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ENERGIES RENOUVELABLES

VALORISATION ENERGETIQUE DE LA BIOMASSE

Objectifs du cours :

Il s’agit de :

- Connaitre de manière sommaire, les différentes formes


et types d’énergie de substitution qui existent ;
- Maitriser les modes de valorisation de ces énergies de
substitution ;
- Maitriser les critères de choix de ces modes de
valorisation

PLAN :

Chapitre I : Généralités sur l’énergie

Chapitre II : Mode de valorisation énergétique de la biomasse

Chapitre III : La gazéification

Chapitre IV : La digestion

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Chapitre I : GENERALITES SUR L’ENERGIE

L’énergie est un facteur important de développement d’un


pays. De nos jours, l'augmentation de l'effet de serre et
l'épuisement des ressources minières constituent une
préoccupation pour la plupart de nos dirigeants. Ce qui amène
ainsi un grand nombre de pays à se tourner vers des sources
d'énergies alternatives, les énergies renouvelables, pour un
développement durable. Il convient dans ce chapitre de faire la
lumière sur les différentes formes et types d’énergies qui existent.

I. Energie primaire et Energie primaire

Une énergie est dite primaire lorsqu’elle ne peut être utilisée à


l’état. C’est donc une énergie qui doit être convertie en d’autres
formes d’énergies pour son utilisation (ex : l’essence qui subit par
exemple une combustion pour produire de l’énergie thermique,
puis ensuite une énergie mécanique pour enfin produire de
l’énergie électrique vis un alternateur par exemple…). La seule
forme d’énergie finale encore appelée énergie noble reste encore
l’énergie électrique.

II- Energies non renouvelables et énergies


renouvelables
1. Energies non renouvelables

On distingue à ce niveau, les énergies classiques


conventionnelles encore appelées énergies fossiles puis l’énergie
nucléaire. Dans la première forme, on peut citer le charbon
(houille, graphite, briquette de lignine…), le pétrole et le gaz
naturel pendant que selon la seconde, on parlera de fission

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nucléaire dont les produits sont nocifs avec la présence des
déchets radioactifs.

Toutes ces énergies fossiles peuvent être utilisées pour produire


de l’énergie thermique à partir des réactions de combustion,
laquelle énergie thermique donne accès aux autres formes
d’énergie que sont l’énergie mécanique et l’énergie électrique.

2. Energies renouvelables

Ce sont des énergies qui se renouvellent de manière


permanente. Elles sont donc inépuisables, renouvelables et elles
proviennent pour la plupart de l’énergie solaire. Parmi ces
énergies nouvelles, on peut citer :

- L’énergie solaire
- L’énergie de la biomasse
- L’énergie des marémotrice
- L’énergie éolienne
- L’énergie géothermique

2.1. Energie solaire

Le soleil est considéré comme une centrale nucléaire qui


assure un rayonnement permanent et de ce fait, est considéré
comme un corps noir porté à une grande température. En effet,
l’énergie solaire provient des réactions thermonucléaires du soleil
qui provoquent l’émission électromagnétique. A ce niveau, on
distingue :

- Le solaire photovoltaïque (solaire PV) : L’effet


photovoltaïque est utilisé pour transformer le rayonnement

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solaire en électricité à l’aide des modules solaires photovoltaïques.
Les applications sont entre autres l’éclairage, TV, production de
froid, pompage de l’eau…
- Le solaire thermique : Le rayonnement solaire est utilisé
pour produire de la chaleur. Les applications sont entre autres la
cuisinière solaire pour la cuisson des aliments, le chauffe-eau
solaire pour l’eau chaude sanitaire…

C’est une source gratuite, inépuisable mais elle a pour


principaux inconvénients sa répartition aléatoire et son coût
(nécessitant des matériels lourds).

2.2. Energie éolienne

Il s’agit d’énergie cinétique de masses d’air mises en


mouvement entre régions de l’atmosphère où résident des
pressions inégales.

2.3. Energies de la biomasse

Il s’agit des matières organiques susceptibles d’être sources


d’énergies. Au Bénin, elles constituent environs 60% de l’énergie
totale consommée en 2016. On distingue :

- Bois de feu/charbon de bois : C’est la forme traditionnelle


de valorisation en Afrique en général, et au Bénin en particulier.
- Le biogaz : Il s’agit de la production de gaz par fermentation
anaérobie des déchets organiques (animaux, humains,
industriels, végétaux, ménagers…) utilisés ensuite pour des
besoins énergétiques (cuisson, éclairage, alimentation des
groupes électrogènes…)

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- Le biocarburant : Il s’agit des biocarburants produits à
partir de la biomasse. C’est l’une des solutions aux grands défis
du réchauffement global de la terre, de la flambée des prix de
pétrole, de la pauvreté, de l’environnement…Dans ce cas, on peut
citer par exemple l’huile de Jatropha.

2.4. Energie micro hydraulique

Avec une masse d’eau prélevée dans la rivière et renouvelée


sans arrêt sous forme de débit constant, et une différence de
niveau, la microcentrale hydraulique (0.5-60KW) peut déjà
répondre aux besoins énergétiques d’une localité.

2.5. Energie géothermique

Il s’agit là d’une énergie provenant du centre de la terre. L’une


des plus grandes centrales géothermique connues jusqu’à ce jour
reste « OLKARIA » au Kenya.

2.6. Energie marémotrice

Elle est issue du mouvement de l’eau créé par les marées,


causées par l’effet conjugué des forces de gravitation de la lune et
du soleil.
Au regard de cette panoplie d’énergies renouvelables et vu
l’épuisement des ressources minières frappés des problèmes
environnementaux, il convient d’opter pour la promotion des
énergies renouvelables selon la forme disponible dans notre pays,
dans notre localité…

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Chapitre II : MODE DE VALORISATION ENERGETIQUE DE LA
BIOMASSE

De nos jours, l'augmentation de l'effet de serre et l'épuisement


des ressources minières constituent une préoccupation pour les
gouvernants. Ce qui amène ainsi un grand nombre de pays à se
tourner vers des sources d'énergies alternatives, les énergies
renouvelables, pour un développement durable. Ainsi, la
biomasse se trouve incontestablement être l’une des sources
d'énergies renouvelables les plus prometteuses, du fait de son
coût peu élevé, mais aussi de par son potentiel énergétique non
négligeable. A cet effet, la production d'électricité à partir de la
biomasse est envisagée aujourd'hui, grâce à de nouvelles
technologies de production d'énergie. Cette partie du cours fera la
lumière sur les voies de valorisation de la biomasse.

