Vous êtes sur la page 1sur 26

 41-212

Entéroplasties de substitution
chez l’homme : principe et réalisation
S. Benadiba, P. Pashootan, G. Ploussard, P. Mongiat Artus, A. Cortesse, P. Meria,
F. Desgrandchamps

Le remplacement vésical est l’intervention de référence après cystectomie dès que sa réalisation est
possible. Si le fonctionnement de l’entéroplastie n’est pas le même que celui de la vessie native, les
objectifs restent l’obtention d’une capacité vésicale suffisante, la protection du haut appareil, une bonne
vidange et une bonne continence. Les segments digestifs pouvant être utilisés sont multiples et ont changé
au court des années. L’iléon détubulé est actuellement le segment le plus couramment employé en Europe.
Si le prélèvement de l’estomac n’est plus guère d’usage, le côlon peut être utilisé. Du fait d’une morbidité
lourde liée au temps digestif, les indications doivent être posées de façon rigoureuse. Quelle que soit la
technique employée, les résultats semblent comparables.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Cystectomies ; Vessie ; Dérivation urinaire ; Entérocystoplastie ; Néovessie

Plan ■ Techniques d’entéroplastie de substitution 9


Réservoirs iléaux 9
■ Introduction 1 Réservoirs coliques 14
Poche sigmoïdienne 15
■ Critères à évaluer avant de réaliser un remplacement 2 Réservoirs iléocæcaux 15
Contre-indications liées au malade 2 Réservoirs composés de plusieurs segments 18
Contre-indications liées à la tumeur 2
■ Chirurgie laparoscopique et robot-assistée 20
■ Segment digestif à utiliser 3 Réalisation d’une minilaparotomie 20
Considérations théoriques 3 Chirurgie totalement laparoscopique ou robot-assistée 20
Comparaison des différents segments digestifs 3
■ Suites postopératoires 20
■ Prévention du reflux, toujours d’actualité ? 4 Suites immédiates 20
■ Améliorer la qualité mictionnelle des patients 4 Suites à distance 22
■ Pourquoi proposer un remplacement vésical plutôt qu’une
dérivation cutanée ? 4
■ Préparation des patients 5  Introduction
Rééducation 5
Apprentissage des autosondages 5 Si la première entéroplastie chez l’animal réalisée par Tizzoni
Préparation intestinale 5 date de 1888, l’application clinique par Roger Couvelaire est
Prophylaxie des thromboses veineuses profondes 5 venue en 1951 pour traiter les vessies tuberculeuses. Le remplace-
Antibioprophylaxie 5 ment vésical orthotopique a longtemps été sujet à une morbidité
Repérage de l’orifice de stomie 5 supérieure à celle de la dérivation non continente, limitant ainsi
■ Technique chirurgicale 5 sa diffusion. L’optimisation de la prise en charge périopératoire
Généralités 5 a permis une diminution de la morbidité et de la mortalité res-
Rétablissement de la continuité digestive 5 pectivement de 35 % à moins de 10 % et de 20 % à 2 % depuis les
Confection du réservoir 6 années 1970.
Anastomose néo-vésico-urétrale 7 Après cystectomie, la reconstruction vésicale orthotopique est
Techniques de réimplantation urétérale 7 réalisée dans 50 à 90 % des cas dans les centres spécialisés [1] .
Aujourd’hui, elle constitue le traitement de référence, mais
les indications doivent être correctement évaluées, notamment

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 1


Volume 8 > n◦ 1 > janvier 2015
http://dx.doi.org/10.1016/S1283-0879(14)63989-5
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
41-212  Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation

après une discussion éclairée avec le patient. Par ailleurs, le choix Âge
parmi les nombreuses techniques chirurgicales doit être adapté
L’âge du patient n’est pas une contre-indication à la réali-
aux caractéristiques du malade.
sation d’une entérocystoplastie. Chez des patients sélectionnés,
les complications ne sont pas plus fréquentes que celles surve-
 Critères à évaluer nant après une dérivation cutanée [10] . Il n’a pas été rapporté de
complication spécifiquement liée à la détérioration mentale due à
avant de réaliser l’âge des patients (démence, maladie de Parkinson). Cependant, il
convient de s’assurer de l’autonomie ultérieure des patients pour
un remplacement leur vidange néovésicale et de les avertir de la dégradation de la
continence avec l’âge.
Contre-indications liées au malade
Comorbidités
Motivation du patient
L’existence de multiples comorbidités n’est pas une contre-
C’est le premier critère à considérer. Être porteur d’une entéro- indication absolue à la réalisation d’une entérocystoplastie de
cystoplastie impose des contraintes, comme un suivi régulier, et substitution.
expose à des complications transitoires, comme l’incontinence Gburek et al. n’ont pas noté de différences significatives des taux
nocturne ou le recours à l’autosondage, qui peuvent parfois de complications périopératoires ni de durée d’hospitalisation
s’avérer définitifs. entre deux groupes de patients appareillés pour l’index de comor-
La motivation éclairée du patient est donc essentielle. Ainsi, bidité (Charlson), un groupe recevant une dérivation urinaire
une dérivation des urines fournit à certains patients une qualité cutanée et l’autre une entérocystoplastie [11] .
de vie bien meilleure qu’une entérocystoplastie [2] . Cependant, d’autres études sur de grandes cohortes retrouvent
Il est ainsi tout à fait nécessaire d’exposer au patient de façon un risque de complication faiblement supérieur [12] .
claire et réaliste les conditions d’existence avec une néovessie.
L’idéal en la matière est de permettre un dialogue direct entre le
candidat à l’intervention et un ou des patients déjà porteurs d’une Contre-indications liées à la tumeur
entérocystoplastie. Risque de récidive urétrale chez l’homme
Irradiation antérieure La confection d’une entérocystoplastie nécessite la préservation
de l’urètre et du sphincter strié. Le risque de récidive urétrale est
Cette situation correspond aux cystectomies dites de estimé entre 7 et 10 % [13, 14] .
« rattrapage » après échec de radiothérapie avec ou sans chi- Ce risque n’est ni corrélé à la présence de carcinome in situ
miothérapie. La dose reçue est généralement de 40 à 45 Gy, (CIS) ni à la présence de lésions multifocales au niveau vésical.
parfois de 60 à 70 Gy. En revanche, en cas de présence de CIS intravésical, un CIS pros-
L’atteinte de la muqueuse digestive liée à la vascularite radique tatique concomitant est plus fréquemment retrouvé (odds ratio :
est observée dès 40 Gy. La reconstruction vésicale orthotopique 2,0) [15] . En l’absence d’envahissement prostatique, le risque de
reste cependant possible [3] . récidive à cinq ans est de 5 %. En cas d’atteinte prostatique, le
Néanmoins, le taux de complications postopératoires de risque de récidive est de 12 % en cas d’atteinte superficielle et de
grade 3–5 de la classification de Clavien et Dindo est plus élevé 18 à 64 % en cas d’envahissement du stroma. L’infiltration par
(36 % contre 13 % en l’absence de radiothérapie antérieure). contiguïté est particulièrement péjorative [16–18] .
L’aspect macroscopique de l’intestin au cours de l’intervention Une évaluation par réalisation d’une résection transurétrale de
n’est pas prédictif de la survenue de complications [4, 5] . la prostate (RTUP) à cinq et sept heures par rapport au veru mon-
D’autre part, les résultats fonctionnels de l’entéroplastie sur un tanum est recommandée par certaines équipes lors de l’évaluation
terrain radique sont moins bons [6] . avant cystectomie [19] . D’autres ont mis en évidence la supériorité
de l’examen extemporané au cours de la cystectomie par rapport
Affections urétrales à la RTUP en raison d’un nombre important de faux positifs et de
Une sténose urétrale sévère est une contre-indication à la réa- faux négatifs [20] .
lisation d’une entéroplastie. L’insuffisance sphinctérienne chez Enfin, le risque de récidive urétrale, chez l’ensemble des
l’homme n’est pas une contre-indication car elle peut être trai- patients, semble significativement moindre en cas de remplace-
tée par la mise en place d’un sphincter artificiel. De même, chez ment qu’en cas de dérivation urinaire sans urétrectomie [16] .
la femme ayant une incontinence d’effort, un traitement par ban-
delette est possible. Risque de récidive urétrale chez la femme
L’atteinte urétrale est moins fréquente que chez l’homme (2 %
Capacités physiques et mentales du patient des cas) [21] . Les facteurs de risque d’atteinte du col vésical et de
Un trouble mental ou un déficit moteur des membres supérieurs l’urètre sont le stade et le grade tumoral ainsi que la présence
doit faire remettre en cause la réalisation d’une néovessie en raison d’adénopathies métastasiques [22] . Des lésions urétrales sont pré-
d’une altération progressive de la vidange vésicale pouvant être sentes dans 50 % des cas s’il existe une atteinte du col vésical,
responsable d’une rétention chronique. En effet, les autosondages alors qu’en l’absence d’une telle atteinte il n’est pas noté de
au moins temporaires sont nécessaires chez 43 % des hommes et lésion urétrale isolée [21] . Néanmoins, un examen extemporané est
33 % des femmes dans les cinq ans [7] . recommandé par certains auteurs [21] .

Insuffisance rénale Présence d’adénopathies métastatiques


La découverte d’une adénopathie métastatique à l’examen
La muqueuse digestive n’ayant pas les propriétés de
extemporané du curage ganglionnaire n’est pas considérée
l’urothélium, l’insuffisance rénale (créatininémie supérieure
comme une contre-indication par la majorité des équipes car, en
à 200 ␮mol/l ou une clairance inférieur à 40–50 ml/min) contre-
cas d’envahissement ganglionnaire, la réalisation d’un traitement
indique l’entéroplastie du fait du risque d’acidose métabolique
adjuvant ne semble pas être impactée par le type de reconstruc-
hyperchlorémique [8, 9] .
tion. D’autre part, en cas de récidive locale ou à distance, la
réalisation d’une entérocysplastie de remplacement n’a pas de
Insuffisance hépatique caractère péjoratif sur le plan carcinologique ou fonctionnel [23, 24] .
La détoxification des dérivés ammoniaqués d’absorption diges- Seuls 11 % des patients avec des métastases ganglionnaires pel-
tive est réalisée par le foie via le système porte. La réabsorption des viennes présentent une récidive locale et ces récidives ne sont
toxiques urinaires par l’entéroplastie peut être responsable d’une responsables d’une dysfonction de la néovessie que dans la moitié
encéphalopathie hépatique. des cas en cas de survie supérieure à six mois [25] .

