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Prothèses valvulaires cardiaques


A. Leguerrier, E. Flecher, O. Fouquet, B. Lelong

Après un bref rappel historique, les caractéristiques des principaux modèles de prothèse actuellement sur
le marché sont présentées. Les résultats cliniques sont ensuite rapportés, en insistant sur l’altération des
bioprothèses et les accidents thromboemboliques des prothèses mécaniques. Les critères de surveillance
et les grands principes du choix d’une valve sont abordés (recommandations). Nous n’envisageons ici
que les prothèses valvulaires (prothèses mécaniques ou bioprothèses), les substituts d’origine humaine
(homogreffes et autogreffes) étant traités dans un autre chapitre. Nous consacrons une place particulière
aux prothèses en cours de développement destinées à être mises en place par voie « percutanée ».
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Prothèses valvulaires ; Bioprothèses ; Prothèses valvulaires mécaniques ;


Remplacements valvulaires ; Complications de prothèses valvulaires ;
Recommandations en chirurgie valvulaire

Plan ■ Rappel historique


¶ Rappel historique 1
Les pionniers : la décennie 1960-1970 1
Les pionniers : la décennie 1960-1970
Évolution technologique des prothèses mécaniques 2 (Tableau 1)
Évolution des biomatériaux 2 Après des recherches menées dès 1946 pour traiter l’insuffi-
¶ Principaux substituts valvulaires 3 sance aortique, Hufnagel [1] réalise en 1952 la première implan-
Prothèses mécaniques 3 tation humaine d’une valve à bille en position hétérotopique,
Biomatériaux 7 dans l’aorte thoracique descendante, chez un patient atteint
d’insuffisance aortique.
¶ Biotechnologie – performances valvulaires hydraulique,
Le développement des techniques de circulation extracorpo-
hémodynamique, résistance des matériaux 13
relle permet le remplacement des valves cardiaques. Le premier
Hémodynamique valvulaire 13
remplacement valvulaire mitral est réalisé en mars 1960 par
Résistance des matériaux – durabilité 15
Braunwald (utilisation d’une valve en polyuréthane). Les
¶ Résultats à long terme des remplacements valvulaires 16 premiers succès cliniques surviennent au cours de la même
Méthodologie générale – « Guidelines » 16 année avec des prothèses mécaniques à bille, par Harken [2], à
Thrombose valvulaire et accidents emboliques 17 Boston (position aortique), et par Albert Starr [3] (position
Accidents hémorragiques 18 mitrale). La prothèse à bille de Starr-Edwards s’impose comme
Endocardites 18 prothèse de référence pendant les années 1960-1970.
Dysfonctions non structurelles (« non structural valve Parallèlement aux implantations de prothèses mécaniques se
dysfunction » [NSVD]) 18 développe l’utilisation des tissus biologiques. Dès 1962, Ross [4]
Détériorations structurelles (« structural valve deterioration » [SVD]) 19 développe en Angleterre l’utilisation d’homogreffes humaines
Réinterventions 20 fraîches, puis préservées. De façon quasiment simultanée
Morbimortalité à la valve 20 Barratt-Boyes [5] fait évoluer cette technologie en Nouvelle-
Zélande. Cependant, du fait des difficultés d’approvisionne-
¶ Choix des matériaux – tendances actuelles 21 ment, de nombreuses recherches sont effectuées afin d’utiliser
Critères de choix 21 divers types de tissus (fascia lata, dure-mère, péricarde). Des
Tendances actuelles 22 échecs rapides liés en grande partie aux traumatismes tissulaires
Recommandations 22 lors de la préparation des tissus biologiques font abandonner
¶ Évolutions actuelles : vers les valves dites « percutanées » 23 (temporairement pour le péricarde) ces substituts.
Rappel historique 23 Les travaux effectués par Carpentier sur les valves porcines
Prothèses actuellement disponibles 24 autorisent la première implantation d’une hétérogreffe en
Difficultés techniques 25 1965 par Binet et Carpentier [6]. Le développement se poursuit
Perspectives de développement 26 avec mise au point de nouvelles méthodes de conditionnement
des valves aortiques prélevées sur le porc : codification des
techniques de prélèvement et de stérilisation, utilisation de la
glutaraldéhyde (qui permet d’améliorer considérablement la
durabilité des biomatériaux traités initialement par le formaldé-
hyde), enfin conception d’un support prothétique aux tissus

Cardiologie 1
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Tableau 1.
Rappel historique.
Valves mécaniques Biomatériaux
Premières implantations humaines Prothèses mécaniques Homogreffes
1960 : prothèses à bille (Starr-Edwards) 1962 : homogreffes aortiques fraîches : Ross (Londres)
- position aortique : Harken (Boston) 1964 : homogreffes aortique fraîches : Barrat-Boyes (Nouvelle-
- position mitrale : Starr (Portland) Zélande)
Hétérogreffes porcines
1965 : Binet et Carpentier (Paris)

Évolutions technologiques : 1969 : prothèses à disque oscillant (Björk-Shiley) Bioprothèses


principales étapes 1977 : prothèses à double ailette (Saint Jude 1967 : mise au point (Carpentier)
Medical) - préparation tissulaire par glutaraldéhyde
- montage du tissu sur une armature
1971 : distribution industrielle des bioprothèses porcines
(Hancock®, puis Edwards, 1975)
1981 : distribution industrielle des bioprothèses péricardiques
(Edwards)

Figure 1. Évolution des prothèses mécaniques.


A. Valve à bille (Starr-Edwards 6120).
B. Valve à disque oscillant (Björk-Shiley modèle convexoconcave).
C. Valve à ailette (Saint Jude Medical).

permettant une implantation plus simple et reproductible [7]. notamment la prothèse de Lillehei-Kaster, la prothèse Medtronic
Ces hétérogreffes sont dès lors dénommées par leur concepteur, Hall ® toujours implantée, les prothèses Omniscience ® ou
Carpentier, « bioprothèses », et rapidement fabriquées par les Omnicarbon®.
laboratoires Hancock (1971) puis par les laboratoires Edwards Les valves à ailettes avaient en fait déjà été introduites dès
(1975). 1960 (Gott-Daggett, Kalke-Lillehei) mais abandonnées en raison
d’une conception des charnières fragile et thrombogène. La
Évolution technologique des prothèses deuxième génération, dont le modèle de référence reste la valve
SJM, a été développée de façon considérable par de nombreux
mécaniques laboratoires. Les valves diffèrent par le type de carbone pyroly-
La technologie des prothèses mécaniques évolue rapidement tique, l’angle d’ouverture des ailettes, le mécanisme et la
(Fig. 1). Si le concept de valve à bille reste prédominant dans situation des charnières, la forme des ailettes (plates ou incur-
les années 1960-1970, la catégorie des prothèses à axe pivo- vées). Enfin de nombreuses évolutions ont concerné l’anneau de
tant [8] est utilisée en clinique en 1969 (prothèse de Björk- suture de façon à optimiser l’hémodynamique des matériaux (cf.
Shiley). À la fin de la décennie suivante, apparaissent les infra) (Fig. 1).
premières valves à double ailette (valves Saint Jude Medical
[SJM], en 1977). Cette prothèse devient très vite la valve la plus Évolution des biomatériaux
utilisée dans le monde [9]. Le développement technologique de
ces valves (à disque ou à ailettes) intègre rapidement (dès 1968) Bioprothèse avec armature
l’utilisation du carbone pyrolytique [10] qui s’impose par ses
propriétés mécaniques et sa biocompatibilité. Bioprothèses porcines
Pour les premières valves à bille (Starr-Edwards) le modèle à Depuis les années 1970, de nombreux travaux ont été effec-
bille de Silastic® et à cage métallique (modèle 1 260 aortique et tués, notamment sous l’impulsion d’Alain Carpentier [11], pour
6 120 mitral, toujours utilisé) s’est enrichi de variantes : modèles faciliter l’approvisionnement, améliorer le conditionnement des
à bille métallique et à cage habillée (séries 6 300 puis 6 400) tissus, optimiser l’armature (ou stent), diminuer tous les
lesquels ont été abandonnés pour des problèmes d’altération ou traumatismes tissulaires (préparation à faible pression ou
de nuisance sonore. D’autres prothèses à bille sont nées parmi pression nulle) et utiliser des adjuvants permettant d’espérer
lesquelles la prothèse à double cage de Smeloff-Cutter. Des une réduction du phénomène de calcification des valves (agents
modèles à cage et à disque (Starr à disque, valve de Beall) ont tensioactifs, acides aminés oléiques alpha, etc.). Ainsi sont nées
été rapidement abandonnés pour cause de blocage et altération. des bioprothèses dites « de deuxième génération ».
Les premiers modèles de valve à disque pivotant de Björk-
Shiley [8] comportaient un disque oscillant en Delrin®, remplacé Bioprothèses péricardiques
par un disque (plat, puis convexoconcave) en carbone pyrolyti- Les modèles initiaux (Ionescu-Shiley et Hancock® péricardi-
que. D’autres modèles à disque ont été largement utilisés ques) ont été retirés du marché notamment pour déchirures

2 Cardiologie
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Figure 2. Évolution des biomatériaux.


A. Bioprothèse avec armature porcine (Carpentier-Edwards modèle Standard®).
B. Bioprothèse avec armature péricardique (Carpentier-Edwards Perimount®).
C. Bioprothèse sans armature (3F Therapeutics®).

tissulaires, ce qui a initialement discrédité le péricarde. En fait, Tableau 2.


il s’agirait de problèmes de montages sur le stent. La valve de Classification des prothèses mécaniques.
Carpentier péricardique peu usitée au départ n’a connu son
essor qu’avec retard, le tissu péricardique semblant avoir une Catégorie Références principales Profil/Flux
excellente durabilité. (date d’apparition)
Valve à bille Starr-Edwards® Haut profil
Valves sans armature
(1960) (1260/6120) Flux périphérique
En marge de ces bioprothèses montées sur armature, des
travaux ont été repris pour revenir au concept d’hétérogreffes Valve à disque oscillant Björk-Shiley Profil intermédiaire
sans armature. O’Brien [12] a accumulé une grande expérience (1969) Medtronic Hall® Flux axial
sur les hétérogreffes bovines, et Tyrone David [13] a réactivé
l’utilisation de ces valves stentless en clinique à la fin des années Valve à double ailette Saint Jude Medical, Bas profil
1980. Les grands laboratoires de prothèses valvulaires dévelop- Sorin Bicarbon™
pent leur modèle de bioprothèses sans armature et les équipes (1977) Advancing The Flux central
chirurgicales étudient des variantes techniques. Cependant, ces Standard™, ON-X®,
matériaux (qui autorisent une optimisation de l’hémodynami- Advantage®
que) restent d’implantation plus longue et plus difficile notam-
ment dans le cas des petits anneaux aortiques (ou des culots
aortiques calcifiés) soit essentiellement dans le créneau d’indi-
cation optimale de ces matériaux. • et une collerette de suture, qui permet de les solidariser à
Plus récemment au cours des trois dernières années, se sont l’anneau valvulaire.
développés des concepts de valves dites « à stent souple et à Tous ces paramètres peuvent être modifiés de façon à optimi-
suspension commissurale » dans le but d’obtenir une meilleure ser l’hémodynamique ou à privilégier la solidité d’implantation :
hémodynamique, tout en gardant la facilité d’implantation [14] • collerette de suture réduite afin d’implanter la valve la plus
(Fig. 2). large possible dans les petits anneaux ;
• collerette à l’opposé étoffée de façon à obtenir une implanta-
tion solide notamment sur les grands anneaux fragiles).
■ Principaux substituts valvulaires
De très nombreux modèles de substituts valvulaires ont été Classification
conçus et souvent modifiés : une grande majorité d’entre eux Les valves peuvent être décrites en fonction du système
– et bien souvent de nombreuses variantes – ont été retirés du d’occlusion définissant trois grands groupes de prothèses
marché car sources de complications : hémodynamique défec- mécaniques : à bille (et à cage), à disque oscillant et à ailettes,
tueuse, accidents thromboemboliques, ou surtout défaillances ces dernières étant actuellement et de très loin les plus usitées
structurelles. Actuellement, les réglementations ont largement (Tableau 2).
fixé les protocoles d’évaluation et d’agrémentation de tous les
nouveaux matériaux proposés (loi Huriet, marquage CE, homo- Prothèses à bille (« caged ball design »)
logation par la FDA [Food and Drug Administration]).
Elles représentent l’application d’un ancien concept breveté
Seuls les modèles actuellement disponibles et couramment
aux États-Unis en 1958 comme bouchon de bouteille. Le chef
implantés font l’objet d’une description détaillée. Globalement,
de file est la prothèse de Starr-Edwards. Un modèle à double
plus de 10 000 interventions de remplacements valvulaires sont
cage ouverte (Smeloff-Cutter) a été autrefois très usité. L’avan-
réalisées chaque année en France (plus de 60 000 aux États-
tage majeur est la simplicité du système, facile à réaliser, robuste
Unis) avec des choix qui se modifient notamment en raison du
et dépourvu d’impératifs d’orientation pour chaque position de
vieillissement global des populations concernées dans les pays
l’implantation.
industrialisés, en sachant cependant que les choix répondent
Les inconvénients sont le haut profil de la structure et le
aussi à des considérations « culturelles » (par exemple , les
caractère peu performant de l’hémodynamique : flux périphéri-
biomatériaux représentent 90 % des implantations au Brésil,
que autour de la bille, atteignant une vélocité importante avec
pour 10 % seulement au Japon).
turbulences importantes.
Le seul modèle (actuel) toujours commercialisé est le modèle
Prothèses mécaniques de Starr-Edwards à cage métallique en stellite et à bille de
Silastic®, référencé sous le n° 6120 pour la valve mitrale et
Caractéristiques générales 1260 pour la valve aortique (Fig. 3). Ces prothèses introduites
Les prothèses mécaniques comportent : dès 1966 restent implantées dans les pays dits en voie de
• un anneau rigide circulaire ; développement en raison de leur coût peu élevé. Si l’hémody-
• un système d’occlusion et d’ouverture dont le fonctionne- namique est médiocre surtout dans les petits diamètres et le
ment est basé sur les différences de pression observées au risque thromboembolique plus élevé que pour les valves à
cours de la révolution cardiaque ; disque ou à ailette [15], la durabilité reste excellente [16].

Cardiologie 3
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Figure 3. Prothèse de Starr-Edwards (modèle 6120 mitral®).

Figure 4. Prothèse Medtronic Hall®.


