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PRIMATURE RÉPUBLIQUE DU MALI

************ Un Peuple – Un But – Une Foi


ÉCOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION

7ème PROMOTION
GROUPE VI
ÉVALUATION DU COURS DE COOPERATION INTERNALIONALE

THÈME 6

LES BRICS, NOUVEL ORDRE MONDIAL ?

LES MEMBRES DU GROUPE


1. Moussa Mamadou TRAORÉ……………… ……………..Inspecteur du Trésor
2. Yaya COULIBALY……………… ……………………... Inspecteur des Finances
3. Ibrahim dit Salimakan TRAORÉ……………… ………....Administrateur Civil
4. Mahamadou Bassirou DIARRA……………… ………….Planificateur
5. Abouba MASSAYA……………………………………....Administrateur Civil
6. Karim KONÉ ……………… ……………............................Inspecteur des Services Economiques
7. Soumaguel Ibrahim TOURÉ……………… ……………...Inspecteur des Finances
8. Sounkalo TRAORÉ……………… ……………................Inspecteur des Impôts
9. Ibrahim SIDIBÉ……………… ……………......................Administrateur Civils
10. Kassim BAMBA……………… …………….....................Inspecteur des Finances
11. Issa COULIBALY……………… ……………..................Inspecteur des Douanes
12. Fily DAGNOKO……………… …………….....................Conseiller des Affaires Etrangères

Professeur Chargé du cours : Mahamane Amadou MAIGA


Table des matières
Sigle et abréviation .................................................................................................................... II
Introduction ................................................................................................................................ 1
I. Les BRICS, l’émergence d’un monde multipolaire ................................................................ 2
A. Une volonté de façonner un nouvel ordre mondial ............................................................... 3
B. L’entrée de nouveaux pays émergents ................................................................................... 5
II. Les BRICS, première puissance économique mondiale horizon 2030 .................................. 6
A. La Banque et le Fonds unis des BRICS ................................................................................. 7
B. La Dédollarisation du monde ................................................................................................. 9
Bibliographie ............................................................................................................................ 12

I
Sigle et abréviation
BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud.
CRA : Contingency Reserve Arragement
FMI : Fonds Monétaire International.
G20 : Groupe des 20 premières économies mondiales.
G7 : Groupe des 7 pays les plus industrialisés du monde.
G77 : Groupe des pays non alignés.
ONU : Organisation des Nations Unies.
OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
OTAN : Organisation du Traité de l’Atlantique Nord.
PIB : Produit Intérieur Brut
PIB : Produit Intérieur Brut.
SWIFT: Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication

II
INTRODUCTION
L’acronyme * BRICS* est apparu pour la première fois en 2001 sous la plume de Jim
O’Neill1, dans un rapport de la banque d’investissement Goldman Sachs2 intitulé Building
Better Global Economic BRICS 3. L’article établissait une projection de croissance montrant que
ces pays, déjà très importants dans l’économie mondiale en raison de leurs vastes marchés
intérieurs, étaient appelés à peser de plus en plus, étant donné leur croissance économique
annuelle rapide.
Les BRICS désignent le rapprochement de quatre pays aux vastes territoires : le Brésil,
la Russie, l’Inde et la Chine, auxquels s’est intégré l’Afrique du sud en 2011. Depuis cette date,
le groupe des BRICS a pris la forme d’une conférence diplomatique à part entière, donnant lieu
à un sommet par an, se déroulant à tour de rôle dans chacun des cinq Etats.
Le but de ces sommets est d’affirmer la place majeure de ces pays sur la scène
internationale et politique, et de mettre en scène leur poids économique et politique, en
particulier au regard d’autres Etats ou groupe d’Etats comme les Etats-Unis ou l’Union
européenne. Les BRICS ne sont pas une organisation (ils n’ont ni siège, ni secrétariat, ni traité).
Mais ils disposent d’une institution formelle qui leur appartient conjointement, la nouvelle
banque de développement des BRICS.
A plusieurs reprises, elle s’est appelée forum, plate-forme, mécanisme, partenariat ou
partenariat stratégique, d’autres l’ont appelé une alliance ou un bloc. L’économie vient en
premier dans le groupe. A la base, il s’agit d’un collectif d’économie émergente désireuse de
maintenir et d’améliorer leur trajectoire économique. Leur insistance sur la réforme est après
tout basée sur la perception de leur sous-représentation disproportionnée dans les institutions
financières internationales.
La deuxième valeur fait référence à la préoccupation du groupe concernant l’utilisation
d’entités extérieures à l’ONU pour poursuivre des objectifs mondiaux. L’utilisation du Traité
de l’Atlantique Nord (OTAN) pour envahir l’Afghanistan en 2001 à la suite des attentats du 11
septembre aux Etats Unis et l’invasion de l’Irak en 2003 par ces derniers et le Royaume Uni,
en contournant le Conseil de Sécurité des Nations Unies sont les plus notables.
En outre, les BRICS demandaient depuis longtemps que les dirigeants des institutions
mondiales soient élus de manière démocratique. Par exemple le Directeur de la Banque