2 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation  41-212

Néanmoins, la qualité de vie procurée par l’entérocystoplastie la vitamine D et une perte rénale de calcium ont été rapportées [37] .
augmente avec le temps et nécessite une certaine survie du patient Chez l’enfant, des troubles de la croissance et une fragilité osseuse
pour que le patient en tire un bénéfice. Or, la survie sans réci- sont fréquents [38, 39] .
dive des patients N+ est à cinq et dix ans de 35 % et de 16 %
respectivement [26, 27] . Détubulation
Un des impératifs de l’entérocystoplastie est d’obtenir un réser-
 Segment digestif à utiliser voir de bonne compliance, c’est-à-dire dont la pression reste
inférieure à 40 cm d’eau en raison des risques de reflux vésico-
urétéral, d’altération du haut appareil et d’incontinence.
Considérations théoriques Les contractions de 40 cm d’eau de pression pour un remplissage
L’incorporation d’un segment de tube digestif au tractus uri- de 200 ml surviennent dans 70 % des entérocystoplasties iléales
naire provoque des modifications structurelles de la muqueuse, non détubulées, 36 % des entérocystoplasties coliques (coloplas-
qui commence au-delà du troisième mois [28] . Des modifications ties) non détubulées, 10 % des entérocystoplasties détubulées et
neurologiques et métaboliques s’installent avec le temps. Cepen- 0 % des entérocystoplasties iléales détubulées [40] .
dant, il persiste une particularité à long terme de ce segment dont Les objectifs sont également de procurer une bonne continence
le fonctionnement reste lié au système d’origine [29] . avec une bonne vidange néovésicale. L’utilisation d’un court seg-
ment iléal assure une continence relativement tardive mais une
Modifications conjonctives vidange correcte, alors que l’utilisation d’un long segment iléal
permet l’acquisition rapide de la continence mais avec un résidu
Les cellules de Cajal sont situées dans les couches musculaires postmictionnel significatif dans 50 % des cas [2] .
lisses et sont assimilées à des pacemakers pour le tube digestif
du fait de leur rôle essentiel dans le péristaltisme normal. L’étude
anatomopathologique des réservoirs iléaux montre une différence Comparaison des différents segments
fondamentale entre les réservoirs tubulaires et les réservoirs détu- digestifs
bulés [9] .
Les segments digestifs détubulés perdent rapidement leurs cel- Le segment digestif doit permettre d’obtenir une capacité de
lules de Cajal et leurs connections avec les plexus nerveux sont 300 à 500 ml. Les propriétés élastiques du tube digestif permettent
dégénératifs à la différence des réservoirs tubulaires qui ne les une augmentation progressive de cette capacité avec le temps, plus
perdent que partiellement et après trois ans d’évolution. Les réser- particulièrement pour l’iléon comparativement au côlon.
voirs qui maintiennent leurs cellules de Cajal et leur architecture Les différents segments digestifs peuvent être comparés selon
présentent des contractions spontanées et des réponses contrac- leur accessibilité technique, les risques de complication liées à leur
tiles à la distension. incorporation au tractus urinaire et les complications liées à la
Chez l’animal, le nombre de récepteurs muscariniques dimi- résection digestive.
nue dans les segments digestifs incorporés au tractus urinaire. Ces
modifications s’accompagnent d’un glissement des contractions Iléon
d’un type iléal vers un type phasique, proche des contractions du
détrusor. Ces changements sont plus marqués dans les segments C’est le segment le plus utilisé actuellement en raison de son
détubulés [30] . accessibilité et des résultats fonctionnels et métaboliques supé-
rieurs à ceux des autres segments.
Modifications épithéliales Accessibilité
On distingue deux phases dans l’adaptation de la muqueuse Facilement accessible, son anastomose digestive a le plus faible
digestive au contact de l’urine. Une première phase inflam- taux de fistule. Il permet la meilleur compliance avec des pressions
matoire est suivie d’une phase de métaplasie associée à une de contraction faibles [41] .
atrophie villeuse après quatre ans. Elle a pour conséquence une Complications liées à la résection digestive
diminution des propriétés de sécrétion et d’absorption de la On estime qu’une résection iléale de moins de 60 cm est dépour-
muqueuse [31, 32] . vue de complication significative. Si la résection dépasse 60 cm,
elle peut entraîner une diminution de l’absorption des lipides.
Troubles métaboliques Cela se manifeste par une diarrhée avec stéatorrhée, une malab-
L’incorporation d’un segment digestif au contact de l’urine est sorption des lipides, un déficit en vitamines liposolubles (A, D, E,
responsable de modifications électrolytiques. K) et une augmentation de la lithogenèse biliaire. Les lipides non
L’utilisation de jéjunum est responsable de troubles absorptifs absorbés sont éliminés sous forme de sels calciques, diminuant
pouvant provoquer des hyponatrémies, hypochlorémies, hyper- le calcium disponible pour complexer l’oxalate. Il en résulte une
kaliémies et acidoses [33] . augmentation de l’oxalate soluble et du risque de lithogenèse uri-
Les interactions entre l’urine et la muqueuse digestive naire. Ce risque est théorique car il n’a pas été rapporté d’incidence
dépendent de la surface d’échange, c’est-à-dire de la longueur du plus élevée de calculs urinaires chez les patients porteurs d’une
segment prélevé, de la durée du contact entre urine et muqueuse, entérocystoplastie de remplacement.
de l’osmolarité des urines, du pH et de la fonction rénale. Il n’y La résection des 50 derniers centimètres de l’iléon expose à des
a pas de différence de réabsorption du sodium entre muqueuse complications spécifiques. Ce segment régule la motricité diges-
iléale et colique. tive et sa perte peut être responsable d’une diarrhée et d’une
En revanche, la muqueuse colique a une capacité d’absorption carence en vitamine B12 apparaissant après de nombreuses années.
du chlore et d’excrétion des bicarbonates très marquée et persis- Il faut donc privilégier l’utilisation de l’avant-dernière anse iléale.
tante après incorporation dans le tractus urinaire [34] . Complications liées à l’incorporation de l’iléon dans le
Il semble donc préférable d’éviter l’utilisation du côlon pour tractus urinaire
minimiser les risques d’acidose hyperchlorémique qui survient
Lorsque l’urine reste longtemps en contact avec l’épithélium
dans 24 % des cas [35] et qui se traduit par une asthénie, anorexie,
néovésical, il se produit une rééquilibration iso-osmotique entre
perte de poids, voire des troubles de la conscience.
les deux compartiments, quel que soit le segment digestif. Cette
rééquilibration explique l’augmentation spontanée du volume
Ostéopénie urinaire la nuit.
L’évolution à long terme de l’acidose a pour conséquence une À terme, près de 50 % des patients porteurs d’une iléocystoplas-
déminéralisation osseuse dans une population de patients por- tie ont une acidose métabolique compensée [42] .
teurs d’une dérivation continente par rapport à une population L’incidence de l’acidose métabolique est plus élevée en cas
témoin [36] . L’implication de mécanismes tels qu’une résistance à d’utilisation d’un segment iléal long [31] .

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 3

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
41-212  Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation

Côlon
Il est actuellement très rarement utilisé en raison des troubles
du transit et métaboliques importants.
“ Point important
Accessibilité
L’iléon est le segment idéal pour la confection d’une enté-
Le sigmoïde est le segment le plus facile d’accès. Le bloc iléocæ-
cal est attractif du fait de son grand volume initial et de sa faible
rocystoplastie. La réalisation de l’anastomose urétérale ne
contractilité. Cependant, son utilisation nécessite d’une part la semble pas nécessiter de confection de système antireflux.
réalisation en préopératoire d’une coloscopie (pour ne pas mécon-
naître une diverticulose colique), d’autre part une mobilisation
colique poussée, au cours d’une intervention déjà longue.
Complications liées à la résection digestive  Améliorer la qualité
L’adaptabilité colique est très grande pour ce qui est de la réab-
sorption d’eau et de sel. La résection droite est particulièrement mictionnelle des patients
préjudiciable car elle s’accompagne de la résection iléocæcale qui
intervient dans la régulation du transit digestif. La qualité de vie des patients porteurs d’une entérocystoplas-
De plus, la disparition de la valvule entraîne une pullulation tie de substitution est étroitement dépendante de la qualité de
microbienne dans l’iléon qui aggrave la stéatorrhée et la diarrhée leurs mictions. Ainsi, le bénéfice attendu d’un remplacement
de façon importante. vésical orthotopique disparaît lorsque les troubles mictionnels
apparaissent.
Complications liées à l’incorporation de côlon dans le tractus
En moyenne, 95 % des patients ont une vidange spontanée de la
digestif
néovessie. Jusqu’à 80 % des patients ont une continence nocturne
Le sigmoïde a les plus fortes amplitudes de contraction et et 87 à 92 % une continence diurne dans les deux ans [13, 49, 50] .
entraîne donc un fort taux d’incontinence [43] . L’incontinence nocturne est quasi constante en postopératoire,
Le côlon réabsorbe l’eau et le sel. Le risque métabolique est celui quelle que soit la technique employée.
d’une hyperosmolarité plasmatique avec une diminution de sécré- Le principal facteur de risque de l’incontinence est l’âge du
tion d’aldostérone et une augmentation de sécrétion d’hormone patient supérieur à 60 ans [13] , l’existence d’un diabète de type 2
antidiurétique. qui retarde l’acquisition de la continence diurne [51] . La surve-
L’acidose métabolique par réabsorption d’ammonium est le nue d’une infection urinaire est un facteur de détérioration de
risque principal. La présence d’urines concentrées et d’acidose la continence à rechercher en cas d’incontinence secondaire [52] .
hyperchlorémique est constatée à des degrés divers chez prati- Il existe des facteurs neurologiques puisque la préservation des
quement tous les patients porteurs d’une colocystoplastie. Les pédicules neurovasculaires donne de meilleurs résultats sur la
capacités d’absorption du chlore et d’excrétion du bicarbonate continence diurne et nocturne [53] .
sont plus importantes pour le côlon que pour l’iléon [34] . D’autre part, des facteurs mécaniques tels que la baisse de la
Les complications osseuses seraient plus fréquentes. compliance de l’entéroplastie et l’hypermobilité cervicale altèrent
la continence [54] .
La continence nocturne est acquise après le développement de
 Prévention du reflux, la capacité fonctionnelle de la poche. La continence précoce est
donc supérieure pour les entéroplasties de grande capacité. Cette
toujours d’actualité ? différence disparaît avec le temps [2] . Il est donc recommandé aux
patients de se réveiller volontairement deux fois par nuit la pre-
La réalisation systématique d’une réimplantation urétéral anti-
mière année puis une fois par la suite, jusqu’à la maîtrise des
reflux a été prônée alors que les entérocystoplasties n’étaient pas
sensations nouvelles de réplétion néovésicales qui devront spon-
encore détubulées.
tanément les réveiller [55–57] .
On peut retenir que la nécessité de prévenir le reflux est bien
Les autres facteurs prédictifs de continence sont la longueur
moindre si la réimplantation urétérale se fait dans une néovessie
fonctionnelle de l’urètre, la sensibilité urétrale, ainsi que l’absence
que si elle se fait dans une vessie native [44] .
d’utilisation d’un réservoir colique [13, 58] .
Le reflux néo-vésico-urétéral peut être pathogène s’il engendre
L’évaluation de la continence ne doit pas être trop précoce car le
des pressions élevées dans les cavités excrétrices.
taux d’incontinence continue de décroître jusqu’à cinq ans après
La pression de filtration glomérulaire étant de 25 à 30 cm d’eau,
le remplacement vésical [13] .
il est nécessaire de maintenir une pression dans la néovessie supé-
Cependant, le taux de continence diminue avec le temps. L’âge
rieure à 25 cm d’eau pendant de longues périodes pour altérer la
des patients est incriminé car, d’une part, le volume des réservoirs
fonction rénale. De tels régimes de pression ne sont plus rencon-
ne connaît plus de modification significative après la première
trés depuis la confection de néovessies détubulées.
année et, d’autre part, le taux d’incontinence spontanée d’une
Le reflux néo-vésico-urétéral est d’autant plus pathogène que
population de référence âge de 70 ans (âge moyen des patients
les urines sont infectées.
cinq à dix ans après cystectomie) est de 10 à 15 % [59] .
Si 78 % des patients ayant une vidange spontanée de leur néo-
Bien que l’incontinence soit la complication fonctionnelle
vessie ont une bactériurie, seuls 12 % des patients ont des signes
la plus classique, les troubles de l’évacuation des néovessies
cliniques d’infection [45] .
imposent à 11 % des hommes [60] et 20 % des femmes [61] de prati-
Cette différence entre les incidences de bactériurie et de pyélo-
quer des autosondages de manières prolongées.
néphrite s’explique en partie par le régime à basse pression exercé
L’éducation des patients est fondamentale afin de leur faire
sur le haut appareil.
prendre conscience que la qualité de la vidange néovésicale repose
L’avantage potentiel des systèmes antireflux est à mettre en
sur une évacuation régulière par relaxation pelvipérinéale et non
balance avec le risque de sténose qui leur est associé (9,6 % contre
pas sur la seule augmentation de la pression abdominale.
0 % pour les réimplantations directes).
Ainsi, en l’absence de système antireflux, le nombre de reflux est
significativement plus élevé et les sténoses sont beaucoup moins
fréquentes avec finalement un taux de pyélonéphrite compara-  Pourquoi proposer
ble [46] . Certains auteurs n’ont pas noté de réduction du nombre un remplacement vésical plutôt
de reflux sur un suivi à long terme [47] .
Thoeny n’a pas montré d’altération majeure de la fonction qu’une dérivation cutanée ?
rénale ni de retentissement sur l’aspect du haut appareil après
réalisation d’une réimplantation sans système antireflux chez Le premier argument se veut carcinologique, bien qu’il fasse
76 patients avec une médiane de suivie de sept ans [48] . encore l’objet de débats. Hautmann a comparé rétrospectivement