Toutes les autres variantes à cage et à disque (type valve de
Starr à disque ou valve de Beall), et toutes les variantes à cage
habillée (Starr 6320, 6400, etc.) ont été abandonnées pour Prothèse Omniscience® (Omnicarbon®). Dérivée du modèle
détérioration structurelle (blocage de disque, déchirures de Lillehei-Kaster, elle a été implantée à partir de 1978 et
d’habillage, etc.). modifiée en 1982. La variante dite Omnicarbon introduite en
1984 a globalement montré de bons résultats à la fois en termes
Prothèses à disque oscillant (« tilting disc design ») d’hémodynamique et de durabilité.
Leur avantage est un profil plus bas, et un flux central se Cette prothèse était incluse avec la valve SJM dans le proto-
répartissant de façon asymétrique dans les deux orifices cole AREVA (Multicenter randomized comparison of low-dose versus
d’ouverture. La performance hémodynamique dépend de deux standard-dose anticoagulation in patients with mechanical prosthetic
facteurs : le ratio entre les surfaces des deux orifices et le degré heart valves) [22] pour une étude de thrombo-
d’ouverture du disque (ou plutôt sa potentialité d’ouverture génicité.
maximale). En 2005, le laboratoire a décidé d’arrêter sa fabrication.
De nombreux travaux ont permis d’insister sur la nécessité Au total, si les prothèses à disque oscillant peuvent être
d’optimiser l’orientation de la prothèse par rapport à l’orifice considérées comme hémodynamiquement performantes et peu
d’implantation : grande ouverture du disque vers la paroi thrombogènes, elles sont supplantées par les prothèses à double
postérieure du ventricule en position mitrale et vers la sigmoïde ailette.
aortique non coronaire pour la position aortique [17].
Prothèses à double ailette (« bileaflet design »)
Prothèse de Björk-Shiley (Fig. 1B). Le modèle de base,
introduit en 1969, comportait un anneau de stellite avec un Les prothèses à double ailette sont destinées à optimiser les
disque en Delrin® maintenu par des arceaux soudés à l’anneau, performances hémodynamiques : le concept est ancien, puisque
avec une ouverture de disque à 60° [8]. les premiers modèles ont été conçus dans les années 1960 :
Plusieurs modifications successives ont été apportées : rem- valves de Gott-Daggett, Kalke-Lillehei et prototype de Starr. Le
placement du disque en Delrin® par un disque en carbone problème qui se posait était celui de la zone charnière des
pyrolytique (1972), d’abord plat puis convexoconcave (1976) ; ailettes, point critique affectant leur ouverture et fermeture, et
modification de l’angle d’ouverture du disque : 60° puis 70° surtout zone de contrainte et d’usure.
(1978) ; concept d’une valve Monostrut® (1982) avec partie Les prothèses à double ailette ont pu être introduites après
métallique de la prothèse réalisée dans une seule pièce et résolution du problème des charnières. Villafana eut l’idée de
ouverture pour toutes les valves à 70°. remplacer des charnières fixes par des charnières où les disques
Pour certains modèles (convexoconcaves), de nombreux cas devenaient mobiles sur un axe central. Depuis de nombreux
de fractures d’arceaux sont survenus. Le premier cas de rupture travaux ont enrichi le concept initial notamment sur les
d’arceau a été rapporté en 1981 mais il a fallu attendre systèmes de pivot qui sont de deux types (Fig. 5) :
1985 pour que cette complication soit parfaitement identi- • système à cavité : c’est le plus répandu (valve SJM, Carbome-
fiée [18] et 1986 pour que les modèles impliqués soient définiti- dics ® , Bicarbon ™ ) avec une zone charnière creusée dans
vement retirés du marché. Face à cette complication, des études l’anneau (cavité) en forme de papillon (butterfly hinge) ;
très rigoureuses ont été réalisées pour définir le risque de • système ouvert : valve ATS™ (Advancing The Standard™), avec
rupture selon les modèles implantés [19], problème majeur en un système en saillie (trois butées) construit en monobloc
raison de sa fréquence et de sa gravité [20]. Un remplacement avec arceaux, entre lesquels les ailettes s’articulent librement.
prophylactique a pu être recommandé à l’époque, pour les Globalement (Tableau 3), pour toutes ces prothèses à ailette,
modèles convexoconcaves, ouvrant à 70°, en cas de grand le flux est latéral (quasi laminaire) et se réparti soit principale-
diamètre (supérieur ou égal à 29 mm) et d’implantation chez le ment dans les deux ouvertures latérales (type valve SJM) soit de
sujet jeune. façon quasi égale dans les trois ouvertures ménagées entre les
Le laboratoire Pfizer a cédé au laboratoire Sorin les prothèses disques (type valve Bicarbon™).
de type Monostrut® : leur dénomination est successivement Lors de l’implantation des prothèses à double ailette une
devenue Sorin Monostrut®, Sorin Monocast®, Carbocast, Hall orientation particulière (Fig. 6) est recommandée pour obtenir
Carbon® : plus de 100 000 de ces prothèses ont été implantées une hémodynamique optimale [17, 22] : position perpendiculaire
dans le monde (hors États-Unis) sans détérioration structurelle au septum pour la position aortique ; position antianatomique
rapportée. pour la position mitrale ; la plupart des modèles actuels
Prothèse Medtronic Hall® (Fig. 4). Mise au point par Hall en autorisent une réorientation éventuelle après implantation
1974 (dénomination initiale Hall-Kaster), elle est implantée (rotation possible).
depuis 1977. L’anneau est en titane monobloc. Le disque plat Chaque modèle est disponible avec des variantes de collerette
est en carbone pyrolytique et perforé en son centre. Il flotte sur de suture, soit très étroites, autorisant l’utilisation d’un méca-
un axe métallique et ouvre à 75° (modèle aortique) et à 70° nisme de taille maximale (intérêt dans les petits anneaux
(modèle mitral). De nombreuses études ont été réalisées [17] pour aortiques notamment calcifiés du sujet âgé), soit collerettes
préciser l’orientation souhaitée des prothèses afin d’optimiser larges (intéressantes dans les cas d’anneaux fragile, notamment
l’hémodynamique qui est excellente pour cette prothèse (grande dans les insuffisances aortiques avec souvent valves de diamètre
ouverture en arrière vers le Valsalva non coronaire en position élevé).
aortique). Elle reste en pratique la seule prothèse à disque Prothèse de Saint Jude Medical (SJM). Implantée pour la
oscillant implanté actuellement [21]. première fois par Nicoloff en octobre 1977, elle a obtenu

4 Cardiologie
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a b c

d e
Figure 5. Schéma des systèmes de pivot disponibles pour les prothèses à double ailette. a. Saint Jude Medical (SJM) ; b. Carbomedics® ; c. Advancing The
Standard™ (ATS) ; d. Sorin Bicarbon™ ; e. Edwards Duromedics™.

Tableau 3.
Caractéristiques générales des principales prothèses à double ailette.
Saint Jude Medical Carbomedics® Sorin Bicarbon™ Advancing The Standard™
Anneau (composition) Graphite Carbone pyrolytique Carbone turbostatique Carbone pyrolytique
Carbone pyrolytique Titane Titane Graphite
Tungstène

Ailettes (ouverture) Plate (85°) Plate (78°) Incurvée (8°) Plate (85°)

Mécanisme (pilots) Cavité (avec protège-pivots) Cavité Cavité Ouvert

Collerette de suture Double velours (polyester tricoté) Biolite Starling (polyester + silicone) Dacron® (double velours)

Figure 7. Prothèse Saint Jude Medical. Modèle Regent®.

central plus large) ; version HP (hémodynamique plus)


apparue en 1991, puis modèle Regent® (introduit en 1998)
avec amélioration de la surface utile de façon importante
(Fig. 7). À l’opposé existe un modèle avec anneau de suture
élargi pour implantation sur tissus fragiles (version expended
Figure 6. Orientation recommandée pour l’implantation des valves à cuff) ;
ailettes. • rappelons une variante à collerette imprégnée d’argent
(Silzone®) initialement préconisée pour la réduction du risque
l’agrément FDA en 1983 et a servi de référence pour la plupart d’endocardite : étude Artificial Valve Endocarditis Reduction
des autres valves introduites par la suite [9]. Plus d’un million de Trial (AVERT) [23], comparant deux groupes de patients avec
prothèses ont été implantées. Plusieurs modifications successives collerette standard et Silzone® ; les valves Silzone® [24] ont été
ont été apportées au modèle initial (Fig. 1C) : retirées du marché en raison d’un risque de désinsertion plus
• modification du tissu de la collerette de suture (avec amélio- élevé (et d’un taux supérieur d’accidents thromboemboliques
ration de l’hémodynamique par utilisation d’un mécanisme sans que le seuil de significativité soit atteint) ;

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Figure 10. Prothèse Edwards Mira™.

Figure 8. Prothèse Carbomedics®.

Figure 9. Prothèse Sorin Bicarbon™.

Figure 11. Prothèse ATS™.


• quoiqu’il en soit le modèle SJM reste une référence historique
pour les prothèses à double ailette en raison de caractéristi-
ques qui restent remarquables : Prothèse Edwards Mira™ (Edwards Lifesciences) (Fig. 10).
C hémodynamique performante notamment dans les petits Introduite en 1997, son mécanisme était identique à celui de la
diamètres aortiques (version Regent®) ; prothèse Bicarbon®.
C faible thrombogénicité, référence dans l’étude AREVA [25] ; Elle en différait par la collerette de suture et est disponible en
C enfin excellente durabilité au terme d’un suivi clinique plusieurs versions (Standard® et Ultra-finess®). L’hémodynami-
particulièrement élevé [26, 27]. que est apparue comme excellente [32, 33]. Cependant, en 2007,
Prothèse Carbomedics® (Fig. 8). Introduite en 1986 elle a la société Edwards a interrompu sa commercialisation.
obtenu l’agrément FDA en 1994. Elle est actuellement distribuée Prothèse ATS™ (Fig. 11). Introduite en 1992, elle a été conçue
par le laboratoire Sorin. par les mêmes ingénieurs que ceux de la valve SJM (Villafana).
Globalement elle est voisine de la prothèse SJM avec là aussi Elle était censée apporter toutes les innovations intéressantes
des variantes notamment un modèle dit Top hat™, pour inser- d’où sa dénomination ATS™ en se référant à la prothèse SJM.
tion supra-annulaire aortique [28]. Chaque ailette ouvre à 85° (avec une amplitude de 60°).
Les résultats sont proches de ceux de la prothèse SJM [29] qui L’originalité principale réside dans la conception des zones de
semble cependant garder une supériorité en matière de risque pivot à type d’hémisphère lisse sans aucune zone de récessus,
thromboembolique pour la position mitrale [30]. autorisant un lavage optimisé. Ce concept de « pivot ouvert »
Prothèse Bicarbon™ (Sorin, Saluggia, Italy). La première est mis en exergue dans plusieurs publications insistant sur le
Bicarbon ™ fut implantée en 1980. Sa conception utilise la faible taux de complications thromboemboliques [34-36] condui-
technologie du carbone pyrolytique (Fig. 9). sant certaines équipes [37] à proposer un traitement anticoagu-
Les ailettes sont incurvées, concavité en dedans et s’ouvrent lant de plus faible intensité.
à 80°. Le mécanisme de la charnière est basé sur le principe du Là encore, la valve est disponible avec des collerettes
roulement non coulissant entre deux surfaces sphériques : l’une variables.
petite pour les pivots, l’autre plus large pour le fond des Prothèse ON-X® (Medical Carbon Research, Austin, États-
renforcements. Ce design permet de limiter les turbulences de Unis). Elle a été introduite en septembre 1996 (Fig. 12). À ce
sang le long des charnières. jour, plus de 30 000 prothèses ont été implantées dans le
En position fermée, la surface est complètement régulière. En monde.
position ouverte, la prothèse délimite trois zones de flux La structure est composée de carbone pyrolytique pur, sans
identiques. adjonction de particules de silicone, ce qui diminue l’épaisseur
Plusieurs versions de collerettes de suture sont disponibles des structures, les forces de cisaillement et les résistances. Cette
permettant une implantation en position supra-annulaire parfaite homogénéité structurelle devrait permettre de réduire
(modèles Slimline™ ), partiellement intra-annulaire (modèle les risques thromboemboliques.
Overline ™ ) ou en position intra-annulaire pour le modèle Les ailettes sont planes et s’ouvrent à 90°. L’orifice ventriculaire
Bicarbo Fitline (taille de 19 à 31 mm). est tronqué (ce qui permet de réduire les turbulences), la largeur
Les résultats cliniques font état de faibles complications de la valve est élevée (ce qui permet d’accélérer le flux au travers
thrombotiques et thromboemboliques et d’une bonne de cet orifice tronqué). La collerette permet une implantation
hémodynamique [31]. supra-annulaire (diamètres disponibles de 19 à 25 mm).

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Figure 12. Prothèse ON-X® (A, B).

Caractéristiques des principales bioprothèses avec armature


Elles sont résumées sur le Tableau 4.
Bioprothèse porcine de type Carpentier-Edwards Stan-
dard® (Fig. 2A). Bioprothèse de première génération, elle est
implantée depuis 1975 sous les références 2625 (aortique) et
6625 (mitrale) :
• la préparation permet « d’effacer » la cuspide musculaire du
porc (sigmoïde coronaire droite) ;
• l’armature (stent) est en Elgiloy® (alliage de cobalt et de
chrome), le stent est flexible ;
• l’anneau de suture est en silicone souple ;
• stent et anneau sont recouverts d’un tissu en polytétrafluoro-
éthylène (PTFE) tricoté.
Figure 13. Prothèse Medtronic Advantage®. Carpentier-Edwards Standard® est restée très utilisée notam-
ment aux États-Unis avant que la variante de deuxième généra-
tion n’ait obtenu l’agrément FDA [42-44].
Deux études récentes [38, 39], dont une étude multicentrique Bioprothèse porcine de Carpentier-Edwards Supra annu-
large, retrouvent des taux très faibles d’accidents thrombo- laire® (CE-SAV®) (Fig. 14). Bioprothèse de deuxième génération,
emboliques. elle est implantée depuis 1981 (références : aortique 2650 et
Prothèse Advantage® (Medtronic, Inc, Mineapolis, Mine- mitrale 6150), mais n’a obtenu l’agrément FDA qu’en 1996.
sota, États-Unis) (Fig. 13). Elle est implantée depuis 2000 en Elle comporte par rapport au modèle Standard® les évolutions
Europe et au Canada, toujours en attente d’agrément FDA. technologiques suivantes :
Elle possède un orifice interne plus large que pour les autres • fixation du tissu à basse pression (< 4 mmHg) ;
prothèses à double ailette : la vélocité du flux central est réduit. • diminution de 30 % de la hauteur des montants du stent
Elle possède deux ailettes plates (comme la valve de SJM) en (semi-flexible) ;
carbone pyrolytique avec adjonction de graphite.
• modification du dessin de l’anneau de suture : son caractère
Les pivots et charnières sont en forme de « papillon » asymé-
festonné autorise une implantation supra-annulaire, et une
trique, situés en dehors de l’anneau.
hémodynamique optimisée [45].
Les résultats préliminaires [40] font état de bonnes performan-
ces hémodynamiques, avec faible taux d’accidents thrombo- CE-SAV ® a subi quelques évolutions technologiques en
emboliques. 1986 et en 1987 en raison de déchirures commissurales en
position mitrale.
Biomatériaux De larges séries ont été publiées [44-46] avec un recul excédent
20 ans [47]. Ce modèle reste une référence.
Il faut distinguer les homogreffes, les autogreffes et les Bioprothèses de Hancock ® (Fig. 15). La bioprothèse de
hétérogreffes. Ce sont ces dernières qui sont de très loin les plus première génération implantée depuis 1971, a été modifiée avec
utilisées (99 % des remplacements valvulaires par biomatériaux) remplacement de la sigmoïde musculaire du porc selon une
avec deux variantes actuelles : les bioprothèses avec armature et forme composite (Hancock Modified Orifice® valve).
les bioprothèses sans armature [41]. Elle a ensuite été supplantée par le modèle de Hancock II®
(deuxième génération) introduit depuis 1982. Il associe :
Bioprothèses avec armature • l’effacement de la cuspide musculaire du porc ;
Caractéristiques générales • un stent bas profil en Delrin® ;
Elles représentent plus de 90 % des bioprothèses implantées. • une fixation tissulaire à basse pression ;
Elles sont globalement de deux types selon la nature du tissu • un traitement antiminéralisation par un agent de surface : le
utilisé : porcines ou péricardiques. sodium dodécylsulfate (T6).
Bioprothèses porcines. Les bioprothèses implantées sont des La durabilité est là aussi bien établie [48, 49].
valves de deuxième génération avec optimisation de tous les Bioprothèse Medtronic Mosaic® (Fig. 16). Introduite en
procédés de préparation et de traitement (traitement par 1994, elle fait suite à la bioprothèse Intact® (1987).
glutaraldéhyde), fixation du tissu à basse pression (ou à pression Elle présente les avantages des bioprothèses de dernière
nulle), armatures souples ou semi-flexibles, avec procédés génération [50] avec notamment :
adjuvants visant à limiter la calcification (cf. infra). • une fixation par le glutaraldéhyde à pression 0 ;
Bioprothèses péricardiques. Elles sont réalisées à partir du • une armature (stent), semi-rigide à bas profil, recouvert de
tissu péricardique du veau (quelques variantes actuellement avec polyester ;
un tissu équin en principe plus résistant). • un anneau de suture festonné pour fixation supra-annulaire ;

Cardiologie 7
11-013-A-30 ¶ Prothèses valvulaires cardiaques

Tableau 4.
Caractéristiques des principales bioprothèses avec armature.
Référence/Laboratoire Type Fixation Armature Anneau de suture Traitement
(date de la commercialisation) (tissu) anticalcification
Carpentier-Edwards Porcine Haute pression Elgiloy ® Intra-annulaire -
®
Standard (1975)

Carpentier-Edwards Supra Porcine Basse pression Elgiloy ® Supra-annulaire -


annulaire® (1981)

Hancock II ® Porcine Basse pression Delrin ® Supra-annulaire T6


Medtronic (1982)

Epic™ (Saint Jude Medical) Porcine Pression « minimale » Polymère Bas profil Éthanol (Linx)
(ex Biocor™) Intra- ou supra-annulaire

Medtronic Mosaic ® Porcine Pression 0 Delrin ® Intra- ou supra-annulaire AOA


Medtronic (1994)

Carpentier-Edwards Péricardique Basse pression Elgiloy ® Supra-annulaire -


®
Perimount (1981)

Carpentier-Edwards Péricardique Basse pression Elgiloy ® Supra-annulaire -


Perimount Magna® (2005)

Synergy ® (Mitroflow®) Sorin (1984) Péricardique Pression 0 Polyester (montage Intra- ou supra-annulaire -
extérieur du péricarde)
AOA : acides aminées oléique.

Figure 16. Bioprothèse Medtronic Mosaic®.


Figure 14. Bioprothèse de Carpentier-Edwards modèle SAV®.