1 Secrétaire commercial au trésor du Royaume Uni- The GROWTH MAP. Economic Opportunity in the BRICS 1
2 Banque d’investissement américaine
3 Article publié lors du sommet du Groupe des 7 pays les plus industrialisés du monde (G7)
Mondiale a toujours été un américain et le Directeur du FMI un européen sachant bien que la
Banque mondiale compte 189 membres et le FMI 190 membres.
Les décisions relatives à la nature et à la trajectoire de l’ordre mondial étaient autrefois
l’apanage des (grandes) puissances européennes et des Etats Unis. D’ores et déjà, la production
économique collective des Etats des BRICS (sur la base du Produit Intérieur Brut (PIB) ajusté
en parité du pouvoir d’achat) dépasse d’environ 3000 milliards de dollars américains celle du
G7, qui comprend le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, le Royaume –Uni et les
Etats Unis.
Le 1er janvier 2024, le groupe doit s’élargir à six nouveaux membres, ce qui représente un
basculement important dans son histoire : Arabie Saoudite, Argentine, Egypte, Emirats Arabes
Unis, Ethiopie, et Iran. Cela portera le nombre de membres de cinq à onze (11).
Avec les six nouveaux membres des BRICS en 2024, cette différence s’élève un peu
moins de 11 000 Milliards de dollars US. Cependant, la production économique mesurée par le
PIB sur le taux de change courants fait du G7 combinée la plus importante économie du monde
(même avec les six nouveaux membres des BRICS, les cinq pays membres des BRICS
représentent 42 % de la population mondiale et 23 % de l’économie mondiale.
En 2014, les BRICS se sont dotés d’une nouvelle Banque de développement, basée à
Shanghai. Parmi les thèmes qui ont pu être au centre de leurs préoccupations, on trouve la lutte
contre le protectionnisme de certains de leurs partenaires du Groupe des 20 premières
économies mondiales (G20), (G8 élargi) ou la réforme de la gouvernance du FMI et du
Système Monétaire International. Ils ont pu également faire front commun contre certaines
contraintes internationales jugées pénalisantes pour leurs économies (les sanctions) et d’autres
mesures coercitives.
La problématique de l’étude de ce cas est de savoir en quoi les BRICS peuvent-ils être
une alternative contre l’unipolarité du monde, dans la mesure où l’hégémonie américaine a
montré ses limites.
L’étude de ce sujet a un double intérêt, politique et économique. Politique, parceque les
BRICS sont l’une des instances promouvant une reconnaissance de la multipolarité des
équilibres politiques, et économique pour la simple raison que les BRICS prônent une rupture
avec les organisations économiques héritées de l’après seconde guerre mondiale.
Pour mieux appréhender le thème, nous évoquerons les BRICS, l’émergence d’un monde
multipolaire en (I) et les BRICS, première puissance économique mondiale horizon 2030.
I. Les BRICS, l’émergence d’un monde multipolaire