4 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation  41-212

l’histoire de la maladie de 213 hommes ayant eu une cystectomie Prophylaxie des thromboses veineuses
suivie soit d’une dérivation cutanée des urines, soit d’un rempla-
cement vésical orthotopique [62] . profondes
Cette étude a conclu que la maîtrise du remplacement vésical Il s’agit d’une injection sous-cutanée d’héparine de bas poids
diminue la réticence des soignants et des patients à recourir à une moléculaire, quotidienne, en utilisant la posologie nécessaire à la
cystectomie précoce, optimisant les chances de guérison. prévention d’un haut risque (chirurgie carcinologique pelvienne).
L’avantage carcinologique réside dans la baisse du risque de Il n’existe pas suffisamment de données pour pouvoir recomman-
récidive urétrale en cas de remplacement vésical [51] . der de débuter la prophylaxie en préopératoire [70] .
Les études sont hétérogènes et divergentes en ce qui concerne Le patient doit porter des bas de contention pendant
la qualité de vie des patients. l’intervention et en postopératoire.
L’analyse des sources d’inconfort après cystectomie révèle que
l’altération de la sexualité est celle qui est le plus souvent citée
par les patients, suivie de la dysfonction urinaire et de la dysfonc- Antibioprophylaxie
tion digestive. Les informations reçues en préopératoire sur leur
sexualité future sont majoritairement jugées insuffisantes par les Il s’agit d’une chirurgie de l’intestin, avec ouverture de celui-
patients [63] . ci. C’est donc une chirurgie propre contaminée, de classe 2
Chez 503 patients, il n’a pas été noté de différence sur la sexua- d’Altemeier. Les recommandations de l’Association française
lité après les deux types de dérivation [64] . d’urologie publiées en 2010 préconisent une antibioprophylaxie
Une étude prospective n’a pas permis de trouver de différence par amoxicilline + acide clavulanique à 2 g ou céfotétan ou céfoxi-
significative en termes de qualité de vie entre les patients ayant tine ; en cas d’allergie : flagyl 1 g + gentamycine 3 mg/kg [71] .
une entérocystoplastie, les patients ayant une dérivation cutanée
et un groupe de patients contrôles [65] . Repérage de l’orifice de stomie
Cependant, une étude plus récente employant des question-
naires spécifiques validés a montré une supériorité de la néovessie Il est nécessaire de prévoir qu’en cas d’impossibilité de réali-
orthotopique [66] . ser une néovessie détubulée, une dérivation cutanée sera réalisée.
Ainsi, il est important de prévenir le patient d’une telle éventua-
lité et de repérer l’orifice de stomie afin d’éviter sa mise en place
au sein d’un repli cutané mais aussi pour permettre une prise de
“ Point fort conscience de l’appareillage éventuel par le patient.

L’état actuel de la littérature ne permet pas d’avoir la  Technique chirurgicale


certitude d’une meilleure qualité de vie par la réalisation
d’une néovessie de remplacement. Une information sur les Généralités
risques de troubles de la continence et de la vidange vési-
cale est nécessaire pour ne pas décevoir les attentes des Installation du patient sur la table d’opération
patients. La position du patient vise à exposer au mieux le pelvis. Il est
positionné en décubitus dorsal, les membres supérieurs sont en
abduction à 90◦ , les membres inférieurs sont en légère abduction.
La table articulée peut être cassée au niveau du bassin, les membres
inférieurs étant abaissés et le tronc, incliné en position de Tren-
 Préparation des patients delenburg, de sorte que le patient décrive un arc dont le sommet
serait situé au niveau du pelvis. On peut aussi positionner un billot
en regard des articulations sacrococcygiennes pour ouvrir la vision
Rééducation sous l’ogive pubienne et faciliter l’anastomose urétrale. Le drapage
Peu de travaux sont disponibles concernant la rééducation s’étend des mamelons au pubis en gardant un accès à la verge.
abdominopérinéale. La technique de cystectomie ne sera pas traitée ici.
Celle-ci a trois objectifs :
• améliorer la continence par un travail du sphincter strié de Choix du segment digestif
l’urètre et du plancher pelvien ; Hormis les arguments développés précédemment, le choix
• acquérir de nouveau la sensation de besoin et augmenter la définitif du segment digestif sera dicté par la capacité du seg-
capacité de la plastie (calendrier mictionnel, élargissement de ment candidat à venir au contact de l’urètre. En cas de risque
jour en jour de l’intervalle entre deux mictions) ; d’anastomose sous tension, il est possible de réaliser une plastie du
• assurer une bonne vidange vésicale pour préserver la fonction mésentère, mais la sagesse consiste à changer de segment digestif,
rénale (mictions par poussées abdominales). au besoin en changeant de technique opératoire [72] .
La technique de prélèvement doit être particulièrement atten-
tive à respecter la vascularisation digestive. Les vaisseaux sont
Apprentissage des autosondages repérés aisément par transillumination (inclinaison du scialy-
tique). La longueur nécessaire est mesurée à l’aide d’une réglette,
Steven [7] a montré que 43 % des hommes et 33 % des femmes le long du méso, sans mettre l’intestin en tension.
auront besoin d’une période d’autosondage durant leur histoire. Selon Studer, l’incision du méso, à l’extrémité distale du seg-
Il apparaît donc important, dans la période préopératoire, de ment, doit être beaucoup plus poussée, tandis que l’incision à la
s’assurer que le patient est apte à l’apprentissage des autosondages. partie proximale doit être économe et prudente (Fig. 1A).

Préparation intestinale Rétablissement de la continuité digestive


Une préparation digestive par voie orale a longtemps été réali- Il est réalisé en avant du segment prélevé, manuellement ou à
sée. Or, de nombreuses études en ont démontré l’inutilité, voire la pince automatique (Fig. 1B à E), avec un taux de complication
l’augmentation de survenue de complications par rapport aux identique [73] .
groupes n’en ayant pas reçu [67–69] . C’est le temps le plus sensible de l’intervention car les
La préparation intestinale ne doit donc plus être réalisée. Néan- complications sur l’anastomose digestive sont responsables de
moins, un lavement rectal simple la veille de l’intervention peut la plus lourde morbimortalité. Le bord mésentérique doit être
s’avérer utile pour faciliter l’exposition du pelvis. bien dégagé pour permettre une bonne application du fil sur la

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 5

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
41-212  Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation

Figure 1.
A. Choix du segment digestif. Prélèvement de l’anse.
B à E. Rétablissement mécanique de la continuité digestive.

séreuse sans interposition graisseuse. L’anastomose commencera et se fait donc par surjet de fil résorbable tressé 2.0. Des aiguilles
de ce côté. Le sujet ne doit pas inclure la muqueuse pour un bon droites pour une suture à la main permettent un gain de temps. Il
affrontement des berges. faut que la suture soit étanche mais non ischémique.
La fermeture du mésentère est réalisée préférablement en fin Certains chirurgiens utilisent des pinces automatiques pour
d’intervention pour éviter toute déchirure lors de la mobilisation cette longue et fastidieuse suture mais les agrafes sont lithogènes
de la plastie. lorsqu’elles se trouvent au contact de l’urine. Deux solutions sont
envisageables, le recours à des agrafes résorbables ou la réalisation
de sutures éversées.
Confection du réservoir L’utilisation de ces agrafes était initialement limitée par
l’encombrement et la difficulté de manipulation des agrafeuses. Il
Il est conseillé de laver le segment prélevé en l’irrigant au sérum existe maintenant de meilleurs dispositifs qui permettent de réali-
physiologique, éventuellement additionné de polyvidone iodée, ser des sutures étanches composées de plusieurs rangées d’agrafes.
avant de le détubuler. L’utilisation du côlon droit impose de réali- Ainsi, Olsson [74] en utilise un pour la réalisation d’une néo-
ser à titre systématique une appendicectomie. L’ouverture se fait vessie sigmoïdienne. Montié [75] , dans un W iléal, trouve des
au bistouri électrique sur le bord antimésentérique, après avoir résultats moins bons qu’avec des sutures manuelles, sans avoir
introduit dans la lumière une pince à disséquer qui étale les tissus d’explication rationnelle. La suture manuelle semble donc préfé-
ou une bougie de dilatation qui tend les tissus et protège la face rable.
opposée. Il semble souhaitable de vérifier l’étanchéité du réservoir en le
La réalisation des diverses configurations sera facilitée par la remplissant à faible pression (10 cm d’eau, soit généralement au
mise en place de fils repères et la confection d’un bâti à l’aide de moins 200 ml) avant d’aborder la fermeture de la paroi. La néo-
quelques points séparés. Il est impératif de sacrifier tout tissu à vessie est drainée au moins par une sonde urétrale. La sonde,
la vitalité douteuse. La fermeture de la poche est souvent longue d’un diamètre au moins égal à 20 CH, est habituellement du type

6 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation  41-212

Figure 2. Préparation de l’anastomose.

Figure 3. Passage des fils.

sonde d’irrigation. Certains recouvrent la plastie d’épiploon, juste Figure 4. Plastie d’allongement selon Rodolfo Borges (A à D).
avant la fermeture pariétale, d’autres la recouvrent d’un lambeau
péritonéal.
Techniques de réimplantation urétérale
Anastomose néo-vésico-urétrale La sténose de l’anastomose urétéro-intestinale reste la compli-
cation tardive la plus fréquente des entérocystoplasties. La
Le premier impératif pour cette anastomose est qu’elle doit être technique idéale de réimplantation urétérale doit être simple et
réalisée sans tension, ce qui peut nécessiter de « décasser » la table ménager la vascularisation urétérale. Elle doit assurer le libre écou-
d’intervention ou de retirer le billot placé avant l’intervention. lement de l’urine du rein vers le réservoir et la protection du haut
Le second impératif est de prendre garde à ne pas ménager un appareil. De nombreuses techniques ont été décrites. Elles ont
excès de tissu postérieur à la zone d’anastomose qui risquerait toutes en commun de nécessiter un drainage des urines rénales par
de se comporter comme une cystocèle et dont la vidange risque- des sondes urétérales durant la phase de cicatrisation. Ces sondes
rait d’être insuffisante. La détermination du point le plus déclive sont au moins de calibre 7 CH. Elles sont amarrées à la paroi néo-
s’effectue à l’aide du doigt du chirurgien glissé dans la plastie qui vésicale à leur point d’émergence par un fil de résorption rapide
permet de réséquer une surface équivalente à une pulpe d’index et sont extériorisées en trans-néo-vésico-pariétal de façon croisée,
(Fig. 2, 3). ce qui permet de les amarrer de nouveau à la paroi abdominale.
L’anastomose se fait à points séparés au fil tressé résorbable 2.0 L’anastomose entre uretère et néovessie se fait au fil de résorp-
placé sur le manchon urétral au cours de la cystectomie. tion lente. Un point, au moins, charge toute l’épaisseur des deux
Certains proposent d’évaginer la muqueuse néovésicale pour structures pour fixer l’uretère. Les autres fils ont pour objectif
assurer un contact muqueux optimal avec l’urothélium urétral. d’affronter les deux muqueuses de façon étanche, les prises étant
D’une manière générale, il est plus aisé de nouer le plan pos- plus fines. La technique à points séparés est la moins ischémiante,
térieur en dedans de la poche, puis le plan antérieur en dehors, mais elle est longue à réaliser.
et cela avant d’avoir totalement achevé la fermeture de la poche On lui préfère le plus souvent deux surjets.
proprement dite (on laisse un surjet inachevé pour se donner un Les sondes urétérales étant fixées aux uretères pendant la durée
accès à l’intérieur de la néovessie). de la cystectomie et ayant aidé aux manipulations de ceux-ci, il
En cas de mésentère court chez un patient multiopéré pour est souhaitable de sacrifier les quelques millimètres d’uretère distal
lequel une suture sans tension est difficile, il est possible de créer qui auront souffert de ces manœuvres.
une néovessie en J dont la partie proximale reste détubulée. Une Enfin, certaines techniques comme l’entérocystoplastie de Stu-
autre astuce consiste à réaliser un lambeau au niveau de la partie der nécessitent de faire passer l’uretère gauche à travers le
déclive afin de réaliser un tube qui est anastomosé à l’urètre [76] mésocôlon gauche, tandis que d’autres techniques comme le
(Fig. 4). Camey 2 et le Z de Foch ne nécessitent pas de réaliser ce passage.

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 7

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
41-212  Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation

Figure 5. Antireflux selon Leadbetter (A à D).

Figure 6. Procédé de Le Duc-Camey.


A. Exposition de la muqueuse iléale et fenêtre à un sillon à proximité du bord mésentérique.
B. Mise en place de l’uretère dans son sillon et fixation de celui-ci à la muqueuse iléale.
C. Coupe transversale.

