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MOH Yves Licence AEA

KOIHO Niamkey Jean Yves

LE FONDS MONETAIRE
INTERNATIONAL : POMPIER
PYROMANE ?

Monsieur Jérôme HERICOURT


PLAN

INTRODUCTION

I. Le fond monétaire international : présentation

A. Le FMI dans le système de Bretton Woods

B. Objectifs

C. Quelques bonnes actions du FMI

II. Les dérives du FMI

A. De nouvelles règles non-conformes aux pays demandeurs d’aide

B. Des crises mal gérées par le FMI

1. La crise asiatique

2. La crise argentine

3. Des méthodes proposées par le FMI et pas suivi.

III. Une absolue nécessité : reformer le système du FMI

A. Autres politiques possibles  

1. Politiques visant à éviter les récessions

2. Politiques susceptibles de limiter les conséquences des


récessions

B. La Reforme du système financier mondial 

CONCLUSION
La période de l’entre-deux guerres se caractérisait par un « désordre monétaire » ainsi
qu’un déclin significatif du commerce international. En effet, les grandes économies –
particulièrement dans les années 1930 – avaient des taux de change instables et procédaient à
des dévaluations compétitives en même temps qu’elles adoptaient des politiques
commerciales restrictives.

A partir de 1943, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne – incarnés par les économistes


White et Keynes – ont commencé à réclamer la création d’une institution instaurant un
système de référence capable d’empêcher les pays de recourir à des mesures de protection,
des restrictions de change et à des dévaluations à des fins compétitives. Cet organisme devait
assurer la stabilité des taux de change et relancer le commerce international.

Le Fonds monétaire international — connu également sous le nom de «FMI» ou


«Fonds» — a vu le jour en juillet 1944, à une conférence des Nations Unies qui s'est tenue à
Bretton Woods (New Hampshire, États–Unis). Ce fond est basé à Washington aux Etats-Unis
et son président actuel est le français Dominique Strauss-Kahn qui succède à Rodrigo de Rato.
Les 45  gouvernements alors représentés voulaient établir un cadre de coopération
économique conçu pour prévenir le retour aux politiques économiques désastreuses qui
avaient contribué à la Grande Dépression des années  30. En gros, il devra permettre de
promouvoir le bon fonctionnement de l’économie mondiale : Il avait pour mission, dans un
premier temps, pendant la période de l’après guerre, de reconstruire l’Europe et dans un
deuxième temps de financer l’économie des pays en voie de développement. Le FMI conseille
aussi les pays en les guidant grâce à des études économiques pour la mise en place de
politique économique.

Le FMI est parfois qualifié de pompier puisqu’il intervient pour renflouer les caisses d’un
Etat pour l’aider dans les problèmes économiques qu’il peut rencontrer c’est le cas
notamment de certains pays en développement et de pyromane lorsqu’il impose ses politiques
économiques qui ne sont peut être pas adéquats au fonctionnement d’un pays et l’empêcher
ainsi de pouvoir sortir de sa crise.
Beaucoup évoqué dans les médias et malgré un objectif général qui à première vue
montre sa volonté de résoudre les problèmes économiques mondiaux, le FMI se voit
reprocher ses actions qui sont souvent mal comprises. (On se demande si ces dernières
permettent de sortir de la situation de crise qui oblige à ce qu’on lui fasse appel.)
Le rôle du fonds monétaire international a toutefois évolué et il semble intéressant de
présenter cette institution tout en évoquant ses responsabilités actuelles avant de dénoncer
ensuite les dérives qu’il a connu, pour enfin parler des reformes qui ont été mises en place
comme solutions à ces dérives.

I. Fondement et succès du fonds monétaire international 

C. Le FMI dans le système de Bretton Woods

Le FMI, qui comptait 29 Etats membres à sa création en 1945, était l’instrument de


régulation du système établi par les Accords de Bretton Woods. Il devait fonctionner comme
une coopérative où les contributions des membres financeraient le retour à l’équilibre de la
balance des paiements de ses membres en difficulté et contribuer ainsi au bon fonctionnement
du système de Bretton Woods.