2
Le Brésil, La Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud se sont réunis pour créer le
groupe des BRICS, car ils ont compris qu’en combinant leurs forces en un groupe restreint mais
stratégique, qui rassemble des pays clés, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, ils avaient une
meilleure chance de réaliser leur vision commune pour un nouvel ordre mondial. Si les BRICS
étaient destinés à servir d’alternative ou de contrepoids à l’hégémonie de l’ordre économique
libérale mondiale mené par Washington, comment se fait-il qu’en moins de 10 ans les BRICS
soient devenus la dernière ligne de défense pour la gouvernance mondiale, la mondialisation
économique, le libre-échange et le climat ? Comment en sommes-nous arrivés à la situation
suivante : il semble désormais qu’il incombe aux membres des BRICS de sauver la
mondialisation.
Dans cette première partie nous verrons comment les BRICS de par leur poids
économique et politique peuvent être une alternative à l’unipolarité du monde en façonnant un
nouvel ordre mondial ( A ) et dans quelle mesure l’entrée de nouveaux pays émergents pourrait
définitivement changer la donne ( B ).
A. Une volonté de façonner un nouvel ordre mondial
Le Groupe les BRICS révèle que si ces pays partagent une analyse macro-économique sur
l’évaluation de l’économie politique de l’ordre mondial, alors qu’ils ont toujours accordé la
priorité à la coopération financière, commercial et économique, leur capacité de formuler une
analyse géopolitique et sécuritaire commune de l’ordre mondial et d’adopter des positions
communes sur les questions politiques actuelles s’est renforcée progressivement au fil du
temps.
Sur le front politique, la question de la Syrie montre comment les BRICS ont su se faire
entendre sur le plan international en parvenant pour la première fois à bloquer le plan d’action
que les Etats Unis et leurs alliés voulaient y suivre , à savoir , un changement de régime de
l’extérieur comme en Libye . Ce qu’il en ressort, c’est que les BRICS n’ont pas besoin d’être
aussi puissant que les Etats Unis pour influer sur l’ordre mondial ; ils doivent juste avoir
suffisamment d’influence pour empêcher les Etats Unis et leurs alliés d’agir unilatéralement.
L’une des questions sur lesquelles les BRICS ne semblent pas être d’accord est celle de la
réforme du Conseil de Sécurité (CS). Les communiqués des deux premiers sommets notent
simplement que la Chine et la Russie, les deux pays membres des BRICS qui sont aussi
membres du Conseil du Sécurité, reconnaissent le rôle croissant que le Brésil et l’Inde jouent
dans les affaires internationales.
Lors des cinq derniers sommets, les BRICS ont collectivement appelé à la réforme du CS,
mais sans parvenir à développer une position détaillée sur la nature de ces réformes, si ce n’est
3
que le Conseil doit être plus représentatif, plus efficace, plus efficient et que les pays en
développement doivent y avoir une plus grande représentation. S’ils arrivent à leur fin, les
BRICS auront un rôle prépondérant à jouer, comptant déjà parmi leurs rangs deux membres
permanents du CS et d’autres qui peuvent à juste titre revendiquer une présence en son sein
Une des raisons pour lesquelles les BRICS auraient choisi de ne pas poursuivre trop
agressivement la réforme du Conseil de sécurité ainsi que celle d’autres institutions
internationales comme le FMI et la Banque mondiale serait que les BRICS sont soucieux de
ne pas chercher à atteindre leurs objectifs trop vite pour ne pas déstabiliser l’ordre mondial
actuel. La montée croissante de leur influence dans le système international est étroitement liée
à la place qu’occupent leurs économies dans le système économique mondial et la mesure selon
laquelle ils peuvent réaliser des progrès en faisant avancer leurs programmes de développement
nationaux. Une reforme trop rapide du système risque de déstabiliser durablement l’ordre
économique et politique mondial d’où la prudence des BRICS : la réforme des institutions
comme le Conseil de Sécurité risquent de porter atteinte à leurs propres intérêts.
Malgré l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la guerre commerciale déclarée à la Chine,
ces reformes restent timides. Ils peuvent se permettre une certaine lenteur dans leur tentative de
façonner l’ordre mondial à long ou moyen terme tout en donnant à leur pays la possibilité de
mieux se développer, ce qui ne veut pas dire que les BRICS ne sont pas résolus à poursuivre
une reforme sérieuse du système, notamment dans ses dimensions de paix et de sécurité ;
seulement ils souhaitent que cela se fasse d’une manière et à un rythme évolutif plutôt que
révolutionnaire ( de Carvalho et de Coning, 2013 4). Duncan Green se fait l’écho de cette
analyse lorsqu’il conclut que « la Chine est une puissance révisionniste, désireuse d’élargir son
influence au sein du système. Ce n’est ni une puissance révolutionnaire résolue à renverser
l’ordre des choses, ni un usurpateur déterminé à mettre la main sur le système. »
La théorie du changement que les BRICS poursuivent collectivement peut être perçue
comme une manière de façonner ensemble un nouvel ordre mondial correspondant à leur
modèle de gouvernance mondiale basé sur la coexistence. D’une part, pour maximiser leur
influence, il y’a une coordination de positions au sein de nombreux forums internationaux,
comme le G20. D’autre part, ils renforcent d’avantage la coopération entre pays membres du
groupe. La mise en place de leurs propres institutions comme la nouvelle Banque de
développement, les aides à surmonter les limites des institutions existantes, telles le FMI et la
Banque mondiale. Leur coopération au sein du groupe des BRICS ne les empêche pas