Figure 17. Bioprothèse SJM Epic™.

covalentes) aux groupes d’aldéhydes libres qui seraient


impliqués dans le processus de calcification [51, 52].
Les études de durabilité semblent prometteuses [53, 54].
Bioprothèse Epic™ (Fig. 17). Distribuée par le laboratoire
Figure 15. Bioprothèse de Hancock®. SJM, cette valve est une valve variante de la valve Biocor™
fabriquée au Brésil et largement utilisée au cours des 20 derniè-
res années. La durabilité escomptée fait référence au modèle
Biocor™ [55].
• un traitement anti-minéralisation par les acides aminées Il s’agit d’une bioprothèse porcine dont la particularité par
oléiques (AOA)-alpha qui se lient par capsulage (liaisons rapport à la Biocor™ vient de l’adjonction d’un traitement

8 Cardiologie
Prothèses valvulaires cardiaques ¶ 11-013-A-30

Figure 18. Bioprothèse Carpentier-Edwards Perimount Magna® (A, B).


Figure 19. Bioprothèse Mitroflow®.

anticalcification. Ce processus (linx technology) consiste en un


pré-coating à l’éthanol du glutaraldéhyde permettant la réduc- La collerette de suture est réduite et étroite. La faiblesse
tion de la toxicité du glutaraldéhyde, et la destruction à 99 % d’encombrement du stent permet d’implanter Mitroflow® dans
du cholestérol et à 94 % des phospholipides (selon des études les petits anneaux tout en assurant une bonne hémodynami-
animales), le glutaraldéhyde, le calcium et les phospholipides que, ce qui lui attribue une place intéressante dans les culots
jouant un rôle important dans les processus de calcifications [56]. étroits et calcifiés du sujet âgé [65].
Il autorise en outre une réduction de l’apparition des lipides sur Cette valve semble avoir une bonne durabilité [66, 67].
des études in vitro. De nombreux autres modèles de bioprothèses pourraient
Le stent est flexible avec une ligne de suture épousant la encore être décrits. Certains ont été retirés du marché pour des
partie supérieure du stent ; la collerette de suture permet sa problèmes (avant tout) de détérioration prématurée, qu’il
fixation en position supra-annulaire. s’agisse de bioprothèses porcines (Angell-Shirley, Liotta, Vessex,
Bioprothèse de Carpentier-Edwards Perimount® (CE-P®) Xenomedica, X-Cell) ou péricardiques (Ionescu-Shiley, Vascor,
(Fig. 2B). Cette bioprothèse péricardique a été introduite en Bioflow, valve de Gabbay Monocusp).
clinique en 1981 et baptisée ultérieurement « Perimount ». D’autres ont une diffusion moins importante ou limitée
Elle associe une fixation à basse pression du péricarde de (Amérique du Sud notamment), comme les bioprothèses Labcor.
veau, un découpage des trois feuillets avec montage sans suture
apparente (elles sont à l’intérieur des montants métalliques), un
Bioprothèses sans armature (« stentless »)
stent flexible en Elgiloy® (comme la CE-SAV®). Destinées quasi exclusivement à l’orifice aortique, les biopro-
Les bons résultats en matière d’hémodynamique [57, 58] et thèses sans armature présentent l’avantage théorique d’une
surtout de durabilité [59-61] ont réhabilité l’utilisation du meilleure hémodynamique du fait de la suppression de
péricarde pour la confection des prothèses biologiques. l’encombrement par le stent, et du fait de la conservation de la
Bioprothèse de Carpentier-Edwards Perimount Magna® dynamique du culot aortique.
(Fig. 18). Cette variante de la bioprothèse Perimount® introduite Les techniques d’implantation relèvent de plusieurs procédés
en 2003 permet une très large optimisation de l’hémodynami- (Fig. 20) : la mise en place des bioprothèses stentless est,
que dans les petits anneaux aortiques. contrairement aux bioprothèses avec armature, « opérateur-
Elle est conçue pour un positionnement supra-annulaire vrai, dépendante », avec plusieurs variantes techniques largement
optimisé par un effacement total des structures sous-valvulaires. décrites [68-70].
Constituée elle aussi en péricarde de veau, elle associe :
• fixation à basse pression du péricarde dans le glutaraldéhyde ; Techniques d’implantation
• découpage des trois feuillets assujettis au stent sans que la Technique sous-coronaire (freehand). Technique de base
ligne de suture n’apparaisse, permettant de réduire les dérivée de la technique d’implantation décrite pour les « homo-
évènements thromboemboliques ; greffes libres », elle consiste à suturer la bioprothèses par deux
• stent flexible en Elgiloy® (alliage de cobalt et de chrome) ; lignes de suture : ligne inférieure située au niveau du plan de
• collerette de suture plus petite que celle de la Perimount® l’anneau aortique, ligne supérieure située dans les sinus de
permettant un positionnement supra-annulaire, une aug- Valsalva, circonscrivant les orifices coronariens.
mentation de la surface effective, un moindre encombrement Les difficultés potentielles sont liées au choix du bon diamè-
dans les petits anneaux et une meilleure performance tre valvulaire (toute distorsion ou imperfection pouvant être à
hémodynamique. l’origine de fuites valvulaires), à la nécessité d’une bonne
Certains auteurs considèrent les performances hémodynami- adéquation des diamètres aortiques et sinotubulaire (le culot
ques semblables à celles des valves sans armature [62]. Plusieurs aortique devenant le support de la bioprothèse), enfin aux
études comparatives récentes lui donnent l’avantage hémodyna- difficultés des sutures en cas de bicuspidie et surtout de culots
mique par rapport aux bioprothèses stentées de références [63, 64]. aortiques calcifiés (sujet âgés) et/ou de petit diamètre, circons-
Elle n’est implantée en France que depuis 2005. Une variante, tances où l’intérêt hémodynamique serait cependant le plus
avec stent de moindre hauteur est disponible depuis 2008 évident.
(Magna® « ease »). Technique du remplacement associé du culot aortique
Bioprothèse Mitroflow ® (Sorin group Inc, Mitroflow ® (root replacement). Cette technique peut être appliquée lorsque
division, Vancouver, Canada) (Fig. 19). Distribuée par le la technique précédente est impossible ou aléatoire. Il s’agit
laboratoire Sorin elle a été introduite en 1982. Elle est consti- alors du remplacement en bloc de la valve aortique et de la
tuée d’une seule pièce du péricarde. Le modèle initial (modèle partie initiale de l’aorte ascendante, avec réimplantation des
11) a été modifié en 1991 avec inversion du tissu de Dacron® artères coronaires.
de couverture (modèle 12). L’inconvénient majeur est donc de transformer la chirurgie
Elle est constituée d’une pièce unique de péricarde bovin d’une seule valve, en une chirurgie de la valve, de l’aorte
traité par glutaraldéhyde à basse pression. La pièce de péricarde ascendante et des ostias coronariens.
est montée sur l’extérieur d’un stent en Delrin ® , support Technique d’inclusion (root inclusion). Cette variante
flexible, recouvert de Dacron® et délimite les trois feuillets, le préconisée par Huysmans n’a été que peu utilisée : elle consiste
péricarde étant suturé le long de l’armature. Cette disposition à suturer la valve et la partie adjacente de l’aorte porcine à
assure une ouverture orificielle optimisée. l’intérieur du culot aortique du patient.

Cardiologie 9
11-013-A-30 ¶ Prothèses valvulaires cardiaques

Figure 20. Techniques d’implantation des bioprothèses sans armature.


A. Sous-coronaire (freehand).
B. Remplacement du culot aortique (root).
C. Inclusion (non usité).

Tableau 5.
Caractéristiques des principales bioprothèses sans armature.
Type (firme) Type/tissu Date d’introduction Fixation tissulaire Support de suture Traitement anticalcification
® ® ® ®
Prima I , II , + Porcine 1992 Basse pression Pièce de Dacron Polysorbate 80
(Edwards)

Freestyle® Porcine 1992 Pression 0 Renforcement polyester AOA


(Medtronic)

Bravo® Porcine 1991 Basse pression - -


(Cryolife)

Toronto® Porcine 1988 Basse pression Lame externe de Dacron® -


(Saint Jude Medical)

Solo® Péricardique 2004 Basse pression - 0


(Sorin)
AOA : acides aminées oléiques.

Deux inconvénients sont majeurs : l’encombrement dans la Cette valve ne comporte pas de sigmoïde musculaire, ni
voie d’éjection aortique (avec perte immédiate des avantages aucun tissu de renforcement.
hémodynamiques potentiels) et le risque d’altération à distance, Son insertion ne nécessite qu’une seule ligne de suture. Elle
à la fois du tissu valvulaire et du tissu aortique. est essentiellement implantée par deux équipes : Hvass,
Les bioprothèses sans armature actuellement disponibles sont Paris [71], O’Brien, Brisbane [12].
presque toutes des hétérogreffes porcines (hormis la valve Sorin Toronto SPV ® (Fig. 22). Développée sous l’impulsion de
Solo ® ), traitées par le glutaraldéhyde. Le conditionnement Tirone David [68], elle est fabriquée et distribuée par le labora-
tissulaire est comparable à celui des bioprothèses avec armature. toire SJM. Toute la surface externe de la valve est recouverte par
Les évaluations à long terme restent nécessaires pour ces une fine lame de Dacron ® de renforcement. Une variante
matériaux qui – s’ils peuvent ressembler à des homogreffes « culot aortique » est disponible.
– n’en restent pas moins des hétérogreffes avec les mêmes aléas L’intérêt hémodynamique de ces valves a été démontré [72].
de durabilité, etc. en ajoutant des difficultés chirurgicales Bioprothèse Edwards Prima® (Fig. 23). Développée par le
potentielles à ces réinterventions (calcifications du tissu laboratoire Edwards, elle reste disponible dans sa version 2
valvulaire, mais aussi du tissu aortique adjoint, etc.). (Prima plus®). Elle autorise plusieurs options d’implantation [69].
Une pièce de Dacron ® renforce le sinus coronarien droit
Caractéristiques des principaux modèles de bioprothèses sans
(correspondant à la cuspide musculaire de la valve porcine).
armature (Tableau 5)
Bioprothèse Freestyle® (Medtronic) (Fig. 24). Développée par
Stentless bravo 3000® (Fig. 21). Dessinée par O’Brien, elle est le laboratoire Medtronic, elle est conditionnée comme la
distribuée par le laboratoire Cryolife. Il s’agit d’une valve précédente, la présentation autorisant plusieurs techniques
porcine composite construite à partir de trois sigmoïdes non d’implantation [71]. L’intérêt hémodynamique a là aussi été
coronaires, fixées au glutaraldéhyde à pression 0. étudié [73], notamment dans les conditions d’exercice [74].

10 Cardiologie
Prothèses valvulaires cardiaques ¶ 11-013-A-30

Figure 21. Stentless Bravo®.

Figure 22. Toronto SPV®.

Elle est fixée par le glutaraldéhyde à pression 0 et bénéficie


du traitement anticalcification par les AAO-alpha, comme les
bioprothèses avec armature du même laboratoire (Medtronic
Mosaïc). Là aussi une pièce de Dacron® renforce la sigmoïde
musculaire de la valve porcine.
Bioprothèse Sorin Solo® (Fig. 25). Développée par le labora-
toire Sorin, elle est constituée par du tissu péricardique de veau.
Son implantation ne nécessite qu’une seule ligne de suture.
L’hémodynamique semble excellente [75].

Figure 23. Edwards Prima® (avec illustration des trois découpes possi-

“ À retenir bles) (A à C).

Les valves stentless n’ont pas en 15 ans réussi à supplanter


les valves stentées. Les techniques d’implantation ne sont
pas standardisées [69, 70], elles ne représentent pas une Bioprothèses sans armature de nouvelle génération dites
classe homogène [72]. « à stent souple et/ou à suspension commissurale »
Les évolutions actuelles se focalisent sur la confection de Elles sont développées dans le but d’allier l’amélioration
valves à stents souples ou de valves sans stent plus faciles à hémodynamique obtenue par les valves sans stent, tout en
implanter de façon fiable et reproductible (valves « à conservant une grande facilité d’implantation.
suspension commissurale »). Trois modèles font actuellement l’objet d’études d’évaluation
(évaluation FDA en cours de réalisation) :

Cardiologie 11
11-013-A-30 ¶ Prothèses valvulaires cardiaques

• trois feuillets équivalents de péricarde équin (traités par


glutaraldéhyde à basse pression), fixés par trois lignes de
suture formant une structure tubulaire ;
• trois pastilles placées à l’extrémité supéroexterne des lignes
des sutures permettant leur fixation à la pointe des triangles
intercommissuraux au niveau de la jonction sinotubulaire.
Les résultats des différentes études cliniques montrent une
bonne hémodynamique avec des gradients moyens transvalvu-
laires et une surface effective satisfaisante [76-78].
Des variantes de cette valve sont en cours d’étude (3F
Enable ™ , conçue pour une implantation sans suture dans
l’aorte).

Autres substituts valvulaires biologiques


(en dehors de prothèses)
Ils sortent du cadre de cet article. Cependant, ces biomaté-
riaux doivent être intégrés dans les critères de choix d’un
Figure 24. Medtronic Freestyle®. matériau de substitut valvulaire (cf. infra).
Homogreffes
Les homogreffes valvulaires ont été utilisées successivement
par Donald Ross dès 1962 [4], B. Barrat-Boyes en 1964 [5] puis
Angell [79] , et O’Brien [80] . Les qualités théoriques sont les
suivantes [81] : valve humaine dont le fonctionnement est en
théorie hémodynamiquement parfait. En fait, leur utilisation est
restée limitée par la difficulté d’obtention de ces homogreffes
(prélèvement humain). Seules certaines équipes, notamment
celle de O’Brien [82] ont largement développé l’utilisation des
homogreffes (cryopréservées).
L’utilisation est largement limitée par les possibilités de
prélèvement. Les prélèvements sur le cadavre sont interdits en
France. La seule source d’homogreffe est donc liée à la trans-
plantation cardiaque. Les cœurs non retenus pour la transplan-
tation peuvent être prélevés pour l’utilisation des valves. Les
cœurs explantés lors de la transplantation peuvent eux aussi
être utilisés au strict point de vue valvulaire (le transplanté
Figure 25. Sorin Solo®. devenant donneur lui-même).
Le traitement doit être effectué dans des banques de tissus :
analyse des valves, détection de toutes les anomalies (zones
d’athérome, fenestration), consignation de toutes les données
morphologiques, puis de stérilisation et conservation [83]
(cryopréservation par l’azote liquide).
Leur utilisation est en pratique limitée à l’orifice aortique. Les
alternatives sont les mêmes que pour les hétérogreffes stentless :
soit remplacement de l’ensemble du culot aortique (full root),
soit implantation sous-coronaire (freehand). Les tissus de
l’homogreffe sont plus souples que les tissus des hétérogreffes
stentless, ce qui facilite l’implantation et ce d’autant que
l’homogreffe peut se trouver inversée dans la voie d’éjection
ventriculaire gauche pour confection de la suture sur l’anneau
aortique [79-81].
Si les homogreffes peuvent aussi être utilisées pour les
remplacements mitraux et/ou tricuspidiens, ces techniques ne
sont pas codifiées, les séries sont extrêmement limitées et les
résultats aléatoires.
Leur durabilité considérée initialement comme potentielle-
ment excellente même chez le sujet jeune [79, 82] est en fait assez
voisine de celle des hétérogreffes actuelles [84]. Leur indication,
hormis pour quelques équipes [85], reste très marginale, avec une
Figure 26. Valve de Shelheigh®. option préférentielle pour les cas d’endocardites avec destruc-
tion des structures de voisinage.
Autogreffes : l’intervention de Ross (Fig. 27)
• la valve Stentless Shelheigh® (Fig. 26) comporte une armature
souple ; elle est en composite (porcine et péricardique) ; un En 1967, Donald Ross [86] réalisa pour la première fois une
tube valvulé est disponible ; autotransplantation de la valve pulmonaire en position aorti-
• la valve 3F Therapeutics® (Lake Forest, CA) : il s’agit d’une que. La base théorique retenue était un pari : durabilité escomp-
valve en péricarde équin, dont l’anneau du suture est parti- tée meilleure pour une valve autologue et totalement viable.
culièrement réduit, et dont les commissures supérieures Cette technique ne s’est développée qu’après 1980, sous
doivent être fixées séparément sur le culot aortique (Fig. 2C). l’impulsion de Elkins [87] et de Kouchoukos [81] aux États-Unis,
L’implantation en clinique a débuté en octobre 2001, l’agré- puis dans d’autres centres européens en raison des résultats
ment FDA est en cours d’obtention. satisfaisants rapportés par Donald Ross avec plus de 20 ans de
La technologie de la 3F® associe : recul [88].

12 Cardiologie
Prothèses valvulaires cardiaques ¶ 11-013-A-30

Figure 28. Principales caractéristiques des flux des prothèses mécani-


ques (d’après [90]).