Chaque pays versait une cote part en intégrant le FMI. Elle était déterminée par sa
puissance économique – son PNB et l’importance de son commerce extérieur. 25% de la
quote-part était versés en or, le reste dans la monnaie nationale du pays. Un pays pouvait
obtenir directement entre 25% et 125% de sa quote-part en cas de déséquilibre de sa balance
des paiements - droit de tirage. Le droit de tirage devait permettre aux banques centrales
nationales de défendre la monnaie sur le marché des changes. Le rôle du FMI est resté limité
dans les années 1950-1960 à cause des faibles ressources dont il disposait et du plan Marshall
qui a fourni les ressources nécessaires à la reconstruction.

A partir de la fin des années 1950, certaines difficultés sont apparues car le système
reposait sur la parité dollar/or et sur la convertibilité externe du dollar – un agent détenant des
dollars pouvait les échanger dans n’importe quelle banque centrale contre des dollars. Les
Etats-Unis devaient donc à la fois fournir des dollars en quantité suffisante au monde pour le
règlement des opérations de commerce international et limiter la création monétaire pour
maintenir stable le cours du dollar par rapport à l’or : le « paradoxe de Triffin ». Le
développement des échanges mondiaux a fait que l’or et le dollar se sont révélés être des
avoirs de réserve insuffisants et, en plus de supprimer la convertibilité externe du dollar en
1968, on a créé en 1969 une nouvelle monnaie : le DTS – Droit de Tirage spécial. Il était
octroyé aux pays en fonction de leur quote part. C’est un dispositif complémentaire pour que
les échanges ne dépendent pas uniquement de la production d’or et de la création monétaire
aux Etats-Unis. Le DTS permettait aux Etats membres de créer de nouvelles liquidités
internationales car il était, tout comme l’or et le dollar, un avoir de réserve. Initialement, sa
valeur était fixée à 0.888671 grammes d’or.

La convertibilité dollar/or a été supprimée en 1971 et le système de Bretton Woods a


pris fin avec les Accords de la Jamaïque en janvier 1976. Ces accords officialisent la fin du
système de parité fixe et instaurent la fluctuation des monnaies sur le marché des changes –
les cours des monnaies sont à présent définis par le marché et plus par un étalon. Ils donnent
également au FMI un rôle de surveillance.

De nos jours, le FMI fonctionne toujours sur la base du versement des quotes-parts,
calculées à l’aide du PIB, du solde des transactions courantes, des réserves officielles…, et le
DTS – Droit de Tirage spécial – est devenu l’unité de compte du FMI et son rôle est
principalement celui d’un avoir de réserve.

D. Objectifs

Les buts du Fonds monétaire international sont les suivants :

i)    Promouvoir la coopération monétaire internationale au moyen d'une institution


permanente fournissant un mécanisme de consultation et de collaboration en ce qui
concerne les problèmes monétaires internationaux.
ii)    Faciliter l'expansion et l'accroissement harmonieux du commerce international et
contribuer ainsi à l'instauration et au maintien de niveaux élevés d'emploi et de
revenu réel et au développement des ressources productives de tous les États
membres, objectifs premiers de la politique économique.
iii)    Promouvoir la stabilité des changes, maintenir entre les États membres des régimes
de change ordonnés et éviter les dépréciations concurrentielles des changes.
iv)    Aider à établir un système multilatéral de règlement des transactions courantes entre
les États membres et à éliminer les restrictions de change qui entravent le
développement du commerce mondial.
v)    Donner confiance aux États membres en mettant les ressources générales du Fonds
temporairement à leur disposition moyennant des garanties adéquates, leur
fournissant ainsi la possibilité de corriger les déséquilibres de leurs balances des
paiements sans recourir à des mesures préjudiciables à la prospérité nationale ou
internationale.
vi)    Conformément à ce qui précède, abréger la durée et réduire l'ampleur des
déséquilibres des balances des paiements des États membres.
Dans toutes ses politiques et décisions, le Fonds s'inspire des buts énoncés dans le présent
article.
Depuis 1976 et l’instauration du système de flottement des monnaies, le rôle du FMI est
principalement de soutenir les pays connaissant des difficultés financières. Son rôle peut donc
se résumer en 3  grandes missions :

 Accorder des prêts aux pays en difficulté


 Conseiller les Etats membres sur leur politique économique
 Fournir une assistance technique et une offre de formation aux Etats membres
dans le besoin

E. Quelques bonnes actions du FMI

Au cours des dernières années, le FMI a assumé un nouveau rôle en coordonnant


les accords de prêt et d’emprunt ainsi qu’en fournissant des conseils d’orientation stratégique
durant des crises financières.