I. Définition

La définition stricte de la biomasse est l’ensemble de la matière


organique d’origine végétale c’est-à-dire les produits de la réaction
de photosynthèse. Actuellement, la biomasse représente
l’ensemble des déchets d’origine végétale, animale, humaine et
industrielle valorisable à des fins énergétiques. L’ensemble des
déchets précédemment cités se regroupent sous le vocable
« Bioergétique » au sens scientifique du terme. La biomasse est
également représentée par une formule chimique dont la forme
générale est : CxHyOzNtSu. Dans le cas du bois, il s’agit par
exemple du C6H9O4.

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1. Biomasse lignocellulosique

Au début de la constitution de la biomasse, nous avions la «


photosynthèse », phénomène par lequel, sous l’action du
rayonnement solaire, les végétaux créent de la matière organique,
à partir d’eau et du dioxyde de carbone de l’atmosphère : il s’agit
du cycle de CALVIN qu’on peut simplifier suivant la réaction
représentée par l’équation :

Elle se traduit donc par la formation de molécules organiques


complexes et multiples. Ainsi, les constituants principaux de la
matière végétale sont :

- La cellulose de formule (C6H10O5)n, avec n compris entre


200 et 3000, c’est un sucre, polymère du glucose. A l’état naturel,
la cellulose est fibrillaire et partiellement cristalline. Elle est
représentée sur la figure suivante :

Figure 1 : Formule développée de la cellulose (ADAM, 2017)

- la lignine : C’est un groupe de composés chimiques


appartenant aux composés phénoliques dont la formule brute du
noyau est C9H10O3(OCH). La structure naturelle de la lignine est

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fonction du type de biomasse. Elle est représentée sur la figure
suivante :

Figure 2: Motifs élémentaires de la lignine (ADAM, 2017)

- Les hémicelluloses : Constituées de plusieurs glucides,


l’hémicellulose désigne tout polysaccharide soluble dans l'eau et
pouvant être extrait de la paroi des cellules végétales par des
solutions acides. A l’état naturel, les hémicelluloses ont un degré
de polymérisation compris entre 200 et 300 et leur structure est
fonction de l'espèce végétale. Elle est représentée sur la figure
suivante :

Figure 3 : Principaux glucides constituant les hémicelluloses


(ADAM, 2017)

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2. Différents types de biomasse

En général, on distingue en fonction de leur teneur en


humidité, selon le type d’utilisation et en fonction de la
composition chimique de la biomasse deux ou trois types de
biomasse :
- Selon la teneur en humidité, nous distinguons :
a) la biomasse sèche : Elle provient de diverses sources
telles que la forêt, les scieries, l’agriculture, les industries agro-
alimentaires, les cultures énergétiques et les formations
herbacées;
b) la biomasse humide, quant à elle, provient
essentiellement des effluents d’élevage, des effluents liquides des
agro-industries et des déchets ménagers.
- Selon l’utilisation faite, on distingue :
a) les «biomasses traditionnelles» dont les bois de feu,
les résidus agricoles et forestiers. Il s’agit là très souvent des
combustibles non transformés destinés à la cuisson et au
chauffage domestique. De façon générale, la façon traditionnelle
d'utiliser la biomasse est souvent peu efficace et peut être à la
base de nombreux problèmes de santé et de pollution
atmosphérique. C’est pourquoi il est souvent utile d'améliorer leur
efficacité;
b) les «biomasses modernes», qui se distinguent des
précédentes par leur caractère industriel pour la production soit
de chaleur, d’électricité ou de biocarburant. Elles sont
caractérisées par une plus grande automaticité et un bon
rendement.

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La biomasse se distingue également par sa composition
chimique. Dans ce cas, on parle, soit de la biomasse
lignocellulosique, de la biomasse à glucide, ou de la biomasse
oléagineuse. Il s’agit principalement de :

- La biomasse lignocellulosique qui regroupe, en son


sein, le bois, la paille, la bagasse de canne à sucre, les rafles, les
tiges, les coques, pour ne citer que ceux-là, lesquels sont riches
en substances de structure peu hydrolysables;
- La biomasse à glucide, riche en substances
glucidiques, regroupe en générale les déchets issus du traitement
de quelques sous-produits agricoles particuliers tels que ceux
issus des betteraves sucrières, des cannes à sucre, etc.…
lesquelles sont facilement hydrolysables;
- La biomasse oléagineuse, constituée des déchets riches
en lipides, regroupant ainsi les résidus issus du colza, du palmier
à huile, etc.….
II. Caractéristiques physicochimiques de la biomasse
lignocellulosique
La composition des divers types de biomasse varie
considérablement. La teneur en cendres, en carbone, en
hydrogène, en azote, en soufre, en oxygène, l’humidité relative, le
taux de carbone fixe, le taux de matières volatiles, la densité, la
masse volumique, la porosité et la granulométrie sont importants
dans la conversion thermochimique de la biomasse.

Pour déterminer la formule brute de la biomasse en tant que


molécule, Il convient de procéder à la détermination des

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proportions de carbone, d’hydrogène, d’oxygène et d’azote
contenues dans la biomasse.

1. Masse volumique
En général, il existe trois paramètres qui gouvernent la
détermination de la masse volumique de la biomasse. Il s’agit
principalement de l’espèce du type de biomasse considéré, son
humidité et surtout sa granulométrie. Les résidus agricoles, de
faible granulométrie, telle que la paille, présentent une masse
volumique beaucoup plus faible (exemple de la paille de blé dont
la masse volumique est de 80 Kg/m3). Le principe de l’analyse
granulométrique consiste à faire passer, à travers des tamis à
mailles, la biomasse à caractériser, afin de pouvoir déterminer la
masse comprise entre deux dimensions correspondant aux
bornes des classes de distribution. Au cours des procédés
thermochimiques, il est important de contrôler la taille des
particules des biomasses, car celle-ci influence directement les
transferts thermiques (chaleur au sein de la biomasse) et les
transferts de masse (diffusion de matières volatiles dans la
biomasse).