Parmi les travaux, ceux de Yoganathan [90] et la synthèse


Figure 27. Principe de l’opération de Ross. rapportée par Bodnar [91] concernent le profil de vitesse
(Fig. 28) :
• le flux transvalvulaire s’est amélioré avec l’évolution des
La chirurgie est beaucoup plus complexe qu’un simple matériaux, le flux au travers d’une valve de Starr (dont la bille
remplacement valvulaire. Il est nécessaire de prélever l’auto- est centrale) se répartit symétriquement tout à l’entour de la
greffe pulmonaire, d’implanter l’autogreffe pulmonaire sur la bille, atteignant une vitesse élevée (flux turbulent et forces de
voie aortique en culot (avec réimplantation des coronaires) et cisaillement élevées) ;
ensuite de reconstruire la voie pulmonaire le plus souvent par • pour les prothèses à disque, le flux est divisé en deux jets de
une homogreffe (parfois par une bioprothèse, sans armature). haute vitesse correspondant aux deux orifices. La vitesse la
La technique a été développée essentiellement chez l’enfant plus élevée est observée à travers l’orifice le plus large. La
(le grand intérêt est d’autoriser une croissance du culot aortique zone séparant les deux jets est le siège d’une stagnation
mis en place), ou comme alternative chez l’adulte jeune dans (réduite pour la valve Medtronic Hall®) ;
certaines équipes, et pour des indications bien ciblées [89]. • pour les valves à ailettes, le flux se répartit en trois chenaux,
correspondant aux trois orifices : le flux dans le chenal
■ Biotechnologie – performances central est plus élevé sur les prothèses Sorin que pour la
prothèse SJM.
valvulaires hydraulique, Parmi les travaux portant sur des comparaisons de prothèses
mécaniques, citons :
hémodynamique, résistance • l’étude de Fisher [92] effectuée in vitro comparant six valves à
des matériaux double ailette : elle attire l’attention sur le fait que les
diamètres externes mesurés variaient considérablement pour
Les qualités requises pour tout matériau de substitut valvu- une taille 19 annoncée (de 19,8 à 21,8 mm) ;
laire sont la performance hémodynamique, la faible thrombo- • le travail de Bottio [93] comparant cinq modèles de prothèse
génicité, la durabilité du matériau et le faible risque de greffe à double ailette qui peuvent être réellement implantées dans
bactérienne. un diamètre utile de 21 mm : cette étude a été menée pour
Si les études in vivo (et un long suivi) permettent seules de des chiffres de débits cardiaques de 2, 3, 5 et 7 litres/mm ; les
répondre aux dernières qualités énumérées, la performance de la prothèses SJM Regent® et Bicarbon™ (modèle Slimline™) ont
valve peut être évaluée in vitro, puis bien sûr in vivo (immé- montré des performances supérieures aux trois autres valves
diatement après implantation), par les diverses méthodes testées (ATS™, Carbomedics®, et ON-X®).
d’échodoppler (au repos, ou à l’effort). Pour les bioprothèses :
• les gradients observés étaient très élevés avec les premiers
Hémodynamique valvulaire modèles de bioprothèses porcines du fait de stents encom-
La dynamique du flux transvalvulaire doit être constante, brants et en raison de l’existence chez le porc d’une cuspide
laminaire, et ne pas provoquer l’altération des composants du musculaire (cuspide coronaire droite) s’ouvrant incomplète-
sang qui la traversent. Les facteurs qui affectent l’hémodynami- ment. Le remplacement de cette cuspide musculaire de la
que sont les résistances à l’écoulement (design de la valve), la valve de porc native par une cuspide non musculaire prélevée
rigidité des matériaux, et le rapport entre l’orifice de la valve et sur un autre orifice a permis de réaliser des valves composites
celui de l’anneau sur lequel elle est implantée. (Hancock MO®, Stentless Bravo®) ; des techniques « d’efface-
Tous les composants valvulaires interviennent dans ces ment » ont aussi été développées (CE-SAV®) ;
limitations : l’anneau de la valve, l’armature, le mécanisme • les gradients sont (à diamètre valvulaire égal) plus faibles
d’ouverture occlusion d’une prothèse mécanique, la collerette de pour les bioprothèses stentées péricardiques de dernière
suture. génération (Carpentier Périmount®) que pour les bioprothèses
porcines (Carpentier porcine, Hancock®, etc.) selon l’étude in
Méthodes d’étude in vitro vitro de Marquez [94](Tableau 6) ;
• les concepts actuels de bioprothèse ont permis de réaliser de
Sur bancs d’essai, elles se font sur des simulateurs à débit
nouveaux stents moins encombrants et plus souples. Les
variable, se référant aux définitions suivantes :
modèles actuellement proposés pour une implantation supra-
• surface anatomique de l’anneau du patient ;
annulaire permettent d’optimiser la surface de l’orifice :
• surface géométrique orificielle de la valve (d’après le diamètre
modèle Périmount Magna ® notamment [62] : c’est aussi
interne donné par les fabricants) ;
l’objectif des bioprothèses sans armature.
• gradients : calculés au Doppler à partir de vitesses de jet au
niveau de la valve (gradient maximal) ou de la courbe
spectrale des vitesses (gradient moyen) ;
Méthodes d’étude in vivo
• surface orificielle effective (effective orifice area), mesurée par Les études in vivo sont prépondérantes dans l’évaluation de
l’équation de continuité à partir des gradients, en éliminant ces matériaux en raison notamment du rôle joué par la dyna-
la part du débit. mique du culot aortique [79-81].

Cardiologie 13
11-013-A-30 ¶ Prothèses valvulaires cardiaques

Tableau 6.
Performance des prothèses in vitro selon Marquez [94].

Modèle Diamètre valvulaire (mm)


19 21 23 25 27 29
Biocor™ (porcine) 1,19 1,57
Hancock II® (porcine) 1,20 1,25 1,49 1,52 1,83
Medtronic Mosaic® (porcine) 1,02 1,13 1,56 1,50 1,97 2,22
Carpentier-Edwards Supra annulaire® (porcine) 1,06 1,40 1,46 1,52 1,88 2,18
Mitroflow® (péricardique) 1,18 - - 1,94 - -
Carpentier-Edwards Perimount® (péricardique) 1,22 1,82 1,96 2,12 2,38 2,66

Tableau 7.
Performance des prothèses in vivo (valves porcines et péricardiques).
Modèle Références Diamètre valvulaire (mm)
19 21 23 25
Medtronic Mosaic® (porcine) Eichinger [101] 1,20 1,30 1,50 1,80
Corbibneau [50] NA 1,52 1,53 1,66
Seitelberg [96] NA 1,40 1,70 1,80
® [102]
Carpentier-Edwards Perimount (péricardique) Frater 1,30 1,50 1,60 1,80
Aupart [57] 1,08 1,30 1,40 1,50
Seitelberg [96] 1,30 1,40 1,70 1,80
Eichinger [101] - 1,44 1,94 -
Surface aortique effective en cm2 ; NA : non applicable.

Les performances valvulaires sont appréciées par l’échocar- Tableau 8.


diographie, l’échodoppler avec plus récemment le développe- Bioprothèse stentless Freestyle®.
ment d’échodoppler à l’effort. Des travaux très importants ont
été effectués par Pibarot et Dumesnil [95]. Diamètre valvulaire Kappeten [97] Akar 424 bioprothèses
Globalement, le problème des gradients à travers les prothèses (mm) (Étude coopérative stentless (Freestyle® 221)
se pose avant tout pour les petits diamètres, et plus pour les 280 RVA)
biomatériaux avec armature (valve stentée) que pour les 19 - 13,8 ± 3,1 [15]
prothèses mécaniques ou les valves sans stent. De plus, tous les 21 7,7 ± 4.3 11,2 ± 3,3 [51]
auteurs insistent sur les difficultés de comparaison [96, 97] entre 23 5,9 ± 3,7 10,2 ± 4,3 [64]
les diverses prothèses. Si l’on s’en tient aux seuls diamètres [59]
25 4,3 ± 2,6 8,7 ± 2,7
externes donnés pour référence par les laboratoires fournisseurs,
27 5,3 ± 3,6 13,8 ± 3,1 [15]
il faudrait se baser sur le diamètre interne réel, anatomique,
mesuré sur le patient, en sachant que beaucoup d’utilisateurs Gradients transvalvulaires en Hg ; RVA : remplacement valvulaire aortique.
ont développé le concept de positionnement supra-annulaire, et
l’argument de facilité du surdimensionnement pour les biopro- sténose des prothèses implantées. L’index de perméabilité
thèses sans stent. L’interprétation des chiffres doit donc se fonctionnel (IPf) est le rapport entre la surface effective de
passer sur des référentiels comparables [97, 98], et non pas sur la l’orifice (effective orifice area [EOA]) et la surface anatomique de
taille nominale référencée pour la prothèse comme dans le l’orifice (anatomic orifice area [AOA]), sachant que l’AOA est le
travail de Bottio [93]. fruit du simple calcul p(D/2)2, ou D est le diamètre de la valve.
L’étude clinique randomisée de Fioré [99] comparant des Ce rapport de deux surfaces facile à mesurer, est indépendant
valves à double ailette (SJM Standard®) et des valves à mono- des conditions de charge et de débit du ventricule gauche. Un
disque (Medtronic Hall ® ) de petit diamètre (19 à 21 mm) IP inférieur à 30 % correspond à une surface inférieure à 1 cm2.
montrait que les valves à disque pivotant pouvaient apporter
des résultats hémodynamiques et cliniques comparables tant au Problème des petits anneaux aortiques
repos qu’à l’effort (échocardiographie de stress). Le patient prostheticmismatch (PPM) est un concept de Rahim-
Pour les bioprothèses avec stents de dernière génération toola [104] défini en 1978 par l’implantation d’une prothèse trop
comme l’avait souligné Mc Donald [100], les résultats semblent petite par rapport à la taille du patient avec pour conséquence
assez voisins pour tous les modèles des catégories porcine ou la persistance de gradients anormalement élevés en
péricardique (Tableau 7). Actuellement, une évolution significa- postopératoire.
tive est notée avec la mise au point de stents moins encom- Cette disproportion patient-prothèse (DPP) relève de deux
brants [62]. L’hémodynamique est meilleure [97] pour les types de facteurs. Les facteurs inhérents au patient avec anneau
bioprothèses sans stent (Tableau 8), et leurs variantes de valvulaire plus petit que la normale, notamment en raison de
dernière génération [74-76]. processus pathologique sous-jacent (rigidité du culot, coulée
Ces résultats sont cependant à replacer dans leur contexte. calcaire), et de l’encombrement par la structure prothétique. À
Globalement pour évaluer les valves, il convient de mesurer le la suite des travaux de Rahimtoola [104], Pibarot [96] et Dumes-
diamètre aortique réel du malade qui sert de référence (bougie nil [105], la DPP a été définie en trois catégories en fonction de
de Hegar, etc.), les performances valvulaires au repos mais aussi la surface effective indexée de l’orifice aortique IEOA (index
à l’effort, en tenant compte de toutes les caractéristiques du effective orifice area), exprimée en cm2/m2 de surface corporelle.
matériau implanté (référence exacte, type de collerette), et des Ainsi, au repos la DPP est dite sévère si la surface effective
techniques chirurgicales mises en place, les résultats étant loin indexée est inférieure à 0,65 cm2/m2, modérée entre 0,65 et
d’être aussi démonstratifs en toute circonstance [98]. 0,85 cm2/m2, ou absente si la surface indexée est supérieure à
L’index de perméabilité (IP) est peut être une approche à 0,85 cm2/m2. Cette DPP est intéressante à considérer au repos
réhabiliter. Dès 1986, Otto [103] est le premier à utiliser l’IP pour mais aussi à l’effort, et a pu être étudiée en fonction du type de
estimer la sévérité des rétrécissements aortiques, puis le degré de prothèse mis en place [101].

14 Cardiologie
Prothèses valvulaires cardiaques ¶ 11-013-A-30

Figure 29. Encombrement valvulaire : aire géométrique et surface orificielle effective (d’après [95]). a : diamètre interne ; b : diamètre externe ; en orange :
EOA (effective orifice area) surfaces effectives.
A. Bioprothèse.
B. Valve mécanique.

Sur la Figure 29 sont bien représentés ces facteurs d’encom- fabrication, de manutention, de conditionnement ou de
brement valvulaire, avec différence entre l’aire valvulaire conception de certaines prothèses. Sur les valves actuelles, quel
géométrique et l’aire valvulaire effective, a priori plus impor- que soit le matériau (même le plus résistant comme le carbone
tante pour les bioprothèses avec armature que pour les prothè- pyrolytique), les charnières et les pivots des valves restent des
ses mécaniques. zones à risque. Dans l’histoire des valves, les principales
Les conséquences de ce PPM en clinique ont fait l’objet de détériorations structurelles ont été notées :
nombreuses publications récentes concernant la survie après • pour les valves à bille : maladie de la bille (celle-ci s’impré-
remplacement valvulaire : Blackstone [106], Pibarot [96], Botdzen- gnant de lipides et se fragilisant), déshabillage des cages
hardt [107], Blais et Dumesnil [108]. Il apparaît qu’en cas de PPM recouvertes de tissu : valves de Starr (séries 3000) et valves de
sévère, la mortalité périopératoire pourrait être significativement Braunwald-Cutter ;
accrue notamment chez les patients à mauvaise fonction • usure de disques pivotants ou oscillants en Delrin® (premier
ventriculaire gauche [109]. modèle de valve Björk-Shiley, valve de Beall, Starr à cage et à
disque), surtout rupture de zone de fragilité au niveau de
Résistance des matériaux – durabilité points de soudure, problème noté notamment avec la valve
de Björk-Shiley [20, 21] ;
De façon caricaturale, l’information véhiculée a souvent été • rupture d’ailettes de valve de bileaflet survenues pour le
réduite à présenter la bioprothèse comme ayant une durée de modèle Duromedics™, et pour seulement 10 cas rapportés
vie de 10 ans et à accorder à la valve mécanique l’éternité. La dans la littérature pour la prothèse SJM (aucun cas depuis
réalité est plus nuancée. 1991) ;
• problèmes de cavitation, et problèmes de cracks sur les valves
Durabilité des prothèses mécaniques en carbone pyrolytique, démontrés par Ritchie [110] et rappor-
Les matériaux intervenant dans la composition d’une valve tés au design de la valve.
possèdent des caractéristiques physiques différentes dont la Il n’en reste pas moins vrai que les prothèses mécaniques
complémentarité doit être recherchée. Des matériaux synthéti- actuelles ne posent en pratique plus de problème concernant la
ques (silicone, Téflon®, polyester) ont des performances remar- durabilité du biomatériau. Les dysfonctions de prothèses
quables pour des utilisations précises : notamment la collerette mécaniques observées actuellement sont le fait de problèmes
de suture. Les alliages et métaux légers (acier titane, titanium) thrombotiques ou liés à un développement de panus limitant le
sont très résistants à l’usure. jeu des mécanismes d’ouverture et d’occlusion (dysfonctions
Le carbone pyrolytique, utilisé pour la quasi-totalité des non structurelles). Rappelons aussi le problème lié à l’introduc-
valves actuellement, a une durée de vie estimée supérieure à tion d’argent dans les collerettes de suture (modèle SJM,
100 ans. Son taux d’usure clinique est infini, comparativement Silzone® [23, 24]).
aux méthodes de stress accéléré utilisées pour tester le matériau.
Son application aux valves est attribuée à Bokros [10] qui a Altération des bioprothèses
utilisé le brevet déposé par Carbomedics® pour la technologie Aléa majeur des bioprothèses, elle survient selon deux
du carbone pyrolytique, et ce pour plus de 12 millions de valves modalités différentes plus ou moins associées [7, 11] : la calcifica-
implantées à ce jour. tion tissulaire et la déchirure. Ce point est abordé dans la partie
Des détériorations « non liées directement aux matériaux » Résultat à long terme des remplacements valvulaires. Cependant, les
ont cependant été rapportées, compte tenu de défauts de études in vitro sur banc d’essai et les travaux expérimentaux