Le FMI a joué un rôle de premier plan dans certaines réussites notables, en


particulier deux initiatives lancées par les États-Unis.

 La première, le plan Brady, du nom du Secrétaire au Trésor d'alors, a contribué


à résoudre les problèmes d'endettement de l'Amérique latine.

 La seconde, menée par le Secrétaire au Trésor, Robert Rubin, a mis un terme à


la dépréciation du peso.

Le Plan Brady a été une stratégie adoptée à la fin des années 80 pour restructurer
la dette contracter par les pays en développement avec des banques commerciales, qui se base
des opérations de réduction de la dette et le service de la dette effectuées volontairement dans
des conditions de marché.
Les pays qui ont participé à l'initiale ronde de l'établissement en esclavage de
Brady étaient l'Argentine, Brésil, Bulgarie, Costa Rica, République
Dominicaine, Equateur, Mexique, Maroc, Nigéria, Philippines, Pologne, Uruguay.

Il y a deux types principaux de liens de Brady :

 Des liens de pair ont été fournis à la même valeur sous forme de prêt original,
mais le bon sur les liens est au-dessous de taux du marché, principal et des paiements des
intérêts sont habituellement garantis.
 Des obligations à escompte ont été publiées à un escompte à la valeur originale
du prêt, mais le bon est au taux du marché, principal et des paiements des intérêts sont
habituellement garantis.
Bien que le processus en esclavage de Brady ait fini pendant les années 90,
plusieurs des innovations présentées dans ces restructurations ont été maintenues les
restructurations souveraines postérieures dedans, par exemple, en Russie et
en Equateur. L'Equateur, en 1999, est devenu le premier pays à transférer sur ses liens de
Brady. En 2003, le Mexique est devenu le premier pays pour retirer sa dette de Brady. Les
Philippines ont racheté tous ses liens de Brady en mai 2007, joignant la Colombie, le Brésil,
le Venezuela, et le Mexique comme pays qui ont retiré les liens

Le Mexique souffrait par une crise financière probablement ayant pour résultat le
défaut sur des engagements étrangers. La crise fut déclenchée en décembre 1994 par la
soudaine dévaluation du peso mexicain les premiers jours du mandat présidentiel d'Ernesto
Zedillo, d'où son nom de crise du peso mexicain. Bill Clinton, président des États-Unis,
proche voisin économique du Mexique, intervient pour stopper cette crise, et les États-
Unis avec des organisations internationales, prêtent 50 milliards de dollar US au Mexique une
semaine après le début de la crise, dont 18 milliards via le FMI.

En 1997-1998, ministre des Finances Rubin, député secrétaire Lawrence H.


Summers, et Président Alan Greenspan de panneau de réservation fédérale ont travaillé avec
le Fonds monétaire international et d'autres effectivement pour combattre et contenir des
crises financières sur les marchés financiers russes, asiatiques, et latino-américains
IV. Les dérives du FMI

A. De nouvelles règles non-conformes aux pays demandeurs d’aide

C’est l’économiste John Maynard Keynes, qui participait aux négociations concernant
la création de FMI. Selon lui, celle-ci avait pour source une insuffisance de la demande
mondiale.

Dès lors, le FMI fut chargé de contribuer au maintien et à la stimulation de la demande


mondiale en fournissant des fonds et en encourageant des politiques expansionnistes. Les états
dont les économies se trouvaient en situation de crise devaient augmenter leurs dépenses
publiques, baisser leurs impôts et les taux d’intérêts pour maintenir le plein emploi.