2. Teneur en eau ou taux d’humidité


L’humidité contenue dans la biomasse est importante et
extrêmement variable dans le temps lors de la conversion
thermochimique. La teneur en eau dans la biomasse s’étend de
10% à 90%. On distingue généralement deux types d’humidité :

a) Humidité sur brut (H): il s’agit du rapport entre la masse


d’eau contenue dans la biomasse et la masse totale de la
biomasse;

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b) Humidité sur sec (h): il s’agit du rapport entre la masse
d’eau contenue dans la biomasse et la masse sèche de la
biomasse.
L’humidité peut se déterminer à partir des expériences
effectuées à l’étuve. La biomasse brute est d’abord pesée et est
ensuite portée à une température de 110 °C jusqu’à l’obtention
d’une masse stable. La biomasse déshydratée est enfin pesée. Le
taux d’humidité (en pourcentage) est alors donné par les formules
suivantes :

III. Caractéristiques physicochimiques

Mhumide, Msèche sont respectivement les masses de biomasse


humide et sèche avant et après l’expérience.

3. Teneur en cendre

Elle est définit comme étant la masse de cendre ( ou de


matières minérales contenue dans une certaine quantité de
biomasse. On la détermine au laboratoire en faisant subir une
combustion complète à une quantité de biomasse, le résidu
récupéré représente donc la cendre.

On appelle matière organique, la matière humide débarrassée


de sa teneur en cendre et en eau.

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4. Analyse élémentaire

Elle permet de connaître la composition chimique de la


biomasse en déterminant le taux de carbone, d’oxygène,
d’hydrogène, d’azote et de soufre dans une certaine quantité de la
biomasse humide. Cette connaissance se fait par des expériences
au niveau des laboratoires et permet de connaître la formule
chimique semi-développée de la biomasse.

5. Pouvoir Calorifique

A ce niveau, on distingue le Pouvoir Calorifique Supérieur


(PCS) et le Pouvoir Calorifique Inférieur (PCI). Le premier
représente la quantité de chaleur libérée par la combustion
complète d’un kilogramme ou d’un mètre-cube de combustible
(selon que celui-ci est solide ou liquide ou encore gazeux), laquelle
énergie comprend également la chaleur de condensation de la
vapeur d’eau. Le deuxième représente la quantité de chaleur
libérée par la combustion complète d’un kilogramme ou d’un
mètre-cube de combustible sans condensation de la vapeur d’eau.
Cependant, le taux d’humidité et la teneur en inorganiques
influencent sérieusement le pouvoir énergétique de toute
biomasse. Pour déterminer le PCI, on peut, soit utiliser un
appareil, la bombe calorimétrique qui mesure la chaleur libérée
par une quantité précise de matière, soit le calculer directement à
partir de plusieurs formules dont celle de Dulong :

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C, H, O, E sont respectivement les pourcentages massiques de
carbone, d’hydrogène, d’oxygène et d’eau (E : humidité).

II. Différentes filières de conversion énergétique de la


biomasse
Il s’agit essentiellement de deux grands procédés de conversion
de la biomasse au plan énergétique schématisé sur la figure ci-
après:
- la voie biochimique;
- la voie thermochimique

Figure 4 : Différentes filières de valorisation énergétique de


la biomasse (PRBE/Biomasse-process, 2007)

Pendant que la voie biochimique regroupe et la digestion


anaérobie, la fermentation alcoolique et l’extraction d’huile
végétale, la voie thermochimique repose essentiellement sur la
combustion, la pyrolyse et la gazéification comme indiqué sur la
figure ci-dessus.

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1. Valorisation thermique
Par définition, la valorisation thermique consiste à faire subir à
a biomasse une dégradation sous l’effet de la chaleur. On
distingue deux types de valorisation thermique :

- La carbonisation : Elle consiste à faire subir à la biomasse,


un traitement thermique en l’absence de toute atmosphère
oxygénée pour produire principalement un résidu carboné appelé
charbon. Le rendement en charbon dépend généralement de la
température de carbonisation. L’expérience a montré qu’il existe
toujours une température où le rendement est optimal.
- La pyrolyse : Elle consiste à une dégradation thermique de
la biomasse pour produire du charbon et un mélange gazeux
valorisable à des fins énergétiques. Le mélange gazeux contient
principalement le monoxyde de carbone, le dioxyde de carbone, le
méthane, le dihydrogène, la vapeur d’eau…en plus de quelques
molécules lourdes appelées « goudrons ». Le rendement
énergétique de la pyrolyse est e meilleure par rapport au
rendement énergétique de la carbonisation.
2. Valorisation thermochimique

Elle consiste à faire subir à la biomasse un traitement


thermique en présence d’oxygène ou d’une atmosphère oxygénée
pour utiliser principalement de la chaleur dégagée ou pour
produire un mélange gazeux combustible. Dans ce contexte, on
distingue principalement :

- La combustion : Elle consiste à faire subir un traitement


thermique à la biomasse en présence d’oxygène en quantité
suffisante et dont l’objectif est d’utiliser la chaleur dégagée.

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- La gazéification : Elle est définie comme la dégradation
thermique de la biomasse en présence d’une atmosphère
légèrement oxygénée afin de produire un mélange gazeux
utilisable à des fins énergétique. C’est donc une oxydation
partielle pour ménager la biomasse. Comme produit à l’issue de la
gazéification, on distingue un mélange gazeux ou encore un gaz
de synthèse avec la présence de goudrons puis de la matière
minérale.
3. Valorisation chimique
La valorisation chimique de la biomasse consiste à synthétiser
(des produits pétroliers…) un mélange liquide dont les propriétés
sont proches de celles du pétrole fossile à partir d’une
dégradation de la biomasse sous l’effet du catalyseur chimique
spécifique.

4. Valorisation biologique
La voie biologique consiste à une dégradation de la biomasse
par des microorganismes pour produire différents composés
comme l’alcool et le méthane valorisables à des fins énergétiques.

III. Filière bioergétique : Situation au Bénin


Le Bénin dispose pratiquement de toutes les catégories de
biomasse :
- Bois et déchets de bois : C’est une forme de biomasse
consommée sous forme de bois de feu et de charbon ;
- Déchets animaux et végétaux : Une partie est utilisée pour
des besoins culinaires et pour l’alimentation du bétail ;

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- Déchets industriels : Une partie est valorisée pour la
production thermique et la production d’énergie électrique
notamment dans les industries agroalimentaires.
- Déchets urbains : A ce niveau, on note une grande difficulté
liée au tri de ces déchets, ce qui pose un véritable problème
pour leurs valorisations.