4 4
Rising powers and the future of peacekeeping and peacebuilding.2013
évidement de participer à d’autres groupements, comme le G20. Elle ne signifie pas non plus
que les BRICS sont le principal arrangement coopératif, ni même le plus important des
membres.
L’Afrique du Sud par exemple, fait également partie de la communauté de développement
de l’Afrique australe et de l’Union africaine, et considère son adhésion à ses groupes comme
étant au moins aussi importante que celle aux BRICS et G20. L’Inde, le Brésil et l’Afrique du
Sud, les trois démocraties au sein des BRICS, constituent aussi le groupe IBAS, et l’Inde et
l’Afrique du Sud participent au groupe des pays riverains de l’océan indien. En une décennie
les actions des BRCIS ont fait d’eux des acteurs incontournables de la scène mondiale, le groupe
constitue la dernière ligne de défense de la gouvernance mondiale, de la mondialisation
économique et d’une action collective en faveur du climat et cela a eu pour conséquence la
demande d’adhésion de nombreux pays dont six ont été acceptés lors du sommet de
Johannesburg en juillet 2023 à savoir : Arabie Saoudite, Argentine, Egypte, Emirats arabes
unis, Ethiopie, et Iran.
B. L’entrée de nouveaux pays émergents
Les six nouveaux membres de ce bloc revêtent une importance économique et
géostratégique pour eux même et le reste du monde. Les BRICS ont réussi malgré quelques
péripéties à organiser, les 22-24 août, son 15e sommet en Afrique du Sud. C’est l’un des
évènements majeurs depuis la fin de la seconde mondiale, ce sommet a été l’occasion d’un
travail entre les membres au plus haut niveau et a fourni la feuille de route menant à une
nouvelle étape dans le développement des BRICS notamment en termes de partenariat pour un
multilatéralisme inclusif, une croissance mutuellement accélérée et le développement durable ,
tout en favorisant un environnement de paix et de développement ainsi que le développement
institutionnel des BRICS ( Cf.la Déclaration de Johannesburg II).
Les membres des BRICS se sont mis d’accord pour accueillir dans le groupe l’Arabie
saoudite, l’Iran, l’Ethiopie, L’Egypte, L’Argentine, et les Emirats arabe unis. De plus, la porte
reste grande ouverte ; des dizaines de pays supplémentaires pourraient rejoindre le bloc plus
tard. Cet élargissement constitue un grand pas en avant dans le développement des BRICS mais
aussi pour la transformation du monde.
Il est important de constater quantitativement que les BRICS pèsent maintenant plus lourds
dans le monde : 29 % du PIB mondial, 46 % de la population mondiale, 43 % de la production
pétrolière et 25 % de l’export des produits 5.

