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Dochead cas de comptoir


Sous-dochead gynécologie
Des symptômes évocateurs de la ménopause

Damien Malbos
Docteur en pharmacie

24 rue Pablo-Picasso, 15000 Aurillac, France

Adresse e-mail : damien.malbos@wanadoo.fr (D. Malbos).

Résumé
La ménopause est un phénomène physiologique et biologique qui touche toutes les femmes
à partir d’un certain âge. Elle est cependant ressentie et vécue différemment par chacune
d’elles. Des conseils peuvent être prodigués aux patientes pour les aider à mieux
appréhender les changements associés.
© 2021
Mots clés – hormone ; ménopause ; traitement hormonal de la ménopause ; trouble
climatérique

Summary à venir
© 2021
Keywords à venir

« Bonjour, depuis quelques mois j’ai des bouffées de chaleurs, des sueurs nocturnes et moins
de désir sexuel. Comment puis-je savoir si je suis ménopausée ? »

T1 Quelques généralités
La ménopause est une étape physiologique du vieillissement de la femme. Elle correspond à
un arrêt des menstruations en lien avec une déplétion du stock folliculaire et donc à une
baisse significative de la production d’hormones ovariennes. Les ovaires, initialement à
l’origine de la sécrétion d’estrogènes et de progestérone et de la formation mensuelle d’un
ovule, perdent toute activité physiologique [1,2].
La ménopause est dite installée après une période d’au moins douze mois d’aménorrhée.
Elle survient en moyenne à l’âge de 51 ans, environ un an plus tôt chez les fumeuses [3].
Mais l’arrêt de l’activité ovarienne est progressif. La ménopause est en effet précédée d’une
période assez longue (environ cinq ans) de préménopause, ou périménopause, caractérisée
successivement par des irrégularités cycliques, une dysovulation, puis une anovulation [4].

T1 Questions de la patiente et conseils à l’officine


T2 « Les désordres hormonaux peuvent-ils entraîner d’autres symptômes que ceux que je
ressens déjà ? »
Au-delà de l’aménorrhée, les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes et la sécheresse
vaginale sont les principaux signes climatériques de la ménopause. Ces désordres sont la
conséquence de l’hypoestrogénie physiopathologique. Ils sont variables d’une femme à
l’autre en termes de fréquence, de durée et d’intensité.

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Les bouffées de chaleur concernent plus de 65 % des femmes ménopausées. Elles sont
consécutives à un phénomène vasomoteur pouvant occasionner de la simple rougeur du
visage à une bouffée de chaleur vasomotrice (BVM). Bien que généralement résolutives en
quelques mois, les BVM, très gênantes, persistent parfois plusieurs années. Les sueurs
nocturnes, qui se caractérisent par une sudation importante de tout le corps, sont très
désagréables. Quant à la sécheresse vaginale, le troisième symptôme le plus courant, elle
peut entraîner une dyspareunie, parfois associée à une forte diminution de la libido. La
vulve, le vagin et l’utérus subissent d’importantes modifications à la ménopause : atrophie,
amincissement des lèvres, fragilisation des muqueuses, rétrécissement de l’orifice vulvaire
et de la lumière vaginale, dénaturation de la flore de protection vaginale, etc. [3,5-7].
Des troubles de l’humeur sont également susceptibles de survenir. Ils se traduisent par une
irritabilité, un état dépressif, une tristesse, une anxiété, une insomnie, voire des pertes de
mémoire. En outre, dysurie, incontinence, impériosités mictionnelles et infections urinaires à
répétition sont régulièrement rapportées par les patientes. Les poils et les cheveux ont
tendance à se clairsemer et, dans certains cas, une pilosité androgénique peut apparaître. La
peau est, quant à elle, fragilisée, en raison d’un amincissement cutané et d’une perte
d’élasticité. Une majoration de l’indice de masse corporelle (IMC), ainsi qu’une redistribution
des graisses corporelles (qui se logent préférentiellement sur le ventre) sont également
observées [3,5-7].