Aujourd’hui, le FMI applique une politique différente en n’accordant ses fonds qu’aux
pays appliquant strictement le Consensus de Washington. Ce consensus a pour objectif de
libéraliser des économies au capitalisme jugé archaïque car insuffisamment ouvert. Il a été
crée dans les années 80 pour faire face à une situation particulière, celle de l’Amérique Latine.
Trois principes ont été érigés pour mettre en œuvre cette idée :

 L’austérité

Le FMI imposera ici aux pays en difficulté une discipline budgétaire dont la


diminution des dépenses publiques et une augmentation des impôts, une discipline monétaire
qui consistera en une hausse des taux d’intérêt destinés à les maintenir à un niveau élevé,
l’ouverture des marchés intérieur à la concurrence étrangère, le rétablissement d'excédents de
la balance commerciale propres à permettre le service de la dette. La suppression de services
primordiaux pour la population alliée à la hausse des impôts ajoute une pression énorme et
accentue encore un peu plus la précarité dans laquelle vivent les habitants de ces pays. La
hausse des taux d’intérêts ne favorise elle aussi qu’une petite partie de la population des pays
en question. En effet, seuls ceux détenant des actifs profitent de ce cas de figure. La majeure
partie des habitants de ces pays étant plutôt sujette à l’endettement, leur situation s’en
retrouve aggravée.

 La privatisation
« Le problème de la place de l'Etat entrepreneur n'est pas que l'Etat occupe trop
d'espace, mais qu'il n'est pas dans son rôle ». Cependant, la privatisation suppose que
certaines conditions soient remplies. En particulier, que les marchés réagissent aussitôt pour
répondre aux besoins auxquels l'Etat faisait initialement face. Or si l'Etat intervenait, c'est
précisément parce que les marchés n'assuraient pas des services essentiels. Dans ces
conditions, son élimination peut déboucher sur une impasse

 La libéralisation

Ce troisième pilier du processus de Washington peut se diviser en deux volets : La


libéralisation du commerce doit permettre à un pays de délaisser ses secteurs d’activités peu
productifs et de concentrer sa production dans des domaines où il tirera un réel avantage
(théorie des avantages comparatifs de Ricardo favorisant le libre-échange et selon laquelle
tous les pays intégrant le libre-échange tireront bénéfice de ce système). Cependant, ces pays
ne disposent pour la plupart que d’industries naissantes rendant le transfert des ressources vers
un autre secteur plus productif plus compliqué que prévu. Et aussi la libéralisation des
capitaux, c'est-à-dire la libre circulation des capitaux dans le pays, doit permettre d’attirer les
investissements étrangers et ainsi permettre la création de nouveaux emplois et le transfert de
technologie. Ces firmes étant en général à la recherche de coûts de production faible, elles
maintiennent les salaires vers le bas et leur pouvoir est tel qu’elles ont une influence sur les
gouvernements locaux.

Ce que le FMI a trop souvent perdu de vue : la diversité des pays, des situations. Dans
ces conditions, sa tâche aurait dû être non d'imposer aux pays en développement des
programmes stéréotypés, "mais de leur donner les moyens de faire un choix informé, en
comprenant bien les conséquences et les risques de chaque option.

B. Des crises mal gérées par le FMI

1. La crise asiatique

Jusque dans les années 90, l’Asie du Sud-est était un modèle de développement
économique. On parlait à l’époque de « miracle asiatique ». La Thaïlande faisait partie de ces
pays modèles. Elle disposait d’une épargne forte, d’investissements publics dans l’éducation,
d’une politique industrielle intelligente menée par l’Etat et d’un taux de croissance élevé.
Mais comme pour beaucoup d’autres pays asiatiques, la Thaïlande a dû faire face en juillet
1997 à une chute brutale du cours de sa monnaie.

En effet, un afflux massif de capitaux avait faussé l’économie thaïlandaise. Ces


investissements spéculatifs – principalement dans l’immobilier – ont créé une bulle financière
qui a vu le prix au mètre carré s’envoler. Jusqu’au jour ou cette bulle éclata à cause d’une
offre supérieure à la demande.