Cardiologie 15
11-013-A-30 ¶ Prothèses valvulaires cardiaques

doivent être résumés, ceux-ci s’attachant à réduire le stress à chiffrer notamment les risques majeurs : risques thromboem-
mécanique, à améliorer la fixation du tissu valvulaire et à boliques des prothèses mécaniques (et le risque associé hémor-
prévenir la calcification. ragique du traitement anticoagulant) et le problème des
détériorations structurelles des bioprothèses.
Stress mécanique
Des études sur banc d’essai ont permis d’expérimenter de
façon accélérée la survenue de détériorations liées aux contrain-
Méthodologie générale – « Guidelines »
tes mécaniques. La mise au point de stents flexibles (Elgiloy® Critères d’Edmunds [115, 116]
par exemple, pour la bioprothèse de Carpentier Edwards) ont
permis de réduire les contraintes notamment dans les zones Parmi les très nombreuses publications concernant les
commissurales et d’améliorer la dynamique du culot aortique. résultats à long terme des remplacements valvulaires, il apparaît
La flexibilité de l’armature diminuerait le choc en charge de fondamental de ne retenir que les publications qui se confor-
fermeture valvulaire (qui s’effectue en pression diastolique pour ment au Guidelines for reporting morbidity and mortality after
la position aortique, en pression systolique ventriculaire pour la cardiac valve operations. Les définitions et recommandations ont
position mitrale), le stent absorbant une partie de l’énergie de fait l’objet d’une première publication par Edmunds en
fermeture. 1988 [115], à la suite des travaux conjoints des deux principales
Pour toutes les bioprothèses avec armature, la zone de stress sociétés savantes américaines, l’American Association for
maximale est située très haut, à proximité des zones commissu- Thoracic and cardiovascular Surgery (AATS) et la STS, ainsi que
rales [41]. Les déchirures tissulaires sous-tendues par des ruptures la Société européenne de chirurgie cardiovasculaire (EACTS).
du tissu collagène surviennent principalement, dans cette zone. Ces critères ont été modifiés (mise à jour et clarification) et
Dans cette zone se fixe aussi de façon préférentielle le calcaire. publiés en 1996 par Edmunds [116] sous l’égide de ces trois
Le traumatisme du tissu valvulaire sur le tissu de recouvre- sociétés (AATS, STS, EACTS). Les différences concernent l’indi-
ment du bord de l’armature (en ouverture valvulaire) a aussi pu vidualisation des accidents de thrombose valvulaire (distincts
être responsable d’une altération prématurée du tissu des des accidents d’embolie) et des accidents hémorragiques, décrits
cuspides sur la surface de contact. La conception du montage par eux-mêmes (alors que dans les critères précédents il était fait
du tissu péricardique sur l’armature paraît très originale pour la état des accidents hémorragiques liés aux anticoagulants) : les
bioprothèse péricardique Périmount® (cf. supra), ce qui limite accidents hémorragiques sont donc imputés à la prothèse
les possibilités d’abrasion du tissu des cuspides le long du indépendamment des traitements anticoagulant ou antiagrégant
support métallique. prescrits. Soulignons dans ce cadre le côté pénalisant pour la
prothèse valvulaire de la comptabilisation de tous les accidents
Fixation du tissu valvulaire emboliques (dont le point de départ est souvent indépendant de
Il a été prouvé que les modifications de morphologie des la prothèse : oreillette gauche ectasique, plaque athéromateuse,
fibres de collagène constituées par la fixation sous pression des zone myocardique dyskinétique etc.). À l’inverse insistons sur la
valves pouvaient réduire la résistance à long terme des relative sous-évaluation des altérations structurelles, problème
bioprothèses. majeur des bioprothèses. Il serait nécessaire de disposer d’écho-
Pour la deuxième génération des bioprothèses, les techniques cardiographies qui devraient faire partie du bilan annuel de la
de fixation à basse pression se sont généralisées, avec mise au surveillance, faute de quoi certaines altérations peuvent être
point de méthodes de fixation à pression nulle [53] ce qui longtemps méconnues (notamment les évolutions sténosantes
permet de garder intacte la morphologie naturelle des feuillets, par calcification des cuspides).
comme en témoignent les études histologiques, la texture du
collagène restant identique à celle d’une valve aortique fraîche- Analyses : taux linéaires, courbes actuarielles
ment traitée. et « analyses réelles »
Processus de calcification Pour les événements étudiés, il est nécessaire de comparer les
Le mécanisme de la calcification apparaît chimique avec rôle taux linéaires, en sachant que la survenue des événements au
des aminoacides fixant le calcium (notamment acide cours du temps n’est pas toujours régulière : ainsi les accidents
gammacarboxyglutamique). thromboemboliques surviennent plus souvent dans la période
De nombreuses approches biochimiques ont été proposées d’installation du traitement anticoagulant (soit au cours des
afin de la prévenir : fixation covalente d’aminophosphate sur le premiers mois) ; à l’opposé les altérations des biomatériaux
glutaraldéhyde résiduel du tissu péricardique, utilisation d’un surviennent avec le temps et au bout de plusieurs années.
agent tensioactif (polysorbate [80] ) pour la bioprothèse de Les courbes de survenue dans le temps permettent une
Carpentier Edwards [11], utilisation d’un agent de surface (bleu évaluation des taux de sujets indemnes (de décès ou d’une
de toluidine pour la valve Intact®), et plus récemment utilisa- complication donnée) ; elles sont calculées selon la méthode de
tion des AOA-alpha qui se lient (liaison covalente par capsulage) Kaplan et Meïer, ou selon la méthode actuarielle bien codifiée
aux groupes d’aldéhydes [51, 52]. Enfin, certains processus sont depuis 1974 et largement exposée par Grunkemeïer et Starr dès
en cours de développement (pour exemple le no react associant 1977 [117].
glutaraldéhyde et héparine, utilisé pour la valve de Shelheigh®), Cette méthode actuarielle devient cependant discutable
et à valider par l’épreuve du temps. lorsqu’elle est appliquée à tous les événements non létaux
susceptibles de survenir dans le temps. Les mêmes auteurs
Grunkemeïer et Starr [118] ont fait remarquer dès 1994 que les
■ Résultats à long terme courbes de sujets indemnes d’un événement non létal, comme
l’altération d’une bioprothèse, surestiment le pourcentage des
des remplacements valvulaires valves qui vont réellement s’altérer car beaucoup de patients
Les résultats immédiats de la chirurgie valvulaire dépendent vont décéder avant la détérioration valvulaire. Le calcul actua-
des techniques utilisées [111], et surtout de l’indication [112] : riel (qui considère la valve) ne l’extrait pas du risque au cours
terrain, comorbidités, gestes associées au remplacement valvu- du temps alors même qu’elle est en réalité exclue par le décès
laire. Il ne sont donc pas envisagés ici ; le risque des remplace- (du patient).
ments valvulaires actuel étant bien établi par les grands registres Du point de vue du patient (estimation du risque réel de
de suivi, notamment le registre de la Society of Thoracic détérioration valvulaire), l’important est bien le risque de
Surgeon (STS) [113]. Les scores de risque préopératoires, très survenue avant le décès du patient (quelle qu’en soit la cause)
nombreux [112] se réfèrent le plus souvent à l’European System dénommé par Grunkemeïer « actual risk » [118].
for Cardiac Operative Risk Evaluation (Euroscore) [114], très utile Ainsi, dans les populations de sujets âgés (actuellement bons
pour chiffrer globalement le risque à l’étape préopératoire. candidats aux biomatériaux), les différences concernant les taux
Nous envisageons ici les problèmes de méthodologie générale actuariels et les taux « réels » peuvent apparaître importan-
visant à étudier les complications à long terme des prothèses, et tes [119]. De même, pour les accidents thromboemboliques, les

16 Cardiologie
Prothèses valvulaires cardiaques ¶ 11-013-A-30

Tableau 9.
Méta-analyse de Akins [30] sur cinq prothèses mécaniques en position aortique (Ao) ou mitrale (M).
Nombre de Dysfonction Thrombo- Thrombose Accidents Taux cumulés Endocardite Réopération
patients étudiés non embolisme valvulaire anticoagulants d’accidents
(année-patients structurelle hémorragiques et
de suivi) thromboemboliques
Ao M Ao M Ao M Ao M Ao M Ao M Ao M
Starr-Edwards 7 704 (37-479) 0,2 0,3 2,1 3,6 0,2 0,4 1,9 1,7 4,05 5,47 0,7 0,4 0,7 1
Medtronic Hall® 4 479 (18-004) 0,5 0,7 1,4 1,8 0,2 0,3 0,9 1,2 2,77 3,99 0,5 0,5 1,5 1,6
Saint-Jude- 9 514 (36-676) 0,4 0,6 2 2,5 0,2 0,2 2,2 1,7 4,28 4,16 0,4 0,4 0,4 0,6
Medical
Omniscience® 1 174 (2-612) 2,1 0,8 2,7 4,4 0,4 2,3 0,7 3,5 2,16 8,09 1,4 1,4 0,7 2,5
Carbomedics® 1 079 (2-656) 0,8 1,64 1,9 3,3 0 0,8 2,3 2,2 4,25 4,99 0,4 0,4 0,6 1,4

différences peuvent apparaître élevées comme l’ont établi Séries comparatives


Grunkemeïer et Starr en retraçant 35 ans de suivi des
prothèses [16]. De nombreuses études ont été menées pour comparer les
Il est ainsi très important de pouvoir comparer des éléments diverses prothèses ; citons notamment les travaux de Grunke-
comparables [119, 120] comme l’a souligné Blackstone dans meïer [15] et Akins [30]. Si le type de prothèse reste important, si
Comparing apples and oranges [121]. Une réanalyse du suivi par les la position de la valve a une importance majeure (risque
méthodes actuarielles et « réelles » à fait l’objet d’un deuxième thrombogène beaucoup plus important en position mitrale ou
éditorial par Bodnar et Blackstone [122] : An actual problem : tricuspide qu’en position aortique), de nombreux facteurs
another issue of apples and oranges. Les auteurs insistent sur la extraprothétiques jouent un rôle tout à fait déterminant : l’âge,
nécessité de ne pas mélanger les méthodes. Concernant les l’altération de la fraction d’éjection ventriculaire, l’existence
valves, ils préconisent que seules soient comparées les données d’une arythmie complète par fibrillation auriculaire, mais aussi
actuarielles. Ceci dit, l’important vis-à-vis de l’information du l’existence d’une coronaropathie associée, d’une pathologie
patient et du choix de la valve est bien le risque réel d’altéra- associée de l’aorte ascendante, etc. [22, 23, 124, 125].
tion, le calcul « réel » qui tient compte du cumul de deux Les taux de thromboses sont reportés séparément des acci-
événements en compétition (l’altération de la prothèse, et le dents thromboemboliques dans la version de 1996 des Guideli-
décès du patient quelle qu’en soit la cause). Le calcul « réel » nes [115], ce qui peut gêner les comparaisons avec les séries
doit être la référence lors du choix d’un matériau (mécanique antérieures (ils peuvent être additionnés pour établir des
ou biologique) chez un patient donné. comparaisons fiables). L’étude de Peterseim [126] rapporte des
taux d’accidents thromboemboliques de 0,7 % années-patients
Principaux résultats pour la bioprothèse de Carpentier-Edwards (non anticoagulée)
D’une façon générale, nous nous limitons aux résultats des et de 1 % pour la prothèse mécanique SJM (anticoagulée). Les
principales séries cliniques publiées au cours des dernières résultats sont un peu meilleurs que les résultats rapportés dans
années, en faisant référence à des publications parfois plus l’étude de Hammersmeïster [127, 128] où ils avoisinent 1,3 % pour
anciennes et ciblées [123], répondant aux critères précités, et la bioprothèse non anticoagulée ou la valve mécanique anticoa-
dont les taux de patients perdus de vue sont inférieurs à 5 % gulée. L’étude de Akins [30] analyse cinq valves mécaniques
(taux de sujets revus supérieur à 95 %). (Tableau 9). Elle objective des taux d’accidents thromboemboli-
ques de 2 % années-patient en position aortique et 2,5 %
années-patient en position mitrale pour la valve bileaflet prise
Thrombose valvulaire et accidents pour référence, la valve SJM ; le taux passe à 2,1 % années-
emboliques patient en position aortique et 3,6 % années-patient en position
mitrale pour la valve à bille (Starr-Edwards). Les taux retrouvés
Thrombose valvulaire : définition pour la valve à monodisque Medtronic Hall® sont meilleurs
Elle est définie par « tout thrombus se situant à proximité de dans cette méta-analyse avec 1,4 % années-patient en position
la valve (ou attachée à la valve), qui interfère avec le fonction- aortique et 1,8 % années-patient en position mitrale.
nement valvulaire (ou fait obstacle au flux) et qui n’est pas en
rapport avec une infection ». La thrombose est à l’origine d’une Qualité du traitement anticoagulant [129]
morbimortalité non négligeable et l’une des causes importantes C’est un point majeur dans le cadre de la prévention des
de réintervention sur les prothèses mécaniques. accidents thromboemboliques et hémorragiques. Horstkotte [124,
Globalement, pour les prothèses mécaniques, les taux classi- 125] a souligné que davantage que le taux absolu de l’intensité
ques de thrombose valvulaire sont estimés à 0,2 % années- de l’anticoagulation (international normalized ratio [INR]) c’est
patient en position aortique et 0,4 % années-patient en position sa stabilité dans le temps qui est fondamentale. Les niveaux
mitrale [30]. d’INR historiquement requis (INR compris entre 3 et 4,5) restent
Les bioprothèses présentent par rapport aux prothèses préconisés pour les modèles anciens (prothèses à bille), et
mécaniques l’avantage majeur d’une très faible thrombogénicité. lorsque existent des risques thromboemboliques importants liés
Elles ne nécessitent pas par elles-mêmes de traitement anticoa- au patient (arythmie complète par fibrillation auriculaire,
gulant au long cours, c’est là tout leur intérêt. La prescription dysfonction ventriculaire gauche, dilatation de l’oreillette
d’un traitement antiagrégant plaquettaire semble gauche, surface endocardique cruentée et notions d’accidents
justifiée [124-127]. thromboemboliques antérieurs).
En revanche, l’étude AREVA [25] menée par Jean Acar (pros-
Accidents emboliques pective multicentrique avec contrôles scanographiques céré-
Qu’ils soient périphériques ou centraux, ils sont la consé- braux) a bien montré que pour les remplacements valvulaires
quence de thrombus (intervenant en dehors d’une infection par aortiques avec des prothèses de génération actuelle, un taux
définition) et sont responsables soit d’accidents neurologiques d’INR compris entre 2 et 3 s’avère suffisant pour avoir une
soit d’embolies périphériques. Leur taux sont le plus souvent prévention thromboembolique efficace, cette attitude permet-
associés aux thromboses dans les publications et figurent sous tant de diminuer considérablement le taux des accidents
le terme d’accidents thromboemboliques [116]. hémorragiques.

Cardiologie 17
11-013-A-30 ¶ Prothèses valvulaires cardiaques

ensuite maintenus indûment sous antivitamines K (AVK) de


4,0 4,0
3,61 1,31 2,04 2,37 2,87 façon prolongée. Il semble bien qu’une majorité d’équipes [135]
prescrive actuellement un traitement antiagrégant dès le
3,5 3,5
postopératoire immédiat sans utilisation (en dehors d’indica-
tions particulières non liées à la bioprothèse) d’AVK même
Risque thromboembolique

3,0 3,0
transitoirement, en sachant toutefois qu’il ne met pas à l’abri

Risque hémorragique
totalement d’accidents de thrombose (non obstructive) de
(% par année)

