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Objet d’étude 1 : La poésie du XIX au XXI ème siècle - Séquence 1 : Cahier de Douai, Arthur Rimbaud, 1870.

Séance 6 : « À une passante », Baudelaire


Objectif : Lecture comparative entre « Roman » de Rimbaud et « À une passante » de Baudelaire.

À une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La
douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont
le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te
verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être ! Car
j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861

1 - Quels thèmes apparaissent dans le poème de Baudelaire ?

2 - Quel(s) point(s) commun(s) observez-vous entre ce poème et Roman ?

3 - Quelles différences relevez-vous entre ces deux poèmes ?


Les thèmes : "À une passante" explore des thèmes liés à la vie moderne, à la beauté éphémère, à la mélancolie,
à la fascination pour l'inconnu, à l'expérience de la modernité, à l'ambiguïté de l'amour, et à la recherche de
l'éternité, autant de thèmes récurrents dans la poésie de Baudelaire.

Similitudes :

1. Rencontre éphémère : Les deux poèmes décrivent des rencontres brèves et soudaines avec des
femmes dans un contexte urbain. Dans "Roman", la rencontre se déroule lors d'une promenade
sous les tilleuls, tandis que dans "À une passante", Baudelaire évoque une femme qui passe
dans une rue assourdissante.
2. L'impact de la rencontre : Les poèmes expriment tous deux l'impact profond et presque
transcendantal de la brève rencontre. Rimbaud décrit le sentiment d'ivresse et d'insouciance
associé à la jeunesse, tandis que Baudelaire souligne la fascination, la douleur, et le plaisir
suscités par le regard de la passante.

Différences :

1. Tonalité et atmosphère : "Roman" de Rimbaud est plus léger et insouciant, reflétant l'énergie
de la jeunesse. En revanche, "À une passante" de Baudelaire est empreint d'une mélancolie
profonde, évoquant une douleur majestueuse et une beauté fugitive. La tonalité de Baudelaire
est plus sombre et introspective.
2. Structure et style : Rimbaud utilise une structure plus libre et des vers libres, créant un rythme
plus fluide et spontané qui correspond à l'effervescence de la jeunesse. Baudelaire, quant à lui,
utilise des alexandrins classiques, conférant à son poème une structure plus rigide et formelle,
renforçant le caractère mélancolique et réfléchi de la pièce.
3. Approche de l'amour : Rimbaud aborde l'amour de manière plus légère, évoquant l'ivresse et
l'insouciance associées à la jeunesse. Baudelaire, en revanche, explore la dualité de la douceur
fascinante et du plaisir meurtrier, soulignant l'ambiguïté et la complexité de l'amour.

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