Le FMI voyant un début de récession se profiler dans cette région, il imposa à ces pays
l’application « classique » de ses préceptes : austérité, maintien d’un taux de change élevé,
hausse des taux d’intérêts, libéralisation des secteurs financiers… Or, ce que le FMI n’a pas
remarqué est que son diagnostic de départ était erroné. Le FMI n’a pas compris que la
récession en Asie du Sud Est était principalement due à une insuffisance de la demande.

En imposant une politique d’austérité à ces pays, le FMI a lui-même aggravé la crise
en empêchant une reprise de la demande. Le maintien du cours du change a été opéré par le
biais d’une forte hausse des taux d’intérêt. L’imposition de taux d’intérêt élevés n’a fait
qu’aggraver la situation des entreprises et celle de l’économie tout entière. Les banques ont
réduit leurs financements et les entreprises leur activité. Cette baisse de la production a eu des
répercussions sur les revenus et donc la consommation. Les faillites d’entreprises se sont
généralisées. Cette situation a fait fuir les capitaux plus qu’elle ne les a attirés.

Enfin, le principe selon lequel un pays doit équilibrer sa balance commerciale en


exportant va à l’encontre de celui qui prône un taux de change élevé puisqu’il met à mal la
compétitivité prix des produits exportés.

Le FMI a tout de même permis à ces pays, au prix de récessions majeures, d’assainir
leur système bancaire. Mais le FMI n’était-il pas censé prévenir ce genre de risque en
appliquant des règles pour avoir une économie saine ?

En 1997, au plus fort de la crise, le Japon avait proposé la création d’un Fonds
Monétaire asiatique dont le but serait de stimuler la demande. Le Japon était prêt à participer à
ce fonds à hauteur de 100 milliards de dollars. Le Trésor des Etats-Unis et le FMI se sont
opposés à cette ingérence. Ils ont tout de même accepté quelques mois plus tard une aide de
30 milliards de dollars du Japon pour restructurer les entreprises et autres institutions en
difficulté.

2. La crise argentine

L’origine de la crise en Argentine a été l’arrivée de la junte militaire au pouvoir (1976


– 1983) grâce à un coup d’Etat responsable de la déroute lors de la guerre des Malouines. Au
cours de ces années, la dette extérieure qualifiée de « dette odieuse » connaît un premier
accroissement brutal de 8 à43 milliards de dollar.
Au cours de ces années, le FMI octroie dès 1976 un important prêt à l’Argentine dont le
produit a été acheminé vers Wall Street ou vers les paradis fiscaux. Ajouté à tout cela, la
corruption et le détournement de fonds ont conduit l’Argentine à une hyper inflation.
Pour répondre à ces échéances vis-à-vis du FMI, l’Argentine a bradé tout son patrimoine
national ; à la fin du processus ; quelque 90% du capital des banques et 40% de celui des
industries passeront aux mains des étrangers. Cela donnera une illusion aux Argentins d’une
stabilisation mais cela ne sera que de courte durée.
Ainsi donc, l’Argentine fera encore appel aux FMI pour avoir recours à nouveau à leurs
aides : de nouvelles privations d’entreprise publique seront effectuées, une libération quasi-
totale de l’économie, hausse des taux d’intérêt et instauration d’une nouvelle monnaie liée au
dollar. La situation ne s’arrange pas ; de nouveaux prêts sont effectués comme 1,5 milliards
de dollar en 1999, 37,7milliards de dollar en 2000 et bien d’autres.
Malgré tous ces efforts, en 2001 le pays se retrouve une nouvelle fois dans l’incapacité
de régler ses dettes. Le FMI suspend alors tout aide à destination de l’Argentine. Le
gouvernement décide de passer une loi du « déficit zéro ». Pour la société civile d'un pays de
37 millions d'habitants, dont 14 millions vivent en dessous du seuil de pauvreté, les limites de
l'acceptable ont été franchies.