(% par année)
2,5 2,5
bioprothèses qui pourraient faire le lit d’une dysfonction et
2,0 2,0 d’une « dégénérescence précoce » (par organisation de cette
thrombose). Il est admis dans les recommandations actuelles
1,5 1,5 que la période de trois mois d’anticoagulation par AVK recom-
mandée classiquement pour toute bioprothèse puisse être
1,0 1,0 remplacée par un traitement antiagrégant, en absence de
fibrillation auriculaire (FA) ou de risque thrombotique
0,5 0,5
associé [136].
0,0 0,0
1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0 5,5
Endocardites
INR (intensité de l'anticoagulation) Elles constituent la complication la plus redoutable du
Figure 30. Relation entre les niveaux d’anticoagulation (INR) et le taux remplacement valvulaire prothétique. Elles répondent aux
des accidents thromboemboliques et hémorragiques (d’après [30]). mêmes critères diagnostiques que les endocardites sur valve
native [137].
Ce risque est évalué dans la plupart des séries aux alentours
L’autocontrôle de l’anticoagulation semble un point fonda- de 0,5 % années-patient et en tous cas inférieur à 1 % années-
mental pour optimiser la stabilité du traitement anticoagulant, patient. Son incidence est maximale dans les trois premiers
données objectivées par les études de Korfer et Horstkotte [124, mois postopératoires (période où il s’agit alors d’endocardites
125] qui préconisent (en l’absence de facteur thromboembolique sévères).
majeur lié au patient), quelle que soit la position (aortique ou Le risque d’endocardite sur prothèse n’est pas plus élevé pour
mitrale) de la prothèse, une fourchette d’INR comprise entre les bioprothèses que pour les valves mécaniques, en sachant
2 et 3. toutefois que la greffe bactérienne peut se faire sur l’anneau de
Les techniques d’autocontrôle bien développées en Allema- suture (désinsertion septique) ou sur les tissus biologiques de la
gne [130] ont permis d’insister sur l’intérêt de la généralisation de bioprothèse (fuite intraprothétique).
cette procédure [131, 132] qui permet une amélioration de la Ces endocardites sur prothèses révèlent ici une gravité
qualité de vie à long terme [133]. Une étude multicentrique majeure, surtout pour les endocardites postopératoires précoces,
française entrant dans le cadre d’un soutien aux thérapeutiques et les endocardites à staphylocoques [138]. La chirurgie itérative
innovantes coûteuses (STIC) est actuellement en cours de est le plus souvent nécessaire [139]. La mortalité reste très élevée :
réalisation. 30 % à 80 % pour les formes précoces, 20 % à 40 % pour les
formes tardives.
Accidents hémorragiques Leur prévention fondamentale répond à des recommanda-
tions bien codifiées, l’éducation des médecins et patients étant
Les accidents hémorragiques regroupent tous les saignements fondamentale [137].
en rapport ou non avec le traitement anticoagulant et respon-
sables d’une hospitalisation et/ou d’une incapacité permanente Dysfonctions non structurelles (« non
et/ou d’une transfusion et/ou conduisant à un décès.
L’analyse des accidents hémorragiques pour les prothèses
structural valve dysfunction » [NSVD])
mécaniques nécessite une approche rationnelle basée sur le type Elles regroupent toutes les anomalies conduisant à un
de prothèse mais aussi sur l’ensemble des risques propres au dysfonctionnement de la valve (sténose ou régurgitation) et qui
patient lui-même. La prévention des accidents thromboemboli- ne sont en rapport ni avec la valve proprement dite ni avec une
ques doit être associée au souci de limiter les accidents hémor- thrombose ou une infection. Ce sont des complications liées
ragiques iatrogènes. Les phases les plus critiques sont la période soit à la technique chirurgicale, soit aux conditions particulières
postopératoire immédiate et la phase d’équilibration qui doit des tissus de suture [140] notamment fragilité des grands
être adaptée au patient, au nombre de prothèses et à leur site anneaux dilatés ou difficulté de suture sur des calcifications
d’implantation. La Figure 30 représente la zone thérapeutique extensives des anneaux valvulaires et des structures adjacentes.
idéale d’après Akins [30]. Ce schéma objective clairement le Il s’agit avant tout actuellement des fuites paravalvulaires
croisement des courbes de risque, thromboembolique d’une part (désinsertions aseptiques) ou plus rarement de blocages (entrap-
et hémorragique d’autre part. pement) par un panus (fibrose organisée limitant dans le jeu des
Le taux d’accidents hémorragiques est dans la plupart des mécanismes d’occlusion valvulaire), ou exceptionnellement par
séries compris entre 1,2 % et 3,9 % années-patient. Ces acci- des fils de suture ou des noyaux calcaires. Il peut encore s’agir
dents sont liés à la qualité du traitement anticoagulant (niveau de malpositions chirurgicales (surdimensionnement) ou de
d’anticoagulation, stabilité de l’anticoagulation, qualité de la fuites résiduelles (défaut d’insertion).
surveillance). Les différences tiennent plus (actuellement) au Ces fuites peuvent être à l’origine d’une hémolyse (anémie
patient (âge, comorbidités) qu’aux prothèses. hémolytique). Sous ce terme on exclut l’hémolyse physiologique
En ce qui concerne les bioprothèses, et dans toutes les séries, infraclinique de toute valve mécanique, rencontrée surtout dans
le taux des accidents hémorragiques apparaît faible, compris les petits diamètres valvulaires et après remplacements valvulai-
entre 0,2 et 1,2 % années-patient avec un chiffre moyen de res multiples. Cette hémolyse infraclinique biologique est
0,5 % années-patient. Les accidents sont plus fréquents chez les évaluée par la mesure du taux des réticulocytes (régénération
sujets âgés et surtout lorsqu’un traitement anticoagulant est sanguine) et par le dosage des enzymes (LDH et isoenzymes).
prescrit pour des indications rythmologiques (arythmie com- Aucun modèle valvulaire actuel n’est à l’origine d’anémie
plète) ou vasculaires (pathologies associées). hémolytique hors dysfonctionnement par fuite paravalvulaire,
Pour les bioprothèses, la nécessité du traitement anticoagu- parfois relativement limitée mais responsable d’un jet à grande
lant au cours des trois premiers mois postopératoires semble vélocité sur une structure rigide (anneau valvulaire, zone
devoir être reconsidérée [134] pour deux raisons principales : calcifiée, etc.).
d’abord parce que la plupart des accidents hémorragiques Selon les types de prothèse, les sites d’implantation et les
surviennent pendant la phase d’équilibration du traitement conditions anatomiques de mise en place, ces dysfonctionne-
anticoagulant, mais aussi parce que de nombreux patients sont ments structurels varient de 0,2 % à 2 % années-patient. Ainsi,

18 Cardiologie
Prothèses valvulaires cardiaques ¶ 11-013-A-30

Tableau 10.
Taux d’altération à 15 ans des bioprothèses aortiques. Rôle de l’âge à
l’implantation d’après Jamieson (J Heart Valve Dis, 2000).
Âge Survie Taux indemnes à 15 ans (%)
(années) (%)
Mortalité liée à la valve SVD
Méthode actuarielle Méthode
(« réelle ») actuarielle
(« réelle »)
21 - 40 74,2 94,1 (94,5) 28,8 (38,2)
41 - 50 57,3 82,8 (86,5) 37,3 (52,5)
51 - 60 51,8 84,4 (87,9) 46,8 (62,5)
61 - 70 30,9 79,3 (86,9) 79,0 (88,1)
> 70 18,1 72,8 (84,9) 86,3 (96,1)
Figure 31. Dégénérescence de bioprothèse porcine (associant calcifi-
cation et déchirure valvulaire) (A, B). Les altérations (structural valve deterioration [SVD]) correspondent aux patients
réopérés pour altération. Les taux actuariels permettent de comparer les valves.
Les taux « actuels » ou « réels » (entre parenthèses) permettent d’informer chaque
patient sur son risque réel de réopération (cumul événement/décès).
pour Grunkemeïer [15] , elles apparaissent comparables en
position aortique et en position mitrale, avec, pour les seules
fuites paravalvulaires, un risque de 0,03 % à 0,01 % années- Tableau 11.
patient. Peterseim [126] dans son étude comparative entre la Taux actuariel à 15 ans des bioprothèses mitrales. Rôle de l’âge à
bioprothèse de Carpentier-Edwards, et la valve mécanique SJM l’implantation d’après Jamieson (J Heart Valve Dis, 2000).
rapporte des taux linéarisés respectivement de 1 % et 0,7 % Âge Survie Taux des sujets indemnes à 15 ans (%)
années-patient. (années) (%)
Mortalité liée à la valve SVD
Détériorations structurelles (« structural Méthode actuarielle Méthode
(« réelle ») actuarielle
valve deterioration » [SVD]) (« réelle »)
Elles représentent le problème majeur des bioprothèses [41] (cf. 21 - 40 63,2 78,1 (81,8) 6,1 (25,7)
supra). 41 - 50 46,7 68,3 (77,7) 8,0 (32,3)
Modalités de survenue 51 - 60 35,6 69,0 (79,6) 22,3 (53,7)
61 - 70 16,1 59,5 (79,5) 32,6 (71,0)
L’altération d’une bioprothèse survient selon deux modes
> 70 2,8 26,1 (82,0) 83,4 (93,3)
différents plus ou moins associés : la calcification et la déchirure
valvulaire avec des fréquences différentes selon les modèles de Les altérations (structural valve deterioration [SVD]) correspondent aux patients
bioprothèses considérés (Fig. 31). réopérés pour altération.
Pour les bioprothèses porcines, le mécanisme majeur est la
calcification du tissu valvulaire à laquelle s’associe à un degré
plus ou moins important une déchirure valvulaire. Le processus apparaît clairement que l’âge d’implantation a un rôle détermi-
de calcification est particulièrement rapide chez l’enfant et chez nant, le site d’implantation ayant aussi une importance signifi-
l’adulte jeune (métabolisme phosphocalcique). Ainsi, pour les cative. Le calcul actuariel donne des chiffres plus élevés que le
bioprothèses porcines, le tableau clinique est le plus souvent taux réellement observé (actual risk), représentant le cumul entre
celui d’une pathologie mixte sténosante et fuyante (70 %) ; la les altérations observées et les décès du patient (avant l’altéra-
dysfonction prothétique survenant progressivement, la prise en tion), quel qu’en soit la cause (cf. supra).
charge chirurgicale peut être effectuée hors contexte d’urgence. Site d’implantation
Signalons cependant des possibilités d’altération rapide en cas
de « décrochage commissural » [43]. La détérioration dans la quasi-totalité des séries (pas celle de
Pour les bioprothèses péricardiques de Carpentier, dans les Myken [55] ) apparaissait beaucoup plus rapide en position
grandes séries rapportées par Jamieson [47] et par l’équipe de mitrale. La pression de fermeture exercée sur les valves est
Marchand [57, 61], les déchirures apparaissent beaucoup plus l’explication la plus couramment avancée : la valve aortique se
rares (notamment en raison de la conception originale de la ferme progressivement sous la charge de la pression diastolique
fixation des cuspides à l’intérieur du stent). Le tableau clinique de l’aorte alors que la valve mitrale se ferme brutalement sous
est beaucoup plus souvent celui d’une sténose pure (70 %). l’effet de l’onde de choc liée à la montée en pression systolique
Ce phénomène a été particulièrement souligné par l’étude du ventricule gauche. De plus, les bioprothèses mitrales sont de
comparative sur les bioprothèses mitrales [45, 60] et permet type « aortique inversé » sans appareil de suspension. Les
d’insister sur la nécessité d’une surveillance échographique données bien étudiées par Jamieson [60] sont objectivées en
rigoureuse, le diagnostic de bioprothèse sténosante étant moins comparant les Tableaux 10 et 11.
évident cliniquement que celui d’une pathologie fuyante ou
mixte. Analyse de durabilité
Elle doit tenir bien sûr compte de tous ces facteurs : âge, site
Facteurs de survenue d’implantation, mais aussi de contextes particuliers telle
Deux sont essentiels : l’âge et le site d’implantation de la l’insuffisance rénale avec trouble du mécanisme phosphocalci-
prothèse. que favorisant la calcification.
Les résultats obtenus pour les bioprothèses porcines de
Âge
deuxième génération ne diffèrent pas fondamentalement de
Il est apparu très vite comme un facteur déterminant [44]. La ceux qui étaient notés pour les bioprothèses de première
bioprothèse avait pu apparaître (au début de son utilisation) génération telle la Carpentier-Edwards Standard® [43, 44, 141],
comme un substitut valvulaire de choix chez l’enfant afin notamment lorsqu’on intègre les modifications de population
d’éviter l’anticoagulation, etc. Dans ce cadre les détériorations se actuelle : moyenne d’âge plus élevée pour les bioprothèses de
sont manifestées très précocement conduisant à stratifier le deuxième génération implantées de façon plus récente que les
risque par classe d’âge, d’abord par Carpentier [11], puis par premières générations [119, 120] : si l’on compare les séries de
Jamieson sur la bioprothèse de CE-SAV® (Tableaux 10, 11). Il façon stricte (âge moyen, comorbidités, site d’implantation, type

Cardiologie 19
11-013-A-30 ¶ Prothèses valvulaires cardiaques

Tableau 12.
Remplacement valvulaire aortique chez des personnes âgées opérées : taux actuariel de sujets indemnes d’altération (entre parenthèse, « calcul réel »).
Résultats à 15 ans
Référence Prothèses (période Nombre Survie Indemnes d’altération
d’implantation)
(%) Taux actuariel Taux « réel »
Porcines Centre hospitalier Carpentier-Edwards Supra 809 11,7 90,5 96,5
universitaire de Rennes annulaire®
1983-1994

Jamieson [47] Carpentier-Edwards Supra 905 13,5 94,6 98,2


JTCS, 2005 annulaire®
1981-1999

Jamieson [49] Carpentier-Edwards Supra 754 NC 96,9 98,8


JHVD, 2002 annulaire®
Hancock II® 264 100 100
®
David [48] Hancock II NC 30,0 90,0 100
JTCS, 2001 1982-1994

Péricardiques Myken [55] Biocor™ 626 NC 96,9 98,8


JHVD, 2000 1983-1998

Biglioli [59] Carpentier-Edwards 215 NC 83,7 96,8


JHVD, 2004 Perimount®
1984-2000

Yankah [67] Mitroflow® 696 232 93 99,0


JHVD, 2005 1986-2003
Les sous-groupes de sujets âgés de plus de 70 ans (plus de 65 ans pour la série de David) sont extraits des séries référencées. NC : non communiqué.

de calcul actuariel ou réel) il n’y a pas de différence fondamen- Réinterventions


tale entre les bioprothèses porcines : CE-SAV® [46, 47], Hancock
II® [48, 142], Medtronic Mosaic® [53] ou Biocor™ [55]. Si les causes de réinterventions s’avèrent multiples (endocar-
De plus, les résultats obtenus sont très voisins (sur des délais dite, thrombose de prothèse, désinsertion ou dysfonctionne-
comparables) pour les bioprothèses péricardiques : Carpentier- ment structurel), la cause la plus importante de réintervention
Edwards Perimount® [57-61, 143, 144]] ou Mitroflow® [66, 67]. est actuellement l’altération structurelle des bioprothèses (80 %
Les différences entre les séries sont peu importantes dans le du motif des réinterventions sur biomatériaux).
cas des sujets âgés (l’espérance de vie de la bioprothèse dépasse Le risque d’une réintervention est globalement supérieur à
celle des patients, etc.). Le Tableau 12 résume ces données pour celui d’une primo-intervention, encore faut-il distinguer (cf.
les remplacements valvulaires aortiques (RVA) ; elles peuvent supra) les groupes à haut risque (réintervention sur endocardi-
apparaître pour les sujets plus jeunes notamment en position tes, réintervention pour thromboses, réintervention en urgence,
mitrale. Ainsi, dans la série rapportée par Jamieson [60], les gestes plurivalvulaires et/ou complexes), à risque faible (réinter-
résultats de la Carpentier péricardique sont meilleurs que pour ventions réalisées hors contexte d’urgence dans le cadre d’une
la Carpentier porcine dans tous les groupes sauf chez les sujets chirurgie programmée, notamment pour remplacement d’une
de plus de 70 ans où les résultats apparaissaient déjà excellents bioprothèse altérée). Dans ce cadre [130], le risque additionnel
pour la bioprothèse porcine de référence dans cette étude, à par rapport à une primo-intervention est surtout lié à l’âge plus
savoir la CE-SAV®. élevé des patients opérés (et aux comorbidités qu’il suppose).
En ce qui concerne les bioprothèses stentless, les reculs sont Les taux de réintervention sur bioprothèses évoluent parallè-
moins importants [145, 146]. Insistons cependant sur les séries de lement aux taux de SVD et méritent la même discussion
Hvaas [71], O’Brien [12] qui donnent des résultats à moyen terme méthodologique : taux actuariels pour les prothèses, taux
(10 ans) du même ordre que pour les bioprothèses stentées, « actuels » ou « réels » pour le risque propre estimé pour chaque
données colligées dans l’article très documenté de patient donné [47, 118]. Il faut considérer que beaucoup de séries
Rahimtoola [84]. rapportent non pas les SVD, mais les réinterventions pour
Pour les homogreffes les bons résultats escomptés ne se sont SVD [47, 48, 102, 147, 148] en sachant que toutes les SVD ne sont
pas confirmés (Fig. 32) : la durabilité des homogreffes est en pas réopérées, soit parce qu’elles sont mineures et bien tolérées,
définitive comparable à celle des autres biomatériaux [84, 85]. soit parce qu’elles surviennent chez des sujets très âgés pour
lesquels le problème valvulaire n’est qu’un des aspects d’un
Délai moyen de survenue tableau majeur de comorbidités, avec handicaps majeurs
(démences séniles, maladie d’Alzheimer, patients grabataires)
Si la fréquence de survenue des altérations de bioprothèses est bien souvent chez les nonagénaires.
très directement liée à l’âge, le délai de survenue semble par
contre indépendant de l’âge au moment de l’implantation. Déjà
les travaux de Corbineau [42], repris par un éditorial de Grunke-
Morbimortalité à la valve
meïer [119], sur les bioprothèses mitrales avaient bien montré
que le délai moyen d’apparition des altérations en position
Contexte d’évaluation
mitrale était de l’ordre de 12 ans, quelle que soit la tranche Grunkemeïer, dans une publication portant sur 35 ans de
d’âge (en sachant que l’altération survenait avec une fréquence remplacements valvulaires [15], résume les conditions au travers
beaucoup plus élevée chez les sujets jeunes). desquelles les notions de mortalité opératoire ou tardive doivent
Jamieson dans sa dernière analyse à long terme des séries de être analysées. En effet, la mortalité opératoire est largement
remplacements valvulaires aortiques par bioprothèse de dépendante de l’âge de l’opéré, lequel s’est considérablement
CE-SAV® [47] note le même type de répartition. modifié au cours du temps passant d’une moyenne de 45 ans

20 Cardiologie
Prothèses valvulaires cardiaques ¶ 11-013-A-30

(60-70 ans), le taux des survivants à 15 ans est ainsi de l’ordre


% de 30 à 35 %. Pour les malades plus âgés (plus de 70 ans), le
100 taux de survie à 15 ans est de l’ordre de 10 à 15 % (aux
alentours de 5 % à 20 ans). Toutes ces données doivent être
intégrées dans le cadre du choix des matériaux.
80
Morbimortalité liée à la valve
Des grandes études comparatives [126, 149, 150] ont ainsi permis
60 d’effectuer le cumul de l’ensemble des complications liées à la
valve. Il faudrait cependant dans ces analyses bien intégrer la
gravité réelle des complications et de leurs séquelles, notam-
40 ment les déficits neurologiques des accidents thromboemboli-
ques et hémorragiques (pénalisantes pour les prothèses
mécaniques), alors même que le risque d’une réintervention est
20 souvent surestimé pour la bioprothèse.
Tout ceci est à intégrer dans le choix d’un matériau de
substitut valvulaire, qui relève de critères multiples, avec des
0 recommandations qui ont récemment évolué.

