’ils sont enregistrés aux bilans de début et de fin. Plus précisément, il comprend les informations
liées aux variations de l’actif net (ou richesse) de l’entreprise, surtout les montants provenant des
émissions d’actions nouvelles et des bénéfices mis en réserve. Il précise notamment les effets des
changements de méthode comptable sur les capitaux propres.

Section 3 – Outils analytiques pour obtenir un aperçu des états financiers

Sous-Section 1- Les états financiers: le bilan « économique»

Les actifs sont un mauvais indicateur des capitaux utilisés. En effet, et à titre d’exemple, les actifs
augmentent lorsque :

- les fournisseurs sont payés plus tard,


- l'entreprise stocke des intrants supplémentaires
- l'entreprise conserve ses bénéfices

Pour enlever ces illusions optiques, on doit éliminer ces augmentations artificielles (ou actifs fictifs) du
bilan. En faisant ainsi, on adopte la vision des investisseurs.

Le passage d’un bilan comptable au bilan économique (ou financier) requière des redressements
comptables (ou retraitements financiers), qu’on peut classer en deux grandes catégories : le retraitement
de l’actif du bilan et le retraitement du passif du bilan 5.

1. Retraitement de l’actif du bilan : les principaux retraitements de l’actif du bilan sont les suivants :
 l’élimination des actifs fictifs (ou non valeurs) de l’actif et des capitaux propres,

5
Voir l’annexe pour les principaux traitements comptables et les reclassements pour le passage d’un bilan comptable à un
bilan économique.
 les écarts de conversion-actif, qui correspondent à des pertes de change latentes et seront
transférées aux actifs courants ou déduits des capitaux propres (si la perte de change latente
n’est pas couverte par une provision),
 les effets escomptés et non échus doivent être réintégrés dans les créances à moins d’un an à
l’actif et les dettes à moins d’un an au passif.
2. Retraitement du passif du bilan : les principaux retraitements du passif du bilan sont les suivants :
 Les provisions pour risque et charges qui doivent être transférées parmi les capitaux
propres si elles ne sont pas justifiées,

Les écarts de conversion-passif, qui correspondent à des gains de change latents et seront transférées aux
capitaux propres

Sous-Section 2- Les outils analytiques

Les analystes consultent les états financiers des entreprises pour prendre des décisions concernant
l'investissement, la croissance future, etc. Pour cela, ils utilisent de nombreux outils d'analyse. Cependant,
la première étape de toute analyse est de faire les ajustements nécessaires aux états financiers. Les notes
annexes complètent les informations recensées dans les états financiers et non explicitées normalement
par les autres états financiers afin de fournir une image fidèle aux tiers. Une fois les états financiers sont
amenés à une base comptable commune, ils sont prêt pour la comparaison. Deux des outils analytiques
sont utilisés :

 L’analyse spatiale (ou common size analysis);


 Et l’analyse temporelle (time series analysis);
1. Analyse spatiale
L'analyse spatiale consiste à comparer les bilans de différentes entreprises. La première étape consiste à
ajuster des éléments tels que la valorisation des stocks, la politique d'amortissement, les fusions et
désinvestissements, conversion des opérations des entités étrangères sur une base commune. Comme il
est difficile de faire une comparaison à partir des données brutes, il est de coutume de calculer des
pourcentages en rapportant les différents éléments à une grandeur commune (par exemple le chiffre
d’affaires pour l’état de résultat ou le total actif pour les postes de bilan). Cette analyse transversale permet
de comparer les performances de différentes entreprises, soit dans la même industrie, soit dans toutes les
industries pendant une année donnée. Cet outil est très utile pour les analystes financiers car ils ne sont
pas très préoccupés par les valeurs absolues, mais ce sont les atouts relatifs des différentes entreprises qui
les intéressent.
2. Analyse temporelle
L'analyse temporelle consiste à analyser les séries chronologiques des bilans d'une même entreprise sur
une période de temps. A titre d’exemple, on peut calculer le taux de croissance de divers actifs. Ceci
informe l'analyste sur la croissance des immobilisations, qu’il peut comparer à la croissance des ventes.
A partir de cette analyse, on peut prévoir la performance future de l’entreprise. Il faut noter que la plupart
des analyses temporelles porte sur les données de l’état de résultat ou sur les données combinées de l’état
de résultat et du bilan. Ce type d’analyse, dit temporelle, est utilisé à la fois par l'entreprise et les analystes.
Les entreprises l'utilisent pour les projections, la comparaison des performances réelles avec les
projections, comparaison avec les tendances passées, etc. Les analystes l’utilisent pour l’analyse des
tendances et en conséquence, leurs décisions d’investissement.

Conclusion

L'analyse financière approfondie peut être entreprise pour divers objectifs:

 Elle peut être menée par les tiers pour apprécier la solvabilité et la rentabilité de l’entreprise, afin
de déterminer si elle peut-être une contrepartie acceptable (fournisseur, banque, agence de
notation).
 Elle est destinée la plupart du temps à d'actuels ou de possibles futurs investisseurs (prise de
participation de nouveaux actionnaires, analyste financier de bourse, opérations de fusions
acquisitions.
 Elle peut être menée par la direction lors d’une mission d’audit des comptes afin d’avoir une idée
sur l’évolution des principaux agrégats et ratios.

Un bon analyste financier ne se contentera pas des seuls états financiers pour mener un diagnostic
financier approfondi. Il exploitera aussi les autres rapports produits par l’entreprise, tel que le rapport
annuel (annual report) et le rapport de gestion (Management and Discussion Analyses). Ainsi, un
diagnostic stratégique précèdera toujours le diagnostic financier. On consacrera le chapitre 2 au diagnostic
stratégique, le chapitre 3 au diagnostic financier par les ratios, le chapitre 4 à l’analyse de l’équilibre
financier par les tableaux de flux et finalement le chapitre 5 à l’analyse financière par les tableaux des
flux.
Bibliographie du chapitre
 Berk, Jonathan and DeMarzo, Peter, Finance d’entreprise, 2e Edition, Pearson 2011
 Brealey et Myers, Principes de gestion financière, Edition Pearson 2003
 Charreaux, Gerard, Gestion financière : ed.Litec 2000
 Penman, Stephen, Financial Statement Analysis and Security Valuation, 5th edition, McGraw-Hill
International, 2013
 Robinson, T. R., van Greuning, H., Henry, E. and Broihahn M. A., International financial
statement analysis, CFA Institute Investment series, John Wiley & Sons, Inc., 2nd edition, 2012
Annexe : passage d’un bilan comptable à un bilan économique (ou financier)

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