Anastomose urétéro-iléale selon Nesbit Pour éviter les phénomènes de traction, le segment digestif peut
être fixé au péritoine.
Il s’agit d’une anastomose terminolatérale à points séparés après
Cette technique n’est plus très utilisée.
avoir spatulé l’uretère sur sa face antérieure, d’une à deux fois son
diamètre afin d’augmenter la surface anastomotique. Cette tech-
nique, très simple, endommage peu la vascularisation urétérale.
Technique de Le Duc-Camey [78] (Fig. 6)
Elle a d’ailleurs le taux de sténoses le plus faible et entraîne peu Il s’agit d’une technique utilisant un sillon muqueux où est cou-
de reflux dans une néovessie à basse pression [9] . ché l’uretère. L’ouverture du tube sur son bord antimésentérique
est nécessaire.
L’emplacement du sillon muqueux est déterminé au préalable
Technique de Leadbetter-Politano [77] (Fig. 5) de façon à pouvoir placer l’uretère selon un trajet le plus har-
Cette technique antireflux fait appel à un trajet sous-muqueux. monieux possible, sans traction ni tension. Ce sillon de 30 mm
L’injection de sérum dans l’espace sous-muqueux facilite la dis- est réalisé, soit par incision, soit par excision d’une petite bande-
section. lette de muqueuse. Ses berges sont libérées latéralement du plan
La séreuse et la musculeuse sont ouvertes pour réaliser un trajet musculaire sur environ 2 mm. L’uretère est amené au travers de la
sous-muqueux sur 2,5 à 3 cm. paroi iléale, à l’extrémité supérieure du sillon, par un orifice qui
La muqueuse est ouverte dans la partie distale de l’incision. le laisse passer librement. Il est couché dans le sillon puis est fixé
L’uretère, intubé par la sonde urétérale, est glissé dans ce trajet la première fois à l’orifice externe de pénétration, par deux points
sous-muqueux. Il est alors spatulé et anastomosé à l’iléon par des opposés de fil lentement résorbable. Un premier point fixe son
points séparés ou un surjet de fils lentement résorbables. extrémité distale à la partie inférieure du sillon. Ce point trans-
La séromusculeuse est refermée par un surjet de fil lentement fixie la paroi et prend largement la musculeuse de l’intestin. Puis
résorbable (Fig. 5). l’uretère est refendu sur le tiers de sa longueur. Les cornes de ce

8 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation  41-212

Figure 7. Anastomose urétérale selon Goodwin (A, B).


Figure 9. Entérocystoplasties de substitution. Opération de Camey 1.

 Techniques d’entéroplastie
de substitution
Réservoirs iléaux
Iléocystoplastie tubulée, Camey 1
La totalité du réservoir vésical est remplacé par une anse iléale
en U raccordée à son sommet à l’urètre. Les uretères sont réimplan-
tés aux deux extrémités du greffon selon le procédé antireflux de
Le Duc (Fig. 9).
Cette technique n’est plus d’actualité.

Réservoir iléal détubulé en U [81]


Un segment iléal de 40 cm est prélevé 20 à 30 cm en amont de
la dernière anse iléale.
L’anse iléale est incisée sur la totalité de son bord antimésen-
térique. Au sommet de l’anse, l’incision est incurvée vers le bord
mésentérique sur 4 cm de manière à préserver un lambeau pos-
térieur plus ample, afin d’élargir la zone d’anastomose. Les deux
extrémités supérieures du lambeau iléal sont amenées au contact
Figure 8. Anastomose par dipping. pour former un U. La création du réservoir débute par son plan
postérieur (Fig. 10A)qui est suturé sur la face muqueuse en pre-
nant toute l’épaisseur de la paroi digestive. Le plan antérieur est
refend sont amarrées à la muqueuse iléale par des points de fils également amorcé au pied du U afin de constituer le bas-fond de
lentement résorbables 4.0, placés de part et d’autre, mais celle-ci la poche et de faciliter son application sur l’urètre.
ne doit pas recouvrir l’uretère. L’uretère est alors intubé. L’anastomose urétro-iléale siège donc au sommet de l’anse en
U, sur le segment élargi à cet effet. Un orifice de la dimension
Procédé de Studer d’une pulpe d’index est réalisé dans le lambeau et l’anastomose
Quinze à 25 cm d’iléon proximal, parmi le segment prélevé urétrale est effectuée.
sont maintenus sous leur forme cylindrique. Les uretères sont Les uretères sont implantés à la partie moyenne des branches
réimplantés au sommet de ce segment de façon directe, en iso- de l’anse en U. L’uretère droit est au contact de la branche droite,
péristaltique, permettant un mécanisme antireflux. l’uretère gauche est préalablement passé sous la racine du méso-
Cette technique présente l’avantage de préserver au maximum sigmoïde, pour être amené au contact de la branche gauche du
la vascularisation urétérale car la dissection est limitée (voir plus réservoir, sans tension ni torsion.
loin la technique chirurgicale). La fermeture de la poche est achevée par sa face antérieure au
moyen de deux surjets (Fig. 10B).
Technique de Goodwin [79] (Fig. 7)
Entérocystoplastie détubulée de type Camey 2 [82]
Elle est décrite initialement comme un système antireflux pour
La dernière anse iléale est prélevée sur environ 60 cm de lon-
les anastomoses urétérocoliques. Une pince de type Halsted est
gueur (Fig. 11A).
introduite à travers la muqueuse en réalisant un tunnel sur 3 à
L’anse du greffon est repérée par quatre fils, un fil à chaque
4 cm en dirigeant la dissection en dehors du mésocôlon. L’uretère
extrémité, un au milieu de l’anse, marquant la zone de plicature,
est tracté de son point d’entrée à la muqueuse, puis spatulé et
et un à mi-distance du point de plicature et de l’extrémité droite
suturé par des points séparés à la muqueuse.
de l’anse où siégera la future anastomose urétro-iléale.
Après repérage de la zone la plus apte pour réaliser l’anastomose
Technique de « dipping » (Fig. 8) uretèro-iléale, la totalité de l’anse iléale est incisée sur son
Cette technique dépourvue de système antireflux consiste à réa- bord antimésentérique (Fig. 11B). Au niveau du fil repère de
liser un orifice du diamètre de l’uretère à travers la totalité de la l’anastomose urétro-iléale, l’incision est arciforme, sur 4 cm, de
paroi iléale. Il est fixé par deux rangées de points séparés de fils len- manière à laisser un lambeau postérieur plus ample.
tement résorbables. Ainsi, l’uretère est plongé directement dans la L’anse détubulée est pliée, pour amener l’extrémité gauche
néovessie sans points sur la muqueuse [80] . au contact de l’extrémité droite. Les tranches iléales, qui

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 9

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
41-212  Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation

Figure 10. Entéroplastie en U.


A. La création du réservoir débute par le plan
postérieur.
B. La face antérieure du réservoir est partielle-
ment suturée avant la réalisation de l’anastomose
urétro-iléale et l’implantation des uretères.

Figure 11. Entérocystoplastie de Camey 2.


A. Prélèvement d’u greffon de 60 cm en amont de la dernière anse grêle.
B. Ouverture du greffon de 60 cm sur son bord antimésentérique, plicature du greffon « détubulé »
avec suture des bords antérieur et postérieur par un surjet de fils sertis sur aiguille droite, lentement
résorbables 2.0.
C. Confection des anastomoses urétéro-iléales gauche puis droite au sommet du greffon selon la tech-
nique du sillon muqueux ou par implantation directe.
D. L’anatomose urétro-iléale est réalisée au point le plus déclive du greffon sur une sonde multiperfo-
rée. Fermeture de la paroi antérieure du greffon réalisant un U avec fixation des extrémités supérieures
droite et gauche à la paroi pelvienne.

constituaient le bord supérieur de l’anse, sont suturées, afin de Entérocystoplastie iléale détubulée
réaliser le plan postérieur de la plastie. en Z (technique de l’Hôpital Foch) [82]
Les uretères sont implantés.
Puis l’anastomose urétro-iléale est réalisée (Fig. 11C). Un segment iléal de 45 cm est prélevé en amont de la dernière
La face antérieure de la néovessie est refermée. anse iléale.
Les extrémités droite et gauche de la néovessie sont fixées au Le segment intestinal isolé forme spontanément un Z. C’est
psoas, pour réaliser une vessie en forme de U, qui s’étale bien selon cette disposition qu’il est incisé en totalité sur son bord
dans le petit bassin (Fig. 11D). antimésentérique.

10 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation  41-212

Figure 12. Entérocystoplastie en Z (A à C).

Au plan postérieur, les bras du Z sont suturés deux à deux. Les de longueur chacun, qui sont disposés en W. Trois points repères
deux anses inférieures forment le fond de la cupule, la troisième ou trois pinces de Babcock stabilisent le montage.
formera le dôme. Les branches du W sont suturées deux à deux par un surjet
Une fois réalisée cette suture, le greffon est descendu vers d’adossement prenant la séreuse et la musculeuse (au fil non résor-
l’urètre pour localiser la partie la plus déclive où siégera bable). Ce surjet constituera le plan postérieur des tunnels dans
l’anastomose urétro-iléale. lesquels seront couchés les uretères. C’est pourquoi les prises se
Chaque uretère est réimplanté de manière directe sur la face font au plus près du bord mésentérique, pour ménager le maxi-
postérieure du greffon, puis les deux « cornes » du greffon sont mum d’étoffe pour enfouir les uretères. L’anse est alors ouverte
amarrées au psoas de chaque côté. Lorsque les uretères sont courts, sur toute sa longueur de part et d’autre du surjet d’adossement.
il est souhaitable de prélever un segment intestinal plus long afin La fermeture du plan antérieur est amorcée pour ébaucher la
d’amener ses extrémités non détubulées vers le moignon urétéral cupule inférieure de la poche et en déterminer le point le plus
ou même le bassinet restant (Fig. 12). déclive.
C’est à cet endroit qu’une pastille de 10 mm de diamètre est
réséquée pour permettre l’anastomose urétrale.
Vessie de Padoue [83] Les deux uretères sont spatulés, de chaque côté, et attirés dans
Un segment iléal de 40 cm est prélevé 10 à 15 cm en amont de les tunnels situés entre les branches du W. Ils sont anastomosés à
la valvule iléocæcale (Fig. 1). la muqueuse digestive dans chacun des angles constitués par les
Afin d’atteindre l’urètre membraneux, l’anse distale (20 cm) est branches du W.
descendue en forme de U. En cas d’uretère court il est possible de réaliser un prélèvement
L’anastomose urétro-iléale est réalisée de façon assez similaire à de grêle de plus grande taille, et de fermer la partie la plus distale
la technique Camey 2, c’est-à-dire au sommet de l’anse du U, à la du tunnel [85] .
différence près que l’orifice iléal de l’anastomose urétro-iléale se Les bords postérieurs de la plastie sont suturés en avant des ure-
trouve très proche de l’insertion postérieure du méso. tères (ils ferment ainsi le tunnel dans lequel ceux-ci sont couchés).
L’intestin est ensuite ouvert sur toute sa longueur sur le bord La néovessie est refermée en poursuivant le surjet sagittal amorcé
antimésentérique. avant l’anastomose urétrale et qui unit les deux bords latéraux du
Les uretères sont ensuite réimplantés, sur chaque bras de cette W.
première anse.
La partie la plus déclive de cette première anse est tunnellisée Entérocystoplastie de Studer [86] (Fig. 15)
en avant et en arrière, sur 4 à 5 cm de long (Fig. 13A). Un segment iléal distal de 54 à 56 cm est prélevé à 25 cm en
L’anse proximale est repliée sur elle-même, vers l’intérieur, en amont de la valvule de Bauhin.
forme de U inversé. Les bords internes sont suturés l’un à l’autre L’iléon prélevé est mis en rotation de 120◦ sur son axe mésen-
par un surjet de fil résorbable 3.0. Cela forme le couvercle iléal térique de manière à ce que son extrémité proximale atteigne la
supérieur (Fig. 13B). gouttière pariétocolique droite. La partie distale de l’anse prélevée
Ce couvercle est ensuite suturé aux berges de l’anse inférieure est ouverte sur son bord antimésentérique sur environ 40 à 44 cm
(Fig. 13C). Le réservoir ovale est amarré des deux côtés aux psoas. et ce segment ouvert est replié sur lui-même en forme de U.
La partie proximale reste tubulée et recevra l’implantation des
deux uretères (selon Nesbit) 12 à 14 cm en amont de la poche. Ce
Entérocystoplastie en W de Ghoneim [84] (Fig. 14) segment constitue un système antireflux dont le principe repose
Une anse iléale de 40 cm est isolée à 15 cm de la jonction iléocæ- sur la pression abdominale exercée au cours de la miction par la
cale. L’anse isolée est repliée en quatre segments égaux, de 10 cm manœuvre de Valsalva.