Tableau 1 : Biomasse et traitement correspondant (ADAMON,


2015)

Type de Biomasse Traitement


Agriculture (A) Carbonisation (c)
Bois et déchets de bois (B) Pyrolyse (p)
Cultures (C) Gazéification (g)
Déjection animal/humain (D) Fermentation (f)
Effluents Industriels humains Digestion (d)

Une filière bioergétique consiste à coupler à chaque type de


biomasse le meilleur traitement possible. On distingue en effet, 5
types de biomasse (A, B, C, D et E) et 5 formes de traitements
possibles (c, p, g, f et d). Le tableau ci-après donne une idée des
traitements possibles en fonction du type de biomasse.

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Tableau 2 : Filière bioergétique (ADAMON, 2015)

c p g f d
A   
B   
C
D  
E  

En somme, notre pays dispose d’une grande variété de


déchets valorisables à des fins énergétiques. Cependant, on note
une valorisation traditionnelle accrue de ces biomasses,
lesquelles méritent de profondes améliorations au regard des
nouvelles technologies de conversion de la biomasse.

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Chapitre III : La gazéification

La gazéification est la dégradation thermique de la biomasse en


présence d’un agent oxydant (air, oxygène pur, vapeur d’eau,
dioxyde de carbone etc…). Elle est basée sur le principe de
conversion thermochimique de la biomasse en gaz combustible,
qui peut être utilisé par la suite dans un moteur à combustion
interne, dans une pile à combustible, dans un four ou une
turbine à gaz, pour produire de la chaleur et/ou de l’électricité.

I. Réaction de gazéification

La biomasse est soumise à quatre phénomènes


thermochimiques complexes successifs. Leur déroulement et leur
configuration spatiale et temporelle peuvent différer selon le mode
d’introduction de la biomasse, de l’agent gazéifiant et du type de
gazogène. Le schéma global de la gazéification peut se présenter
comme suit :

Figure 1 : Schéma de la gazéification (Zhu et Venderbosch, 2015)

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A partir de la figure ci-dessus, on peut distinguer quatre
grandes étapes au cours de la gazéification :
- Séchage : Le séchage est une étape qui consiste à réduire
l’humidité contenue dans le combustible sans décomposition
chimique de la biomasse. Toutefois, un séchage préalable peut
être nécessaire, si le taux d’humidité est supérieur à 25 %. Ce
phénomène est très endothermique et requiert donc beaucoup
d’énergie selon l’équation suivante :

- Pyrolyse : La pyrolyse est une conversion de la biomasse


sèche en produits solides et en vapeurs condensables puis en gaz
incondensables sous l’action de la chaleur et en absence d’un
agent oxydant. La composition des gaz incondensables produits
dépend évidemment du combustible utilisé mais aussi du taux de
chaleur apporté au système. Il s’agit essentiellement de CO, CO2,
H2 et CH4. La partie condensable est composée essentiellement de
vapeur d’eau et de composés organiques : aldéhydes, acides
acétiques, dérivés des sucres, phénols, HAP (Hydrocarbonés
Aromatiques Polycycliques), alcools, regroupés sous l’appellation
de « goudrons ». Ces goudrons sont particulièrement nocifs pour
les moteurs ou turbines : ils se condensent sous forme de solides
visqueux très difficiles à détruire et constituent ainsi l’un des
principaux freins à la valorisation du gaz, rendant ainsi le
traitement des gaz onéreux. Le résidu solide de la pyrolyse est du
carbone presque pur, appelé coke ou encore carbone résiduel ou
charbon, contenant également les matières minérales. Ce
phénomène est généralement considéré auto-thermique, c’est-à-
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dire qu’il ne consomme, ni ne produit d’énergie, en dehors de
l’apport de chaleur nécessaire à "la montée en température" de la
biomasse. Les proportions des produits dépendent de nombreux
facteurs tels que : la température, la nature chimique de la
matière, la vitesse de chauffe, puis le temps de séjour du gaz
dans le réacteur, qui est un facteur aussi important, car il
accentue la réaction secondaire de la pyrolyse qui est la
décomposition thermique du goudron en gaz et en charbon.
- Oxydation : L’oxydation est une opération qui se déroule en
présence d’un oxydant. Le choix de l’oxydant est fondamental
pour la conception du gazogène et dépend de l’utilisation finale
du gaz. C’est essentiellement lui qui fixe le pouvoir calorifique du
gaz final à la sortie du gazogène. Quatre principaux types
d’oxydant sont utilisés : air ou vapeur d’eau, air/vapeur d’eau,
oxygène pure et l’hydrogène.
En effet, l’oxygène est le plus utilisé en pratique outre l’air de
par sa simplicité d’utilisation, notamment dans le cas des
gazogènes à lit fixe. La vapeur d’eau est parfois employée comme
additif pour améliorer le PCI du gaz mais est peu utilisée comme
unique oxydant dans les installations de faible puissance. Par
ailleurs, des recherches sur la gazéification à l’hydrogène sont
menées dans le cadre du développement hydrogène, vecteur
d’énergie. Dans le cas de l'utilisation de l'air ou encore de
l’oxygène, l’oxydation ou la combustion partielle est la phase qui
fournit la chaleur nécessaire pour les trois autres phases. Le ratio
air/combustible ou oxygène/combustible est un paramètre
crucial dans l’optimisation du gazogène. Il est compris entre 1:1
et 3:1 en thème de masse lors de la gazéification du bois à l’air,

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par exemple. Le facteur d'air doit être le plus bas possible pour
éviter la dilution due à l’azote et donc pour optimiser le Pouvoir
Calorifique Inférieur (PCI) du gaz produit. Il doit toutefois être
suffisant pour fournir l’énergie nécessaire à l’établissement de
hautes températures. Ces dernières sont nécessaires pour un
craquage efficace des goudrons. Par ailleurs, plus le rapport
massique air/combustible ou oxygène/combustible est élevé, plus
les irréversibilités ne sont nombreuses.
- Réduction : Les gaz formés, lors de la combustion, entrent
ensuite dans la zone de réduction où le coke est converti en gaz
combustibles, à travers une série de réactions chimiques
hétérogènes endothermiques. Le coke est, par ailleurs, un
catalyseur du craquage des goudrons encore présents en faible
concentration.
En dehors de la réaction principale de la gazéification, la
gazéification donne lieu à plusieurs autres réactions appelées
réactions secondaires entre le charbon formé et les gaz produits.
Les plus importantes outre la réaction de combustion, sont :

- La réaction de Boudouard

- La réaction de gaz à l’eau

Les deux réactions ci-dessus décrites sont endothermiques


pendant que la réaction de combustion est exothermique. C’est
dire donc que la réaction de Boudouard et celle de gaz à l’eau
utilisent la chaleur dégagée lors de la réaction de combustion
pour se dérouler convenablement.