Fin 2001, la révolte populaire pousse le président De la Rua à la démission. Son


successeur par intérim décrète immédiatement des allègements sociaux, une dévaluation du
peso et une suspension de la dette pour le mois de janvier 2002. Même après une telle
insurrection démontrant un échec de la politique prônée par le FMI en Argentine, l’institution
financière continue de réclamer à l’Argentine une rigueur financière si elle souhaite obtenir
des aides. Pour cela, en janvier 2003 et après de dures négociations, l’Argentine a obtenu un
rééchelonnement de 6 milliards de dollars de sa dette.
3. Autre option pour résoudre les crises

Durant la crise qui a secoué l’Asie du Sud Est à partir de 1997, deux pays ayant refusé
de suivre la méthode imposée par le FMI ont surmonté cette crise sans trop de problèmes.

a) La Malaisie

La Malaisie disposant d’un secteur bancaire solide a refusé de libéraliser totalement


les mouvements de capitaux. Lors de la crise, le gouvernement a renforcé le contrôle des
changes et a empêché les capitaux étrangers d’être rapatriés tout en autorisant le rapatriement
des profits. Ce contrôle des taux de change et des mouvements de capitaux a permis au pays
de maintenir des taux d’intérêt relativement bas et d’éviter ainsi les mouvements spéculatifs.
La Malaisie a réussi à restructurer ses banques et ses entreprises à l’abri de toute contrainte.

b) La Chine

De même que la Malaisie, la Chine a atténué les effets de la crise en appliquant une
politique économique expansionniste aux antipodes des politiques d’austérité réclamées par le
FMI. La protection de son marché alliée à l’application de sa politique économique lui a
permis d’éviter un arrêt de sa croissance.

Les critiques à l’encontre du FMI et des institutions financières internationales se font


de plus en plus virulentes de la part des pays qui bénéficient de leurs aides. On leur reproche
principalement une approche trop économique des problèmes rencontrés par les pays en
développement, délaissant de fait les effets politico-sociaux de leurs méthodes et une
connivence trop prononcée avec les intérêts des grands groupes de la finance internationale. Il
faut donc nécessairement trouver des solutions pour réformer cette institution et lui redonner
une crédibilité aux yeux des pays qui demandent son aide.
V. Une absolue nécessité : reformer le système du FMI

A. Autres politiques possibles  

1. Politiques visant à éviter les récessions

D'autres orientations que celles du Consensus de Washington auraient été possibles.


L'exemple de la Chine a déjà été mentionné. Ce pays a connu le taux de croissance le plus
élevé de toutes les grandes économies du monde, au cours des 20 dernières années. Pendant
les années 90, ce taux a notamment progressé au taux moyen annuel de 10 %.

Les réformes chinoises ont commencé dans l'agriculture. Le succès de la privatisation, d'abord
partielle, a permis sa poursuite.

Pendant ce temps, dans nombre de secteurs de l'économie, la Chine a enclenché un processus


de "destruction créatrice". De plus, parmi les pays émergents, la Chine est devenue le plus
grand pays d'accueil des investissements directs étrangers.

Enfin, ce n'est qu'après avoir mis en place des institutions solides – destinées à jouer le rôle de
filets de sécurité – et instauré la concurrence par la création de nouvelles entreprises que le
pays a mis en œuvre une politique de privatisation, la création d'emplois ayant été parallèle à
la restructuration.

2. Politiques susceptibles de limiter les conséquences des récessions

D'autres stratégies défendues par nombre d'économistes, dont Stiglitz devraient, en cas de
récession, maintenir l'économie aussi près que possible du plein emploi. Objectif qui pourrait
être atteint par une politique budgétaire sinon expansionniste, tout au moins non restrictive.

L'application des deux types de mesures :

-              Le maintien des flux financiers, qui ne seraient rien d'autre que le type de mesures
d'inspiration Keynésienne ;

-              Le gel provisoire sur le remboursement des dettes existantes ;

-              un type de mesures nouveau, inspiré par le Code des faillites des Etats-Unis. Ce
dernier prévoit, sous la dénomination "Chapitre 11", la mise en œuvre, sous certaines
conditions, d'une clause "spéciale faillite", conçue pour permettre la restructuration
d'entreprises en difficulté. Il s'agirait d'une extension du "chapitre 11" à des situations plus
générales, donc plus graves.

Une réforme radicale du FMI et des organisations internationales est devenue une absolue
nécessité. En se rappelant que la cause première des échecs du FMI réside dans la
contradiction entre son objectif initial inspiré par Keynes et une dérive majeure, l'imbrication
étroite avec les intérêts de la finance internationale.