5 5
Graphique Economic-satatista
L’entrée de l’Arabie Saoudite, de l’Iran et des Emirats arabes Unis va amener à 43 % la
part des BRICS dans la production pétrolière mondiale, cela va renforcer considérablement
l’influence de ce bloc. Il est prévisible également que les achats du pétrole peuvent s’exécuter
dans une plus large mesure en devises nationales entre les membres des BRICS et sans être
obligés de passer par les US dollars. Ainsi tout le système financier américain sera touché à la
base via l’affaiblissement des pétrodollars. L’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis sont
des centres financiers puissants et des hubs commerciaux au carrefour de l’Afrique, de l’Asie
et de l’Europe. Avec la présence des BRICS dans le Golfe Persique et sur les deux rives du
détroit de Hormuz, le passage y sera plus nettement sécurisé. L’Egypte réduirait
considérablement les inquiétudes liées à la sécurité du Canal de Suez.
L’arrivée de l’Iran ajoute aussi une pièce déterminante pour former, avec, la Chine, la
Russie et, un peu plus tard, les pays de l’Asie centrale dont certains sont déjà candidats, un
ensemble stratégique dans le Heartland défini dans la théorie de « Halford Mackinder et
longuement examiné par Brezinski dans son fameux ouvrage « Le Grand Echiquier ». La
surveillance et les capacités d’intervention dans le golfe d’Aden seront largement renforcées
avec « L’Ethiopie » dont la capitale Addis-Abeba est depuis 2002 le siège de l’Union
Africaine, l’un des centres d’influence de la nouvelle Afrique. Sa proximité avec Djibouti et
d’autres pays de la région est aussi un élément constitutif pour l’équilibre dans la corne de
l’Afrique de l’Est.
En tant que producteur majeur de l’lithium, l’Argentine a entre ses mains une carte majeure
pour le développement de l’énergie verte dans le monde sans parler de ses atouts dans
l’agriculture. Les avantages que les BRICS peuvent obtenir grâce à l’expansion sont multiples :
il donnera plus d’accès aux ressources naturelles (pétrole, gaz, minéraux...), au marché, aux
investissements. Les BRICS auront plus d’influence dans la gestion des affaires du monde, en
ayant plus de voix au chapitre et plus d’atouts sur la table de négociation.
Les BRICS propose de faire évoluer le monde vers plus de justice et plus d’équilibre entre les
pays du monde. Un monde unipolaire va passer le témoin à un monde multipolaire.
II. Les BRICS, première puissance économique mondiale horizon 2030
Les BRICS représentent désormais 47% de la population mondiale avec un produit intérieur
brut s’élevant à 36% du PIB mondial dépassant pour la première fois le G7 (30,5%). Cela fait
suite à l’annonce de l’admission de six nations au sein du bloc économique, lors du 3e et dernier
jour du sommet de Johannesburg. Plus de 70 ans après la conférence de Bretton Woods, qui
avait donné naissance au FMI et la Banque mondiale, le sixième sommet des BRICS a donné