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Les produits de la gazéification sont en général les gaz secs tels
que le dioxyde de carbone (CO2), le monoxyde de carbone (CO), le
dihydrogène (H2), le méthane (CH4), le diazote (N2), puis les
cendres, sans oublier les suies et goudrons qui sont des
hydrocarbures supérieurs de formule CnHm.

II. Les différents types de gazogènes

Les types de gazogènes sont nombreux, mais leur principe de


fonctionnement reste similaire dans la mesure où toutes les
étapes citées précédemment sont présentes. Ces gazogènes se
distinguent par le mode d’introduction de la biomasse, l’agent
oxydant, la nature du réacteur ou encore le mode d’évacuation
des cendres. Le choix du gazogène dépend aussi des critères tels
que :
- la nature de la biomasse à valoriser et son taux d’humidité;
- l’utilisation à faire du gaz produit;
- le coût d’investissement;
- la taille de l’installation.

Les gazogènes utilisant la biomasse ou le charbon se classent


en deux catégories principales : lit fixe et lit fluidisé, chacune
possédant plusieurs branches. Récemment, les gazogènes à lit
entraîné, variante du lit fixe pour les grandes puissances, se
développent pour la production d’électricité à haut rendement à
partir de charbon. Le tableau suivant synthétise les
caractéristiques des différents gazogènes.

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Tableau 1: Caractéristiques des différents procédés de
gazéification (Guillain et al. et McKendry P., 2015)

1. Gazogènes à lit fixe

Le lit fixe est la méthode traditionnelle de gazéification de la


biomasse. Elle se caractérise par une zone d’oxydation/réduction
stationnaire où le coke est maintenu par une grille. L’agent
oxydant utilisé est quasiment de l’air avec éventuellement ajout
de vapeur. Selon le sens d’écoulement du gaz, trois sortes de
gazogènes à lit fixe sont à différencier : co-courant, contre-
courant et transversal (peu employé du fait de sa faible efficacité
et du fort taux de goudrons produit). Un schéma de
fonctionnement des deux premiers types est présenté sur la figure
2. Ces gazogènes sont sensibles à la taille des particules de
biomasse et ne sont pas utilisables pour des installations de

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grande puissance. Par contre leur simplicité d’utilisation, la
relative bonne connaissance du procédé ainsi que leur contrôle
simple en font le type privilégié pour les installations de faible et
moyenne puissance, exemple des déchets de bois.

Figure 2 : Gazogènes à lit fixe, Bettahar (Guillain et al. et


McKendry P., 2015)

- Gazogène à lit fixe à co-courant : La biomasse y est


transformée en gaz en subissant, dans une succession temporelle
et spatiale, les quatre étapes de la gazéification précédemment
expliquées avec, comme résidu, les cendres qui représentent 0 à 5
% de la masse initiale, suivant le combustible employé. Le
rendement énergétique de conversion du gazogène à co-courant
est de l'ordre de 70 à 85 % (données constructeur Xylowatt). La
figure 3 illustre le fonctionnement d'un gazogène co-courant
traditionnel, dit Imbert du nom de son inventeur. Une grille
supporte le lit fixe de coke et laisse passer les cendres récupérées

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dans un cendrier. La gorge, au niveau de la zone d’oxydation, a
un double effet. D’une part, elle augmente la turbulence dans les
écoulements gazeux, favorisant ainsi le mélange local
oxydant/combustible et d’autre part, elle permet d’améliorer ce
mélange d’un point de vue macroscopique et ainsi d’éviter des
zones relativement froides par où pourraient passer les goudrons
sans être craqués. L’éventuelle zone de recirculation en aval de la
gorge favorise également l’élimination des goudrons en
augmentant leur temps de résidence dans la zone chaude.

Figure 3 : Gazogène à lit fixe co-courant (Martin et Pardoen,


2011)

- Gazogène à lit fixe à contre-courant : Dans ce système, à


l’instar d’un gazogène co-courant, l'alimentation en combustible
se fait par le haut du réacteur. Le coke est à nouveau retenu au
fond via une grille. L’injection d’air se fait par contre en dessous
de la grille et les gaz produits sont extraits par le haut du
réacteur comme schématisé sur la figure 2.B. Ils servent donc à
sécher la biomasse entrante d’où une température des gaz en
sortie relativement faible d’environ 200°C - 300°C. Le combustible
et la biomasse circulent donc en sens contraire. Autre différence,
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la biomasse subit les réactions de réduction avant d’arriver dans
la zone d’oxydation. Un gazogène à lit fixe à contre-courant
présente ainsi un fort rendement énergétique grâce à la
diminution des pertes de chaleur dans les gaz. Il est également
plus tolérant sur le taux d’humidité du combustible. De plus, le
lit de biomasse agit comme un filtre pour les particules contenues
dans le gaz d’où leur faible concentration en sortie. Par contre, le
taux de goudron final est élevé car une partie des gaz de pyrolyse
sort sans être passée par la zone d’oxydation. Il en résulte qu’un
traitement complexe des gaz est indispensable pour pouvoir
utiliser le gaz dans une unité de cogénération. En revanche, les
gazogènes à lit fixe à contre-courant sont bien adaptés à
l’utilisation des gaz directement dans un brûleur pour la
production de chaleur.
2. Gazogènes à lit fluidisé

Dans un gazogène à lit fluidisé, le combustible solide est


fluidisé par l’introduction d’air à haute vitesse dans un lit
contenant généralement des particules de faible diamètre comme
le sable pour améliorer la fluidisation. Le solide se comporte alors
comme un fluide. Il en résulte une excellente homogénéité de
température et de concentration des réactifs. Le convoyage du
solide est en outre facilité. Par contre, la température de
fonctionnement (700°C- 900°C) est limitée par la température de
fusion des cendres. Dans un gazogène à lit fluidisé circulant, le lit
circule entre la zone de réaction et un cyclone séparateur où les
cendres sont éliminées. La figure 4 illustre son fonctionnement.
Le lit fluidisé dense est quasiment immobile au-dessus d'une
grille, les cendres étant séparées du gaz pendant le post-

UAC/EPAC & ESMER Dr. Ing. David ADAMON /2017/Valorisation Energétique de la Biomasse 27
traitement. Ce type de gazogène est adapté aux ordures
ménagères. En effet, la fluidisation du lit permet l’utilisation de
combustibles plus variés que pour un lit fixe. Cette technologie
peut être utilisée dans des installations de forte puissance. De
plus, la température du lit est uniforme et facilement réglable en
ajustant le débit d’air entrant. En revanche, la difficulté de
contrôle de ce type de gazogène le rend peu adapté aux
installations de faible puissance.