A la suite des échecs répétés des grandes opérations de renflouement des années 90, même les
dirigeants du FMI ont commencé à réfléchir à l'opportunité de modifier une telle ligne
politique.

Mais le FMI fait tout pour limiter les réformes… sauf celles qui pourraient lui donner
davantage de pouvoirs et de moyens.

B. La Reforme du système financier mondial 

 Revenir au mandat initial de l'institution

En cas de récession, fournir des fonds nécessaires au soutien de la demande globale, assurer la
stabilité du système monétaire international et favoriser le développement.

 Rompre avec l'ultralibéralisme

Reconnaître les dangers de la libéralisation des marchés des capitaux et admettre la nécessité
des interventions des Etats pour en limiter les conséquences négatives. Garantir aux pays en
développement le droit, de se protéger contre les mouvements de capitaux spéculatifs et leur
donner l'assistance technique nécessaire à cette fin.

 Rompre avec les privatisations

Elles ne sont pas inscrites dans des stratégies qui, lors de restructurations entraînant des
suppressions d'emplois, ne visent pas à créer des activités nouvelles. Reconnaître qu'une
politique inhumaine "qui raisonne en termes purement économiques, c'est de la mauvaise
politique".
 Intervenir de manière plus imaginative et efficace

 Recourir à la procédure de la faillite ("super chapitre 11") 

Le traitement de la crise de l'Argentine, en 2001 et 2002, en est encore très loin…Une fois de
plus, l'application pour le FMI de cette nouvelle procédure exigerait une dose de prudence qui
n'est pas toujours mentionnée.

 Si la constitution des Etats-Unis comporte un "Chapitre 11", elle inclut


également, dans le cas de faillites de municipalités, un "Chapitre 9". Ce
Chapitre 9 prévoit la prise en compte par l'Etat des besoins vitaux du
pouvoir public débiteur comme préalable à toute négociation. Tout pays
débiteur devrait légalement pouvoir refuser un programme d'ajustement
structurel rendant impossible le financement public des services sociaux de
base.

Parallèlement, il devrait être exclu que dans le cadre d'un moratoire, ainsi que des
négociations qui en seraient la suite, le FMI joue le rôle d'arbitre et soit à la fois juge et partie.

 Limiter le recours systématique aux opérations de renflouement

-              Reconnaître qu'elles ont trop souvent assuré à la communauté financière


internationale un meilleur remboursement que celui qu'elle aurait pu obtenir en leur absence,

-              Reconnaître qu'elles ont abouti à remplacer la dictature des élites locales par celle de
la finance mondiale.

 Renforcer le contrôle des banques au lieu de favoriser systématiquement les


dérégulations

 Supprimer les paradis fiscaux

Les pays développés s'accommodent sans difficultés de l'existence de paradis fiscaux quand
ils ne les créent pas… Appuyer – et non pas paralyser comme aujourd'hui – les efforts du
GAFI visant à la levée du secret bancaire et à la coopération entre Etats dans le domaine de
l'entraide judiciaire et de la lutte contre le blanchiment d'argent.

 Elargir les interdictions d'opérations spéculatives


 Substituer à la volonté de puissance et au fanatisme du marché un
partenariat entre le marché et les Etats

 Rompre avec le double-langage

Etrange discours, celui qui aboutit dans les faits à subventionner les exportations vers les pays
en développement et en même temps à dresser des barrières aux importations en provenance
de ces mêmes pays…

 Contribuer à garantir l'équilibre entre Nord et Sud, entre créanciers et débiteurs

 Au plan institutionnel, assurer aux pays du Sud une participation aux


instances de direction, un contrôle réel des populations locales et des
Parlements nationaux sur les politiques du FMI.

A cette fin, au sein du FMI comme au sein de la Banque Mondiale, la pondération des voix
des pays lors des votes "Abroger la règle "un dollar, une voix" en vigueur au FMI et à la
Banque Mondiale. S'inspirer de la pondération des voix au sein des Nations-Unies. Si "un
pays, une voix" paraît une option extrême, étudier d'autres modes de pondération fondés sur
plusieurs critères.