T2 « Au-delà de ces symptômes, la ménopause peut-elle avoir des conséquences sur le long
terme ? »
Les femmes ménopausées sont à risque d’ostéoporose [8]. La carence estrogénique est, en
effet, responsable d’une accélération de la déminéralisation osseuse [3,8,9]. Des
traumatismes mineurs peuvent, de ce fait, provoquer des fractures (poignet, col du fémur)
et des tassements vertébraux.
Le risque cardio-vasculaire augmente aussi après la ménopause. La femme ne bénéficie plus
de l’effet protecteur que lui conféraient jusqu’alors les estrogènes au niveau vasculaire ; ils
étaient notamment capables de limiter la formation des plaques d’athérome. Une élévation
du taux de cholestérol Low Density Lipoprotein, des triglycérides et une diminution du
cholestérol High Density Lipoprotein majorent un peu plus ce risque. De ce fait, le nombre
d’accidents coronariens augmente fortement dans la population féminine après 50 ans. Les
principaux facteurs pouvant expliquer ce phénomène sont : une perturbation du
métabolisme lipidique et insulinique, et une altération de la paroi artérielle directement en
lien avec la carence estrogénique. Pour prévenir et limiter au mieux ces complications, il est
primordial de modifier ses habitudes de vie (limiter sa consommation de sucre et d’acide
gras saturé, privilégier les huiles végétales en cuisine, etc.) [10,11].

T2 « Comment être sûre que je suis ménopausée ? »


Le diagnostic de la ménopause est principalement clinique (encadré 1). Trois critères
principaux sont à retenir :
• l’âge (45-55 ans) ;
• la présence de symptômes climatériques ;
• l’existence d’une aménorrhée supérieure à douze mois.
Il est cependant envisageable de réaliser un diagnostic précoce quand les symptômes
climatériques sont particulièrement invalidants pour la patiente. Il repose sur un test dit aux
progestatifs qui consiste en l’administration d’un progestatif seul, sans estrogènes, sur une

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période de dix jours par mois et ce, pendant trois mois consécutifs. Une absence de
saignement à l’arrêt du traitement signe une hypoestrogénie, ce qui permet de poser le
diagnostic de ménopause [3,4,7].
Dans le cas où la ménopause apparaîtrait précocement, avant l’âge de 45 ans, un diagnostic
par dosages hormonaux est entrepris [3,5,12].

T2 « Mes amies m’ont parlé du traitement hormonal de substitution, qu’en pensez-vous ? »


Le traitement hormonal de la ménopause (THM) a longtemps été désigné sous le terme de
traitement hormonal substitutif. Il a pour objectifs de compenser la diminution estrogénique
caractéristique de la ménopause et, ainsi, de limiter les troubles climatériques.
De nombreuses controverses, notamment relatives à un surrisque de cancer hormono-
dépendant, d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique, ont
remis en question, à maintes reprises, l’intérêt du THM [13].
Les dernières recommandations de la Haute Autorité de santé précisent que :
• le THM peut être mis en place chez les femmes présentant des symptômes climatériques
gênants en l’absence de contre-indication ;
• les principales contre-indications sont les antécédents de cancers hormono-dépendants,
d’infarctus du myocarde, de pathologies coronariennes, d’événements thromboemboliques
veineux, de thrombophilie, d’hémorragie génitale, d’hyperplasie endométriale et l’existence
de facteurs de risque cardio-vasculaire ;
• le THM associe des estrogènes et un progestatif, sauf en cas d’antécédent d’hystérectomie
(estrogènes seuls) ;
• la dose et la durée de traitement doivent être régulièrement réévaluées ;
• une surveillance clinique et biologique est nécessairement mise en place ;
• les patientes doivent être informées des bénéfices et des risques de cette thérapeutique ;
• le THM n’est pas le traitement de première intention dans le cadre de la prévention de
l’ostéoporose [14].
Le THM présente un certain nombre de bénéfices à court terme. En effet, en réduisant la
survenue des symptômes climatériques, il améliore la qualité de vie des patientes
symptomatiques. Il limite aussi le risque de prolapsus et d’incontinence urinaire. Sur le long
terme, il peut prévenir les problématiques d’ostéoporose et de fracture, en favorisant une
diminution de la résorption osseuse et une augmentation de la densité minérale osseuse (2
à 5 %). L’intérêt de ce traitement sur le plan cardio-vasculaire est plus discuté. Un certain
nombre d’études minorent les bénéfices attendus dans la prévention de la survenue des
événements cardio-vasculaires, en prévention primaire et même secondaire [5].
Les THM peuvent aussi être à l’origine d’un certain nombre d’événements indésirables
graves : augmentation de l’incidence du cancer du sein, des accidents veineux
thromboemboliques, des AVC et des lithiases biliaires en particulier [5]. Une véritable
analyse de la balance bénéfice-risque doit être réalisée avant toute prescription.