6
naissance, le 15 juillet 2014 à Fortaleza 6, à une Banque de développement et à un Fonds de
réserve. Une étape décisive dans la refondation de l’ordre économique et politique international.
La création d’une Banque et d’un Fonds des BRICS est une nouvelle illustration de la
montée en puissance des BRICS et de la coopération sud-sud, qui elle-même est le reflet du
« basculement »du monde. Désormais, plus de la moitié du commerce mondial est Sud-Sud et
près de 40% des investissements directs étrangers dans le monde sont le fait d’entreprises du
Sud dans les deux cas, les BRICS concentrent plus de la moitié de ces flux. L’invasion de
l’Ukraine par la Russie en février 2022 a remis en cause la primauté du dollar dans les échanges
internationaux du fait des sanctions financières et la rétention des devises en dollars de la
Russie. Cela a conduit inévitablement à la réflexion en plus d’une création de la Banque des
BRICS ( A ) et dans son corollaire la dédollarisation du monde ( B )
A. La Banque et le Fonds unis des BRICS
Apres avoir cherché à reformer les politiques et le mode de décision du FMI et de la Banque
mondiale, les BRICS ont donc décidé de créer leurs propres institutions, qu’ils présentent
comme complémentaires plutôt que rivales des institutions de Bretton Woods 7. Il est évidement
trop tôt pour déterminer si ces nouvelles institutions se révèleront efficaces et si elles
contribueront durablement à la construction d’un nouvel ordre économique et financier
international.
Doté chacune d’un capital de 100 milliards de dollars, les deux nouvelles institutions auront
pour particularité d’octroyer des prêts sans conditionnalité et de fonctionner sur base d’un mode
de décision où chaque Etat membre dispose des mêmes droit de vote .Les BRICS ont ainsi pris
soin pris soin de se démarquer des pratiques tant critiquées du FMI et de la Banque mondiale,
dont les prêts sont conditionnés à des réformes macro-économiques et sectorielles et dont le
fonctionnement repose sur une démocratie censitaire ( plus un Etat membre cotise, plus il a de
droits de vote, avec un droit de veto pour les Etats-Unis ).
Annoncée en 2013, l’idée de créer une Banque et un Fonds des BRICS aura mis peu de
temps à se concrétiser. Les dernières divergences qui existaient entre la Chine et l’Inde ont été
apaisées par un compromis : le siège social de la Banque des BRICS sera situé à Shanghai,
tandis que l’Inde assurera la présidence durant les cinq premières années. Chacun des BRICS
apportera 10 Milliards de dollars pour constituer un capital de 50 milliards de dollars 8. Si les
prêts auront pour priorité le financement des infrastructures dans les BRICS, d’autres pays en

6 Ville du Brésil 7
7 FMI et Banque mondiale
8 Déclaration finale des BRICS lors du sommet de 2013
développement pourront également à terme y participer et en bénéficier-l ‘Argentine a ainsi été
le premier pays à se porter officiellement candidat.
Le Fonds de réserve, officiellement baptisé « Contingency Reserve Arrangement » (CRA)
aura également un capital de départ de 100 milliards de dollars, dont 41 milliards apportés par
la chine, 18 milliards par l’Inde, le Brésil et la Russie, et 5 milliards par l’Afrique du Sud. Ce
fonds aura pour but d’enrayer les crises de balance des paiements, en octroyant des lignes de
crédits à court terme en cas déséquilibres financiers, et aura la possibilité d’emprunter sur les
marchés pour augmenter ses capacités de prêts. Selon les statuts, les principaux organes de la
banque sont :
• Conseil des gouverneurs
• Conseil d’administration
• Président et vice-présidents
Le président du NDB est élu par rotation parmi l’un des membres fondateurs, et il y’ a quatre
vice-présidents parmi chacun des quatre autres membres fondateurs. S‘émanciper de l’influence
des puissances occidentales et constituer une nouvelle force économique et géopolitique. Tel
est le souhait des BRICS exprimé lors du 15 e sommet qui s’est tenu à Johannesburg, en Afrique
du Sud, du 22 au 24 aout 2023. C’est aussi ce qui ressort lors du G77 qui s’est achevé le 16
septembre à la havane. Il ne s’agit pas de rompre avec ces puissances, mais de s’affirmer face
à elles. Ces Etats, à l’instar d’autres pays émergents, considèrent qu’ils subissent les effets
négatifs du développement des économies avancées. Par exemple en matière environnementale,
tout en devant payer le prix. Ils souhaitent donc limiter leur dépendance et accroitre leur pouvoir
de décisions.
Outre les instances internationales, c’est également via le marché des devises que les BRICS
tentent d’acquérir un poids nouveau. Brièvement évoquée par le Président du Brésil, l’existence
d’une monnaie commune à ces Etats n’a pas été et semble très peu probable compte tenu de
leur hétérogénéité. Celle-ci devient en outre plus grande avec l’élargissement du groupe. Le
caractère international d’une monnaie s’apprécie par son utilisation en dehors de son territoire
national, pour les échanges commerciaux et financiers, comme réserve de change et sur le
marché des changes. Elle est un vecteur de confiance de confiance dans les transactions
internationales. Depuis la création de l’euro en 1999, la part dollar dans les réserves des banques
centrale est passée de 71 à 54,7% en 2023, celle de l’euro étant de 18,3% et celle du Yuan de