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 11

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
41-212  Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation

Figure 13. Vessie de Padoue [83] (A à C).

Les deux bords postérieurs de l’anse ouverte sont suturés l’un à Hémipoche de Kock (Fig. 17)
l’autre. Puis le fond du U est replié sur ses branches, à l’aide d’un
Cette technique s’inspire de la dérivation continente dite poche
point passé en U, ce qui donne un réservoir sphérique.
de Kock, à la différence près qu’elle ne comporte pas d’anse effé-
La moitié inférieure du mur antérieur est fermée. La fermeture
rente, mais une anastomose directe à l’urètre.
de la moitié supérieure peut également être débutée.
On isole un segment iléal de 54 cm de longueur (44 cm pour la
L’index du chirurgien est ensuite introduit à travers la zone de
poche et 10 cm proximaux pour la valve afférente antireflux).
la plastie encore ouverte, afin de déterminer le point déclive de
Le segment est présenté en un U, dont les deux branches sont
la poche. Il est de préférence proche du méso, hors des lignes de
de même longueur (22 cm), le sommet est dirigé vers le pelvis.
sutures, à plus de 2 à 3 cm du croisement des segments intesti-
Un premier surjet d’étanchéité, prenant la musculeuse et la
naux. Cette zone est ouverte pour y confectionner l’anastomose
séreuse, adosse les deux branches internes du U. Ce surjet passe
urétrale.
au ras du mésentère pour laisser un maximum d’étoffe libre au
niveau de la poche afin de mieux fermer et fixer la valve affé-
rente (Fig. 17A, B). L’intestin est ensuite ouvert le long des deux
Entérocystoplastie de Hautmann [87] (Fig. 16) branches, mais ménage l’anse afférente. Un second surjet prend
Un segment de 70 cm d’iléon est prélevé, la continuité digestive l’épaisseur des deux tranches de section internes pour assurer
est rétablie, puis le mésentère est refermé en arrière. Des points de l’accolement muqueux (Fig. 17C).
bâti permettent de réaliser un W. L’anse est ouverte sur le bord La réalisation de la valve afférente et de la réimplantation urété-
antimésentérique sur une bougie de dilatation. rale répond à la technique standard décrite par Kock (Fig. 17D à G).
Les quatre bras du W sont suturés deux à deux par des surjets La fermeture de la néovessie est amorcée en ramenant l’extrémité
de fils résorbables en prenant toute l’épaisseur de la paroi pour du U vers le haut. Un des bords de la poche est suturé.
former la face postérieure. Le point le plus déclive qui sera le L’autre bord est laissé ouvert, pour permettre de créer l’orifice
siège de l’anastomose urétrovésicale est repéré en plaçant l’index de l’anastomose urétro-iléale au point le plus déclive (Fig. 17H).
à l’intérieur de la plastie, puis l’anastomose est réalisée (Fig. 2). La fermeture est enfin complétée.
Les uretères sont spatulés, une sonde urétérale est mise en place L’intérêt de cette technique est surtout historique, en raison de
et l’anastomose à la plastie est réalisée selon la technique de la difficulté technique et du taux de complications lié à la présence
Le Duc. des agrafes et aux sténoses de l’ostium de la valvule.
Puis la plastie est refermée par un surjet de fils résorbable.
Des modifications techniques ont été apportées par la suite.
L’auteur a proposé une anastomose urétéro-iléale sans système Réservoir en T [89] (Fig. 18)
antireflux au niveau des bras internes du W. En cas d’uretère court, La poche en T a la même forme que la poche de Kock, mais
il est possible de ne pas ouvrir l’anse aux deux extrémités afin elle s’en différencie par un segment intestinal proximal plus court
de réaliser une anastomose directe avec l’uretère spatulé. Afin de (8–10 cm contre 17 cm) et un mécanisme antireflux reposant sur
diminuer les taux de rétention urinaire sur entéroplastie à dis- une anse spécifique dont la vascularisation est bien mieux préser-
tance, une diminution de la longueur de segment prélevé à 40 cm vée. Enfin, la longueur de l’anse afférente peut être augmentée si
a été proposée par certains auteurs [88] . la longueur de l’uretère est compromise.

12 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation  41-212

Figure 14. Entérocystoplastie en W de Ghoneim (A à E). Modification du tunnel extramural en cas


d’uretère court (E).

Un segment iléal de 44 cm est prélevé en amont de la dernière de ménager de l’étoffe pour recouvrir le segment de réim-
anse iléale. Ce segment est disposé en V, avec la pointe dirigée vers plantation urétérale (Fig. 18G). Les bords libres internes sont
le pelvis. suturés à partir de l’apex (Fig. 18H). Ce surjet est interrompu
Un second segment, de 8 cm, est prélevé en amont du premier au niveau de l’émergence du segment de réimplantation urété-
et le mésentère entre ces deux segments est incisé au plus bas pour rale et repris pour couvrir celui-ci grâce à l’étoffe ménagée lors de
favoriser la mobilité de l’un par rapport à l’autre. l’ouverture des branches du V. L’orifice du segment de réimplan-
Ce court segment, dont l’extrémité proximale est fermée, assu- tation urétérale est anastomosé à la poche par des points séparés
rera le mécanisme antireflux par son positionnement, entre les (Fig. 18I).
deux branches du U, dans un tunnel sous-séreux. Si les uretères Les uretères sont spatulés et anastomosés en terminolatéral à
sont courts, il faudra prélever un segment plus long (Fig. 18A). l’anse afférente.
Quatre ou cinq fenêtres mésentériques (de Deaver) sont L’apex du V est replié sur ses branches et les surjets latéraux sont
ouvertes entre les arcades vasculaires au ras de la séreuse, en exci- initiés (Fig. 18J).
sant la graisse mésentérique, au niveau des 3 à 4 cm distaux de Le point le plus déclive de la poche est réséqué pour permettre
l’anse afférente. La préservation de ces arcades permet de main- l’anastomose urétrale.
tenir une bonne vascularisation de l’anse. Un drain de Penrose Les surjets latéraux sont achevés pour fermer la néovessie
est glissé dans chaque fenêtre pour faciliter le passage ultérieur (Fig. 18K).
des points (Fig. 18B). Des points en U (fil non résorbable de 4.0)
sont passés dans chaque fenêtre. Ils chargent de part et d’autre la
séreuse des branches de la plastie qui, les points une fois noués, Entérocystoplastie en Y [90]
viennent donc au contact dans les fenêtres (Fig. 18C, D). Le calibre Un segment iléal de 40 cm est prélevé 15 à 20 cm en amont de
de ce segment est réduit en agrafant (pince automatique) son bord la valvule iléocæcale. L’anse est disposée en Y avec deux segments
antimésentérique parallèlement à celui-ci (Fig. 18E). Cette réduc- accolés de 14 cm chacun, constituant la barre centrale du Y et
tion se fait sur les 3 cm distaux du segment, c’est-à-dire sur toute deux segments de 6 cm de chaque côté, correspondant aux bras
la longueur située entre les branches du V. Les deux branches du du Y (Fig. 19). Une agrafeuse mécanique (GIATM ) est introduite
V sont suturées par un surjet séroséreux proche du bord mésenté- par une incision au pied de la barre du Y. Elle permet d’ouvrir et
rique, en partant de l’apex du V, vers l’anse afférente (Fig. 18F). La d’anastomoser dans le même temps les deux segments constituant
plastie est ensuite ouverte, en débutant par l’apex du V, proche, là la barre du Y. Néanmoins, le risque de formation de calculs lié à
encore, du bord mésentérique adjacent à la ligne de suture. l’utilisation de l’agrafeuse en limite l’indication au profit de la
Au niveau du segment afférent de réimplantation urétérale, suture manuelle.
l’incision fait un décroché vers le bord antimésentérique, afin L’orifice d’introduction est utilisé pour l’anastomose urétrale.

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 13

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
41-212  Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation

Figure 15. Entérocystoplastie de Studer.


A. La partie distale de l’anse prélevée est ouverte sur son bord antimésentérique.
B. Réimplantation urétérale.
C. Les deux bords postérieurs de l’anse sont suturés l’un à l’autre.
D. Le fond du U est replié vers le haut.
E. Fermeture de la poche.
F. Aspect général.

Les uretères sont anastomosés sur la face dorsale de chaque bras Selon la technique originale, le moignon iléal est réséqué. Il
du Y selon la technique de Nesbit. Les extrémités des branches du est maintenant parfois conservé pour recevoir l’implantation des
Y sont fermées et les deux bras du Y sont ensuite fixés au psoas. uretères. L’appendice est également réséqué.
La partie distale du côlon droit est retournée en U inversé sur le
cæcum. Le bas-fond cæcal est incisé dans sa partie la plus déclive.
Réservoirs coliques Une pince GIATM à agrafes résorbables est insérée dans cet orifice,
d’une part, et dans la lumière ouverte du côlon droit, d’autre part.
Entérocystoplastie selon Goldwasser [91] Afin de détubuler toute la longueur de la poche, une seconde pince
L’ensemble du côlon droit est disséqué et isolé sur le pédicule doit généralement être utilisée. Il faut être très attentif lors du posi-
iléo-cæco-appendiculaire et sur l’artère colique supérieure droite. tionnement de la seconde pince pour éviter tout chevauchement
La section du méso emporte pour la plastie l’artère iléo-cæco- des prises. Il est parfois nécessaire d’ajouter quelques points, une
appendiculaire, en passant à droite de l’artère colica media. Le fois le réservoir constitué (Fig. 20).
segment intestinal isolé est laissé en dehors et en bas de la masse Le côlon peut toutefois être détubulé sans recours aux pinces
intestinale. automatiques. Dans ce cas, il est ouvert sur une bandelette à son

14 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation  41-212

Figure 16. Intervention de Hautmann.


A. Prélèvement du segment iléal.
B. Préparation du « col vésical ».
C. Sutures des branches du W.
D. Anastomose urétrale et urétérale selon Le Duc ou Nesbit, puis fermeture de la plastie en rapprochant
les deux berges latérales.

bord antimésentérique, mais 5 à 8 cm de cæcum ne sont alors pas Les anastomoses urétéroentérales sont réalisées en réimplan-
détubulés (Fig. 21A). tation directe. L’anastomose urétrosigmoïdienne est réalisée à la
Les uretères peuvent être réimplantés dans la moitié proximale partie la plus déclive.
de la paroi postérieure du cæcum ou dans l’iléon terminal s’il a La partie supérieure de la poche est alors suturée (Fig. 23B).
été préservé (Fig. 21B).
L’anastomose urétrocæcale est réalisée au niveau du bas-fond
cæcal à sa partie la plus déclive (Fig. 21C).
Réservoirs iléocæcaux
L’extrémité supérieure de la plastie est alors refermée manuel- Sac [93]
lement (Fig. 21D).
Light et Engelmann ont décrit une néovessie iléocolique.
Le Guillou a simplifié cette technique sous le terme de « vessie
de Bordeaux ».
Poche sigmoïdienne Après mobilisation du côlon droit, 20 cm de côlon ascendant
Technique utilisant les sutures manuelles et une longueur égale d’iléon sont isolés. Le greffon est centré
sur le pédicule iléo-cæco-appendiculaire et inclut l’artère colique
Le côlon peut aussi être ouvert en totalité sur sa bandelette droite moyenne si elle est présente (Fig. 24A). Le segment intesti-
médiale [92] (Fig. 22A). nal isolé est ouvert sur son bord antimésentérique en commençant
Les berges postérieures de la plastie sont suturées l’une à par le segment iléal, pour traverser la valvule iléocæcale et suivre
l’autre et les uretères réimplantés à la face postérieure de la bandelette antérieure du segment cæcal.
la plastie (Fig. 22B). La suture des berges antérieures est Il faut prendre soin de ne pas ouvrir le bas-fond cæcal, qui
débutée avant de réaliser l’anastomose urétrosigmoïdienne. La servira de base à la future anastomose entéro-urétrale (Fig. 24B).
partie antérieure de la plastie est finalement refermée en Y Les berges iléale et colique sont suturées l’une à l’autre. La berge
(Fig. 22C, D). interne du côlon droit et la berge supérieure de l’iléon forment
ainsi le plan postérieur de la plastie (Fig. 24C).
La description originelle comportait une rotation de 180◦ de la
Technique utilisant les pinces automatiques poche qui n’est plus actuellement réalisée par les tenants de la
Trente-cinq centimètres de sigmoïde sont isolés sur le jam- technique.
bage descendant. Le sigmoïde isolé est replié sur lui-même en U Les uretères sont implantés dans la partie colique, intubés par
(Fig. 23A). Les deux jambages sont réunis en utilisant une pince des sondes urétérales qui sont extériorisées en transcolopariétal.
de GIATM à agrafes résorbables. Deux chargeurs sont nécessaires L’anastomose urétrale est effectuée à la partie la plus déclive du
pour ouvrir complètement la poche sigmoïdienne. cæcum.