0 5 10 15 20
Années A ■ Choix des matériaux – tendances
%
actuelles
100
Les choix en matière de remplacements valvulaires se situent
en retrait par rapport aux possibilités de conservation valvulaire
80 (plasties) qui doivent toujours être envisagées en priorité.
Ces critères d’indication ont fait l’objet de recommandations
récemment revisitées [151-154] , lesquelles intègrent tous les
60 résultats préalablement exposés [155-159] en tenant beaucoup plus
compte actuellement de la notion d’information du patient.
D’une façon générale les biomatériaux présentent l’avantage
essentiel de ne pas nécessiter (pour eux-mêmes) de traitement
40
anticoagulant, leur limite majeure étant leur durabilité. À
l’opposé les prothèses mécaniques présentent un avantage
majeur en matière de durabilité, mais les contraintes du
20 traitement anticoagulant, même optimisé, restent la principale
limite d’utilisation.
Le Tableau 13 résume les caractéristiques de chacun des types
0 de matériau, le choix dépendant de critères liés au patient.
0 5 10 15 20
Années B Critères de choix
Figure 32. Taux de patients indemnes d’altération (d’après [84]).
Ils se déclinent selon trois critères majeurs : l’âge, le siège
A. Homogreffes. d’implantation, la prise en compte de circonstances
B. Hétérogreffes. particulières.

Âge
(première décade d’étude) à plus de 70 ans (dernière décade). De
même le choix de la prothèse s’est adapté aux résultats cliniques Le choix de la bioprothèse est légitime chez le sujet âgé [158],
observés au cours du temps : implantation de prothèses méca- en tenant compte des comorbidités (incidence sur la durée de
niques chez les sujets jeunes (âge moyen 57 ans) et bioprothèses vie et sur les thérapeutiques à associer) et de l’espérance de vie
chez les sujets âgés (âge moyen 74 ans). Ainsi, des courbes de du patient (à intégrer la différence d’espérance de vie de
mortalité qui peuvent sembler différentes en première lecture l’homme et de la femme). D’une façon générale actuellement la
(p > 0,0001) deviennent identiques pour les deux matériaux de frontière acceptable entre les priorités données aux matériaux
substituts valvulaires (valves mécaniques ou bioprothèses) si l’on mécaniques et aux biomatériaux semble se situer autour de
utilise un test adapté (test de régression à deux facteurs de Cox). 65 ans (ou plutôt en pratique dans la fourchette 60-70 ans).

Mortalité liée à la valve


Tableau 13.
Les causes exactes des décès sont parfois difficiles à préciser,
Qualités requises pour le choix d’un matériau de substitut valvulaire.
les autopsies étant rarement pratiquées. Les décès de cause
indéterminée et les morts subites doivent être comptabilisés Prothèses Bioprothèses
comme des décès liés à la valve, même si de nombreuses autres mécaniques
causes (cardiaques ou vasculaires) sont souvent les vraies Performance Excellente Bonne
responsables (athérome coronarien, altération de la fonction hémodynamique
ventriculaire gauche).
Ainsi globalement, la mortalité opératoire est très peu Faible (ailettes) (valves stentless de 2e génération)
dépendante de la prothèse utilisée (très peu de décès liés à la thrombogénicité Anticoagulation Absence de traitement
valve en dehors d’accidents thromboemboliques). La mortalité indispensable anticoagulant
tardive est elle aussi très largement dépendante du terrain : âge,
comorbidités, notion d’altération de la fonction ventriculaire Durabilité Oui Non : aléas
gauche ou de coronaropathies associées. Ainsi, dans les grandes (âge, position)
séries, pour un âge moyen de 65 ans, le taux de mortalité Facilité d’approvisionnement, et facilité d’implantation restent des aussi aspects
tardive est de l’ordre de 5 % années-patient (dont 1 % année- fondamentaux à considérer (problèmes des homogreffes, autogreffes et
patient de décès liés à la valve). Pour cette tranche d’âge hétérogreffes sans armature).

Cardiologie 21
11-013-A-30 ¶ Prothèses valvulaires cardiaques

Siège d’implantation âgés. Si de nombreuses études comparatives ont été effectuées


Il faut intégrer les données aux niveaux aortique, mitral et de sur des prothèses (notamment prothèses mécaniques versus
la tricuspide. bioprothèses), aucune conclusion formelle ne peut être portée
pour des raisons multiples [84, 126, 127, 149, 150] touchant à
Au niveau aortique l’enregistrement des données et à leur analyse :
La relative fréquence notamment chez le sujet âgé de condi- • hétérogénéité des séries : randomisation difficile voire non
tions anatomiques (petits anneaux, culot calcifié) amène à éthique, évolution des technologies et des risques opératoires
préférer des substituts peu encombrants, à l’hémodynamique au cours du temps ;
« optimisée » [160]. • évaluations à long terme de matériaux, etc. qui ont pu
disparaître ou être modifiées par des variantes plus perfor-
Au niveau mitral mantes ;
Le développement majeur de la chirurgie conservatrice reste • prise en compte des perdus de vue dans les séries, causes
l’indication préférentielle lorsqu’elle est possible et de qualité d’erreur constituées par les décès de cause inconnue (peu
(contrôle échographique peropératoire capital pour vérifier la d’autopsie), interprétation des accidents neurologiques
qualité de la plastie). (emboliques ou hémorragiques) ;
La fréquence des troubles du rythme (notamment fibrillation • enfin, modalités d’expression des résultats : taux linéaires,
atriale) justifie en elle-même un traitement anticoagulant au courbes actuarielles ou analyses « réelles », majeures à intégrer
long cours ; à l’opposé la moins bonne durabilité des chez le sujet âgé.
biomatériaux. Ceci dit, certaines études comme celle de Peterseim [126],
Les conditions anatomiques parfois particulières (notamment certaines analyses comme celle Treasure [158, 159] ont permis de
calcification de l’anneau) et les problèmes techniques adjuvants, comparer un nombre élevé de prothèses encore actuelles, sur
telle la conservation des piliers [161] sont des données à intégrer. des positions identiques (notamment les prothèses considérées
comme les références : prothèses de Carpentier-Edwards comme
Au niveau de la tricuspide référence biologique et prothèses SJM comme référence de
Le caractère pratiquement toujours réalisable d’une plastie et prothèse mécanique à double ailette).
le risque majeur de thrombose sur une circulation à basse Il semble que si on analyse les séries en termes de taux de
pression (ce qui incite au choix d’un biomatériau) participent sujets indemnes de mortalité et de morbidité liés à la valve, il
au choix. existe un avantage aux prothèses mécaniques pour les sujets de
moins de 65 ans et aux prothèses biologiques pour les sujets de
Prise en compte des circonstances particulières plus de 65 ans (du moins pour des résultats évalués avec un
Contre-indications à un traitement anticoagulant recul de 15 ans).
En résumé, dans le but d’éviter le traitement anticoagulant au
Au long cours, ces contre-indications sont médicales ou
long cours, le choix d’un biomatériau est logique chez tout
d’ordre socioéconomique. En ce sens, chez une femme jeune le
valvulaire dès lors que son espérance de vie est inférieure à celle
désir de grossesse doit faire limiter le choix d’une prothèse
qui est escomptée pour la bioprothèse.
mécanique.
De la même façon, les indications générales du traitement
anticoagulant, autres que valvulaires, doivent peser dans le Recommandations
choix du matériau, les biomatériaux perdant dans ces circons- Les recommandations récentes françaises [151], américai-
tances leur avantage majeur (la possibilité d’éviter le traitement nes [152] et européennes [153], parues en 2005, 2006 et 2007 sont
anticoagulant au long cours) mais autorisant cependant une (heureusement) assez concordantes.
anticoagulation moins lourde ou une gestion plus simple de
l’anticoagulation. Recommandations de l’American College
Choix personnel de style de vie
of Cardiology (ACC)/American Heart Association
(AHA) 2006
Notamment chez un patient jeune et actif, l’information est
essentielle s’il souhaite choisir entre l’anticoagulation et un Le Tableau 14 résume les recommandations de l’ACC/AHA
biomatériau, il doit bien connaître les probabilités de réinter- 2006 [152]. Il est à noter que finalement chez les patients de
vention, et accepter de se plier à une surveillance échographi- moins de 65 ans, le niveau de recommandations est identique
que régulière afin de déceler au plus tôt une altération (IIa) pour les prothèses mécaniques ou biologique (du moins
débutante. Les recommandations récentes [151-153] laissent une pour les patients en rythme sinusal), si toutefois le patient est
large place à cette discussion patient-médecin. largement informé (les considérations de qualité de vie sont
fondamentales, l’information devant être clairement effectuée et
Contexte septique comprise). Cette information doit clairement préciser la sur-
En cas d’endocardites évolutives, et notamment endocardites veillance et le suivi ultérieur [163].
graves avec abcès de l’anneau, ou endocardites sur prothèse, il Les recommandations européennes [153] qui préconisent aussi
est souhaitable de discuter les alternatives biologiques, notam- la prothèse mécanique chez les sujets de moins de 65 ans,
ment les homogreffes. insistent tout particulièrement sur les points suivants (recom-
mandations de classe Ic) qui peuvent légitimer le choix d’une
Insuffisance rénale chronique
bioprothèse même chez un sujet de moins de 65 ans :
Elle contre-indique classiquement l’hétérogreffe en raison du • le désir d’un patient bien informé sur les risques de la
risque de calcification prématurée liée aux anomalies du réintervention (versus de l’anticoagulation au long cours) ;
métabolisme phosphocalcique. En fait le risque important de la • l’impossibilité d’une anticoagulation de qualité : contre-
chirurgie, dans ce contexte où l’espérance de vie à long terme indication, mais aussi problème de compliance, mode de vie,
est limitée, limite très largement la portée de cette recomman- considérations professionnelles ;
dation ancienne. • le contexte de réopération pour thrombose de prothèse
mécanique (en cas de mauvais contrôle de l’impératif
Tendances actuelles d’anticoagulation) ;
Les résultats des grandes séries récentes et la prise en compte À un moindre degré les recommandations européennes
des notions statistiques largement exposées préalablement [150] (classe IIac) stipulent que le choix d’un biomatériau, peut se
ont conduit au cours des dernières années à de nombreuses justifier :
réflexions concernant les choix des matériaux de substituts • chez un patient pour lequel une réintervention s’avère à
valvulaires [155, 156]. En se basant sur l’augmentation de l’espé- faible risque ;
rance de vie de la population, certains [162] ont proposé d’éten- • en cas d’espérance de vie limitée par des comorbidités
dre les indications des prothèses mécaniques à des sujets plus importantes ;

22 Cardiologie
Prothèses valvulaires cardiaques ¶ 11-013-A-30

Tableau 14.
Le choix d’une valve (recommandations American College of Cardiology (ACC)/American Heart Association (AHA) 2006).
Type Mécanique Biologique
Classe I RVA (si valve mitrale mécanique en place) RVA ou RVM si contre-indication au traitement anticoagulation (ou difficultés
particulières à l’anticoagulation)

Classe II a RVA < 65 ans (sans contre-indication aux RVA > 65 ans (sans risque TE particulier)
anticoagulants)
RVM < 65 ans (avec FA ancienne) RVM > 65 ans

Classe II a « variante » La préférence du patient est un aspect à prendre en considération pour des raisons de qualité de vie (style de vie) après large
information sur les rapports risques-bénéfices : anticoagulation versus intervention itérative.
RVA < 65 ans
RVM < 65 ans (si rythme sinusal)

Classe II a RVA : homogreffe en cas de réintervention sur prothèses pour endocardite


active

Classe II b RVA : la bioprothèse peut être raisonnable chez une femme désireuse de
grossesse
RVA : remplacement valvulaire aortique ; RVM : remplacement valvulaire mitral ; TE : thromboembolique ; FA : fibrillation auriculaire.

• chez une femme jeune désireuse de grossesse. plus de remplacements valvulaires proprement dits, mais de la
mise en place de valves, avec « effacement » de la valve native
Deux points particuliers altérée). C’est à des malades présentant de très hauts risques
chirurgicaux que ces techniques naissantes, réputées moins
En matière de prothèses mécaniques
invasives s’adressent. Elles restent du domaine de l’évaluation.
Une recommandation d’adjonction d’aspirine en plus des Les cas rapportés restent rares et sélectionnés. De nouvelles
anticoagulants est présente pour les recommandations améri- études prospectives sont nécessaires pour les évaluer correcte-
caines [152] alors que limitée aux seuls patients à haut risque ment avant de conclure à leur bénéfice en usage clinique.
thrombogène dans les recommandations françaises [151] ou
européennes [153], ce qui semble l’attitude logique à respecter,
afin de limiter les risques hémorragiques ainsi que l’a souligné
Rappel historique
le récent commentaire de G. de Gévigney au nom du groupe de
De la chirurgie valvulaire au remplacement
la Société Française [154].
valvulaire orthotopique percutané chez l’animal
En matière de biomatériaux
L’idée d’implanter des prothèses valvulaires cardiaques sans
Il faut noter le net recul de la place des homogreffes du fait ouvrir le thorax des malades n’est pas récente et les premières
de leur altération. Leur usage est quasiment réservé aux cas expériences de remplacement valvulaire percutané ont débuté
d’endocardites actives et extensives (et uniquement sur prothèse au milieu des années 1960. Ces travaux ont évolué rapidement
pour les recommandations américaines). dans la dernière décennie du fait des avancées technologiques
réalisées dans les procédures percutanées et le matériel
En pratique endovasculaire.
Toutes ces données devront être modulées en fonction des Le premier à avoir rapporté ses travaux sur la valve aortique
évolutions potentielles concernant chaque type de matériaux. percutanée est Davies en 1965 [168]. Mimant l’opération de
Pour les prothèses mécaniques, les améliorations à attendre Hufnagel [1], il développa la première valve aortique montée sur
viendront du traitement anticoagulant : niveau d’anticoagula- un cathéter de 5 French (F). La valve, en forme de parachute,
tion, qualité du suivi (autocontrôle), nouvelles molécules, etc. .
était introduite dans l’aorte thoracique descendante de chiens
Pour les biomatériaux, des progrès en matière de technologie en insuffisance aortique expérimentale, par voie rétrograde
(gommant l’avantage hémodynamique résiduel des prothèses fémorale.
mécaniques) et surtout du traitement des tissus aboutissant à Moulopoulos testa in vivo, sur 17 chiens, deux différents
une longévité accrue (choix du matériau, traitement initial, prototypes de valve aortique percutanée en polyuréthane, et
procédés limitant la calcification) sont attendus. publia ses résultats en 1971 [169].
Les valves testées étaient positionnées dans l’aorte ascen-
dante, en position sus-coronaire et corrigeaient efficacement
■ Évolutions actuelles : vers une insuffisance aortique expérimentalement induite. Phi-
lipps [170] rapporta des résultats similaires en 1976 avec l’usage
les valves dites « percutanées » d’un cathéter valvé en position supracoronaire. Mais ce sont les
travaux menés par Andersen qui, en 1992, établirent véritable-
En matière de chirurgie valvulaire, les tendances chirurgica- ment la faisabilité du remplacement valvulaire percutané [171].
les [160, 161] sont résolument moins invasives : En effet, pour la première fois, une valve aortique porcine fut
• développement prioritaire de toutes les techniques de chirur- implantée en position orthotopique de façon non chirurgicale.
gie conservatrice des valves [160, 161, 164] ; À la différence des travaux menés jusqu’alors (implantation
• approche chirurgicale dite moins invasive avec plusieurs temporaire), la procédure utilisée devait permettre une implan-
facteurs d’amélioration : tation permanente de la valve. Ses travaux montrèrent égale-
C voies d’abord limitées [165], ment un des dangers de l’implantation sous coronaire :
C chirurgie vidéoassistée [166], l’oblitération des ostias coronaires, par le système d’implanta-
C circulation extracorporelle périphérique [167], tion lui-même ou par les feuillets de la valve native, refoulée
C apport de la robotique [167] ; contre la paroi aortique.
• enfin et surtout, développement des approches endovasculai- Bonhoeffer [172] rapporta en 2000 des travaux sur le rempla-
res pour mise en place de valves dites « percutanées ». cement valvulaire percutané de la valve pulmonaire. Sur un
De nouvelles procédures dites « percutanées » permettent modèle animal (11 moutons), il établit la faisabilité d’une telle
l’implantation des valves aortique ou pulmonaire (il ne s’agit procédure. La valve testée était un segment de veine jugulaire

Cardiologie 23
11-013-A-30 ¶ Prothèses valvulaires cardiaques

valvée bovine (Contegra®, Medtronic Inc.) montée sur un stent


en platinum, l’expansion de ce dernier s’effectuant avec un
ballon. Cribier [173] implanta en position aortique et pulmonaire
22 moutons avec une valve en polyuréthane montée dans un
stent en acier non autoexpandable. Boudjemline et Bonhoef-
fer [174] rapportèrent en 2002 de nouveaux travaux sur
l’implantation percutanée d’une valve aortique, toujours
confectionnée à partir de veine jugulaire valvée bovine, désor-
mais placée dans deux stents de dessin et de fonction différents.
Un stent en Nitinol® était placé en dehors d’un premier stent
en platinum contenant la valve. L’objectif de ce nouveau
système d’implantation était d’orienter la valve en position
orthotopique, pour éviter l’obstruction des ostias coronaires.
D’autres auteurs ont encore publié des travaux similaires sur
modèle animal et établi la faisabilité de ces procédures [175, 176].
Les valves tricuspide et mitrale ont également été remplacées
par diverses techniques étiquetées percutanées en expérimenta-
tion animale [177]. Récemment, Zegdi rapportait l’expérimenta-
tion animale d’une valve stentée percutanée repositionnable à
volonté au sein d’une bioprothèse dégénérée [178].