Figure 4: Principe type d'un gazogène à lit fluidisé circulant


(Papalexandris et Vandooren, 2005)

3. Gazogènes à lit entraîné

Les gazogènes à lit entraîné sont une autre variante de


gazogène dans laquelle, le combustible est pulvérisé dans le flux
gazeux d’un agent gazéifiant qui le maintient en suspension,
jusqu’à consommation complète. Ils correspondent ainsi au cas
extrême où la vitesse des particules est proche ou égale à celle
des gaz. On obtient alors, un transport qui peut être considéré
comme pneumatique. Ils nécessitent ainsi un combustible
pulvérisé, en général le charbon, et sont difficiles à contrôler. La

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température de réaction est élevée (1400°C- 1600°C) et la
cinétique de réaction est très rapide. Le temps de séjour du
combustible dans le réacteur est de l'ordre de la seconde. La
pression dans le réacteur est de 20 à 50 bars. Il en résulte un
craquage complet des goudrons et une forte efficacité, si un
échangeur de chaleur est utilisé pour refroidir les gaz. Le très
haut rendement, le faible impact environnemental et la forte
puissance des installations (supérieure à 20 MW), en font une des
meilleures technologies pour convertir le charbon en électricité à
grande échelle.

III. Sciences de la gazéification


1. La thermochimie

Cette partie du cours se charge de rappeler quelques notions


de la thermochimie indispensable dans la compréhension et
l’appropriation des mécanismes et technologies de la valorisation
thermochimique. Elle est d’autant plus importante lorsqu’il s’agit
de faire l’étude de la cinétique intervenant lors de la
décomposition thermique/chimique de la biomasse au sein du
gazogène.

- Enthalpie d’un système chimique

Une expression de l’enthalpie (H), considérée comme une


fonction de T , P et de la composition du système chimique, on
peut écrire :

( ∑

- Enthalpie molaire partielle Hmolaire partielle d'un réactif ou d'un

produit

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dépend pour le constituant i de son état physique, de la
température, de la pression, de la composition de la phase dans
laquelle il se trouve. Ces grandeurs donnent la possibilité d'écrire
H sous forme d'une fonction homogène des ni. Pour un gaz
supposé parfait dont l'enthalpie ne dépend que de la pression, on
fera donc Hm,i=H°m,i (T) . L'enthalpie molaire partielle est donc
égale à l'enthalpie molaire standard (gaz parfait, pur, sous un
bar).
Pour une phase condensée (liquide ou solide), on fera
l'approximation que les effets de pression restent négligeables car
le volume varie peu avec la pression. Les solides seront chacun
seuls dans leur phase (pas de solution solide ou alliage...). Pour
un solide ou un liquide pur, on fera donc aussi :

Hm,i=H°m,i(T)

Pour des mélanges liquides ou pour des espèces en solution,


une hypothèse d'idéalité...permettra de faire la même
approximation.

- Enthalpie standard d'une espèce chimique (

L'espèce chimique est dans un état conventionnel,


éventuellement hypothétique (Ex pour un gaz: c'est le gaz parfait
associé, pur). La pression est de 1bar. La température T n'est pas
imposée. Souvent les tables sont réalisées à:
273,15+25=298,15K.
En réalité, les énergies étant définies à une constante près, les
grandeurs ( sont inconnues. On définit pour chaque
élément, un corps pur simple de cet élément qui sert de référence
(état standard de référence).
UAC/EPAC & ESMER Dr. Ing. David ADAMON /2017/Valorisation Energétique de la Biomasse 30
- Variation d'enthalpie au cours de la réaction H

Sachant que :

∑ ( : Enthalpie standard de réaction

- Enthalpie standard de réaction

( (
(

2. Cinétique chimique

Elle est l’étude des vitesses de réaction des composés.


Considérons la réaction suivante :

La vitesse de disparition du corps (A) peut s’écrire :

n : Ordre de la réaction

k : Constante de vitesse

CA : Concentration du corps A

Vitesse de la réaction

Généralement, l’ordre des différentes réactions secondaires


dans le cas de la gazéification sont assimilés à 0. On peut ainsi
écrire :

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Par ailleurs, la constante de vitesse peut être évaluée de deux
manières :

- En fonction des pressions partielles des différents corps


en présence :

Dans le cas où la réaction se présente comme suit :

La constante de vitesse est définie comme suit :

Exemple : Pour la réaction suivante (Réaction de


BOUDOUARD), on pourra écrire :

et

- En fonction de la température

Elle se détermine à partir de la loi d’Arrhenius (Suédois 1859-


1927). Il s’agit d’une loi empirique dont l’expression est la
suivante :

( )

A : Facteur pré-exponentiel (même unité que la constante k)

E : Energie d’activation d’Arrhenius (elle a même unité que R*T)

A et E sont supposés indépendants de la température

R : Constante des gaz parfaits


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IV. Modèles de prévision de la composition du gaz de
gazéification

Les modèles de prévision de la composition molaire de gaz de


gazéification permettent de prévoir les fractions molaires de
chaque espèce gazeuse présente dans le mélange. On distingue
principalement deux méthodes de modélisation dans ce domaine :
la méthode phénoménologique et celle non phénoménologique.
Retenons simplement que le plus vieux modèle écrit dans ce sens,
fut le modèle de GUMZ qui relève de la méthode non
phénoménologique basée sur des données expérimentales et ou
des hypothèses pas trop réalistes et donc ne s’apparentant
aucunement aux conditions pratiques dans la vie professionnelle.
Ce qui limite d’ailleurs leur usage dans la vie professionnelle.
Cependant, le modèle le plus récent est celui dénommé « SPY »
développé par Blondeau et ses paires et qui relèvent de la
méthode phénoménologique. Toutefois, l’un des modèles les plus
développés selon la méthode non phénoménologique, furent le
Modèle Séquentiel et le Modèle Séquentiel Avancé (MSA)
respectivement de Fagbémi puis de Adamon ses paires.