8
2,29%9. La baisse du poids du dollar est réelle, mais cette monnaie continue néanmoins très à
dominer très largement les autres, le Yuan (ou Renminbi) occupant le 7e rang.
B. La Dédollarisation du monde
La dédollarisation est un processus de substitution du dollar américain comme monnaie utilisée
pour le commerce international, le commerce du pétrole et/ou d’autres matières (c’est à dire le
petro dollar), l’achat de dollars américain pour les réserves de change, les accords commerciaux
bilatéraux et les actifs libellés en dollars.
Si l’on regarde dans le rétroviseur, les récents appels à lutter contre la suprématie du dollar sont
loin de présenter un caractère original. En juin 1975, deux ans après le choc pétrolier, l’OPEC
annonçait couper les liens avec le dollar américain et commencer à coter les prix en droit de
tirage de spéciaux. Un phénomène similaire s’est produit en 2018 lorsque le premier contrat
pétrolier a été conclu en Yuan chinois. De nombreux spécialistes présentaient ces opérations
comme une étape vers la dédollarisation du monde. A L’heure actuelle, 85% des transactions
pétrolières sont effectuées en dollars, ainsi que 88% des transactions internationales, selon la
Banque des règlements commerciaux.
Les BRICS, notamment la Russie et le Brésil, ont une fois encore appelé à une dédollarisation
du monde. L’idée d’une dédollarisation des échanges entre les pays des BRICS a été au cœur
des échanges lors du dernier sommet de Johannesburg, lors de son allocution, Vladimir
Poutine10 l’a d’ailleurs exprimé explicitement : « La dédollarisation est irréversible », le
Président brésilien Lula11, lui aussi, s’est montré incisif sur le sujet. Le marqueur fort de cette
volonté, c’est l’arrivée de l’Arabie Saoudite qui va changer la donne car cette adhésion signe
probablement la potentialité de l’émergence du « Petro yuan » venant faire de l’ombre au
« Petro Dollars ».
La volonté de ces pays de créer une nouvelle monnaie adossée à l’Or est réelle, elle a été
formalisée par Lula lors de ce sommet : « Créer une monnaie unique pour les transactions
commerciales entre les BRICS peut réduire notre vulnérabilité ». Un projet de ce genre reste
difficile à mettre en place à court terme, et le dollar ne devrait pas être remplacé à court terme
mais à long terme.
Au vu des évènements et éléments cités plus haut et donc la recomposition du monde en cours,
« il parait probable que le dollar soit affaibli par tout cela ». L’intérêt pour les BRICS de se
dédollariser ne semble pas guidé par des considérations économiques, si les BRICS souhaitent

9 Rapport de Capital Investissement – Revue financière 9


10 Président de la Fédération de Russie
11 Président de la République Fédérale du Brésil
limiter l’usage du dollar au profit de leurs propres monnaies, le gain attendu d’une telle
évolution semble limité. Non seulement le dollar est difficilement détrônable mais l’intérêt
économique que tirent les Etats Unis du poids de leur monnaie est au mieux faible. Les velléités
de dédollarisation semblent donc plutôt guidées par des considérations politiques et
symboliques (Sylvain Bersinger)12.
Le rôle international du dollar ne s’effrite pas. Les sanctions contre la Russie ou la rivalité avec
la Chine alimentent l’idée qu’une large partie du monde utiliserait de moins en moins de dollars,
dont le rôle central dans l’économie mondiale serait voué à disparaitre. Pourtant, l’utilisation
du dollar à l’échelle mondiale reste prépondérante et dépasse de loin le rôle des autres monnaies,
et notamment l’Euro, la deuxième monnaie ayant le plus de poids international. La part du
dollar dans la facturation des échanges internationaux reste aussi globalement stable jusqu’en
début 2024. Cependant, ce résultat est issu du système de payement SWIFT, dont ont été
exclues les banques russes, ce qui limite la pertinence de cette donnée pour juger de l’évolution
du poids des monnaies dans les échanges mondiaux.
Ces derniers mois, les sanctions internationales imposées à la Russie –gel des réserves en
dollars de la banque centrale, exclusion des banques russes du réseau international de
communication interbancaire Swift, interdiction des importations de pétrole de Moscou..-ont
relancé l’intérêt de nombreux pays émergents pour la « dédollarisation ». Certains cherchent
d’abord à réduire l’utilisation du dollar dans leur propre économie pour se protéger des
turbulences financières internationales, explique Zongyan Zoe Liu 13 , autrice d’une étude sur
le sujet pour le Council on Foreign Relations, un centre de réflexion américain indépendant.
D’autres souhaitent échapper à l’extraterritorialité du droit des Etats –Unis, qui utilisent le
dollar pour imposer sanctions et amendes à l’étranger.
« Comment se fait-il que le dollar intervienne dans le commerce entre le Kenya et Djibouti ? »,
demandait le président kényan, William Ruto 14 le 14 juin, devant le parlement de Djibouti.
(Pourquoi le Brésil a-t-il besoin du dollar pour échanger avec la Chine et l’Argentine ? Nous
pouvons le faire dans notre propre monnaie), déclarait en échos le Brésilien Lula, le 3 aout
2023, plaidant pour la création d’une devise commune entre les BRICS. Depuis quelques mois,
les signaux d’une volonté de dédollarisation semblent se renforcer : l’Argentine a annoncé
qu’elle allait rembourser une partie de sa dette en yuans, le Brésil veut d’avantage utiliser le
yuan dans ses transactions avec la Chine. D’un côté, la Chine veut se présenter comme la tête