T2 « Comment se prend ce traitement ? Comme une pilule ? »


Le THM repose sur l’administration concomitante d’estrogènes et d’un progestatif.
Cependant, plusieurs types de schémas thérapeutiques1 et de formes galéniques
(comprimés, gel ou patch) peuvent être proposés. Le choix est surtout conditionné par les
préférences des patientes [15].
En cas de prescription d’un THM, une surveillance semestrielle doit être mise en place afin
de rechercher des signes de sur- ou de sous-dosage en estrogènes. Bouffées de chaleur,

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fatigue, céphalée, frilosité, douleurs articulaires, troubles urinaires et sécheresse vaginale
évoqueront un sous-dosage, alors qu’un surdosage entraînera plutôt des douleurs
mammaires, une prise de poids, des ballonnements, de la nervosité et de l’irritabilité, des
sensations de jambes lourdes et des insomnies.
Les traitements locaux peuvent constituer une alternative intéressante dans la prise en
charge des troubles de la sécheresse vaginale, de la gêne pelvienne et de la dyspareunie
induits par la déplétion estrogénique dès lors que l’utilisation de gels lubrifiants à base d’eau
s’est révélée insuffisante.

T1 Conclusion
Phénomène physiologique incontournable de la vie féminine survenant vers l’âge de 50 ans,
la ménopause se définit par un arrêt des menstruations et de la fonction reproductive. Les
troubles climatériques peuvent être invalidants au quotidien et avoir un retentissement
psychologique non négligeable. Un traitement approprié peut parfois être prescrit après
avoir évalué la balance bénéfice-risque.

Points à retenir
• La ménopause est un phénomène physiologique.
• Son diagnostic, clinique, permet de déterminer l’importance des troubles climatériques et
de prévenir les éventuelles complications cardio-vasculaires et ostéoporotiques liées à la
carence estrogénique.
• Un traitement hormonal de la ménopause (THM) est envisageable quand la
symptomatologie climatérique est particulièrement invalidante, mais il convient de prendre
en compte les risques associés.
• Le THM repose sur l’administration concomitante d’estrogènes et d’un progestatif.
• À la ménopause, les femmes doivent veiller à avoir un apport en calcium et en vitamine D
adapté à leurs besoins, et à pratiquer une activité physique régulière.

Encadré flottant
Ménopause, quelques conseils de prévention
La femme ménopausée doit veiller à avoir un apport, préférentiellement alimentaire, de 700
à 1 200 mg par jour de calcium et un apport trimestriel de 100 000 UI de vitamine D. La
pratique d’une activité physique régulière est importante (maintien du capital osseux et d’un
indice de masse corporelle normal, réduction des risques cardio-vasculaires). Enfin, le
tabagisme et la surconsommation d’alcool doivent être pris en charge.

Encadré 1. Diagnostic de la ménopause


Le diagnostic de la ménopause repose avant toute chose sur un interrogatoire visant à
déterminer depuis combien de temps la femme n’a plus de menstruations, la gêne
provoquée par les troubles climatériques et l’existence éventuelle de facteurs de risque
d’ostéopénie et/ou cardio-vasculaire. Le praticien réalise ensuite des examens cliniques,
généraux et gynécologiques. Une glycémie à jeun peut être demandée, ainsi qu’un bilan
lipidique et hépatique si le médecin juge nécessaire d’instaurer un traitement hormonal de

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la ménopause. À l’occasion de cette consultation, il convient de rappeler à la patiente qu’elle
doit continuer à se faire suivre sur le plan gynécologique, et réaliser régulièrement un frottis
cervico-vaginal et une mammographie.