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 15

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
41-212  Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation

Figure 17. Poche de Kock.


A. Plicature du greffon.
B. Suture des deux jambages de 22 cm.
C. Détubulation du réservoir avec suture iléo-
iléale au fil serti lentement résorbable 2.0.
D. Fenêtre mésentérique préalable à la confec-
tion des valves.
E. Investigation de la valve afférente avec pas-
sage dans la bandelette résorbable.
F. Fixation de la valve invaginée par deux séries
d’agrafes résorbables internes.
G. Fixation de la valve invaginée par une troi-
sième série d’agrafes placées à l’extérieur.
H. Implantation des uretères par anastomose
directe sur l’anse afférente. Ces anastomoses
sont protégées par des sondes urétérales qui
traversent l’anse antireflux et sortent en transvési-
copariétale. Plicature du U et début de fermeture
de la plastie.

16 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation  41-212

Figure 18. Poche en T.


A. Prélèvement d’une anse.
B. Fenêtre de Deaver.
C, D. Passage des points en U.
E. Réduction du calibre du segment afférent.
F. Adossement séroséreux des deux branches du V.
G. Détubulisation de la plastie.
H. Suture des bords internes de la plastie.
I. Couverture du segment afférent.

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 17

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
41-212  Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation

Figure 18. (suite) Poche en T.


J. Fenêtre de la poche.
K. Création de l’orifice d’anastomose urétrale au point le plus déclive. Le point
est déterminé par l’index du chirurgien.

Une pastille du bas-fond cæcal est excisée au point déclive afin


de réaliser l’anastomose urétrale.
La poche est définitivement refermée en rabattant le U inversé
iléal sur le côlon droit (Fig. 25C).

Réservoirs composés de plusieurs segments


Ils sont constitués par l’association de deux segments digestifs
détubulés non jointifs.

Réservoir d’Indiana
Rowland [95] a décrit un réservoir continent combinant iléon et
cæcum, qui peut être utilisé pour la réalisation d’une vessie de
remplacement.
Le prélèvement intestinal comporte 20 cm de côlon droit et 12
à 15 cm d’iléon prélevés séparément à l’extrémité iléale. Ils vont
constituer le patch (Fig. 26).
Le segment iléal est ouvert sur son bord antimésentérique. Il est
appliqué à la face antérieure du côlon droit après que celui-ci ait
été incisé sur une bandelette antérieure.
La continuité digestive est rétablie par une anastomose iléoco-
Figure 19. Réservoir en Y.
lique latéroterminale.

La face antérieure du réservoir est enfin refermée en appliquant Réservoir sigmoïdien et iléal
le bord inférieur de l’iléon sur le bord droit du cæcum (Fig. 24D). Cette technique est rarement utilisée délibérément en première
intention. En revanche, elle peut être un recours précieux lorsque,
dans la confection d’un réservoir iléal détubulé, le greffon déjà
Poche de Mainz [94] prélevé ne s’abaisse pas à l’urètre sans tension. Un segment sig-
moïdien de 30 cm est prélevé, replié en U et détubulé. Il peut
Conçu par Thuroff et Alken, ce réservoir initialement destiné
alors être interposé entre l’urètre et le segment iléal. Ce dernier
aux dérivations continentes a été adapté aux remplacements vési-
est suturé en patch à la partie antérieure et supérieure du réservoir
caux.
(Fig. 27).
Trente centimètres d’iléon et 10 à 15 cm de côlon droit sont
prélevés. L’appendice est retiré. L’iléon est replié en U inversé,
de telle sorte que l’ensemble présente une forme de N, lui aussi
inversé (Fig. 25A).
L’intestin est incisé sur le bord antimésentérique, ouvrant donc
aussi la valvule iléocæcale. Les bras adjacents sont suturés deux à
“ Point fort
deux, réalisant le mur postérieur de la poche (Fig. 25B). Les ure-
tères sont réimplantés à la face postérieure du côlon avec ou sans L’iléon semble être le segment intestinal le plus approprié
trajet antireflux sous-muqueux. Il est à noter que la technique de pour la reconstruction vésicale.
Goodwin peut être utilisée.

18 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation  41-212

Figure 20. Entérocystoplastie de Goldwasser, détubulisation à la pince mécanique.


A. Plicature colique et confection de l’anastomose iléotransverse.
B. Ouverture du greffon proximal par une série d’agrafes résorbables.
C. Une seconde série d’agrafes complète l’ouverture colique.
D. Vessie colique détubulée.

Figure 21. Entérocystoplastie de Goldwasser, détubulisation manuelle.


A. Détubulisation sur la bandelette médiane.
B. Anastomoses urétérales.
C. Anastomose urétrale.
D. Fermeture de la plastie.

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 19


© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
41-212  Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation

Figure 23. Entéroplastie sigmoïdienne mécanique.


A. Plicature du segmoïde en U et confection de la vessie colique par une
ou plusieurs séries d’agrafes automatiques résorbables.
B. Confection des anastomoses utérocoliques par implantation directe.

Figure 22. Entérocystoplastie de Goldwasser, détubulisation manuelle.


A. Détubulisation sur la bandelette médiane.
B. Suture des berges postérieures.  Suites postopératoires
C, D. Fermeture en Y de la face intérieure.
Suites immédiates
Prévention du risque thromboembolique
Les recommandations de la Société française d’anesthésie et
 Chirurgie laparoscopique réanimation en 2005 préconisent une anticoagulation dans les
six à 12 heures postopératoires. L’anticoagulation par héparines
et robot-assistée de bas poids moléculaire est poursuivie quatre à six semaines en
postopératoire [100] .
Une fois la cystectomie faite, la réalisation du prélèvement de
l’anse digestive, le rétablissement de continuité, la confection Réalimentation et nutrition
de l’entéroplastie et les anastomoses urétro- et urétérovésicale
peuvent être réalisées de plusieurs façons. La reprise alimentaire postopératoire chez des patients ayant
subi un geste digestif a longtemps été retardée par peur des fistules
anastomotiques.
De nombreux travaux ont mis en évidence une absence de sur-
Réalisation d’une minilaparotomie morbidité et une meilleure reprise du transit chez les patients dont
la sonde nasogastrique été retirée dès la présentation de bruits
Une incision de Pfannenstiel ou sous-ombilicale est réalisée. La hydroaériques et chez qui l’alimentation libre a été réalisée [67, 101] .
pièce de cystectomie est retirée par l’incision puis la reconstruc- L’utilisation de chewing-gum permet d’accélérer la reprise du tran-
tion néovésicale est réalisée. Cette technique est la plus décrite et sit [102] .
la moins morbide [96] . Une nutrition parentérale postopératoire est indiquée, chez les
patients présentant un état de dénutrition majeure, chez tous les
patients incapables de reprendre une alimentation couvrant 60 %
Chirurgie totalement laparoscopique de leurs besoins nutritionnels (dans un délai de sept jours après
l’intervention), ainsi que chez tous les patients ayant une compli-
ou robot-assistée cation postopératoire responsable d’un hypermétabolisme et de
la prolongation du jeûne [103] .
La réalisation du prélèvement et du rétablissement de conti-
nuité est réalisée à l’aide des pinces endo-GIATM et TA® . La
confection de l’entérocystoplastie et les anastomoses sont réali- Drainage urétéral
sées par voie cœlioscopique avec des techniques similaires à la La surveillance du drainage est essentielle. Des lavages à la
voie ouverte [97, 98] . seringue sur sondes sont réalisées quotidiennement.
Pour certains, cette technique est associée à une plus grande Les sondes seront retirées entre j9 et j14 après avoir vérifié, par
survenue de complications. C’est pour cette raison qu’elle est peu des examens cytobactériologiques des urines, l’absence de coloni-
pratiquée [99] . sation [104] .

20 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation  41-212

Figure 24. Le bag.


A. Le greffon est centré sur le pédicule iléo-cæco-appendiculaire.
B. Le segment intestinal est ouvert sur son bord antimésentérique.
C. La berge interne du côlon droit et la berge supérieure de l’iléon forment le plan postérieur.
D. Fermeture de la poche.

Figure 25. Poche de Mainz.


A. Prélèvement du greffon comprenant le cæcum et 50 cm d’iléon.
B. Le réservoir est constitué de deux jambages iléaux appliqués sur le cæcum.
C. La poche est anastomosée à l’urètre au niveau d’une bosselure cæcale.

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 21


© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
41-212  Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation

Figure 26. Réservoir d’Indiana.


A. Prélèvement d’un greffon cæcocolique de 20 cm et d’un greffon iléal de 12 à 15 cm.
B. Le segment iléal est appliqué sur le cæcum ouvert sur sa face antérieure.
C. Réservoir d’Indiana.

Figure 27. Réservoir sigmoïdien et iléal.


A. Réservoir composite iléal et sigmoïdien. Pré-
lèvement des segments intestinaux.
B. Le segment iléal est appliqué en patch sur le
réservoir sigmoïdien configuré en U.

Le drainage par sondes double J est possible pour certains : survenue d’une pyélonéphrite et d’une obstruction du haut appa-
celles-ci sont retirées entre trois et six semaines. La durée reil [106, 107] . La réalisation d’une échographie rénale à intervalle
d’hospitalisation est significativement diminuée et il n’y a pas régulier permet de ne pas méconnaître une dilatation asympto-
d’augmentation du risque de complications [104] . Cependant, matique du haut appareil.
l’absence de contrôle de la qualité de la vidange en limite l’usage.
Troubles métaboliques hydroélectrolytiques
Drainage de la néovessie Il n’est pas utile, chez l’adulte, de dépister des troubles métabo-
liques, en dehors d’une orientation clinique.
Compte tenu de la production de mucus, l’utilisation d’une La compensation en vitamine B12 est requise, en cas de sacrifice
sonde de type Couvelaire à ballonnet de 22 CH permet d’éviter de la dernière anse iléale.
l’obstruction à l’écoulement des urines. D’autre part, il est utile
de réaliser des lavages quotidiens à petits volumes.
Une cystographie n’est pas nécessaire en systématique dans la Suites urologiques
mesure ou l’ablation de la sonde urétrale est réalisée dans les deux Bactériurie
à trois semaines [105] . En cas d’ablation plus précoce, une opacifi- La colonisation bactérienne des plasties vésicales est très fré-
cation de l’entéroplastie est nécessaire. Elle est réalisée ballonnet quente.
dégonflé avant l’ablation de la sonde. Lorsqu’elle est asymptomatique et que la plastie se vidange cor-
rectement, il n’apparaît pas utile de la traiter.
Suites à distance Mucus
La sécrétion muqueuse peut perdurer plusieurs années. Cette
Suites générales
production de mucus peut se compliquer de rétention et
Fonction rénale d’infection.
Une altération de la fonction rénale est rapportée dans 21 % Aucun traitement médicamenteux ne permet de diminuer
des cas. Elle est associée à la réalisation d’une chimiothérapie, la significativement cette sécrétion, il est donc nécessaire de