12 Economiste chez Asteres- BNP Paribas 10


13 International political foreign relations UK
14 Président de la République du Kenya
de file des BRICS en mettant sur la table les risques liés à une dépendance au dollar, une attitude
qui rencontre un écho favorable dans le monde émergent.
L’utilisation du dollar comme une arme économique à travers les sanctions a été l’élément
déclencheur. Le dollar a été un outil de puissance des Etats-Unis et de leurs alliés, qui pourrait
donc s’éroder. Mais la tendance à la multi polarisation peut-être une bonne nouvelle pour l’euro
qui pourrait prendre plus de place. Toutefois les enjeux géopolitiques ne tiennent pas
uniquement aux équilibres des devises. Le risque de confrontation se dessine aussi, peut-être
d’avantage sur le fonctionnement des institutions de Bretton Woods (Fonds monétaire
internationale et la Banque mondiale).
Conclusion
En regroupant sous le sigle BRICS les quatre pays qui avaient le taux de croissance le plus
élevé rejoint par plus tard l’Afrique du Sud, les banquiers de Goldman Sachs n’ont pas réalisé
qu’ils donnaient une identité à un changement tectonique à l’échelle mondiale dans les
domaines économiques et financiers et même au-delà.
Ce mouvement représente un besoin fondamental du développement des pays du Sud global :
la recherche et la création d’un système mondial plus juste et plus équilibré pour le plus grand
nombre de pays. En 15 ans d’existence, cette alliance informelle a déjà réussi à se mettre debout
et à acquérir plus de consistance et de légitimité. Cela révolutionnera et restructurera le monde.
Pourquoi les BRICS s’efforcent-ils de créer un système alternatif à celui mis en place depuis la
fin de la seconde mondiale ? Il est vrai que cette dernière qui a fait ses preuves, a fourni un
cadre stable au monde dans son ensemble pendant des décennies et que la Banque mondiale et
le FMI ont uni leurs forces pour la reprise après les destructions massives. Mais ce système
sous contrôle américain, est loin d’être juste et équilibré, à l’égard des pays de l’Est et du Sud
de la planète. L’aide est accordée sous la condition que les changements imposés soient réalisés,
sans tenir compte de la réalité du pays.
Une architecture alternative est plus que nécessaire, car le G7 ne peut pas représenter, ne reflète
pas le monde par rapport à des critères politiques, économiques, démographiques. Les BRCIS
représente actuellement plus de 40 % de la population mondiale et plus de 26 % de l’économie
mondiale et constitue un forum alternatif pour les pays qui se situent en dehors des plateformes
dominés par les puissances occidentales traditionnelles. Avec l’arrivée de nouveaux membres,
son influence et son poids économique encourageront d’avantage de pays à adhérer.

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Bibliographie
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