Déclaration de liens d’intérêts


L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

Note
1 Protocole séquentiel discontinu et avec hémorragie de privation (estrogènes de J1 à J25 et

progestatif de J14 à J25) ; protocole séquentiel continu et avec hémorragie de privation


(estrogènes en continu et progestatif de J18 à J31) ; protocole combiné discontinu et sans
hémorragie de privation (estrogènes et progestatif de J1 à J25) ; protocole combiné continu
et sans hémorragie de privation (estrogènes et progestatif de J1 à J31).

Références
[1] Organisation mondiale de la santé (OMS). Recherche sur la ménopause : bilan de la
décennie 90 : rapport d’un groupe scientifique de l’OMS.
https://apps.who.int/iris/handle/10665/42021.
[2] Sécurité sociale : l’Assurance maladie. Ménopause : définition, symptômes et diagnostic.
Décembre 2020. www.ameli.fr/assure/sante/themes/menopause/symptomes-diagnostic.
[3] Société française d’endocrinologie. UE5 – OT 120 – Ménopause. Polycopié des
enseignants en endocrinologie, diabète et maladies métaboliques. 3e éd. 2015.
www.sfendocrino.org/article/706/ue5-ot-120-menopause.
[4] Courbiere B, Carcopino X. Anomalies du cycle menstruel. In: Courbiere B, Carcopino X.
Gynécologie obstétrique. Paris: Vernazobres-Grego; 2011.
[5] Campus national de gynécologie obstétrique. Item 55 : Ménopause.
http://campus.cerimes.fr/gynecologie-et-
obstetrique/enseignement/item55/site/html/1.html.
[6] Nappi RE, Palacios S, Panay N, et al. Vulvar and vaginal atrophy in four European
countries: evidence from the European REVIVE Survey. Climacteric 2016;19(2):188-97.
[7] Collège national des gynécologues et obstétriciens français. La ménopause et après.
www.cngof.fr/menopause.
[8] Collège français des enseignants en rhumatologie ; Ostéoporose
http://campus.cerimes.fr/rhumatologie/enseignement/rhumato4/site/html/1.html#1.
[9] Berenbaum F, Rousière M. Ostéoporose : quand les os perdent en densité. Institut
national de la santé et de la recherche médicale. Juillet 2017. www.inserm.fr/information-
en-sante/dossiers-information/osteoporose.
[10] Dessapt AL, Gourdy P. Ménopause et risque cardiovasculaire. J Gynecol Obstet Biol
Reprod 2012;41(7 Suppl):F13-9.
[11] Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé, Agence française de sécurité
sanitaire des produits de santé. Traitements hormonaux substitutifs de la ménopause.
Argumentaire. Mai 2004. www.has-
sante.fr/upload/docs/application/pdf/ths_argumentaire.pdf.

Classification: Public
[12] Haute Autorité de santé. Intérêt des dosages hormonaux de FSH et LH chez les femmes
à partir de 45 ans (janvier 2005). Service évaluation en santé publique. Méd Thérapeut
2005;11(4):299‑301.
[13] Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Traitement
hormonal de la ménopause. Février 2008. www.pharmacovigilance-
iledefrance.fr/d%C3%A9tails-dune-br%C3%A8ve/le-traitement-hormonal-de-la-
m%C3%A9nopause?file=files/editeur/Br%C3%A8ves/Documents%20PDF/Commun/2019/Tr
aitement%20Hormonal%20de%20la%20Me%CC%81nopause%20%28THM%29%20-
%20ANSM-02-2008.pdf.
[14] Haute Autorité de santé. Les traitements hormonaux substitutifs de la ménopause. Mai
2004. www.has-sante.fr/jcms/c_272308/fr/les-traitements-hormonaux-substitutifs-de-la-
menopause.
[15] Plu-Bureau G. Traitement hormonal substitutif de la ménopause. Rev Prat
2001;21(123):1445-51.

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