 Au plan des mentalités, rompre avec les pratiques encore néocolonialistes

Ne plus imposer aux pays en développement des solutions toutes faites – et stéréotypées. Leur
ouvrir, au contraire, la possibilité de choisir entre plusieurs scénarios possibles. A différentes
reprises, les Rapports annuels du FMI font allusion aux divergences entre l'Institution et les
Etats invités à suivre ses injonctions. A titre d'exemple :

-              "plusieurs administrateurs se sont demandé si, dans les pays touchés, les Autorités
[faisaient] preuve d'une détermination suffisante …",

-              "au Brésil, l'inquiétude a commencé à monter quant à la solidité du soutien populaire


au programme gouvernemental ".

Mais de là à engager une réflexion…

 Respecter dans les pays en développement les traditions et les valeurs


culturelles
 Annuler la dette

Certes le présent essai n'a pas abordé le problème de la dette, alors qu'il est étroitement lié à
tout ce qui concerne le FMI. S'il ne l'a pas fait, c'est avec le souci de limiter la réflexion à ce
qui est spécifiquement du domaine de l'action du FMI. A son tour, le problème de la dette
demanderait une étude qui lui soit spécifique.

 Mettre en place des arrangements régionaux

Suivant une proposition reprise par la CNUCED dans son Rapport 2001 sur le commerce et le
développement, la mise en place d'arrangements régionaux en tant que mécanisme de défense
collective contre les imperfections et l'instabilité systémiques suscite aujourd'hui un intérêt
croissant et les monnaies régionales sont de plus en plus considérées comme des options
viables par rapport à la dollarisation.

 Rattacher le FMI aux Nations Unies et par là-même appliquer la Déclaration


universelle des droits humains

Les Nations Unies dont les statuts éventuellement remaniés sont mieux à même d'assurer tant
à elles-mêmes qu'à leurs Agences. Elles contribueraient à assurer à la fois un contrôle
extérieur et le respect des droits fondamentaux (droits de l'homme, droits culturels …). Droits
qui sont supérieurs aux intérêts économiques et commerciaux

A sa création, le fonds monétaire international s’était fixé pour objectif le maintien


de la stabilité du système monétaire mondial. Il se devait aussi d’aider les différents du monde
à surmonter leurs crises économiques en étant un bailleur de fonds.
Malgré quelques rares succès, il se trouve qu’il est mis en cause par plusieurs
personnes, notamment certains économistes tels Joseph Stiglitz dans la gestion de ces crises.
Les bonnes intentions du début ont vite fait place à des intérêts moins louables : les
pays industrialisés s’en servant comme d’un instrument favorisant leurs finances et leurs
économies. En effet, les méthodes employées se sont révélées purement économiques et n’ont
pas systématiquement pris en compte l’aspect social des pays concernés, comme l’illustre le
cas de l’Argentine, où le FMI lança une grande campagne de privatisation qui entraîna la
faillite totale du pays et de sa population.

Mais avec la nomination d’un nouveau secrétaire général Dominique Strauss-Kahn,


elle amorce un nouveau virage comme il l’annonce lui-même avec ses propos :

Il faut en finir avec l’image d’une Banque mondiale ” bonne maman ” et d’un FMI
maniant le ” gros bâton ”

Le FMI doit avoir une vision plus vaste de sa mission, mais il faut aussi renforcer sa
légitimité. La représentation de chaque pays au sein du FMI doit refléter les évolutions
récentes de l’économie mondiale. les rapports de force géopolitiques ont changé.

Les pays émergents - la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud ou le Mexique -


veulent peser davantage. Ils ont raison !

Espérons qu’il réalise ses objectifs

BIBLIOGRAPHIE
Site Internet du FMI :

http://www.imf.org/external/fra/index.asp

http://www.imf.org/external/pubs/ft/aa/fre/aa01.htm

http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/glancef.htm

http://www.britannica.fr/

http://www.observateurocde.org/news/fullstory.php/aid/1255/60_ans_de_FMI_.html

http://www.dsk-imf.net

http://www.cato.org/pubs/journal/cj16n2-4.html

La grande désillusion, Joseph Stiglitz, Ed. Fayard, 2002

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