22 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation  41-212

recourir à une diurèse abondante et régulière. Néanmoins, un trai- [21] Stenzl A, Draxl H, Posch B, Colleselli K, Falk M, Bartsch G. The risk
tement par N-acétyle-cystéine pourrait diminuer la viscosité du of urethral tumors in female bladder cancer: can the urethra be used for
mucus [108] . orthotopic reconstruction of the lower urinary tract? J Urol 1995;153(3
Pt 2):950–5.
Troubles mictionnels
[22] Stein JP, Cote RJ, Freeman JA, Esrig D, Elmajian DA, Groshen S, et al.
La rétention de la plastie est un facteur majeur d’altération de Indications for lower urinary tract reconstruction in women after cys-
la qualité de vie des patients. Le risque essentiel est la rupture de tectomy for bladder cancer: a pathological review of female cystectomy
la néovessie, complication gravissime mais heureusement excep- specimens. J Urol 1995;154:1329–33.
tionnelle, contrairement à ce que nous observons chez les patients [23] Tefilli MV, Gheiler EL, Tiguert R, Grignon DJ, Forman JD, Pontes
porteurs d’un agrandissement vésical pour vessie neurologique. JE, et al. Urinary diversion-related outcome in patients with pel-
La rééducation des patients est essentielle pour leur faire acqué- vic recurrence after radical cystectomy for bladder cancer. Urology
rir des mictions par relâchement périnéal, et non par poussée. 1999;53:999–1004.
[24] Ward AM, Olencki T, Peerboom D, Klein EA. Should continent diver-
sion be performed in patients with locally advanced bladder cancer?
Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en Urology 1998;51:232–6.
relation avec cet article. [25] Lebret T, Herve J-M, Yonneau L, Molinie V, Barre P, Lugagne P-M,
et al. After cystectomy, is it justified to perform a bladder replace-
ment for patients with lymph node positive bladder cancer? Eur Urol
 Références 2002;42:344–9 [discussion 349].
[26] Hautmann RE, de Petriconi RC, Pfeiffer C, Volkmer BG. Radical
cystectomy for urothelial carcinoma of the bladder without neoadju-
[1] Gschwend JE. Bladder substitution. Curr Opin Urol 2003;13:477–82.
[2] Nesrallah LJ, Srougi M, Dall’Oglio MF. Orthotopic ileal neoblad- vant or adjuvant therapy: long-term results in 1100 patients. Eur Urol
der: the influence of reservoir volume and configuration on urinary 2012;61:1039–47.
continence and emptying properties. BJU Int 2004;93:375–8. [27] Stein JP, Lieskovsky G, Cote R, Groshen S, Feng AC, Boyd S, et al.
[3] Gschwend JE, May F, Paiss T, Gottfried HW, Hautmann RE. High- Radical cystectomy in the treatment of invasive bladder cancer: long-
dose pelvic irradiation followed by ileal neobladder urinary diversion: term results in 1,054 patients. J Clin Oncol 2001;19:666–75.
complications and long-term results. Br J Urol 1996;77:680–3. [28] Di Tonno F, Siracusano S, Ciciliato S, Visalli F, Lampropoulou N,
[4] Eisenberg MS, Dorin RP, Bartsch G, Cai J, Miranda G, Skinner EC. Lavelli D. Morphological changes on the intestinal mucosa in ortho-
Early complications of cystectomy after high dose pelvic radiation. J topic neobladder. Urol Int 2012;89:67–70.
Urol 2010;184:2264–9. [29] Conquy S, Zerbib M, Belas M, Debré B, Steg A. Urodynamic study
[5] Siegrist T, Savage C, Shabsigh A, Cronin A, Donat SM. Analysis of of the behavior of detubulated ileocystoplasties according to feeding.
gender differences in early perioperative complications following radi- J Urol 1993;99:26–8.
cal cystectomy at a tertiary cancer center using a standardized reporting [30] Colding-Jørgensen M, Poulsen AL, Steven K. Mechanical characteris-
methodology. Urol Oncol 2010;28:112–7. tics of tubular and detubularised bowel for bladder substitution: theory,
[6] Bochner BH, Figueroa AJ, Skinner EC, Lieskovsky G, Petrovich Z, urodynamics and clinical results. Br J Urol 1993;72(5 Pt 1):586–93.
Boyd SD, et al. Salvage radical cystoprostatectomy and orthotopic [31] Mills RD, Studer UE. Metabolic consequences of continent urinary
urinary diversion following radiation failure. J Urol 1998;160:29–33. diversion. J Urol 1999;161:1057–66.
[7] Steven K, Poulsen AL. The orthotopic Kock ileal neobladder: func- [32] Aragona F, De Caro R, Parenti A, Artibani W, Bassi P, Munari PF, et al.
tional results, urodynamic features, complications and survival in Structural and ultrastructural changes in ileal neobladder mucosa: a
166 men. J Urol 2000;164:288–95. 7-year follow-up. Br J Urol 1998;81:55–61.
[8] Hautmann RE, Abol-Enein H, Hafez K, Haro I, Mansson W, Mills RD, [33] Bonnheim DC, Petrelli NJ, Sternberg A, Mittelman A. The patho-
et al. Urinary diversion. Urology 2007;69(Suppl. 1):17–49. physiology of the jejunal conduit syndrome and its exacerbation by
[9] Hautmann RE. Urinary diversion: ileal conduit to neobladder. J Urol parenteral hyperalimentation. J Surg Oncol 1984;26:172–5.
2003;169:834–42. [34] Akerlund S, Forssell-Aronsson E, Jonsson O, Kock NG. Decreased
[10] Clark PE, Stein JP, Groshen SG, Cai J, Miranda G, Lieskovsky G, et al. absorption of 22Na and 36Cl in ileal reservoirs after exposure to urine.
Radical cystectomy in the elderly. Cancer 2005;104:36–43. An experimental study in patients with continent ileal reservoirs for
[11] Gburek BM, Lieber MM, Blute ML. Comparison of studer ileal neo- urinary or fecal diversion. Urol Res 1991;19:249–52.
bladder and ileal conduit urinary diversion with respect to perioperative [35] Nieuwenhuijzen JA, de Vries RR, Bex A, van der Poel HG, Meinhardt
outcome and late complications. J Urol 1998;160(3 Pt 1):721–3. W, Antonini N, et al. Urinary diversions after cystectomy: the asso-
[12] Takada N, Abe T, Shinohara N, Sazawa A, Maruyama S, Shinno Y, ciation of clinical factors, complications and functional results of four
et al. Peri-operative morbidity and mortality related to radical cys- different diversions. Eur Urol 2008;53:834–42 [discussion 842–4].
tectomy: a multi-institutional retrospective study in Japan. BJU Int [36] Incel N, Incel NA, Uygur MC, Tan O, Erol D. Effect of stanford
2012;110:E756–64. pouch and ileal conduit urinary diversions on bone mineral density
[13] Madersbacher S, Möhrle K, Burkhard F, Studer UE. Long-term voiding and metabolism. Int Urol Nephrol 2006;38:447–51.
pattern of patients with ileal orthotopic bladder substitutes. J Urol [37] Tanrikut C, McDougal WS. Acid-base and electrolyte disorders after
2002;167:2052–7. urinary diversion. World J Urol 2004;22:168–71.
[14] Stein JP, Clark P, Miranda G, Cai J, Groshen S, Skinner DG. Ure- [38] Koch MO, McDougal WS, Hall MC, Hill DE, Braren HV, Donofrio
thral tumor recurrence following cystectomy and urinary diversion: MN. Long-term metabolic effects of urinary diversion: a comparison
clinical and pathological characteristics in 768 male patients. J Urol of myelomeningocele patients managed by clean intermittent cathete-
2005;173:1163–8. rization and urinary diversion. J Urol 1992;147:1343–7.
[15] Patel SG, Cookson MS, Barocas DA, Clark PE, Smith JA, Chang [39] Giannini S, Nobile M, Sartori L, Aragona F, Ruffato A, Carbonare LD,
SS. Risk factors for urothelial carcinoma of the prostate in patients et al. Bone density and skeletal metabolism in patients with orthotopic
undergoing radical cystoprostatectomy for bladder cancer. BJU Int ileal neobladder. J Am Soc Nephrol 1997;8:1553–9.
2009;104:934–7. [40] Goldwasser B, Madgar I, Hanani Y. Urodynamic aspects of continent
[16] Freeman JA, Esrig D, Stein JP, Skinner DG. Management of the urinary diversion. Review. Scand J Urol Nephrol 1987;21:245–53.
patient with bladder cancer. Urethral recurrence. Urol Clin North Am [41] Hohenfellner M, Bürger R, Schad H, Heimisch W, Riedmiller H, Lam-
1994;21:645–51. pel A, et al. Reservoir characteristics of Mainz pouch studied in animal
[17] Hardeman SW, Soloway MS. Urethral recurrence following radical model. Osmolality of filling solution and effect of oxybutynin. Urology
cystectomy. J Urol 1990;144:666–9. 1993;42:741–6.
[18] Palou J, Baniel J, Klotz L, Wood D, Cookson M, Lerner S, et al. Uro- [42] Davidsson T, Lindergård B, Obrant K, Månsson W. Long-term meta-
thelial carcinoma of the prostate. Urology 2007;69(Suppl. 1):50–61. bolic effects of urinary diversion on skeletal bone: histomorphometric
[19] Wood Jr DP, Montie JE, Pontes JE, Levin HS. Identification of tran- and mineralogic analysis. Urology 1995;46:328–33.
sitional cell carcinoma of the prostate in bladder cancer patients: a [43] Santucci RA, Park CH, Mayo ME, Lange PH. Continence and uro-
prospective study. J Urol 1989;142:83–5. dynamic parameters of continent urinary reservoirs: comparison of
[20] Lebret T, Hervé JM, Barré P, Gaudez F, Lugagne PM, Barbagelatta M, gastric, ileal, ileocolic, right colon, and sigmoid segments. Urology
et al. Urethral recurrence of transitional cell carcinoma of the bladder. 1999;54:252–7.
Predictive value of preoperative latero-montanal biopsies and urethral [44] Berglund B, Kock NG. Volume capacity and pressure characteristics of
frozen sections during prostatocystectomy. Eur Urol 1998;33:170–4. various types of intestinal reservoirs. World J Surg 1987;11:798–803.

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 23

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
41-212  Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation

[45] Wood Jr DP, Bianco Jr FJ, Pontes JE, Heath MA, DaJusta D. Incidence [68] Slim K, Vicaut E, Launay-Savary M-V, Contant C, Chipponi J. Updated
and significance of positive urine cultures in patients with an orthotopic systematic review and meta-analysis of randomized clinical trials on
neobladder. J Urol 2003;169:2196–9. the role of mechanical bowel preparation before colorectal surgery.
[46] Shigemura K, Yamanaka N, Imanishi O, Yamashita M. Wallace direct Ann Surg 2009;249:203–9.
versus anti-reflux Le Duc ureteroileal anastomosis: comparative analy- [69] Large MC, Kiriluk KJ, DeCastro GJ, Patel AR, Prasad S, Jayram
sis in modified Studer orthotopic neobladder reconstruction. Int J Urol G, et al. The impact of mechanical bowel preparation on postope-
2012;19:49–53. rative complications for patients undergoing cystectomy and urinary
[47] Hassan AA, Elgamal SA, Sabaa MA, Salem KA, Elmateet MS. Eva- diversion. J Urol 2012;188:1801–5.
luation of direct versus non-refluxing technique and functional results [70] RCP, Société francaise d’Anesthésie et de Réanimation, 2005
in orthotopic Y-ileal neobladder after 12 years of follow up. Int J Urol [Internet]. [cited 2013 Jun 23]. www.sfar.org/ docs/articles/209-
2007;14:300–4. RPC%20MVTE.pdf.
[48] Thoeny HC, Sonnenschein MJ, Madersbacher S, Vock P, Studer UE. [71] Bruyère F, Sotto A, Escaravage L, Cariou G, Mignard J-P, Coloby
Is ileal orthotopic bladder substitution with an afferent tubular seg- P, et al. Recommendations of the Infectious Disease Committee of
ment detrimental to the upper urinary tract in the long term? J Urol the French Association of Urology (AFU): antibiotic prophylaxis for
2002;168:2030–4 [discussion 2034]. urological procedures. Prog Urol 2010;20:101–8.
[49] Neuzillet Y, Yonneau L, Lebret T, Herve J-M, Butreau M, Botto H. [72] Levine LA. Stepladder incision technique for lengthening of bowel
The Z-shaped ileal neobladder after radical cystectomy: an 18 years mesentery. J Urol 1992;148(2 Pt 1):351–2.
experience with 329 patients. BJU Int 2011;108:596–602. [73] Kirat HT, Remzi FH, Kiran RP, Fazio VW. Comparison of out-
[50] Steers WD. Voiding dysfunction in the orthotopic neobladder. World J comes after hand-sewn versus stapled ileal pouch-anal anastomosis
Urol 2000;18:330–7. in 3,109 patients. Surgery 2009;146:723–9 [discussion 729–30].
[51] Hautmann RE, Abol-Enein H, Davidsson T, Gudjonsson S, Hautmann [74] Kirsch AJ, Hensle TW, Olsson CA. Absorbable stapling techniques in
SH, Holm HV, et al. ICUD-EAU International Consultation on Bladder continent urinary diversion. World J Urol 1996;14:117–21.
Cancer 2012: Urinary Diversion. Eur Urol 2013;63:67–80. [75] Montie JE, Pontes JE, Powell IJ. A comparison of the W-stapled ileal
[52] Zehnder P, Dhar N, Thurairaja R, Ochsner K, Studer UE. Effect of uri- reservoir with hand-sewn reservoirs for orthotopic bladder replace-
nary tract infection on reservoir function in patients with ileal bladder ment. Urology 1996;47:476–81.
substitute. J Urol 2009;181:2545–9. [76] Dos Reis RB, Machado RD, Faria EF, Cassini M, Kaplan S. Modified
[53] Kessler TM, Burkhard FC, Perimenis P, Danuser H, Thalmann GN, technique for the creation of an orthotopic neobladder in patients with
Hochreiter WW, et al. Attempted nerve sparing surgery and age have shortened mesentery: making up the difference between the bladder
a significant effect on urinary continence and erectile function after and the urethral stump. Urology 2011;78:1430–4.
radical cystoprostatectomy and ileal orthotopic bladder substitution. J [77] Leadbetter WF. Consideration of problems incident to performance
Urol 2004;172(4 Pt 1):1323–7. of uretero-enterostomy: report of a technique. J Urol 1951;65:
[54] Bauer RM, Herrmann K, Karl A, Stief CG, Hocaoglu Y. Real-Time 818–30.
MRI of continent and stress incontinent male patients after orthotopic [78] Le Duc A, Camey M, Teillac P. An original antireflux ureteroi-
ileal neobladder. Urol Int 2011;87:325–9. leal implantation technique: long-term followup. J Urol 1987;137:
[55] Studer UE, Zingg EJ. Ileal orthotopic bladder substitutes. What we 1156–8.
have learned from 12 years’ experience with 200 patients. Urol Clin [79] Goodwin WE, Harris AP, Kaufman JJ, Beal JM. Open, transcolonic
North Am 1997;24:781–93. ureterointestinal anastomosis; a new approach. Surg Gynecol Obstet
[56] Dutta SC, Chang SC, Coffey CS, Smith Jr JA, Jack G, Cookson MS. 1953;97:295–300.
Health related quality of life assessment after radical cystectomy: com- [80] Wishahi MM, Elganzoury H, Elkhouly A, Mehena A. Dipping tech-
parison of ileal conduit with continent orthotopic neobladder. J Urol nique for ureteroileal anastomosis in orthotopic ileal neobladder:
2002;168:164–7. 20-year experience in 670 patients–no stenosis with preservation of
[57] Burkhard FC, Studer UE. Orthotopic bladder substitution. Curr Opin the upper tract. ISRN Urol 2013;2013:725286.
Urol 2000;10:343–9. [81] Boccon-Gibod L, Leleu C, Peyret C, Conquy S. Continent replacement
[58] Park JM, Montie JE. Mechanisms of incontinence and retention after enterocystoplasty using a low-pressure detubularized ileal pouch after
orthotopic neobladder diversion. Urology 1998;51:601–9. radical prostatocystectomy. Ann Urol 1988;22:16–20.
[59] Temml C, Haidinger G, Schmidbauer J, Schatzl G, Madersbacher S. [82] Barre PH, Herve JM, Botto H, Camey M. Update on the Camey II
Urinary incontinence in both sexes: prevalence rates and impact on procedure. World J Urol 1996;14:27–8.
quality of life and sexual life. Neurourol Urodyn 2000;19:259–71. [83] Pagano F, Artibani W, Ligato P, Piazza R, Garbeglio A, Passerini G.
[60] Hautmann RE, Volkmer BG, Schumacher MC, Gschwend JE, Studer Vescica Ileale Padovana: a technique for total bladder replacement.
UE. Long-term results of standard procedures in urology: the ileal Eur Urol 1990;17:149–54.
neobladder. World J Urol 2006;24:305–14. [84] Abol-Enein H, Ghoneim MA. Further clinical experience with the
[61] Pichler R, Zangerl F, Leonhartsberger N, Stöhr B, Horninger W, ileal W-neobladder and a serous-lined extramural tunnel for orthotopic
Steiner H. Orthotopic bladder replacement in women: Focus on func- substitution. Br J Urol 1995;76:558–64.
tional results of a retrospective, single-centre study. Scand J Urol [85] Turkolmez K, Baltaci S, Gogus C, Beduk Y, Gogus O. Results of the
2013;47:295–301. ureteral reimplantation with serous-lined extramural tunnel in ortho-
[62] Hautmann RE, Paiss T. Does the option of the ileal neobladder stimu- topic ileal W-neobladder. Int J Urol 2004;11:368–73.
late patient and physician decision toward earlier cystectomy? J Urol [86] Studer UE, Varol C, Danuser H. Orthotopic ileal neobladder. BJU Int
1998;159:1845–50. 2004;93:183–93.
[63] Månsson A, Johnson G, Månsson W. Psychosocial adjustment to [87] Hautmann RE, Egghart G, Frohneberg D, Miller K. The ileal neoblad-
cystectomy for bladder carcinoma and effects on interpersonal rela- der. J Urol 1988;139:39–42.
tionships. Scand J Caring Sci 1991;5:129–34. [88] Sevin G, Soyupek S, Armağan A, Hoşcan MB, Oksay T. Ileal orthoto-
[64] Henningsohn L, Wijkström H, Steven K, Pedersen J, Ahlstrand C, Aus pic neobladder (modified Hautmann) via a shorter detubularized ileal
G, et al. Relative importance of sources of symptom-induced distress segment: experience and results. BJU Int 2004;94:355–9.
in urinary bladder cancer survivors. Eur Urol 2003;43:651–62. [89] Stein JP, Lieskovsky G, Ginsberg DA, Bochner BH, Skinner DG. The
[65] Henningsohn L, Steven K, Kallestrup EB, Steineck G. Distressful T pouch: an orthotopic ileal neobladder incorporating a serosal lined
symptoms and well-being after radical cystectomy and orthotopic blad- ileal antireflux technique. J Urol 1998;159:1836–42.
der substitution compared with a matched control population. J Urol [90] Fontana D, Bellina M, Fasolis G, Frea B, Scarpa RM, Mari M,
2002;168:168–74 [discussion 174–5]. et al. Y-neobladder: an easy, fast, and reliable procedure. Urology
[66] Erber B, Schrader M, Miller K, Schostak M, Baumunk D, Lingnau 2004;63:699–703.
A, et al. Morbidity and quality of life in bladder cancer patients [91] Goldwasser B, Barrett DM, Benson Jr RC. Bladder replacement with
following cystectomy and urinary diversion: a single-institution com- use of a detubularized right colonic segment: preliminary report of a
parison of ileal conduit versus orthotopic neobladder. ISRN Urol new technique. Mayo Clin Proc 1986;61:615–21.
2012;2012:342796. [92] Reddy PK. The colonic neobladder. Urol Clin North Am
[67] Bucher P, Gervaz P, Soravia C, Mermillod B, Erne M, Morel P. Ran- 1991;18:609–14.
domized clinical trial of mechanical bowel preparation versus no [93] Light JK, Marks JL. Total bladder replacement in the male and
preparation before elective left-sided colorectal surgery. Br J Surg female using the ileocolonic segment (LeBag). Br J Urol 1990;65:
2005;92:409–14. 467–72.

24 EMC - Techniques chirurgicales - Urologie

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Entéroplasties de substitution chez l’homme : principe et réalisation  41-212

[94] Thüroff JW, Alken P, Riedmiller H, Engelmann U, Jacobi GH, Hohen- [102] Li S, Liu Y, Peng Q, Xie L, Wang J, Qin X. Chewing gum
fellner R. The Mainz pouch (mixed augmentation ileum and cecum) for reduces postoperative ileus following abdominal surgery: a meta-
bladder augmentation and continent diversion. J Urol 1986;136:17–26. analysis of 17 randomized controlled trials. J Gastroenterol Hepatol
[95] Rowland RG, Mitchell ME, Bihrle R, Kahnoski RJ, Piser JE. Indiana 2013;28:1122–32.
continent urinary reservoir. J Urol 1987;137:1136–9. [103] Conférence de consensus. Société française d’anesthésie-réanimation.
[96] Guillotreau J, Gamé X, Mouzin M, Doumerc N, Mallet R, Sallusto F, Actualisation 2010 de la conférence de consensus de 1994 sur
et al. Radical cystectomy for bladder cancer: morbidity of laparoscopic la « Nutrition artificielle périopératoire en chirurgie programmée
versus open surgery. J Urol 2009;181:554–9. de l’adulte ». www.sfar.org/ docs/articles/RecommandationsNutrition
[97] Gill IS, Kaouk JH, Meraney AM, Desai MM, Ulchaker JC, Klein EA, Periop090111SFAR.pdf.
et al. Laparoscopic radical cystectomy and continent orthotopic ileal [104] Echo H, Zerbib M, Saighi D, Amsellem-Ouazana D, Flam T, Debré
neobladder performed completely intracorporeally: the initial expe- B, et al. Étude comparative du drainage urétéral par sonde double
rience. J Urol 2002;168:13–8. J ou sonde urétérale après cystectomie-entéroplastie. Prog Urol
[98] Tyritzis SI, Hosseini A, Collins J, Nyberg T, Jonsson MN, Laurin O, 2009;19:127–31.
et al. Oncologic, functional, and complications outcomes of robot- [105] Ankem MK, Han K-R, Hartanto V, Perrotti M, Decarvalho VS, Cum-
assisted radical cystectomy with totally intracorporeal neobladder mings KB, et al. Routine pouchograms are not necessary after continent
diversion. Eur Urol 2013;64:734–41. urinary diversion. Urology 2004;63:435–7.
[99] Stephenson AJ, Gill IS. Laparoscopic radical cystectomy for muscle- [106] Jin X-D, Roethlisberger S, Burkhard FC, Birkhaeuser F, Thoeny
invasive bladder cancer: pathological and oncological outcomes. BJU HC, Studer UE. Long-term renal function after urinary diversion
Int 2008;102(9 Pt B):1296–301. by ileal conduit or orthotopic ileal bladder substitution. Eur Urol
[100] Bergqvist D, Agnelli G, Cohen AT, Eldor A, Nilsson PE, Le 2012;61:491–7.
Moigne-Amrani A, et al. Duration of prophylaxis against venous [107] Osawa T, Shinohara N, Maruyama S, Oba K, Abe T, Maru S, et al.
thromboembolism with enoxaparin after surgery for cancer. N Engl Long-term renal function outcomes in bladder cancer after radical
J Med 2002;346:975–80. cystectomy. Urol J 2013;10:784–9.
[101] Shrikhande S, Shetty G, Singh K, Ingle S. Is early feeding after [108] Schrier BP, Lichtendonk WJ, Witjes JA. The effect of N-acetyl-L-
major gastrointestinal surgery a fashion or an advance? Evidence-based cysteine on the viscosity of ileal neobladder mucus. World J Urol
review of literature. J Cancer Res Ther 2009;5:232. 2002;20:64–7.

S. Benadiba (Steevebenadiba@gmail.com).
P. Pashootan.
G. Ploussard.
P. Mongiat Artus.
A. Cortesse.
P. Meria.
F. Desgrandchamps.
Hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux, 75010 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Benadiba S, Pashootan P, Ploussard G, Mongiat Artus P, Cortesse A, Meria P, et al. Entéroplasties de
substitution chez l’homme : principe et réalisation. EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 2015;8(1):1-25 [Article 41-212].

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos/ Documents Information Informations Auto- Cas
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

EMC - Techniques chirurgicales - Urologie 25

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Cet article comporte également le contenu multimédia suivant, accessible en ligne sur em-consulte.com et
em-premium.com :

1 autoévaluation
Cliquez ici

1 information au patient
Cliquez ici

© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 16/10/2016 par SCD LILLE 2 (13266). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.

Vous aimerez peut-être aussi