Travail à faire : Modèle de GUMZ


C’est un modèle basé sur la recherche de (06) six équations
pour connaître les six (06) inconnues x1, x2, x3, x4, x5 et x6. A
partir de la réaction globale de gazéification ci-après, faites le
bilan :
1- Elémentaire sur le Carbone, l’Oxygène et l’Hydrogène
en supposant que la biomasse est essentiellement composée de
carbone, d’Hydrogène et d’Oxygène.

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2- En supposant que l’équilibre thermodynamique est
atteint pour les réactions secondaires, déterminer en fonction des
pressions partielles, les constantes cinétiques correspondants.
3- En supposant que la réaction de gazéification est
adiabatique, écrivez la relation qui s’impose (bilan sur les
enthalpies).

CxHyOz + x1O2 x2CO + x3CO2 + x4H2 +


x5H2O + x6CH4

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Chapitre IV : La digestion

La valorisation biologique de la biomasse se fait par la


fermentation de différents substrats sous l’influence des
microorganismes. Elle vise à la production de gaz, d’alcool,
d’arôme et de vitamines. C’est un processus de décomposition de
matières organiques qui se produit aux températures usuelles en
absence ou en présence d’oxygène.
Dans ce chapitre, on s’intéressera uniquement à la
fermentation anaérobie et notamment celle qui vise à la
production du gaz méthane (CH4) encore appelé biogaz. Cette
réaction s’appelle la digestion.

I. Mécanismes et étapes

Encore appelée méthanisation, la digestion est un processus


biologique naturel qui permet de convertir la matière organique
(glucides, lipides, protéines…) en éléments simples (CH4, CO2,
NH3 et H2S) grâce à l’action de bactéries anaérobies.

I.1. Mécanisme

Cette digestion anaérobie, processus biologique complexe, peut


être décrite en quatre phases de dégradation : l’hydrolyse,
l’acidogénèse, l’acétogénèse et la méthanogénèse. Chaque phase
fait intervenir un groupe de bactéries particulières (figure 1).
Toutes les molécules qui ne seront pas dégradées par cette voie
pour produire du biogaz (lignine par exemple) et les déchets de
ces réactions anaérobies composeront le digestat.

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Figure 1 : Etapes de la bio méthanisation (ADAM, 2011)

I.2. Etapes
La digestion anaérobie est catalysée par des régimes de
températures plus ou moins élevées, psychrophiles (T<20°C),
mésophiles (20<T<44°C) et thermophiles (T>44°C), favorables aux
cinétiques biochimiques. Sous l’action de populations
microbiennes, la matière organique subit des transformations
successives jusqu’à la production finale de CH4. La
transformation de la matière organique se fait en trois ou quatre
grandes phases principales selon que l’on peut coupler les deux
premières phases (Hydrolyse et ou Acidogénèse, Acétogénèse et
Méthanogénèse). Dans ce contexte, on peut écrire :

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- Hydrolyse : Les bactéries hydrolytiques dégradent la
matière organique fraiche (les polymères) en fragments solubles
(monomères). Ces bactéries produisent des exo-enzymes qui vont
dégrader les polymères de la matière organique. Les vitesses de
dégradation dépendent des substrats. (figure 2). Ainsi il est
important de bien brasser le milieu afin d’homogénéiser la
solution et d’optimiser l’hydrolyse. Cette étape est fondamentale
pour la suite de la réaction car elle permet de fractionner la
matière organique et donc de faciliter l’action des bactéries qui
interviennent par la suite.

Plusieurs semaines
Heures

Glucide Protéine Cellulose


et Lipide

Figure 2: Vitesse de dégradation par les bactéries hydrolytiques


en fonction du substrat (ADAMON, 2015).
Cependant, le développement des bactéries hydrolytiques
nécessitent le respect d’un certain nombre de conditions liés au
milieu de culture (Tableau 1).
Tableau 1: Caractéristiques des bactéries hydrolytiques (ADAM,
2011)

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- Acidogénèse : Les bactéries acidogènes dégradent les
molécules simples de matière organique (monomères) en acides et
en alcools. Les acides synthétisés sont des Acides Gras Volatils
(AGV). Ces AGV sont des acides avec une chaine carbonée plus
ou moins longue (de 2 à 10 atomes de carbone en général). Pour
un bon rendement à ce niveau, ces bactéries doivent respecter
certaines conditions (Tableau 2).
Tableau 2 : Caractéristiques des bactéries acidogènes (ADAM,
2011)

- Acétogénèse : Les bactéries acétogénèse (dont les


caractéristiques sont décrites ci-dessous) vont transformer les
AGV en acide acétique (CH3-COOH) et en H2 et CO2. Ces
molécules vont ensuite servir de substrat aux bactéries
méthanogènes. Les bactéries acétogénèse produisent de l’H2 mais
leur activité est inhibée par un excès de H2 dans le milieu. Ainsi,
la symbiose de ces bactéries avec les bactéries consommatrices
d’H2 (méthanogènes notamment) est indispensable pour garantir
une bonne activité bactérienne dans le digesteur. Les acétogènes
et les méthanogènes vivent fixées les unes aux autres, une
agitation rapide risque de détruire ce lien d’où la recommandation
d’un brassage lent.

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Tableau 3 : Caractéristiques des bactéries acétogènes (ADAM,
2011)

- Méthanogénèse : La méthanogénèse constitue la


dernière étape de la dégradation anaérobie de la matière
organique. Les microorganismes qui réalisent cette étape sont
appelés bactéries méthanogènes. On distingue deux groupes de
bactéries méthanogènes :
 les hydrogénotrophes, qui utilisent H2 et CO2;
 les acétoclastes, qui utilisent l’acide acétique.
Dans les deux cas, elles vont réduire leur substrat en
méthane (CH4). La composition moyenne du biogaz ainsi produit
est un mélange de méthane (CH4) en grande majorité à hauteur
de 60 % et du dioxyde de carbone (CO2) à hauteur de 40 % avec
des traces de l’hydrogène sulfureux (H2S), d’ammoniac (NH3) et
d’hydrogène (H2). Ces bactéries méthanogènes ont comme
particularité de se développer en condition anaérobie stricte. Elles
ont également besoin de nickel (Ni) pour se développer.