Remplacement valvulaire pulmonaire percutané


chez l’homme
En octobre 2000, Bonhoeffer [179] rapporta le premier rempla-
cement percutané de la valve pulmonaire chez l’homme. Les
indications principales sont les complications valvulaires de
cardiopathies congénitales opérées (Fallot, atrésie pulmonaire),
notamment les sténoses d’homogreffes ou de tube valvulé, avec
ou sans fuite associée. Plus récemment cette équipe [180] a
rapporté l’expérience de 59 patients consécutifs ayant pu
bénéficier de cette procédure (58 implantations avec succès
immédiat). L’âge médian dans cette cohorte était de 16 ans, les
patients ayant déjà été opérés en moyenne trois fois du cœur
droit avant l’implantation percutanée. L’amélioration immédiate
des paramètres hémodynamiques (gradients, régurgitation) était Figure 33. Procédure de Cribier (2002) (A à C).
conservée à moyen terme dans cette série où aucun décès n’est
rapporté.
Dans un environnement à basse pression et sans la proximité
des ostias coronaires, l’implantation percutanée d’une valve en
position pulmonaire semble une stratégie prometteuse, chez des
patients jeune multiopérés. Un suivi à long terme de ces
patients reste indispensable pour apprécier le devenir et le
comportement du matériel implanté dans le temps.

Remplacement valvulaire aortique percutané


chez l’homme
La première implantation chez l’homme d’une valve aortique
percutanée a été réalisée en 2002 par A. Cribier [181]. L’implan- Figure 34. Valve de Cribier-Edwards™.
tation se fit par voie antérograde et transseptale, au travers de
la valve native, sans obstruction coronaire. La valve était
constituée de trois feuillets en péricarde bovin montés dans un
stent tubulaire en acier expandable avec un ballon (Fig. 33). En À ce jour, les cohortes de population étudiées restent encore
2006, la même équipe a rapporté 36 patients enrôlés pour une modestes en nombre et le suivi à distance de ces valves percu-
implantation percutanée et récusés par au moins deux chirur- tanées sont encore à apprécier. Même si les résultats rapportés
giens [182] . Pour les 27 patients implantés avec succès en sont encourageants, cette technologie n’en reste pas moins à un
position orthotopique, une fuite paravalvulaire de grade stade précoce de son développement.
2 minimum était présente postprocédure chez 17 patients.
Enfin, le suivi restait limité (recul supérieur à 1 an pour Prothèses actuellement disponibles
5 patients).
Depuis, d’autres équipes ont rapporté des résultats encoura- Valve de Cribier-Edwards (Fig. 34)
geants sur les cohortes toutefois limitées en nombre et en suivi La valve Cribier-Edwards™ (Edwards Lifesciences) est cons-
à distance : ainsi, Webb [183] a rapporté 50 patients à haut risque truite à partir de trois feuillets en péricarde bovin suturés dans
chirurgical, dont 43 ont pu bénéficier d’un remplacement un stent tubulaire en acier, expandable avec un ballon de
valvulaire aortique percutané par voie fémorale artérielle valvuloplastie. Deux diamètres sont actuellement disponibles,
rétrograde. Si les paramètres hémodynamiques et échographi- 23 et 26 mm, avec une hauteur de stent de respectivement
ques postimplantation étaient significativement améliorés, une 14,5 mm et 16 mm. Une discrète collerette est située sur la
insuffisance aortique paravalvulaire restait fréquente. D’autres portion proximale et ventriculaire gauche du stent. La valve est
équipes ont encore rapporté l’expérience de quelques implanta- fournie stérile, conservée dans du glutaraldéhyde et nécessite
tions par l’apex cardiaque, sans circulation extracorporelle et par avant implantation une préparation effectuée sur place. Il faut
thoracotomie antérolatérale gauche [184-187]. en effet compresser la valve, à l’aide d’un appareil fourni à cet

24 Cardiologie
Prothèses valvulaires cardiaques ¶ 11-013-A-30

Figure 35. CoreValve®.

effet, autour d’un ballon de valvuloplastie percutanée. L’orien-


tation du stent valvé est différente sur le ballon selon l’implan-
tation par voie antérograde ou rétrograde.
Enfin, les introducteurs fémoraux sont de diamètres impor-
tants et constituent une des limites du système : 22 F (pour le
stent valvé de 23 mm) ou 24 F (pour le stent valvé de 26 mm).

CoreValve® (Fig. 35)


Il s’agit d’une valve constituée de trois feuillets de péricarde
porcin montés dans un stent autoexpandable en Nitinol ®
(matériau à effet mémoire). Il n’existe qu’un diamètre de
21 mm disponible actuellement (diamètre interne de la valve).
Le stent a été découpé au laser dans un tube en Nitinol® et
mesure 50 mm de hauteur. Ce stent est composé de bas en haut
de trois portions de forme et de fonction distinctes :
• la portion proximale (ventriculaire) dispose d’une force
radiale importante pour écarter et plaquer contre le mur
aortique les feuillets valvulaires natifs laissés en place ;
• la portion médiane contient la valve et est discrètement plus
étroite pour éviter un conflit avec les ostias coronaires ;
• la portion distale (aortique) est ouverte en corolle dans l’aorte
ascendante pour fixer la prothèse et assurer sa stabilité dans
le plan longitudinal.
Cette prothèse est délivrée à l’aide d’un introducteur de
diamètre 21 F.

Difficultés techniques
Il existe de nombreux problèmes techniques à résoudre pour
parvenir au stent valvé optimal utilisable en clinique humaine.

Voie d’abord
Elle n’est pas univoque. L’abord vasculaire périphérique doit
être de bon calibre du fait des cathéters utilisés (difficultés
potentielles en pédiatrie ou sur des artères calcifiées du sujet Figure 36. Voies d’abord.
âgé). A. Transseptale.
Cet abord est variable selon les équipes et la valve à rempla- B. Fémorale rétrograde.
cer (aortique ou pulmonaire) mais comporte ses complications C. Transapicale.
propres (plaie, dissection, ischémie, hémorragie, etc.). L’appro-
che de la valve aortique peut être faite de matière rétrograde
(via l’artère fémorale) ou antérograde (via la veine fémorale et
une voie transseptale). Cribier [181], cette approche est difficile et requiert une techni-
Rappelons ici les différentes voies d’abord utilisable pour la que endovasculaire avancée. La ponction puis la dilatation
valve aortique (Fig. 36). transseptale, exposent au risque de tamponnade, et le passage
Voie fémorale antérograde (Fig. 36A) du guide utilisé pour cette procédure peut blesser la valve
mitrale ou occasionner, par sa boucle et son trajet, une fuite
Elle permet l’implantation via la veine fémorale et par une mitrale massive mal tolérée chez ces patients fragiles. De plus,
approche transseptale. L’abord de la valve aortique se fait alors des arythmies atriales et ventriculaires sont fréquentes. Cette
de façon antérograde, dans le sens du flux sanguin. Historique- approche semble désormais moins employée, au profit des voies
ment privilégiée pour les premières implantations réalisées par fémorale, rétrograde ou transapicale.

Cardiologie 25
11-013-A-30 ¶ Prothèses valvulaires cardiaques

Voie fémorale rétrograde (Fig. 36B) De nouvelles approches sont à l’étude pour répondre à ces
principaux obstacles techniques :
Elle permet l’implantation d’une valve aortique via l’artère
fémorale. Cette approche (Seldinger) est similaire à celle utilisée • ablation transluminale de la valve native et de ses calcifica-
pour les coronarographies, la mise en place d’endoprothèses tions [195] ;
aortiques ou l’implantation d’une contrepulsion. • utilisation de filtres pour récupérer les emboles éventuels ;
Si des résultats encourageants ont été rapportés [183], l’athé- • nouveaux systèmes permettant un repositionnement du stent
rome, les calcifications artérielles, le diamètre et la sinuosité des valvé si la position d’implantation est inadéquate [178].
vaisseaux en sont les principales limites, notamment chez des
sujets âgés.
Perspectives de développement
Voie transapicale [184, 186]
Si la faisabilité de ces procédures est admise, les questions
Elle permet un accès direct et rapproché de l’anneau aortique majeures de reproductibilité et de fiabilité restent totalement à
via l’apex cardiaque (Fig. 36C). Cette voie d’abord chirurgicale démontrer. Il est désormais essentiel d’évaluer correctement ces
nécessite une courte thoracotomie gauche. L’implantation de la nouvelles procédures par des essais prospectifs contrôlés, tels
valve se fait à cœur battant, dans le sens antérograde (sans que l’ont récemment recommandé aux États-unis les sociétés
usage de circulation extracorporelle). La courte distance reliant savantes [196-198] : STS, AATS, et SCAI. Notre enthousiasme
l’apex du ventricule gauche à l’anneau aortique favoriserait en collectif pour ces nouvelles techniques (qui doivent être moins
théorie la précision de déploiement du stent valvé. invasives) ne doit pas nous faire oublier la nécessité d’une
approche rigoureuse et scientifique qui doit intégrer :
Matériau du substitut valvulaire • la nécessité d’une évaluation stricte, objective, prolongée des
patients ayant bénéficié de la procédure ;
La confection d’une valve percutanée nécessite un attache-
• la sélection de patients à haut risque chirurgical (score de
ment optimal de la valve au stent. La valve doit rester compé-
tente malgré sa compression pour passer dans un cathéter, puis risque) mais pouvant bénéficier de la procédure en termes de
sa réexpansion brutale lors de l’implantation. Seules des valves qualité de vie ;
biologiques, donc avec une longévité limitée, suturées dans un • la prise en compte de données anatomiques précises, aussi
stent autoexpandable ou expandable avec un ballon ont été bien pour l’abord (calcifications artérielles ou à l’opposé
étudiées. À ce jour, il n’existe pas de valve mécanique implan- thorax hostiles) que pour la valvulopathie à traiter (calcifica-
table de manière percutanée, même si des travaux expérimen- tions extensives ou massives) ;
taux ont été rapportés [188]. • la réalisation par un nombre limité d’équipes médicales et
chirurgicales, rodées tout autant au remplacement valvulaire
Positionnement de la valve chirurgical qu’à la pratique endovasculaire de valvulopathie
ou de mise en place de stents artériels ;
Le stent doit assurer un ancrage fiable sans léser l’aorte ou • l’environnement chirurgical et radiologique (vers des salles
l’artère pulmonaire, selon le site de délivrance. De dessin hybrides), la qualité de l’imagerie, dans le cadre de ces
approprié, parfois armé de crochets, il ne doit pas migrer après procédures, étant fondamentale.
implantation. Cette complication gravissime a déjà été Des études se mettent ainsi en place, déclinant les impératifs
rapportée [189]. de sélection de réalisation et de suivi dans un cadre éthique
L’appareil mitral (grande valve) peut aussi être lésé lors d’un strict, le remplacement valvulaire chirurgical restant le gold
remplacement valvulaire aortique du fait de sa proximité avec standard.
la valve aortique. .

La proximité des ostias coronaires est le principal danger à


éviter en position aortique [190, 191] : l’obstruction coronaire peut ■ Références
être occasionnée par le stent lui-même, ou par la valve native
refoulée entre le stent et la paroi aortique. Bonhoeffer a [1] Hufnagel CA, Harvey WP, Rabil PJ, McDermott TF. Surgical correc-
proposé, pour éviter cette complication dramatique, un nouveau tion of aortic insufficiency. Surgery 1954;35:673-83.
système d’implantation, composé de deux stents permettant [2] Harken D, Soroff HS, Taylor WJ, Lefemine AA, Gupta SK, Lunzer S.
d’orienter correctement la valve avant de l’implanter [174]. Partial and complete prostheses in aortic insufficiency. J Thorac
Des fuites aortiques paraprothétiques sont rapportés dans une Cardiovasc Surg 1960;40:744-62.
majorité des cas publiés de remplacement valvulaire aortique [3] Starr A, Edwards ML. Mitral replacement: clinical experience with a
percutané [190, 192], sans doute du fait d’une expansion insuffi- ball-valve prosthesis. Ann Surg 1961;154:726-40.
[4] Ross DN. Homograft replacement of the aortic valve. Lancet 1962;2:
sante du stent valvé, gêné par la présence de la valve native
487.
calcifiée laissée en place. L’usage d’un stent autoexpandable en
[5] Barrat-Boyes BG. Homograft aortic valve replacement in aortic
Nitinol® pourrait, pour certains, réduire cette complication en
incompetency and stenosis. Thorax 1964;19:131-50.
s’adaptant mieux à une structure anatomique non strictement
[6] Binet JP, Carpentier A, Langlois J, Leiva-Semper A. Utilisation des
tubulaire.
homogreffes et hétérogreffes dans le remplacement de l’appareil
L’expansion et la dilatation par ballon d’un orifice aortique aortique chez l’homme. Arch Mal Cœur Vaiss 1966;59:1570-2.
calcifié avant implantation d’un stent valvé peuvent générer la [7] Carpentier A, Lemaigre G, Robert L, Carpentier S, Dubost C.
migration de calcifications dans la circulation sanguine. Biological factors affecting long-term results of valvular heterografts.
Certains auteurs ont rapporté des dilatations légèrement J Thorac Cardiovasc Surg 1969;58:467-83.
supérieures au diamètre choisi pour éviter toute migration par [8] Bjork VO. Central flow tilting disc valve for aortic valve replacement.
majoration de la force radiaire [193] . Une expansion trop Thorax 1970;25:439-44.
importante pourrait toutefois être traumatisante pour ces tissus [9] Emery RW, Anderson RW, Lindsay WG, Jorgensen CR, Wang Y,
fragiles et calcifiés, déformer sensiblement les ostias coronaires Nicoloff DM. Clinical and hemodynamic results with the St. Jude
et diminuer ainsi, même sans véritable obstruction mécanique, medical aortic valve prosthesis. Surg Forum 1979;30:235-8.
leur flux sanguin. [10] Bokros JC, Gott VL, La Grange LD, Fadall AM, Vos KD, Ramos MD.
L’implantation elle-même peut être facilitée par l’administra- Correlations between blood compatibility and heparin adsorptivity for
tion de drogues, pour diminuer temporairement la contractilité an impermeable isotropic pyrolytic carbon. J Biomed Mater Res 1969;
cardiaque, ou par rapide stimulation cardiaque [182, 194]. Ces 3:497-528.
procédures techniques visent à diminuer le flux sanguin [11] Carpentier A, Dubost C, Lane E, Nashef A, Carpentier S, Relland J,
traversant l’anneau aortique au moment de l’implantation pour et al. Continuing improvements in valvular bioprostheses. J Thorac
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Prothèses valvulaires cardiaques ¶ 11-013-A-30

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A. Leguerrier, Professeur des Universités (alain.leguerrier@chu-rennes.fr).


E. Flecher.
O. Fouquet.
B. Lelong.
Service de chirurgie thoracique, cardiaque et vasculaire, CHU Hôpital Pontchaillou, Centre cardiopneumologique, 2, rue Henri-Le-Guillou, 35033 Rennes
cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Leguerrier A., Flecher E., Fouquet O., Lelong B. Prothèses valvulaires cardiaques. EMC (Elsevier Masson
SAS, Paris), Cardiologie, 11-013-A-30, 2009.

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