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Tableau 4 : Caractéristiques des bactéries méthanogènes (ADAM,
2011)

II. Paramètres influant l'activité bactérienne


La réussite d’une opération de digestion dépend des conditions
de réaction, outre l’anaérobiose qui reste une condition
impérative au développement de la flore méthanogène. Ces
conditions particulières consiste à :

II.1. La température
Elle reste le facteur essentiel qui favorise la croissance des
microorganismes (voir les températures de croissance des
microorganismes ci-dessus). Rappelons que les cinétiques de
dégradation augmentent avec la température, jusqu'à une valeur
optimale au-delà de laquelle la production gazeuse diminue
fortement. Il s’agit bien évidemment de l'effet de la température
sur la croissance bactériennes sont synthétisées sur la figure.

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Figure 3 : Influence de la température sur la croissance des
microorganismes (INP, 2011).

II.2. Le potentiel d’oxydo-réduction


Le potentiel d’oxydo-réduction du milieu doit être de l’ordre
de –300 mV. L’excès de sels conduisant à une conductivité élevée
ou la présence de certains métaux lourds toxiques (Cadmium,
mercure,…) causent également des dysfonctionnements dans le
processus de biométhanisation ;

II.3. Le pH
Le pH optimal se situe autour de 7. Si le pouvoir tampon du
milieu en fermentation est insuffisant, il peut en résulter une
acidification du milieu par accumulation d’acides gras volatils.
Cette acidification bloque la production de méthane;

II.4. Absence d’inhibiteurs et de rapport C/N


L’absence d’inhibiteurs de fermentation est bien entendu de
rigueur. L’utilisation massive d’antibiotique ou de certains oligo-
éléments dans l’alimentation animale inhibe la synthèse du
biogaz. Le rapport C/N ne doit jamais être supérieur à 35 avec un
optimum à 30. En dessous, la production de gaz sera plus lente.

Exemple :

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Par exemple, dans une décharge, la composition du biogaz
émis varie au cours du temps, en fonction des réactions
biochimiques dominantes. Le diagramme typique d'évolution de la
composition du biogaz est présenté sur la figure 3.

Figure 3 : Schéma d'évolution de la production gazeuse dans


une décharge (INP, 2011).

III. Sciences de la digestion


La science à la base de la digestion est la microbiologie
industrielle qui s’occupe de la cinétique de croissance des
microorganismes. Les variations des bactéries et de biomasse
sont illustrées sur la figure 4.
- Bactéries acidogènes (X1) décomposent le substrat
acidogène (S1) pendant quelques jours ;

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- Bactéries méthanogènes (X2) consomment rapidement le
substrat méthanogène (S2) qui est généré par l’étape
précèdent.

Figure 4 : Variations des bactéries et des biomasses (INP, 2011)


La cinétique de croissance des microorganismes permet de
distinguer trois grandes étapes :
- La phase de latence dans laquelle les bactéries s’adaptent à
leur milieu de culture ;
- La phase de croissance exponentielle qui est la principale
étape de développement des bactéries. Elle suit une
cinétique d’ordre 1 et peut s’écrire :

X : Consommation en microorganisme
Facteur de croissance

- La phase terminale marquée par l’absence de substrat dans le


milieu :

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Sachant que :

Connaissant , on peut désormais écrire :

On peut donc écrire :

A t=0, on a S=S0, on peut donc écrire :

On retient la formule suivante :


(

S : Teneur en substrat du milieu en fonction du temps.

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IV. Technologie de la digestion
La digestion se déroule dans un réacteur appelé Digesteur. Un
digesteur est caractérisé par sa charge organique c’est-à-dire la
masse de matière organique digérée par jour et par mètre cube de
digesteur (Kg/J/m3). On distingue trois (03) sortes de digesteurs :
les digesteurs discontinus, les digesteurs semi-continus et
les digesteurs continus.

IV.1. Digesteurs discontinus


Ils sont caractérisés par un fonctionnement cyclique (un
chargement, une période de fermentation jusqu’à épuisement du
substrat et le déchargement). Ces digesteurs sont adaptés aux
produits solides à fortes odeurs en matières sèches (le fumier) et
leurs charges organiques varient de 150 à 300 Kg/J/m3. Ces
digesteurs peuvent être enterrés ou or sol et ont un rendement
volumique moyen de 1 m3 de digesteur et par jour.

IV.2. Digesteurs semi-continus


Il est le plus adapté au Bénin, et se caractérise par n
chargement discontinu mais une évacuation continue. Ils sont
adaptés à des effluents solides ou liquides à faible teneur en
composés cellulosiques. Ces digesteurs sont toujours enterrés :
On les appelle digesteur de type Indien ou type Chinois. Ces
digesteurs ont des performances inférieures à 0.5 m3 par m3 de
digesteur et par jour.

IV.3. Digesteurs continus


Ils sont caractérisés par une alimentation et une évacuation
régulière. Ils sont particulièrement adaptés à des influents
liquides et leur productivité est de l’ordre de 1 à 1.5 m 3 de
digesteur et par jour.
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V. Traitement et utilisation des produits

Le produit obtenu est un mélange gazeux appelé biogaz


composé essentiellement de méthane, du dioxyde de carbone et
de l’hydrogène sulfureux en plus de quelques traces de monoxyde
de carbone et des hydrocarbures de faibles poids moléculaires.
Pour avoir du gaz méthane pratiquement concentré, on
pourrait purifier ce biogaz en le débarrassant de l’hydrogène
sulfureux par un passage sur une couche de charbon actif. Le
dioxyde de carbone par contre, peut être éliminé en le faisant
réagir avec de la limaille de fer. Le biogaz non traité est utilisé
directement dans la cuisson, parfois dans l’éclairage. Le biogaz
après traitement, est utilisé beaucoup plus pour la production de
chaleur et la production d’énergie électrique.

En somme, la digestion anaérobie fait intervenir un très


grand nombre de bactéries et de réactions biologiques. Il convient
d’avoir une bonne connaissance de tous les substrats que l’on
introduit dans le digesteur. Enfin, il est important de maintenir
une température constante dans le digesteur en plus des
paramètres importants pour un bon déroulement du process.

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